Un pas en avant [Verna] .

Sujet: Un pas en avant [Verna] . Lun 2 Juil - 17:24

C'est Glanael qui, le premier l'avait averti. Une jeune apprentie, aspirant à devenir, disait-il, elle aussi une ladrini : Verna Luxis.
Récemment, de nombreux brigands estimaient ainsi légitimer leur butin et, devenus ladrinis, espéraient ne plus être victimes de quelques malandrins. Ils n'avaient pour guide plus aucun esprit ni de plus saine philosophie, pourtant les ladrinis, plus qu'un parti-pris, connaissaient une doctrine et des règles fixes. Enteri se souvint alors, nostalgique, de son dialogue avec Sytrinn : devait-il imposer sa mentalité ou passait-il à côté d'une autre vérité ? C'est pour répondre à ses interrogations qu'il préférait rencontrer ses futurs associés.

Du haut d'un petit clocher, le voleur voyait tout le monde sans ne distinguer personne. Quelques planches plus ou moins bien entretenues permettaient de sonner sans être vu le carillon que l'on entendait dans un vaste rayon.
Au premier son de cloche, il repoussa une planche. Au second, il tomba dans un saut de l'ange. Au troisième il agrippa une poutre pour souplement se rediriger et affaiblir son élan de sorte à atterrir souplement dans un tas de foin environnant. Au quatrième, il entra dans la foule, dissimulé derrière son bandeau.

«Retrouve-moi à Elusia pour un emploi, tu seras payée à hauteur de ton labeur.
Sois à l'heure.»

Contrairement à Artémius, Enteri n'était pas toujours direct. Selon lui, il ne fallait en aucun cas que les intéressés fussent attirés par la notoriété de la caste des Ladrinis ; une des raisons pour laquelle il établissait des contacts pour le moins originaux. Et en l'occurrence, il n'avait pas fait exception : pas de lieu de rencontre ni de moment précis, aucune information sur la tâche à accomplir... La pseudo-récompense elle-même semblait incertaine. En réalité, la curiosité était un maître-mot à ses yeux que devrait naturellement connaître un prétendant et si celle-ci avait été balayée par la difficulté du voyage qu'il avait imposé, alors comment pourrait-il par la suite compter sur ce nouveau membre ?
Marchant en vêtement de marchand, l'homme prit le temps d'écouter le chant d'une fontaine, l'oeil hagard sur le capitaine de la garde.
Celui-ci avait attiré l'attention récemment dans les environs où il avait été parachuté sans pourtant que quiconque ne parvînt à en entendre la raison. Les mauvaises langues lui attribuaient déjà les pires méfaits mais quoiqu'incertaine, cette haine jetait la suspicion sur ses intentions.
Néanmoins Enteri était loin des hautes instances politiques d'Elusia et le ladrini en charge de la ville était parti en mission... Peu avant l'arrivée du capitaine. Il lui fallait des renseignements.

Devant lui se tenait le capitaine à la blonde tête et aux courtoises manières cependant l'homme disparut bientôt de sa vision, prenant la direction d'une rue marchande. Enteri quant à lui ne bougea pas, conscient que cette fontaine était un lieu de rendez-vous ou tout du moins l'un des endroits les plus fréquentés. Dissimulé par une si dense foule, il pourrait certainement repérer Verna et en attendait profiter de la vue...
Il soupira intérieurement lorsqu'un client vint vers lui, repensant au capitaine qui s'éloignait.

«Je peux vous vendre différents médicaments ou des herbes adoucissantes ; que vous faudra-t-il messire ?»

Sujet: Re: Un pas en avant [Verna] . Mer 7 Nov - 23:41

Même si je savais sombre les temps à venir
C’est accompagnée de ton ombre que j’allais vers mon avenir.

Sombres furent ses rêves ces derniers temps mais l’on ne peut résister à l’appel du destin. Le temps lui était compté, son corps faiblissait, son cœur doutait, son esprit vacillait… irrémédiablement sa volonté se pliait à la sienne.
Pourquoi maintenant ?
Même rassasié le cœur du mal restait actif, vif, corrosif, cherchant par tous les moyens à reprendre le contrôle de son enveloppe charnelle. Telle une épée de Damoclès pointant de sa lame l’âme fébrile d’une brebis égarée, qui de toutes ses forces cherchait à échapper à un loup féroce. Un loup dont la soif ne serait jamais étanché, même par le sang d’un millier d’agneaux.

Et il y en avait partout des agneaux… partout autour de lui.

Cela faisait déjà quelques jours que Verna était arrivé à Elusia (ou en Elusia, on peut dire les deux ^^). Une ville certes légèrement moins animé que ne l’était Tyrhénium mais ô combien plus belle. Les rues étaient calmes, quelques marchands, bourgeois et autres pèlerins, erraient çà et là, tels des pantins sans âme. Verna se savait semblable parfois, existé à l’idée d’aller s’acheter un parfum ou autres bijoux, néanmoins elle se sentait supérieure, contrairement à eux le but de sa vie n’était pas de posséder pour exister.

Le ciel était dégagé et un petit vent soufflait au milieu de la foule, venant caresser le visage de porcelaine de la Lhurgoyf duquel perlaient, aussi improbable que cela fussent de par son organisme singulier, quelques gouttes de sueur. Esquivant une foule étrangement imposante et serrée, la frêle demoiselle cherchait à se rendre à la place de la fontaine, une parmi tant d’autre mais qui offrait plus de place que la plupart des autres. Un grand nombre de personne y étaient rassemblé, et les marchands y étaient nombreux, faisant tous l’éloge de leurs produits. L’endroit était animé pour sûr, mais peu bruyant, à croire que personne n’avait cure de cette salle épidémie. Verna tenait fermement Maxine par la main, procédant avec la plus extrême des précautions avant de parvenir devant une splendide fontaine.

-Ma dame, je ne suis pas sûre qu’il soit très prudent de rester ici.

Maxine ne se sentait pas à son aise ici, elle se sentait épiée. C’est sa maitresse qui tenta de la rassurer tandis qu’elle s’asseyait gracieusement sur la bordure de pierre.

-Ne t’en fais pas, tant que l’on reste ensemble on ne risque rien. Je me demande néanmoins qui nous devions retrouver ici.

Après quelques instants de réflexions la jeune fut prise d’une idée qu’elle crut bon de partager avec la rouquine.

- Probablement quelqu’un qui tentera de se fondre dans la masse !

Verna soupira, dégageant d’un revers de la main une de ses couettes.

- Me voilà bien en veine. Moi qui suis déjà las de ce jeu, je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien…