Au service de Sa Majesté

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Au service de Sa Majesté

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeJeu 21 Mar - 9:07

J'avais quitté Canopée bien des mois plus tôt, sur ordre de la Reine bien entendu, pour aller traquer des traîtres qui avaient soutenu les Lannatae et s'étaient réfugiés à Hesperia après leur cuisante défaite. Certains, qui s'étaient crus à l'abri de la colère de Viwien dans la capitale d'Eridania, n'avaient compris leur erreur que lorsque la vie leur avait été arrachée. D'autres pourtant, plus prudents ou mieux informés, m'avaient échappé après m'avoir tendu un piège qui avait bien failli mettre un terme à mon existence. Je n'avais dû la vie qu'à la bienveillance d'une jeune humaine, Esha, qui n'avait pas tardé à devenir ma compagne. Ensemble, nous étions tombés par hasard sur un précieux document ayant été dérobé aux Eclaris et l'avions ramené à ses propriétaires légitimes en la cité d'Amaryl, mais cela la Reine le savait déjà car elle m'avait contacté alors que nous nous trouvions chez les savants.

Ce qu'elle ignorait encore en revanche, c'était ma liaison avec la jeune danseuse et, pour être franc, je n'étais pas vraiment pressé de lui en parler. Hors de question de me dérober pourtant, je n'avais nul secret pour la Reine et, en cela comme en toute autre chose, sa volonté serait la mienne. De plus, si Viwien m'avait rappelé à elle ce n'était certainement pas pour perdre son temps avec mes états d'âme aussi, tout en approchant du palais, focalisai-je ma pensée sur les informations susceptibles de lui être utiles que j'avais acquises durant mon périple.

Arrivé aux écuries, je pris le temps de m'occuper personnellement de mon compagnon pur-sang, une tâche que je ne déléguais jamais à personne et qui passait bien avant mon propre bien-être. Une fois assuré qu'il ne manquait de rien et que le voyage ne l'avait pas trop éprouvé, je me rendis au palais proprement dit, heureux d'être de retour parmi les miens. Franchir les postes de garde ne me posa aucune difficulté, mes tatouages constituaient un sésame des plus efficace et je ne tardais pas à retrouver mes modestes appartements. Arriver devant la Reine en étant crasseux comme un vagabond n'étant pas imaginable, je me débarrassai rapidement de la poussière des chemins, brossai soigneusement ma longue chevelure et revêtis ma tenue officielle d'Asthar afin d'être présentable.

Ces tâches indispensables accomplies, je me mis en quête de Viwien sans plus tarder, curieux maintenant de connaître la raison de ce rappel à Canopée. Etait-ce en lien avec les troubles issus de la grande conjonction? J'en doutai un peu, n'ayant rien d'un savant qui aurait pu l'éclairer à ce propos. Pour des raisons politiques alors? Cela me semblait plus probable, divers éléments laissant à penser que l'équilibre entre les différentes nations était menacé. Mais ces questionnements amenèrent bien vite un sourire d'autodérision sur mes lèvres: essayer de deviner les intentions de la reine revenait à tenter de prédire le temps qu'il ferait dans un an, attendre qu'elle m'en fasse part était assurément plus sage que de se torturer la cervelle en vain.

Quelques minutes plus tard, je la retrouvai enfin dans les somptueux jardins du palais, un lieu propice aux reflexions et aux discussions discrètes. Comme chaque fois que je la voyais, je fus frappé par son immense beauté et, surtout, par le charisme qui émanait d'elle, si puissant qu'il en était presque physique. Qui pouvait douter, en la contemplant, qu'elle conduirait notre peuple vers un glorieux avenir? Je sentis une fois de plus mon coeur se gonfler de fierté à l'idée que je servais une telle reine, laquelle offrait un contraste d'autant plus saisissant que je venais de passer des mois à Hesperia et avais eu tout loisir de constater le manque de discernement et d'envergure de celui qui s'était arrogé le trône d'Eridania. Je me secouai et brisai d'un effort de volonté l'espèce d'envoûtement qui m'avait saisi pour m'avancer vers elle et, une fois à bonne distance, poser un genou en terre en la saluant d'une voix ferme et emplie de respect:

"Ma Reine, me voici de retour, conformément à votre volonté."
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Viwien
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MessageSujet: Re: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeJeu 21 Mar - 20:39

Entre les arbres millénaires s'entremêlent d'élégantes constructions. La pierre pour une fois, ne brisera pas l'harmonie naturelle qu'avait dessiné Delil. Ainsi est le palais sindarin, à l'image du reste de la cité. Une alliance entre les arbres et ceux qui les peuplaient c'était nouée au coeur de la ville et depuis sa construction, elle perdurait. Intouchable. Inviolable. Il n'était pas nécessaire d'interdire quoi que ce soit pour préserver l'endroit, tout sindarin qui se respecte n'envisagerait pas même de couper ne serait-ce qu'une branche. Ils prenaient soin des tranquilles centenaires qui poussaient encore au sein de la grand place. Ils grimpaient, jouaient, se lovaient, dans le creux de ces bras noueux. Nul ne songerait à dévêtir Canopée de son manteau de verdure.

De blanc et d'émeraude, de vert profond et de pousses juvéniles, de brun ocre et de fleurs multicolores.. Comment douter que Canopée soit une des plus belles cités d'Istheria ? Si ce n'est la plus belle.. Évidemment. Un sourire glisse sur la pulpe de ses lèvres. Elle n'est guère objective. Évidemment. Quelques flammes crépitent le long de son dos alors qu'elle avance entre les larges troncs, en effleure l'écorce. Les jardins jouxtant le palais faisait la part belle à la végétation luxuriante et se parait des couleurs de saison. Les fleurs qui s'ouvraient en Cicium étaient rares pourtant, les plus gourmandes en eau faisaient ici un véritable festin.

Heureusement, Canopée n'était pas aussi sensible que Noathis à cette saison. Les coulées de boue étaient rares et rapidement prises en charge. C'était là aussi un avantage d'avoir un territoire bien plus réduit que leur sylvestre voisin. Les Eryllis faisaient un travail dantesque mais elles n'étaient pas assez nombreuses pour couvrir leur vaste territoire.

Qu'il tardait à Viwien de revoir celles qu'elle considérait encore comme des soeurs. Comme l’impatience la guettait à chaque fois qu'elle voyait une nouvelle semaine s'écouler sans recevoir de réponse à la missive adressée à son amie. Elle devait se faire violence de ne pas aller elle-même battre la campagne à la recherche de l'Eryl. C'était là une envie trop puérile, son désir d'aventure n'avait cependant pas disparu avec son accession au trône. Elle ne pouvait pourtant pas se permettre de quitter Canopée pour le moment. D'autres affaires attiraient son attention.

Puis, elle savait l'aventure non loin. Oh, elle ne partirait pas à l'aveugle comme autrefois.. pourtant, le mystère de sa destination restait entier. Un frisson d'excitation parcours le dos de ses mains, elles caressent rêveusement les pommeaux de ses lames jumelles. Le tapotement feutré de pas légers tire finalement la sindarine de ses pensées. Elle n'a guère besoin de le voir pour le reconnaitre, elle sait qui s'approche ainsi. Nul besoin de magie, nul besoin de dons, ce n'est pas sans les connaitre intensément que la Reine choisit ses Astars.

Il a fière allure, le jeune sindarin qui s'avance au-devant de sa Reine, portant la tenue officielle de sa légion, l'or pâle de ses cheveux se soulevant calmement avec la brise. A nouveau, un sourire s'empare des lèvres de Viwien qui acquiesce silencieusement alors que l'éclaireur la salut.

- Soyez le bienvenu chez vous, Serënn.

Sa voix est chaleureuse, bienveillante. Elle sait combien il peut être réconfortant de revenir en Canopée après avoir parcourus la moitié d'Istheria. Elle sait aussi, combien il est agréable alors, d'avoir quelqu'un qui vous accueil. D'un geste simple de la main, à peine perceptible, elle fait signe à son loyale serviteur de se relever et doucement, se détourne de lui, l'enjoignant à marcher à ses côtés.

- Votre voyage fut long mais je vais vous demander de marcher encore un peu.

Une pointe de malice ponctue sa phrase alors que la commissure de ses lèvres se soulève en un léger sourire en coin. Un Astar pourrait se battre des jours entiers sans fléchir, sans ternir sa réputation, alors, faire une balade avec la Reine, quand bien même il lui avait fallu parcourir des lieues la veille.. Viwien n'attendit d'ailleurs pas son assentiment pour commencer à marcher vers le centre du jardin. Il y avait normalement quelques gardes et d'autres marcheurs en balade qui arpentaient les jardins. La Reine ne s'accordait guère de privilèges, tous pouvaient librement se promener dans les jardins du palais.

Cependant, il n'y avait personne à plusieurs mètres à la ronde. Aucune ombre. Aucun souffle. Si ce n'est celui des oiseaux et des légers craquements des branches. Ils étaient seuls et ce n'était certainement pas un hasard. C'est d'ailleurs d'un ton beaucoup plus sérieux que la Reine reprit la conversation :

- J'aimerai que vous me fassiez un rapport oral de votre périple. Vous m'avez déjà donné les principales informations concernant votre mission aussi je ne vous demanderai pas de répéter ce qui fut dit mais de me soumettre vos propres réflexions.

Elle n'avait pas besoin qu'il répète ce qu'il lui avait déjà révélé dans leurs conversations télépathiques. Cependant.. il y avait des zones d'ombres, notamment cette embuscade dans laquelle il avait semble-t-il été pris au piège. Il avait sans doute du y réfléchir depuis, Viwien attendait ses conclusions à ce propos et aussi, s'il avait à présent des pistes pour traquer les potentiels responsables. Une légère tension agrippe son dos, comme un petit monstre griffu qui aurait planter ses ongles sur ses omoplates.

La Reine avait envoyé Serënn traquer et tuer certains de ceux qui l'avaient trahi. Des sindarins qu'elle jugeait alors sages, des guerriers émérites qu'elle estimait.. Qui avaient décidé de tourner le dos à leur allégeance et de fouler au pied leur honneur et son autorité par la même occasion. Il n'était pas envisageable que ceux-là respirent plus longtemps sans craindre sa fureur.

Tournant son regard vers la cime des arbres, paisibles, sereins.. La flamme farouche qui agitait son âme et son regard s'apaisa légèrement. Ses muscles se détendirent alors qu'elle abaissait le menton, invitant le sindarin à la suivre alors qu'elle s'engageait sur un escalier qui grimpait en colimaçon autour d'un large tronc. Ils rejoignaient les hauteurs, laissant le temps au sindarin de réfléchir ou de répondre à la demande de sa reine. L'escalier s'arrêtait là où commençait un pont de bois et de verre qui s’élançait entre les arbres. Les constructions suspendues étaient sans doute parmi les spécialités architecturales de la cité sindarine.

Arrivé en son milieu, Viwien ralentit puis s'arrêta, le vert intense de son regard se porta sur la ville en contre-bas. Elle ne se rappelait que trop nettement du tapis d'oiseaux morts qui avait recouvert pavés et plantes de la grand place et du reste du pays. C'était une vision d'horreur qu'elle ne pourrait chasser de son esprit pour plusieurs années encore. Un message. C'est en tout cas ainsi que la Reine interprétait cette nuée macabre. Si elle n'avait pas toujours réussi à le déchiffrer, difficile de croire que c'était là signe de félicité pour le futur. L'Ombre que la reine craignait, anticipait, depuis près d'un siècle, se rapprochait, elle en était plus que certaine.

- Racontez moi la convergence.

La fameuse convergence.. Celle qui a fait trembler tout Istheria. Celle qui reste inexpliquée. Alignement des astres.. Certes. Comment croire que cela expliquait tout les phénomènes qui avaient envahis Istheria comme un véritable déferlement chaotique. Convergence désormais passé.. n'est-ce pas ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeDim 24 Mar - 13:59

La reine acquiesça silencieusement, un sourire aux lèvres, lorsque je me présentai à elle en réponse à sa volonté. Chaleureuse, toujours attentive au moindre de ses sujets, elle me souhaita la bienvenue avant de m'inviter à me relever d'un discret signe de la main et, se détournant sans hâte, m'incita à marcher à ses côtés en plaisantant:

"Votre voyage fut long mais je vais vous demander de marcher encore un peu."

Amusé, je lui jetai un bref regard en coin tandis qu'elle s'éloignait déjà sans attendre un assentiment dont elle n'avait nul besoin. M'aurait-elle demandé de repartir dans la minute pour l'autre bout du monde que cela n'aurait pas fait la moindre différence, il n'y avait rien qu'elle ne puisse exiger de moi et elle le savait fort bien, quoiqu'elle n'en abusât jamais. Loin d'être une quelconque contrainte à mes yeux, la servir signifiait servir mon peuple et c'était pour moi un honneur autant qu'un plaisir. Je m'estimai par ailleurs privilégié d'avoir la chance de passer quelques instants en sa compagnie, aussi la rejoignis-je en deux longues enjambées enjouées, mes sens affûtés explorant instinctivement les environs. Il aurait été aisé de me laisser distraire, que ce soit dû à la joie d'être de retour ou à la présence de notre charismatique souveraine, mais pas une seconde je n'oubliai mon rôle. A cet instant j'étais l'Ashtar le plus proche d'elle, ce qui impliquait que sa vie était sous ma responsabilité puisque notre fonction première était de veiller sur sa sécurité. Mais, bien que les jardins fussent accessibles à tous, nul ne se trouvait dans nos parages immédiats et, ne décelant aucune menace potentielle, je focalisai à nouveau mon attention sur la reine qui reprit avec sérieux:

"J'aimerai que vous me fassiez un rapport oral de votre périple. Vous m'avez déjà donné les principales informations concernant votre mission aussi je ne vous demanderai pas de répéter ce qui fut dit mais de me soumettre vos propres réflexions."

Je sentis indistinctement qu'elle se crispait en prononçant ses mots et, l'observant sans ostentation, je notai la flamme dangereusement attisée de son regard tout en soupesant soigneusement les mots que j'allais prononcer. Je savais sa colère d'avoir été trahie, j'en éprouvai une semblable, mais le ressentiment ne devait en aucun cas influencer mes paroles. Par la force des choses, Viwien était contrainte de se reposer sur les informations que nous lui transmettions pour prendre ses décisions, que ces renseignements soient erronés ou partiaux et son jugement le serait également. Lui faire part de faits bruts et vérifiés était une chose, évoquer mes réflexions en était une autre, plus délicate car je n'avais jamais qu'une vision parcellaire autant que partiale des choses. Aussi est-ce avec prudence que je lui répondis:

"Certains des traîtres ont probablement conservé des liens après leur défaite, ils communiquent et sont bien informés, de cela je suis certain. Je suis tombé dans un piège méticuleusement planifié, ils étaient au courant de ma venue et en savaient assez sur moi pour m'identifier, ou en tout cas reconnaître un Asthar, alors qu'il faisait nuit et que je portais une capuche. Or je suis certain de ne pas avoir été vu lorsque j'ai éliminé les premiers, de plus j'ai fait en sorte que cela ait l'air d'accidents afin que nul ne puisse établir de liens... gênants dirons-nous."

Les Eridaniens n'auraient sans doute pas été ravis d'apprendre que Canopée envoyait des tueurs régler des comptes dans leur capitale et, tout benêt que soit leur roi, il aurait pu s'en offusquer et nous n'avions nullement besoin de cela pour le moment. Après un court instant de silence, je poursuivis, songeur:

"Toutefois je doute qu'ils constituent encore une véritable menace car ils ont quitté la ville en urgence après m'avoir laissé pour mort. Je pense qu'ils ont surtout très peur d'être retrouvés et que c'est cette peur qui les unit encore aujourd'hui. Malgré tout, il me paraît envisageable qu'ils aient conservé un contact dans votre entourage, quelqu'un de bien informé qui aurait pu les prévenir de la venue d'un Asthar à Hesperia. Mais ce n'est en rien une certitude, seulement une hypothèse que je juge plausible parce qu'elle expliquerait ce traquenard. Quoi qu'il en soit, il semblerait que les traîtres et les criminels trouvent désormais une terre d'accueil favorable en Eridania. J'ai croisé des marchands en revenant et ils m'ont affirmé que le roi avait gracié les Nérozias et les Eryllis, ce que m'a confirmé un autre voyageur quelques jours plus tard. Ce dernier a même prétendu que les Nérozias avaient reçu un comté et que cela avait été fort mal pris par la noblesse. Je ne sais si c'est exact, mais il semblait fort inquiet et, si j'en juge par ce que j'ai appris sur ce Mannus durant mon séjour à Hesperia...cela n'aurait rien d'impossible."

Après avoir levé les yeux vers les hauteurs de la sylve qui nous entourait, partie intégrante de la cité, la reine s'engagea sur un escalier en colimaçon gravissant l'un des fûts massifs, comme si elle souhaitait prendre de la hauteur par rapport à tout cela. Parvenue au milieu de l'un des ponts arachnéens qui permettaient de se rendre d'un arbre à l'autre, Viwien s'immobilisa et, contemplant les habitations situées en contrebas, me demanda encore:

"Racontez moi la convergence."

Bien qu'elle semblât calme et sereine en apparence, je perçus à nouveau une sourde tension dans le ton de sa voix, que bien peu auraient pu déceler sans doute. Mais je la connaissais comme elle me connaissait et j'avais appris à Amaryl ce qui s'était passé ici. Voir des milliers d'oiseaux mourir sans raison et sans rien pouvoir faire pour contrer cette malédiction n'avait pu que l'affecter, comme cela avait dû affecter tous les Sindarins qui avaient assisté à cet terrible spectacle. Eut-elle été une autre que j'aurais sans doute risqué un geste de réconfort, mais elle était la Reine et c'était le genre de choses que je ne pouvais pas me permettre, aussi me contentai-je d'adoucir légèrement le ton de ma voix:

"Je crains de ne pas avoir grand chose à vous apprendre à ce sujet, Majesté. Le ciel d'Eridania s'est empli d'aurores boréales, il a neigé en Argyrei et des tempêtes terribles se sont abattues sur Phelgra m'ont dit les Eclaris. Des tremblements de terre auraient ébranlé Noathis et les soleils ne se seraient pas couchés en Cimmeria. Puis, une quinzaine de jours plus tard, tous les peuples ont été frappés de divers troubles, comme vous le savez certainement. Les Eclaris... j'étais chez eux lorsque ce deuxième événement s'est produit et...ils étaient aussi perdus que n'importe qui. J'ai tenté d'obtenir des réponses, mais ils ont eu beau essayer de dissimuler leur totale ignorance derrière des airs mystérieux, elle demeurait flagrante. Il semblerait que les Enfants de Ténéis en revanche aient plus ou moins prévu ce qui est arrivé, d'après certains Amaryliens ils avaient des réserves de nourriture et les distribuaient, mais je n'ai pas eu l'occasion de le vérifier par moi-même."

Je marquai à nouveau un court silence avant d'ajouter d'un ton plus hésitant:

"Autre chose, si vous le permettez... une escouade complète de gardes a été massacrée à Amaryl durant les troubles qui ont touché les peuples, sans parvenir à ne serait-ce que blesser leurs agresseurs apparement. Fait troublant, d'étranges rumeurs parcouraient les rues d'Amaryl lorsque j'en suis parti... certains prétendaient à mots couverts avoir aperçu l'Eryl en compagnie d'un Cavalier de Sharna, celui que l'on nomme Sirion le Preux, dans les rues d'Amaryl. Les plus téméraires y voyaient bien évidemment un lien de cause à effet, mais là non plus je n'ai pas eu le temps d'approfondir la question..."

Nouveau silence, subtilement gêné celui-ci, puis j'achevai à mi-voix:

"Il faut aussi que je vous dise... je... j'ai noué une relation avec la jeune humaine qui a pris soin de moi à Hesperia..."

Voilà, c'était dit. Comment réagirait Viwien à l'annonce de ce tabou si bien ancré dans notre culture? Pas trop mal, je l'espérai, mais dans tous les cas je ne pouvais lui dissimuler cette information et assumerai les conséquences de mes actes.
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MessageSujet: Re: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeDim 24 Mar - 19:59

Quelques perles tombent en chapelet d'un ciel grisonnant. Elles rebondissent sur le verre, roulent sur ses courbes finement ouvragées. Les nuages qui s’amoncèlent au-dessus de Canopée assombrissent le ciel mais n'ont, pour le moment, rien de menaçant. Ils accompagnent les pensées qui obscurcissent les prunelles de Viwien alors qu'elle écoute avec attention les réponses du sindarin.

Il pensait que quelqu'un à Canopée, quelqu'un proche de la cour, transmettait des informations aux traitres en fuite. La Reine s'était fait pareille réflexion lorsqu'au cour d'une de leurs communications télépathiques, il lui avait dit être tombé dans une embuscade. Qui pourtant, pouvait avoir su que Serënn se trouvait sur les talons des traitres qui avaient trouvé refuge à Hesperia ? Viwien s'était bien gardé de parler de cette mission à quiconque. Elle n'avait besoin de l'assentiment de personne. Elle n'avait de compte à rendre qu'à son peuple. Seul Serënn avait connaissance de la mission qu'elle lui avait confié. Seuls les Astars avaient gardé sa confiance. Seuls ceux qu'elle avait tatoués, avaient à ses yeux, une loyauté à l’abri de tout questionnement.

Comment alors, l'information avait-elle pu parvenir aux oreilles de ces traitres ? A vrai dire, ils n'avaient pas besoin d'une information précise. Pas besoin de savoir que la Reine avait envoyé un assassin à leurs trousses. Cette information.. Ils en avaient connaissance avant même qu'elle ne donne l'ordre. Ils en avaient conscience au moment même où ils avaient choisi la trahison. Nul doute qu'ils s'attendaient à être traqué. Pourtant, ils avaient eu un lieu et une description.. Nécessairement ils avaient un informateur à Canopée ou à la frontière. Il avait pu savoir que Serënn quittait la capitale, deviner sa mission en constatant sa destination ? Cela ajoutait trop de paramètres hasardeux. L'informateur aurait suivi l'Astar pour connaître sa destination ? Il aurait du suivre tout Astar quittant Canopée ? Sans compter sur le fait que la Reine aurait très bien pu envoyer quelqu'un en dehors de la capitale, en le contactant par télépathie.

Peu connaissaient toute l'étendue des pouvoirs de la Reine. Elle n'en faisait que rarement la démonstration et pour la plupart, elle les avaient découvert et améliorer en autodidacte. Le mystère qui entourait ses capacités lui avait toujours été très favorable.

Viwien n'était pas femme à abandonner si facilement, elle trouverait cet informateur. Nul doute qu'il serait jugé aussi sévèrement que les traitres qu'il servait. Deux Astars étaient dors et déjà sur cette mission, ils débusqueraient cette petite taupe. En attendant, Viwien ne tenait pas à perdre un de ses précieux éléments. Elle ne savait que trop bien qu'elle avait bien failli ne plus revoir le sindarin qui se trouvait aujourd'hui à ses côtés. C'était un risque qu'elle avait pris. Pour une vengeance personnelle. Les traitres n'étaient plus une menace. Serënn venait de le dire lui aussi. Comme nombre de ses conseillers qui prônaient une certaine forme de clémence.

La Reine n'avait aucune pitié pour les traitres. Elle n'en aurait pas davantage pour ces lâches. Ils mourraient en terre étrangère, loin des leurs, loin de leurs terre, loin de leurs Dieux, seuls et misérables. Ils mourraient, affligés par le regret, rongés par les remords. Ils mourraient, après avoir vécu leurs derniers instants dans la plus grande angoisse. Ils mourraient sans gloire et leurs noms seraient oubliés, à jamais. Ils mourraient, de sa main, de la lame d'un Astar. C'était là une promesse inviolable. Dut-elle prendre des années ou des siècles.

Cependant, elle ne prendrait pas le risque de renvoyer un de ses précieux soldats d'élites sur les traces des traitres, pas avant d'avoir trouver cette taupe. Cette dernière pourrait bien avoir nombre d'informations à leur transmettre qui faciliteraient grandement l'éradication finale des derniers traitres.

- Quoi qu'il en soit, il semblerait que les traîtres et les criminels trouvent désormais une terre d'accueil favorable en Eridania.

Voilà une toute autre affaire qui attirait l'attention de la Reine depuis plusieurs mois. Elle avait envoyé plusieurs autres Astars en Eridania et tous lui rapportaient des faits similaires. Cela dit, il n'y avait guère besoin d'avoir des espions dans la plus vaste nation d'Istheria pour entendre parler de son roi. Il était tout à fait officiel que le roi avait fait volte-face sur nombre de ses décisions. Concernant les Eryllis, concernant les Nerozias, concernant quasiment tout de sa politique. Là où il avait effrayé une partie de ses conseillers lorsqu'il avait pris le pouvoir, clamant que désormais, Eridania serait la nation de la Justice.. Il les avait définitivement laissé dans l'expectative en prenant des décisions on ne peut plus discutables. La Justice avait été très vite remplacée par une ouverture et une clémence disproportionnée. Il avait accusé et innocenté, dénigré et accueilli, tout cela, en l'espace de quelques années, si ce n'est mois.

Pour certain, le doute s'était installé que le Roi d'Eridania n'ait pas été remplacé par un imposteur tant sa politique avait pris un tournant pour le moins imprévisible. La théorie n'était pas si fantasque. A en écouter les rumeurs et les informateurs les plus sérieux, le roi cèderait comtés et duchés à qui ferait une courbette assez fastueuse ou se trouverait tout simplement sur son chemin un jour de pluie. Puis.. Il y avait d'autres murmures, il aurait dans l'idée de construire un port, une nouvelle ville et une route de plusieurs centaines de lieues. Tout ça dans la même année. Dans le même mois disent même quelques langues sarcastiques.

Le roi reviendrait-il sur l'abolition de l'esclavage ? Il faudrait une armée d'esclaves ou un peuple suant sang et eau, pour accomplir toutes les fantaisies de leur roi.

Ainsi était la situation en Eridania, telle qu'elle était rapportée à la Reine de Canopée. Elle avait bien du mal à croire tout ce qui était dit cependant.. la fréquence et la véracité de plus en plus avérée des faits rapportés commençaient à élimer le peu de crédit que ses conseillers avaient voulu donner à ce nouveau roi terran. Elle devrait le rencontrer. Face à face, elle se ferait rapidement une idée de l'homme. Seulement, elle avait d'autres projets qui, pour le moment, lui paraissaient plus importants que de rencontrer un homme dont la politique était, disait-on, aussi changeantes que les femmes à qui il faisait la cour.

La Convergence était plus importante. Sa rencontre avec l'Eryl était plus importante. Pourtant.. Si l'Ombre arrivait, Eridania, occupant une place centrale au coeur même d'Istheria, ne pourrait être reléguée au second plan. Si la politique du roi faisait débat ici en Canopée, ce n'était jamais que l'echo des doutes qui agitaient l'intérieur du pays. Si Eridania était faible et divisée, pire si Eridania était vouée au chaos, cela ne pourrait qu'avoir un impact terrible sur la menace qui planait sur le continent.

Viwien lève l'émeraude de son regard sur le plafond de verre qui encaissait désormais les trombes d'eau qui se déversaient sur la capitale. Les cieux pleuraient-ils sur le triste sort qui attendait les mortels ? La Reine avait déjà fort à faire pour avoir en plus à gérer la dissidence grandissante d'une nation qui faisait dix fois la taille de son propre pays. Pourtant.. elle ne pouvait laisser le chaos s'installer à ses portes. L'idée lui avait déjà traversé l'esprit; du chaos à l'ombre, la limite était ténue.

Serënn ne lui apprit pas grand chose qu'elle ne sache déjà sur les conséquences de la convergence à travers Istheria. Pourtant.. N'était-il pas étonnant que la convergence ait été synonyme de catastrophe sur tout Isthéria, à l'exception d'une nation ? Ce n'était sans doute qu'une coïncidence.. Puis, pourquoi autant d'évènements différents ? Pourquoi la neige serait tombée dans le désert et les oiseaux en Cebrenia ? Pourquoi des tremblements de terre en Noathis et des aurores boréales en Eridania ? Il y avait de quoi occuper les esprits les plus éclairés de cette terre. Sauf que ces esprits éclairés étaient tout autant plongés dans l'incompréhension que les autres.

Les Eclaris en perdaient leur vocabulaire alors que les Enfants de Ténéis s'élevaient d'une seule voix. Le monde marchait sur la tête et si peu semblaient vraiment s'en préoccuper. Ils avaient tous perdu le lien avec leur nature lors de la deuxième vague, mais cela n'avait pas duré, alors, ils avaient repris leurs petites vies. Cela agaçait la Reine qui avait demandé au Grand Collège de monter un groupe d'étude sur les effets de la convergence et sur les similitudes avec les différentes apparitions des colosses. Elle n'attendrait cependant pas les bras croisés que les érudits apportent leurs conclusions ou leurs hypothèses.

La patience n'était pas une de ses qualités innées, elle devait la travailler et en ces temps troublés, cela lui demandait plus encore d'efforts. Elle haussa un léger sourcil en entendant les rumeurs qui couraient en Amaryl.. Si le sindarin ne se risquait pas à lier lui-même les deux évènements qu'il rapportait, Viwien ne pouvait que craindre de comprendre ce qui avait pu arriver alors que tous perdaient contrôle. Elle abaissa finalement le menton, quittant sa contemplation de l'eau ruisselant sur le verre. Elle verrait bientôt, si les Dieux le voulaient, sa soeur des forêts. Nul doute qu'elles parleraient de la convergence.. et de ce Sirion.

Des histoires d'amour.. était-ce bien le moment ? Peut-être que c'était justement le moment. Avant que l'obscurité ne vienne tout recouvrir. Avant qu'une nuit sans lune ne drape le ciel d'un linceul noir. Aimer. Intensément. Chérir un autre comme la lumière qui manquera à ce monde.

- Il faut aussi que je vous dise... je...

Quelle étrange hésitation saccade cette dernière phrase. Quelle est cette gène qui teinte le ton de sa voix ? Viwien tourne ses prunelles vertes vers le sindarin, attentive et un brin curieuse.

-... j'ai noué une relation avec la jeune humaine qui a pris soin de moi à Hesperia...

Pendant un instant, qui durerait sans doute une éternité pour le jeune sindarin, la Reine resta sans réaction, le fixant droit dans les yeux, impassible. Nul doute qu'il savait.. Que se lier à un être si terriblement éphémère n'aurait qu'une seule et unique fin. Que seule la tragédie d'une vie trop brève achèverait cette idylle.

Pourtant, après cet instant aux secondes bien trop étirées, c'est un sourire qui naquit rapidement sur les lèvres de la Reine, très vite suivi par un rire franc qui résonnerait dans la galerie de verre. Un éclat de lumière, arraché au ciel gris, un brin de bonheur qui résiste au vent d'une tempête en devenir. La flamme glisse sur les épaules rondes de l'Árien, la fille du soleil n'a jamais aussi bien porté son surnom.

Cessant doucement de rire, Viwien pose une main chaleureuse sur l'épaule du sindarin et lui adresse un sourire bienveillant bien qu'un brin malicieux à nouveau.

- Les Astars ne font pas vœu de célibat, Serënn. Que Kesha bénisse votre élue.

La Reine défait son étreinte mais ne cesse de sourire alors qu'elle se retient visiblement de rire à nouveau. Elle craignait chaque jour de perdre un de ses Astars et si leurs vies lui étaient si précieuses ce n'était pas seulement pour leurs valeurs stratégiques. Combien de fois, devrait-elle rappeler à un de ses soldats qu'il ne se limitait pas à sa fonction. Pourtant..

- Aussi grande sera l'affection qui vous liera, aussi profond sera l'abysse de votre inévitable séparation.

Il sait. Pourtant, il ne le saura jamais assez. Le sourire de la Reine reste bienveillant malgré la terrible réalité qu'elle inflige aux oreilles de l'amoureux. Sa main se lève à nouveau, cette fois, se pose sur la joue du sindarin. Ce n'est ni une caresse, ni une familiarité sans but. L'émeraude plonge dans le vert sombre d'une forêt dense, ne craint ni de s'y perdre, ni de s'y attarder. Elle est Reine et au-delà de tout, elle est un pilier pour les siens, inébranlable et infatigable.

- Ce jour là. Où vous vous risquerez à contempler l'abime. Où vous ne manquerez pas de maudire vos natures distinctes. Venez me trouver.

Était-ce un ordre ? Cela se pourrait bien. Viwien n'avait nul besoin de le préciser. Elle avait déjà vu des sindarins sombrer dans les profondeurs d'un deuil impossible. Elle refusait de voir la même tragédie ternir l'éclat de son éclaireur. Cela dit, elle savait que sa place dans tout cela était bien minime. Que le destin se jouerait d'eux sans qu'elle ne puisse rien y faire. Pourtant, l'assurance de son regard, la chaleur de cette main, elle espérait l'ancrer dans l'esprit de Serënn. Lorsque la caresse glaciale viendrait prendre son aimée.. peut-être se souviendrait-il alors, de cette flamme.

La sindarine délaisse la joue du jeune homme et acquiesce légèrement avant de tourner son regard vers Canopée.

- Je crains pourtant de ne pas pouvoir vous laisser le temps d'une vie de tranquillité auprès de votre adorée. Si la convergence n'est qu'un phénomène naturel et de cela je doute fortement, les réveils successifs des colosses et les différentes tensions politiques qui naissent partout en Istheria, ne manqueront pas de nous tenir occupé.

Si elle savait Serënn prêt à tout cela, dans la mesure du possible, il n'en était certainement pas de même pour sa compagne. Saurait-elle l'épauler ? Elle ne pourrait pas l'accompagner dans ses missions. Elle ne pourrait parfois que l'attendre, dans l'incertitude et la crainte. Une terran pouvait-elle endurer pareille vie ? Viwien espérait pouvoir donner quelques années de paix à l'Astar mais, elle ne ferait hélas ou non pour lui, pas de favoritisme. Elle avait besoin de lui, pour de plus grands buts que son aimée, elle n'hésiterait pas et elle ne ferait certainement pas dans le sentimentalisme. Elle était tout à fait assurée que Serënn comprenait, que même il ne souhaitait pas de traitement de faveur mais, la terran ?

La Reine ne saurait trop s'en inquiéter en réalité. Un petit sourire amusé mordille ses lèvres alors qu'elle conclu :

- J'autorise la demoiselle de votre coeur à me porter ses doléances si je devais trop vous accaparer.

Elle glisse un regard au sindarin. Il comprendrait sans doute que ce faisant et même si c'était avec humour, elle bénissait leur union et autorisait même la terran à venir la saluer. Canopée était ouverte aux étrangers, quand bien même cela déplaisait à quelques conservateurs grincheux, le Palais par contre, c'était tout autre chose. Hormis les émissaires très officiels, on entrait pas si aisément dans le palais. Si les jardins étaient ouverts à tous, les allées du Palais n'étaient parcourus que par des sindarins assermentés et de rares étrangers triés sur le volet. Autant dire que ce ne serait pas pour demain que des criminels s'y verraient offrir des appartements.

Chassant cette autre rumeur perturbante de son esprit, la Reine reprit tranquillement sa marche. Traversant l'espace entre les deux arbres qui soutenaient le pont de verre et de bois, les deux sindarins parvenaient à une petite salle en demis lune qui embrassait le tronc millénaire. Là se trouvait quelques sièges et une table basse où reposait des biscuits aux fruits secs et quelques documents méticuleusement organisés. Le sindarin était libre de se servir, la Reine quant à elle, resta encore debout. Malgré la tournure plus légère qu'avait prise leur conversation, elle n'avait pas encore quitté sa posture royale, son dos droit, son menton haut, son air préoccupé quand bien même elle plaisantait ouvertement.

- Avez-vous déjà entendu parlé d'Eucléis ?

D'un geste ample, elle désigne les documents sur la table, sur la couverture est écrit dans un élégant alfari : "Le Journal d'Eucléis, le Savant". Si Serënn s'empare des feuillets, il pourra lire le bien mystérieux document s'intitulant "Théories et questionnements : Les Gardiens".
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MessageSujet: Re: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeVen 29 Mar - 9:48

La reine écouta avec attention mes réponses, ses prunelles d'émeraude imperceptiblement ombrées de pensées qui n'avaient rien de joyeux. Mais quoi d'étonnant compte tenu de la gravité des sujets abordés? Comme un répons céleste, les nuages amoncelés sur la cité lâchèrent à cet instant quelques gouttes qui, pareilles à des larmes, vinrent s'écraser sur le dais de verre qui nous abritait. Si la colère semblait être le sentiment prépondérant de la reine concernant les traîtres défaits, elle se mua imperceptiblement en inquiétude songeuse tandis que je lui relatai ce que j'avais appris sur la situation en Eridania.

Quoique n'étant de loin pas au courant de tout concernant les relations avec ce royaume, j'en savais assez pour percevoir les enjeux diplomatiques et stratégiques qui en découlaient, assez importants pour que Viwien se soit résignée, récemment, à tourner le dos aux Eryllis, du moins en apparence. Et voilà qu'après avoir contraint notre reine à renier ses anciennes compagnes afin de conserver un certain équilibre politique avec Eridania, Mannus faisait subitement volte-face et les accueillait à bras ouverts? De même, après avoir banni les Nérozias et les avoir cloués au pilori, il négociait soudain avec eux et, décision ahurissante parmi tant d'autres, leur offrait un comté?! Je n'étais pas absolument certain de la véracité de ce dernier point, mais s'il s'avérait exact... toute la noblesse d'Eridania et, sans doute, celles d'autres pays, avaient dû ressentir cela comme un sérieux camouflet.

Je n'étais pas parvenu à trouver l'intérêt de Mannus dans cette histoire, il n'était tout de même pas assez naïf pour penser faire des Nérozias ses alliés? Quoi qu'il en soit, tout ceci démontrait une dangereuse instabilité de la part de ce roi auto-proclamé, s'il avait été capable de cela il était capable de tout. A commencer par déstabiliser assez son royaume pour qu'une révolte y éclate. L'idée qu'un pays de la taille et de l'importance politique et militaire d'Eridania soit entre les mains d'un inconscient aussi volatile avait de quoi rendre soucieux, pour le moins. Si le chaos s'emparait de cette nation, alors toutes en seraient impactées, à un point que je ne pouvais imaginer. Nous dirigions-nous tout droit vers un nouvel embrasement mondial? L'hypothèse ne pouvait être exclue, à mon sens, et cela avait de quoi glacer les sangs.

Le visage de Viwien, qu'elle avait tourné vers le ciel d'où se déversaient désormais des trombes d'eau, s'abaissa lorsque j'évoquai l'Eryl et la présence incongrue d'un cavalier de Sharna à ses côtés. Seul un léger haussement de sourcils témoigna de sa surprise, du moins supposa-je qu'elle l'était, à mes paroles. Pas plus que pour les sujets précédents elle ne me fit part de ses pensées et, bien sûr, je ne posai aucune question. Elle me dirait en temps et heure ce qu'elle estimerait nécessaire que je sache.

Ayant achevé mon rapport je lui révélai ma relation avec Esha, mon ton incertain incitant la reine à tourner un regard attentif teinté de curiosité vers moi. Après mon aveu, Viwien garda le silence durant un temps si considérable, impassible et indéchiffrable que je sentis mes entrailles se nouer d'inquiétude. Allait-elle considérer ce lien comme une entrave à mes devoirs d'Astar? Penserait-elle que j'avais bafoué nos coutumes et que, ce faisant, jeté le déshonneur sur elle? Tendu comme la corde de mon arc, droit et fier bien que sans la moindre notion de défi, j'attendis son implacable verdict en m'efforçant de ne rien montrer de mon anxiété, quoique sachant fort bien qu'elle la discernerait sans grande difficulté.

Son rire jaillit soudain, cristalin comme l'eau d'une source, littéralement solaire, me faisant légèrement sursauter. Elle posa une main fine sur mon épaule et, un sourire quelque peu malicieux aux lèvres, remarqua que les Astars ne faisaient pas voeu de célibat avant d'invoquer la bénédiction de Kesha sur l'élue de mon coeur. Je me joignis brièvement à son rire si communicatif, plus soulagé que je n'aurais su l'exprimer de cette acceptation royale, et sentis les tensions qui m'habitaient depuis quelques heures s'estomper comme brume soumise aux rayons ardents d'un soleil rieur. Reprenant son sérieux, quoique se retenant visiblement de rire à nouveau, Viwien ajouta doucement:

"Aussi grande sera l'affection qui vous liera, aussi profond sera l'abysse de votre inévitable séparation."

Je savais cela, bien sûr, et la reine en était parfaitement consciente. Pourtant, nous savions aussi tous deux que je ne mesurai pas pleinement l'ampleur de la blessure qui me serait infligée lorsque le temps rattraperait Esha, n'ayant jamais rien vécu de semblable à ce jour. Si je voulais être honnête avec moi-même, force m'était de reconnaître que je n'avais pas la moindre idée de la manière dont je réagirai. C'était facile de faire le fier tant que tout allait bien, alors qu'elle était encore jeune et en pleine santé. Ce le serait moins, sans aucun doute, lorsque le temps de la fin approcherait. Mais j'avais décidé en mon âme et conscience que cela en valait malgré tout la peine et rien ne me ferait plus dévier de ma route maintenant, comme la Reine le comprit sans que j'aie besoin de l'exprimer. Posant une main sur ma joue, comme pour manifester physiquement le lien inaltérable qui nous unissait, elle riva ses prunelles d'émeraude dans les miennes en un regard d'une rare intensité:

"Ce jour là. Où vous vous risquerez à contempler l’abîme. Où vous ne manquerez pas de maudire vos natures distinctes. Venez me trouver."

Durant un instant, plus rien n'exista que ce contact, ce regard plongé jusqu'aux tréfonds de mon âme. C'était ce genre d'instant qui faisait d'elle une véritable Reine, digne d'être suivie, aimée et respectée. Malgré sa charge écrasante, malgré ses soucis et ses terribles responsabilités, elle se préoccupait de chacun de ses sujets, prête toujours à leur accorder un peu de son temps, à leur transmettre un peu de sa force. Elle était telle un roc inaltérable au milieu de la tempête, puissant et éternel selon toute apparence, le pilier central de notre peuple, sur lequel chacun pouvait s'appuyer si besoin. Certains ne voyaient d'elles que cet aspect inébranlable, mais c'était loin d'être mon cas. A plonger en mon âme comme elle le faisait, elle m'ouvrait aussi en quelque sorte la sienne, assez pour que je puisse entrevoir derrière le masque de l'inflexible souveraine une femme, dotée comme tout un chacun de sensibilité, de doutes et de faiblesses. J'inclinai lentement le visage en guise d'acceptation, seule réponse possible, puis ajoutai d'une voix douce et ferme:

"Il peut nous arriver à tous de contempler l’abîme, pour une raison ou une autre, ma reine. Souvenez-vous également, le cas échéant, que vous ne serez jamais seule au bord du précipice."

Viwien était le sommet de la pyramide, nous étions les pierres constituant son socle. Qu'elle faiblisse un tant soit peu et aussitôt l'un de nos bras serait là pour la soutenir, non pas comme un serviteur secourrait sa souveraine, mais comme une personne loyale et aimante soutiendrait l'un de ses proches. La Reine acquiesça légèrement puis, retirant sa main, elle porta à nouveau son regard sur la cité en précisant:

"Je crains pourtant de ne pas pouvoir vous laisser le temps d'une vie de tranquillité auprès de votre adorée. Si la convergence n'est qu'un phénomène naturel et de cela je doute fortement, les réveils successifs des colosses et les différentes tensions politiques qui naissent partout en Istheria, ne manqueront pas de nous tenir occupés.

Après avoir marqué un instant de silence, elle ajouta avec humour qu'elle autorisait ma bien-aimée à venir lui faire part de ses doléances si jamais elle trouvait que j'étais par trop accaparé. Je laissai échapper un léger rire et, après l'avoir remerciée d'une petite inclinaison de tête, lui répondis sereinement:

"La connaissant, Esha viendra plutôt vous demander en quoi elle peut se rendre utile, si elle s'ennuie. Je suis sûr que vous l'apprécierez, c'est un coeur pur et désintéressé, pensant toujours aux autres avant elle-même. Quant à moi, je suis au service de notre peuple, de notre pays et de sa reine, aujourd'hui et jusqu'à la fin."

Tout ayant été dit à ce sujet, la Reine reprit tranquillement sa marche et nous conduisit jusqu'à une petite salle en demi-lune entourant le fût séculaire d'un arbre. Là, quelques sièges et une table basse sur laquelle se trouvaient des fruits secs et des documents méticuleusement rangés nous attendaient. Elle me fit signe de me servir si je le souhaitais, voire de m'installer mais, elle-même restant debout, il était évidemment exclu que je m'asseye et commence à grignoter. Malgré l'humour dont elle avait fait preuve, elle n'avait pas abandonné sa posture de souveraine, droite et fière, le menton haut et ses traits fins imperceptiblement marqués par le poids de ses préoccupations. D'un geste large, elle me désigna les écrits reposant sur la table:

"Avez-vous déjà entendu parler d'Eucléis ?"

Après un bref instant de réflexion, je lui répondis songeusement:

"Très vaguement. C'était un Eclari vivant à l'époque de Taulmaril, si je me souviens bien. Il me semble que l'un de mes maîtres avait l'avait évoqué pour ses théories controversées sur l'origine du monde et des peuples, mais je n'en sais pas plus."

Comme elle m'y invitait, je parcourus rapidement les documents rédigés dans un alfari parfait et ayant pour titre "Théories et questionnements : Les Gardiens", me demandant bien ce qui, dans cette histoire antique, avait interpellé la Reine. Ayant achevé ma lecture, je pris quelques secondes supplémentaires pour réfléchir avant de lui demander:

"Pensez-vous qu'il y ait un lien entre ces gardiens et les colosses, ou encore avec la convergence? Qu'ils pourraient nous aider à traverser ces temps troublés si nous les trouvions? Ou, au contraire, qu'ils soient la cause des événements qui ont frappé le monde?"

Viwien possédait-elle d'autres informations relatives à ces mystérieux gardiens? En l'état cela pouvait aussi bien n'être qu'un mythe, mais comment savoir? Nul ne semblait en mesure d'expliquer l'apparition des colosses et les phénomènes de la convergence, aussi cette théorie en valait-elle bien un autre et il aurait été sot de la rejeter d'emblée. Néanmoins, Eucléis ne semblait pas avoir trouvé ces gardiens bien qu'il ait apparemment passé des années à les chercher, aussi me demandais-je si cette piste valait véritablement la peine d'être suivie, ou si nous en avions simplement le temps. Mais nul doute que la reine avait son idée aussi, intrigué autant que songeur, attendis-je qu'elle m'en fasse part.
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MessageSujet: Re: Au service de Sa Majesté   Au service de Sa Majesté Icon_minitimeLun 8 Avr - 17:10

- Il peut nous arriver à tous de contempler l’abîme, pour une raison ou une autre, ma reine. Souvenez-vous également, le cas échéant, que vous ne serez jamais seule au bord du précipice.

Les mots se posent sur les épaules de la reine, y restent un instant, à chuchoter leur sincérité à ses oreilles. Serait-elle encore digne, pourtant, d'être Reine si elle se penchait au-dessus de l'abime ? Si elle y laissait se perdre la vigueur de son regard ? Se jugerait-elle encore à la hauteur de son peuple si elle se permettait une telle faiblesse ? Elle ne se perdrait pas à chercher une réponse absolue à ces questions. Malgré les exigences qu'elle avait envers elle-même, elle était consciente que se croire infaillible n'en ferait certes pas une réalité. Elle avait besoin de ses sujets, de leurs forces, de leur appuis, sans eux, après tout, elle n'était qu'une illusion de puissance.

C'est d'ailleurs sur ses sujets, ou plutôt, certains d'entre eux, qu'elle devrait à nouveau s'appuyer. Serënn faisait partie de ces élus. Contant son adoration pour sa bien-aimée le jeune sindarin louait les qualités de coeur de la terran. Un bref sourire glisse sur les lèvres de la Reine. Elle avait donné sa bénédiction pour une union, certes non officielle mais peut-être le deviendrait-elle, à un Sindarin, Astar de surcroit, d'aimer au vu et au su de tous une femme d'une autre race. Oh cela ne plairait sans doute pas aux vieux croulants qui vivaient bien plus près des racines que des cimes. Quelle était pourtant cette vieille stupidité que certains appelaient tradition, qui voudrait éloigner les Sindarins du reste des êtres peuplant cette terre ? Si ils voulaient se montrer aussi dignes et intelligents qu'ils pensaient l'être, ils ne pouvaient nier ou rejeter la diversité qui faisait la beauté de ce monde.

Viwien ne voulait certainement pas faire de Canopée une nation aussi hétéroclite que pouvait l'être Hesperia mais, le racisme que sous-entendaient les grincements de dents de certaines vieilles familles dès lors qu'il était question de l'engagement d'un Sindarin envers un membre d'une autre ethnie, était symptomatique d'une étroitesse d'esprit qui ne leur faisait pas honneur.

Après avoir loué son adorée, Serënn réaffirmait son engagement envers Canopée, les siens et sa Reine. Sa vie appartenait à cette nation avant d'être attachée à celle qui avait élue domicile dans les méandres de son coeur. Viwien n'en aurait point douté, nul ne devenait Astar sans que la constance de sa loyauté ne soit rudement mise à l'épreuve.

Quelque part à plusieurs dizaines de mètres du sol mais pas encore tout à fait à la cime des arbres, les deux sindarins déambulent avec aise. Les hauteurs abriteraient le secret de leur conversation. Les feuilles glissent entre les doigts du Sindarin alors qu'il lit rapidement leur contenu. Il connait Eucléis, vaguement et pourtant sans doute mieux que la plupart des Isthériens. Sous les prunelles émeraude de la Reine, l'Astar exprime le questionnement qui suit sa lecture. Il cherche, évidement, des connexions entre cette histoire et les évènements présents. Viwien avait eu un raisonnement similaire à sa première lecture.. Puis, elle avait fait des recherches.

- Gardez ces questions et laissez les mûrir.

La Sindarine s'approche d'un siège, ses doigts effleurent le bois sculpté avec talent avant de s'assoir. Elle devait réunir et synthétiser les informations qu'elle avait réussi à rassembler depuis le début de ses recherches. Des plus connues aux moins communiquées, de ce que les journaux avaient révélés à ce que les puissants gardaient secret. Commencer simplement, par un résumé :

- La Sarnahroa, une épidémie, fléau qui fit des morts par milliers. Les Gélovigiens l'ont traité comme une punition divine. Les pieux survivent. Les impurs deviennent pierre. Pas n'importe quelle pierre, une pierre de Sphène. Les Eclaris eux, ont pris la maladie comme n'importe quelle autre affliction, et n'ont eu de cesse de la combattre, par tous les moyens et l'inventivité dont ils étaient capable.

La voix de Viwien est douce, sur ses syllabes paisibles, rythmées, l'histoire d'Istheria ressemble à un conte tragique. Assise elle garde le dos droit, sa posture n'en ai pas moins royale alors qu'elle lie ses mains, ses prunelles vives fixées sur le visage de son interlocuteur.

- L'origine du fléau; une créature, un être, unique en son genre du moins, c'est ce que tous pensent à l'époque. Un monstre colossal qui jaillit des ruines de Taulmaril.

Le premier colosse. Du moins, de mémoire d'homme.

- S'ensuit le Myste rouge, privant de magie ceux qui y pénètrent. A l'origine de son inquiétante présence; un nouveau colosse, qui ira sagement se fondre dans la forêt de Noathis où il avait fait son apparition.

Elgondor, c'était là la maison du géant endormis. Les Eryllis dormaient entre ses bras. Le colosse n'avait fait que peu de ravage et son myste bien que terrifiant n'avait fait aucun mort.

- Gaeaf, capable d'appeler à lui les puissantes créatures des profondeurs. Sa mort est suivi d'une puissante lumière blanche quittant le corps de la créature pour s'enfuir vers les cieux, le reste du monstre tombe en poussière. Que signifie cette lumière ? Nulle créature ne se désintègre ainsi.

Pouvait-il voir à présent, où voulait en venir la Reine avec ce résumé détaillé ? L'émeraude plongée dans les tréfonds d'un sous-bois secret, elle poursuit, studieuse conteuse :

- Le colosse d'El Bahari; il expulse les Hommes mais, protège le reste de ce qui a pu croître sur son dos et le cache aux yeux du monde. Paramis, brise la nature des Hommes, révèle les faiblesses intrinsèques à leurs êtres imparfaits. Il efface la frontière entre visible et invisible, perce le voile séparant vivants et âmes égarées. Il se protège d'un bouclier annulant la magie. Il faudra aux courageux qui l'affronteront se dévoiler, à nu face au monstre, n'usant d'aucune des forces sur lesquelles nous comptons tous si ce n'est, à nouveau, la ténacité de leurs efforts et l'inventivité de leur stratégie.

"A nouveau", comme l'avaient fait les Eclaris pour contrer la Grande épidémie.

- Themisto enfin, transforme tout ce qu'il touche en plantes, couvrant la désolation d'un manteau de verdure inattendu. La nature s'impose à l'Homme, le dévore même s'il s'obstine à user de magie. Il finit par aller se coucher sans raison et se fait colline verdoyante au pied de la cité noire.

Peu à peu, presque imperceptiblement, Viwien s'était penchée en avant alors que ses mots venaient danser autour de Serënn, comme autant de farfadets qui jouaient avec le tissu de sa réflexion.

- Six colosses se sont élevés sur tout Istheria, en l'espace de trois ans. Tous, sans exception, ont imposé aux Hommes, une épreuve. Tous, sans exception, étaient capables de se servir ou de bouleverser l'Essence Divine.

Ramenant son dos contre le dossier, Viwien laisse un instant à Serënn pour intégrer toutes ces informations. Nul doute qu'il ait déjà connaissance de la plupart des faits que la Reine venait d'énumérer. Pourtant, ainsi amenés, les évènements ne semblaient-ils pas suivre une même logique ?

- Un témoignage parmi de nombreux autres, attira mon attention alors que mon regard s'attardait plus que de raisons sur ces trop nombreuses tragédies. On rapporte qu'après la disparition du Colosse d'El Bahari sous la surface, un enfant se serait avancé au devant de la foule. Il aurait dit alors, que ce n'était pas la première fois que de tels évènements se produisaient et que l'île n'en était pas à sa première disparition, que l'on pouvait.. la retrouver.

Les élucubrations d'un gamin chamboulé par l'arrivée et le départ successifs d'un colosse. Cela se pouvait bien après tout. Seulement;

- Il se présenta sous le nom d'Eucléis.  

Comment un gamin aurait pu connaître Eucléis et aussi bien poursuivre sa pensée ? L'Eclari avait déjà évoqué dans ses théories l'idée qu'il manquait des morceaux d'histoire dans la Grande Histoire d'Istheria. Des évènements oubliés, des créatures aussi..

- Si nous admettons la véracité de ce témoignage, sans nous arrêter sur la longévité et l'apparence de l'Eclari, alors il ne serait pas impossible qu'Eucléis ait décelé quelque chose qui nous échappe. Il ne serait pas impossible aussi, que tout ce que nous vivons, toutes ces épreuves qui nous sont imposées, ce soit déjà produit.

Si l'hypothèse était exacte, si tout ou une partie de ce que les isthériens traversaient s'était dors et déjà produit, dans un passé que la Grande Histoire avait oublié.. Alors il serait peut-être possible d'anticiper la suite.

- Il ne vous aura pas échappé que les colosses ne sont pour la plupart pas apparus de nul part. S'il nous est impossible de sonder les océans ou les cieux, c'est bien de la terre que sont élevés les colosses de Taulmaril, Elgondor et Themisto. Ces deux derniers ont d'ailleurs finalement rejoint cette même terre, semblant reprendre leur sommeil là où il l'avait laissé. C'est donc qu'ils étaient là, sous nos pieds ou cachés au coeur de la forêt, pendant tout ce temps.

Cela semblait à présent évident pourtant, comment toute une civilisation, tout un âge, toute une Histoire, avait-elle pu s'écrire en ne prenant jamais conscience de la présence de ces véritables géants ? Depuis quand dormaient-ils ainsi ? Comment étaient-ils nés ? Apparus ? Créés ? Pourquoi s'étaient-ils endormis et surtout, pourquoi s'étaient-ils réveillés ?

- Les croquis dont parle Eucléis n'ont jamais été retrouvés mais la description qu'il donne des Gardiens pourrait correspondre aux Colosses si on les considère comme des épreuves envoyées par les Dieux.. Des épreuves ou des avertissements.

La Sindarine se redresse, quitte son siège. Le tissu précieux de sa tenue chuchote quelques secrets alors qu'elle s'avance vers la large baie vitrée, sa main droite se posant sur le bois qui assemblait le tout.

- La Convergence n'a fait que renforcé cette dernière théorie. Des tempêtes inexplicables, contre-natures, des tremblements de terre, des nuées d'oiseaux morts.. Je crois que les Dieux nous envoient un message. Les épreuves sont loin d'être finies et je crains qu'elles n'aient pour but que de nous renforcer avant la venue.. d'autre chose. Certains peuvent croire que les Dieux se jouent de nous, se montrent joueurs et cruels. Je crois qu'ils essaient de nous prévenir et de nous préparer.

La Reine tourne le dos au paysage de Canopée, son regard vient à nouveau se poser sur le visage du Sindarin à qui elle se confie sans restriction. "Le pire était à venir". Voilà ce qu'elle disait. Voilà ce à quoi elle tâchait de se préparer. A moins, que la Grande menace qu'elle prédisait, qu'elle craignait, ne soit que le fruit de son imagination et que tous les phénomènes qui agitaient Istheria depuis trois ans soient en réalité causés par des éléments naturels.

- Une partie de ce raisonnement repose sur le fait que l'enfant soit effectivement Eucléis et que, sans preuve du contraire, il dise vrai. Il se trouve qu'il ait révélé le moyen de retrouver l'île disparue et le navire éclaireur que j'ai envoyé à la poursuite de la fugitive a confirmé qu'il avait trouvé sa piste.

Les pierres indiquées pour retrouver la trace de l'île avaient en effet émis un signal alors que le navire sindarin sillonnait les mers. L'île n'avait pas encore été trouvée mais, l'enfant avait décris parfaitement l'utilisation des pierres et le signal qu'elles émettraient une fois "pointées" dans la bonne direction.

- Le plus simple serait de retrouver cet Eucléis afin de l'interroger davantage, prendre connaissance du savoir qu'il semble détenir mais, évidemment, il a disparu.

Les flammes s'enroulent en boucles légères sur les épaules de la jeune femme alors qu'elle fait un pas vers l'Astar. Ses grands yeux verts contemplent le visage masculin aux traits fins, typiquement sindarins, et essaient, sans doute, de percer ses pensées. Etait-il songeur ? Perdu ? Suivait-il son raisonnement ou, depuis un moment déjà, le remettait-il en question ?

Il était le premier et sans doute, serait-il un des rares, voir le seul pendant un moment, à connaître les réflexions de la Reine au sujet des derniers évènements ayant bouleversés Istheria. Viwien n'était pas femme à confier le fonds de sa pensée et quand bien même elle venait de dévoiler ses réflexions à l'Astar il était certain qu'elle avait encore de la suite dans les idées. Il était tout aussi certain qu'elle attendait quelque chose de cette conversation. Qu'elle avait choisi Serënn pour être le réceptacle de ses pensées, l'interlocuteur privilégier de cette discussion qu'elle n'aurait avec aucun de ses conseillers.

- Que feriez-vous Serënn, de telles réflexions, de pareilles hypothèses ?

Le mettait-elle à l'épreuve ? Serënn n'avait pas pour rôle ni de spéculer, ni de prendre des décisions. Pourtant, la Reine l'interrogeait ainsi, que ferait-il ? Sans être Roi, sans être Erudit. Choisirait-il de poursuivre une île fantôme ? Un enfant prophète ? Ferait-il de la vérité sa quête ? Chercherait-il la véritable histoire de ce monde ? Ou s'en remettrait-il aux Dieux ? Les défierait-il ?

Se tiendrait-il aux côtés de sa Reine, si l'Ombre qu'elle percevait, lui était invisible ?
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