Phyrra, Héritière des Connaissances

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 Phyrra, Héritière des Connaissances

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:: Héritière de Ténéis ::

|| Informations ||
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Phyrra
:: Héritière de Ténéis ::
Phyrra

MessageSujet: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitimeMar 13 Oct - 12:55



Phyrra
« Découvrir les lois de l’univers, c’est lire ce qui est écrit dans le cerveau des dieux. »






IDENTITE : Phyrra Brynelis
SURNOM : L’Envoyé des Étoiles/de Ténéis, L’Héritière de la Connaissance
AGE : 456 ans | SEXE : Féminin
PEUPLE :  Sindarin
CASTE : Gélovigien (ancienne éclaris)
METIER :  Haute-Prêtresse de Ténéis, déesse des étoiles et de la Connaissance, et Sage des Dix dans le cercle des sages de Canopée.






DON : Les 5 Sens développés
SPÉCIALITÉS : Théologien (connaissance accrue dans la religion et ses cultes divers)
Transe (capacité permettant d'accroitre sa magie, de la renforcer)

POUVOIRS :  
Œil de Ténéis = ★✩✩✩✩✩
Améliore momentanément la vision, permettant de voir malgré une faible luminosité et de voir plus loin que d’ordinaire.  [Sujet à changement]


Contrôle capillaire = ★★★★✩✩
Capacité de contrôler ses cheveux telle une pieuvre, de les faire pousser très vite ou de les changer de couleur. Elle peut également changer son type de cheveux, leur densité, mais aussi leur force (résistance), pouvant les rendre aussi durs que des aiguilles de fer, leur permettant de devenir des armes redoutables. Lorsqu’elle utilise ce pouvoir, ses cheveux s’illuminent.

Phyrra se sert quotidiennement de son pouvoir pour modifier sa coiffure, et elle est reconnue pour l’extravagance que lui procure son pouvoir. Cependant, bien peu de personnes connaissent son utilité dans un contexte plus violent. Véritable pieuvre, ses cheveux deviennent des armes redoutables, mais peuvent aussi servir de protection selon la manière dont elle s’en sert. Vrilles perçantes, murs protecteurs, son pouvoir permet à Phyrra une polyvalence toute particulière. Outils de précisions, ses cheveux lui servent également de mains supplémentaires et lui permettent de saisir des objets lointains sans bouger. Si les changements de couleurs et de coiffure sont relativement peu couteux en essence divine, les faire pousser et changer leur résistance est au contraire très couteux. Les faire bouger demande surtout une grande concentration, car dans ce contexte, le coût en essence divine dépend du temps d’utilisation, mais aussi d’autres facteurs tels que le poids des objets soulevés.


Connaissance divine = ★★★★✩✩
Lorsqu’elle active ce pouvoir, Phyrra retient absolument tout ce qu’elle peut voir, entendre et sentir, créant ainsi des souvenirs parfaits. Elle peut ainsi lire un livre et se souvenir avec précision de chacun des mots qui le composent, mais aussi se souvenir avec exactitude d’un enseignement offert par un artisan, un maître d’armes ou un professeur, bien qu’elle ne puisse répéter ce qui s’acquiert avec le temps et la pratique.  

La prêtresse a l’habitude d’activer son pouvoir lorsqu’elle lit et étudie, mais aussi pour se souvenir d’évènements marquants de sa vie, qu’ils soient positifs ou non. Cela fait en sorte que Phyrra a une mémoire exceptionnelle. Contrairement aux souvenirs ordinaires, ceux-ci ne se ternissent jamais. Ils demeurent aussi clairs et précis qu’au moment où ils se sont déroulés, sans pouvoir être modifiés, ni oubliés. Elle se souvient ainsi très bien des enseignements qu’elle a reçus des dizaines, voire des centaines d’années auparavant, ce qui fait d’elle une experte dans une foule de domaines. Si au départ, son pouvoir était fluctuant, se déclenchant sans prévenir ou au contraire devenait difficile à maintenir, elle en a maintenant un bon contrôle et peut l’activer comme bon lui semble. Avoir une mémoire parfaite n’est cependant pas de tout repos, car des souvenirs désagréables la replongent quotidiennement dans ses émotions passées, et la prêtresse est sujette aux migraines. C’est la durée de son utilisation qui détermine la quantité d’essence divine utilisée.


Bien que Phyrra n’aime pas particulièrement la violence, son passé en tant que membre de l’armée sindarine font d’elle une combattante expérimentée et particulièrement bien entrainée. Elle sait manier la plupart des armes, mais a une certaine préférence pour le sabre ainsi que l’arme d’hast, particulièrement celle dont l’extrémité se termine en une lame à simple tranchant.  

Si aucun sabre en particulier n’est associé aux exploits de la prêtresse, c’est parce qu’elle utilise une lame toute simple et interchangeable. Par contre, on reconnait tout de suite la magnifique arme d’hast sindarine qui ne la quitte que rarement. Faite d’un long manche de bois à la pointe inférieure durcie, l’arme s’allonge jusqu’à une lame courbée à un tranchant qui est d’un doré brillant. Cette arme est particularisée par la force qu’elle permet de donner aux coups de taille et par l’allonge qu’elle permettait d’atteindre.  
Phyrra, Héritière des Connaissances Armedh10

Elle possède également une armure de sindarine. Bien que celle-ci soit faite des mêmes matériaux que celle de l'armée de Canopée, elle avait un style assez différent, plus adapté au sud d'Istheria qu'à la forêt. Phyrra la porte habituellement lors de ses voyages, mais l'enlève habituellement lorsqu'elle se retrouve en ville.



La seule chose que la Haute-Prêtresse a en permanence sur elle, c'est le collier au bout duquel pend son catalyseur. Comme Phyrra est une grande utilisatrice d'essence divine, elle peut utiliser une à deux pierres de sphène par année et elle n'a donc pas toujours porté le même pendentif. Celui qu'elle possède actuellement lui vient de Canopée. La pierre, orangée, a la forme d'une lune et son armature de métal torsadé fait en sorte qu'un arbre semble retenir la pierre à la chainette.
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Phyrra possède une tonne d’ouvrages, dont plusieurs exemplaires uniques. Si la plupart d’entre eux se trouvent désormais au temple de Ténéis et sont consultables sur place, certains se trouvent encore un peu partout en Istheria, dans des cachettes connues seulement de Phyrra.

En tant que membre de la famille Brynelis, mais aussi grâce à la rémunération associée à ses fonctions, Phyrra possède une fortune respectable qui lui permet de ne manquer de rien, mais aussi de voyager relativement confortablement.  

À Canopée, le temple de Ténéis, qu’elle a elle-même fondé, demeure sa maison lorsqu’elle se trouve dans la cité forestière, bien qu’une autre prêtresse dirige maintenant le lieu de culte. La maison de son enfance appartient maintenant à son frère Thanyl, sa femme et sa fille, mais elle y est toujours la bienvenue.

À Hespéria, la prêtresse possède toujours un appartement de l’époque où elle enseignait à Ectalion. Celui-ci se trouve dans le quartier résidentiel. Plutôt luxueux, il possède plusieurs chambres ainsi qu’un grand bureau comportant plusieurs bibliothèques.

À Amaryl, elle demeure au grand temple de Ténéis et la plupart de ses effets personnels sont entreposés dans l’espace qui lui est réservé. Elle y garde nombre de vêtements et de bijoux ainsi que la plupart de ses possessions.



La beauté est certes une chose relative, mais il est difficile de dire que Phyrra n’est pas une belle femme. Sindarine jusqu’au bout des ongles, la prêtresse est toute en finesse et en élégance et ses formes, loin d’être vulgaire, sont suffisamment développé pour faire tourner les regards, ce qu’elle apprécie plus qu’elle ne l’admettra. Sa peau, d’un brun chocolat, dissimule habilement les taches sombres qui sont apparues naturellement avec l’âge sur sa peau. Cela n’empêche pas celle-ci d’être mise en valeur par la blancheur naturelle de ses cheveux. Loin de rappeler le gris d’un terran âgé, cette couleur est plutôt proche de celle des lhurgyofs, même si elle n’est bien entendu jamais confondue avec ceux-ci vu la teinte de sa peau. Cependant, le pouvoir de Phyrra lui offre tout le loisir de changer de coiffure à volonté, et elle a tendance à choisir ses cheveux comme elle choisit ses vêtements, c’est-à-dire selon son émotion du matin. La sindarine est donc perçue comme une femme extravagante, ce qu’elle est sans aucun doute. Avec sa démarche assurée, ses éclats de voix et son rire retentissant, elle ne passe pas inaperçue. Ce qui est certain, c’est que son pouvoir capillaire est bien connu des fidèles de Ténéis, et que sa coiffure est souvent source de commérage. Toutefois, peu de personnes connaissent le rôle de ce pouvoir en combat.  

Les yeux de Phyrra sont d’un doré profond et éclatant, et il n’est pas rare qu’on la complimente sur la beauté de ses pupilles. La forme de ses yeux est très féminine et est surmontée de longs cils gracieux. Aux coins de ceux-ci, des rides en pattes d’oies témoignent de l’âge de la sindarine. Son regard profond a la réputation d’être le puits dans lequel les connaissances qui lui proviennent de Ténéis s’engouffrent. On dit également que ce sont les étoiles de la déesse qui font ainsi scintiller ses iris. Plus bas, son charmant menton est surmonté de pulpeuses lèvres bordeaux et ses oreilles, pointues, dépassent parfois entre les mèches de ses cheveux, bien qu’elles ne soient pas particulièrement proéminentes. Elle trouve d’ailleurs la pointe de ses oreilles bien petite et elle a tendance à les tortiller, comme un réflexe, lorsqu’elle est pensive.  

Habituellement vêtue de vêtements pâles, blancs le plus souvent, Phyrra a un amour particulier pour ce qui est fait d’or. Estimant que cette couleur la met en valeur, elle met souvent des vêtements plus simples pour pouvoir se permettre une certaine extravagance au niveau de ses bijoux. Portant presque toujours des boucles d’oreilles, elle y ajoute souvent un collier, des bracelets ou des ceintures pour changer de style lorsque l’envie lui en prend. Malgré qu’elle ait, avec le temps, adopté certains des codes vestimentaires d’Argyrei, elle a toujours aujourd’hui un faible pour la qualité et la légèreté des tissus de son peuple et pour les vêtements confortables qui agissent comme une seconde peau. Avec certains vêtements, il est possible d’apercevoir entre ses deux omoplates un tatouage à l’encre blanche représentant l’étoile à dix branches des gélovigiens.     


Joviale — Passionné — Intrépide — Courageuse — Bonne mémoire — Loyale — Intelligente — Curieuse — Déterminé  
Impatiente — Compétitive — Ne supporte pas la paresse et la couardise — Frimeuse — Impulsive — Colérique — Têtu — Susceptible
 
La personnalité de Phyrra s’est forgée pendant des dizaines d’années, en faisant une personne complexe et profonde. Il ne vous faudra pourtant probablement qu’un regard pour reconnaître que la sindarine a un caractère bien trempé. Franche, intelligente, parfois même déroutante, elle n’a pas la langue dans sa proche et dit habituellement son opinion haut et fort. Sans doute un peu prétentieuse, elle aime bien frimer sur ses connaissances et ses capacités. Ainsi, la sindarine est quelqu’un de fier qu’il est facile de froisser et qui pardonne difficilement. C’est une femme impulsive qui ne tolère ni la paresse ni la couardise. Relativement colérique, elle perd vite patience et a tendance à s’emporter rapidement. Elle déteste qu’on lui pose sans cesse les mêmes questions, mais surtout, elle ne supporte pas ceux qui la prennent pour une voyante. La nature de son pouvoir sur les connaissances est souvent mal interprétée par ses fidèles, et beaucoup l’estiment capable de prendre la meilleure décision à leur place. Elle répète d’ailleurs un peu trop souvent à son goût qu’elle ne voit pas l’avenir.  

Tel que mentionné, le pouvoir de Phyrra lui procure une mémoire exceptionnelle. Couplée à un esprit vif et à des siècles d’apprentissages auprès de maîtres exceptionnels, la prêtresse est considérée comme une véritable référence dans beaucoup de domaines. Elle adore d’ailleurs discuter avec de grands esprits et aime bien mettre à l’épreuve les connaissances de ceux qui s’estiment érudits. Malgré sa prétention, elle n’est pas du genre à prétendre savoir quelque chose dont elle ne sait rien et sera toujours ravie d’apprendre de nouvelles choses, car elle a une curiosité et une soif d’apprendre intarissable. Elle a d’ailleurs un très bon lien avec les éclaris, caste dont elle a déjà fait partie, et ce malgré les tensions qui règnent entre ceux-ci et les gélovigiens. Nonobstant son espièglerie, elle possède une sagesse bienvenue, et nombreux sont ceux qui viennent jusqu’au temple pour recevoir ses conseils.  

La haute-prêtresse est une femme d’action qui ne reste jamais en place. Si elle passe énormément de temps à voyager, accomplissant des pèlerinages et autres missions religieuses ou intellectuelles, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle demeure les bras croisés lorsqu’elle se trouve au temple de sa déesse, à Amaryl. Amoureuse des connaissances, elle passe énormément de temps à Luminéa, la grande académie, ou elle étudie et lit aux côtés des éminents professeurs qui y enseignent. Si elle n’est pas professeure elle-même, il lui est déjà arrivé de donner des cours dans les domaines qu’elle considère comme ses spécialités, telles l’histoire et la théologie, même si elle n’en a plus beaucoup le temps depuis qu’elle a succédé à l’ancienne Haute-Prêtresse. Elle s’intéresse toutefois à une multitude de domaines et prône la polyvalence. Elle est réputée pour être une professeure sévère qui ne tolère pas les écarts, mais qui transmet sa matière avec une passion peu commune qui rend ses cours fascinants. Elle a d’ailleurs la profonde conviction que les connaissances théoriques ne sont rien sans l’expérience pratique et encourage ses disciples à toujours se remettre en question.  

La prêtresse est connue pour sa joie de vivre et son enthousiasme débordant. Extravertie, elle aime passer du temps en bonnes compagnies et a eu plusieurs compagnons de vie, même si ceux-ci n’ont jamais été connus du public. En effet plutôt discrète sur sa vie personnelle, on la considère bien souvent comme beaucoup plus chaste qu’elle ne l’est réellement. Aimant s’amuser, la sindarine ne refuse jamais une invitation à faire la fête et tient plutôt bien l’alcool. Comme beaucoup de membres de sa race, elle adore danser et chanter, et elle est très douée dans ces domaines. Ses messes, égayantes et guillerettes, en sont témoins. Rassembleuse, pleine de charisme, Phyrra a un cercle social très grand, mais il reste qu’elle se confie peu, sauf à quelques rares proches avec qui elle estime partager des points communs. Mordue de sensations fortes, elle se met parfois dans des situations impossibles dans le seul but de ressentir une bonne poussée d’adrénaline. Elle est d’ailleurs réputée pour être très courageuse, et elle ne se laisse pas facilement marcher sur les pieds. Elle n’hésite pas à prendre des décisions difficiles et à se mettre en danger pour protéger ce à quoi elle croit. Si cela a pu causer des frictions dans le passé, sa loyauté envers ses convictions lui a valu avec le temps le respect de ses pairs et lui a permis de gravir les échelons, notamment en devenant sage est dix dans le conseil de Canopée.



PRÉNOM : Igaod
RACE : Saïmiri, aussi appelé singe-écureuil ou sapajous
SEXE : Masculin
POUVOIR : Télépathie
DESCRIPTION :  
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Igaod est un petit singe agile et intelligent. Il est né avec une pierre de sphène orangé encastré dans son poitrail, ce qui le rend capable de communiquer par télépathie. Joueur, il ira certainement vous voir et vous racontera peut-être même l’une de ses abracadabrantes histoires que vous aurez sans doute bien du mal à comprendre, car ses communications sont aussi chaotiques qu’énergiques. Phyrra l’a rencontré dans les forêts de son peuple alors qu’il n’était qu’un bébé. Perdue, elle l’a recueilli et soigné et depuis, il ne l’a jamais quitté.  


PRÉNOM : Ozwald
SEXE : Masculin
DESCRIPTION :
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Ozwald est un hongre de race appaloosa qui a été donné à Phyrra une dizaine d’années auparavant par un nomade d’Argyrei qui en avait un élevage. Sous le charme de la prêtresse, il lui avait offert sa plus belle monture. Caractérisé par une robe tachetée allant du brun au blanc, il est d’une beauté à couper le souffle et la représentante de Ténéis ne passe pas inaperçue sur son dos. De plus, il s’agit d’un cheval calme et docile qui donne toujours son maximum. Comme les autres chevaux de sa race, c’est un cheval particulièrement endurant et qui est plutôt rapide.




ENFANCE

On dit de Lokram qu’elle était une ville à nulle autre pareil. On dit que ses hautes constructions de pierres rouges rivalisaient de beauté avec les couchers de soleil argyréens. La vie y était douce et chaleureuse. Sous le regard de Kron, les hommes et les femmes de cette ville vivaient leur vie avec simplicité, certaine de la protection que leur offrait le culte. On dit que c’était un lieu d’érudition et de savoir dans lequel même les esclaves menaient une vie convenable. Leur bibliothèque contenait des livres anciens dont le contenu aurait révélé un passé si lointain qu’il est désormais oublié de tous. On dit que malgré la fierté que ressentaient les lokramiens pour leur cité, ceux-ci demeuraient aussi humbles que généreux. Cela ne les avait pourtant pas empêchés de commencer à recouvrir les plus majestueux bâtiments de la ville de fines couches d’or, accentuant l’aspect lumineux de la ville pourpre. Cette cité magnifique, la plus au sud qui n’ait jamais existé sur Istheria, fut détruite en un instant le six du mois de Géxon 850. Ce jour-là, Neicic, le volcan sur lequel se trouvait la Grande Lokram, libéra sa fureur dans une éruption aussi grandiose que dévastatrice. On dit que le gaz volcanique qui s’échappa des entrailles de la Terre forma un nuage qui fut visible jusqu’à Canopée. On raconte de drôles de choses sur le déroulement de cette journée et sur ce que sont devenu les ruines incandescentes de l’ancienne cité. Dans ma famille, pourtant, ce jour eut une autre signification, car ce jour est celui de ma naissance.  

Ma venue au monde survient donc cinquante ans à peine après la fin de l’Ère Taulmarilienne, dans la ville de mon peuple, Canopée. Mes parents, tous comme mes frères plus âgés, ont été directement impliqués dans ce conflit meurtrier qui dura une centaine d’années. Mon père faisait partie de l’infanterie sindarine, les Ehtyar, tout comme mes deux frères les plus âgés. Ma mère, quant à elle, était la Haute-Prêtresse de Fen, et mon frère le plus jeune servait à ses côtés. Je me rappelle encore de mes visites dans la cité détruite et de la désolation qui régnait à l’époque sur la prairie des dormants. Si je n’ai pas eu la malchance de naître durant ce conflit, ma vie a tout de même été influencée par elle, tout comme elle a changé la vie de mon peuple. Grande artiste peintre, ma mère représenta Taulmaril sur de grandes toiles qu’elle afficha aux murs du Temple de Fen. Nostalgique, elle regrettait beaucoup l’époque ou la grande ville, rassembleuse, avait fait de Cebrenia un endroit dynamique ou il faisait bon de vivre. Ainsi, mon enfance fut teintée par ce conflit. On m’apprit très tôt à détester Phelgra et, dans une moindre mesure, Cimmeria, et à craindre ceux qui se faisaient appeler les Cavaliers de Sharna. Je doute toutefois aujourd’hui que ce nom soit représentatif de la foi de ses membres, mais je ne peux nier qu’ils incarnent à merveille les valeurs de Sharna. S’il était important pour mes parents que, comme toute sindarine, je sois convenablement éduqué, ils ne lésinèrent pas non plus sur mon entrainement militaire, croyant que tout comme mes frères, je devais être en mesure de me défendre en cas de conflit armé.  

Elora, mère de Phyrra Brynelis a écrit:
« J’ai vu des générations de terrans grandir et mourir durant cette guerre sans merci. Je garderais toujours en mémoire les grands buchers que nous érigions pour nettoyer Taulmaril des cadavres et les sacs de leurs cendres que nous portions hors de la ville. »

Autrement, j’ai eu une éducation à la hauteur de l’intelligence des sindarins. Pendant les cent premières années de ma vie, je suivis une instruction aussi variée qu’enrichissante. Les sindarins étaient un peuple ayant une longévité supérieure, nous avions tout notre temps pour nous éduquer convenablement avant de nous intégrer à la vie active. J’étais une élève appliquée et dynamique qui ne manquait pas de s’intéresser à tous les domaines. Pourtant, rapidement, et bien que je sache pertinemment qu’il est important de garder l’esprit ouvert et agile, j’eus rapidement des préférences pour les sciences humaines et l’histoire. Le passé des peuples d’Istheria était quelque chose de passionnant, et je rêve depuis toujours d’apprendre ce qui a été « avant ». Personne ne sait comment nous sommes arrivés ici. Des écrits anciens, dont beaucoup ont été perdus lors des catastrophes de Lokram et d’Amaryl, racontent des histoires effrayantes sur cette époque lointaine qui, lorsque j’en ai pris connaissance, ont ébranlé mes convictions les plus profondes. J’ai beau aujourd’hui avoir une foi inébranlable dans le culte des Dix et en Ténéis, je dois dire que cela n’a pas toujours été le cas, et mon chemin vers la foi fut aussi long que ma vie.  

Au-delà des divers tuteurs qui firent partie de mon enfance, je passai beaucoup de temps avec ma mère, alors Haute-Prêtresse de Fen, dieu de la faune et des arts. Comme je l’ai mentionné plus tôt, ma mère était une artiste peintre de grand talent, spécialisé dans la représentation de la faune et la flore. Si cela occupait une partie de son temps, ses devoirs de prêtresse étaient toutefois sa principale occupation. Très jeune, le culte des Dix prit racine dans ma vie, et on m’apprit à prier aussi bien que l’on m’avait appris à écrire. Cependant, et même si, à l’époque, il ne m’était jamais venu à l’esprit de douter de l’existence des dieux comme ce fut le cas plus tard, je m’ennuyais profondément lors des longues journées de prières. Wyrenth était mon frère le plus jeune, mais celui-ci avait presque cent ans de plus que moi. Il ressemblait physiquement beaucoup à notre grand-père paternel avec ses cheveux noirs et sa peau brune, même s’il avait hérité comme moi des yeux dorés de notre ancêtre maternelle. Il avait surtout hérité du caractère calme et réfléchi de notre mère et se retrouva comme un poisson dans l’eau lors de ses séjours au temple, et je me sentis souvent comme le vilain petit canard. À peine entré dans l’adolescence, il avait déjà pris la décision de vouer sa vie à Fen, même s’il n’eut jamais l’ambition de devenir Haut-Prêtre. Il sert encore aujourd’hui le Haut-Prêtre de Fen et j’ai de très bons rapports avec lui, mais notre enfance a été plutôt conflictuelle.  

Mon ennui me causa bien des soucis, car, embêté, je fuyais mes obligations pour aller m’amuser. Lire était l’une de mes occupations favorites, et j’avais plusieurs cachettes dans lesquelles me réfugier autour du Temple de Fen, mais aussi autour de Canopée. Encore aujourd’hui, je suis certaine que certains trésors de littérature, d’histoire ou de sciences sociales s’y trouvent toujours. Mon frère prenait un malin plaisir à me dénoncer à ma mère, qui, exaspéré, ne savait plus quoi faire pour que je respecte les temps de prière du Temple. Elle a toutefois fini par laisser tomber lorsque j’entrai dans l’adolescence. Assoiffé de connaissances, je ne me satisfaisais jamais de ce qu’on m’apprenait et je cherchais toujours à en savoir plus, tout particulièrement dans les sujets qui m’intéressaient. Ténéis me guidant, mes professeurs ne tarissaient pas d’éloges sur ma mémoire exceptionnelle et mes capacités de réflexions, même si mon caractère têtu et mon impertinence les firent souvent grincer des dents. En dehors des cours, j’avais plusieurs bons amis et nous faisions souvent des fêtes et des sorties entre amis. Je n’avais que faire des recommandations de ma mère qui aurait voulu que je prenne sa suite au Temple de Fen. À cette époque, une vie de prière ne m’intéressait pas, et jamais je n’aurais cru finir Haute-Prêtresse. J’avais envie de voir le monde, de mettre en pratique tout ce que j’avais appris au cours de ces dernières décennies et d’apprendre à connaître les autres races peuplant Istheria. Cependant, suite à la guerre de Taulmaril, Canopée s’était refermé sur elle-même, et il aurait été mal vu de quitter la protection de nos murs. Ainsi, pour défier ma mère, je m’engageai à l’académie militaire de la cité plutôt que de poursuivre mes études au temple.  

Ne faisant pas exception au reste, j’excellai rapidement dans la maîtrise des armes et dans les arts de la guerre. Déjà à cette époque, et bien que mon pouvoir fût beaucoup plus imparfait qu’aujourd’hui, j’arrivai à apprendre à une vitesse fulgurante de nouvelles techniques. Cela me procurait un avantage certain sur mes camarades et je m’élevai rapidement au-dessus du niveau du groupe. De plus, mon pouvoir capillaire s’était développé et comme l’utilisation de nos pouvoirs était fortement encouragé, je disposais d’une arme supplémentaire très intéressante. Mon entrainement militaire m’amena à me rapprocher de mes deux frères les plus vieux, mais aussi de mon paternel. Si je ressemblais physiquement à ma mère, c’est de mon père, Ruven, que me venait mon caractère enflammé. Ayant une joie de vivre naturelle, mon père était un grand sindarin à la peau pâle et aux cheveux d’un blanc immaculé. Direct, fonceur et exigeant, il menait son bataillon avec droiture et était apprécié des autres soldats. Je n’ai malheureusement pas eu beaucoup l’occasion de le connaître, car il était très aimé et sollicité, mais je n’ai que de bon souvenir à ses côtés.

Mon frère le plus âgé lui vouait et lui voue toujours aujourd’hui, malgré qu’il ait rejoint Kron depuis longtemps, un respect sans borne. Âgé d’à peine cent ans au début de la guerre, il a une expérience du combat hors du commun. Forgé par les traumatismes d’une guerre qu’il a vécus à un si jeune âge, Malon est renfermé sur lui-même et est réputé pour sa sévérité. Il ne tolère ni la couardise ni la paresse, et est d’une loyauté sans faille envers Canopée. Âgé maintenant de sept cents ans, mon frère fait aujourd’hui partie de la légion des Astars, le groupe d’élite qui protège la reine Viwien et la famille royale. Au-delà de sa fidélité, il est un génie militaire et l’un des meilleurs combattant de la cité, même s’il se fait vieux aujourd’hui. C’est lui qui m’a enseigné à me battre, et son rude enseignement fit de moi une combattante solide sachant réagir en toutes circonstances. Mon autre frère, Thanyl, était physiquement le portrait craché de notre père avec sa peau pâle et ses cheveux de neige. Frêle, aimant s’amuser par-dessus tout, il avait une cinquantaine d’années de différence avec Malon et il a aujourd’hui 654 ans. Malgré qu’il était dans l’armée, il avait l’âme d’artiste de notre mère. Extraverti et charismatique, il est aujourd’hui un musicien reconnu à Canopée et est le seul de notre fratrie à avoir eu des enfants. Amical et ouvert d’esprit, j’ai passé de bons moments avec lui lors de mon adolescence et il fut un complice précieux tout au long de ma vie. Jamais il ne m’a jugé pour mes actions pas toujours très recommandable et il a toujours plaidé ma cause, même lorsque je n’estimais pas le mériter.  

Malon était un professeur rigoureux, mais je lui vouais un respect à la hauteur de la qualité d’entrainement qu’il m’offrait. Il m’imposa une routine inflexible qui commençait chaque jour par une longue course matinale. J’eu l’occasion de développer ainsi une endurance remarquable et je veille toujours aujourd’hui à la conserver par un exercice régulier. Comme tous les sindarins, on m’apprit à manier une foule de types d’armes. Mon frère était un maître d’espadon, une épée aussi grande que puissante. Il combattait avec un bouclier stylisé que sa magie lui permettait d’étendre autour de lui-même ou d’une personne le côtoyant. De plus, il avait le pouvoir de rendre léger ce qu’il avait dans les mains, lui permettant de manier sa lourde épée comme si elle ne pesait qu’une plume. Pour un sindarin, il avait les épaules larges et carrées et malgré qu’il ne soit pas parmi les plus âgés, il demeurait l’un des plus respectés, notamment pour certains exploits de guerre dont il refusait de parler. Si ses pouvoirs n’avaient rien à voir avec les miens, il sut tout de même m’enseigner à manier l’essence divine au combat avec autant d’habileté et de précision qu’il m’apprit à manier l’épée. Pendant des dizaines d’années, il m’entraina autant physiquement mentalement que magiquement pour que je sois prête pour les sélections de l’armée sindarine. Je m’entrainais également avec les autres prétendants à l’armée canopienne, me préparant à toute éventualité. Il se disait que chaque soldat de notre armée valait cinq terrans entrainés, et malgré que je sois doué, il ne me fallut pas moins de temps que les autres pour que mon frère me déclare prête pour les sélections.  

On ressentait, à Canopée, une fierté et un respect énorme pour chacun de ceux qui s’engageaient à protéger notre pays. Les sélections des soldats sindarins était donc un évènement extrêmement important au sein de la Cité, et nombreux était les personnes qui venaient y assister. J’étais déjà à l’époque une jeune femme fonceuse et confiante, et pourtant je me souviens encore de la nervosité colossale qui m’a étreint lorsque je me suis présenté devant ceux qui devaient m’évaluer. Un sentiment d’humilité m’avait envahi lorsque j’avais compris que plus que d’aller me battre, mon rôle consisterait maintenant à protéger chacune des personnes présentes dans cette cité. La sécurité de chaque enfant qui naîtrait dans l’ombre des feuilles de Canopée serait sous ma responsabilité, la mienne et celle de mes frères et sœurs d’arme. Protéger ma patrie était un honneur, et une partie de moi a aujourd’hui du mal à accepter mes décisions passées. J’ai fait des erreurs impardonnables qui m’ont mené à quitter cette armée, mais mon cœur y est resté. J’avais développé un style de combat qui était inimitable. Par mon contrôle capillaire, j’avais la possibilité de me servir de mes cheveux comme des tentacules, me rendant imprévisible. Une technique qui m’avait demandé presque cinquante ans à maîtriser, et que je continue de perfectionner aujourd’hui.


IZOMIK

L’on reconnut rapidement mon talent et je fus intégré à une garnison d’une cinquantaine de membres. Comme toutes les équipes de notre légion, nous avions été rassemblés en fonction de nos capacités pour que nos forces soient complémentaires. J’appris plus tard que les membres du groupe avaient tous comme particularité d’être particulièrement sensibles aux réalités des autres races. Bien que j’eusse déjà vu dans notre ville terrans, yorkas et sylphides, principalement aux fins de commerce, je n’avais pas eu l’occasion de rencontrer de zélos ou de lhurgyofs à l’époque, et je ne connaissais ces races que par ce que j’en avais lu. Toutefois, dans ma légion se trouvait un homme aussi étrange qu’intrigant, tellement que mes connaissances théoriques sur sa race ne se superposèrent pas immédiatement à la réalité que j’avais sous les yeux. Il fallut que l’on m’apprenne ce qu’il était pour que j’attribue sa peau incolore et ses cheveux translucides aux lhurgyofs. Il s’agissait d’un homme de grande stature, au regard dur et calculateur. Il était d’un calme glacial, mais il était possible de voir dans ses yeux une fureur latente plutôt inquiétante. On disait de lui qu’il s’était engagé dans les rangs de notre armée depuis presque cinq cents ans, après avoir sauvé la vie du roi. Il s’était battu aux côtés de Canopée lors de la Grande Guerre de Taulmaril et malgré la fermeture de notre ville aux autres peuples, il avait continué à servir la famille royale avec autant de fidélité qu’un sindarin né dans notre cité. À cette époque encore plus qu’aujourd’hui, les lhurgyofs étaient persécutés et chassés. On les considérait comme des monstres incontrôlables qu’il fallait détruire dès qu’on en avait l’occasion. Izomik, pourtant, avait un contrôle parfait sur la créature, ce qui lui avait valu la protection du roi lui-même après qu’il lui ait sauvé la vie. Selon lui, cela était dû à son âge séculaire. J’ai d’ailleurs pu confirmer cette théorie plus tard.  

Je fus tout de suite fasciné par ses particularités, et je cherchai rapidement à en savoir plus sur lui. Pourtant, Izomik ne fut pas vraiment gentil avec moi. Bourru et n’ayant aucun tact, il me lançait mes défauts en pleine figure et me critiquait constamment. Il avait un malin plaisir à me mettre en rogne et notre bataillon songea plus d’une fois à nous envoyer dans des équipes différentes. Cependant, lorsque nous nous retrouvions ensemble au combat, nous étions imbattables, qu’il soit sous sa forme lhurgyof et se servant de ses pouvoirs magiques ou sous forme monstrueuse à utiliser crocs et griffes. Nous comblions parfaitement les faiblesses l’un de l’autre et personne n’a pu vaincre notre duo en combat. J’étais l’une des seules à ne pas le craindre, car j’avais pleine confiance en son contrôle, et jamais il ne me déçut. Rapidement, je tombai amoureuse de lui. Sachant que ma famille n’approuverait pas une telle liaison, non seulement en raison de sa race, mais aussi en raison de son âge, je gardai longtemps mes sentiments secrets, jusqu’à ce qu’Izomik ne les découvre par lui-même. Sans que je ne me souvienne de comment tout cela avait commencé, nous entretînmes une relation secrète pendant plusieurs dizaines d’années sans que personne ne soupçonne notre lien. Encore aujourd’hui, la rumeur veut que je n’aie jamais été amoureuse... Alors que, conformément à notre désir commun de ne pas s’afficher, il demeura aussi froid et moqueur qu’avant en public, nous développâmes une complicité qui ne se voyait pourtant qu’au combat. Jamais on ne soupçonna notre secret, jamais on ne nous surprit ensemble... ou presque, car mon frère Thanyl nous surprit, une fois, mais garda le secret. Nous avions cet endroit en forêt, dans le creux d’un arbre gigantesque, dans lequel je me souviens avoir passé des heures à rigoler avec lui. Il me racontait avec une sincérité désarmante des pans de sa vie qui me firent frémir tant cela me semblait horrifique. Il me confia sa peur de lui-même, encore aujourd’hui alors qu’il contrôlait si bien ce qu’il appelait » la bête », et il m’ouvrit son cœur comme je lui offris le mien.  


********


An 1100

Un bruit de respiration. La nuit était noire et sans lunes lorsque j’ouvris les yeux. Quelque chose clochait, j’aurais pu le jurer sur les dix dieux. Les yeux entrouverts, je mis la main sur mon sabre, prête à donner l’alarme. Notre peuple étant réputé pour ses sens développés, j’écoutai, tous mes sens en alerte, guettant le moindre indice suspect. Il y aurait dû y avoir l’un des nôtres qui montaient la garde, mais il ne semblait pas être à son poste. Mon instinct, ou peut-être était-ce Ténéis, me criait de me tenir prête à fuir, que quelque chose de mauvais, très mauvais arrivait. Je ressentais au fond de moi une terreur profonde, et le visage d’Izomik apparu dans mon esprit. Dans cette vision, ses lèvres bougeaient sans que je parvienne à saisir ses mots. C’est alors que j’entendis un chuintement feutré, caractéristique d’une lame tirée d’un fourreau. Rassemblant mon courage, je me poussai à agir. Discrètement je roulai sur le côté et je me redressai lentement, très lentement, pour voir ce qui se passait, ma lame à la main.  

Le roi avait adressé un discours à ses armées au début de la semaine. Dans nos forêts se cachait un groupe appartenant au peuple lhurgyof. Rarement rassemblés en aussi grand nombre, ils semblaient jeunes et incontrôlables. De nombreux sindarins avaient été blessés, certains même tués avant que l’on ne découvre l’origine des blessures atroces qui les avait menés au trépas. La population s’était indignée lorsqu’un jeune sindarin d’à peine cinquante ans avait été tué près des limites de notre cité. Depuis, chaque corps armé était en quête du groupe de monstres avec un objectif simple : les éliminer. Notre groupe était tombé sur le leur en fin de journée, et un combat féroce s’était déroulé sous le couvert des arbres de nos forêts. La plupart de nos ennemis ne contrôlant pas leur transformation le moins du monde, nous dûment affronter des bêtes aussi monstrueuses que meurtrière. Heureusement pour nous, ceux qui avaient revêtu leur forme monstrueuse s’attaquaient même entre eux, ne distinguant plus alliés et ennemis. Notre groupe fini par triompher de nos ennemis, mais non sans perte. Gaeleath, Loura et Pelleas avaient malheureusement succombé, et Hubys avait été sauvé de justesse par les guérisseurs de notre groupe et se remettait difficilement de ses blessures. C’est après avoir prié Kron et accompli les rites funéraires que nous nous endormîmes dans la forêt, trop éloignés de Canopée pour espérer l’atteindre le jour même.  

Un sindarin se tenait là, la pointe de son épée trainant au sol. Il s’agissait de Sélanar, le mari de la défunte Loura. Je crus qu’il était en difficulté, et je fis quelques pas vers lui. Malgré la noirceur, je pus voir l’éclat de son regard dément et je m’arrêtai avant qu’il ne me remarque. Brisé par ce qu’il avait vécu, le jeune sindarin semblait avoir versé dans la folie et il psalmodiait si bas que je n’arrivai pas à comprendre ce qu’il disait, ou même s’il parlait une langue compréhensible. Je m’avançai lentement vers lui à travers le camp endormi. Soudain, son regard se braqua sur moi et je me figeai. Il souriait, sa bouche déformée, la haine se lisant sur son visage. Ses yeux me voyaient sans me voir et tout son corps témoignait de la folie qui l’avait atteint. Il bougea alors, si vite que cela devait être de la magie. Si vite que je n’eus même pas le temps de faire un pas. Si vite... et pourtant si lentement, alors que son bras armé se levait pour s’abattre sur une silhouette encore endormie, une silhouette que j’aurais reconnue entre mille, une silhouette qui se fit transpercer le cœur.  

J’eus l’impression que tout cela se déroulait au ralenti. Le plus rapidement possible, je me lançai au chevet du blessé, criant sans même m’en rendre compte. Izomik... La lame l’avait transpercé en plein cœur. Son esprit s’accrochait toujours, et, me voyant, il tendit une main tremblante vers moi. M’empressant de la saisir, je la posai sur ma joue mouillée de larmes, mes yeux si embrumés que je voyais à peine devant moi. Il tenta de parler, mais seul du sang parvint à franchir ses lèvres. Je me souviens de la résignation dans son regard. Il ne semblait pas triste, ni même effrayé à l’idée de rejoindre Kron. Il caressa ma joue une dernière fois avant de s’éteindre doucement. Je ne remarquai pas les mains guérisseuses de ma sœur d’arme à mes côtés, ni les autres membres de notre groupe qui avaient commencé à se rassembler autour de nous, réveillé par mes cris. Je me souviens du long cri de désespoir qui franchit mes lèvres sans que je puisse le retenir, de la douleur brûlante qui dévora mon âme. Soudain, j’entendis de nouveau psalmodier. « Lhurgyof, lhurgyof, lhurgyof », murmurait le sindarin fou. Il marchait vers l’extérieur de groupe, ayant visiblement perdu l’esprit.  

Déchiré par ma perte, je voulus me battre, venger celui que j’avais aimé en combattant Selenar. Celui-ci, pourtant, était maintenant sans défense, car il avait été désarmé et maîtrisé par d’autres membres du groupe. Autour de moi, j’entendais des murmures. « Bien fait », « foutu lhurgyof », « il n’avait rien à faire parmi nous », disaient-ils. Une rage indicible monta en moi, exacerbée par la peine incommensurable qui m’étreignait. Je me mis à hurler à ces idiots de se taire, les accusant d’avoir prémédité ce geste, louant la loyauté sans faille dont avait fait preuve Izomik alors qu’il n’était même pas sindarin. Déchiré, je repoussai ceux qui voulaient m’aider, sourds à leurs paroles de réconforts. Ce soir-là, avec pour seuls biens mes armes et mes vêtements, je m’enfuis vers l’ouest, en colère contre mon peuple, leur intolérance et leurs préjugés. C’était profondément contraire à mes valeurs, mais le peuple sindarins était foncièrement intolérant, et à cet instant, je ne me voyais plus faire partie de tout cela, ravagé par la perte de ma moitié.

Mes prochains souvenirs datent de quelques semaines plus tard. Ce fut les soleils qui me firent ouvrir les yeux cette journée-là. Déboussolé, j’ai pu voir en regardant autour de moi que j’étais dans une immense prairie si grande que peu importe où je regardais, je ne voyais que de l’herbe à perte de vue. Mes vêtements étaient déchirés, mes bottes pleines de boue et la lame de mon sabre, complètement émoussée. Mes cheveux avaient repris leur teinte naturelle et je me sentais vide, vide et perdue. Je me trouvais alors à l’ouest de Thyrénium, quelque part entre la grande ville terne et la frontière Phelgrane, mais je l’ignorais alors. Je dus prendre un moment pour me remémorer ce qui s’était passé, mais la seule image qui me revint en tête est celle de la mort d’Izomik. Je me souviens avoir senti la fragilité de mon esprit. J’étais totalement brisé.
 


******


Il me fallut du temps pour sortir de la boucle de désespoir dans laquelle j’étais tombé. Lorsque je fus un peu plus stable, je devins obsédé par l’idée de ramener Izomik à la vie. Je n’étais pourtant pas idiote, et j’aurais dû savoir que cela était impossible, mais je crois que seul ce mince espoir me permit de continuer à avancer. Seul Kron peut décider de ceux qui reviennent, et même lui n’a pas le pouvoir de les ramener avec leurs caractéristiques d’origines. De toute façon, je crois aujourd’hui que mon lhurgyof n’aurait pas voulu devenir un gorgoroth. Au lieu de retourner vers ma patrie, je décidai donc de me mettre à chercher la réponse à cette énigme de l’existence. À l’époque, un doute s’était immiscé dans mon esprit, un doute que je m’étais efforcé d’enfouir en moi, me répétant les mêmes réponses même si celles-ci ne me satisfaisaient plus depuis longtemps. Est-ce que les dieux existaient vraiment ? Ce doute en moi prit de plus en plus d’ampleur, jusqu’à ce que je me rende compte que je ne leur parlais plus. Honteuse, je me rendis compte que je n’arrivais plus à croire aux dieux. Comment aurais-je pu retourner à la maison sans la foi ? Comment aurais-je pu me présenter devant ma famille, devant ma mère ? Je sais aujourd’hui que tout cela était des excuses. J’avais peur. Non, j’étais terrifié à l’idée de décevoir mes proches. Voilà la seule raison pour laquelle je ne retournais pas à Canopée.  

Ainsi, mettant mes connaissances au service de cet objectif irréaliste, je me lançai à la conquête du savoir d’Istheria. Pendant les années qui suivirent, je m’instruisis sur toute sorte de sujets, de l’histoire à la médecine en passant par la magie. Je m’inscris à plusieurs cursus universitaires, camouflant parfois mon appartenance au peuple sindarin par d’habiles changements de coiffures qui cachaient toujours mes oreilles. Je fus même tenté de faire fi des avertissements et de me rendre à Argyrei, qui était alors en quarantaine, pour consulter leurs précieux ouvrages. Poussé par ce but impossible, je me sentais invincible. On me saluait parfois lorsque je circulais dans les grandes villes d’Eridania, et parfois même à Hellas, où se trouvait la faculté de médecine Néria, un endroit aussi incroyable d’effrayant lorsqu’il s’agissait d’explorer les limites de l’existence. Ce qui est certain, c’est que j’étais toujours occupé. Je multipliais les projets, j’accumulais un flot incroyable de connaissance et je lisais une quantité phénoménale de livres, d’écrits et de vieux parchemin. Je lisais et parlais toutes les langues d’Istheria, et j’apprenais à en déchiffrer d’autres, plus anciennes, mais surtout plus secrètes, grâce à la renommée que j’acquis dans le milieu des sciences historiques.  

Ma foi était... vacillante. Les enseignements de mon enfance ne me quittaient pas, et je voyais les dieux dans chacun de mes gestes quotidiens. Si je n’accordai plus de temps à la prière et au recueillement, je continuai toutefois de remercier les dieux et d’éprouver un grand respect pour les institutions religieuses. Je ne cacherai pas que Ténéis conservait une place particulière dans mon cœur. La Déesse, j’en suis certaine, a toujours gardé un œil sur moi, elle qui m’avait fait don d’une part de son infini mémoire. Sous son œil scrutateur, je me consacrai à mes études avec cette passion qui est la mienne, faisant tout pour ne pas avoir de temps libre. Pour ne pas avoir le temps de penser. Pour ne pas avoir le temps de souffrir. L’absence d’Izomik était un véritable calvaire, et je pleurais souvent mes amis perdus et l’absence de ma famille. Je me sentais affreusement seule, ainsi loin des miens et ce malgré les amitiés que j’avais développées. Pourtant, je ne pouvais me résigner à retourner à la cité forestière. Trop peu ouvert sur le monde, la cité ne permettait pas encore aux sindarins, à cette époque, d’explorer l’incroyable Istheria. Ainsi sans foi, je déambulais dans notre vaste monde, plus perdu que jamais.  


NESTOR INDAKI

Alors que les années passaient, alors que j’accumulais l’expérience, les connaissances, je vécus un moment qui ébranla mes plus profondes croyances. J’étais alors étudiante à Ectalion, la Grande Université, et j’étais maintenant convaincu que les dieux n’existaient pas. L’accumulation d’une connaissance plus poussée dans chacun de mes domaines de prédilection me prouvait que tout avait un sens, que tout était logique, et qu’il n’y avait aucune raison pour qu’un être divin soit venu y mettre son grain de sel. Ce soir-là, je pourrais jurer que je ne dormais pas. Allongé dans l’herbe par une douce nuit d’enkilil, je vis les étoiles bouger. Je connaissais les différentes constellations du ciel eridanien par cœur, et je peux jurer que je n’ai jamais vu rien de tel dans les livres d’astronomie. Par contre, je ne peux pas en dire autant des ouvrages religieux... Par les étoiles, symboles lumineux de Sa mémoire, Ténéis me parla, me transmettant un message on ne peut plus clair : un nom. Il me fallut plusieurs mois pour trouver l’endroit que l’on m’avait indiqué. Il s’agissait d’une petite chaumière en bord de mer, près de la cité d’Elusia qui, dans le dernier centenaire, s’était mise à perdre une grande partie de sa population.

*****


An 1111  

À cette époque, Elusia était encore une cité magnifique, quoiqu’elle soit de moins en moins peuplée. À l’image des terrans, le peuple yorka avait une existence plutôt éphémère, et les changements s’y opéraient toujours avec une rapidité déconcertante. Avec en main le seul nom qui m’avait été donné cette nuit-là, je m’étais mis à chercher cette personne mystérieuse. La consonance impliquait du terrania, ce qui ne m’avançait pas du tout. Il me fallut de nombreuses recherches et de solides contacts avant que mes pas me mènent vers la cité de l’eau. Au cours de ma vie, j’avais souvent côtoyé les yorkas, notamment au temple de Fen, un dieu important pour ce peuple à essence animale. Dans la ville, il y avait des yorkas qui se promenaient librement, sans se donner la peine de camoufler leur nature. Plusieurs se promenaient nus, sans pudeur, et d’autres se transformaient à même la rue. C’était ma première visite, mais je fus charmé par la manière dont la nature faisait partie de la ville, d’une manière totalement différente de celle de Canopée. J’y retrouvais une paix intérieure que je n’avais pas retrouvée dans les cités terrannes.  

Mes recherches me conduisirent jusqu’à une large grotte qui descendait dans le sol. On m’avait dit que l’homme, connu sous le nom de Grand Conteur, vivait en ermite au sud du territoire. Ce jour-là, le ciel était sombre et le vent était violent, annonceur des premières pluies de Langdum. L’odeur de la mer et du poisson était ici omniprésente. Au loin, j’entendais les vagues se fracasser sur les falaises de Zigri. C’est un jeune yorka-souris qui a accepté de m’y conduire. Touchant au but, les questions assaillaient mon esprit. Savait-il qui j’étais ? Attendait-il ma venue ? Alors que la pluie se mettait à tomber, je m’enfonçai, mon arme à la main, dans les entrailles de la Terre malgré l’inquiétude qui m’étreignait alors que j’étais seule dans cet endroit inconnu. Il ne me fallut heureusement que très peu de temps avant que je ne voie la nuageuse lumière du jour de l’autre côté. La mer était désormais beaucoup plus proche, et je voyais le sommet de ses vagues se fracasser contre la pierre brute. C’est en sortant finalement de la grotte que je vis un endroit incroyable. Il s’agissait d’une énorme maison en pierre des champs qui s’avançait sur une énorme saillie. Une lumière chaude émanait de certaines de ses fenêtres et l’endroit était admirablement entretenu. Vers la gauche, une grande allée de pierre descendait doucement vers l’océan déchainé. La marée étant haute, il n’était à ce moment pas possible de voir la plage que je découvris plus tard. La pierre rosâtre donnait à l’endroit un charme incroyable auquel participait incontestablement la vue de l’infini océan.  

M’avançant vers la demeure, je trouvai une large double porte sur le versant ouest. Sur chacun des panneaux de bois se trouvait un grand heurtoir de bronze représentant un éléphant. J’en saisis un, hésita un instant devant l’émotion, puis donna trois grands coups à la porte. Tout de suite, j’entendis un fracas épouvantable quelque part à l’intérieur, comme si un vaisselier plein s’était fracassé au sol. Les murs tremblèrent légèrement, mais, quelques secondes plus tard, on répondit à la porte. Tout de suite, je sentis l’odeur d’un bon foyer dont la chaleur réchauffait la grande demeure. Cependant, c’est l’homme qui se tenait là qui attira mon attention. Il devait avoir au moins soixante ans à vue de nez, peut-être soixante-dix. Imposant, la peau grisâtre et les jambes se terminant par des pattes qui, je l’avais deviné en voyant les heurtoirs, ressemblaient beaucoup à des pattes d’éléphant. Calme, le regard vif, il me jaugea un instant avant de prendre la parole.  

– Une sindarine ici ? Que puis-je faire pour vous et votre peuple, douce créature ? dit-il d’une voix aussi grave que douce.  

– Je ne suis pas ici au nom de mon peuple, lui répondis-je alors. Je cherche Nestor Indaki.

– Et que lui veux-tu ?  


J’hésitai un instant.  

– Il semblerait que Ténéis veuille que je le retrouve.  

Le regard du yorka changea et un éclat s’alluma dans son regard.  

– Je suis celui que tu cherches. Entre, je te pris.


******

Nestor était un érudit comme il s’en faisait peu. Il avait le pouvoir d’absorber les connaissances, que ce soit celles d’un livre ou d’une personne. C’était un pouvoir d’une puissance folle, que je n’imagine plus exister de nos jours. J’ignore si cela était lié à son essence d’éléphant, mais je dois vous avouer que je n’ai jamais vu un yorka ayant une aussi grande réserve d’essence divine. Cela était habituellement l’apanage des enfants de Ténéis, mais même comparé aux sylphides, il était impressionnant. Il faut dire qu’il avait fait de la magie et de l’essence divine sa spécialité. Pourtant, il ne semblait posséder aucun autre pouvoir, ne savais pas se battre et était non-violent. Ce qui me fascinait, chez lui, résultait à la fois dans une sagesse incommensurable et d’un drôle de sentiment par rapport à la race qu’il représentait. Moi qui m’étais toujours estimé comme étant ouverte d’esprit, je me découvris des préjugés sur les races à courte espérance de vie. En effet, selon moi, il leur était impossible d’acquérir suffisamment de connaissances pour concurrencer les sylphides ou même les sindarins. Pourtant, Nestor était d’une intelligence vive malgré son grand âge, et me força à me remettre en question. Selon lui, la sagesse venait des expériences et des différentes étapes que l’on traverse dans une vie, et non pas du nombre d’années passées sur cette terre. Je dois vous avouer que plus je vieillis, et plus je suis forcé d’admettre qu’il avait raison. Lorsque je lui appris la nature de mon pouvoir, il voulut immédiatement de moi comme apprenti. Croyant que c’était ce que voulait Ténéis, j’acceptai sans plus réfléchir. En échange, il me transmit un savoir impressionnant, m’enseignant les secrets de la magie et de l’essence divine qu’il avait étudié toute sa vie.  

Je restai avec lui jusqu’à ce qu’il rejoigne Kron, alors qu’il arrivait au bout de son chemin, une vingtaine d’années après notre rencontre. Sa perte, si elle fut difficile, fut toutefois moins lourde que celle d’Izomik, sans doute parce que j’y étais préparé. Il estimait avoir accompli sa mission en ce monde, et il remerciait souvent Ténéis pour la vie qu’elle lui avait offerte au travers de ce pouvoir si important qu’elle lui avait offert. S’il me transmit un savoir exceptionnel, c’est de son infinie sagesse dont j’appris le plus. Il me répétait souvent que les dieux n’étaient pas tels que je les imaginais. Ils n’étaient pas les créateurs de ce monde, pas même la grande Ténéis, disait-il. Ils n’étaient, comme nous, que des influenceurs, Êtres d’une puissance si grande qu’ils ne pouvaient s’incarner en notre monde. Ils avaient entre leurs mains la vie des Isthériens, car leur puissance modifiait nos destinées. Nestor avait chez lui une quantité d’ouvrages d’une qualité incroyable. Si quelques-uns sont toujours là-bas, d’autres ont trouvé leur place dans diverses universités ou, lorsqu’elle fut construite, au sein de la Masure des Érudits. La majorité, toutefois, est maintenant consultable au Temple de la Grande Déesse de la Connaissance, comme il l’avait souhaité. D’ailleurs, mon mentor était un éclaris d’une grande renommée, et lorsqu’il me recommanda, on me fit rapidement déplacer pour me faire passer l’épreuve d’intelligence imposée aux prétendants à la caste. Malgré ma nervosité, je répondis à leur question avec aplomb et justesse, me permettant ainsi de rejoindre ce vaste réseau d’érudits. Leur symbole s’ajouta à mon sceau personnel, celui qui me permettait à la fois à cacheter et à signer mes lettres officielles. Ce fut l’une des trois fois, au cours de ma vie, ou je le changeai.  

Nestor Indaki, mentor de Phyrra a écrit:
« Il y a des mystères en ce monde qui ne peuvent être expliqués autrement que par une existence plus grande que la nôtre. »


ÉCLARIS

Mon mentor m’avait amené à faire la paix avec la mort de mon ancien amant. Après être demeuré un peu plus de deux décennies à ses côtés, j’avais cessé de vouloir vaincre la mort, ayant accepté l’inévitable fin de la vie. Tout ce que j’avais appris de lui me permettait maintenant de vivre sans lui. Cessant progressivement de pleurer sa perte, je me concentrai sur le plus important. Je remercie maintenant la déesse d’avoir placé Izomik dans ma vie, car le temps passé avec lui ne disparaîtra jamais. Dans cet état d’esprit, c’est le savoir qui prit la plus grande place dans ma vie. Ayant désormais accès au réseau des éclaris, j’étudiai auprès des plus grands historiens de ce monde et j’eus accès aux ouvrages parmi les plus précieux. J’allai suivre un cursus à Dolménia, la cité Céleste des sylphides, pour en apprendre encore plus sur l’essence divine suite aux enseignements du Grand Conteur, me spécialisant suffisamment pour renforcer ma magie. J’eus une première aventure avec un sylphide charmant, et j’ai eu... quelques autres amants depuis.

Cependant, et depuis toujours, je voulais explorer ce que j’appelle « l’avant », connaître en profondeur l’histoire de nos races, découvrir les origines des peuples. Les évènements relativement récents pour un peuple comme les sindarins, les sylphides ou les gorgoroths, par exemple la Grande Guerre de Taulmaril, étaient quant à eux relativement faciles à étudier, bien qu’elles soient elles aussi remplies de mystère. J’ai exploré l’histoire des peuples depuis l’ère Taulmarilienne à Ectalion, et plus récemment à Luminéa, et j’eus de nombreux tuteurs éclaris, faisant de moi une historienne renommée. Chaque découverte que je faisais précisait la vision que j’avais de nos ancêtres. Pourtant, je ne trouvais pas les réponses que je cherchais. À l’époque, j’habitais un grand appartement dans le quartier résidentiel d’Hesperia, et j’étais souvent visité par des étudiants en histoire que je prenais un grand plaisir à aider. J’avais écrit une thèse sur Lokram qui m’avait valu de nombreuses félicitations. Je devins momentanément professeur de la grande école, mais après quelques années à enseigner, je fus vite lassé, et j’eus envie de retourner à mes recherches.  




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Dernière édition par Phyrra le Mer 3 Fév - 1:53, édité 10 fois
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MessageSujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitimeMar 13 Oct - 20:20

Re-Bienvenue parmi nous! Bien sûr, je n'ai plus rien à t'apprendre.

Je vois que ta fiche est déjà bien avancée ! J'ai hâte de connaître l'histoire de la Dame. Si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas, bon courage pour la rédaction !
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MessageSujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitimeVen 29 Jan - 13:06



SUITE

Passionné par les découvertes que je faisais sur l’Ancien Monde, je n’eus pas conscience de la foi qui grandissait en moi. J’ai eu 280 ans le jour où j’ai remis les pieds au Haut-Monastère pour la première fois depuis mon départ de Canopée. Je ne sais pas ce qui m’y poussa, ce jour-là. Il était tel que dans mes vieux souvenirs, ses immenses vitraux dessinant des symboles lumineux sur le plancher immaculé. De nombreux fidèles circulaient lentement, et des prêtres et prêtresses prêchaient ici et là, abordant fièrement le symbole de leur dieu ou des Gélovigiens. L’endroit était majestueux, d’une prestance surnaturelle. Je me sentais étrangement à ma place dans ce lieu de culte, sans doute le plus impressionnant d’Istheria, quoi que je puisse dire du fabuleux Temple de Ténéis. Les coutumes, les prières, chaque petit geste associé aux lieux de culte, tout me revenait. Alors que certaines des traditions gélovigiennes me semblaient maintenant absurdes, d’autres, au contraire, me firent me rendre compte de la richesse de la religion et de son lien si important avec l’histoire. Ce jour-là, je décidai de m’inscrire à nouveau à Ectalion, mais cette fois, comme étudiante en théologie. Ce domaine me permit de mettre à l’épreuve tout ce que je connaissais de notre monde, et je rendis certains professeurs fous à force de mettre à l’épreuve ce qu’il nous enseignait. Sceptique, je posai mille et une questions pour différencier la réalité du mythe et découvrir que parfois, les deux ne faisaient qu’un. Je questionnai les experts de plusieurs domaines pour mettre à l’épreuve mes croyances, et je fus vite aidé d’autres éclaris souhaitant eux aussi éclaircir la question  

Pendant les vingt années qui suivirent, je travaillais à l’aide de mes coauteurs, cherchant à démystifier la religion. Travailler sur la religion à travers les âges me permit de découvrir des secrets enfouis très loin dans les souvenirs de nos terres, de véritables témoignages de la tangibilité des dieux qui disait-on, à l’époque, visitaient les peuples d’Istheria. Je m’appuyai sur les écrits d’Eucléis le Savant ainsi que divers autres grands historiens, découvrant avec toujours autant de bonheur de nouveaux secrets, éclaircissant autant de mystère que j’en découvrais. Pour la première fois, je fis un pèlerinage religieux, et je visitai les Grands Temples des Dix. Si je profitais de la richesse historique et religieuse de ces lieux, je m’y rendis aussi pour prier, car mes recherches m’avaient convaincu que mon maître avait raison : les dieux existaient. Ils n’étaient simplement pas là ou on les cherchait. Si d’un côté, c’est ma thèse et mon lien avec mes amis éclaris qui me donna l’idée du voyage, c’est toutefois un sentiment profond d’avoir échoué, dans la vie. J’avais fait des études extraordinaires, travaillé sur une infinité de sujets passionnants, découvert une foule de choses si longtemps restées enfouies. Pourtant, avec la foi s’imposèrent à moi de profonds regrets. Ma famille, mon peuple, ma patrie, qu’étais-je vraiment sans eux ? Les politiques évoluaient doucement, et Viwien semblait sur certains sujets bien différente de son père, bien qu’elle ne lui eût pas encore succédé à cette époque. J’avais un profond besoin de remettre de l’équilibre dans ma vie,  la prochaine chose qui se dressait sur mon chemin, c’était Canopée.


RETOUR À CANOPÉE

Cela sonne sans doute un peu comme une condamnation, et je crois effectivement que c’est ce que je croyais, au départ. La désertion n’était pas le plus grave des crimes, mais il s’agissait d’une faute extrêmement grave pour un peuple comme les sindarins, et je m’attendais à devoir payer ma dette envers la cité si j’y étais de nouveau admise. Après avoir visité tant de lieux et rendu hommage à huit des dix dieux, il vint le temps de me rendre au temple de Fen. Le temple de ma mère. Il me fallut beaucoup de courage pour y retourner, ce temple dans lequel j’avais grandi, et mon voyage fut agrémenté de plusieurs détours que je pris sciemment pour retarder le moment fatidique. Cela ne fut pas très difficile puisque, provenant du grand temple de Kesha, j’avais choisi un chemin difficile à travers les marais brumeux. Pourtant, inévitablement, je finis par reconnaître les lieux. Ce gros chêne, cet orme, là-bas, ce parterre de fleurs qui, malgré les décennies, était toujours au même endroit. La forêt s’ouvrait devant moi, et avec elle, une myriade de souvenirs parfaits, tel que mon pouvoir les rappelait à mon esprit. Tout était différent, les arbres plus gros, les herbes plus hautes, et pourtant, tout cela se substituaient à la perfection à mes souvenirs, éveillant en moi un subtil mélange de nostalgie, d’appréhension et de paix.  

Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour rencontrer un premier prêtre. Celui-ci, visiblement yorka, ne me connaissait évidemment pas, et c’est sans savoir qui j’étais qu’il me conduisit au temple. Rapidement cependant, un sindarin apparut sur notre route. Puis un deuxième. Tous deux se mirent à chuchoter, et rapidement, je fus entouré de ceux que j’avais autrefois connus. Si la plupart de ceux-ci n’osèrent pas m’approcher, l’un d’eux fit exception. Cela faisait cinquante longues années que je n’avais pas remis les pieds dans cette forêt, mais lorsque mon frère me vit, il me reconnut. Et il me serra dans ses bras, sans un mot. Wyrenth. Il ne me posa pas de questions, ne me reprocha rien, ne voulut pas savoir ou j’étais tout ce temps. Avec la sincérité qui le caractérise, il me demanda comment j’allais, si j’étais heureuse, et si je revenais parmi eux pour de bon. Vêtu de la toge de prêtre de son dieu, il me témoigna, avec la réserve qui était la sienne, sa joie de me revoir, et me proposa rapidement de me conduire à notre mère. Malgré mon appréhension, j’étais soulagé par cet accueil et j’acceptai son offre. À la vue du temple, mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’eus peur de perdre connaissance.  

Le temple était tel que dans mes souvenirs, fidèle au dieu de la faune, et bien que certaines petites choses eussent changé à la suite des réparations qui s’étaient avéré nécessaires, j’avais l’impression de revenir chez moi, et les souvenirs de mon éducation religieuse me revint comme un tsunami. Gorgé d’émotion, c’est avec une boule dans l’estomac que j’entrai dans le Grand Temple. À l’intérieur, Wyrenth interpella ma mère par son titre. Celle-ci était accompagnée d’un jeune couple de terrans qui étaient visiblement en visite ici, vu leurs habits de voyage. Elle ne me vit pas immédiatement. Pourtant, lorsqu’elle leva les yeux vers mon frère, reconnaissant sa sombre silhouette, elle demeura figée un instant, et elle se mit à me détailler. J’avais soigneusement choisi mes habits, voulant refléter qui j’étais aujourd’hui, mais je n’avais pas la chance de porter un tissu sindarin, et j’étais vêtu avec une qualité certes excellente, mais qui ne valait pas la qualité des tissus de mon peuple. J’avais gardé mes cheveux simples et blancs, tels qu’ils étaient au naturel, tel que ma mère les avait toujours préférés. Rapidement, les yeux de ma mère s’embrumèrent, au même moment où je sentis les larmes coulées sur mes joues. Elle délaissa le jeune couple sans un mot et ceux-ci, visiblement sensible au soudain changement d’atmosphère de la pièce, se retirèrent sans un mot. Wyrenth avait fait de même et me laissa seule avec notre mère qui, comme mon frère, me serra longuement dans ses bras sans un mot.  

Nous prîmes un moment pour nous retrouver, mère et fille, à simplement nous contempler et à nous remettre de nos émotions. Puis, la question vint, celle que j’avais crainte et attendue à la fois, alors que ma mère me demanda pourquoi j’étais partie. Expliquer les raisons d’un départ que je n’avais pas prémédité me fut difficile. Je tenais cette femme en si haute estime, et j’avais si peur que mon histoire ne la déçoive ! Pourtant, je ne perçus aucun jugement dans ses yeux alors que je racontais mon histoire, et ce, bien que je ne parlasse pas de la nature de ma relation avec Izomik. Pleine de bienveillance, elle me parla de notre famille, de Canopée, des changements qui s’opéraient. De mon côté, je lui parlai de mes études, je lui parlai du monde, des terrans, sylphides et zélos que j’avais rencontrés à travers le monde, de mon histoire avec la religion, de Nestor, ce yorka qui m’avait tant appris. Je tentais de tout lui dire, de partager avec elle tout ce bonheur que j’avais connu loin d’ici. Pour la première fois depuis des décennies, je m’ouvris sur ma souffrance et ma peine d’être loin des miens, d’elle, de ma famille. Je lui parlai de mes remords et de mes regrets, de mes douleurs et mes peines, et je retrouvai ma mère, celle à qui je ressemblais tant en vieillissant. Je voulus rester pendant des jours, pourtant, il fallut inévitablement penser à l’avenir. Le temple de Delil. Canopée.  

Je quittai ma mère et mon frère avec la promesse de revenir, et je fis la route vers le temple du dieu de la flore et de la vie, de nouveau seule, mais le cœur différent. Plus léger. C’est avec respect que je saluai ceux que je rencontrais à proximité du temple. Auprès du haut-prêtre en poste, je rendis hommage au dieu de mon peuple. Puis, finalement, je fis route vers Canopée. La cité forestière était si proche que j’en ressentais les vibrations jusqu’au tréfonds de mon âme, et malgré ma paix intérieure, c’est avec appréhension que je me présentai devant le conseil pour admettre ma désertion et attendre mon châtiment. Au conseil, je ne cachai rien de mes sentiments pour Izomik, de la relation que nous avions entretenue, du long deuil qui avait suivi. On m’informa du sort de Sélénar, le meurtrier de mon amour, qui croupissait aujourd’hui et pour le restant de sa vie dans les prisons de la cité, son droit aux honneurs posthumes retiré. On m’informa également de la cérémonie à laquelle avait eu droit ma moitié et de l’endroit où il reposait maintenant. N’étant pas sindarin, il n’avait pas eu droit à l’honneur d’avoir son nom sur un tronc immortel, mais pour sa loyauté, il avait tout de même été inhumé auprès du peuple qu’il avait servi jusqu’à la mort. Finalement, la sentence tomba. Pour ma désertion, j’étais condamné à effectuer des travaux d’intérêts généraux sous la tutelle d’un membre du conseil des dix. Pendant cinquante ans, durée de ma désertion et donc de ma sentence, je ne pourrai quitter les limites de la ville et je devrai continuellement me référer au Sage des Dix, qui avait accepté cette charge, pour toute action.  

C’est ainsi qu’en l’an 1150, je redevins un membre de la cité des feuilles. Elmar fut un tuteur sévère, mais juste, qui eut la patience de m’enseigner ce que j’avais oublié. Religieux jusqu’au bout des oreilles, il fut surpris de ma foi profonde qui s’exprimait si différemment de la sienne, et après quelques années, c’est avec bonheur que nous échangions sur nos différents points de vue. Il devint davantage qu’un tuteur, il fut un mentor, un ami, un confident. Il m’intégra à la vie sindarine, me laissant le suivre dans ses importantes fonctions et comprendre le fondement de nos lois et de notre société. Mon nom fut rapidement reconnu dans les plus hautes sphères de Canopée, mon esprit vif et ma langue bien pendue étant difficilement oubliables. Si certains de mes anciens amis ne me pardonnèrent pas ma désertion, la plupart finirent par accepter mes choix passés et respecter ma décision de revenir malgré la peine qui m’attendait ici. C’est humblement que j’accomplis les tâches que l’ont me confiait, faisant de mon mieux pour accomplir ce que l’on attendait de moi. Dans mes temps libres, je fêtais, dansais et chantais avec les miens, ou j’étudiais dans la grande bibliothèque de notre université. Après un certain nombre d’années, on accepta même que j’étudie à Palantil, notamment les sciences élémentaires, mais aussi l’histoire des sindarins et la théologie des dieux les plus importants de la région, Delil et Fen. Je renouai avec mon père, avec mon frère Thanil, sa charmante femme et leur surprenante petite fille... Mon frère Malon, toutefois, ne me pardonna pas aussi facilement. Membre des puissants astars, protecteur royal, il m’en voulut énormément pour mon acte de désertion. Aujourd’hui, nous avons une relation cordiale, mais sans plus.

C’est durant ces années que je perdis ma mère. Âgée de huit-cent-vingt-trois ans, elle avait vécu une vie difficile, mais bien remplie, traversant avec succès la Grande Guerre de Taulmaril sans jamais perdre de vue sa foi pour Fen. Elle avait été une grande créatrice, et nombre de ses œuvres décoraient demeures et bâtiments importants de Canopée. Elle était d’une sensibilité incroyable, et malgré sa sévérité, elle avait toujours fait preuve d’une douceur et d’un amour profond pour son prochain. Sa mort fut suivie d’une cérémonie grandiose pendant laquelle je prononçai un hommage qui fit vibrer les cœurs. Ce triste évènement nous rapprocha, mes frères et moi, et notre relation n’en fut que plus solide par la suite. Perdre ma mère laissa un vide incroyable dans mon cœur, et je regrettai de ne pas avoir passé davantage de temps avec elle. Cet évènement eut pour conséquence de me plonger dans une crise existentielle qui me fit remettre ma vie en question. Qui étais-je vraiment ? Alors que j’arrivais presque au milieu de ma vie, avais-je vraiment accompli tout ce que je souhaitais? Étais-je en voie de le faire ? La vie s’arrête inévitablement un jour, et malgré leur longévité, les sindarins n’y échappent pas. Mes frères devenaient de plus en plus vieux, mon père était de moins en moins autonome, et cela me faisait réaliser toute la fragilité de la vie. À cette époque, je passai énormément de temps à méditer et prier, cherchant les réponses au fond de mon cœur et dans les profondeurs de ma foi. Je me rendis souvent sur la sépulture d’Izomik, lui confiant mes doutes. C’est-ce qui fut mon salut, la raison de mes choix actuels.  

Lorsque je fus amené devant le conseil pour me libérer de ma sentence, cinquante ans jour pour jour après que j’eus réintégré la vie sindarine, j’avais acquis une réputation enviable. À la base, les Brynelis avaient un statut assez élevé dans notre société, même si nous n’étions pas membres de la haute noblesse. Avec mon père et mes frères dans l’infanterie et ma mère étant haute-prêtresse, notre nom était bien connu. En plus, j’avais étudié à Palantil, développant des liens avec d’éminents professeurs, j’appelais par leur prénom la plupart des membres du conseil et l’on venait souvent me demander des conseils de tout genre grâce à mes connaissances et mon statut d’éclaris. Mon énergie était communicative, et l’on m’appréciait également pour ma joie de vivre. Avec Viwien, devenue reine à la mort de son père, elle-même en démarche pour réintégrer la vie sindarine, je nouai un lien plus profond que je l’aurais espéré. Nous retrouvant dans une situation bien différente, mais aussi bien semblable puisque nous avions tous deux passé de nombreuses années hors de la cité forestière, nous nous trouvâmes de nombreux points communs, et je la compte aujourd’hui parmi mes amies les plus chères. Enfin libéré de ma peine, je me remis à l’entrainement militaire, même si je n’eus jamais l’intention de rejoindre à nouveau l’infanterie. Cependant, le plus gros de mon temps était consacré à l’étude. Lire avec mon pouvoir de mémoire activé était particulièrement fastidieux, mais j’y arrivais maintenant presque sans y penser. Cela me permettait de retenir une foule d’informations pertinentes et de ne jamais avoir à relire un livre deux fois. Chaque fois que j’activais mon pouvoir, j’avais cette drôle d’impression que Ténéis regardait par mes yeux, comme si elle m’épaulait, bienveillante.  


PRÊTRESSE DE TÉNÉIS

Avec le temps, j’eus l’impression que la déesse m’invitait à changer de voie. J’étais heureuse parmi les sindarins, mais quelque chose manquait inévitablement à ma vie. J’étais toujours éclaris, mais ainsi loin des autres membres de ma caste, je me sentais de moins en moins en phase avec ceux-ci. Je me sentais, malgré la fin de ma peine, prisonnière des limites de la cité et je cherchais un moyen de me libérer. J’avais envie de partager ma foi et ma vision de la religion, j’avais envie de montrer à tous ceux qui croyaient que le culte des dix n’était que contemplation et prière pieuse qu’il était possible de faire autrement, sans que tout cela ne soit ennuyeux. C’est ainsi que l’idée germa dans mon esprit, et que je présentai à nouveau devant le conseil cinq ans après ma libération pour demander une permission : partir étudier à l’école religieuse du haut-monastère pour devenir prêtresse de Ténéis. Pour appuyer ma demande, je promis de revenir à Canopée pour prêcher les enseignements de la déesse après mes études et de fonder une église pour ma divinité aux abords de la ville. Prisant l’éducation et les connaissances, l’idée d’avoir une église de Ténéis aux abords de la ville plut à la reine, mais aussi au conseil qui, trouvant ma demande pertinente, accéda à ma demande. C’est ainsi que, marchant sur les traces de ma mère, je me retrouvai de nouveau au haut-monastère, rapidement accepté dans le programme d’étude désiré.

Pendant les soixante-cinq années qui suivirent, mon rôle de prêtresse devint ma principale occupation. Comme promis, je fondai l’église de Ténéis à Canopée et aidé d’autres collègues gélovigiens, nous travaillâmes à étendre l’influence de la déesse des étoiles sur la cité forestière. Au cours de ces années, j’accomplis plusieurs pèlerinages religieux et beaucoup de visites au haut-monastère. Rapidement, mon influence s’élargit. Dotées d’un grand charisme, mes homélies étaient convaincantes et ramenaient beaucoup de fidèles. Mon nom fut rapidement connu parmi tous les sindarins et mon influence grandit parmi les gélovigiens, d’abord auprès des prêtres de ma déesse, puis auprès de ma haute-prêtresse et finalement auprès des gélovigiens des autres dieux. Mes cérémonies attirèrent de plus en plus de gens, et même les fidèles des autres peuples d’Istheria se mirent à se déplacer jusqu’à Canopée pour assister à mes messes. Lorsqu’Amaryl sortie de sa quarantaine, je fis partie de ceux qui travaillèrent à sa reconstruction, et certaines de mes idées furent retenues lors de la rénovation du Temple de Ténéis par les éclaris, à une époque où les liens des gélovigiens avec la caste des savants étaient encore bons.  

Lorsqu’en 1269, la Haute-Prêtresse de ma déesse mourut, je fus pressenti, ainsi que quelques autres, pour passer sous le regard de la déesse des étoiles et subir son jugement. Par mon pouvoir de mémorisation, j’avais déjà alors acquis le titre d’Héritière des Connaissances, mais d’autres avaient comme moi été bénis par la déesse. Pourtant, c’est avec confiance que je m’avançai devant les autres Haut-Prêtres. Je ne ressentais alors aucune nervosité, aucune peur. Je n’avais jamais eu l’intention de devenir haute-prêtresse, mais ma présence ici me semblait comme une évidence. Je savais, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ce que je ressentais alors. Prétention ou simple confiance, on ne vit pas la différence, car c’est sans surprise que la lumière de la déesse m’illumina. Alors que je lui rendais grâce, mon pouvoir activé pour garder en mémoire chaque seconde de cette cérémonie destinée à glorifier sa présence, sa lumière m’illumina, et plus que jamais, je sentis que son aura m’entourait, bienveillante. Les étoiles, symbole de ses infinies connaissances, semblèrent m’accueillir et, rapidement, on me déclara choisi. À la suite de l’intense cérémonie qui me consacra Haute-Prêtresse, je quittai officiellement mon temple, à Canopée, pour rejoindre le Grand Temple de Ténéis à Amaryl, ou je retrouvai une population grandissante. Menée par les éclaris, la grande cité d’Argyrei était un endroit d’érudition exceptionnel. En tant que Haute-Prêtresse des connaissances, je travaillai et je travaille encore d’arrache-pied pour allier connaissance et foi et convaincre les athées de l’existence des dieux, sans pour autant dénigrer leurs propres théories... si celles-ci s’avéraient intelligemment pensées.  

Les premières années pendant lesquelles je me consacrais à servir la déesse comme cheffe du culte furent relativement tranquilles. Le culte de Ténéis étant par essence semblable aux valeurs que prônaient les éclaris, c’est avec bonheur que je renouai avec d’anciens camarades et que je m’en fis de nouveau parmi cette caste. Je n’avais certes plus tous les avantages qui y étaient liés, et le symbole des gélovigiens avait certes remplacé celui des éclaris dans mon sceau personnel, mais je demeurais en très bon terme avec la plupart d’entre eux. Parmi les gélovigiens du temple, cependant, ma présence ne fut pas aussi bien accueillie. Je fus au départ pourtant très bien reçu, mais il était évident que personne ici n’aurait voulu voir l’ancienne prêtresse remplacée, et ce, malgré sa mort. De plus, mes méthodes différaient radicalement de celles de l’ancienne représentante de Ténéis. Douce, calme, indulgente, elle avait été une main accueillante pour tous ceux qui se trouvaient à la dérive et avait aidé beaucoup de gens. Représentant les valeurs des gélovigiens, celle-ci était convaincue de l’influence de notre déesse sur le monde et, malgré son érudition, elle était demeurée très fermée aux enseignements des éclaris qui avaient depuis longtemps prouvé que les soleils et les étoiles n’étaient pas magiques. Plus terre à terre, avec un caractère bien trempé et attribuant la majorité des évènements de notre monde à la nature plutôt qu’aux dix dieux, mon arrivée fut un grand bouleversement pour ces fragiles prêtres qui ne s’étaient jamais remis en question.

Forte de mes connaissances, ayant des années de remises en questions derrière moi, aucun des prêtres ne réussit à ébranler mes convictions les plus profondes. Je les invitais pourtant à essayer, à me prouver que ma vision de notre grande Ténéis était mauvaise, mais aucun d’eux ne parvint à trouver une faille dans ma foi. Pour moi, Ténéis était un symbole, une entité, certes extrêmement puissante, mais qui comme nous, la plupart du temps, était soumise aux lois naturelles de notre monde. Si les étoiles représentaient ses connaissances, c’était pour témoigner de sa grande érudition. Cet être supérieur qui influençait nos destinées existait bien, mais elle n’avait pas le pouvoir de créer notre monde, tel que me l’avait autrefois enseigné mon mentor, Nestor. Pour différencier les messages que nous envoyait la déesse, il fallait connaître ces lois et ainsi, nous pourrions différencier les actions de la nature elle-même des messages de Ténéis. Ainsi, lorsque les étoiles se tordirent devant mes yeux une nouvelle fois, je ne fus pas dupe. Les étoiles ne pouvaient bouger ainsi, jamais. Je connaissais toutefois le phénomène pour l’avoir déjà vécu. La déesse m’avait nommé pour que je puisse mener notre culte vers la bonne direction, j’en étais convaincu. L’époque où notre culte nous voilait la face était terminée. Nous regarderions maintenant la réalité en face.

Il faut dire que la paix régnait alors sur Istheria, une paix que je croyais alors durable, inébranlable, certaine qu’Istheria ne répéterait pas ses erreurs passées. Malgré tout ce que je savais de la Grande Guerre de Taulmaril, je ne vis pas arriver les tumultes qui se dessinaient alors que le nouveau siècle approchait. Je ne vis pas les tensions, la peur, l’inquiétude, ou plutôt, je n’en pressentis nullement les répercussions, alors que la confiance des uns envers les autres s’égrainait lentement, mais sûrement, prémisse des premiers bouleversements qui finirent par tous nous atteindre. Les ladrinis étaient de plus en plus nombreux et influents, et en Argyrei, ceux qui savaient écouter entendaient les rumeurs de la rose noire. C’est ainsi que lorsque Ténéis m’envoya l’un de ses rares messages par les étoiles, ses symboles, je ne pus que prendre la menace dont elle me parlait au sérieux. Cependant, si j’y préparais mon temple et prévint les autres gélovigiens de ma vision, bien peu furent sur leur garde, et pourtant, l’avenir allait donné raison au chaos qui m’avait été annoncé. Ce qu’on nomma plus tard le Grand Tournant finit par tous nous affecter, inévitablement.


LE GRAND TOURNANT

Les évènements qui survirent à partir de ce grand tournant changèrent la face du monde, et j’eus de la difficulté à trouver quel était mon rôle dans ces évènements. Je ne fus pourtant pas particulièrement inquiète lorsque les nouvelles rapportèrent le meurtre d’un cavalier de Sharna dans les terres des Eryllis, peut-être parce que je ne portais pas les protecteurs de Phelgra dans mon cœur. Si les rumeurs rapportèrent d’abord qu’il avait été tué par les femmes de la forêt, la cruauté du meurtre amena les gens à croire qu’un monstre avait commis ce crime. Différencier les rumeurs de la vérité était quelque chose de commun en histoire, et étrangement, avec les informations que je recueillais, j’avais moi aussi l’impression que quelque chose d’autre avait orchestré tout ça. C’est alors que le maire d’Hesperia fut assassiné, suivi de celui de Ridolbar. Deux hommes qui s’avérèrent, après enquête, totalement corrompus. Tout cela était-il lié ? Si un gorgoroth fut arrêté, j’eus toutefois l’impression que ce n’était pas le fin mot de cette histoire. Le roi Thimothée condamna Torenheim et déclara les eryllis ennemies du peuple, et je ne pus que grincer des dents. Que pouvais-je faire, alors que j’étais si loin des miens, si loin de ces femmes auxquelles les sindarins étaient alliés depuis si longtemps ? J’étais pourtant certaine de leur innocence, mais mon influence ne suffit pas à changer les choses. Ainsi, malgré tout, telle fut dictée la loi d’Eridania.

Les malheurs des cités plus au nord n’affectèrent que peu les grandes étendues désertiques d’Argyrei. Il fallut attendre l’arrivée dévastatrice de la Sarnahroa pour intéresser le pays des érudits à ce qui se déroulait ailleurs dans notre monde. La maladie de pierre nous affecta tout autant que les autres pays. Ce fut une période particulièrement trouble, alors que les gélovigiens et les éclaris s’entredéchirèrent, leur opinion différant trop. D’un côté, des gélovigiens, majoritairement convaincus du caractère divin de cette maladie, déclarèrent que les atteints subissaient un châtiment divin, et que seuls les plus pieux y survivraient. Mes connaissances médicales et mon esprit logique prenant le pas sur ma foi, je m’élevai contre cette ligne de pensée aux côtés des éclaris. Cependant, malgré mon influence auprès de ma caste, je ne pus changer le traitement des malades. Le Temple de Ténéis ne fut toutefois pas un lieu où on laissa mourir impunément les atteints. Je perdis pourtant des fidèles qui, n’acceptant pas mes décisions, repartirent vers le Haut-Monastère, mais j’en gagnai d’autres qui, comme moi, pensaient que cette maladie devait être combattue. Lorsque l’antidote extrait de la panacée à cinq pétales fut trouvé, je fis partie de ceux qui administrèrent le traitement. Malgré ce remède, les tensions entre les éclaris et les gélovigiens ne dérougirent pas, au contraire. Le mal était fait, l’opinion générale des gélovigiens et des éclaris ternis par ces violences, mes propres relations avec ma caste actuelle et mon ancienne fragilisées.

Si je ressentais au fond de mes tripes que tous ces bouleversements n’étaient que le début, jamais je n’aurais cru que ce serait aussi déroutant. Mais les Colosses resurgirent, puissantes et intemporelles créatures, choquant les populations. Les histoires racontaient bien peu de choses à leurs sujets, et pourtant, je cherchais sans relâche des réponses dans notre passé. Contes et légendes étaient cependant plus près de ce qui se déroulait actuellement que les livres d’histoire. J’en avais pourtant l’habitude, et je ne laissai pas tomber ces recherches pour autant, bien qu’elles fussent plutôt infructueuses, voire frustrantes. Bien peu de choses étaient écrites sur ces créatures, et ce qu’on en savait correspondait plus ou moins à ce qui se déroulait en ce moment, ni plus, ni moins. Ceux qui avaient écrit à leur sujet avaient, comme nous, été réduits à analyser ce qui se passait sans connaître les origines de ces créatures, leur but, leurs motivations. Ainsi, ils inventaient beaucoup, et le tout était fastidieux. Écrit effacé, à moitié brûlé, souvent dans les langues anciennes et difficiles à déchiffrer, ces longs mois furent exténuants. La sarnahroa, puis le myste rouge, rien n’était écrit à leur sujet, hormis quelques textes isolés et anecdotiques, rien qui ne pourrait témoigner d’une ancienne épidémie. J’étais dans les ruines de Lokram lorsque le colosse d’El Bahari se réveilla, cherchant inlassablement des réponses dans les rares pages qui avaient survécu à Neicic, le volcan. Autrement, mon rôle fut celui d’une érudite dans ce combat, car Amaryl fut épargné par les combats.

Cependant, avec la disparition du colosse d’El Bahari apparut une menace beaucoup moins surnaturelle, mais non moins dangereuse. Comme beaucoup des miens, je sous-estimai d’abord les agissements de la fille Lannatae, surtout parce que je me trouvai bien loin de Cimmeria et de ses prêtresses. Toutefois, je choisis de rejoindre Canopée le plus rapidement qu’il m’était donné de le faire lorsque je sus que les sindarins étaient impliqués, ne pouvant supporter d’être loin des miens durant cette période trouble. Je supportai ma reine et amie, la conseillant de mon mieux selon mes valeurs et celles de mon peuple. Ayant à cœur la protection des sindarins, j’appuyai la décision de notre reine de d’abord ne pas prendre part à ce conflit. La trahison des Lannatae fut toutefois un coup dur. Je connaissais certains des soldats qui trahirent la reine et j’éprouvai une colère immense envers leurs agissements égoïstes. Non seulement ils désobéirent aux ordres, mais ils s’allièrent à nos ennemis héréditaires, les cruels cavaliers de Sharna. Aux côtés de la reine, j’approuvai l’implication de nos armées, même si, comme elle, je ne m’en réjouissais pas. Cette guerre éclair fut lourde en pertes et en bouleversements. Même si cela solidifia certaines alliances, il fut difficile de se réjouir de ce tragique évènement qui n’aurait jamais dû avoir lieu.  

C’est alors qu’Elmar, Sage des Dix du conseil de Canopée, se déclara trop vieux et prit la décision d’abandonner son rôle au sein du cercle. Ainsi commença une longue sélection de candidats dont les noms étaient soumis par les membres du cercle et la royauté. Sans que je ne puisse savoir qui m’avait conseillé, mais me doutant que mon ancien tuteur avait appuyé ma candidature, je fus désigné, malgré que je n’habitasse plus la ville, comme candidate pour lui succéder. Ma réputation, mes agissements en tant que prêtresse de Canopée, mon élévation comme haute-prêtresse, le soutien que j’avais procuré durant la récente guerre furent les raisons pour lesquelles on me désigna. Les candidats furent soumis au vote populaire et je fus choisi pour ce rôle important. Cela me couvrait d’honneur, mais était également lourd en responsabilité. Cependant, après mes récents échecs, j’étais heureuse de gagner en influence. J’avais cette impression de voir venir les évènements malheureux, et Viwien me parlait souvent de cette impression constante de malheur imminent qu’elle ressentait. J’espérais pouvoir changer les choses en ayant une voix plus forte et officielle auprès d’elle. Épargner mon peuple de ces malheurs.

Les colosses firent encore beaucoup de dommages, mais prise par mes obligations, je ne pus m’y intéresser que superficiellement. Je dus même manquer la cérémonie des Dix, qui avait été avancé pour donner espoir aux fidèles. J’y avais envoyé l’une de mes prêtresses les plus dévouées, ses pouvoirs lumineux et son érudition en faisant une remplaçante parfaite. Cependant, la rose noire frappa, comme elle avait frappé quelque temps plus tôt, et je regrettai longtemps de ne pas avoir été présente pour remettre à sa place ces meurtriers. Certes, les gélovigiens n’étaient pas des anges, et plusieurs avaient des torts à se reprocher, moi la première. Je n’étais d’ailleurs pas d’accord avec les agissements de tous les prêtres et Haut-Prêtre, et cela est encore vrai aujourd’hui. Cependant, malgré tous nos défauts, nous faisons de notre mieux. Les nérozias sont victimes de leurs idéaux comme nous sommes victimes des nôtres, ni plus ni moins coupables que les gélovigiens qui avaient laissé mourir leurs fidèles de la Sarnahroa. Toutefois, peu importait ce que moi, j’en pensais, étant donné que je n’y étais pas. Cet acte donna un autre coup dur à ma caste, alors que la confiance du peuple envers les religieux, déjà bien amoché, s’effilochait de plus en plus. Beaucoup de ceux qui s’étaient déplacés pour cette cérémonie étaient de ceux qui doutaient, qui avaient peur, et cet évènement amplifia ces tristes sentiments. J’en ressentis les vibrations jusqu’à Amaryl, et beaucoup se déplacèrent vers mon temple pour tenter d’avoir des réponses, des réponses que je ne possédais pourtant pas plus qu’eux.  

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Gexon 1305

La convergence s’annonçait, et une tonne de préparatifs s’enclenchèrent dès que l’évènement fut confirmé par les meilleurs astronomes d’Amaryl. Rapidement, une frénésie s’empara du grand temple. Recevoir un tel cadeau de la part de notre déesse après les évènements difficiles que nous avions vécus semblait si incroyable ! Bientôt, les astres allaient s’aligner. Pour les gélovigiens, cela signifiait sans aucun doute que la déesse des étoiles souhaitait nous offrir ce spectacle. Mon regard vacillait quant à moi entre le point de vue religieux et celui des éclaris, pour qui ce phénomène résultait du mouvement naturel des étoiles. Je voyais la plupart des enseignements des gélovigiens comme des métaphores, et c’est ainsi que je les représentais à mes fidèles. Cependant, je ne pouvais nier l’importance de l’évènement pour notre temple, et que ce phénomène soit l’œuvre ou non de la grande Ténéis, je n’avais aucun doute sur l’influence de cet évènement sur nous tous, car les évènements célestes avaient souvent ce drôle de pouvoir de changer les choses, ici-bas. C’était le genre d’évènement durant lesquels les dieux s’exprimaient, comme si le voile entre leur dimension et la nôtre se fragilisait. C’est le genre d’évènement durant lesquels se produisaient des miracles. Ces choses inexplicables par la science. La preuve de l’existence des Dix.  

Si le Grand Temple était plus lumineux que jamais, c’est la ville entière qui avait été décorée pour souligner l’évènement. Les éclaris, dirigeant la ville, étaient tout aussi enthousiastes à propos de cet évènement que nous ne pourrions jamais plus revoir de notre vivant. Avec les annonces qui avaient été envoyées aux quatre coins d’Istheria, des gens de partout affluaient à Amaryl, là où se trouvaient les meilleurs observatoires. J’avais d’ailleurs dû sélectionner ceux qui pourraient y assister du haut du Temple de Ténéis, cet étage entièrement entouré de verre qui permettait de voir le ciel comme nulle part ailleurs. La nuit, la hauteur de l’endroit permettait d’échapper aux lumières de la ville et d’être éclairé uniquement par les milliers d’étoiles qui illuminaient le ciel. C’était un endroit majestueux, empreint d’une ambiance solennelle malgré l’atmosphère festive qui y régnait alors. La fébrilité était palpable, même si l’inquiétude se mêlait à celle-ci. Il faut dire que les derniers jours avaient été perturbants. Cela avait commencé par ce froid étrange, puis la neige avait suivi. Les gens s’étaient barricadés chez eux, cherchant de la chaleur, et beaucoup se retrouvèrent au Temple de Ténéis pour profiter des feux qui étaient habituellement allumés seulement la nuit. Après plusieurs jours de stupeur, c’est cette fois un mal étrange qui nous assaillit tous. Les éclaris comme le temple de Ténéis furent envahis de gens cherchant des réponses ou simplement un remède. Moi-même totalement déboussolé par mes sens qui s’affolaient, j’eus du mal à me concentrer sur autre chose, par exemple sur une éventuelle explication.

Pourtant, tout cela sembla se calmer soudainement et, enfin, la Grande Convergence s’annonça. Cet évènement cosmique d’une grande puissante, couplé aux déboussolements qu’elle avait vraisemblablement provoqués, augmenta le taux de pèlerin de manière astronomique. Tous ceux qui se croyaient en mesure d’atteindre Amaryl avant le coucher du soleil s’y précipitèrent, et je fus incroyablement occupé toute la journée, navigant entre les différents groupes qui requéraient mon attention. J’avais bien peu de temps pour réfléchir, mais toutefois bien assez pour ressentir une sourde angoisse au fond de mes tripes. Si les derniers jours avaient été si chaotiques, que nous réservait donc ce déploiement de puissance qui se préparait vraisemblablement par l’alignement de nos astres ? Cependant, l’heure fatidique approcha sans que j’aie le temps de m’attarder sur la question. Quelques minutes avant l’heure voulue, je me présentai sur le balcon de mon temple pour parler à la foule.  

– Aujourd’hui, clamais-je fortement, calmant les conversations.

Rapidement, le brouhaha diminua, et lorsque je repris la parole, les derniers chuchotements se turent.

– Aujourd’hui, un évènement comme vous n’en reverrez jamais dans votre vie nous est offert. Par cet évènement, le ciel lui-même rend grâce à la grande Ténéis. Gloire à la déesse !

Une clameur s’éleva de la foule surexcitée, et j’attendis, le sourire aux lèvres, que celle-ci se calme.  

– Le froid et la neige d’abord, puis cet étrange mal qui nous a tous atteints, lançais-je gravement, laissant quelques secondes de silence avant de reprendre. Cependant, nous sommes ici aujourd’hui, tous debout devant l’adversité, le regard rivé vers l’avenir. Mère des étoiles, dis-je en m’adressant au ciel, tu nous as donné la force de traverser ces épreuves insolites. Grâce à ta force, nous sommes ici aujourd’hui, prêts à ce spectacle. Aujourd’hui, les astres s’aligneront. Aujourd’hui, nous observerons la Convergence. Que la déesse des étoiles bénisse ce moment.  

Je dirigeai mon regard vers le coucher de soleils qui descendait lentement dans le ciel, et la foule suivit mon regard en retenant son souffle. Les astres s’alignèrent comme dans un puzzle parfait, s’emboitant les uns dans les autres dans un spectacle grandiose. La foule, bouche bée, était silencieuse, et je récitai silencieusement des prières à Ténéis, les yeux rivés sur l’évènement, ma mémoire divine activée pour ne jamais rien en oublier. Au moment où l’alignement fut presque parfait, je clignai des yeux et je me retrouvai de manière soudaine, sans que je comprenne pourquoi, au sein d’une forêt, bien loin des étendues désertiques entourant Amaryl. Rapidement, je tentai de savoir où j’étais. Si la densité de la forêt me rappelait les forêts vierges de Noathis, les espèces me laissaient croire que me retrouvais plutôt en Cebrenia. Où pouvais-je bien être ? Comment avais-je pu être téléporté ainsi sur une si grande distance, sachant que les sorts de téléportations ne fonctionnent habituellement que sur une courte distance ? Était-ce la convergence qui avait provoqué cela? Avant que je puisse prendre le temps d’y réfléchir davantage, un jeune garçon me fonça dessus, s’écrasant sur mes jambes. Celui-ci, couvert de boue, semblait dans un état de panique extrême, et c’est un regard empreint de terreur qu’il posa sur moi. Tout de suite, mes soucis s’effacèrent et je me penchai vers lui, soucieuse.  

Il avait une chevelure d’un blanc immaculé sous la saleté qui les recouvrait, et ses yeux étaient aussi dorés que les miens. Sa peau, toutefois, contrastait fortement avec la mienne, car elle était d’un blanc pur. Un enfant. Un lhurgyof. Tout de suite, le visage d’Izomik s’imposa à mon esprit, et je sus que peu importe de quoi avait peur l’enfant, je l’en protégerais. Cependant, mon regard calme ne suffit pas à le rassurer. Dans un terranien étrange, qui m’étais toutefois compréhensible malgré de curieuses tournures de phrases, il m’assura qu’on allait le rattraper. Tentant de comprendre de quoi il parlait, de quoi pouvait avoir peur un si jeune enfant, j’insistai dans sa langue pour en savoir plus. C’est à ce moment que je remarquai l’étrangeté de son accoutrement. J’étais vêtu de tissus blancs d’une grande qualité, et bien qu’habillé légèrement, je me considérais comme bien vêtu. Toutefois, en comparaison des vêtements de l’enfant, qui était pourtant de toute évidence plutôt pauvre, mes propres affaires ressemblaient à des guenilles. Après avoir longuement insisté, il me confia péniblement que sa mère avait été tuée, et qu’ils feraient de même avec lui. Après tout, il était un lhurgyof, et son espère avait toujours été chassé. Cela piqua ma curiosité, car les lhurgyofs vivaient généralement paisiblement. Les choses se mirent rapidement en place dans ma tête. Ce changement de lieu, ces propos étranges, ces vêtements d’une qualité supérieure...

Soudain, j’entendis un groupe approcher, et rapidement, ils émergèrent d’entre les arbres. Dans mes bras, le garçon s’affola. Tous étaient lourdement armés, certains portant des arcs, les autres abordant des engins tubuleux visiblement faits de métal qu’ils agitaient de manière suffisamment menaçante pour que je comprenne qu’il s’agissait d’armes. Cela confirma ma théorie. Par je ne sais quel miracle, j’étais dans le futur, et celui-ci n’avait rien de réjouissant. Discrètement, je sortis le coutelas que j’avais toujours sur moi lors d’évènements publics et j’activai mon pouvoir capillaire, faisant discrètement pousser mes cheveux pour m’en servir au besoin. Au même moment, celui qui semblait être le chef de la bande me somma de leur rendre le garçon. Je le repoussai toutefois derrière moi, captant suffisamment longtemps son regard pour qu’il puisse brièvement lire sur mes lèvres. « Fuis! » lui criais-je silencieusement, alors que je me retournais pour faire face aux hommes. Aussitôt qu’ils virent l’enfant détaller, ils attaquèrent. Le plus rapidement possible, je ramenais mes cheveux en avant et les solidifia le plus possible. Si les flèches ne purent traverser ce mur, les boulets lancés par ces étranges mécanismes cylindriques passèrent au travers comme dans du beurre. Ainsi, comprenant le danger auquel j’étais confronté, je lançai quelques mèches de cheveux en avant, désarmant ceux qui ne tenaient pas assez fermement leurs armes. L’adrénaline me galvanisant, je pirouettai, assommant l’un de mes assaillants d’un coup de pied bien placé pendant que ma lame fauchait les jambes d’un deuxième. Derrière mon crâne, mes cheveux me protégeaient dans une danse répétée inlassablement, mue par ma volonté. Ils s’entortillèrent aux chevilles de mes ennemis et un autre fut blessé lorsque j’envoyais ma lame à l’autre extrémité du combat pour le mettre hors d’état de nuire alors qu’il s’apprêtait à tirer de son arme.  

On dit qu’un soldat sindarin vaut cinq terrans. Ici, j’étais face à dix d’entre eux. À moins que ce dernier soit plutôt un gorgoroth ? Peu importait, car je n’avais pas le temps de me poser la question. Le combat était inégal et je ne pouvais relâcher mon attention. Je remarquai toutefois que le lhurgyof avait pu s’enfuir, et je m’assurai de garder ce groupe occupé le plus longtemps possible, espérant offrir une avance suffisante au garçon. Lorsque le dernier de mes ennemis fut au sol, plusieurs blessures me recouvraient, mais heureusement, tout était superficiel. Pourtant, je me sentis soudainement lourde, si lourde, et ma respiration, plutôt que de se calmer suite à la fureur du combat devint plus bruyante. Je fermai les yeux une seconde... et lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, je me retrouvai au temple de ma déesse, là où je m’étais trouvé une heure, non, une minute auparavant. Autour de moi, beaucoup avaient des positions inappropriées, comme s’ils s’étaient eux aussi retrouvés dans d’étranges situations. Dans le ciel, la convergence avait pris fin, et les astres reprenaient déjà leur course de manière indépendante. Questionnant le prêtre à mes côtés tout en camouflant l’arme ensanglantée que je tenais toujours à la main, j’eus la confirmation qu’il venait lui aussi de passer une heure bien étrange, même si ce qu’il me confia n’avait rien à voir avec ce que j’avais moi-même vécu.  

Il me fallut un moment pour me ressaisir et pour cesser de m’inquiéter du lhurgyof que j’avais tenté d’aider et qui, en réalité, n’était probablement même pas né dans cette réalité qui était la mienne. Au moment où je retrouvai mes esprits, des murmures commencèrent à enfler dans la foule ébahie et je ne mis que quelques secondes à comprendre ce qui s’était passé. Autour de moi, les murmures étaient parlant, et je réalisai que si j’avais voyagé dans le futur, chacune des personnes présentes à Amaryl avait eu aussi subi un voyage dans le temps. J’appris plus tard que le phénomène avait eu lieu à l’échelle d’Istheria, et que chacun, d’une manière ou d’une autre, avait vécu quelque chose d’unique. Sachant qu’on attendrait des explications de ma part, je me relevai et demanda l’attention de la foule. Je n’avais pas d’explication à leur offrir, mais je me devais de reprendre le contrôle de la situation.  

– Chers fidèles, proclamais-je. Il semble que la Convergence nous ait offert un nouveau cadeau. Est-ce la grande Ténéis qui nous a fait ainsi voyager, nous offrant un aperçu de son infini mémoire ? Est-ce un avertissement ? Soyez certain que nous chercherons la signification de cet évènement. Que tous ceux qui le souhaitent viennent déposer au temple témoignage de cet étrange voyage. Je vous invite à prier, mes amis, car Ténéis daignera peut-être ainsi de nous guider pour comprendre les raisons de cet évènement.


*****

À la suite de la Convergence, j’envoyai oiseaux et messagers aux quatre coins d’Istheria pour prévenir de ce qui s’était déroulé. Je reçus au moment où mes messages atteignaient leur destinataire une foule de renseignements confirmant la tenue de l’évènement partout sur nos terres. Je recueillis des témoignages, rendant des comptes à ma reine, Viwien, qui avait eu cette même initiative. Cependant, ces recherches furent freinées lorsqu’un nouveau mal émergea sur nos terres. Un mal inconnu, autant dans son origine que dans le traitement. Une fièvre. La Fièvre des Cendres.

Déesse de la connaissance
Dont les étoiles sont récipiendaire
Partage avec nous, pauvres mortels
Un peu de ton insondable savoir

Protège-nous de l’ignorance
Et ouvre nos esprits sans expérience
Donne-nous la force de réfléchir
Et protège-nous des verdicts hâtifs.

Ténéis, mémoire des Dix
Offre-nous réponses à nos questions
Et décharge ton infini fardeau
Pour qu’ainsi la sagesse nous transcende



Résumé de l'histoire:


Dernière édition par Phyrra le Mer 3 Fév - 13:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitimeMer 3 Fév - 1:58

Coucou !

Après une absence plus longue que prévu et de longues heures de travail, je peux finalement déclarer cette présentation terminé :D

J'espère que cette immense histoire ne vous découragera pas trop ^^'
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MessageSujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitimeMer 3 Fév - 22:03


Bonsoir, et (re) bienvenue parmi nous!

Elle se sera faite désirée, mais quelle fiche! Phyrra est un très beau personnage et j'ai hâte de pouvoir la croiser. On ne va pas te faire attendre plus longtemps:

Fiche validée!

Tu vas connais la chanson:
Tu vas pouvoir dès à présent te rendre dans la " GESTION DES AFFAIRES " afin d'ouvrir ton compte en banque, ton journal, ton inventaire et proposer ton évolution dans le comptoir à pouvoir.

Tu pourras également faire une demande de rang personnalisé JUSTE ICI.

Une fois tout cela accompli, il te faudra renseigner tes pouvoirs et leur déclinaison dans le "comptoir des pouvoirs" ICI afin que cela serve de bibliothèque et que l'on puisse donner des limites bien précises à chacun de nos pouvoirs (tu pourras rp même si nous n'avons pas validé ton compte-rendu).

De belles aventures à Phyrra, et à bientôt! 

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MessageSujet: Re: Phyrra, Héritière des Connaissances   Phyrra, Héritière des Connaissances Icon_minitime

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Phyrra, Héritière des Connaissances
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