Imaviq Aappilattutke

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• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Imaviq Aappilattutke

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AuteurMessage
:: Flocon de Neige ::

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Pouvoirs, spécialités & Don:
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Imaviq
:: Flocon de Neige ::
Imaviq

MessageSujet: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeSam 9 Juil - 11:10



Imaviq  Aappilattutke
« Piliit  ᐱ ᓖᑦ  »




IDENTITE : Imaviq ᐃ ᒪ ᕕᖅ (Océan),  Aappilattutke (anciennement Upirngasaag).
SURNOM : Piliit ᐱ ᓖᑦ  (Flocon de neige).
AGE : 27 ans | Apparence: 17 ans | SEXE : Féminin
PEUPLE : Gorgoroth (Terrans).
CASTE : Prêtresse Gélovienne (Kesha).
METIER :  Chroniqueuse (d'investigation) et Théologienne.




DON : Résistance physique développée.
SPECIALITES :
Maître d'armes (capacité à utiliser n'importe quelles armes à disposition).
Théologienne (connaissance accrue dans la religion et ses cultes divers).
POUVOIRS : MAGIES PHYSIQUES
Agilité surdéveloppée = ★★✩✩✩✩
Célérité = ★★★✩✩✩
Traverser les matières = ★★★★✩✩


J'utilise un arc long classique mais qui a été tout de même ajusté ma taille car d'origine, celui-ci mesure dans les deux mètres. Réduit d'une cinquantaine de centimètre pour moi, il n'en demeure pas moins puissant même si sa portée létale est légèrement diminuée. Bon, il fait tout de même 1.50m soit toute ma hauteur ce qui m'oblige à l'utilisé de manière légèrement oblique. Mais bon, il faut ce qu'il fait lorsque l'on chasse l'ours blanc. De conception simple, il a été façonné d’une seule pièce dans de l'if et mis en forme de telle sorte qu’il comprend une partie d’aubier (au dos) et une partie de cœur (ventral). C'est cela qui lui confère cette puissance. Quant à la corde, je n'utilise que du chanvre que je cire pour la prémunir des intempéries. Sa portée totale se situe en 140 et 200 mètres et les flèches sont efficaces contre les cotte de mailles jusqu'à 100m et 60m pour les armures de plates.

La poignée est recouverte par solide enroulement de ficelle de chanvre coloré en rouge, ce qui évite que l'arc ne m'échappe de ma main pendant les périodes de gel ou bien pendant un fort blizzard. Quand aux deux poupées (les extrémités de l'arc, elles sont équipée par deux long rubans de tissus rouge eux-aussi et comme je l'incline pour m'en servir, les rubans ne me gênent aucunement pas. Ils ont une utilité tout comme leur couleur, de pourvoir facilement retrouver mon arc que j'ai souvent tendance à égarer dans la neige...

Et puis, j'ai toujours un poignard à ma ceinture, parfois plusieurs et quand je dors, c'est sous mon oreiller qu'il y en a un. Bon, j'en ai de toutes sortes mais l'un à ma grandement préférence et je le garde continuellement sur moi. C'est celui que m'a offert mon père, mon tout premier. La lame est sans aucune fioriture, droite sur une vingtaine de centimètre puis légèrement oblique et plus effilée sur les derniers dix centimètres. Cette lame est parfaite pour l’éviscération des animaux même de grands gabarits tout autant que pour les dépouiller de leurs fourrures. Le manche est simple, en bois de cormier vernis et la seule petite fantaisie réside dans sa mitre en argent (pièce métallique en bout de manche). Elle représente une tête d'ours, en souvenir d'une rencontre qui a faillie bien mal tournée...


Le négoce familiale de peaux et de fourrures, actuellement sous l'intendance de Baratamé Fliggang et ce depuis 1282. Du fait de crise économique due à la Fièvre de Cendre, l’entrepôt fut vendu au profit des vastes caves de la maison familiale où sont entreposés les marchandises avant leur acheminement par bateau. Cette dernière comme par le passé, est l'endroit où s'effectue les échanges commerciaux avec les trappeurs mais aussi les marins qui s'occupent du transport.

Notre demeure ancestrale de la famille Upirngasaag (future famille Aappilattutke) d'Oakbriggs. Le dernier gros œuvre réalisé le fut par notre grand-père maternel afin de moderniser et de rendre cette demeure plus confortable tout autant pour notre famille que pour les invités. Il le fit tout en respectant l'idée de construction originelle, deux ailes dont l'une était réservée à la famille et l'autre à ses hôtes de passages. C'est pour cela que la bâtisse est aussi imposante qu'une auberge. L'aile familiale est composée d'un rez de chaussé où l'on retrouve toute les commodités habituelles, salle à manger, bibliothèque, petit-salon, bureau-fumoir, cuisines. Au premier étages se sont les chambres qui sont au nombre de huit, sept sont destinées aux enfants et une pour les parents. La neuvième pièce, la plus lumineuse et aussi vaste que la chambre parentale, est consacrée à la couture. Puis sous les combles, un vaste espace de jeu pour les enfants y a été aménagé ainsi qu'une bibliothèque personnel munie de petits écritoires. Cet espace de jeu est surtout utilisé lors des mois les plus froids ou les plus défavorables aux jeux en extérieurs.

La deuxième aile est pratiquement construite à l'identique sauf en ce qui concerne l'aménagement des combles qui ne sert que de débarras. Les chambres du second étage sont plus petites aussi mais plus nombreuses. On en dénombre pas moins de douze. Et au rez-de-chaussé, c'est un peu différent. La salle à manger est bien plus grande car c'est un lieu de réception, il n'y a donc pas de bibliothèque et le petit-salon est remplacé par un bureau de travail où les affaires sont traitées. Attenant à cette aile, se trouvent les écuries qui sont en proportion avec le reste de la bâtisse.

Sous les deux ailes, court un entresol, chacun équipé d'une salle d'eau et d'une buanderie.

Le sous-sol quant à lui est relativement déroutant tant par ses dimensions que par ses possibles utilisations. Notre aïeul avait tout d’abord fait creuser dans le sous-sol de la maison deux vastes caves pour y entreposer les marchandises. Débutant dans le négoce, le prix d'un entrepôt n'était pas envisageable surtout avec les impôts y afférents. Ce ne fut qu'à l'époque de son petit-fils que la famille acquit un entrepôt mais dont nous avons du nous séparer. L'accès à ses deux caves se font soit par une entrée dans les écuries soit plus bizarrement via une porte dérobée située dans le bureau de travail. Pourtant, même après l’acquisition d'un lieu de stockage, d'autres pièces plus petites furent crées mais qui n'apparaissent sur aucun plan de construction. Tout comme deux tunnels qui restent à ce jour inexplorés tant ils sont anciens et dont la solidité semble plus que douteuse. Quoi qu'il en soit, cela a toujours alimenté des rumeurs et des plaisanteries au sein de notre famille. Nos ancêtre étaient-ils des contrebandier ? Est-ce comme cela qu'ils avaient obtenus de conséquents bénéfices ? Nous ne le saurons probablement jamais. Actuellement seule une cave est utilisée pour entreposer les fourrures.



Ben c'est moi la plus grande de ma sororité ! Je dépasse de 5 centimètres ma sœur cadette du haut de mon mètre cinquante. C'est vrai que dans notre famille on ne trouve pas de géant... Mon corps est svelte mais tout de même quelque peu athlétique même si cela ne se voit pas au premier abords. De nous trois, je suis la plus forte physiquement et pour cause. Depuis mon enfance je pratique la chasse dans les steppes gelées et ensuite j'ai reçus un entraînement martial. Trêve de frime. J'ai moi aussi de longs et soyeux cheveux noirs que je noue en une large natte à l'aide d'un ruban fait de fourrure de phoque gris auquel je ne manque pas d'y adjoindre de petit gris-gris, d'une longueur d'à peine de deux centimètres, taillés dans de l'ivoire de cachalot. De minces et longs sourcils surplombent mes grands yeux d'un noir d’obsidienne et qui me donnent un air très expressif. Je peux avoir l'air très méchante si je le veux... Par contre, il n'en a pas toujours été comme cela. Avant ma transformation, mes yeux étaient d'un beau bleu intense et profond, celui de l'océan et c'est bien la chose qui me chagrine le plus. D'ailleurs, pour en revenir à mes yeux, tout comme mes autres sœurs, je porte les même stigmates, ils sont entourés par de larges et très marqués cernes aux tons violacés. Mais bon, j'ai conservé mes pommettes hautes, mon nez un chouilla trop épaté, mon menton légèrement saillant, mes lèvres bien pleines sans être pulpeuses non plus mais donc le coloris à lui aussi changé. Elles sont devenues elles aussi violettes tout comme le bout de ma langue ou le dessous de mes ongles. Heureusement, mes oreilles un petit peu large n'ont pas subie le même sort. Mais la transformation la plus radicale et qui m'a le plus affecté, fut celle de ma peau qui avant était d'une belle couleur cuivrée par les soleils australs. Me voilà devenu aussi blanche qu'un spectre ! Au final, on peut dire que mon visage ne fait pas l’unanimité auprès des gens... Certains prennent peur, d'autres me jettent des pierre. J'avais pensée, pendant un temps, me cacher derrière du maquillage histoire d'être tranquille mais si je suis comme cela aujourd'hui, c'est la volonté de Kesha et en aucun cas je ne dois avoir honte de ce qu'elle a fait de moi. Après, il existe tout de même des personnes qui ne se limitent pas aux apparences et les traits de mon visages restent tout de même agréables et avenants. Généralement après le premier choc d'appréhension passé, mon visage reflète tout de même de la franchise, de l'honnêteté et de la bonté.

Autre point commun avec mes sœurs, j'ai les yeux qui deviennent aussi rougeoyants que peut l'être Ignias lorsque j'éprouve un grave conflit intérieur, que je me suis perdue et ne sais comment agir, lorsque mes actes risquent d'entrer en contradiction avec ma foi.

Sinon, j'ai une tâche de naissance sur mon épaule gauche d'un diamètre de trois centimètres. Ce qu'elle de particulier c'est qu'elle est de loin étrange. Elle ne laisse pas voir une vague forme évoquant une demi-lune ou autre, bien au contraire, son dessin est précis comme un tatouage. De plus elle n'a pas changée de coloris depuis que je suis Terran, elle a conservé son surprenant rouge grenat. Le motif représente à s'y méprendre un flocon de neige stylisé, aux lignes parfaites. Maman m'a toujours conseillé de le cacher mais ne m'a jamais rien dit à son sujet. Pour moi, cette tâche demeure toujours un mystère.

Par contre je suis particulièrement fière des cinq cicatrices qui me labourent du ventre jusqu'aux épaules. Mais ce qui me chiffonne c'est qu'elles sont bien moins visibles qu'avant avec ma nouvelle pigmentation. Ce fut un moment épique. Lors d'une chasse aux bébés phoques je me suis retrouvée nez à nez avec une femelle ours blanc, armée de mon seul poignard. Ça pas fait un plis, d'un coup de patte je me suis retrouvée projetée à plusieurs mètres, inconsciente, entre la vie et la mort. En fait, j'ai surtout eu beaucoup de chance ce jour là et j'en conserve un joli souvenir.


Imaviq est d'un caractère doux et véritablement placide mais sans pour autant manifester un flegme désinvolte ou pire, de l'indifférence. Tout au contraire, elle est d'une nature sensible, généreuse mais aussi réservée. Si elle est témoin d'injustices flagrantes, d'abus sur des personnes plus faibles que d'autres, elle tendra généreusement sa main à ces victimes mais conservera sa modestie innée. Faire des actes pour briller n'est pas du tout sa tasse de thé et ses seules ambitions sont d'essayer, avec ses faibles moyens, de rendre ce monde un peu meilleur pour les plus faibles. Fervente croyante depuis toute petite, elle suit le plus scrupuleusement possible les enseignements de Kesha sans jamais éprouver ni d'orgueil ni de suffisance. Si elle porte sur le monde un regard insatisfait, alors c'est qu'elle doit poursuivre encore ce long chemin et œuvrer en ce sens. Jamais au travers de ses actes, elle n'a pensée d'elle-même qu'elle puisse être plus exemplaire ou bien même plus vertueuse par rapport à aucune créature foulant cette terre. La vanité lui est entièrement étrangère.

Même après sa transformation en Gorgoroth, sa perception des choses resta inchangée. Aucune colère, aucune indignation ni même d'aigreur vint entacher son cœur ou son altruisme. Quant à sa foi, elle n'en fut que renforcée. Par contre, Imaviq n'entrevoyait jusqu'à lors que des moyens pacifiques pour lutter contre la malignité, la haine et la violence. D'ailleurs, c'est pour cela qu'elle embrassa la carrière de chroniqueuse. La plume et l'esprit plus fort que la barbarie pensait-elle même si les résultats étaient bien peu visibles. Cette mutation entraîna chez elle une tout autre manière de voir. Et si elle devenait un soldat de Kesha ? Elle qui n'était en rien bagarreuse, la voilà qu'elle se mettait à penser qu'elle pourrait croiser le fer. Oui, mais avec quel ennemi ? Cala s'accordait-il avec sa foi ? L'idée fait toujours débat dans sa tête... Depuis, perpétuellement écartelée par cette idée qui parfois l'accable tant, il lui arrive de de perdre son amour des autres et de traverser des périodes où elle préfère s'isoler, se cacher du monde. Mais c'est heureusement un phénomène plutôt rare.

Et parfois, on peut la voir distraite, le regard perdu dans le vide et la mine triste. C'est qu'elle n'a jamais pu se défaire de ce sentiment de culpabilité qui la ronge. Elle demeure persuadés que c'est elle la responsable de la mort de ses parents et de la transformation de ses deux autres sœurs. A cela s'ajoute le fait qu'elle n'ai jamais retrouvé la moindre trace de la troisième. Se sentiment reste profondément enfoui en elle, bien caché aux yeux des autres. Ce n'est pas tant par honte que pour lui éviter de sombrer définitivement dans une insondable mélancolie.

Et comme ses deux autres sœurs, elle aussi raffole de manière assez immodérée les livres. Sa préférence va pour les ouvrages traitant de mathématiques, d'algèbre et d'arithmétique. Elle y voit une sorte de perfection vers lequel les créatures devraient toutes tendre. Sans compter sur l'effet apaisant que cela lui procure. Mais de nouveaux champs sont venus s'y adjoindre depuis sa métamorphose, ceux de la théologie et des mythes et légendes touchants aux Gorgoroth.



PRENOM : Taqqiq ᑕᖅᑭᖅ  (lune).
RACE : Lièvre.
SEXE : Masculin.
POUVOIR : Télépathie.
DESCRIPTION : Taqquiq est un lièvre arctique et comme tout les autres. Il possède de grandes oreilles dont le bout est recouvert de poils noirs, ses iris sont couleur topaze tandis que son pelage estival est d'un beau camailleux de bruns et de roux. Lors de la période hivernale, son pelage devient d'un blanc aussi pur que la neige, tout sauf le bout de ses oreilles qui garde leur couleur de suie. Au sommet de son crane se trouve enchâssée une pierre de sphène. Alors, pour la dissimuler, je lui ai tricoté un petit bonnet avec bien entendu deux fentes afin d'y passer ses deux oreilles. J'y ai ajouté deux galons de laine afin de le lui nouer sous sa tête.


PRENOM : Nuqaqti ᓄᖃᖅᑎ (Ficelle).
SEXE : Masculin.
DESCRIPTION : Nuqaqti est de petite taille (comme les chevaux islandais) dont le garrot arrive tout juste au mètre trente. De corpulence rustique il est adapté a la rudesse du climat cimmérien et c'est aussi un très bon compagnon de chasse. Du fait de sa petite taille et de sa corpulence, bien encré au sol, il reste totalement immobile lorsque je chasse à l'arc. Et en plus du fait d'être surélevée, je peux l'utiliser sans avoir à l'incliner. Sa robe est dans les tons sables presque café au lait, son abondante crinière tout comme sa longue queue et ses fanons sont noirs. La robe ne change pas lors des saisons, seul le poil devient plus long et plus dense. D'une grande endurance naturelle, il me permet de parcourir de longues distances sans s'épuiser. D'une nature douce, il n'en demeure pas moins cabochard. C'est son petit coté indépendant qui refait surface.


C'est avec une excitation fébrile et le cœur plein d'espoir et empli d'une intense ferveur que ce soir j'écris ces quelques lignes dans mon journal. Kesha aurait-elle eut pitié de nous ou bien participerions nous, sans le savoir, à un plus vaste dessin céleste ? Je n'en ai aucune certitude mais quoi qu'il en soit, après dix ans recherche tout autant laborieuses qu'infructueuses, je pense enfin vous avoir retrouvée mes sœurs chéries. Ne sachant pas si vous aussi avez été victime du même mal que le mien, je prends donc soin de consigner dans ce journal mes péripéties. Hélas, ce tableau reste encore bien incomplet tout en gardant espoir que peut-être l'une de vous aura les éléments absents de mon récit. Avant toute chose, vous devez savoir que nous étions quatre sœurs avec nos parents, tous navigants sur le Grand Lac Gelé vers notre foyer d’origine, la citadelle d'Oakbriggs. Nous étions d'honnêtes Terrans Cimmériens allant retrouver leur terre natale avant que le sort n'en décide autrement. Après le naufrage du navire, jamais je n'ai réussie à retrouver la trace, ni de notre papa ni de notre maman, se seraient-ils noyés ou bien se seraient-ils transformés tout comme nous ? Je ne sais point et cela me déchire chaque jours le cœur. Mais si j'ai bien une certitude aujourd'hui, c'est celle que vous ayez survécus, au moins d'eux d'entre-vous, peut-être plus en tant que Terrans mais en une autre chose tout comme moi, une Gorgoroth. Quoi qu'il en soit, depuis cette funeste nuit de l'an de grâce 1296, toutes trois je n'ai eu de cesse de vouloir vous retrouver. Et ce fut lors d'un de mes voyages au Haut-monastère pendant la Grande Fièvre que certaines rumeurs m'ont plus ou moins convaincue que vous aviez survécus au naufrage. Et selon ces même rumeurs, cette transformation aurez engendré la même particularité qu'à moi-même, celle d'avoir dans certaines circonstances, les pupilles devenant braises. Par contre actuellement, je n'ai toujours pu obtenir aucun élément venant confirmer ou infirmer la survie de notre quatrième sœur. Pourtant, je fais un rêve récurrent, celui d'une sœur jumelle de Talum qui elle aussi scintille mais dans les ténèbres. Serait-ce la sœur jumelle de notre benjamine ? Allez savoir, peut-être ce rêve ne signifie t-il rien, seulement le reflet de mon profond désespoir... Mais même en son absence, je garde tout comme pour mes deux autres sœurs, une place égale dans mon cœur. Bien, il est grand temps que je débute mon récit, celui de notre histoire, celui qui nous lie toutes et qui va bientôt nous rassembler de nouveau.

Préambule:

Je vis le jour enfin manière de dire, car ce fut au beau milieu de la nuit que je naquis, sous l'incandescence écarlate d'Ignias se trouvant alors à son zénith dans l'outre-mer sombre et profond du firmament, en ce septième jour du mois de Firion en la saison de Nivéria. C'était en l'année 1279, en la forteresse d'Oakbriggs. La citadelle alors endormie avait revêtue un épais manteau neigeux et la mer de Cimméria commençait, comme à chaque nouvelle saison froide, de se trouver prisonnière par une banquise immaculée qui s'étalerait bientôt sur plusieurs lieues. Si je m'en remets à mes souvenirs, je devrais être la première née de notre sororité. Et bien que l’aînée de la famille ne fut pas un mâle, jamais, que se soit notre père ou bien notre mère, n'en a été contrarié ou bien même déçu. A lieu de cela, ma naissance fut synonyme d'un évènement véritablement heureux tout comme les trois autres naissances qui se succéderont par la suite. Notre père a vu en chacune de nos naissances un miracle et à chaque fois il s'émerveilla de notre venue au monde. Nos parents nous ont aimés comme aucun autres et nous ont choyés autant les unes que les autres. Bon cela étant dit, revenons à l'endroit où je suis née.

Il s'agit de l'une des plus vielles demeures je crois, de cette citadelle septentrionale et qui fut construite par notre arrière-arrière-arrière etc, grand-père maternel, il y de cela approximativement cent-cinquante ans de cela. Ce n'était à l'époque qu'une modeste petite maison, toute de bois faite, mais qui au fil des années fut grandement modifiée, à tel point qu'aujourd'hui, il ne reste plus rien de cette construction originelle. Notre aïeul était venue dans cette région reculée mais loin d'être déserte pour y établir un comptoir de peaux et de fourrures qui était acheminées par la suite à Gaéaf puis aux tanneries réputées d'Hellas. Pour ce faire, il eut l'idée encore bien peu répandue dans la bourgeoisie d'aujourd'hui, de fonder son entreprise sur un modèle économique assez particulier, celui de la coopérative où les gains se trouvaient d'être équitablement répartis entre les trappeurs et notre aïeul. Cela peut vous paraître une anecdote bien triviale, mais sachez que c'est grâce à cette idée lumineuse, que l'entreprise familiale prospère encore de nos jours. Et d'ailleurs, sachez mes chères sœurs que nous en sommes toutes les futures héritières. Bien qu'actuellement l'entreprise est loin de sa gloire passée en raison de cette maudite Fièvre, les quelques familles de trappeurs encore épargnées par ce fléau, nous approvisionnes tout de même. Je tiens par la présente occasion vous signaler un autre fait, ce dernier m'ayant été relaté par la bouche même de notre mère.

Notre aïeul, dont les idées et les choix étaient bien loin de faire l’unanimité parmi les autres bourgeois d'Oakbriggs, fit rédiger avec son testament un acte notarial d'une nature un peu particulière. Il y été stipulé que l'héritage se verrait divisé en parts égales entre les héritiers et les héritières. Il n'approuvait vraiment pas que la caste bourgeoise, dans ses velléités à se hisser aux pieds de l'aristocratie, applique un droit qui lui été étranger au demeurant, celui du droit d’aînesse. Il préférait de loin rester à sa place dans la société et en profiter pleinement sans avoir à plagier des règles rigides et austères, dénuées de toute bienveillance et de toute tolérance. Pour lui, le mode de vie des aristocrates était bien trop éloigné de sa Foi et de ses convictions. Ils vivaient bien, lui et sa famille, en harmonie avec les honnêtes gens, tout en respectant la divine Parole de Kesha et ses préceptes. Et il se fichait bien, comme d'une guigne, de ce que pouvait penser les arrivistes et les frustrés en manque de sang bleu. D'ailleurs ses descendants, même après mariage dans le cas des femmes, ont toujours mis un point d'honneur à conserver le nom originel de son entreprise, qui n'était autre que le sien, Miqquq (fourrure). De plus, sa manière de vivre et son esprit communautaires inspira les générations à venir et cela fait parti aujourd'hui de notre legs familial même s'il n'est point consigné sur aucun acte. Pourtant il n'en demeure pas moins important car il placé sous le signe de notre Foi commune. Que se soit en période d'opulence ou bien de disette, notre aïeul tendait toujours la main aux plus démunis vivant dans la citadelle et n'hésitait pas à délier généreusement les cordons de sa bourse lorsqu'une famille de trappeur se trouvait dans le besoin ou bien en difficulté. Il participa même, avec quelques autres bourgeois qui partageaient sa vision du monde, à la création d'une classe pour l'éducation d'enfants qui avaient été mis aux bancs de la société de par leurs naissances, petits voleurs, indigents ou bien orphelins. Si notre famille devait avoir une devise, elle serait sans doute: équité charité vérité justice. Mais bon, je n'oserais me permettre d'avoir une telle pensée car cela semblerait imiter les manières hypocrites des aristocrates tout en jetant sur moi l'anathème...

Prime enfance, Oakbriggs (1279-82).

Après avoir brièvement dépeint notre passé, j'en reviens donc à ma petite enfance que j'ai vécue à Oakbriggs mais qui fut de courte durée car elle ne s'étale que de sur une période de trois années, soit de 1279 à 1282. Par ailleurs, je n'ai presque plus aucun souvenir de ce temps là, sauf ceux que m'ont transmit papa et maman par la suite. Je n'ai conservé de cette période que de très vagues mais puissantes et agréables impressions. La sensation dominante qui reste profondément ancrée en moi est celle de la sécurité, de l'amour pour moi de mes parents et une atmosphère baignant d'une joie perpétuelle toute notre maisonnée. Et puis, deux fois l'an la maison s'animait de manière quasi frénétique se trouvant d'être envahie par un flot d'hommes hirsutes couverts de fourrures et qui sentaient le crottin de cheval tout autant que le chien mouillé, causant fort. C'étaient les trappeurs qui rapportaient les peaux et les fourrures de leur chasse soit estivale soit hivernale. Je me rappelle avoir adoré ces moments là et je ne ratais jamais une occasion de monter sur leurs genoux afin de me noyer, sans plus de retenue, le visage dans la douceur de leurs fourrures épaisses. Parfois ils emmenaient avec eux, l'un de leurs garçons qui les accompagnait durant la période de la chasse et qui m'apprenaient à jouer avec des phalanges toutes blanchies d'animaux. C'était à ce moment que j'ai joué pour la première fois au jeu des osselets. Je me rappelle aussi qu'ils portaient à la ceinture de longs coutelas mais jamais il ne me fut permis d'en saisir un. Même devant mes yeux tous baignés d'envie, les adultes veillaient tout de même à ce qu'aucun accident ne se produise. C'est sûrement à partir de ce moment là que m'est venue cette marotte des poignards et autres couteaux de chasse que je me suis promise d'avoir une fois plus grande.

Par contre, il est un fait qui me marqua vivement et dont il me reste un souvenir cuisant qui me porte à sourire maintenant. Ce fut dans ma troisième année que je découvris pour la première fois la neige de mes propres yeux. Je me rappel m'être hissé sur mon tabouret dans ma chambre pour regarder à l'extérieur. Le parapet juste en dessous de ma fenêtre était recouvert par une neige épaisse, tout comme le reste de la ville du reste. Voyant cette étrangeté à porté de ma main et très envieuse de la toucher, sur la pointe des pieds, j'essayais d'ouvrir tant bien que mal la fenêtre de ma chambre. Encore trop petite, je ne pouvais atteindre que du bout de mes doigts ce satané loquet. Alors, je me mise à sautiller afin de l'atteindre et finalement j'y suis parvenu. Mais, à mes dépends. Ce fut d'un coup que la fenêtre s'ouvrit et me voila déjà en train de passer par dessus l’appui de fenêtre, sans pouvoir me retenir à quoi que ce soit. Roulant ainsi dans la neige recouvrant le parapet, je tombais toute droite dans cette poudreuse blanche qui avait généreusement envahie notre seuil. Plantée là comme une vulgaire carotte et alors que seul ma tête dépassait, je me rendis compte que je ne pouvais bouger mes jambes et qu'en définitive j'étais prisonnière de cette matière à la fois douce et froide. Submergée par la peur, je me suis mise à pleurer très fort attendant que mes parents viennent à mon secours. Après un temps qui me parut être une éternité, j'entendis enfin et avec soulagement la porte d'entrée s'ouvrir. Mon père apparut et jeta sur moi un regard inquiet. Immédiatement il constata qu'il y avait eu bien plus de peur que de mal et tout en appelant ma mère il se départie d'un fou rire qui me vexa profondément. Mais bon, j'avais appris à mes dépends que la curiosité pouvait avoir d'inattendus revers. Mais ce fut depuis incident que papa me confectionna ce qui pouvait ressembler à un petit bijou. Il s'agissait d'un coquillage et plus précisément d'une petite conque d'environs une dizaine de centimètres de long dont il avait percé le pavillon afin d'y enfiler un lacet de cuir pour que je puisse le mettre autour de mon coup, tel un pendentif. Un autre trou avait été fait sur le coté et il me montra comment m'en servir. Il me suffisait de souffler dedans pour que le coquillage émette un son aigu et relativement puissant. Ainsi m'avait-il dit que si jamais j'étais en détresse, je n'aurais qu'à souffler dedans de toutes mes forces et il viendrait à mon secours. Dès lors, plus jamais cette conque ne me quitta.
 
Je pense que le moment est venu de vous parler d'eux. Papa exerçait la profession d'ambassadeur et portait le nom Upirngasaag soit 'printemps' car il était née en la saison d'Enkilil et son prénom était Uqpiit, soit le saule. Si je me rappelle bien il était née en l'année 1257. A cette époque, c'était un ambassadeur qui n'avait que le titre et sa fonction était des plus limité dans la citadelle. Mais cela lui donna pleinement l'occasion de s'occuper du négoce des peaux et fourrures et faire de nombreux voyages d'affaires à Gaéaf et Hellas. Maman, elle, était une femme au foyer qui prit soin de nous. Mais elle ne se résumait pas qu'à cela, j'y reviendrais plus tard. Du nom d'Ukiaq, soit la glace se formant lors de Nivéria et du prénom d'Aarluk, l'orque et elle naquit en l'an 1259. D'ailleurs, le négoce vient de son héritage personnel même si c'est papa qui s'en occupait le plus souvent. Cet aïeul dont je vous ai parlé et son ancêtre directe. C'est aussi maman qui décida de mon prénom, Imaviq qui signifie l'océan car à l'époque mes yeux était du profond bleu de prusse de la mer qui baignait les pieds de la citadelle. Et voilà, vous en connaissez maintenant un peu plus sur votre sœur aînée, Imaviq Upirngasaag et notre famille


Enfance, Aggersborg (1282-1286).

A la fin de l'année 1282 nous devions déménager pour la cité frontalière d'Aggersborg. Mon père qui jusqu'à lors travaillait honnêtement mais sans plus d'ambition professionnelle, se vit proposer un poste dans cette cité. A croire que ces compétences en matière de négociation et de diplomatie envers diverses guildes avaient été finalement remarquées par l'administration cimmérienne. Apparemment, cette cité pourrait bénéficier de son expérience et de fait nous devrions quitter Oakbriggs pour Aggersborg d'ici quelques mois. A peine le temps de trouver qui pourrait prendre la place d'intendant pour les affaires familiales. Maman avait déjà repéré le fils de l'un des trappeur avec lequel nous négocions fréquemment. Le jeune homme avait été souvent vu dans les cours publics financées pas certaines familles bourgeoises dont ma mère était très proche. Alors, papa et maman lui proposèrent ce poste et une formation suffisante qui lui permettrait de gérer en partie ce commerce tant qu'ils seraient absents. Maman avait vue juste et le garçon se montra à la hauteur. Le dernier soir, son père vint et nous remercia pour lui avoir offert cette opportunité. Il était fier de son fils et il y avait de quoi. Honnête et consciencieux il teint le poste avec intelligence et maîtrise. D'ailleurs, c'est toujours l’intendant actuel. Baratamé fliggang nous est toujours fidèle et à su conserver les rapports que notre famille avait avec les trappeurs. Nous lui devons beaucoup mais cela vous en prendrez connaissance plus tard.

Une fois arrivée dans la maison de fonction de notre papa, j'étais encore toute excitée par la nouveauté des lieux mais après quelques semaines, je vis les choses d'une autre manière, plus enfantine, plus égotiste aussi. Les pièces étaient bien moins nombreuses et plus de caves ou de tunnels interminables sous la maison pour s'y cacher ou y jouer. Mais après tout, nous étions perpétuellement sous la neige et cela me convenait plutôt bien. Et puis, j'avais ma petite conque, alors rien de fâcheux ne pouvait se produire. Et puis en 1284, un très heureux évènement se produit. Maman accoucha de toi ma sœur cadette ! Elle t'avait tendrement prénommée Tamuluga, celle qui mordille (aujourd'hui  Allaatkasik).

C'est vrai qu'au départ moi aussi j'ai trouvé cela amusant mais quand tes premières petites quenottes ont commencé à poindre, le sujet devint plus délicat. Mais comme toujours, maman eut une idée de génie. Elle fit venir d'Oakbriggs de la peau de morse. De la bonne vielle couenne. Et là, tu pouvais te donner toute entière à ta passion, nous épargnant tes petites morsures. C'est si résistant la peau de morse et c'était temps mieux. Cette période fut pour moi formidable même éloignée de ma ville natale. Tout était tout pour moi Tamuluga. Alors que je te changeais tes langes, tu en profitais pour me faire pipi dessus et pourtant, moi je rigolais d'un fabuleux bonheur. J'avais une sœur, un être à protéger comme le faisait notre maman pour moi. En fait, j'étais très fière de t'avoir chez nous même si tu sentais mauvais et qu'il valait mieux ne pas laisser traîner ses doigts. Nos parents, eux aussi étaient aux anges.  

Par contre d'importants changements s'opérèrent vers ma sixième puis ma septième année. Tout allait si bien avant ce temps là, avant que je ne comprenne que le monde soit compliqué et que les humains, bof rien à dire là dessus... J'avais tout de même commencée à me rendre compte des absences de notre maman dans le foyer. Vers six ans comme le voulait mes parents, j'ai rejoins l'école public de la cité mais pas toute seule. Comme parfois elle s’absentait, j'ai eu là encore une jeune fille de compagnie qui suivit avec moi les cours. Elle devait avoir quatorze ans et si je me le rappel bien, elle devait s’appeler Maharat Zybrotwsky. Quand je l'ai connue, elle était illettrée et pourtant j'étais très fière qu'elle puisse bénéficier de ces cours, d'être à coté de moi en classe. Aujourd'hui encore, je me demande si ce n'était pas elle qui été avec nous sur la 'Seiche orageuse' lorsque nous avons coulées. Quoi qu'il en soit, j'ai bénéficié de son expérience et même si j'étais encore jeune, je compris à ma manière ce qu'étais les classes sociales, l'ordre établis et que cela ne correspondait en rien aux préceptes de Kesha. Les inégalités pouvaient-être elles aussi flagrantes sans que les dieux ne s'en mêlent ? Mais tout cela je le tue à mon entourage, sauf que dans ma petite cervelle un rêve se fit et me forgea. La vérité quoi qu'il en coûte, la vérité pour le peuple nous sauvera tous. Qui nous apporte le lait pour toi petite sœur ? Qui vient m'accompagner dans cette école ? Qui s'occupe de nos affaires chez nous ? Des gens qui pourraient nous êtres des inconnus, des sous-fifres et j'ai rapidement compris pourquoi mes parents voulaient que je fréquentes ses écoles publiques, dites des pauvres. Kesha n'admet pas les distinctions sociales. Comme nous l'a enseignée Kesha, notre destiné n'est pas de construire un monde sur le rempart des inégalités sociales pour protéger certains privilégiés, mais pour engendrer un monde sans classe ni distinctions, comme l'avaient rêvés mes parents. Une égalité révélée par notre déesse, la connaissance vers laquelle nous devrions tous tendre. C'est l'un des moments clef où ma vie venait de basculer vers le savoir, tout autant que vers une foi inconditionnelle en notre sauveuse.

Puis vers six ans, lorsque j'ai pu être autonome pour prendre mes bains, dans un miroir, je remarquais une drôle de chose. Sur mon épaule gauche, il semblait y avoir un dessin mais trop précis pour une tâche de naissance. Une sorte de tatouage dont j'allais vite m'enquérir au près de notre mère. Qu'était-ce donc ? Je ne l'avais pas vu sur ma sœur... Maman avait-elle le même ? Des questions devaient être posées. Mais hélas, les réponses me déçurent profondément. Pour cette marque de naissance, maman me demanda de la cacher tout simplement et le jour voulu, elle m'expliquerait tout. En plus d'être plus qu'insatisfaisant, jamais je n'en appris rien sauf que je devais la cacher. Quand à la vérité et la parole de Kesha, c'était à moi de faire mon propre chemin... Et puis, aucune explication sur ses mystérieuses absences. Je peux vous dire que lorsque vous avez sept ans, ça laisse plus que perplexe. Après rien de plus à dire sur cette période si ce n'est que toi ma chère cadette, tu as occupée toute mon existence.

Maman tomba de nouveau enceinte mais nous dûmes partir avant l'accouchement vers une nouvelle et totalement inconnue contrée, celle d'Eridiana. Papa devait se rendre en poste en la ville d'Hespéria.


Jeunesse, Hespéria (1286-1292).

A Hespéria, papa avait obtenu une petite résidence de fonction dans le quartier résidentielle qui se trouva être plus confortable et aussi plus vaste que l'appartement précédent. Et peu après avoir fêté mon huitième anniversaire, ce toi la benjamine qui montra le bout de son nez et si je me rappels bien, c'était lors d'une chaude soirée du mois de Toula, le 13 en la saison de Béamas. Par Kesha ce quel nourrisson chétif tu faisais ! Au point même que nos parents s'inquiétèrent pour ta survivance sans oublier que tu semblais avoir des problèmes au souffle. Et bien que plusieurs médecins t'examinèrent pour en déterminer la cause, tous avaient émis des réserves sur ta longévité et avaient conseillé à nos parents de se préparer à devoir se séparer de toi dans les prochaines semaines. Ta naissance ne fut pas vraiment une fête... Pourtant, maman n'hésita pas une seule seconde à te donner le très joli nom d'Ulluriaq, soit étoile, signe de l'espoir qu'elle avait placée en Kesha. Et même si papa avait du mal à faire bonne figure, maman elle, semblait sereine et confiante. Quant à moi, j'étais trop heureuse d'avoir une deuxième sœur. Par contre, c'est à partir de ce moment que ma mémoire me fait toujours défaut et je ne sais pas si tu avais une sœur jumelle ou non... Je garde la conviction que je finirai pas retrouver ces bribes de souvenirs enfouis dans notre passé. Sinon, Béamas passa et ta santé ne présentait toujours aucun signe d'amélioration, tu respirais avec difficulté et tu ne gardais que rarement ta nourriture. Les médecins continuaient à te visiter, sans en savoir plus sur ta nature et toujours aussi pessimistes. Si bien qu'au cours de la saison de Riguéar, maman décida de les congédier définitivement. Contre toute attente, alors qu'il était plus que logique que la saison pluvieuse ne t'emporte avec elle, tu commenças à montrer quelques timides progrès. Ton souffle se fit moins rauque et ton appétit se développa. Maman fut rassurer, papa était au anges ! Et moi, soulagée. Quand Nivéria s'installa sur Hespéria, ce fut comme une révélation, tu ne montrais plus aucun symptômes, une sorte de guérison miraculeuse si l'on peut dire. Maman tout comme moi y avons vu la volonté de Kesha.

Mais cette fin d'année 1287 marqua pour moi un tournant assez difficile. D'une nature plutôt réservée et relativement docile, je commençais à montrer de l'impatience et une contrariété silencieuse. J'étais devenu une grande fille après tout mais je n'avais pas eu l'occasion d'effectuer le rite de passage comme le font les autres enfants qui atteignent les sept-huit ans dans nos contrées septentrionales. J'étais en droit de prétendre à participer à ma première chasse accompagnée de mon père. Mais avec ta naissance Ullriaq, je savais que je n'avais aucune chance que nous retournâmes tous ensemble à Oakbriggs. Ce que je pouvais me languir de nos contrées glacées et aussi de notre vielle demeure... Tous les soirs en rentrant de l'école, je sautais au coup de mon père pour lui poser la sempiternelle et invariable question dans un timide chuchotement, quand retournerions enfin chez nous ? Et immuablement, j'avais droit à la même réponse, que toi la benjamine, tu étais encore bien trop jeune pour effectuer un tel voyage. Pour autant, je ne t'en ai jamais voulue et je pensais surtout que notre père se servait de toi comme prétexte. En fait, c'était à lui que j'en voulais. Bien entendu, certaines choses me plaisaient tout de même dans la capitale, enfin au moins une, mon école. Il était vrai que j'adorais la fréquenter même si je ne m'y étais faite aucune amie véritable. Je me rappel avoir détester les cours de lecture et d'écriture, tout autant que ceux d'histoire mais le pire, c'étaient ceux de géographie. Très vite, je devins particulièrement débrouillarde pour tromper la vigilance des enseignants et des enseignantes pour m'évader de l'établissement lorsqu'ils devaient avoir lieu. Ce qui me valu très rapidement des reproches de la part de nos parents. Pourtant, constamment je les évitais. Non, en fait je les fuyais tant j'étais transis de peur de devoir y assister. Alors, après de nombreuses remontrances adressées à mes parents par le professeur, maman me pris entre quatre yeux et me demanda calmement pourquoi j'agissais de la sorte. Mais je ne sus quoi lui répondre et je m'enferma dans un silence peu coutumier. Semaines après semaine, c'était la même scène, douloureuse et déplaisante qui se rejouait. Maman toujours aussi calme et moi, toujours aussi désemparée, peut-être un peu plus cette fois-ci car n'y tenant plus, je lui révélais mes tourments.

Les larmes au bord des yeux je lui expliquais maladroitement à quel point j'étais affectée par le mal du pays et qu'il m'était impossible de ne pas chercher à regarder la carte de notre patrie dans mon livre de géographie pendant les cours. Cela me rendait si triste que j'aurais été bien incapable de ne pas m'effondrer en sanglot et en tant que cimérienne, cela était trop pour ma fierté, beaucoup trop à supporter, l'affront m'aurait tuée sur place. C'était là la seule raison de mes absences. Car si j'aimais Kesha profondément et de tout mon cœur, je nourrissais le même élan pour mon pays. A cela, venait s'ajouter le fait qu'aucun projet de retour chez nous n'avait été envisagé, ni même que je puisse faire mon rite de passage comme tous les autres enfants cimériens. Mais cela, maman l'avait depuis longtemps deviné. Par contre, elle n'avait pas envisagée que je sois si malheureuse éloignée de nos neiges éternelles et je vis un sourire triste se dessiner sur sa belle figure. Elle ne me gronda pas et m'assura que nous reprendrions cette conversation. Cela ne tarda guère et au souper la famille aborda le sujet de mes craintes avec bienveillance et attention. Nos parents m'ont proposé, même si cela les attristait, d'intégrer une pension à Hellas pour qu'au moins je retourne dans notre patrie. Cela me toucha vivement, je n'étais donc pas prisonnières de ces terres étrangères. Puis, ce fut notre père qui s’adressa directement à moi. En l'état actuel des choses, de part son travail mais aussi de ses devoirs familiaux, il lui était impossible de mon réaliser souhait. Par contre, si j'attendais patiemment encore une petite année et demi, il m'emmènerait chasser avec lui au cœur de l’hiver cimmérien pour mon dixième anniversaire. Des sentiments contradictoires m'assaillirent et me mirent le cœur dans un étau qui le pressait violemment. Nos parents virent mon profond désarroi et me rassurèrent affectueusement. J'avais tout le temps pour y réfléchir mais une chose était sûre à présent, je partirai avec papa à la meilleur des saisons !

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le lendemain matin maman vint me voir dans ma chambre pour m'informer que ce matin j'étais dispensé d'école. Elle s'assie sur le bord mon lit et d'une voix assez solennelle, qui me fit de suite comprendre l'importance de sa question, elle me demanda qu'elle arme je voudrais pour pratiquer le chasse. Traditionnellement les femmes utilisait avant tout la canne à pêche pour attraper les poissons dans les trous d'eau qu'elles faisaient non-loin des campements et même parfois elles usaient du harpon lorsqu'elles canotaient dans leurs kayaks. Mais moi je rêvais de tout autre chose, c'était l'arc qui me fascinait le plus même si j'adorais les coutelas. Mais sa forme fluide et élégante, son silence et sa précision avait quelque chose de magique à mes yeux. Et lorsque je l'avouais timidement à notre mère, cette dernière esquissa un sourire comme si elle s'y était attendue. Me regardant droit dans les yeux, elle me demanda de me préparer et de venir la rejoindre dans la salle à manger. Je ne me fis pas prier plus longtemps et une fois n'est pas coutume, déboula dans la pièce où elle m'attendait. Une fois dans l'armurerie, mes yeux courraient et se perdaient dans tout cet attirail d'armes et d'armures. Je n'en avais jamais autant vu d'aussi diverses et de si belle facture. Maman demanda à voir les arcs courts et en l'entendant, je rappliquais fit-ça. Mais voyant ce que l'armurier proposait à ma mère, je fus assez impressionné car je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient de si grandes tailles. Pourtant maman lui avait demandé à voir des arcs qui auraient du être bien plus petit, mais cela me dépassaient allègrement d'une tête et ma mine se décomposa sur le champ. Heureusement, l'armurier en avait de plus petits destinés aux débutants pour l'apprentissage et maman les regarda attentivement, les uns après les autres. Puis après un moment de réflexion, elle en prit un et le mit à coté de moi. Certes avec une quarantaine de centimètres de moins par rapport aux autres, il faisait petite figure mais tout de même, il m'arrivait juste sous le nez et j'attendais que ma mère en choisisse un autre plus adapté à ma taille. Mais qu'elle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle indiqua à l'armurier qu'elle le prenait... Puis se fut le tour du protège avant-bras, du gant et du petit plastron de cuir, tout ceci étant censé m'éviter un accident. Ça non plus, j'étais bien loin de me douter que cette arme élégante puisse être aussi périlleuse pour son utilisateur. Ne manquaient plus que le carquois et les flèches pour finir mon équipement. Aussi surprise qu’excitée de toutes ces nouvelles choses, je n'avais qu'une chose en tête, c'était de l'essayer même si je me demandais comment je pourrais m'en sortir avec un tel engin. Au lieu de rentrer à la maison, maman et moi sortîmes de la cité d'Hespéria pour nous diriger vers les pâturages alentours.

Trouvant un endroit qui semblait lui convenir, nous nous arrêtâmes et elle entrepris de fixer et d'ajuster toutes les protections. Pendant ce temps, d'une voix calme et douce elle m'expliqua certaines choses:

-"Comme papa n'aura pas beaucoup de temps pour te former, c'est donc moi qui m'occuperait de t'apprendre à te servir de ton arc. Tu vas devoir travailler très dur si tu veux être prête dans un ans et demi. Ça peut te paraître loin tout cela, mais je t'assure que nous n'auront pas trop de ce temps pour te former correctement. En premier tu devras développer un maximum de force dans tes bras mais cette force ne fera pas tout, il te faudra tout autant développer ton équilibre. Et pour ce qui est de la taille de l'arc, je t'apprendrai à t'en servir de deux manières. La première, plantée sur tes jambes, tu l'inclinera de vingt cinq degrés soit à gauche soit à droite. Cela dépendra uniquement de tes capacités. Mais la chasse à l'arc se pratique avant tout à dos de cheval et là, sa taille ne rentre plus en jeu de la même manière. Mais pour l'instant, te voila une flèche que tu vas poser juste sur l'encoche et tu vas essayer de toucher l'arbre qui est juste à coté de toi. Allez, essaye."

Franchement, j'ai bien crue qu'elle me faisait une plaisanterie car l'arbre était tout proche, à peine à quatre mètre de moi. Elle recula et moi, toute fière et sûre de le toucher du premier coup, je serrais les dents afin de bander mon arc. J'y mis toutes mes forces et d'un coups lâcha sans le vouloir la corde de chanvre tant et si bien que la flèche partit en vole plané pour atterrir mollement à peine à deux mètres devant moi. J'étais rouge d'humiliation mais tout autant par l'effort que j'avais fournis. Avec un doux sourire, maman s'approcha de moi et me dit gentiment:

-"Tu vois, c'est pas si facile que cela mais ne te décourage pas pour autant ma fille. Je vais t’entraîner durement certes, mais suffisamment pour faire de toi une bonne archère."

J'avoue que ces paroles furent réconfortantes et loin de baisser les bras, je tentais de recommencer sous les conseils avertis de ma mère. Nous y passâmes bien deux heures et à la fin, j'avais les bras en compote tout autant que le dos et les jambes. Complètement fourbue, sans avoir pu décocher correctement une seule flèche, j'étais pourtant heureuse. Je me promis que chaque jour je travaillerais aussi dur pour m’entraîner que je le faisais pour l'école.

Ce soir, je n’eus même pas la force d'attendre papa pour le souper alors que je voulais tant lui raconter mon après-midi. Mais la fatigue eut bien rapidement raison de moi et je m'endormis toute habillée sur mon lit. Finalement, ce ne fut que le lendemain soir que je pus lui raconter mes aventures qu'il écouta avec un vif intérêt. Une fois mon récit fini, il m'encouragea tout comme maman et se leva sans plus dire un mot. Quand il revint dans la salle à manger, il tenait un coutelas de chasse dans un beau fourreau de cuir attaché à un large ceinturon. Il s’approcha de moi et s'agenouilla pour être à mon niveau. Puis, d'une voix grave et cérémonielle:

-"Je suis fière de toi. Tu te prépares avec beaucoup d'ardeur à ce que m'a dit ta mère. Mais, la chasse n'est qu'un des éléments à accomplir lors de ton rite. Si tu arrives à tuer un animal quel qu’il soit, il te faudra aussi montrer du respect envers sa dépouille. Et donc, du devra peut-être l'achever avec dignité et aussi le dépecer. Les entrailles iront aux chiens de traîneaux et tu devras aussi récupérer sa fourrure ou bien son plumage dans les règles. C'est pour cela que je te remets ce coutelas de chasse. Il est spécial, c'est celui que j'avais lors de mon passage et maintenant il est à toi. Prends en grand soin et n'oublie pas, s'il peut te sauver la vie, il peut tout autant te la retirer si tu n'y prends pas garde. Maintenant que tu es grande, voilà ta première responsabilité."

Le ton qu'avait utilisé mon père était bien différent de celui que je lui connaissais. C'était bien là le signe que je m'apprêtais à devenir un grande personne. J'étais tout à la fois très fière mais quelque peu ébranlée tout de même. Il me demanda de me lever de ma chaise et me noua le ceinturon à ma taille.

-"Parfait !"

Et là bien entedu, le ceinturon me tomba directement sur les chevilles ce qui fit rire gaiement nos parents. Par contre après cette agréable euphorie passée, une nouvelle tâche me fut assignée. Cela faisait partit de l'entraînement me dit-il. Et d'une voix plus légère notre père reprit:

-"Bon, je fais faire un nouveau trou dans le ceinturon pour y passer la boucle et il t'ira comme un gant. Mais tu vas aussi devoir apprendre à le manier, à le connaître, à savoir comment il coupe. Bref, tu devras l’apprivoiser et ce n'est pas une mince affaire. On ne découpe pas une peau comme ça du premier coup, il faut du temps et de la patience pour maîtriser cette technique. Donc, à partir de maintenant, après ton entraînement, tu vas faire toutes les découpes en cuisines. C'est à dire, éplucher les pommes de terre, couper les carotte, émincer la viande, bref toute action qui nécessitera un couteau t'incombera désormais. Je sais, ça parait pas très folichon dit comme ça mais c'est un bon moyen pour l'appréhender sans trop de risques que tu te blesses."

Puis en jetant un regard de connivence à l'attention de Maharat:

-"C'est bien compris hein, Maharat ? Tu la surveilles et tu ne touches plus à un couteau ! Je compte sur toi."

Et ben, la soirée était riche en émotions et je vis par là même mon temps libre fondre comme neige au soleil...

Pour être honnête, j'ai bien cru que ces premières semaines d’entraînements allez me tuer. Mon corps n'en pouvait plus et je n'avançais que par ma seule volonté mais aussi à la promesse que je m'étais faite. Je revendais du rite avec un pelage ou bien un ramage pour faire honneur à nos parents tout autant qu'aux coutumes de ma patrie. J'avoue que ma fierté m'a donnée elle aussi un bon coup de pousse dans cette épreuve. Invariablement, mes journées se déroulaient de la même façon et lorsque je n'avais pas école, je pouvais profiter d'un peu de temps pour m’amuser tout de même. Donc, tous les matins avant les cours, je devais effectuer une course de fond dont la distance s'acroîsssait au fur et à mesure que ma résistance se développait. De plus, je devais courir, harnaché d'un sac à dos contenant des plus en plus de sacs de sable et comble du supplice, une planche de bois me maintenait le dos droit durant toute la durée de l'exercice. C'était atroce ! Pour me soulager, maman me disait que forcir mes jambes n'était pas suffisent si je manquais d'aplomb et de droiture que je sois à pieds ou à cheval. Ensuite, passage par une toilette et direction l'école accompagnée de Maharat qui très gentiment se proposait de me porter mes affaires de classe. Grace à elle, je pouvais me reposer un petit peu et je lui en serais toujours reconnaissante. Pour ce qui en était des cours, là encore j’eus un peu de mal à m'adapter et parfois il m'arrivait de somnoler voir pire lors des cours. Là encore Maharat me sauva mainte fois la mise. Le seul cours qui arrivait à me faire oublier ma fatigue était celui de mathématiques. C'était de loin mon préféré. D'ailleurs, j'ai toujours eu de bonnes notes dans ce cours contrairement à la géographie ou bien l'histoire. Quand aux cours de lecture et d'écriture, j'étais dans la moyenne. Puis après les cours, en revenant à la maison j'avais le droit de m'amuser deux heures puis retour à l’entraînement. Cette fois, il s'agissait d’accroître la force de mes bras. J'avais donc le droit à de longues séries de tractions et de portées de poids en tous genres. Puis le temps disponible avant le préparation du repas m'était laissé libre. Ensuite, je me dirigeais à la cuisine pour éplucher et découper toutes choses que Maharat me demandait avec ce coutelas de chasse que je trouvais bien trop lourd en fin de journée. Et puis éplucher des carottes avec une lame de plus de vingt-cinq centimètres, c'était loin d'être aisé. Maharat regardait attentivement comment j'effectuais chaque geste et n'hésitait pas à me reprendre afin que j'obtienne un geste à la fois sûre, précis et efficace. Généralement, après le repas j'allais directement me coucher tant j'étais épuisée et sombrais dans un sommeil sans rêve.

Nous rentrions dans l'année de grâce 1288 et nous avons tous remerciés Kesha avec ferveurs et gratitude car, petite benjamine, tu étais toujours parmi nous. C'était pour toute la famille un véritable miracle que nous avait offert la Déesse. Certes, tu étais toujours dans un état plus ou moins maladif mais tout de même, l'on pouvait constater une amélioration. Peut-être qu'avec le temps finirais-tu par sortir de cet état qui nous préoccupait tant ? Nos parents avaient même envisagés de retourner nous installer dans notre maison familiale à Oakbriggs tant tu semblais retrouver force et santé dans la froidure de notre contrée. J'avoue que je n'aurais pas été contre... mais je préférais te savoir en meilleur santé même si cela signifiait que nous restions à Hespéria. Quant à toi Tamulga, je n'avais pas vraiment remarquée que tu avais tant grandie. Tu étais restée toujours aussi souriante et espiègle, prompte à faire une farce et à amuser toute la maisonnée. Comme le disait tendrement maman, tu étais notre petit soleil à tous. Mais toujours aussi avide de grignoter tout ce qui se trouvait à portée de ta main, une vrai petite lemming. D'ailleurs, durant ces six mois d’entraînement, ce qui m'a le plus manqué ce fut de ne plus pouvoir prendre soin de vous comme je le faisais avant. Certes, maman ne me laissait faire que de petites choses et encore sous sa surveillance car encore un peu jeune et surtout pas trop costaude. Mais te faire manger, te border le soir ou bien jouer à la toupie était pour moi une source de bonheur intarissable. Pour tout l'or du monde, jamais je ne me serais séparée de vous.

Au milieu de l'année, j'arrivais enfin à bander ce fichu arc et je commençais à m’entraîner au tir, que ce soit à pied ou à cheval. Les débuts furent laborieux et plusieurs fois je frôlais l'accident, parfois un peu distraite, pendant les exercices. Mais comme cette fois les choses pouvaient porter à de lourdes conséquences, maman n'hésitait pas à me gourmander vigoureusement. Pour compléter mon apprentissage, notre père avait conclu un accord avec un fermier dont la propriété se trouvait d'être à une demi lieue de la capitale. Il y avait fabriqué un enclot d'une quarantaine de mètre au carré. A coté de l'enclot y était disposé un grand baqué rempli d'eau avec une vielle brosse de paille posée sur son bord. Je me rappel bien de cette première fois. Papa était accoudé à l'enclot et toi petite sœur cadette, il t'avait assise dessus mais toujours en restant attentif à ce que tu ne tombas pas. D'un autre coté, tu ne semblais ne t'intéresser qu'au tendon de renne que tu grignotais avec acharnement. Le sol était détrempé par la pluie qui était tombée à verse pendant le nuit et pour l'une de ces raisons je dus me vêtir d'un simple pagne et d'une paire de sandales. Le ceinturon réajusté correctement sur mes hanches, je n'avais que mon coutelas et je me demandais bien à ce quoi je pouvais bien m'attendre maintenant. Lorsque le fermier apporta un porcelet et le fit entrer dans l'enclos, mon père ne me demanda que deux choses. Premièrement l'attraper puis le tuer dignement, ce qui paraissait facile dans un endroit où l'animal n'avait nul endroit où se cacher. Encore une fois, mon assurance en moi vacilla et ce fut un véritable calvaire. Rien que pour l'attraper, je dus courir pendant plusieurs dizaines de minutes et à chaque fois que je m'en saisissais, il s'échappait. Je ne compte plus les fois où je me suis retrouvée à plat ventre dans la boue ce qui d'ailleurs te faisait bien rire Tamulga. Mais par chance dans une énième chute, j'ai fini par lui planter le coutelas dans la nuque et l'animal mourut sur le champs. J'avoue avoir apprécié tes applaudissements spontanés Tamulga alors que père me montrait le baquet et la brosse car dans cet état hors de question de passer à l'étape suivante le dépeçage et l'écorchage de l'animal.

Mais comme cette opération était délicate, ce fut avec l'aide de notre père que je la réalisais. Attentive à ses gestes, j'essayais de les reproduire au mieux, lentement mais ma main n'était pas sûre. Avec cette précédente course poursuite effrénée, j'accusais tout de même une bonne fatigue. Avec patience, notre père me pris la main et la guida ce qui ne m'empêcha pas de me retrouver éclaboussée de sang. Et donc à la fin de l'opération, retour au baquet et à la brosse... Décidément, le chemin restait bien long. Mais bon, au moins ma petite cadette s'était bien amusée du spectacle alors cela me suffisait pour entretenir ma détermination. Pourtant les semaines se succédèrent bien plus rapidement que je ne l'aurais cru et déjà nous entrions dans la saison de Nivéria. D'ici un mois et demi, ce serait mon dixième anniversaire. Nos parents avaient arrêté la date de notre départ et maman avait envoyé un courrier à notre intendant Baratamé pour le prévenir de notre visite et de son but. Nous devions arriver à Oakbriggs en tout début du mois de Firion, juste le temps de réaliser les préparatifs. Et ainsi donc, nous reprîmes la route pour notre maison familiale la semaine suivante. Pendant le voyage, je devais m'occuper de toi Tamulga pendant que Maharat elle avait en charge Ulluriaq.

Mon dixième anniversaire à Oakbriggs (Firion 1289).


Pendant tout le long du trajet, je restais silencieuse et pensive sur ce qui m'attendait dans les steppes glacées. J'étais tout à la fois très excitée mais tout autant anxieuse à l'idée de ne rien rapporter de ma chasse. Même si ce rite de passage n'est pas obligatoire pour les enfants, je m'y étais engagée par conviction et respect de cette ancienne coutume de nos très chères régions septentrionales. Le sang de la banquise coulait dans mes veines, il ne pouvait donc en être autrement. Mais quelle responsabilité. Je dois admettre que lorsque nous avons embarqués pour la traversé du Lac Gelé, petite Tamulga, tu m'as bien distraite tout de même. Pendant la traversée, tu fus horriblement malade, inutile de te dire que tu n'avais pas le pieds marin. Et une fois n'est pas coutume, tu perdis ta bonne humeur légendaire tout comme le contenu de ton estomac. Certes, pas de quoi en rire mais cette façon dont tu t'obstinais à serrer fortement ton tendon de renne quoi qu'il arrive prêta à sourire. Pour rien au monde tu ne voulais le laisser à papa ou maman. Coriace la petite lemming ! Bougonne comme pas deux aussi... Bref, nous arrivâmes en temps et en heure à notre maison où nous fûmes chaleureusement accueillis par Baratamé et un bon souper et rejoins par trois autres familles, celles des enfants qui étaient en âge de participer à leur première chasse, soit treize convives. Il y avait donc trois autres garçons à se joindre à moi. Être la seule fille ne m'étonna pas outre mesure et bien qu'il ne s'agisse en rien d'une compétition, bien au contraire, je ne voulais leur faire le plaisir de revenir bredouille. Je savais bien que je n'étais pas dans le bon esprit mais face à ces garçons, d'une certaine manière je me suis sentie en danger. Enfin, ma fierté et mon honneur surtout... Les présentations faite entre les participant, nous partageâmes ce repas de l'amitié et de la fraternité, nous donnant rendez-vous pour la semaine prochaine. Encore sept jours à patienter...




Dernière édition par Imaviq le Dim 31 Juil - 14:53, édité 27 fois
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MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeLun 11 Juil - 9:37

Bonjour et soit la re(re)bienvenue parmi nous! :)

Enchantée de découvrir ton troisième visage et de voir que ta fiche est déjà si complète. Et une nouvelle tête dans la vaste Eglise de Kesha!

N'hésites surtout pas si tu as des questions pendant la rédaction de ta fiche.
Un petit signe dés que tu as fini et on accourt!

Bon courage pour la fin de l'écriture, à bientôt!
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Imaviq
:: Flocon de Neige ::
Imaviq

MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeJeu 21 Juil - 21:01



Suite.

Il était tout de même remarquable de constater qu'en quelques jours à peine, notre petite Ulluriaq avait sérieusement reprit du poil de la bête. Tout aussi étrange que cela puisse paraître, nul râle rauque ne se faisait entendre dans ta respiration et tu avais retrouvé un appétit plus proche de la normalité. C'était ce que nous avions remarqué lors de la saison froide à Hespéria sauf qu'ici, c'était bien plus spectaculaire. Quoi qu'il en soit, toute la famille avait retrouvé sa joie et sa bonne humeur. Les préparatifs allaient bon train dans une liesse partagée. Puis ce fut le grand matin. Honnêtement, j'étais tétanisée par la peur et papa peina pour me mettre en confiance comme s'il ne s'agissait que de résoudre un simple problème de mathématique. A peine plus rassurée, nous partîmes à cheval rejoindre les trois autres participants.

Aucun des deux soleils n'apparaissaient dans ce ciel d'un pur bleu de cobalt où brillaient encore timidement quelques étoiles. La journée promettait d'être ensoleillée si ce n'était qu'à l'horizon vers l'est pointaient une formation nuageuse rosie. Et sous nos latitudes, le temps pouvait radicalement changer du tout au tout en à peine quelques instants, donc il fallait rester méfiant tout de même. Ce n'était pas pour rien que ces régions ont la réputation d'être dangereuse et où nombres de voyageurs étrangers à nos terres y ont trouvé la mort. A tout moment l'on peut être pris dans les bourrasques d'un violent blizzard alors que le ciel était parfaitement clair et lumineux. Mais cela ne nous empêcha pas d'espérer tout de même une journée clémente. Une fois arrivé dans les steppes au nord d'Oakbriggs, nous mimes le pied à terre et les quatre pères choisir l'enfant qui serait sous leur tutelle. Pour que les chances soient plus égalitaires mais aussi pour éviter toute fraude, bien que seuls de très rares cas furent rapportés, nous ne devons chasser avec l'un de nos parents. Même si ce système était impartial, il demandait une confiance absolu et partagé entre les pères des enfants car si l'un devait avoir un problème, il s'en trouvait responsable avec toutes les conséquences que cela pouvait impliquer. Chacun d'eux restant au loin de l'enfant, uniquement comme observateur, ils devaient aussi pouvoir les protéger des dangers, d'où un lourd équipement chargeant leurs monture avec tout le nécessaire en cas de gros pépins. Une fois la répartition effectuée, mon tuteur s'appelant Tupiliat, je me mis en route vers le nord et sa proche banquise.

C'était l'endroit où j'avais le plus de chance de trouver un animal mais c'était aussi de loin le plus dangereux tant chevaucher sur la glace pouvait se révéler hasardeux et périlleux sans oublier une faune particulièrement redoutable. J'avais dans l'idée de trouver un phoque mais qui dit phoque dit aussi ours blanc ou bien même orque. Les phoques qui résidaient sur le bord de la banquise étaient des proies faciles pour moi mais tout autant pour ces magnifiques cétacés qui brisaient la glace sans aucune difficulté. Sans oublier qu'il n'y avait aucun refuge en cas d'intempéries et que je n'avais que des notions théoriques pour la construction d'un igloo de fortune. Bien que je fusse accompagnée par un adulte, ma survie était loin d'être assurée. Mais bon, avant d'atteindre le bord de la banquise nous avions encore plusieurs heures de chevauchée prudente sur cette neige qui nous cachait bien des pièges. Ce que je redoutais par dessus tout c'était de chuter avec ma monture dans un grand trou de fonte recouvert de neige. L'issue m'aurait été fatale à coup sûr. Rien qu'à l'évocation de cette idée, j'ai donc préféré mettre pied à terre pour minimiser les risques. Mais le ciel était toujours dégagé et je pus parcourir une grande distance tout de même lorsque qu'une brise vint jouer avec mes cheveux. Je regardais au sol le sens dans lequel les sastrugi (crêtes de neige formée par les vents dominants) avaient été formés. Ils l'avaient été par un vent de nord-est tout comme celui qui vivifiait mon visage, ce qui m'indiqua que cette brise pouvait à tout moment s’amplifier et devenir problématique. En plus du sol, voila que venaient se rajouter les dangers venus du ciel. Effectivement à peine une dizaine de minutes après, le vent forci entraînant avec lui sa myriade de flocon blanc. Mais cela était encore bien raisonnable et ne gênait que peu ma vue. Je montais sur une
crête de glace qui devait s'élever à deux ou trois mètres afin de voir si j’apercevais une colonie de phoque ou bien de manchots. Et ce fut en plein nord que je vis une tâche assombrissant la neige au loin. Impossible de déterminer quels animaux vivaient là-bas, la neige tombante rendait la vision floue et diluait bien trop les coloris. Mais bon il devait y avoir des animaux et donc je m'y dirigeais, mon tuteur par trop éloigné de moi. Au fur et à mesure que je me rapprochais, les reliefs sur la glace étaient de plus en plus chaotique mais aussi élevés. La banquise avait rencontrée des tempêtes durant sa formation et j'avançais entre des crêtes et des murs relativement modestes, entre un à deux mètres tout au plus. Parfois, une crête plus haute se détachait dans le paysage blanc. Les formes devinrent plus sombres mais guère plus nette. Elles semblaient être quatre ou cinq, couchées à même le sol ce qui me permis d'amblé d'éliminer les manchots. J'espérais tout de même ne pas tomber sur des morses, sinon il ne me restait plus qu'à passer mon chemin en espérant ne pas me faire repérer par ces farouches bestioles.

J'approchais doucement des tâches lorsque le vent siffla dans mes oreilles et que le ciel s'assombrit subitement. D'un coup, me voilà plongé dans une sorte de ouate dont la lumière semblait parvenir de partout à la fois. Difficile de distinguer le sol du ciel quant à l'horizon, il avait tout simplement disparut. La visibilité était réduite à quelques mètres à peine et je due continuer sur les genoux. J'entendis d'inquiètes vocalise au dessus des sifflements du vent, c'était les phoques qui se rassemblaient. Mon arc m'était devenu inutile dans cette tourmente et il ne me restait plus qu'une option. Surprendre l'un de ces animaux et lui enfoncer mon coutelas dans les cervicales. Le corps à corps était mon seul moyen pour ramener une fourrure. Pourtant, je me suis mise un moment à douter de pouvoir véritablement y arriver. Les phoques peuvent eux-aussi se montrer féroces et leur morsure n'en n'était pas moins dangereuse. Si je devais livrer combat, mes chances de réussite étaient bien réduites... Si proche du but, je ne pouvais abandonner. Alors, rassemblant tout ce que j'avais de courage, je repris la direction des formes qui n'en finissait plus de crier comme pour conjurer la tourmente. Avançant à quatre pattes, n'y voyant presque plus rien, ce fut à peine si je ne heurtais le corps de l'un deux. J'étais arrivée sur son flanc et il ne m'avait repéré. C’était un magnifique spécimen de phoque rubané, le corps tout noir étant parcouru par un large ruban de pelage blanc. Ce devait être un mâle mesurant dans le mètre soixante et pesant bien dans les quatre vingt dix kilos, donc je n'aurais le droit qu'à un seul essai, inutile d'essayer de se battre avec un tel animal. Je me suis donc rapproché le plus possible de lui, toujours sur son flanc et remontant vers son coup. J'attendis là quelques minutes, la peur au ventre dans le brouhaha de leurs jérémiades incessantes. Mais je ne pouvais demeura là plus longtemps sinon c'était le froid qui aurait ma peau. Alors je me suis levée lentement et positionna fermement mes jambes, puis sortant mon coutelas, je visais la nuque juste en dessous de moi. Le coup fut rude pour le phoque mais ne le tua pas immédiatement car ma lame avait déviée sur les os de la colonne lui tranchant par là-même une partie de la gorge. Instinctivement il leva sa tête et tenta de me mordre à l'aveuglette. Alors, tentant le tout pour le tout, je donnais un coup aussi puissant que possible au niveau de sa gorge pour finir de la sectionner. Mon attaque porta effectivement mais il eut le temps de me mordre profondément l'avant bras.

Sa mâchoire me serrait si fort et j'avais tant mal que je ne pus me dégager et sa tête tombant sur la glace, je fus moi aussi projeté au sol. La douleur était si vive que je me suis mis à pleurer toutes les larmes de mon cœur en criant de désespoir. Je ne savais pas si le phoque était toujours vivant ou non, si sa mâchoire me serrait de plus en plus fort jusqu'à me briser les os. Mes yeux tous noyés de larme, toujours à hurler de douleur, je saisis tant bien que mal mon coutelas pour l'introduire dans la mâchoire de l'animal et tenter de m'en servir comme levier afin de libérer mon avant-bras. Apparemment il était bien mort et le coutelas fit son office mais je le lâchais de suite tant une fulgurante douleur envahie tout le haut de mon corps. Heureusement, par réflexe j'avais eu le temps de me dégager même si j'avais toujours l'impression que mon membre était encore prisonnier de sa mâchoire. Je n'étais plus en état de formuler des pensées cohérentes et encore moins de m'atteler à la tâche pour le dépecer. Seul m'importait de retrouver Tupiliat et de quitter cette hostile banquise. Ce fut à grand peine que je me suis relevé, toute chancelante dans la bourrasque cherchant derrière moi mon tuteur. Je be remarquais même pas que mon bras pendait inerte, ma manche de fourrure toute maculée d'un liquide rougeâtre et ma main toute dégoulinante de sang. Voyant une ombre sur ma gauche, je m'y dirigeais sans plus réfléchir, ne cherchant plus que mon salut. Sauf que là l'ombre se leva, me dépassant de trois fois ma taille tout en se mettant à pousser un grognement terrifiant qui me glaça de suite le sang et me tétanisa sur place. J'avais juste devant moi un ours blanc. Dès lors je sus que j'allais mourir et cela m'anéantie littéralement. Si j'avais eu un peu plus de maturité, sûrement que j'aurais su trouver quelques réconforts en sachant que j'allais rendre mon dernier souffle sur ma terre natale. Mais à dix ans l'idée de disparaître n'a vraiment rien de réjouissant. De toute façon, je n’eus le temps de penser à rien. Ce fut à peine si je vis cette patte immense et démesurée s'abattre sur moi.

Mais à ma grande surprise, je finie par rouvrir les yeux. Et une fois éveillée, une douleur à peine supportable me labourait tout le torse alors qu'une autre moins vive mais plus lancinante me parcourrait tout le bras droit. Mon corps me semblait n'être plus qu'une plaie vive et béante qui me torturait tant que je n’eus la force de me retenir de sangloter silencieusement. Les larmes coulant abondamment sur mes joues et mon menton me faisaient elle aussi souffrir, brûlant la peau de mon visage. Ma vision même troublée me fit penser que je devais me trouver dans ma chambre. Mais était-ce un rêve ou bien la réalité ? Je ne su que lorsque j'entendis maman s'adresser à moi.

Convalescence à Oakbriggs (Firion - Mirios 1289).


-"Et bien ma fille, tu nous reviens de loin, cela fait quatre jours que tu étais inconsciente dans un monde entre la vie et la mort. C'est Tupiliat qui t'as sauvé la vie et t'as ramené chez nous. Ta blessure à l'avant-bras n'est pas trop grave et tu devrais t'en sortir avec quelques marques de dents mais ta blessure au torse l'est bien plus c'est pour cela que nous resterons ici le temps de ta convalescence. Il serait trop dangereux de faire le voyage jusqu'à Hespéria, plusieurs semaines seront nécessaires avant que les blessures ne se referment et que tu sois en état de te lever de ton lit. En plus des profondes lacération sur ton torse, plusieurs cotes ont été brisées donc nous ne bougerons pas d'ici avant plusieurs mois je pense. Papa est rentré à Hespéria avec tes sœurs accompagnées par Maharat. Bien entendu, je suis plus qu'heureuse que tu sois de nouveau parmi nous mais je voudrais revenir sur cette aventure car je pense cela nécessaire à ton éducation."

Bref silence, maman pousse un petit soupir puis reprend:

-"Le rite d'Uumasorniartoq ou rite du chasseur comme tu le sais déjà est proposé aux enfants ayant atteint leur dixième anniversaire. Il est appelé ainsi parce qu'il s'agit selon toute apparence d'une chasse mais son vrai nom est Iliakarpoq, le chemin vers la connaissance, soit tirer un enseignement de cet expérience. Mais cela n'a jamais été un concours à celui qui rapportera la plus grosse proie et que tu rammenes ou pas la dépouille d'un animal ne fait aucune différence. La réussite de ce rite est avant tout quelque chose d'intérieur tout autant que l'apprentissage de la survie dans notre contrée. Il n'y a ni gagnant ni perdant et je pense que tu as oublié la finalité de cette épreuve. Certes tu as fais preuve d'un grand courage, c'est indéniable, mais au mépris de ta propre sécurité et de celle de ton tuteur. Quels sentiments ont pu à ce point te pousser à une telle imprudence ? De la vanité ? Ça j'en doute pas trop et je le comprends, ce n'est pas toujours facile de ce faire accepter lorsque l'on vit loin de Cimméria et qu'en plus on est une fille. Mais tu n'avais rien à prouver sur la banquise, à personne ni même à moi ou à papa. Même sans gibier, nous aurions été de toute façon fière de toi. C'est ton voyage qui était l'important et quel qu'en soit son résultat. Une des valeurs essentielles était de te montrer que nous respections toutes formes de vie, qu'il n'y en avait pas de plus importantes que d'autres et que nous tuions ni par haine ni pas colère mais avec amour. Tu dois respecter l'animal qui te nourrit car toi aussi tu nourrira les animaux. Bon, je ne vais pas m'appesantir sur tout ça car je sais que ta leçon fut particulièrement sévère et brutale. S'il en est ainsi, c'est qu'elle t'était destinée. Maintenant tu es sur la voie du savoir du monde qui t’entoure et que donc tu as finalement réussi cette épreuve. Par contre, ce que m'a révélé Tupiliat sur ton sauvetage me laisse tout de même perplexe. L'ours avait sûrement du être attiré par les cris des phoques. Pourtant le seul phoque qui a été tué l'a été par ta main et l'ours n'en à pas profiter pour te voler ta proie ce qui est singulièrement étrange. De plus, il ne t'a pas non plus mise à mort pour te dévorer, autre fait quelque peu déroutant. Alors bien sûr je ne lis pas les fils de la destinée mais j'en suis arrivée à penser que ton manque de probité face la nature c'est manifesté sous la forme d'un ours pour te sortir du mauvais chemin. Est-ce l'esprit de Nanuq (ours) ou bien Kesha qui se manifestait, les deux peut-être ? Je ne serais dire. La seule certitude c'est leur bienveillance à ton encontre."

-"Ah, dernière petite chose, le mois prochain Tupiliat te ramènera la peau de ton phoque transformée en une bien jolie cape et papa t'as laissé un cadeau que voici. Bon, je vais à la cuisine te rapporter un peu de soupe, il faut que tu manges maintenant."

Ouvrant le paquet, j'y découvris un magnifique coutelas de chasse (cf description dans 'Armes et Armures') avec un ceinturon ajusté à ma taille. C'était un merveilleux cadeau qui me fit un court instant oublier mes douleurs mais qui me rappela les paroles de maman. Je devais à tout prix laver mon cœur de ma collection de sentiments impurs et cela me demanderait une détermination sans faille. Car je venais d'apprendre le nom de chacune des tâches de la corruption qui gangrenait mon cœur à commencer par les deux plus importantes, l'orgueil et la vanité. Pas facile quand on est une cimmérienne expatriée comme me le disait maman... Et malgré la douleur qui me faisait pleurer silencieusement, avec contrition et ferveur je me mis à prier Kesha et à la remercier de m'avoir épargné tout autant que de me révéler mon imperfection.

Les semaines passèrent lentement, très lentement tout comme la douleur et mes chères sœurs, si vous aviez su à quel point votre absence m'était pesante ! Mais pour compensation, j'avais maman pour moi toute seule ce qui n'était pas rien tout de même. D'un autre coté je dus bien admettre que c'était ma faiblesse morale qui vous privait pendant plusieurs mois de notre mère alors que j'en étais finalement la seule responsable. Et j'entrevis que la vanité de mes actes avait de plus vastes conséquences et que j'avais tout autant été égoiste. Cette révélation me plongea dans un abyme si sombre et si profond que j'eus l'impression de m'y noyer. Seule la prière alluma en moi une petite et lointaine lueur à laquelle je me raccrochais de toute mon âme. Et moi qui ne me pensais pas mauvaise... En définitive, cette douleur, cette souffrance, n'était que trop mérité et mon enseignement ne faisait que commencer.

Retour à Hespéria (Mirios 1289 -  Cicium 1292).

Un adage nous dit que le temps passe vite lorsque nous sommes heureux et ce fut le cas pour notre famille durant trois années. Le commerce familiale de peaux et de fourrure fonctionnait bien et nous assurait de confortables revenus. Papa était passé du poste d'attaché d'ambassade à ambassadeur et maman restait à nos coté pour nous transmettre une éducation cimmérienne. Parfois, comme je vous l'ai déjà signifié, elle s’absentait pour des périodes plus ou moins longues mais jamais plus de deux semaines par contre. Et cela restait pour moi toujours aussi mystérieux surtout que papa n'en faisait pas cas. Quoi qu'il en soit, notre famille baignait dans la félicité.

Tamuluga (Allaatkasik), du haut de tes huit ans, tu n'avais rien perdu de ton espièglerie et de ta joie de vivre et encore moins de ton féroce appétit. A la seule différence quand tu étais plus jeune, tu ne t'attaques plus aux tapis ou au pieds de chaises avec tes petites quenottes affûtées comme celles d'un castor. C'était à table que tu exprimais ta voracité et sur le coup, ce fut toute la famille qui en devint soulagée. Je me rappels même que tu ambitionnais de devenir trappeur ce qui faisait bien rire papa et maman. Et toi Ulluriaq (Nasaq) nous fêtâmes dans une certaine euphorie ton troisième anniversaire car depuis peu, tu semblais physiquement bien mieux aller avec un appétit retrouvé. Par contre tu était singulièrement farouche et tu n'arrêtais pas de te cacher dans les endroits les plus obscurs. D'ailleurs, tu affectionnais tout particulièrement les placards. Et pour te faire passer à table, tout un cérémonial... Difficile à attraper, tu te faufilais comme une anguille et seule maman était arrivée à te domestiquer si l'on peut dire. En plus, tu étais grognon au possible et désemparement soupe au lait. Mais maman gardait espoir et dans un sourire nous disait que tu changerais en grandissant. J'avoue avoir été un peu déçue que tu ne veuilles pas partager nos jeux avec Tamuluga. Pourtant, ce n'était pas par faute d'avoir essayé. Mais ces échecs ne m'ont jamais fait renoncer pour autant. Bref, tout était pour le mieux.

Moi aussi je grandissais et je repensais à la proposition que m'avait faite nos parents, celle d'intégrer un pensionnat dans notre patrie. Cette idée, je voulais la chasser de mon esprit car je savais qu'elle nous séparerait et cela me rendait extrêmement triste. Le temps avait fait son œuvre et j'en ai donc reparler lors d'un souper avec nos parents. Comme nous n'étions pas dans la gêne financièrement, j'étais libre de choisir l'établissement. Comme nous parlions souvent de Foi et de religion avec maman, elle s'attendait à ce que je veuille intégrer un pensionnat sous la gouverne des Prêtresses Cimmériennes de Kesha. Mon père aussi apparemment et tous deux se faisaient une joie en me voyant déjà moi-même comme une future prêtresse. Mais ma réponse fut tout autre et pourtant ils ne semblèrent pas déçu mais plutôt surpris et intrigués. Certes, il était temps que je m'oriente sur une route et c'était pour cela que je voulais le faire chez nous. Il fut aussi vrai que j'étais pieuse et grandement respectueuse des préceptes de Kesha, mais de là à embrasser la foi me paraissait prématuré. Je ne voulais surtout pas pêcher par orgueil ou bien vanité. Si Kesha m'appelait, je devrais être capable de l'entendre, sinon m'engager dans cette voix ne serait qu'un ignoble blasphème. Je portais donc mon choix sur quelque chose dans lequel je pourrais facilement me reconnaître. Car si effectivement nous étions des bourgeois aisés, nos amis étaient de fiers et rustres trappeurs, des pêcheurs, des gens simples et francs, à la parole brute mais honnête. Et puis, notre famille avait depuis si longtemps certaines convictions comme le partage équitable des revenus entre autre, l'altruisme désintéressé, que d'être admise dans un pensionnat de petites bourgeoises arriviste était de loin une très mauvaise idée. Oups, je suis en train de faire preuve de suffisance là...

Bref, j’orientais mon choix vers un petit pensionnat relativement modeste mais qui devait répondre à deux critères. Certes un bon niveau d'enseignement mais pas pour dominer les autres par le savoir mais qui permet de s’émanciper intellectuellement et de faire de moi une future citoyen cimmérienne libre. Le deuxième, que l'éducation dispensée soit en adéquation avec notre mode de vie rurale. Je voulais continuer ma pratique de la chasse et me perfectionner dans ce domaine, mais aussi apprendre à vivre en harmonie au sein de notre région glacée. Je me voyais mal à cette époque devenir une citadine dont la survie ne dépendait que des remparts dans lesquels elle demeurait finalement prisonnière.

Ayant écouté ma requête, maman me répondit d'un air faussement sérieux:

-"Je pense connaître un établissement qui devrait te convenir. Mais fait une croix pour l'apprentissage en milieux hostile, les stages de survie ne sont au programme d'aucun établissement. Tu imagines ? Ta classe part sur la banquise et trois élèves manquent à l'appel ? Non, ça tu l'apprendra plus tard. Mais pour le reste, tu devrais être satisfaite. Je vais envoyé un courrier à l'établissement pour savoir s'ils peuvent prendre une élève en fin d'année, enfin si tu le veux vraiment."


Devant ma décision, mon père proposa à toute la famille de se retrouver une fois l'an pour partager des vacances dans notre maison familiale, de Famael à Firion. Attristées par mon départ, cette annonce vous redonna tout de même le sourire mes chères petites sœurs. Ce fut ainsi que je vous quittais en ce mois de Cladil, le cœur lourd, chargé d'incertitudes mais aussi d'espoir.

Pensionnat du "Bruant des neiges", Hellas (Cladil 1292 - Fonclan 1295).


Les deux années et demi que j'ai passée dans le pensionnat de jeune fille du "Bruant des neiges" furent à la riche intellectuellement et aussi des plus excitante. Ce fut en ces lieux que mon esprit s'ouvrit sur le monde et qu'une révélation m'éclaboussa sans ménagement. J'ai entraperçu une facette de notre réalité et cela, dans un premier temps, m'avait bouleversé car mes certitudes c'étaient vu sérieusement ébranlées. Mais je ne suis pas restée prostrée devant cette nouvelle compréhension que j'avais de notre monde, au contraire, je me suis interrogée et questionnée tout comme je l'aurais fait pour résoudre un problème mathématique. D'un autre coté, je venais d'avoir treize ans et je sortais du giron familiale mais pas que. Je me confrontais pour la première fois à d'autres modes de pensées que je ne soupçonnais même pas. Mais de cela, je vous en reparlerai plus tard.

Ce pensionnat accueillait majoritairement des enfants de la petite bourgeoisie qui ne pouvaient se payer un établissement plus réputé, mais il y avait aussi quelques jeunes filles d'aristocrates désargentés et de très rares filles de commerçants. Et encore, elles étaient issues de commerçants relativement aisés. Par contre à ma grande surprise, aucune n'était issue du milieu de l'artisanat, de la paysannerie, de la pêche ou bien du métier le plus noble à mes yeux, celui de trappeur. Et l'ambition dominante des jeunes filles dans l'institution était avant tout de recevoir une instruction correcte pour devenir une respectable épouse, un bon parti à marier. J'avoue que ce fut ma première douche froide. Mais l'avantage non négligeable de ce pensionnat était d'être ouvert à d'autres possibilités comme de faire carrière dans un domaine, ce qui pour une fille semblait être quelque peu inaccoutumé. Exception faite de celles qui voulaient embrasser une carrière de prêtresses mais généralement ces dernières allaient étudier directement au Temple. A mon entrée, lorsque l'on m'a demandé mes ambitions afin de m'orienter, je n'ai pas su quoi répondre si ce n'était que j'aimais par dessus tout les mathématiques tout comme le tir à l'arc et que je n'avais pas encore réfléchis à mon avenir. Comme je savais aussi lire et écrire correctement, je fus donc placée en dernière année de second cycle. Si j'arrivais à suivre correctement les cours de cette fin d'année, alors je pourrais entrer en troisième et dernier cycle. Bien entendu à la place des cours de maintient, de l'art de la conversation, de savoir tenir un ménage ou de la danse de salon, j'ai opté pour le tir à l'arc, la littérature, la théologie et les maths cela va sans dire.

En ce qui concernait l'hébergement, il n'existait pas de chambre individuelle, nous dormions toutes dans des dortoirs assignés à notre section de cycle. Donc je rejoins le dortoir réservé aux sections trois de deuxième cycle qui était vide à cette heure, les élèves étant en cours. On m'attribua un lit, une minuscule armoire, un casier serait plus juste et on me laissa mettre le peu d'affaire que j'avais en place. Sur la table de nuit à coté de mon lit, j'y déposais une petite figurine sculptée dans la dent d'un cachalot que m'avait offerte maman pour mon départ. Elle représentait Nanuq (ours), l'esprit qui m'avait laissé la vie sauve malgré mes imperfections. Kesha, elle, était dans mon cœur comme la plus brillante des étoiles. Puis je me dirigeais vers la salle de classe que l'on m'avait précédemment désignée. Comme j'étais timide et assez réservée, il serait facile de croire que de se faire des amies serait assez compliqué surtout lorsque que l'on arrive en fin d'année scolaire et c'était ce que je pensais aussi. J'ai donc décidé de briser la glace sans plus attendre. J'avoue, j'y suis allée un tantinet brutalement. Nous étions dix dans le dortoir et comme nous disposition d'une heure avant le couvre-feu, des petits groupes s'étaient formés et tenaient des messes basses. Alors poussant de la voix, j'ai demandé à l'assistance comment faire le mur ici car j'étais bien décider à fêter ma première soirée dans la capitale. Neuf paires d'yeux se sont alors diriger sur moi, surpris pour les uns, choquée pour d'autres et deux paires qui luisaient de concupiscence. J'ai su de suite que je ne resterais pas très longtemps isolée. Très vite, Alanisse et Isandine devinrent mes deux meilleurs amies. Bon, la suite n'a rien d'intéressante...

Toutes deux avaient quinze ans et étaient natives d'Hellas. Plus âgées que moi mais aussi bien plus expérimentés dans la vie citadine, nous avons eu de longues et passionnantes discutions. Toutes trois nous avions des points de vues divergents ce qui rendait plus riche nos échanges. D'ailleurs au cours d'une de nos discutions sur la problématique d'approvisionnement en eau courante des villes les plus septentrionales, elles m'avaient fait remarquer que mes idées sur le sujet valaient la peine d'être creusées et comme j'étais très bonne en maths, pourquoi ne pas envisager une carrière d'ingénieur ? J'avoue que l'idée ma fortement séduite et elle collait parfaitement à ma conception que j'avais de faire le bien autour de moi. Et puis pourquoi pas devenir une Eclaris ? Rien que cette idée était pour moi enivrante et toute nouvelle. Etait-ce là mon destin ?

Mais le sort en décida autrement. Un soir alors que nous étions partie en goguette, moi et mes deux amies, je remarquais une chose qui jusqu'alors n'avait pas attiré mon attention. C'était un panneau de bois recouvert de bouts de parchemins comme il en existe dans de très nombreuses cités où sont affichés les informations de la municipalité mais aussi les rencontres sportives comme le lancé de pierre, le jeu de paume ou le tir à l'arc. Mais il y en avait d'autres qui semblaient avoir été mis dessus les autres de manière anarchique. Je m'y dirigeais et commença à lire ces derniers mais Alanisse et Isandine me tirèrent sur la manche me recommandant de ne pas me faire remarquer en les lisant. Ses feuillets étaient illégaux et la marée-chaussée en plus de les arracher régulièrement, faisait tout autant la chasse à leur poseurs tout autant qu'à leurs lecteurs. Rapidement, j'en arrachais un et partis avec mes deux amies sans plus demander mon reste. Brûlante de curiosité, très discrètement dans la pénombre de la taverne je lu son contenu. C'était la première fois que je lisais un tel texte. Bien entendu, je demandais des explications sur ce genre de chose qui m'était inconnu. Ce fut à voix basse qu'elles me répondirent. Il s'agissait le plus souvent de pamphlets qui dénonçaient les agissements de la mairie ou bien ceux du Temple de Kesha et parfois, ils étaient écrits sous forme de satire amusante ou ironique. Celui que j'avais en main s'attaquait à la hausse des taxes sur la pêche dont devait s’acquitter les marins-pêcheurs alors que les grossistes faisaient des marges extravagantes sans à avoir suer sang et eau ou bien même risquer leurs vies sur des flots incertains. Le papier n'était pas signer et je compris de suite le pourquoi. Pourtant je trouvais de l'importance à ce petit texte, pour moi, il était tout à fait légitime de pointer une injustice. Mais dans la capitale, légitimité n'était pas synonyme de légalité. Ce qui ne fit que renforcer le sentiment que j'avais sur la cité et ses inégalités flagrantes. Peu à peu j'ouvris les yeux sur la sombre réalité des classes sociales mais aussi de la tyrannie qu'exerce les plus puissantes sur les plus faibles et le sentiment d'injustice qui naquit en moi, venait de planter la graine de l'hétérodoxie. Comment se pouvait-il que de telles injustices puissent exister si proche du Temple de Kesha ? Les prêtresses n'étaient donc t-elles pas au courant ? Ou bien cela ne relevait-il qu’exclusivement de la municipalité. Mais dans ces conditions, comment être en accord avec sa foi ? Toutes ses questions finirent par m'embrumer l'esprit et je préférais mettre ce maudit papier dans ma poche afin de retrouver des discutions plus légères et me griser à l'hydromel. Mais, je sus dès lors que jamais plus je ne pourrais détourner mon regard ni mon cœur face aux injustices.

Ce premier pamphlet avait fait son chemin dans mon esprit mais comme le sujet était sensible, les discutions autour de ce moyen d'expression ne se faisaient qu'avec le cercle restreint de mes deux amies. Et lorsque nous avions l'occasion de faire le mur, nous passions par plusieurs panneaux d'affichage situés essentiellement dans les quartiers populaires car c'était là que nous avions le plus de chances d'en décrocher de nouveaux. Si au début leur contenu me révoltait tout autant qu'il me fascinait, je commençais peu à peu à prendre un certain recul et me mis à les imaginer sous une autre forme. Mais c'était là que pure spéculation intellectuelle car je craignais bien trop d'avoir à faire à la marée-chaussée. Ce que je reprochais essentiellement à ces textes, c'étaient leur manque flagrant de précisions, de donner des chiffres et des sources. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Combien ? Bref, faire un texte plus explicatif et circonstanciel avec suffisamment de données factuelles pour comprendre l’ampleur du problème et de pouvoir l'aborder sérieusement pour le résoudre. Dénoncer était une chose, mais si rien ne bougeait, alors à quoi bon ? Alanisse et Isandine trouvèrent cela exaltant et monter un texte avec plus de précisions pouvait être sûrement envisagé mais sous couvert d'anonymat. Pas question non plus pour elles de ce faire prendre. Ce fut à ce moment que sans trop savoir où j'allais, j'embrassais la carrière de chroniqueuse. Avant de prendre ma plume, il me fallait tout d'abords pousser mes études en littérature et expression écrite et ensuite apprendre à mener une enquête fixée sur des critères précis. Ce n'était pas pour demain que j'afficherais clandestinement mon premier papier. Dans ce projet un peu fou, j'y vis le moyen de donner corps à la parole de Kesha et de ses enseignements. Peut-être ne serais-je pas prêtresse cimmérienne, mais par l'écrit je la servirais de toute mon âme et peut-être même d'une manière plus efficace.

En fait, durant ma période au pensionnat, je n'ai écrit qu'un seul article que j'ai placardé au travers de la ville avec l'aide de mes deux complices. Le résultat était bien loin d'atteindre la hauteur de mes espérance, mais au moins j'avais acquis une certaine méthode, une certaine rigueur. Le plus difficile dans cet exercice résidait dans la collecte de preuves, de chiffres, de renseignements sans que cela ne laisse à penser qu'ils étaient destiné à ce genre de publication. D'ailleurs cette collecte de faits laissait à penser que leur obtention nécessitait parfois des recours pas toujours légaux... Ce secret, je ne l'ai jamais partagé avec quiconque de ma famille car j'avais un peu honte de moi, imaginez la fille d'un ambassadeur se faisant prendre pour dissidence...

Pour en revenir rapidement sur mon article, il s'agissait d'un texte assez court, maladroit, avec un manque évident d'éléments factuels et bien peu sourcé. En bref, ce texte était finalement, et de loin, bien plus mauvais que tout ce que j'avais pu lire jusqu'à présent. Un gros, un pur désastre. Je vais devoir ajouter la suffisance à mes défaut... Mais j'étais jeune et toute enflammée que j'étais, j'ai donc été placarder mon torchon dans la ville. Normalement il était censé mettre en lumière les difficultés qu'ont les jeunes filles de la petite bourgeoise et encore plus celles issus du monde des petits artisans à pouvoir choisir un destin autre que celui du mariage, souvent comme seule issue à leur subsistance. Mes amies et moi avons passé plusieurs nuits afin d'en recopier une vingtaine auquel j'y apposais une signature, enfin plus précisément un pseudonyme, celui de 'Nanuk' (Ours). Et sous l'euphorie dominante, je m'étais même acheté un masque votif tout de cuir bouillis, le représentant afin de cacher mon visage lors de cette opération relativement hasardeuse. Heureusement, cette affichage sauvage c'était bien déroulé et une fois fini, nous sommes allée dans une taverne fêter dignement notre action.

J'avoue que tout cette histoire me mettait le cervelle en vrac bien plus que la bière des tavernes. Je nourrissais toujours plus ou moins cette crainte que j'avais connue lors de mon rite de d'Uumasorniartoq, celle de m’écarter sans m'en apercevoir des préceptes de ma foi et par là même de trahir Kesha. C'était en partie pour cela que toute les semaines je suivais assidûment l'office au Temple de Kesha pour prier en communauté mais aussi pour profiter de discutions avec des prêtresses cimmériennes. Bien souvent, c'étaient les nouvelles arrivantes qui me consacraient le plus de leur temps et me faisaient partager leur enthousiasme de leur vie au sein du monastère. C'était pour moi une perspective assez tentante.  Mais le but premier de ces échanges était avant tout d'éprouver ma foi sans concession aucune, de savoir si ma droiture était véritablement posée sur le socle de bonnes intentions et si certains de mes actes pouvaient porter à caution. En définitive savoir si les racines du mensonge c'étaient enfoncée dans mon cœur. Ce qu'ont pu me dire les prêtresses était que de faire le mur et prendre quelques verres dans une auberge ne concernait en rien Kesha mais plutôt ma conscience. Faisais-je du mal à autrui lors de mes escapades ? Ou me contentais-je de partager une soirée entre copine ? Alors, cela ne remettait nullement en question ma dévotion pour la Déesse. Par contre, ce type de comportement ne collait pas avec le protocole  du Temple et que si je nourrissais des velléité à y entrer, ce n'était pas en changeant ma foi mais mon comportement. Finalement, ces échanges me permirent de mieux me situer avec ma foi, avec moi-même et mes aspirations. Finalement grâce au rite d'Uumasorniartoq j'avais réussi, du moins en partie, à laver mon cœur et mon esprit de mes mauvais élans. Les veilles craintes qui me hantaient depuis l'age de mes dix ans s'estompaient enfin peu à peu, je pouvais décider sereinement comment embrasser la foi que j'avais en Kesha. Et ce fut au début du mois de Mésoa 1294 que ma vie prit un nouveau virage qui dura presque une année entière. Je reçue une proposition complètement inattendu mais j'y étais préparé. Il me fallait seulement y réfléchir en prenant tout le temps nécessaire car l'on ne s'engage pas dans cette voie sans certitudes. Le changement serait pour moi des plus radicaux.

Alors que je descendais les grandes marches blanches du perrons du Temple après mes dévotions hebdomadaires, je vis un homme étrange passer à quelque mètres de moi et se dirigeant vers la grande porte pour sortir. Il était vêtus de riches atours sans donner dans l'excès non plus. Sobriété et prestance émanait de cette silhouette assez grande au demeurant. Maman m'avait parlée de certaines castes comme les Prêtresse cimmérienne, les Eclaris mais aussi des Prêtres Géloviens. J'avais remarqué un pendentif visible sur son surcot de soie gris bleu qui représentait une élégante étoile d'or sur fond azur. Et bien que je ne pus en dénombrer le nombre exact de branche, il y avait fort à parier que j'avais affaire à un Prêtre Gélovien. Par contre, je ne savais comment reconnaître son culte, d'un autre coté sa présence ici pouvait me laisser à penser qu'il soit Prêtre de Kesha. Je ne connaissais que peu de choses sur ces hommes et femmes de Foi et le peu que j'en avais appris me recommandais d'être tout de même prudente. Certes ils avaient eu un passé assez sombre mais leur goût pour le respect de la tradition eut tôt fait de faire taire mes appréhensions. Intimidée tout de même, je ne sus pas trop comment l'aborder et donc je pris le parti de lui faire part de certaines de mes réflexions. Ne sachant son rang au sein de sa caste, je risquais de me faire jeter lamentablement ou bien que tout simplement mes propos l'ennui. Encore une fois, ma curiosité l'emporta et j'allais le rejoindre tout en me présentant spontanément à lui. Mais avec respect et déférence... car peut-être détenait-il des réponses que ne possédaient pas les Prêtresses cimmériennes.

Donc, après m'être présentée comme étudiante au pensionnat de jeune fille du "Bruant des neiges" et fervente pratiquante, je lui demandais humblement si lui aussi partager cette foi en Kesha. L'homme pencha sa tête vers moi et me lança des ses deux yeux bleu acier, un regard froid et distant, presque méprisant. Ses cheveux grisonnants, sa barbe bien taillé, son visage coupé à la serpe dont une cicatrice courrait le long de sa joue jusque sur son coup, il avait plus l'allure d'un mercenaire que d'un prêtre. Sans un mot, il reprit son chemin. Certes, sur le moment son attitude me découragea mais je savais être obstinée aussi alors je revins lui emboîter le pas et me mis à lui parler comme s'il était un simple compagnon de route. C'était osé, voir même prétentieux ou déplacé mais renoncer, il n'en était pas question. Donc je suis rentrée dans le vif du sujet comme quoi il y avait un antagonisme entre le monde intérieur au Temple et celui extérieur au Temple et qu'au demeurant, l'exercice de la Foi se trouvait étouffé par des contraintes sociales qui allaient à l'encontre des préceptes divins. Grosso modo que notre existence bien trop pétrie de principes humains et donc artificiels, avait finie par créer une telle distanciation que la parole de Kesha avait finie par ne plus être audible dans le brouhaha perpétuelle qui était devenu par la même notre prison. Je craignais de suite l'avoir ennuyé avec mes lieux communs mais tel ne fut pas le cas à ma grande surprise et il me demanda un peu surpris lui aussi, si j'avais quelque aspiration à entrer dans le culte. Je lui avouais que je ne savais pas vraiment si ma foi était suffisamment honnête, forte et indéfectible. Ce à quoi il me répondit d'une voix plus avenante que c'était là des questions qui pourraient bien m’amener à la prêtrise si les élans de mon cœur m'y poussaient. Et au lieu de se diriger vers la majestueuse double porte, il me proposa de nous asseoir un moment sur un des banc qui émaillaient la grande cours intérieur afin de discuter un moment. Là, il donna quelques explications sur mes précédents propos sur un ton docte et avec beaucoup de pédagogie comme s'il s'adressait à une gosse. Je n'allais pas faire la fine bouche et de plus, cela ne m'était pas venue à l'idée. Il y avait chez lui, dans sa posture, sa voix un je ne sais quoi qui vous laisse muet d'admiration attendant avec impatience ses prochaines paroles. Son charisme irradiait comme une aura, presque palpable.

-"Je pense que ta foi en Kesha est sincère quant à vouloir comprendre notre monde est tout à ton honneur. Par contre, là où tu te fourvoies c'est que le tumulte des humains ne masque pas la voix des Dieux mais en sont plutôt l'expression multiple. Dix Dieux nous gouvernent chacun ayant une place égale aux autres mais dont les rôles sont différents tout comme leurs aspirations. Alors dans notre société, cela se cristallise par des variations qui peuvent nous apparaître comme chaotiques, voir comme des inégalités ou des injustices. Mais c'est là la manifestation de certaines de nos divinités, car qui peut vraiment connaître leurs desseins ? Kesha, elle aussi peut prendre de multiples visages par exemple. Chez les Dieux il est possible d'observer des fluctuations dans leurs volontés, c'est pour cela qu'il faut savoir écouter au travers du filtre du bruit humain."

Là je lui demandais si ce principe pouvait être qualifié de gnose dualiste. Et il me répondit en substance:

-"Non, pas du tout. La gnose Isthérienne n'est en aucun cas dualiste, notre monde n'est pas une prison comme tu le suggérais précédemment mais plutôt l'expression du Divin. C'est au plus profond de nous que la voix des Dieux se fait entendre, sans notre corps donc, point de salut. D'ailleurs les Dieux ne nous ont-ils pas fait ce merveilleux cadeau que sont les pierres de Sphène ? La marque du Divin est partout dans notre monde et avant tout en toi. Mais le chemin vers la révélation et la transcendance n'est pas totalement insurmontable, cela demande juste une persévérance et une Foi sans faille. Mais déjà tes nombreuses interrogations te mèneront peut-être sur la voix de la connaissance ce qui est un bon point de départ si c'est ce que tu recherches. Alors si tu veux aller plus loin, il n'y tient qu'à toi jeune demoiselle."

Nous avons conversé comme cela un bon moment puis nous partîmes chacun de notre coté. Et finalement je n'ai jamais sus s'il s'agissait un Prêtre Gélovien, d'obédience Keshenne, ni même son nom. Par contre cette rencontre fut pour moi une épiphanie.

Mon entrée au Haut-Monastère (Mésoa 1295 - Famael 1296).


Il me fallut un peu plus d'un an pour prendre ma décision et en informer mes parents par courrier. Même porté par ma Foi et mon envie d'approcher une certaine compréhension du Divin, devoir quitter ma terre natale m'était tout de même très pénible tout comme de laisser derrière moi mes deux amies, Alanisse et Isandine. Ce fut donc en de début d'année 1295 que je quittais ma patrie pour me rendre au Haut-Monastère et y suivre l'enseignement qui ferait de moi une Prêtresse Gélovienne. Sur la route, j'ai fait une petite halte à Hespéria afin de voir nos parents et vous aussi mes très chères sœurs. Si vous saviez comme vous m'avez manqué... Pourtant, une fois de plus, je devais me séparer de vous. Tout comme mes gris-gris et autres amulettes qui auraient été mal venu dans ce haut lieu de la religion. Ce fut à cette occasion que maman m'offrit le magnifique arc long que j'ai conservé jusqu'à aujourd'hui. Après des au revoir assez déchirants, je pris la route qui allait changer toute mon existence. Ravie, excitée, anxieuse, nostalgique, toutes les humeurs me prenaient tour à tour sans aucun ménagement et ce fut complètement harassée que je mis les pieds pour la première foi dans ce lieu aussi impressionnant que mystérieux.

J'y suivis une année complète de cours. La rigueur mathématique que j'avais acquise me permis d'assimiler facilement les principes théosophiques et théologiques qui régissaient le panthéon Isthérien. Très assidue à la pratique des rites, je me suis approprié sans peine le contenu de cette première année scolastique. Certains des enseignants se montraient rigides dans leurs façon de penser au travers de leurs cours alors que d'autres se sont révélés plus souples et susceptibles d'admettre la controverse ou du moins des possibilités autres. Mais une fois n'est pas coutume, j'ai été une élève modèle tant par mes notes que par mon comportement. De toute façon, pas trop le choix. Le règlement était rigide et la moindre faute sanctionnée, donc pas question de faire le mur pour aller bringuer dans une taverne. Quant à mon sens critique, lui aussi je l'ai gardé bien au chaud dans ma poche, un mouchoir par dessus, évitant avec soin toute polémique que ce fut avec les professeurs ou bien mes camarades de classe. Mais ma soif de connaissance m'a été d'une aide précieuse pour rester dans le rang. Quand Famael arriva, je fus bien contente tout de même de rejoindre nos parents et vous aussi mes sœurs à Hespéria pour nos congés annuels à Oakbriggs.

Le jour où la mort nous a engloutie (Famael 1296, le trois du mois).


Depuis presque un an que j'étudiais au Haut-Monastère, j'étais heureuse de retrouver toute notre famille pour nos vacances annuelles. Je vous retrouvais donc à Hespéria puis nous cheminâmes vers le nord en direction de Gaéaf où nous prîmes un navire qui nous conduirait à Oakbriggs. Comme à chaque saison froide, la banquise commençait tout juste à se former sur le Lac Gelé ce qui rendait la navigation délicate. Mais nous prenions toujours le même navire qui était la "Seiche Orageuse" et dont le capitaine était un vieux loup de mer habitué à sillonner de telles eaux. Le temps était clément et la traversée était placée sous de bons augures. D'ici peu, nous allions enfin retrouver notre foyer enfin jusqu'à ce que les Dieux se jouent de nous. Soulen était-il de mauvaise humeur ce jours la ? Greis nous jouant un mauvais tour ? Kesha nourrissait-elle un destin particulier pour notre famille ou bien l'avait-on offensé ? Quoi qu'il en soit, je me suis réveillée au petit matin non loin des berges gelée au sud du Lac gelé, entourant mon coffre de voyage en osier de mes bras. Cette bouée improvisée m'a ainsi sauvée la vie. Mais je n'ai aucun souvenir de ce qui avait bien pu se produire durant la traversée, d'ailleurs depuis combien de temps j'étais là à dériver ? Une fois sur la glace de la berge, je hissais avec moi mon coffre et je m'assis à même la glace, sans même sentir le froid, pour reprendre mes esprits. En premier lieu, j'ai cru à un naufrage du à un iceberg, sinon comment aurais-je pu m'agripper à mon coffre ? Peut-être y avait-il d'autres débris sur la berge ? Et puis d'un coup je me rendis compte que personne de notre famille ne se trouvait alentour et je me suis mise à explorer frénétiquement tout autour de moi. Puis j'ai crié à en perdre la voix, aucune réponse. Alors, je me suis recroquevillée et j'ai pleurée longuement, très longuement. N'ayant plus de larmes à verser, je devais prendre une décision si je ne voulais pas mourir de froid à la nuit tombée. Et cette idée m'affola, car j'avais dérivée de la voie de navigation reliant Gaéaf à Oakbriggs et donc cela avait du prendre au moins plusieurs jours. Alors comment se faisait-il que je sois encore de ce monde ? Cette réflexion propagea en moi un vif malaise et je la fit taire rapidement. Je n'avais pas le temps de me perdre en conjecture, il me fallait survivre pour pouvoir élaborer un plan pour vous retrouver le plus vite possible. Je connaissais un peu la géographie des berges et je savais qu'un village de pêcheurs se trouvait à une demi lieu d'ici vers l'est. Je pris mon coffre en osier et partis de suite vers ce village. A ma grande surprise, le coffre ne me parut pas si lourd et j'arrivais au village sans grande peine. Par contre, une fois franchie l'enclos ceignant les quelques habitations, les gens au lieu de se précipiter à mon secours, ont clos leurs portes et rentrés leurs enfants à l'intérieur. Je n'y compris rien. Seul vint un homme d'âge mur, assez grand à la carrure athlétique que je pensais être un pêcheur. L'homme s'avança vers moi et assez cordialement m'a dit s'appeler Marcam et être apothicaire. Il me sourit puis me prit mon coffre sur son épaule et m'enjoint à le suivre dans sa demeure.

Une fois chez lui, je lui demandais s'il était possible de rassembler des volontaires afin de rechercher d'éventuels survivants et avant tout retrouver nos parents et vous, mes sœurs. Mais l'homme prit un air sombre et je sus de suite qu'il allait m'annoncer de funestes nouvelles. J'aurais pleurée si j'avais pu, mais non, je restais là misérable en m'attendant au pire, votre mort et celle de nos parents. Mais ce qu'il me dit par la suite était encore plus douloureux et tragique que je ne pouvais me l'imaginer. Première chose, je n'étais plus vivante enfin pas au sens commun tout du moins, j'étais devenue une Gorgoroth ce qui expliqua que d'une certaine manière j'avais pu résister à la traversée. Deuxièmement, que personne ne savait vraiment comment cette mutation s'effectuait et donc il était possible que d'autres en était victime ou non. Troisièmement, que toutes personnes n'ayant pas été transformée serait certainement morte à l'heure actuelle. Difficile de survivre très longtemps dans des eaux aussi froides. Et ensuite, que nous n'avons pas été victime d'un naufrage mais d'une exécution. Il me demanda de tirer la langue, ce que je fis ce qui confirma ses doutes. Nous avions été victimes d'un violent empoisonnement. Les stigmates les plus visibles étant les cernes violacés autour de mes yeux et le bout de mes doigts d'un violet sombre. Il rajouta une dernière chose à laquelle je m'attendais, beaucoup de personnes n'aimaient pas trop les gens de mon espèce et ils pouvaient même se montrer hostiles. Donc, je devrais faire preuve de prudence, cacher au mieux ma nature et aussi, que dans le village, personne ne me viendrait en aide. Après m'avoir assénée toutes ces déclarations, il alla comme si de rien n'était me chercher un bol de soupe bien chaude et me conseilla de mettre à sécher devant l'âtre les affaires contenues dans mon coffre. Cela fait, il me proposa un lit de fortune et déclara gentiment que j'avais bien besoin de me reposer. De toute façon la nuit venait de tomber et je ne pouvais rien faire de plus pour l'instant.

Errances (Famael 1296 - 1301).

L’apothicaire eut certainement piété de moi en me voyant dans une telle détresse et quand je lui fis part que je partais à votre recherche, il me fit cadeau d'un chien d'attelage avec un vieux traîneau sur lequel je puis mettre mon coffre et les quelques vivres qu'il me donna. Il refusa tout net mes dias et me souhaita que les vents me fussent favorables. Ayant décidée de me rendre à Oakbriggs j'empruntais une très longue route en longeant les rives occidentales du Lac Gelé espérant y trouver soi les traces d'un hypothétique naufrage, vain espoir auquel je m'accrochais. A chaque village que je traversais, prenant soin de bien dissimuler mon apparence, je demandais à tout va si l'on avait aperçu nos parents ou bien vous mes sœurs. Les journées à cheminer dans une neige épaisse malgré l'aide inestimable de mon chien, étaient harassantes mais elles avaient l'avantage de détourner mon esprit des toutes aussi nombreuses que funestes pensées. Ce n'était qu'à la tomber du soir autour d'un maigre feu de camp qu'elles revenaient me hanter. Si je retrouvais l'un des membres de ma famille, serait-il vivant ou bien ferais-je face à un cadavre ? L'une d'entre vous aurait-elle subit la même transformation que moi ? Tous mes espoirs n'étaient-ils pas nourris par mon simple déni face à l’inéluctable réalité ? Il fallait bien voir les choses en face, quelqu'un avait voulu effacer toute trace de nos existences et les choses avaient été bien faite. Après avoir été empoisonnés, toutes preuves de notre passage passa par dessus bord. Ce qui compliquait dangereusement les choses. Si une personne avait pris tant de soin à nous faire disparaître et que moi je criais à tout va pour savoir s'il y avait des survivants cela risquait tout à la fois de me compromettre mais vous aussi. S'il venait à ce savoir qu'au moins l'une d'entre nous parcourrait la surface de la terre, il y avait fort à parier que ses jours soient en danger. Mais que faire alors ? Ne pouvant me résoudre à me cacher, je pris le pari de continuer mes recherches et advienne que pourra. Après de longues et infructueuses semaines à glaner le moindre indice, j'arrivais au détroit du Lac gelé faisant face à Gaéaf. J’eus une violente bouffée de nostalgie, c'était là la ville où moi et nos parents nous rencontrions il y encore peu de temps de cela lorsque j'étais au pensionnat et que nous allions passer nos vacances dans notre maison. Je m'assis sur un bout de banquise, le regard perdu à l'horizon en direction d'un doux et indolent passé. Seule ma rêverie pouvait encore refaire vivre le temps d'une respiration ces instants définitivement révolus. Ce fut mon chien qui me tira de ma torpeur et consciente qu'en aucun cas je ne devais me laisser porter par ses pensée lénifiantes, nous reprîmes notre route dépassant le détroit pour la rive nord la plus septentrionale de Cimméria.

Un mois et demi plus tard j'arrivais enfin à Oakbriggs, mais sans le moindre début de piste. Tous vous aviez complètement disparus semblait-il, pas le moindre indice vous concernant. Revoir notre intendant, Baratamé, même dans ces conditions, m'apporta un peu de réconfort. Une fois lui avoir expliqué ce qui nous été arrivé, il me conseilla de parer au plus pressé quelles que soient les chances de survie d'un ou de plusieurs membres de notre famille. Baratamé était de bons conseils et même s'il compatissait sincèrement, son coté administrateur n'en été pas pour autant émoussé. Je lui dois une fière chandelle pour son soutient tant moral que logistique. Il était vrai que d'ici quelques semaines, si l'ambassade ne recevait pas de nouvelles de mon père il y avait fort à parier qu'il serait considéré comme porté disparut et toutes les affaires de mes parents seraient revendus aux enchères. D'un autre coté, ses biens n'avaient pas de grandes valeurs sentimentales mais il était tout de même important de prévenir le personnel de l'ambassade mais sans révéler certains faits. Je leur expliquais simplement que nous avions subit un naufrage et que je ne savais pas s'il y avait des survivants. Je leur demandais donc de m'avertir à notre adresse d'Oakbriggs si de leur coté l'un des membre de notre famille venait à se signaler et aussi de m'envoyer toutes leurs affaires personnelles à cette même adresse. Il était inutile de les avertir que nous avions été victimes d'un meurtre... Baratamé me conseilla aussi de réunir tous les trappeurs avec lesquels nous travaillions pour les avertir de la situation mais aussi pour profiter de leur mobilité et voir s'ils pouvaient obtenir des renseignements lors de leurs voyages. A cet effet, Baratamé organisa un banquet pour les recevoir tous et ce fut à cette occasion que je leur contais mon histoire, toute l'histoire sans aucune censure car je savais que j'avais en face de moi des hommes de confiances. Leurs réactions après avoir entendu mon récit me touchèrent profondément. Certains étaient prompts au deuil, d'autres pensaient qu'il y avait forcement des survivants mais tous montraient de la colère et de l'indignation. Quoi qu'il en soit, tous me portaient une loyauté et soutien indéfectible. Les affaires ne changerait pas même si je devais être à la tête de l'entreprise et de mon coté, je les assurais que l'intégralité des accords antérieurs signés avec mes parents ne seraient en aucun cas modifiés. Puis les affaires traitaient, ils me promirent de rechercher activement les éventuelles survivants, s'il y en avait. Trois semaines plus tard, toutes les affaires courantes avaient été liquidées, mais toujours aucune nouvelle de vous... Je décidais donc de prendre un cheval des steppes avec tout un équipement de survie et une bourse bien remplie pour parcourir l'intégralité des berges du Lac Gelé mais aussi passer par certaines villes pour y glaner de potentiels indices. J'y consacrais une année entière, remontant même jusqu'à la cité d'Hellas. Mais rien de rien vous concernant, pourtant au fond de mon cœur j'ai conservé cet espoir dément qu'un jour nous nous retrouvions.

Mais alors que j'avais tenté tout et plus et que mes recherches n'avaient aboutis à aucun résultat, se posait impérieusement cette question existentialiste, qu'allais-je faire de ma vie ? J'aurais du naturellement revenir au Haut-Monatère pour y reprendre mes études, ce qui était la chose la plus logique à faire mais tout au fond de moi une tempête d'incertitudes grondait sourdement. Ma foi avait-elle était érodée par cette tragédie ? Honnêtement, je ne le pensais pas mais je sentais que j'avais besoin d'autre chose, d'expérimenter au préalable cette nouvelle non-vie avant d'être de nouveau entièrement disponible intellectuellement. Je pouvais sentir que chacune des fibres de mon corps, furent-elles mortes, me poussaient à entreprendre un long voyage. Non pas un de ceux qui vous promettaient de vous distraire de vos sombres pensées, mais plutôt un de ceux qui vous plonge en vous même. Un voyage initiatique et introspectif qui allait se prolonger sur une période de quatre ans.

Je ne savais pas combien de temps durerait mon voyage, la seule chose qui était certaine était qu'il serait sûrement long, le temps que je puisse remette de l'ordre à la fois dans ma tête et dans mon cœur. Au moment où devrait prendre fin ma retraite, je le saurais instinctivement. Je me préparais donc soigneusement et ce fut à ce moment là que j'acquis ma monture actuelle, Nuqaqti autrement dit ficelle (description cf 'Vaillante monture') au marcher aux bestiaux d'Oakbriggs. Attelé à un traîneau, il me permettait d'emporter tout le matériel nécessaire à ma survie mais aussi me laissait suffisamment de place pour embarquer de nombreuses peaux de lapin tannées au préalable. Elles étaient destinées à la future chronique que je m'apprêtais à écrire. Ces peaux pouvaient résister aux intempéries de nos régions comme les averses ou bien le froid mordant sans pour autant se détériorer comme l'auraient fait de banales pages de parchemin. Emportant aussi ma dague et mon arc, je fis mes adieux à Baratamé et partis seule vers les contrées orientales du Cimméria. D'Oakbriggs je me rendis par bateau, non sans une poignante nostalgie à Gaéaf puis je descendis plein sud vers le Désert de Glace. J'ai séjourné longuement dans ces vastes plaines toute de glace faites et par chance, je ne connus que quelques jours de vent qui soufflait en de violentes bourrasques et dont le hurlement vous perçait les tympans. Sinon, dans le silence et la solitude, je pus réfléchir à ma nouvelle condition. Mais avant toute chose, sachez que d'être devenue ce que je suis aujourd'hui m'a effectivement quelque peu déstabilisée tout de même, mais j'ai rapidement assimilé cet état de fait. Je n'y voyais ni bien ni mal et rapidement j'ai accepté cela. La seule dommageable et que je n'avais jamais connue, était le fait que les gens me voyaient avec méfiance, défiance et même avec hostilité. Tout cela était nouveau pour moi et il m'était pénible de voir que ce qui avaient été mes semblables pouvaient se comporter de la sorte. Ce fut dans cette retraite que je compris combien Baratamé et les trappeurs avaient été tolérants envers moi. Mais je venais d'éprouver personnellement le racisme. Je le connaissais déjà sous la forme des classes sociales et maintenant dans son expression la plus abjecte, celle des espèces. Après tout, j'avais été une Terrans tout comme eux. Bon, à par cela, je vais vous relater quelques réflexions personnelles consignées dans mes peaux de lapins.

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MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeMar 26 Juil - 9:56



Suite et fin.
Le cheminement que j'ai effectué pour devenir ce que je suis aujourd'hui c'est avéré de plus en plus torteux et encombré d'un nombre croissant de contradictions, de divergences et de doute qui ont maintes fois fait vaciller ma Foi. Tout était bien plus simple quand nous vivions dans la douce sécurité de l'amour de nos parents. Et même me sachant imparfaite mes convictions en Kesha étaient solides, innébramlable et ne toléraient aucune incertitudes ni même une quelconque équivoque. Avec le temps et ses hasards, bon ou mauvais, mes perpétuelles remises en questions, ce ne fut pas ma Foi qui se trouva mise à l'épreuve mais le dogme lui même. J'étais loin d'être une future Gélovienne modèle à cette époque, trop curieuse et trop prompte à questionner chaque verset de textes sacrés. Dans l'immédiat, mes questionnements ne se posaient que sur ma condition de Gorgoroth et la volonté probable des Dieux. Et puis ma Foi qui ne trouvait de réponse à cette questions existentialiste commune à bien des créatures, d'où venons-nous ?


Je suis partie d'un simple postulat, que ce soit dans le monde animal, dont toutes les créatures font parties comme les Terrans, Yorka et autres créatures et le monde végétal, deux états existent successivement mais non conjointement. Soit l'on désigne le vivant soit qu'il soit mort. Il n'y a pas d'entre deux. Pourtant nous semblons être entre ces deux mondes, à la fois mort dans notre corps, mais qui n'a rien à voir avec les formes de stases connues chez les animaux et les végétaux qui eux sont dans le vivant, et cette capacité à toujours éprouver le monde extérieur de différentes manières comme la vue, le langage et la pensée. Alors qui a bien pu avoir cette pensée baroque de nous concevoir ? Tout d'abords, j'ai pensée à Kron. Pourquoi ? Ben, parce que j'ai trouvée une analogie avec Delil qui serait le Dieu créateur du monde végétal. Et j'ai vue en Kron un possible créateur. Après tout cela n'est que pure conjecture de ma part mais je ma suis dit qu'après tout, du fait de sa fonction, peut-être avait-il voulu créer des créatures plus proche de lui d'une certaine manière, peut-être se sentait-il seul face à l'ensemble de la création ? Difficile à dire quand les Dieux restent muets.

Mais ce qui est bien plus inquiétant, c'est l’absence d'une cosmogonie de notre panthéon isthérien. Par delà le fait que nos religieux ont plus que dépassés leur cadre et sont allés si loin dans le monde politique, assoiffés de pouvoir et qu'elles ont bien faillies s'éteindre. Parce que finalement, les Gorgoroth partagent cette même crise existentialiste que les terrans et bien d'autres créatures, qui nous à crées ? Je n'irais pas jusqu'au pourquoi mais rien ne nous donne une explication sur nos probable nos origines. Et c'est là que le bas blesse. J'ai beau avoir une foi indéfectible en Kesha, ce système ne tient pas la route. Et je sais très bien que ce n'est pas parce que je vais respecter la liturgie Keshéenne que je deviendrais une bonne Prêtresse Gélovienne. Mentir à soi même et pire, aux Dieux est un blasphème. Cette absence de cosmogonie et une faille théologique terrible dans notre foi en ce panthéon des Dix. C'est une porte intellectuelle ouverte à l'agnosticisme et à l'athéisme. Cultiver des traditions ne pourra en aucun cas asseoir de nouveau leur ancien pouvoir si tel est leur but.


Bon, toutes mes pensées sont effectivement très brouillonnes, sûrement inexactes et bien trop élémentaires pour être d'une quelconque importance intellectuelle. Je n'avais que dix-sept ans après tout, alors d'avance pardonnez-moi l'immaturité de mes propos. C'était d'ailleurs là toute la raison de cette retraite, essayer avec mes petits moyens intellectuels et le peu de connaissance que j'avais pu acquérir lors de ma première année au Haut-Monastère, évoluer dans mes réflexions personnelles, progresser dans ma Foi, en mot, mûrir suffisamment pour faire plus tard un choix. Même si pour cela je devais fouler le territoire des pensées les plus hérétiques voir les plus blasphématoires. Je savais que ce serait à ce prix que je pourrais affirmer clairement mes choix. D'ailleurs cette dernière notion me donna le vertige quand je me mis à l'observer de plus près.    

Je me demandais toute fois si ma nouvelle condition était le seul fait d'un être humain, veuillez comprendre de sa seule et propre volonté. Quelqu'un voulait se débarrasser de nous mais dans quelle mesure était-il l'instrument des Dieux ? Son acte était-il imputable à d'autres puissances que lui même ? Ce qui nous ramène invariablement sur la question du libre arbitre. Il serait alors aisé de penser que tous les meurtriers n'agissent finalement que sous influence divine, qu'ils ne devraient endosser aucune responsabilité, ce qui serait horriblement inquiétant. A quel point les Divinité influençaient-elles sur notre destin ? Avions même le moindre espoir d'agir avec un libre arbitre ? L'abysse qui venait de se creuser m'embruma rapidement l'esprit.

Lassée par mes sempiternelles questions auxquelles je ne pouvais de toute façon, pas apporter le moindre élément constructif ou un tant soit peu pertinent, je décidais de reprendre ma route pour l'étang de Durcal en un premier temps puis, faute de témérité, je contournais le labyrinthe de Zaléra pour rejoindre plus au nord la banquise sur la mer de Cimméria. Par un navire je rejoins les cotes occidentales qui me mena aux abords de la Toundra du Bufflon. Ce fut en m'enfonçant profondément dans cette forêt millénaire que je rencontrais par chance une tribut nomade qui m'apporta une perspective différente sur notre monde et celui de nos Dieux. Cette foi, je rentrais de plein pieds dans des conceptions fort peu convenables pour mon moi future, mais je m'en suis remise à la sincérité de ma Foi et demandais d'avance et secrètement à Kesha de ne pas trop m'en vouloir non plus.

Ils m'ont accueillie sans préjugé et m'ont offert l'hospitalité comme de coutumes avec les tributs nomades que l'on peut croiser dans ces régions reculées. Et avec eux j'ai pu échanger sans aucune gêne ni retenue sur nos Dieux, nos anciennes croyances et l'observance encore vivace de nos coutumes. Nous passions nos soirée autour d'un maigre feu avec un morceau de graisse de béluga ou bien quelques poissons pêchés plus tôt dans la journée, le tout arrosé d'un alcool à vous fendre le gosier et vous rendre aveugle. Pour être franche, plusieurs soirées durant je n'ai pu aligner deux phrases mais avec un peu d'habitude, on s'y fait. Alors emmitouflés dans nos fourrures, nous pûmes enfin discuter à battons rompu sur le divin et les esprits qui se sont révélés tel que je le pensais. Notre panthéon actuel ne rentrait pas en conflit avec leur culte d'ailleurs tout comme notre famille d'obédience Keshéenne qui pratiquait parfois certains rites ancestraux. Il y avait-il un mal à cela ? Mais il y avait une différence apparente entre les dieux et les esprits ? Qui gouvernait qui ? Encore une délicate question qui vrillait brutalement mon intellect.

Je constate que dans le système animiste qui est pratiqué dans ces régions polaires est demeuré plus intact et authentique que celui que je connaissais et que je pratiquais. Dans cette tribut, ils ne vénèrent pas véritablement les entités que l'on désigne communément sous le nom d'esprit. Je dirais plutôt qu'ils les respectent et le montre en exécutant certains rites appropriés. Par contre, ils font de même avec les Dieux de notre panthéon qu'ils ne réprouvent pas mais les ont assimilés plus ou moins à leurs traditions. La notion qu'ils ont du principe de divinité est assez bizarre car elle leur est assez étrangère. Au final, ils se sont accommodés de tout cela dans un syncrétisme bienveillant et débonnaire. Ma vision personnelle est qu'il y a les Divinités qui vivent dans leur monde tout en nous demandant de les vénérer mais qui n'hésitent pas à changer le cours de notre destinée et de l'autre, il à celui des esprit. Mais au lieu de vivre dans un monde extérieur au notre, ils vivent parmi nous, cachés mais toujours présents. Comme le dit un vieil adage cimmérien à propos de ces entités: "Coupe un arbre et tu trouveras un esprit à l'intérieur, soulève une pierre et l'un d'eux sera caché en dessous". Ils ne sont ni bons ni mauvais et se manifestent de temps à autre aux yeux des humains. Tantôt pour leur transmettre leur sagesse, tantôt pour les prévenir et des fois pour les prendre. Mais rien de fâcheux ne se produit si l'on est respectueux de la nature dans sa globalité, c'est à dire du monde végétal, du monde animal et aussi du monde minéral. Quand on prend une chose on doit en donner une autre en échange tout comme lorsque l'on tue un animal pour se nourrir, le chasseur doit assumer le fait de se faire manger à son tour lui aussi. Soit au cours de sa chasse, soit lorsqu'il mourra et ira nourrir la terre ou les poissons de sa propre personne. Si le respect est l'un des trait marquant chez les animistes, il y en à un deuxième, celui de l'amour de toute chose qui résident dans les trois mondes qui forment le notre. Très souvent l'amour est assimilé à la beauté comme par exemple quand on aime une pierre c'est que l'on ressent chez elle de la beauté. Dans cette cosmogonie, il n'existe pas de frontière comme nous les connaissons entre notre monde et celui des Dieux qui reste nous inaccessible autant physiquement qu'intellectuellement. Là, chacun de nous fait partis d'un grand tout qu'est notre univers et chacun y occupe une place égale. Il n’existe pas de hiérarchie entre un Terrans et une grenouille car chacun à sa raison d'être. Ça c'est un point que personnellement je trouve admirable. Et je me demande si ces principes sont en vérité si éloignés de la parole Kesha. En tout cas, ils ne lui font pas offense, de ça j'en suis certaine.      

Mais ces considérations amenèrent une question brûlante. Si les esprits existent, ne seraient-ils pas possible que l'on puisse les considérer comme des émanations divine ? Là je m'écarte singulièrement des principes animistes mais la question mérite tout de même que l'on s'y intéresse. Les Dieux ne pourraient-ils pas se servir des esprits comme de messager par exemple ? Dans ce cas, serait-il envisageable de concevoir une interconnections entre notre monde et celui du divin ? Et que donc le monde du divin ne serait pas si éloigné du notre... Bien entendu que tout cela me trouble mais étrangement je ne me sens pas pour autant coupable de telles pensées ni même n'en éprouve de l'embarras. Et une fois que ce dérangement eut passé, il lui fallut quelques mois tout de même et de nombreuses discutions pour qu'il se transforme en une sorte de plénitude que je n'avais pas ressentie depuis ma tendre enfance. Quoi qu'il en soit, les esprits ne venaient en rien contredire notre panthéon et notre conception du culte de nos Dieux. Au contraire, j'y trouvais une harmonie reposante, rassurante et réconfortante. Il venait de se présenter à moi, une harmonieuse et cohérente ontologie où les Gorgoroth avaient une place à l'égal des autres créatures dans ce monde. Un doute métaphysique de moins... au prix d'une petite entorse aux fondements de nos dogmes.


Bien intégré à ce petit groupe de nomades que j'avais appris à aimer nous continuâmes notre route pour arriver dans le bois de Sombral. Tout comme les autres, j'accomplissais mes tâches, participer à leurs rites et moi je leur faisais partager les miens mais sans jamais leur imposer quoi que ce soit et s'ils désiraient profiter de la parole de Kesha, c'était à eux de bien vouloir écouter. Nous vivions dans une coexistence paisible de respect mutuel bien loin des turpitudes souvent liées à la Foi qui devenait inexorablement un outil de pouvoir et d'influence. Rien de cela n'existait dans la blancheur virginale de la neige recouvrant les majestueux et ancien mélèzes de cette forêt. Tout y semblait si pur si calme. Ce fut lors d'une chasse que je fis une rencontre qui pris un tour inattendu. Devant ma flèche se trouvait un petit levraut, pas de quoi en faire un festin mais dans ces territoires il n'est pas question de faire la fine bouche. J'avais l'impression dérangeante qu'il me fixait de son regard et tandis qu'un rayon de soleil vint l'illuminer, je vis sur son front un reflet comme le font les joyaux. Etait-ce là une pierre de sphène ? Certes, je n'en avais jamais vue mais qu'elle pierre pouvait bien orner un animal sinon ce genre de gemme. Je me ravisais car cet animal avait quelque chose de sacré et je le saluais de ma main pensant qu'il allait déguerpir vite fait pour ce cacher. Cependant, il n'en fit rien et au cours des jours suivants, je le revis un peu comme s'il me suivait de loin. Même si je comprenais pas son comportement, sa présence m'était agréable. Plusieurs semaines s'étaient écoulées et un jour alors que je prenais un rapide repas avant de repartir à la chasse, il s'approcha de moi. Jour après jours le scénario se répétait et chaque fois il s'approchait de moi un peu plus. Et lors d'une rencontre je m'étais décidé à lui déterrer quelques racines dans le sol gelé pour voir ce qu'il en ferrait. Comme je m'y attendais, il ne se fit pas prier pour les grignoter rapidement et depuis ce moment, il ne m'a plus jamais quitté. J'en ai donc profiter pour l'affubler du nom de Taqqiq, soit lune tant son pelage était d'un blanc immaculé presque lumineux (description cf Toi, 'l'animal').

Je n'ai jamais pus obtenir de réponse à ma grande question. Etait-ce Kesha ou bien Nanuq qui m'avait remise sur le chemin d'une Foi honnête et véritable tout en épargnant ma vie ? Peut-être l'apprendrais-je en reprenant mes études au Haut-Monastère où plus sûrement dans l'une des nombreuses bibliothèques. Quoi qu'il en soit, je devais reprendre ma route, le moment était venu. Ce fut à contre cœur que je quittais la tribut de nomade pour revenir à Oakbriggs et me préparer pour finaliser mon apprentissage. J'en profitais pour recopier les textes apposés sur mes peaux de lapin dans un livre blanc, plus discret et plus facile à transporter. Puis une fois prête, sur le dos de Nuqaqti, accompagnée de Taqqiq, je prenais la direction du territoire éridanien.

Retour au Haut-Monastère (1301 - 1306).

Mes quatre dernières années d'apprentissage se succédèrent sans heurt. Je suis demeurée docile et réservée lors des cours, ne me lançant jamais dans des polémiques équivoques ou ambiguës qui auraient pus me rendre suspecte ou bien pire encore, coupable d'hérésie. Sur tout ce que j'avais appris aux confins des terres cimmériennes, je restais muette. Par contre, tout mon temps libre, je le passais à faire des recherche sur les différentes mythologies du nord essayant de compléter mes lacunes. Passionnée et curieuse, je n'écartais aucun ouvrage et dévorais tout ce qui me tombait sous la main. A la fin de mes études, je n'ai pus que constater qu'en aucun cas mon expérience animiste avait émoussée ma Foi en kesha. Bien au contraire, j'étais ressortie de ma retraite avec un esprit fortifiée et une Foi inébranlable en ma Déesse. D'ailleurs j'avais tout de même un peu de mal avec certains prêtres dont la Foi implacable les faisait tomber dans une intransigeance aveugle et stupide ou dans un sectarisme confinant au totalitarisme. Bien entendu, ce n'était sûrement pas à moi de les juger, mais tout de même, ne s'éloignaient-ils pas des enseignements de Kesha ? Certes, j'étais tout à fait capable de commettre quelques petites entorses à notre dogme mais cela ne le trahissait fondamentalement en rien. L'ouverture d'esprit était pour moi la capacité à se remettre soi-même en question, chose des plus importantes pour rester fidèle à notre culte. Quoi qu'il en soit, je fus ordonnée prêtresse en toute fin de l'année 1305 et quand je m'apprêtais à quitter ce lieu saint, en 1306 s'abattit sur le monde la Fièvre de Cendres. Je suis donc restée sur place afin d'aider du mieux que je le pouvais les autres prêtres et prêtresses. Cette période fut éprouvante pour nous tous mais pourtant ce fut en fin d'année que l'espoir de vous retrouver mes chères sœurs, si faible était-il, se raviva. Dans la foule quittant le Haut-Monastère, je te vis de loin mais te reconnus Tamuluga (Allaatkasik). Mon cœur s'embrasa comme jamais. Tu étais bien vivante ! Dès que cette fièvre sera endiguée et que mes services ne seront plus requis, je partirai à ta recherche. Peut-être sais-tu si nos autres sœurs sont-elles aussi vivante. Je ne peu que l'espérer de toute mon âme et je prie en ce sens chacun des jours qui nous séparent.


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MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeDim 31 Juil - 15:00

Coucou.

Bon ben voilà, ma fiche est terminée. J'espère ne rien avoir oublié...

Désolée, c'est un peu long mais c'est le perso qui veut ça... alors bon courage à vous tout de même pour la correction.

dead
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MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitimeSam 6 Aoû - 21:30


Pour la troisième fois, c'est un plaisir d'accueillir un de tes personnages parmi nous! Imaviq va apporter un nouveau regard sur la fratrie. Et l'histoire (même si elle était effectivement très généreuse ;) ) est vraiment très intéressante et est teintée de philosophie, c'était très intéressant.
Tout est en ordre, comme les premières fois!

Sans plus attendre:


Fiche validée!

Tu vas pouvoir dès à présent te rendre dans la " GESTION DES AFFAIRES " afin d'ouvrir ton compte en banque, ton journal, et ton inventaire.

Tu pourras également faire une demande de rang personnalisé JUSTE ICI.

Pour ton avatar, tu peux "réserver" une image particulière dans notre bottin ICI.

Tu connais la chanson, mais nous restons là si tu as des questions! C'est un plaisir de te revoir parmi nous, bon jeu à toi!  

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MessageSujet: Re: Imaviq Aappilattutke   Imaviq  Aappilattutke Icon_minitime

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