Des femmes de foi

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Des femmes de foi

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Phyrra
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MessageSujet: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeJeu 9 Sep - 3:37

Des femmes de foi
Le 2 de Géxon 1306
La campagne était en ébullition.  

Même si le sol était mort, Phyrra avait l’impression de sentir renaître le peuple isthérien. Lorsqu’elle avait quitté Amaryl, accompagné de deux prêtres nommés Violette et Ernold, ainsi que de Khinem, son fidèle astar, la nouvelle du remède ne s’était pas encore rendue à eux. Cependant, dès leur arrivée dans le comté de Ditham, ils avaient appris ce miracle. Une nouvelle incroyable, le prix des efforts inimaginables des plus grands esprits de ce monde. Même si peu de doses avaient atteint les régions éloignées de la capitale, l’auberge du coin était pleine à craquer, et ils fêtèrent au son du violon et de l’accordéon la découverte du remède. Phyrra loua Ténéis pour le savoir qu’elle avait apporté, empreinte d’une joie sincère. Elle ne pouvait s’empêcher, pourtant, de ressentir une certaine frustration. Le nom des hauts-prêtres de Delil et de Kesha étaient sur toute les lèvres, de même que quelques autres et, pleine de fierté, Phyrra regrettait que son nom ne voyage pas comme celui de ses confrères. Malgré tout, le rayonnement des deux jeunes hauts-prêtres se reflétait sur la caste entière, et de cela, Phyrra ne pouvait que se réjouir. D’un village à l’autre, n’oubliant pas son rôle, Phyrra accorda la bénédiction de sa déesse, louant les réponses qu’elle avait apportées sur Istheria. Il restait bien des mystères, bien entendu, mais ne s’agissait-il pas du plus beau des cadeaux que pouvait offrir la déesse ?  

Au fil des jours et des villages traversés, Phyrra écouta les rumeurs qui voyageaient dans la campagne. Les paysans étaient des gens simples, durement touchés par la fièvre de cendre. La présence des militaires, même dans les plus petites agglomérations, alourdissait l’atmosphère. De ce qu’elle entendait, le peuple était reconnaissant de cette aide apportée par le roi. Cela ne changeait toutefois rien au fait que ces gens auraient préféré pouvoir se débrouiller sans eux. Dans les champs, beaucoup de maisons étaient vides, et le petit groupe découvrit plusieurs lieux tristement calcinés. Malgré les recommandations qui leur avaient été faites, beaucoup avaient choisi de demeurer chez eux jusqu’à la fin, et avaient fini par entrainer leur demeure vers Kron en même temps qu’eux. Pourtant, la nouvelle du remède amenait un peu de vie dans les villages. Les gens sortaient à nouveau, convaincus d’être sauvés. Cependant, en visitant les lieux de maladie pour bénir quelques malades au passage, Phyrra comprit que les régions les plus éloignées n’avaient encore reçu aucune dose de remède. La recette avait d’ores et déjà fait le tour des petits villages, mais bien peu avaient les équipements nécessaires à la récolte des ingrédients nécessaires, dont certains étaient très rares. Les rumeurs, pourtant, demeuraient le moyen par excellence de se divertir, et en écoutant les rumeurs sur ses confrères, Phyrra adapta sa vision des choses qu’elle devrait accomplir pour le bien d’Istheria.

Duscisio Balibe, le haut-prêtre de Delil, était, de ce qu’elle en savait, un jeune terran d’une vingtaine d’années. Autrefois maître-herboriste réputé d’Hesperia, il avait été pressenti pour devenir le représentant du dieu de la forêt. De ce que Phyrra en savait, c’était l’ancienne haute-prêtresse de Delil qui avait désigné son successeur, un fait rare chez les gélovigiens. Physiquement, il était décrit comme un jeune homme fin et élancé, qui avait toujours des roses blanches dans les cheveux. On le surnommait l’Albinos, ou encore la Voix de Delil. S’intéressant à ce personnage lors de leurs soirées dans les différentes auberges qui ponctuèrent leur voyage, Phyrra apprit qu’il était perçu comme un homme autoritaire et sûr de lui. Il lui fallut se rapprocher davantage de la forteresse de Ditham pour entendre parler du bal de la rose et des quelques maladresses de l’herboriste chez les Vanes. (Cela ramena ses pensées vers Pandora, son ancienne élève, et elle se dit qu’il lui faudrait trouver le temps d’aller la visiter.) Maître Balibe était également un grand mage commandant aux forces de la nature. Il avait un lien particulier avec les plantes, et cela même au-delà de ses pouvoirs. Malgré son talent indéniable, Phyrra le trouvait bien jeune pour un titre aussi important, et bien peu éduqué sur les manières gélovigiennes.

Othello Lehoia était quant à elle une jeune yorka qui devait avoir environ le même âge que Duscisio. Elle était connue comme une médecin de grande qualité, aux dons guérisseurs incroyables. D’un naturel doux et calme, elle était d’une grande piété et avait une complicité avec le peuple. Vue comme l’incarnation de l’innocence, Phyrra entendit parler de la justice qui semblait tant lui importer. Essayant de se faire un portait mental de la haute-prêtresse, l’héritière des connaissances se remémora ce qu’elle savait de sa courte vie. Au-delà de ses hauts faits comme haute-prêtresse, la jeune dame était également duchesse de Nivéria. Elle avait accédé à ce titre suite aux à la guerre éclair entre Phelgra et Cimmeria. Puis, après avoir longuement servi comme prêtresse à Cimmeria, elle avait succédé à l’ancienne représentante de Kesha. En avançant vers la capitale eridanienne, Phyrra entendit parler de la robe de feu que portait la duchesse lors du bal de la Rose et de la complicité entre elle et le comte de Béon. Les plus hautes sphères discutaient quant à elle de sa danse audacieuse avec l’exotique Argyréenne, et de la force qui se cachait derrière sa douceur et sa délicatesse. Malgré la forte impression que laissait la jeune dame sur le peuple, Phyrra la trouvait, tout comme Duscisio, bien jeune pour assumer autant de responsabilités. La sindarine soupira en pensant qu’elle allait bientôt avoir 457 ans. Comment la blâmer de voir ces nouveaux hauts-prêtres comme des enfants ?

Après quinze jours de voyages, la haute-prêtresse et son petit cortège ne s’arrêtèrent que rapidement dans sa demeure hespérienne avant de repartir pour le Haut-Monastère. Il s’agissait de leur destination principale, même s’ils n’y restaient pour l’instant qu’une semaine avant de retourner poser leurs valises à Hesperia. Poussée par ses nouveaux objectifs, Phyrra avait l’intention d’élire à nouveau domicile dans la capitale des terrans, du moins pour quelques mois, car elle espérait pouvoir s’investir davantage auprès de sa caste pour permettre à Istheria de guérir de cette maudite fièvre de cendre. Elle avait toutefois besoin d’un endroit à elle, notamment pour pouvoir démêler les différentes fonctions qui étaient les siennes. Loin de Canopée, elle devait tenir Viwien au courant de ce qu’elle avait découvert, et préférait faire ce genre de tâche à l’écart du Haut-Monastère. Elle souhaitait également s’assurer qu’Amaryl et Canopée reçoivent leur part de remède, mais aussi s’assurer du maintien des relations entre sa caste et les pays qu’elle défendait. En se rapprochant du monastère, Phyrra espérait que les gélovigiens pourraient commencer à s’unir de nouveau. Diverses aspirations germaient dans son esprit ambitieux. Elle devait toutefois encore y réfléchir... et prendre le pouls de ce qui se déroulait au cœur de la caste.  

Ils arrivèrent finalement au Haut-Monatère lors d’une journée grise, au début de mois de Géxon. C’était peu après midi, et l’endroit était en effervescence, comme une véritable fourmilière. Prêtres et militaires se mêlaient dans un joyeux balai, tentant d’endiguer le flot de fidèles qui convergeaient vers le monastère, certainement en quête du remède. Rapidement, Ernold alla signaler leur arrivée à l’intérieur. Lorsqu’il revint, une petite foule s’était formée autour de Phyrra. Il n’avait fallu que peu de temps avant qu’on reconnaisse la Haute-Prêtresse de Ténéis, et son nom avait ensuite couru sur toutes les lèvres. Prévenus de son arrivée, les prêtres de Ténéis demeurant au Haut-Monastère vinrent l’accueillir avec joie. Enthousiaste, Phyrra bavarda un bon moment avec divers amis, connaissances, prêtres et fidèles, rassurant les plus inquiets, le réjouissant avec les autres. Après un temps, une jeune prêtresse du nom de Maryenne se présenta à elle, et, libérée de la foule, Phyrra put rejoindre les appartements qu’on lui avait assignés. Loin d’être aussi luxueux que ceux qu’elle possédait au Temple de Ténéis, ceux-ci étaient malgré tout assez grands, très propres et munis d’un bain déjà rempli d’eau chaude. Lasse, Phyrra s’empressa de l’honorer pour effacer les marques du voyage de sa peau. Vêtue de sa tunique de fonction, elle suivit ensuite Maryenne dans les couloirs de l’établissement et, usant de ses pouvoirs, elle s’assura de graver les noms de ceux qu’on lui présentait dans son esprit.

L’après-midi fut long, ponctué de millions de présentations et de formule de politesses, ainsi que d’une foule de visages qui continuaient de danser derrière les pupilles dorés de la sindarine. Malgré la fatigue que le voyage avait imprimée sur ses traits, Phyrra affichait un visage affable, prêtant une oreille attentive aux prières qu’on lui adressait. C’est dans cet état qu’était la sindarine lorsqu’elle fit la connaissance de l’une des personnes dont elle avait le plus entendu parler, et qu’elle avait donc le plus hâte de rencontrer.

– Othello Lehoia, Haute-Prêtresse de Kesha et duchesse de Nivéria, la présenta Maryenne. Dame Lehoia, voici Phyrra Brynelis, Haute-Prêtresse de Ténéis et conseillère religieuse de Sa Majesté la reine Viwien Nen... Silwé... de Canopée.

– Ñen'Silwë,
l’aida Phyrra, compatissant aux difficultés linguistiques de la jeune prêtresse. Je suis heureuse de vous rencontrer enfin, ma sœur, la salua-t-elle d’une voix sincère, mais fatiguée.

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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeLun 18 Oct - 20:12

« De l’eau, ma Dame ? » La voix de la jeune prêtresse l'interpela à travers l’encadrement de la porte, imposant à la pénombre sa carrure encore enfantine et son précieux chargement, une grande carafe d’eau et un verre vide. C’était une petite terranne encore jeune, gélovigienne tremblante, chargée d’une importante mission par l’intendance qui la surveillait d’un regard distrait depuis le bout du couloir.

C’est d’une main diaphane et encore percluse de sillons que la yorka refusa poliment le breuvage qu’on lui proposait. Depuis qu’elle était guérie, on lui proposait incessamment de l’eau. Une habitude un peu forcée des recrues les plus récentes pour remettre d’aplomb leur dirigeante. C’était déjà la quatrième à se présenter devant ses appartements depuis une poignée d’heures. Un geste innocent et candide, gorgé d'espoir et de volonté de bien faire. En regardant la terranne penaude, ses joues roses encore gonflée et son corps à moitié dans l’enfance, elle finit par se raviser, coupable de déformer une si belle frimousse par l’ombre d’une contrariété. Ragaillardie, la jeune fille s’élança joyeusement, portant devant elle le grand plateau d’argent et la carafe qu’il supportait, pour l’imposer avec beaucoup de fierté devant la yorka, penaude à son tour.


« Buvez beaucoup, ma Dame ! Enfin… non ! Ne buvez… heu… »  L’enfant se perdait entre son enthousiasme exacerbé et son innocence encore réfractaire aux caprices de l’étiquette, et finit par laisser toute sa vaisselle en changeant de couleur pour un pivoine enflammé. « Buvez comme vous le voulez ! »

D’un regard amusé, Othello surveilla la petite demoiselle s’enfuir en maugréant, à grand renforts de gestes et de toux. Elle n’avait pas dix ans, et pourtant elle était déjà très pieuse. Une recrue prometteuse pour leur ordre, vouée à un bel avenir. De nouveau bercé par le silence de la pièce, la sirène osa décaler son regard vers le pot rempli d’eau, roulant ses yeux vers le plafond face à ces litres. Depuis sa guérison, elle se demandait combien de verre elle avait avalé… Un jour peut-être aurait-elle la force de dire non, plutôt que d’accepter toutes ces carafes, au risque d’être la première haute prêtresse barrique de cette ère. Elle sentait encore les bulles dans son estomac, les vestiges de la folie hydraulique du précédent page qui lui avait aussi donné à boire. Même si elle martelait que boire à excès n’aidait pas la guérison, elle comprenait bien que le liquide pur avait une certaine aura dans cette période de feu.

Un soupir franchit ses lèvres comme une goutte, lourde et las. Elle était assise à son étude depuis presque trois heures, compilant sur une liasse de parchemin neuf ce qu’ils avaient découvert du remède, leur connaissance de la maladie, les échanges qu’ils entretenaient avec le reste du monde, loin derrière ces murs. Plus les jours passaient, et plus il lui semblait que ce monde n’était qu’une illusion, et qu’il n’avait jamais existé. Comme si le monastère n’était pour tous qu’un mirage abstrait, et pour eux une terre d’espoir et de miel, un paradis où l’on pouvait guérir ceux que la mort avait enlacés.
Dans un spasme un peu nerveux, elle lâcha sa plume, qui vint s’écraser en milieu de page, non sans laisser entre le point et la virgule une large tâche noire. Même si la fièvre n’était plus dans ses veines, elle était encore loin d’avoir recouvré toutes ses forces.  

Cela faisait quelques semaines qu’elle avait pu se défaire de la fièvre de cendre. Une maladie dont elle portait encore les stigmates, qu’elle camouflait à grand renfort de capes, de manteaux et de robes, pour beaucoup devenus trop grands pour elle. C’était une de ces parures qu’elle portait en ce jour, une ample cape de mousseline d’une couleur semblable à la rouille, recouvertes de larges arabesques dorées qui représentaient de complexes motifs d’oiseaux et de plantes provenant d’une nature sauvage qu’elle n’avait pas encore admiré. L’habit était d’une fraîcheur remarquable, un atout nécessaire pour supporter les dernières chaleurs de Riguéar. Relevant le tissu sur ses épaules, sa main chassa quelques mèches alors qu’elle reculait le visage dans les boucles grises et sauvage de sa crinière. Elle s’emmitouflait presque dans la cascade cendrée, donnant l’impression de disparaître dans le camouflé comme si elle était mangée par un abîme insondable.

Le vêtement cachait heureusement les marques que lui avait laissé l’ombre cendrée, des sillages encore creux le long de ses bras, là où ses veines brillaient de braises enflammées. Ses muscles, ses chairs, tout semblait s’être rétracter, reculer comme les vagues sur le rivage d’un corps. Jamais elle n’avait autant donné cette curieuse impression de voir se déplacer à chacun de ses mouvements un corps mort, un squelette de maigreur qui s’effaçait sous le poids d’une chevelure immense qui tombait tout autour d’elle comme les tentacules d’une pieuvre. Othello n’avait jamais cherché le contacte du miroir, mais plus que jamais, elle craignait le regard qui la confrontait, ces yeux creusés encore affaiblis, ses joues où se dessinaient encore de larges tranchées décharnées. Elle s’imaginait presque gorgoroth, un poisson des abysses dont les écailles avaient perdu de leur éclat. Les siennes étaient encore visibles dans sa nuque, sur ses clavicules saillantes, sur ses côtes qui se comptaient. Même si elle luttait pour conserver une posture droite, l’aura des défunts qui se dégageait d’elle la collait encore comme une ombre étrange.

Heureusement, cela semblait ne pas ternir au-delà des regards en coin et des murmures la qualité de son autorité. Même si elle avait depuis quelques mois perdus de sa radiance, elle n’en demeurait pourtant pas moins mobilisée. Et si elle n’avait pas été de force cantonnée à un bureau pour ne pas risquer d’attraper de nouveau la fièvre, elle aurait probablement préféré passer son temps au chevet des malades encore regroupés dans le dispensaire qu’on avait logé dans une des branches du massif édifice, qui peinait pourtant à se désemplir. Les productions étaient encore lentes, ralenties par la logistique, la rareté des ressources et un manque de savoir-faire qu’elle faisait de son mieux pour enseigner. Quand elle n’était pas présente auprès des médecins pour leur enseigner les gestes nécessaires à la réalisation du soin, elle écrivait tout ce qu’elle pouvait pour transmettre le fruit de ses recherches aux autres gélovigiens, chercheurs, érudits. Aujourd’hui, et plus que jamais, elle croyait en la confluence des savoirs, l’échange.

Malgré cela, elle n’était pas dupe. Son désir profond d’équité ne relevait guère plus que de l’utopie, alors que tous les codes qui dictaient le monde se teintait d’une couleur si politique. Le droit de création et de distribution du remède serait rapidement aux mains des puissants et des couronnes, et bien qu’elle se retrouve dans la position d’être soumise à l’une d’elle, la yorka se retrouvait face à ses nouvelles convictions. Les mois à danser avec la mort, à écouter tant de prières, à perdre la voix en dialogue et en cantiques avait éveiller en elle des désirs nouveaux.


« Ma Dame ? Elle est arrivée et rencontre vos confrères, vous devriez vous mettre en route. »

Othello releva la tête de la grossière tâche d’encre qui couvrait son recueil. Une moue curieusement enfantine déformait son visage déçu, mais elle ne s’attarda pas à la nettoyer, reposant simplement sa plume sur son socle pour replacer d’une main son vaste atour. En se retournant, elle remercia chaleureusement la grande zélos de quelques deux mètres, première parmi ses amies et hautement placée dans la hiérarchie bicéphale des prêtres de Kesha. Athema acquiesça silencieusement, laissant la sirène ouvrir la voie qui la conduisait hors de ses appartements et vers le nouveau monde.
La lumière grise du ciel éclairait les couloirs d’une étrange lueur, comme si les fenêtres aspiraient les couleurs vers l’extérieur à défaut de les raviver. Les grands vitraux faisaient presque peine à voir sous ces voûtes de pierres grises, et pourtant Othello ne faisait que les apprécier davantage. Avançant d’un pas vif qu’elle modérait pourtant pour ne pas perdre son souffle, Othello ne s’arrêtait que pour saluer les autres prêtres qu’elle croisait sur son chemin, les érudits et les soldats, déviant les regards interrogés ou gênés, quand ceux-ci n’étaient pas simplement habitués par les mois de recherches.

Il régnait une atmosphère euphorique, électrique, un vrai élan d’énergie qui secouait chaque mur, chaque dalle de pierre qui composait le grand damier sur lesquels se bousculaient tant de gens. De l’entrée du couloir d’où elle venait, elle avait une vue vertigineuse sur la scène, animée joyeusement par des grandes envolées de voix, symboles des conversations les plus riches et les plus animées. De son discret observatoire, la sirène se fit silence et voile, se fondant une seconde avec cette volupté et la sensation net que le monastère retrouvait, pendant quelques secondes, une vie normale. Ses yeux balayèrent l’assemblée rapidement à la recherche de la source de toute cette attention, dont elle devinait déjà l’identité, mais qu’elle recherchait pourtant de ses prunelles sombres.
Une main se posa alors sur son épaule, la poussant à relever les yeux vers Athema qui lui indiquait quelqu’un du regard. Il s’agissait d’une jeune prêtresse à la chevelure d’émeraude qu’elle avait déjà eu l’occasion de croiser à quelques reprises dans le Monastère. Une jeune disciple de Ténéis, dont elle ne pouvait que comprendre le large sourire et l’euphorie.

Soudain saisie, Othello s’avança à son tour vers cet épicentre, guidée par le geste discret de Maryenne, et le bras protecteur de la zélos qui la poussait discrètement. Plus qu’une disciple, Athema avait l’aura d’une amie, d’une sœur. Effaçant volontiers les frontières des titres, elle n’hésitait plus à se montrer plus proches que le voudraient les usages, ce qui n’était pas pour gêner la sirène. Elle n’avait jamais eu à cœur de se plier à tous ces codes, surtout quand ceux-là signifiaient creuser des fossés avec ses plus proches collaborateurs sur l’autel de la hiérarchie. A mesure qu’elle se rapprochait, une curieuse sensation naissait dans son ventre, creusant ses entrailles avec appréhension. Une sensation qui lui rappelait ses premières heures au temple de Kesha, où elle n’était personne, une jeune croyante arrachée aux bras de la mer pour marcher parmi les pieuses. Son âme ne vibrait plus que dans la foi, et s’envolait dés qu’elle croisait une aînée. Et avec chaque nouveau pas, elle s’effaçait un peu plus, s’habillant du respect des enfants pour les figures des contes.

Sur son passage, la façade de dos enivré et euphorique eut rapidement fait de s’écarter en reconnaissant l’étoffe de celle qui approchait comme une bête entêtée, charmée comme les papillons de nuit devant une flamme trop brillante. La Haut-Prêtresse de Kesha avait une apparence remarquable, et on la reconnaissait facilement depuis ses mois d’acharnements. Aussi, les quelques personnes qui accaparaient sa consoeur s’écartèrent assez naturellement pour lui laisser la place.
En arrivant devant elle, Maryenne fit les présentations, se heurtant aux barrières de l’alfari qui lui coinçait la langue. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres exsangues de la sirène, qui couvait déjà d’un regard maternel la jeune prêtresse. Mais une autre figure attirait déjà toute son attention.


« Soyez la bienvenue au Monastère, ma Dame Brynelis. C’est une joie de pouvoir vous accueillir. » Ses yeux brillaient presque, et sa voix se faisait plus frêle encore que ce qu’elle n’était déjà. Contrainte par l’admiration, Othello avait l’impression de rencontrer l’incarnation même de la déesse de l’esprit, captivante et fière. « Je suis honorée de faire enfin votre connaissance. »

Cela faisait des jours qu’elle attendait impatiemment ce moment, depuis que l’annonce de la venue de l’envoyée des étoiles au Monastère avait été rendu publique. Sainte parmi les saints, elle n’avait pas encore pu faire la connaissance de celle dont l’on vantait la sagesse et l’esprit jusqu’au bout du monde. Et elle était réellement une vision hors du commun ; de sa peau de bronze jusqu’à ses boucles opalines. Elle rayonnait de l’élégance que l’on prêtait à son peuple, qu’un faciès admirable surplombé d’un regard d’or venait renforcer. La fatigue qui coulait sur ce visage n’entachait en rien l’aura de puissance qui se dégageait d’elle, une vibration électrisante qui ne faisait que replacer Othello dans une cage timide, impressionnée et candide. Ténéis avait sans doute reconnue son enfant en cette femme ; et c’est la déesse que la sirène croyait voir devant ses yeux.

C’était une curieuse impression, comme si elle rencontrait enfin les figures des tableaux qu’elle voyait depuis ses vœux. Elle qui avait franchi des étapes en un laps de temps trop mince se voyait brusquement si humble devant ce qu’elle estimait le plus : l’avatar de la foi. Mais pourtant, même si elle resta un instant subjugué, une voix rassurante lui murmura qu’elle ne devait pas oublier sa propre ferveur, et sa propre voie.


« J’espère que votre route fut bonne. » Elle reprit un peu de sa contenance, calmant les vagues de son esprit pour afficher de nouveau un visage serein. « Nos fidèles ont grandement besoin de revoir un visage familier ; le vôtre plus que tout autre. »  En ces temps troubles, elle se doutait que les malades et les pèlerins apprécieraient l’esprit de Phyrra plus que les prières des prêtres de Kron qui rôdaient encore dans le monastère comme des vautours. « Si vous-même ou un membre de votre suite souffre de la fièvre, nous pouvons vous apporter quelques doses de calmant immédiatement, nous en serions honorés. »  Elle s’arrêta une petite seconde, peu certaine de pouvoir poursuivre devant toutes ces oreilles qui cherchaient l’espoir comme la lumière derrière le ciel gris. « Même si la fièvre est encore un fléau, nous avons enfin de quoi la désarmer, même si la production avance à son rythme. »
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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeDim 24 Oct - 13:35

Des femmes de foi
Le 2 de Géxon 1306
Les gens s’étaient écartés au passage de la jeune yorka, preuve du respect profond qu’elle inspirait. Othello Lehoia était une jeune femme à l’allure frêle. Malgré ses habits amples, on pouvait constater par ses joues creuses et ses yeux fatigués les stigmates qu’avait laissés la maladie sur sa peau. On disait que la haute-prêtresse avait été lourdement touchée par la fièvre de cendre, et que ses dernières énergies lui avaient permis de participer à la conception du remède qui l’avait, gloire à Kesha, finalement guéri. Son appartenance au peuple yorka, discrète, se manifestait par de délicates oreilles diaphragmatiques rappelant certaines espèces marines. Malgré son apparence délicate qui faisait penser à ces fragiles poupées de porcelaine, Phyrra eut l’impression de se trouver devant la maîtresse des lieux, sensation contradictoire avec l’apparence juvénile de la prêtresse. Malgré ce corps gracile, on voyait dans ses yeux une force peu commune, une force qui ne se manifestait que dans le regard de ceux qui ont vécu. Elle semblait à l’aise dans l’environnement du Monastère, autant que Phyrra pouvait l’être dans son temple à Amaryl. Pour la Sindarine, même si les murs étaient les mêmes, il lui semblait se trouver dans un tout autre lieu que le monastère qu’elle avait autrefois connu. Les vitraux étaient pourtant identiques, les pierres au même endroit, mais elle ne reconnaissait que bien peu de gens parmi les prêtres et autres croyants déambulant dans le bâtiment. Même ce couloir lui rappelait des souvenirs, et elle voyait, telle une double vision, les fantômes de son passé errer dans les couloirs sacrés.  

– C’est un véritable plaisir pour moi aussi, dame Lehoia. Il me tardait de faire votre connaissance.

Il était étrange de constater que l’aura d’autorité de la jeune yorka se reflétait jusque dans cette voix frêle avec laquelle elle l’avait salué. Malgré son apparence chétive, l’infante de Kesha avait une prestance discrète et un charme tout en finesse. Ses yeux brillaient toutefois d’une lueur qui tira un sourire à la représentante de Ténéis. À la foi admirative et admirée, Othello transpirait la douceur et la délicatesse, tout à l’image que Phyrra se faisait de la déesse de la féminité. On disait que la déesse avait déposé cette fragile yorka sur Istheria pour la représenter, et la Sindarine n’avait pas de mal à croire qu’elle était l’infante de Kesha. Sa force était l’une des choses qui faisaient le plus consensus dans les prairies eridaniennes, et malgré la fatigue qui couvrait les traits de sa consœur, Phyrra pouvait lire cette résolution dans ses iris marins. On disait que jamais la fièvre n’avait freiné sa détermination, qu’elle avait continué de chercher, inlassablement, une solution à cette affreuse maladie. Elle avait même rencontré le roi Mannus au nom des gélovigiens, ce qui prouvait que même la couronne prêtait une oreille attentive à la yorka. Peut-être le fait qu’elle soit également duchesse de Nivéria avait pesé dans l’équation, mais cela demeurait des faits non négligeables pour quelqu’un qui n’avait pas encore vécu trois décennies.

– J’espère être en mesure de vous aider, ma sœur. C’est la principale raison de ma présence ici, sourit-elle. Ceux qui m’ont accompagné ont heureusement été épargnés par la fièvre, mais je n’hésiterais pas à vous chercher si nous venions à remarquer les symptômes.

Ceux de sa suite avaient été choisis parmi ceux qui avaient été épargnés par la maladie. La nouvelle d’un remède n’ayant pas atteint Amaryl au moment de leur départ, il aurait été irresponsable d’amener un malade supplémentaire au Haut-Monastère déjà débordé, surtout alors que la chaleur faisait un travail admirable pour ralentir la maladie. Si Ernold et Violette s’étaient volontairement égarés dans les couloirs du monastère, l’un pour revoir de vieux amis, l’autre pour s’isoler et prier, Khinem était toujours près d’elle, légèrement en retrait, laissant le champ libre à Phyrra, surveillant de loin pour ne pas qu’on s’en prenne à elle. D’ailleurs, derrière Othello, Phyrra remarqua la présence d’une zélos qui semblait couvrir la yorka d’un regard protecteur. Pourraient-elles discuter en privé malgré les comptes qu’elles devaient rendre ? Phyrra avait hâte d’en savoir plus sur la composition de ce remède, espérant pouvoir fournir à sa ville d’adoption la recette du remède. Elle espérait que le remède n’était pas trop difficile à produire, ne sachant pas encore à quel point elle serait déçue à ce propos.

– Seriez-vous libre pour prendre un thé, dame Lehoia ? Il y a une foule de sujets dont j’aimerais discuter avec vous.

Elle aurait pu demander de parler à la Haute-Prêtresse Zohen, qu’elle savait présente au monastère et qui était sindarine, mais à présent qu’elle rencontrait Othello, elle comprenait à quel point il aurait été idiot de lui préférer la représentante d’Aléa. Si son cœur était jeune, Phyrra avait l’impression que l’âme d’Othello était plus vieille. Plus sage. Peut-être était-ce plus responsable de lui laisser une chance, malgré son manque d’expérience ? Elle espérait que la représentante de Kesha pourrait l’informer des circonstances de la découverte du remède et la mettre au fait des derniers évènements ayant eu lieu en Eridania. Elle se sentait pressée par le temps, pressé par la fièvre qui continuait de se répandre malgré la découverte du remède. Il tardait également à Phyrra de lui partager ce qui s’était déroulé à Amaryl, les découvertes inquiétantes, mais révolutionnaires qu’elle avait faites. Peut-être pourrait-elle alors lui prouver si elle était réellement récipiendaire de la sagesse qu’on lui attribuait. De plus, il lui tardait d’en savoir plus sur la jeune yorka. Après tout, elle avait été désignée par Kesha comme sa représentante sur terre, et les liens entre la déesse de la médecine et Ténéis avaient toujours été bons, les connaissances étaient intrinsèquement liées aux techniques médicales. Elle souhaitait également discuter de l’avenir des gélovigiens. Othello aurait-elle le temps pour qu’elles discutent de tout cela ?

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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeMer 27 Oct - 23:45

Pendant une poignée de secondes, les prêtres, les pèlerins et les simples croyants avaient baissé la voix, murmuraient presque pour laisser des voix plus sacrées parler sans entraves. Aussi troublée que mortifiée, l’hybride s’habillait dans le silence pendant que l’envoyée des étoiles et elle se toisait en respect. Plus elle sentait l’aura de ces prunelles d’or qui coulait sur elle comme deux rivières, plus elle sentait le poids des dunes, du temps, les fils des légendes et des histoires qui peignaient une toile complexe et colorée. Enlacée par les bras de Ténéis depuis plus de trente ans, parcourant le monde depuis bien plus de temps que cela, Othello la contemplait en sentant peser le poids infime de sa vie par rapport à la sienne. Il était difficile de concevoir l’écart qui séparait leurs expériences, tous les paysages vus, les crépuscules dévorants, les échanges lumineux, les tragédies traversées. Elle ne connaissait d’elle que ce que l’histoire avait conciliée à son propos, les grandes lignes manuscrites de livres aux pages devenant déjà brunes, et quelques palabres et murmures de couloirs arrachés de la bouche de prêtres sédentaires parmi les races les plus anciennes, ou les terrans plus âgés. Tous avaient dans les yeux des étoiles, un respect qui faisait trembler la voix, et provoquer dans les cœurs des torrents de frissons. Et bien humble face à cette voie lactée insaisissable, Othello priait pour avoir accueilli convenablement l’enfant des Etoiles chez elle, dans son éternelle maison.

Quand ses premières paroles franchirent ses lèvres, la yorka pu relâcher son souffle qu’elle tenait captif dans sa poitrine depuis de longues secondes. Son sourire et son air apaisé eurent de quoi soulever le poids qui appuyait sur ses épaules, et la tassait quelque peu dans son manteau safran. Rassurée ou honorée, elle n’aurait su pleinement identifier la masse informe que formaient ses émotions diverses, aussi s’inclina-t-elle platement quand Phyrra lui retourna son salut.
Son appréhension fondait peu à peu, remplacé par une curiosité grandissante, accompagné d’une foule de questions qui poussaient en procession fugace derrière ses lèvres encore grises. Les nouvelles du désert leur étaient arrivé au fur et à mesure de la crise, des écrits de la Haute-Prêtresse elle-même ou de ses plus fidèles suivants pour raconter la détermination, et la soif de vérité qui avait animé la main de Ténéis jusque-là. On rapportait qu’elle avait retourné des bibliothèques entières, qu’elle avait su tisser une alliance avec les Eclaris, qui restaient jusque là leurs plus farouches opposants. Un coup de maître qui lui valait toujours plus d’admiration. Un exploit dont elle aimerait volontiers entendre l’histoire, et milles autres encore.

Mais sous son front pâle, là où la fièvre n’était plus, c’était bien la maladie qu’elle avait en tête, et notamment toutes les découvertes qu’avaient pu faire les disciples de Ténéis pendant cette longue guerre silencieuse. Aussi, quand la sindarine qui lui proposa son aide, Othello se sentit brusquement démunie, et illégitime, complètement prise au dépourvue par la proposition bienveillante de son aînée. Le sang lui montant aux joues, la sirène ne pu que se pincer les lèvres, essayant de trouver les mots justes pour exprimer sa propre reconnaissance.


« - Vous nous voyez obligés, ma Dame. » Murmura-t-elle, essayant de ne pas se piquer les pieds sur les chardons qu’elle avait l’impression de piétiner. « Le monastère tient encore debout, mais nous avons plus que jamais besoin des lumières de Ténéis pour éclairer notre voie. »

Ce ne fut qu’alors que l’ampleur de sa gratitude la frappa net. Après des mois à arpenter ces couloirs, à brûler et à regarder la maladie dans les yeux, la sindarine de bronze lui apparaissait comme une brise fraîche, une main bienveillante qui reviendrait supporter avec eux le lourd poids de l’édifice. La présence de sa consœur qu’elle ne pouvait rencontrer qu’alors par caprice du destin lui faisait brusquement réaliser que la couronne à dix joyaux était encore cruellement morcelée. Eparpillés aux quatre coins du continent, par-delà les dunes et les montagnes enneigées, il avait été difficile de trouver du soutien, et que les parchemins et les lettres remplaçaient difficilement les sourires et les paupières d’or. Peut-être était-ce le contrecoup de tant de fatigues, mais savoir que Phyrra était bien arrivée, découvrir sa force et son aura lumineuse la rassurait et lui redonnait des forces. Que face à la maladie qui brûlait encore le monde, ils n’étaient plus aussi seuls dans ce vaste vaisseau de pierre et de verres colorés.

Rapidement, elle expliqua que ses suivants avaient été épargnés par la maladie, une nouvelle particulièrement réjouissante, mais qu’elle ne manquait pas d’écouter avec une oreille avisée. Dans le monastère, la fièvre était partout, et même si les malades étaient encore confinés aux dispensaires et à un quartier entier qui leur avait été dédiés, les mouvements fréquents des prêtres et des soigneurs rendaient poreuses la frontière entre hermétique et grand ouvert. Mais à toiser la forêt de tête qui les entourait, Othello comprit qu’ils avaient déjà dû recevoir milles lectures sur les protocoles encore en vigueur, et qu’elle ne ferait que rajouter une couche désagréable sur une tartine déjà épaisse. Un regard avec un chambellan non loin la convaincu de ne pas aborder ce sujet, au risque de noyer la Haute-Prêtresse et ses accompagnants avec un nouveau discours trop redondant.
Quand Phyrra lui proposa de prendre un thé, Othello ne pu s’empêcher de réprimer une grimace pincée en sentant encore les bulles dans le fond de son estomac. L’appel de l’eau se faisait moins grand de secondes en secondes, et la faisait presque douter de sa nature animale. Mais l’envie était grande, nécessaire, même. Et l’idée d’un thé chaud aux parfums enveloppant avait de quoi l’enchanter plus qu’une énième carafe d’eau – non sans apprécier profondément ceux qui les lui apportaient.


« Un thé semble particulièrement enviable, ce serait avec plaisir. » Othello prononça ses paroles avec un enthousiasme non dissimulé, honorée par la proposition qu’on lui faisait. Elle faisait écho à ses propres questions, et elle y voyait l’opportunité d’aborder en plus petit comité des sujets bien plus grands. « J’ai moi aussi de nombreuses questions à vous poser, aussi ai-je peur qu’une théière entière ne suffise pas. »

Un plus grand sourire éclaira ses lèvres, alors qu’elle se sentait de mieux en mieux. L’idée de pouvoir échanger directement avec la sindarine ne faisait qu’attiser sa curiosité, son besoin de savoir ce qu’il avait bien pu se passer dans le désert, ce que les disciples de Ténéis avaient pu découvrir, comment elles pourraient joindre leurs forces pour endiguer plus encore la maladie qui faisait rage. Tant de sujets qu’elle couvait comme des œufs et qu’elle n’avait pas encore pu partager avec autrui, des secrets inavouables et des découvertes dangereuses. Kesha leur avait jusqu’ici ouvert une voie au travers des ténèbres, et avait su guider leurs décisions quand les recherches stagnaient. Déjà, le sérieux lissait ses traits, alors que l’ombre de l’avenir planait sur eux. La découverte du remède avait lancer le continent dans un nouveau tempo, une machine infernale dont ils ne contrôlaient plus la cadence mais dont ils devaient suivre le rythme. A présent que le problème devenait autant médical que politique, préparer un plan et une approche lui apparaissait obligatoire, même si elle se répugnait à considérer le remède comme un bien royal, ou mercantile. Que ce soit pour leurs églises ou pour les malades du monde, elle n’avait en tête qu’une juste et totale répartition. Mais elle était particulièrement avide de découvrir ce que penserait Phyrra, et quelles seraient les sujets qu’elle voudrait discuter.

Docilement, elle suivit la Haute-Prêtresse, ne manquant pas de saluer sur le chemin les connaissances qu’elle reconnaissait, ou les pèlerins qui lui faisaient des signes de la main au détour des couloirs. L’arrivée de la sindarine avait ramené un air vivifiant à tout le Monastère, comme si sa présence seule ramenait de l’air à tous leurs poumons réunis. Une certaine effervescence régnait dans l’édifice, une électricité qui passait d’esprit en esprit et de langue en langue dans toutes les discussions joyeuses qui animaient les couloirs. Sur le chemin, Othello retrouvait des sourires sur les visages, l’air léger du renouveau, une vague grandissante qui viendrait balayer, peut-être, une partie des inquiétudes qui les saisissaient tous. Athema marchait toujours derrière elle, dominant la foule de sa verte stature. Pourtant, retrouvant des convenances de façade, elle avait marqué un écart respectueux entre elles pour ne pas trop s’imposer. Pendant leur courte marche, la sirène ne manqua pas de poser quelques questions sur le chemin qu’ils avaient pris. Ses souvenirs du pays des dunes dataient de quelques années à peine, mais commençaient déjà à s’effacer. Aussi elle écoutait avec avidité en recherchant dans les voix le sable, l’odeur de musc et de Houde, la brise chaude qui balaye les colonnes et le crépuscule sur Amaryl.

Arrivé devant le seuil, Othello s’apprêta à entrer, quand un dernier scrupule s’invita avec elle. Sa prêtresse et suivante était autant son amie que son bras droit, une gélovigienne convaincue et déjà usée par la pratique et la prière. Forgée dans la bienveillance et la force, elle avait une confiance aveugle en elle. Et pourtant, alors qu’elle allait rentrer en ces appartements qui demeuraient complètement inconnus, et qui seraient bientôt hantés par des questions la dépassant complètement, la sirène ignorait si elle pouvait la convier sans risquer de faire éclater la bulle fragile dans laquelle ils devraient se plonger. Brusquement, elle se permit de contempler Phyrra, cherchant dans son regard une permission silencieuse, ou un refus discret. Suivant son regard et son avis, elle fit comme elle le comprit.
Une fois installée, attendant qu’on prépara le thé chaud, la sirène paraissait plus que jamais un objet immobile. Sur son assise, un corps chavirant dans le tissu orange, elle donnait l’impression d’un fantôme effacé. Son regard ne quittait pas Phyrra, dont le teint doré tranchait vivement sur le ciel sombre et l’air lourd. La chaleur du breuvage ne ferait peut-être qu’alourdir l’air déjà tendu de la saison morte, et pourtant, la yorka ne souhait qu’une chose : dévorer cette chaleur, et les mots qui l’accompagneraient. Ne sachant comment commencer, ses lèvres se délièrent brusquement, et comme un barrage cède devant un torrent sauvage, elle ne put empêcher les mots d’en couler.


« Comment se porte Amaryl et nos confrères restés en Argyrei ? Vos lettres ont révélé l’importance de la chaleur dans le développement de la maladie. L’étude de la fièvre tend à prouver que… » Elle se reprit brusquement, coupant sa phrase et se ravisant. Après une seconde, elle poursuivit de nouveau. « Vous devez être épuisée de votre route, et pourtant je me sens obligée de vous assaillir de questions. » Pragmatique, Othello ne parvenait pas à hiérarchiser ses pensées tant il y avait de sujets à couvrir. Tant la fièvre les épiait encore. Tant Istheria brûlait toujours.« Pardonnez-moi. Je serai heureuse de pouvoir vous répondre, et par le sujet de votre choix. »
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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeMer 29 Déc - 3:57

Des femmes de foi
Le 2 de Géxon 1306
La peau rougissante de la prêtresse tira un sourire tendre à la sindarine. Une foule d’émotion passa dans les iris de la yorka, et Phyrra, tout attentive qu’elle était, ne put percevoir ne serait-ce que la moitié de ce qui se déroulait dans l’esprit de sa consœur. S’inclinant devant elle comme si elle aurait été d’un rang inférieur, Othello lui répondu d’une voix empreinte à la fois de respect et d’humilité. Du fond de sa gorge, Phyrra crut percevoir à la fois inquiétude et soulagement, et, lorsque la représentante de Kesha releva les yeux, elle comprit à quel point elle avait eu raison de faire ce long voyage. Dans ses iris inhabituels se côtoyaient, presque à parts égales, la force et la peur. Couplée à ces émotions, empreintes de l’étrange, mais solennelle dualité du moment, la confiance que lui manifestait la jeune Othello réaffirma la volonté de la prêtresse. Le Monastère avait besoin d’elle. Les gélovigiens avaient besoin d’elle. Sous les regards des fidèles, l’héritière des Connaissances s’enorgueillit de cette importance qu’on lui accordait.

Passant d’une émotion à l’autre, c’est avec un aplomb renouvelé, le même qu’elle avait manifesté en l’accueillant, que la dame accepta de prendre le thé. Semblant se détendre, la douce yorka s’autorisa un sourire, auquel répondit Phyrra, enchantée que tout puisse se dérouler aussi simplement. Malgré son âge, la sindarine n’avait que bien peu d’expérience parmi les hautes sphères politiques et religieuses d’Eridania. Elle s’était longuement consacrée à la reconstruction d’Amaryl, et, parallèlement, à l’essor du culte de Ténéis dans la ville. Même si elle ne regrettait pas ce choix, Phyrra avait pleinement conscience de son inexpérience. Sans doute trop fière pour le dévoiler, elle faisait de son mieux pour sembler maîtriser les codes de la noblesse. Malheureusement pour elle, les mœurs et coutumes évoluaient vite chez les Terrans, et bien peu de choses étaient écrites à ce propos. L’étiquette s’apprenait au contact de ceux qui la connaissaient... Heureusement, si cette invitation hâtive avait semblé inappropriée à la duchesse, elle n’en laissa rien paraître.  

Phyrra n’échangea qu’un regard avec Khinem, et, claquant les talons, il ouvrit la marche vers les quartiers de la déesse des étoiles. Respectueusement, la foule s’écarta pour laisser passer les prêtresses. Observant du coin de l’œil les interactions d’Othello, elle apprécia la diligence et la simplicité avec laquelle la yorka interagissait avec ceux qu’elle rencontrait. À ceux qui la regardaient trop fixement, Phyrra leur offrait son plus beau sourire, ce qui en déstabilisa plus d’un. Aux côtés de la simplicité et de l’accessibilité que reflétait la représentante de Kesha, Phyrra semblait inatteignable, et les regards qu’elle croisait dégageaient ce respect empreint de cette crainte qu’inspirent les gens puissants. Face à la pureté qui se dégageait d’Othello, Phyrra eut l’impression d’être une impostrice. Qui était-elle, face à l’innocence de la jeune yorka ? La disponibilité émotionnelle de la yorka était exceptionnelle. Kesha, louée soit-elle, avait fait un choix d’une grande finesse en la personne d’Othello.  

Elle était jeune, certes.  
Mais peu de personnes dégageaient cette aura divine qu’elle sentait autour de sa consœur.  
Cela lui donnait justement tout le temps d’apprendre, de grandir sous le regard de sa déesse, de consacrer sa vie entière à la foi profonde qui se lisait dans chaque parcelle du corps de la prêtresse.  
Phyrra aurait eu tort de la sous-estimer.

Avec simplicité, Othello fit la conversation le temps de leur déplacement. Finalement à destination, Khinem ouvrit la porte d’un salon, s’écartant pour laisser passer les hautes-prêtresses. Sans hésitation, la représentante de Ténéis entra dans la pièce, se retournant en remarquant l’hésitation qui animait sa consœur. La voyant échanger un regard avec la grande zélos qui les avait suivis, Phyrra hocha la tête avec un sourire entendu. Si Othello avait assez confiance pour souhaiter la présence de sa suivante, alors la sindarine aurait été bien mal venue de refuser sa présence. Une jeune recrue s’inclina alors devant Khinem, le seul encore dehors, et il lui adressa quelques mots. Celle-ci s’élança rapidement pour récupérer de l’eau chaude et des biscuits alors que Phyrra installait sur la table une sélection de ses infusions préférées.  

Othello s’installa à la table, se murant dans une immobilité reflétant la lourdeur qui pesait sur ses frêles épaules, son regard suivant la sindarine qui regardait rapidement autour d’elle. Elle n’était au Monastère que depuis quelques heures, et ses repères, encore troublés par les changements que le temps avait provoqués, peinaient à retrouver leur place malgré ses souvenirs d’une fidélité parfaite qui remontaient à la surface telles les bulles d’un breuvage pétillant. Préférant l’intimité à la présence d’une servante, Phyrra ouvrit l’une des portes du buffet et trouva les tasses dès sa première tentative, rangée exactement au même endroit que la dernière fois qu’elle avait visité cet endroit, plusieurs années auparavant. Plutôt satisfaite d’elle-même, Phyrra posa les quatre gobelets de porcelaine dans un plateau et s’approcha de sa consœur. Quelques minutes plus tard, la jeune prêtresse se présenta à leur porte, une théière chaude à la main. Visiblement intimidée par les prêtresses, la jeune fille ne prononça pas un mot, se contentant de déposer les en-cas sur la table et de s’incliner bien bas avant de se retirer prestement. Alors que la porte se refermait en douceur, la langue de la représentante de Kesha se délia prestement, au plaisir de la sindarine. Les sujets dont elles devraient discuter n’avaient rien de réjouissant, mais cette rencontre était agréable. Elle espérait qu’elle le demeure.  

– Si cela vous convient, nous pourrions adopter un ton moins solennel, commença par répondre Phyrra avec un sourire las. Ne vous gênez pas pour aborder les sujets qui vous intéressent.

La sindarine détailla la yorka, puis la zélos. Elle comprenait bien le sentiment qui semblait envahir Othello, celui qui l’empêchait de se concentrer sur une seule idée. Son esprit complexe assemblant les pièces du casse-tête, Phyrra finit par prendre la parole, reprenant depuis le début.

– Pour vous répondre, Amaryl se porte bien, du moins, aussi bien que cela peut être possible en de telles circonstances, soupira la sindarine. Comme vous le mentionnez, la chaleur du désert semble avoir ralenti la progression de la maladie. L’éloignement d’Amaryl par rapport aux autres grands centres a certainement aidé également. Ainsi, même si la fièvre a apporté son lot de difficulté, nous nous en sortant relativement bien. De nombreux bâtiments vides ont été réaffectés pour accueillir les malades, permettant de les isoler et d’éviter la propagation de la maladie.

Phyrra hésita un moment à poursuivre. Cependant, et même si la sindarine était réticente à partager ses secrets, elle savait qu’elle devrait se dévoiler si elle souhaitait obtenir l’aide qu’elle souhaitait.  

– Comme je vous l’ai fait savoir, ceux qui m’ont suivi sont, pour l’instant, en bonne santé. Toutefois...

Elle hésita, visiblement mal à l’aise, ses doigts pianotant sur sa tasse de thé, ses yeux observant le liquide chaud tressauter dans la tasse. Se décidant pourtant rapidement, la prêtresse releva les yeux vers sa consœur, lui offrant un regard alliant inquiétude et espoir.  

– Deux de mes grands prêtres sont actuellement lourdement touchés par la fièvre. De plus, je crois qu’il serait pertinent d’envoyer une dose pour Dim, le grand maître éclaris, qui est très lourdement touché.

Les grands prêtres étaient ses plus proches alliés. Juste en dessous d’elle dans la hiérarchie du temple des étoiles, ils étaient les gestionnaires des nombreux départements de l’Église de Ténéis, de la formation des fidèles à la gestion des dons, en passant par l’entretien du temple. Essentiel au bon fonctionnement de l’église, chacun d’entre eux était difficilement remplaçable. Avec la trahison du grand prêtre responsable des communications et la maladie de deux autres d’entre eux, le temple se retrouvait amputé de ses membres parmi les plus précieux. Pour Dim, les raisons de la sindarine étaient plus complexes. Premièrement, elle souhaitait éviter un changement de dirigeant alors qu’elle venait à peine de réussir à nouer des liens plus solides avec la caste. Ensuite, elle demeurait reconnaissante envers Dim pour les connaissances qu’il leur avait offertes, à Viwien et elle. Finalement, cela servait également ses propres intérêts, effaçant la dette qu’elle avait envers l’éclari.  

– Je crois qu’il serait également pertinent d’envoyer des doses supplémentaires en Argyrei pour que celles-ci soient étudiées. Malgré toute la confiance que j’accorde aux penseurs eridaniens, Amaryl regroupe un grand nombre de savants, et je crois qu’il pourrait être avantageux de les laisser étudier votre remède.

Phyrra observa longuement les pupilles marines d’Othello, espérant y lire les réponses souhaitées.

Codage par Libella sur Graphiorum


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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeLun 3 Jan - 20:25

Avec le monastère pour témoin, la porte du cabinet s’était fermée, coupant le reste de l’édifice aux dialogues intenses qui allaient s’y tenir. En respectable suppléant, le lieu s’était comme effacé, atténuant les sons au-delà de la serrure, et ne laissant qu’à elles l’intimité du huis-clôt. Assise dans sa chaise, Othello se murait dans un silence respectueux, son dos mordu par une crispation nerveuse. Même si elle essayait de se détendre, elle n’y parvenait pas, ses muscles luttant fermement pour rester alerte et tendu. Les stigmates d’une période encore trouble, cicatrices charnelles d’une guerre qu’ils n’avaient pas encore gagnée. Quand la sindarine lui demanda avec une noblesse bienveillante d’abandonner la solennité de son ton, elle maudissait intérieurement de ne pouvoir contrôler la rudesse de son corps – et espéra secrètement que le liquide brûlant qu’on venait de déposer sur le meuble puisse venir à bout de ses dernières constrictions.

Sa consœur, maintenant également installée, avait entièrement raison, et cela la déplorait de ne pouvoir encore épouser la même finesse, la même sérénité, la même maîtrise. Phyrra semblait souveraine de tous ses actes, arborant en tout instant un contrôle certain dans le choix de ses mots, de sa posture. Elle ignorait si cela était conscient, ou si cela relevait simplement du caractère naturel de la Haute-Prêtresse. Une femme d’esprit à n’en point douter ; captivée par son aura, elle peinait à retrouver une posture, qu’elle soit dominante, dominée, ou même attentive. Elle se laissait l’impression d’une enfant fébrile, bien peu digne de la femme qui l’avait invitée. Pourtant, le conseil que lui fit l’enfant des étoiles ne manqua pas son oreille aux formes aquatiques. Les questions qui se heurtaient à ses lèvres étaient nombreuses, mais elle ne manquerait donc pas de les poser.

De même, comme pour anticiper le peu d’ordre qui couvait sous son front pâle, elle prit la parole la première, répondant à ses premières questions. Othello apprécia vivement la démarche de sa consœur, qui lui apportait autant le temps dont elle avait besoin pour calmer ses esprits et des réponses à ses premières interrogations. Sa bienveillance eut rapidement fait de lui permettre de reprendre son souffle, enfermant définitivement orages et tempêtes pour retrouver le calme et la force. Ouvrant une oreille attentive, elle écouta Phyrra avec son attention pleine.

La cité des sables était donc en relativement bonne posture, une nouvelle particulièrement enthousiasmante pour le reste du continent. Si la chaleur avait bien joué un rôle comme le confirmait la sindarine, elle évoqua également son éloignement par rapport aux autres grandes cités qui souffraient, dans ce cas-là, d’une trop vaste population. Comme des viviers pour de potentielles victime, la fièvre avait effectivement touché principalement les villes les plus riches, qui peinaient à imposer une séparation rapide entre malades et sains, et qui, dans le chaos, n’avait fait que voir les fièvreux augmenter sans pouvoir lutter pour faire décroître ce nombre. Les nouvelles que Phyrra lui apportaient était particulièrement rassurante, et c’est en tant que médecin comme en tant que prêtresse qu’Othello buvait ses paroles, autant reconnaissante que possible.

Entre elles, elle dessinait presque une carte à plat, où se lisait malades, morts, immunisés, tant de vie touchée par le même meurtrier. Ne répondant pas immédiatement, la sirène prit le temps de bien comprendre, regardant cet atlas invisible, qui divisaient le monde de tant de croix et de lignes enflammées. Pour eux, résignés à faire front face à une marée toujours grandissante, les nouvelles du désert avait tout d’un mirage lointain, une terre promise d’où l’on pouvait enfin lutter. Chaque mois passant, ils concentraient leurs esprits sur cette résistance de sable et de soleils. Le mystère n’en fut que plus épais quand ils apprirent que dans la cité maudite, les symptômes semblaient se développer avec une force bien moins vigoureuse que dans les nations plus tempérées. Enfin, quelque part, on pouvait avoir du temps, de l’espoir, savoir que ces malades pourraient peut-être vivre assez le temps qu’un remède soit trouvé. Il ne leur était pas encore permis d’imaginer pouvoir lutter pied à pied contre la fièvre, mais ce fut tout de même un salut pour eux tous.

Amaryl, la vaillante, avait connu ses propres maux. Mais la savoir en état de plein contrôle n’était pas une petite nouvelle, et Othello y voyait même une réelle victoire. Pourtant, Phyrra semblait soucieuse, et la sirène ne put que l’observer silencieusement, portant sur elle un regard bienveillant. Aucun mot ne franchit ses lèvres, pourtant, ni une invitation, ni une complainte. Elle ne se sentait pas légitime de devoir pousser la sindarine à la parole, même si elle comprenait que quelque chose la faisait douter. Elle ne put que compatir silencieusement, comprenant l’urgence dans ses traits et son sérieux. Une urgence renforcée quand elle s’avança prudemment, évoquant peut-être d’autres malades encore prisonniers des sables et de l’ombre de cendre. Après ses mots, la pièce se mappa de nouveau dans un silence de façade, seulement brisé par les bruits nerveux de doigts heurtant la porcelaine chaude, spasmes délicats d’esprit en ébullition.

S’enveloppant dans un respect prudent, Othello ne put s’empêcher de s’avancer légèrement, réhaussant ses épaules tout en relevant doucement la pointe de son menton. La sindarine semblait rompre l’aura de contrôle qui l’abritait depuis leur rencontre, révélant par son regard empreint d’alarme et de d’espoir qu’un problème plus pesant agitait son esprit.


Nous ferons tout notre possible pour pourvoir à leur besoin. Des doses leurs seront envoyés, dès que possible.Les mots glissèrent hors de ses lèvres comme une rivière agitée, n’attendant guère la fin de la demande de Phyrra pour ricocher en réponse. Bien que le remède fût encore jeune, elle n’ignorait pas qu’il attisait des convoitises injustifiées. Comme lui avait appris Kesha, il n’est pas de malades de valeurs ; la maladie n’avait ni visage, ni origine. Aussi, imaginer que d’autres gélovigiens et plus encore de penseurs soient condamnés aux flammes lui était intolérable. “Il n’est pas concevable que nos confrères puissent manquer de soin. C’est pour cela que nous luttons toujours.”

Même si elle ne le montrait qu’à peine, l’évocation du nom de Dim la troubla particulièrement. Elle ne connaissait le grand érudit que de nom, et dans les récits spectaculaires qu’on faisait de lui dans les livres et les récits. Pourtant, elle n’aurait pu imaginer qu’il avait lui-même contracté la maladie, qui plus est à un stade avancé. C’était une nouvelle inquiétante, pour les eclaris, comme pour eux. Elle comprenait alors toutes les couleurs de l’inquiétude de Phyrra ; elle imaginait sans peine que les prêtres de Ténéis et les érudis eclaris devaient être particulièrement liés. Et bien que l’Histoire soit jalonnée de conflits froids ou plus sonores avec la caste des libres penseurs, qu’ils demeuraient encore, pour beaucoup, des rivaux de l’esprit, Othello était persuadée qu’ils étaient amis avant d’être détracteurs, et que si ils le pouvaient, il se devait de les aider sans conditions.

Avec aplomb, Phyrra proposa qu’on envoie des doses supplémentaires aux disciples de Ténéis pour qu’ils puissent étudier également le remède. Acquiesçant simplement, Othello prit un air curieusement soulagée. Le remède, tel qu’il existait, était encore inabouti, imparfait. Le fruit de l’urgence et du désespoir, un cri d’alarme pour sauver des flammes une poignée de mourants, devenu la seule arme de leur salut. Aujourd’hui, avec le recul, elle était persuadée qu’il était nécessaire de l’améliorer, de quelque façon que ce soit.


Même si je ne prétends pas pouvoir m’approprier la parole de chacun, il me semble bien évidemment nécessaire que vous puissiez étudier le remède, tout comme les eclaris qui en feraient la demande à Amaryl.” Même si elle marchait sur des chardons ardents, Othello semblait déterminée, certainement plus que ses pairs, à ce que l’on puisse partager la recette actuelle, qui plus est avec les penseurs argyréens.La recette actuelle a été obtenue dans la précipitation. Elle est efficace, complètement, aussi n’avons-nous pas encore pu la remettre à l’épreuve. Mais elle... Elle est particulièrement difficile à obtenir. Tant par ses composantes que par les manipulations nécessaires à son aboutissement ; Je suis persuadée qu’elle peut être améliorée. Et toute aide est la bienvenue pour rendre cela possible. Tant que nous n’aurons pas réussi, elle restera un luxe pour de nombreux malades, et c’est quelque chose qui m’est intolérable.

Un soupir franchit ses lèvres blanches. La situation était pourtant pénible, et ses paroles pouvaient sonner particulièrement utopistes. Si le remède n’avait été que le fruit du travail des gélovigiens, une telle entreprise aurait peut-être été possible. Après tout, plutôt que des dizaines, des centaines d’intermédiaire, elle n’aurait eu qu’à convaincre dix personnes tout au plus. Mais puisqu’ils avaient travaillé de concert avec d’autres éminences, parfois bien plus grandes qu’eux, pouvoir parier sur le destin de la formule n’était plus l’avantage de personne.

Car, au-delà des gélovigiens, la nation Eridanienne s’était particulièrement mobilisée, en la personne de Thimothée qui lui avait personnellement engagé des moyens conséquents pour les aider à aboutir à un remède, allouant même le renfort de l’armée au Monastère débordé. Et si ça n’avait été par suffisant, les Phelgrans, représentés par les dirigeants de la chaîne Blanche, avait aussi prêté main forte pour créer la recette qu’ils reproduisaient aujourd’hui sans eux. Le remède avait rapidement pris des airs d’imbroglio politique, de nœud médical qui servait des nations. C’était là sa pire crainte : que le remède ne soit qu’une arme pour aider des couronnes à rester sur des têtes, plutôt qu’un don à faire au peuple. La pensée courrait fermement sous sa peau comme une veine énervée, mais elle se renfrogna à garder ses considérations pour plus tard.


Nous souffrons toujours de l’éloignement que nous impose nos temples respectifs ; mais j’espère sincèrement que cette épreuve parviendra à unir nos temples dans un but commun. Même si le remède est le fruit d’un travail commun, les gélovigiens ont rempli une part importante dans son élaboration. Il est donc normal que le temple de Ténéis puisse travailler sur la formule, et recevoir des doses comme tous les autres.” Son ton n’était ni ferme, ni déterminé, mais d’une sincérité surprenante. Ses doigts s’étaient à présent emmêlés en une longue tresse derrière le réceptacle de porcelaine.La seule limite qui nous est imposée aujourd’hui demeure les ressources...

Comme Phyrra un peu plus tôt, Othello sembla se murer dans l’inconfort, basculant dans une introspection profonde comme si elle avait plongé en arrière. Quelques mèches blanches tombèrent devant son visage sans qu’elle n’ait le réflexe de les dégager. Face à la tempête, elle se retrouvait silencieuse. Même si sa consœur le découvrirait tôt ou tard, il n’en demeurait pas moins douloureux d’avouer qu’ils étaient dans une situation délicate. Finalement, elle refit surface, chassant les boucles grises de ses prunelles brunes pour de nouveau faire face à Phyrra.

Les ingrédients principaux de ces remèdes sont, entre autres, une plante rare que notre confrère Ducsisio Balibe a pu récupérer en Noathis. Mais son exploitation est difficile et aujourd’hui grandement possible grâce à la magie sylvestre. Et d’autre part... Du sang d’immunisé.Même si elle avait les doigts tâchés du liquide visqueux et incarnat depuis plusieurs mois, le dire était une autre paire de manche. Les mots avaient soudain un goût métallique et écœurant, une vérité alarmante qui expliquait une partie du problème. Malgré un appel à la population éligible, c’est une ressource particulièrement pénible à extraire. Et entre chaque prélèvement, il faut compter plusieurs semaines pour permettre à nos donneurs de se remettre. Tant que nous ne parviendrons pas à pérenniser leur don d’une meilleure façon, la production de remèdes risque d’être ralentie.”

Comme un constat d’échec, Othello laissa échapper un rictus douloureux, une lèvre pincée et un regard vers sa tasse. Un énième objectif pour eux ; mais qu’ils devraient résoudre rapidement si ils voulaient être plus efficace. Peut-être quelques élus se cachaient encore dans les recoins les plus éloignés du monde ; ou plutôt se refusaient-ils à répondre à leur appel.

Peut-être que vous en connaissez quelques-uns, à Amaryl ou Argyrei, qui seraient prêts à se porter volontaire ?Toute aide était bonne à prendre, surtout pour gagner la guerre.
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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeSam 26 Fév - 20:17

Des femmes de foi
Le 2 de Géxon 1306
– Je vous remercie, ma sœur, souffla la sindarine, soulagée d’entendre que des doses atteindraient bientôt Amaryl.

Par l’entremise des prêtres du Haut-Monastère, mais aussi de ceux présents dans les diverses églises de Ténéis un peu partout en Istheria, Phyrra avait jusqu’à maintenant eu une image plutôt fidèle de la propagation et des conséquences qu’entrainait la fièvre de cendre. Toutefois, son voyage des dernières semaines pour rejoindre le haut lieu des gélovigiens l’avait coupé des voies de communication dont elle avait l’habitude. À son arrivée en Eridania, c’est grâce au villageois d’un charmant village au sud d’Eridania qu’elle et son cortège avaient appris, non sans un soulagement intense, l’existence du remède. Dans les campagnes, cette nouvelle avait rallumé l’espoir dans les yeux des habitants, et la nouvelle avait été fêtée sans retenue.

La situation n’était toutefois pas aussi simple qu’elle y paraissait, et les paroles d’Othello autant que la tension qui animait son corps témoignaient de la complexité de la situation. Non sans inquiétude, Phyrra écouta avec attention la jeune yorka lui expliquer les détails auxquels elle n’avait pas pu avoir accès auparavant. Cela concernait notamment la composition de ce remède, et ce que lui annonçait la Haute-Prêtresse de la déesse de la médecine ne lui disait rien de bon. Son ton comme ses paroles étaient inquiétants. Un remède rare et difficile à produire risquait d’entrainer des inégalités importantes, et les plus vils risquaient de vouloir en tirer profit. La sindarine se retint de lui demander immédiatement en quoi consistaient les ingrédients et la préparation de ce remède, repoussant son impatience avec difficulté.  

Croisant les doigts, la sindarine y déposa le menton, réfléchissant à ce qu’elle venait d’apprendre, et aux sous-entendus discrets qui se cachaient derrière. Les paroles de la duchesse dévoilaient qu’il lui faudrait sans doute convaincre plus que les gélovigiens pour que ce remède circule autant qu’elle le souhaitait, et pour que sa recette circule aussi bien que l’avait fait celle du remède de la Sarnahroa. Il était vrai que, même si les noms des hauts-prêtres de Kesha et de Delil circulaient beaucoup, d’autres se mêlaient à eux. L’armée eridanienne semblait avoir joué un rôle important depuis le début de l’épidémie, et l’on disait même que les cavaliers de Sharna étaient récemment descendus vers l’est pour prêter main-forte. Othello semblait toutefois prête à faire preuve d’optimisme, et Phyrra fut soulagée de constater que la jeune prêtresse était fidèle à sa réputation. Empathique, souhaitant le bien de tous, elle ne semblait souffrir d’aucune cupidité, ouverte à partager ses connaissances avec le monde entier, même si celui-ci paraissait si éloigné de sa propre réalité. Phyrra acquiesça à cette invitation à l’unité.  

Elle se retint de pousser la yorka à lui donner plus d’explications, même si elle mourait d’envie d’en savoir plus sur les raisons qui faisait de ce remède une telle rareté. Elle prit toutefois son mal en patience. Othello semblait en proie aux doutes, et Phyrra souhaitait lui laisser tout le temps dont elle avait besoin pour organiser ses idées. Heureusement, elle n’eut pas à attendre très longtemps. Ainsi, s’imprégnant du silence qui s’était imposé dans la pièce, elle analysa avec toute la rapidité dont son esprit avait doté les fragments d’informations que lui livrait sa consœur. À sa dernière question, Phyrra hocha la tête, l’air grave.  

– Les amaryliens ont une grande confiance en notre médecine moderne. Je suis certaine qu’ils seront d’une grande collaboration. Cependant, ces ressources seront difficiles à transporter entre nos deux pays, lâcha Phyrra, l’air soucieux.  

Les Argyréens n’étaient pas très nombreux. Cependant, et contrairement aux villageois des campagnes, la plupart d’entre eux étaient instruits et participaient activement au développement de la cité maudite. Cependant, même s’ils arrivaient à récolter suffisamment de sang, les autres ingrédients pourraient s’avérer beaucoup plus difficiles à acquérir, et cela même en oubliant les enjeux politiques et économiques que ceux-ci pourraient créer.  

– Je crois comprendre toute la complexité de l’opération, soupira la sindarine. Ses yeux s'éclairèrent cependant, et reprenant toute son assurance, la représentante de Ténéis se mit en mode "solution". J’aimerais m’entretenir avec l’élu de Delil. Si cette plante provient de Noahtis, peut-être... Enfin, je ne peux rien promettre, soupira Phyrra, pinçant les lèvres dans un geste d’excuse. Toutefois, si chaque caste, chaque pays pouvait s’occuper de la production d’un ingrédient, cela faciliterait les choses...

Les sindarins pourraient-ils s’impliquer dans ce remède ? Accepteraient-ils de mettre leur expertise de l’herboristerie et de la magie au service des autres peuples ? Canopée était une cité fière, généralement refermé sur elle-même. Le conseil des Dix risquait d’être difficile à convaincre, et la rancœur que ressentait encore Viwien envers le roi Mannus pour le bannissement des Erillys risquait de compliquer les choses. Cependant, il n’était pas possible d’attendre la prochaine génération de terrans pour agir. Il était temps que Canopée s’ouvre à nouveau vers l’extérieur. Cela risquait toutefois d’être difficile... Il faudrait se débrouiller autrement, au moins pour l'instant. Pour sa part, le sang d’immunisé causait un problème différent. C’était un bon début que d’avoir fait un appel à la population, mais les gens et leur famille étaient gravement atteints, et les récits qui provenaient du monastère et des agglomérations eridaniennes n’étaient pas rassurants pour ces pauvres gens. La plupart n’oseraient pas entreprendre le voyage jusqu’entre les murs sacrés du Monastère.  

– Nous devons mobiliser toutes les ressources possibles pour récolter les ingrédients. Profitons de l’expertise qu’ont développé les différentes églises gélovigiennes pour mettre cela en place. Peut-être accepteriez-vous de mobiliser les représentants de Kesha pour enseigner la méthode pour prélever le sang ? Avec Niveria qui cognera bientôt à nos portes, nous pourrons transporter cette denrée sur de plus grandes distances... Serait-il possible de promettre une dose du remède pour chaque don de sang des immunisés? Plusieurs d’entre eux souffrent de voir leur famille dépérir...

Se lançant dans des explications plus poussées, Phyrra calcula à voix haute la densité des populations et, partageant les informations qu’elle connaissait sur la proportion de personnes immunisées en Istheria, évalua le nombre qui pourrait venir leur prêter main-forte. Beaucoup de gélovigiens étaient occupés à prendre soin des malades, mais il y avait certainement des solutions. D’autres idées lui virent en tête, et la sindarine, toute à ses réflexions, les exposa sans prendre le temps d’envisager leur faisabilité. Elle proposa de former les prêtres, notamment ceux d’Aléa, particulièrement nombreux en Eridania, à reconnaître les immunisés et à encourager la collaboration. Parmi les fidèles de Delil et Fen, aussi nombreux chez les terrans, se trouvait certainement des magiciens qui pourraient venir prêter main-forte pour accélérer la production de cette plante si rare.

Phyrra envisagea également de se servir des cathédrales comme lieu de stockage pour les ingrédients, et proposa d’organiser des convois pour faciliter le déplacement des marchandises. Dans l’idéal, le remède pourrait être préparé dans chaque village, mais cette solution semblait impossible vu les ingrédients nécessaires. Ainsi, plus concentrée dans les lieux de savoirs que sur le terrain, Phyrra proposa de mobiliser les prêtres de Ténéis afin d’essayer de simplifier le remède. La gestion des morts reviendrait bien entendu aux prêtres de Kron, ce qui était certainement déjà en place. Peut-être les prêtres de Soulen, nombreux en Cimmeria, accepteraient-ils de partir à la recherche des ingrédients qui y poussaient ? Chacun pouvait apporter son aide.  

– Nous servons des dieux différents, mais nous sommes avant tout gélovigiens. La collaboration de notre Église est essentielle. Aucune autre caste ne se battra pour rendre ce remède accessible à tous. Peu importe la discorde que tentera de semer Sharna, nous devons demeurer la voix de la collaboration.

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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeDim 6 Mar - 15:26

Avec un regard attentif, Othello observa la sindarine soupirer avec soulagement. Elle pouvait concevoir avec une grande aisance l’importance que devait revêtir la cité Arygréenne à ses yeux, au-delà du temple qu’elle habitait. Elle savait Phyrra en position dans la ville maudite depuis de nombreuses décennies, et ses liens avec les habitants et avec les eclaris devaient être forts, voir même indestructibles. En réponse, elle ne pu qu’acquiescer silencieusement, en sachant pertinemment qu’elle aurait probablement réagit de la même façon si on lui apprenait que Hellas, en proie au mal, pourrait finalement être aidé.

Quand elle lui évoqua les problèmes que le transport des ressources pourrait soulever, la sirène cilla. La même inquiétude traversa ses yeux discrets, abrités par les volutes de fumée qui s’élevaient des tasses chaudes. Alors qu’ils profitaient enfin d’une accalmie face à la fièvre, qu’ils fêtaient tout juste la découverte du remède, déjà d’autres soucis apparaissaient sous leurs yeux. Comme une peinture funeste dont on grattait la surface pour révéler d’autres dessins, la prêtresse de Kesha avait la tenace sensation qu’ils ne faisaient que réaliser leurs déboires futurs quant à l’élaboration de ce remède. Mais elle n’en demeurait pas moins optimiste, surtout après avoir elle-même pu se tirer des bras de Kron et de l’ombre de cendre. Quelque soit la difficulté, ils parviendraient à aller au bout de leurs entreprises pour porter le remède aux plus grands nombres.

« Je n’ai aucun doute quant au soutien des Amaryliens, et des populations locales. » Sa voix était claire et posée, enthousiaste, même. « Et si cela peut aider le transport à avoir lieu dans les meilleures conditions, nous pourrons déléguer des moines mages à la protection des convois et à la préservation des ressources. » Elle avait pu constater que le froid aider grandement dans la conservation du sang, et les mages doués de cette magie étaient déjà dépêchés depuis longtemps au soin des malades dans le Monastère. Dans la nation la plus chaude, leurs talents seraient de la plus grande aide. Malgré tout, il restait à craindre la faune locale qu’elle savait particulièrement hostile. « On m’a rapporté que la cité avait une garde compétente qui gardait le désert et les caravanes de passage. Peut-être est-ce une aide que nous pourrions quérir. »

Face à Phyrra, elle avait conscience de jeter des bouteilles à la mer, ou des cailloux dans une vaste marre. Mais elle espérait qu’il n’y ait pas de petits efforts, ni de petites idées.
Et il semblait que la sindarine, elle-même, en regorge. Pendant quelques secondes, elle l’observa se perdre dans ses pensées, devenir plus sérieuse, plus vive, comme si son esprit tournait à plein régime sous ses cheveux bouclés et son visage d’or. Après quelques secondes, elle lui confia comprendre que l’opération serait complexe. Othello, soulagée, soupira doucement. Avec ses mots, elle venait affirmer que les mois à venir serait dur, tout en rappelant son envie de se mobiliser à leurs côtés. Et comme si la solution avait déjà produit en elle des bourgeons fertiles, elle lui expliqua vouloir rencontrer Duscisio pour s’entretenir avec lui. Elle semblait avoir un plan pour cette plante rare. Herboriste de métier avant d’être médecin, Othello savait que la manipulation des plantes était périlleuse, et toute idée était la bienvenue.


« Duscisio vous rencontrera sans hésitation. Il n’a pas quitté le monastère depuis de longs mois et c’est grâce à lui que nous en sommes aujourd’hui là. Il vous donnera son plein concours, sans la moindre hésitation. »

Malgré leur récente histoire commune, elle avait une confiance et une foi aveugle dans le travail de son confrère. Elle savait qu’il pourrait prêter main forte ; au Monastère comme à Noathis. Le temple de Delil y était particulièrement établi, et son aura rayonner largement parmi les chemins. Cependant, elle redoutait plus la présence des amazones qui veillaient jalousement sur le territoire. Même si la nation était peu touchée, certaines d’entre elles devaient être victime de la fièvre, et elle espérait sincèrement qu’elles seraient plus sensibles à leur soutien pour les laisser manœuvrer à travers le pays sans encombre, et mieux encore, peut-être pourraient-elles les aider. Même si elle avait grandement conscience que c’était un doux songe, pouvoir compter sur le support des Eryllis serait décisif dans leur entreprise
.

« - Noathis peut à la fois être une nation de paix, comme elle peut être une terre de danger. Sans le concours de ses habitants, nous allons au-devant de problèmes plus grands encore. » Si les Eryllis refusaient leur présence où les percevaient comme des ennemis, il leur serait particulièrement difficile de parvenir à leurs fins.

Phyrra poursuivit avec sagesse et aplomb, et Othello avala chacune de ses paroles avec un profond sérieux et une attention pleine. Ses lèvres n’avaient pas touché sa tasse depuis de longues minutes, son esprit fonctionnant avec fureur et rage pour raisonner autant que le sien, et chercher avec elle de plus amples solutions. Son esprit était éclairé, et elle apporta des informations sages sur la proportion des individus, et les raisons qui pourraient contraindre les immunisés à se cacher plutôt que coopérer. Promettre des doses contre une aide était aussi sage que possible, même si la sirène déplorait qu’on doive aujourd’hui monnayer la guérison pour recevoir le concours de la population. La fièvre avait emmené dans son sillage injustice et incompréhension. Les immunisés, si peu nombreux, se retrouvaient parfois seuls face à une famille malade. Le fardeau des survivants était aussi dur à porter, parfois, que celui des fiévreux. Aussi, si il fallait en venir à cela pour aider le plus grand nombre et créer suffisamment de remèdes pour aider les populations touchées, il fallait s’y résoudre.


« Nous formons les médecins et prêtres de Kesha depuis plusieurs mois, et beaucoup sont d’ores et déjà prêts à aller sur le terrain. Si tout se passe bien, nous pourrons bientôt commencer la formation de soigneurs extérieurs à l’ordre, nous avons déjà commencé avec les soldats Eridaniens. Nous espérons pouvoir partager ce savoir avec tous les médecins en faisant le souhait. » La situation au niveau du culte de Kesha demeurait cependant en demi-teinte, la situation des prêtresses de Cimmeria étant particulièrement extraordinaire parmi les Dix. « Malheureusement, les prêtresses de Cimmeria ont été particulièrement impactées par la fièvre, et la situation au temple de Kesha est alarmante. Dés que possible, je me rendrai sur place pour faire l’état des lieux, et transmettre les connaissances nécessaires pour la prise en charge des malades et la récupération des ingrédients. Je serai auprès de mes sœurs avant la fin de Niveria ; néanmoins, la caste a choisi l’indépendance il y a longtemps. Mais je ferai tout pour garantir un entier soutien. La prospérité de nos démarches en dépend. »

A son tour, elle réfléchit, songea à chaque proposition pour en établir les limites et les enjeux, essayant de penser à comment les mettre en place. L’Eglise d’Alea s’était déjà rendu utile, présent au Monastère en la personne de Nihilis, et prêtant main forte comme ils le pouvaient pour diriger le flux de malade et veiller aux soins mineurs. Cependant, il était difficile d’envisager qu’ils puissent repérer les immunisés. A ce jour, rien ne distingué visuellement un immunisé d’un mortel sensible à la maladie, sauf quand ceux-là se retrouvaient seuls êtres sains dans une communauté touchée. Aussi ne prenait-on conscience de cet état qu’au cœur de l’épidémie. Cependant, les disciples d’Alea étaient mobiles, disponibles, et appréciés. On les accueillait volontiers et on leur faisait confiance, en Eridania comme ailleurs. S’ils travaillaient avec des médecins qualifiés, ils pourraient tout à fait assurer une prospection sur les territoires les plus inatteignables pour propager leur message et rechercher parmi les villages qui était immunisé. Les prêtres de Fen avaient cette même force, et pourraient également occuper ce rôle, tout en aidant les disciples de Delil, déjà en formation pour travailler sur la plante.
Quant à l’aide des disciples de Kron, elle se limitait, au monastère, à conduire les fiévreux sur le lieu de leur dernier repos. Avant de périr, les malades s’embrasait, littéralement, avant de disparaître dans une violente détonation. En plus de leur chanter les dernières prières, ils représentaient une barrière pour protéger les édifices et les bâtiments de dégâts liés aux explosions. A son tour, elle proposa que l’on établisse, pour toute ville, un terrain où les malades qui ne pourraient être guéris soient conduits en toute sécurité. Les disciples de Kron étaient souvent morbides, mais n’auraient pas de mal à accomplir cette tâche si le Johr s’en trouvait d’accord.

De plus, au-delà des temples que Phyrra mentionnait, elle imaginait sans peine le concours des disciples de Soulen pour assurer un renfort logistique certain pour le transport des prêtres et des ressources. Leurs liens avec les marins étaient forts, et il pourrait gagner, si non le concours plein des Marins de Noxis, au moins le soutien de quelques capitaines qui pourraient prêter main forte. Avec les mages de Gréis qui assureraient, par leur foi et leur magie, une aide sur la météo, ils pourraient créer des voies fiables et sécurisés pour eux tous. Quant à la recherche des ingrédients, elle pensait solidement que cela pouvait être le travail conjoint les pélerins et des temples, ou des disciples de Fen et de Delil, plus habiles avec la faune et la flore que les autres maisons.


« Vous avez entièrement raison. Aujourd’hui plus que jamais, les Gélovigiens doivent être unis, et apporter leur soutien aux malades et aux populations dans le besoin. » Conclut-elle également, heureuse de pouvoir enfin faire cet aveu d’unité. Elle admirait le courage et la force de Phyrra, et était, plus que jamais, heureuse de pouvoir enfin la rencontrer. « Les temples et les chapelles feraient d’excellents lieux de travail, dans toutes les localités qui le permettent. Mais il nous faudrait demander le concours des autorités pour les nations où les temples sont plus éparpillés, ou difficile d’accès. » Elle encercla la tasse de ses dix doigts, appuyant sur la table pour se soutenir également. « Sans l’aide des dirigeants, nos efforts risquent d’être périclités. Dans notre entreprise, l’aide du Roi et de son armée ont grandement influencé la découverte du remède. Si nous agissons dans les autres pays, nous aurons besoin de ce même soutien. »

Elle savait Phyrra sindarine et proche du pouvoir de Canopée, et elle connaissait pour en avoir été témoin la sagesse et la connaissance de son peuple. En tant que yorka, elle pourrait faire la demande auprès de la reine Ellusienne de leur prêtre main forte pour un travail au sein de la cité d’Elusia. Quant à Noathis, elle avait entièrement confiance en Phyrra et en Duscisio pour mener à bien leur plan. Quant à Cimmeria, elle avait longtemps été témoin de ses jeux de pouvoirs pour les avoir elle aussi pratiqué, et avec doigté et bienveillance, elle savait qu’elle pourrait rallier les prêtresses de Cimmeria à leur cause commune.
Même si elle n’appréciait que peu le jeu politique, elle savait bien qu’il devrait s’inviter à la table tôt ou tard, et que malgré la meilleure des organisations et des entreprises, le front le plus unis face à la maladie, il leur faudrait agir avec le soutien des maîtres des nations. Seul ombre sur le tableau, une nation obscure et dont l’ordre précaire était assuré par la peur et la lame.


« C’est à Phelgra que nos actions seront les plus limitées. Grâce à la Chaîne Blanche, les cavaliers de Sharna peuvent également produire le remède. Mais nous devrions accentuer notre collaboration avec l’église de Sharna pour amplifier leur action. Eux, comme tous, souffrent encore de la maladie. » Elle soupira, néanmoins, ressentant jusque dans ses ongles son manque d’expérience et sa courte vie. « Nous devrions mener les mêmes actions sur place que dans les autres nations, néanmoins nos relations avec les différents chefs de cités ne sont pas, pour toutes, établies, et nous manquons de visibilité sur les entreprises de nos confrères. »
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MessageSujet: Re: Des femmes de foi   Des femmes de foi Icon_minitimeJeu 24 Mar - 0:19

Des femmes de foi
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La conversation avait pris un tour plus animé, et les solutions, qu’elles soient difficiles à mettre en place ou aussi évidentes que cela pouvait l’être, traversaient leurs lèvres dans un ramdam étonnement coordonné.  

– La milice extérieure pourrait en effet jouer ce rôle. Toutefois, elle est surtout composée de mercenaires et autres nomades. L’argent sera leur seule motivation, même en ces temps troublés. Ceci dit, ils seraient effectivement bien placés pour protéger les convois, car ils connaissent bien le désert. L’intendance de la cité est responsable du paiement des mercenaires, je discuterai donc avec eux. Je crois que mon temple pourrait également débloquer des fonds pour cela. J’en discuterai avec mes grands prêtres.

Le plan pour Argyrei se mettait en place. Si la cité parvenait à contribuer avec efficacité à la production du remède en fournissant du sang ou même — oh, espoir — en simplifiant sa recette, il lui serait ensuite plus facile d’en obtenir des doses. De plus, le collectif entre les éclaris et les prêtres de Ténéis que Phyrra avait créé pour faire face à la fièvre dans la cité tenait toujours bon, malgré son absence, et celui-ci serait certainement d’une grande aide pour mettre en place tout ce qui venait de se discuter. Les yeux de la sindarine s’illuminèrent quelques secondes, manifestation de son pouvoir mnésique, simplement le temps de se repasser mentalement le plan qui prenait forme, car elle voulait n’en oublier aucun détail. Elle devait prévenir Isemay, qui dirigeait temporairement le collectif, de ce qui s’était discuté aujourd’hui. Malgré son jeune âge, la jeune femme faisait preuve d’une grande délicatesse, et même si ses nouvelles responsabilités représentaient tout un défi pour la jeune prêtresse qu’elle était, elle avait entièrement confiance en ses capacités, et savait que les grands prêtres pourraient l’épauler en cas de besoin.  

Othello parla du maître Balibe comme si elle le connaissait bien, l’appelant même par son prénom, et Phyrra se rappela d’avoir entendu çà et là que les deux Haut-Prêtres collaboraient depuis longtemps, avant même leur ascension à leur titre actuel. La jeune yorka lui affirma qu’il apporterait son plein support à la cause, et la représentante de Ténéis crut en comprendre qu’il était déjà à l’œuvre, là, quelque part entre ces mêmes murs qui les abritaient, travaillant en harmonie avec Delil pour vaincre cette maladie. Elle fut heureuse d’entendre sa consœur dire que cette étape, au moins, pourrait se faire avec une certaine facilité. Enfin, au-delà des idées qui remontaient à la surface de leur esprit en pleine ébullition, elles partagèrent en toute sincérité les inquiétudes qui les étreignaient. Réfléchissant rapidement à la question des habitantes de Noathis, qu’elle identifia sans mal comme les Eryllis, Phyrra convint qu’elles pouvaient constituer un obstacle. Encore une fois, elle se tourna mentalement vers sa reine et amie, Viwien. Elle ignorait si celle-ci avait toujours un contact avec cette caste si secrète, mais dans tous les cas, elle serait certainement capable de négocier avec les protectrices de la forêt. Les sindarins dépendraient eux aussi de cette plante, et malgré toute l’ardeur qu’elle mettait à protéger la flore de Noathis, Phyrra était certaine que Viwien comprendrait l’urgence de la situation.

Les discussions se poursuivirent autour du soutien que chacune des églises gélovigiennes pourrait apporter. Pragmatique, Othello lui apporta plusieurs informations au sujet des mesures qui avaient déjà été mises en place, et Phyrra fut heureuse de constater la mobilisation des différents prêtres de leur caste. L’infante de Kesha lui révéla également la situation précaire dans laquelle se trouvait Cimmeria et la caste unique qui s’y était formée en l’honneur de sa déesse. Dans ses mots, Phyrra perçut le même attachement qu’elle-même vouait à Amaryl et Canopée, et la sindarine se rappela que la représentante de Kesha, bien qu’elle soit maintenant une duchesse eridanienne, était originaire de ce pays de froid et de neige. Tout comme elle, Othello devait jongler entre les différents titres qui décoraient son nom, et en cela, Phyrra eut l’impression d’avoir trouvé une sœur. La situation qu’elle évoquait avec les prêtresses de Cimmeria, un ordre si près de son titre de Haute-Prêtresse de Kesha, mais aussi éloigné par l’indépendance autoproclamée de cette caste par rapport aux gélovigiens, lui rappelait l’étrange, mais naturelle collaboration entre les éclaris et les prêtres de Ténéis. La situation était certes différente, mais un parallèle apparaissait malgré tout.  

Othello mentionna l’église de Sharna, ce qui tira une grimace à Phyrra. Elle n’avait jamais personnellement eu affaire à Alton Zolond, mais elle le connaissait de réputation. Les Zolond étaient une ancienne famille sindarine au passé trouble, même si Alton était désormais gorgoroth. S’ils avaient plus ou moins le même âge, du moins, de ce que Phyrra en savait, elle n’avait jamais fréquenté cette étrange famille, celle-ci s’étant alors depuis longtemps repliée dans les tréfonds de Noathis. Elle le connaissait comme un homme influent, doté d’une détestable insolence. Il était tout à l’image de son dieu, alimentant la discorde et la haine depuis maintenant tant d’années que l’on pouvait sans mal le rendre responsable de toutes les ignominies faites au nom du dieu des mensonges. La simple idée de croire qu’il coopérerait avec le reste des gélovigiens pour mettre fin à la fièvre lui semblait impossible. Au contraire, Phyrra croyait qu’il ferait tout pour être l’artisan de leur déchéance et pour alimenter les conflits qui naissaient au sein de leur caste. Aider son prochain ne faisait pas partie des intentions que la représentante de Ténéis prêtait au prêtre Zolond.

– Selon moi, il serait difficile d’envisager une cure de grande envergure en Phelgra. Le pays est morcelé, les villes constamment en conflit les unes avec les autres, et les inégalités immenses de ce territoire, couplé à la rareté du remède, laisse présager que seuls les plus offrants pourront y accéder. Aussi, si nous devons agir en Phelgra, je crois qu’il serait plus sage de collaborer avec le représentant de Bor plutôt qu’avec celui de Sharna, même si son influence est moindre. La réputation d’Alton Zolond me laisse plutôt croire qu’il tentera de nous mettre des bâtons dans les roues, soupira la sindarine. Peut-être devrions-nous plutôt envisager de collaborer directement avec les cavaliers de Sharna...

Malgré tous les efforts que déployait Phyrra, elle ne pouvait totalement masquer le dégoût que lui inspirait le continent sombre. Ennemis des siens avant même sa naissance, la sindarine avait été élevé en tenant pour responsable les Cavaliers de Sharna des horreurs s’étaient déroulés à Taulmaril et ayant tant bouleversé sa famille. Elle savait aujourd’hui que les phelgrans n’étaient pas les seuls responsables pour cette guerre, mais il demeurait au fond de son cœur une certaine rancœur envers eux. Cela s’était amplifié il y avait maintenant quelques années, lorsque les Cavaliers s’étaient opposés à Viwien lors de la guerre éclair provoquée par les conflits des prêtresses de Cimmeria. Malgré tout, il était de son devoir de mettre chaque vie sur un même pied d’égalité, fut-elle celle des cavaliers de Sharna. Prenant une grande respiration, l’Élue des Étoiles fixa un regard décidé dans les yeux de sa consœur.

– Si mon Église doit faire office de messager, alors qu’il en soit ainsi. Notre érudition est notre force, alors nous la mettrons au service des gélovigiens de toutes les manières possibles. Me permettrez-vous d’agir en tant que messagère ? Je planifierais une rencontre avec maître Balibe, et j’ai cru comprendre que le chef de l’armée eridanienne se trouvait ici, au monastère. La Générale Raikes, je crois. Croyez-vous qu’elle serait ouverte à collaborer avec nous ?

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