Aliénor Isil

DON :

• Agilité développée
  
• Grande adaptabilité
  

SPECIALITES :

• Discrétion
  
• Pisteuse
  
• Imitation animale
  
• Empathie animale
  
• Discrétion
  
• Excellence spécifique en arme (Arc)
  
• Chercheuse de raretés
  

POUVOIRS :

• Soin guérisseur ★★★★★✩
  
• Sens développés ★★✩✩✩
  
• Contrôle du Vent ★★★★★★
  
• Contrôle de la Nature ★★★★✩✩
  
• Manipulation des Ombres ★✩✩✩✩✩
  

• Elle détient en sa possession un arc minutieusement décoré et sculpté en bois d'if ainsi qu'un carquois contenant vingt quatre vies d'hommes. Cette arme, qui était un présent de son maître, a une grande valeur sentimentale pour la jeune femme.
  
• Deux lames jumelles qu'elle garde près d'elle soit à sa ceinture ou bien croisées derrière son dos.
  

Aliénor a de nombreux biens, certains se démarquant plus que d'autres :

• Une dague dissimulée au niveau de sa jambe droite quand elle vêtue d'une robe ou bien à la ceinture quand elle habillée de son ensemble en cuir.
  
• Une habitation creusée dans les racines d'un arbre à Samhach
  
• Une habitation modeste à Elusia
  
• Un catalyseur bleu, porté en collier.
  
• Un cœur de sphène animal
  
• La clef de Tennan
  
• Un exemplaire unique d'un extrait du Journal d'Eucléis le Savant
  
• Le Souffle de Fen
  
• Une Cape chaude de Bor.
  
• Une aquabille.
  
• La Carte aux Trésors.
  
• Une plume du Grand Corbeau.
  
• Une pierre d'Exa
  

Au premier regard, Aliénor est une jeune femme des plus mystérieuse ; sa simple présence apporte un vent glacial aux alentours. Il y a quelque chose qui émane de chez elle qui inspire la méfiance, à tel point qu'on ne peut s'empêcher de la dévisager d'un œil curieux. Sa cape noire, mouchetée de bleu, dissimule un corps svelte et aux formes généreuses. Bien qu'elle se vêtit de cuir lors des combats ou durant ses longs voyages périlleux, ce sont les robes sombres et sobres qui dévoilent le plus son charme, soulignant ainsi chaque courbe de son corps. Sa démarche féline, presque sauvage, révèle une vie de nomade au cœur du Royaume de Délil.
Qu'en est-il de son minois ? Au risque de vous décevoir, Aliénor a le visage constamment encapuchonné, laissant ainsi planer un certain mystère en sa personne. Mais que se cache-t-il derrière cette large capuche ? On ne le sait guère... On peut cependant voir qu'elle détient un visage fin et des lèvres pulpeuses joliment rosées qui n'attendent qu'à être dévorées. Cachés dans l'ombre, ses yeux marrons sont d'une profondeur effarante, mélange surprenant entre douceur et austérité, ce qui a le don de troubler. Quant à ses cheveux, ils sont eux aussi dissimulés. Cependant, une longue mèche brune et ondulée échappe à la surveillance de la jeune femme et vient se poser sur son épaule dénudée...
C'est ainsi que cette ombre encapuchonnée, vêtue d'une cape sombre claquant au grès du vent, inspire à la fois l’envoûtement et la frayeur. La méfiance et la curiosité...

Spoiler:

Aliénor est une personne assez énigmatique qui ne laisse guère le premier venu s'approcher d'elle. Elle est méfiante et le fait bien souvent savoir ; ses gestes et ses paroles peuvent être considérés comme hostiles, pouvant frôler l'irrespect et l'indifférence. Elle est donc constamment sur ses gardes et cette jeune femme détient un fort caractère ; n'essayez pas de prendre Aliénor de haut, de lui mentir ou bien de la prendre pour une idiote, vous ne gagnerez que son hostilité de cette manière. Ses coups de colère, qui sont d'une grande rareté, ne sont pas très beaux à voir...
Cependant, ne voyez pas là qu'une Terranne sauvage et insociable, cette partie de sa personnalité est bien souvent une carapace pour cacher une toute autre facette de la Rôdeuse. Aliénor est avant tout une personne posée et patiente; qui sait se faire discrète pour se faire oublier. Oui, madame est quelqu'un de solitaire, distante et introvertie... Une de ses plus grandes angoisses serait qu'on blesse son coeur, de ce fait, elle se referme à chaque personne qui essayerait de s'approcher d'elle. Mais plus vous crèverez son cocon, plus vous découvrirez une jeune femme douce, amicale et délicieuse à vivre. Peut-être même que vous réussirez à la faire rougir si vous savez user de vos mots. Oui, pour arriver à là, il faut creuser bien profond dans sa carapace...
Quoi qu'il en soit, Aliénor est une solitaire qui aime cependant faire des rencontres, se montrant par ailleurs d'une agréable compagnie si elle estime que vous n'avez pas de mauvaises intentions. Elle aime les histoires et écoutera passionément vos récits autour d'une bonne tasse de thé. Oui, le thé c'est son pêché mignon, ça et les armes blanches. Cependant, ne pensez pas qu'elle aime user de ses armes ; ses mains se tâchent de sangs seulement si sa vie est en périle. Diplomate, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour apaiser les conflits.
Femme studieuse, elle boit les livres comme si elle buvait son thé ; la Terranne veut tout savoir. Il est impossible pour elle de trancher cette soif qui l'obsède et qui la ronge de l'intérieur. Elle est donc d'une curiosité à tout épreuve, pouvant l'amener à des situations quelque peu délicates...
Si vous parvenez à l'atteindre et l'avoir comme une amie, ou une alliée, vous découvrirez alors que cette jeune femme est quelqu'un de fidèle, prête à tout les sacrifices pour vous venir en aide. Encore faut-il que vous réussissiez à dompter cette louve sauvage !



PRENOM : Fenrir
RACE : Loup
SEXE : Masculin
POUVOIR : Augmentation de la taille
DESCRIPTION : Fenrir est un loup au pelage blanc et aux yeux gris semblables aux reflets des lunes. Il détient un catalyseur incrusté sur son front, impossible de savoir comment il s'est retrouvé avec un tel objet dans sa chaire, mais cette pierre lui confère le pouvoir d'agrandir sa taille atteignant ainsi un mètre quatre-vingt au garrot. Fidèle compagnon d'Aliénor, il n'est pas pour autant son animal de compagnie, bien au contraire. Fenrir est un loup sauvage et dangereux, la jeune femme le sait tout aussi bien. Il n'obéit nullement à Aliénor et semble suivre son instinct bien qu'il se laisse certaines fois dicter ses conduites. Il exècre la présence d'humanoïdes en grande masse, ainsi, vous ne verrez jamais Fenrir aux côtés de la Terranne quand celle-ci parcourt les cités et il se montre hostile avec les étrangers. Seules les Eryllis semblent ne pas déranger l'animal. Protecteur et têtu, il n'hésitera nullement à vous attaquer aux moindres gestes suspects tout comme il n'hésitera pas de mordre Aliénor si celle-ci s'obstine à s'opposer à lui de quelque manière qu'il soit.
Cependant, malgré tout ses défauts, c'est un loup tendre et paternel qui a toujours été là pour Aliénor dans les moments les plus difficiles. Un lien fort et unique les lie, pour le meilleur, comme pour le pire, en attendant que Kron ait décidé de leurs sorts...


PRENOM : Fafnir
RACE : Grizar
SEXE : Masculin
DESCRIPTION : Ce petit lézard, plus grand que la moyenne, a rejoint très récemment la famille d'Aliénor, lors d'un voyages à Argyrei. C'est sa curiosité, aussi grande que sa couardise, spécifique de sa race, qui l'a amené à cotoyer la Terranne. Ou plus particulièrement, les repas de la jeune femme, dont il semblait en raffoler. Amusée par son côté chapardeur et bercée par le souvenir du Grizar de son défunt Maître, la Rôdeuse n'eut pas le coeur de profiter de se rapprochement pour en faire son dîner. Finalement, habitué par sa présence et amadoué par la nourriture qu'il volait, Fafnir suivit Aliénor. Désormais, on le voit très souvent posé sur ses épaules, sous l'ombre de sa capuche. Il ne quitte que très rarement la compagnie de la Terranne et semble détenir un fort caractère. Il a tendance à mordre les individus se rapprochant un peu trop près de l'Eryllis et de s'exprimer, quelque soit son humeur, à travers des petits cries pour se faire entendre. Cleptomane et enquiquineur, il ne reste pas moins un couard. Cependant, malgré l'agressivité que Fenrir lui a montré durant les premiers mois, l'animal s'est attaché au loup blanc et il n'est pas rare de le voir logé contre sa fourrure. Fafnir est, entre autre, la spontanéité et la gaieté de la famille.




Elle avait à peine poussé son premier cri, qu'elle se retrouva orpheline. Sa mère, pauvre paysanne, avait utilisé ses dernières forces pour la mettre au monde. Nul ne savait qui était le père, on dit seulement que l'enfant était le fruit d'une aventure d'un soir. Alors, et dès sa naissance, elle fut envoyée dans un foyer où tout les orphelins étaient réunis. C'est ainsi que la fillette grandit dans cet univers où l'amour maternel manquait cruellement au foyer et les disputes entres les bambins dynamisaient le quotidien. Elle ne reçut aucune éducation : elle ne savait ni lire, ni écrire, et elle n'avait aucune notion de tout ce qui l'entourait. D'ailleurs, Aliénor n'était pas son vrai nom et aujourd'hui il est impossible pour elle de s'en souvenir. Afin d'échapper à cet atmosphère étouffante qui y régnait, elle passait toutes ses journées en ville avec les autres enfants. De toute façon, c'est à peine si les nounous remarquaient ses absences. À l'âge de six ans, la fillette se retrouva très vite embarquée dans le quotidien palpitant d'une petite voleuse. Le vol, voilà un moyen qui faisait vivre les plus démunis comme elle. Le but étant simple : Voler pour vivre. Si au début l'objectif était la nourriture, il se tourna très vite vers les bourses des passants. Ce qui était plus dangereux et si par malheur elle se faisait attraper... Elle pouvait dire adieux à sa main.



- Lachez moi ! Lachez moi ! Hurla la fillette à plein poumons.
- Mais vas-tu te taire ! Rugit un homme qui tenait fermement la petite voleuse dans ses bras.

Ils ont été trop gourmand, elle et ses amis.
Ce jour là, ils avaient repéré un marchand dont l'argent débordait de sa bourse en cuir. Ils ont cru qu'ils pourraient facilement le voler, mais ils avaient eu tord. Pris la main dans le sac, ce fut la débandade parmi les bambins et par malheur, notre petite voleuse se fit attraper. La pauvre enfant pleurait, hurlait, demandant de l'aide à ses amis, mais ces derniers avaient pris la fuite et laissèrent ainsi la fillette à son triste sort. Il y avait une loi chez les jeunes voleurs que la petite fille connaissait que trop bien : quand on se fait prendre, c'est chacun pour sois.
Elle fut donc amenée à une table la plus proche et le marchand tint fermement le poignet maigrichon de la petite voleuse tandis qu'il brandissait une épée...
Que ça lui serve de leçon.
Alors que la lame fendit l'air et que la jeune fille hurla de terreur, un son métallique retentit dans les alentours. Un lourd silence s'en suivit et la petite fille, qui avait fermé les yeux, leva son regard au ciel. Quelle fut sa surprise quand elle découvrit un homme encapuchonné et tout en noir, brandissant une dague qui avait arrêté la course de l'épée ! Apparemment, ce n'était pas aujourd'hui que la petite voleuse perdra sa main. Ce fut alors que le marchand rangea subitement son arme, tandis qu'il prononçait d'une voix tremblante :

- Un Rôdeur...

Un Rôdeur ? La fillette en avait jamais entendu parler. Et à dire vrai, c'était la première fois qu'elle en voyait un. Elle fut incapable de le quitter des yeux, tant ce mystérieux homme inspirait à la fois la frayeur et le respect. C'est alors que le Rôdeur baissa la tête vers la petite fille qui hoqueta en sentant son regard perçant entrer dans son âme. Ses membres se mirent à trembler et bien qu'elle aurait voulu être à des lieux d'ici, elle était tout simplement incapable de bouger le moindre muscle... Incapable de dévier son regard de ses magnifiques yeux bleus...

- Eh bien, monsieur... Commença subitement le mystérieux inconnu d'une voix suave, pourrais-je savoir ce que cette enfant a put faire pour mériter un tel châtiment ?
- Elle a tenté de me voler, elle et ses amis, Rôdeur ! Elle doit être punie comme il se doit afin d'éviter qu'elle recommence ! Rugit le marchand en la pointant du doigt.

La concernée se mit à chuinter tout bas. Jamais n'avait-elle eu aussi peur pour sa vie, elle ne voulait pas être châtiée ! Jurée, elle ne recommencera plus si jamais elle réussissait à garder sa main !

- C'est une faute grave, en effet... Déclara doucement le Rôdeur, mais il n'est pas nécessaire de la punir de la même manière qu'une adulte. En revanche, si vous le permettez, je me chargerais de lui infliger le châtiment nécessaire...

La fillette devint livide. Elle se voyait déjà enchaînée et torturée à coup de bâton ! Il fallait fuir, et vite ! Mais alors pourquoi diable ses jambes n'obéissaient pas ? Pourquoi perdait-elle tout ses moyens face à cet homme ?

- Avec plaisir... lâcha le marchand avec un sourire malsain aux lèvres.

Non ! Elle n'était pas d'accord ! N'avait-elle pas le droit de donner son avis ? Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait s'échapper de sa poitrine. Des larmes amères brouillaient sa vue, bien qu'elle put distinguer la silhouette de l'inconnu s'approcher d'elle d'une démarche féline. La petite fille avait arrêté de respirer tandis que la cape du Rôdeur claqua et s'abattit sur la petite fille... Et ce fut le noir.



A son réveil, elle se retrouva dans un lit qui n'était pas le siens. Encore en un seul morceau, sa surprise fut aussi grande que sa peur qui lui tordait l'estomac. Peur qui s'amplifia à la venue du Rôdeur. Elle se mit alors à pleurer tandis qu'elle se cachait sous les draps, redoutant de voir sa dernière heure arriver. Cependant, il en fut rien.

- Doucement, murmura l'inconnu d'une voix aussi douce qu'un zéphyr. N'aies pas peur, je ne te veux aucun mal...

Il continuait à lui parler ainsi pendant qu'il retirait les draps pour retrouver la jeune enfant en larme et repliée sur elle-même. Elle avait un petit air de chaton qui faisait sourire le Rôdeur et, tout doucement, il prit la fillette dans ses bras. Cette dernière gémissait de plus belle à son contact, mais ne lutta pas quand il la déposa sur ses genoux, la berçant contre lui.
Enveloppée dans sa cape, la petite voleuse pleurnichait toujours quand soudain, elle ressentit une caresse sur ses cheveux. Surprise, elle se tut sur le moment. Jamais on avait caressé ses beaux cheveux et ce geste si tendre était un pure délice. Quand au son du tam-tam que produisait le cœur du Rôdeur, il était semblable à une douce berceuse qui apaisa les tourments de la fillette. Finalement, elle renifla bruyamment, s'accrocha à la tunique de l'homme et se laissa aller ; un peu plus rassurée, elle s'autorisa à baisser sa garde. Ses larmes avaient disparu de son petit minois et ses gémissements ne retentissaient plus dans la pièce. Détendue, elle prit alors son pouce dans sa bouche, ce qui fit sourire de plus belle l'inconnu.
Il profita de ce moment de répit pour la questionner à propos de son prénom, mais elle ne répondit pas, intimidée par cet homme tout en noir. Ce dernier ne l'avait pas réprimandé, bien au contraire, il semblait réfléchir. L'air absent, il toucha du bout du doigt le tout petit nez de la fillette, arrachant à celle-ci un petit couinement avant d'enfouir son visage dans un plis de la tunique du Rôdeur, qui se mit alors à sourire en lâchant d'une voix suave :

- Aliénor...

La petite fille leva son regard sur le Rôdeur qui semblait bien pensif ; que voulait-il dire par « Aliénor » ?

- Aliénor... Isil... Qu'en penses-tu ? Tu aimerais avoir ce nom, Aliénor ?

Ses yeux, rougis pour les larmes qu'elle avait déversé, s'ouvrirent en grand. Elle avait beau avoir seulement six ans, elle comprenait cependant la valeur inestimable du cadeau qu'il venait de lui offrir. Aliénor Isil. La fillette se répéta cette douce sonorité à mi voix, le pouce toujours dans sa bouche et le sourire aux lèvres.
Elle sentit par la suite une main empoigner son menton, l'obligeant à relever la tête. Elle rencontra alors les yeux bleus de son bienfaiteur, dissimulés sous l'ombre de sa capuche, et il déclara, d'un ton des plus sérieux :

- Aliénor... Écoutes moi bien, car ce que je vais te dire est très important. Si je t'ai sauvé, c'est bien parce que tu as quelque chose en toi que je cherche depuis un moment... Je t'offre une nouvelle vie, Aliénor. Je t'enseignerai tout ce que je sais et je te transmettrai tout mon savoir. Je t'apprendrai à te défendre, à comprendre tout ce qui nous entoure... Je t'apprendrai à vivre. Je t'hébergerai, je prendrai soin de toi jusqu'à que tu seras en âge de te débrouiller sans mon aide et qu'à ton tour tu puisses prendre ton propre chemin...

Il fit une pause, assurant qu'elle ait bien pris en compte tout ce qu'il avait dit. Ce qui était le cas ; la fillette avait bu ses paroles et ses yeux brillaient à présent d'émerveillement.

- Aliénor, commença-t-il d'une voix grave, je te donne le choix d'être mon apprentie.



Bien des choses ont changé dans la vie d'Aliénor quand elle a accepté de devenir l'apprentie de ce Rôdeur du nom de Grim. Depuis ce jour, elle travaillait sans relâche, s'entrainant chaque jour en espérant qu'elle puisse marcher dans les mêmes pas que son maître. Elle apprit à manier les lames ainsi que de nombreuses techniques pour pouvoir se défendre et mettre son adversaire hors d'état de nuire. Elle gardait d'ailleurs de très bon souvenirs à ce sujet ; Grim était un adversaire taquin et n'hésitait nullement à la mettre dans des situations cocasses mais tout aussi enrichissantes. Il était cependant plus dure avec la jeune fille quand elle devait manier l'arc ; il était très exigeant et exigeait qu'elle refasse plusieurs fois les exercices jusqu'à que cela soit acceptable. Mais elle ne s'en plaignait pas, elle savait que c'était le prix à payer si elle voulait devenir forte. Malgré la difficulté des entraînements, Grim tint sa promesse et prit soin de la jeune fille. Cette dernière découvrit la joie que pouvait procurer un livre et les plaisirs de l'écriture. Mais surtout, la chose la plus importante qu'il lui fit découvrir, c'est le monde ! Grim l'emmenait avec lui durant ses longs voyages à travers Istheria, pour qu'elle puisse voir de ses propres yeux le monde et toutes les merveilles que ces terres pouvaient receler. C'est ainsi qu'elle découvrit une faune qu'elle n'avait jamais vu auparavant et une flore aussi luxuriante que variée. Elle apprit à chasser, à traquer ses proies, comprendre la nature, faire un avec elle et surtout la respecter. Elle devint une ombre parmi les arbres, une louve sauvage...
Oui, jamais elle n'avait été aussi heureuse. Mais après des années d'apprentissages, elle se posait des questions. Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il choisit ? Pourquoi lui avait-il offert une nouvelle vie, elle, misérable petite voleuse sans origines ? Qu'attendait-il en retour ? Ce n'est qu'à ses seize ans qu'elle découvrit la vérité. Alors qu'elle rentrait de la chasse, elle trouva son maître en piteux état : il toussait. Mais pas une toux dut au froid, non, mais une toux bien plus déroutante que cela. Il toussait, toussait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait recracher ses tripes. Si fort qu'il avait du mal à respirer. Si fort... qu'il crachait du sang. C'était hélas la triste vérité, une vérité que son maître a tenté de lui cacher pendant toutes ses années : il était en train de mourir d'une maladie inconnue. Cette déclaration eut l'effet d'un poignard dans le cœur de la jeune Aliénor. Lui, son maitre, celui qu'elle considérait comme son père, devait bientôt rejoindre les cieux.

- Je ne voulais pas quitter ce monde sans réaliser mon souhait : transmettre mon savoir à un apprenti. Ainsi, je t'ai trouvé, toi... alors que tu n'étais qu'une orpheline qui s'apprêtait à perdre sa main pour une erreur de jeunesse. Je t'ai sauvé, parce que je voulais t'offrir une chance de t'en sortir, je voulais t'offrir une nouvelle vie que très peu d'enfants des rues ont la chance de connaître... Je n'ai jamais regretté ce choix, car aujourd'hui, je suis fier, si fier d'avoir eu une apprentie comme toi...

Cette nuit là, Aliénor fut inconsolable même après toutes les tentatives de son maître pour lui faire changer les idées. La voyant ainsi déverser toutes ses larmes de son corps, le visage enfouie dans son coussin et repliée sur elle-même, il sut à cet instant qu'elle serait anéantie si l'heure de sa mort arriverait. Oui, elle voudra sûrement le rejoindre par tout les moyens en donnant son âme à Kron ou en se laissant mourir à petit feu. Alors, afin de la sauver, il lui demanda de lui faire une promesse : si jamais il devait quitter ce monde... elle devra vivre.



Aliénor avait pourtant tout essayé pour le sauver, usant de ses pouvoirs de guérison avec l'espoir qu'il se rétablisse... Mais elle ne fit que retarder l'échéance et le jour qu'elle redoutait le plus arriva quelque temps après que son maître lui fit officiellement une Rôdeuse. Nul mot ne pouvait décrire ce qu'elle avait ressenti ce jour là, quand elle incinéra le corps de Grim, disperçant ses cendres dans un souffle de vent aux quatre coins de ce bas monde. Plus rien ne fut comme avant. Elle qui n'avait jamais connu la mort d'un être proche, trouvait la douleur insupportable. Elle erra ainsi dans Noathis, l'âme en peine et le cœur brisé. Il ne restait d'elle qu'une coquille vide. Elle ressentait comme un grand vide au fond d'elle, comme si les Dieux lui avaient retiré une partie de son âme. Elle se laissa détruire à petit feu, à la merci de la faim et de la fatigue.
À bout de force, elle s'effondra alors qu'elle avait atteint la forêt de Sphène. A bout de nerfs, le cœur lourd et ne pouvant plus contenir toutes ses émotions, elle pleura toutes les larmes de son corps, hurlant à plein poumons sa colère et son désespoir. Elle voulait mourir, car il n'y avait plus rien qu'il la rattachait à cette vie. Recroquevillée au milieu de cette flore luxuriante et des créatures sauvages, la jeune fille se retrouva seule au monde.
Le soir, tandis que Maara, Ignias et Talum trônaient le ciel étoilé et que des bruits inquiétants résonnaient dans les alentours, Aliénor sentit la présence d'une créature en approche ; les buissons s'agitaient, des branches se brisaient sous un poids inconnu... Et pourtant, elle resta immobile, couchée dans l'herbe tendre, comme si elle attendait que la créature achève ses souffrances. Cependant, elle ne s'attendait pas à voir surgir un loup blanc. Il ne faisait que passer, mais il repéra bien vite la petite chose recroquevillée sur elle-même et il semblait bien surpris de trouver une adolescente de dix-huit ans agonisant au sol dans un endroit pareil. Curieux, il s'approcha doucement de la petite Terranne, observant le moindre de ses mouvements et humant son odeur. La jeune fille, quant à elle, l'observait d'un regard vitreux, son cœur battant furieusement face à cette inquiétante rencontre. Son heure allait-il enfin venir ? Non, pas tout de suite, car le loup partit, sans demander son reste, laissant Aliénor à nouveau seule au monde. Elle pensait qu'elle n'allait jamais le revoir, mais il revint. Plus d'une fois et pendant deux jours avec toujours ce même rituel d'inspection. Il était curieux, c'était la première fois qu'il observait une Terranne de si près et il semblait vouloir vérifier si elle n'avait pas trépassé durant son absence. Ces visites des plus singulières firent naître une lueur de vie dans les yeux d'Aliénor qui ressentit peu à peu de la sympathie pour cet animal. Il était comme une flamme vacillante qui tentait de percer les ténèbres qui l'entouraient. Elle avait essayé de le toucher à plusieurs reprise, mais à chaque fois, il prenait la fuite, grognant et dévoilant ses canines acérées. Mais il revenait. Toujours.
Cependant, à la nuit du deuxième jour, il trouva la jeune fille fiévreuse et mourante. Alerté, il s'approcha si près de son corps frêle, qu'Aliénor sentit son souffle sur son visage. Elle ouvrit alors les yeux, haletante et le front en sueur, et croisa son regard perçant. Ses yeux étaient si beaux, comme la surface des trois lunes qui brillaient en ce moment. L'adolescente fut totalement envoutée, tendant délicatement sa main vers lui. Le loup ne recula pas et laissa les doigts de la petite se poser sur son front. Et pour la première depuis le malheur qui s'était abattu sur elle, un sourire est apparu sur ses lèvres. Ce fut ensuite les ténèbres...



Elle ne pensait pas que la mort pouvait être aussi confortable comme un bon lit bien chaud... Quoi de plus normal quand on se retrouve justement dans un lit ? Autant dire qu'à son réveil Aliénor était quelque peu déboussolée, ne s'attendant pas à ouvrir les yeux dans une chambre et encore moins de rencontrer ses hôtes qui n'étaient autres que des Eryllis ! Elle ne voulait pas y croire ou plutôt, elle avait du mal à y croire, car ces femmes étaient considérées comme des guerrières légendaires, dangereuses et redoutables dont leur histoire avoir pour but d'effrayer les voyageurs s'aventurant dans les terres de Noathis. Mais comment avait-elle fait pour se retrouver ici ? Eh bien, les Eryllis l'ont trouvé agonisante dans la forêt de Sphène alors qu'un loup blanc veillait sur son corps. Elles l'ont donc amené ici et une certaine Beyla s'était occupée d'elle pour la remettre sur pieds... Ces femmes avaient donc sauvé la vie d'Aliénor, bien que celle-ci aurait préféré rejoindre le Royaume de Kron, liant ainsi son destin avec celui des Eryllis. Et pourtant, la jeune fille se montra très vite sauvage, hostile et craintive avec ses hôtes. Recroquevillée dans un coin de cette petite chambre, elle ne voulait guère qu'on s'approche d'elle ni qu'on lui apporte à manger ; elle désirait simplement qu'on la laisse tranquille et qu'on lui donne l'occasion de crever en paix. On ne l'entendait pas de cette oreille et cette adolescente déchanta très vite quand une certaine Lhurgoyf vint la voir. On l'appelait Sighild, meneuse des Eryllis. Oh oui, Aliénor fut très vite intimidée par cette femme, délaissant son hostilité pour une certaine soumission. C'était la première fois qu'elle voyait une créature de cette race aussi près et il y avait quelque chose qui émanait d'elle, inspirant à la fois le respect et la frayeur. Comme Grim. La Rôdeuse ne fit guère le poids face à elle et se résigna à se laisser aider...
Les premiers temps furent difficiles, Aliénor se montrant particulièrement méfiante et craintive, elle ne s'ouvrit pas tout de suite aux Eryllis, se cachant plutôt dans les jupons de Sighild. A cette dernière, l'adolescente se montrait singulièrement calme, l'écoutant attentivement, bien qu'il était visible que cette jeune enfant était toujours accablée par la mort de son défunt Maître. Les mois passèrent, la petite Rôdeuse osa s'intégrer peu à peu avec ces femmes. Prise sous l'aile de la meneuse, elle apprit les uses et les coutumes de ce peuple, se mêlant peu à peu à leur quotidien. Elle en oublia ses craintes, ayant enfin compris que les Eryllis ne voulaient en rien du mal, mais bien au contraire, lui offrir un nouveau commencement, une nouvelle vie, un nouveau nom... Une coutume qui ne plaisait pas forcément l'adolescente, car son nom avait une véritable valeur sentimentale à ses yeux ; n'était-ce pas un cadeau de son maître ? Mais si c'était là l'occasion de leur montrer qu'elle était prête à vivre au près des Eryllis, alors qu'il en soit ainsi ! Aliénor sacrifia son nom, une étape qui l'a perturbé, car elle se rendit compte qu'elle laissait derrière elle ses chimères pour aller de l'avant sous le nouveau nom d'Aenor. C'était en quelques sorte une libération, elle pouvait commencer une toute autre vie.
Elle avait tout perdu ! Mais voilà qu'elle trouva une nouvelle famille, unie et prête à tout pour sauver une de leur sœur. Aliénor fut à jamais reconnaissante à Sighild de l'avoir accepté parmi elles et aujourd'hui, elle semble retrouver le goût à la vie. Cependant, elle fut bien vite atteinte de mélancolie et de nostalgie... Elle se plaisait bien à Samhach, mais le monde lui manquait, Istheria lui manquait. Elle pria alors à sa chef de lui autoriser à la laisser voyager à travers les contrées. Elle lui promit de revenir à chaque fois, mais elle voulait absolument revoir le monde comme elle avait fait avec son défunt maître. Finalement, elle fut autorisée à partir, permettant ainsi à Aliénor de quitter le village cachée des Eryllis et de redécouvrir Istheria en compagnie de son meilleur ami Fenrir, le loup blanc qui avait veillé sur elle dans la forêt. Ses longs voyages remplirent son cœur d'allégresse et de merveilleux souvenirs. Comme promit, elle revenait au village, contant ses aventures à ses soeurs. Il semblerait qu'elle ait retrouvé la paix, mais les blessures du passé resteront à jamais gravés dans son cœur...
Cependant elle avait une vieille promesse à tenir, une promesse qu'elle se promit d'accomplir.