[TERMINE] Une chasse au résultat inattendu

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 [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu

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Shea
Shea

MessageSujet: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeDim 17 Juil - 18:38

Paumée… Je suis paumée comme une grosse abrutie….

Ça fait quoi ? Trois heures ? Quatre heures que je suis libre ? Je suis partie droit devant comme une débile, j’ai changé de direction je sais pas combien de fois pour être sûre qu’on ne me suivait pas et maintenant je suis… Je sais pas où. Je reconnais rien du tout, bordel. Je connais même rien de l’extérieur. Si ça se trouve, y a un gros truc plein de poils qui va surgir de derrière cet énorme truc en bois avec machins verts pour me bouffer... Bah, qu'il vienne, ça me fera un truc à bouffer... Comment ça s'appelle, d'ailleurs, ce truc là, cette espèce de machin en bois ? Y en a plein partout, c'est immense. Même si je prenais ma forme bipède, j'en verrais pas le haut. Une dorée ? Non!  Boret ? Non!  Fo… Une plante! Voilà, c'est ça… Je crois… Une plante en bois… Géante… J'en avais jamais vue, encore, juste entendu parler. De mémoire, je crois qu'il y a plein de sortes de plantes… Et si ma mémoire est bonne, c'est pas agressif. En tout cas, ceux que j'ai croisés en fuyant ne m'ont pas attaquée. Hm, je devrais peut-être vérifier…

Lentement, je m'approche en restant sur mes gardes, la plante ne bouge pas. Elle fait semblant d'être morte ? J'avance encore un peu et, d'un geste vif, y mets un coup de patte avant de faire un bond en arrière, prête à attaquer. Aucune réaction. Je recommence un peu plus fort. Toujours rien. Bon… On va passer à la méthode forte. D'un coup, je plante mes crocs dans son espèce de corps. Putain de bordel de... Saloperie, ça fait mal ! Je croyais l'avoir mordu, mais cet abruti m'a eu! Comment il a fait ? Il a pas bougé j'en suis sûre! J'ai mal à la mâchoire et lui, il bouge toujours pas... Je pense pas qu'il le fasse, j'ai jamais vu un seul ennemi ne pas réagir à une attaque... Ouais, ça doit être immobile. Mais du coup, ça sert à quoi, ce truc ? En tout cas, ça se mange pas.

Par prudence, je préfère m'éloigner, sait-on jamais. La sensation du sol sous mes coussinets est étrange, pas désagréable, mais étrange. C’est moins dur que le sol de ma cage, ça me fait penser au sable de l'arène, mes griffes s'enfoncent un peu dedans. Si je gratte ? Mais c’est trop bien ! J’arrive à déplacer le sol ! Jusqu'où je peux descendre, comme  ça ? Je creuse jusqu'à ce que ma tête puisse passer, puis je m'arrête. J’ai encore tellement de choses à découvrir, je veux en voir le plus possible. Je reprends ma marche, presque sûre que la menace ne viendra pas des plantes. Elles avaient là l’occasion de m’attaquer et ne l’ont pas fait donc, normalement, elles devraient me laisser tranquille. Tout un tas d'odeurs envahissent mon nez, c’est une explosion de saveurs. Je n’arrive pas à mettre de mot sur ce que mon nez renifle, mais je sens des frissons me parcourir l'échine. Je n’y avais pas prêté attention durant ma fuite mais, maintenant que je suis loin, je peux prendre le temps de découvrir. Ma truffe n’est pas la seule à me faire découvrir ce qui m’entoure, mes yeux voient plein de couleurs, bien plus vives que celles que j’avais pu observer depuis ma naissance. Il y a plein de sons différents, pas de cri ni de hurlement, des bruits faibles, presque inaudibles. Tout a l’air plus fort, plus sauvage, j’ai l’impression d’être redevenue un renardeau qui découvre le monde pour la première fois. Ce qui est le cas.

Tandis que j’avance en m'imprégnant de tout ce qui m’entoure, je pose la patte sur un truc qui craque… Ouais, qui craque, comme un os, sauf que c’est moins résistant. Je sursaute, surprise, ça craque à nouveau, mais moins fort. Je lève la patte et observe le bidule que j’écrase. Je remarque qu'il y en a plusieurs sur le sol. C’est les machins accrochés aux plantes. Ils sont tombés ? Les cons! Je vais pour repartir quand, soudain, un courant d’air se lève. Il n’est pas très fort, mais suffit à faire bouger un des trucs tombés sur le sol.

Je me serais trompée, ça serait vivant ? Ou à moitié vivant ? Le truc s'approche lentement de moi et vient se poser sur ma truffe, me faisant éternuer avant de retomber. Plus intriguée qu'inquiète, je m'approche et le renifle, puis je lui mets un coup de patte. Pas de réaction. C'est vraiment bizarre, cette chose. Un nouveau courant d'air l'emporte plus loin et je pense comprendre ce qui se passe. Afin de vérifier ma théorie, je vais souffler sur un autre qui s'envole. Donc c'est léger et c'est génial ! Je recommence plusieurs fois, amusée, les poursuivant pour les envoyer plus loin, leur sautant dessus pour arrêter leur progression.  

Emportée par le jeu, je me détends un peu, profitant de cette nouvelle découverte jusqu'à ce que la faim vienne me rappeler à l'ordre. C'est bien beau, ces expériences, mais ça ne nourrit pas. Je sais pas depuis combien de temps je n'ai pas mangé, trop longtemps c'est sûr. Je sens également la soif bien plus présente que je ne l'aurais cru. Ce retour à la réalité me ramène au problème présent. Je sais pas où je suis et, si je ne trouve pas de quoi manger, je ne survivrai pas longtemps. Peut-être que je peux attraper quelque chose. Mais quoi ? Je dois pas être la seule bestiole en ces lieux. Peut être que... Peut-être que mon odorat pourrait m'aider à trouver une bestiole. Je suppose que si ça sent comme la viande que me donne ma maîtresse, ça doit être mangeable.

Je me mets donc en chasse, j'y connais rien mais ça doit pas être bien compliqué. J'utilise mon odorat pour essayer de trouver une proie. Si je ne connais rien du monde extérieur, je sais néanmoins reconnaître certaines bestioles comestibles.

Après un long moment de recherche, je finis par tomber sur une odeur alléchante et la suis prudemment, redoublant de vigilance. Mais, très vite, je perds la trace. Bien trop d'odeurs sont présentes et je n'ai jamais utilisé mon flair de cette manière. Je persiste néanmoins : si je ne trouve rien, je finirai par mourir de faim. J'ai pas autant galéré toute ma vie pour finir comme ça, bordel!

Malheureusement pour moi, je ne trouve absolument rien. Je sens mes forces me quitter, la faim et la soif m'empêchent de rester concentrée sur quoi que ce soit. Je dirais pas que je regrette d'être partie, mais faut avouer que j'avais pas à me soucier de la nourriture. Oh, bien sûr, la saloperie qui me gardait ne me donnait pas tout le temps à manger, parfois elle m'affamait même, mais je savais comment faire pour obtenir un précieux bout de viande. Là, ici, il n'y a rien et j'en viens à regretter de ne pas pouvoir combattre pour me nourrir.

Pfff, quelle conne, franchement… Je suis pitoyable… Je continue d'avancer, espérant tomber sur un truc à manger, ou à boire. Si déjà je pouvais éliminer la soif, je pense que je me sentirais mieux. Je connais l'odeur de l'eau, mais impossible ici de savoir où il pourrait y en avoir. Alors, je marche inlassablement, continuant encore et toujours, jusqu'à ce que mes pattes ne parviennent plus à me porter. Je suis épuisée et, à présent, je n'ai plus de force. Je me couche sur le sol et me demande si c'est la fin pour moi. Peut-être qu'une créature va en profiter pour m'attaquer. Ou alors je suis seule… Ouais, seule et paumée, en train de crever de faim… Moi qui me suis toujours battue pour survivre, moi qui n'ai jamais eu le choix jusqu'à aujourd'hui… C'est pathétique. Je laisse dériver mon esprit sur cette pensée, attendant la fin.


Dernière édition par Shea le Lun 1 Aoû - 21:06, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeDim 17 Juil - 23:34

Aujourd’hui est une belle journée, mais il ne faut pas lambiner. Hier, j’ai échangé ma dernière pièce de gibier à un marchand contre des biscuits de voyage et des portions de viande séchée. Ça se conserve mieux, mais ça ne me nourrira pas éternellement. Allez, on se motive, il faut trouver du gibier.

Je quitte mon abri et ramasse mes quelques affaires pour me mettre en route. Je passe mon arc dans une sangle de mon sac à dos et prends celui-ci sur mes épaules avant de disperser les traces de mon passage. Un dernier coup d’œil en arrière pour vérifier que je n’oublie rien - Pourquoi pourrais-je oublier quoi que ce soit, sachant le peu que je transporte ? - Pour trouver des proies, je m’enfonce dans la forêt en m’éloignant des sentiers. Je sais d’expérience que le gibier ne s’aventurerait pas ou peu à proximité des lieux de passage des humanoïdes.

La forêt de Karak - c’est comme ça qu’on m’a dit qu’elle s’appelle - est dense et les arbres se succèdent les uns aux autres, se resserrant de plus en plus à mesure que je m’enfonce, mais la lumière filtre toujours bien à travers les hautes frondaisons. Je cherche au sol des traces de passage d’animaux : de la végétation retournée, des traces de pattes dans la terre… Je marque d’un coup de dague léger l’écorce des arbres que je passe, pour pouvoir sans mal retrouver mon chemin au retour, ça m’évite de devoir retenir tout mon itinéraire.

Au bout d’un petit moment de recherches, un certain désordre dans la végétation basse m’interpelle. De la mousse a été arrachée, les quelques feuilles tombées au sol sont écartées au pied des arbres et des traces sont visibles dans la terre, trop profondes pour leur taille. Je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre l’origine de ces traces : un canidé, chien, loup ou renard, a couru ici récemment et il fuyait quelque chose. Les traces ont l’air récentes, mais elles ont été laissées il y a un certain temps, peut-être dix ou quinze minutes. Ce qui me choque, c’est que cet animal fuyait apparemment quelque chose, mais je ne trouve aucune trace autre que les siennes…

Intrigué par ces traces, je décide de les suivre pour trouver leur origine. Elles zigzaguent à travers la forêt sans logique apparente. Effectivement, il ne voulait pas être suivi, mais il était pressé et n’a pas essayé de cacher ses traces. Je remonte donc prudemment la piste, en m’assurant de temps en temps de ne pas être suivi par ce que l’animal semblait fuir. Je fais appel à mon flair acéré et je peux comme voir s’illuminer la piste que je suis avec les odeurs de la bête en fuite. Elle a l’air de s'être arrêtée là un moment et je m’arrête intrigué au pied d’un arbre. Il comporte des traces de griffes et de crocs, comme si l’animal que je suis s’était battu au pied de cet arbre. Pourtant, il n’y a toujours pas d’autres traces que les siennes. On dirait qu’il a vu un fantôme, comme on m’a raconté en voir dans la Grande Désolation.

Un peu plus loin, je vois des feuilles écrasées. Il aurait sauté d’un endroit à l’autre, toujours sans raison apparente. Plus je remonte cette piste, moins je comprends ce qui s’est passé ici. Etant donné que les traces sont de plus en plus fraîches, je cesse de me servir de mon odorat amélioré et continue prudemment. Il ne faudrait pas que je le fasse fuir encore, vu l’agitation dont il est apparemment pris. Je suis tout proche. En me plaçant contre le vent, je contourne la zone et vois un petit renard blanc, ou plutôt une renarde, qui a l’air de suivre quelque chose. Je la suis de loin en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Elle n’a pas l’air d’avoir détecté ma présence, mais ralentit au fur et à mesure de son avancée.

Au bout d’un moment, elle s’arrête et je me rends invisible, de peur de m’être trahi. Au lieu de se retourner vers moi, elle se couche lentement sur le sol. C’est alors que je réalise quelque chose : elle a l’air affamée et devait être en train d’essayer de chasser. Mon esprit repart alors plusieurs mois en arrière et je me revois alors que je venais de quitter la tanière de mes parents. J’avais moi aussi essayé en vain de chasser et il s’en était fallu de peu que je meure de faim, seul dans la forêt. Par chance, j’étais tombé sur un groupe de chasseurs qui m’ont donné à manger et appris à chasser efficacement. Je leur dois la vie. Peut-être Fen veut-il me mettre à l’épreuve?

Quoi qu’il en soit, je ne peux pas la laisser ainsi. Je dois essayer de la sauver. Venant d’un chasseur, ça peut paraître étrange, mais j’ai l’impression de me voir à l’époque et je ne peux pas m’en empêcher. Je redeviens visible et pose doucement mon sac à terre pour en tirer ma gourde et un morceau de viande séchée. Elle a l’air épuisée… Je m’approche lentement et elle finit par me voir alors que je suis à environ cinq mètres. Aussitôt, elle se relève en titubant, bombe le dos et grogne pour me faire peur.

J’ai pu m’approcher à environ deux mètres, mais à chaque pas que je fais en avant, elle en fait un en arrière. Ça va être plus compliqué que je le pensais. J’ouvre ma gourde et la lui tends tout doucement. Elle renifle brièvement, puis se met à glapir et reculer de plus belle.

“ Doucement… C’est de l’eau… ”

Je ne sais pas pourquoi j’essaie de parler, peut-être une espèce d’instinct. Bon… La gourde, ce n’est pas une bonne idée. Je regarde autour de nous à la recherche de quelque chose qui pourrait servir de récipient. Je repère sur une branche basse de larges feuilles. Je tends le bras doucement et en décroche une de l’arbre, qui a l’air bien creuse. La renarde me regarde d’un air circonspect et a l’air méfiante quand je me baisse avec la feuille en main. Je verse un peu d’eau dans le creux de la feuille et la lui tends. D’un rapide coup de patte, elle fait basculer la feuille et en renverse le contenu par terre.

“ Et si j’en bois, tu me fais confiance ? “

Je remplis à nouveau la feuille et en bois l’eau fraiche, puis la lui montre pour lui prouver qu’elle ne craint rien. J’y verse à nouveau un peu d’eau et lui tends à nouveau la feuille.

“ Et maintenant, tu en veux ? “

Une fois de plus, elle vient renifler, mais reste à distance. J’ai compris : elle n’y touchera pas tant que je serai là. Je pose prudemment la feuille sur un tas de mousse et recule pour lui laisser de l’espace. Une fois que j’ai suffisamment reculé, je la vois se rapprocher lentement de la feuille, la renifler une fois de plus et laper timidement un peu de son contenu. Après un instant, je la vois boire avidement le reste d’eau qu’elle contenait. Elle est vraiment assoiffée. A nouveau, elle se tourne vers moi, l’air méfiant.

Je me rapproche pour lui remettre de l’eau et, j'aurais pu le parier, elle recule aussitôt. Je verse à nouveau de l’eau dans la feuille et, puisqu’elle ne se laissera pas approcher, je laisse à côté le morceau de viande que j’avais sorti de mon sac. Je recule pour lui laisser de l’espace et vais m’asseoir un peu plus loin. Je l’observe et me fais une réflexion : elle est sauvage, mais c’est différent de ce que j’ai pu voir jusque là. Certains autres animaux se laissent approcher beaucoup plus facilement, quand ils sont en mauvais point. Il doit y avoir quelque chose d’autre. Elle a peur de quelque chose en particulier… Qu’est-ce qu’elle pouvait bien fuir ? En faisant un peu plus attention, je remarque un collier de cuir autour de son cou. Quelqu'un a essayé de s'en faire un animal de compagnie ? Ça pourrait expliquer son comportement…
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Shea
Shea

MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeLun 18 Juil - 22:05

Pitoyable. Je suis là, à crever de faim, j'ai presque plus de force… Les yeux clos, je laisse mon esprit divaguer vers mon passé, vers les combats que j'ai menés, mes victoires qui m'ont apporté à manger, mes défaites qui m'ont valu le fouet. Même dans ces moments là on ne m'a pas laissé mourir. Mais là, je sais très bien que personne ne viendra, pas pour me sauver en tous cas. Les bipèdes sont des créatures horribles.

Un bruit de pas attire mon attention. Avec difficulté, j'ouvre les yeux, un bipède se tient à quelques mètres de moi. Comment j’ai pu ne pas le repérer plus tôt ? Alors c’est lui qui est venu me tuer ? Hors de question, je ne me laisserai pas faire. Je me relève difficilement sur mes pattes. J’ai du mal à tenir et je doute de gagner ce combat, mais je me battrai jusqu’au bout. Je remonte mon dos, espérant paraître plus grosse - j’ai vu un chat faire ça pour essayer de m'impressionner - je découvre mes crocs et grogne. Je ne peux pas communiquer sous cette forme, mais même un simple bipède peut comprendre que je suis agressive. Honnêtement, je m’en passerais bien, j’ai jamais aimé me retrouver face à des adversaires qui ont l’air plus forts que moi. Je dois être prudente : dans mon état, il aura tôt fait de me maîtriser. À chaque pas qu’il fait pour se rapprocher, je remets de la distance en reculant. Je n'attaquerai pas la première, c’est pas une bonne technique face à un machin de cette taille. Il vaut mieux que j'attende qu’il se jette sur moi pour passer entre ses pattes, ainsi je pourrai le mordre plus facilement. J'espère juste qu’il me reste assez de force pour réussir. Allez, je dois rester concentrée. Si je m’économise, j’ai peut-être une chance de gagner. Ce truc est vivant et donc mangeable, je dois garder ça à l’esprit. Vaincre cette ennemi me permettra de survivre. Ça ne me change pas beaucoup de l'arène, mais au moins ce n’est pas quelque chose d'inconnu, c’est même simple. Je perds, je meurs. Je gagne, je vis.

J’en ai vu, des techniques de combat, mais ce bipède que je ne prends pas la peine de détailler tend vers moi un espèce de bout de… Peau? Non, on dirait la même chose que mon collier, mais de forme différente. Curieuse, je renifle l’objet. Peut-être que mon odorat pourra m’apporter des détails sur cette arme bizarre. Qu’est ce que c’est que cette odeur ? Je glapis avant de reculer d’un coup, manquant tomber. On aurait dit de l’eau, mais ça sent pas exactement pareil. C’est quoi ce bordel ? J’y comprends rien.

Pour la première fois, j'entends sa voix. Il veut me rassurer en me disant qu'il me donne de l'eau ? Comme si j'allais le croire. Mais ça parle! Enfin, bien sûr que ça parle. C’est pas le premier que j'entends parler, mais en général seule ma maîtresse me parlait. Jamais mes ennemis n’ont pris la peine de m'adresser la parole. Je n’ai pas l’intention de lui répondre, cependant, déjà parce que sous cette forme je ne peux pas - et il est hors de question que je change d’apparence - ensuite, je vois pas ce que je pourrais lui dire. Que son eau sent bizarre ? Je suis sûre que, même si je lui parlais, il ne m'écouterait pas. Les bipèdes ne savent pas écouter. Lentement, il tend le bras et attrape un de ces machin verts accrochés à une plante en bois. Mais qu’est-ce qu’il fout ? Même si la curiosité me dévore, je reste méfiante. Il s’agit peut-être d’une technique pour m’attaquer. Je l’observe mettre de son eau bizarre dans le truc vert. Mais qu’est ce qu’il fabrique, bordel? Il tend alors son mélange vers moi. Non mais il me prend pour une conne ? D’un coup de patte, je repousse ce que je prend pour une chose dangereuse. Je sais pas ce qu’il a l’intention de faire, mais je lui en laisserai pas le temps. Il pourra me provoquer avec son eau autant qu’il veut, ça marchera pas. Mais qu'est ce que j’ai soif, bordel…

Il continue de vouloir me rassurer en montrant l'exemple, me disant que, si lui en boit, je peux lui faire confiance. Cause toujours, j’ai pas envie de t’écouter. Dégage ou attaque ! Mes pattes ont de plus en plus de mal à me porter et je sens bien que j’arrive au bout, mais je dois tenir. Tenir encore un peu. Enfoiré de bipède, voilà maintenant qu’il recommence son manège pour se désaltérer… Vraiment, il me cherche ? Je vais finir par lui sauter à la gorge et tant pis pour le résul… Attends! Il boit ? Étonnée, je me redresse légèrement et penche la tête sur le côté. Pourquoi il fait ça ? Si c’est pour m’attaquer, c’est pas logique!

À nouveau, il me parle, pour me demander si j'en veux, maintenant. Je reprends ma posture menaçante, je me ferai pas avoir! Cependant, je ne peux m'empêcher de renifler cette odeur qui m’attire. C’est tentant… Trop, même. Le bipède recule, ajoutant un peu plus à mon incompréhension. Pourquoi agit-il comme ça ? Son but est pourtant de me tuer, non ? Alors pourquoi ? Pourquoi il n’a pas encore attaqué ? Pourquoi est-ce qu’il a bu de ce truc avant de me le donner ? Ça doit pas être dangereux, si lui-même y a touché. Non ? Je suis perdue. Les bipèdes peuvent faire autre chose que de s'attaquer ? Enfin oui, j'ai déjà vu ma maîtresse avec d'autres bipèdes, elle leur parlait, leurs donnait des choses, en prenait. Mais moi, il n'y a qu'elle qui me parlait, elle me disait quoi faire la plupart du temps. Bien sûr, mes geôliers - c'est ainsi qu'elle nommait les types qui s'occupaient aussi de moi - me donnaient à manger quand elle ne le faisait pas elle-même. Ça ou des coups. Alors pourquoi celui-là ne fait-il rien d'autre ? D'habitude, on me balançait tout dans ma cage avant de repartir. Mais lui, il reste.

Emportée par la curiosité, je m'avance d'un pas tremblant, puis d'un autre. À nouveau, je renifle ce qu'il a posé. J'analyse comme je peux les odeurs. On dirait un mélange de la plante en bois, d'eau et d'une autre, celle d'un loup? Non… Mais ça s'en rapproche. Je sais que chaque animal a sa propre odeur, mais globalement chaque espèce a un parfum plus ou moins similaire. Lentement, je goûte du bout de la langue le contenu posé devant moi. Ouais, c'est de l'eau, on dirait. Mais c'est meilleur que tout ce que j'ai pu boire jusqu'à présent. Je me mets à boire frénétiquement, lapant jusqu'à ne plus sentir le liquide.

Bon, c'est vide. Et maintenant ? J'ai fait ce qu'il voulait, alors il va attaquer, maintenant, oui ou merde ? Il s'approche et je recule, mais cette fois je ne grogne pas. L’eau m’a fait du bien, même si j’en voudrais encore. Il remplit à nouveau le morceau de plante en bois, il pose à côté une chose que je n'ai encore jamais vue, avant de reculer. Il va s'asseoir plus loin et son langage corporel semble dire " je ne te menace pas. " Ça, c'est une première!

Prudemment, j'avance pour boire à nouveau. Autant en profiter, avant qu'il ne change d'avis. Ma soif calmée, je m'intéresse à la chose qu'il a posée à côté. Ça aussi, ça a une odeur étrange, même si je reconnais le parfum de la viande. Je regarde le bipède pour m'assurer qu'il n'a pas bougé, avant de renifler ce qui semble être de la nourriture. J'hésite un petit moment avant de m'en emparer et l'amener plus loin. Vu la faim que j'ai, je peux pas me permettre de le lui renvoyer. J'espère juste que je fais pas une grosse connerie. La viande a un goût encore différent de ce que j'ai connu jusqu' ici. C'est pas aussi bon que la vraie viande que j'avais quand ma maîtresse était vraiment satisfaite, mais c'est toujours meilleur que l'espèce de bouillie que j'avais le reste du temps. Je dirais pas que j'ai plus faim, loin de là, mais j'ai au moins un truc dans l'estomac. Après avoir englouti la viande, je ressens une espèce de goût bizarre sur la langue. Bordel, ça donne soif ! Mais depuis quand la viande ça donne soif ? Et le machin avec l'eau qui est vide. Comment faire ? Bien sûr, je pourrais lui ramener le machin dans lequel il m’a mis de l’eau, je suis sûre qu’il comprendrait, mais je ne veux pas qu’il devine que je suis plus qu’un simple animal. Ça ne m’apporterait que des ennuis, j’en suis sûre. Dans ses mains, je repère le machin dans lequel il garde de l’eau. Bien, il faut que je m’en empare. Je commence par m'assoir, le temps de mettre au point une stratégie. J’en profite pour détailler ce bipède pas comme les autres.

Il est fin, très fin même. Les bipèdes que j’ai vus jusqu'à présent étaient plus imposants, je me demande même s’il n’est pas fragile, ce qui expliquerait son comportement anormal. D'où je suis, je peux voir que ses yeux n’ont pas la même couleur : l’un est plus clair que l’autre, mais je n’arrive pas à voir leur teinte. Il a des cheveux marron attachés derrière sa tête. Il possède également une queue. Hmm, donc ce serait un yorka, comme moi. Il porte sur lui des… Comment ça s'appelle, ce truc que mettent les bipèdes ? Ah oui, des haillons! Donc ces haillons ressemblent à de la peau d’animal, même si je ne saurais pas dire lequel. En tous cas, il a pas l’air menaçant. Mais j’ai appris qu’il faut toujours se méfier des apparences et j’en suis la preuve. Une idée pour récupérer l’eau commence à se former dans mon esprit. Je n’ai pas besoin de l’attaquer et je n’en ai pas la force. Mais maintenant que j’ai un peu étanché ma faim et ma soif, il m'en reste assez pour m’emparer de ce que je veux. Il va falloir que je sois rapide, je ne pourrai pas tenir longtemps. Mais si je réussis, je pourrai me débarrasser de cette envie de boire et j’aurai sûrement de l’eau à volonté pour continuer à survivre. Allez, chaque instant qui passe me donne un peu plus soif.  

Lentement, pas à pas, je m’approche de ce yorka. Il ne semble pas vouloir bouger. À chaque pas que je fais, je me demande si c’est une bonne idée, je vais peut-être le rendre agressif. Enfin, je vais pas rester indéfiniment là, il faut que je reprenne ma route. De toute façon, si je veux survivre, j’ai pas le choix. Hors de question de me mêler aux autres créatures, qu’elles soient bipèdes ou non. Je continue d’avancer vers lui, mais je me décale légèrement pour arriver du côté de mon objectif. Il continue à attendre de voir ce que je vais faire et, l’espace d’un instant, je me sens coupable. Je chasse cette pensée de ma tête et me focalise sur mon objectif. Plus que quelques pas… Je me tapis au sol pour parcourir les derniers mètres, je n’aurai droit qu'à une seule chance. Je renifle, jouant les timides pour tromper sa vigilance puis, d’un coup, sans prévenir, je saisis son bout de peau à eau entre mes crocs et tire dessus pour le lui arracher des mains et pars en courant comme une malade. Une chance qu’il ne la tenait pas fermement, sinon j'aurais tiré dans le vide. Imbécile, tu croyais vraiment que j’avais pas une idée derrière la tête en venant vers toi ? Je l’entends me crier quelque chose, peut-être même se relever en hâte, je suis pas sûre. Le bruit de ma course m'empêche d'entendre clairement. Je sens mon cœur battre à tout rompre, j'accélère autant que je peux, changeant sans cesse de direction, passant à travers des mini-plantes en bois. Je finis par m'arrêter, essoufflée, au pied d’une plante géante. Bordel, je ferai pas ça tous les jours. Je scrute les alentours, me servant du mieux que je le peux de mes sens, pour savoir s' il m’a suivi ou non. J’en ai pas l'impression.

Bien, je vais pouvoir avoir de l’eau à volonté, maintenant. J’essaie de trouver comment marche ce machin. Je découvre assez vite un endroit d'où l'eau peut couler, mais un truc l’en empêche. Bon, faut surement enlever ça. J’essaie plusieurs fois de l’attraper entre mes crocs, mais c’est pas facile. Je gratte avec mes pattes, mais rien n’y fait. Bon… Je pousse un long soupir. J’avais pas trop envie d’en arriver là, mais il semblerait que cette saloperie ne puisse pas être utilisée par un animal. Je vérifie une dernière fois qu’il n’y a pas de menace puis, rassurée de ne rien remarquer d’anormal, je prends ma forme humaine. Voilà qui sera plus pratique. Enlever le morceau qui empêche l’eau de couler est vraiment plus facile, sous cette forme. J’ai jamais bu dans un truc pareil, mais je suis pas débile. Je comprends vite que, si je veux pouvoir boire, il faut mettre l’ouverture vers le bas. Pour plus de facilité, je la lève au-dessus de moi et tire la langue. L’idée était pas conne en soi, j’avais juste pas prévu qu’autant d’eau coulerait d’un coup. Je me retrouve le visage couvert de flotte. L’eau sur ma peau me fait plus de bien que ce à quoi je m’attendais. Après quelques essais ratés, je finis par comprendre comment fonctionne cette peau à eau et parviens à boire. Apparemment, ça ne donne pas d'eau en continu, puisque plus rien n'en coule. Je lâche un grand soupir et me laisse tomber au sol, avant de m'y allonger.

“ Bordel, ça fait du bien! “

Entendre ma propre voix me fait toujours une drôle d'impression. J’ai pas l'habitude de parler, mais j'aime le fait de pouvoir le faire quand bon me semble. J'ai de quoi boire, il me faut à présent trouver de quoi manger. Peut être que j'aurais dû rester près de ce type pour voir s' il avait pas d'autres trucs à bouffer. Nan, mauvaise idée, il doit déjà être fou de rage. Je repartirais bien sans tarder, mais je sens que mon corps est trop faible. Je vais avoir besoin de me reposer avant toute chose. Je soulève la peau à eau au-dessus de moi et l'observe. Ca peut contenir de l'eau, donc logiquement je pourrai la remplir si je trouve de l'eau ailleurs. Mais ça risque d'être emmerdant à transporter, sous ma forme animale. J'essaierai, pour voir, et j'aviserai ensuite. Tout a l'air calme autour de moi et j'en oublie que le type m'a peut être suivie. Je pose mes bras dans l'herbe, serrant entre mes doigts ma réserve d'eau portable, et ferme les yeux.

“ Et maintenant ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? “


Dernière édition par Shea le Sam 23 Juil - 18:26, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeMar 19 Juil - 20:32

J’ai beau l’observer, elle a plus l’air sauvage qu’apprivoisée. Peut-être s’est-elle enfuie aussitôt “adoptée”... Visiblement, elle n’a plus peur de l’eau que je lui donne, c’est plutôt une bonne chose. Au moins elle ne se laissera pas mourir de soif. Elle retourne boire un peu d’eau et se dirige ensuite vers le morceau de viande que je lui ai laissé. Pendant un moment, j’ai l’impression de revenir au point de départ : elle renifle la viande d’un air méfiant, avant de jeter un rapide coup d'œil dans ma direction.

Je me pose en tailleur, mon coude posé dans le creux de mon genou et ma tête posée dans ma main. Je suis impatient de voir la suite. Va-t-elle tourner autour de la nourriture indéfiniment ou bien y goûter ? Et quelle sera sa réaction une fois qu’elle en aura mangé ? Après un petit moment d’attente, elle prend son bien et l'emmène un peu plus loin avant de le manger. Une fois à l’abri dans son coin, elle le dévore comme si elle n’avait jamais rien eu à manger. Une fois de plus, je me revois à sa place, auprès des chasseurs qui m’on sauvé. J’ai eu exactement la même réaction quand ils m’ont donné de la viande : me cacher pour la dévorer d’une traite.

Je sors de ma rêverie pour la voir me regarder d’un air étrange. Apparemment, ça lui a plu et elle en reveut. Avec un peu de chance, elle viendra d’elle-même vers moi pour en réclamer un peu plus. Elle reste immobile un moment à me fixer et je me demande, ironiquement, si elle ne serait pas en train de jauger de ma qualité de proie. Si c’est le cas, c’est peine perdue : je suis un chasseur, pas une proie.

Finalement, mon attente est récompensée, ma première idée a l’air d’être la bonne. Elle avance prudemment vers moi. J’évite de bouger pour ne pas l’effrayer à nouveau et attends qu’elle arrive jusqu’à moi. Je respire calmement, pour ne pas risquer de bouger inconsciemment, pris par la tension du moment. Elle se rapproche, mais en me contournant au fur et à mesure. Je suppose qu’elle craint encore d’arriver en face de moi et préfère arriver par le côté pour se protéger de tout risque d’attaque de ma part. Je ne peux que la comprendre et la laisse faire, relâchant tout mon corps pour me montrer le moins menaçant possible. Elle se couche au sol pour faire les derniers pas vers moi et me renifle une fois encore d’un air craintif. Je ne bouge pas et lui laisse le temps de s’habituer à ma présence. C’est peut-être ce tact qui a manqué à celui qui a voulu l’apprivoiser.

Je m’en rends compte un peu trop tard, mais cette petite saleté avait bien caché son jeu. À peine m’a-t-elle rejointe qu’elle attrape ma gourde dans sa gueule avant de s’enfuir avec. Je sens le cuir glisser entre mes doigts, mais je n’ai plus aucune prise dessus et, le temps que je referme ma main, elle a déjà déguerpi avec toute mon eau et elle a visiblement l’intention de s’enfuir avec, vu la vitesse à laquelle elle est partie. Je me relève pour partir à sa poursuite et crie dans sa direction.

" Eh, reviens ici, petite voleuse, c’est à moi! "

Je me ravise sur la suite des opérations. Au lieu de lui courir après et risquer de l’effrayer encore plus, je me relève calmement et ramasse mon sac avant de suivre la même route qu’elle. De toute façon, elle ne pourra pas aller bien loin et je pourrai sans mal suivre sa trace.

Je pars donc à sa suite sans courir. Je marche d’un bon pas, mais d’un pas léger, ce qui me permet de rester assez discret. Pour un animal mourant de faim, elle a encore de la réserve, la petite renarde… Elle a repris son itinéraire aléatoire pour me semer, ce qui me fait sourire vu la facilité à la suivre, surtout alourdie par ma gourde. Après quelques minutes, je vois les empreintes se resserrer. Elle fatigue, et elle fatigue vite, elle devait être sur ses dernières réserves, finalement.

Une fois de plus, je me sers de mes connaissances de chasseur pour m’approcher d’elle sans lui faire peur. Je me rends invisible et me place contre le vent pour m’asseoir quelques mètres devant elle. Je la vois se débattre avec ma gourde et tenter de l’ouvrir avec ses crocs. Je ne sais pas si j’ai envie de me moquer de cette situation ridicule ou si je dois avoir pitié d’elle. Je n’ai pas à me poser la question longtemps, puisqu’elle grandit soudainement pour prendre forme humanoïde.

Eh bien décidément, elle en cache, des surprises… Sous forme humanoïde, elle est assez petite et mince. Sa peau blanche semble indiquer qu'elle n'est pas de la région, ou qu'elle se cachait en journée. Par contre, ses yeux… On dirait deux océans miniatures, cachés entre ses paupières. Justement, en parlant d'océan, elle s'apprête à boire dans ma gourde, mais… Elle n'a jamais bu avant ? Elle ouvre la bouche sous la gourde et retourne celle-ci, ne manquant pas d'en renverser tout le contenu sur elle. Elle finit par réussir à boire normalement les quelques gouttes restantes. Si j'arrive à lui parler, il faudra que je lui explique deux-trois choses… Elle soupire avant de s’allonger, visiblement satisfaite de son méfait et de son gaspillage.

Ça lui fait peut-être du bien comme elle le dit, mais moi qui n’avais déjà plus de gibier à vendre, je suis maintenant en rade d’eau. Je la vois lever ma gourde au-dessus d’elle pour l’examiner, comme s’il y avait un moyen de la remplir par magie. Remarque, il existe sûrement une magie pour créer de l’eau, il y a de la magie en toute chose. Elle finit par s’étendre complètement en fermant les yeux. Le sommeil du juste, c’est ça ?

Cette phrase suivante me fait bondir intérieurement. Je viens probablement de lui sauver la vie, elle vole mon eau et elle ose se demander ce qu’elle doit faire ensuite ? Profitant du fait qu’elle a les yeux fermés, je lève le voile d’invisibilité qui me recouvrait et qui commençait à me peser. Puisqu’elle sait parler, autant entamer la conversation.

" Qu’est-ce que tu peux faire ? Tu pourrais commencer par me rendre ma gourde. "

Je reste très calme, tant dans mon attitude que dans mon intonation, ce qui n’est pas son cas, vu le sursaut qu’elle a au son de ma voix. Après son échappée, elle ne s’attendait sûrement pas à me revoir de sitôt. Seulement il y a deux choses qui me taraudent, la concernant : d’une part, je ne l’ai pas sauvée - je suppose - pour la laisser mourir de faim aussitôt après ; d’autre part, elle a volé ma gourde et je ne partirai pas sans l’avoir récupérée.

Aussitôt qu'elle entend ma voix, elle se relève d'un bond, prête à attaquer. Enfin c'est l'air qu'elle veut se donner, étant donné qu'elle semblait épuisée. Elle m'observe un moment, sur le qui-vive, puis elle se détend et se redresse lentement. Après un petit moment d'attente, elle m'envoie ma gourde en soupirant qu'elle aura au moins essayé.

" Tu sais que je t'en aurais redonné si tu m'en avais demandé. "

Son comportement est affligeant de simplicité : elle n'en sait rien et me demande si je compte l'attaquer. Elle a l’air de vivre dans un monde binaire : ou tu ne m’en veux pas et tu ne m'approches pas, ou tu t’approches et tu veux ma peau. Ceci dit, je ne peux pas le lui reprocher, j’aurais pu avoir le même comportement il y a quelques temps, avant de quitter ma mère. J’hésite à clore le sujet ou à lui faire la morale, pour lui expliquer que la vie ne se limite pas à ami et ennemi…

" Si j’avais voulu t’attaquer, je ne serais pas venu te donner à boire. Tu vois l’arc, sur mon sac ? J’aurais pu t’attaquer sans même que tu aies le temps de me voir. "

Avec un peu de chance, cette preuve de bonne foi la calmera un peu, bien que je doute qu’elle me fasse confiance pour autant. Vu la méfiance dont elle fait preuve, il faudra un bon moment pour qu’elle comprenne que je veux uniquement l’aider.

" À moi de te poser une question : qu’est-ce que tu fais ici, seule, sans eau ni nourriture ? "


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeMer 20 Juil - 13:13

Je n’ai le temps ni de m'interroger ni de me reposer qu’une voix me fait sursauter. Je me relève d’un bond et me mets en position d’attaque. Devant moi se tient le type qui m’a donné de l’eau et un bout de bouffe. Il répète ma question, avant de la compléter en me disant de lui rendre ce que je lui ai pris.

Mais comment il est arrivé là, bordel ? Mon cœur tape violemment dans ma poitrine. J’ai eu une de ces trouilles, j’aurais pu en crever, sérieux! Lui, il est tranquillement assis, il a même pas l’air énervé. Pourquoi il m’a pas attaqué directement, ce con ? Son attitude est vraiment incompréhensible. Moi, à sa place, j’aurais profité de l’effet de surprise. À moins qu’il ne sache pas du tout se battre ? En même temps, vu comme il est fin, ça devrait pas trop me surprendre. Il à l’air faible, mais je ne sais que trop bien qu’il ne faut pas se fier qu’à ses yeux pour deviner si un ennemi est fort ou pas. Bon, vu sa position, je pourrais peut-être me détendre un peu, il ne pourra pas se redresser en un instant. Lentement, j’abandonne ma posture agressive pour en adopter une plus détendue. J’analyse ce qu’il m’a dit quelques secondes plus tôt. J’ai pas très bien compris, il veut que je lui rende quoi ? Sa rourde ? C’est quoi, ça, une rourde ? Mes yeux font la navette entre lui et la poche à eau que je lui ai prise. Il m’aurait retrouvé juste pour récupérer ce machin ? Ouais, en fait ça devrait pas m’étonner. Je suppose que c’est pas le genre de truc qu’on trouve partout et, vu comme c’est pratique, moi aussi j’aurais réagi comme lui. À contrecœur, je lui lance sa poche à eau.

" J'aurai au moins essayé. "

Dommage, ça m’aurait été utile, mais si je pouvais éviter de me battre dans mon état,  ça m'arrangerait. Même s'il a pas l’air menaçant, je suis pas sûre de m’en sortir, surtout s'il peut me retrouver où que j’aille et apparaître devant moi comme ça lui plait. Je n’ai pas le temps de me questionner plus avant qu’il m’adresse à nouveau la parole, pour me dire qu'il m'aurait redonné à boire si je l'avais demandé.

Sérieux ? Comme ça, pour rien ? Impossible, ça cache quelque chose. À moins qu’il veuille se battre, mais hésite devant mon état pathétique. Non, ça, c'est encore plus débile, comme idée. Qui ne profiterait pas de la faiblesse de son ennemi ? Ou alors, il ne me voit pas comme telle. Je sais pas si je dois me sentir vexée ou soulagée, mais dans le fond ça m'arrange. Cependant, j’ai envie de lui poser la question. Les bipèdes ne disent pas toujours ce qu’ils pensent, parfois ils disent un truc et font le contraire, alors je pourrai pas me fier à ses paroles, mais tant qu’il parle il aura moins tendance à attaquer. Je prends un ton fier et provoquant, ça pourrait me permettre de me faire une vague idée de son état d'esprit. Le peu que j’ai parlé durant ma vie m’a appris que la façon dont on s’exprime peut influencer le comportement de ceux en face. J'ai très peu parlé, c’est vrai, mais ça m'est arrivé au cours de mes combats de provoquer verbalement un adversaire pour le pousser à commettre une erreur. Ça coûte rien d’essayer avec lui.

" Ben non, j’en sais rien. Et maintenant, tu vas m’attaquer ? "

Pour toute réponse, il me dit qu'il ne m’aurait pas donné à boire s' il avait voulu m'attaquer. Il précise même qu'avec son arc il aurait facilement pu m'avoir. Je dois reconnaître que sa réponse a une certaine logique. Un arc, je sais ce que c’est et, putain, qu’est ce que les mecs avec ça sont chiants à combattre... Alors oui, effectivement, avec ce genre d'arme, il aurait pu m'abattre. Mais bordel, pourquoi il l’a pas fait ? Il a peur de tuer ? Je me sens perdue face à son attitude des plus étranges. Déjà, le fait qu’il me parle est une première, mais en plus il a pas l’air disposé à m’attaquer. Peut-être qu’il n’a pas toute sa tête. Je plisse les yeux et lui dis d’un ton moqueur :

" Et donc, pourquoi tu l’a pas fait ? Tu sais pas te servir de ton arc ? "

Je le provoque peut-être un peu trop, mais je suis tellement persuadée qu’il va finir par m’attaquer que je vois pas pourquoi j’en profiterais pas pour m’amuser un peu. Peut-être même qu’il peut voir dans mon regard que je me fous de lui. Même moi, j’y crois pas, ça serait bizarre qu’un bipède se balade avec une arme qu’il ne sait pas utiliser. Son comportement est vraiment étrange. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’y comprends rien. Je dois avouer que ça m'intrigue, le bon sens voudrait que je fuie ou l’attaque, mais j’en ai pas envie. Je reste méfiante et, malgré mon attitude en apparence détendue, je surveille le moindre de ses faits et gestes. Il m’a peut-être surprise deux fois mais, tant que je le vois, je pourrai réagir. Le contre coup de la surprise étant passé, je sens à nouveau la fatigue me gagner. Bordel, c’est bien le moment. Si ça se trouve, il attend que ça, que je m’écroule de fatigue. Tandis que je lutte intérieurement pour ne pas l’imiter et m'assoir, voire m’endormir comme une conne, il me pose une nouvelle question : il veut savoir ce que je fais ici, sans rien avoir à boire ou à manger,

Les premières réponses qui me traversent l'esprit sont ironiques. “ Je voulais voir autre chose que ma cage. ” ; “ Je m’amuse, pourquoi ? ” ; “J’en avais marre de tuer des abrutis. D’ailleurs, si je pouvais éviter de te faire la peau aussi, ça m'arrangerait. " Ouais, non, je peux pas lui répondre ça, je sais pas trop ce que je peux lui dire, d’ailleurs. Il est hors de question que je lui parle de mon passé. Si je le faisais, je suis sûre que son attitude vis-à-vis de moi changerait. Je tarde à lui répondre, je me demande même si je ne devrais pas juste ignorer sa question. L’idée me tente mais, après une courte réflexion, je me dis que ça risquerait de me causer encore plus d'ennuis. J’ai l’impression que mon silence va me causer du tort,  alors je parle sans réfléchir.

" J’appartiens à personne. "

Mais quelle conne. Pourquoi j’ai pas fermé ma gueule? Je savais tellement pas quoi lui répondre que j’ai lâché ça comme ça. Putain, mais je les cherche, les emmerdes, moi. Je pousse un soupir las, je suis sûre qu’il va comprendre que je suis partie de ma cage… Je tente toutefois de me rattraper comme je peux en lui donnant une explication plus ou moins convaincante.

" Je suis paumée et j’ai oublié ma gamelle. "

Bah oui, tiens, j’aurais dû partir avec ma gamelle… Ce truc immonde, dans lequel j’avais tantôt de l’eau tantôt de la bouffe, parfois les deux en même temps. Ça, ça va pas me manquer. Et puis, qui la remplirait ? Avec la fatigue, je crois que je dis plus que je ne le voudrais, j'arrive pas à réfléchir normalement. Comprenant que je m’enfonce encore plus, je commence à paniquer. Mes forces me quittent de plus en plus et je finis par poser un genou à terre. J’en peux plus, je suis trop fatiguée. Bordel, que je déteste être dans cet état de faiblesse. Cette fois, je m’en sortirai pas, j’ai plus la force de fuir, même plus la force de me redresser. Après tout, vu que ma vie se terminera sûrement ici, je peux me permettre une dernière remarque.

" Tsss… Qu'est ce que çà peut te foutre, de toute manière ? Tue moi ou casse toi. "

Autant en finir, mais ma voix, que je voudrais assurée et agressive, est faible. Bordel, j'ai l'air maligne, tiens. Finalement, je n'aurai pas une fin plaisante, mais j'en ai marre de lutter, je crois que c'est la fin pour moi. Ma vie me revient en mémoire et je rajoute dans un murmure, avant de perdre connaissance :

" J’y retournerai pas. "


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeJeu 21 Juil - 19:10

À ma question, qui était pourtant claire, je pensais, elle répond complètement hors de propos, me disant qu’elle n’appartient à personne. La fatigue doit l’empêcher de réfléchir de façon tout à fait cohérente. À moins que… Je me rappelle avoir vu un collier autour de son cou et, à présent qu’elle est sous forme humanoïde, il est beaucoup plus visible sur sa peau nue. On ne dirait pas un collier fantaisie, qu’elle porterait pour sa donner un genre, mais bien un collier qu’un maître met à son animal de compagnie. De plus, sa dernière phrase, bien que cherchant clairement à la démentir, ne fait qu’étayer ma théorie. Elle soupire presque aussitôt, avant de donner une nouvelle réponse à ma question.

C’est officiel : ou elle est trop fatiguée pour répondre normalement à ma question, ou elle veut me cacher quelque chose et contourne volontairement le sujet. Elle s’est perdue, ça je n’en ai jamais douté. Toutefois, ce n’est pas la cause de sa présence ici, mais la conséquence et… Tiens, elle parle de gamelle… Un point de plus pour mon hypothèse. Ce n’est pas possible de mentir aussi mal, c’est forcément volontaire de sa part. Je pense qu’elle veut me faire comprendre qu’on a essayé de la kidnapper, mais qu’elle a trop honte pour le dire clairement.

Voilà que son délire paranoïaque la reprend. Elle s’agenouille pour me demander de la tuer… Elle n’a toujours pas compris que je n’en ai aucune intention ? Et puis, vu son état, il est hors de question que je la laisse seule en pleine forêt, à la merci de toutes les bestioles qui grouillent dans le coin. Ou plutôt devrais-je dire qui grouillaient d’habitude. Depuis son arrivée, c’est le calme plat. Ses crises de paranoïa ont fait fuir la plupart des animaux qui ont élu domicile dans cette partie de la forêt. Je peux les comprendre : à leur place, je ne voudrais pas prendre un coup parce que j’ai sorti la tête de mon terrier au mauvais moment. Un instant après sa dernière phrase, je la vois s’effondrer. Je jette mon sac en arrière pour essayer d’amortir sa chute, mais je n’ai pas le temps de la rattraper. Alors que j’arrive à côté d’elle, je l’entends dire une dernière phrase, ou un fragment de phrase : “... retournerai pas”.

Je ne saurai pas d’où elle vient avant qu’elle ne se soit réveillée, mais une chose est sûre : elle était retenue quelque part et elle s’est enfuie, sans même prendre le temps d’emporter des provisions. Pour partir aussi précipitamment, il faut avoir vécu quelque chose de particulièrement traumatisant. Je connais cette peur pour l’avoir expérimentée moi-même par le passé et je ne peux pas blâmer son comportement méfiant à mon égard. Malgré toutes ses précautions, il semblerait qu’elle soit arrivée au bout de ses limites. Elle ne réagit même plus quand je m’approche d’elle. J’en profite pour jeter un coup d’oeil à son collier : il est en cuir brut et quelque chose y a été écrit en creusant la surface. Je peux y voir quatre sigles : S, H, E et A. Si c’est bien un collier d’animal de compagnie, elle a son nom inscrit dessus. Si je savais lire, je saurais comment elle s’appelle.

J’abandonne mon enquête et reviens à des sujets plus terre-à-terre. Si elle est inconsciente, elle a besoin de se reposer et d’être mise à l’abri, au chaud. Je fais quelques pas en arrière pour ramasser mon sac, que je passe sur mes épaules, à l’envers, pour l’avoir devant moi. Je retourne ensuite auprès de la renarde. Je m'assois entre ses jambes, passe ses bras autour de mon cou et les tiens fermement pour me relever en la portant sur mon dos. Elle est plus légère que j’aurais cru. Depuis combien de temps elle n’avait pas mangé ?

Je parcours une centaine de mètres, non sans mal. Mon arc, pendant de mon sac devant moi, ne cesse de passer sur le trajet de mes jambes pour me faire tomber. Je parviens tout de même à garder l’équilibre en me faisant quelques sueurs froides. Dans son état, il ne s’agirait pas de tomber sur elle et la blesser. Au bout d’un moment - qui m’a semblé une éternité - je repère un grand arbre au tronc creux. Je pose mon chargement contre l’arbre et réunis de la mousse et des feuilles mortes pour former un tapis “ confortable ” dans le tronc. Une fois celui-ci prêt, je déplace la fugitive sur son lit de fortune. Je desserre mon plastron et le retire, avant de l’ouvrir comme une chemise et de le poser sur elle, comme une couverture.

Elle est à l’abri, je peux aller chercher de l’eau. Dans ma recherche d’un endroit sûr pour elle, j’ai fait attention de me rapprocher d’un cours d’eau si possible et j’ai entendu à mi-chemin le bruissement de l’eau. Je prends mon arc - il vaut mieux que je ne le lui laisse pas - et retourne donc sur mes pas. Mon ouïe ne m’avait pas menti et je trouve un petit ruisseau qui serpente paresseusement entre les arbres. Il n’est pas bien profond, mais je parviens à y plonger ma gourde. Quand elle sera réveillée, elle aura sûrement besoin d’eau. J’en profite pour me rafraîchir le visage, après cette séance de sport improvisée.

Je me dépêche de retourner à l’abri de fortune que j’ai trouvé, espérant qu’elle ne se soit pas déjà réveillée et enfuie. Par chance, quand j’arrive, elle est encore là. C’est surprenant de la voir sans ce masque d’agressivité sur son visage. Je dirais même qu’il est agréable à regarder. Aussitôt qu’une partie de moi s’imagine reprendre la route avec elle, je vois à sa place une masse de chair déchiquetée. Ce souvenir de mon père revient toujours me hanter.

Je m'assois contre le tronc de l'arbre et attrape mon sac. J'y prends le sachet de tabac qui ne me quitte jamais et en prends un peu dans ma bouche. L'effet n'est peut-être que temporaire, mais ça me permet au moins de me calmer un peu. Ces visions que j'ai me perturbent au plus haut point et ne cesse de me rappeler la dure vérité : je suis dangereux pour ceux qui m'entourent. Quand elle sera rétablie, il faudra que je la quitte avant de la mettre en danger elle aussi.

Je reste à ses côtés une bonne heure à ressasser des vieux souvenirs peu agréables et à surveiller ma protégée. À partir d'un moment, elle commence à se retourner dans sa couchette de fortune. Je l'entends marmonner des menaces, sûrement des souvenirs désagréables qui lui reviennent aussi dans son sommeil. Elle se calme ensuite en se roulant dans ma tenue que je lui ai laissée et reste immobile et silencieuse pendant un moment. Je la vois ouvrir légèrement les yeux et regarder dans ma direction.

“ Alors, ça va mieux ? “

Elle me fixe en silence avant de regarder mon plastron, que j'ai posé sur elle. Elle a l'air encore surprise que je la protège. Pourtant, elle devrait comprendre, maintenant, que je veux l'aider, au moins le temps qu'elle soit remise. Ceci dit, je suis moi-même surpris qu'elle n'ait pas déjà rejeté mon plastron en se plaignant qu'elle n'a pas besoin de mon aide.

J'aurais dû m'en douter, elle me répond qu'elle n'en sait rien. Elle ne me dirait pas comment elle se sent, si elle passe son temps à refuser l'aide que je lui propose. Je suppose tout de même qu'elle va mieux. Elle a l'air moins fébrile et en permanence sur le qui-vive que tout à l'heure. Pour preuve, elle ne s'est pas encore relevée. C'est qu'elle se sent bien là. Elle me retourne ma question de tout à l'heure et me demande ce que je fais ici.

" Pour l'instant, je crois que je te sauvé la vie. Sinon, j'étais venu ici pour chasser. "

J'aurais bien fait un peu de stock de gros gibier pour revendre, mais ça va être compliqué aujourd'hui. Entre le temps perdu pour l'aider et l'agitation qui a fait fuir toutes les bêtes du coin, je crois qu'il faudra attendre au moins demain.
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Shea
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeVen 22 Juil - 17:38

J'ai froid. Autour de moi, rien ne bouge. Je ne vois rien, seulement du noir. Une légère odeur de plantes en bois flotte dans l'air. Ma truffe percute quelque chose de dur et humide. Lentement, j'essaie de me redresser, sans y parvenir. Mon corps me fait mal. Je sens des mains me saisir sans pouvoir bouger, mon corps est paralysé. J'ai l'impression d'être désarticulée. Pourquoi ? Une nouvelle senteur s'infiltre dans mon nez, sans que je parvienne à la reconnaître. Une odeur canine je crois… On me transporte et cette sensation me donne la nausée. Je grogne, ou du moins j'essaie, puisque je n'entends aucun son sortir de ma gorge. Au bout d'un moment, je sens qu'on me repose contre quelque chose de dur, avant de me déplacer à nouveau. Mais c'est bientôt fini, bordel ? Je suis pas un sac! Je sens que mon esprit s'engourdit encore plus, mais je ne peux que subir.

Finalement, la noirceur s'éclaire peu à peu pour me ramener dans ma cage. J’ai rêvé ? J’ai quand même un doute, ça avait l'air tellement réel ! Je vois apparaître devant moi un loup gris ensanglanté. Je lui grogne dessus, tandis qu'il me fixe avant de disparaître, laissant place à un rat. Des animaux défilent ainsi devant mes yeux, tantôt debout, tantôt à l'agonie, pourtant je n'ai pas peu. Je les reconnais tous, c'est tous les adversaires que j'ai eus à affronter durant ma vie, tous ceux que j'ai vaincus. J'essaie de leur parler, mais ils ne répondent pas. Finalement, ma maîtresse apparaît, en sang. Son regard glacial devrait me terroriser, pourtant je ressens une certaine fierté. Une voix dans mon esprit me dit que je l'ai tuée, qu'à présent je suis libre. Elle, elle est là, face à moi, avec tous les reproches du monde dans les yeux. Ça me donne envie de sourire. Moi, un petit renard qui ne connaît rien de la vie, j'ai survécu. J'ai tué celle que je craignais le plus et haïssais tant. Lentement, la vision commence à disparaître sous mes yeux, jusqu'à ne laisser que les siens. Le noir m’englobe à nouveau, engourdissant mon esprit. Je me laisse aller, accueillant ce nouvel état avec joie.


Peu à peu, je reviens à moi. Je sens sous mon corps quelque chose de doux et me fais la réflexion que jamais le sol n'avait été aussi confortable. Je perçois également sur moi un truc plus rêche, mais chaud, c'est plutôt agréable comme sensation. Difficilement, j'essaie de bouger pour trouver une position qui me permette de sentir encore mieux la chaleur. Je me roule en boule autant que mon corps humanoïde me le permet et profite de ces sensations nouvelles. J'ai pas envie de bouger, c'est la première fois que je me sens aussi bien. J'ai bien le droit d'en profiter un peu, non ?

Je perçois des bruits autour de moi et focalise mon attention dessus, ce qui finit par me sortir définitivement de mon sommeil, tandis que je me demande ce qui s'est passé. Où est-ce que je suis ? Et avec qui ?

Si c'est quelque chose d’agressif, je ferais mieux de réagir. J'ouvre lentement mes yeux, me forçant à garder mon calme. Mon regard rencontre un visage qui ne m'est pas inconnu. Il me faut cependant quelques instants pour me rappeler les derniers événements. Je suis partie de chez ma maîtresse, non sans m'en être débarrassée avant. La fierté que j'ai ressentie dans mon rêve se manifeste à nouveau. Depuis le temps que j'en rêvais, de lui faire la peau! Après ça, j'ai fui comme une lâche et j'ai fini par me perdre, épuisée en pleine nature, au milieu des plantes en bois géantes. J'ai rencontré ce bipède bizarre qui, au lieu de m'attaquer, m'a… Aidée ? Il m'a donné à boire et à manger. Je comprends pas pourquoi, ça n'a toujours aucune logique mais, puisqu'il n'est pas agressif, je dois pouvoir rester allongée sans crainte, non ? Je vais le garder à l'œil, quand même, son attitude est trop étrange pour que je ne m'en méfie pas.

Je sens bien que ce repos forcé m'a fait regagner des forces, mais je n'ai pas envie de les gaspiller alors, tant qu'il ne devient pas menaçant, je vais me contenter de le surveiller. Je suis sûre que je pourrais le vaincre, si jamais il change de comportement. C'est un archer, il aura pas le temps de me viser que je planterai mes crocs dans sa chair. Il finit par briser le silence pour me demander comment je vais.

Euh… Qu’est-ce que ça peut lui foutre ? C’est quoi, cette question ? Si je n'avais jamais croisé de bipèdes, j'aurais pu croire que mon état pouvait avoir une quelconque importance pour lui. Ridicule, comme si les bipèdes étaient capables de ça ! En fait, j’en sais rien… Peut-être qu’au fond c’est moi qui ai tort ? Serait-il possible que d’autres êtres vivants puissent s’inquiéter pour quelqu’un d'autre ?

Je sais pas trop quoi lui répondre, c’est la première fois qu’on me pose la question et, même moi, j’en sais rien. Je lâche ma cible des yeux et pose mon regard sur le truc posé sur moi. Je sais pas trop ce que c’est que cette chose - à part de la peau - mais j’aime beaucoup le fait que ça produise de la chaleur. Je fixe à nouveau le yorka, surprise qu’il ait mis ça sur moi. C’est quoi, son comportement, franchement ? Ça n' a aucun sens. Non, décidément, j’ai beau retourner le problème dans ma tête, j’arrive pas à comprendre son attitude. Je consens finalement à lui répondre dans un souffle.

“ J’en sais rien. ”

Je me sens reposée, c’est sûr, mais en même temps j’ai encore faim et soif, je suis perdue, physiquement et, par sa faute, mentalement aussi. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire à présent. Je peux pas rester indéfiniment ici. Et lui, qu’est ce qu’il fait ici ? Pas que ça me regarde, mais je suis quand même curieuse et peut-être que sa réponse me donnera une idée de ce que moi je pourrais faire. Sait-on jamais.

“ Et toi ? Tu faisais quoi ici ? ”

Sa réponse ouvre encore plus le gouffre d'incompréhension en moi. Il me dit qu'il me sauve la vie. Je lui ai rien demandé… Pourquoi ? Pourquoi il m’a sauvé ? Apparemment, au départ il était venu pour chasser. Si encore il avait voulu me chasser, moi, et m'avait attaquée, je me poserais pas de question. Mais si c’était le cas, si il était sur mes traces, alors pourquoi ne m’a-t-il pas attaquée ? Peut-être que je devrais le lui demander.

“ Donc je suis ta proie ? “

Je laisse passer quelques secondes pour qu’il puisse me répondre, avant d'enchaîner. Peu importe sa réponse, au fond. On en est où on en est, j’aimerais juste comprendre pourquoi il ne m’a pas attaquée.

“ Dis-moi… ”

J’hésite quelques instants avant de braquer mes yeux sur lui pour poursuivre :

“ Pourquoi tu m'as sauvée ? Ça n'a aucun sens. Tu aurais dû me laisser ou m’achever comme n’importe quelle créature l’aurait fait. ”

Finalement, je lâche son regard pour m’enfoncer un peu plus sous cette peau, laissant uniquement dépasser mes yeux pour surveiller ses mains. Je dois avouer que j’ai honte de poser une question pareille. Je dois passer pour une créature faible et débile. Bordel, que cette situation me met mal à l’aise, mais pour l’instant, plus que tout, j’ai besoin de savoir. Je suis pas débile au point de ne pas saisir la chance qui m'a été donnée de tomber sur lui plutôt qu’un autre. Il est sûrement le seul bipède contre nature, mais tant mieux. Seule, je survivrai pas longtemps. J’en ai eu la preuve, alors peut-être que lui et moi on peut trouver un arrangement. Ma maîtresse me disait souvent que, si je faisais tel ou tel truc, j’aurais droit à de la viande. Elle s’y était tenue pendant un temps, alors je suppose que, lui aussi, si on trouve le moyen de s'entraider, il s’y tiendra. Au moins pendant quelque temps, mais suffisamment je suppose pour que je puisse me débrouiller seule. J’apprendrai vite. Je remonte mes yeux sur lui pour le jauger. Je sais ce que moi je veux, mais lui… Qu’est-ce que je pourrais lui apporter ? Il est tout maigrichon, il doit pas avoir de force. En plus, c’est un archer. S'il se faisait attaquer, il pourrait pas se défendre au corps à corps… Enfin je suppose. Ça reste un canidé, il doit avoir un peu d’instinct, non ? Je prends le temps de réfléchir, je suis suffisamment passé pour une conne aujourd’hui. J’ai pas envie de recommencer…

Je prends un moment pour me perdre dans la contemplation du paysage. Les machins verts au bout de la plante en bois s'agitent doucement, je peux voir quelques rayons du soleil passer à travers. Je trouve ça magnifique. Je me redresse pour regarder autour de moi. Le sol est vert ou marron. L'endroit sur lequel je suis est plein de cette chose verte toute douce et des machins tombés des plantes en bois. Au moins, maintenant, je sais comment je pourrai faire pour bien dormir.

Je reviens finalement sur le problème présent, à savoir s'entraider. Il se peut aussi qu’il refuse simplement. En ce cas là, j’aurais l’air con… Comment faire pour l’obliger à accepter ma proposition ? Peut-être que je devrais commencer par autre chose. Non, je suis pas quelqu'un comme ma maîtresse, qui parle pour ne rien dire. Je préfère être directe. Finalement, après une hésitation, je plonge mes yeux dans les siens et me lance.

" Tu m'as aidée, alors je te suis… "

Je cherche mes mots… Comment on dit, déjà ? Je suis sûre que ma maîtresse me le rabâchait sans cesse.

" Redevable ? Fin, je dois faire quelque chose pour toi en retour. "

Je suis tentée de poursuivre pour lui demander de m’apprendre à me débrouiller par moi-même. Je pourrais même le protéger, en échange. Après ce que j’ai vécu, je suis sûre de pouvoir gagner contre à peu près n’importe quoi, mais je n’aime dévoiler ni mes faiblesses ni mes aptitudes, l’effet de surprise est essentiel. Cependant, quelque chose au fond de moi me dit que, pour l’instant, je vais devoir ranger ma fierté de côté, sinon je me retrouverai dans le même état que plus tôt .


Dernière édition par Shea le Sam 23 Juil - 20:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeVen 22 Juil - 23:22

Logique… Vu nos conversations précédentes, j’aurais dû m’en douter. J’étais parti chasser, je l’ai suivie, donc fatalement elle doit être ma proie. Le petit détail à ne pas oublier de prendre en compte, c’est que le chasseur ne chasse pas forcément toutes les créatures qu’il croise. C’est d’autant plus vrai quand la créature en question est de sa propre espèce. S’il y avait la moindre chance que je chasse un renard - ce qui est peu probable, connaissant la taille et le mode de vie de l’animal - il est absolument hors de question que je le chasse s’il s’agit en fait d’un yorka.

“ Non, tu n'es pas ma proie, je viens de te le dire. Je suis en train de t’aider. “

J’ai à peine fini de répondre qu’elle a déjà entamé une nouvelle question et non des moindres : pourquoi je l’ai aidée au lieu de l’achever ou la laisser pour morte. Elle a soudainement l’air timide et se cache derrière le vêtement que je lui ai laissé. La réponse à apporter à sa question est à la fois simple et complexe. Dois-je lui parler de mon passé ? Je pense que c’est trop tôt, je la connais à peine. Je peux peut-être en dire un minimum pour qu’elle comprenne, sans entrer dans les détails. Je pense que plus j’en dirais, plus je risquerais de la faire fuir et je ne peux pas me le permettre pour le moment, tant que je ne suis pas sûr qu’elle pourra s’en sortir seule. Finalement, je me lance.

“ Il y a un an ou deux, j’étais comme toi : perdu et affamé. Quand je t’ai vue, c’est moi que j’ai vu. J’aurais apprécié qu’on me vienne en aide quand j’avais faim, mais il a fallu que j’aille la chercher, l’aide. “

En lui en parlant, je revois les scènes se jouer devant mes yeux. Je vois ma mère me regarder partir, sachant que rien de ce qu’elle dira ne me fera changer d’avis. Je me vois chercher sans succès du gibier et dépérir progressivement jusqu’à la limite de l’abandon. Je me vois trouver miraculeusement des chasseurs au détour d’un chemin et leur mendier de la nourriture. Enfin, je me vois apprendre à chasser pour vivre et reprendre ma vie en main.

Elle sort sa tête de derrière mon plastron à hauteur des yeux et me dévisage, comme si elle pouvait voir sur mon visage mes souvenirs défiler. Elle doit essayer de m’imaginer dans sa situation, en ce moment. Je crois que j’ai réussi à bien choisir mes mots et ne pas trop en dire. Elle cesse de se cacher et se redresse. C’est merveilleux : je ne pensais pas qu’elle quitterait la position couchée aussi vite. Elle me regarde soudain d’un air sérieux. Elle a finalement l’air d’accepter mon aide et considère même m’être redevable. Sachant la façon dont elle a refusé en bloc mon aide jusque là, je suis particulièrement surpris de ce revirement soudain. Qu’est-ce qui a bien pu lui faire changer d’avis ? Quoi qu’il en soit, il sera plus simple à présent de l’aider à se remettre.

“ Si tu tiens à me rendre la pareille, on pourra voir ça plus tard. En attendant, repose toi. “

La situation s’étant calmée, mes principes élémentaires de politesse me reviennent soudain. Il est vrai que j’avais vu sur son collier, quand elle s’est évanouie, qu’un nom avait l’air d’y être gravé.

“ Au fait, je m’appelle Nao’h. Et toi ? Comment tu t’appelles ? “

Elle laisse un silence et incline sa tête sur le côté. Visiblement, elle ne comprend pas ma question. Et je ne comprends pas son incompréhension. C’est une yorka, pourtant, pas une bête sauvage. Cependant, elle a l’air de ne rien connaître à la vie. Je reformule ma question, espérant qu’elle me comprendra, cette fois.

“ Mon nom, c’est Nao’h, c’est comme ça qu’on m’appelle. Et toi, quand on veut te parler, comment on t’appelle ? “

Sa réponse à cette nouvelle question est une fois de plus un choc. Visiblement, on ne l’a jamais appelée par son nom, mais uniquement en lui donnant des ordres. A priori, je pense que c’est une orpheline et son tuteur, si on peut l’appeler comme ça, ne devait pas être un tendre, pour refuser à une enfant de l’appeler par son nom. C’est d’autant plus ignoble quand on voit le collier à son cou.

“ Ce qui est écrit sur ton collier, ça doit être ton nom. “

Elle ne savait pas que quelque chose était écrit dessus. Donc si c’est bien son nom, elle ne doit pas le connaître. Je ne pense pas qu’elle sache lire, vu l’éducation qu’elle a.

“ Dans ce cas, je t’appellerai Neige. “

Devant son air interrogateur, je lui explique que la neige est la couche blanche qu’on peut voir au sommet des montagnes, comme autour d’Elusia, par exemple. J’en ai déjà vu, de loin, en regardant les cimes, mais je n’ai jamais pu en voir de près. À ce qu’on m’en a dit, et je le lui répète, c’est blanc son pelage, froid comme de l’eau glacée, mais sec. Et quand on marche dedans, ça craque et ça s’écrase, comme un tas de feuilles mortes. Je sens que je vais souvent devoir faire des parenthèses “ définition “, quand je lui parlerai.

Je repense à tout à l’heure, quand je lui ai donné un morceau de viande à manger. Je n’en ai pas eu l’occasion, mais je pensais lui en donner un peu plus. Je prends mon sac sur mes genoux et fouille à l’intérieur pour y trouver une ration de viande séchée. Alors que je la sors, je vois Neige froncer le nez et je comprends qu’elle n’en a pas apprécié le goût la dernière fois. Je lui propose donc des biscuits, pour qu’elle puisse se remplir un peu l’estomac.

Comme sous sa forme animale, elle se rapproche et les renifle, avant de les prendre. Par précaution, je suppose, elle me demande ce que c’est et je lui précise que ce sont des biscuits de voyage. C’est petit et sec, mais ça tient bien au ventre.Elle en goûte un et, sans paraître spécialement dégoûtée, elle laisse transparaître une certaine déception quant au goût du biscuit. Elle m’explique qu’elle préfère quand même la vraie viande, j’y comprends de la viande fraîche. Justement, je devais en refaire un stock, normalement, si une petite écervelée ne s’était pas précipitée au hasard en plein milieu de la forêt. Vu le temps qui nous reste avant la nuit, on devrait pouvoir débusquer un ou deux lapins avant d’être gênés par l’obscurité.

“ Si tu veux de la viande fraîche, on peut aller en chercher. “

D’un bond, elle se relève, visiblement prête à se jeter sur le premier lapin qui se présenterait. Je crois que la première chose à faire sera de modérer ses humeurs, ou les proies auront détalé avant même qu’on ait eu le temps de les voir. J’émets une condition à une séance de chasse avec elle : elle devra suivre à la lettre la moindre consigne que je lui donnerai, ou ça ne servira à rien.
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeSam 23 Juil - 20:03

Lui aussi a failli mourir de faim, à la différence qu'il a cherché des êtres qui pouvaient lui venir en aide. Je ne sais pas s’il est plus courageux que moi ou stupide. Après tout, tous les êtres vivants que j'ai croisés jusqu'à maintenant étaient hostiles à mon égard. Certes, ma maîtresse ou les geôliers me donnaient de quoi survivre, mais à quel prix ? Je n'ai connu que l'arène et ma cage. Ma vie à était une succession de combats, tous plus éprouvants les uns que les autres. Alors oui, j'y ai pris goût, mais je ne crois pas qu'il ait eu la même vie que moi, sinon il n'aurait pas été de lui même vers d'autres gens, sauf s' il est complètement fou… L'espace d'un instant, j'hésite à le questionner sur son passé, mais je chasse cette idée de ma tête. Si je fais ça, il risque de me demander mon histoire ; j’ai pas envie que qui que ce soit apprenne d'où je viens. Faudrait que je sois dingue pour en parler, ça m'apporterait que des problèmes. Ceci dit, je comprends un peu mieux sa réaction, je lui fais pitié… Je sais pas si je dois me sentir vexée par cette constatation ou simplement chanceuse. Au final, ça n'enlève rien au fait que je lui suis redevable. En tous les cas, il a l'air d’accord sur ce point. Tant mieux, tant qu’il ne sait pas quoi me demander en retour, j’ai une chance d’apprendre de lui sans qu’il le sache. Au pire, je pourrai toujours me faire passer pour faible, tant que je ne suis pas apte à me débrouiller par moi-même.

Le yorka interrompt le fil de mes pensées pour me poser une question des plus étranges. Je penche ma tête sur le côté et le regarde, l’air complètement perdue. Mais qu’est ce qu’il raconte ? Le voile d'incompréhension se lève quand il m’explique qu’il s’appelle Nao’h, c’est ainsi qu’il sait qu’on s’adresse à lui. Il me demande donc comment les gens faisaient pour attirer mon attention. Je réfléchis quelques secondes, pour essayer de me souvenir de la façon dont ma maîtresse s'adressait à moi. Bonne question, je crois pas qu’elle m'ait jamais donné de “nom” comme il dit. En général, quand elle arrivait, je la regardais déjà et me contentais de faire ce qu’elle me disait. Peut-être qu’il suffit que je lui répète ce qu’elle me disait le plus en ouvrant ma cage, y’a peut-être mon “nom” dedans…

“ Viens ici ? Dégage ? Au pied ? ”

Mouais, je préfère laisser tomber. Il répond qu'à son avis mon nom doit être écrit sur mon collier. Je baisse les yeux dessus mais, forcément, je ne peux pas le voir. Timidement, j’avance mes doigts pour venir toucher le cuir. Un frisson me parcourt, tandis que je sens le cuir rugueux sous mes doigts. Soudain, je me fige… Mon regard se fait vague, tandis qu’un souvenir surgit dans mon esprit. “ Tant que tu auras ce collier, tu ne décideras pas de ta forme. ” C’est vrai, ça, il est pas censé m'empêcher de me transformer ? Alors pourquoi ? Mes doigts s'agrippent comme pour essayer de tirer dessus. " Essaie de l’enlever. ” Je sens une douleur fulgurante me traverser, pourtant je n’ai pas mal. Qu’est ce qu’il vient de se passer ? Apeurée, j'enlève mes mains et secoue la tête. Pourquoi ? Pourquoi je n’ai pas eu mal après m’être enfuie ? Ce truc n'aurait pas dû m'empêcher de prendre forme humaine ? Là, tout de suite, j’ai envie d’essayer, de vérifier, mais une douleur fantôme m’en empêche. Non, je ferais mieux de pas y toucher. Oui mais, si ça se trouve, le collier ne marche plus aussi bien qu’avant. Ou alors c’est parce que je suis trop loin. Ou parce que ma maîtresse est morte. Dois-je essayer de l’enlever ? Non, si ça se trouve, je vais me prendre une décharge… Je crois que je suis coincée sous cette forme, maintenant… À moins que…

Inconscient de mon trouble, Nao'h reprend la parole et je me concentre là-dessus. Le collier, je verrai ça plus tard. Quoi, il veut me donner un nom ? “ Nége ” C’est quoi ça ? Une insulte ? Ça veut dire quoi ? Je plisse les yeux. Je finis par comprendre pourquoi il a choisi ça. Fascinant, j’aimerai en voir de mes propres yeux, sentir sous mes pattes ce sol bizarre. Je lui demande ce que sont des feuilles et il m’explique. Ah, je vois, c’est le machin avec lequel je jouais. Les feuilles, c’est les trucs qui tombent des plantes en bois. Je lève mon regard vers le ciel pour observer les feuilles vertes, elles ondulent légèrement sous le vent. L’une d'elles se décroche et s’envole gracieusement. Je la suis des yeux jusqu'à ce qu’elle rejoigne le sol. Fascinant : en fait, les plantes en bois peuvent perdre leur poils - enfin leurs feuilles - pour avoir moins chaud, je suppose. Donc il a rassemblé des feuilles pour me faire un endroit confortable où dormir. En fait, il est pas si stupide que ça ; j’y aurais jamais pensé, moi. J’aimerais en savoir plus, mais mon oreille capte un bruit que je ne connais pas. Je me retourne donc vers sa source pour voir ce que c’est. Le yorka est en train de fouiller dans sa peau géante. Méfiante, je fronce le nez. Il a finalement décidé de m’attaquer ? J’avais presque oublié cette possibilité vu que, jusqu'à présent, il n’était pas hostile envers moi.

Il fait apparaître un bout de viande bizarre, comme celui qu’il m'a donné plus tôt. La viande qui donne soif. Il fait quoi, là ? Il veut me la donner ou juste me narguer ? Avant que je ne puisse réagir, il me tend un machin rond que j’ai jamais vu. Curieuse, je m'approche à quatre pattes pour venir le renifler. C’est pas parce que j’ai une apparence de bipède que mon flair est diminué par rapport à d’habitude. En fait, ma forme n’a aucun impact sur ce genre de chose. L’odeur est bizarre, je saurais même pas la décrire. Je le saisis entre mes doigts et me rassois pour l’observer. Vraiment étrange.

“ C’est quoi ce truc? ”

Un “ bicuit “ hein ? C’est quoi encore, ce nom ? Apparemment, ça se bouffe, ce truc. Je le goûte du bout des lèvres, pas sûre d’apprécier d’avoir encore la langue qui brûle et la soif qui me prend par surprise. Tiens, surprenant, ça. Même si c’est bizarre à mâcher, faut vraiment planter ses crocs dedans pour y casser, ça a pas de goût, enfin si mais… C’est pas terrible. On va dire que ça se mange. Je devrais déjà être contente d’avoir un truc à me mettre sous la dent. Je ne peux m'empêcher cependant de partager mon avis.

“ C’est déjà meilleur que ta fausse viande, au moins ça pique pas. Mais ca vaudra jamais de la vraie viande. ”

Bah quoi ? Faut être réaliste : son truc, ça vaut à peine plus que la tambouille qu’on me filait à bouffer. Remarque, je devrais peut être pas me plaindre, ça vaut toujours mieux que rien. J’aurais peut-être dû me taire… Quoique… Il me propose de la viande fraîche. À peine à t-il fini sa phrase que je saute sur mes pattes - enfin mes pieds, c’est bien la même chose, au final - De la viande ! De la vraie viande ! Sérieux ? Il sait où en trouver ? Où ? Où ? Je sens l'excitation me gagner, la même que je ressens avant chaque combat. Alors, on y va ? Allez, dépêêêêêche. Apparemment, il est pas aussi impatient que moi, voir même agacé. Son regard semble me reprocher mon attitude. Quoi, bordel ? T'aime pas la vraie viande ? Il m'explique que, si je veux manger, il va falloir procéder à sa manière. Il croit quoi ? Si je savais comment obtenir de la viande, j'aurais pas eu envie de rester avec lui. Je retiens ma remarque. Après tout, il va m'apprendre ce que je voulais lui demander. Tant qu'il essaie pas de me prendre pour une conne, je vois pas pourquoi je suivrais pas ses indications.  C'est pas comme si j'avais rien à y gagner.

" Ouais, ouais.. "

Ça va, je suis pas stupide, non plus. En plus, je suis curieuse. Comment il va s'y prendre ? Y’a une gamelle cachée dans la forêt ? On se met en route et je marche dans ses traces, essayant du mieux que je peux de reproduire son attitude. Je comprends pas la moitié de ce qu'il fait, mais j'ai hâte de voir le résultat. Il m'explique quoi faire et pourquoi. C'est fascinant. Je m'applique du mieux que je peux, réellement désireuse d'apprendre. Je chasse! Enfin, je suis un chasseur en pleine action. J'observe attentivement tout ce qu'il me montre ou fait et tente de mémoriser. Je crois pas pouvoir apprendre en une fois mais, s'il consent à me montrer plusieurs fois, je suis sûre que je parviendrai à reproduire tout ça plus tard. De temps à autre, je pose des questions, pour être sûre de bien comprendre. À chaque fois, il y répond et je me demande s'il ne serait pas le seul être vivant vraiment désireux d'aider les autres. Je l'ai déjà dit mais, si c'est le cas, j'ai vraiment de la chance d'être tombée sur lui. C'est vraiment un bon clébard, comme dirait ma maîtresse.

On finit par débusquer un truc plus petit que moi sous ma forme animale, avec une queue ridiculement petite - ça doit pas lui permettre de tourner vite - et des oreilles si grandes que je me demande comment il fait pour les tenir aussi haut et s' il risque pas de se prendre les pattes dedans. Apparemment, on est assez loin pour ne pas se faire repérer, mais il faut être très vigilants. Je fixe la bestiole et sens mon instinct me pousser à attaquer. J'ai du mal à me retenir, je peux sentir l'odeur de viande. J'ouvre la bouche et dévoile mes crocs. Qu'est ce qu'il attend ? Il m'a fait signe de pas bouger, alors je m'oblige à écouter. Pas que j'ai envie de recevoir encore des ordres, mais j'ai bien conscience que, si je ne suis pas ses indications, je vais rater l'occasion de bouffer de la vraie viande. Je tremble presque, tellement je suis impatiente. Je ne peux détourner mon regard de ma proie. Bientôt, j'espère, on va attaquer. Lui a pas l'air pressé. Comment il fait, bordel ? Moi, j'en peux plus, je suis à la limite de partir. S'il se décide pas vite, tant pis pour lui, je tenterai ma chance.
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeDim 24 Juil - 18:00

À défaut de faire du stock de gibier pour le revendre, on pourra au moins avoir de la viande fraîche pour ce soir et éviter de trop tirer sur mes rations. Je l’espère, du moins : si on considère le résultat de son escapade seule en forêt, la suite pourrait tout aussi bien être décevante. Toutefois, elle a l’air d’accepter de faire les choses selon mes règles. Je reprends mon plastron, l’enfile et en serre les fixations.

Je pars donc en tête, avec mon “ apprentie ” directement sur mes talons. C’est amusant, je m’attendais à ce qu’elle soit distraite, après la façon dont elle a accepté mes conditions, mais elle est au contraire très appliquée. Elle me singe à présent comme un enfant à qui j’aurais demandé de faire comme moi.

Je lui explique les bases de la discrétion pour chasser. La première chose est de ne pas se faire voir de ses proies. Il s’agit donc de se déplacer hors de vue, d’obstacle en obstacle, en profitant des ombres. Ceci est d’autant plus vrai pour Neige, avec sa peau pâle et son pelage blanc, sous forme animale, qui la feraient repérer au premier coup d’oeil si elle ne se cache pas bien. Je vais peut-être d’ailleurs me servir de cette faiblesse pour la suite…

L’étape suivante, c’est de faire le moins de bruit possible. Un soupir trop bruyant, une branche qui craque pendant la phase d’approche et tout est à recommencer. J’ai pu observer au moment de notre rencontre la spécialité de Neige pour faire du bruit et effrayer tous les animaux alentour. Il lui faut donc, à l’inverse de ses courses effrénées, marcher d’un pas léger, pour atténuer au maximum le bruit de ses pas et réduire au passage la profondeur de ses empreintes. Ça pourrait aussi lui servir si elle est suivie et veut camoufler ses traces, comme ça aurait pu lui servir quand je l’ai trouvée.

Enfin, le dernier point, et non des moindres, l’odeur. Ca n’aurait aucun intérêt d’avoir effacé sa présence visuelle et sonore, si c’était pour se faire repérer par sa proie parce qu’elle nous aurait senti… Il faut donc faire attention à l’odeur qu’on laisse. C’est très facile pour moi, avec mes capacités, d’être conscient de mon odeur, mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. Pour faire simple, à la chasse, il faut toujours s’approcher de sa proie en ayant le vent de face, sans quoi le vent lui permettrait de sentir la présence du chasseur avant qu’il ait le temps de s’en approcher suffisamment.

À chacune de ces étapes de mon explication, naturellement, il y a certains points que Neige ne comprend pas. Pourtant, de façon surprenante, elle n’hésite pas à me poser des questions, s’intéressant vraiment au sujet. Ses questions sont tantôt liées à des problèmes de vocabulaire, qu’elle a l’air d’avoir assez pauvre, tantôt relatives à des points de détails, que je me fais un plaisir d’éclaircir pour une “ élève “ aussi assidue. Je suis fasciné par l’intérêt qu’elle éprouve pour le sujet autant que j’ai pu être attristé par son attitude envers des inconnus.

Suite à mes explications, son attitude est au plus proche de celle d’un vrai chasseur. Elle a tout, ou presque, assimilé et semble être un reflet de moi : prudente et discrète, quand elle n’est pas prise d’un sursaut d’impulsivité. Nous trouvons des traces de pattes au sol et je lui fais signe de s’arrêter. Ce sont de petites traces à quatre doigts formant un Y. En bas, deux empreintes pratiquement l’une au-dessus de l’autre, les pattes avant ; en haut, deux empreintes beaucoup plus allongées, les pattes arrière. Cette disposition caractéristique ne laisse aucun doute. Nous avons trouvé un lapin.

Je focalise toute mon attention sur mon sens olfactif et “ vois “ le chemin qu’il a emprunté, jusqu’à une cinquantaine de mètres plus loin. Une fois que je le vois de mes yeux, je relâche l’attention sur mon nez. J’expose mon plan à Neige : nous allons le prendre en étau, en profitant que le vent nous soit favorable pour le moment. Elle restera sur place et je passerai derrière le lapin. Une fois que je serai en place et prêt à tirer, elle simulera une attaque sur celui-ci, qui devrait se diriger vers moi pour se mettre à l’abri et je n’aurai plus qu’à le cueillir. Elle a l’air impatiente, j’espère qu’elle saura rester calme.

Une fois le plan expliqué, nous nous séparons et je me dirige discrètement vers ma position. Pour ne pas me faire repérer par l’ouïe fine du petit animal, je me force à évoluer lentement, en faisant attention à chaque pas. C’est une chance que les feuilles ne soient pas nombreuses. Je trouve un emplacement camouflé derrière un buisson. J’y pose mon sac et reprends mon arc. Je tire une flèche du carquois qui pend de ma ceinture et l’encoche lentement. D’un seul geste, fluide et lent, je bande mon arc et le lève, jusqu’à avoir le lapin dans ma ligne de mire.

Mes yeux sont focalisés sur ma cible. Chaque élément de mon environnement est pris en compte pour un tir aussi juste que possible : au moindre mouvement de ma cible, à chaque variation du vent, je corrige ma visée. En arrière-plan, je distingue la silhouette pâle de Neige qui prend la direction de notre proie. Sa forme floue se baisse et s’élance en avant puis, alors que le lapin la voit et s’enfuit, gagne soudain en vitesse pour le rattraper. Il s’éloigne d’elle en zigzagant dans les fourrés, mais ma visée reste juste. J’attends qu’il soit assez près pour être sûr de ne pas le manquer - ça reste une cible assez petite - et décoche ma flèche.

En un instant, le lapin s’arrête dans sa course et tombe sur le côté, son flanc percé de ma flèche. Je ramasse mon sac et rejoins le petit animal au moment où Neige arrive à sa hauteur, toujours dans sa course après sa proie. J’ai à peine le temps de me baisser pour attrapper ma prise que mon rabatteur arrive dessus. Je soulève l’animal par ses longues oreilles et il semble soudain très lourd. Je baisse les yeux et me rends compte que Neige est accrochée au lapin : sous sa forme animale, les crocs plantés dans une de ses pattes arrières et sur la pointe des siennes.

“ Arrête ! Tu ne vas pas le manger comme ça, quand-même ? “

Après un moment de flottement, elle le lâche, s’assoit devant moi et penche la tête sur le côté. Elle l’aurait vraiment mangé entier, comme ça ? Par moments, on dirait vraiment une renarde sauvage et non une yorka. Je lui explique qu’il serait mieux de retirer les parties non comestibles avant de le manger. Devant sa mine déçue, je lui explique que nous retournons à son couchage de fortune pour nous y installer avant de manger. En chemin, je lui demande de ramasser du petit bois pour faire un feu.

Une fois que nous arrivons sur place, je pose mes affaires et me lance dans la préparation du lapin. Je retire proprement ma flèche de l’animal et la nettoie sommairement. Sur une si petite cible, elle n’a pas pu être bien endommagée, elle pourra resservir. Je tire ma dague de son fourreau et entaille la peau du lapin, avant de la retirer proprement. Je m’applique à retirer les abats et en faire un petit tas à côté de moi pour les éliminer plus tard. Quand je me retourne, pour prendre une branche qui servira de broche pour le faire cuire, je vois Neige, qui se fait un festin des morceaux que j’avais écartés. Je m’arrête dans mon mouvement et ouvre de grands yeux vers elle, qui a l’air aussi surprise de mon étonnement que moi de son comportement. Je me fais la réflexion qu'au moins il n'y aura pas à éliminer ces restes du lapin. La surprise passée, je passe une branche dans le lapin, mets la peau de côté pour plus tard - ca fera au moins une chose que je pourrai revendre ou échanger - et commence à préparer un feu.

L’opération n’est pas des plus simples, mais j’y suis habitué. Je prends deux morceaux de bois, que je frotte vigoureusement l’un dans l’autre dans un mouvement de toupie. Après de longues minutes, une légère fumée s’élève des morceaux de bois et j’en approche une petite touffe de mousse avant de finir d’échauffer mon “ briquet “. La mousse prend feu et je la recouvre de feuilles mortes et de brindilles, puis de branches plus épaisses. Une fois que le feu a bien pris, je mets à cuire au-dessus le lapin. Encore un peu d’attente et notre repas sera prêt.
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Shea
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeMar 26 Juil - 18:55

Bordel, que l'attente est longue. Je pensais pas que la chasse pouvait être si compliquée. Il faut vraiment faire attention à tout. Quelque part, c'est un peu comme un combat, sauf que là on doit prendre son temps. Bien sûr, quand on doit affronter un adversaire, il y a une phase d'observation,  mais c'est plus… violent. Fin, on échange des coups, on évite les attaques et on met au point une stratégie en parallèle. Là, on commence par trouver une trace et on la suit jusqu'à débusquer la proie. C'est fascinant. Beaucoup de choses me paraissent étranges mais, de Nao’h et moi, c'est lui le pro, alors je m'adapte à sa méthode, il doit savoir ce qu'il fait. L'avantage avec ce type, c'est qu'il aime bien expliquer, il répond à chacune de mes questions sans hésiter. Je me demande même si mon ignorance ne l'amuse pas. Ouais bah qu'il se méfie, je pourrais lui planter mes crocs dans la jugulaire s'il se fout de moi. Enfin… Une fois qu'il ne me sera plus utile.

Je dois tout de même avouer qu'il m'intrigue, il est à l'opposé de ce que j'ai toujours connu. Peut-être que je devrais rester avec lui quelque temps, j'en apprendrais sûrement beaucoup et ça m'éviterait d'avoir des emmerdes. Après tout, il est familier de l'extérieur.

La bestiole qu'on suit est en fait un lapin. C’est bizarre,  comme créature. Je me répète, mais comment il fait avec sa queue minuscule et ses oreilles géantes ? Ça lui sert à quoi ? Il a l'air ridicule. Me forçant au calme, j'attends le moment idéal pour l'attaquer. Plus le temps passe et plus l'excitation me gagne. En général, je peux me montrer patiente, mais là je dois bien avouer que j'en peux plus. Je jette un coup d'œil pour chercher Nao’h du regard, je le vois se mettre en position. Enfin! Je fixe à nouveau mon futur repas et prends quelques secondes pour me préparer à l’attaque. D’un bond, je sors de ma cachette et m’élance sur ma cible. Merde, elle m’a entendue. Elle est rapide, en plus, la bestiole. Moi qui m'attendais à ce qu’elle se retourne pour se battre, non, elle fuit comme une lâche. Je comprends mieux le plan du chasseur... Je force sur mes pattes pour accélérer et rattraper ma proie : hors de question que ce soit lui qui l’ait. Tout se passe très vite, je rattrape la bestiole et lui attrape une patte entre mes crocs. Avant que je ne comprenne vraiment que c’est fini, je me sens soulevée dans les airs. Seul le bout de mes pattes arrière touche encore le sol. Qu’est-ce qui se passe ? Apparemment, j’ai repris ma forme animale. Je m’en étais même pas rendu compte. Nao’h me regarde, surpris. Bah, c’est pas le seul. Trois questions me viennent à l’esprit. Pourquoi j’ai changé de forme ? Pourquoi ma bestiole a une flèche plantée dans le cuir ? Et pourquoi, bordel, il veut que je lâche ma proie ?

J'hésite à tirer pour m’emparer de mon repas. La flèche plantée dans le lapin me fait me demander si ce n’est pas le chasseur qui a abattu la bestiole. Vu la vitesse à laquelle elle a détallé, c’est fort probable, j’aurais pas pu la rattraper en si peu de temps. Je me demande même si j’aurais pu la rattraper tout court. Je pousse un soupir, puis la lâche. Ok, c’est bon, on va partager. Je me sens soulagée de me retrouver sur mes quatres pattes, la position dans laquelle j’étais était des plus bizarre. Je préfère nettement toucher le sol que d’avoir des pattes dans le vide. Nao’h m'explique que ça se mange pas comme ça, qu’il faut enlever des morceaux avant de pouvoir manger. Je comprends pas, ou un truc est mangeable ou il l’est pas, non ?  Il me dit qu’on va retourner où on s’est installés plus tôt pour pouvoir manger. Ça, c’est un truc que je comprends, je dirais même que c’est de la prudence. Comme quoi, parfois, il a des idées qui me paraissent logiques. Sur le retour, il me demande de ramasser du “ petit ” bois. Je sais pas trop ce que c’est, mais je suppose que se sont les morceaux des plantes en bois qui sont tombés. Heureusement, j'ai appris plus tôt ce qu’étaient les “ feuilles ”, sinon c’est ce que j’aurais pris. Il doit tout de même me préciser qu’il ne veut pas de morceau “ vert ”, mais des secs pour faire du feu. Je me demande donc si avec du bois vert ça ne marche pas, ou si c’est pour une autre raison. J’aurais bien posé la question mais, sous cette forme, impossible. Bah  peut-être plus tard.

Forcément, avec ma petite gueule, ramasser du bois n’est pas la chose la plus simple et je ne peux pas en prendre beaucoup, un seul morceau en fait, mais une fois arrivée je pose ma branche et repars en chercher une autre. Je fais ainsi quelques aller-retours, puis observe Nao’h s’occuper de la bestiole. Il commence par retirer la flèche. Ça, ça me choque pas, je m’y attendais assez. Mais la suite m'amène de surprise en surprise. Il lui troue le ventre ? Il… lui enlève la peau ? Yerk, c’est dégueulasse… Et absurde. Non mais je rêve! Il coupe des bouts de viande et les délaisse. Alors ça, ça va pas se passer comme ça! Il a jamais dû crever de faim, lui! Je contourne Nao’h pour aller me saisir des morceaux qu’il a lâchement abandonnés. De la bonne viande comme ça! On a pas idée de la jeter. J’engloutis les morceaux avant qu’il ne décide de les reprendre, on sait jamais. Ce type est tellement bizarre que j’ai plutôt intérêt à me dépêcher. Tandis que je lève les yeux pour le surveiller, je vois son regard étonné. Merde, il m’a vue. Bah quoi ? T’en voulais ? Tu veux les récupérer ? Ouais, bah tant pis pour toi. Fallait pas laisser traîner. Pas question! Je m’empare du morceau restant en grognant et m’éloigne rapidement pour le manger. Il ne dit rien et reprend ce qu’il faisait. Apparemment, ça lui est égal. Alors pourquoi il m’a regardé comme ça ? Il met tout de même la peau de la bestiole de côté en me précisant de ne pas y toucher.

Je reviens vers lui, curieuse, tandis qu’il prépare quelque chose au sol. Intriguée, je suis chacun des ses gestes pour essayer de comprendre ce qu’il fait, je sens une odeur étrange. Je sursaute avant de comprendre : un tout petit bébé feu vient d’ apparaître. J’ai déjà vu du feu, de loin, mais il était pas posé au sol et n'avait pas cette taille ridicule. Il rajoute du bois et le feu grandit, bien plus que ce que j’avais vu jusqu'à présent. Alors, le feu mange du bois sec ? Fascinant! Je m’approche encore, sentant une douce chaleur. Je fais encore un pas, avant de m'arrêter. Mon instinct me dit que je ferais mieux de ne pas m’approcher plus. Même si je suis très curieuse, je suis pas stupide au point d’ignorer mon instinct. Je m’assois donc et contemple ce truc jaune et rouge qui s‘anime. Je vois Nao’h poser le lapin au-dessus, grâce à du petit bois. Enfin petit, je dirais moyen, parce que c’est plus gros que ce que j’ai ramassé plus tôt. Peu à peu, une odeur agréable se répand dans l’air.

Je laisse mes pensées s'étirer sans logique pendant un moment, avant de fixer mon attention sur un détail que j’avais laissé en suspens. Pendant ma course contre le lapin, j’ai changé de forme sans vraiment l’avoir décidé. J’ai agi, je crois, par instinct et une chose me perturbe. Je n’aurais pas dû y parvenir. Pire, j’aurais dû recevoir une décharge électrique, comme ça m'est arrivé par le passé. J’avais déjà constaté cette chose quand j’avais pris la rourde de Nao’h. À nouveau, je me demande si mon collier a arrêté de fonctionner et pourquoi. Je crois que le moment est venu d’en savoir plus. J'ai besoin d'être fixée et ce n’est pas quand je serai en danger qu’il faudra que je m’en préoccupe. Lentement, je me redresse et m’éloigne un peu du feu. Je ferme les yeux, pour bien me concentrer. En règle générale, je n’en ai pas besoin, mais là je dois être consciente de ce que je fais et me focaliser sur la douleur à venir. Lentement, comme lorsque j’ai découvert cette particularité, je visualise ma forme bipède. Je sens une espèce de changement en moi mais, contrairement à mes premières expériences, ce n’est ni long ni douloureux. Le collier reste inerte comme un vulgaire morceau de cuir. Ayant à nouveau des mains au lieu de pattes, je les portes jusqu’à mon cou pour poser mes doigts sur le collier. Il semblerait bien qu’il ne puisse plus m'empêcher de passer d’une forme à l’autre et, même si ça me paraît étrange, je suis surtout rassurée. C’est jamais agréable de sentir l’électricité sur son cou, ni ailleurs d’ailleurs.

Bon, il n’a plus l’air de faire effet, mais ça veut pas dire que ce sera toujours le cas. Je devrais peut-être essayer de l’enlever, avant qu’il ne se réveille ou s’active. Je saisis fermement le morceau de cuir et teste sa résistance en tirant dessus. Ouais, ça aurait été trop simple qu’il s'enlève comme ça, juste en tirant. Il doit y avoir un truc. À tâtons, je cherche un endroit plus fragile et tombe sur un bout plus froid. On dirait du métal, comme les couteaux.  Ça doit être grâce à cette partie qu’on peut l’ouvrir. J’essaie de tirer dessus, de pousser, mais rien n’y fait, c’est comme s'il était bloqué. Ça m'énerve, il faut que je l'enlève tant que c’est possible. Concentrée sur ma tâche, j’en oublie ce qui se passe autour. Je me mets à griffer le collier. Je sais d’expérience que mes griffes sont plus résistantes que celles des vulgaires bipèdes normaux mais, apparemment, elles ne le sont pas assez pour casser ce truc.

L’idée d’utiliser mes pouvoirs me vient soudain et je me traite d’abrutie. Je peux renforcer mes griffes. Avec ça, ce bout de cuir ne me résistera pas longtemps. J’appelle donc ma capacité… Qui ne fonctionne pas… Quelle conne, j’avais oublié…  J’ai ce bout de métal et sa pierre à la con accrochés à mon oreille. Je sais pas ce que c’est, mais je me rappelle clairement que son but est justement de m'empêcher de me servir de mes pouvoirs. Je finis par lâcher prise et tape rageusement du poing par terre.

“ Chier, bordel! “

Je regarde autour de moi, espérant trouver une solution. C’est con, j’y avais pas pensé avant, mais peut-être que Nao’h peut, lui, enlever le collier. Je repousse cette idée en secouant la tête. Il a beau m’avoir sauvée, je reste méfiante. Il pourrait faire le lien entre ce collier et ma maîtresse. Je pense pas non plus que ce soit intelligent de ma part de lui révéler mon histoire ou une partie de celle-ci. J’ai pas du tout envie qu’il comprenne que j’étais le jouet d’un bipède. On sait jamais ce qu’il pourrait décider de faire de ce genre d’information et, si ca se trouve, il saurait refaire fonctionner le collier et je me trouverais à nouveau dans la merde. Bon, de ce que j’ai vu, je suis sûre de pouvoir le battre. C’est un archer, il me posera problème à distance, mais au corps à corps je suis sûre de l’éclater. Cependant, j’ai pas envie de prendre le moindre risque. Pour l’instant, il est pas hostile et ça serait débile de ma part de lui donner un prétexte pour le devenir. Il a pas l’air méchant, comme ça, mais les êtres vivants sont tordus. Ils vous caressent la tête pour vous poignarder le cou. Tsss, vie de merde, y'a jamais rien qui sera simple. Enfin, je vais pas me plaindre, pour l’instant ça se passe pas trop mal.

Tandis que je réfléchis, il me demande si j'ai besoin d'aide. Quelle plaie, il est observateur. Enfin je suppose que c'est normal, pour un chasseur. Je ferais mieux de détourner son attention avant qu'il ne me questionne.

Je secoue négativement la tête, puis me redresse pour m'approcher de ce qu’il reste de notre chasse. La bestiole, ou ce qu’il en reste, a changé de couleur et l’odeur est vraiment alléchante. Vu que j'y connais rien, ça sera parfait pour le distraire d'un côté et en apprendre plus de l'autre. Je tends un doigt vers ce qui fut jadis une belle proie et le regarde.

" Pourquoi tu fais ça ? Tu manges pas de vraie viande ? "

Sa réponse me laisse perplexe. Je sais pas trop quoi en penser, mais je suis curieuse de goûter ce qu'il appelle " viande cuite ". Sitôt qu'il m'en donne, je la renifle pour tenter d'analyser l'odeur : un mélange de viande, forcément, mais aussi du feu. Ouais, ça peut pas être pire que ce que je bouffais avant. Quand j'y goûte, je suis surprise. D'abord, ça me brûle la bouche.

" Bordel, ça brûle, ta connerie! "

Je dois tout de même reconnaître que c'est mangeable. Ça vaut pas de la vraie viande, forcément, mais c'est meilleur que sa fausse viande qui donne soif et ses bicuits de voyage tout secs. J'aurais au moins appris encore quelque chose. Je pense que, si je reste avec lui, je pourrais encore découvrir des choses. Plus j'y pense et plus je me dis que ça vaut le coup d'essayer. De toute manière,  pour le moment, je ne suis pas capable de chasser seule. Je manque d'expérience et il me faudra plusieurs essais avant de tout mémoriser et d'y parvenir.

Le soleil finit par disparaître peu à peu et je ne peux m'empêcher d'admirer les différentes couleurs qui changent autour de nous. Je dois bien avouer que c'est fascinant. Le paysage s'assombrit, l'air devient plus frais, plus humide aussi. Je sais pas si c'est moi qui fatigue ou si les bruits deviennent plus sourds. On dirait que tout commence à s'endormir autour de nous. Le feu procure lumière et chaleur. Si j'apprécie la deuxième, la première me rappelle ma cage, ou plutôt ceux qui venaient. Ils étaient toujours accompagnés de feu, pour mieux y voir, je suppose. J'ai toujours vécu dans l'obscurité. Du moins, je ne voyais de la lumière que lorsque j'allais vers l'arène, donc le noir ne me dérange pas, même si, il faut bien l'avouer,  le feu apporte effectivement une meilleure vision. Je n'y avais juste jamais prêté attention jusqu'à présent.

Sentant la soif me gagner, je me dirige vers l'endroit où Nao'h à laissé ce qu'il transporte. Je suis sûr que sa poche à eau s'y trouve. Il ne me faut pas longtemps pour la voir et m'en emparer. Cependant, je ne vais pas partir avec, cette fois. Je l'ouvre et m'y désaltère, non sans mal. Truc de bipèdes stupides. Peuvent pas faire un machin plus pratique, non ? Une fois de plus, une partie de l'eau me coule sur le visage, moins que la première fois mais tout de même… Je sais pas si je m'y ferai un jour, à cette rourde. Ma soif étanchée, je referme la peau à eau et la repose, avant de m'asseoir sur ce qui m'a servi de… d'endroit confortable où dormir.

En général, je ne suis pas du genre à parler, déjà parce que j'ai pas l'habitude, ensuite parce que j'ai toujours vécu seule, si on peut dire. Mais ce soir, j'ai l'occasion de pouvoir communiquer avec quelqu'un sans risquer de me prendre des coups. J'ai l'impression, d'ailleurs, que le yorka qui m'a sauvée aime ça, parler. Je suppose que, si je lui pose des questions, il y répondra.

" Dis moi, tu peux m'en dire plus sur cet endroit ? Ce qu'on peut y trouver et ce qu'il y a au-delà de ces plantes en bois ? "

C'est, vrai ça. Quand je suis partie, je suis sortie d'un tunnel, avant de me retrouver à l'air libre. J'ai vaguement vu que je vivais sous de la pierre, mais je me suis pas attardée, trop pressée de m'enfuir. Ce dont je suis sûre, c'est qu'on était pas au milieu des plantes en bois. Je peux donc en déduire que l'extérieur ne comporte pas que ça. J'ai envie d'en apprendre plus sur ce monde, voir de mes yeux ce qu'il renferme. Plus tôt, Nao'h m'a même parlé de " neige ". J'aimerais en voir de mes propres yeux, ça et tout le reste. Mais avant de partir, je dois prendre le plus d'informations possible. L'espace d'un instant, je me demande si je ne devrais pas demander à Nao'h de m'emmener avec lui. J'y réfléchis quelques minutes en jouant avec mon métal d'oreille - Je sais pas pourquoi je fais ça. Peut-être pour m'occuper. Ou parce que je suis en train de réfléchir. - J'en viens à me dire qu'avant de faire ma demande, il serait plus sage d'en apprendre plus sur mon sauveur. À l'heure actuelle, je ne lui fais toujours pas confiance, mais j'ai besoin de lui, ce qui m'énerve, je dois l'avouer. Je n'aime pas l'idée d'avoir besoin de quelqu'un pour survivre. Je pousse un long soupir, avant de m'allonger pour regarder le ciel, du moins le peu que je peux en apercevoir entre les nombreuses feuilles.

J'ai plein de questions que j'aimerais lui poser, dont une qui me surprend. Je me demande quel genre de vie il a eu. Pas la même que moi c'est certain, mais je suis curieuse de connaître son passé. Je pourrais le comparer au mien et certainement en apprendre plus sur ceux qui peuplent ce monde. Hélas, je le sais, cette question risque de m'amener à devoir parler de ma propre existence et ça, je ne le veux pas. Faudrait vraiment que j'ai confiance en lui pour accepter de raconter ma vie. D'un nouveau soupir, j'abandonne l'idée de le questionner.

Peut être plus tard, je le ferai. Perdue dans mes pensées, je finis par me demander ce qu'il se passerait s' il venait à découvrir quel genre de vie j'ai eu. Devrais-je le tuer ? Tuer ne m'a jamais dérangé, mais il est le premier à m'avoir aidé et je me dis que ça ne serait pas… Juste… De le supprimer. Sans lui, je serais morte. En même temps, si je veux survivre, je ne dois pas hésiter. Je finis par secouer la tête, indécise. Bah, je pourrai toujours voir, le moment venu, comment ça se passe et décider ensuite. Pour le moment, je peux peut-être simplement profiter de l’instant présent.
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Nao'h Mory :: Chien de Chasse ::
Nao'h Mory

MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeMer 27 Juil - 23:33

Pendant que je fais cuire notre repas, je me repasse en mémoire notre séance de chasse. Ce n’était certes qu’un lapin, mais Neige a bien assimilé et appliqué tout ce que je lui ai expliqué. Elle a réussi à garder toute sa discrétion jusqu’au moment opportun et a poursuivi le lapin pour le guider jusqu’à moi. Elle a même utilisé à merveille son don de yorka de prendre sa forme animale, je suppose, pour gagner en agilité. Elle a su s’adapter en un temps record.

Pendant ma réflexion, je pose mon regard sur elle et la vois changer à nouveau de forme pour reprendre celle d’une humanoïde. Quelques instants plus tard, je la vois en train de jouer avec son collier. C’est ce que je crois au début, parce qu’au bout d’un moment, elle met de grands coups de ses ongles dessus. En fait, on dirait plutôt qu’elle essaie de l’enlever. C’est vrai qu’un gros collier en cuir comme celui-ci ne doit pas être très agréable à porter. Pour finir, je l’entends jurer et scruter autour d’elle, sans doute pour trouver un quelconque outil qui pourrait l’aider.

“ Tu veux de l’aide ? ”

Pour toute réponse, elle secoue la tête, avant de se rapprocher du lapin, qui sera bientôt cuit. Elle me questionne à propos de la cuisson de la viande. Visiblement, elle n’a jamais vu de viande cuite. Je lui explique donc qu’il est important de faire cuire la viande, pour ne pas tomber malade. Je lui explique aussi que faire sécher la viande, comme celle que je transporte dans mon sac, permet de la conserver plus longtemps. Elle n’a pas l’air d’aimer ces méthodes qui “ abîment “ la viande.

Afin qu’elle se fasse une idée concrète de la viande cuite, je détache une patte de l’animal et lui donne. Comme avec chaque nouvelle chose qu’elle goûte, elle commence par renifler le morceau de viande. Elle n’a pas l’air effrayée par l’odeur et y goûte. Et c’est à ce moment que je me suis rendu compte que j’avais oublié de lui préciser un détail de taille. En sortant du feu, la viande est brûlante et ça n’a pas loupé. Avant de comprendre qu’il fallait la laisser refroidir un peu, Neige a déjà croqué dedans.

Je lui présente mes excuses de ne pas l’avoir prévenue, mais ça n’a plus l’air de la déranger, de même que le goût de la viande. Elle le finit sans s’en plaindre et scrute notre environnement. Pendant ce temps, je me sers aussi et en mange une portion. Il n’y a rien à en dire, la viande fraichement chassée est toujours aussi bonne, quoi qu’elle puisse avoir en penser.

Elle se dirige ensuite vers mon sac. Ayant déjà fait l’expérience de ses capacités de voleuse, je l’observe du coin de l'œil. Apparemment, je me suis monté la tête un peu vite : elle est seulement allée chercher ma gourde pour se désaltérer. Une fois la chose faite, elle va s’installer dans sa couchette et commence à me questionner sur la région.

“ Au-delà de la forêt, c’est vaste… Disons qu’on trouve de tout. À l’ouest… - elle me regarde bizarrement - Là où le soleil se couche, il y a des montagnes, avec de la neige. “

Elle a soudain l’air très intéressée, excitée, même, à l’idée de pouvoir jouer avec de la neige.

“ Du côté où pousse la mousse, c’est une zone morte où rôdent des monstres. Il vaut mieux ne pas y aller. Du côté où le soleil se lève, il n’y a que de la forêt, à ma connaissance. Et du dernier côté, il y a la mer, une immense étendue d’eau. “

Sans être aussi alléchée qu’elle l’était par la neige, elle reste très intéressée par toutes ces nouvelles choses qu’elle pourrait découvrir.

“ Il y a aussi deux grandes cités : Elusia, derrière les montagnes, et Canopée, dans la forêt. “

Devant son incompréhension, je dois expliquer à Neige ce qu’est une ville, à savoir un endroit où les gens se rassemblent pour vivre ensemble, en communauté. J’ai entendu dire qu’ils y vivent dans des “ maisons “ : des constructions qui, comme les terriers, permettent de s’isoler du froid et de la chaleur. Après toutes ces discussions, Neige a l’air plongée dans ses pensées.

Je décide donc de me préparer à passer la nuit. N’ayant pas d’abri pour me tenir au chaud, je ferais mieux de prendre ma forme animale. Mon pelage sera plus à même de me protéger du froid que mon armure. J’en retire donc les pièces une par une, avant de les poser contre mon sac. Devant le regard surpris de Neige, je prends ma forme de chien. Instantanément, je sens la fraîcheur de la nuit se disperser dans mon pelage épais. Je fais quelques tours de mon emplacement, cherchant la façon la plus confortable de m’installer, puis me couche.

Je pars, moi aussi dans des réflexions. Cette journée a été des plus surprenantes, tant par son commencement que par la façon dont elle a abouti. J’ai beau ne pas avoir pu chasser comme je le voulais pour me réapprovisionner, je suis satisfait de ce que j’ai accompli aujourd’hui… De ce que nous avons accompli aujourd’hui. Je remercie intérieurement Fen de m’avoir fait croiser la route de Neige, d’avoir éprouvé ma foi et mes sentiments pour, au final, me donner de la compagnie pour un temps.

Dans mon euphorie, j’avais presque totalement occulté un détail auquel j’aurais pourtant dû m’attendre. A la pensée de voyager ensemble, la fatigue aidant, ma vision se trouble et prend une teinte rouge. Le feu vacille et crépite quand une flaque sombre en atteint la base. Je me relève et remonte l’écoulement vers sa source pour y trouver Neige, couchée dans le tronc, deux trous rouges au côté droit. Je me précipite vers elle, terrifié et, ne la voyant pas respirer, mets de petits coups de ma truffe sur son visage.

Alors que mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et que je suis déjà persuadé que j’ai à nouveau fait mourir quelqu’un que j’apprécie, je ressens une vive douleur dans ma truffe et vois les crocs du cadavre devant moi plantés dans ma peau. Je me débats et recule, autant effrayé par la vision sanglante que par la douleur de la morsure. Pendant que je cache ma truffe entre mes pattes, je vois les teintes rouges s’estomper de ma vision et j’entends la voix de Neige.

Je comprends alors que je n’ai été, une fois de plus, que la victime des visions qui me hantent depuis la mort de mon père. A peine soulagé de découvrir la réalité, j’entends Neige m’invectiver comme je ne l’en aurais pas crue capable.
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Shea
Shea

MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeVen 29 Juil - 9:22

Il y a tellement de choses que je ne connais pas, c'est fascinant. Je veux voir tout ça de mes propres yeux. Enfin presque tout. Je suis pas stupide au point de vouloir me rendre dans cette zone morte. Si c'est aussi dangereux qu'il le dit, je ferais mieux d'éviter cet endroit. Pas que j'ai peur - avec la vie que j'ai eue, je suis capable d'affronter n'importe quoi - mais j'ai rien à me prouver à moi-même en y allant. Je dois tout de même avouer que l'endroit qui rassemble des bipèdes m'intrigue autant qu'il me paraît suspect. Comment des bipèdes peuvent-ils vivre ensemble, en permanence ? J'ai bien vu que certains pouvaient se parler sans s'attaquer, Nao'h en est la preuve. Mais de là à dire que c'est normal, je suis quand même sceptique. Peut-être bien que ça vaudrait le coup que j'aille observer ça de mes propres yeux. À mon avis, s'ils agissent ainsi, c'est qu'il y a une raison. Mais laquelle ? Pour se protéger les uns les autres ? Pour s'aider ? Non, c'est stupide. Les bipèdes sont des créatures vraiment étranges. Si je me rend dans l'un de ces endroits, je risque de finir dans une nouvelle cage. Est-ce que ça vaut le coup de satisfaire ma curiosité ? Je réfléchis un moment, avant de décider qu'il serait plus sage de commencer par analyser de petits groupes de bipèdes, avant de m'en approcher. Tant qu'ils ne sont pas nombreux, ils ne représentent pas une menace pour moi, mais dans une ville… Ça m'intrigue quand même suffisamment pour que j'aie envie de voir de mes yeux, au moins de loin pour commencer.

Je secoue la tête pour laisser de côté ce problème. Pour le moment, j'ai surtout envie de découvrir ce monde et surtout la fameuse neige. Ça, ça m'intrigue vraiment et, qui sait, en chemin je rencontrerai peut-être d'autres créatures et je pourrai me faire une idée moins vague de la chose. Mais, pour commencer, je ferais mieux de me reposer. Qui sait quand un danger pourrait surgir de derrière une plante en bois ? Du coin de l'œil, je vois le yorka s'animer, il enlève sa peau. Réellement intriguée, je pose mes yeux sur lui pour observer chacun de ses mouvements, me demandant ce qu'il fabrique. Cette peau tiendrait-elle trop chaud ? Je vois pas vraiment d'autre explication. On dirait pas, comme ça, quand il est caché par sa peau, mais en fait il est pas aussi fin que je le croyais. Je me demande dans quel but il porte une peau. Est-ce que c'est juste pour avoir de la chaleur ou c'est aussi pour cacher son corps et faire croire qu'il est plus faible qu'il en a l'air ? Bah, après tout, qu'est-ce que ça peut bien me faire ? Après avoir enlevé tout ce qui était possible, Nao'h prend sa forme animale. J'avais raison, c'est bien un canidé. Pas un loup,  plutôt un... Comment ça s'appelle ? Un clébard! Donc c'est un yorka clébard. Physiquement, il me fait quand même penser à un loup, si on oublie la couleur de ses poils, qui n'ont rien à voir avec ceux que j'ai vu jusque là. Il a trois couleurs différentes, c'est pour pouvoir mieux se cacher ? Non, je pense pas. C'est surprenant, j'avais jamais pu voir comment se passe une transformation. Faut bien avouer que, dans l'arène, j'avais pas vraiment le temps de m'interroger là dessus. Quoi qu'il en soit, il est plus grand que moi sous ma forme animale. Je l'observe longuement, cherchant des endroits sensibles, sait-on jamais s’il venait à m'attaquer, il vaut mieux prévoir pour rien. Sans ma capacité, la tâche est un peu plus difficile, mais je repère quelques zones qui pourraient me permettre de l'emporter. Son cou bien sûr, avec ma petite taille il sera plus facile de l'atteindre, ses pattes arrière et forcément, même si je ne le vois pas, je suis sûre que, physiquement, il ressemble en tout point au premier loup gris que j'ai affronté. Logiquement, donc, il doit avoir un point extrêmement sensible sous le ventre, entre les pattes arrière. Bien, je suis satisfaite de mon observation. En cas de besoin je sais déjà ce que je devrais attaquer.

Nao'h tourne en rond avant de se coucher. Je l'observe un moment, avant de me saisir de sa peau. Si lui en veut pas, moi je vais pas me gêner pour m'en servir. Pour une fois que je peux dormir au chaud, autant en profiter. Je m'installe confortablement et baille longuement, en laissant ma langue sortir de ma bouche, comme je le fais sous ma forme animale, puis je ferme les yeux. Je laisse mon esprit vagabonder, mais utilise mes autres sens, bien que réduits, pour tenter de surveiller les alentours. C'est une manie que j'ai prise dans ma cage : comme je pouvais jamais dormir plus que quelques heures avant de me faire réveiller de force, j'ai appris à rester dans un sommeil plus ou moins léger. Je reste vigilante autant que possible, en écoutant le moindre son qui me parvient. Mon flair, lui, ne sera pas d'une grande aide, étant donné que je n'ai pas l'habitude des odeurs qui m'entourent, entre celle de la peau sur moi, des plantes en bois autour et des feuilles sous moi ; celle du feu, aussi, qui est vraiment étrange. Tandis que je sombre petit à petit dans le sommeil, il me semble entendre du bruit, du côté du clébard. Je ne m'en préoccupe pas, cependant, pensant qu'il cherche simplement une autre position pour dormir. Soudain, je sens quelque chose venir s'appuyer sur moi à plusieurs reprises. Je reconnais vaguement l'odeur de Nao’h et ouvre un œil.

" Quoi ? "

Il ne me répond pas, préférant continuer à me taper doucement du bout de sa truffe. C'est sûr que, sous cette forme, il ne peut pas parler, mais il peut me comprendre.  

" Qu'est-ce qu'il y a, bordel ? "

Il commence sérieusement à m'énerver. Pourquoi il fait ça ? J'en suis pas sûre, mais il a l'air d'avoir peur. Je me redresse pour regarder autour de nous, cherchant un danger que je n'aurais pas repéré, mais il n'y a rien. Bordel, mais il joue à quoi ? Je peux nettement entendre des battements de cœur affolés, ce qui en rajoute à ma confusion. Bordel, ou il arrête et s'explique, ou ça va pas le faire. Très excédée par son comportement - j'ai vraiment pas l'habitude de côtoyer d'autres créatures - je lui mords la truffe entre mes crocs. Je sais que, même sous ma forme humanoïde, ça fait mal. Après tout, je conserve mes crocs animaux, contrairement à d'autres bipèdes.

Sa réaction est immédiate, il se débat en reculant, tandis que je refuse de lâcher. Il va vite apprendre qu'il faut pas m'emmerder, moi. Je finis toutefois par le lâcher, j'ai pas envie de me faire traîner sur le sol et il est pas agressif. Mon geste l'a au moins calmé. Moi, par contre, je suis tout sauf calme. Je me relève et crache quelques poils que j'ai arrachés en le mordant. Oubliant où on est, j'élève la voix suffisamment fort pour bien montrer ma colère.

" Mais qu'est ce qui te prend, bordel ? T'as un problème ? Tu veux tâter de mes crocs ? "

Pour bien lui montrer que je rigole pas, je le saisis par la truffe avant de poursuivre.

" Je te jure que t’as intérêt à avoir une bonne raison de m'emmerder, parce que, si c'est pas le cas, tu va morfler! "

Je le lâche d'un coup sec et croise mes bras sur la poitrine. Mon regard devient glacial, tandis que je sens une irrésistible envie de lui faire la peau. Je serre mes bras entre mes doigts, faisant perler quelques gouttes de sang, à cause de mes griffes. L'explication ne vient jamais, cependant, je comprends même pas ce qu'il me raconte. S’il s’était agi de n'importe qui d'autre, je l'aurais déjà mis en charpie mais, au moment où je vais me jeter sur lui, je me rappelle que je lui dois la vie. Fait chier, bordel, il m'a même pas attaqué. Si, au moins, il l'avait fait, j'aurais pas hésité, mais là… Pourquoi une partie de moi me dit que je peux pas lui faire la peau ? Encore plus énervée, je fais un brusque demi-tour, avant de m'éloigner de lui. Si je reste, c'est sûr, je vais l'étriper, ce con. Je comprends même pas ce qui me retient de le faire. Je vais m'asseoir près du feu, à un endroit où je peux le surveiller. J'ai besoin de comprendre ce qui se passe en moi, mais aussi son comportement. Je savais déjà que les bipèdes étaient bizarres et tordus, mais j'avais bêtement cru que lui était différent, qu'il aimait expliquer… Hors, là, rien… Juste des paroles sans sens.

Je me mets à gratter le sol du bout des griffes. Le fait que ça laisse des traces m'apaise, sans que je ne puisse m'en expliquer la raison. Je continue, en soupirant par moments, et finis par me calmer. Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Lui qui m'avait paru si calme, ça a aucune logique. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? C'est parce que je lui ai pris sa peau ? Si c'est ça, c'est vraiment débile : il lui suffisait de la reprendre et on en parlait plus. J'ai beau me questionner, je trouve aucune réponse et il est le seul à pouvoir m'en fournir. Mais pourquoi il ne le fait pas ? Je finis par conclure que ça doit être une chose de laquelle il ne veut pas parler. J'aimerais l'obliger à me le dire, mais déjà je ne sais pas comment faire, ensuite je comprendrais sûrement pas. Mieux vaut laisser tomber. Cependant, je n'accepterai pas de me faire emmerder à nouveau de la sorte. Je me lève donc pour le rejoindre. Ma voix est plus calme, mais je suis sûre que même lui peut comprendre que je plaisante pas.

" Tu veux pas parler, d'accord, je m'en tape. Mais si tu recommences, c'est pas ta truffe que je vais mordre! "

Je reprends ma forme animale et retourne me coucher, cette fois roulée en boule entre les feuilles. J'aurais pu juste le laisser là et partir, mais j'ai encore besoin de lui. Je fais taire la colère qui monte en moi, me disant que cette situation ne durera pas éternellement. C'est qu'une question de temps avant que je ne sois capable de me débrouiller par moi même. En attendant, je vais faire preuve de patience et prendre sur moi. Ses connaissances sont trop précieuses à mes yeux pour que je me sépare de lui tout de suite et puis, si j'oublie le comportement bizarre qu'il a eu, il y a quelques minutes, je dois avouer que c'est pas désagréable de rester avec lui. Va peut-être juste falloir un peu de temps pour que je m'y habitue.

La nuit est calme, mais entrecoupée, pour ma part. Régulièrement, je me relève et m'étire, avant de faire un petit tour autour du lieu où nous sommes. L'endroit est bien moins dangereux que je ne le pensais, mais je reste prudente. Et c'est pas comme si j'avais l'habitude de dormir pendant des heures, sans me réveiller. Je dois même avouer que ça me rassure de pouvoir régulièrement vérifier que je ne suis pas en danger.

La nuit finit par passer sans problème et je me réveille pour voir le soleil se lever. Je suis une fois de plus fascinée par ce que la liberté peut m'offrir. Les jeux de couleurs autour de moi, l'air qui se réchauffe, les alentours qui semblent reprendre vie. Tout ça est si nouveau et… Fascinant. Il me faut quelques minutes pour arracher mes sens à la contemplation ambiante. Le yorka dort toujours, mais je commence à avoir faim et j'ai envie de retourner chasser. Je pourrais y aller seule, pour mettre en pratique ce que j'ai appris hier, mais l'idée de ne pas réussir seule me retient. Ça serait con de louper une proie parce que je manque de pratique. Je reprend ma forme humaine, afin de saisir la poche à eau. Je bois un peu, avant de me demander si Nao'h va bientôt se réveiller. Je suis d'ailleurs surprise qu'il ne le soit pas déjà,  à croire qu'il a aucun instinct de survie. Bon, vu qu'il m'apprend plein de choses, je suppose que je peux lui rendre la pareille. Je le regarde quelques secondes, en me demandant comment on réveille quelqu'un. La façon dont on me tirait de mon sommeil n'est peut-être pas la meilleure, mais je me vois pas aller lui taper sur le visage avec ma truffe. Si ça se trouve, il le sentirait même pas.La " rourde " toujours en main, j'en verse le contenu sur lui. Ça, au moins, je suis sûre que ça va marcher. Étrangement, il a pas l'air ravi. Bah quoi ? J'ai faim, moi. Sans me soucier de sa réaction, je prends la parole.

" On va chasser. "

Mon ton n'est pas agressif, mais ne laisse pas de doute quant au fait que j'ai décidé de ce qu'on allait faire. Maintenant que je suis libre, j'ai pas l'intention de rester à attendre ou de demander une autorisation. Ça me foutait déjà en colère, dans l'arène, de pas pouvoir tout décider par moi même, alors je vais pas me gêner maintenant. J'attends quelques secondes, impatiente qu'il se décide. Je préfère qu'il vienne, pour pouvoir progresser, mais, s’il veux pas, je vais pas non plus le traîner par la peau du cou. Après tout, je sais ce que ça fait d'être forcé à faire des choses, je peux pas vraiment le lui reprocher. Nao'h, lui, veut avant tout trouver de l'eau. Je dois avouer que c'est peut-être bien la première chose à faire, je le suis donc, curieuse de voir comment il s'y prend. Y’a pas grand chose à dire, il suffit de savoir écouter mais, sans une bonne connaissance de l'endroit, la tâche peut s'avérer compliquée.

Il nous trouve facilement ce qui me semble être une grande étendue d'eau géante, une “ rivière ”. Elle n'est pas profonde et pas très large, mais suffisante pour remplir la poche à eau. Alors, c'est comme ça qu'on fait ? Doucement, je m'approche pour venir renifler. L'odeur est quelque peu différente de l'eau de la rourde, mais le goût, lui, reste le même. Je pose une main dans l'eau : c'est froid, bien plus que ce que je croyais, et ça a l'air vivant. Par réflexe, je grogne, avant de retirer ma main. Bon, je suis pas con non plus, ça attaque pas, ça reste de l'eau, après tout. Sans prévenir, je tape dedans, pour voir si l'eau va arrêter de couler, mais non. Mon estomac se rappelle à moi en faisant un bruit que je trouverai toujours étrange. Je crois que c'est une façon qu'à mon corps de me dire " oh, j'ai les crocs ! ". Délaissant la rivière, je regarde entre les plantes en bois. Il est temps de trouver à manger.

Je mets en pratique tout ce que j'ai appris hier, essayant de m'en souvenir. Sous cette apparence, mon nez ne peut pas flairer le sol. Je reprends donc forme animale pour me faciliter la tâche. Il me faut un peu de temps pour repérer une odeur de… Lapin ? Le machin à grandes oreilles. Je remonte lentement la piste mais, bordel, que c'est dur à suivre. Comment il fait, le yorka clébard ?

Finalement, je parviens à trouver la bestiole, non sans aide, je dois l'avouer. Ce coup-ci, moins affamée j'ai plus de retenue avant de sauter sur ma proie. Je dirais pas que c'était facile de pas lui courir après directement, mais je parviens à me maîtriser le temps que Nao'h soit près. Une question me vient : sa méthode nécessite d'être deux, mais comment il fait quand il est seul ? Je suppose très vite qu'il doit tout simplement lui tirer dessus avec son arc. Notre chasse accomplie, on regagne une fois de plus l'endroit qui nous sert de lieu de repos. Je dirais pas que je suis pas bien ici, mais j'ai envie de partir découvrir le monde. C'est peut être un peu tôt, mais je me dis que je devrais déjà commencer à en parler.

" Je veux voir la neige et les villes, tu viens avec moi ? "

J'ai besoin d'un guide, ce que je manque lui dire, avant de me retenir. Ça fait pas longtemps que je le connais et, même s’il est pas agressif, ça veut pas dire que je dois pas rester prudente. L'idée ne le dérange pas, ce qui, je dois l'avouer, m'arrange. Cependant, pour aller voir la neige, il faut apparemment être préparé et Nao'h n'est pas sûr que notre fourrure suffise à nous protéger là-bas. Je pense qu'il ne connaît pas non plus les éventuels dangers qui pourraient s'y trouver. Je vais pas lui reprocher d'être prudent. Par contre, il a pas l'air inquiet à propos des rassemblements de bipèdes dans des villes. Peu importe où on va, au final. Il me tarde juste de partir, mais Nao'h semble vouloir faire des réserves avant. Je pense que je vais devoir attendre quelques jours avant de quitter cet endroit et découvrir le monde.
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Nao'h Mory

MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitimeSam 30 Juil - 23:32

Neige a l’air de m’en vouloir et me prend pour un fou. Après tout, je ne peux pas lui en vouloir. Elle ne peut pas savoir ce qui s’est passé dans ma tête et ne peut pas comprendre ma réaction. Je croyais, je ne sais ni pourquoi ni comment, l’avoir tuée ou fait tuer et je ne le supporterais pas. Je l’ai sauvée et je dois lui apprendre à survivre seule, je ne peux pas être responsable de sa mort… Elle m’attrape la truffe et insiste pour que je lui donne une explication. Mais je ne peux pas faire ça, elle repartirait toute seule, de peur, et se remettrait en danger.

Je secoue la truffe comme je peux pour me libérer et elle me lâche, avant de me regarder d’un air inquisiteur. Je reprends forme humaine pour lui répondre, mais je n’ai aucune idée de comment justifier mon accès de terreur soudain. Des idées me viennent, mais aucune n’est satisfaisante. Tout se bouscule dans ma tête, entre ce que j’ai vu et ce que j’essaie de trouver pour me justifier, si bien que je ne parviens même plus à réfléchir normalement.

“ Je voulais… Enfin je croyais que… J’ai eu peur de… Tu ne bougeais plus, alors… Je suis désolé… “

Je ne suis absolument pas satisfait du peu que j’ai réussi à lui dire. Comment pourrait-elle accepter une justification aussi pathétique ? Je ne pense même pas qu’elle ait compris quoi que ce soit. Elle n’est pas convaincue par mon discours hésitant, mais se calme et va s’installer près du feu qui brûle encore. C’est peut-être la seule chose ici qui reste rassurante. Entre elle dans une colère noire et moi qui ai été pris de terreur, l’ambiance a radicalement changé et j’en viens presque à regretter notre rencontre, ce matin.

Je reste où je suis et m’assois. Elle me surveille de loin, attendant sans doute toujours ma réponse, mais je ne sais toujours pas quoi lui dire de plus… Je fixe tristement le sol, confus et abattu devant l’état des choses. Je voudrais tellement qu’elle sache pourquoi j’ai réagi de la sorte… Mais mon passé est tellement honteux que je ne peux pas le révéler. Je préfère garder secrets mes traumatismes pour ne pas risquer la colère du monde. J’encaisse mes propres peurs pour ne pas avoir à souffrir de celles des autres à mon égard.

Finalement, elle accepte mon silence et reprend sa forme animale pour se coucher, après m’avoir menacé pour que je ne recommence pas. Même sans avertissement, je ne pense pas que j’aurais recommencé de sitôt. Je vais jusqu’à mon sac et y prends mon sachet de tabac, avant de m’asseoir devant le feu. Je prends un peu de tabac et commence à le mâcher en fixant le feu. C’est étrange comme sa dualité ressemble à la mienne. Il apporte chaleur et réconfort et, pourtant, il risque toujours d’apporter mort et destruction à qui s’en approche de trop près.

Je passe plusieurs heures à ressasser les mêmes tristes constats sur moi-même et les mêmes craintes pour Neige, sans pouvoir me calmer réellement. J’ai beau essayer de penser à autre chose, les mêmes images me reviennent toujours. Elles m’ont toujours accompagné depuis la mort de mon père et je crois qu’elles ne me quitteront jamais. Je finis par m’écrouler de fatigue à côté du feu, sans pour autant avoir pu me changer les idées.

Ma nuit a eu des débuts mouvementés, mais la fin l’est tout autant quand je suis réveillé en sursaut par un torrent d’eau qui me court sur le visage. Je me relève d’un bond en me demandant ce qui se passe. La coupable se tient devant moi et a l’air assez fière, avec ma gourde vide dans les mains. Après avoir compris qu’elle avait encore gâché notre eau, je lui lance un regard noir, auquel elle me répond qu’elle veut chasser, ou plutôt elle a l’air de vouloir me l’imposer.

“ Si tu voulais me réveiller, tu aurais pu me pousser gentiment, ça aurait marché aussi… “

Elle veut vraiment chasser au réveil ? Je suis désolé, mais il m’est impossible de chasser le ventre vide. C’est un coup à se faire repérer parce que ma proie aura entendu mon ventre me signaler que je n’ai pas mangé… En plus, il a encore fallu qu’elle gaspille bêtement toute notre eau, donc on est bons pour aller en rechercher et je préfère y aller avant qu’après la chasse. On ne peut pas savoir quand on trouvera de l’eau à nouveau, ni quand on trouvera une proie.

“ D’abord, il nous faut de l’eau, avec ce que tu viens de gâcher… Et puis il faut que je mange un morceau. “

Je ne m’étais pas rendu compte que je ne m’étais pas rhabillé avant de m’endormir hier. J’enfile mon armure et fouille dans mon sac pour y trouver mes biscuits. J’en sors deux et prends mon sac sur mon dos. Je commence à manger alors que nous nous mettons en chemin vers la rivière que j'ai trouvée hier. J’aurais pu m’en douter, mais je regrette rapidement que ma gourde soit vide, les biscuits sont secs. Quand on vient de se réveiller, ce n’est pas forcément agréable. Je garderai le second pour après.

Nous arrivons devant la rivière et Neige s’en approche lentement. Elle n’a jamais vu un cours d’eau, non plus ? Elle renifle l’eau et joue avec comme un chiot qui en voit pour la première fois. Pendant ce temps, je bois un peu d’eau fraîche et remplis la gourde, avant de la remettre dans mon sac. Je mange mon deuxième biscuit et me désaltère de nouveau dans la rivière. D’un coup, je vois Neige donner un coup à la rivière, avant de la laisser pour repartir entre les arbres.

“ La gourde est remplie, on chasse. C’est ça ? “

Pour toute réponse, elle prend sa forme animale et renifle activement le sol, à la recherche d’une piste. Elle zigzague d’un côté à l’autre de notre trajectoire, jusqu’à un moment où elle vire brusquement de direction.Elle a dû trouver quelque chose. Je me sers donc de mon sens affûté et sens l’odeur nette d’un lapin. Je la laisse un moment suivre la piste, mais elle s’étiole parfois et je dois lui indiquer le chemin sur quelques mètres pour qu’elle raccroche dessus. Sa progression est discrète et sûre. Sans que j’aie besoin de lui expliquer à nouveau, elle reproduit notre stratégie de la veille pour tuer l’animal.

Nous rentrons avec notre butin au campement. Comme hier, je prépare le lapin et nous prenons ensuite notre repas autour du feu. Alors que nous mangeons, la renarde me fait part de son envie de découvrir la neige et les villes. Je ne pensais pas qu’elle voudrait si vite y aller. Sachant qu’elle a peur de tout, je pensais que ça lui prendrait beaucoup plus de temps pour passer outre.

“ Je ne suis pas contre, mais nous ne pouvons pas aller voir la neige pour le moment. C’est en haut des montagnes et nous ne sommes pas équipés pour affronter le froid qu’il fait là-haut. “

Pour aller explorer la montagne, il nous faudra des vêtements chauds et de quoi tenir en nourriture le temps de faire l’aller-retour. Pour l’instant, nous n’avons rien de tout ça. Il nous faudra donc acheter du matériel. Et qui dit “ acheter “ dit “ argent “. Or pour gagner de l’argent, il faut travailler. Il ne reste donc plus qu’une chose à faire avant de partir en ville.

“ Avant d’aller en ville, il va falloir faire des réserves de gibier, que nous pourrons revendre. Puis nous partirons pour Canopée, c’est la ville la plus proche. “
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu   [TERMINE] Une chasse au résultat inattendu Icon_minitime

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[TERMINE] Une chasse au résultat inattendu
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