Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna

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MessageSujet: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeDim 2 Fév - 23:01

« Ah ben oui, c'est-à-dire que c’est une forêt, quoi, y’a des bestioles, des machins, on va pas s’arrêter à chaque fois qu’il y a une branche qui craque, si ?
‒ Et si c’était des brigands ?
‒ Mes dieux, mais quand on se fera attaquer par des brigands, on sera les premiers au courant, c’est pas la peine d’écouter s’il y a du bruit dans les buissons ! Alors maintenant, faut grouiller un peu ! On aura peut-être un peu moins de chances de tomber sur des bandits, à la fin ! »

Léogan ramait vigoureusement à l’arrière d’une petite barque en chêne qui le transportait sur la rivière Oxia en compagnie d’Elerinna, laquelle faisait davantage office de figure de proue que de main-forte. Elle babillait avec labilité de tout et de rien, le visage au vent et les sens en alerte, et commentait chaque bruit de la forêt à son compagnon revêche qui, lui, ressassait silencieusement des idées noires.
Des oiseaux fendaient les frondaisons d’un vol agile et rapide, en changeant brusquement de direction, le pépiement gai et joueur. Des chevreuils, furtifs, se faufilaient entre des buissons et un sanglier était en train de fouir dans sa soue habituelle. Tous ces bruits agaçaient les sens et les nerfs de Léogan, embrasés par le soupçon, la vigilance et peut-être aussi par une colère sourde et noire qui lui restait au fond du ventre depuis leur mésaventure nocturne au temple.
Il ramait avec une concentration et une vigueur endurantes et serrait les dents, le regard mobile et inquiet, voguant d’une rive à l’autre. Le ciel éclatait de tout son bleu entre les feuilles des arbres, écorché par les cimes aiguisées des conifères. La lumière crue des soleils envahissait la forêt par pans épars et chatoyants. Léogan se sentait dans un état second, enfoncé dans le chaos profond et vibrant de la nature. Le fracas des eaux attisait douloureusement son acuité auditive et tout, autour de lui  ne lui apparaissait que par éclats ou impressions, que par nuances de vert ; tout était une aquarelle de bouleaux gris clair, de chênes marron et presque noirs, tous colossaux et plantés à perte de vue.

Il ramait encore et encore, les muscles en feu et la chemise trempée de sueur. Son souffle soulevait puissamment sa poitrine. Il la sentait pourtant épouvantablement oppressée sous le poids de son médaillon de bronze, qui battait régulièrement contre son torse et le marquait chaque fois d’un stigmate glacé. Habituellement, il aurait été particulièrement ravi d’une escapade loin du temps de chien qui l’accablait chaque jour à Cimméria. Mais en l’occurrence, la seule perspective de cette petite joie avait été balayée par sa rage d’avoir été parfaitement floué quelques nuits auparavant. De petites raclures avaient volé un lot de pierres de sphène qui appartenait aux prêtresses, en pénétrant le temple par un moyen qui avait dépassé ses gardes. Léogan avait enguirlandé ses lieutenants chargés de l’organisation des rondes de nuit, puis, observant qu’il n’y avait rien à reprocher à ses hommes, il avait décidé de s’occuper personnellement de cette affaire, de pister les voleurs jusqu’à Argyrei s’il le fallait, de remettre la main sur les pierres et de zigouiller ces vermines, qu’importait la magie qu’elles sauraient employer. Non mais sans blague.
Malheureusement, Elerinna avait d’autres projets apparemment. Si ces voleurs étaient si talentueux, elle était prête à payer pour les avoir à son service. En ce qui concernait Léogan, s’il pouvait s’en farcir un ou deux pour faire bien comprendre qu’on ne pouvait pas se foutre de lui et des ses hommes impunément, il le ferait sans aucun scrupule. Enfin, c’était ce qu’il se disait, tout en pagayant férocement contre les flots de la rivière.

Ils avaient laissé leurs chevaux à l’orée de la forêt, chez un pêcheur qu’ils avaient payé pour en prendre soin, et qui leur avait révélé qu’un groupe de malandrins à pieds lui avait demandé leur chemin quelques heures plus tôt. Il leur avait indiqué de suivre simplement la rivière pour sortir de la forêt – et de prendre garde aux embuscades – mais les larrons ne lui avaient donné qu’un rire gouailleur en guise de réponse, et avaient repris leur route.
Léogan avait déterminé rapidement que les chevaux les retarderaient dans les bois et avait échangé sa petite bourse contre une des barques du pêcheur. Il avait le pressentiment sauvage d’être à deux doigts de leur tomber dessus et jetait fréquemment un coup d’œil à Elerinna en se demandant ce qu’elle déciderait de faire au moment où elle les apercevrait sur la rive qu’elle surveillait attentivement. Il espérait au minimum pouvoir leur mettre la raclée, ou en tout cas, planifier une sympathique petite embuscade (il avait même emporté un arc pour l’occasion), bref, se dérouiller un peu. Il y avait trop longtemps qu’il attendait de sortir de son bureau, et au fond, il n’était pas si mécontent de la tournure des événements. Un petit sourire enthousiaste éclaira son visage ombrageux et il se mit à ramer avec plus d’énergie que jamais.


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Sam 8 Fév - 17:41, édité 2 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeLun 3 Fév - 10:26

Des oiseaux criaillaient dans les épaisses frondaisons des arbres. L’atmosphère était lourde, pesante, suintant l’eau limoneuse et dégorgeant de nuées de moustiques. Elerinna faisait de grands gestes dans la barque en babillant avec vivacité. Ses grands mouvements déséquilibraient parfois la petite embarcation, qui manquait de se retourner. Mais la jolie sindarin n’en avait cure ; pire encore : cela l’amusait. Elle éclatait d’une grand rire et faisait mine de tomber à l’eau à grands cris. Léogan maugréait dans son coin, ce qui renforçait l’hilarité de la grande-prêtresse qui s’en donnait à cœur joie en gouailleries et en explications de mauvais goût.

-Enfin, Léogan, s’écriait-elle d’une voix cristalline, quel rabat-joie tu fais ! Sommes-nous partis à l’aventure, bravant tous les dangers à peine armés, ou exécutons-nous une ennuyeuse et sempiternelle promenade comme celle que tu aimes tant à Hellas ?


Puis, elle s’arrêtait durant quelques instants, comme prise dans un accès de fièvre. Elle semblait prise dans une torpeur subite. Son visage perdait toute expression, et un voile recouvrait son visage. Son regard devenait fixe. Elle restait silencieuse. Mais, quelques instants plus tard, elle redevenait tout à fait elle-même, et reprenait sans fin des tirades enflammées.

-Tu imagines, disait-elle, Tout ce chemin parcouru à la force de tes bras ? Oui, parce que te reconnais de l’endurance, de la ténacité, et un brin de vaillance, mon grognon de colonel ! Oui, ça, je te le reconnais ! Tout autant que reconnais ton inestimable qualité de bougon. Là-dessus, il n’y a pas à dire, tu es vraiment le meilleur !

Elle le voyait ahaner, et disait en pouffant :

-Quel homme tu fais ! Je suis sûr que toutes les demoiselles de Cimméria te désirerait, si elle te voyait ramer avec tant d’ardeur et de force !

Et parfois, elle s’arrêtait, ayant vu dans le ciel un bruissement d’aile, ou ayant entendu le chant harmonieux du vent dans les arbres lourds, aux larges branches, qui pesaient de tout leur poids sur les eaux claires de l’Oxia. Elle prenait un air songeur, et s’exclamait naïvement :

-Comme cela est beau ! Tu as entendu, Léo ?

Et, se heurtant sans ménagement à l’air maussade de son compagnon de route, elle tempêtait :

-Mais enfin, bougre d’andouille, quelle cervelle étrange te procure donc tant d’inattention et de ronchonailleries ! Par Kesha, si tu cessais de geindre un instant, tu serais plus attentif et tu verrai combien cela est sublime !

Et elle vociférait ainsi pendant de longues minutes. Lorsqu’elle parvenait au bout de son discours, il était tout à fait impossible de connaitre le sujet dont elle discourrait. Elle évoquait tout ce qui lui passait par la tête, et s’échauffait pour un rien. Son esprit excentrique s’amusait de tout, et particulièrement des attitudes excédé de son compagnon. Et lorsque celui arguait qu’il était compliqué de tendre une embuscade à des brigands en ‘gouaillant comme une enfant de tapin’, Elerinna répondait qu’il les remarquerait bien assez tôt, et que, si ce n’était pas le cas, cela rajouterait du piquant à l’affaire, et que cela lui convenait tout à fait. Il lui semblait participer à un gigantesque jeu d’aventure, et elle tâchait d’en savourer tous les instants, car il lui était rarement permis de s’amuser autant, au temple.
Brusquement, la belle sindarin se tut. Elle avait aperçue du mouvement sur la rive gauche. Souriant largement, elle s’avança maladroitement vers Léogan, et lui chuchota :

-Approche-toi discrètement de la rive! Je crois les avoir vus.

En effet, c’était eux. Du moins c’était l’hypothèse la plus probable : ils n’avaient aperçus personne depuis des heures, et c’était les seuls à avoir pu emprunter ce sentir dans ce sens-là. Deux d’entre eux étaient à cheval. Les trois autres marchaient, indolents, à proximité de la berge. Elerinna était certaine de les tenir.

-Bon, voilà ce que nous allons faire, lui murmura-t-elle encore. Il va bientôt faire nuit ; nous les suivrons et, lorsqu’ils installeront leur campement, nous les surprendrons.

Elle fit un clin d’œil à Léogan, et ajouta en riant tout bas :

-Mon pouvoir d’invisibilité sera fort utile pour cela ! Mais attention ! Tâchons de les persuader, non de les mettre en déroute sitôt commencée la bataille. La diplomatie est mère de tous les remèdes, figure toi ! Bon, tu es d’accord ?

Le cœur battant, Elerinna porta sa matin à sa dague, et en caressa les ciselures délicates –du remarquable ouvrage !-. Le ciel s’assombrissait peu à peu ; le vent soufflait.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeJeu 6 Fév - 0:50

Elerinna jacassait sans trêve ni repos et Léogan, plongé dans ses pensées, ne l’écoutait que d’une oreille. Parfois, une de ses tirades extravagantes attirait son attention, et il répondait en grommelant une phrase ou deux, voire une monosyllabe en guise de réponse, sur lesquelles, en bonne oratrice, elle rebondissait lestement. « Grmf. », « C’est pas l’aventure qui m’chagrine, c’est simplement le fait – qui n’a pas l’air de t’affecter, toi, ma foi, c’est extraordinaire ! – que du vulgaire pécore ait réussi à s’introduire dans le temple – ton temple – dont à moi et à mes hommes, on a confié la garde, et qu’il se soit tiré comme ça, tranquillement, sans perte ni fracas ! Non, mais c’est pas important, la vie est belle ! », « Ah mais c’est ça, en fait, c’est une nouvelle technique, moi et la garde, on passe pour des cons, et puis après on rattrape le coup comme ça t’arrange. Alors là, je dis chapeau, merci ! », « Ouais, ouais. », « Je t’en ficherais, moi, des demoiselles de Cimméria. », « Hm, hm. », « Nooon, c’est fou, ça. »
Elle gesticulait comme une enfant et menaçait de les expédier à l’eau d’un instant à l’autre, ce qui ne manquait pas de faire pester Léogan avait d’autant plus de virulence. La barque tanguait effroyablement. Au bout du compte, il faisait plus d’efforts pour maintenir leur embarcation dans son sens adéquat de flottaison que pour la faire avancer. Il réprimandait  sévèrement Elerinna, comme un père gronde sa progéniture, mais elle s’en moquait, évidemment. Il se disait qu’ils finiraient bien par se ramasser dans la flotte – est-ce qu’elle savait au moins nager, par Soulen ? – et il se satisfaisait par avance de pouvoir alors s’écrier : « Ha !  Eh bah voilà ! Qu’est-ce je disais, hein ! Mais non, Madame n’en a cure, ‘olala, Léo, tu es grognon, olala, mais laisse-moi nous faire chavirer encore un peu’ ! Eh bah, te v’là bien avancée, maintenant ! Non, non ! Débrouille-toi ! »
Par chance, ou par malheur pour sa petite revanche personnelle, cela n’arriva pas.  

Aux yeux d’un spectateur ignorant, cette scène aurait pu sembler affligeante au plus haut point, Léogan aurait pu avoir l’air d’un faible ou d’un idiot, à se laisser traiter de toute sorte de noms d’oiseaux par Elerinna, et Elerinna, d’une peste, d’une chipie ou d’une mégère intolérable. Mais il aurait fallu être un bien piètre juge pour tirer de leurs chamailleries, babillages et ronchonailleries, autre chose qu’une connivence espiègle.
Les yeux noirs de Léogan pétillaient sous son inaltérable froncement de sourcils et ses lèvres frémissaient parfois jusqu’à former un demi-sourire qu’Elerinna savait surprendre et auquel elle répondait par la même expression d’amusement complice. Elle savait qu’à cet instant précis, il ne désirait être nulle part ailleurs que sur cette barque à la poursuite de ces mystérieux malandrins qui avaient chatouillé son bon vieil amour pour l’énigme, l’aventure et les tactiques d’embuscade. Il n’aurait pas pu être plus satisfait – sauf peut-être si on avait fait entrer une machine de guerre ou deux dans l’équation, mais enfin, il fallait faire preuve d’un peu de réalisme tout de même. Elle le savait. Le reste – le babillage, les ronchonailleries – n’était qu’un jeu. C’était plus fort qu’eux. Parfois, Léo craignait que sa propension à râler en toute circonstance ne vînt à la fatiguer, alors il se taisait, mais au bout de quelques minutes, elle revenait à la charge avec de nouvelles taquineries toujours plus ingénieuses, et il comprenait que ses grognements familiers d’ours mal léché lui avaient manqué. Il était content de ne pas avoir à sortir de sa carapace pour être compris par Elerinna. Il y avait certaines fois bien sûr où il aurait préféré qu’elle ne fût pas aussi clairvoyante, qu’elle s’offusquât de ses grondements et qu’elle le laissât en paix ; mais aujourd’hui, la gouaille enthousiaste de la belle Sindarin rendait son cœur léger.  

Toutefois, alors qu’il ramait silencieusement vers la berge, assez loin de la compagnie de bandits qu’Elerinna venait de repérer, il leva son regard vers elle et marmonna d’un ton très sérieux :

« Au fait. Je suis désolé, hein. Je gueule, c’est vrai, je suis un peu sec. Mais au bout du bout, tu sais, je suis content qu’on aille à l’aventure tous les deux. »

Il lui sourit sincèrement, pour être tout à fait clair, et son visage parut étonnamment plus jeune. Puis, il leva un sourcil et acheva en levant insolemment le menton :

« Même si c’est vrai que tu as un talent certain pour lambiner. »

Leur barque toucha brusquement la rive et Léogan ramena ses rames à sec, avant de s’essuyer le front d’un revers de manche. Il avait encore de la réserve, mais il fallait admettre que ces quelques heures passées à jouer au galérien dans l’air lourd et poisseux de la rivière avaient un peu tiré sur son anatomie (aussi admirable et virile fut-elle). Il sauta sur la terre ferme, pataugea un peu dans la boue et tira sur la barque pour permettre à Elerinna de pouvoir poser son pied au sec. Il la prit par le bras pour l’y aider, puis récupéra ses deux épées, son arc et son carquois, qu’il avait gardé au sec dans un compartiment de l’embarcation. Il s’arma tranquillement, tout en commençant à répondre au plan de sa grande prêtresse, d’un ton plus tempéré et rationnel que de coutume :

« Ne sois pas trop confiante, Rinna. Je suis pas sûr qu’on puisse se permettre de faire du pourparler avec ces débiles. Je sais déjà pas comment ils ont réussi à tromper la vigilance de la garde… Et c’est pas des branquignoles, mes hommes, quand même. »

Il prit une profonde inspiration et leva la tête. Ses yeux s’égarèrent dans le labyrinthe de feuillages et de branches sinueuses qui s’entrelaçaient jusqu’à percer le ciel. Sa lumière, blanche, crue, aveuglante, se déversait violemment dans les profondeurs de la forêt et se jetait dans les iris sombres de Léogan pour mieux les poignarder. C’était une douleur heureuse qui l’emplissait de forces, une faveur qu’on n’obtenait péniblement qu’au cœur de la Nature.
Le Sindarin fronça les sourcils, les poumons pleins d’un air plus pur, et se mit au travail. Il tira leur embarcation jusque dans les fourrés, puis commença à la camoufler sous un amas savant de branches et de ramages, tout en exposant sa vision des choses dans son effort :

« En fait j’ai peur qu’ils n’emploient un type de magie particulier. Alors, oui, on va attendre qu’ils installent leur campement et qu’ils soient moins prompts à la défense, mais je tiens à ce qu’on soit en vraie position de force avant de chercher à jouer aux diplomates. Au-delà du simple fait qu’ils mériteraient qu’on leur mette une peignée, c’est plus prudent. En fait, à défaut de les mettre en déroute, il faut réussir à les acculer et à comprendre leur avantage. Et ça ne sera peut-être pas aussi facile que tu sembles le croire. Une fois que ce sera fait, on causera, puisque ça te fait plaisir. Bon, voilà. » acheva-t-il, d’un ton satisfait.

La barque était désormais à l’abri de tout regard. Le crépuscule tombait, la lumière se tamisait dans les feuillages. Ils profitèrent de leurs sens aiguisés de Sindarins pour se repérer au son que faisaient les bandits et pour les suivre à distance, silencieux et souples comme des chats sauvages. Léogan tirait parti des quelques pauses qu’ils effectuaient, cachés derrière le large tronc des chênes, pour exposer une stratégie simple, qui avait toutefois eu le mérite d’être efficace dans le passé. Une fois que les bandits seraient installés autour d’un feu, il grimperait dans un arbre proche et s’armerait de son arc et de ses flèches. A son signal, Elerinna, invisible, se glisserait parmi eux et libérerait leurs chevaux, en prenant soin de les faire fuir à grand bruit dans la forêt. Cela détournerait suffisamment l’attention des malandrins pour les empêcher de repérer d’où viendrait la volée de flèches qui tomberait parmi eux. Une fois qu’ils les auraient bien effrayés, il s’agirait d’user de leur camouflage respectif pour tenter de les immobiliser par magie – Léogan userait de sa maîtrise de la nature, Elerinna de ses illusions et de son contrôle de la terre. La confusion aidant, il leur serait plus difficile de riposter à leur attaque. La première partie du plan, si elle était destinée à les mettre aux abois, aurait aussi le mérite d’envisager l’avantage dont ils avaient su jouer au temple de Kesha, et qui demeurait encore fort mystérieux aux yeux de Léogan…
La nuit vint enfin. Les oiseaux pépiaient encore dans les frondaisons, mais dans un silence plus voilé et plus intime. Ils avaient allumé un feu, là-bas. Elerinna et Léogan les entendait déjà rire d’un air gaillard. Mais il y avait autre chose qui faisait frissonner le garde de Cimméria, comme une brise un peu fraîche qui aurait caressé son échine. Il se retournait parfois, l’œil et l’oreille aux aguets, persuadé d’avoir entendu quelque chose ou perçu une ombre entre les arbres. Plus ils avançaient, plus il avait la conviction qu’une menace planait sourdement autour d’eux, ou qu’une bête maligne les traquait dans les fourrés. Inquiet, il serrait sa mâchoire et enroulait sa main moite autour de la garde d’Erys, son épée courte.
Il avait du mal à se résoudre à laisser Elerinna seule dans les profondeurs noires de la forêt. Il l’attrapa soudain et un peu brutalement par le poignet.

« Fais attention à toi, Elerinna. » lâcha-t-il, dans un feulement sourd.

Il la darda d’un regard intense.

« Si ça devient vraiment dangereux, tu te barres en courant, c’est clair ? poursuivit-il, d’un ton tranchant. Non, pas de protestation. Je me débrouillerais, je suis un grand garçon, va. »

Il resserra son emprise sur le poignet de son amie, presque jusqu’à lui faire mal, et le lâcha subitement, pour s’élancer seul dans l’obscurité. Il bondit souplement et grimpa dans un grand chêne, assez loin des brigands pour n’être pas remarqué, et assez proche cependant pour son œil perçant de Sindarin. Une fois installé sur une branche, bien campé, et la tête froide –  il ne fallait pas songer à Elerinna, elle savait se défendre – il plaça sa flèche contre le bois de son arc et le banda lentement, en projetant son regard aiguisé loin devant lui, au milieu des ombres, du feu et des silhouettes de l’ennemi.

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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeJeu 6 Fév - 13:36

Certaines personnes font d’étranges choix dans leurs vies. Le choix de tout quitter pour repartir à zéro, par lassitude de la routine ou encore par désir ardent de nouveautés. Le choix de mettre tous sentiments humains, leurs familles et leurs amis, de côté pour se pencher sur leur travail, par besoin de richesse pour la plupart d’entre eux. Le choix de devenir un autre, mener une double vie afin de combler le vide hantant la première. Le choix de ne manger que des légumes parce que les animaux sont des êtres vivant et que tuer ce n’est pas bien. Ou encore le choix de changer de marque de cosmétique parce que les premiers étaient en fin de comptes… de très mauvaises qualités. Le choix de Verna quant à lui était on ne peut plus trivial, l’amour la portait maintenant dans chacun de ses pas, et elle avait choisi de vouer sa vie à une nouvelle venue dans cette dernière. L’amour n’a rien de logique, et par définition ne peut jamais être anticipée, de la même façon qu’on ne sait jamais ce qu’elle apportera avec elle.

« A partir de maintenant, mon cœur vous appartient tout entier, mon âme ne trouvera le repos qu’en votre présence. Ma vie est liée à vous et je protégerai la votre au péril de mienne. »

Et qu’avait-elle fait ? Rien de plus qu’un monstrueux et ignoble acte de sabotage visant à décrédibiliser un serment aussi profond et sincère. La petite lhurgoyf bouillait d’une rage sourde et était en ce moment animée par une volonté de vengeance punitive humiliante pernicieuse contemplative (de la mort qui tue pour les intimes). Elle se jura qu’elle y parviendrait tôt ou tard, mais la situation actuelle ne lui autorisait point à envisager ce grand moment de bonheur en compagnie de son amour pour tout de suite. En effet, de vils et vénaux vicieux voleurs s’étaient subrepticement emparés d’une conséquente quantité de pierres de sphènes dans le temple de Cimméria. Et allez savoir pourquoi la grande et bienveillante prêtresse, oui Elerinna en personne, s’en était allé personnellement les récupérer accompagné de Léogan, un homme que la rouquine ne connaissait pas encore assez pour porter un jugement réaliste sur sa personne. C’est vrai, après tout ce n’est pas parce qu’on a une armée à notre service qu’on ne peut pas personnellement s’en aller récupérer quelques cailloux, prenant le risque de se faire tuer et en mettant toute ses obligations de côté…

« Quelle idiote… quelle idiote… pour l’amour de Sharna mais quelle sombre idiote… »

Ses pas conduisaient jeune lhurgoyf le long de la luxuriante, humide, révoltante et rebutante rivière Oxia, et plus précisément encore dans une région boisée disséminées un peu partout autour du lit de cette dernière. Elle n’était cependant pas seule, une fois encore, Crow survolait tranquillement les environs, à quelques lieux en amont de la lhurgoyfs, il avait pour objectif de retrouver la trace des deux compagnons sindarins de sa maitresse. Durant ce temps, Verna avancée d’un pas pressé, elle se devait de les rattraper le plus vite possible afin d’assurer son rôle qu’elle s’était nouvellement vu confier. Par ailleurs, une de ses connaissances s’était jointe à elle durant son périple vers sa promise, une jeune femme pour le moins originale qu’elle avait eu la chance de croiser quelques temps auparavant. C’était selon elle une rôdeuse, une sorte d’ermite qui vivait seule dans les bois, le dialogue se fit assez plaisant et naturel en sa compagnie, un sentiment qui semblait réciproque. Les deux jeunes femmes firent ainsi route sur plusieurs lieux avant de rentrer dans le bois où se situaient Elerinna et Léogan, selon Crow. Un sourire se dessina sur le visage de Verna.

« Il semblerait bien que je touche au but. Merci de m’avoir accompagnée. »

La jeune femme aveugle s’inclina sobrement devant la jeune bourgeoise et poursuivit.


« Tout le plaisir est pour moi. C’est la seconde fois que le destin me lie à vous, j’en conclue que ce n’est pas un hasard. » S’avançant au pied d’un arbre, l’ermite caressa délicatement son écorce dans un silence presque religieux, puis sa tête se tourna légèrement vers Verna. « Ces bois sont envahies par les hommes, vous feriez mieux de faire preuve de prudence… La nature ne nous veut pas toujours que du bien. »

Fort de cette mise en garde, la rouquine fit ses adieux à la jeune ermite, le moment était venu pour elle de s’engouffrer dans ces bois. L’oiseau au corps d’Ebène ne volait plus, il se posait toujours sur quelques branches d’arbre en amont de sa maitresse et il la guida ainsi sur plusieurs centaines de mètres lui indiquant à quelle allure marcher et derrière quel buisson se faufiler. Ie alla s’enquérir du nombre de coupe jarrets dissimulés dans les parages, écoutant attentivement la stratégie proposé par Léogan. Diversion… volée de flèches… immobilisation… Lorsque le sindarin grimpa à son tour dans un arbre, Crow descendit et se posa sur le sol quelques mètres derrière Elerinna, et feignit de n’être qu’un corbeau ordinaire. Sachant qu’elle n’était plus très loin de son amante, la jeune rouquine accéléra doucement le pas. Les sens surdéveloppés des sindarins ne lui permettaient pas d’arriver par surprise derrière sa bien-aimée, c’est pourquoi elle ne chercha pas un seul instant à se cacher de cette dernière. Lorsqu’elle arriva enfin face à Elerinna, elle l’enlaça sans attente, déposant au passage un long baiser de retrouvaille sur ses lèvres, usant de son don de télépathie pour ne pas prendre le risque de parler à haute voix et de se faire entendre par les malandrin.

*Espèce d’idiote ! Plus jamais je ne t’autorise à me laisser derrière tu m’entends !? * Son étreinte se fit plus forte encore et son baiser redoubla d’intensité. * A quoi bon avoir juré de te protéger si c’est pour te voir partir en mission sans même m’en informer !? * Bientôt elle relâcha son emprise sur elle, lui caressant doucement la joue…

Elle s’informa auprès d’Elerinna de la situation, ce qu’il en était du plan d’action de Léogan. Elle acquiesça sans faire d’histoire et se dissimula dans l’ombre… car oui, elle aussi prendrait part à cet assaut. La jeune bourgeoise avait prit soin de s’équiper de son armure de cuir, elle était parfaitement équipé pour le combat, elle empoigna Ecorcheur, et verrouilla son bracelet autour de son bras. Elle s’engouffra dans un buisson, se liant à l’ombre de celui-ci, un voile la recouvrit, Elerinna qui se trouvait près d’elle fut elle aussi envelopper par un doux film protecteur sombre. La jeune bourgeoise lui sourit comme pour lui dire « je suis là maintenant… tu ne risques plus rien. » On pouvait voir à ses pieds naitre quelques formes pointues, plusieurs lianes d’ombres semblables à des serpents se dressaient autour de la rouquine. Elle n’attendait plus qu’un signal de Léogan.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeDim 9 Fév - 21:03

Ce fut un miracle que la barque ne se renversât pas. Elerinna ne cessa de bavasser ; sa logorrhée ne s’arrêtait jamais. Elle plaisantait, se moquait narquoisement de son vaillant compagnon, qui tirait une tronche de six pieds de longs, et qui marmonnaient dans son coin des inepties merveilleuses. Quand celui-ci se taisait, ou qu’il devenait ennuyeux de l’entendre ronchonner, elle s’attardait sur des sujets sans nombres. Elle se plaisait à évoquer de lointains souvenirs, ou à parler des dernières robes à la mode –elle savait combien Léogan ne pouvait supporter ce sujet-, et qu’elle comptait bien acquérir quoiqu’il lui en coutât. D’autres fois encore, elle improvisait de longues tirades pleines d’emphase à l’éloge de la Nature et des bienfaits de la création. La belle sindarin s’extasiait de tout avec une mine réjouie, et s’amusait à titiller l’instinct délicieusement ironique et blagueur de son compagnon, en insistant lourdement sur sa belle musculature. Parfois, elle palpait d’une main habile ses bras lourds aux muscles durcis par l’effort. Léogan regimbait, renâclait furieusement, agitait les bras, et tentait de repoussait son amie qui virevoltait dans tous les sens, et l’assaillaient par tous les angles qui se présentaient à elle ; hélas, ses muscles engourdis le ralentissaient, et Elerinna profitait de la faiblesse de son ami.
A sa jolie tirade d’homme lassé par la guerre et la gouaille qui se rendait enfin, elle rétorqua d’une voix mielleuse en battant des mains :

-Oh, quel adorable ami tu fais, Léo ! Je ne te savais pas si sentimental  et si tolérant! Alors pour de vrai, tu aimes être taquiné ?

Elle se pencha vers lui d’un air de conspiratrice.

-Je vais te dire un secret. Un vrai de vrai : moi aussi, j’adore cela ! Ton masochisme, Léo, est une bénédiction du ciel. Tu es le seul à supporter tout à fait mes remarques hasardeuses, et mes petites manies de l’esprit.

Puis, lui ayant ébouriffé les cheveux d'un geste affectueux, elle lui répliqua, faussement offusquée :

-Et sache que je ne lambine pas !  Je m'exerce au beau langage.

Et elle continua de l’accabler d’incessantes remarques.

Toutefois, Elerinna dut bientôt cesser son importun babillage, et laisser Léogan en paix. Ils étaient arrivés. La barque avait heurté doucement le limoneux rivage et son ami était déjà à terre, tirant la barque à bout de bras hors de l’eau. Lorsque celle-ci fut au sec, Elerinna sauta souplement sur la berge. Elle saisit une longue et épaisse corde, et amarra la barque à un rocher d’un simple nœud, tandis que son compagnon s’armait et sortait de la petite embarcation les quelques objets qu’ils avaient emportés.
La belle sindarin saisit le poignard que lui tendait Léogan, et le ceignit à la ceinture. Elle le remercia d’un sourire entendu et l’écouta sans faire la moindre remarque (il est bon de remarquer combien la Grande-Prêtresse pouvait, en de rares occasions, être parfaitement attentive, et omettre de jacasser à qui mieux mieux sans discernement.) tandis que ce dernier dissimulait la barque sous des branchages et des fougères. Elerinna soupira :

-Je ne suis pas inconsciente, Léo, dit-elle agacée. Je ne compte pas être accueillie par des viva assourdissants, et des bravos immérités, comme à Hellas. Mais il faut que nous tentions de les rallier à notre cause. Et tu en sais très bien la raison.

Alors qu’il achevait sa tâche difficile, elle eut conscience de lui avoir parlé bien plus durement qu’elle ne l’aurait dû. Une douloureuse et vilaine torpeur l’envahit. Sa voix s’enroua, et elle prit vivement le bras de son ami.

-Pardonne-moi, murmura-t-elle dans un souffle rauque, la gorge nouée, les yeux remplis de honte. Je ne devrai pas te parler ainsi.

Un instant, elle redevint une bien vilaine créature, fragile et insignifiante. Elle se mortifia d’être si orgueilleuse, et ressentit une profonde et tenace lassitude lui étreindre l’âme. Elle aurait voulu s’être tue, et être dépossédée de son infatigable verve. Elle choisit de se racheter du mieux qu’elle le put. Fronçant les sourcils, elle demanda :

-Une magie, dis-tu ? Bon, très bien, je serai prudente, et nous tâcherons de prendre l’avantage avant de parlementer avec ces bougres d’andouilles. Cela te convient-il ?

La nuit tombait lentement ; il était temps de se mettre en route. Sous la voûte obscure parsemée d’ombres chaotique des arbres millénaires flottait un parfum de bois et de gibiers ; des bruissements incertains se faisaient entendre à tout instant, et faisait naître en Elerinna une sourde sensation d’angoisse.
La belle sindarin emboîta le pas à son ami, et tâcha de le suivre du mieux qu'elle le put, bien qu'elle ne possédât ni son endurance, ni sa force virile. Elle se raccrochait à la sombre silhouette de Léogan qui se faufilait souplement à travers les arbres, et qui manquait souvent de la perdre. Elle craignit quelquefois de ne plus le voir, et manqua de céder à la panique ; il resurgissait toutefois devant elle chaque fois qu’elle croyait perdue.
Bientôt, ils parvinrent à l’orée du campement des bandits. Une exquise odeur de viande rôtie et de bière se faisait sentir, et tâcha de rappeler à Elerinna qu’elle n’avait pas mangé depuis des heures, et qu’elle ne se sustenterait pas avant d’aussi longues heures, si elle ne gisait pas morte dans la forêt d’Oxia d’ici-là. Un feu crépitait vivement dans un foyer de pierres et jetait sur le sol des ombres fantastiques écartelées par les derniers éclats crépusculaires.

-Ne t’inquiète pas, jeta-t-elle vivement, tu n’es pas le seul à être un grand garçon. Je sais me débrouiller, va.

Cependant, lorsqu’il lui demanda de s’enfuir, elle hocha vigoureusement la tête puis, quand il eut le dos tourné, cracha dédaigneusement un ‘Compte là-dessus, ah !’. Comment pouvait-il la croire aussi faible et aussi lâche? Si elle devait être blessée, ou mourir, il n’était pas question qu’elle se dérobât à son destin.
Léo grimpa lestement sur un arbre et encocha une flèche. Elerinna l’aperçut, perchée sur une haute branche, adroit et vigoureux ; et elle le trouva beau. Discrètement, elle se dirigea vers le campement, se dissimulant dans les ombres nocturnes, et contournant les espaces  que la lumière du brasier faisait luire. La belle sindarin atteignit rapidement sa cachette et leva les yeux vers Léogan. Elle était prête ; elle allait lui faire signe. Elle entendit quelqu’un approchait, et n’eut que le temps de se retourner.
Verna était déjà sur elle et l’enlaçait furieusement. Surprise, elle ne put que répondre à son étreinte, à ses larmes et à ses baisers. Elerinna ne put qu’être prise de transport et succomba aux larmes. Elle voulut expliquer à Verna ses intentions, et les motifs de son absence ; elle tenta de se justifier, et essaya d’arguer de toutes ses forces les mille arguments qu’elle avait repassait mille et mille fois dans sa tête ; elle ne parvint qu’à s’excuser le plus simplement du monde, et à l’embrasser avec l’ardeur d’une amante en murmurant des  ‘Comme je suis contente que tu sois là !’, des ‘Oh pardonne-moi, si tu savais comme je l’ai regretté !’ et encore des ‘Oh, je t’aime, sois en certaine !’
Puis, il fallut être sérieuse, et revenir à la raison. Elle expliqua brièvement le plan à Verna, et s’assura qu’elles n’avaient pas été entendues par les voleurs. Ils banquetaient toujours en braillant et jaquetant des chansons paillardes.
‘Ah ! Ah ! Ah la belle ribaudeuh !’, chantait-il en ripaillant, ou peut-être était-ce ‘ah, maman, quand vous enfouraill’rez papa !’ ; c’était de saints chants du peuple. Des chansons tout à fait respectables du pays voisin.
Ils étaient ivres de leur victoire ; ils se croyaient invincibles, ou presque. Personne n’avait cru bon de remarquer les trois aventuriers.
Alors Elerinna, devenue invisible, s’avança parmi eux, le coeur battant, mais résolue. Elle saisit une pierre de la taille d'un poing, qu'elle soupesa adroitement et qui lui parut suffisamment lourde. Prudemment, elle s'approcha des voyous, un grand homme à la carcasse énorme qui portait une immense barbe et dont la trogne violacée se tordait dans tous les sens en braillant. Elle leva la pierre bien haut au-dessus de sa tête, et l'abattit de toutes ses forces sur celle du géant qui s'effondra dans un borborygme étrange. C’était le signal. Léogan devait avoir tiré sa flèche.
S'ensuivit un indescriptible chaos plein de fureur et de membres. Léo dut atteindre sa cible, car Elerinna entendit le bruit sourd que produit une flèche en se fichant dans un corps, suivit d'un glapissement de douleur. Quant aux autres voleurs, ils se saisirent de leurs armes avec une vélocité qui surprit Elerinna et cherchèrent du regard leurs mystérieux agresseurs.
Profitant de la confusion générale, Elerinna contourna ses assaillants, et entreprit de jeter à bas le réchaud rempli de viande bouillie, et éteignit le brasier à moitié. Puis, elle jeta sur les brigands des branchages, de la rocaille, des ustensiles de cuisine ramassés à même le sol, et tout ce qui pouvait lui tomber sous la main, toujours d'un angle différent, et protéger par son invisibilité. Léo, quant à lui, ne cessait de décocher des traits du haut de son perchoir, et criblait de flèches ses adversaires. Verna demeurait invisible.
Il fallut qu’elle passât trop près d’un des voleurs qui gesticulait en braillant et qui faisait virevolter autour de lui une lance à la lourde hampe. Elerinna et ne put esquiver l’arme qui la percuta à toute volée dans la mâchoire. Elle crut que sa tête explosait, et fut projetée à terre. Elle redevint visible et ne put que se relever à moitié. Deux hommes se ruèrent vers elle d’un air féroce.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeMar 11 Fév - 16:44

Léogan se sentait extrêmement mal à l’aise, perché dans son arbre et les sens aux aguets, d’instinct plus proche d’une bête traquée que d’un prédateur en chasse. Une vague angoisse s’était accaparé de son cerveau, de son ouïe, de sa vue et lui engourdissait les membres. Parmi les bourdonnements insupportables qui hantaient son oreille interne, il fut soudain choqué par un son qui, à son sens de Sindarin, résonna comme une cavalcade de rhinocéros déchaînés.
Le cœur battant à la chamade, les yeux hallucinés d’effroi, Léo pivota sur sa branche à une vitesse surhumaine, se leva dans un équilibre que l’urgence rendit surréaliste et s’apprêta à tirer sa flèche sur la créature qui s’était jetée sur Elerinna. Son arc était déjà bandé. Il lâcha sa flèche. Il la sentit vibrer entre ses doigts et l’entendit frotter contre le bois de son arc au moment exact où Elerinna, avec une effusion sans pareille, refermait ses bras sur la créature inconnue. Le cœur de Léogan bondit brutalement dans sa poitrine et, d’un geste rude, il rabattit son arc sur le côté, déviant la course de la flèche, qui alla se ficher dans un arbre, une dizaine de mètres derrière Verna.
Qu’est-ce que… ? Comment ! Mais c’était ! Mais cette gamine était complètement malade ! Léo, déstabilisé par la fureur, se rattrapa au tronc de son arbre et serra les dents pour ne pas exploser et déverser un flot ininterrompu de jurons sur les deux maîtresses. S’il n’avait pas été assez vif, sa flèche aurait transpercé Verna de part en part, entre les bras d’Elerinna. S’imaginaient-elles qu’il n’aurait pas bougé d’un pouce malgré le tapage que Verna avait fait en arrivant ? C’était de la folie furieuse ! Elle pouvait être aussi silencieuse qu’il lui était rendu possible, ce ne serait jamais assez ! Aux oreilles d’un Sindarin, elle respirait déjà si fort qu’il aurait pu tout aussi bien l’abattre dans le noir ! Et qu’est-ce qu’elle fabriquait dans cette forêt à des lieux et des lieux de chez elle ? Elle ne les avait quand même pas suivis jusqu’ici, cette espèce de tarée ?
Léogan serait bien allé lui gueuler en face tout ce qu’il pensait de leur amour maniaque, mais les deux femmes avaient déjà disparu dans le foisonnement de la forêt. Il se plaqua contre son arbre, et ainsi réfugié dans l’ombre, il ferma les yeux, respira profondément, en portant une main tremblante à ses tempes enflammées. La concentration lui revint péniblement, aidée par le vent frais qui s’était levé et qui venait refroidir doucement l’incendie de ses nerfs. Enfin, il prit une nouvelle inspiration, ouvrit son regard luisant et s’accroupit lentement sur sa branche. Il encocha une autre flèche, en maudissant une dernière fois Verna de lui en avoir fait perdre une inutilement dans la nature.

Il compta rapidement les bandits. Ils étaient bien là, tous les cinq, bruyants et hâbleurs, assis autour de leur feu où ils chantaient et banquetaient comme à une orgie où il leur était permis de ne rien craindre. Léogan serra des dents, révolté d’une telle insolence, et le contact de l’empennage de sa flèche contre sa joue fit gronder au fond de ses entrailles un monstre de violence qui ne tarderait pas à être satisfait. Ils avaient attaché leurs chevaux à un arbre, à quelque distance d’eux. La mission d’Elerinna était simple – il y avait veillé – elle n’aurait aucun mal à les lâcher dans la forêt au grand galop. Et tout compte fait, la présence de Verna à ses côtés était par bien des aspects – si on restait optimiste – gage de sécurité. Il hocha la tête pour lui-même et se prépara à donner le signal.
C’était pour lui un effort titanesque de se tenir dans de telles dispositions morales, mais il devait regagner la tempérance nécessaire pour tirer une grêle de flèches précises et efficaces. Il lâcha une série de petites expirations, comme un athlète au devant de sa performance, et il lui sembla avoir réuni assez de calme pour passer à l’action. Il émit alors un chant d’oiseau mélodieux et inhabituel, celui de l’alouette, long, complexe, roulant, turlutant et tirelirant, dont seule l’oreille exercée d’Elerinna aurait pu relever l’impertinence à cette heure de la soirée.

Il l’entendit sortir de ses fourrés avec Verna et visa le type qu’elle s’apprêterait sûrement à attaquer en premier pour jeter leur camp dans le chaos et la confusion. Elle n’y alla pas de main morte ; elle lui fracassa tout bonnement le crâne avec une lourde roche, ce qui déclencha un petit rire moqueur chez Léogan : « il faut les rallier à notre cause, Léo, tu sais bien que j’ai raison ! », marmonna-t-il, d’une voix de fausset.
Il visa un autre homme, puisque celui-ci était tout bonnement assommé, voire même à l’agonie, et lui planta une flèche dans l’épaule, avant d’en faire danser un autre en lui expédiant entre les pieds trois flèches d’une même volée. Il poursuivit d’un mouvement ininterrompu, avec une précision redoutable qui ne laissait aucun répit aux bougres, malmenés en même temps par Elerinna, qui, comme une sorte de poltergeist déchaîné, renversait tout sur son passage. Léo grimaça un peu. Allez, dépêche-toi d’aller libérer les chevaux, ne reste pas au milieu… Allez… ! Pire que tout, il avait peur de transpercer l’une des deux jeunes femmes de ses traits – il n’était pas prévu qu’elles s’attardent autant dans son champ de visée ; qu’est-ce qu’elle fabriquait, par tous les dieux !

En vérité, le plan de Léogan souffrait d’une lacune béante, dont il avait essayé de passer outre pour ne pas évacuer complètement l’espoir de récupérer les pierres. Elerinna n’avait rien d’un militaire. Elle était pleine de bonne volonté, elle tâchait de faire de son mieux, mais elle était incapable d’obéir simplement à un mot d’ordre. Pour l’esprit pragmatique de Léogan, un mot d’ordre devait être suivi à la lettre, s’il n’était pas fondamentalement contestable – il se trouvait de fait qu’il avait souvent trouvé les mots d’ordre qu’on lui avait adressé hautement litigieux, et qu’il avait par le passé été sujet à des désobéissances martiales récurrentes, mais restait qu’il avait une conception très claire de ce qu’était un mot d’ordre. Pour Elerinna, il ne s’agissait que d’une simple recommandation, d’un vague conseil, d’un guide, tout au plus ; elle voyait où on voulait en venir et s’attachait à faire les choses à sa manière. Alors, oui, elle lambinait encore alors qu’il lui avait commandé d’aller directement libérer les chevaux pour disperser les bandits, les isoler du même coup, et par là, les maîtriser d’autant plus facilement. Il avait bien envie de se mettre à pester à tue-tête, du haut de son arbre : « Bordel, mets-toi à couvert et sers-toi de ta magie ! », mais c’était malheureusement une embuscade camouflée, pas un match de boxe.
Son impuissance le plongeait dans une nouvelle angoisse. Le temps se dilatait irrépressiblement pour sa conscience oppressée. Léogan comptait chacun des tambourinements doubles de son cœur et attendait avec une acuité exacerbée le moment inévitable où tout deviendrait absolument chaotique et hors de contrôle.

Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva. Le regard de Léo fut ravi en une demi-seconde par une lance qui tournoyait dans les airs, entre les mains d’un voleur terrifié. Il tourna prestement son arc vers lui et s’apprêta à lui tirer une flèche dans l’omoplate pour calmer ses ardeurs, mais il y eut un bruit terrible et sa protégée s’effondra sur le sol aux yeux de tous, presque assommée par la hampe hystérique du bandit.
Son sang ne fit qu’un tour. Il voulut encocher quelques flèches pour la préserver de l’attaque des malandrins, mais ils réagirent à une vitesse qui ne lui permit ni de les viser ni de les écarter d’Elerinna : deux d’entre eux étaient déjà sur elle. Sans même réfléchir, il lâcha tout bonnement son arc et se rua vélocement sur une branche massive qui passait précisément au-dessus de leurs têtes, puis il bondit et s’abattit sur eux comme un fauve. Suprêmement surpris, les deux hommes s’écrasèrent au sol, à quelques coudées d’Elerinna. Léogan ne put profiter de son effet de surprise que pour se saisir d’un poignard qu’il avait coincé dans sa ceinture, et pour crier à l’adresse de son amie, en lui lançant un regard furtif, mais véhément :

« Tire-toi ! »

Il était submergé par l’immense conviction qu’elle ne l’écouterait pas, mais déjà, il devait assener un puissant crochet dans la mâchoire du type qu’il écrasait de tout son poids. Le second s’était relevé et se jetait sur Elerinna ; Léo put simplement lui envoyer un violent balayage dans les tibias pour le remettre au tapis, avant d’être assailli par le premier, qui le renversa dans la terre humide de la forêt. Le crâne endolori, il empoigna dans un vieux réflexe le bras armé d’un couteau qui plongeait déjà sur son visage et le tordit brutalement, en repoussant le poitrail de son adversaire de l’autre main. Au terme de plusieurs prises ingénieuses, qui s’apparentaient de loin à quelques roulés-boulés dans la terre d’une sauvagerie bestiale, Léogan parvint à débarrasser le bandit de son couteau et à lui administrer un coup explosif dans le plexus. Il le laissa gire au sol, le souffle coupé, les membres pantelants, et se redressa avec panique, en tentant de repérer Elerinna parmi le désordre indescriptible de bandits qui se ruaient sur lui toute voile dehors.
Il ne la vit pas et dut de toute façon tirer Erys de son fourreau pour faire face à ses assaillants. Il para quelques coups de lance et d’épée et distribua une palanquée de coups de pieds retournés, tout en pestant à qui voulait l’entendre :

« Elle l’a pas vue v’nir, celle là ? Pourtant, un type qui fait tournoyer une lance en beuglant comme un glandu, ça s’remarque ! Mais non, pas Elerinna, ça, Elerinna, elle regardait de l’aut’ côté ! »

Tout à coup, l’un des deux hommes le fit s’écarter de trois ou quatre pas en brandissant sa lance vers son visage, lui infligeant ainsi une légère estafilade. Léogan perdit l’équilibre un instant et lorsqu’il voulut remonter à l’assaut, les deux voleurs avaient pris la fuite. L’un d’entre eux s’était précipité près du foyer et, sous le regard interloqué de Léo, embrasa deux torches à l’aide d’un briquet à silex, tandis que le second avait plongé sa main dans sa sacoche, à quelques pas de lui.
Un pressentiment terrible fit frissonner son échine. Il fondit sur l’homme à la sacoche pour le maîtriser, mais déjà ce dernier dégageait de sa sacoche un poing serré, qu’il leva brusquement au-dessus de sa tête. Sous le regard médusé de Léogan qui, méfiant, s’était arrêté à mi-chemin, ses doigts libérèrent une mystérieuse poudre noire, qui flotta un petit instant autour de lui avant de se muer en un nuage d’obscurité impalpable. Léo eut à peine le loisir de réaliser toute l’étendue de cette mascarade que le nuage se déployait tout d’un coup jusqu’au-delà de la petite clairière, plongeant les bandits, Léogan et les jeunes femmes dans le noir complet.  
Il y eut alors un long silence, pendant lequel le garde cimmérien tenta de sortir de sa stupéfaction et de comprendre exactement ce qui se produisait. Il se tourna vers l’emplacement du foyer, jeta un regard implorant vers le ciel ; mais ni l’éclat du feu, ni la lumière des astres ne parvenait à percer l’obscurité épaisse qui s’était emparée du champ de bataille. Léogan, épouvanté, serra sa main autour de la garde d’Erys et émit un petit rire nerveux.

« Mais c’est pas vrai, mais c’est pas vrai ! » hurla-t-il, absolument excédé.

Et il se prit un taquet dans la figure.

« Bordel ! » lâcha-t-il, les yeux parcourus d’éclats de douleur rutilants.

Il se jeta dans la direction de son agresseur, avec la sauvagerie d’un prédateur aveugle et enragé, et percuta violemment son corps. Une fois de plus, il s’écrasa contre le sol avec son ennemi, en lâchant Erys. Il attrapa le type par le col et commença à le rouer de coups de poing, dans un vacarme effrayant au beau milieu des ténèbres. Il frappait sans cesse, sans se préoccuper outre mesure de son aveuglement subit, abandonné tout entier à la fièvre et à la fureur. Enfin, quand il lui sembla que son homme n’était plus capable que d’émettre des borborygmes inintelligibles, il releva la tête et fut envahi de sueurs froides.

« Elerinna ! » cria-t-il, d’une voix claire qui trahissait sa détresse.

Sa victime cracha un petit rire pitoyable et l’attrapa par le col d’une poigne un peu trop faible, pour prononcer péniblement :

« Quand on sait pas organiser une embuscade, mon p’tit vieux, on reste chez soi !
‒ Et mon poing dans ta trogne, t’aurais pas préféré qu’il reste chez lui ? » assena Léogan.

Il lui envoya un nouveau pain dans le museau, et le redressa sèchement vers lui.

« Qu’est-ce que c’est que ce merdier ? Réponds ou je t’éventre, gros abruti ! »

Il chercha à tâtons son épée courte pour appuyer sa menace, remit la main dessus au bout de quelques secondes et appuya sa lame contre la joue du voleur.

« C’est bon… vociféra l’autre, et il eut un nouveau rire entre le désespoir et la moquerie. C’est de la poudre d’obscurité instantanée. Il n’y a que la torche que j’ai fait tomber quand vous m’avez sauté dessus, espèce de taré, qui puisse vous éclairer. »

Léogan repoussa dédaigneusement le malandrin contre terre et posa une main moite contre le sol. Il ferma les yeux, respira profondément, et des racines surgirent autour du corps de sa victime, pour le plaquer dans la terre et le ligoter étroitement. Léogan put alors se relever et, à genoux dans l’obscurité, chercha frénétiquement la torche que le bandit avait lâchée. Il mit une bonne minute avant de la sentir entre ses doigts, et quand il referma sa main dessus, il eut une vision très claire de ce qui se passait dans un rayon de deux mètres autour de lui. Il s’épongea le front nerveusement et se releva enfin, en brandissant la torche dans les ténèbres épaisses.

« Verna ? Où êtes-vous ? s’époumona-t-il, en s’avançant dans la clairière. Elerinna ! Elerinna ! Bon sang ! Elerinna, réponds-moi ! »

Spoiler:


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Jeu 13 Fév - 17:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeJeu 13 Fév - 16:06

Qu’on soit clair, Verna n’a en soit aucune réelle expériences dans le domaine de « l’art de la guerre » Certes elle avait déjà mis en déroute un groupe de braconnier d’enfant en compagnie de Maverick. Elle avait croisé le fer avec plusieurs maitres d’armes, elle avait parcouru un champ de bataille avec le seul contrôle de son ombre et manqué de peu d’occire en brillant bretteur qui n’en restait pas moins un novice. En y repensant, Verna savait se servir d’une arme, était une maitresse dans l’art d’utiliser les ombres, et possédait un bon jeu de jambes. Cependant pour ce qui était des opérations militaires, elle n’y connaissait strictement rien. Que fallait-il privilégier ? Des assauts létaux ? Entraver les cibles ? Couvrir ses alliés ? En prenant le temps d’y réfléchir, la rouquine se dit qu’il était préférable, au vu du nombre, de couvrir un maximum d’éventualité possible, et en conséquent, d’agir en complémentarité de Léogan et Elerinna. Le garde Cimmérien s’occuperait de faire un maximum de dégât en un minimum de temps, Elerinna quant à elle devait créer une diversion, naturellement Verna opta pour la couverture. Elle concentra alors tous ses méninges sur cette partie de l’opération, Léogan étant à couvert et elle-même dissimulée dans les ombres, ils ne risqueraient pas grands choses c’est pourquoi elle ne jugea pas nécessaire, ni même rentable, d’user de ses forces à recouvrir le sindarin d’un voile d’ombre. Elle songea à plusieurs cas de figures et se prépara à agir en conséquence.

Cas numéro un : optimal.
Elerinna accompli son travail avec succès. Les malandrins sont pris de paniques et agissent de façon désordonnés, les chevaux sont libérés  et effrayés, leurs coupant toutes voies de retraite. Léogan parvient à neutraliser deux, ou trois dans le meilleur des cas, Verna n’aurait plus qu’à neutraliser les derniers, ce qui serait simple comme bonjour, laissant le meneur isolé. Dans ce cas de figure, seule Elerinna étant exposée, sa couverture resterait minime et elle aurait tout loisirs pour optimiser ses attaques.

Cas numéro deux : modéré.
Les brigands sont plus réactifs que prévu, Elerinna parvient à les désorientés mais ne parvient pas à leur couper leur voie de retraite. Léogan ne parvient à en neutraliser que un ou deux. Verna devrait donc pallier à leurs échecs, elle devrait libérer les chevaux, relâchant son attention sur Elerinna un court instant, puis si le temps le lui permet, neutraliser une ou deux cibles.

Cas numéro trois : délicat.
La situation devient incertaine. Les brigands ne sont pris de panique qu’un court instant, Elerinna se fait repérer et les chevaux ne sont pas libérés. Léogan ne parvient à neutraliser qu’une seule cible et Verna devra donc couvrir protéger Elerinna en permanence jusqu’à ce que la situation devienne plus stable. Durant un tel cas de figure, Verna ne pourrait nullement être amené à attaquer les malandrins, ils seraient trois ou quatre concentrer entièrement sur Elerinna, elle devrait la protéger sans se soucier du reste.

Verna inspira profondément, la situation la rendait nerveuse, elle pria pour que tout se passe sans accro. Puis la roue du destin se lança. Son voile d’ombre protégeant Elerinna, Verna restait cependant confiante. Son regard était fixé sur Elerinna, le fait qu’elle soit recouverte du voile protecteur de Verna lui permettait de suivre ses déplacements. Lorsqu’elle la vit s’emparer de la pierre, la lhurgoyf eut un haut le cœur, puis elle le sentait bondir dans sa poitrine, le stress fut tel qu’elle aurait pu jurer qu’il allait jaillir hors de son torse. Son bras s’abattit sur la tête du gaillard, il s’écroula… les poings de Verna se crispèrent sur le sol, pourvu qu’il ne se relève pas. Elerinna s’esquiva ensuite, jonglant entre les quatre autres brigands, deux d’entre se firent toucher par les traits de Léogan, tout semblait commencer de façon favorable, cependant il y avait comme un bémol à la clef.

*Elerinna ! Que fais-tu ? Vas libérer ces chevaux et fais les fuir !*

Mais la jeune sindarine n’eut pas même le temps de faire volte-face qu’un des brigands (qu’on aurait pu jurer échappé d’un asile de fou) s’avança vers elle en faisant tournoyer sa lance dans tous les sens. Quoiqu’il en fut, ses mouvements étaient totalement imprévisibles, Verna n’aurait pas été à même de les esquiver. Lorsqu’Elerinna fut touché, la lhurgoyf fut envahie par une bouffée de rage, ce sale chien allait payer très cher ce qu’il venait de faire. Son instinct lui hurla de bondir sur ce déchet pour lui arracher les membres un à un mais elle réprima cet élan de fureur. Cependant son invisibilité s’était évaporée, la sindarine était à terre, sonnée et vulnérable. Deux des brigands qui l’avaient remarqué se ruèrent alors vers elle. La jeune rouquine resta dissimulée dans les ombres, et c’est là qu’elle vit Léogan faire son entrée, aboyant à Elerinna de foutre le camp. Ni une ni deux, la lhurgoyf envoya plusieurs tentacules d’ombres sur son amante, elles s’enroulèrent autour de ses membres et de sa taille puis la tirèrent d’un coup sec vers Verna la faisant ainsi disparaitre dans les buissons épais. Vu son état, Verna n’aurait pas pu la couvrir efficacement dans tout ce chaos, il valait mieux la soustraire à tout danger, quitte à prendre sa place au milieu du conflit.

« Espèce d’idiote ! Dépêches-toi de redevenir invisible et files ! »


Les brigands eurent cependant l’occasion de percevoir la provenance des ombres de Verna, le taré à la lance accourut alors dans cette direction. La bourgeoise profita de d’épaisseur des feuillages pour changer de position. Cependant il y avait un autre problème… c’était maintenant Léogan qui se trouvait à la merci des trois autre brigands. Il lui fallait agir vite, elle tendit sa main vers le garde cimmérien.

*Voile !*

Une large ombre rampa sur le sol jusqu’à l’atteindre pour le recouvrir complètement. Elle tendit son autre bras vers le taré à la lance, une tentacule jaillit alors vers lui et le saisit alors au bras, le devait en finir vite avec lui. Léogan avait actuellement deux brigands sur le dos, le troisième était lié à Verna, le quatrième hors d’état de nuire et le cinquième… Le cinquième semblait quant à lui à semi inactif, il gardait le regard fixé sur Léogan, se demandant probablement comment il devrait agir. Une chance pour la lhurgoyf, elle avait quelques secondes devant elle pour en finir avec le chien qui avait osé frapper Elerinna. Elle tira un coup sec sur son ombre, contraignant le manieur d’haste à s’approcher d’elle. Elle le tira jusqu’à l’isoler du reste de son groupe, puis lui fit face.  Son regard avait quelque chose d’effrayant, il était emplit d’une perversion malsaine, ses pupilles minuscules s’agitaient dans tous les sens, son corps semblait parcourus de spasmes répétés, il était comme… animé par une irrépressible bestialité sauvage. Son corps se contorsionna tandis qu’il armait son bras, puis découpa le lien qui l’unissait à l’ombre de la rouquine.

« Alors… alors c’était toi la petite pute qui m’a retiré mon jouet !? Si j’avais su que t’étais là pour la sauver… je l’aurai embroché direct comme la truie qu’elle est. »

Un aura de démence semblait s’échapper de part et d’autre de son corps. Ce type, ou quoiqu’il puisse être donna des sueurs froides à Verna. Le plus délicat dans cette situation, c’est que Verna devait maintenir ses protections actives sur Léogan et Elerinna, elle ne pouvait se permettre de rompre le charme de ses ombres, elle ne pouvait donc pas lire les pensées du taré devant elle, le seul avantage qu’elle pourrait éventuellement avoir sur lui, lui était proscrit.

*Tss… il va falloir que je l’achève en un seul coup pour ne pas m’éterniser.*

Le lancier fonça alors sur Verna, faisant tournoyer sa lance autour de lui comme il l’avait fait avec Elerinna, Verna fit un bond en arrière et fit se dresser un mur d’ombre devant elle, l’hast du taré vint le frapper de plein fouet en s’enfonça dans la structure ténébreuse qui se solidifia autour d’elle. Le taré chercha alors à l’en extraire, baissant sa garde un court instant, Verna profita pour créer une ouverture dans la base de son mur d’ombre et fit une balayette à son ennemi qui trébucha sur le sol. C’était maintenant qu’il fallait en finir, sinon Léogan risquait de se faire occire. Verna frappa de la paume de sa main le mur d’ombre qui retenait la lance du taré, la structure fut alors recouverte d’un tapis de pointe et propulsa par la même occasion la lance plusieurs mètres en arrière avant de s’écrouler sur le brigand retenu par quelques protubérance d’ombres au sol. Une goutte de sueur apparut sur le front de la rouquine tandis qu’elle faisait disparaitre le tapis de pointe, laissant apparaitre le corps mutilé du brigand. Un rictus sévère se dessina sur le visage de Verna tapa du pied sur le sol tandis qu’une ombre circulaire jaillit à hauteur du cou de sa victime… puis elle donna un petit coup de pied dans sa tête, la faisant rouler quelques centimètres plus loin avant de foncer vers Léogan quand elle fut interpellé par sa voix.

*Il est toujours en vie… ouf…*

Les bois étaient maintenant recouvert d’un épais brouillard obscure, aucun regard ne pouvait transpercer d’aussi puissant ténèbres, c’était sans doute là un des pouvoirs des bandits restant. Verna aurait aimé pouvoir interpeller ses compagnons mais une fois encore, les voiles d’ombres qu’elle avait apposé sur eux l’empêcher de communiquer par la pensée, elle resserra alors son ombre autour du poignée de Léogan et tira doucement vers elle.

« Je suis là Léogan ! Rapprochez vous ! »


Vite qu’en était-il d’Elerinna ? Verna fit de même, elle resserra le voile d’ombre qui recouvrait sa belle et... non... non... Non non non non non non NOON !!! Elle avait lâché ! Elle avait osé relâcher le seul lien qui la reliait à Elerinna ! Elle avait disparue, elle s'était faite engloutir dans les ténèbres, elle devait être seule et probablement traquée. Quand ? pourquoi ? COMMENT !? A quel moment avait-elle pu faire preuve d'autant de négligence ?

« Elerinna ! Elerinna !! ELERINNAAAAAAAAAAAAAAA !!!! Où es-tu !? REPONDS-MOI !!!! »

Ce n'était pas seulement de la panique que l'on pouvait percevoir dans sa voix, il y avait autre chose, une colère aveugle et brutale commençait à germer au fond de son cœur. Une colère qui pourrait se muer en furie sanguinaire si elle n'était pas calmée dans l'instant. Verna se perdait un peu plus dans les ténèbres de son existence... une nouvelle fois il s'éveillait, mais malgré tout, le lien d'ombre qui la reliait à Léogan n'était pas rompu, ce lien avec la réalité ne s'était pas encore évanoui.



Dernière édition par Verna Luxis le Lun 17 Fév - 17:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeLun 17 Fév - 12:15

Elerinna n’eut pas le temps de hurler, ni de geindre, ni de quoique ce fut d’autre. Le coup la projeta à terre avec une violence inouïe, et il lui fut impossible de réagir pendant quelques instants. La douleur paralysait son corps ; elle ne voyait plus, entendait à peine, et articulait des mots désordonnés qui n’avaient aucun sens. Elle jura, et tenta de se relever. Elle mit un genou à terre, assura sa position en plaquant ses mains sur le sol, poussa avec sa jambe libre, chancela, parvint à se redresser et crut même être tout à fait sauvée, puis tomba à nouveau. Une boue puante et liquide lui emplit la bouche, et macula son visage endolori ; elle sentit de l’eau lui mouiller le haute des cuisses et le bas-ventre. Elle hurla de terreur de désespoir.
Alors qu’un voile épais recouvrait toujours ses yeux, Elerinna sentit une main lourde se poser sur son épaule, et tenter de lui arracher ses vêtements, d’atteindre sa poitrine, son ventre, son sexe. Une main forte et calleuse. Une main d’homme. Elle la repoussa d’un geste brusque en criant des insultes, et tâcha de reculer. Une seconde main lui attrapa la cheville. La sindarin éplorée se rua sur son agresseur et le roua d’autant de coups qu’elle le put. Elle le frappa à la tête, au cou, au ventre ; elle le mordit à l’épaule, et le griffa dans le dos. Elle devint une bête sauvage acculée et blessée qui défendait sa vie en feulant de toutes ses forces. Elle avait les entrailles nouées, et la gorge en feu à force de hurler. Et enfin, elle fut libre.
Par quel miracle l’individu qui la tenait si fermement la lâcha, Elerinna n’en sut jamais rien. Mais brusquement, l’individu émit un borborygme étrange, et sembla projeter en arrière. Elle fut libre. La belle sindarin sentit quelle chose l’attraper par les membres, et la trainer sur le sol mais la douleur l’empêchait d’apercevoir quoique ce fut; enfin, elle ne vit plus rien du tout. Elle resta là où le sort l’avait jeté quelques instants, les membres endoloris et paralysés par la peur. Hébétée, Elerinna n’osait pas bouger ; et quand bien même l’aurait voulu, qu’elle en eut été incapable.
Enfin, elle eut le courage de se relever. Et de regarder autour d’elle. Le voile qui obscurcissait sa vue était tombé. Régnait autour d’elle un indescriptible chaos. Léogan s’efforçait de terrasser ses adversaires du mieux qu’il le pouvait, ferraillant furieusement avec plusieurs brigands. Il avait fier allure, et frappait fort de taille et d’estoc. Aucun des brigands n’avaient sa grâce et sa robustesse. Il parvenait à les maintenir à distance tandis que Verna trucidait sans vergogne l’homme à la lance qui l’avait assommée et manquer de la tuer par la même occasion – il était impossible de qualifier autrement de déferlement de violence et de haine-.

Elerinna s’avança en titubant au milieu de champs de bataille, cherchant des yeux son arme. Une violente douleur martelait son crâne et l’empêchait de penser à quoique ce fut. Elle était sale, effrayée ; elle tremblait. Elle avait peur de mourir. La nausée la prit. Elle fut projetée à terre par un vomissement. Ses yeux d’ordinaire si ardent étaient vitreux. Sa poitrine lui faisait mal et brûlait.
Soudain, elle entendit un cri, et elle releva la tête qu’elle avait gardée baissée au risque de se faire tuer. La belle sindarin n’eut que le temps d’apercevoir une ombre fondre sur elle et la percuter. Le coup, violent, l’atteignit dans les côtes flottantes. Etait-ce un coup de pied ou de poing ? Elle n’aurait su le dire ; La douleur la terrassait. Elle se tordait en gémissant sur le sol. Un second coup l’atteignit dans le bas ventre qui redoubla sa souffrance. Des larmes lui montèrent aux yeux, et roulèrent lentement, très lentement sur ses joues. Elle comprit qu’un des brigands l’avaient choisi pour être le jouet de sa fureur, le réceptacle de de sa haine. Elle comprit qu’elle devrait le tuer si elle désirait vivre.
D’abord, elle essuya d’un geste rageur les larmes qui dévalaient sur son visage, et tenta de contrôler les spasmes qui agitaient son corps meurtri. Il était impératif qu’elle retrouvât le contrôle d’elle-même, triste pantin douloureux dans les mains de guerriers sans pitié et cruels. Un autre coup la cueillit au plexus solaire, mais elle parvint à se protéger, et bloqua le coup du mieux qu’elle le put avec son bras gauche. Elle en eut le souffle coupé, mais pu se redresser malgré tout et fixer son agresseur.
Il était grand, laid et repoussant. Son front large et saillant, et mâchoire large et carrée, lui donnait un air porcin que ne démentait pas ses larges épaules et sa démarche lourde et pesante. Ses yeux, immenses, la fixaient avec férocité, et semblait se délecter de son trouble et de sa souffrance. Elerinna ne put s’empresser de frissonner face à l’acuité de ce regard qui la pénétrait jusqu’à l’âme, et distillait en elle une effroyable peur.
Mais, alors qu’elle regardait avec effroi le brigand aux yeux écarquillés, une haine tenace, vorace et sale lui réchauffa le cœur. Elle sentit sa poitrine brûler d’un feu nouveau qui ne voulait que détruire et qui désirait plus que tout l’affrontement. Elle décida de n’être plus le triste pitre d’une farce dont elle était l’éplorée, la martyre, la morte ; Un grondement sourd franchit ses lèvres tremblantes.
L’homme la regarda avec un sourire ironique, comme si, surpris par la réaction de la jeune fille, il s’en moquait et la trouvait pathétique. L’expression qu’arbora le brigand décupla sa fureur. Elle posa un genou à terre, s’aida de ses bras meurtris et parvint à se redresser. A peine vacillait-elle sur ses jambes que l’homme se jetait sur elle avec rage et vélocité ; ses yeux brillaient d’une joie féroce.
Elerinna se jeta sur le côté, et parvint à esquiver son agresseur, qui devait bien faire, à la réflexion, une bonne tête de plus qu’elle. Elle fit un roulé boulé sur le sol, et se redressa aussi prestement qu’elle le put. L’homme était déjà sur elle. Elle l’esquiva encore d’une roulade désespérée. Son corps tremblait d’épuisement, puant la sueur et la boue saumâtre. Elerinna savait qu’elle ne pourrait échapper indéfiniment au brigand. Elle choisit d’échapper à sa vue. Elle ferma les yeux. Se concentra. Et disparut brusquement.
Le brigand s’arrêta nette dans sa course, l’air hébété et stupide. Sa figure porcine reflétait l’incompréhension et amusa la belle sindarin qui faillit éclater de rire malgré sa situation précaire.

-Tu ne me trouveras pas ! Ne put-elle s’empêcher de railler.

Et, ayant dit, elle se déplaça autour de lui de façon à ce qu’il ne puisse pas la surprendre. Le brigand cracha à terre et rétorqua d’une voix rauque :

-Compte là-dessus, sale putain !

Puis, il eut un rire cruel, et lâcha :

-Quand je te retrouverai, je te violerai et je t'étriperai plutôt deux fois qu'une.

Elerinna frissonna. Le scélérat devint excessivement méfiant, ne cessant de regarder autour de lui avec suspicion, et tendant l’oreille au moindre bruit. Il sortit d’un geste brusque sa rapière et taillada l’air autour de lui en faisant de grands gestes. Il espérait sans doute frapper son adversaire par chance, à force de provoquer le hasard.
Elerinna s’éloigna respectueusement de lui. Elle savait qu’elle n’avait aucune chance de s’approcher suffisamment de lui. Son corps fatigué la trahirait avant qu’elle ait pu porter le moindre coup et elle serait alors à sa merci. Dieu seul savait ce qu’il ferait d’elle ! La prendrait-il violemment avant de la tuer ? En ferait-il son esclave ? Ou l’occirait-il sans la moindre forme de procès ? Eut une idée lui vint. Audacieuse. La belle sindarin décida de la mettre en œuvre ; peu importait les risques après tout ce qu’elle venait de subir.
Elle ramassa une pierre de la taille d’un poing après s’être assuré et hors de la vue du brigand, qui cherchait de l’autre côté, taillant toujours l’air de sa longue rapière recourbée. Elle la lança dans un buisson qui jouxtait ce dernier. L’homme eut un rictus et claironna

- Attends moi, donzelle, t’enfuis pas comme ça! Je vais t’apprendre de la politesse, moi !

Et il frappa de toutes ses forces dans le buisson, frappant de taille et d’estoc à qui en voudrait qui en aurait, sans discernement, et avec la rage du vulgaire qui croit tenir sa victime.
Elerinna attrapa aussi vite qu’elle le put une longue branche qui gisait à côté d’elle et se jeta sur le brigand, occupé à refaire une beauté aux malheureux arbustes. Elle le frappa de toutes ses forces à la tête.
La branche émit un grincement sinistre en percutant sa cible. De son côté, la tête de son agresseur vibra curieusement. Le brigand, hagard, s’effondra sur le sol dans un râle horrible et grotesque qui révulsa Elerinna. A bout de force, haletante, les membres lourds, le cœur battant à tout rompre, elle s’empressa cependant de le déposséder de son arme. L’homme se relevait déjà, étourdi, mais.
Elerinna le frappa à nouveau de toutes ses forces. Avec le poing. Avec le pied. En hurlant. En pleurant. En criant des invectives au ciel, et des invectives aux hommes. Elle le frappa parce qu’elle avait peur et que son cœur lui criait de le tuer sans pitié. Elle le frappa parce que son estomac refusait de se dénouer, que ses membres endoloris sentaient encore sur eux la poigne qui voulait bien de cet homme. Elle le frappa parce qu’elle ressentait de la haine pour lui, et parce qu’elle ne voulait plus jamais se sentir mourir ainsi, impuissante dans les mains d’un homme.
Lorsque son poing fut sanglant et écorché à force de percuter le brigand, elle le tua. D’un geste sec et précis. Elle enfonça la lame dans la nuque de son adversaire et pesa sur la garde de l’arme qui s’enfonça net dans la chair du brigand. Celui-ci cracha un peu de sang. Gémit une malédiction. Esquissa un dernier geste. Puis mourut. Elle ne retira la rapière du cadavre défiguré de son avdersaire que lorsqu’elle fut certaine qu’il était bien mort. Du sang maculait ses vêtements poisseux. Un sentiment sourd de lassitude et de tristesse l’envahit.
Alors qu’Elerinna tentait de reprendre son souffle, des ténèbres poisseuses envahirent tout l’espace. Elle fut à nouveau aveugle. La peur l’envahit plus encore. Elle sentit son ventre se nouer, sa gorge trembler. Que se passait-il ? Quelle étrange et subtile magie était à l’œuvre en ces lieux et lui ôtait la vue ? Elerinna mit les mains devant elle et tâtonna autour d’elle. Elle ne palpa que de l’air. Du vide. Elle se sentit basculer en avant. La belle sindarin entendit des jurons étouffés, et des voix.
Exténuée, Elerinna tâtonna autour d’elle, les yeux écarquillés, craignant de tomber à nouveau sur un brigand. Elle tenait très fort la garde de la rapière qu’elle avait gardé de son affrontement avec le malfaiteur. Bientôt, elle aperçut un voile de lumière dans les ténèbres. Prudemment, elle s’en rapprocha. C’était Léogan qui hurlait à qui mieux mieux, vagissait à son habitude, et paraissait affreusement inquiet. Elle s’avança vers lui, lui criant qu’elle était là, saine et sauve, du moins qu’elle était en vie, et qu’elle avait besoin de lui. Lorsqu’il parvint à sa hauteur, elle l’enlaça de toutes ses forces. Elle se serra contre lui, voulant ressentir sa chaleur, et la tendre affection qu’il éprouvait pour elle. Elerinna commença à sangloter en murmurant à l’oreille de Léogan qu’elle était désolée, qu’elle n’avait jamais voulu cela. Qu’elle l’aimait comme on aime un ami fidèle et sincère. Qu’elle l’estimait. Qu’elle était désolée.

Elle pleura longtemps. Lorsque son cœur cessa de lui faire mal, elle s’éloigna un peu de Léo, embrassée, et lui dit :

-Il faut retrouver Verna, désormais. J’en mourrai s’il lui était arrivé malheur.

Elle saisit doucement la main de Léo, et lui sourit.

-Comme ça, nous ne nous perdrons pas, dit-elle d’une voix douce.

Puis, elle l’entraîna dans les ténèbres.

Je précise:
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeJeu 20 Fév - 1:03

Léogan referma son bras sur Elerinna et la pressa férocement contre sa poitrine. La lumière rougeoyante de sa torche embrasait leurs visages. Leurs cœurs palpitaient l’un contre l’autre, elle avait enfoui son visage dans sa chemise, il avait plongé le sien dans ses cheveux et respirait profondément le parfum de sa présence.
Ses pensées se confondirent, il perdit tout à fait la raison. Il se sentit comme un enfant égaré, le cœur encore plein d’angoisse et le cerveau engourdi par le soulagement. Il avait l’impression d’avoir reçu un coup d’une violence extraordinaire derrière le crâne, ou de vivre une hallucination sensitive exacerbée. Il ne voyait qu’à travers un voile, il respirait péniblement. Il était enfermé dans le monde clos de son corps et de celui d’Elerinna, deux organismes au sang chaud et furieux, aux muscles nerveux, à la peau moite et au tissu plein et palpitant.
Il enlaçait Elerinna comme au premier jour, comme s’ils étaient seuls au milieu de cette brume fantastique, comme si elle était encore à lui et qu’il était encore à elle dans un non-lieu où ils n’auraient pas eu d’histoire. Elle lui murmurait des choses qu’il ne comprenait pas et il se terrorisait à chaque mot qu’il parvenait à dégager de cet enchevêtrement de syllabes, de souffle, de tremblements et de pleurs, où il ne voulait reconnaître que le son familier et rassurant de sa voix.
Il n’entendit pas Verna qui hurlait de terreur, non loin de là. Il passa sa main meurtrie et sanglante dans la chevelure d’Elerinna, qui était grasse de poussière et de sueur, la laissa filer souplement entre ses doigts, prit sa tête dans sa main et déposa un baiser brûlant sur son front.

« J’ai eu si peur de te perdre. » avoua-t-il, dans un souffle qu’il entendit à peine.

Il se tut. Sa vue lui revenait peu à peu et avec elle, il reprenait ses esprits. Il relâcha un peu son emprise en prenant doucement conscience de son excès. Il se sentait aussi poisseux de transpiration et de sang. Elerinna avait déversé un torrent de larmes sur sa poitrine et levait vers lui un visage blême et grave dont les yeux purs semblaient inondés. Il glissa sa main jusqu’à sa mâchoire et à son menton, qu’il caressa en souriant avec plus de sérénité. Puis ses yeux coulèrent avec effroi sur le corps de sa protégée. Ses mains tremblèrent quand il rajusta les pans déchirés de sa robe sur ses épaules et sur son corsage. Il baissa la tête pour ne pas qu’elle le vît bouillonner de fureur et pour cacher la rougeur qui se plaquait sur son visage à chacun de ses gestes maladroits. Il ne posait pas de question. Il ne voulait rien entendre de ce qui s’était passé et il ne voulait pas obliger Elerinna à revivre les violences qu’elle avait subies, ni à les lui avouer honteusement ; alors, tandis qu’il lui rendait un peu de décence avec toute la tendresse dont il était capable, l’effroi le gagnait petit à petit et son imagination s’emballait. Il réprimait des tremblements de rage. Il voulait paraître calme pour lui permettre de s’appuyer sur lui comme sur un roc, comme elle l’avait toujours fait.
Puis il remarqua avec étonnement qu’elle serrait dans une de ses mains la garde d’une épée poisseuse de sang, et il comprit tout à fait ce qui s’était produit. Il releva la tête et sourit un peu cyniquement.

« Prenez garde, Dame Elerinna s’en va embrocher de la canaille… plaisanta-t-il, d’une voix légère, les yeux pourtant étincelants de rage. Tiens, donne-moi ça. »

Il lui prit doucement l’épée des mains et la plongea dans la terre meuble de la forêt. Quand il l’en dégagea, elle était à nouveau vierge de mort et de sang. Il échangea avec elle un regard profond et entendu. Il ne savait pas si c’était la première fois qu’elle ôtait une vie de ses mains, mais l’expérience avait dû être épouvantable. Il ne voulait pas retourner davantage le couteau dans la plaie, alors il mima la désinvolture et prétexta un bon vieux pragmatisme pour se justifier.

« Voilà. Jamais laisser sa lame trempée de sang, marmonna-t-il, en lui rendant son épée, et il s'accorda un instant de silence et de réflexion. C’est moi qui suis désolé, ajouta-il, à demi-ton. Je ne sais pas ce qu’il aurait fallu faire, mais ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Tu es si… »

Si forte, et si faible à la fois. C’est ce que tu veux dire, n’est-ce pas, Léogan ? C’est terriblement blessant, tu sais. Oh, oui, mais elle s’en serait sûrement très bien sortie si elle avait agi selon son propre plan, à sa manière, sans être chaperonnée par un militaire dont les mots d’ordre l’ennuyaient et qui lui idéalisait sans trêve ni repos la guerre et l’aventure. Eh oui, pauvre Léogan. Tu es toi-même bien souvent aveugle de la barbarie des champs de bataille, ça te plaît trop pour ça. Il secoua la tête amèrement.

« Humaine, acheva-t-il, piteusement, comme une tautologie décevante qu’il présentait sans se mouiller. Ce n’est pas grave, murmura-t-il à mi-voix, en passant une main moite sur son front. Ce n’est pas grave. »

Il se laissa prendre et caresser sa main avec une gêne nouvelle. Elle parla avec un calme qu’il admira. Ses yeux chatoyaient comme du satin bleu nuit et son front, couvert de mèches rebelles et ivoirines, se levait vers le ciel, grand, fier et pur. Sa force et son sang-froid lui piquèrent un peu la poitrine, à la façon d’un ancien parfum dont les effluves revenaient au nez avec leur vigueur et leur fraîcheur d’autrefois, mais spectrales, et voilées par un vieux musc capiteux.
Il avait un peu honte. La plupart du temps, il évitait toute forme de contact trop intime avec elle ; c’était un peu tirer le diable par la queue, ou réveiller bêtement des fantômes. Ils ne s’aimaient plus – mais il savait pertinemment qu’il était impossible d’oublier les vieux amours – et ils ne devaient pas se fabriquer d’illusions.
Elle parla de Verna et il se souvint d’elle brutalement, dans un éclair de lucidité. Il sentit plus vivement qu’auparavant le lien magique qui l’unissait à la jeune fille – et auquel, à dire tout à fait la vérité, il n’avait pas pris garde pendant son combat. Il grimaça, toujours plus gagné par l’embarras, et s’arrêta tout à coup.

« Attends ! fit-il, à Elerinna, en la retenant sèchement par la main. Verna ! cria-t-il,  dans le vague, Elerinna est avec moi ! Nous venons vers vous, ne bougez surtout pas. »

Il avança dans l’obscurité d’un pas déterminé, guidé par le tissu d’ombres de Verna et entraînant Elerinna derrière lui d’une poigne féroce. Brandissant sa torche à bout de bras, il finit par tomber nez à nez avec la petite rouquine, dont les traits étaient déformés par la rage et tordus par l’inquiétude. Ses joues étaient mouillées de larmes, ses yeux étincelaient de démence. Il l’éclaira de son feu magique, qui ne jetait sa lumière qu’à cinq pas autour d’eux.

« Tout va bien. » dit-il, en détachant patiemment chacun de ses mots, d’une voix pleine de prévention qui adoptait un timbre chaud et apaisant.

Il la scruta quelques longs instants, comme s’il comptait l’hypnotiser de son regard noir et magnétique. Enfin, au bout de quelques temps qui étaient certainement nécessaires à Verna pour qu’elle retrouvât ses esprits, il lâcha la main d’Elerinna et permit aux deux amantes de se retrouver avec effusion.

« Merci pour votre aide, Verna, ajouta-t-il, lentement, sans la quitter des yeux. Je vous en suis vraiment reconnaissant. Mais consacrez plutôt vos forces à la survie d’Elerinna, je suis un combattant endurci, je ne crains pas les coups. »

Il frotta son visage rêche, sur sa pommette où commençait à s’épanouir un bleu douloureux, et considéra sa main et ses phalanges déchirées avec détachement.
Il attendit patiemment que les deux maîtresses se fussent entièrement rassurées pour exposer un bilan de la situation, d’un air amer qu’il teinta toutefois d’humour pour détendre un peu l’atmosphère.

« Nous avons neutralisé trois des bandits, puisque, si j’ai bien compris, vous en avez tué un chacune, dit-il d’un ton mordant d’ironie. Deux d’entre eux sont en fuite, avec les pierres. J’ai fait un prisonnier qui pourra certainement nous indiquer le repaire de ses acolytes si on le chatouille un peu ; il a eu l’air de trouver mes arguments très percutants tout à l’heure, en tout cas il a été assez coopératif. »

Il porta son poing blessé à sa bouche et fronça les sourcils, en calculant leurs possibilités avec méthode.

« Suivez-moi, ordonna-t-il, sans ménagement, en laissant ses habitudes de colonel reprendre les devants. Avant toute chose, nous allons récupérer notre prisonnier et sortir de cette purée de pois. Puis, si vous n’y voyez pas d’inconvénients, nous nous écarterons un peu et nous dresserons un campement pour la nuit. Je pense que nos deux larrons en fuite se terreront également dans un trou en attendant le jour – il serait déraisonnable, pour n’importe qui, de voyager à tâtons dans la forêt dense. Nous partirons sur leurs traces à l’aube. »

Sans attendre d’acquiescement ou de protestation, il leur tourna le dos et se dirigea approximativement vers l’endroit où il avait laissé son homme, littéralement enraciné dans le sol. Il finit par buter accidentellement contre lui et il esquissa un mauvais rictus en l’entendant gémir.
Alors, il dégaina son épée courte, s’accroupit à nouveau, posa sa main sur la terre humide et les racines libérèrent le malandrin. Ce dernier se redressa péniblement, menacé par l’arme que Léogan pointait sur lui.

« Allez, debout, mon p’tit pote, et mets le cap droit devant toi, jusqu’à ce qu’on sorte de l’obscurité. Pas d’entourloupe, ou bien, je te jure, je t’ouvre le bide de là (il pointa son épée sur le torse du bonhomme) à là (il mima tranquillement le geste jusqu’aux hanches du bougre) et je te sors les boyaux. Vu ? »

Le voleur grogna et se leva avec défiance, présentant son visage tuméfié à la lumière de la torche de Léogan. Celui-ci haussa les sourcils et grimaça un nouveau sourire un peu malsain, avant de tapoter la croupe de son prisonnier avec le plat de son épée, pour l’inciter à avancer. Il se mit en marche d’un pas bancal, suivi par ses trois geôliers. Léogan, qui chatouillait un peu la nuque de son gaillard avec la pointe de son épée, lança à l’adresse d’Elerinna et de Verna :

« Je vais prendre le premier tour de garde, et je vais en profiter pour le cuisiner un peu. Il faudra que vous dormiez – pas de cavalcade nocturne, je vous préviens, il faut que nous partions à l’aube. Et si vous avez une illumination sur le moyen de pister les petits copains de celui-là (il tapota l’épaule de son prisonnier avec son épée), n’hésitez pas à nous en faire part, ce sera déjà ça de pris. »
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeMar 25 Fév - 12:54

Les ténèbres s’épaississaient à mesure que les secondes passaient, tout autour de la rouquine semblait perdre consistance et chaque pas qu’elle faisait l’éloignait de la réalité. Bientôt elle se perdrait, elle serait isolée dans le néant avec pour seule compagnie son alter-ego. Evidemment si l’on se replaçait dans un contexte purement rationnel, la situation n’était pas si désespéré que cela, certes épineuse, tendue mais pas au point de perdre la tête, du moins pas si vite. La différence venait une fois encore de la chose qui se terrait au fond de ses tripes et qui s’amusait à lui faire perdre la boule vitesse grand V, bien que son action ne fusse que minime, l’attachement que Verna vouait à Elerinna était bien trop important pour que ce genre de situation ne la laisse indifférente. Une infime partie d’elle l’incitait à se calmer, mais la peur qui l’envahissait chaque secondes un peu plus était telle une maladie, une peste noire, qui se répandait en elle, déréglant tout sur son passage, rendant son esprit fragile et instable. Mais plutôt que de se morfondre en larme dans le néant, elle avançait telle une furie dans les abysses, ses ombres étaient animées par sa rage, et se mouvaient selon les émotions de Verna tailladant la flore et l’écorce des arbres alentours avec une vivacité bestiale. Elle faisait fi des obstacles, n’ayant pas même cure lorsqu’elle se prenait les pieds dans une racine ou qu’elle se cognait la tête dans une branche. Non, rien ne pouvait entraver sa marche désespérée.

« ELERINNAAAAAAAAAAA !!! »

Sa lumière… son seul salut restait encore hors de portée, introuvable, elle ne parvenait pas même à percevoir le son de sa voix. Un fluide visqueux commençait cependant à se répandre sur elle, remontant le long de ses jambes, caressant sa chair sur chaque centimètre qu’il parvenait à atteindre. Bientôt et dans un geste pourtant régit par une certaine mollesse, la masse sombre s’écartait de sa trajectoire d’origine pour venir recouvrir la main de sa maitresse et remonter à son tour le long du bras de Verna jusqu’à recouvrir la moitié de son visage de porcelaine. Son ombre commençait peu à peu à agir d’une manière inédite, en temps normal elle s’en serait rendu compte cela va sans dire. Qu’avait-elle en tête ? Protéger Verna ? La guider ? La renforcer ? L’engloutir ? Cette réponse devrait attendre… rien ne permettait d’y répondre pour l’instant. La rouquine avançait à l’aveugle dans le noir, ses ombres n’allaient pas bien loin devant elle mais suffisamment pour empêcher quiconque de l’approcher sans risquer de perdre un bras ou autre. Elle cherchait sa lumière, et alors que le peu de santé mentale qui lui restait manqua de peu de vaciller, elle entendit une voix, pas celle d’un homme, celle d’une femme, une voix qui lui semblait familière, une voix qui fit bondir son cœur. Elle se retourna brusquement, son visage était déformé par la colère et la tristesse, ses ombres la recouvrait à moitié comme si elle se transformait peu à peu en une créature de vase visqueuse. Instinctivement son bras s’élança, guidé par la force et la volonté de tuer, qui que ce soit il devait disparaitre, il serait une entrave à sa lumière. Ses ombres recouvrirent son bras, agissant telle une prothèse tranchante pour venir parfaire sa volonté de mort puis la masse noire autour de Verna accompagna son geste pour venir ôter la vie à cette menace… soudainement une douce chaleur l’étreint.

Décontenancé et désabusé, la masse d’ombre qui se trouvait autour de Verna, pourtant bardé de pointes et de piques se stoppèrent dans leurs assaut. Figée dans un sentiment de stupéfaction, la lhurgoyf resta immobile quelques instants, cette voix… cette chaleur… cette douceur…

« E…Elerinna ? »

Ses ombres commencèrent alors à s’évanouir, les bras de la rouquine se refermèrent sur cette lumière qui l’étreignait… cette lumière… éblouissante… trop éblouissante ! L’emprise de Verna se referma soudainement sur cette lumière, dans un geste vif et presque mystique, les ombres qui entouraient Verna s’abattirent sur elle, l’enfermant dans les ténèbres les plus profonds sans espoirs d’en ressortir.

« C’est…toi ? C’est bien toi ? »


La réponse fut telle une libération, comme si tous ses pêchés avaient été pardonnés en un instant, mais rien n’y fit… elle ne put s’empêcher de fondre en larme, elle pleura comme elle n’avait pas pleuré depuis des décennies, elle se souvint de ses parents, elle se souvint les avoir perdues, elle se souvint de ces longues heures, ces longs jours de solitude et de peine qui s’ensuivirent… non, elle n’aurait pas à souffrir autant une nouvelle fois. Les larmes coulèrent le long de ses joues, teintées par l’obscurité de son ombre, elle pleura de longues minutes enfermée dans ce cocon obscur.
Les mots ne lui suffirent plus, elle avait besoin de la toucher, de la sentir, s’assurer qu’elle n’avait rien, ses mains la parcoururent, caressant son dos, ses hanches, ses joues, elle l’embrassa frénétiquement. Elle était là, contre elle, isolée du reste du monde… rien, plus rien ne pourrait les séparer.
Elle reprit doucement contenance, après de longues minutes, ayant versé tout ce qui lui restait de larmes, elle redevint calme, posée, elle hésita de longues secondes avant de se défaire de l’étreinte d’Elerinna, puis rompu le charme, et ses ombres redevinrent ce qu’elles avaient toujours été… de simple silhouette. Elle se retrouva face à Léogan… serrant la main de sa princesse dans la sienne… elle n’écoutait pas vraiment ce qu’il racontait, elle s’excusa simplement de ne pas avoir pu faire ce qu’il fallait…

Elle revenait de loin… il lui faudrait un peu de temps pour s’en remettre.


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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeDim 8 Juin - 4:36

Il n’en avait pas l’air comme ça, ses décisions étaient rapides et efficaces, il prenait les devants sans hésitation et puis il plaisantait un peu légèrement en passant, mais Léogan couvait une colère noire. Il brûlait du désir aveugle de trancher des gorges, de défoncer des côtes à grands coups de poing, de fracasser des os sous ses bottes, de marcher droit dans la nuit noire avec seulement son fer à la main et de déverser sa férocité sur tout ce qui croiserait son chemin. Sans raison, parce que la violence n’en admettait aucune, et avec pourtant tous les prétextes du monde – la douleur, la peur et la honte d’Elerinna, les ténèbres qui s’étaient abattues autour d’eux, l’échec de son plan, le vol des pierres, tout pouvait passer. Le combat avait inoculé un feu dans ses veines, comme un poison qui rendait fou, son sang palpitait douloureusement dans tout son corps, un vacarme assourdissant lui remplissait la tête.

Il ne savait quel miracle d’humanité lui permettait encore de guider les deux jeunes femmes dans la nuit et de prononcer des ordres avec cette rationalité froide et pragmatique. C’était effrayant. La nuit chuchotait à son oreille, avec ses insectes bourdonnants, les remous sombres de la rivière et le vent glaçant qui glissait sa main sinueuse dans les arbres et faisait frissonner leurs ramures. Léogan frémissait et mettait un pas devant l’autre, presque mécaniquement, son épée pointée sur la nuque du prisonnier, attentif à l’allure de Verna et d’Elerinna, derrière lui.
Il se retournait parfois, très furtivement, et discernait vaguement leurs minois délicats de duchesses effarouchées qui se fronçaient sous la lumière fauve de sa torche – il se demandait comment ils en étaient arrivés là. Elles avaient l’air si fragile, ces deux maîtresses, toutes habituées au confort bourgeois qu’elles étaient, elles semblaient si facilement impressionnables, si aisément portées à l’effroi et à la folie… Elerinna avait sur son visage le masque de sérénité et de sang-froid qu’elle savait se composer toujours, elle tenait Verna près d’elle avec une douceur chaleureuse et forte, mais Léogan avait vu sa détresse tout à l’heure, il l’avait vue regarder ses petites mains blanches d’aristocrate avec horreur, il l’avait entendue répéter inlassablement qu’elle avait tué et sangloter sourdement, cette épée souillée à son côté – Grande-Prêtresse intrigante, trop faible pour ôter la vie et trop humaine pour ne pas la prendre.
Il se demandait ce qu’il fallait faire, en avançant dans les ténèbres, les yeux brillants de furie, le souffle en peu court, mais le visage froid et dur ; il avait fait une erreur en ne refusant pas catégoriquement qu’Elerinna se joignît à son équipée. Il fallait la renvoyer à Hellas avec Verna, certainement, sans plus de considération pour ses idées de ralliement de brigands, de voleurs et d’assassins, ou bien abandonner la mission – ce qu’il ne pouvait pas se permettre.

A mesure qu’ils s’éloignaient de ce qui avait été le campement des bandits, les nuages d’obscurité qui entravaient leur vue se raréfiaient et se dissipaient, jusqu’à ne plus avaler les pans épars que les lunes daignaient bien éclairer au milieu de la nuit. Léogan soupira doucement en retrouvant enfin l’usage de la vue et ne tarda pas à s’en servir à bon escient. Ils avaient bien une sorte de tente de fortune dans leur barque, mais ils l’avaient cachée à une certaine distance de là et le moment n’était sûrement pas à tenter de la retrouver dans les ténèbres, avec un prisonnier susceptible de fuir à tout moment. Léogan repéra rapidement, dans le relief accidenté de la forêt, un escarpement rocheux en surplomb, près d’un sapin immense, à une distance raisonnable de la rivière qu’on entendait s’écouler paisiblement.
Le silence de la nuit et les lumières spectrales du ciel, qui flottaient ça et là entre les branches des arbres, refroidissaient peu à peu l’incendie de ses nerfs. D’un pas résolu mais sans un mot, il dirigea son équipée vers le rocher en surplomb, sous lequel ils pourraient se réfugier pour la nuit. Une fois arrivés sur place, il poussa sans ménagement leur prisonnier contre le tronc dégarni du sapin qui l’emprisonna aussitôt dans ses racines. Alors, il rangea enfin son épée et se tourna vers ces dames pour leur présenter sa figure de loup, que le sérieux rendait insondable :

« Allez-vous reposer. On mangera sûrement pas ce soir, à moins que vous ayez emporté de quoi vous ravitailler, Dame Luxis. Si c’est le cas, reprenez des forces et dormez. Je m’occupe du reste. »

Ses yeux noirs et brillants comme deux gouttes de métal n’admirent aucune contestation. Il sortit une pierre à feu de sa poche, ainsi que la dague qu’il portait dans sa botte, et entreprit de faire un feu avec du petit bois et de l’amadou qui se trouvaient là, tout en observant Elerinna et Verna se blottir l’une contre l’autre sous le rocher, d’un œil un peu trouble. Les flammes grandirent rapidement entre ses mains. Il entreprit de trouver du combustible plus résistant en errant aux alentours de leur abri et constitua un stock qu’il espérait faire durer le plus longtemps possible.
Il resta pendant quelques temps assis près du feu, les yeux perdus parmi les braises et le bois frais qui crépitait dans la fournaise. Les flammes se reflétaient et dansaient sur son visage, qui affichait un peu pitoyablement une plaie superficielle et un bleu sur la pommette. Il sentit bientôt la douleur de ses mains écorchées le lancer jusqu’aux poignets, et parfois jusqu’aux coudes, avec une vivacité pénible. Il poussa un soupir en les ouvrant devant lui et les considéra avec scepticisme.
Alors, il leva la tête comme une bête à l’affût, examina les alentours d’un œil consciencieux et décida finalement de se lever. Il s’éloigna silencieusement et progressa dans la nuit jusqu’aux eaux noires de la rivière, dont les flots mouvants se soulevaient parfois et scintillaient sous les deux lunes. Il s’agenouilla et plongea ses mains dans l’onde, qui endormit un peu la douleur, puis il entreprit de se décrasser un peu le visage. Il se redressa alors et tendit sa figure vers le ciel. Ses cheveux humides glissèrent dans sa nuque. Il observa les étoiles pendant un petit instant, bercé par l’écoulement perpétuel des eaux dans l’obscurité.
Puis il entreprit se couper un pan étroit de sa chemise à l’aide de sa dague et, toujours assis près de la rivière, il banda rapidement les blessures de ses mains, avec une application méthodique. Enfin, il se releva et revint rapidement à leur campement de fortune, résolu à faire un peu parler leur prisonnier.

« Alors voilà, j’te fais le topo, murmura-t-il, en s’accroupissant près de lui avec gravité. Tu vas me dire où tes copains et toi vous avez l’habitude de crécher, et ça avec une tournure simple et directe ou tu te ramasses une tarte. Je suis assez clair, comme ça ?
‒ Bon. J’tiens à être honnête avec vous, hein, j’suis pas une balance.
‒ Ca je te rassure, ça peut s’arranger, fit tranquillement Léogan, en pointant sa dague vers le visage tuméfié du prisonnier.
‒ Avec l’état de vos poings, j’suis pas sûr que ce soit une très bonne idée – non, franchement, ça serait pas bon pour vous. »

Léogan lui adressa un regard passablement blasé, et dans un geste insaisissable, tourna sa dague dans sa main et abattit son poing dans la figure du prisonnier qui poussa un petit cri, entre la douleur et la crainte de voir la lame s’approcher de son nez dans un axe dangereux.

« Vous êtes malade ! gémit-il, en contractant tous ses muscles faciaux, qui avec ses plaies et ses bleus, lui faisaient un masque plutôt repoussant. Vous auriez pu m’arracher la moitié du nez avec vot’ couteau là !
‒ Maintenant, je te suggère de prendre un peu de recul sur la situation, d’oublier l’état de mes poings, qui sont encore capables de tenir la distance tu peux me croire, et de réfléchir au heureux hasard ou à la bénédiction qui t’a laissé le pif entier pour l’instant, murmura Léogan, avec un sourire aimable.
‒ Je suis pas une balance, je vous ai dit, commença l’autre, d’un ton douloureux. Mais d’un autre côté, j’vous cache pas que j’sens que j’ai peut-être pris assez de marrons pour la soirée.
‒ C’est toi qui vois.
‒ On a un repaire à quelques kilomètres en remontant la rivière, dans des cavernes, un peu à l’abri des regards, sur la grève, derrière un grand bosquet de sapins. J’pense que demain matin, y ch’mineront sans doute dans cette direction, notre chef nous y attend, et il attend les pierres – et il serait pas bienv’nu de l’décevoir.
‒ Hm, marmonna Léo, d’un air songeur. Bon, tu peux dormir, si tu y arrives. »

Il se releva en respirant profondément, et fit quelques pas près du feu, les mains posées sur les hanches et la tête renversée en arrière. Il observa l’éclat froid des étoiles. Des fourmillements désagréables parcouraient ses mains, son visage et ses jambes, et il cherchait comment, au matin venu, il parviendrait à convaincre Elerinna de s’en retourner vers Hellas tandis qu’il traquerait ces bandits. Ses dents grincèrent un peu et ses yeux brillèrent d’un feu furtif et cruel. Si seulement il avait les moyens de partir maintenant à leur recherche, d’avancer tout droit dans la nuit noire, avec seulement son épée à la main, et de déverser sa férocité sur tout ce qui croiserait son chemin, sans raison, parce que la violence n’en admettait aucune…
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeSam 26 Juil - 7:18

Un instant de solitude, isolée du reste du monde, elle était là, dans ses bras, cette fleur si fragile qui avait perdu quelques un de ses précieux pétales un instant plus tôt. Non elle ne désirait pas la laisser partir, cette simple pensée lui déchirait le cœur. Elle avait certes failli à son serment, mais ce n’était pas une raison pour renoncer à son engagement.

Cachées dans la sphère d’ombre, le jeune couple s’échangea tant de doux murmures que leurs corps s’adonnaient à de tendres caresses. Leurs lèvres s’échangèrent quelques furtifs mais leurs passions n’avait rien de sexuelle en cet instant, seule la peur, à moins que ce ne soit la délivrance de se savoir en sureté et que tout ce qu’il venait de se produire n’était qu’un mauvais souvenir. Sharna seul pouvait savoir combien de temps le jeune couple avait passé isolé dans cet obscur cocon. La seule force qui aurait pu mettre un terme à ces retrouvailles passionnées serait l’épuisement lui-même, et cela ne manqua pas d’arriver prestement. En quelques minutes à peine, la douce prêtresse s’écroula de sommeil dans les bras de Verna. Le trauma physique et psychologique devaient l’avoir lourdement frappé, c’était sommes toutes compréhensible. Lorsque le charme de Verna fut rompu (était-ce par fatigue ou par choix ?) la petite rouquine accompagna le corps endormi d’Elerinna jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse dans un dernier soupire. Lorsqu’elle fit volte-face elle se trouvait face à un sindarin aux traits tirés par la colère et la fatigue lui ordonnant presque de ne rien faire… Son regard se porta vers une Elerinna endormie… Pouvait-elle simplement se permettre de la réveiller ? Nullement, elle devait trouver le repos et la quiétude à laquelle elle aspirait.

« Je suis dans l’obligation de refuser. Je n’ai non seulement pas faim mais Elerinna est profondément endormie en cet instant. J’ai bien peur que vous devrez souffrir ma présence. »


Acquiesça-t-il ? Nullement, il était trop bourru pour cela, stupide homme d’arme, que sa lame se retourne contre lui lorsqu’il s’y attendrait le moins… La lhurgoyfs resta donc aux côtés d’Elerinna, elle veillera sur elle le temps qu’elle dorme, néanmoins elle ne se cantonnerait pas à cela. Comme à son habitude son esprit se lia à Léogan. Ainsi elle pouvait entendre ses pensées, suivre ses déplacement, comprendre la douleur qui lui lacérait les mains, et écouta l’interrogatoire attentivement…

Les minutes qui suivirent furent bien calmes, la douce respiration d’Elerinna guidait les pensées de Verna, tel le métronome qui permet de diriger un apprenti musicien. Elle qui tenait la main d’Elerinna se leva, semblant sentir comme une certaine réticence de la part de la belle princesse endormie lorsque ce lien fut brisé. Elle arriva face auprès de Léogan, le pas ferme comme à son habitude, et s’installa auprès de lui.

« Vous avez l’intention de vous rendre là-bas ? Seul ? Êtes-vous simplement fou ? »

Sa réponse ne lui importait que peu, c’est pourquoi elle ne lui laissa point le temps de poursuivre.

« Vous savez autant que moi que si vous agissez de la sorte vos chances d’en ressortir vivant son minimes. Je ne remet point en causes vos talents de bretteur ou pisteur, mais force est de constaté que nos ennemis aussi sont animés par une volonté qui dépasse de loin vos précédentes estimations. »

Elle finit par s’agenouiller face à Léogan et attrapa ses mains jusqu’à les tirer devant elle afin de les examiner malgré le geste, probablement mécanique, de réticence du soldat.

« Cessez vos enfantillages allons. Je n’ai pas pour projet de vous les amputer ! »

Une nouvelle fois, la magie opéra et les dons de Verna entrèrent en jeu. Point de lumière, ni d’aura apaisant de se dégagèrent de ses mains, seul le corps de Léogan était sollicité.

« Nous avons porté cet assaut avec un plan pensé et avec plusieurs alternative, rien de tout ça n’était pensé à la légère et pourtant, la situation a tourné à notre désavantage de façon dramatique. »


Elle examina alors consciencieusement les blessures de Léogan, la profondeur des plaies, leurs surface, leurs nombres…

« Je pense que la colère vous aveugle en cet instant, il y a fort à parier que vous sous estimiez grandement la force de l’ennemi qui vous fait face… Vos mains risques de vous brûler un peu, n’ayez crainte c’est naturel. Quoi qu’il en soit, libre à vous d’aller jouer les trompe la mort. Votre mort ne m’affectera pas pour autant. »

Elle tourna alors sa tête en direction d’Elerinna…

« Vous lui manquerez en revanche… et si vous n’êtes pas là pour la protéger… qui le fera ? Je ne crois pas avoir autant de talent que vous en la matière. »

L’emprise qu’elle exerçait sur les mains du misanthrope se relâcha alors peu à peu.

« Enfin, n’ayez crainte, vous serez libre de faire votre propre choix d’ici quelques minutes. Je ne saurai trouver le sommeil en cette nuit un peu trop clair, j’userai de mes dons pour ramener notre amie à Hellas par mes propres moyens, mon troisième œil nous guidera. »


Elle finit alors par se redresser, délivrant les mains de Léogan de son emprise et le laissant ainsi constater que ses plaies s’étaient pratiquement toutes résorbées.

« Je n’ai fait qu’accélérer les fonctions naturelles de votre organisme, tous cela n’a rien de magique. Faites attention… Faites en sorte de faire le bon choix. »

Elle s’esquiva alors à la vue du sindarin pensif et étrangement muet, son office devait rester secrète auprès de ceux qui ne lui étaient pas proches… si ce n’est intime. Elle planta ses crocs dans la gorge pâle d’Elerinna et s’entacha d’en extirper quelques gorgées de ce doux fluide rouge qui la galvanisait autant qu’une bouffée d’essence divine pure. Ses forces retrouvées elle se trouva hésitante. Ce que ces chiens lui avaient fait était impardonnable, son coeur lui réclamait vengeance. Elerinna rentrerait, son troisième oeil la guiderait. Pouvait-elle simplement laisser Léogan aller au devant d'une mort certaine ? Même les gardiens ont besoin d'être protéger parfois...

Ses yeux s'ouvrir lorsqu'un premier rayon lumineux s'égara contre ses fines paupières, la moiteur de la rosée matinale perlant le long de ses doigts. Combien de temps avait-elle pu dormir ? Une heure, peut-être deux... trop peu en finalité. La sindarine était blottit contre elle. Verna se pencha sur elle, lui murmurant tant de tendre paroles que son esprit endormi le lui permettait. Elle ne voulait pas la bousculer, mais plus longtemps elle resterait ici plus le danger serait grand. Elerinna protesta encore et encore bien évidemment, elle se refusait de laisser ceux qui l'avait sauvé à l'abandon, mais Verna ne se laisserait pas convaincre par tant de futilité. Aux vues des circonstances, c'était à elle de prendre les décisions et elle le fit bien comprendre à Elerinna que son avis ne comptait plus. La sindarine, presque honteuse, se leva après avoir échanger un dernier baiser fugace avec son aimée, et se résigna à partir.

"Crow te guidera... vas, et ne te retournes pas."

Le coeur lourd, Verna regarda la sindarine s'éloigner après avoir échangé quelques derniers au revoir avec Léogan. Une fois fut-elle éloignée que Verna s'installa auprès de Léogan.

"J'ai réussi à la convaincre... je ne peux décemment pas vous laisser y aller seul. Quand je pense que c'est à moi qu'il incombe la tâche de protéger un soldat..."
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeVen 15 Aoû - 20:15

Quand Verna l'accosta, Léogan eut l'impression d'être brutalement tiré d'un cauchemar oppressant et fiévreux. Les paroles impérieuses et suffisantes de la petite bourgeoise atteignirent difficilement son esprit embrumé. Il se détacha lentement de sa contemplation du ciel, qui avait longtemps déversé sa froideur d'encre dans ses yeux, et posa un regard indifférent sur la jeune fille, qui se teinta bientôt d'une vague interrogation.
Qu'est-ce qui lui prenait ?
Il n'avait pas grand chose à rétorquer aux questions de Verna – qui de toute évidence étaient rhétoriques, alors peu importait. La façon invasive qu'elle avait d'empiéter sur ses délibérations le fit légèrement tiquer, mais il était encore trop déconnecté de la réalité, des contacts humains communs, courtois et civilisés, qui ne s'approchaient pas, de près ou de loin, à un massacre en règle, qu'il ne prit pas la peine de relever son aspiration agaçante à lui faire la morale – tout cela ne la concernait pas, elle n'avait aucun passe-droit pour se le permettre.
Il l'écoutait simplement discourir comme elle l'entendait, avec tout le dédain qui convenait, pensait-il, aux remontrances arrogantes qu'elle lui faisait.

Quand elle lui prit les mains, il eut un mouvement de recul instinctif, qu'elle morigéna aussitôt comme une mère mécontente. Il haussa les sourcils et laissa échapper un pouffement narquois.

« Je ne sous-estime rien du tout, dit-il, seulement, avec une froideur déterminée. Je vais seulement aller leur maraver la tronche, ça s'arrête là. »

Comme si juger de la force de son ennemi quand on partait en mission suicide était d'un réel intérêt.
Mais elle poursuivait, encore et encore, son inlassable sermon, tenta de le raisonner en évoquant Elerinna, qui dormait à poings fermés à quelques pas de là, et sur laquelle Léogan posa un regard étrange, et il sentit un picotement très désagréable dans ses mains, qui le déconcentra un peu de son propos.
Il observa l'effet des soins de la jeune fille sur ses plaies d'un œil curieux et souffla un simple « Merci » quand elle eut tout à fait achevé son œuvre et qu'il ne lui restât plus que quelques cicatrices rosées et sensibles.

Elle ne tarda pas à l'abandonner à sa réflexion, bien attachée à lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas le voir jouer les trompe-la-mort, et pourtant bien empressée de faire entendre qu'elle se fichait pas mal de son sort, personnellement. Pour une soigneuse à qui on n'avait rien demandé, et qui avait de tels talents en matière d'admonestation protectrice, c'était tout de même curieux. Léogan l'observa se coucher d'un œil sardonique et se détourna finalement du couple féminin pour aller remuer leur brasier.

En ce qui le concernait, il n'avait pas besoin que la nuit fût trop claire pour être victime d'insomnie. Il ne s'assoupit que quelques minutes, vers deux ou trois heures du matin, assis près du feu, la tête abandonnée entre ses bras, puis soudain le simple craquement d'une branche dans l'âtre lui fit croire à une attaque et il se réveilla en sursaut, les sens à vif et l'esprit hagard. Verna et Elerinna, elles, dormaient profondément, blotties l'une contre l'autre sur leurs couches de fortune. Léogan les observa pendant quelques longues minutes d'un air absorbé, à travers les flammes du foyer, il regarda le corps assoupi d'Elerinna, enveloppé dans une cascade de mèches nacrées, respirer profondément l'air froid de la nuit et les traits de son beau visage se froncer doucement dans son sommeil. Il la connaissait par cœur. Il connaissait par cœur sa façon de dormir sur le côté, la figure un peu levée et les mains entrouvertes contre sa poitrine. Il connaissait par cœur, enfin, la courbe voluptueuse de son épaule, de sa poitrine, de sa hanche, pour les avoir parcourues des centaines et des centaines de fois par le passé. Et son regard glissait insensiblement sur la petite silhouette de Verna, qui reposait, recroquevillée, à ses côtés.
Il veilla tout le reste de la nuit, incapable de trouver le repos, trop anxieux pour laisser le second, le troisième ou le dernier quart à la petite Lhurgoyf, qui roupillait plutôt bien quoi que la nuit fût « un peu trop claire » pour sa sensibilité délicate. Mais c'était dans ses habitudes. Il n'était jamais vraiment au top de sa forme, physiquement, de ce fait, mais quelque part, il tenait d'une force de la nature. Son esprit, au fond de son gouffre de fatigue, ne cessait de fonctionner, de faire tourner ses mécaniques fébriles et sa nervosité lui donnait toujours l'impression de pouvoir courir un marathon sans difficulté – voire même le besoin de le faire.
Quand il était vraiment au plus bas, ou que la situation exigeait qu'il régénérât son énergie au plus vite, comme ce soir là, il s'immobilisait, allait chercher au fond de son ventre la source de sa magie, et se mettait à fonctionner en interne, comme une sorte de centrale électrique organique. C'était un exercice difficile, qui réclamait une concentration absolue – puisque l'usage de la magie pesait sur l'énergie vitale, il ne devait pas faire la moindre erreur de gestion dans la régénération de ses flux, sans quoi le processus produirait les conséquences inverses à l'effet escompté. Il était né électromancien, et cette magie restait pourtant la plus difficile d'emploi des trois qu'il avait à sa disposition – mais d'aussi loin qu'il se souvenait, ses proches avaient toujours été incrédules devant son endurance, sa réactivité infatigable, ses faibles besoins de sommeil et aussi cette faculté qu'il avait de pouvoir s'endormir n'importe où, n'importe quand, pour recharger ses batteries en une ou deux heures à peine.
Bien entendu, il n'était pas à l'abri des conséquences de cinquante ans de surmenage – cinquante ans de surmenage, cela paraissait complètement irréaliste – mais il les ressentait davantage en termes d'angoisse que de fatigue, quoi que l'impression d'ensemble ressemblait à un épuisement généralisé.
Mais il tenait le coup. Il tenait le coup mieux que personne, c'était sans doute ce qui lui avait permis de rester indéfectiblement aux côtés d'Elerinna, quand ses autres alliés allaient, venaient, travaillaient durement et rapidement ne toléraient plus rien des folies de cette femme.  

Il vit l'aube arriver avec un soulagement indicible et se sentit vivifié par la fraîcheur matinale – l'air nouveau qui s'engouffrait dans sa poitrine et le tapis fluide de rosée qui venait couvrir la terre et imprégner ses vêtements.
Contrairement à ce que Verna avait pu penser (et pour satisfaire la plupart de ses jugements sur la nature bourrique des gens d'armes) Léogan n'avait pas eu besoin de réfléchir toute la nuit pour prendre « la bonne décision ». En surface, sa colère s'était apaisée, ce qui était peut-être plus dangereux encore qu'une bonne rage compulsive, car il avait pris le temps de calculer, en ces quelques heures, la meilleure façon de mener son projet sordide – au fond de lui, une violence démentielle grondait encore et attendait d'être assouvie.

Verna s'éveilla la première, tandis qu'il commençait à faire les cent pas près du feu pour se réchauffer et qu'il s'activait de toutes les manières possibles pour leur faire comprendre qu'il était temps de se remuer un peu. Il se chargea d'aller réveiller leur prisonnier, qui avait ronflé comme un pantouflard, sûrement du fait d'une congestion nasale inopinée, et Verna s'octroya la tâche plus douce de tirer Elerinna de son sommeil.
Il s'éloigna à une distance respectable des deux jeunes femmes, qui commençaient à se quereller très chattement, et roula des yeux en partant à la recherche de la barque qu'il avait camouflée la veille. Il revint sur leurs pas et finit par débusquer leur embarcation qu'il poussa jusqu'à la berge, avant d'y dénicher quelques provisions – un peu de viande séchée et des fruits, qu'il distribua à ses compagnes de route une fois de retour à leur campement improvisé.

Il resta encore un peu à l'écart des deux amantes, qui achevaient leurs délibérations enjôleuses, en piétinant les braises de leur feu, une pomme à la main. Finalement, Elerinna vint à sa rencontre, la mine basse et penaude, et lui annonça qu'elle retournait à Hellas, suivant les invectives de Verna.
Léogan fronça les sourcils quand elle lui apprit que sa seule escorte se constituerait d'un malheureux corbeau, et s'apprêta à refuser catégoriquement – l'idée lui paraissait aussi saugrenue que débile – mais elle réussit à le rassurer, à force de regards sereins et persuasifs, que tout irait pour le mieux. Il lui suffirait de remonter paisiblement la rivière à pieds. Et puis, diable !, elle n'était pas une pauvre petite fille sans défense !
Il en ricana comme d'une mauvaise blague mais finit par jeter les armes, à la condition qu'elle trouvât refuge au temple de Delil, à un peu plus d'une heure de route d'ici, où elle quémanderait l'aide de quelques alliés gélovigiens pour la mener à Hellas. Il lui en indiqua très précisément le trajet en s'approchant de la rivière et lui fit jurer de ne pas déroger à ces instructions, avant de se sentir à peu près rassuré.
Ils s'observèrent de longues secondes en silence, tous deux très conscients de la présence déstabilisante de Verna, se décidèrent tacitement pour un salut maladroitement formel et se serrèrent la main très gauchement, peu inspirés à l'idée de s'enlacer devant la nouvelle maîtresse en titre d'Elerinna, bien qu'elle ignorât tout, sans doute, du passé qui liait les deux Sindarins – mais eux ne s'en souvenaient que trop bien.

La grande-prêtresse noua ses longs cheveux dans son dos, vérifia sa besace, adressa à ses deux gardes du corps un salut timide et s'en fut d'un pas noble sur les berges de la rivière. Léo l'observa disparaître avec beaucoup de souci au milieu de la végétation touffue de la forêt, dans la brume dorée du matin. C'était désespérant, mais il savait que quand c'était du tout cuit, avec Elerinna, il restait encore un milliard de chances pour que les choses dégénèrent. D'accord, elle n'aurait qu'à marcher une heure en suivant la rivière, mais c'était largement suffisant pour qu'elle se fît enlever au hasard par une troupe de mercenaires sortis de nulle part, abusée par un type qui l'aurait trouvée à son goût, puis vendue comme esclave à Phelgra, tuée dans un trou sordide – et il exagérait à peine. Elle vivait au cœur d'un grand roman dramatique, cette femme.
Enfin, Verna, qui la regardait aussi partir avec un gros nuage de peine sur le visage, se planta près de lui et lui parla avec le petit humour snob qu'il finissait par lui connaître. Il se tourna vers elle avec stupéfaction, les sourcils levés et les yeux luisants de moquerie, et lança un éclat de rire froid, qui ressemblait à un aboiement.

« Parce que vous pensez sérieusement qu'à deux contre vingt, mettons, ça ressemblera moins à une mission suicide ? releva-t-il, avec sarcasme. Vous en tenez, une couche, vous, à me remonter les bretelles, parce que je suis fou, inconscient, ou je ne sais quoi ! N'allez pas me faire croire que vous m'accompagnez pour me sauver la mise : ça changera rien du tout. Haha ! Me protéger, hein ? Mais bien sûr. La vérité c'est que vous êtes aussi tarée que moi. »

Il ricana une dernière fois devant tant d'hypocrisie et délassa un peu les liens de son vieux manteau de voyage noir, anticipant déjà les efforts qu'il allait devoir produire dans quelques minutes.

« Mais enfin, d'accord, s'exclama-t-il, d'un ton de défiance cruelle, venez, si ça vous chante ! On va bien s'amuser, vous et moi. Si vous avez pas peur de tacher vos beaux vêtements en éviscérant des mecs, bien entendu. »

Il lui adressa un nouveau sourire gorgé d'ironie et lui fit signe de le suivre, alors qu'il finissait de manger sa pomme et qu'il en lançait le trognon dans les fourrés. Il détacha leur prisonnier de son arbre et le fit avancer en silence, les mains étroitement liées dans son dos par des racines. Ils rejoignirent la barque, qui flottait à demi parmi les roseaux, et Verna s'y installa, tandis que Léo la mettait à flot, poussait le type dans l'embarcation et grimpait à son tour dedans.
Il ne jugea pas nécessaire de l'expliquer à la petite Lhurgoyf, mais il avait dans l'idée de prendre la rivière pour devancer les deux zouaves et les cueillir, un peu avant les grottes où s'étaient installés le gros de la troupe de bandits.
Alors, il empoigna ses rames, en poussa deux autres vers Verna, avec un haussement de sourcil provocateur, et plongea les siennes dans l'eau froide qui clapotait clairement dans le silence du matin. Il commença déjà à ramer, curieux de voir comment se débrouillerait la jeune fille.

« Si jamais ça tourne au vinaigre, ajouta-t-il, plus sagement, on battra en retraite, voilà tout. Mais j'aimerais au minimum récupérer les pierres de sphène qu'ils ont volées au temple – ça ferait pas bonne presse pour la garde prétoriale si je laissais courir. »

Si, il fallait bien l'admettre, Léogan était d'une témérité ou d'une folie qui frôlait le suicidaire, il avait tout à fait conscience de ses responsabilités et s'il n'estimait pas à beaucoup la valeur de sa vie, c'était la seule qu'il avait et il ne tenait pas particulièrement à la perdre.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeLun 18 Aoû - 1:44

Comme à son habitude, la nuit avait sa part de bon cotés. Le monde s’endort, la faune se terre dans son foyer et les oiseaux cesse leurs mélodie pourtant si persistante laissant place à leurs cousin hululeurs. Ces derniers, plus discret, ne savait pas comment animer la nuit malgré que la lune fusse si acérée. En fin de compte… le calme ambiant n’était simplement rompu que par des sons très distincts que même la bourgeoise savait identifier. La rivière Oxia n’avait de cesse de susurrer la même mélodie à ses oreilles, presque imperceptible à ses oreilles de lhurgoyf. Plusieurs prédateurs se faisaient eux aussi entendre… quelques loups, hurlaient au loin, probablement à la poursuite d’une proie désespérée. Et ce même hibou faisait une nouvelle fois acte de présence. La dernière chose qu’elle entendait était le crépitement du feu que Léogan avait allumé.
Oui la nuit avait ses bons côtés. Les ténèbres y étaient maitre incontesté. Elle se sentait dans son élément, sa main était plongée dans cet abime obscur. Cette sensation était semblable à laisser flotter sa main dans un court d’eau. Oui la nuit avait ses bons côtés. Bien qu’il fusse sindarin, Léogan ne se rendait pas compte que la rouquine le fixait des yeux de loin… il ne se rendait pas compte qu’elle entendait tout.

Cependant la nuit avait aussi ses mauvais côtés… Car la petite bourgeoise ne portait pas de vêtements très adaptés au froid. Et cette humidité ! Grrr ! Elle frissonna une fois, pas deux, qu’elle se blottit instamment contre le corps de sa bien aimée. Elle n’avait pas lâchée Léogan pour autant. Et c’est à cet instant précis qu’elle comprit. Elle tourna son regard vers Elerinna…

*Pourquoi ?*




Le lendemain. Lorsque l’heure du départ retentit, la jeune bourgeoise n’avait pas le moral à la plaisanterie de mauvais goût. Lorsqu’elle regarda Elerinna partir, elle eut comme une déchirure dans le cœur. Une énorme boule de douleur naquit dans le creux de sa gorge. Etait-ce là un mauvais présage ? Elle n’avait pas souvenir avoir jamais ressentie une telle peine par le passé, pas en voyant quelqu’un s’en aller de la sorte. Etait-ce là un signe des dieux ? Un signe qui lui faisait comprendre que… plus rien ne serait jamais comme avant ? Oublie-la ? Quelle douloureuse incertitude. Son petit poing se crispa. Elle détourna le regard et ne répondit à la remarque de Léogan qu’après quelques longues secondes. Trop perturbée pour jouir de sa répartie naturelle.

« Même les héros ont besoin de quelqu’un pour veiller sur eux. Ne vous imaginez pas être de ceux qui sont naturellement l’égale de vingt de votre gabarit. N’avez-vous donc jamais croisé le fer avec une âme errante !? »

Cette attitude, cette suffisance, cette assurance… les hommes sont des fous de se croire si fort. Avait-il seulement conscience du monde dans lequel il vivait !? Comment avait-il put vivre si vieux d’ailleurs ? Ne savait-il pas que les soldat en première ligne étaient le plus souvent les premiers à mourir en cas de pluie de flèches !!?
La jeune bourgeoise regarda le sindarin mettre la barque à l’eau avant de monter dedans avec nonchalance. Elle s’installa sur le siège de bois qui… vu sa dureté, lui ruinerait sont si jolie et ferme postérieur dans les dix minutes qui suivraient cette laborieuse progression au sein du fleuve. Le misanthrope lança alors deux rames à la rouquine qui les attrapa à la volée. Que ces grossiers morceaux de bois pouvaient être lourd… de la seconde main rien de plus !

« Fichtre si je rame avec ces saletés ne serait-ce que dix minutes, je vais avoir des ampoules aux mains… »

Elle hésita entre deux choix. Soit elle contraignait le coupe jarret à ramer à sa place… soit… Mais en y repensant, cette lueur de provocation qu’elle avait su déceler dans le regard de Léogan. Il voulait vraiment jouer au plus fin avec la rouquine apparemment. Allait-elle simplement lui offrir ce qu’il désirait sur un plateau d’argent ?

Non.

Verna se dressa sur ses jambes et ayant une peur bleue de l’eau… (oui elle ne savait pas très bien nager la gamine) fit montre d’une hésitation certaine… manquant de peu de tomber à la renverse. Elle vit de suite un sourire moqueur apparaitre sur le visage de Léogan qu’elle réprima d’un regard assassin. Elle envoya assena un coup de pied franc et non retenu au détenu qui gloussa lui aussi à la vue de Verna.

« Toi… tu ferais mieux de fermer ton sinistre clapet si tu ne veux pas te faire occire dans la seconde ! » Elle manqua de peu de le frapper une nouvelle fois. Mais la colère était forte. Trop forte pour que son esprit si instable ne se laisse dominer aussi facilement. C’était trop tôt… beaucoup trop tôt pour céder à la tentation. Elle dégaina son arme et verrouilla le bracelet autour de son bras avant de pointer sa lame vers le cou du détenu.

« Hola doucement ma p’tite dame ! Vou… »

Le bougre n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il se prit un coup de la garde d’Ecorcheur dans la trogne.

« J’ai dis la ferme sinistre abruti… »

On pouvait percevoir une colère aveugle dans la voix de Verna, mais cette dernière faisait des efforts inhumains pour ne pas exploser. Elle se masser les tempes et réprimer sa propre voix pour ne pas être entendu. Il fallait qu’elle soit discrète ou les deux autres malandrins pourraient les repérer. Elle força le prisonnier à s’asseoir à sa place et lui tendit les rames avec son ombre avant de trancher les liens de Léogan. Une fois le détenu eu-t-il les rames entre les mains que Verna ficha son esprit dans le sien.

« Allez rame maintenant. Et tâches de suivre le rythme. Et ne tente rien de stupide. A peine auras tu esquissé le moindre geste que mon arme sera planté dans ta gorge suis-je clair ? Et ne réponds pas pour l’amour du ciel. Contentes toi de faire oui de ta sale tronche ! »


Le bras de Verna semblait trembler tant ses nerfs pouvaient être à fleurs de peau. Elle s’assit alors au centre de la barque, entre Léogan et le détenu, prête à bondir. Elle ferma les yeux… elle devait se calmer. Pour son propre bien et celui de son compagnon sindarin elle devait retrouver sa contenance. Le reste du trajet se fit plus calme. Verna fut bercée à quelques reprises par des instants de… flottement aussi elle perdit vaguement la notion du temps, elle ne saurait dire combien de temps s’était écoulé depuis leurs départ sur le fleuve fondamentalement très calme. Lorsque la barque heurta la terre ferme sur commande de Léogan, la jeune rouquine se redressa très vite, réalisant non sans surprise à quel point la dureté de l’embarcation lui avait réduit les fesses en compote. Une mine surprise s’installa sur son visage alors qu’elle posait un pied sur le sol tandis que son ombre s’enroulait autour des bras de leur prisonnier. Son derrière lui faisait si mal qu’elle ne put s’empêcher de passer sa main dessus comme pour tenter de soulager ce sentiment d’engourdissement invasif.

« Je serai d’avis à ce qu’on l’assomme ici et qu… »

Verna se coupa net dans sa phrase et balança une nouvelle fois son talon dans le menton de la chèvre qui faisait office de détenu. Le bougre grogna avant de montrer les dents mais alors qu’il allait charger la rouquine, deux tentacules d’ombre l’agrippèrent au cou et le firent suffoquer.

« Ce… gueux était en train de se rincer l’œil ! Laissons-le là. Peut-être pourriez l’emprisonner dans les racines de cet arbre-ci. »

Sur ces paroles la jeunes sangsue désigna un viel arbre au tronc desséché, un énorme frêne à première vu. Bien que l’arbre fut amputé bien bas de ses branches la taille de son tronc n’en restait pas moins conséquente et y loger un corps serait chose aisée. Un rayon de soleil vint alors frappée sa pupille fébrile alors qu’elle s’apprêtait à sortir de cette région boisé. Instinctivement elle s’en protégea, légèrement souffrante tandis qu’une brise puissante venait faire battre sa jupe.

«  Alors monsieur l’expert… savez-vous où sont nos fuyards ? »
 

Etrangement elle redoutait que la réponse à cette question n'arrive si vite qu'elle se sente bête de la poser. Il ne fallut que quelques secondes à peine pour que sa crainte ne se justifie.

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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeVen 22 Aoû - 23:56

Léogan était vraiment d'une humeur de chien, et si cette fois-ci sa rogne était tout ce qu'il y a de plus justifié, comme toujours, il ne se gênait pas pour le faire savoir. Et, ça tombait plutôt bien, l'hypocrisie précieuse de sa nouvelle compagne d'expédition lui fournissait un nombre appréciable d'occasions de déverser toute la rage sourde qui lancinait dans sa poitrine.
Il s'en amusait encore cruellement tandis que Verna restait quelques instants sans répartie, et plus encore quand il put admirer la mine scandalisée qui froissait son minois de petite bourgeoise. Ah, ça ne lui plaisait pas, hein ?
C'était cocasse. Tant d'efforts pour si peu d'efficacité. En quelques deux petites discussions, le vieil esprit cynique de Léogan cernait, avec une acuité de plus en plus aiguë, les contradictions dont était pétrie la jeune Lhurgoyf, ces contradictions qu'elle combattait elle-même désespérément et qu'elle reniait souvent avec pudibonderie.
L’œil de Léogan, étincelant comme de l'or noir, se posa sur Verna tandis qu'elle protestait avec véhémence à ses provocations désinvoltes, et transperça avec une moquerie incisive son regard furibond et plein de grisaille. Verna conclut par une question indignée, et Léogan se détourna d'elle en haussant les épaules. Il se courba et poussa à deux mains leur embarcation.

« Non ! répliqua-t-il, avec un peu d'agacement. Et j'ai même aucune idée de ce que ça peut être, ces engins-là. Qu'est-ce que ça peut foutre ? »

La barque flottait à demi dans l'eau. Il lança un autre regard blasé et un peu morne sur Verna.
Après avoir fait monter tout le monde à bord, il s'installa à son tour et, en quelques coups de rames précis, poussa la barque dans l'eau profonde. Il respira et puis rétorqua à retardement, avec une acidité souriante où se tortillait de la violence contenue, une agressivité latente, qui n'était pas franchement dirigée contre elle, mais qui n'allait pas tarder à exploser, une fois qu'il aurait son épée en main :

« Et c'est bien noté de votre part, félicitations, je suis pas du genre héros des temps anciens monté sur cheval blanc. A deux contre vingt, croyez-moi, on va la jouer pute, je compte pas aller me frotter à vingt gaillards de front. »

Léogan n'était pas le genre de guerrier gaillard prêt à déballer ses derniers combats, toute en noblesse et en bravoure, à des compagnons de taverne autour d'une bonne pinte. En fait, il n'était pas du genre à se vanter de ses confrontations du tout. Certaines mauvaises langues diraient qu'il n'y avait sans doute pas grand chose à raconter, ou qu'il faisait sûrement bien de garder pour lui des anecdotes qui tiendraient plus de la bassesse sordide que de la beauté épique – et elles n'auraient peut-être pas tort. Non, Léogan n'avait jamais « croisé le fer avec une âme errante », jouté pour sa vie contre un démon de l'enfer, il n'avait pas bretté contre un génie du mal ni occis de dragon de la pointe de son épée, non – définitivement, non. Il s'était battu contre tout un tas de types, en trois cents ans, il avait planté des égorgeurs, étendu des soudards, tabassé des gens qui n'avaient rien fait et massacré des coupe-jarrets, il avait trucidé des bestioles monstrueuses, il avait monté des souricières très vaches, tendu des coups fourrés sans scrupule, il avait même tué pour de l'argent. Alors, bon, c'était vrai, Elerinna lui trouvait « fière allure » au combat, de « l'élégance » et de la « robustesse » quand il ferraillait, mais la spécialité de Léo, ça restait quand même le bon vieux maravage de trognes, ni plus ni moins – et il n'avait pas de répugnance innée à faire dans le sale. Il avait toujours vécu dans la violence. Et il se disait d'ailleurs que c'était une des rares choses auxquelles il était plutôt bon. Régler leurs comptes à des toquards, quitte à y laisser quelques plumes et s'enfuir comme un vilain, ça faisait partie de ses habitudes et c'était loin de lui faire peur. Il ne crachait pas sur l'aide de Verna, bien sûr, mais il riait doucement quand elle donnait sa « protection » pour prétexte à cette expédition punitive. Statistiquement, la venue de la petite bourgeoise à ses côtés n'augmentait pas de beaucoup son pourcentage de chances de survie. Et de toute façon, il avait bien l'intention de déguerpir si la situation ne tournait pas du tout à son avantage.

Léogan ramait déjà depuis un petit moment tandis que Verna délibérait sur la meilleure manière de ne pas blesser ses petites mains de nobliaude pantouflarde et de ne pas s'attirer le regard moqueur du Sindarin par la même occasion – ce qui, malheureusement pour elle, était voué à l'échec dès lors qu'elle eût prononcé sa crainte de récolter des ampoules dans l'opération. Léogan roula des yeux, haussa ses sourcils et secoua sa tête avec contrariété. Oui, donc, en attendant – elle était belle, la féminité autonome et entreprenante – on met à contribution le bonhomme de l'équipe. Au même titre que le prisonnier, tant qu'à faire. D'accord ! Non, mais, il ne fallait sans doute pas mal le prendre.
C'était difficile, tout de même. Alors que la petite Lhurgoyf s'agitait frénétiquement, debout sur ses deux jambes au milieu de la barque, Léo tentait tant que mal de maintenir leur embarcation sur sa ligne de flottaison et il s'apprêta à lâcher un cri de colère, quand Verna reposa enfin son derrière embourgeoisé sur la banquette.
Ah, oui, merci du cadeau. Léogan s'arrêta un instant de ramer pour considérer son nouveau partenaire d'un œil glacial. Il s'était fait passer à tabac – et Léo avait veillé personnellement à ce qu'il le sentît passer – et puis il avait passé la nuit ligoté comme un jambon, après s'être pris une dernière estafilade sur la figure, et Verna s'attendait sérieusement à ce qu'il ne fût pas autre chose qu'un poids, deux rames à la main ?

Alors, d'abord, il ne fit aucune remarque, quoi que son regard fût assez explicite, et il reprit sa manœuvre silencieusement, en tentant de coordonner tant bien que mal son mouvement à celui du prisonnier, que Verna semblait tenir désormais sous sa férule.
Léogan, qui n'avait pas franchement d'autre endroit où poser son regard, fixait la nuque de la jeune fille chaque fois qu'il tirait ses rames en arrière, et réfléchissait à ce qui la liait à Elerinna. Il n'avait pas été très difficile de comprendre que Verna était déchirée entre de très violentes pulsions et une fragilité émotionnelle évidente – il avait suffit de l'entendre hurler dans les ténèbres, la veille, et de voir sa figure torturée à la lueur de la torche. Quant à ses inspirations carnassières, que Léogan partageait avec elle et qu'il connaissait bien par conséquent, elle n'avait pas besoin de les enrober dans des faux-semblants de défenseuse dévouée : il savait qu'elle savait que cette expédition était inutile et n'avait que pour but de soulager leur agressivité monstrueuse à tous les deux.
Oh, elle tentait bien de se cacher, elle avait quelques talents d'actrice et était d'une hypocrisie à toute épreuve – y compris envers elle-même – mais elle était aussi très maladroite. Elle avait bien du mal à dissimuler sous ses persiflages hautains le besoin systématique qu'elle avait de protéger et de soigner et que ce fût uniquement dans l'intérêt d'Elerinna, comme elle prenait soin de le préciser, ne faisait que révéler le côté obsessionnel de ses affections.
Léogan était de plus en plus curieux de voir qui de la violence ou de la bienfaisance, de la folie ou de la raison, gagnerait la partie dans l'esprit de Verna, ce jour-là – c'était tout de même digne d'intérêt...

Les minutes passèrent lentement. Leurs rames soulevaient les ondes dans un clapotement irrégulier qui portait aux nerfs de Léogan. La fraîcheur humide qui flottait en nuées opaques sur la rivière venait se plaquer comme un masque sur son visage fiévreux.
Le bandit faisait tous les efforts du monde pour tenir la direction et la cadence, mais c'était loin d'être suffisant, et donc loin d'être tolérable pour Léogan qui pensa à plusieurs reprises à le balancer par-dessus bord pour faire du leste et avancer à son gré. Au bout d'un long moment de lutte contre le courant, contre la maladresse du prisonnier et contre lui-même enfin, il décida que c'en était assez.

« Bon ça suffit. Lâche tout de suite ces saloperies de rames, et ne bouge plus, ne respire plus jusqu'à ce que cette foutue barque ait touché la berge, c'est compris ? Et vous, ajouta-t-il, avec autant de colère, en se tournant vers Verna, j'vais pas vous demander de m'aider, puisque de toute évidence, vous êtes pas capable de faire grand chose de vos dix doigts, alors vous restez sagement assise que ça vous plaise ou non ! »

Il poussa un soupir rageur et empoigna à nouveau ses rames, pour mener leur embarcation à un rythme pénible, certes, mais dans la direction adéquate – ce qui était tout de même beaucoup plus appréciable que de manquer d'échouer dans les fourrés à chaque manœuvre mal coordonnée.
Il ne prit compte des protestations de personne et s'échina comme un damné jusqu'aux grottes de la rivière d'Oxia, que leur prisonnier lui avait indiquées la veille. L'inflexion grondante de sa voix – qui feulait dans des vibrations basses et menaçantes – s'était chargé d'un sérieux inquiétant, qui ne laissait plus aucun mystère ni aucune incongruité sur le vrai danger qu'il représentait. Il força les deux autres au silence d'un regard noir qui n'admettait plus rien. Il en avait vraiment marre de passer pour le larbin de service, ici, quand il n'était entouré que de jeunes filles pleines de mièvrerie citadine, trop mijaurées pour se salir les mains et la bouche pleine d'un babil incessant – il n'avait plus la moindre patience à leur accorder. Ah, le moins qu'on puisse dire, c'était qu'elles s'étaient bien trouvées, ces deux là, avec leurs affectations de grandes dames et leurs minauderies de chattes de salon.
Il tâcha de s'en sortir le plus brillamment qu'il le pût pour ne laisser aucune chance à Verna d'épancher sur lui encore mille plaintes au sujet de ce qu'elle appelait de l'arrogance de gens d'armes, qui n'était en réalité rien que l'effet de son exaspération universelle. Cependant, alors que leur embarcation heurtait enfin la berge, selon l'indication discrète de leur prisonnier, et que Léogan se releva pour la tirer à nouveau à l'abri dans des feuillages, il ressentit bien la conséquence de son entêtement trop catégorique dans les muscles douloureux de ses bras, de ses jambes et jusqu'au fond de sa poitrine. Il n'en montra rien toutefois, bien déterminé à ne laisser à Verna aucun motif de satisfaction. De toute façon, il avait encore de la ressource et il trouvait dans la douleur lancinante qui traversait tous ses membres une énergie révoltée qui le ferait avancer rageusement.

Mais Verna s'en prit à nouveau au pauvre type qui les accompagnait et fulmina en lui administrant un coup de pied dans la figure. Léogan se retourna vers eux d'un air terrible, roula des yeux et considéra avec un froid vertige la Lhurgoyf qui vociférait, complètement hystérique.
Les échecs répétés devenus systématiques depuis deux jours et puis cette profusion de futilités, d'inefficacité et de non-sens autour de lui le rendait de plus en plus furieux. C'était une rage glaciale et prédatrice, qui lui ouvrait grand les yeux et ralentissait effroyablement son rythme cardiaque. Il laissa un certain silence peser entre eux, se figer et se condenser presque physiquement tandis qu'il regardait fixement la petite bourgeoise.

« Je vais faire ça, oui, dit-il, d'une voix très lente. Et vous de votre côté, je vous serais vraiment reconnaissant, si vous pouviez bien la fermer cinq minutes. »

Et puis il se détourna brusquement d'elle pour attraper leur prisonnier par l'épaule et le traîner avec énergie jusqu'au vieux frêne qu'avait indiqué Verna. Il le jeta dans les hautes herbes sans commisération, ni excès toutefois, et aussitôt les racines, les herbes et les ronces se tortillèrent autour de lui et le saisirent pour le plaquer contre le tronc, bien qu'il cherchait vainement à s'échapper. Le regard noir et métallique de Léogan resta quelques temps fixés sur sa victime, jusqu'à ce qu'une racine vînt forcer l'ouverture de sa mâchoire et le bâillonner cruellement.
Alors, il se détourna et tira Erys au clair pour avancer vers un chêne immense, contre lequel il se plaqua, sans porter plus d'attention à Verna. Cela faisait maintenant un petit moment que son ouïe de Sindarin avait repéré du bruit dans les hautes futaies qui longeaient la rivière et qui cédaient maintenant du terrain à des affleurements rocheux qui embaumaient la mousse et le lichen. Un peu plus loin en contrebas, il avait aperçu les grottes où se terrait le chef des bandits et ses sbires et où se précipitaient les lumières dorées de l'aurore.
Les deux hommes de la veille s'approchaient avec un bruit infernal aux oreilles sensibles de Léogan, qui, les yeux fermés, plaqués contre son chêne, cherchait à déterminer exactement leur trajectoire, tandis que Verna s'ingéniait à lui mettre encore des bâtons dans les roues, en papotant d'une voix un peu faible, la jupe au vent.

« Chhht ! » assena Léo, en battant sèchement de la main pour la faire taire.

Ils approchaient. Il entendait leur respiration saccadée, leurs bottes qui balayaient et foulaient l'humus de la forêt, il entendait parfois leurs voix, et de plus en plus distinctement, il sentait leur présence. Ils étaient là.
Léogan ouvrit les yeux, la main crispée sur la garde de son épée, adressa un signe de tête éloquent à Verna et posa une main chaude et caleuse sur le tronc de son chêne. La terre frémit sous leurs pieds, alors que les deux bandits s'élançaient à quelques mètres d'eux et se jetaient bientôt dans des bosquets en face de l'arbre que Léogan avait choisi pour se dissimuler.
Tout à coup, une des grosses racines du chêne, avec la puissance percutante d'un python, jaillit des entrailles de la terre et happa les deux hommes par les tibias, les précipitant brutalement face contre terre.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeDim 31 Aoû - 4:03

Mais pour l’amour de Sharna qu’est-ce qu’elle faisait là !?

Déjà que ce n’était franchement dans sa nature de se soucier des autres, mais jouer les gardes fous pour énergumène aussi borné, désagréable, ronchon, chiant, et détestable… C’était à se demander si ce n’était pas plutôt lui qu’elle allait buter. Surtout quand elle l’entendit incendier le détenu. C’était au final un véritable combat de coq, à savoir qui entre lui ou elle parviendrait à lever la voix le plus haut. Lorsqu’il intima le détenu à lâcher ses rames pour faire tout le boulot tout seul, Verna ne put s’empêcher de rire de lui.

« Je ne vais même pas prendre le temps de répondre à ces grossières provocations. »

La jeune bourgeoise lia alors les mains du bandit dans son dos et usa de son ombre, lui donnant un aspect simplement tentaculaire pour lui permettre de saisir les rames et commença à battre la mesure avec Léogan, et même si elle n’avait encore jamais fait ça de sa vie, elle s’en sortit plutôt bien.

Cependant, pour en revenir au présent, les airs supérieurs et autoritaires que se donnait Léogan ne faisait jusque là, ni chaud ni froid à Verna qui se contentait de l’envoyer généreusement sur les roses sans pour autant le snober. Néanmoins cette sinistre tête de nœud avait osé proférer la parole de trop. Oser ainsi insulter Verna était un acte à éviter en toute circonstance. Maintenant elle voyait rouge et noir en même temps et cela put se ressentir à travers ses actes. Enfin ce n’est pas non plus comme si elle avait cherché à s’en cacher. Dans un élan rageur sa botte vint percuter de plein fouet le tibia de Léogan, aucune retenu, le but était bel et bien de lui faire mal pour le faire taire.

« De quel droit vous permettez-vous de me parler sur ce ton sinistre… »

Blaireau ? Gueux ? Butor ? Ronchon ? Tête de Carnéa ? ou encore connard ? Tous ces noms d’oiseaux devraient attendre… il ne fallait pas envenimer la situation plus qu’elle ne l’était déjà.

« Je prends déjà beaucoup sur moi pour m’assurer que vous rentriez chez vous en vie ! Normalement je devrais être avec Elerinna en ce moment ! La prochaine fois que vous me parlez de la sorte, rien à foutre ! Je vous laisserai crever ici et bon débarras. »

Après s’être calmé autant qu’il lui fut possible elle observa les alentours avant de voir rouge une nouvelle fois… quand le misanthrope lui coupa la parole une nouvelle fois alors qu’il tendait un piège au deux fuyards qui s’écroulèrent lourdement au sol.

« Vous savez quoi ? Vous m’avez définitivement foutue en rogne ! Donc VOUS allez fermer votre clapet pour les temps à venir et JE vais ouvrir la marche vous m’entendez !? »

Evidemment cette question, si on pouvait encore qualifier cela en tant que telle n’attendait aucune réponse et la bourgeoise chargea vers les cibles du piège sa lame en avant. Ses ombres la portèrent si vite que l’on jura voir une déferlante de ténèbres s’abattre sur les futurs morts. L’un d’entre eux ne tarda tout simplement pas à mourir, encore sonné par la chute qu’il venait de subir par l’action de Léogan il ne put rien faire lorsque la lame de Verna s’enfonça dans sa gorge tandis qu’elle atterrissait lourdement sur la tête du second, lui écrasant ainsi violemment le visage contre terre. Tandis que le premier rendait son dernier soupir dans un râle écœurant mêlé à des gerbes de sang, le second poussa un cri de douleur avant de se faire embrocher les quatre membres par les pics d’ombre. La jeune fille ne pouvait cependant plus se servir de son arme plus longtemps car c’était dans la tête du survivant que se trouvaient les réponses qu’elle cherchait. Ses ombres se volatilisèrent alors qu’elle plantait son esprit dans celui de sa victime qui se trouvait face contre terre.

« Maintenant fripouille écoutes moi ! Je te donne dix secondes pour me dire précisément où se trouve ton repère et tes copains sinon je t’arrache la tête c’est clair !? »

Le bougre répondit aussi clairement qu’il le put, mais la peur dans sa voix se faisait si forte qu’il ne pouvait articuler que difficilement. Mais les réponses, une fois encore se trouvaient dans sa tête. Elles lui apparurent donc très clairement. Verna qui pendant ce temps avait laissé courir sa mains sur la tête de sa victime exerça alors soudainement une forte pression dessus et la plaqua une nouvelle fois contre le sol, ce qui lui fit lâcher un nouveau cri de douleur. Le bougre avait tellement mal et avait tellement peur qu’il parvenait même plus à savoir quoi faire… l’idée même de se défendre ne lui avait pas traversé l’esprit… Verna empoigna alors son épée, toujours logé dans la gorge du cadavre à coté d’eux. Elle planta alors son regard sur le corps tremblant de sa proie, n’ayant que faire de la présence de Léogan. Et froidement, elle planta sa lame dans son cœur palpitant. Tandis que pauvre bougre rendait son dernier soupir, Verna pointa alors son doigt en direction de l’est.

« Deux à trois kilomètres dans cette direction. Ils sont logés dans une cavité rocheuse, peut-être bien une grotte d’ailleurs. Pressons. »

La jolie rouquine arracha un morceau de la veste du premier et s’en servit pour nettoyer sa lame avant de lui faire les poches.

« J’oubliais, c’est vrai que c’est à moi qu’il revient de surveiller les comptes de la guilde. » Après une rapide inspection la jeune rouquine put garnir alors sa bourse avec quelques nouveaux butins. Quinze dias, un coupe papier et une broche. « Allons-y. » lança-t-elle avec nonchalance.
Les pas de Verna la conduisirent le long d’un vieux sentier en terre battu qu’elle s’efforça de suivre scrupuleusement. Selon ce que lui avait suggéré le défunt malfrat, il fallait suivre ce chemin jusqu’à parvenir à un lac, ou plutôt une sorte de petit point d’eau. Et d’une fois qu’ils l’auraient atteint, partir vers le nord sur un bon kilomètre pour ainsi parvenir jusqu’à destination. Les quinze, vingt minutes de marche qui suivirent se firent dans un silence assommant, presque meurtrier. Verna ne voulait pas s’énerver d’avantage contre Léogan, donc elle préférait ne pas lui faire part de la moindre de ses pensées. Elle avait la conviction que la moindre petite contrariété supplémentaire suffirait à outrepasser les limites de sa patience. Auquel cas elle abandonnerait Léogan à son sort, sans le moindre remord. Lorsqu’ils arrivèrent devant ledit point d’eau, la rouquine s’agenouilla à son bord et laissa flotter sa main dans l’onde. Afin d’étancher sa soif elle déposa sur sa langue une petite goutte d’eau qu’elle prit le temps de savourer. L’eau était pure et fraiche… En réponse à cette bonne nouvelle la lhurgoyf réitéra cette action deux fois encore. Il était toujours aussi curieux, bien que peu rare, de constater que la quiétude de cet endroit avait un effet soporifique des plus assassins. La jeune rouquine sentait qu’elle aurait pu s’écrouler de sommeil alors qu’elle n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit, ou du moins presque pas. Elle entreprit alors de reprendre sa route après s’être assurée que le misanthrope suivait toujours ses pas. Finalement le duo de choc arriva devant une paroi rocheuse qui donnait probablement accès à plaine plus grande encore que celles qu’elle arpentait jusque là. Mais bien que la vue d’une telle étendu verte avait de quoi charmer ses pupilles d’adolescente le problème restait tout de même celui du vent. Car oui ce dernier soufflait bien trop fort pour ne pas enrhumer la rouquine… C’est pourquoi elle ne bouda pas son plaisir lorsqu’elle aperçut une charrette à l’entrée d’une grotte. Cette dernière était chargée de caisse en bois et de sac de toile entassé avec diverses armes.

La rouquine se tourna vers Léogan avant l’aspirer avec elle dans l’ombre présente à ses pieds.

« Ici ils ne pourront pas nous voir ni nous entendre. Nous sommes à l’abri et nous pouvons ainsi établir notre plan d’action en toute sérénité. Je propose de les attirer à l’extérieur en jouant les victime et vous, vous n’aurez plus qu’à les épingler avec votre… force ?... de frappe. »

Tandis qu’elle échangeait ces quelques mots avec Léogan, Verna commençait à les recouvrir, elle et le sindarin avec son ombre afin de les protéger.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeJeu 11 Sep - 18:59

« C'est ça, ben ça me f'rait des vacances, répartit-il, du tac au tac. De toute façon, c'était bien ce qui était prévu à la base. »

Sans rire. Elle pouvait bien se débiner si ça lui chantait. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire à lui ? C'était elle qui s'acharnait ! Il ne lui avait rien demandé du tout, elle pouvait aller chercher des poux à un autre copain suicidaire d'Elerinna, si c'était sa vocation !
Et puis la voilà qui se remettait à hurler comme s'il était sourd comme un pot et comme si elle n'avait pas conscience qu'en forêt, au milieu d'une traque, il y avait au minimum quelques impératifs de silence à respecter pour ne pas se faire planter dans le dos par un égorgeur ou un animal hostile.

« Mais c'est pas possible ! siffla agressivement Léogan, entre ses dents. Bordel, vous avez fini de gueuler comme un putois ! Et c'est moi qui suis suicidaire, ici ?! »

C'était trop tard, cela dit, elle venait de s'élancer comme une furie vengeresse sur les deux voleurs que le Sindarin avait mis au tapis. Interloqué, bras ballants, l'épée encore au clair, il l'observa voler par dessus les branches basses des arbres, les fougères et les racines dans des nuées de ténèbres. Elle tenait manifestement à lui prouver qu'elle avait assez d'habileté dans ses dix doigts pour dépecer deux êtres humains dans la force de l'âge – ce qu'il ne lui ôterait pas, bien sûr, mais qu'il nota non sans scepticisme vis-à-vis de son goût macabre pour la mise en scène. Il y avait vraiment des gens qui en faisaient des tonnes.
Sa rage glaciale retombait peu à peu, tandis qu'il regardait Verna faire son œuvre, avec un subtil mélange de surprise et de dérision qui lui sciait les bras. Quand elle finit par transpercer son deuxième clampin, après l'avoir élégamment baptisé de « fripouille », il lâcha un soupir qui se confondait un peu avec un rire. Et puis enfin, elle décida de soulager le pauvre diable de ses effets, avec une indifférence infâme qui vint couronner toutes les vilenies qu'elle avait commises le temps de peut-être cinq minutes.
Sacrée mise en scène de la cruauté gratuite. Très impressionnant. Qu'on applaudisse la comédienne, c'était du bon travail. Il lui aurait bien donné la pièce, mais tout de même, ça manquait un peu de spontanéité.
Non mais sans rire, c'était quoi, ça ? Elle avait voulu quoi, l'intimider, lui prouver qu'elle était une terreur impitoyable et sanguinaire digne de ce nom, c'était son délire ?

Et puis, évidemment, demander à Léo de fermer son clapet, ça n'était ni suffisant ni efficace pour avoir la paix. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, l'air passablement stupéfait, avant de regagner son cynisme habituel.

« Bravo, commenta-t-il, platement. Et là, je dois vous applaudir des deux mains, c'est ça ? »

Il la couva d'un regard particulièrement dérisoire, insista un petit instant, roula des yeux puis rangea nonchalamment son épée dans son fourreau. Qui est-ce qu'elle croyait impressionner, ici ?
Soupirant un peu, il se mit finalement en marche, s'arrêta près d'un des deux cadavres et le délesta avec satisfaction de son sac plein de pierres de sphènes volées. Il releva la tête. Verna était déjà partie sur un chemin de terre, à couvert de grands arbres touffus, comme si cette expédition avait été sa propre initiative et que Léogan lui-même n'était plus que la cinquième roue du carrosse – inversion de tendance d'une hypocrisie à faire ricaner Sharna. Léogan ne s'en formalisa pas, toutefois.
Elle lui avait du reste fourni assez d'informations pour retrouver lui-même la trace de ces types, et il se contentait déjà de ne pas avoir à la suivre comme un chien en laisse. Il s'étonnait cependant de la vigueur de cette jeune fille, qui avait usé de sa magie presque sans trêve ni repos depuis la veille, et qui pourtant n'avait pas l'air d'avoir une constitution physique suffisante pour marcher des heures, ramer sans se faire d'ampoules aux doigts ou avoir même l'idée de s'habiller avec pragmatisme pour une expédition en forêt. Elle disposait de ressources étonnantes – qui restaient encore un mystère aux yeux de Léogan.

Il haussa des épaules et lui emboîta le pas, l'allure désinvolte, mais assez frustré de n'avoir été que le spectateur désabusé du carnage – il sentait croître au fond de ses tripes un désir électrisant, d'une urgence incontrôlable, qui le poussait de l'avant et le faisait rêver chaotiquement d'adrénaline, de lutte et de sang.
Il avançait presque joyeusement, le nez en l'air et la poitrine pleine de feu. Il ralentissait même un peu pour ne pas avoir à passer devant Verna, qui ne marchait pas bien vite du haut de son petit mètre soixante, mais qui prenait visiblement son pied à dominer les opérations.
Alors ils marchèrent un certain temps, un peu gaminement chacun dans leur coin, ce qui ne sortait pas tant des habitudes de Léogan qui de toute façon n'avait pas de scrupule à bannir toute maturité de son comportement. Finalement, ils arrivèrent au lieu-dit où ils repérèrent rapidement un signe d'habitation, une carriole remplie d'armes – et Léogan se retint de ricaner de l'imbécillité de ces gens qui laissaient traîner là leurs ressources sans surveillance pour s'enterrer au fond d'un terrier. Qu'est-ce qu'ils y faisaient ? Ils hibernaient ?
Mais tout de même, il y avait de bonnes chances que la voiture en question n'avait été laissée là que provisoirement, et il était prévisible que dans les minutes qui suivraient, un type vînt ramener sa fraise pour déménager son bazar.

Abrité avec la jeune fille dans l'ombre de la charrette, Léogan l'écoutait distraitement débiter son laïus, les mains dans les poches et l'air pensif. Ce n'était pas parce qu'il l'avait laissée prendre la tête des opérations pour tracer le chemin à travers bois qu'il s'épargnait la peine de réfléchir – et puis il tenait à faire comprendre à Verna qu'il n'avait jamais toléré sa présence que pour satisfaire son petit caprice, et que l'objectif de base, c'était de poursuivre les opérations seul avec lui-même. Et ce n'était pas parce qu'elle s'était greffée à l'expédition qu'il allait changer ses plans. Maintenant qu'ils étaient arrivés au cœur du sujet, elle devrait se calquer sur son rythme à lui pour rester dans la course. Sinon, ce n'était pas son problème.
Il ne pensait pas à foncer tête baissée dans les cavernes – ce qui aurait été passablement stupide – il fallait trouver un moyen de les faire sortir de là au compte-goutte, comme on enfume le terrier d'un renard pour le forcer à déguerpir. Il observait Verna tranquillement, se rappelait des efforts qu'elle faisait pour ne pas se laisser emporter par les petites provocations qu'il lui distribuait à tour de bras, quelques idées naquirent dans un coin de son esprit.
Quand il assimila pleinement ce qu'elle venait de dire, il ouvrit sur elle un regard suprêmement surpris, et resta quelques secondes encore dans un silence cette fois très incrédule, avant de dire avec détachement :

« Ha ouais. 'Je crie, vous leur mettez sur la gueule'. Ouah. C'est quand même miraculeux d'être aussi inutile sans s'mettre à rougir, nota-t-il d'un ton insupportable, en levant l'un de ses sourcils les plus méchants. Remarquez, ça pourrait marcher, si on avait affaire à la joyeuse troupe des bons samaritains, mais là... C'est l'association foireuse des refroidisseurs queutards, et si vous saviez la moitié de ce que je sais, vous comprendriez qu'en entendant une vierge outragée donner de la voix dans l'coin, la seule chose qui leur traverserait la tête, ce serait de rappliquer et de se joindre à la fête – et encore, s'ils sont pas assez flemmards pour se secouer les puces. »

Il ne lui laissa pas le temps de répliquer quoi que ce soit – elle aurait bien le temps de l'incendier autant qu'elle le voudrait dans quelques instants – il se redressa, une main sur la garde de son épée courte, lui fit un petit signe de tête insolent et lança avec toujours le même sourire sardonique :

« Allez, madame la partisane du moindre effort, bougez un peu votre popotin de bourgeoise endimanchée. On va en faire du bruit, ça fera sortir quelques éclaireurs. Mais, le pauvre coup de pied que vous m'avez fichu dans la jambe vous a p'têt mise sur le carreau ? Alors là, bel effort mais toutes mes excuses. »

Un rictus secret passa sur son visage et il s'arracha de l'ombre de Verna en une pirouette espiègle. Il se déroba encore sur quelques pas, en plein soleil, et sa magie bouillonna lumineusement dans ses entrailles. Il braqua tout à coup sa main sur la charrette où s'était réfugiée Verna, la foudre jaillit de son ventre, lui traversa le bras et bondit de ses doigts pour aller d'un trait précis et aveuglant exploser la carriole sous le regard moqueur de son magicien. Campé souplement sur ses deux jambes, dans la lumière éblouissante de l'éclair, prêt à contrer une attaque probable de Verna qu'il avait heureusement vue bondir sur le côté à temps, Léogan s'écria avec un enthousiasme sauvage :

« Elle vient jouer dans la cour des grands, la terreur des bacs à sable ? »
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitimeSam 8 Nov - 4:11

Alors que la rouquine cherchait à recouvrir Léogan de son voile sombre afin de s’assurer qu’il ne serait pas trop gravement blessé en cas d’attaque mal placé, le bougre… ou plutôt l’idiot ne trouva rien de mieux que d’esquiver l’étreinte sombre, probablement par fierté inutile. Mais ce qui était plus encore stupéfiant dans cet étrange élan de bêtise humaine, c’est qu’il ne trouva rien de mieux que de mettre en marche son propre plan d’action sans en faire part à la rouquine et sans la prévenir non plus. Aussi en quelques instants à peine, la rouquine dut se protéger d’une gerbe d’éclair venue dans son dos qui enflamma la charrette ainsi que son contenu. Un mur d’ombre se dressa entre elle et ladite charrette, la protégeant ainsi des flammes et des éclats. Cependant le résultat se fit sans attente.

« Mais vous êtes complètement con ma parole !!? »

Conformément au plan ô combien discutable du sindarin aux cheveux noir, son plan marcha mieux qu’il ne l’aurait cru. Après quelques instants à peine, alors que la rouquine était encore déstabilisée, quelques hommes de mains du groupe de coupe-jarret firent leurs apparition, arc bandés pour certains et fer sorties pour d’autres. L’œil vif de l’un d’entre eux calcula la présence des deux protagonistes avant d’ouvrir le bec.


« Qu’est ce que vous foutez là les deux clowns ? Qui a foutu l’feu à not’ matos !? »

Verna sourit presque à s’en déchirer les joues tant la folie se lisant sur son visage était prononcée.

« C’est lui ! » Lança-t-elle en pointant vers Léogan.

Le résultat fut aussi prompt que l’on pourrait l’imaginer, certains coupe-jarrets se tournèrent vers le misanthrope, une rage presque palpable se dégageant d’eux. Certains empoignèrent leurs haches, leurs épées, et se ruèrent sur lui tandis que d’autres, condensaient l’essence divine dans le creux de leurs mains, faisant naitre des flammes ou déformant la terre. Fière de son vil tour, Verna jubilait déjà à l’idée de voir Léogan se faire rouer de coups avant de lui sauver les fesses. Voilà qui lui apprendrait à ainsi se jouer d’elle. Sauf que… certains n’étaient pas aussi cons qu’elle l’aurait espérée.
Un premier bandit ne manqua pas de s’intéresser de près au cas de la rouquine. Que faisait-elle là ? En même temps que le sindarin brun. Il y avait forcément un lien, elle devait forcément être de mèche avec lui.


« Tss. Tu crois pouvoir nous rouler comme ça gamine ? »

Il empoigna fermement son épée et n’attendit pas une seconde de plus pour la faire s’abattre sur Verna. Un tic d’agacement put se lire sur son visage alors que son bras venait dévier la trajectoire de l’attaque. Un tintement métallique retentit, accompagné par un sursaut de l’agresseur. Il avait de quoi être surpris, comment la chair pouvait-elle ainsi dévier l’acier ? Dans la seconde qui suivi, une ombre tentaculaire vint lui coiffer la main puis le bras, et le tira en arrière tandis que la rouquine le balaya puissamment à la cheville. Un instant après le bandit se retrouvait à terre, sonné, tandis que l’acier d’une rapière assoiffée de mort venait s’immiscer dans le creux de sa gorge. L’effet de surprise ne durerait seulement qu’un temps. Les autres avait vu de quoi était capable la jeune fille et ne saurait être berné par ce tour. Elle savait manier les ombres… et pouvait ainsi faire de son corps et de ces dernières une arme rivalisant avec l’acier lui-même.
Un premier clampin fit alors jaillir du sol plusieurs racines visant directement les membres de Verna, elle se jeta sur le côté et en esquiva ainsi l’intégralité, cependant d’autres continuaient d’affluer, il ne fallait pas s’arrêter, pas une seconde. La course de la rouquine n’était cependant pas foudroyante, elle devait s’aider de ses ombres pour prendre en vitesse et glisser sur ces dernières afin de pouvoir se rapprocher de son second assaillant sans trop prendre de risque. Agacé son adversaire tendit sa main vers elle et ferma le poing. Surprenant. Elle était liée, au chevilles… quand ? comment ? Pas de temps à perdre, une masse obscure se formait déjà au de ses jambes et se muait en lame pour trancher ses liens. Mais déjà, un troisième bandit était à portée d’attaque et lui portait une attaque d’estoc en plein visage, armé d’une lance. L’échine de la rouquine de façon aussi prompte que brutal, elle ne put réprimer une grimace sous l’effort, elle n’était pas chaude. Le fer de l’arme lui passa quelques centimètres au dessus du nez, venant découper une mèche de cheveux. Le gueux ! La lhurgoyf termina alors son esquive en faisant une roue. De sa jambe naquit alors une lame ombreuse, comme chacun de ses gestes, il était mué par la volonté de trancher la chaire, le métal, qu’importe… elle cherchait à détruire, à tuer, sans la moindre retenu. Une chance pour l’assaillant, l’allonge que lui octroyait son arme lui sauva la vie, ainsi que sa main. Son arme maintenant brisée, rompue, il ne pouvait plus agir avec prudence, il se jeta sur la jeune fille avec rage, décidément trop hâtif, stupide…

Verna posa un genou à terre, puis sa main vint caresser le sol, son ombre, elle se changea en un véritable mur de lance, des pics acérés vinrent perforer son corps une infinité de fois en quelques secondes à peine. Une marre de sang se répandit sur le sol, faisant naitre dans le cœur de certains rage et peur. Mais bientôt, d’autre affluèrent, et bientôt pour les deux aventurier en quête de vengeance se retrouvèrent encerclé…

« … »

Une expression frigide se lisait sur le visage de Verna… cette situation pourtant critique ne l’affligé même pas. Mais malgré son sang-froid, la réalité était bel et bien différente, et la situation allait tourner bien vite. Malgré sa farouche résistance, le nombre grandissant d’ennemis la conduirait à sa perte. Elle avait beau dévier leurs coups, se soustraire à leurs assaut, entailler la chaire ça et là… elle sentait que si ce combat durait plus… elle perdrait la vie. Son ombre commençait à faiblir. Vite, fuir !
La rouquine usa alors de son don pour se soustraire de façon irrépressible. Elle disparut littéralement dans le sol pour réapparaitre auprès de Léogan, dans son dos.

« On ne peut rester ici plus longtemps… ou nous allons y passer. Ils sont bien plus nombreux que ce que nous pensions. »

Partout où ses yeux se posaient, il y avait un ennemi, un obstacle, la fuite n’était pas possible à moins de traverser à travers eux. Il faudrait pour cela jouir d’une force dévastatrice
.
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MessageSujet: Re: Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna   Babillages et ronchonailleries □ PV Elerinna & Verna Icon_minitime

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