Rencontre autour d'un cadavre ambulant

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• Civils: 15

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Rencontre autour d'un cadavre ambulant

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Rencontre autour d'un cadavre ambulant   Rencontre autour d'un cadavre ambulant Icon_minitimeVen 1 Juil - 0:27

La petite fleur de Niveria pendait au bout de chaine, éternelle pendentif autour de son cou, sculpture minuscule de métal toujours reluisant. Chaque fois que je l’ai vu, ce petit bijou, contrairement à quelques autres, était toujours à cette place. Et le Sindarin que je suis l’a connu avant Malburn.

De sous sa crinière fauve et grasse surgissent ces deux yeux d’un bleu irréel. On dirait deux feu-follets qui se sont figés dans ses iris. Comme toujours, il m’a sentit venir. Pourtant, je suis l’un de ses meilleurs éléments. Il faut croire qu’il n’est pas encore dans notre clan celui qui lui disputera son titre de chef du département.


-Sir Mitsgun ? Millena vous demande. Elle vous attend dans la cour.

Sans me répondre, il déplace son regard glacial pour la repérer du premier coup d’œil.

Un simple « très bien » et il me laisse là, s’en allant de son pas rapide et déterminé, descendant les escaliers du rempart.

Journal de bord d’un assassin des Nerozias.
*

Millena m’avait demandé de lui préparer plusieurs documents. Je ne m’attendais pas à la voir arriver avec ce monstre de Mitsgun. Ce n’est pas que je sois raciste. Je m’entends plutôt bien avec les Lhurgoyfs en règle générale. Mais celui-ci dégage une telle aura que j’en ai des frissons dans le dos à chaque fois que je le vois. Comment ce fait-il que si peu de ses hommes le critiquent ? Son regard, son allure, son hygiène aussi, et son odeur… Mais surtout son regard… Il y a quelque chose d’hypnotique dans ses yeux.

Soudain ses prunelles harponnent les miennes et je reprends conscience. Millena semble me répéter que je peux les laisser. Je ne l’avais pas entendu la première fois. Je m’exécute, troublée. On m’avait dit que son aura était spéciale. Je ne la pensais pas à ce point déconcertante.
Il me regarde m’éloigner. J’évite son regard. Malheur. Mon travail dans ce local est loin d’être fini. Je fuis dans les rayons de livres et me cache derrière les étagères. Je sens encore son regard me transpercer. Le pire est que ça n’est pas si désagréable que ça. C’est envoutant même.

Dans mon coin, je les entends parler. Elle lui confit une mission ; importante sans doute. Je n’entends pas tout mais il part tôt ce soir. Au moins je n’aurais pas à craindre de le croiser dans la nuit. Par contre, un autre va devoir le supporter. Rhydril Magtheïs. Eh bien je n’aimerais pas être à sa place. Toute une mission avec lui, en Cebrenia.

Il sort. Nos regards se croisent encore au détour d’une étagère. Je me sens tellement étrange à l’intérieur de moi-même…
Millena me rappelle à l’ordre et je dois me remettre au travail.
Que m’arrive-t-il ? Je ne le trouverais pas attirant tout de même ?

Journal intime d’une archiviste des Nerozias.
*

*Ma sœur. J’t’en envois un autre. Un chiard qu’aurait jamais du magouiller avec ces Criards d’Hesperians. Bientôt, not’ tourment va faire un nouveau macchabé.*

Les lumières de la côte se faisaient voir au loin dans la nuit. Je lâchai mon trésor et descendis du mat. Quelques dizaines de minutes plus tard, le bateau était à quai. On ne m’enregistrera pas avec le reste de l’équipage.

Dans la nuit, je suis un fantôme parmi les spectres ; une ombre parmi les ténèbres. Les lunes ont déjà commencé à disparaître chacune leur tour et bientôt, Doromis apparait. J’ai fini par trouver l’auberge de mon acolyte du moment. Les premiers rayons du soleil pénètrent dans la chambre par la fenêtre. Moi aussi.
La pièce est déserte. Le lit est défait mais je sais qu’il n’est pas sorti. Je le sens. Et il manquera de me trancher en deux si je ne me présente pas.


-Doucement avec ton supérieur, Nerozias.

Il m’aurait presque surpris. Il est prometteur.

-Il parait que tu as des informations à me fournir…

Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
Le marchand d'arme Ière partie


Dernière édition par Jonas Mitsgun le Lun 18 Juil - 15:36, édité 2 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Rencontre autour d'un cadavre ambulant   Rencontre autour d'un cadavre ambulant Icon_minitimeLun 4 Juil - 18:04

Rhydril avait reçu une lettre du fameux Chasseur Noir, qu’il connaissait plus de nom, ne l’ayant jamais vraiment rencontré en personne. Cela faisait un certain temps qu’il faisait maintenant partie des Nerozias, mais Rhydril avait encore un peu de mal avec l’organisation de sa patrie. L’essentiel, c’est qu’il n’ignorait pas que ce Chasseur Noir est quelqu’un d’haut-placé.
La lettre parlait d’un certain Kabern Mizollar, qui, d’après les rumeurs transmises à Rhydril, était installé à Elusia pour un court instant. Le but était de récolter les informations le concernant, des informations précises et utiles.

Le vieux gorgoroth avait utilisé sa finesse et sa discrétion pour dégoter divers renseignements concernant les habitudes de ce cher Kabern. Un tour dans chaque coin de la place publique de la capitale, et le tour est joué… du moins c’est ce qu’il aurait espéré. Comme dit dans la lettre, l’importateur d’arme est un homme très prudent, qui ne divulgue sans doute aucune information à propos de lui…

Cependant, Rhydril savait que ce genre d’homme toujours accompagnés de garde du corps ne devait pas avoir beaucoup de capacité dans les arts martiaux, les attaques ou la défense. S’il fallait trouver ce que l'homme avait en possession, il faudrait sans doute le torturer. Et peu importe les gardes, ceux-ci n’étaient que détail futile dans la mission.


◘◘◘

Durant la nuit, l'homme avait loué une chambre dans l'auberge la plus proche. Après un sommeil bien mérité, le jeune Nérozias s'était levé peu avant l'aube. De son habitude, il n'avait rien rangé dans sa chambre. Vêtements, bibelots et autres pièces qu'il emporte toujours avec lui étaient éparpillés sur le sol. Ce désordre se révéla être un point fort pour sa survie, du moins c'est ce qu'on pourrait croire d'un premier oeil. Quelqu'un avait pénétré dans sa chambre. Par la porte ? Non, il aurait entendu le grincement du vieux bois. Par la fenêtre. Cela aurait été facile étant donné qu'elle se trouvait déjà ouverte...

D'un pas silencieux mais rapide, il s'avança. Prêt à accomplir le geste décisif, un vrai coup bas - dans son dos ! -, il s'arrêta net quand l'homme se prononça. Supérieur ? C'était donc l'homme de la lettre. Il était temps qu'il se rapplique celui-là ! Rhydril se détenda un bon coup, avant de s'asseoir sur le lit défait.


" Donc c'est vous... soupira-t-il, soulagé. J'ai des informations à te donner, oui. Mais... Ce misérable sait être discret ! J'ai fais du mieux que je pouvais et... je pense que ça suffira."

La quantité des informations pouvait suffire, mais seulement pour Rhydril. Le pauvre, il se mentait à lui même pour valoriser ses compétences d'espion. Sur ce coup, il n'était pas le meilleur.

Le Gorgoroth se leva de son livre et se dirigea vers une commode qui se trouvait derrière lui. Il tourna le dos à l'inconnu, ou plutôt au Nérozias.


" Je sais qu'il prend comme habitude de rejoindre la taverne, pas loin d'ici, à la tombée de la nuit, pour rigoler et boire avec ses copains ou je ne sais qui d'autre... Il doit être un fameux pochard... Mais peu importe. Ses gardes sont toujours avec lui, à croire qu'il ne s'en sépare jamais ! "

Puis il se retourna.

" Il y sort aux alentours de deux heures du matin, et si j'étais pas trop ivre... je veux dire fatigué, il se sépare d'un de ses gardes à la fin du petit chemin... C'est déjà mieux que d'en avoir deux à se coltiner "

Il refit ensuite son lit, et ferma le sac qu'il avait déjà préparé et regarda une dernière fois son collègue.

" Et toi, quels sont tes révélations, si tu en as évidemment "


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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Rencontre autour d'un cadavre ambulant   Rencontre autour d'un cadavre ambulant Icon_minitimeLun 18 Juil - 6:23

À peine avait-il fini de se retourner avec son sac fermé que le poing vint cueillir sa mâchoire, imprévisible, rapide, soudain. C’était d’ailleurs un miracle si le gorgoroth avait pu finir sa phrase.
Debout devant la jeune pousse renvoyée au lit, le pétale du rosélium serrait son poing levé entre eux.


-On tutoie pas son supérieur. Vu ?

J’attendis un instant, non pas une confirmation, mais simplement le temps que l’information s’imprime dans l’esprit de ce trouffion. Ensuite, je le tends, ce poing, comme pour lui donner un avant goût de ce qui s’est imprimé dans sa joue.

-Et j’espère que t’avais remarqué la bagouse avant de me déballer ta vie, au moins.

Je retire ma bague violement et la lui lance pour qu’il puisse l’examiner.

-Faut pas croire tous ceux qui crient au loup comme ça ! T’as quoi dans la trogne ? Du fromage de chèvre mal affiné ?

Ma voix calme et posée n’avait pas haussée le ton une seule fois. Mon regard faisait le nécessaire. Rude et glacial, il ne lâchait pas le sien une seconde alors que je le sermonnais.

-Et tu tournes souvent le dos à un inconnu ?

Finalement, je semble me détendre, les sourcils toujours froncés pourtant mais l’aura moins menaçante. Ma main se tend également plus douce que lors du premier contact dans l’espoir de l’aider à se relever et de récupérer mon anneau

-Tu me montreras la tienne aussi.

On ne se forge pas une réputation de main de fer en brodant de la dentelle. Tous mes hommes savaient comment j’étais et passaient par-là. Pas de quoi se braquer pour un rite d’initiation.

Tous faisaient preuve de respect et de discipline. Si la peur en motivaient quelques uns, c’était surtout de ma vraie forme qu’aucun n’avait pu voir en entière ou en détail.
J’avais la réputation de perdre le contrôle lorsque je me révélais tel que j’étais, un monstre, et tout un tas de rumeur courait à mon sujet. Mangeur d’homme, violeur de femme incube, bourreau d’enfant…
L’Inconnu laisse toujours galoper l’imagination mais désormais c’était plus des blagues de beuverie, bien à l’abri des oreilles de supérieur… Enfin c’est ce qu’ils croyaient. Mais je ne leur en voulais pas.
J’avais appris à supporter les Terrans et les prendre en entier, avec leur défaut et leurs rares qualités.
Mais qu’on dise et pense ce qu’on veut de moi. Ce qui comptait c’était l’ordre et la discipline sur le terrain pour un travail irréprochable.

J’espérai que je pourrai inculquer ces simples principes à cet apprenti. Nous avons délaissé trop longtemps nos hommes loin de Kodolm et en payions aujourd’hui les conséquences. Il était temps de faire le ménage et de rectifier le tir pour ceux récupérable.


*Rhydril Magtheïs… Choisis bien ton camp…*

Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
Le marchand d’arme Ière partie

*

Ça ne se passa pas comme prévu. Amorçant une filature dès l’auberge, nous fûmes repérés (à moins que ce ne soit « reconnus » ou « dénoncés » que je doive employer) :

Lorsque notre homme monta avec une paire de fille à l’étage, je fus irrémédiablement empreint d’un mauvais pressentiment. J’envoyai Rhydril surveiller l’arrière cour et restait à siroter mon breuvage immonde et sans alcool à 3 Dias.

Qu’aurai-je pu espérer de meilleur à ce prix ridicule ?
Enfin qu’importe ! Une seule chose comptait : des cinq derniers clients de cette maison de passe encore entrain de traînasser à cette heure tardive dans la grande salle, j’étais le seul sobre avec le tenancier et les deux vigiles employés par notre cible étaient les plus imbibés.

Je sentais la tension monter alors que les secondes s’égrainaient.
L’alcool échauffait encore le sang de ces deux armoires à glace. Restant de profile, je pouvais pourtant sentir leurs regard affolés me caresser subrepticement.
Je n’étais pas le seul à avoir remarqué que l’ambiance avait changé. Le gérant devait prier Soulen tandis que déjà, le dernier habitué nous quittait.
Le premier sang coulerait ici-même et sous peu. Ce n’était plus qu’une question de temps.
Je dois avouer qu’à cette pensée, j’ai esquissé un sourire sous ma capuche.


-Messieurs ! S’il vous pl’… Voila ! Voila ce qu’on attendait !

J’entendis le cri d’une lame que l’on tire de son fourreau.
Je descendis la dernière lampée de ma boisson immonde tandis que sous la table, ma main s’agitait déjà. Entre ses quatre pieds, une lumière rouge étrange changeait l’ombre en lumière et le contenue liquide de ma bouche fut expulsé salement au visage de mon agresseur qui me manqua alors.
À travers la table, une image intangible d’OryX pointait déjà.
Le second mercenaire arriva sur moi alors que ma chaise s’écrasa contre la défense de ses bras.

D’un coup de pied, je dégageai la table, révélant le sigil qui laissait sortir lentement mais sûrement mon arme. En attendant que ma magie finisse d’opérer, je tiendrai ces deux mastodontes en respect.

Me laissant un instant absorbé par la lueur que dégageait la fissure, je me fis embrasser par mon second adversaire déjà remis. Je sentis ma courte stature léviter entre ses bras plus gros que mes propres cuisseaux. Déjà le souffle me manquait mais l’approche du premier toujours armé de son poignard m’intéressait plus encore.
Par la force de mes jambes, j’évitai de devenir la tranche de viande froide au milieu du sandwich et séparai les deux acolytes.
Le choc derrière nous me fit comprendre que le mur était là.
Un coup de talon bien placé et l’arrière de mon crâne dans son nez l’incitèrent à changer de tactique : il me jeta au sol sur lequel je roulai sans mal.

Au milieu des deux tueurs, je me redressai et réévaluai la situation :
Mon arme était là désormais, tombée au sol, mais l’homme au poignard m’en séparait. De l’autre côté son homologue sortit une paire de dague. Ils étaient grand et étonnement imposant, pourtant leurs mouvements étaient fluides, bien que ralentis par leur masse.
Toujours dissimulé sous mes vêtements qui préservaient l’anonymat de mon visage comme de mon corps, il ne pouvait que me sous-estimer, moi et mon allure courtaude. Bien que peu glorifiant, c’était à mon avantage.

Face à mon immobilité stoïque, ils finirent par s’impatienter, le feu de l’alcool bouillant certainement encore à travers leurs veines.
Esquivant un coup de poignard, je ramassai au sol un pied de chaise dans chaque main et parait l’ambidextre et ses dagues tout en bloquant un coup de poignard d’un coup de pied.
Dans une vrille, mes bâtons les heurtèrent, l’un au poignet lui (faisant lâcher son grand couteau), l’autre derrière le genou (le mettant à ma hauteur).
Un coup de pied de face envoya le désarmé en arrière et je me retournai pour bloquer la taille d’un étrange cisaille.

Une seconde de répit s’immisça au milieu du combat. Son regard surpris se posa sur le disque d’ombre que formait mon capuchon. Il n’y trouva rien que deux feux-follets bleuté figés qui dévisageait avec froideur cet homme à genou aux deux bras tordus bizarrement autour de son cou.

D’un mouvement brusque, j’écartai ses armes et agrippai son col pour abattre mon front sur son nez déjà meurtri.
Plus de pause permise : je me retournai juste à temps pour bloquer le poignard qui se serait enfoncé entre mes omoplates.
L’élan du colosse me fit réviser ma défense : les deux morceaux de bois tombèrent au sol tandis que je saisissais à deux mains l’arme blanche assoiffé de rouge.
Un mètre… cinq… Il me fit reculer jusqu’au mur, espérant pouvoir m’y plaquer et finir le travail.
Pourtant, ce ne fut pas par incapacité que je ne ralentis pas notre course, mais par intérêt.
Arrivé assez proche, je me décalai pour le laisser percuter seul la surface tandis que je la gravis comme sur une pente raide.

Lorsque ma main toucha le plafond, j’attirai mes pieds contre la poutre.
Joyeux pouvoir que celui de défier la pesanteur à ma manière.

Ils ne restèrent pas inactif très longtemps, l’un me jetant l’une de ses dagues.
Je ne l’avais pas attendu, me ruant la tête en bas et le ventre au plafond vers le centre de la pièce, là où gisait, mon allié fidèle.

Mes pas cessèrent de battre la charpente et j’atterris lourdement à côté du long bâton aux extrémités pointues.
Le pas lourd de mes ennemis se rapprochait déjà et dans une vrille ponctuée d’un déclic, je me retournai et tendait face à eux Or et Xy.
Un dernier pas de ma part fit pénétrer les pointes dans les chaires et s’immobiliser net les deux irréductibles qui tombèrent en arrière.
Sans hésitation, je terminai d’enfoncer les pics dans chacune des deux poitrines avant de les en retirer et de filer vers l’escalier, laissant le propriétaire des lieux finir sa prière derrière son comptoir.

Deux explications étaient possibles : soit il les avait chargé de s’occuper de nous alors qu’il allait prendre du bon temps, sûr de lui à l’étage ; soit il les avait laissé dans la fosse, partant chercher l’issu de secoure.
Mais s’il était sorti, Rhydril m’aurait prévenu.
D’ailleurs, j’étais satisfait de voir qu’il ne m’avait apporté aucune aide malgré le vacarme que mon combat avait dû faire au rez-de-chausser étant donné que je lui en avais donné l’ordre : « Sors et surveille l’étage. Ça va chauffer mais j’veux pas qu’on le perde alors tu reste dehors et tu le laisse pas filer. S’il bouge, tu me préviens. »

Arrivé à l’étage, je constatai, haletant, avec une certaine satisfaction le peu de chambre. Si la première et la deuxième étaient vides, la troisième révéla une prostituée qui déambulait dans sa chambre en petite tenue, sans doute intriguée par le chahut d’en bas. Son cri de pudeur faillit m’arracher un sourire lorsque je la vis cacher sa nudité derrière un tissu.

La quatrième porte céda sous mon pied et les deux racoleuses restèrent sous leur couette l’air tendu mais nullement surprises.
L’une sembla m’indiquer la fenêtre d’un air penaud.
Pénétrant avec précaution, je m’approchai de l’ouverture tout en imaginant qu’il n’y avait qu’une raison pour que mon subalterne ne m’ai pas prévenu de l’échappé de notre cible : ils l’avaient eu…
Après tout, s’ils n’étaient pas surpris de nous voir ici, peut-être avait-il fait venir quelques renforts.

Le bruit de pas précipités et la douleur dans mon dos me furent expliqués plus tard. Caché sous le lit, ce fourbe avait payé les croqueuses pour qu’elle m’attire dans ce piège. Il m’avait frappé des deux pieds dans le dos et j’étais bel et bien passé par la fenêtre avec mes deux armes.

Mes mains et mes pieds me brûlaient pour avoir frotté contre la bâtisse. Me rattrapant in extremis, j’avais glissé contre la pierre grâce à mon pouvoir, rejoignant le sol plus doucement que prévu.

« Radine ! » avais-je simplement lancé à Rhydril alors que je récupérai mes armes sans regarder s’il me suivrait. J’étais déjà bien occupé avec mon mal de dos qui handicapait ma marche.
M’engouffrant dans la grande salle, j’eus à peine le temps de voir notre homme passer la porte. Il me semblait avoir encore bien assez d’endurance pour suivre un libertin oisif, pourtant, je me rendis vite compte qu’il prenait de l’avance.

Au bout d’une rue, il s’arrêta, rejoins par un homme vêtu comme les deux que j’avais éliminé. Ils s’arrêtèrent, constatant de la faible avance qu’ils avaient et puis se séparèrent aussitôt après avoir dû échangés quelques mots.
Sans arrêter ma course, je lançai par-dessus mon épaule, assez fort pour espérer que mon compagnon m’entende :


-Macchabé sur patte ! Tu m’interceptes celui-là où on va se retrouver avec des renforts. Tu me rejoins à l’entrepôt après. C’est là qu’il va.

À vrai dire, je n’avais même pas la certitude que le Nérozia me talonnait encore et je n’avais pas le temps de me retourner pour le constater : j’arrivai au croisement que la cible avait pris et déjà il en prenait un autre.
Il fallait que je le rattrape et je n’y arriverai pas dans l’état actuel de cette copie de corps de terran.

Dans un déchirement de tissu et de cuir, les lambeaux de mes chausses restèrent au sol alors que mes pieds laissaient place à des sabots et que ma foulée s’allongeait autant qu’elle s’accélérait.
Quelque chose clochait : il courait vraiment vite pour un désœuvré assoiffé de boisson et de fille.

Dans la nuit noir de nuages, alors que même les lunes peinaient à se frayait un chemin jusqu’à nous, je suivais la piste de ma proie ; spectre obscure filant au milieu des ténèbres des bas-fonds nocturnes, poursuivi par l’inéluctable faucheuse.


Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
Le marchand d’arme IIème partie

*

Humble docker à l’époque, j’avais pour habitude, la nuit venu, de me promener sur les quais et admirer les mers d’huiles refléter des ciels d’encre.

Lorsque ni lune, ni étoile, ni lampadaire, ni même chandelle de demeure ne vient perturber l’obscurité de la nuit ; lorsqu’au bord de l’océan, enveloppé du cocon de noirceur naturelle, vous cherchez l’horizon et ne le trouvez pas, vous pouvez pleinement prendre conscience de l’infinie petitesse de votre existence.

Déjà à l’époque j’aimais ressentir cette sensation, cette impression que tout pourrait s’arrêter dans la seconde qui suit : et si la lumière ne revenait jamais pour moi ? Et si j’étais mort et que le reste de mon existence devait se dérouler dans ce monde de rien ?
C’est en me confrontant à ces question que j’ai trouvé l’envie de profiter de ma vie au milieu de tout le reste ?

Pourtant, un soir, contemplant ce que je pensais être la pire vision que l’on puisse avoir de son futur, je vis quelque chose de bien plus stimulant encore !

Assis dans une chaloupe bercée par la houle et le silence du bout de la jetée, je somnolais doucement, appréciant cette fin de journée encore bien remplie de ce que j’estimais à l’époque des émotions.
Soudain, des pas effrénés et ce qui me sembla être un râle paniqué me parvinrent depuis les dépôts alors qu’enfin la troisième lune se levait et parvenait, elle, à nous envoyer quelques uns de ses rayons rasant la mer.
Intrigué et toujours en quête de sensation forte, je décidai de m’y intéresser bien plus avant.

Un empilement de caisses contre l’une des façades me permit d’escalader le bâtiment dans lequel l’intriguant inconnu était entré.
Furtivement, je me glissai par une fenêtre donnant sur une mezzanine pleine d’une cargaison que je savais sur le départ pour l’avoir à mon planning de la semaine. Restant dans l’ombre comme j’avais appris à le faire depuis le temps, je commençais mon passe temps favoris : l’espionnage amateur.

J’aimais me prendre pour un investigateur traquant de dangereux criminels. J’avais été témoin de bon nombre de manigances dans ma courte vie mais j’étais loin de me douter du caractère particulier de celle-ci.

Me glissant sous une toile, dans la fente créée par l’écart de deux caisses je pouvais observer une scène bien étrange.

L’inconnu semblait perturbé. Regardant frénétiquement de toute part, il tentait désespérément d’allumer une torche. Ma vue adaptée à l’obscurité se plissait de malice à l’adrénaline qui montait en lui comme en moi.

Et puis je la vis. Son ombre se découpa dans l’ouverture d’une fenêtre plus loin alors que l’autre réussissait enfin à allumer son flambeau.
Le temps de constater la réussite de l’un que déjà l’apparition de l’autre avait disparu.

Il y eut un bruit, et puis deux, presque imperceptibles, mais au milieu de ce silence de plus en plus pesant, ces sons indéterminés devenaient ce que j’imaginais parfaitement être des menaces de morts. Et l’homme en bas, commençait à sursauter même aux bruits qu’il faisait lui-même, agitant en tout sens sa torchère, me fichant un stress délectable.


-Où tu te caches !

Dans sa voix, on croyait déceler encore une pincée de contrôle de soi. Si infime qu’elle en devenait ridicule.

-Sale monstre… J’tai vu tu sais… Qu’est-ce que t’es ?

Il n’y avait pas de réponse, juste un bruit à l’autre bout de l’entrepôt qui intéressa vivement l’autre.

-Y avait quoi ? Trois mètres ? Quatre ? J’tai vu voler par la fenêtre ! Comment t’as fait pour revenir si vite à l’intérieur ?

Soudain il trouva une autre torche qu'il alluma, tremblant.

-Et puis c'était quoi dans la rue ? Tes déplacement... C'était pas humain... non, pas humain... BORDEL, ARRÊTE DE JOUER ! finit-il par hurler

Il y avait eu un autre bruit bien plus loin mais toujours aucune trace d’une troisième personne depuis l’ombre.
Je remerciai encore une fois les dieux de m’avoir donné une telle continence.

Soudain, elle passa devant mon point d’observation. Je n’en vis pas grand-chose avec le peu de lumière et l’étroitesse de mon champ de vision. Je n’aperçus que l’étrange démarche et ses sabots aux reflets métalliques qui claquaient si doucement que je peinais à les entendre alors que je n’étais qu’à un mètre.

La tentation de sortir de ma cachette était si forte ! Je n’avais qu’une envie, voir ce qu’elle était ! Pourtant, je m’en rendis vite compte : j’étais terrorisé, pétrifié par la peur.


Autobiographie d’un chasseur de l’extrême
Lorsqu’un passe-temps devient une raison d’être
Kirvin Micorot, Le Lhurgoyfophile.


*

J’y étais. Il avait perdu tout son sang froid. Les dernières aptitudes au combat qu’il possédait étaient inaccessibles à son sens commun. Ne me restait plus qu’à lui porter le coup de grâce, lui qui avait profité d’un système perverti et s’était engraissé sur le dos mutilé des victimes de ses armes.
Ce n’est pas parce que nos mains sont immaculées que notre âme est pure.

Il n’entendit qu’un claquement métallique derrière lui. Le temps qu’il se retourne, il avait comprit qu’il était déjà trop tard. OriX traversait son buste et dépassait largement derrière lui, le sang ruisselant le long de ses ondulations.
La gerbe de sang retomba au sol et j’ouvris mes paupière pour plané mes iris dans les siens.
Son visage incrédule s’était figé, absorbé par le facies chimérique encore dépourvu de corne que je lui exposais pour dernière vision.

Que voyait-il défilé devant lui ? La vie de vices qu’il avait menée ? La jeunesse juste que ses parents lui avait certainement donnée et qu’il avait balayait d’un revers de la main pour mieux se saisir d’une bourse facile ? Le repentir qu’il se promettait d’observait si des dieux en lesquels il avait depuis longtemps cessé de croire lui accordait le droit de survivre à cette nuit ?

Je n’avais de cesse, malgré chacun de mes assassinats, de me demander ce qui passait par la tête de ces personnes sur le point de rendre leurs âmes. Que ressent-on lorsque l’on est sur le point de mourir ? J’avais survécu à bien des choses depuis ces siècles, mais jamais je ne m’étais approché assez prêt de la faucheuse pour lui demander ce secret.

Finalement, après sa dernière pensée, ses lèvres murmurèrent leur dernière ineptie :
« mon or… ».
*Abruti !*
Pas le moindre regret si ce n’est de n’avoir pu dépenser l’argent qu’il s’était obstiné à engranger ?
Mes doigts se crispèrent et le pic remonta un peu dans le tronc du trafiquant d’arme dont le souffle se coupa. Son dernier souffle, je préférai qu’il le garde. Je ne voulais plus rien entendre sortir de cette fosse à lisier.
Xy se détacha de son homologue et vint se planter dans le crâne du condamné, lui autant toute volonté. Figé encore un moment, je réfléchis sur la bêtise de cet être qui était pourtant un Sindarin. Comment pouvait-on les dire plus sages que d’autres lorsque de tels idiots peuplaient leurs rangs ?
Les pieux s’extirpèrent violemment des os et des chaires, laissant le corps en équilibre une seconde.
Nous nous fîmes face, l’un sans plus aucune conscience, l’autre bien trop conscient au contraire.

Je ne sais ce qui me prit alors. Devant ce visage de détresse obnubilé par tant d’idioties, moi qui me posait des questions si pures et justifiées, je ne pus tolérer de le voir un instant encore, ainsi : bête.

Un quart de tour et un coup de patte plus tard, ce corps sans vie s’envola pour l’autre bout de la pièce où il s’encastra dans une grande caisse dans un bruit de bois et d’os brisés.

Je sentais mon visage crispé, écœuré et enragé, si différent de d’habitude. C’était la première fois depuis des décennies que je profanais un corps. J’avais tant de questionnement, de regrets, de dégoût pour la vie et les autres races. Il fallait que je fasse quelque chose avant de perdre totalement pied. Il fallait que je trouve un exutoire, quelque chose qui puisse m’occuper l’esprit.

Mon corps redevint terran et je retirai ma bague de Nerozias. J’étais transi, momentanément déconnecté de ce monde. Je tombai à genou, mes yeux toujours fixés à la masse informe de débris devant moi, plongée dans l’ombre.

Il fallait que je fasse quelque chose… Ça ne pouvait plus durer, cette dépression naissante et grandissante…

Me relevant, je déambulai jusque sur le quai avec sa torche et fit un signe rapide. Vers la mer. Un bateau s’y dessinait à peine. Une lanterne y clignota. Ce que je faisais, je le faisais par automatisme : je m’accroupis et commençai à dessiner sur le bois du ponton un sigil de lumière rouge. Trop absorbé par ma calligraphie, je ne remarquais pas le rat qui se faufilait derrière moi par l’une des fenêtres.

Lorsque les derniers symboles furent tracés, le centre du dessin s’illumina pleinement et je laissais tomber dans l’octogone de lumière l’anneau qui disparut en même temps que le graphe. Sur le bateau, la même lumière apparut un instant par les fenêtres de la cabine du capitaine.
La position et la certitude que c’était bien moi : ils pouvaient venir me chercher. Dans quelques minutes, ce navire du département maritime débarquerait un contingent du département du vol organisé. Ces armes seraient une très bonne nouvelle pour le clan. Le fait qu’elles auraient été destinées à nos ennemis ne me remonta cependant pas le moral.

Ce n’est que lorsque le capitaine voulut savoir où était mon subordonné que je me souvins que nous nous étions séparé. Leur ordonnant de finir le chargement et de partir sans m’attendre, je m’ébranlai et partais ventre à terre à travers les ruelles. Je poussais ma transformation partielle à la limite du contrôlable, passant le reste de la nuit à arpenter cette cité sous ma forme de Terran. Ce n’est que le lendemain soir que j’abdiquais. Je n’avais trouvé ni le corps de l’homme que je l’avais envoyé intercepté, ni le sien. Pas même la moindre trace de lutte. C’était incompréhensible.

C’était le premier homme que je perdais en mission. L’avais-je pressenti ? Était-ce pour cela que j’avais été tendu à ce point au moment du meurtre ? Peut-être en partie.

Ce soir là fut la dernière marche de la descente que j’avais engagée depuis un trop long moment. Je regardais la vie de plus en plus comme un observateur extérieur depuis près de cinquante ans.
Désormais au fond du gouffre, j’allais empoigner avec conviction la pelle qui me permettrait, je le croyais, de découvrir le fondement des choses.
Le chasseur noir n’avait jamais était aussi sombre que ce soir là mais l’était toujours moins que le suivant, et le suivant…


Migdas Polovich,
Chroniqueur officiel du second loup des Nerozias.
Le marchand d’arme IIème partie
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Rencontre autour d'un cadavre ambulant
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