Perdu dans la ville

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 Perdu dans la ville

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MessageSujet: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeDim 29 Nov - 22:21

Ziria n'était pas encore très haut dans le ciel, pourtant, il faisait déjà chaud et les gens s'habillaient en conséquence. Ils portaient des vêtements plus léger, des robes simples ou des chemises de lin, les plus riches en portaient de sois je crois. D'ailleurs, il y avait bien plus d'activité qu'à ma dernière visite qui remontait à la fonte des premières neiges, avec Monsieur Simon nous avions prit tant de réserve que je ne devrais même pas encore être ici, à Hesperia.
Pourtant, comme il me l'avait demandé, j'étais bien là. Je venais tout juste de poster ma lettre, celle que j'avais écrit pour ma maman que je n'avais pas vu depuis ci longtemps. Presque quatre ans déjà. Je me demandais souvent si elle et mes sœurs allaient bien, je sais que la vie, là-bas, n'était pas facile, mais qu'elle était une super maman qui ferait tout pour que ses enfants aillent bien. La preuve, j'étais en route pour devenir le meilleur des aventuriers. Dans cette lettre, j'avais écrit toute mon histoire depuis que j'avais quitté la maison et il me tardait de lui envoyer la prochaine, parce que je savais que j'aurais encore pleins de nouvelles choses à lui dire.

Tic, mon écureuil, glissa sa tête en dehors de la poche de mon gilet de cuir. Il renifla l'air aux alentours et tourna la tête dans une direction précise, et je savais pourquoi. C'était un véritable goinfre qui ne pensait qu'à manger, mais, pour le coup, je ne pouvais pas lui en vouloir, l'odeur qui s'échappait d'une petite échoppe était tout bonnement divine. Un filet de bave s'échappa du coin de ma bouche, mais dès que je m'en aperçus, je l'essuyai aussitôt. Voilà des manières qui n'avaient rien de convenable me dis-je.
Finalement, je cédais à cette envie. Les plats de monsieur Simon n'étaient pas mauvais, mais ils n'avaient certainement pas cette superbe odeur. Alors je fouillais dans la bourse qu'il m'avait donnée, une petite somme coquette s'y trouvait. Je savais que tout dépenser n'était pas bon, mais une petite infraction ne conduirait sans doute pas à ma perte.
Plus d'une vingtaine de personnes attendaient leurs tours pour passer, formant une longue file d'attente qu'il me fallut plus d'une demi-heure pour en voir le bout. Devant moi, des dizaines de dizaines de pâtisseries, encore fumante pour certaine, s'étendaient devant mes yeux.
Laquelle choisir ? Je n'arrivais pas à me décider, et finalement, je laissais mon regard se poser sur celle que Tic fixait depuis notre entrée dans l'échoppe. Tandis que j'admirais les trois couches de crèmes brunes séparés par des fines tranches de caramel croquant, je quittais la boutique. J'avais le plus grand mal à maintenir les deux dans mon unique main et, à deux reprises, manquaient de les faire tomber. Par chance, je parvins à atteindre un banc. Je m'y installai et offris l'une des deux pâtisseries à Tic, il se jeta dessus et sans attendre, commença à la dévorer goulûment. Pour ne rien cacher, je suivis son exemple et exécuta un véritable tour de magie. Un tour qui ne surprendrait personne tant je laissais de trace suspecte autour de ma bouche. Mon corps puisa toute l'énergie que cette pâtisserie pouvait contenir et je me sentais prêt à réaliser l'impossible. Tic, lui, avait plus de mal à la supporter. Avachi sur le dos, il ne parvenait plus à faire le moindre mouvement tant son ventre était plein. Je rigolais en le voyant ainsi, une larme roula même le long de ma joue.


J'aurais aimé rester ici, à rigoler jusqu'à en pleurer dans un endroit aussi joli, mais si je voulais suivre les traces de Monsieur Simon et devenir un véritable aventurier, il me faudrait continuer d'avancer et affronter moult danger. À ce moment-là, je n'avais plus rien à faire en ville de concret. Ma seule tâche à Hesperia était d'envoyer ma lettre, m'être promené ensuite pour découvrir les quartiers que je n'avais jamais parcourus avec Monsieur Simon n'était pas dans mes idées de base. Mais la ville était si belle, les bâtiments si hauts.
Aussi, je me relevais enfin du banc, mon ventre n'appréciait pas que j'agisse avec autant d'intrépidité, lui aurait préféré un instant de répit pour digérer, mais il ne l'aurait pas ! Puis je me remis à parcourir la ville. Je n'avais pas de but précis, je me sentais un peu perdu. Réfléchissant tout en marchant à ce que j'allais faire ensuite. Monsieur Simon m'avait dit de faire ce qu'il fallait pour devenir un grand aventurier, mais je ne savais pas par où commencer. Quand bien même j'avais étudiés les cartes d'Ishteria qu'il possédait, je ne savais pas où me rendre pour vivre de grandes aventures. Et puis même si je savais devoir aller dans un temple pour moi aussi faire des invocations comme lui, je n'avais aucune idée duquel je devrais visiter.

L'aboiement soudain d'un chien me fit sortir de mes pensées dans un sursaut. Le molosse me fixait avec hargne, il aboyait sans relâche et essayait de m'atteindre. Par chance, sa chaîne était robuste et ne lui permettait pas d'approcher à moins de cinq mètres de moi. J'en remerciai le ciel avant de reculer prudemment d'une bonne dizaine de pas. Il n'arrêta pas d'aboyer pour autant, ni de gesticuler dans l'espoir d'arracher sa chaîne et de venir me sauter dessus. Il n'était pas vraiment mignon, le gris de son poil était très sombre et une balafre lui coupait l'œil droit, une épaisse bave blanche coulait de ses babines. Il me faisait peur, mais malgré tout, je me forçais à fixer son regard pour qu'il s'apaise. Rien n'y changea, il continuait de s'agiter, alors je préférais jouer la prudence et quittais les lieux.

En me retournant, je rebroussai chemin sans parvenir à retrouver le fil de mes pensées. J'étais obnubilé par le monde qui m'entourait et qui ne ressemblait plus au chemin que j'avais emprunté. J'avais pourtant bien fait attention à mémoriser ma route pour ne pas me perdre, mais cet endroit était différent, les maisons étaient bien sûr les mêmes qu'ailleurs, et pourtant aucune des façades ne me rappelaient quoi que ce soit.
J'observais attentivement les moindres détails qui me permettraient de retrouver ma route, mais je ne voyais rien. Pas plus lorsque je me remis en marche dans une direction inconnue.
Pis encore, les bâtiments devenaient de plus en plus grands, plus hauts, ils commencèrent à me cacher le ciel et ses quelques nuages blancs, les rayons du soleil ne parvenaient plus à m'atteindre. De leurs statures, les maisons me plongeaient dans l'obscurité. L'air était devenu lourd et ma respiration se fit plus difficile. Je commençais à courir pour m'échapper, retrouver une grande place ou un parc, un endroit où je pourrais retrouver ma route. Mais mes jambes ne parvinrent pas à me porter, elles devinrent molles et mon poids les écrasa, jusqu'à ce qu'elle refuse tout simplement de bouger.
Je fermais les yeux pour me calmer, comme me l'avais appris monsieur Simon. J'inspirais de grande bouffée d'air avant d'en expirer d'aussi grosse. J'eu l'impression de m'être apaisé, mais en ouvrant de nouveaux mes yeux, la rue me parut être minuscule, bien plus étroite qu'avant. Les maisons s'avançaient vers moi. Allait-elle m'écraser ?

Autour de moi, des gens passaient sans se soucier de moi, et c'était sans doute mieux ainsi. Pourtant, j'aurais aimé leur demander de l'aide, mais je n'y parvenais pas. Ils avaient tous l'air si pressé, si occupé, je ne devais pas les encombrer de davantage de problème. Qui plus est, aucun son ne parvenait à sortir de ma bouche devenue sèche. Ma tête me tournait, mes idées perdaient en clarté mais je savais devoir continuer d'avancer, ne pas perdre espoir était mon plus grand objectif dans la vie.
Aussi soudainement que brutalement, mes jambes cédèrent sous mon poids après quelques nouveaux pas et je m'étalais sur les fesses, contre le muret d'un jardin en devanture d'une maison.  
Je cédais à la panique, et, à mon grand damne, le désespoir gagna mon cœur.




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MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeLun 30 Nov - 21:36

Le palais royal dominait toute la vallée urbaine, et là où d’autres nations brillaient de forêts verdoyantes et riches, à Hesperia, reine des capitales, joyaux de la couronne éridanienne, ce n’étaient pas les troncs et les branchages qui s’épanouissaient sous les yeux du château, mais les édifices et les maisons, tous plus grandiloquentes les uns que les autres. Le palais en lui-même n’était pas une exception, et bien au contraire, pour accueillir les héritiers royaux, traversant les âges et les dynasties, il fallait un bijou bien aussi beau pour les accueillir.
Ce matin d’Enkilil, alors que les soleils se levaient à peine, il régnait déjà une chaleur vibrante dans les rues de la capitale ; On ne pouvait savoir si cela était dû à la saison où à la masse grouillante de passants qui profitaient de nouveau de la belle saison. Le colosse de Paramis, tombé un an auparavant, avait ébranlé la ville et entraîné des mois de réparations et de travaux pour remettre la grand place en état. Les habitants qui avaient longtemps dû se cantonner à leur intérieur pouvaient de nouveau s’échapper dans les rues, et s’y prélassaient comme une rivière docile, un flot continu de corps en vadrouille.

Ce fleuve était visible depuis le grand parvis qui dominait la ville : on pouvait facilement croire que l’affluant y prenait sa source, d’ailleurs, tant étaient nombreux se qui se pressaient en audience, en visite, en simple présence pour être vue auprès de la cour. Et parmi eux, une silhouette discrète et sage, enveloppée d’une robe de mousseline blanche, à peine plus clair qu’une épaisse crinière de suie et d’argent, s’échappait de la foule. Elle n’était pourtant pas difficile à discerner du reste de la masse, mais pas par son apparente pâleur, plutôt par les attributs animaux qui ornaient son être – deux oreilles plus proches de nageoires que d’un méandre de chair, des écailles scintillantes soupoudrées aux hasards de sa nuque et ses poignets fins. Il était rare de croiser des yorkas sortir de la demeure royal – un constat bien déplorable pour la race hybride, mais qui rendait chacun d’entre eux facilement reconnaissable. Essayant pourtant d’échapper aux regards insistants, la silhouette rabattait une mèche grise longue jusqu’à son genou sur le devant de sa poitrine et s’enfuit discrètement par les rues environnantes, surveillant distraitement que le tigre blanc qui l’accompagnait ne prenait pas la fuite dans une autre direction.

Les cloches de la chapelle raisonnèrent dans son sillage, mais Othello était déjà loin. La matinée s’engageait bien pour ses plans : elle avait pu honorer les premières messes de la journée, et pourrait se rendre auprès des émissaires Nivériens pour organiser au mieux la passation des titres. La tâche l’effrayait autant que l’intriguait : le poids des responsabilités se faisait grandissant sur ses épaules de verre, et elle n’était pas certaine d’être la bonne personne pour endosser ce fardeau. Les derniers mois avaient été mouvementés, et l’avenir promettait de l’être plus encore. Un frisson naquit fébrilement entre ses deux omoplates pour couler comme une vague le long de son dos. Mieux valait qu’elle ne sombre pas trop profondément dans ses pensées, au risque de s’y perdre.

Ses pas commençaient à devenir plus rompus au rythme de vie des Eridaniens. Une vie de paraître et de mouvements perpétuels et détachés, parfois sans pensées, ou motivés par d’obscurs raisons, une quêter permanente de soit ou des autres – ou peut-être un peu des deux. Mais elle prenait tout de même ce plaisir froid à marcher dans les petits passages, à chercher les endroits dérobés aux foules, à ralentir son rythme quand tout le monde fonçait en cœur. Dans ces moments-là, ses yeux pouvaient se perdre au-dessus de la masse, au-dessus des crânes et des têtes, et elle pouvait pleinement apprécier silencieusement les rues chargées.
La douce chaleur de la belle saison commençait à vibrer dans l’air de la vile. Le tigre blanc, qui n’appréciait pas particulièrement les températures élevées, traînait de la patte derrière la jeune femme. Elle avait laissé ses sœurs et ses confrères aux prières, et s’offrait un moment de solitude plutôt appréciable, savourant la compagnie du félin. Ils passèrent devant une rue animée ; Il émanait d’une petite enseigne une intense odeur de beurre et de miel chaud, de pâtisseries à peine cuites qui enivrait tous les passants, au point qu’Othello dû s’arrêter dans son élan. Peut-être pourrait-elle bien se laisser tenter ?

Patientant quelques secondes, elle finit par poursuivre son chemin, désespérant le tigre qui avait bien cru jusqu’aux dernières secondes qu’elle se laisserait avoir. Mais Othello était têtue, et peut-être aussi un peu pressée. Ses pas la guidèrent avec un automatisme étrange jusqu’à un chemin plus arboré, où le flux de passant se faisait moins intense. Il y avaient de charmantes maisons, dans ce passage, dont celle de son contact. Alors que ses sourcils d’argent se fronçaient dans une moue sérieuse et qu’elle plongeait profondément dans un sérieux un peu trop profond, ses prunelles sombres devinèrent à l’ombre d’un feuillage une silhouette bien penaude ; le tigre ne manqua pas de capter sa part, et le petit animal touffu et roux attira une seconde son attention. Mais sans la retenir, le gros pacha n’étant pas un grand amateur de petite compagnie.

Le spectacle était aussi navrant que touchant, et la sirène s’arrêta net devant le jeune garçon, petite tignasse brune et tant bien que mal fagoté, qui semblait porter sur ses petites épaules toute la misère d’une douce matinée. Il n’était pas vieux, ce jeune homme… Douze, peut-être treize ans ? Othello ne mit pas longtemps avant de peser le pour et le contre de son prochain geste un peu cavalier. Tout juste s’assura-t-elle que le petit être n’était pas accompagné, et se larmoyait bien seul sans la gouvernance d’une mère, d’une sœur ou d’un frère qui pourrait le rassurer, et effacer de ce candide faciès la tristesse qui arrondissait ses traits.
Avec précaution, la sirène s’approcha du jeune homme, mettant dans chaque pas la douceur d’une amie et non celle d’un prédateur. Elle n’aurait voulu le brusquer ni l’effrayer, et aurait été bien mal avisée de le faire fuir.


« Tout va bien ? » Lui dit-elle avec douceur, une voix stable et paisible qui s’enfuyait d’elle comme un cours d’eau. D’une main presque habituée, elle balaya les ses jupons légers sous ses genoux et se pencha en avant, alignant son crâne de sui sur celui du jeune garçon. Ses oreilles d’hybrides se soulevèrent légèrement, attentifs à ce que pourrait lui révéler, entre deux souffles, le petit être au sol. « Est-ce que je peux t’aider ? »

Dans la cohue de la ville, qui avait parfois tout d’un carnivore ou pire, d’un charognard, attraper un vertige n’était pas rare. Elle se rappelait encore avec amertume des ses premiers jours dans la capitale, du vaste de la cité et son horizon sans fin, dentelé par les toits des maisons et les lignes des grandes avenues. Peut-être il y avait-il quelqu’un pour le retrouver, une mère non loin à qui elle pourrait le ramener, ou tout simplement une direction à donner.
Drasha vint docilement s’asseoir derrière elle, plaquant contre ses côtes son dos de colosse, et dévisageant avec fierté et arrogance le reste de la plèbe. Devinant déjà la panique du petit rongeur, Othello prit les devants, ne souhaitant pas effrayer l’un ou l’autre des jeunes inconnus.

« Ne t’inquiète pas, Drasha n’est pas méchant. » Elle passa ses doigts fins sur le crâne animal, sentant les poils noirs et blancs s’écarter au pout de ses ongles. « Il est trop fainéant et fier pour faire le moindre effort. Ton ami ne risque rien. »

Un sourire tranquille étirait ses lèvres rosées, légèrement trop exsangues pour être vraiment rouge. Le jeune garçon avait l’air tout à fait perdu, se découpant comme une vision étrange sur la peinture cosmopolite – et au fond, il donnait l’impression de ne pas savoir ni d’où il venait, ni ce qu’il était venu faire. Un appel à l’aide dans la cohue de l’adversité.

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MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeLun 30 Nov - 23:44

Je sentais mon être se perdre dans les ténèbres, mon regard vacillait dans toutes les directions possibles, ne parvenant pas à se fixer sur un seul point et s'y maintenir, cherchant désespérément un espace où s'enfuir, où échapper à cette ruelle oppressante dont les chaumières m'écraser toujours plus à chaque nouvelle seconde. Mon souffle s'accélérait et chacune des inspirations me faisait l'effet d'une aiguille traversant ma gorge, comme lorsque j'étais resté alité toute une semaine, les bronches prisent par un terrible rhume. Plus que l'air se faufilant dans ma gorge, l'air m'entourant était d'une chaleur insoutenable. Des gouttes de sueur perlaient le long de mon front, prenant naissance à la racine des cheveux bruns.

Puis elle arriva.

Telle une ange descendant des cieux, elle venait de traverser la maigre foule stagnante dans la rue et s'avançait vers moi. Dès lors que je l'aperçus, tandis qu'elle continuait de m'approcher avec une douceur apaisante, je sentis tout le malaise qui me tracassait s'évaporer, s'évanouir dans les airs face à l'approche d'une dame aussi bienveillante. J'en perdis mes sens et me laissai envoûter par son visage lorsqu'elle s'accroupit pour me faire face.
Comme monsieur Simon, elle n'était pas tout à fait humaine, elle était également autre chose, mais cela m'importait peu, car cette dame avait tout d'une déesse venant me secourir. Était-ce Aleah qui qui volait à mon secours telle la mère qu'elle était ?

De sa douce voix, aussi apaisante que le souffle léger d'une brise printanière, elle me demanda comment j'allais. À nouveau, je perdais tous mes moyens, mais cette fois ci ce n'était plus la peur qui m'envahissait, c'était un je ne sais quoi d'apaisant, de réconfortant, un contact que je n'avais plus eu depuis longtemps. Depuis que maman m'avait permis de quitter la maison pour me former à devenir un aventurier avec Monsieur Jacob. Une sonorité dont je ne pensais pas avoir tant besoin. Du coin de l'œil, tant je ne parvenais pas à détourner mon regard, je voyais les rayons de Ziria bercer la ruelle dans laquelle nous étions, la devanture des chaumières étaient à nouveau colorées, elle n'était plus aussi sombre que dans les instants précédents. Un vent frais vint souffler tranquillement dans mes vêtements, les faisant légèrement gonfler à son passage. Mon visage était plongé dans la béatitude, ma bouche s'était ouverte d'admiration sans que je m'en aperçoive.
Lorsqu'elle parla à nouveau, je perdis l'équilibre et tombais sur mon derrière sans parvenir à faire quoi que ce soit pour l'empêcher, je n'eus même pas le réflexe d'utiliser mon bras pour me maintenir droit tant je me sentais en sécurité auprès d'elle. J'en sursautai presque lorsque mes fesses établirent le contact avec la dureté des pavés, mais me retins de faire le moindre bruit.

Je n'étais toujours pas parvenu à émettre le moindre son, alors elle continua à parler, détournant mon regard sur le tigre blanc juste derrière elle que je n'avais pas encore remarqué tant elle m'obnubilait. Drasha n'était pas méchant, m'assura t'elle, et cela m'apparut comme une évidence tant j'étais prêt à boire toutes ses paroles. En regardant l'animal à la robe blanche parsemé de rayure, je fus tout aussi abasourdi devant une telle splendeur. C'était la première fois que j'en voyais un, et tandis que mon regard passait de l'animal à son angélique propriétaire, je ne parvenais pas à dissocier leur beauté spectaculaire. Tic me fit sortir de cette torpeur admirative en grimpant telle une furie le long de mon veston pour aller se cacher dans mon dos, je sentis les fines griffes de ses pattes venir se planter dans mon cou et poursuivre derrière ma nuque, bien caché à l'ombre de ma capuche.

Il me fallait lui répondre, mais je ne savais pas quoi lui dire. La peur de dénaturer ce moment, de faire honte à cette dame venue me secourir m'envahit, aussi, je me forçais à me ressaisir en me plongeant à nouveau dans ses pupilles différentes, et pourtant si délicates. Je me sentis bien sot lorsque les seules paroles que je parvins à dire furent "Je me suis perdu."
D'humilité, je quittai son regard que je ne parvenais plus à soutenir malgré une grande tendresse présente. Bienveillance que je ne méritais pas. Était-ce réellement ce qu'un aventurier ferait ? Me demandais-je honteusement. Sûr que non. Aussi pris-je une grande inspiration et reprit la parole d'une voix quelque peu balbutiante, mais pleine d'un entrain auquel je ne m'attendais pas. "Bon... Bonjour madame, je m'appel Arthur Merk et... et je ne suis pas sûr de l'endroit où je suis...
"Je m'excuse de mon impo... impolitesse et ma réaction. Veuillez me pardonnez de vous avoir dévisagé madame..."


Dernière édition par Arthur Merk le Mar 15 Déc - 11:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeMar 1 Déc - 22:56

Ce fut presque rassurant de voir que le jeune homme, malgré son arrivée cavalière sans cheval, n’avait pas décidé de prendre la fuite à sa vue, ou à celle du tigre. Il lui semblait même que ses traits s’adoucissaient à mesure que les secondes passaient : la moue triste et penaude qu’il arborait se lissait, ses yeux s’ouvraient grands vers la lumière de la ruelle, tandis que sa bouche s’entrouvrait pour pendre. Pendant une seconde, Othello se demandait si il parlait bien le terranien : il la regardait sa répondre, sans plus bouger. Peut-être ne l’avait-il tout simplement pas comprit… Cela expliquerait pourquoi elle avait droit à ces grands yeux qui semblaient la traverser de part en part, et qui lui faisait s’interroger si elle n’avait pas quelque chose en plein milieu de la figure, ou si elle n’avait pas une face plus surprenante qu’elle ne l’imaginait.

Le petit écureuil s’élança alors à la rescousse de son petit patron, escaladant dans sa poche à grand renfort de petite griffe. Cela n’expliquait pas sa langue… Elle s’apprêtait à lui répondre et à s’essayer à l’alfari quand le jeune homme finit par délier sa langue et à avouer penaud qu’il était perdu.
Un sourire étira prestement ses lèvres pâles à la réponse candide du jeune homme. Il ne devait pas s’en vouloir, la ville pour être un véritable gouffre pour ceux qui ne la connaissaient pas encore. Pire encore, Hesperia, sous ses airs de reine, pouvait être une ogresse, avide de fourberie et de dias rutilants. Et pourtant, le garçon semblait gêné. Avait-il honte de cet égarement ? Heureusement pour lui, personne ne risquerait de le juger, et Othello espéra bien le lui assurer en reprenant la parole.


« - Ne t’inquiète pas, se perdre arrive même au meilleur. » Elle percevait dans le jeune homme une lueur de fierté, un éclat de caractère qui s’éveillait sous ces prunelles enfantines. « Nous allons retrouver ton chemin. Où allais-tu ? »

Se relevant légèrement, Othello regarda bien naïvement des deux côtés de la route, comme pour chercher la destination des yeux avant même qu’on la lui révèle. Comme si l’adresse s’illuminerait comme par magie, ou que sorti de nulle part, un père mécontent qu’on s’adresse à son fils allait la reprendre et la sommer de partir. Mais rien ne se passa, pas un bâtiment pour se couvrir de lumière, ni de parents furibonds pour lui indiquer qu’on n’importune pas les jeunes hommes au détour des ruelles.
En réponse à ses paroles, quand elle rechercha ses yeux, elle vit les siens dégringoler, une longue chute inexorable jusqu’au sol et aux graviers. Penaude, elle chercha un instant le pourquoi une telle descente, mais il lui apparut que perdu et sans repère, la timidité ou la crainte devait facilement prendre le dessus – elle n’en mènerait pas large non plus si à son âge elle s’était retrouvée au cœur de la ville, en proie à une foule infernal qui ne lui jetterait pas un regard. La sirène se promit alors de le mettre en lieu sûr, au moins jusqu’à ce qu’elle sache quelles étaient ses motivations.

C’est avec une surprise heureuse qu’il finit par inspirer profondément, provocant chez la sirène un réflexe animal sommaire qui dressa ses oreilles sur le côté de son crâne, lui donnant des airs de sorcière sous-marine prête à subir le courroux d’une attaque. Mais aucun mal à venir : le jeune garçon avait rempli ses poumons pour mieux s’exprimer, avec un ton bien plus badin qu’avant, et une allégresse surprenante mais tout aussi agréable. Il se déclina alors, s’annonçant comme la vague qui s’apprête à s’abattre sur le sable, ou la bourrasque qui balaye le sommet des forêts. Un courant d’air qui s’avérait plein de caractère, finalement ? Et d’une politesse impeccable ; le sourire sur son visage s’étira plus encore, heureuse de pouvoir faire la connaissance du fameux Arthur Merk.

« Tu n’as pas à t’excuser voyons. » Même si elle n’avait pas l’habitude de regards aussi soutenu, elle préférait de grands yeux purs plutôt que des larmes et des cris. « Ce serait merveilleux si tout le monde pouvait être aussi impoli que toi. »

Se redressant finalement, Othello fit mine de s’étirer légèrement, donnant sur la tête de Drasha une petite tape engageante. Le félin répondit par un long regard ennuyé, ne saisissant pas pleinement la situation et n’ayant que moyennement envie de s’investir plus dans ces affaires de bipèdes. Le jeune Arthur Merk avait l’air d’être plein de bonne volonté, mais victime d’un cruel revers du sort. Peut-être était-ce un caprice de Kesha, mais la sirène ne pouvait pas laisser le destin se jouer d’un tel esprit candide : il était de son devoir de le mener à bon port, quitte à repousser ses divers rendez-vous. Après tout, le duché de Nivéria pourrait bien se passer encore un peu de ses services.


« Monsieur Merk, nous allons t’amener à bon port. » Dit-elle fièrement. « Tu trouves actuellement sur les rebords de la grande voie, et ce chemin mène à un quartier résidentiel. » Elle expliqua rapidement en indiquant du bout du doigt ce qu’il y avait un peu plus loin. Et finalement, sans vraiment prévenir, elle tendit sa main vers lui avec la même bonne volonté. « Je m’appelle Othello Lehoia. »

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MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeMer 2 Déc - 7:16

En cette matinée ensoleillée, il ne pouvait exister de parole plus réconfortante que celle de cette gente dame qui m'assurais que se perdre n'était une honte en rien, que tout le monde pouvait être amené à se perdre. N'était-ce pas là le début de grandes aventures pour un preux héros que de s'égarer lors de son voyage ? Je me rappelai certaines des histoires que me contait mère devant notre cheminée, une nostalgie que je n'avais pas eu depuis longtemps m'enveloppa quelques instants, rapidement éclipsés sans regret lorsqu'elle me dit que nous allions retrouver ma route. Mais où allais-je ? Je ne savais pas quoi lui répondre, tant je ne savais pas où je voulais aller. Aussi, mon regard se perdit à nouveau dans le vague des pavés de la ruelle, tandis que j'y réfléchissais sans savoir par où commencer.

Je la vis se relever et regarder autour d'elle, des deux côtés de la rue. Timidement, je suivis son exemple dans l'espoir d'y trouver une idée. Mais rien ne me vint et je gardais encore honteusement le silence jusqu'à lui avouer être perdu, puis, après une inspiration motivante, me présentais à elle en lui demandant de m'excuser. La gentille dame eut une étrange réaction aux premiers abords, frémissant lorsque je me préparais à parler, mais suite à mon discours, elle se remit à sourire, illuminant d'autant plus cette ruelle par sa radiance.
Elle m'avoua que je n'avais pas à m'excuser et me sentais aussitôt désolé d'avoir agi ainsi, me sentant idiot de demander pardon à tout-va, comme me l'avait souvent faire remarquer monsieur Simon d'un léger coup de bâton sur la tête, comme lorsque je l'appelais monsieur alors qu'il détestait ça.

De toute sa hauteur, elle se redressa et s'étira. Ses mouvements étaient simples, et pourtant dotés d'une grâce naturelle que je n'avais encore jamais vue de mes yeux. Elle pétillait d'une bienveillance chaleureuse et le moindre de ses mouvements la transmettait. J'en profitais pour me relever également, prenant appui de ma main droite et usant d'une grâce et d'une agilité bien moins sublime qu'elle. En reprenant la parole, sa voix vint apaiser tous mes troubles et mes hontes, m'affirmant qu'elle m'aiderait pour retrouver mon chemin, m'indiquant avec délicatesse là où nous étions et vers où donnait chaque côté de la ruelle.

Puis elle me tendit la main et se présenta. Je fus réellement enchanté de rencontrer dame Lehoia mais elle venait de me poser un dilemme terrible en mon cœur d'aventurier. Devrais-je accepter cette poignée de main au risque de salir cette belle-dame ou risquer de l'insulter en ne l'acceptant pas ?
Mon hésitation fut intense et déconcertante, si bien que je me contentai de m'incliner poliment. "Je suis enchanté de faire votre connaissance dame Lehoia." Je restai incliné, n'osant pas regarder sa réaction quant à la mienne vis-à-vis de sa fine main. Finalement, je reprenais aussi vite la parole sans me redresser pour autant, j'avais déjà le sentiment de lui en avoir trop demandé et ne voulais en aucun cas l'importuner davantage. "Merci infiniment de votre aide madame, mais je ne voudrais pas vous déranger inutilement. Vos journées doivent déjà être suffisamment remplies."

J'osai enfin me redresser, fuyant son regard malgré tout son regard ainsi que son visage, ayant peur de l'avoir déçu ou déconcerté. D'avoir refusé sa proposition si gentille était-il inacceptable ? M'y étais-je mal pris ? Jamais monsieur Simon ne m'avait préparé à une telle situation, il m'avait appris comment le monde animal et végétal fonctionnait, comment préparer des décoctions et mettre en place des pièges, il m'avait enseigné les préceptes de la magie et les prémices de l'invocation d'élémentaire. Mais en aucun cas, il ne m'avait pas inculqué comment réagir à ce que l'on me disait et je me contenter de copier la manière de parler des héros de légende, comme je le faisais depuis toujours.
Mais dans le fond, car c'est ce que j'avais sur le cœur à ce moment-là, je désirais son aide plus que tout. La simple idée de me retrouvais à nouveau seul maintenant me terrifiait. Non, ce n'était pas ça qui m'effrayait, c'était l'idée qu'elle parte et que je ne la revoie plus. L'idée que cette dame aie voulu m'aider si gentillement et qu'en refusant je ne l'ai vexé était pire que tout.

Comment l'avouer ? Me demandais-je les yeux fermés, n'osant même plus regarder autour de moi. Il m'était impossible de savoir et de comprendre les émotions qui m'animaient à ce moment-là, tant j'étais en proie à divers sentiments contradictoire me faisant perdre tous mes moyens.

Finalement, je balbutiai quelques mots sans parvenir à m'en empêcher, sans même y réfléchir, comme si mon instinct avait pris le dessus sur moi. Ma voix n'avait rien d'hésitante ni incertaine, elle était simplement faiblarde, autant que je l'étais à cet instant. La façon de parler que j'avais encore quelques années plutôt, lorsque je sortais d'un mauvais rêve et courais vers ma mère pour y trouver un refuge, implorant presque que dame Lehoia ne m'abandonne pas, bien qu'avec les yeux fermés, je n'avais aucune idée de si elle était toujours devant moi ou si elle avait déjà tourné les talons, étant passée à autre chose. "Je ne sais pas où aller... aidez moi s'il vous plaît..."

A peine venais-je de terminer ces quelques mots que mes yeux se mouillèrent, une larme perça mes paupières pourtant close et roula le long de ma joue. Allais-je pleurer comme un enfant devant dame Lehoia ?
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Othello Lehoia
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Othello Lehoia
MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeVen 11 Déc - 9:15

Sous le couvert de son front hanté de mèches brunes, le jeune garçon était bercé d’un épais mystère. Quand la sirène lui demanda tranquillement où se trouvait la suite de son périple, elle vit le petit homme perdre son regard si neuf dans les pavés de la rues, comme si les pierres lisses et polies par les passages des pieds et des chevaux détenaient la réponse de toutes leurs interrogations.
Comme si elle avait tiré sur un fil indivisible qui retenait au sol la petite créature perdue, Arthur se leva dans son sillage, prenant appui sur une main bien légère, s’aidant d’un gabarit plus menu pour dominer à sa façon un monde bien plus grand que lui. Sans en dire mot, Othello s’amusait de cette petite puissance, cette force discrète et subtile qui émanait du garçon. Une seule certitude se faisait pourtant indéniable : ses parents l’avaient merveilleusement bien élevé.

Ses parents… Elle se serait presque attendue à déjà connaître leurs noms, ou même un indice, un mot, quelque chose qui pourrait lui permettre de le renvoyer directement sur le droit chemin de ces deux géniteurs. Mais il était aussi tenace que possible, et s’évertuait à ne pas souffler le moindre petit verbe sur eux – à vrai dire, il s’évertuait à ne pas souffler le moindre petit verbe du tout. Alors que, dans un réflexe plutôt idiot, elle remontait sur ses hanches fines ses poignés pliés, comme si plier ses coudes serait la clef pour que la voie s’illumine, la prêtresse commençait à s’interroger sur cette mystérieuse rencontre. La brume de mystère qui enveloppait le chevalier errant s’épaississait de secondes en secondes.

A la main qu’elle lui tendit, il opta pour un salut plus cavalier encore, et elle le vit se plier en avant dans une belle révérence, rendue maladroit et malhabile par son jeune âge. Et pourtant, même si il rayonnait d’une innocence candide qui le rendait rayonnant, elle découvrait dans ce petit être une grande spontanéité, et peut-être une… Bienveillance ? Splendeur ? Comme si Kesha avait glissé sur sa route la pureté incarnée. A cette fougue, elle ne pu presque pas s’empêcher de se pencher en avant pour lui rendre sa politesse, rattrapant à peine sa couverture de cheveux qui s’élança à sa suite et ne manqua pas de venir côtoyer le temps de sa révérence la poussière sur le sol. Le petit soldat finit par bien lui répondre, et elle releva vers lui son visage surpris et circonspect.

Plus Arthur lui parlait, et plus elle lui prêtait une maturité oral surprenante pour un jeune garçon de son âge. Quel âge pouvait-il bien avoir, d’ailleurs ? Dix, onze ans ? Peut-être même douze, tout au plus… Confuse, elle écouta ce vieux jeune homme lui déclamer avec le plus grand des aplombs qu’il avait assez abusé de son temps, et la plus grande des bienveillances qu’il la laissait retourner à son quotidien occupé. Bien trop de noblesse sous ce visage de cire, cette tignasse brune et sauvage, cette tête d’enfant qui déclarait des mots d’adulte.

Arthur Mierk était un bien curieux petit personnage, s’il en était, et Othello finit de l’écouter non sans dissimuler une certaine inquiétude, qui venait alourdir discrètement ses traits, froncer ses sourcils de suie et ternir l’écorce de son regard. Il ne manquait ni de courage ni d’initiative, c’était indéniable, et elle pouvait sentir qu’il était forgé de l’étoffe des justes, et des bienveillants. Et la crainte qui commençait à creuser son ventre fragile ne venait pas de son apparente aura, et de sa voix si jeune qui déclamait de si assurant mots. C’était bien la pensée de devoir l’abandonner à un sort incertain, de repartir en le laissant derrière elle et qu’il se fasse dévorer par cette prédatrice froide, l’ogresse impassible et impitoyable sur laquelle reposait la couronne d’Eridania. Son visage plongeant restait gravée derrière ses rétines, et même si les mots du garçon avait tout d’honorable, la sirène ne pouvait taire l’instinct animal qui lui hurlait de ne pas le laisser seul.

Avec un regard plus inquiet que désapprobateur, Othello le contemplait sans répondre, peu certaine du ton à adopter pour le convaincre de revenir sur ses paroles. Même si sa démarche était louable, elle n’était pas de celles qui pouvaient laisser à leurs sorts les âmes vagabondes et perdus dans les rues bondées. Mais elle ne voulait pas le brusquer non plus, ni lui faire penser qu’elle désirait attenter à son existence. Drasha soupira, ouvrant avec force sa mâchoire gargantuesque pour exposer à la rue toutes ses dents jaunes, peu conscient que derrière lui, Othello se mordait la lèvre en essayant de trouver les bonnes paroles, celles qui pourraient convaincre Arthur de ne pas s’abandonner.

A mesure qu’elle réfléchissait et se perdait aux détours de phrases volubiles qui s’envolaient de sa tête avant de franchir ses lèvres, elle vit malgré elle le brun se décomposer sous ses yeux. Ses paupières candides s’écraser sous le poids d’une force qui la dépassait, ses lèvres se pincer, le rouge rosé des enfants empourprer ses joues encore rondes. L’assurance qu’il arborait tant fondait comme la neige après que les soleils ne l’ait trop contempler. Othello tendit bien malgré elle la même main mais se retint de peur de le brusquer, et pour ne pas paraître non plus pour une sorcière mal intentionnée rodant dans la plèbe pour attirer de jeunes sacrifices.
Finalement la voix d’Arthur franchit ses lèvres, un oiseau fuyant qu’elle parvint à peine à capter dans ses oreilles ouvertes. Cessant de réfléchir à outrance, elle baissa les yeux, touchée par la grâce d’une vision si déconfite. Ce jeune garçon était réellement attendrissant.

Ses balbutiements finirent de la convaincre, et elle se résolut à ne pas lui laisser le choix. A sa demande, la sirène approuva immédiatement, posant gentiment une main conquérante sur son épaule, affichant avec tranquillité un sourire rassurant. Tant qu’elle serait vivante, elle ne le laisserait pas à son sort sans avoir pu le remettre sur le droit chemin.


« - Il y a un début à tout. » Dit-elle tranquillement, commençant à comprendre que cette âme vagabonde ne se trouvait pas dans la ville pour la plus saine des raisons. Elle qui pensait à qu’il ne connaissait pas le chemin… Si il ne connaissait pas la destination, alors le problème était autre, et bien plus grand, et bien moins heureux qu’elle ne voulait bien le croire. Mais elle ne se laisserait pas abattre, et laisser dans les ténèbres son nouvel acolyte. « Et je compte bien t’aider à le trouver. »

Le tout était de savoir par où commencer. Il semblait complètement perdu et déboussolé, victime de la ville comme de son ambition, peut-être. Une idée traversa alors son esprit, et lui provoqua en même temps un sourire plus large encore. Ses yeux s’écarquillèrent en rayonnant de la folle joie des génies, et elle se retourna brusquement vers le jeune garçon, en priant intérieurement pour qu’il ne prenne pas la mouche.


« - Si tu as quelques heures à me prêter, peut-être pourrais-tu me rendre service ? J’ai un rendez-vous à honorer et j’aurai bien besoin qu’un esprit éclairé m’aide à prendre les bonnes décisions. Si tu veux bien m’accompagner, bien sûr. » Elle espérait secrètement qu’il accepte son offre, espérant pouvoir percer son mystère sur le chemin au fil d’une première conversation – ou au moins l’aider à mieux comprendre où il devait aller… Ou d’où il venait ; d’un autre côté, elle aurait effectivement bien besoin d’un esprit avisé pour l’aider. Un donnant, donnant, qui pourrait les mener chacun sur une voie nouvelle.
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MessageSujet: Re: Perdu dans la ville   Perdu dans la ville Icon_minitimeDim 13 Déc - 19:18

Lentement, mais sûrement, d'autres larmes parvinrent à franchir les faibles défenses qu'offraient mes paupières fermées, roulant l'une après l'autre sur mes joues. Sans parvenir à m'en empêcher, un sanglot s'échappa de ma bouche et aussitôt, j'essayai de contenir ceux qui essayaient d'en faire autant, car il y en avait. Et bien plus que j'aurais pu le croire quelques instants plus tôt, comme si mon être entier se retrouver submerger d'une puissance qu'il essayait de contenir. Comme lors de ce jour où monsieur Simon m'avait amené à la cascade où un torrent continuel se déversait inlassablement. Mes yeux comme mon cœur étaient devenus semblables à cette chute d'eau. Le torrent d'une tristesse désemparant et incontrôlable s'écoulait pour s'écraser en dehors de mon être, venir recouvrir mes joues, mon cou et plus, permettre aux soleils et leurs rayons de s'y refléter.

Autour de moi, le monde n'existait plus. J'étais seul au milieu de nul part, d'un endroit dont je ne connaissais rien et, au loin seulement, tel un mirage d'espoir, j'apercevais une femme qui me tendait une main. Était-ce maman qui volait à mon secours comme lorsque je tombai et me faisait un bobo. Elle accourait m'aider, me prenait délicatement dans ses bras chauds et me serrait fort contre elle, me chuchotant des mots doux. Peut-être allait-elle arriver et en faire de même. Nous rentrerions à la maison...

Cet éclat de triste blancheur s'arrêta brusquement lorsque le contact d'une main délicate se fit sentir à mon épaule. Me transmettant toute la chaleur de son être, dame Lehoia venait d'apposer ses doigts fins et gracieux, me permettant de trouver un grand réconfort et de calmer ces sanglots grandissants. Timidement, sans aucune assurance, mes paupières s'ouvrirent à nouveau et les rayons de lumière m'agressèrent avec violence, mais je l'acceptai tandis que mon regard se détournât vers l'être angélique que dame Kesha avait placé sur mon chemin.

Dame Lehoia prit la parole et sa voix continua à m'apaiser autant que les mots qu'elle prononçait. Et sans retrouver mon plus joyeux sourire, les larmes cessèrent d'elles-mêmes de couler et la moue accablée de ma bouche laissa place aux prémices d'un sourire. Lorsqu'elle termina de m'avouer qu'elle comptait m'aider pour le trouver, et donc restait avec moi, je cédai sous le poids de sa bonté que je ne méritai pas. Et sans m'en rendre compte, tel un réflexe discret de l'enfant que j'étais encore, j'abandonnai tous les principes des chevaliers et des grands aventuriers pour venir me coller contre elle. Entourant ses pieds de mes bras pour venir chercher les moindres miettes de réconfort qu'elle accepterait de m'offrir. "Mer... Merci..." Dis-je plus que timidement, sans oser la regarder.

Grâce à elle, je parvenais à retrouver mon calme et mon esprit s'en trouvait apaisé tandis que mes yeux étaient toujours fermés de joie en la serrant contre moi. Bien sûr, je ne voulais guère la gêner ou la mettre mal à l'aise, aussi faisais-je attention au moindre signe de sa part m'indiquant qu'il était temps de terminer cet acte puéril que j'avais commencé, pourtant, je ne désirai nullement m'arrêtai et, sans jamais oser le demander en cet instant, espérai qu'elle ne m'enlace de ses bras à son tour.

Je restai bien silencieux, trop sans doute, mais je ne savais pas quoi dire tant je me sentais encore perdu. Et dame Lehoia s'exprima à nouveau, m'invitant à l'aider durant quelques heures pour une tâche dont je ne comprenais pas la véritable raison, ni pourquoi elle pensait que je pourrais l'aider tant mon esprit n'avait rien d'éclairé. Pas plus qu'il n'était pas capable de prendre de bonne décision. Cependant, cela m'était inconcevable que de ne pas la suivre, que de ne pas rester auprès d'elle et même si elle m'avait demandé l'impossible, j'étais prêt à le faire tant que je pouvais rester à ses côtés. La simple idée d'être séparé surgit et des ténèbres se trouvèrent prête à m'envahir, seulement repoussé par la présence de cet ange.

C'est avec un réel sourire renaissant que je lui répondis après une courte attente que j'avais prise dans l'unique but de retrouver mes moyens et de formuler une réponse plus construite que celle de l'enfant apeuré qui me possédait quelques instants plus tôt. "Ou... oui, je veux bien vous accompagner madame Lehoia, mais... je ne suis pas sûr d'être capable de vous aider... Je... Je ferais de mon mieux..."

Le courage m'était suffisamment revenu pour que je n'aie plus l'envie de m'effondrer au beau milieu de cette gigantesque cité et je me sentais prêt à la parcourir en compagnie de dame Lehoia, à suivre cette dernière où qu'elle aille pour rester à ses côtés, sous la bienveillance et la bonté de son regard. À portée de la douceur de sa voix et de ses paroles. Oui, je sentais, non, je savais que tout irait bien tant que je serais auprès d'elle. Aussi avançais-je au milieu de la foule et des grandes habitations sans la moindre peur car nous marchions ensemble. Et, sans m'en rendre compte, tout du moins pas au début, j'essayai d'attraper sa main dans la mienne pour que nous voguions ainsi jusqu'au lieu de son rendez-vous.
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