Petit Poucet

Le myste rouge… après cette plaie dévastatrice qu’avait été la Sarnarhoa, les dieux n’avaient rien trouvé de mieux que d’envoyer un nouveau fléau sur terre. Certes il n’était peut-être pas aussi létal que son prédécesseur mais suffisamment contraignant pour faire éloigner le péquenaud de base. L’impossibilité la plus total de recourir à l’essence divine. Ce qui voulait dire que toute personne s’y rendant devenait instamment aussi inoffensif qu’un enfant. Point de manipulation élémentaire ou d’illusion, seul la force et la dextérité serait déterminant en cas d’affrontement avec un coupe-jarret. Néanmoins quel intérêt aurait un groupe de voleur à s’établir ici ? Le myste rouge faisait de base fuir la population et les bandits de grands chemins recherchaient justement cet afflux de pèlerin. Subsister dans ce genre de lieu serait sans vide de sens… sinon stupide.

Les terres de Lokram étaient aussi désolées que les légendes le laissent présumer. Un vaste étendu de terre volcanique, les restes de la cité étant enseveli en dessous au grand désarroi des explorateurs et archéologue en tout genre.

La chaleur qui régnait sur ces terres était aussi déplaisante que l’on pouvait se l’imaginer, si bien que la jeune Terrane avait adopté un style vestimentaire assez découvert. Une simple chemise courte sans manche nouée au-dessus du nombril et un mini short lui convenaient parfaitement. Nul besoin de se protéger du froid alors autant faciliter ses déplacement au possible.
Raven se tenait sur une petite colline à quelques lieux du pied du volcan, elle pouvait sentir le myste rouge autour d’elle, elle se sentait encore plus vulnérable que jamais, ses sens étaient toujours à l’affut mais elle se rendait bien compte qu’elle ne percevait plus aussi loin qu’à l’accoutumé. Ce sentiment de faiblesse était aussi déstabilisant que grisant. Partir en excursion avec une telle entrave avait forcément ses bons cotés. Un sourire presque carnassier lui déchirait le visage… au fond d’elle-même elle voulait se battre, elle voulait affronter une créature errant ou vivant dans les parages pour le seul plaisir de lutter ainsi, pour se prouver à elle-même qu’elle était devenue plus forte.

Pour cette quête qu’elle s’était fixé, elle n’était pas venue seule. Snow avait insisté pour l’accompagner, sans avoir pensé que lui aussi serait infecté par le myste et par conséquent…muet comme une carpe.

« Je t’avais prévenu pourtant… » Lança la jeune amazone avec un brin de sarcasme dans la voix.

Suite à cette remarque désobligeante, le renard des neiges jappa à quelques reprise en faignant de vouloir mordre les orteils de sa maitresse qui esquissa plusieurs gestes de recul afin d’esquiver cette douloureuse punition.

« Ca va, ça va ! Je plaisantai ! » Rétorqua-t-elle en riant.

En réponse, la boule de poil s’assit à coté de sa maitresse et tourna volontairement la tête dans la direction opposée, comme pour bouder. Raven Se tourna finalement vers la deuxième personne qui avait fait la route jusqu’ici avec elle. Shayla, une nouvelle arrivée au sein des Eryllis et que Raven s’était mis en tête d’évaluer. Sa réactivité et ses talents de survie, ses talents de combattante ainsi que son esprit de communauté, tout cela elle le vérifiera. Elle lui parla alors d’une voix rassurante.

« Nous y sommes presque, je suppose que tu peux déjà voir le volcan de là où nous nous trouvons. Nous allons donc nous en rapprocher. Je compte cependant sur toi, mes sens sont complètement bridés ici et j’aurai besoin de ta vue perçante pour percevoir tout danger s’approchant de nous. Le flair de Snow sera là pour t’aider, quant à moi, je serai nos oreilles. » Sur ses paroles elle descendit de son perchoir naturel avec habileté « Pressons, plus vite nous en aurons ici plus vite nous serons rentrées. »

La jeune terrane reprit alors la marche vers le pied du volcan non sans une certaine hâte.

Tandis que les deux jeunes femmes avançaient d’un pas alerte et alourdit par la chaleur du pays, Raven réalisait à quel point elle ne pouvait rien faire dans ces conditions. Selon les dires de Shayla, quelqu’un était en train de les épier mais… mais rien ! Absolument rien !!! Pas même un battement de cœur, ou une respiration lourde, rien ne lui parvenait. Frustrée, elle tenta de se concentrer davantage, quitte à occulter ce qui se passait autour d’elle, elle se contentait simplement de suivre les pas de Snow. Après quelques minutes de marches encore, alors que les landes ensablés laissaient place à une terre rocheuse et desséchée… quelque chose lui parvint. Oui des bruits de pas, arrivant sur leurs gauches, et le battement d’un tissu ample soumis à la force du vent. A plus d’une centaine de mètre… sinon deux-cent. Les pas de Raven se stoppèrent net et elle tendit sa main en direction de celui ou celle qu’elle était parvenu à entendre.

A sa grande surprise, la personne ne semblait nu fuir ni se précipiter, ses mouvement restaient calme et ne traduisaient aucune intention belliqueuse à l’égard des Erillys. Raven laissa tranquillement l’inconnu arriver jusqu’à elle avant qu’elle ne se présente succinctement.

*Elle nous suit depuis quelques lieues !? Et dire que je ne l’ai entendu que maintenant !!!*

Raven soupira afin d’évacuer un peu de sa colère montante, il fallait rester diplomate, sa propre dépréciation saurait attendre quelques minutes. Néanmoins la jeune femme se présenta bien trop rapidement pour parvenir à filtrer quoique ce soit à travers ces quelques mots. Ils furent cependant assez pour permettre à Raven de percevoir une once d’anxiété se dégager de la marcheuse solitaire, c’est pourquoi elle ne l’accueillit pas avec froideur.

« Vous avez fait le bon choix…néanmoins vous avez agi avec une grande imprudence. Une chance pour vous que nous ne soyons pas une bande de coupe-jarret à l’affut d’un gibier. Enfin c’est le genre de risque qu’on encoure lorsqu’on voyage en solitaire. »

Elle se tourna légèrement sur elle-même afin de pouvoir désigner Shayla de la main.

« Mon amie et moi nous rendons aussi au volcan… enfin je suppose que c’est évident vu l’endroit désolé où l’on se trouve. Si vous désirez vous joindre à nous… je n’y verrai personnellement pas d’inconvénient. Les créatures rodant dans les parages peuvent être extrêmement dangereuse. D’autant que le myste rouge nous prive de nos pouvoirs. »

La jeune terrane omit volontairement de se présenter elle et Shayla à la nouvelle arrivante, passant devant elle afin de reprendre la marche vers les ruines de Lokram. Le petit groupe ainsi formé poursuivit ainsi sa route énergiquement. Quand ils arrivèrent enfin à destination la terrane se percha sur une excroissance rocheuse s’élevant à deux bons mètres de haut, avec une fougue presque juvénile.

« Fort bien nous voilà arrivé, Shayla je confie le soin de ramasser autant de pierres que faire se peut dans les dix minutes. Pendant ce court intervalle de temps, je monterai la garde. »

Un large sourire enjoué venait parer son visage meurtri. Elle se tint alors en équilibre sur une jambe, écartant les bras pour se donner une meilleure balance. Pourquoi faisait-elle cela ? Tout portait à croire qu’elle avait simplement envie de s’amuser. Elle raffermit l’emprise qu’elle avait sur son pic rocheux et resta ainsi en suspens, avec pour objectif simple de tenir le plus longtemps possible. Un bon quart d’heure ainsi s’écoula avant qu’elle n’entende une perturbation dans l’air, un son semblable à celui des grains de sables qui s’écoulent dans un sablier et d’un puissant courant d’air…une forte bourrasque s’avançait irrémédiablement dans leur direction.

« Faites attention, un vent plutôt fort va arriver sur nous d’ici quelques secondes… et il balaye par la même occasion beaucoup de sable. Protégez vos yeux.»

La terrane prenait se tour de force de la nature comme une épreuve à part entière. Elle encaisserait cette bourrasque de plein fouet s’il le faudrait, mais jamais elle ne tomberait de son perchoir. Les muscles de sa jambes, de son pieds se crispèrent plus encore tandis que son corps ferait contrebalance au moment de l’impact. Et cela ne manqua pas. Un puissant courant d’air chaud vint la frapper, lui envoyant au passage nombre de grain de sable sur le corps. Elle fut d’abord surprise mais une chance pour elle qu’elle avait pu se préparer à l’encaisser, ce qui lui permit de remporter ce défi puéril. Une dizaine de secondes plus tard, elle descendait de son perchoir, victorieuse. Elle s’en allait aider Shayla dans sa récolte mais avant cela elle alla voir la jeune femme qui les avait rejoins.

« Pardonnez-moi mais, qu’êtes-vous venu chercher ici ? Nous pourrions peut-être vous aider à accomplir ce pourquoi vous êtes venue jusqu… »

Son silence fut tant soudain que prompt.

« Faites silence… » Murmura-t-elle.

Des bruits de pas… encore !? Se pourrait-il que quelqu’un d’autre s’approchait de leur position ? Raven empoigna alors sa dague et se cacha derrière un rocher avant de faire signe à la jeune inconnue de venir se dissimuler avec elle
***
Le petit renard des neiges de son coté, restait près de la jeune yorka. La douceur de cette demoiselle semblait l’attirer, il s’efforçait donc de l’aider dans sa tâche, emprisonnant quelques pierres dans sa gueule avant de s’en retourner auprès d’elle et de lui tendre. Snow avait appris de sa maitresse et lui aussi avait fait sien le don de percevoir autrui à distance. Apparemment sans raison il se tourna vers ce qui semblait n’être rien. Il savait sa maitresse un peu plus loin dans cette direction, perchée un peu plus haut sur cette colline en compagnie de la sindarine itinérante. Elles étaient donc toutes les deux là-bas et seulement deux, mais son flair ne le trompait que rarement… une troisième personne d’approchait.

Il tourna sa truffe vers Shayla et jappa à deux reprise avant de tourna la tête de nouveau vers l’endroit où se trouvait Raven, grognant quelque peu.

Le vent forcit. Souleva avec lui une chape de sable, la fit tournoyer un instant. Dérisoire tempête. Elle s'abattit avec force sur celle qui, depuis plusieurs jours déjà, osait braver l'immensité ondulante du désert. C'était peine perdue. Un foulard blanc, tranchant avec le noir de ses vêtements et l'ocre paysage, enroulé autour de sa tête, dévia la vaine tentative d'atteindre ses yeux. Elle ne ralentit même pas. Trop ancrée sur ses appuis pour vaciller au moindre coup de vent. Trop Ladrini pour faillir. Aidée d'un solide bâton de bois, elle avançait. Même les soleils, pourtant si ardents, ne parvenaient pas à l'atteindre de leur méandres flamboyants. Au contraire, ils pénétraient en elle et ressortait, vidés de leur énergie lumineuse. Nuschka était parfaitement consciente de la chance qu'elle avait et qui, depuis son arrivée dans la région d'Argyrei, guidait ses pas. Elle ne craignait pas la chaleur, comme elle ne craignait pas la déshydratation, la sueur, les coups de soleils... Son pouvoir trop ancré en elle pour qu'il en fut autrement. Mais elle savait également qu'une fois à Lokram, ce serait différent. Cet saleté de myste, comme on l'appelait, l'empêcherai de se servir de ses aptitudes, fruit de l'essence divine. Elle ne souffrirait peut être pas des températures puisque après tout, la chaleur lui était agréable. Mais elle devrait boire plus souvent, couvrir ses bras pour l'instant nus et ainsi éviter une insolation, se déplacer en fonction des heures de la journée... Toutes sortes de désagréments qui serait bientôt l'apanage de sa survie. Et auxquels la jeune femme ne préférait pas penser. Pour l'instant, elle se contentait d'observer le paysage. Magnifique rubis aux reflets d'or, que la nature lui proposait sur un écrin. Comment aurait-elle pu refuser ? Elle marchait le jour, tirant son énergie de la chaleur narguant son corps, tentait de se reposer la nuit. Ses journées ne la fatiguaient pas. Elle n'avait pas rechigné lorsqu'elle s'était vu contrainte de laisser son cheval à Ridolbar, et se contentait d'avancer, un pied devant l'autre. Toujours plus loin.


Tout prévu. En effet. Un trajet dans le moindre détail. D'Hesperia, elle devait rejoindre Ridolbar. Sa chevauchée lui avait pris à peine une journée et demie, pourtant montée sur un cheval robuste, qui lui avait été prêté par Garrett afin de ménager Murmure et surtout ne pas courir le risque de ne jamais la revoir, puisqu'il avait été convenu que Nuschka laisserait sa monture à Ridolbar et que, dans une ville aussi corrompue, les chances de retrouver son cheval étaient nulles, sinon inexistantes. Alors autant ne pas y laisser un animale auquel on tient. Farouche non plus n'était pas de la partie. Malgré son envie d'accompagner sa maîtresse, celle ci l'avait convaincu que le sable d'Argyrei ne serait qu'incommodité malsaine pour un léopard des neiges. "Fut-il aussi courageux et fort que toi" avait-elle plaisanté, pour tenter de dédramatiser. Nuschka était donc partie seul. Après Ridolbar, c'était aux Colonnes d'Ebreus qu'elle s'était attelée. Elle les avait trouvé d'une beauté incomparable dès le premier regard. Imprenable tours de terre qui s'élevait, radieuses, vers le ciel. La jeune femme n'avait pu résister à la tentation d'en escalader une, ce qu'elle avait fait, un soir, pour admirer le coucher des soleils qui nimbait les alentours de rouge sang. Elle s'était endormie dans les hauteurs de la colonnes, pour repartir le lendemain. Plus au Sud. Toujours plus loin.

Nuschka marcha encore plusieurs jours pour atteindre Amaryl, où elle fit le plein de provisions et acheta un complexe assemblage de morceaux de tissus, ressemblant fort à un poncho mais qui préservait des ardeurs du soleil, en prévision du myste. Le myste. Qu'allait-il se passer lorsqu'elle foulerait le sol de Lokram, auréolée de ces étranges nuages rouges ? Sentirait-elle ses pouvoirs quitter peu à peu son être ? Aurait-elle l'impression qu'une partie de sa vie s'en allait avec eux ? Perdrait-elle pied ? Elle ne savait finalement que peu de chose sur ce phénomène... Lorsqu'il avait atteint Hesperia, Garrett avait cru bon de préserver son élève en la conduisant à Thyrénium, au Bazar Condamné. Les symptômes de ce mal lui étaient donc restés inconnus. Devait-elle vraiment s'y risquer maintenant ? La raison de la jeune femme vacilla. Elle n'en était plus sur. Pourtant, elle continua à avancer. Poussée par le regard que Garrett lui avait porté juste avant qu'elle ne parte pour son périple. Un regard emprunt de fierté et de confiance, de respect et de reconnaissance. Un regard aux couleurs de la vie. Elle y avait déceler l'infime lueur d'angoisse dans les yeux de son maître. Celle de laisser son élève partir seule sur les routes, sans appuis. Sans lui. Mais il fallait un début à tout. Elle y avait aussi discerné la promesse faite à voix basse qui, comme souvent, n'était pas faite de mots, mais d'un courant de pensées, car ils lisaient l'un dans l'autre comme dans un livre ouvert. Nuschka pouvait partir sans crainte. Garrett veillait sur elle et, pour rien au monde, il n'aurait laisser quelqu'un lui faire du mal. C'est avec cette certitude que Nuschka avançait. Toujours plus loin. Les contreforts du volcan de dessinèrent un peu plus nettement au rythme de chacun de ses pas. Sa cheminée se dressait déjà, puissante, sur un ciel rendu rougeoyant par le myste.

La jeune femme su qu'elle était arrivé lorsque ses pas ne foulèrent plus le sable, mais une étendu rocheuse aussi aride que le désert. De gestes précis, elle enfila le vêtement de tissus. Les nuages la surplombait et paraît l'atmosphère d'un joli pourpre. Elle n'avait rien ressenti en arrivant la Lokram, si ce n'était le sentiment que ses pouvoirs étaient devenus inutiles. Cela eu pour effet de la rassurer, elle saurait se débrouiller sans. Confiante, Nuschka emprunta la piste principale. Sur son sol poussiéreux, elle discerna les traces d'un passage récent. Deux... Non. Trois personnes. Seulement, le vent avait recouvert la majeur partie de ses traces, elle ne pût donc dire s'il s'agissait d'hommes ou de femmes. A quoi bon ? Elle n'était sûrement pas la seule personne que les pierres -si c'était bien cette même raison qui justifiait leur présence- avaient attiré jusqu'au volcan. Toutefois, la jeune femme ne pût s'empêcher de caresser furtivement le manche de son poignard. L'endroit n'était pas sur. Prudence est mère de sûreté. Et elle devenait l'une de ses principales vertus. La jeune femme continua à avancer.

Lun marchait en silence aux côtés des deux femmes qu'elle venait de rencontrer. Le visage couvert par son foulard, elle supportait la chaleur sans grande difficulté. Habituée aux courants d'airs chauds, elle se plaisait à contempler l'immensité de ce ciel pur, orné de quelques nuages pourpre et dévoré par les deux soleils dont l'intensité ne semblait jamais baisser. L'atmosphère était trouble tant la chaleur envahissait l'espace, l'on pouvait voir de sinueux volutes transparent se dessiner à l'horizon.

A vrai dire, la jeune femme n'était pas vraiment rassurée par l'endroit. Le volcan, masse brune colossale et impérieuse, n'apportait aucune ombre à leurs silhouettes. Il était encore tôt dans la journée, la chaleur n'allait pas diminuer et les intras étaient tout de même particulièrement rare près du volcan. Lun comptait d'ores et déjà trouver les quelques plantes qu'elle était venue chercher, puis faire demi tour directement vers Amaryl. En venant, les empreintes de certains animaux l'avaient mise en alerte. Certaines étaient même menaçantes, mais elle n'avait rien vu lorsqu'elle s'était arrêtée pour observer. Si elle avait pu se projeter, les choses auraient été plus simples et elle aurait pu prévenir une menace. C'était une chose bien utile dans le désert. Régnaient sur ce territoire désertique des créatures impitoyables et dangereuses qu'il ne valait mieux pas croiser.

Ses deux camarades s'arrêtèrent finalement pour chercher les fameuses pierres. Lun resta en alerte quelques secondes mais, ne voyant rien, se détendit quelque peu et partit de son côté en quête de ces fameuses plantes. Elle s'accroupit près d'une pierre et sortit un petit canif avec lequel elle déracina délicatement une pousse brune et épineuse. Prenant dans sa besace un pot de verre, elle le remplit de terre qu'elle humidifia très légèrement puis y glissa la plante, enfouissant ses racines dans le terreau brun. Son regard pétilla un instant. Particulièrement satisfaite de sa trouvaille exceptionnelle, elle rangea précautionneusement le bocal dans le sac de toile qui pendait à son épaule.

« Faites attention, un vent plutôt fort va arriver sur nous d’ici quelques secondes… et il balaye par la même occasion beaucoup de sable. Protégez vos yeux.»

Lun vit en effet la vague de sable se projeter vers elles. Elle remonta rapidement entourant son visage sur ses yeux et s'immobilisa en attendant la fin de la rafale. La jeune femme se secoua vivement pour retirer les milliers de grains de sables s'étant sinueusement glissés entre les moindres plis et replis des tissus. Elle retira la capuche présente sur ses cheveux ainsi que le foulard autour de sa bouche puis secoua le tout, les sourcils froncés. Elle fut interrompue par l'arrivée de la jeune brune qui semblait diriger l'expedition.

« Pardonnez-moi mais, qu’êtes-vous venu chercher ici ? Nous pourrions peut-être vous aider à accomplir ce pourquoi vous êtes venue jusqu… »

Raven se stoppa et leva la tête, lui intimant le silence. Lun tourna la tête vers le côté opposé au leur. Elle vit se dessiner, plus loin sur la route, une silhouette trop fine pour être celle d'un homme. Sa vue perçante lui fit pourtant savoir qu'elle n'était pas de ces statures frêles et fragile. Cette femme à la démarche souple avançait avec prudence et pourtant une certaine assurance que l'on retrouve dans les mouvements de ceux qui se savent capable de se défendre. Sa vigilance était une bonne comme une mauvaise chose. Elle pouvait tout à coup les apercevoir et les attaquer, les prendre pour des ennemis. Mais elle pouvait être simplement en alerte dans cette étendue désertique, chose toute naturelle pour une personne seule. De plus, rares étaient les voyageurs qui s'aventuraient jusqu'ici et qui connaissait la faune et la flore capable de les blesser ou de les soigner. Sa vigilance pouvait aussi lui dire que leur groupe n'était pas menaçant.
Un mouvement, plus loin à l'horizon, attira son attention. Ses yeux se plissèrent d'un coup, elle se tapis souplement au sol, tirant le bras de sa camarade pour qu'elle suive son mouvement.

« La personne qui s'avance vers nous est suivie par une créature. Je crois qu'il y a un groupe dans les environs, j'ai vu leurs traces plus tôt dans la journée. Ca doit être un Beldr... »

Lun réfléchit à la vitesse de l'éclair. Il fallait avertir la jeune femme qui s'avançait sur le chemin. Le grognement du chien derrière eux s'intensifia. Il avait du, comme elle, sentir la présence de l'animal. Elle tira une flèche de son carquois et la banda à son arc.

« Il faut être discrets sinon on va attirer tous les autres, et j'espère que celui ci n'est pas trop dangereux. C'est bêtes sont vraiment infectes... »

Contre toute attente, Lun ne tira pas sur l'animal. Elle décocha sa flèche qui partit à grande vitesse et siffla à l'oreille de la femme sur le chemin, sans la toucher. Cependant le trait avait attiré son attention, elle sembla chercher autour d'elle. Lun avait tenté d'attirer son regard vers la bête qui, encore loin derrière elle, semblait commencer sa traque.