_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Sujet: L'Eryl et l'Aveugle | Ft Sighild Ven 29 Jan - 15:51
L'Eryl et l'Aveugle
Forêt de Sphène | Année 1306
Plic... Ploc..., encore une, puis deux, puis trois, il ne pouvait les compter, de toute évidence, qui pourrait compter les gouttes d'eau désireuse de quitter la voûte céleste dans l'intention de s'écraser sur le sol terrestre ? Le vieillard, bien qu'assailli par la pluie, ne semblait pas gêné plus que cela. Il tenait là, debout, immobile, il serait si aisé de le confondre avec une effigie de pierre. Sa peau grisâtre, victime du passé, s'y prêtait plus que nécessaire et il était impossible de percevoir le moindre souffle de la part de l'Ancien. Pourtant, il s'avère que l'homme était bien vivant, loin d'être sénile, il attendait. Patientait. Il écoutait les battements d'ailes qui, tranquillement, se rapprochaient de lui, défiant le vent et bravant les flots céleste, le volatile se faufilait entre les branches, le voltigeur au plumage sombre rejoignit sans accroc l'avant-bras du revenant, s'y déposant sans un bruit, sans un coassement.
— Il est temps Hügin, ne me quitte pas, intimait le vieillard de sa voix caverneuse, comme provenant d'outre-tombe. Le volatile qui semblait comprendre les désirs de son compagnon fit quelques battements d'ailes pour rejoindre l'épaule droite de Randal. Ce lieu, l'ancien le fréquentait depuis maintenant trois siècles, il l'avait écoutait tant de fois. Entre les arbres de cette forêt, il avait si souvent attendu que son comparse retrouve le chemin de son épaule. Il connaissait chaque arbre et chaque racines de cette portion de la forêt, chacune des plantes qui jonchaient le sol. Il avait ici, trouvé la paix et la sérénité à laquelle il aspirait avant qu'il ne ferme les yeux.
Pourtant, le vieil homme semblait désireux d'aller plus en avant dans la forêt, ce n'est en rien une envie de voyage, ni même une recherche de trésor ou le désir de s'installer ailleurs. Il ne comptait en rien quitter sa modeste cabane, bâtit de ses mains. Pourtant, il fit les premiers pas en direction du centre de cette dense forêt, progressant à travers les divers obstacles qu'un aveugle aurait pu cogner. Il serait mensonger de dire qu'il ne possédait aucune raison de faire ces quelques pas, à dire vrai, il est convaincu qu'il n'ira pas bien loin. Non pas qu'il ne le pouvait pas, seulement qu'on l'en empêcherait. Depuis bien des décennies, il ne se sentait en rien, seul. Il lui semblait être observé. Ce n'était en rien une certitude pour lui, mais une intuition l'en avait convaincu. Des preuves, il n'en possédait aucune, toutefois, il désirait en être sûr, et ce, dès aujourd'hui. Ces trois derniers siècles, ce vieillard n'a jamais rencontré personne, il était fort possible que la folie puisse lui jouer quelques tours, mais au-fond, il serait alors fixé... Il ne dépendait désormais, que du destin et semblait s'offrir à ce dernier tandis qu'il avançait toujours plus loin entre les branchages...