Les Gentilshommes et la mercenaire

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 Les Gentilshommes et la mercenaire

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MessageSujet: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeSam 16 Jan - 23:24

"Est-ce que t'as d'l'or gamin ?!"

Voilà comment j'avais fait la rencontre de monsieur Qin, monsieur Raklos, monsieur Dubilo et de monsieur Dryden. Quatre charmants voyageurs à l'allure fort peu engageante, emmitouflé sous des vêtements de cuirs en partie déchiré, au visage camouflé sous d'épaisse couches de tissus à moitié déchiré, tout comme la cape qui volait au grès du vent dans leurs dos. Une mine si pauvrette et affamé sur leurs visages que je n'avais pu me résoudre à les abandonner. Aussi, leur avais-je donné une partie de ma bien maigre richesse, leur offrant également les quelques rations qui me restaient. Sans doute n'aurais-je pas dû afin de ne pas subir la famine à mon tour par la suite, néanmoins, je savais bientôt retrouver la capitale Hesperia et, par la même occasion, retrouver la chaleur du manoir de dame Lehoya. Là-bas, mille plaisirs gustatifs m'attendaient et j'étais prêt à jeûner un jour ou deux avant d'y arriver, si cela me permettait d'aider de pauvres indigents dans le besoin.

S'ils se montrèrent brusques et agressifs dans un premier temps, il me suffit de psalmodier mes paroles rassurantes pour les apaiser et, étonnamment, ils s'ouvrirent rapidement à la conversation, leur ton me semblait toujours étrange et hostile, mais comment en vouloir à ceux qui était abandonné par les plus riches d'être ainsi ? Ce n'était sans doute pas leurs fautes s'ils en arrivaient là, à être aussi aigri face au destin que les dieux leur avait réservé. Moi, je ne pouvais en tout cas leur en vouloir.

Dans les paroles que nous échangeâmes, ils finirent par me demander mon nom ainsi que la raison pour laquelle je voyageais. Puisqu'ils m'avaient fait par de leurs malheurs, je me voyais mal refuser cette requête qui était l'origine de toutes relations. Comme lorsque j'avais voyagé avec des caravaniers, avec cette petite demoiselle à la peau-rouge ou cette cavalière atteinte par la fièvre. Le dialogue était l'origine de tout et, bien que mes talents de diplomate n'aient rien d'affûté, je me sentais plutôt confiant dans le choix de mes mots. Aussi remarquais-je l'étendu de mes talents lorsqu'en parlant de ma position, émissaire de Nivéria que j'étais, ils devinrent tout de suite bien plus sympathiques à mon égard, plus indulgent également quant aux erreurs que je pouvais commettre dans mes propos. Ils s'approchèrent davantage de moi tandis que nous parcourions la plaine et me proposâmes de m'accompagner jusqu'à la capitale, ainsi, ils pourraient veiller à mon illustre personne.

Ces mots me gênèrent, un étrange malaise commençait à poindre en mon être. Si j'appréciais les compliments de dame Lehoya ou de dame Vanes, rougissant à chaque fois sans parvenir à me contrôler, j'avais beaucoup de mal à en recevoir d'autres personnes tant je n'étais pas certains de leurs véracités. Quelque chose me dérangeait souvent dans ces moments-là tant je ne pensais pas les mériter. Je n'étais qu'un enfant parmi tant d'autres, un aventurier encore débutant et bien maladroit qui faisait de son mieux, en rien je n'étais quelqu'un de courageux ou de fière méritant d'être félicité. Néanmoins, et pour ne pas les frustrer, j'acceptai qu'ils m'accompagnent.

À la tombée de la nuit nous étions encore loin d'Hespéria, sans doute encore une ou deux journées de marche supplémentaire avant d'y arriver. Je fus plutôt ravi de voir qu'ils connaissaient ces lieux comme leurs poches, ils me racontèrent d'ailleurs qu'ils se promenaient souvent dans les forêts et les cavernes adjacentes à la capitale lorsqu'ils avaient besoin de prendre l'air. Je ne pouvais que trop les comprendre, la vie dans cette gigantesque cité était parfois oppressante et sans la présence de la duchesse de Nivéria, j'aurais sans doute eu besoin de la quitter bien rapidement moi aussi. Et bien qu'il me tardait actuellement d'y retourner, après tous ces mois de voyages à parcourir les landes d'Ishteria, les braises d'un feu de camp me servirait ce soir à me réchauffer, chose à laquelle je m'étais accoutumé maintenant.

Pour ma sécurité, ils me proposèrent une couchette particulière qui était déjà dans l'un de leur campement habituel, dans l'une des forêts entourant Hesperia. Une grande cage de bois dans laquelle je serais à l'abri des dangers environnants, notamment des bêtes sauvages et carnivores qui pouvaient rôder. Pour leur bien, je leur proposai de nous serrer dans cet endroit sûr, mais ils refusèrent, préférant assurer ma sécurité de l'extérieur. Tant de gentillesse à mon égard manqua de me fendre le cœur, mais je tins bon et gardai la face, les remerciant chaudement pour cet accueil et cette protection. Au moins étais-je en sécurité. Une protection renforcée par le cadenas que monsieur Qin ferma pour que rien n'entre dans ma cage. Je le remerciais de s'assurer ainsi que rien ne m'arrive. Avec un large sourire, il me remercia à son tour.

Lorsqu'ils mangèrent, ce fut silencieusement, parlant à voix basse sans doute d'histoire qui ne me regardait pas. Je refusai le morceau de pain qu'ils me proposèrent, je leur avait déjà parlé de la duchesse et du fait que je pouvais jeûner avant de retourner la voir. Ils s'amusèrent, mais je n'en compris pas la raison et, tandis que les braises crépitaient encore dans le feu de camp, je laissais le sommeil s'emparer de moi.



Dernière édition par Arthur Merk le Mar 19 Jan - 0:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeDim 17 Jan - 15:38

Les Gentilshommes et la mercenaire Wd59
Le 5 du mois Géxon 1306






Vaughan était en vie. Elle en avait la certitude. Enfin, elle n’avait jamais douté de sa survie. C'était un Lhurgoyf. Un Lhurgoyf malin de surcroît !

“Vous êtes sûr de ce que vous avancez ?
-Oui, un homme pâle, d’un certain âge, les cheveux grisonnants. Par contre, je vous préviens, il était salement amoché. Mais il a refusé mon aide et là-bas, on est jamais trop prudent sur qui on peut tomber ! Si vous voulez tout savoir, il y a un petit groupe de bandits qui rôdent là-bas. Leur tête est mise à prix.”

Il était évident que la description était limite, mais la jeune femme sentait bien l’information. C’était forcément lui. Il avait sûrement entendu qu’une jeune étrangère avait élu domicile chez le Conseiller Royale et avait donc décidé de la rejoindre ! C’était obligé !

Mais au lieu d’attendre bien sagement chez Abel, elle prit la décision de partir à sa recherche dans les plaines. Une fois qu’elle l’aurait retrouvé, elle serait soulagée et pourrait même se concentrer un peu plus sur sa décision de refonder l’Ordre des Chevaliers d’Oris ainsi que sur sa toute nouvelle relation avec le Sylphide. Elle se sentait le cœur léger. Néanmoins, comme avait dit son informateur, le coin était loin d’être sûr. Aussi avait-elle pris ses armes. Sur son épaule, son hermine sifflait de bonheur à l’idée de prendre l’air. De plus, elle n’avait pas à craindre Reckless. Le gros chat dégoûtant d’Abel. C’était une bonne chose. Et si Vaughan était retrouvé, peut-être ferait-il entendre raison à sa jeune maîtresse que sa relation avec le Conseiller Royale était une idée suicidaire. En tout cas, pour Alaïs.

Est-ce qu’une hermine pouvait penser ainsi ? Peut-être. Nous ne savons pas, mais, en tant que conteuse, c’est ce que je me plais à croire. Bref, revenons sur notre histoire et cette rencontre des plus... Atypiques ?

La nuit était bien tombée depuis. Elle dormirait à la belle étoile et ce n’était pas pour lui déplaire. Certes, ne pas avoir la présence d’Abel était dérangeant maintenant qu’elle s'était habituée à cette présence. Mais en soi, c’était bien d’avoir un peu de solitude. De plus, elle avait prévenu le Conseiller de ne pas l’attendre, qu’elle aurait des affaires à régler. Il n’avait rien demandé de plus, respectant sa part de secret. Alors qu’elle cherchait un endroit où dormir, elle vint à entendre des rires. Des rires gras et moqueurs. Tenant Shiral par son licol, Hélia s’avança légèrement vers le bruit. De la lumière commençait à apparaître. Un feu. Voilà qui n’était pas de refus pour la jeune femme ! Après tout, il ne faisait pas bien chaud en cette période. Même si elle était chaudement habillée pour l’aventure, un peu de chaleur n’était pas de refus.

Elle allait vite déchanter… Comme son informateur avait prévenu, un groupe de malfrat sévissait dans le coin et Hélia allait les rencontrer. En silence, elle pénétra la zone et se trouva nez à nez devant Qin, Raklos, Dubilo et Dryden. Face à une femme, les quatre hommes vinrent à avoir chacun un sourire mauvais :

“Eh bien ma petite, qu’est-ce qui amène une gringalette comme toi ? Tu veux venir nous réchauffer ? Ce ne serait pas de refus, une mignonne comme toi.”

Des rires gras vinrent de nouveau s’entendre dans le calme paisible de la nuit. Déjà à ce moment précis, il ignorait que ce genre de remarque, Hélia en avait vu des centaines passer. Et en général, ça se terminait rarement bien pour ce genre d’énergumènes. Pourtant, elle préféra rester calme. Du moins pour un temps.

"Bonsoir messieurs. J’ai le regret de vous dire que je n’ai rien d’une fille de joie. Ce serait dans votre tort que de le croire et de me traiter de la sorte. En réalité, je recherche un homme. Elle vint à sortir un portrait dessiné représentant le portrait de Vaughan pour le présenter aux brigands, c’est un ami à moi. Ça fait un moment que je le recherche.”

Et alors qu’elle s’expliquait, son regard se posa sur une cage… Dedans, il y avait un enfant… Il semblait dormir et Hélia fronçait légèrement les sourcils. Préoccupée par cette étrange scène, la jeune Lhurgoyf ne remarqua pas que deux d’entre eux vinrent à se placer derrière elle. Ils attrapèrent la jeune femme. Chacun un bras alors que les deux autres riaient de plus belle. De bien grossiers personnages.

“Il ne t’a jamais dit, ton ami, que ce n’est pas prudent pour une jolie femme comme toi de voyager seule ?


-Oh… Et bien… Je suis une femme assez débrouill…”

Mais alors qu’elle finissait sa phrase, l’un des deux lui asséna un coup-de-poing dans le ventre. Elle toussa légèrement, comme si son souffle venait à manquer. Après ça, elle fit un rire étouffé avant de répondre :

“Ta maman ne t’a jamais appris que c’était mal élevé de frapper une femme, justement ?
-Ne fais pas la maligne ma belle. Tu n’es pas vraiment en position de discuter.
-Qin, fit l’un des affreux, la fille me dit quelque chose… Ce n'est pas la donzelle qui loge chez le Conseiller de notre bon Roi Thimothée ? Si cette fille recherche l’autre vieux avec ses documents immobiliers, c’est qu’elle doit être assez importante. Tu ne penses pas ?”

Oh formidable… C’est vrai qu’une fille balafrée ce n'était pas commun. Surtout quand on logeait pour un temps chez une personnalité politique. Mais… Quoi ? L’autre vieux avec des documents immobiliers ?

“Vous devez faire une erreur, lança la jeune femme, Vaughan n’a pas de demeure. C’est un nomade.”

Amusé, le fameux Quin sortit un : “Ah ouais, Vaughan, tu dis ?”. Au même moment, il sortait un parchemin de sa poche. Il le déroula et vint à le mettre sous le nez de la jeune femme. Hélia le regarda pendant quelques secondes et sembla sous le choc… C’était bien l’écriture du vieil homme. Il possédait une maison à Hespéria… Comment ? Comment avait-il pu lui cacher une telle chose ? Et comment ses hommes étaient-ils en possession de ses documents ? Elle se débattit, mais leurs mains étaient bien agrippées aux bras de la demoiselle. Ils s’amusaient à la voir gigoter ainsi. La colère dans ses yeux… Cela aurait pu faire frémir n’importe quel être humain alors qu’eux, ils s’en amusaient. Étaient-ils idiots ? Non, juste des ignorants. Elle hurla :

“Qu’est-ce que vous lui avez fait ?!”

Quin ria et attrapa de ses doigts le menton d’Hélia. Il rapprocha son visage de celui de la jeune femme. Une odeur bien répugnante commençait à envahir les narines de la jeune femme qui lança avec agressivité:

“Oulah, l’hygiène ça ne doit pas être ton fort.

-Fais la maligne, ma belle. J’aime bien briser les femmes à forte tête. Surtout quand elle me supplie par la suite… Tu veux savoir ce qu’on a fait à ton ami ? Ce vieux croûton a prit la fuite comme un lâche quand il en a eu l’occasion. Ça ne nous a pas empêchés de récupérer ça sur lui après l’avoir bien amoché. C’est comme ça, il n’avait pas à jouer au plus malin avec nous. Comme ce que tu fais en ce moment même d’ailleurs. Mais t’en fais pas ma belle, tu m’as l’air drôlement précieuse. On pourrait peut-être demander une rançon à Messire Thorn. Combien tu coûtes à ses yeux ? T’es une de ses domestiques ?”

La colère vint à monter et Hélia ne se contrôlait plus. Ils avaient osé s’en prendre à Vaughan ? Et maintenant il voulait faire chanter Abel ? En plus d’avoir, semble-t-il, dépouillé un enfant ? Doucement, la jeune femme sentit le monstre gronder en elle… Ses bras s’allongèrent et de grandes griffes vinrent à remplacer ses doigts. Sa tête s’allongea et la peau semblait se désintégrer pour y laisser un crâne de mort. Ses jambes firent places à de nombreux fils flottant noir, cachant des jambes bien plus grandes.


Les Gentilshommes et la mercenaire Zn1x


Les hommes vinrent à reculer, comme tétanisés par la peur. La dernière chose qu'ils purent entendre avant de trépasser, fut le rugissement du monstre et les cris d'agonie des camarades. Personne ne survivrait. Personne sauf le petit garçon dans la cage.

La nuit fût sanglante. La bête était là, pleine du sang de ses victimes. Face à la cage. Arthur pouvait peut-être penser qu’il était foutu. Mais alors que tout espoir semblait perdu, la jeune femme vint à reprendre son apparence normale. Attrapant une couverture non loin, elle l'enroula autour d’elle. Il fallait dire que ses vêtements étaient à présent en lambeaux… Il y en avait d’autre dans sa besace, près de Shiral qui s’était quelque peu éloigné avec l’hermine blanche. Bien que la monture avait une confiance totale en sa maîtresse, l’étalon était conscient que la forme monstrueuse était imprévisible.

Mais d’abord, il fallait ouvrir à Arthur. Elle attrapa le document de Vaughan ainsi qu’une des clés sur le corps d’un des hommes et ouvrit la cage. La jeune femme était exténuée. À bout de force.

“Pardon petit. Si tu pouvais tout garder pour toi, je te serais vraiment reconnaissante.”


Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeLun 18 Jan - 18:57

Lorsque je m'éveillai, l'obscurité nocturne était encore omniprésente, si ce n'est légèrement brisé par le feu de camp dont les flammes vacillaient encore mollement sous un vent subtil. Un cri, non, un hurlement m'avait extirpé brusquement dans mes rêves dont je ne me souvenais déjà plus rien. Un bruit horrible provenant de l'un des hommes qui m'avaient accompagné, un braiment plus proche de l'animal que d'un homme qui reflétait toute la terreur qui s'emparait de lui. Puis, d'autres hurlements vinrent se mêler à celui qui m'avait secoué en premier. Aussitôt, je frissonnai de tout mon être, tentant vainement de rester aussi vaillant que possible alors que mon corps se recroquevillait au fond de la cage aux maigres barreaux de bois. Un grognement animal perça la nuit et les hurlements humains, un bruit si sauvage et hostile que je m'en rapetissai davantage, espérant pouvoir me terrer dans une cachette inexistante.

Des craquements retentirent tandis que j'apercevais sans vraiment le vouloir le corps des gentilshommes être déchiquetés, des membres arrachaient volèrent à travers les arbres. Je n'en voyais que les ombres, que des formes incertaines dans la pénombre et pourtant, je savais parfaitement ce don, il s'agissait. Mon estomac gronda de dégoût, de peur et se retourna, je déglutis violemment et vomis le vide qui se trouvait dans mon ventre. De la bile acide coula de ma bouche et me laissa un goût immonde en bouche. Les hurlements de terreur et de douleurs se fondaient parfaitement avec les beuglements de la bête enragée qui ne semblait connaître aucune limite. Ce qu'il restait d'une main vola jusqu'à la cage et frappa ce qui me semblait être à présent de simples brindilles.

Une course débuta, j'entendis un souffle rauque et haletant de l'un des gentilhommes encore vivant cherchant à s'échapper. L'espoir naquit dans mon cœur que nous puissions survivre et je me remémorai aussitôt le don que les dieux m'avaient accordé. Celui d'apporter la paix et la tranquillité en ce monde. La lueur du feu m'illuminait faiblement lorsque je me redressai, à moitié serein dans mes capacités, et que je frappai du pied le sol mou de la terre. "Que nos lourds cœurs s'apaisent et que la pureté du bonheur ne nous submerge !" Prononçais-je avec la voix la plus audible et forte dont j'étais capable à cet instant, ce qui ressemblait davantage au cri d'une minuscule souris apeurée plutôt qu'à un vaillant héros. Combien de fois avais-je dit ces mots ? Je ne savais plus, des dizaines sans doute. Et à chaque fois cela m'avait permis de calmer les êtres alentours, de les apaiser pour que la discussion puisse s'ouvrir et que les esprits échauffés ne cesse de vouloir lutter.

Était-ce parce que j'avais parlé trop faiblement ou parce que le monstre était bien trop sauvage pour être calmé que cela ne fonctionna pas ? Oui, c'était certain et, tandis que la bête ne s'arrêta pas un seul instant dans sa traque sanguinaire, mes jambes flageolantes me lâchèrent et je m'effondrai sur le sol, incapable d'agir. Attendant de me faire dévorer à mon tour. Mes paupières se fermèrent si fortement qu'ils me firent mal.

Un dernier hurlement, craquement, puis le silence retomba. J'aurais préféré que le silence soit le dernier de mes acolytes, mais ce ne fut pas le cas. À la place, les grognements de rages s'effacèrent, mais restèrent et s'approchèrent de moi. Lentement, j'entendais l'écho des pas lourd de la monstruosité qui venait chercher son dernier repas de la nuit. Serais-je seulement son dernier ? Toujours plus, elle s'approchait, et de mes yeux fermés, je ne pouvais la voir, mais savais parfaitement qu'elle venait me chercher.

Puis, elle s'arrêta. Elle ne bougeait plus. Que faisait-elle ? L'espace d'un court instant, j'en vins à espérer qu'elle possédait une quelconque allergie au bois de cette cage, incapable de la briser pour me déchiqueter. C'était insensé.

Moi qui avais toujours rêvé d'être un chevalier au courage inébranlable, je ne pus retenir ma vessie plus longtemps et sentis le liquide chaud couler le long de mon corps ratatiné. Comme d'un seul mécanisme, mes yeux, qui avaient jusqu'alors retenu des larmes, se mirent à ruisseler et je sanglotai. Ne parvenant plus à leur garder fermés, j'aperçu en face de la cage non pas une bête monstrueuse comme je m'y attendais, non pas cette créature sauvage et destructrice qui avait réduit en lambeaux mes camarades journaliers, mais une demoiselle nue au regard froid. Cette vision me surprit, m'étonna. Avait-elle réussi à faire fuir la bête ou était-elle cette bête ? Je n'en savais rien et ne pas avoir cette réponse ne fit qu'empirer mes joues d'être inondée.

Lentement, elle se dirigea vers l'une des tentes et y attrapa une couverture dans laquelle elle s'emmitoufla avant de revenir me voir. Lorsqu'elle farfouilla sans le moindre dégoût dans ce qu'il restait des gentilshommes, l'évidence qu'elle était ce monstre me frappa. Et lorsqu'elle revint vers la cage, la clef entre les doigts, tout mon corps s'arrêta de trembler et mes larmes cessèrent. Le moment fatidique approchée, et tous les souvenirs agréables de ma courte vie défilèrent dans mon esprit. Je ne voulais pas mourir, pas ici, pas maintenant, pas après toute la bonté que l'on avait pu m'accorder sans que je ne fasse rien en retour. Non, je ne voulais pas. Mon corps se raidit, prêt à bondir et à fuir aussi loin que mes jambes pourront me porter, tandis que la dame déverrouillait le cadenas puis la cage.

Mais au moment de me mettre à courir, mon regard croisa le sien. Je n'y sentis aucune hostilité à mon égard, aucune haine, aucune envie de me tuer comme elle avait pu le faire d'autres. Y avait-il du bon en elle ? Oui, c'était sûr. Et lorsqu'elle parla, j'en fus certains. Elle semblait épuisée, las et peut-être même se dégoûtait-elle d'avoir ainsi agi. Je ne sais guère pourquoi j'ai agis ainsi, mais plutôt que de fuir, je me redressai pour venir la soutenir de ma maigre force pour qu'elle ne tombe pas au sol. Au contact de sa peau, qui était chaud alors que je l'imaginais aussi glacée que les sommets arctiques, la peur que je ressentais à son égard s'envola. Mes lèvres s'ouvrirent et je balbutiais, toujours penaud. "Vo... Vous... Vous devriez... Vous allongez un peu..."

Ma force était si médiocre que je ne parviendrai pas à la retenir bien longtemps, si j'y parvenais seulement. Peut-être n'allait-elle pas s'effondrer en fin de compte.

Par chance, je ne me fis pas écraser en tentant de la maintenir debout, elle finit par reprendre suffisamment d'énergie pour se décaler. Je ne l'en empêchai pas. Instinctivement, maintenant qu'elle ne me paraissait plus aussi faiblarde, le sursaut de courage, s'il s'agissait bien de cela, que je venais d'avoir me fit faut-bon. Me laissant seul avec cette demoiselle emmitouflé dans une couette qui me paraissait bien moins monstrueuses que sous son autre forme. Sa façon d'être était étrange et froide, son regard empreint de nombreuses émotions et pensées que je ne parvenais à déterminer. Cette dame restait mystérieuse à mes yeux, moi qui pensait parvenir à plutôt bien cerner les gens en les observant. Finalement, mes idées s'éclaircissaient et une question me taraudait davantage que de nombreuses autres, aussi la posais-je d'une voix faiblarde, fuyante. "Pou... Pourquoi m'avoir lai... Laissé vivre et... Et pas... Eux ?"

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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeLun 18 Jan - 22:28

Pourquoi avait-elle cédé à ses pulsions ? Depuis combien de temps était-elle parvenue à se contenir ? Le remords commençait à l’envahir et elle essayait de trouver une explication sur cette crise de colère. Était-ce parce qu’elle fréquentait une mauvaise personne dans son entourage ? Des questions, encore et toujours. Elles allaient demeurer sans réponse.

La transformation l’avait quelque peu épuisée, mais cela ne durerait pas. Il lui fallait juste un peu de temps pour se remettre de tout ça et elle pourrait ensuite remonter en selle ! Il fallait juste qu’elle retire le goût du sang qu’elle avait dans la bouche…

Face à Arthur, elle avait le visage fermé. Lui qui d’ordinaire était si doux… Il fallait dire qu’elle n’avait toujours pas retrouvé Vaughan et que le mystère s’épaississait. Ce document en était tout simplement la preuve. Elle n’avait pas bien fait attention que le jeune garçon avait les joues humides… Ni que son pantalon était tout aussi trempé. Pour l’instant, il n’y avait que le sang qui faisait tourner la tête de la jeune femme et le petit semblait bien s’en rendre compte. D’ailleurs, il suggéré qu’elle s’allonge. Tout en balbutiant. “Bien joué Swiezy. Non seulement, tu perds le contrôle, mais en plus, tu as fait peur à un enfant. C'est quoi la suite ?" Elle soupira face à ses pensée pendant qu'Arthur essayait tant bien que mal de la soutenir. Elle souffla d’une voix sombre :

“Non… On ne doit pas rester ici. Il ne faut pas qu’on me voie ici…”

Elle se dirigea vers Shiral et décrocha une sacoche de sa selle. Les serviteurs du Conseiller avaient sûrement prévu le nécessaire. Efficace comme il était…

“Génial.” Elle fit sortir une tenue ainsi qu’une cape. Sa force commençait à revenir, aussi le jeune homme vint à la laisser tranquille. En même temps, la Lhurgoyf attrapa une gourde pour boire et laver le sang qu’elle avait sur elle. Ensuite, elle se changea en tentant de maintenir sa couverture le temps qu’il fallait. Après tout, même si Arthur avait vu un peu de son intimité, Hélia restait tout de même timide. Une fois propre et bien habillée, la femme aux cheveux cendrés se tourna de nouveau vers Arthur.

Enfin, elle pouvait voir de plus près si tout allait bien. Il était pâle et encore un peu apeuré. Très vite, l’odeur d'urine vint à lui monter au nez et les joues humides n'échappèrent pas à son regard. Son regard, jusqu’à présent si fermé, vint à laisser place à un réel regret. Le monstre donnait à nouveau le champ libre à la douce Swiezy. Elle se posa à genoux devant le jeune garçon, sans pour autant le toucher. Elle avait suffisamment causé du tort, il était inutile de faire le moindre geste brusque.

Son cœur semblait se briser à l’idée d’avoir traumatisé un enfant. Elle avait le sentiment de se revoir quand elle était plus jeune. Un souvenir enfoui au plus profond d’elle. Ce souvenir d’Hédios, son véritable père, lui apportant une tête décapité en ajoutant : “La nature fait drôlement bien les choses, tu ne trouves pas ?”. Elle se souvenait de sa crainte, de ses larmes et de Vaughan qui la consolait. À présent, la jeune femme venait, plus ou moins, de reproduire la même erreur que son père. Swiezy soupira et baissa la tête. Comment faire ? Il vint même à demander pourquoi il avait la vie sauve et pas les autres. Comment expliquer ? Comment dire ?

“Je suis vraiment désolée… S’il-te-plaît, ne pleure plus. Je ne voulais pas te faire peur… Je ne voulais vraiment pas te faire peur.”

Piètre excuse. Mais elle était sincère.

“Je ne voulais pas causer le moindre souci. Mais… Je recherche un ami très précieux, tu comprends ? Et ces personnes lui ont fait beaucoup de mal. Et ils m’ont menacé aussi de faire du mal à un autre ami qui m’est aussi très cher. Je n’ai pas contrôlé ma colère. Ils ne devaient pas mourir. C’est un regrettable accident. Je n’avais vraiment pas l'intention de te faire du mal ou de te faire peur… Pardonne-moi.”


Elle soupira de plus belle. Que pouvait-elle dire de plus ? C’était la vérité et à son visage, on pouvait y lire du regret mêlé à de la douceur envers la détresse d’Arthur. De plus, quelque chose commençait à inquiéter la jeune femme :

“Je vais te demander quelque chose de très important. Il ne faut pas que tu en parles autour de toi… Mon ami à besoin de moi et si on vient à me faire du mal, je ne pourrais plus l’aider.”


C’était peut-être maladroit, mais elle essayait de se montrer la plus douce possible. Même si elle avait du talent avec les enfants, elle n'avait rien d'une mère pour autant. Au même moment, une petite tête blanche vint à apparaître sur son épaule. Alaïs, l’hermine blanche de la Lhurgoyf revenait en sifflant de plaisir à l’idée que le massacre était terminé et que sa jeune maîtresse était redevenue normale. Et puis la petite bête tourna sa tête dans la direction d’Arthur avant de siffler et de sauter dans tous les sens. Un enfant. Un enfant avec qui jouer ! Non seulement, il n’y avait plus de gros chats, mais en plus, il y avait un enfant ! C’était vraiment le jour de chance de la petite bestiole ! Si on oubliait le massacre des brigands.

Swiezy fit un petit sourire triste et tendit sa main pour faire monter la petite bestiole et la tendre à Arthur :

“Elle, c’est Alaïs. C’est ma compagne de route. Et le cheval derrière, c’est Shiral. Je te propose de monter dessus. On s’éloigne de ce mauvais souvenir, on va s’occuper de tes vêtements pour qu’ils redeviennent propres, manger quelque chose si tu as faim et tu pourras m’expliquer en chemin pourquoi un jeune garçon sur la route était seul et entouré de dangereux brigands. Ça te va ?”

Ayant son aval, Hélia reposa Alaïs et l’aida à grimper sur la monture. Ensuite, elle tira l’étalon par le licol pour le faire avancer. L’hermine, quant-à-elle, avait grimpé sur la selle et continuait à siffler de bonheur. La jeune femme était terriblement gênée de tout ça.

“Je me rends à Hespéria. Mais si tu dois te rendre plus loin, je peux faire un détour pour te déposer. Je ne voudrais pas qu’il t’arrange d’autres ennuis. Je pense que tu as eu ta dose pour le moment.”


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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeMar 19 Jan - 12:04

"D'a... D'accord..." Balbutiais-je lorsqu'elle me dit ne pas devoir rester ici. Pourquoi ? Si ce n'était la plus évidente des raisons, le carnage qu'elle venait de commettre pour une raison qui m'échappait encore. Diantre, que faisais-je auprès d'elle ? Mes jambes, qui avaient peiné à reprendre consistance, la perdirent tandis que je repensai au massacre. Ainsi, l'aide déjà bien futile que j'apportai à cette dame pour se maintenir debout le devint encore plus et je finis par me tenir davantage à elle que l'inverse. Quel piètre aventurier je faisais.

La raison m'en échappa, pourtant, j'avançai avec elle vers sa monture puissante, continuant de me tenir à la couverture dont elle se servait pour unique vêtement comme s'il s'agissait pour moi du seul moyen d'échapper à ce cauchemar. Échapper à ce songe d'horreur grâce à celle qui l'avait débuté. C'était plus que saugrenu et pourtant, dans mon esprit embrumé et tourmenté par des images que je n'étais pas préparé à voir, cela me paraissait être la seule solution possible. Quoi d'autre, sinon ? Terminer de passer la nuit seul dans la nature sauvage ? Quand bien même l'avais-je déjà fait mainte fois à présent, je ne pourrais plus fermer l'œil en dehors d'une ville avant de nombreuses lunes. Et malgré ça, malgré le fait qu'elle m'apparaissait comme la seule issue, je ne parvenais pas à lui retirer cette aura monstrueuse dont elle avait fait preuve.

Bien que fuyant son regard, cherchant désespérément à l'esquiver comme s'il allait me foudroyer sur place, nos yeux finîmes par se croiser tandis qu'elle m'observait, habillée de nouveaux vêtements. Toute la rage qui avait pu être sienne avait disparu et il ne restait qu'une douceur insoupçonné face à laquelle je ne pus résister. Plus que de la douceur, il y avait d'autres sentiments de bienveillance et de tendresse qui s'en échappait et autre chose, une dernière émotion que je ne parvenais à déterminer. Mon cœur s'alourdit d'un seul coup, passant d'une plume à du plomb tant je m'en voulais de l'avoir trop sévèrement jugé. Personne ne pouvait être profondément méchant avec un tel regard. Pourtant, lorsqu'elle déposa sur un genou sur le sol pour que nos visages se retrouvent face à face, je ne pu réprimer un mouvement de recul, un simple pas en arrière qui en disait tant sur les sentiments fluctuant dans mon esprit.Si je pensais que ma peur s'était envolée vis-à-vis de cette femme, mon corps prouvait que ce n'était guère le cas.

Puis elle se mit à parler, à s'excuser et j'en restai tétanisé sur place. De nouveau incapable d'agir, de bouger, de réagir. Toute la peine qu'elle éprouvait me submergea dans un violent raz-de-marée. À plusieurs reprises, ma bouche s'entrouvrit, prête à lui dire que tout allait bien, qu'elle n'avait plus à s'en faire, mais à aucun moment le moindre son ne s'échappa. Mes yeux étaient prêts à s'exorbiter tant, j'étais décontenancé de la voir ainsi, elle, la créature monstrueuse et sanguinaire. L'avais-je si mal jugé ? Bien sûr, et je m'en voulais terriblement. Du plus profond de mon être, je voulais lui dire, la rassurer à mon tour, moi qui commençais à me sentir à l'aise auprès d'elle, à ne plus avoir peur, au contraire, j'avais l'impression d'être à nouveau en sécurité. Mais je n'y arrivai pas, me contentant de l'écouter s'excuser et m'expliquer la raison de ses agissements sanglants.


Et tandis que je l'écoutai, ces paroles fondaient dans mon esprit et se transformaient en nouvelles pensées. Cette dame, qui semblait prête à affronter le monde entier, recherchait elle aussi quelqu'un. Une personne que mes compagnons de routes avaient blessé, eux qui me paraissaient pourtant si gentils. Puis, elle soupira, coupant court mes élucubrations, me demandant de ne rien dire, sans quoi, elle ne pourrait retrouver son ami. Combien serais-je prêt à donner pour retrouver monsieur Jacob ou maman ? Combien serais-je prêt à supplier pour qu'on me laisse la possibilité de revoir dame Lehoya ?

Alors qu'elle prononçait ces mots, terminant par baisser la tête, mon corps retrouva sa capacité à se mouvoir et vint aussitôt vers elle. Naturellement, je vins à la serrer contre moi, l'entourant de mon bras dans un câlin où toutes les erreurs qu'elle avait commise se soir étaient expiés. Dans un geste d'affection rassurant où je lui pardonnai et lui disait que tout allait bien. Et, alors que mon visage était presque dans le creux de son cou, je lui murmurais sans hésitation. "Je ne dirais rien. . .  Vous retrouverez votre ami, j'en suis sûr." Mes paroles n'avaient guère beaucoup de poids et mon geste en disait bien plus.

Lorsque mes yeux s'ouvrirent, ce fut pour voir un petit animal à la fourrure blanche juste en face de moi. Surpris, je lâchai aussitôt la dame pour me reculer d'un pas en chancelant. La bête s'en amusa avant de se mettre à sautiller de joie, de siffler et de faire tout un spectacle à sa maîtresse. Ainsi, Alaïs était son nom, à cette petite créature dont j'ignorais la race. Peut-être un furet ou une sorte de souris ?

"Je... Je veux bien." Lui répondis-je alors qu'elle me proposait de monter sur sa monture avec elle. C'était la première fois que j'allais monter à cheval et cela ne me rassurait pas vraiment, et puis je n'avais pas oublié la honte de mon pantalon souillé. Était-ce acceptable d'ainsi chevaucher ? De salir la selle et la robe d'un si noble animal ? Mais l'idée de devoir marcher ne me rassurer guère, au fond de moi, je préférais être aussi prêt que possible de cette demoiselle, dont j'ignorais encore le nom, au moins pour le reste de la nuit. Alors j'acceptai sans rechigner, gardant ma honte aussi secrète que possible.

Il était aisé de voir que je n'avais jamais monté et malgré l'aide qu'elle m'apporta, j'eus plus que du mal à me mettre en place. Mais dès que mes fesses finirent sur le canasson, je m'agrippai aussi fermement que possible à la dame et à ses habits, penchant à moitié d'un côté tant je ne pouvais assurer ma prise de mon bras paralysé. Et le pire n'avait guère encore commencé. Chacun des mouvements de l'animal, pourtant encore au trot, me faisait vaciller sur la selle dans tous les sens et je devais m'accrocher plus fermement encore pour ne pas finir tomber dans la poussière du chemin. Un éclat de rire finit par s'échapper de tes lèvres lorsque la petite bête blanche, posté sur l'épaule de la dame, imita de manière plus que caricaturales mes gesticulations incertaines pour ne pas tomber. Puis, après une bonne dizaine de mètres parcourus, je parvins à trouver le rythme de croisière en changeant légèrement de position et avec l'aide de la cavalière. Ainsi, je fus plus rassurer face au chemin à parcourir. "Hesperia. Hesperia c'est très bien, je veux bien que vous m'y accompagnez mademoiselle." Timidement, je poursuivais mes paroles. "Dites, vous êtes une lhurgoyf ?"

Je pensais déjà connaître la réponse, mais des doutes persistaient. Et puis, la seule lhurgoyf que j'avais croisé ne ressemblait pas du tout à une personne normale, même sous sa forme la moins bestiale. Non, sa peau était rouge et des cornes ornaient son front. Pourtant, la cavalière en quête de son ami ressemblait à une dame normale lorsqu'elle n'était pas transformé. Était-ce là l'œuvre d'un don plutôt qu'une nature monstrueuse ?

Ainsi, nous commençâmes à traverser la nuit.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeMer 20 Jan - 12:27

Il ne fallait pas pleurer. C’était étrange comme tout pouvait basculer… Quand elle est partie de la capitale, elle avait le cœur léger. Quand elle fut face au mercenaire, elle était remplie de colère. Et à présent, elle avait le sentiment qu’elle pouvait craquer à tout moment. Heureusement, l’enfant qu’elle avait en face d’elle lui donnait la volonté de ne pas se laisser complètement envahir par les émotions. Alors qu’Hélia avait baissé la tête l’espace d’un instant pour se contenir, elle vint à sentir l’étreinte d’Arthur. Le petit garçon qui avait peur était à présent compatissant envers la créature. Est-ce que la jeune femme avait réussi à le toucher avec son honnêteté, où était-il naïf ? Peu importait. C’était sans doute ce que la Lhurgoyf avait besoin en ce moment. Il murmurait qu’elle allait retrouver son ami, il en était certain. Son cœur se faisait plus lourd et les larmes plus difficiles à retenir. Mais elle tenait bon. L’heure n’était pas de se laisser aller aux sentiments, surtout quand on était à côté du carnage qu’on venait de causer. Silencieuse, elle posa délicatement sa main sur le dos du jeune homme et soupira avant de lui répondre : “Je l’espère.”

C’est vrai que l’avancée n’était pas très concluante. Toutefois, il y avait une once d’espoir puisque Vaughan était bel et bien vivant. Comment avait-il fait pour survivre à une telle chute ? Plus étrange encore, comment avait-il réussi à disparaître tout de suite après ? Hélia se souvenait de l’avoir cherché pendant longtemps alors qu’elle-même était dans un sale état. L’échec avait été cuisant vu qu’elle n’avait rien trouvé. Une chose qu’elle ne comprenait pas non plus, c’était pourquoi ils ne s'étaient toujours pas retrouvés ? Oui, le monde était vaste, mais il y avait bien des façons de se retrouver tout de même ! Et cet étrange acte de propriété… Swiezy avait le sentiment qu’elle allait devenir folle face à tous ces questionnements. “Remettons ça à plus tard”. À présent, elle sentait devoir accomplir une charge, celle de reconduire Arthur en lieu sûr. Ce n’était guère dans ces projets… Peut-être que Vaughan n'était pas loin d’elle ? Zut, elle aurait dû demander à ses brigands depuis combien de temps, il avait pris la fuite… Avant de tous les déchiqueter, cela va de soi. “Bon, pensait-elle, si Vaughan a survécu jusque-là je n’ai pas à m’inquiéter. Il sait se débrouiller. Après tout, c’est lui qui t’a tout appris. Même la médecine ! Enfin… Sur ce dernier point ce n’est pas très glorieux.”
Elle regarda au loin, dans la pénombre et ferma les yeux en soufflant: "Patience, je finirai par te retrouver."

Alaïs avait subitement fait peur à Arthur. Même s’il semblait offrir sa confiance, elle était encore bien mince s’il sursautait face à un si petit être. Au moins, il avait accepté de partir avec elle et Hélia était soulagée. C’était ça où le prendre de force. Il était hors de question pour la jeune femme de le laisser tout seul après ça !

Était-ce parce qu’elle était songeuse où inattentive que la jeune femme n’avait pas remarqué la paralysie du bras d’Arthur ? L’un comme l’autre, elle vint enfin le voir quand elle remarqua qu’il cherchait tant bien que mal à s’accrocher. Hélia se sent un peu gênée et se pensa que la prochaine fois, elle prendra soin de se mettre derrière lui pour l’aider à mieux se maintenir. Par conséquent, elle fit ralentir sa monture pour passer au pas. À partir de ce moment-là, Arthur serait probablement moins secoué.

Alaïs gigotait dans tous les sens et Hélia ne faisait pas vraiment attention à ce qu’elle faisait. Mais en entendant Arthur rire, son cœur se fit plus léger et un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Un rire, voilà longtemps qu’elle n’avait pas entendu un rire aussi communicatif. Même Alaïs sifflait encore et toujours, bien que ça soit très désagréable pour l’oreille de la Lhurgoyf… Alaïs était la petite bête qui permettait à Hélia de voir les choses de façon plus légère. Si elle était capable de donner le sourire à Arthur, c’était très bien.

Le jeune garçon accepta d’être déposé à Hesperia. Hélia se dépêcha de demander : “Tu as quelqu’un là-bas au moins ?”. Au pire, elle s'arrangerait pour le faire rentrer chez Abel. Même si ce dernier risquait de ne pas être très content… Tant pis, elle ferait avec et puis ce serait que temporaire. Elle réfléchissait à cette hypothèse, ignorant qu’en réalité Arthur avait déjà Dame Lehoya pour responsable.

Timidement, Arthur demanda à Hélia sa véritable nature. La jeune femme vint à penser qu’il était loin d’être bête. Il est le premier en plusieurs mois à avoir compris ce qu’elle était réellement. À Hesperia, elle se faisait passer non sans mal pour une simple Terran. En même temps, il avait vu sa forme monstrueuse...
Jugeant que mentir n’était pas une solution, elle se fit la plus honnête possible. Elle répondit juste un “oui”, ne sachant ce qu’elle pourrait ajouter de plus. Elle aurait été capable de dire “Ne t’en fais pas, je ne vais pas te manger” en rigolant, mais la situation n’était pas adéquate. Non, vraiment pas. Aussi, elle raconta :

“J’ai vécu une centaine d'années avec mon ami. Il m’a appris beaucoup de choses. Notamment à me défendre sans forcément utiliser ma forme monstrueuse…”

***

Après une petite heure à avancer dans les plaines, Hélia sentit qu’il était probablement temps de s’arrêter. La nuit était bien avancée et Arthur devait sûrement tomber de sommeil. Elle fit donc arrêter Shiral, aida le jeune garçon à en descendre et commença à établir un campement. Non loin, se trouvait un petit cours d’eau. Le coin semblait tout bonnement idéal.

“Est-ce que tu as faim ? J’ai quelques réserves dans mon sac.”

Ensuite, elle vint à sortir une grande couverture qui était accrochée derrière la selle de Shiral pour la tendre à Arthur : “Si tu as des vêtements de rechange, change-toi. Sinon enfile cette couverture. Je vais nettoyer tes vêtements, tu te sentiras bien plus à l’aise après ça.” Ensuite, elle retira la selle de Shiral. Elle se devrait de la laver aussi. La nuit était loin d’être terminée pour la jeune femme.

Après avoir allumé un feu, elle commença à frotter la dîtes selle en attendant qu’Arthur lui transmette ses vêtements sales. Elle pensait à cette histoire de propriété… Pourquoi ? Pourquoi avoir caché ça ? Elle devrait en découdre dès que possible ! Réalisant qu’elle ne s'était pas présenté, elle adressa un petit sourire à Arthur :

“Je suis désolée, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Hélia Zirhealia. Et toi ? Explique-moi comment un jeune garçon comme toi se retrouve seul sur la route ?”


Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeDim 24 Jan - 12:10

"Oui, je dois retrouver dame Lehoia." Lui répondis-je plus que timidement. Ma voix se brisa lorsque je prononçai le nom de celle qui m'avait recueilli et laisser ensuite partir courir le monde. Depuis combien de temps n'étais-je pas rentré ? Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu à la capitale pour la saluer, lui raconter mes aventures et lui demander les siennes, sentir son sourire et son regard emplis d'une tendresse si maternelle. Depuis trop, longtemps, c'était certains, et je redoutais de retourner à la capitale. Dame Lehoia était duchesse, duchesse de Nivéria, pourquoi resterait-elle en permanence à la capitale ? Et si elle n'y était plus pour être rentrée dans sa véritable demeure, alors où irais-je ?

Et puis, je lui demandai si elle était une lhurgoyf. Sa réponse ne se fit pas attendre et fut une simple affirmation avant de m'expliquer une part de sa vie. Sans doute, n'aurais-je jamais mis le doigt sur sa race si je n'avais guère croisé une autre lhurgoyf quelques mois plus tôt, une si gentille, si adorable que ces monstruosités aux yeux des gens se montraient aux miens telles n'importes quels individus. Aussi dangereux, pouvaient-ils être, je ne parvenais à me retirer de l'esprit que les Terrans étaient les pires tant j'avais vu d'horreur dans les jeux de la cours.

J'acquiesçai faiblement à ses paroles, à l'histoire qu'elle me comptait à cœur ouvert. Bercé par ses mots et leur sincérité, je commençai à somnoler. La nuit était plus que bien avancé, le rythme du cheval avait diminué me laissant ainsi plus en paix. Aussi, mes yeux commencèrent à se fermer sous des paupières alourdis par une fatigue certaine. Dans le réveil d'un sursaut, je n'entendis plus sa voix, la serrant instinctivement davantage contre moi, plus pour me rassurer de sa présence que d'éviter de tomber. L'hermine s'était calmée, sans doute lassé de ne plus me voir m'amuser avec elle. "Vous êtes gentilles..." Finis-je par souffler dans un murmure épuisé. La fatigue continuait à monter, mes yeux de se fermer, pourtant, je ne parvenais pas à m'endormir. Le sommeil réel me fuyait, car dès que mes yeux se fermaient plus de quelques instants, des images horribles me revenaient à l'esprit. Les hurlements bourdonnaient dans mes oreilles tel un écho lointain tandis que la vision de membres arrachés traversant l'air devant mes yeux se figeait dans les ténèbres des songes. J'espérai rentrer au plus vite, même en plein milieu de la nuit, venir frapper à la porte du manoir de la plus belle des sirènes et des dames de ce monde, retrouver le confort de ses bras et face à la terreur qui m'animait toujours, dormir auprès d'elle comme elle m'y invitait parfois.

Le paysage défilait aux files des minutes, une forêt laissa place à la lande parfois coupée par des bosquets, nous avancions paisiblement, sans doute à un rythme bien plus lent par ma faute. Si je n'avais guère était là, ou davantage confiant en la monture, peut-être, aurions nous chevaucher tel des cavaliers d'expériences et déjà nous passerions sous les grandes portes d'Hespéria, mais à la place, par ma faute, la dame se contentait d'avancer d'un pas léger. Et lorsque finalement elle m'annonça que nous allions nous arrêter, je déglutis sans m'en rendre compte avant de descendre grâce à sa précieuse aide. Et bien que ce qui nous servirait de campement de fortune était plutôt coquet, sans doute encore plus en pleine journée, il ne m'inspirait nullement le sommeil.

Dès que mes pieds touchèrent le sol, des vertiges me revinrent brutalement et je me tins à la monture l'espace de quelques instants, cachant autant que possible l'était nauséeux dans lequel j'étais. Ne voulant pas inquiéter outre mesure la dame qui m'aidait. Puis, quelques secondes, plus tard, je me sentais enfin regagner le contrôle de mes mouvements et décidai de faire bonne figure, sans pour autant laisser la demoiselle à la chevelure blanche s'éloigner de plus de deux pas de moi.

L'idée de manger me révulsa l'estomac, une bile acide remonta le long de ma gorge et laissa un goût ignoble dans ma bouche. Pourtant, j'essayai de ne rien en montrer, sans doute sans grand succès. Me sentais-je perdu ? En proie à une grande confusion et des doutes ? Peut-être, pour une fois, comme il m'arrivait de plus en plus souvent, je ne parvenais pas à mettre des mots sur ce que je ressentais, sur les émotions et les sentiments qui m'envahissaient. Aussi, à ce moment-là, me contentais-je de refuser d'un simple hochement horizontal de la tête, bien plus rapide que je n'aurais voulu. Où était passée ma langue ? Je n'avais plus l'impression de la sentir. Je sursautai en entendant un hibou siffler et me rapprocher aussitôt de la demoiselle et sa monture.

Je me sentis encore plus bête, plus perdu lorsqu'elle me demanda si j'avais d'autres vêtements. Ce qui n'était qu'à moitié le cas. Dans mon sac de voyage, j'en possédai, mais ce sac, je l'avais oublié au milieu du carnage. Il m'était complétement sorti de l'esprit et j'étais si décontenancé à ce moment qu'il y était encore. Cela me vint comme une décision naturelle de ne plus vouloir de ce sac et de son contenu, la violence de cette nuit me reviendrai à chaque fois que j'y repenserai. A nouveau, je secouai la tête pour signifier que je n'avais rien. Commençant à me déshabiller sans timidité lorsqu'elle déposa la couverture sur mes épaules.

Tel l'enfant que j'étais, je ne parvenais pas à agir de mon propre chef, me contentant d'accepter ce que l'on me disait de faire et m'y pliant sans rechigner. Trop perturbé pour réagir et lui refuser le lavage de mes vêtements souillés. Non, jamais je n'aurais dû la laisser faire, c'était une tâche qui m'incombait, nettoyer ce que j'avais salis. Pourtant, je retirais mes chausses, mon pantalon bouffant et bientôt le gilet de cuir. Me retrouvant nu comme un verre sous la couverture, sans pudeur, sans gêne d'être ainsi en pleins milieu de la nuit face à une inconnue.

Et tandis que la femme poursuivit ce qu'elle avait à accomplir durant cette nuit, détachant la selle, allumant un feu et commençant à nettoyer cette dernière, je la suivais en permanence. Telle une ombre ne pouvant la quitter, je restai derrière elle, silencieusement et prêt à sursauter au moindre bruit. Si je somnolais sur la selle, ici, au milieu de la clairière, je me montrai incapable de m'endormir. "A... Arthur madame, je... Je m'appelle Arthur Merk... Lui répondis-je enfin. Première parole depuis que nous avions quitté l'assise de Shiral.

Combien de fois avais-je répété ces mots ? Cette explication. Pourquoi un enfant parcourait les landes et les terres d'Ishtéria ? C'était sans doute la question que l'on m'avait le plus posé et, à chaque fois, j'y répondais empreint d'une grande fierté, d'une assurance à toute épreuve, car je la savais être mon seul but et, à en croire dame Lehoya, ma destinée. Pourtant, à cet instant précis, apeuré et emmitouflé dans une épaisse couette à cause de vêtements souillés, je ne me sentais nullement devenir un aventurier. Je pensai avoir parcouru un long chemin sur la route des héros et me retrouvai face à la vérité, je n'étais qu'un enfant. Rien de plus. Et toutes mes convictions s'effondrèrent sous le poids de cette réalité. Je m'effondrais sur le sol, mes genoux s'écorchant contre la terre et les cailloux tandis que les larmes jaillissaient à grands flots de manière incontrôlable. Je tombais en avant, prêt à m'écraser sur le sol en répondant dans cet océan de sanglot. "Je... Je... Je... Vou... Voulais de... Voulais devenir un... A... A... Aventu... Rier... Un... Un... Héros et ai... Aider les... les Autres... Mais... Mais je suis qu'un... qu'un enfant... Mi... Mi... Misérable... Je me recroquevillai sur le sol en position fœtale, n'attendant plus rien de cette nuit terrible qui avait fait davantage que me montrer l'horreur d'un massacre, elle m'avait ouvert les yeux.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeMar 26 Jan - 22:18

“Vous êtes gentilles” avait-il soufflé. Venait-il vraiment de dire ça ? La jeune femme était de plus en plus surprise par le comportement de son nouveau compagnon de voyage. Vous êtes gentilles… Vraiment ? On lui avait dit toute sorte de choses… Qu’elle était un monstre, qu’elle était une erreur, qu’elle était naïve de croire que les gens accepteraient quelqu’un de son genre. Le seul compliment qu’elle avait pu recevoir de toute son existence était des remarques vaseuses sur son physique. En soi, était-ce vraiment un compliment ? Hélia n’en avait pas beaucoup entendu dans son existence même si elle avait toujours fait preuve de douceur. Du moins… Quand elle n’avait pas de crocs.

Vous êtes gentilles… Elle souffla légèrement du nez comme par gêne de recevoir un tel compliment. Est-ce qu’il était naïf ? D’ordinaire, quand on voit un monstre, on s’en va en courant. On ne lui fait pas de câlin et encore moins de tel compliment… Où alors avait-il réellement un don pour reconnaître les bonnes personnes ? La demoiselle n’y croyait pas trop, mais c’était préférable de penser ça. “Dame Lehoia, tu dis ? Très bien.” Disait-elle comme pour faire semblant de n’avoir rien entendu. C’était peut-être plus simple ainsi.

***

Hélia était au coin du feu, nettoyant les vêtements du jeune garçon. Elle repensait à tout ce qui avait pu se passer ces derniers temps. Tout avait pris une drôle de tournure. La perte de Vaughan, la rencontre avec Abel, sa transformation qu’elle avait évitée depuis plusieurs mois et enfin la rencontre avec ce jeune garçon. Il ne disait pas grand chose, mais Hélia le voyait qu’il restait proche d’elle. C’était surprenant. Le jeune garçon faisait tout de même un minimum confiance au monstre.

Autrement, Alaïs était calme à présent. Certes, elle continuait à regarder l’enfant avec un vif intérêt, mais elle avait compris que ce n’était plus le moment de jouer. Elle restait donc sur l’épaule de sa maîtresse tout en frottant son museau contre la joue de cette dernière. La jeune femme se contenta de lui faire quelques petites caresses pour lui montrer un minimum d’attention. Mais son véritable souci était l’enfant.

Par moments, il était pris de frayeur au moindre bruit des alentours. À n’importe quel moment, Hélia se demandait s’il n’allait pas se jeter dans ses bras. La jeune femme demeurait silencieuse à son tour, ne sachant que dire. La rencontre n’était pas spécialement réussie, mais elle espérait qu’avec le temps tout finirait par être plus simple.

Après s’être présenté, il en fit de même. Il s’appelait Arthur. Arthur Merk et Hélia avait un fin sourire sur les lèvres. “Madame”. Elle ne se considérait pas vraiment comme une dame… Où peut-être devrait-elle prochainement changer cette idée d’elle-même ? Non, peut-être qu’auprès d'Abel elle se devait d’agir en Dame. Mais dans la nature, c’était une autre histoire.

“Tu peux m’appeler Hélia. Et tu peux également me tutoyer. Je n’ai pas de titre de noblesse. Je suis juste une voyageuse.”


“Et peut-être que je serais chevalière de l’Ordre d’Oris si j’y parviens un jour…” Soufflait-elle tout en continuant de laver les vêtements du petit. Peut-être n’entendait-il pas car, très vite, il se mit à pleurer et à s’allonger à même le sol. Entre deux sanglots, Swiezy parvenait à comprendre ce qu’il disait… Il avait des ambitions de grandeur. Un héros… Hélia sentait son cœur se briser à nouveau face à la scène et la tristesse faisait son grand retour.Certes, elle n'allait pas véritablement mieux depuis tout-à-l'heure, mais elle prenait sur elle. Maintenant, tout semblait encore plus compliqué qu'avant.

Elle se sentait coupable de son état. Qu’est-ce que Vaughan aurait fait à sa place en ce moment-même ? Ah… Vaughan. Tout ceci était de sa faute, songeait-elle. Mais d’un autre côté, que serait devenu Arthur si elle n’avait pas rencontré la route de ses brigands ? Cela devait être la destinée. Sa destinée… Doucement, elle se leva et se plaça en position indienne à côté du petit. Avec délicatesse, elle le fit se relever pour le prendre dans ses bras. Elle l'enlaça et commença à se basculer de gauche à droite, comme pour le bercer. En même temps, elle lui disait que tout allait bien se passer. Qu’elle était à présent là pour veiller sur lui.

“Tu sais, ajoutait-elle, ce n’est pas parce que tu as eu peur que cela fait de toi un misérable. Bien au contraire, les héros peuvent avoir peur. Il m’arrive d’avoir peur aussi et c’est ce qui peut en faire notre force. La peur t’oblige à agir avec prudence. Sans elle, on ne tiendrait pas bien longtemps. Je suis sûre que tu es un grand aventurier avec beaucoup de cœur.”

Elle continuait à l’enlacer, caressant son dos. Alaïs, se frottait même contre la joue d’Arthur, souhaitant participer à cette embrassade.

“Tu t’efforce d’être juste et bon. C’est déjà le début pour devenir un grand héros.”


Elle essayait d’être réconfortante… C’était probablement maladroit, mais on y sentait de la douceur dans sa voix et sa conviction.


Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeLun 1 Fév - 1:03

Docilement, sans énergie pour agir à son encontre, je me laissais prendre dans les bras de dame Hélia. Acceptant l'étreinte réconfortante de cette acte bienveillant, je me laissai agréablement porter dans le ballottement qu'elle m'offrait. Mes pleurs s'estompèrent bien vite pour ne plus laisser qu'un triste sanglot s'étouffant peu à peu. Et je me laissai porter par ses douces paroles, sa voix sonnait telle la mélodie de l'espoir et je l'écoutai attentivement, me forçant à interrompre mes sanglots pour ouïr tout ce qu'elle avait à dire.

Avait-elle raison ? Les héros pouvaient ils avoir peur ? Je n'en étais pas certains et ne me souvenez pas d'histoires dans lesquelles le vaillant aventurier avait peur des dangers à affronter. Non. Les héros agissaient et luttaient sans couardise. Ils bataillaient pour ce qu'ils croyaient juste sans peur ni reproche. C'est ainsi qu'était les aventuriers, et s'ils agissaient avec prudence, ce n'était pas par peur du danger, c'était pour s'assurer la victoire. Moi, j'avais eu peur, je m'étais laissé envahir par cette sensation primaire en croyant la mort venir.

Je ne me sentais pas plus aventurier que héros, quand bien même disait-elle mon cœur être bon et juste. Nous venions de nous rencontrer et elle ne savait pas toutes les vilaines choses que j'avais pu faire qui ne me rendaient pas si bon et juste que ça. Je m'en voulais toujours, dans le fond. Finalement, je ne sanglotais plus, ne reprenant pas confiance en moi pour autant et me contentai d'être seulement bercé dans ses bras. Au creux de sa chaleur rassurante où je me sentais en sécurité. Sa main glissait de bas en haut dans mon dos et cette sensation m'était agréable, je ne voulais pas que ce moment s'achève car, au-delà des bras de dame Hélia, la nature sauvage et nocturne attendait patiemment son heure pour m'effrayer de nouveau.

Ainsi blottis contre celle qui était encore une créature monstrueuse il y a quelques heures, je m'étais recroquevillé contre moi-même, passant mon bras autour de sa taille. Mon souffle était calme et lent et mes yeux fermés. Je m'imaginais être auprès de dame Lehoya, comme lorsqu'elle m'enlacer contre elle pour m'apporter réconfort et joie. Mais ce n'était pas la duchesse et je m'apercevais qu'elle n'était pas la seule à pouvoir me réconforter ainsi. Un pincement me piqua le cœur à cette pensée, comme si je la trahissais après l'avoir quitté depuis quelques mois maintenant. Une moue de malaise me déforma le visage que j'essayais de réprouver aussitôt, rebondissant après de longues minutes sur les propos de dame Hélia sur lesquelles je venais seulement de tiquer.

Était-elle une aventurière courageuse ? Puisqu'elle m'avait dit avoir parfois peur et que c'était normal. Un sourire pleins de curiosité s'égailla tandis que je rouvrais les yeux pour regarder le doux visage de la femme aux cheveux blancs. Puis, d'un ton enjoué, je la questionnai. "Tu... Tu es une aventurière dame Hélia ?"

Si elle l'était, un bombardement de question aurait alors lieu tant j'avais à en poser mais cela expliquerait sans doute pourquoi elle voyageait seule sur les routes, en compagnie d'une grande et puissante monture tout comme équipé d'armes à sa ceinture. Oui, elle devait surement en être une et, dans la suite de ma première question, je me redressai et quittai le creux de ses bras pour la questionner. "Tu as beaucoup voyagé dans Ishteria ? Et tu sais te battre avec une épée ? Moi j'aimerais bien savoir me battre aussi. . . Mais je ne peux pas vraiment." Dis-je tandis que mon regard se posait sur mon bras paralysé. Aussitôt, je reprenais néanmoins ma farandole de question. Tu as aidé beaucoup de gens ? Et sauvé des villages ?" Ainsi commençait le flot de question auquel elle allait devoir trouver réponse.

Naturellement, comme si je n'avais plus besoin d'être rassuré ou protégé malgré la nuit profonde autour de nous, je me détachais d'elle pour lui faire face, m'asseyant moi aussi en tailleur les yeux brillants de milles étoiles tant je rêvais déjà de ce qu'elle allait me dire, si elle acceptait de me répondre, ce que j'espérais sans doute plus que tout en cet instant précis. Dans cette bulle qui venait de se former autour de moi, autour de nous deux, une barrière au-delà de laquelle aucuns mots ne pouvaient nous blesser tant le sujet faisait bien plus que m'intéresser. Plusieurs fois m'étais-je retrouvé en présence d'aventurier, mais aucun ne dégageait une telle prestance que la Lhurgoyf qui me faisait face.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeSam 13 Fév - 13:29

Hélia n’avait pas rencontré beaucoup de héros dans sa vie… C’était surtout à travers les récits de Vaughan qu’elle s’en était faite une idée. Par contre, elle en avait vu des hommes qui se disaient être de vaillants aventuriers où de chevaliers servants… Elle en avait vu un grand nombre et la majorité d'entre eux étaient tous morts dans un acte de stupidité. Bien qu’étant une vaillante guerrière, elle avait toujours peur d’affronter le danger. Même si la Lhurgoyf y allait au devant, elle avait cette petite boule au ventre qui lui répétait inlassablement qu’elle se devait d’être prudente. Étonnamment, c’est en écoutant sa peur et ses méfiances qu’elle était parvenu à rester en vie jusque là. C’était donc sa conclusion logique qu’être “sans peur et sans reproche” ne serait tout simplement pas possible.

La couardise était un défaut. La lâcheté aussi. Mais la véritable peur était un sentiment logique qui parfois pouvait pousser les gens à avoir des réflexes de survie hors du commun.

Le véritable héros pour elle, c’était Vaughan. A ses yeux, il était un homme bon et honnête qui s'était efforcé de l’éduquer alors qu’il n’en avait pas l’obligation. Être un héros n’était pas juste le rôle de combattre le mal. Non… Pour Hélia, un héros était un homme vertueux qui s’attelait aux moindres tâches de la vie dans la seule idée de faire le bien autour de soi.

Tenant Arthur entre ses bras, elle essayait tant bien que mal de réparer ses torts et de faire le bien. Le consoler était sa quête première. Ensuite, ce serait de le ramener en sécurité chez Dame Lehoia. A partir de ce moment-là, cette première quête serait achevée et elle pourrait reprendre ses recherches sur Vaughan. A moins qu’elle ne reste à la capitale ? Hum… Elle ne savait pas vraiment. D’un côté, elle avait envie de retrouver Abel ainsi que de chercher cette fameuse demeure que son mentor lui avait caché. D’un autre, Vaughan n'était peut-être pas loin… Peut-être qu’il était dans les parages, dans un sale état et qu’il attendait qu’on lui vienne en aide. La décision pouvait être difficile à prendre mais elle savait que le vieil homme préférait qu’elle aide cet enfant plutôt que le vieillard plein de ressources.

Elle était songeuse tout en cherchant à le consoler. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment. Mais le voilà qui changeait subitement de comportement. Il n’était plus le petit garçon apeuré mais un Arthur aux yeux pétillant qui commençait des questions sur sa condition. Etait-elle une aventurière ? Bien sûr ! Et elle hocha de la tête avec un petit sourire amusé face à ce rebondissement de situation. Aussitôt, l’enfant quitta le creux de ses bras et s’animait comme si tout ce qui s’était passé auparavant n’était plus. Il semblait doucement reprendre vie et un flot de questions envahissait subitement Hélia qui éclata d’un petit rire. Elle était rassurée de le voir ainsi plutôt qu’en pleurs.

Même Alaïs, qui était jusqu’à présent très calme, recommençait à siffler et sautiller autour d’Arthur. Elle roulait dans la terre, grimpait parfois sur Hélia pour ensuite sauter de son épaule. L’ambiance qui était, quelques secondes auparavant, des plus tristes était à présent joyeuse et même Hélia sentait son coeur s’alléger face à l’engouement du jeune homme.

Tellement de questions… Au point qu’Hélia fit signe de ralentir la cadence: “Oulah ! Doucement Arthur, je vais répondre à toutes tes questions si tu le souhaites mais laisse moi le temps de répondre entre temps.”
Elle lui fit un sourire tendre et commença à frotter ses mains devant le feu comme pour se réchauffer.

“Par où commencer ? Comme tu dois le savoir, ma race me permet de vivre assez longtemps. Du coup, j’ai eu largement le temps de voyager en Isthéria. J’ai vu des endroits tellement beaux que je ne souhaite qu’une chose: y retourner pour encore mieux apprécier le tableau qui se peint sous mes yeux. Est-ce que j’ai sauvé des villages ? Pas vraiment. Mais j’ai aidé beaucoup de personnes dans le besoin, j’ai sauvé des vies et combattu quand cela était nécessaire.”

Très vite, elle commençait à raconter une de ses aventures avec Vaughan. Comme la fois où elle avait dû combattre une organisation criminelle où encore des contrats qu’elle avait mené à Hespéria alors qu’elle vivait chez Abel. Elle racontait même les paysages qu’elle avait pu voir alors qu’Ellusie était encore auprès d’elle.

Ellusie… Qu’était-elle devenue ? Cela fit un léger pincement au coeur pour Hélia. La femme avait eu une place importante dans sa vie. Et puis, elles furent obligées de se séparer… Est-ce qu’elle était toujours une prêtresse de Cimméria ? Était-elle toujours en vie d’ailleurs ? Après tout, le chasseur de monstre était déjà dans les parages à ce moment-là. Non… Swiezy était persuadée que sa chère et tendre Ellusie était encore en vie. Elle n’avait pas l’assurance de son nouveau compagnon, mais elle en avait de la ressource !

A travers ses histoires, elle espérait répondre à toutes les questions du jeune garçon qui était assis en tailleur face à elle. Alaïs se collait même à la joue du petit comme pour réclamer des caresses pendant l’histoire.

Le monde extérieur ne faisait plus du tout peur. Au contraire, c’est comme si les récits de la douce Swiezy avaient chassé les pensées négatives. Ensuite, elle se leva pour récupérer son épée et sa lance pour les poser devant Arthur. Elle caressa l’épée avec un doux sourire et fit:

“C’est le dernier cadeau que j’ai pu avoir. Un cadeau de mon ami Vaughan. Elle m’est très précieuse.”

“Moi j'aimerais bien savoir me battre aussi. . . Mais je ne peux pas vraiment."

Hélia regardait à son tour le bras paralysé de son jeune ami et fronça doucement des sourcils. Il en avait de la volonté, elle le voyait bien. Elle avait une idée à lui soumettre. Ca lui brûlait la langue mais d’un autre côté, elle en avait peur. Elle ne voulait absolument pas le mettre en danger. S’il lui arrivait malheur, elle s’en voudrait et deviendrait inconsolable. Elle réfléchissait à cette hypothèse. Devait-elle ? Ca ne coûtait rien de demander.

“Je suis sûre qu’il existe un moyen pour toi d’apprendre à te battre. Il suffit juste de persévérance. Comme tu vois, ma première arme fut cette lance et autant te dire que je me prenais parfois les pieds dedans au début. Mais à force de m’entraîner et d’avoir un bon maître, je suis parvenue à la maîtriser.”


Elle soupira. Allait-elle le faire ? Oui, elle était bien partie pour lui proposer.

“Ecoute, je souhaite refonder l’Ordre d’Oris. Ce ne sera pas simple, mais j’ai entendu que je n’étais pas la seule qui souhaite voir ce projet se réaliser. Si le coeur t’en dit… Je… Je te propose d’être mon apprenti. Je t’apprendrais à te défendre et à te battre si besoin. Je te propose aussi, par la même occasion, de te lancer dans cette folle aventure qui est de rejoindre l’Ordre d’Oris.”

Hélia était consciente de l’implication qu’elle venait de prendre. Elle était également consciente que ce dernier pourrait être pris au dépourvu et paniquer. Aussi, elle posa doucement sa main sur l’épaule d’Arthur et lui adressa un fin sourire:

“Tu n’est pas obligé de répondre tout de suite. Je peux aussi comprendre que tu souhaites peut-être en parler à Dame Lehoia. Tu as le temps de répondre. De plus, je compte rester à Hespéria quelques jours. Tu n’auras qu’à te rendre Au plaisir des Jeux et demander Hélia Zirhealia. A ce moment-là, on te guidera à moi.”


Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeDim 21 Fév - 11:33

Je redoublais d'effort pour tempérer ma soif d'aventure dantesque auprès de dame Hélia qui, j'en étais persuadé, devait en avoir des tas à me raconter. Quelle péripétie un être pouvant vivre plusieurs siècles avait-il bien pu parcourir ? Il s'agissait du second Lhurgoyf que je rencontrais et, à mon grand damne, le premier était encore une jeune demoiselle pas bien plus vieille que moi, aussi ne connaissait-elle pas grand chose à Ishtéria et aux épopées qui pouvaient s'y dérouler. Néanmoins, pour la courageuse demoiselle qui se tenait face à moi en ce moment même, cela devait en être autrement. Et si les histoires n'étaient pas les siennes, peut-être seront-elles de son mentor, d'amis ou de je ne savais qui. Une chose était sûr, j'étais suspendu au crochet de ses lèvres.

Aussi, lorsqu'elle même m'indiqua de me calmer, mes mains se jetèrent sur ma bouche pour la cacher et, ainsi, m'empêcher de parler davantage, essayant de me concentrer autant que faire ce peux sur ce qu'elle avait à dire avant de poser d'autres questions.

Dès ses premiers mots, je fis conquis par son récits. Mes yeux brillèrent d'autant plus fort que mon rêve d'être aventurier s'embrasait. Et même si elle n'avait point sauvé de villages directement, un murmure me soufflait à l'oreille qu'elle devait pourtant l'avoir déjà fait, sans doute sans s'en rendre compte. Puis j'imaginais sans mal les endroits aussi beaux qu'elle avait pu découvrir, ayant déjà parcouru quelques terres idylliques aux paysages sublimes, je ne pouvais que l'envier tout en fantasmant ces lieux plus beau encore que ceux que j'avais pu voir. Imaginer une fois de plus ces terres enneigées à pertes de vue du grand nord Cimmérien, les banquises de glace indestructibles s'étalant jusqu'à l'horizon, les montagnes jaunies des déserts  où le sable volait au grès du vent. Tant de lieux merveilleux que je rêvais un jour de voir de mes propres yeux.

Puis, dame Hélia me conta une histoire de son passé, en compagnie d'un monsieur Vaughan que je comprenais être quelqu'un de cher à ses yeux, aussi cher que dame Lehoia l'était aux miens. Durant son histoire, je me levai sans m'en apercevoir, incapable de tenir sur place tandis qu'elle me racontait ses combats épiques à une contre dix, contre des malandrins en voulant à son intégrité physique. Ensemble, côte à côte, ils parvinrent à les vaincre avec son maître d'arme, détruisant une organisation criminelle tel deux preux héros de légende et dont je n'avais pourtant jamais entendu parler. Devant se faufiler dans des ruelles malfamés sans se faire apercevoir, coupant au fil de sa lame les vilains sans ménagements, laissant un frisson me parcourir l'échine dorsale face à ses propos.

Un bâillement manqua de se manifester, mais je le réprimais aussitôt dans un grand geste théâtrale où je lui cachais mon visage. La fatigue m'était toujours présente, plus que de mesure je ressentais le besoin de dormir, pourtant, je n'en avais pas envie. Bien au contraire. Cette nuit je ne voulais qu'une chose, continuait à l'écouter, m'imaginant à ses côtés durant ses péripéties et, si l'audace venait toquer à la porte de mon esprit, fantasmer vivre moi-même ce genre d'aventure. Luttait contre la fatigue n'avait rien de difficile tant une énergie éphémère me soutenait et dès lors qu'elle serait partit, sans doute lorsque cette conversation aura cessé, je savais que je m'effondrerais de sommeil aussitôt, dormant à point fermé apaisé par de doux rêves d'héroïsme.

Je me calmai quand dame Hélia se redressa pour me montrer son épée et sa lance, les observant avec une fervente admiration. Rêvant un jour de posséder cet attirail de défenseur de la justice que je serais bien incapable de manier. L'ombre de la tristesse et de la frustration me survola tandis que je fis un pas en retrait, empli d'un sentiment d'injustice face à ma situation physique, m'empêchant de devenir ce que je voulais tant être. Rude leçon que la vie m'avait donné pour lutter contre mon impétuosité.

Je restai tétanisé de surprise à ses dernières paroles, lorsqu'elle me parla de refonder l'ordres d'oris et, surtout, de m'apprendre à manier les armes. Mon corps manqua de chanceler, un vertige me prit tant d'idée tourbillonner dans mon esprit et je fis un nouveau pas en retrait, peu assuré et à deux doigts de trébucher, rattraper par une main venant se poser sur mon épaule, m'aidant ainsi à retrouver un équilibre précaire. Pourtant, mon regard ne parvenait à quitter le sol devant nous, je ne regardai rien de précis, simplement les yeux perdu dans le vague, tout comme mon esprit l'était sous une horde d'idées opposées, luttant dans une guerre invisible sur la décision à prendre, sur la route que ma vie allait suivre. Repensant à toutes les sages paroles que l'on m'avait dites. A ces mots que monsieur Simon me disait souvent "A cœur vaillant, rien n'est impossible." Et si souvent ces mots avaient sonné comme une manière simple de me réconforter, ils prenaient aujourd'hui un nouveau sens. Oui, c'était possible. Dans un coup d'épée étincelant, l'optimisme et la soif d'aventure qui m'animait depuis toujours trancha les doutes et les peurs qui s'emparaient si souvent de moi, brisant la barrière qui m'empêchait d'accepter cette proposition, qui me laissait penaud au milieu de cette sombre nuit.

Finalement, mon corps reprenait substance et je me redressai de toute ma minime stature, l'iris brun de mes yeux quitta la terre froide pour se jeter dans ceux de dame Hélia que je savais maintenant être dame Zirhealia, attirant et accrochant son regard d'un plaisir immense, d'une joie incommensurable et d'une envire clairement palpable, une lueur intense émanait de mon être tandis que je me jetais contre elle, enlaçant ses cuisses de mon bras tandis que mon visage se serrait contre son torse. Et si l'espace d'un instant je doutais que tout ceci ne soit qu'une mauvaise blague qu'elle me fisse, cette idée saugrenue s'effaça bien vite tant je l'imaginais mal agir ainsi, tendre l'espoir à un enfant pour lui arracher aussitôt n'était pas le genre de cette si gentille demoiselle.  "Oui ! OUIII ! Plus que tout, s'il vous plaît dame Zirhealia, apprenez moi à devenir aussi forte et courageuse que vous." Ma voix tremblait sous tant d'émotion positive, sous le bonheur et l'espoir, sous l'envie de rester à ses côtés pour qu'elle devienne mon maître, sous ce rêve d'héroïsme venant de devenir plus concret que jamais.

L'Ordre d'Oris était bien sûr une grande étape à franchir, un nouveau cap à atteindre dans la longue quête que je m'étais fixé. J'en avais longuement entendu parler, de nombreux récits en parlait et l'envie de refonder cette ordre était plus que réelle en moi, même si je m'en sentais bien incapable, tout au plus serais-je un poids pour elle. Sauf si j'apprenais à manier une arme, à devenir un véritable aventurier comme dame Zirhealia.

Je me détachais d'elle après quelques secondes, la regardant tandis que des larmes de joies coulaient le long de mes joues, creusant de petit sillons rougissant mes yeux et je ne savais que dire de plus si ce n'est que, du fond de mon cœur, je la remerciai.

Ma bouche s'ouvrit et je balbutiai quelques paroles incompréhensible tant je voulais parler vite, avant de me reprendre, essayant de trouver une attitude plus exemplaire que celle enfantine que j'arborais. Bombant ainsi le torse dans une posture aussi droite que j'avais vu les gardes d'Hesperia prendre maintes fois, apportant ma main fermés en un point solide sur mon torse. D'un raclement rapide, je m'éclaircis la gorge et prononçai aussi solennellement que possible, évitant ainsi d'avoir une voix cassante. "Je jure de faire tout ce qu'il faut pour devenir un apprenti dont vous serez fière dame Zirhealia." Concluant ces paroles sincères, je m'inclinait devant elle avec ferveur, attendant un mot de sa part pour me redresser.

Si la nuit avait commencé avec une terreur tangible, l'appel de la mort s'apprêtant à venir me chercher, elle se terminait finalement dans la lumière salvatrice d'un ange venu me chercher.
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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeSam 3 Avr - 11:53

Hélia s'était bien retenue de rire face à Arthur qui se plaqua lui-même ses mains sur sa bouche afin de se taire. Le petit était vivace et il dégageait chez lui, à présent, une joie transmissible.

Aussi avait-elle pris soin de raconter avec beaucoup de détails. Aucun doute, le jeune aventurier était parfaitement intéressé en vu de ses grands yeux remplis d'étoiles. Il n’était plus le petit garçon effrayé. C’était presque un soulagement pour Hélia. Néanmoins, une pointe d’inquiétude subsistait… Faisait-il toujours confiance aussi rapidement ? C’est vrai que c’était mieux ainsi concernant la Lhurgoyf. Mais si le jeune garçon venait à tomber entre de mauvaises mains ? Comme les brigands de tout à l’heure ? Aucun doute qu’il faudrait peut-être lui apprendre à être un peu plus méfiant d’autrui…

Tout en parlant, elle voyait bien qu’il était passionné par tout ceci et qu’il luttait contre la fatigue qui s’installait tout doucement. Était-ce d’ailleurs la fatigue où bien la surprise de devenir son apprenti qui le fit chanceler ? La jeune femme ne savait pas très bien mais elle cherchait à rester réconfortante dans ses paroles. Et puis, s’il refusait ce serait à juste titre. Des apprentis, ça ne court pas les rues et il était certain qu’Arthur serait le dernier choix d’un bon nombre de maîtres d'armes. Mais Hélia sentait la noblesse dans son cœur et c’était bien plus important que le reste. Son handicap, il pourrait en faire une force avec le temps. Elle n’avait pas le moindre doute à ce sujet.

Hélia n’attendait pas de réponse. Du moins pas tout de suite mais finalement…


"Oui ! OUIII ! Plus que tout, s'il vous plaît dame Zirhealia, apprenez moi à devenir aussi forte et courageuse que vous."

Dans son regard on pouvait y lire de la joie et cela remplissait un peu plus le coeur de la jeune femme. Finalement, le cauchemar était bel et bien loin derrière eux.

La Lhurgoyf était donc devenue responsable de ce jeune garçon par cette simple proposition. Certes, elle ne voulait nullement remplacer cette dame Lehoia qui semblait si chère aux yeux d’Arthur. Mais il valait mieux en prendre également la responsabilité. Parce que sinon, elle ne se le pardonnerait jamais et elle risquait de s’attirer les foudres de la bienfaitrice…  

Arthur l'enlaça et elle sentait légèrement qu’il tremblait sous l’excitation. C’était amusant à sentir, jamais Hélia n’avait vu pareil enthousiasme. Et puis, il se détacha d’elle, présentant des larmes qui coulaient le long de sa petite joue. La jeune femme écarquilla les yeux et en sécha une à l’aide de son pouce:

“Eh bien. Si j’avais su que ça te rendrait si heureux que ça, je te l’aurais proposé bien plus tôt dans la soirée.”

La jeune femme aux cheveux cendrés ne savait pas réellement comment s’y prendre… Même si elle avait grandi avec un “semblant” de famille auprès de Vaughan, les Lhurgoyfs étaient plutôt réputés pour ne pas s’embêter de tout ceci.

Justement, elle ne voulait pas être un monstre comme les autres. Elle serait un monstre qui effrayerait les autres monstres. Un monstre qui n’aurait pas soif de sang mais de justice. Un monstre qui aime… Mais la première étape serait de le dompter… C’était une autre histoire. Mais si elle se sentait capable d’offrir de l’amour à un Sylphide, elle pourrait en offrir à un enfant. Pas trop tout de même ! Il est d’abord là pour apprendre à se battre ! Et à devenir un futur chevalier.

Au même moment, le jeune garçon se retira et vint à prendre un air plus solennel:

"Je jure de faire tout ce qu'il faut pour devenir un apprenti dont vous serez fière dame Zirhealia."

Juste après, il s’inclina face à elle et resta ainsi. Attendant une réponse. Hélia fit un simple sourire et fit mine d’un geste de la main qui l’invitait à se relever:

“Je ne doute pas de ta parole. Pour commencer, je te propose de me tutoyer quand nous sommes entre nous. Les formalités, c’est pour le public. Après, comme convenu je vais tout de même te ramener en ville. Il te faudra reprendre des forces là-bas.”

Elle se posa de nouveau au sol et posa ses prunelles émeraudes dans ceux du jeune apprentis:

“Et ta première mission pour ce soir, c’est de dormir. Nous avons encore de la route à faire et la nuit à déjà bien avancé. Il nous faut être en forme.”


Et sur ces belles paroles, elle veilla à ce que le jeune garçon s’endorme sans la moindre inquiétude.
***

Un jour et demi était passé. Hélia et Arthur avaient fait route ensemble et cela était devenu plus long dans la mesure où la jeune Lhurgoyf veillait à ce que Shiral reste au pas. Ne serait-ce que pour Arthur qui ne pouvait se tenir que d’un bras.

Malgré cela, Hélia lui avait déjà appris quelques règles d’équitation. Déjà bien serrer les jambes autour du cheval, c’était ainsi qu’on tenait plus facilement en selle. Les mains ne servaient qu’à guider la bête.


“Tu ne te débrouilles pas si mal que ça.” fit Hélia avec un air amusé.

Peut-être devrait-elle se renseigner pour lui trouver un grand poney ? Ce serait moins difficile pour le jeune garçon de monter à cheval. Et au moins, Shiral ne se fatiguerait pas aussi vite à les porter tous les deux… Oui, il faudrait y réfléchir s’ils devaient voyager ensemble. Et peut-être lui trouver une arme convenable aussi ? Hum… Chaque chose en son temps.

Au même moment, la jeune femme pointa quelque chose du doigt au loin:

“Voilà la capitale. Nous y serons en fin de journée si tout se passe bien.”

C’était presque triste. Hélia aimait bien la compagnie d’Arthur. Et même si ce dernier acceptait d’être son apprentis, il avait certainement des choses à faire. Et elle aussi… Surtout cet étrange parchemin qu’elle avait trouvé sur un de ces bandits d’il y a quelques jours...



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MessageSujet: Re: Les Gentilshommes et la mercenaire   Les Gentilshommes et la mercenaire Icon_minitimeDim 19 Déc - 19:46

Légèrement penché vers l'avant, le haut de mon corps restait aussi statique que mes jambes. Voilà que j'étais immobile, véritable statue pourtant bel et bien humaine qui essayait, tant bien que mal, de copier la justesse les plus fidèles et honorables gardes de la capitale. Ceux-là même qui patrouillaient dans les rues prestigieuses, croisant parfois notre route, à dame Lehoia et moi-même, la reconnaissant et s'inclinant ainsi face à une dame aussi magnifique qu'importante. Mais pour l'heure, je ne devais être qu'une pâle copie et ma prestance n'était clairement pas à leur égal. Mes yeux clos ne m'aidaient d'ailleurs en aucun cas à savoir si ma posture était correct ou non. Pour autant, j'attendais ainsi patiemment la prochaine directive de dame Zirhealia.

Directive qui ne tarda d'ailleurs pas à arriver, bien que ce ne fusse pas ce à quoi je pouvais m'attendre. Je restais les yeux clos encore un instant après qu'elle m'indiquait avoir foi en ma parole, finissant par me redresser et la regarder à nouveau lorsqu'elle me demandait de la tutoyer. Diantre, je n'étais pas sûr d'y parvenir immédiatement, connaissant d'autant plus l'enjeux qu'elle aurait pour le reste de ma vie. Pourtant, je ne me voyais pas aller à l'encontre de cette proposition. Aurais-je risqué ma vie si elle me le demandait ? La réponse était évidente ! Alors simplement la tutoyer serait une tâche dans mes cordes, d'autant plus que je parvenais à tutoyer, parfois, dame Lehoia alors que je connaissais son rang d'importance dans la société.

J'acquiesçai d'un simple hochement de tête, sans doute trop rapide et maladroit pour un futur chevalier, quand elle indiqua en premier lieu que nous devrions retourner à la capitale. Je devrais y reprendre des forces d'après ma nouvelle maîtresse d'arme. Hormis la fatigue, je ne me sentais pas particulièrement mal. Mon ventre ne grognait plus, ma gorge n'était guère sèche et mes membres n'étaient pas plus douloureux non plus. Simplement le manque d'énergie qui se jouait de moi, contrebalancer par une énergie sortie de nul part à ce moment si intense à mes yeux. Une énergie éphémère qui disparaîtrait bien plus rapidement que je ne le pensais à ce moment là.

Nos regards se soutinrent l'un l'autre tandis qu'elle posait de nouveau un genou au sol pour être à ma hauteur. Tant bien que mal, j'essayais de la regarder dans les yeux mais je ressentais une gêne intense. Celle de ne savoir comment remercier ma bienfaitrice, que faire pour la rendre fière de moi si ce n'est donner le meilleur de moi-même. Pour l'heure, je restais sans réel voix, ce n'était pas la première fois de la soirée, mais jamais elle ne fut si intense. Les mots me manquaient et je mon esprit ne parvenait plus à trouver la moindre phrase. De nombreux morceaux faisaient leurs apparitions, mais aucuns ne me convenait suffisamment. Aucun n'était à la hauteur des oreilles de dame Zirhealia. Nul ne parvenait à réellement exprimé mes sentiments. Toute la gratitude et le plaisir que j'éprouvais à son égard.

Cela ne dura qu'un bref instant, à peine une seconde avant qu'elle ne reprenne la parole mais cet instant semblait durer une éternité tant le désarroi était maître de moi, je rougis honteusement mais parvins à fixer son regard lorsqu'elle reprit la parole, tel l'ange qu'elle était, m'aidant à m'extirper des brumes les plus intenses rien que grâce à sa voix. "D'accord" Répondis-je simplement, si légèrement que je n'étais même pas sûr de l'avoir réellement prononcé. Je suivis ma parole d'un nouveau hochement de tête. Un mouvement qui manquait cruellement de force, de conviction. Ca y était, la fatigue était trop grande, mes paupières étaient devenu aussi lourde que mes jambes, elles-mêmes aussi lourde que des canassons.

A peine mes fesses effleurèrent le sol que mon petit corps chancelait en arrière. Avec une impatience palpable, tout mon être ne désirait qu'une chose : pouvoir enfin se reposer. Terminer la nuit l'esprit emplit de récits héroïques et de l'espoir d'un avenir radieux au côté de dame Zirhealia. Mollement, je murmurais un dernier "Merci" puis morphée vint m'agripper de ses mains spectrales et m'attirer dans son royaume de songe.


***

Notre retour se déroulait sans accroc. C'était sans nul doute l'un des voyages les plus agréables que j'avais pu faire. Monté derrière dame Zirhealia sur son fier destrier. M'accrochant à elle à la moindre secousse, au moindre changement de terrain et à chacune des mes pertes d'équilibres. Je me trouvais être un piètre cavalier, même après plus d'un jour à en être un apprenti. Pourtant, ma nouvelle maîtresse d'arme me complimentait sur mes progrès, moi qui était déjà tombé deux fois, à chaque fois rattrapé de justesse par les réflexes impressionnants de dame Zirhealia. Me retenant par le bras en un éclair et me remontant avec une aisance déconfortant. Je me savais ne pas être lourd, mais sa force n'avait de cesse de m'impressionner et voilà que je rêvais qu'un jour, nous partagerions cette même puissance.

Je la remerciais chaleureusement, comme à chacun de ses compliments. Ils faisaient davantage que me réchauffaient le cœur, ils nourrissaient mes rêves et ma confiance en mes capacités.

Tout du long, je ne cessais d'être avare en péripétie qu'elle pouvait me conter. Buvant chacune de ses paroles avec une soif insatiable et l'écoutant avec tant d'intérêt que mêmes des heures de voyages après, je me souvenais encore parfaitement des détails les plus simples qu'elle avait pu me confier.

Parfois, lorsque dame Zirhealia était las de parler ou qu'elle me le demandait, je me mettais à conter mes propres aventures. Lui expliquant sans gêne ni détour les moindres parcelles de ma trépidante vie, sauf les détails les plus douloureux, ceux qui le resterait sans doute toujours. Ceux que même dame Lehoia avait eut du mal à me soutenir, tel la mort de monsieur Simon par ma faute. Cette pensée me rendait toujours aussi morose. De longues pauses coupaient mon récit dès lors que j'y repensais, mais je restais muet à ce propos.

La muraille d'Hesperia se profila à l'horizon. Encore une demi-journée à chevaucher avant d'y arriver m'indiqua dame Zirhealia. Mes fesses commençaient sérieusement à se plaindre, tout comme mes cuisses d'ailleurs que je serais aussi fort autant que possible, comme elle me l'avait enseigné. C'était un grand soulagement pour moi d'enfin pouvoir descendre, ce qui me chagrinait un peu tant j'appréciais ce brave Shiral qui n'avait aucunement râler d'avoir à transporter une personne de plus. "J'ai hâte d'y être !" M'écriais-je à ces propos. "Je vais avoir tout pleins de chose à raconter à dame Lehoia."

Et même si j'étais dans son dos, je ressentis une pointe de tristesse dans la posture que dame Zirhealia prise dans les instants qui suivirent. La dérangeais-je à parler de dame Lehoia ? Ôh, j'espérais que non. Était-ce le fait de ne pas rester avec elle pour débuter aussitôt l'entraiment ? Peut-être, et maintenant que j'y pensais, cela me désolait également. Mon cœur se tirailla entre l'envie d'apprendre au plus vite et ainsi pouvoir rendre ma maitresse d'arme, ainsi que dame Lehoia, fière de moi et l'envie de retourner voir ma tutrice. Finalement, pris dans une impasse tant le choix était cornélien, je ne trouvais qu'une seule solution pour aujourd'hui et proposait timidement. "Tu voudrais bien me raccompagner jusque chez dame Lehoia ? Le soir les rues me font un peu peur et je suis certains qu'elle serait ravie de te rencontrer. Dis, tu veux bien ?"
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