Le Diable n'a qu'une parole. [Démégor]

Le Diable n'a qu'une parole
With Démégor

Le Manoir Cavaleri. Notre royaume. Ma demeure, mon chez-moi. Je me souviens encore du jour où je suis arrivé en enfer. Démégor m'avait infligé ce qu'il appelait le baiser des ténèbres, le coup qui marqua la fin de notre combat et de même, de notre première rencontre. Paralysé par les ombres qui avait envahit tout mon corps, Démégor m'avait eu par un coup en douce alors que j'avais gagné le duel, au du moins au moment où je cru le gagner. Je ne souhaite à personne de subir le baiser des ténèbres de ce diable de Démégor. C'est une torture dont lui seul possède le secret et qu'il utilise, par exemple, pour forcer la main à des personnes peu coopératives. La morsure infligée par le maître des cavaliers me laissa presque pour mort pendant deux mois, rongé par les ténèbres grandissantes. Lors de mon rétablissement plus ou moins officiel, Démégor vint me rendre visite dans mes appartements situés à la tour nord et bien qu'il se fichait de mon état après ce qu'il m'avait fait subir, il voulait juste savoir si j'étais prêt à endurer un entrainement quotidien. Il voulait me façonner dans les ténèbres, que je sois l'avatar des ombres, me former à la maitrise des arts maléfiques et engendrer un être du mal. Il voulait être mon maître d'arme, celui qui m'apprendrait tout ce qu'il ne faut pas savoir, soit tout ce qui est bon à connaître bien qu'interdit par les têtes pensantes d'Istheria. Démégor me fascinait, il était mystérieux, ambitieux et bien qu'il m'avait attiré vers son camps par un chantage incroyable que je ne pouvais refuser, quelque part, il m'aidait à me construire loin de ces êtres qui étaient ma vie et qui sont soit morts où qui m'ont fuit. Et puis, Démégor n'a pas de cœur, je ne sais si il en posséda un dans son intriguant passé mais à l'heure d'aujourd'hui, il était évident que ça n'était pas le cas. Lily m'avait un jour dit : " Ton cœur intéresse le mal, il aime se dire qu'il peut aimer " et cette phrase, comme toutes ses paroles, était d'une véracité déconcertante. Je le compris quand il réussit à contrôler mon propre cœur et mes émotions, il avait sue le faire cesser de battre, l'endormir et je le remerciai pour cela, je pouvais agir avec raison et cela était plus facile à gérer, sans ressentir la peine due au manque qu'occupait l'absence de Jézabel. Mais après discussion avec Gabriel, le pantin préféré de Démégor, je compris que celui-ci était persuadé du cœur de Démégor. Il était évident que Démégor avait sue manipuler mon cœur pour manipuler celui d'autrui. Il avait sue maitriser ce pouvoir puissant et inconnu pour en venir à ses fins.

Avec le temps, Démégor semblait me donner sa confiance, chose qu'il ne faisait avec personne d'après ce que j'avais put comprendre. Il savait que j'étais perdu, que les cavaliers étaient ma seule famille, qu'il était un pilier sur lequel je pouvais me reposer. Il savait que j'avais besoin de lui. Il était maître des cavaliers de Sharna, le chef, le plus puissant des êtres du mal que je connaissais, celui qui m'avait recueillit et qui m'avait appris à maitriser mes pouvoirs, à assumer mon côté sombre et être véritablement moi, Sirion.. Roxas, Camille, Sirion. C'est par cette relation de confiance qu'il me fit part de ses ambitions, de ses rêves, de ses plans. Je devins alors un cavalier de Sharna dans la confidence de son maître. A vrai dire, je ne connaissais aucun autre cavalier que Démégor. Au manoir, j'en apercevais deux ou trois mais ne parlais à aucun d'eux. Au fil du temps, Démégor me confia des missions qui devaient absolument rester entre lui et moi, loin de la curiosité des autres cavaliers. J'exécutais alors sans discuter et il fallait avouer que les missions à accomplir étaient assez palpitantes et intéressantes. Je ne devais jamais le décevoir et même ce qu'il considérait perdu d'avance au final se soldait par un succès inattendu. C'est ainsi que se déroula ma vie au sein des cavaliers de Sharna, au sein du manoir Cavaleri.

Depuis que Gabriel est parti, Démégor est cependant plus méfiant, c'est autant dire qu'il ne pensait pas que j'oserais ne pas respecter un ordre martial. Toutefois, il ne me l'a jamais reproché. En effet, j'ai eu le droit au châtiment pour trahison, il était fou de rage et contre moi, mais ne me l'a jamais reproché. Il savait que j'étais incontrôlable, je l'avais prévenu qu'il ne réussirait pas à me domestiquer, il savait depuis le départ les règles de mon jeu mais été prêt à les suivre. Au final, je ne l'avais pas trahis, j'avais juste suivis ma nature, mon cœur qui sait.. Gabriel ne devait pas être poursuivit, ramené au manoir ou tué à son tour puisqu'il connaissait la vérité. Il méritait la liberté et Démégor n’aurait put m’empêcher de l’aider à cela.

Dans tous les cas, le temps avait passé depuis ses événements quoi qu'encore assez récent, et les habitudes reprenaient au sein des cavaliers de Sharna. Sauf qu'à présent, je faisais parti du conseil, l'élite des cavaliers présidée par Démégor lui même. J'apprenais doucement à connaitre les autres cavaliers du conseil, nous étions les plus puissants, les plus influençables et je ne devais ni céder devant le poids, ni devant la pression. Ce jour là pourtant, Démégor désirait s'entretenir avec moi comme à son habitude. Nos entrevues étaient régulières et récurrentes, je ne les comptais plus et cela ne me dérangeais pas malgré ma soif de solitude. Je parcourrai donc la partie du manoir la moins fréquenté par les cavaliers, celle où Démégor et moi avions l'habitude de nous rencontrer vue la chance infime d'oreilles indiscrètes. Je l'attendais fermement, le dos contre un mur, les bras et les jambes croisés, la tête légèrement baissée comme à mon habitude, perdu dans mes pensées à réfléchir à la suite, à ce qui allait venir; et ce, malgré les bruits de pas qui, doucement, se rapprochaient de moi.

( En fait je ferais mes rps en " je " )

" Sirion je le pensais quand même plus maléable. " C'est ce que je me disais à longueur de journée. Je m'efforçais au moins une fois tous les deux jours. Mais nous devions accélérer il ne le savait pas mais dans le conseil il serait plus important qu'il ne le croyait et j'aurais de plus en plus de mission pour lui. Au plus profond de moi je voulais en faire mon successeur mais je ne voulais pas le lui dire car je le savais. Il ne le voudrais pas. Il devait maintenant le lui annoncer et commencer un nouveau cours comme à notre habitude. Mais la renommée que je m'étais faite se ternissait en moi. Depuis que Gabriel est parti j'avais perdu un pion de choix sur mon échiquier. Les échecs c'était aussi un très bon moyen stratégique à lui enseigner. Il en possédait un assez particulier qu'il comparait au cavalier de Sharna, il était le roi et il avait perdu un fou, un fou blanc, et c'était Gabriel. Il était capable de suivre les pièces comme un fou finalement. Et là je formait un cavalier, pourquoi un cavalier, car Sirion avec sa souplesse d'esprit lui permettait de passer les épreuves qui correspondait au mission. Je voulais qu'il devienne une reine, je voulais qu'il soit capable d'aller partout. C'est donc en renversant un fou que je partit vers un des points les plus reculés du manoir. Là, je suppose, m'y attendait Sirion. Impatient sûrement. J'arrivais d'un pas décidé vers la pièce et j'entrais ma faux dans mon dos et mon épée dans son fourreau. J'ouvris alors la porte à deux battants et je vit comme je m'y attendais Sirion seul les bras croisés. Je l'invita à s'asseoir et commença la conversation à travers mon heaume motivé à savoir la réaction de ce cavalier de Sharna certes mais cavalier de mon échiquier également.
" Sirion comme tu le sais tu vas entrer aux conseils, c'est pour ça que nos leçons seront plus fréquentes. En effet tous les jours tu me rejoindras là où je te le dirai. Tu apprendras des choses que même ton esprit n'arrives pas à imaginer et je t'apprendrais également un petit tour de force sous ta forme monstrueuse. Les quêtes aussi se feront plus fréquentes, tu auras peut-être la chance d'en faire une avec moi. Donc si tu es d'accord nous pouvons commencer immédiatement."
C'est sur ces paroles que Démégor se tut et attendit une réponse positive.

Le manoir était une demeure en adéquation parfaite avec les cavaliers de Sharna, un endroit sombre que la mort habite, laissant son empreinte dans chaque pièce. Je ne suis pas d'accord quand certains parlent d'un château, il n'y a aucun pont levis mais plutôt une grande cour fermée sur l'exterieur par les enceintes et initié par une immense porte bordée de deux espèces de gargouilles gargantuesques à l'effigie de Sharna, le dieu que nous sommes supposé vénérer. Je me suis toujours demandé qui avait eu l'idée de construire ça ici, et si le manoir avait toujours été bâti dans l'unique but de recueillir les cavaliers. Je repensai à ça en fixant les pierres du mur qui me semblaient d'un ordre précis et d'une architecture soignée, bien loin du bourrinement habituel des cavaliers, je trouvai étrange qu'il y est ce paradoxe entre l'ambiance froide et funeste qui se confronte à la précision et au raffinement du bâtiment. Dans tous les cas, ça n'était pas le jour à se préoccuper de veilles pierres empilées les unes sur les autres, Démégor était enfin arrivé, et depuis le temps que je l'attendais, ça n'était pas trop tôt. Il n'avait pas changé, bon en même temps ça ne faisait que quelques jours mais enfin quelle importance aprés tout. Il était là, toujours en armure officielle, dégageant une aura ténébreuse et effrayante à laquelle j'avais finis par m'habituer au point qu'elle devenait presque rassurante pour moi, c'était un point de repère que je connaissais. Il semblait pensif et distrait, préoccupé par des affaires qui ne me concernait pas vraisemblablement. Je le fixai alors, le saluant de la tête sans me courber comme le voulait le code et sans dire un mot.

- Bien, Démégor. Rassure-toi, je ne faiblirais pas sous le poids des épreuves que tu me feras passer, peu importe leur nombre et leur dangerosité. Je refusai de m'asseoir mais prenais la peine de lui répondre avec le plus grand soin.

- Je ne sais si je puis parler d'honneur, en tout cas il serait en effet assez étonnant de te voir partir en mission avec moi. Tu sais pourtant que j'aime agir en solitaire, c'est un risque que tu prends, je n'aime compter que sur moi. L'erreur de mes partenaires peut m'être fatal et je ne veux pas subir leur incompétence. Je ne dis pas ça pour toi, Démégor, je te rappelle simplement le pourquoi de mon affection pour les missions en solitaire. Maintenant, il est vrai que te voir à l'oeuvre pourrait être... intéressant à voir. je souriais alors d'un air amusé mais discret. C'était la première fois qu'il me proposait un truc du genre.

- Quand à ma forme monstrueuse... Tu sais bien que.. Je ne m'en sers.. Jamais. Je ne sais si je saurai encore me transformer d'ailleurs, je n'ai jamais essayé et je ne préfère pas essayer. C'est un peu comme si la bête prenait le dessus sur l'homme.. J'aurais honte de ma nature. Et puis je suis tout aussi efficace comme je suis.. Tu ne trouves pas ? Je n'ai jamais failli à une seule de tes missions, mes seuls échecs au combat sont ceux où j'ai combattu contre toi. Et puis je crois que j'ai surtout besoin d'apprendre la maîtrise des ténèbres dans laquelle tu es roi. Personne ne maîtrise les ténèbres comme les cavaliers de Sharna et surtout comme toi. Ne crois pas que je veux dominer ta puissance. Mais je ressens l'envie incommensurable de l'égaler.

Je me souvenais alors du chantage de Démégor. Il ne me révélerait l'identité de l'assassin, également cavalier de Sharna, que le jour où j'aurais atteint la puissance nécessaire ainsi que la maîtrise des ténèbres suffisante pour pouvoir le défier. Je faisai ainsi confiance en son jugement et je ne perdais de vue mon objectif : me venger.

- De ce fait Démégor, nous pouvons commencer l'entraînement dés à présent.

Toutes ces réponses me firent sourire sous mon casque, mais il fallait que je le convainque de partir en mission avec moi. Je ne savais pas pourquoi mais je devais savoir plusieurs points. Avait-il de la pitié pour ses ennemis, est-il devenu fidèle aux cavaliers, s'est-il mit à prier Sharna. Toutes ces questions sans réponses me perturbaient au plus haut point. Mais il fallait que je me concentres sur ma leçon. Bientôt je pense, Sirion serait près à utiliser presque tout son potentiel. Je me demandais quand il serait prêt à me battre car une chose était sûre, la prochaine fois qu'il me combat ou celle d'après je devrais lui dire le nom de son assassin. Je souris et me dit qu'il faisait tout ça pour savoir qui a tué un être cher. Et je me rappelai donc que jamais il n'aura le coeur des cavaliers de Sharna. Lui possédait un coeur bon mais heureusement pour moi j'avais réussi à l'enfouir sous une masse de belles paroles et de ténèbres. Ces ténèbres, Sirion en connaissait maintenant presque tout. Npn pas tout pas mes crocs cachés pas ma morsure celle qu'il avait eu la chance de recevoir. Je continua la conversation après mes réflexions.

" Je le sais Sirion que tu n'utilises jamais ta forme monstrueuse pourtant j'avais pensé qu'en te disant que ça pourrais te renforcer tu accepterais. " Dis-je d'un air amusé.

Et je continuais.

" Pour la mission ce sera pour moi un moyen de tester ta force et ta préparation à m'affronter car sur le terrain je n'ai pas encore pu t'observer. "

Il fallait encore trouver une mission susceptible de m'intéresser et ça ne serait pas chose aisée.

Nous pouvions donc commencer la leçon.

" Aujourd'hui ton apprentissage des ombres n'avancera pas mais tu vas apprendre à jouer, aux échecs plus précisément. Je t'expliquerai les bases et je te laissserai comprendre tout seul pourquoi les échecs. "

Je fis donc apparaître un jeu d'échec fait d'ombres plus ou moins claires selon la couleur choisie. Et je commençait à lui expliquer le mouvement de chaque pièce, précisément les unes après les autres puis je lui expliquais deux-trois stratégies personnelles, des ouvertures, des mat et enfin j'attendis sa réaction après une simple phrase.

" As-tu tout compris ? "

(désolé du temps de réponse, je n'avais pas internet dans mon appart', je risque d'être un peu rouillé mais ça repartira tout seul par la suite ;))

Accoudé contre le rempart gelé, j'écoutai Démégor avec attention. Sa voix était sombre, les intonations effrayantes rythmait un message qui se voulait soigné et brut à la fois, comme un élément incontrôlable qui nous sauterait à la gorge à tout moment. De par tout ce qu'il y avait eu, je ne sue jamais si je devais craindre Démégor ou ne pas le craindre. Il me faisait confiance, la théorie voudrait ainsi que j'en fasse de même et quelque part c'était déjà le cas. Les cavaliers de Sharna était une si grande famille que je n'en connaissais aucun membre si ce n'était Démégor : après tout, c'était lui qui était venu me trouver, lui qui m'avait enrôlé, lui qui m'avait recueillit et au final, je ne connaissais que lui ici. Il m'effrayait quelque part et pourtant je n'avais pas peur, ça n'était sûrement que sa seule aura qui n'inspire que la méfiance puisque au delà, oui, je n'avais pas peur. Il était imposant, un homme charismatique dont au final, je ne connaissais rien, ni même le passé, ni même le présent. Il était là, il m'enseignait l'art des ombres et je peignai selon ses soins, selon ses ordres. Démégor était quelque part un père, j'aimais lui désobéir mais je le respectai pour ce qu'il était; je détestai suivre un ordre mais pour ne pas le décevoir, j'étais prêt à me dépasser, à me surpasser. Mais parfois j'avais l'impression simple qu'il se jouait de moi, dans ses manipulations excentriques, il y avait ses désirs, ses ambitions, et moi. Je ne savais aucunement l'avenir qui serait le mien chez les cavaliers de Sharna, je n'étais guidé que par une haine directrice qui choisissait pour moi qui devait mourir. J'étais à l'entre des enfers et je jouai avec le diable aux dés. Je n'avais rien de plus qu'un long sentiment traversant mon corps et mon esprit, guidant mes pas et dictant mes crimes.

Je n'ai que faire de plus de puissance dis-je enfin après avoir marqué un long silence réfléchit. Je ne sais et ne veux être sanguinaire, je désire détruire avec soin dans un style raffinée. Les ténèbres sont un art dont je veux être peintre. Je veux rester maître de mes actes, je ne saurais contrôler mes crimes en tant que monstre enragé. Permets-moi, Démégor, d'avoir ce choix et ne jamais devoir à en venir à là. Et puis quelle importance de me voir sur le terrain, si je n'étais pas efficace, tu ne me confierais pas toutes ces missions qui doivent rester dans le secret, tu ne m'aurais pas gardé auprès de toi chez les cavaliers, je ne serai pas là où je suis à l'heure d'aujourd'hui, si je n'étais qu'un vulgaire clochard itinérant que tu aurais fait trébucher dans la rue par hasard.

Cela étant dit, Démégor continua par un jeu remplit de sens : les échecs. Je me souvenais alors des parties avec Ekzékiel, un homme curieux d'apprendre et d'enseigner. Il était étonné que je ne connaisse un tel jeu pour "un pure stratège dans mon style" avait-il dit et il m'avait alors apprit les quelques bases qui s'imposent. Bien sûre ce n'est pour ce qui nous avions joué que je pouvais, aujourd'hui, prétendre détenir la science infuse des échecs alors j'écoutai Démégor, aprés tout, cela ne me coûterait rien à part un peu de temps à perdre de toute manière.

J'ai compris Démégor, toutefois, je m'interroge. En effet, tu ne prendrais jamais la peine de vouloir m'apprendre un jeu seulement pour l'idée stéréotype à laquelle elle s'apparente : on l'extrapole souvent à un champs de bataille ou à la philosophie d'une vie, les jeux d'échecs correspondent à l'élaboration d'une manipulation pure et parfaite. Mais je sais déjà tout ça et tu le sais, au mois, autant que moi. Te connaissant, il y a quelque chose de bien plus complexe derrière tout ça, j'en suis sûre.