Il suffit d'un hasard pour créer un destin [RP Terminé]

~le 2 du mois Ginik, en l'an 1306

Cela faisait plusieurs mois… Plusieurs mois qu’Hélia avait fini par se retrouver seule. Aucune trace de Vaughan… Pourtant, sous sa forme monstrueuse, elle avait soulevé chaque grosse pierre en ayant la crainte de tomber sur le corps de son mentor. Elle n’avait rien trouvé. Alors, elle avait l’espoir que l’homme était encore en vie. Toutefois, une inquiétude persistait : s’il avait été grièvement blessé, était-il entre de bonnes mains ?

Parfois, la Lhurgoyf pensait que Vaughan avait tout manigancé pour s’éloigner d’elle. Mais aussitôt, elle trouva cela ridicule et en contradiction avec la mentalité du vieil homme. Jamais il n’aurait manigancé un plan pareil. Surtout que ça l’avait blessé. Cela faisait des mois que la jeune femme se demandait qui avait été cet étranger… Pourquoi avait-il autant de haine au point de s’en prendre à eux ?

Plusieurs mois qu’elle se disait qu’elle se devait de le retrouver en oubliant sa volonté de refonder l’Ordre d’Oris. Aujourd’hui, elle s'était remise de ses blessures et avait beaucoup voyagé, proposant des services comme mercenaire à droite et à gauche. Parfois, on cherchait à l’arnaquer sur le salaire. À d’autres moments, elle fuyait des petits villages qui avaient peur de sa véritable nature. Elle cherchait pourtant sans cesse à donner le meilleur d’elle-même. Vaincre cette idée que sa race était naturellement mauvaise.

Aujourd’hui, elle avait rejoint la capitale d’Eridania: Hesperia. La ville était somptueuse et Hélia s'émerveillait de chaque petit détail qu’elle remarquait dans un coin de rue. Aussi, sa balade la mena sur la grand-place de la capitale.

Ici il y avait tellement à voir, tellement à sentir. Tellement de choses qui faisaient vibrer le petit cœur de la Lhurgoyf... Sur son épaule reposait la petite hermine blanche qui répondait au nom d’Alaïs. Il ne manquait que sa monture, Shiral, qu’elle avait soigneusement confié à un petit palefrenier de la ville. Aucun doute qu’il serait chouchouté. La jeune femme avait pris soin de laisser son armure ainsi que ses armes avec Shiral. À la place, elle portait une longue robe blanche. Le froid n’atteignait pas Hélia, était-ce à cause de sa nature de Lhurgoyf ? Elle n’en savait rien et elle ne s'était jamais vraiment posé la question.

Mine de rien, elle avait des allures de jeune femme pure. Si on oubliait la cicatrice qui se trouvait juste sous sa joue gauche. Ses cheveux cendrés étaient toujours rassemblés en un chignon négligé. Son charme provoquait quelques regards. Quelques mains déplacées aussi… Mais les propriétaires de ces dites mains s'étaient très vite retrouvés au sol après s’être pris un poing de la demoiselle. Eh oui, elle avait l’air douce, mais elle n’en restait pas moins redoutable.

Alors qu’elle vagabondait sur la grand-place d’Hesperia, elle tomba sur un marchand itinérant. Il avait tellement de bouquins… Aussi, Hélia vint à penser avec tristesse à Vaughan. Le mentor était un fin bretteur, mais il avait également souvent la tête plongée dans ses livres… La connaissance était sacrée pour lui et il s'était acharné à offrir une éducation à Hélia.

Il avait voulu faire d’elle une femme bien éduquée et non le monstre que sa défunte mère lui prédisait. Elle soupira et vint à sortir sa bourse avant de la tendre aux marchands :

“Bonjour, je recherche quelques livres…”

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En même pas une heure, elle avait dépensé l’argent qu’elle avait durement gagné. Là-dessus, Vaughan n’avait pas vraiment veillé à travailler cela avec elle. Peut-être que ça lui revenait de la logique ? Hélia n’aura pas la réponse. De toute manière, elle se retrouva avec une montagne de livres sur les bras, si bien que sa vision en était presque limitée pour ne pas dire quasiment inexistante. Aussi, elle avançait tant bien que mal en regardant de temps en temps sur le côté pour ne pas foncer sur quelqu’un. Elle marmonna :

“Première leçon de la vie : ne jamais écouter tout ce qu’un vendeur te dit…”

Il faut dire qu’elle avait longtemps vécu dans la nature pour combattre sa nature bestiale… Aussi, elle n’avait pas l’habitude des manigances qui pouvaient être au cœur de la vie citadine. Elle avançait tant bien que mal, mais arriva ce qui devait arriver…

Elle n’a pas eu le temps de très bien voir qui, mais quelqu’un la bouscula. Aussitôt, elle vint à perdre l’équilibre et elle tomba à la renverse, pour ne pas dire sur ses fesses. Tous ces livres étaient à présent par terre et Hélia se retrouva surprise. Au même moment, la personne qui l’avait bousculé lui marmonna :

“Regarde où tu vas, le monstre.”

Aussitôt, la jeune femme chercha du regard qui avait osé dire ça, mais la personne semblait avoir déjà disparu de son champ de vision. Connaissait-il sa nature ? Quand bien même, il n’avait pas le droit de la juger ainsi. Son sang vint à bouillonner et le monstre qui se terrait en elle vint à grogner… Elle s’agenouilla et tenta de se calmer pour empêcher la bête de sortir.

Une fois le calme venu dans son esprit, elle soupira. Ce n’était pas toujours simple de retenir sa nature, mais elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour honorer les paroles de son mentor. Il n’empêche qu’elle n’eût qu’une hâte : le retrouver. Aussi, toujours à genoux sur le sol, elle commença à ramasser ses livres.

Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.

Il suffit d'un hasard pour créer un destin

Le 2 du mois Ginik 1306

La saison morte était bien entamée et les températures s'étaient rafraîchies depuis quelques jours. Un fiacre s'arrêtait aux abords de la place et un homme en descendait. Il donnait des ordres au cocher lui glissant quelques pièces. Ce dernier hochait la tête et attendait là.

Abel paré d'une cape longue, traversait la place en direction de quelques étals. Il était à la recherche de choses bien précises qu'il ne trouveraient que sous le manteau de certains marchands et il semblait évident qu'il savait à qui s'adresser. Cependant avant d'arriver jusqu'aux marchands en question, il fallait se plier aux mondanités d'usages avec certaines personnes qui eurent tôt fait de le reconnaître.

Bien souvent il s'agissait d'habitués de la cour. On lui remettait des lettres afin qu'il puisse les faire parvenir au Roi ou à ces ministres. Dans le lot, certaines lui étaient adressées. Il sans délestait auprès d'un valet qui le suivait de près. Un valet qui ressemblait plus à un homme de main à vrai dire.

Comme chaque jours les crieurs étaient là, annonçant les dernières nouvelles. Les marchandes de fleurs tentaient désespérément de vendre les derniers bouquets de la saison. Les musiciens jouaient de rivalité afin de gagner quelques Dias, et des gamins se courraient après autour de la fontaine tout en s'éclaboussant de temps à autre. Parfois il arrivait qu'un passant les houspille après s'être fait arroser accidentellement.
C'était ainsi que les jours passaient à Hespéria, se ressemblant avec monotonie la plupart du temps.

Toutefois il arrivait qu'on fasse d'agréable découverte. Une nouvelle taillerie où Abel s'empressait d'entrer afin de découvrir ce que le tailleur avait à proposer comme tissu luxueux. Peut-être que s'il trouvait son bonheur il commanderait quelques vêtements, ce qui ne manquerait de faire connaître la boutique dans les mois à venir. Seulement voilà, notre Sylphide ne trouvait pas de quoi le satisfaire et sortait afin de reprendre son chemin.

Il jetait son dévolu sur un marchant de selles. Ces dernières étaient de très bonne facture et Abel lui en acheta une et demandait à faire porter au fiacre qui attendait de l'autre côté de la place. Le marchand ravi acquiesçait et encaissait une belle somme. A quelques pas derrière Abel, le valet le suivait toujours.

Voici que soudainement Abel se faisait bousculer par une personne qui ne prenait pas la peine de s'excuser et il fronçait les sourcils. Instinctivement il portait une main à sa bourse, elle était toujours là. Un soulagement.
Parce qu'il fallait bien avouer que parmi tout ce monde il y avait des voleurs. Bien souvent des gamins, mais aussi des adultes.

Quelques pas encore et Abel était témoin qu'une scène pour le moins brutale. L'individu percutait une jeune femme chargée de livres, qui ne voyait rien devant elle, tant sa pile d'ouvrage était haute. Une insulte fusait et le choc était si violent que la demoiselle en tombait sur son séant, se demandant sans doute ce qui lui arrivait, les livres volant autour d'elle avant de retomber lourdement au sol, épargnant la malheureuse, heureusement.

Certains alentours s'outrageaient mais personne ne bougeait. Quelques corrections se perdaient. Alors que la demoiselle était occupée à rassembler les ouvrages. Abel approchait et en ramassait quelques uns. Ils parlaient de magie et de sciences. Intéressant. Celui lui rappelait les recherches qu'il faisait jadis, mais cela remontait à des siècles.

"Mademoiselle, permettez !"

Il lui tendait alors une main secourable.

"Je ne sais pas qui est le monstre ici, mais certain manque cruellement d'éducation. Rien de casser ?"

Son regard gris acier croisait les prunelles de la Damoiselle. Il attendait ainsi, main tendue qu'elle accepte son aide. Tenant dans sa main droite quelques livres, les autres étant ramassés en parti par le valet de cet homme.

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Heureusement qu’il n’avait pas plu depuis des jours, sinon Hélia aurait perdu toute la blancheur de sa robe. Mais rien n’était tâché et ce n'était pas le premier souci de la jeune femme. Elle était confuse et se dépêchait de ramasser ses livres.

On la regardait, mais personne n'osait lui venir en aide… Avaient-ils peur eux aussi de sa véritable nature ? Est-ce que c’était visible à ce point-là ? Hélia commençait à se sentir mal à l’aise de ces regards. Jusque-là, elle avait été parfaitement discrète. Si on oublie l’énorme pile de bouquins qu’elle avait porté jusque-là. Alors qu’elle commençait peu à peu à rassembler ces textes, elle vint à entendre une voix juste en face d’elle.

Qui avait donc osé lui venir en aide ? Hélia leva les yeux. C’était un homme. Il était assez bien bâti… Plus costaud que Vaughan alors qu’il ne semblait pas être un lurghoyfs… Des cheveux mi-longs blanc balayait son visage froid, mais d’une grande beauté. La jeune femme ne se connaissait pas en canon masculin, mais assurément elle trouvait son interlocuteur très charismatique. Ce dernier lui tendait la main et lui proposait son aide pour la relever.

Hélia posa alors sa main froide au creux de son nouvel allié. Elle se releva et souffla un léger merci alors que de son autre bras elle portait quelques bouquins qu’elle venait de ramasser...

Elle l’écouta poliment. Qui était le monstre ? Il émettait un doute à cause de la violence de l’autre type ? Hélia ne savait que trop penser.

~En même temps ma chère Swiezy, il ne t’a pas vu avec un crâne sans chair ni peau. Encore moins tes longues griffes et ce corps…~

La jeune femme cessa de penser et adressa de nouveau un regard vers celui qui était le conseiller du Roi. Cela importait peu la lurghoyfs qui ne connaissait pas grand chose en politique. Encore moins en Eridania. Est-ce que ça va ? Il posait vraiment la question ? Que devait-elle répondre ? Elle lui adressa un fin sourire et hocha de la tête comme pour le saluer.

“Non. J’ai surtout été surprise, mais ne vous en faîtes pas… J’ai vu bien pire.”

~Comme tomber d’une falaise après s’être battu avec un malade mental.~

Elle planta ses yeux dans ceux du jeune homme et… Elle commença à frissonner. Quelque chose était étrange chez lui et en même temps, la jeune femme semblait curieuse. Elle baissa de nouveau ce regard avant d’ajouter :

“Il ne faut pas lui en vouloir. Les temps ne sont plus aussi sûrs, j’ai l’impression. Je pensais que ce serait plus paisible ici, mais j’ai dû me tromper. Je vous remercie de m’être venu en aide. Vraiment”

Elle tapota un peu sa robe comme pour enlever la poussière. Ensuite, elle regarda autour d’elle et ne voyant plus aucun livre à terre, elle se demanda où diable avait-il pu passer… Relevant à nouveau son regard, elle ne mis pas longtemps à comprendre que son sauveur ainsi qu’un autre homme en avaient ramassé plus loin… Quelqu’un qui semblait être un homme de main ou un valet. Elle avait donc affaire à un noble ?

“Je crois que je manque également d’éducation… Je suis désolée, je ne connais rien aux mœurs d’ici. Mais vraiment, il ne fallait pas vous donner cette peine de ramasser. Je n’ai rien pour vous remercier de votre gentillesse.”

Enfin, elle pouvait toujours offrir une de ses armes laissées à l’écurie, mais elles étaient tout de même bien trop précieuses pour les offrir à un étranger. Surtout son épée. Un cadeau de Vaughan…

“Je m’appelle Swiezy…”

Elle arrêta sa phrase. Quelques secondes passèrent avant de reprendre :

“Je veux dire. Mes proches m’appellent Swiezy. Mais j’ai opté pour un nom plus simple qui est Hélia.”

Elle vint à rougir avant d’ajouter :

“Pardonnez-moi. Je vous raconte tout ça alors que ça ne vous intéresse sûrement pas. Je suis désolée, je…”

Non ! Plus un mot avant de s’emmêler encore une fois.

Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.

Il suffit d'un hasard pour créer un destin

Le 2 du mois Ginik 1306

Abel sentait le regard des gens alentours fixés sur eux, les observant, étudiant leur moindre faits et gestes, enfin ceux du conseiller sans doute, parce que la demoiselle n'était pas une figure connue de la cité. Cette dernière genoux au sol s'empressait de rassembler ses ouvrages et ne relevait la tête qu'à la proposition du Sylphide. Il croisait alors son regard et découvrait son visage. Des grands yeux aux tonalités émeraude, une bouche fine et rosée , un teint pâle, des cheveux cendrés attachés plutôt négligemment et une cicatrice qui barrait la joue de la demoiselle. Pourtant malgré cela, il reconnaissait que la fille était belle et que cela lui donnait un charme sauvage.
Après quelques secondes de latence, il sentait la main de demoiselle se poser dans la sienne et la trouvait étrangement froide, alors qu'elle se redressait.

Elle le rassurait ajoutant qu'elle avait connu pire et machinalement Abel haussait légèrement un sourcil. Qu'entendait-elle pas là ? Il ne relevait pas à cette remarque et sentait le léger frison qui parcourait la jeune femme tandis qu'elle plongeait dans son regard acier. Le temps suspendait son vol l'espace d'un instant alors qu'il laissait glisser les doigts de cette dernière entre les siens et l'abandonnait à présent qu'elle été débout.

"Ne pas lui en vouloir. Je vous trouve bien indulgente. Hespéria est une grande ville et elle est loin d'être sûr, comme vous venez amèrement de le constater. C'est une jungle, malgré toute les beautés que la cité peut nous révéler. "

Elle le remerciait tout en époussetant sa robe couverte de poussière et venait à s'excuser par la suite, prétextant qu'elle ne connaissait pas les mœurs en vigueurs et Abel eut un léger sourire en coin.

"Ne me remerciez pas. Il était tout naturel de vous aider."

Puis un peu plus fort pour les curieux qui étaient encore là, à les observer.

"Je me suis contenté de faire ce que tout gentilhomme aurait du faire au lieu de rester planter là, à regarder et profiter du spectacle."

Peu à peu les gens se dispersaient son le regard du conseiller. La demoiselle se présentait et partait en tout sens, avant de rougir subitement et de stopper tout net . La troublait-il à ce point ?

"Et bien Demoiselle Swiezy ou Hélia. Je suis enchanté de faire votre connaissance. Je me nomme Abel Thorn et l'homme qui se tient là, c'est Edouard."

Abel déposait alors les livres qu'il avait en main sur la pile que tenait son valet.

" Permettez."

N'attendant pas la réponse de Swiezy, il la débarrassait de ses ouvrages et les confiait à son serviteur, avant de lui ordonner de porter tout cela au fiacre. Avant d'obéir aux ordres, l'homme ajoutait.

"Monsieur, si je puis me permettre, ce n'est pas prudent.

Abel le fusillait alors du regard et lançait abruptement d'une voix glaciale.

"Obéit ! Fait ce pour quoi je te paie! Et à l'avenir, n'oublies pas à qui tu t'adresses !"

L'homme ne pipait mots et s'exécutait. Abel fermait les yeux quelques secondes et lâchait un léger soupir.

"Veuillez m'excuser, je vous prie."

Le Sylphide allait rajouter quelque chose lorsqu'une femme arrivait à leur hauteur et jetait un regard noir sur Swiezy avant de s'adresser à Abel.

"Conseiller Thorn, quelle heureuse surprise ! Vous n'êtes donc pas cantonner au palais avec sa Majesté ? Vos visites dans ma boutique se font de plus en plus rares et je le déplore.»

Abel saluait la nouvelle venue, feignant de ne pas avoir remarqué le regard lancé sur Hélia.

"Dame Isabeau, croyez bien que j'en suis navré de l'apprendre. Ma charge de Conseiller du Roi, m'impose de rester au service de Sa Majesté, s'il a besoin de moi. Je gage que vous le comprenez ? Cependant, je m'engage à passer dans les jours à venir à votre échoppe. A présent si vous voulez bien m'excuser, j'aimerai poursuivre ma discussion avec cette charmant Damoiselle.

La femme acquiesçait.

"Oui, oui, je comprends tout à fait. Je ne vous importune pas plus longtemps. Au plaisir Conseiller."

Il la saluait courtoisement et la femme reprenait sa route. Abel se tournait de nouveau vers Swiezy.

"Navré pour cette interruption. Comme vous venez de le constater, je suis pas qu'un simple citoyen. Peut-être pourrions-nous poursuivre autre part, comme au Prestige de l'autre coté de la place, autour d'une collation ? Je vous invite, il va de soi. Ensuite je vous raccompagnerai jusqu'à votre porte. Je m'en voudrais de vous laisser traverser la cité, chargée plus que nécessaire. "

Abel tendait alors le bras et la conduisait en direction de l'Hotel le Prestige.

"Ainsi donc vous vous intéressez aux sciences et à la magie."

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle n’avait pas vraiment demandé que tout lui tombe dessus d’un coup. Il avait suffi d’une bousculade et d’une insulte pour qu’on lui tende la main. Elle avait été reconnaissante envers l’homme qui lui était venu en aide, mais juste après, elle ne s'attendait pas à une telle suite.

Il n’avait pas accepté l'idée de laisser passer cette affaire. Il la trouvait même indulgente. À ces mots, Hélia avait envie de sourire, quelque peu amusée.

*Tu entends ça Vaughan ?*

Il était vrai que le vieil homme lui avait déjà rabroué son manque de patience ou justement d’indulgence. Alors, entendre le contraire de la bouche d’un autre était quelque peu cocasse. Mais elle en demeura silencieuse, respectueuse envers la personne qui l’avait aidé. Ensuite, d’une simple phrase, il avait réussi à faire partir les quelques curieux qui regardaient l’échange. Comment avait-il réussi ce tour ? Comment avait-il fait filer droit tout ce vaste monde ? Décidément, la jeune femme, en avait des choses à apprendre. Elle avait toujours plus ou moins réussi à se faire respecter, mais c’était uniquement par le biais de la force.

Il s'était ensuite présenté sous le nom d’Abel Thorn. Une fois encore, quelque chose fit tiquer la curiosité de la jeune femme. Cette identité ne lui était pas inconnue. Ni familière. Encore une fois, elle se retenait de mordiller sa lèvre inférieure: un bien vilain tic quand elle était perturbée ou pensive. Abel… Abel Thorn… Si Vaughan était encore avec elle, il lui aurait sûrement posé un regard lourd et d’une voix calme aurait réussi à inverser la situation.

Alors qu’elle réfléchissait à la provenance de ce nom, le dit Abel vint récupérer ses livres de ses mains, la sortant de ses pensées. Il se contenta de les donner à l’homme qui se prénommait Edouard. Ce dernier osa même mettre en doute la décision d’Abel…

"Obéit ! Fait ce pour quoi je te paie! Et à l'avenir, n'oublies pas à qui tu t'adresses !"

Hélia se retenait de sursauter face à cette légère remontrance. Elle n’avait pas l’habitude d’un tel spectacle. Aussitôt, son interlocuteur s’excusa et vint s’en suivre une autre scène. Tout s'enchaînait et Hélia semblait subitement devenir un spectateur d’une pièce de théâtre. C’était étonnant de voir tout ça. D'ordinaire, soit elle était calme, soit elle était occupée à se bagarrer à la première occasion venue.

"Conseiller Thorn, quelle heureuse surprise !”

Conseiller ? Il était conseiller ? Aussitôt, un éclair de conscience vint s'allumer dans son esprit. Finalement, Vaughan ne lui avait pas enseigné la géopolitique à bon escient. Elle était face au conseiller du Roi d’Eridania. C’était embarrassant, mais la demoiselle chercha à garder son calme. Il ne fallait juste pas dire ou faire quelque chose de travers si elle voulait continuer à mettre les pieds ici.

C’était embarrassant, mais la demoiselle chercha à garder son calme. Encore une fois, il s’excusa et affirma qu’en effet, il n’était pas qu’un simple citoyen.

*Dans quoi tu t'embarques Swiezy…*

Après s’être fait jeter d’une falaise, elle se retrouvait face à un noble. D’un jour à l’autre, sa vie basculait.

Elle n’eut pas le temps de sortir quoique ce soit que l’homme la dirigea vers le fiacre pour lui proposer de se rendre au Prestige. Qu’est-ce que c’était que le Prestige ? Elle commençait à en avoir la migraine.

"Ainsi donc vous vous intéressez aux sciences et à la magie."

Ah ! Voilà un sujet où elle pouvait avoir la maîtrise. Ou presque… Le véritable homme de science, c’était Vaughan.

“C’est compliqué messire. Je m’intéresse à beaucoup de choses, mais en réalité, j’essaye de perpétrer les leçons d’un ami disparu."

Quand les mots les plus cinglants voudront m'abattre, j'enverrai un déluge qui les noiera.