Sentiment de culpabilité [PV Horace Kaloxine]

Voici que j'errais dans la ville depuis au moins, une bonne semaine. Quelques fois, je m'arrêtais pour jouer de la flûte et faire mon devoir de Nerozia, bien que n'étant qu'une jeune recrue. C'est pour cela que je me tenais au courant de toutes les rumeurs qui pouvaient bien courir dans la ville.
Heureusement, grâce a mon œil maudit, je pouvais savoir qui était digne de confiance ou non et, lorsque ce n'était pas le cas, je faisais demi tour en espérant que mon interlocuteur ne me suive pas, ni n'insiste pas.
Encore une fois, quand celui ci venait a insister, Sebastiaan revenait a la charge et, rien qu'en le voyant, généralement il prenait peur et me laissait partir. Cette fois ci pourtant, j'étais d'humeur morne car j'avais entendu dire qu'une famille était vraiment dans le besoin.
De plus, cette famille était composée d'une petite fille de 13 ans aveugle et ses parents se battaient comme des lions pour lui trouver un avenir. Malheureusement, bien que je me proclame Nerozia, je ne pouvais rien faire pour cette petite et cela m'énervais.
Comme toujours, Sebastiaan me rassura par pensée

* Calme toi, Lomion, dis toi que tu n'es pas le seul Nerozia sur Istheria. Quelqu'un viendra sûrement au secours de cette petite *

* Mais cela n'empêche que j'aimerais faire quelque chose pour elle Sebastiaan ! Pourtant, j'ai beau chercher je ne vois pas ce que je pourrais faire.... *

* Aurais tu oublié ta nature de Yorka, jeune lion ? Peut être que cette petite appréciera ta compagnie ainsi *

Mon loup avait eu l'idée du siècle et je me maudis mille fois pour ne pas l'avoir trouver avant. Cependant, lorsque j'arrivais dans la ville, mon loup marchant a mes cotés, l'atmosphère était morne, triste, noire, un peu comme si un décès venait d'avoir lieu.
Mes oreilles de lionceau essayèrent de capter le moindre bruit, la moindre information pouvant me renseigner que l'atmosphère qui régnait dans cette ville. Ma queue de lionceau s'agitait nerveusement tandis que, petit a petit, je comprenais ce qui était arrivé.
Sebastiaan s'arrêta et se mit devant moi, me barrant le chemin

* Crois moi Lomion, nous devrions retourner sur nos pas *

Une nouvelle fois, mon loup avait raison. Phantom quant a lui, ne semblait toujours pas apprécier mon compagnon mais il n'émit aucun hennissement et se contenta de se laisser, sagement, mener par la bride.
Doucement donc, les oreilles basses, la queue fouettant tristement le sol, la tête également baissée, je suivis les conseils de mon loup et grimpais sur mon cheval en direction....Des plaines. D'accord, j'étais toujours dans Eridania mais au moins, je ne risquais plus d'être dérangé.
Cela sembla plaire a Phantom qui apprécia de galoper dans les vastes plaines, si bien qu'il en oublia que j'étais encore sur son dos. Souriant légèrement, je flattais son encolure en murmurant :

« Doucement mon beau, pas si vite »

* Descend un peu de ton perchoir Lomion ! *

* Tu es jaloux parce que, sous cette forme, tu ne peux pas te comporter en père, n'est ce pas Sebastiaan ? *

Il grogna et je sus que j'avais gagné. Soudain, Phantom s'arrêta en pilant tellement brusquement que je passais par dessus son encolure pour faire un vol plané de quelques secondes avant d'atterrir lourdement sur le sol.
Mon cheval continua de hennir. Y avait il quelqu'un dans ces vastes plaines ?

Depuis qu'il avait quitté Kodolm le voyage d'Horace avait été d'un calme presque ennuyeux. Son escorte fournie par Hassan Sung du Département de la Défense était tellement efficace que mêmes les brigands qu'ils ont croisés en ville ont préférés changer de trottoir au lieu de croiser le petit groupe. Horace comptant, ils étaient cinq. Les temps de repos se passaient dans le silence le plus complet, tout juste brisé par le bruit de mastication des hommes autour de lui. Et franchement si ils ne voulaient pas parler grand bien leur en fasse ce n'est pas le scientifique qui iras chercher un sujet de conversation à partager avec ces décérébrés. Il préférait soupirer de lassitude et retourner s'enfermer dans sa chambre pour boucler ses tissages d'essence sur Iunastus, écrire quelques rapports sur des idées qui lui traverse l'esprit ou lire le courrier que lui apportait Inna tout les trois jours.
Son second, resté au laboratoire tandis que le maitre des lieux se dirigeait vers la Foret de Sphène, avait réussi une belle avancée sur le projet de la Krimson Elit. Il sera bientôt temps de proposer ce plan au conseil si l'évolution avance aussi vite. Mais ces nouvelles venaient aussi lui demander qu'il apporte quelques sphènes supplémentaires pour mener les expériences sur les sujet encore "un peu vivant". D'un geste las Horace se gratta le crâne et passa la main dans sa tignasse ambrée.

*Ils aiment me donner du boulot ceux-là.*

Ses rats comme il les appelait gentiment. Un titre qui se mérite, il est très difficile d'entrer dans l'équipe restreinte de Horace Kaloxine. Être dans le département scientifique c'est une chose, entrer dans les Rats s'en est une autre.
Quelques jours plus tard, une fois arrivés dans les vastes plaines d'Eridiana, l'escorte quitta l'Intellectuel et continua son chemin vers Phelgra, là où Hassan Sung avait fixé un point de rendez vous. Surement une mission motivée par le Cheval en personne. C'est rare de voir le Département de la Défense allé sur le terrain mais il devait y avoir une escorte importante. Si tel est le cas il faudra qu'il songe à demander à son alter ego du conseil d'escorter ses marchandises provenant de Umbriel. Ils manquent cruellement de sujet d'études vivant au laboratoire et les prisonniers font de merveilleux cobayes. L'éthique dans tout ça n'est qu'une vaste blague sensé donner bonne conscience au bien pensant qui gère l'économie pourrie du Royaume.

Cela faisait presque une heure que Horace chevauchait désormais seul vers Hespéria. Il avait un important contact à voir en ville avant de se diriger vers l'est et rejoindre Noathis. Un marchand qui pourrait changer l'exas fiché dans son piercing à la langue. Il avait eu vent d'un nouveau sort très a la mode chez les assassins, mais aussi très utile pour se faire la malle ni vue ni connu. Oui car Horace est plus adepte de la fuite intelligente que du vaillant combat. Chacun sa place, lui c'est un cerveau et non une paire de bras, il doit garder ses mains valides pour travailler convenablement.
Monté sur le fier et puissant Gheld il avala les kilomètres avec une facilité infantile. Inna tournait autour d'eux en décrivant des cercles concentriques, ses yeux de faucon scrutant les alentours et fournissant ainsi une vue globale des plaines à Horace. Au bout d'un moment il sentit que son faucon venait d'apercevoir quelqu'un qui fonçait droit sur lui, un cavalier visiblement lancé au triple galop.

*Un cheval...*

Ces animaux aux sens très particulier n'aiment pas les Gorgoroths et les repères à des mètres à la ronde. Il n'y avait que Gheld, éduqué par Tyr Doloriane de l'Académie en personne, qui supportait la présence décharnée de Horace. Les autres se braquent directement et ruent dans tout les sens jusqu'à ce qu'il se prenne un coup de sabot ou qu'il sorte de l'enclôt. C'est ce petit détail qui révéla sa vrai nature à ses confrères à l'époque de son entrée chez les Nerozias. Hormis cette faiblesse naturel face aux équidés ses talents de soigneur lui ont toujours conférés une apparence très humaine, assez convaincante pour faire passer son teint pâle, ses yeux cerclés de violet et ses ongles bleues pâles comme un simple maquillage excentrique.
Tirant sur la bride de Gheld pour lui faire changer d'itinéraire, quitte à faire demi-tour, il eu un autre sentiment de la part d'Inna lui indiquant que la présente situation devenait urgente. Et c'est peu dire car une poignée de secondes plus tard l'individu en cheval débarqua droit devant Horace, sortant d'un faux-plat des vastes plaines. Comme prévu son cheval se braqua dés qu'il vit Horace en face, bien que ce dernier soit mont sur un de ses frères. Après tout ils ne sont que des animaux, on ne peut pas leurs reprocher leur manque de réflexion sensée.

Horace ne bougea pas d'un pouce et Gheld se mit de côté pour que cavalier puisse voir le nouvel arrivant. Difficile de rater cette demi-portion qui venait de se faire projeter de son cheval après un arrêt si brutal. Espérons qu'il ne sache pas pour les équidés et les Gorgoroths. Horace n'aime pas trop qu'on pointe sa vraie nature du doigt: et il aimait entretenir ce mythe qui disait de lui qu'il était immortel.

"Super entrée" dit il avec un ton condescendant "Navré d'avoir effrayé votre cheval, la surprise du faux-plat je présume. Beosin d'aide?"

Oui une fois quitté Kodolm il n'était plus Horace Kaloxine Directeur du Département Scientifique mais Iunastus, savant parmi tant d'autre. Sa double identité était sa sauvegarde depuis des années et seul quelques proches iraient faire le rapprochement avec le nom du bâton de combat d'Horace, le vrai Iunastus. Original reconnu pour ses expériences assez explosives, excentrique, lunatique, considéré comme fou donc inintéressant par ses compères scientifiques du Royaume. Petit détail très utile ça d'ailleurs.

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