Chacun son chat

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Chacun son chat

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MessageSujet: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeJeu 9 Juil - 23:02

« Terre ! Terre ! »

La vigie se pencha depuis son nid de corbeau pour projeter son cri vers le pont.
Le capitaine monta sur le gaillard d’avant et saisit sa longue vue et le bosco hurla quelques ordres afin que l’équipage reste à son poste et prépare les manœuvres que l’approche et l’accostage allaient nécessiter.

Appuyée au bastingage du vaisseau, la rouquine plissait les yeux pour apercevoir la terre attendue. Elle était bien souvent obligée de repousser  les lourdes mèches dispersées par le brise marine et qui venaient régulièrement lui fouetter le visage.

Les ombres de la mature s’allongeaient sur le pont et donnait à la lumière dorée du soir un quelque chose de palpable. Ziria s’apprêtait à plonger dans les flots et Doroma pouvait alors rivaliser d’intensité avec son grand frère des cieux. C’est alors que les choses pouvaient posséder deux ombres.

D’abord elle ne vit rien. Les vigies ont toujours un temps d’avance grâce à leur hauteur et à cause de la courbure de l’horizon pour apercevoir les cotes. Il est bien rare que les « rampants » du pont les distinguent avant eux ne serait-ce que parce qu’il n’est pas question pour les factionnaires d’être pris en défaut sous peine de châtiment impitoyable. Leur distraction peut avoir des conséquences tragiques pour tout l’équipage. Récifs pirates et autres joyeusetés marines sont autant de danger à éviter et voir arriver de loin si l’on ne veut pas finir par le fond.

La belle n’était au fait des choses de la mer que par ses lectures et comme chaque chose que l’on n’a jamais vécue, elle était consciente de se faire des représentations dans lesquelles, son imaginaire avait dû prendre une place plus importante que la réalité elle-même. Comme à chaque fois qu’elle se lançait dans un nouveau projet, elle avait essayé de prévoir les désagréments du voyage et s’était posé la question de son apparence. Les livres contaient suffisamment que les femmes mettaient les hormones des matelots en ébullition pour qu’elle se posât la question de savoir si elle voyagerait en homme ou en femme. Elle avait essayé l’apparence masculine il y avait quelques temps de cela et sans la rebuter complètement elle devait bien admettre qu’elle se sentait tout de même moins à l’aise que sous les trait du beau sexe, expression qu’elle appréciait tout particulièrement, attachée qu’elle était au regard que les hommes pouvaient poser sur elle. En l’occurrence et exceptionnellement, elle avait toutefois jugé bon de ne pas mettre trop ses charmes en avant et s’était vêtue pour la traversée de manière très masculine ce qui permettait un bon compromis. Pantalon et bottes, large chemise aux non moins larges manches resserrées aux avant-bras faisait disparaitre ses courbes. Un long manteau venait compléter sa tenue lorsque le vent devenait trop insistant à coller ses frusques sur sa peau ou même tout simplement faisait fraichir le temps. Elle gardait à la ceinture une fidèle dague on ne savait jamais. Le reste de ses armes dormaient sagement dans son paquetage de voyageuse, bien enveloppées dans des froufrous plus féminins afin d’étouffer les cliquetis que les chocs des voyages ne manquaient sinon de provoquer, provoquant eux-mêmes les suspicions.

Petit à petit elle devina la côte et comme semés ici et là comme un chapelet de petits havres dorés par les rayons de Doroma qui caressait seul maintenant l’horizon. Elle n’aurait su dire lequel était sa destination. Elle faisait confiance au capitaine du vaisseau à qui elle avait payé une petite fortune de son point de vue pour acheter son passage. Passage en cale commune dans laquelle il ne fallait rien avoir de valeur pour abandonner son paquetage que la ladrini avait fait le choix de garder portée de main comme la plupart des voyageur que l’on pouvait voir le paletot sur l’épaule  ou à leurs pieds…

Ceux qui connaissent un peu la rouquine doivent se demander ce qu’elle fait à bord d’un navire, elle qui affectionne tant son cocon d’Hespéria. D’autres par contre savent qu’elle a en tête depuis quelques temps maintenant une nouvelle lubie celui de mettre la main sur un objet qui aurait l’avantage de flatter sa petite personne mais aussi de l’aider grandement dans ses activités diverses et variées dans lesquelles apparences et tromperies sont autant de compétences à cultiver. Or s’il eût été aisé d’entrer dans une boutique et de se le procurer, chacun sait qu’à objet exceptionnel difficultés exceptionnelles de se le procurer. Après avoir écumé bibliothèques et rumeurs elle dut bien se rendre à l'évidence un indice décisif avait pris la mer sous son nez. Si décisif d’ailleurs qu’elle n’avait pas trop le choix, elle devait s’embarquer à sa suite si elle ne voulait pas qu’il se perde. Evidemment, elle aurait pu choisir de traverser les terres pour rejoindre la côte, mais une fois à Cymmérium où on a laissé passer sa chance, mieux vaut prendre la mer que traverser le désert…  Aussi ne discuta-t-elle pas trop le prix de la traversée. En outre comme cette expédition ne relevait pas du professionnel à proprement parler, elle avait gardé son apparence de rouquine Sindarine. L’Anguille était partie en direction des berges dorées et bien elle ferait de même. Le merlin partant dans la même direction s’était présenté fort à propos et elle ne pouvait que profiter de cette chance.

L’océan avait déjà avalé la moitié du dernier disque solaire et si l’horizon du couchant prenait des teintes de feu, la côte mariait le bleu crépusculaire aux orangés des derniers rayons qui éclaboussaient encore les reliefs et les constructions dont on pouvait maintenant deviner les contours. Petit à petit de petites lucioles se posaient sur les architecture à mesure que les habitants encore invisible allumaient leurs fenêtres. Des lueurs plus soutenues laissaient supposer à la Syliméa que des dockers se chauffaient auprès d’un braséro en attendant que le vaisseau n’accoste.

Le spectacle peignit un sourire admiratif et contemplatif sur le visage encadré de feu alors que le disque de Maara montait lentement au-dessus de la côte ajoutant sa lumière froide au début de la nuit. Les deux phares marquant l’entrée du port s’étaient allumés quant à eux depuis quelques minutes déjà…

Le petit port était à moins d’un mille marin et on pouvait distinguer maintenant l’activité du quai. Une impatience fébrile commença à gagner Elië. C’était là qu’elle allait enfin mettre la main sur un indice capable de la rapprocher d’Ysilnen. Une très ancienne gravure sur bois, apparemment la seule mentionnant l’identité de sa créatrice et peut être le début de la piste qui mènerait au voleur et à l’endroit où l’artéfact aurait pu être dissimulé. En effet pour l’enquêtrice, s’emparer d’un tel objet qui avait demandé tant de génie et sans doute de sacrifices à joaillière devait avoir demandé une ingéniosité et une ruse exceptionnelle et même pourquoi pas d’être dans l’entourage de la mage. De toute façon, lorsqu’on est dans une impasse, toutes les portes qui s’ouvrent méritent d’être empruntées…
Quelques encablures plus loin, quelques hurlements de bosco plus tard, des courses sur le pont des pieds dans les gréements, des cordes qui sifflent vers le quai et le gémissement du bois éteint elle descendit par une des passerelles tendues entre pont et ponton. Le temps de maîtriser le roulis de la terre ferme après quelques jours en mer d’une fille à sa première croisière, elle laissa son regard faire le point sur l’endroit où elle avait débarqué. Petit port niché en pente douce derrière les docks et les quais, on pourrait avoir envie d’y couler des jours paisibles, enfin si l’on n’est pas trop attaché à la frénésie des grandes cités de l’intérieur. La brise chargée d’iode donnait l’ivresse d’une liberté que la proximité de l’océan renforçait encore. Mais la belle n’avait pas que de poétiques ou philosophiques soucis en tête et sa proie lui avait assez échappée pour qu’elle perde plus de temps.

*Alors voyons voir… L’Anguille, l’Anguille… Je ne la vois nulle part.
_ Moi non, plus ma belle..
_Ne me dis pas qu’elle a déjà repris la mer ! Nous n’avions pas tant de retard que cela !
_ En effet ma douce, elle n’a sûrement pas pu refaire le plein de provision et d’eau…
_ Ou alors…
_Ou alors elle n’est pas repartie bien loin…
_ J’espère que tu as raison… *


Elle avisa la première taverne y pénétra et s’accouda au comptoir. Bientôt le propriétaire ou tout du moins celui qu’elle identifia comme tel s’intéressa à sa présence la dévisageant ne sachant trop à qui il avait à faire. Mais la nouvelle venue le lui laissa pas le temps d’approfondir ses interrogations. Elle jeta quelques pièces sur le Zinc.

« Un tartare et un pichet de vin de pays!
_Bien m’dame ! »


Attendant son repas, elle fit mine de scruter la salle. Lorsque le tenancier revint, elle prit son écuelle et le pichet comme pour aller s’installer à une table.

« J’ai rendez-vous avec le capitaine de l’Anguille, mais je ne le vois pas dans votre salle…
_ Ce vieux Bebran ! Déjà reparti !
_ Il pose souvent des lapins à ses rendez-vous ?
_ Pas de panique il est sûrement pas bien loin. Faut bien que tout le monde vive ! Il a ses petites affaires dans une crique à une lieue au nord. »

Le visage de la rouquine s’assombrit et le tavernier lui posa sa grosse main sur le bras en guise de consolation.

« Pas de panique ! Si ça se trouve vous vous réveillerez et il sera de retour votre capitaine !...
_ Si vous le dites… »


*Et notre gravure sera encore envolée…*

Le bonhomme la regarda d’un air entendu.

« Vous supporterez bien une nuit toute seule ! Sinon, Laas, c’est moi, est à votre disposition !... »


Elle fit mine de n’avoir rien entendu, prit sa pitance et partit l’engloutir au fond de la salle. Comment ?!!! Engloutir ?!!!! Elië Valanatëel la raffinée ? Et oui, tout arrive et tout particulièrement cas d’urgence. La chair crue l’aida à faire le point et elle ne toucha presque pas au vin…

*Une lieue ce n’est pas si loin…
_ Et la nuit est encore jeune
_ Nous sommes d’accord alors ?....*


Elle laissa le reste du pichet sur le table reprit son paquetage et se mit en devoir de suivre la côte vers le nord. Le relief était doux et les trois lunes maintenant levée éclairaient assez la paysage pour lui éviter de se fourvoyer. Elle quitta la bourgade et profita d’un bosquet pour faire le point sur l’encombrement de son sac. Elle sortit sa lame courte dont le fourreau lui barra bientôt le dos alors que les étoiles d’acier dont elle ne se séparait que rarement rejoignaient sa ceinture et ses manches. Elle laissa son arc court et ses flèches. De nuit ses cibles seraient vite hors de vue et elle voulait voyager léger. Elle fourra ensuite son sac dans le terrier de blaireau abandonné, enfin qu’elle jugea abandonné, de même que le mot blaireau fut le premier sui lui vint sans qu’elle ne put revendiquer aucune compétence de piteuse. Bref un trou inoccupé reçut le reste de son équipement bien vite recouvert de terre et de feuilles.

Elle courait depuis une demi-heure. La nuit avait toujours été son élément. Elle devait juste faire attention à prendre en compte l’environnement naturel qui différait des rues et des toits qu’elle avait coutume d’explorer. D’ailleurs dès les premiers hectomètres, elle avait trébuché dans un trou dissimulé par la végétation. Elle en fut quitte pour un roulé-boulé dans les herbes rases. Ayant échappé à l’entorse elle se le tint pour dit et modéra son allure et préféra les dalle rocheuses qui affleuraient ça et là pour augmenter la vitesse de son escapade nocturne.

Sa prudence fut bientôt récompensée. Elle déboucha bientôt sur un épaulement qui dominait et descendait en pente douce vers une crique. Un vaisseau y était ancré et sur la plage qui de là semblait être galet se dressait une tente légère de campagne. Un feu avait été allumé non loin d’elle et des hommes s’affairaient en un balai qui pouvait laisser supposer un déchargement avec inventaire. Des canots faisaient les allers et venues entre le bateau et la plage un seul était tiré sur les galets. A l’opposé de notre héroïne, une falaise fermait en partie la crique et une grotte semblait y être percée.

*De quoi assurer un entrepôt naturel…
_ Notre gravure va encore prendre le large si nous laissons faire ma beauté !
_ J’avais compris…
_ Qu’est-ce que nous comptons faire ma jolie ?
_ Improviser
_ Nous adorons ça !!!*


Un sourire joueur se peignit sur le visage de la courtisane. Elle rampa à flanc de colline afin que sa silhouette ne se découpe pas sur le ciel trahie par les trois lunes qui l’avaient bien guidée jusque-là mais pouvait se retourner contre elle pour peu qu’un guetteur ne lève ses yeux vers le sommet de la combe sur laquelle elle se trouvait. Elle prit ensuite le temps de déchirer une lanière de tissu dans le pan de sa chemise afin de se nouer les cheveux dont l’épaisseur, la longueur et la coupe ne pouvaient être attribuées qu’à une femme. Elle finit son grimage par se passer un peu de terre sur le visage histoire de paraître un peu moins nette et apprêtée que la voyageuse qui avait débarqué au port en début de soirée.

*Tu sais ce que tu t’apprête à faire ma jolie ?
_ Oui ! Voler un objet dont nous avons grand besoin…
_ Mais si ça se trouve il suffirait de l’acheter…
_ L’acheter tu dis ? Hummm…. Oui, mais non.
_ Ce serait moins risqué
_ Et moins drôle aussi. Et puis ne nous faisons pas d’illusion ma douce. Une antiquité de cette facture de cet âge, nous n’avons pas les moyens…
_ C’est probable. Je suis contente que tu aies bien  appris de mes connaissances en matière de belle ouvrage !...*


Parfois elle se laissait aller à murmurer ses répliques lorsqu’elle ne se sentait pas observée…

Elle effectua une descente vers la plage en mouvement tournant pour se retrouver devant le tas de caisses et de coffres divers et variés qui étaient débarqués des canots. D’autres marins les transportaient ensuite vers la grotte en passant près d’un scribe qui semblait noter différents renseignements sur son bloc de papier grossier. Elle prit son tour dans la noria des porteurs tendue comme un arc dans l’attente que quelqu’un découvre sa présence inattendue. Mais rien. Soit l’équipage était si nombreux que les marins ne se connaissaient pas tous et cela venait contredire tout ce qu’elle avait pu lire sur la grande famille des matelots soit il n’y avait pas qu’un seul équipage et tous les malentendus étaient permis. Bientôt elle chargea une petite caisse sur l’épaule côté scribe, histoire d’avoir le visage caché par son fait, s’arrêta quelques secondes devant lui avant de prendre le chemin de la grotte. C’était trop facile. Elle se retrouva bientôt dans la grotte et continua son chemin jusqu’à l’arrière des piles de caisses entreposées là. Elle posa la sienne à terre et s’essuya le front devant la quantité de marchandise qu’elle allait devoir inspecter…

Ne restait plus qu’à espérer que le travail de classement avait été efficace. Elle ne fut pas déçue en se rendant compte que les caisses étaient classées par catégorie. On pouvait lire : Alimentaire, Tissu, Art, Armes…

*Art ! Ca me parait pas mal ça !*

La pile de caisses était moins grosse que beaucoup d’autre mais en comptait tout de même une bonne quinzaine. Le problème était de les inspecter sans attirer l’attention. Peut-être une provenance ou même la liste du contenu pouvait-il y être inscrit ? Pas de chance ! Seul un numéro semblait les identifier. Le scribe le savait peut être lui. Mais en quelle honneur le lui divulguerait-il ?  Elle soupira.

*Qui ne demande rien n’a rien…*

Elle rebroussa chemin pour rejoindre le greffier de la plage et commença à l’interpeler à deux mètres histoire qu‘il n’ait pas le temps de réagir.

« Le patron demande quel est le numéro de la caisse avec les trucs d’art d’Argyrei ! »
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeDim 12 Juil - 17:15

Mois de Firion 1303.

Depuis le petit matin, Malik galopait entre les rayons dorés des deux soleils et faisait rebondir avec eux sur le pavé grossier du port les semelles usées de ses sandales. Son patron ne lui avait pas laissé une minute de répit et il était bien trop fier pour en réclamer lui-même. On n'avait pas souvent la chance de trouver un travail rétribué sans entourloupe quand on avait onze ans et demi. Alors il courait de tous les côtés, comme un petit rat entre les jambes des marins, le regard virevoltant sur chaque pavillon qui accostait sur les Berges, griffonnant avec application sur un petit carnet le nom en graphite des navires qui l'intéressaient. Malik, pour dire tout à fait la vérité, ne savait pas écrire. Son patron avait tout juste eu le temps de lui apprendre à recopier plus ou moins habilement l'alphabet pour lui permettre de faire son boulot. Aussi Malik ne comprenait-il rien à ce qu'il gribouillait sur son carnet, la langue tirée sur le côté, mais cela lui importait bien peu. L'Anguille, Le Mirage, L'Ondine, Le Génie, goélettes, trières et caraques... Tous ces navires de commerce dont Malik accostait familièrement les maîtres d'équipage avaient au moins un point en commun : un rendez-vous dans l'après-midi ou à la nuit tombée avec son patron dans des petites criques abritées par le relief et la végétation, disséminées dans les alentours du port. Malik était chargé d'organiser les rencontres en temps et en heure et de transmettre les inventaires de troc qui serviraient à marchander au moment venu.
Son employeur n'apparut qu'au zénith, dans les silhouettes fumeuses de midi, quand le poids des soleils commençait à devenir trop lourd sur la tête frisée du petit garçon et la chaleur trop insoutenable pour travailler. Les cheveux et les guenilles de Malik, poisseux de sueur, collaient désagréablement à sa peau foncée. La faim et la fatigue lui donnaient le vertige. Lorsqu'il distingua dans les vapeurs de la mer et du ciel le cafetan écarlate du patron, et l'ombre longiligne de son guépard qui se faufilait capricieusement sur ses talons, il se sentit envahi d'un soulagement indescriptible. Sous sa capuche écarlate qui le protégeait du soleil, les cheveux noirs en bataille, son homme semblait aussi épuisé et assommé par la chaleur. Malik savait qu'il avait dû passer la matinée à préparer la came dans les planques qu'il avait dans les criques et qu'il n'avait pour l'aider dans ses allées et venues que deux ou trois gosses des rues comme lui. L'homme fit tomber sa capuche rouge sur ses épaules en s'essuyant le front d'un revers de manche et tendit une gourde d'eau fraîche à Malik, qui s'en empara avec empressement.

« Tout est en ordre, M'sieur Léo. D'abord faut qu'on voit l'cap'taine de L'Ondine au milieu d'l'après-midi, il vient d'El Bahari, y dit qu'y ramène d'la pacotille qui t'plaira. Ensuite ce s'ra l'tour du Génie en début d'soirée. Lui, c'est comme d'habitude, il vient pour ach'ter. Et pis dans la nuit, y aura L'Anquille qui arrive de Cimmérium. Ce s'ra du troc, il a pas mal d'machins de valeur, tu sais les Sylphides... Bon. »

Malik guetta une réaction de satisfaction sur le visage doré de Léo, qui se fendit d'un éclat de sourire lumineux. Il posa une de ses grandes mains noueuses, tatouées d'arabesques noires, sur son épaule et murmura tranquillement : « Bon travail, garçon. » Le gosse lui sourit en retour, le cœur gonflé comme une voile au vent, et but une goulée d'eau.
Léo retira sa capuche sur sa tête et ils prirent tous les deux le chemin d'une plage abritée pour prendre leur déjeuner, qu'il tenait dans un baluchon sous le bras. Il n'était absolument pas question de continuer à se démener dans le cagnard sec du midi. Il n'y avait pas un brin de vent sur le port. Le ciel était jaune et céruléen, le regarder seulement était douloureux. La mer était turquoise, luisante, d'une transparence parfaite par endroits, où l’œil percevait des poissons colorés, des petits requins et des coraux. Ils descendirent vers la plage sous une galerie végétale, à l'ombre, en discutant de leur matinée avec entrain.
Malik, malgré tout, était loin de pouvoir passer pour son fils. C'était un môme robuste, à la peau de la couleur de la cannelle, aux yeux anis, cerclés d'un vert plus foncé, et au cheveux crépus, mais très blonds, qu'il avait tressés. C'était un très beau gosse, comme il avait l'habitude de le dire, mais ce n'était pas le sien. Léo avait la peau ambrée, d'une couleur qui rappelait davantage le miel, et avec ses cheveux, sa barbe plus soignée que d'usage et ses yeux très noirs, souple, fort, mais un peu famélique sous ses habits rouges et noirs, comme un chat de gouttière, il arrivait pour une fois à se fondre dans le décor.

Après avoir marché sur une petite langue de sable qui sinuait dans l'eau calme, ils mangèrent du pain frais et des fruits sur un rocher noir, abrités sous les larges feuilles d'un bosquet de palmiers, et quand ils voulurent revenir à la terre ferme, la marée avait englouti le banc de sable. Il fallut rentrer à la nage puis, les vêtements trempés et la peau rendue rêche par l'iode, se diriger vers un établissement de bains gratuit comme en avait Argyrei, où ils purent se rendre présentables pour les échanges qu'il leur restait à mener. Ils lavèrent leurs vêtements et les laissèrent se gorger de soleil et d'odeurs d'épices à une fenêtre – c'était jour de marché – tandis qu'ils se frictionnaient de savon noir et d'huiles d'argan et d'ambre rouge, dans les vapeurs et la lumière tamisée des bains. Mejaÿ, le guépard, les attendit en se prélassant à l'ombre. Une tasse de thé à la menthe très sucré plus tard, habillés de leurs vêtements qui exhalaient encore des relents de sel dans un cocon d'épices, ils étaient partis pour conclure leurs affaires de la journée.

L'après-midi passa à tir d'ailes et le soir tomba. Ils prirent la route de la crique boisée où ils devaient rencontrer l'équipage de L'Anguille. Sous les larges palmes de quelques cocotiers, Léo compta cinq ou six longues enjambées, sous le regard perplexe de Malik, sauta sur place sur le sable pour sentir une sorte d'affaissement de terrain et s'agenouilla par terre pour faire apparaître une petite trappe en bois en balayant les sédiments. Malik le rejoignit en bondissant et comprit que c'était l'accès à une coque de bateau enterrée et refermée par de lourdes planches, couvertes de sable. Léogan l'ouvrit à l'aide d'une clef en cuivre qu'il portait au cou et descendit dans le noir, les doigts crépitants d'une lumière bleutée. Il lui dit que c'était sa cale aux trésors et qu'il y avait là-dedans assez de marchandises de valeur qui, en les revendant, les feraient vivre comme des pachas pendant quelques mois. Ça faisait près d'un siècle qu'elles croupissaient là. Il y avait des matières précieuses, de l'ivoire, de l'ambre, des mosaïques, mais aussi du très vieil alcool, et des armes volées, encore en très bon état. Il avait tout rangé dans des caisses hermétiques, qu'ils commencèrent à disposer sur la plage, dans l'ombre des arbres, en attendant l'arrivée du premier bâtiment.
La nuit était tombée quand ils aperçurent le pavillon de L'Anguille, à la lumière de leurs braseros. Ils l'avaient attendu une bonne heure en mangeant une noix de coco, et en buvant au goulot d'une bouteille de rhum qui avait bien failli faire vomir Malik.

Le capitaine Bebran débarqua sur la plage avec son équipage et fit amener sa propre cargaison en discutant de ce qu'il était prêt à échanger. Il s'enquit surtout d'une proposition que Léo lui avait faite, quelques semaines plus tôt et qui consistait à revendre à très bon prix des articles volés que Bebran, lui, n'arrivait pas à écouler. Naturellement, Léo n'était pas assez riche pour les acheter au vieux capitaine, mais ils convinrent qu'il laisserait une première caution avant de lui remettre la moitié du pourcentage des bénéfices occasionnés.

« Rendez-vous à cette crique à l'extrême sud, disons dans un mois alors ?
– D'ici là, le stock sera écoulé, capitaine, parole. Vous aurez votre marge de bénéfices, y aura pas à regretter d'avoir fait affaire.
– J'en suis certain, vous connaissez les risques que vous encourez. Vous savez que vous paierez le prix fort si vous m'faites un coup fourré... Il n'y a qu'une loi dans le métier, et...
– Ceux qui y contreviennent s'exposent aux vendettas. Je n'disparaîtrais pas dans la nature avec l'argent, camarade, j'ai aucune envie d'être sur le qui-vive à Argyrei. Je m'suis fait assez d'ennemis dans le reste du monde connu pour toute une vie.
– C'est pas très engageant sur votre fiabilité, dit comme ça.
– Je n'ai de vrais problèmes qu'avec la justice conventionnelle. Les gens du métier ne me jugent pas. Je vous assure que vous serez plus gagnant avec moi qu'avec les pègres de Mavro. Si elles ont assez de pouvoir pour vous rouler sans être inquiétées, ce n'est pas mon cas.
– J'espère bien. Rien que ce que contient ce coffre vaut dix fois la caution que vous m'avez donnée.
– Des pierres de sphène volées. Elles ne vaudront rien si vous ne savez pas à qui les revendre. Comme à peu près... L'ensemble de la cargaison que vous m'avez refilé. Ça vous ennuie de m'en donner un inventaire ?
– Non, non, bien entendu, allez voir Gill, il vous remettra ça, on a bientôt fini de décharger. Je vous abandonne quelques minutes, faut que je voie mes acheteurs habituels pour régler certains détails.
– Très bien. »

Léogan lui adressa un petit salut nonchalant de la main et se dirigea vers le gratte-papier qui tenait les comptes sur la grève, Gill. D'autres navires marchands avaient en effet jeté l'ancre entre temps et les caisses maritimes s'entassaient sur le port naturel, où les commerçants se livraient sereinement à leurs échanges hors-la-loi. Il posa sa bouteille de rhum sur une caisse qui lui appartenait plus ou moins, désormais, et enfonça ses bottes dans le sable mouillé où pataugeait Gill qui invectivait l'équipage.

« Le patron demande quel est le numéro de la caisse avec les trucs d'art d'Argyrei ! »

Le cri arrêta tout à coup Léo qui haussa les sourcils de surprise.
Le patron ? Bebran ? Il l'avait vu à l'instant. Et surtout, il n'y avait plus motif à chercher les ouvrages d'Argyrei, car comme tout ce qui avait été volé ou acquis frauduleusement ici, ils étaient entrés en sa possession jusqu'à trouver d'autres acheteurs sur des marchés parallèles.
Son guépard se frotta contre ses jambes et posa le premier ses deux yeux ambrés sur le marin qui venait de donner de la voix, à quelques pas devant eux. Ses oreilles s'aplatirent doucement sur son crâne et il feula entre ses crocs. Son maître le scruta d'un air incrédule tandis qu'il commençait à grogner et qu'il s'écrasait de méfiance contre le sol. Mejaÿ était pourtant plutôt sociable comme animal. Non qu'il avait été dressé – quand il était mécontent, il lui arrivait de donner de grands coups de pattes qui pouvaient s'avérer dangereux – mais il avait toujours été habitué à la proximité humaine. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Léogan fronça du nez et leva un regard soucieux vers la personne qui inspirait tant d'alarmes au guépard.

La silhouette d'une femme se découpa à la lumière des braseros de la plage, une femme élancée dont les charmes étaient habilement dissimulés dans des vêtements amples, et qui se serait encore fondue longtemps dans la cohue de l'équipage, si elle n'avait pas eu l'idée de hausser un peu le ton pour apostropher le greffier. Dans la pénombre, il distingua au premier regard une épaisse crinière rousse, nouée rapidement dans son dos et échevelée comme une queue de comète. Mais elle détourna légèrement le visage et Léogan n'aperçut qu'une ombre de minois encrassé et de longs cils qui papillonnaient d'ennui. Un sourire espiègle lui traversa le visage. Il posa sa main tatouée sur la garde de sa rapière et la tira lestement de sa ceinture. D'un coup de botte précis, il fit voler le couvercle d'une petite caisse en bois avec assez de fracas pour attirer l'attention de la rouquine. Elle se retourna. Ses cheveux tirés en arrière laissaient apprécier l'ovale parfait de son visage, la couleur veloutée d'une peau blanche comme le lys, deux grands yeux verts qui pétillèrent vers lui et sous un nez charnu, une très belle bouche, rouge et pulpeuse. Malgré la poussière dont ce visage était recouvert, ce n'était certainement pas celui d'une travailleuse de la mer.
Les sourcils en vague et le rictus marqué de sa nonchalance rusée habituelle, Léogan jeta un regard rapide sur le contenu de la boîte – des gravures, essentiellement, quelques statuettes en ivoire et des mosaïques colorées – et il releva la tête vers la jeune femme aux oreilles pointues. D'un geste désinvolte, il pointa sur la caisse la lame de son épée en damas, chamarrée du gris métallique au brun cuivré et striée des veines bleutées par l'oxydation, causées par le sang, l'usure et la mer.

« Mh, vous voulez sans doute parler de ça ? » lança-t-il tranquillement, appuyant sa botte sur le rebord de la caisse et son second coude sur son genou.

Il lui offrit un sourire carnassier mais se retourna presque aussitôt pour interpeller le petit garçon en presque guenilles qui courait partout sur la grève pour le seconder dans ses tâches.

« Malik ! »

Le gosse s'arrêta en dérapant dans le sable, comme un animal surpris, et Léogan lui tendit le coffret de pierres de sphène, que Malik examina sans comprendre.

« Range ça avec le reste dans la cale au trésor, tu veux ? Tiens, acheva-t-il en fouillant dans la poche de son cafetan pour en tirer sa vieille clef tordue, qu'il donna également au petit, qui la scruta avec la même méfiance.
– Tu blagues pas ? finit par dire le gosse, avec une grimace de malaise. J'peux y aller pour de vrai ?
– Non, pour de faux, répliqua Léo, agacé par le contre-temps. Tu fais faire une promenade à ce joli coffre sur la plage, histoire qu'il profite du paysage, y a un très beau clair de lune – et puis tu le ramènes au chaud par ici, vu ?
– Haaaha. Non, mais... ? T'es chiant, on sait jamais quand... Bon tu rigoles ou pas ?
– Vas-y, p'tit, j'te fais confiance. »

Il lui sourit franchement, le regard luisant de sentiments et de pensées contradictoires et sans attendre, Malik lui chipa la clef entre ses doigts pour s'empresser de prendre les jambes à son cou.

« Ça, j'y crois pas une seconde ! cria-t-il en s'esclaffant à moitié.
– Touche à rien, sinon c'est ta paie qu'tu toucheras pas ! Ho, Malik ! s'exclama Léo, à sa suite.
– J'suis sûr qu'là d'dans, y a d'quoi avoir dix fois ma paie en une journée si j'trouve à qui l'refourguer !
– C'est ça ! hurla Léogan, un ton plus haut, comme le gamin s'éloignait. Fais gaffe de pas t'perdre en ch'min, futé !
– Nan, M'sieur Léo, t'inquiète pas ! »

Malgré les airs de querelle de cet échange, Malik avait bien pris le chemin de la planque de son patron du moment, en contrebas vers l'intérieur des terres, en s'enfonçant dans une palmeraie épaisse, seulement guidé par la lumière des trois lunes. Léogan avait toujours eu l'habitude d'engager de la mauvaise graine pour faire les quatre cents coups. Les gosses des rues étaient plus malins, plus habiles et plus furtifs que la plupart des adultes et le grand regard d'agneau de Malik avait un pouvoir d'apitoiement difficile à surmonter. Évidemment, ces courtes collaborations ne l'avaient pas épargné de revers prévisibles. Il y en avait eus, des petits voleurs qui s'étaient carapatés avec un petit butin octroyé sur la marchandise, mais Léogan ne les avait jamais blâmés ni poursuivis. Les plus intelligents, dont Malik faisait partie, avait appris que le vrai bénéfice se faisait à long terme. Il y avait déjà deux mois que le môme le suivait partout, espiègle, débrouillard, et mauvais comme une teigne, qu'il tirait leçon des arnaques auxquelles il assistait, qu'il apprenait les ficelles de ce métier où tout venait à point à qui savait attendre et qu'il était payé régulièrement – parfois en nature, avec de petits objets de valeur qu'il vendait pour son propre compte. Certains auraient pu parler de corruption de la jeunesse. Léogan y voyait seulement une excellente école de vie. De son point de vue, c'était toujours mieux que de demander la charité dans les rues désertes d'Amaryl ou de se faire rosser jusqu'au sang par un grossiste auquel le petit aurait soutiré un peu de pain.

Mais son attention retourna vite à la rouquine, vers qui il pointa sa rapière, sans agressivité cependant, d'un simple mouvement du poignet chargé de la mettre dans l'embarras.

« Alors, qu'avons-nous là ? susurra-t-il avec la délectation joyeuse d'un chat devant son dîner, un sourire mesquin aux lèvres. Une jeune recrue étourdie... ? Ou serait-ce une renarde un peu trop fureteuse... ? Entre nous, je suis peut-être un poil trop suspicieux, mais c'est ce qui me semble le plus probable. Quelque chose à dire pour votre défense, belle plante ? Vous faites quoi à fouiner au milieu de mes marchandises ? »

Le regard joueur de Léo vrilla au noir froid et cassant qu'il avait d'usage quand les choses étaient en passe de mal tourner. Naturellement, il n'avait aucune idée de ce qui cette femme était, ni même si elle était coupable de quoi que ce soit ce soir, ou en phase de l'être. Il s'agissait de s'en assurer. Il observa tranquillement les objets qui traînaient dans la boîte en les soulevant à demi de la pointe de son épée.

« Le p'tit a raison, tous les trésors ne sont pas d'argent et d'or. Mais ce ne sont jamais qu'eux qui m'intéressent. N'importe quel de ces insignifiants bouts d'bois doit valoir une fortune. »

Malgré l'inflexion d'indifférence de sa voix, quand il releva ses yeux vifs sur la jolie rouquine, ce fut avec assez de résolution et d'exigence pour tenter de la percer à jour.


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Sam 14 Nov - 20:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeLun 13 Juil - 8:26

C’était à prévoir, trop de choses avaient été trop faciles depuis qu’elle avait débarqué. A quoi s’attendait-elle ?

« Oh ! Oui bien sûr… Vous voulez parler de cette caisse-ci ? Je vous en prie, prenez ce que vous voulez ??? »

Ceci dit, on y était presque « Mh, vous voulez sans doute parler de ça ? » Et plus outre, en se retournant le visage qui l’avait interpelée valait bien celui du scribe binoclard qui épuisait ce qui lui restait de vue sur des écritures plus muscadines que la piste d’un scarabée sur la latérite du désert. Seul problème le sourire. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner que déjà les soupçons à son égard fleurissaient comme les crocus au dégel de Mésoa. Cela ne l’empêcha pas de lui adresser le sourire innocent, que la renarde savait distribuer à qui voulait bien les attraper. Elle avait vite appris que les femmes partaient avec un a priori défavorable en ce qui concernait leur intelligence et que les sottes sont souvent pardonnées, considérée souvent comme manipulées ou sans intention de nuire véritablement. Cependant, si elle en jugeait par l’impatience dont le dernier arrivé pouvait faire preuve avec le gamin qu’il avait hélé, il allait être difficile de temporiser bien longtemps. Par contre…

*Cette clé mon amour semble ne pas être n’importe qu’elle clé
_ J’avais compris aussi : la cale au trésor…*


Son regard pétilla de gourmandise alors que le Sindarin finissait de se gausser du gamin, gamin qui lui prenait les remontrances pour du pain béni mais se privait pas pour toucher là où cela pouvait faire mal comme le fameux trésor…

*Ces deux-là doivent bien s’aimer…
_ On dirait ma tout belle !*


La complicité ne faisait aucun doute entre ces deux-là. Comment se sentir proche de ces petites larves que sont les enfants ? Ce qu’elle avait eu comme brève, très brèves relations avec cette engeance, l’avait incitée à passer son chemin. Il faut toujours avoir un œil dessus, ils veulent toujours tout, tout de suite et tout n’est que jeu pour eux.

*Un peu comme toi….
__Oui et en plus ils sont plus forts que moi lorsqu’il s’agit de jouer…*[/i
]

La dernière remarque de la Sindarine arracha un sourire amusé à la Syliméa alors qu’elle suivait des yeux le môme se dirigeant vers la fameuse cale au trésor. Toute information était bonne à prendre, savait-on jamais si les affaires ne tournaient pas comme elle le souhaitait, sa bourse avait toujours besoin d’être renflouée et cette cale méritait qu’on y assouvisse au moins sa curiosité, mais nul besoin d’aller aussi vite en besogne car le bretteur la ramena vite à la réalité du moment. Elle aurait pu profiter de ce répis pour essayer de prendre ses jambes à son cou. Elle était rompue à la course, chose naturelle lorsque l’on a les occupations de notre héroïne. Cependant une rapide analyse de la situation suffisait à renoncer à cette option. Trop de monde entre elle et la liberté se tenaient sur cette plage. Elle aurait tôt fait d’être interceptée avant le lisière de la végétation en outre elle signerait là les aveux que le regard de son interlocuteur faisait déjà à sa place. Pas besoin d’envenimer la situation. Après tout si elle devait positiver, elle était dans la place et peut être quelque chose de bon allait sortir de tout cela.

Ses yeux suivirent la pointe de la rapière. Le type semblait fort à son aise avec cette arme, mais ne semblait pas disposé à embrocher sa prise tout de suite ce qui mit notre rouquine un peu à son aise. Toujours souriante, elle pointa son index en direction de l’estoc. Les questions quant à elles contenaient les réponses qu’il pouvait entendre mais il était difficile de savoir lesquelles allaient le satisfaire en termes de crédibilité et de réaction à l’égard de la Syliméa. Le ton était plutôt badin et peut être accepterait-il la vérité comme une évidence mais un quelque chose lui indiqua qu’elle prenait ses rêves pour la réalité. On n’organise pas des rencontre avec des navires en dehors des ports sans être au minimum un fraudeur, voire un contrebandier patenté, voire un pirate et qui sait un pirate sanguinaire. Elle s’amusa de sa façon de noircir le tableau. Elle n’était pas non plus en danger immédiat. II y avait de quoi manœuvrer encore, mais elle se devait de ne pas laisser l’esprit visiblement aiguisé en venir à  des conclusions en sa défaveur. Déjà le fait qu’il cherche à  comprendre la valeur du contenu de la caisse indiquait qu’il cheminait tout doucement vers une issue qui pouvait ne pas la servir.

Elle profita donc qu’il ait baissé la pointe de son dard pour s’approcher sans hâte_ pas la peine de réveiller une agressivité latente_ de la caisse et décida de jouer carte sur table. Elle ne releva pas le compliment ironique sur sa plastique, il n’était point temps de jouer cette carte et quelque chose murmurait à son oreille qu’elle n’aurait pas l’accueil dont elle pouvait se vanter d’ordinaire.

« Vous savez ce que je fais, pitaine,  au milieu des caisses je chinais celle-ci. Rien d’interdit si ? »


Elle avait failli dire : « rien de répréhensible à ce que je sache ». L’habitude de fréquenter les salons installe des réflexes qui ici pouvait se révéler compromettants même face à un Sindarin, aussi atypique soit-il et sans doute habitué à un parlé châtié, même si quelque chose dans son attitude et sa mise le mettait à part parmi ceux de son peuple, à commencer par cette barbe que peu de ses congénères portent. Celui-ci le faisait fort bien mais revenons à notre caisse.

Elle s’accroupit près de la  dite caisse en regardant du côté des yeux noirs afin de s’assurer qu’elle en avait bien la permission et appuya ses mains sur le bord et acquiesça.

« En effet, une petite fortune. Le tout est de connaître leur valeur… »

Certains s’offusqueront de ce que j’ai appelé ici jouer carte sur table. Certes elle ne révéla pas qu’elle était là pour le délester d’une pièce qu’elle devinait là déjà au fond de cet écrin de fortune. D’abord parce qu’à l’évidence il n’était pas utile d’aller jusque-là pour que son interlocuteur le soupçonne et parce qu’elle n’était pas non plus d’un naturel suicidaire. Elle s’essuya les mains du mieux qu’elle put  sur ses cuisses et dégagea lentement du fatras une statuette en bois noire sans souci cette fois de la pointe d’acier qui pouvait les transpercer aussi facilement qu’une aiguille dans l’étoffe de soie.

*On lui dit que les œuvres d’art s’emballent avec plus de soin que la vaisselle de bobonne ?...
_ Nooooon… Déjà s’il nous laisse faire notre petit numéro nous aurons de la chance on ne va pas en plus le blesser…
_ Concentre toi surtout sur ce que nous allons lui dire.
_Et si notre indice est abîmé?
_ On avisera plus tard. Pour l'instant... *


« Par exemple cette danseuse… Jolie facture belle patine… A l’évidence très ancienne… Très, très ancienne…»
Elle faisait tourner l’objet entre ses doigts au risque de révéler des mains trop soignées pour un matelot malgré la terre dont elles étaient maculées.
« On se dit une centaine de Dias  c’est déjà pas si mal. Mais quand on connaît un peu ce bois… De l’ébène… Sans veine disgracieuse, d’où sa conservation… On double le prix… »


Elle eut une moue approbatrice.

« Oui je dirais bien 200 Dias »

Elle retourna ce qui quittait tout doucement la catégorie des bibelots et y trouva, sous le petit socle lui aussi d’ébène, ce qu’elle pressentait. Elle se releva et le leva vers les yeux du Sindarin.

« Azaliarias… Ces œuvres valent toutes une fortune juste parce qu’elle son estampillées de son nom. Il a réalisé des chefs d’œuvre avant LA guerre mais d’autres sont mineures comme cette statue. De l’alimentaire tout au plus, mais sa griffe fait s’envoler son prix… D’autant qu’il faut beaucoup de chance pour en trouver encore sur le marché…»

Comment cela, c’est exagéré ?! Pour ceux qui découvrent notre Elië je rappellerai simplement qu’elle a depuis toujours un goût prononcé pour les belles choses, les œuvres d’art en particulier. Visiter les expositions fréquenter les salons est une de ses activités favorites. Si elle ne parvient pas à épargner c’est justement qu’une partie de ses émoluments passe dans les achats de livres et d’œuvres, voire lorsqu’elle est frustrée de catalogues de ces mêmes expositions qu’elle fréquente. Ses connaissances en la matière sont loin donc d’être négligeables. De plus, la situation exige de sa part qu’elle fasse comme si, et si elle doit en rajouter pour mener à bien une quelconque duperie elle n’hésitera en aucun cas s’appuyant sur des connaissances réelle pour lui donner forme. En l’occurrence, tout est parfaitement vrai à part peut-être en ce qui concerne l’artiste ?...

« En conséquence, un minimum de 700 Dias et bien plus si vous tombez sur un amateur… »

Elle présenta enfin la statuette dans son ensemble en prenant un pas de recul pour que les rayons de lune frappent les galbes de de l’œuvre et que le Sindarin puisse l’embrasser dans son intégralité en un seul coup d’œil.
Puis soudain elle prit un air complice.

« Oooh ! Mais vous saviez déjà tout ça, pas vrai, bosco ? Vous avez peut-être même un acquéreur dans votre manche »

Elle avait appris une chose, c’est qu’il faut toujours mettre son interlocuteur en position haute si on veut endormir sa méfiance et en la matière, le regard froid et pénétrant de ce type lui indiquait qu’elle devrait utiliser toutes les ficelles…
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeLun 13 Juil - 18:04

La jolie bouche de la rouquine esquissa un sourire d'une stupidité resplendissante. Léogan y répondit d'un rictus d'une bienveillance très forcée. Il n'avait jamais eu aucune pitié pour les gourdes, et ce n'était pas pour aujourd'hui qu'il aurait meilleur cœur, surtout si ses soupçons se révélaient exacts.
D'un pas souple et tranquille, pas très intimidée manifestement par la rapière qu'il avait tirée au clair, elle s'approcha de lui pour poursuivre d'une voix non moins innocente. La tête de Léogan bascula en arrière et il scruta le visage sans peur de la donzelle avec curiosité. Drôle de réaction pour quelqu'un qu'on menaçait d'embrocher sans délai ou d'être éventré par un fauve. La plupart des gens l'aurait au moins gratifié d'un sursaut, d'un bredouillement ou d'un hoquet, mais elle, rien, pas même l'expression de la surprise. C'était comme une actrice si habitée par son rôle qu'elle pouvait absolument tout jouer. Sauf la réaction spontanée.
Mais cela seulement ne l'avait pas trahie. Elle avait tiré une conclusion rapide, qui aurait certes pu servir son mensonge, sans la chausse-trappe qu'il lui avait tendue en revendiquant l'appartenance de ces marchandises. Le « capitaine » fit mine de rien, cependant, croisa les bras, et la laissa s'accroupir près de sa caisse, le fil de l'épée à quelques centimètres seulement de ses cheveux roux et de sa jolie gorge. Après tout elle semblait bien plus maligne qu'elle ne voulait le faire croire, il serait intéressant de voir comment elle comptait se sortir de ce faux pas.

Il l'écouta sans l'interrompre et passa chacun de ses gestes au crible, le regard un peu désapprobateur qu'elle posa sur le désordre d'objets hétéroclites qui peuplait la caisse, le soin qu'elle avait d'essuyer ses mains sur ses vêtements et la précaution avec laquelle ses doigts s'enroulèrent autour d'une statuette. Cela, associé à la finesse de ses mains pourtant crasseuses, et à sa belle crinière longue et flottante, aux couleurs pleines d'éclats sous la lumière des braseros, renseignaient sur la position de cette femme, son statut ou sa liberté. Les cheveux, les jeunes femmes ordinaires les coiffaient en nattes filandreuses et ternes, les femmes mariées les dissimulaient sous des guimpes, les dames de haut-lignage les bouclaient et les modelaient, les guerrières les portaient courts – seules les femmes d'exception (ainsi que les courtisanes et les prostituées) s'affichaient cheveux au vent pour souligner leur indépendance. Les mains, trop délicates, trop soigneuses avec l'article qu'elle tenait, étaient celles d'une citadine. Les manières, celles d'une connaisseuse. Qui était-elle ? Une artiste ? Une faussaire ? Probablement une receleuse d'ouvrages d'art, ce qu'elle lui déballait tenait assez bien la route. Alors une voleuse... ? Comment avait-elle atterri ici dans ce cas et que comptait-elle faire ? Lui soutirer sa marchandise et la vendre à son propre compte ? Ou alors ce vieux Bebran avait-il mis la main sur un trésor qu'il n'aurait pas reconnu et qui aurait attisé certaines convoitises... ?

En tout cas, elle semblait avoir saisi un bon prétexte pour inspecter le contenu de cette caisse – pour en estimer la valeur ou pour chercher quelque chose, ça restait encore à déterminer. Les compétences qu'elle démontrait, cependant, allumaient une flamme d'intérêt plus vive dans les yeux opaques de Léogan. Il tenait toujours son épée d'une main, mais se laissait presque distraire par les prix qu'elle lui faisait miroiter et il se penchait peu à peu sur les œuvres qu'elle lui présentait, frottant sa barbe dans sa main, songeur, et observant tour à tour les articles et le minois de la renarde sous la lumière vaporeuse des trois lunes.
Enfin, l'audace laissa place à la prudence chez elle, elle se releva et fit un pas sur le côté, se préparant peut-être à décamper si son double stratagème venait à échouer. Léo plissa des cils avec amusement et décroisa les bras pour marcher sur elle d'un pas félin, sans trop d'égard pour la statuette qu'elle avait abandonnée sur le sable et qui valait sept-cent dias au bas mot. La chasse avait toujours plus d'attrait à ses yeux que l'argent...
Les flatteries qu'elle minaudait, toutes en velours, et la nouveau titre qu'elle lui attribua – moins reluisant que le premier, à croire que la pauvre n'avait plus confiance en ses propres déductions – ne furent d'aucun recours contre un Léogan qui avançait toujours vers elle et qui ne s'arrêta qu'à quelques centimètres, assez près pour la détailler plus aisément et au besoin, pour lui trancher la gorge au moindre mouvement suspect. Il laissa un silence tranquille planer quelques instants, sur le bruit de discussions des marins, de fracas des caisses qu'on transportait, du flux et du reflux incessant des vagues sur la grève, et il sourit aimablement.

« Vous êtes une menteuse, madame, une habile menteuse, mais je crains que l'un de vos coups de poker ne vous ait été fatal. Je vous laisse deviner l'objet de votre méprise. »

Sous sa capuche pourpre, il sourit sans brusquerie mais garda ses yeux noirs bien fichés dans ceux, très verts, aux reflets étranges et changeants, comme la houle sur la mer. Mejaÿ, sur ses talons, grognait toujours de méfiance et lui donnait quelques coups de tête dans le mollet pour l'inciter à reculer. Léo n'y prêta pas attention, trop absorbé par son jeu et il poursuivit d'une voix aussi sereine que cette nuit du sud qui l'inspirait en louvoyant jusqu'au fond de sa poitrine :

« Heureusement pour vous, vous couvrez bien vos arrières. Je suis d'une ignorance crasse en la matière : je n'connais de l'art que ce que j'ai pu apprendre sur le marché. Cette danseuse, j'aurais pu en estimer le prix, mais en toute honnêteté votre... Alizarias... ? » Il fronça des sourcils. « Il ne me parle pas davantage qu'un théorème de physique des Eclaris. »

Il haussa des épaules avec une honnêteté désinvolte, un rire rocailleux au fond de la gorge, et se tourna légèrement vers la caisse éventrée qui laissait encore luire sous le feu des braseros et la lumière du ciel des trésors insoupçonnés.

« Ceci étant dit, vous comprendrez que je ne pourrais pas deviner si votre petite performance n'est que du bluff, ou si vous avez effectivement les bonnes cartes en main. Permettez-moi seulement une question. Qu'aimez-vous mieux, dites-moi, les objets d'art ou l'argent que vous pourriez en tirer ? »

Car après tout, oui, il devait admettre que son flair en matière artistique avait attisé sa curiosité... Et s'il pouvait en tirer quelque chose, il n'y avait pas lieu d'hésiter.
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeMar 14 Juil - 9:59

Clairement elle était sous haute surveillance et elle avait bien conscience que le moindre faux pas serait retenu contre et que les faux pas ne manqueraient pas de se produire. Elle savait bien que les marins, les choses de mer en général lui était presque complètement inconnu mises à part ses lecture plus ou moins romancées. Elle se demandait juste quand elle serait prise en défaut et qu’il lui faudrait passer aux aveux… Et puis il y avait cet animal qui semblait vouloir dénoncer chacun de ses mensonges pourtant pas si gros. Elle avait bien essayé de faire abstraction, ses feulements finissaient par l’inquiéter autant qu’ils pouvaient aussi être horripilants à force. D’autant que le type en face d’elle semblait avoir reçu tous les avertissements de son guépard et se proposait de passer à l’étape intimidation. Chacune de ses mimiques indiquait qu’il ne se laisserait pas berner si facilement et qu’il avait l’habitude de se méfier des rencontres improbables comme celle qu’il était en train de vivre à ce moment. C’était bien naturel pour quelqu’un qui flirtait avec la légalité. On ne fait pas de vieux os dans ce genre d’occupation sans un minimum de circonspection…

Chacune de ses paroles de ce fait était un examen qu’elle passait devant un jury pointilleux. Ce n’était pas la première fois et il en fallait plus pour lui faire perdre ses moyens et sa capacité d’improvisation, mais elle aurait mentit si elle avait nié ne pas ressentir une pression supplémentaire. Pression qui faisait monter l’adrénaline et activait ses méninges à grand renfort d’un influx salutaire qu’elle goûtait à chaque fois comme le flash du toxicomane.

Il ne s’y prenait pas forcément de la manière la plus effrayante qui fut pour intimider une femme habituée à se retrouver collée serrée avec les hommes quotidiennement, mais elle se devait de rester sur ses gardes. Lui avait déjà le fer au clair alors qu’elle avait toujours sa lame au fourreau. D’autant qu’au milieu de tous ces trafiquants qui avaient tous au minimum une dague sur eux, elle ne ferait pas le poids en cas d’hostilité armée. Elle avait compris depuis bien longtemps que sa seule issue serait diplomatique. Le Sindarin ne semblait pas stupide_ elle l’aurait bien voulu pourtant_ mais avec une personne intelligente il y avait forcément moyen de s’arranger…

Elle se garda bien de le contredire sur ses mensonges ni même d’essayer de répliquer au sujet de sa maladresse. Elle eut un sourire fairplay avant baisser son regard vers les pointes de botte de l’habile stratège comme pour cacher l’amusement qui était le sien. Elle était découverte, soit ! Autant prendre la chose du bon côté… Elle avait voulu pousser son avantage un peu trop loin, c’était une leçon dont elle devrait tenir compte pour l’avenir. Car elle se voyait encore un avenir. S’il avait voulu en finir avec elle ce serait déjà fait et paradoxalement, elle ne parvenait pas à  se sentir en danger immédiat, même si une part d’elle cherchait à toute vitesse ce qui pourrait bien la sortir de ce tout de même mauvais pas.

*Tu devrais le savoir depuis le temps… Ne pas en rajouter tant qu’on n’a pas assez d’informations sur le pigeon !
_ Je m’amusais tellement !...
_ Et maintenant comment tu vas t’amuser à ne pas te retrouver à fond de cale ?
_ Tout de suite !...
_ A part être un peu plus…
_ Honnête ?
_ Franche ?
_ Directe ?
_ Discrète ?
_ Prudente !
_ Prudente ? Là c’est trop tard…*


Elle passa ses doigts dans ses cheveux pour faire glisser le lien qui les liait et secoua la tête pour les aider à s’arranger sur ses épaules et dans son dos.

« Ok, je ne suis pas une de vos mousses… »

Son sourire innocent mais cette fois très naturel sans une once de minauderie réapparut sur ses lèvres. Elle planta son regard sous sa capuche pour essayer de croiser son regard pour ajouter avec un aplomb teinté du plus grand naturel du monde.

« Mais à part une promenade sur votre plage, je n’ai rien fait de mal »

Elle leva plus haut les sourcils comme pour avoir l’assentiment du maître du jeu mais surtout pour essayer d’intercepter son regard. A garder le silence ainsi il devenait, elle devait bien l’avouer, un peu plus menaçant et inquiétant. Sans le reflet de ses prunelles elle se demandait bien ce qui se manigançait dans sa caboche. Au milieu de ce silence accusateur, les autres bruits semblaient plus lourds de menace. La plume du scribe semblait signer sa destiné, les pas autour, semblaient ceux du bourreau venant chercher le condamné dans sa cellule et même les vagues dont elle avait appris à aimer le chant depuis qu’elle avait embarqué pour sa première pérégrination maritime semblait cancaner à son sujet comme les tricoteuses devant le gibet.

Quand enfin il consentit à croiser son regard hors de la pénombre de son couvre-chef, elle y lut une lueur plus rassurante qu’elle ne s’y attendait. Si elle était certaine qu’il ne fallait pas sous-estimer le trafiquant, elle sentait de plus en plus qu’il n’était pas non plus un spadassin qui donne la mort pour le plaisir et sans réfléchir. Si elle parvenait à paraître utile à  ses intérêts elle avait toutes les chances de se sortir de cette histoire et qui sait d’obtenir ce pour quoi elle était là. Lorsqu’il reprit la parole, elle laissa ses yeux plonger une nouvelle fois vers l’intérieur de la caisse qui contenait l’objet de sa convoitise. Avec un peu de chance il lui suffirait de tenir la pièce dans ses mains pour y trouver le renseignement tant souhaité. Elle n’aurait pas besoin ni de le voler ni même de l’acheter… Son double la rendit à la réalité.

*Tous les historiens et chercheurs de trésors de ces derniers siècles se sont cassé les dents sur cette donnée et toi en trois secondes tu la trouverais ?
_ Humm… Oui, ma douce, je rêve un peu…
_ Je ne te le fais pas dire… Occupe-toi plutôt de ce grand chat qui commence à se montrer insistant…*


Elle éluda un instant les considérations artistiques du contrebandier et désigna le coureur des savanes du menton.

« Un bien bel animal qui vous accompagne là et surtout peu commun… Cela change des perroquets des images traditionnelles de loups de mer… »

En même temps elle goûtait le nouvel intérêt que le barbichu lui témoignait. Tous ses efforts n’avaient donc pas été vains. Elle reprit le ton dégagé de son interlocuteur et fit un geste évasif de la main contenant toutes les excuses du monde.

« Oh ! Ne vous excusez pas moi non plus je ne brille pas en physique »

Elle finit par un rire léger et aérien. Puis poursuivi pleine de compréhension pour la méfiance avouée du Sindarin.

« On n’est jamais trop prudent… Mais si cela peut vous rassurer, je ne suis pas vénale. C’est bien là mon malheur. »

Elle avait pris un ton contrit et l’arc de ses sourcils s’infléchit tristement. Nul besoin de jouer la comédie car on ne peut plus véridique. L’argent ne lui servait qu’à assouvir ses désirs, aussi ne thésaurisait-elle que très peu. Elle était un véritable panier percé d’où sa tentive hasardeuse de récupérer gratuitement la pièce qui gisait quelque part dans cette malheureuse caisse laissée avec désinvolture sur cette plage au mépris des trésors qu’elle contenait.

« Les objets, leur beauté, leur histoire… C’est ça qui me motive »

Un sourire gourmand accompagna cette dernière remarque.

« Mais vous n’êtes pas obligé de me croire… Il faudrait que vous me connaissiez depuis plus longtemps ou… Que vous me mettiez à l’épreuve... »

Elle eut alors un rictus faussement désappointé étirant sa commissure labiale gauche.

« Mais je doute que dans ce coin perdu ou trouve des collectionneurs capables de mettre assez dans vos… merveilles… »

Ses yeux étaient revenus au contenu de la boîte et son hésitation signifiait que si effectivement, il y avait de belles pièces, d’autres en revanche ne manqueraient pas au patrimoine des nations si un maladroit s’en servait, pour se chauffer l’hiver ou réparer son mur.

Enfin elle planta ses prunelles dans celle de celui chez qui elle semblait avoir éveillé un petit intérêt, un sourire vainqueur aux lèvres avant de lancer une réplique peut-être un peu osée dans sa situation, mais elle n’allait pas se conduire comme une coupable toute la soirée et pousser son avantage était de bonne guerre.

« Pour ma part il me faudrait une bonne raison de vous faire confiance… »

Elle baissa la voix comme pour instaurer une certaine complicité avec le celui qui n’avait toujours pas rengainé sa rapière.

« … Que je vous connaisse depuis plus longtemps… Que je me sente un peu plus… en sécurité…»

Elle fixa avec insistance les reflets bleutés de l’acier qui semblait être devenu un prolongement du bras du Sindarin. Soudain elle redressa la nuque faisant danser brièvement sa chevelure autour de ses épaules

« A propos de se connaître mieux, je me présente Elië Valanatëel »

Elle mima une révérence que son accoutrement masculin ne lui permettait pas mais dont il ne gâchait pas la grâce.
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeMer 11 Nov - 23:53

La rouquine défaisait le lien de ses cheveux dans un charmant mouvement de tête et lui offrait un sourire plus franc qui mettait fin au jeu du chat et de la souris un peu faussé que Léogan avait laissé se tisser entre eux. La dame, belle joueuse, admit sa défaite, non sans le toiser avec une méfiance qu'elle faisait bien de ne pas perdre. Il faisait tourner le manche de sa pappenheimer dans sa main, la tenant toujours à distance, tandis qu'elle enrobait ses actes pourtant si louches d'une excuse enjôleuse qui éveilla un rire dans la gorge de Léogan.

« En effet, acquiesça-t-il en la fixant de son regard railleur. Car ce ne sont pas mes mousses, ça ne risque pas, je ne suis pas le capitaine ! Bebran, c'est le barbu que vous voyez là-bas, en train de charlataner sur le prix de sa salade. Je ne suis qu'un humble contrebandier d'Argyrei. Naufrageur à mes heures perdues. Rien d'autre qu'un forban désargenté sans âme et sans cœur. Et quand j'aurai un bateau, je verserai sans doute aussi dans la piraterie. Et vous, vous faites quoi, dans la vie ? » demanda-t-il, plein de dérision et de légèreté.

Il lui sourit plus largement, sans scrupule ni complexe. Il s'amusait bien. Pourtant son guépard qui frottait avec insistance sa robe hérissée contre ses jambes, ne l'entendait pas de cette oreille et n'était manifestement pas plus sensible aux compliments élégants de leur invitée. Feulant et grognant entre ses crocs, le rabat-joie faisait savoir son mécontentement en flanquant quelques coups de tête insistants dans les genoux de Léo.

« Mejaÿ, arrête. J'ai compris. » commanda-t-il d'un ton sec à la bête, qui lui adressa un regard  courroucé et passa une langue sur ses babines. Il obéit, cependant, et fit taire ses grondements en criblant en même temps ses deux iris ambrés sur la rouquine suspecte, sous l'incompréhension parfaite de son maître. « C'est curieux, en tout cas, reprit-il, avec une moue soucieuse, il y a quelque chose en vous qui l'incommode. »

Toutefois ils ne s'arrêtèrent pas longtemps sur les états d'âme de l'animal, et la Sindarine entreprit de répondre à la question bizarrement frivole qu'il lui avait présentée. Elle lutina sur ses pieds, pépiant sur sa passion malheureuse pour les antiquités – dont elle n'avait étrangement pas l'air de lui reprocher d'en faire trafic – et sur le fait qu'il lui serait impossible de vérifier si elle était honnête ou non à ce sujet. Enfin, c'était ce qu'elle croyait. Léo esquissa un sourire rusé.

« ...en sécurité ? releva-t-il, levant un sourcil subtilement. Voyez-vous ça... »

C'était étonnant, cette femme ne misait même plus une seconde sur la défense. Elle ne tentait pas lui faire croire qu'elle ne cherchait pas à l'utiliser ou à le berner. Sa voix était sensuelle entre ses lèvres, ses phrases cheminaient sur une ligne de velours et ses mots pleins de sucre ne laissaient pas de doute sur ses intentions. Elle ne pouvait pas croire qu'il se laisserait embobiner par des subterfuges de femme faible qui s'en remet entièrement à la bienveillance protectrice d'une poitrine mâle. Elle avançait vers lui comme une danseuse sur des chardons ardents en espérant de toutes ses forces qu'elle ne se brûlerait pas dans les flammes qu'elle attisait sous ses pieds. C'était osé. Mais sans doute avait-elle compris, la rusée, le goût de son adversaire pour les passes d'esprit. C'était ni plus ni moins une invitation à demi mot à passer sur un autre terrain de jeu, où on admettait tacitement que la triche était autorisée et où on ne prenait plus la peine de cacher certaines cartes. Dans une révérence impeccable – que Léogan apprécia d'un œil connaisseur et qui confirma ses soupçons sur son appartenance sociale – la dame se présenta sous un nom chantant, comme un papillon échappé de la forêt cebrenienne, dont les ailes dorées laissaient poudrer le charme citadin de Canopée.
Il secoua la tête et sa capuche pourpre lui tomba sur la nuque, libérant sa tignasse broussailleuse, noir de jais, et les pointes effilées de ses oreilles.

« Moi, ce sera Léo, répliqua-t-il, moins cérémonieusement, un sourire pointu aux lèvres. Tout le monde m'appelle comme ça ici, je ne pourrais pas vous le cacher. Mais ce ne sera que 'Léo'. Navré si ça compromet légèrement votre sentiment de sécurité. Je ne suis pas très doué pour l'inspirer. Mais pour vous être aventurée jusqu'ici, Elië la renarde, vous avez l'air de lui préférer l'adrénaline du danger. Alors ça restera Léo et je ne vous donnerai pas la parole que vous pouvez me faire confiance. Comme ça, vous serez au moins certaine qu'il vaut mieux rester sur vos gardes. C'est la seule sécurité que je peux vous accorder. Ceci dit, pour vous plaire, gente dame. » fit-il, en s'inclinant profondément à son tour d'une révérence plus sobre, cependant, qui transpirait les habitudes militaires, ses yeux luisants toujours ancrés sur elle. Il rengaina du même mouvement sa pappenheimer à sa ceinture d'armes – signe qu'il avait bien reçu le message malgré tout.

Il avait bien conscience qu'il y aurait toujours quelque chose, dans le maintien, le comportement d'un individu, l'inflexion de sa voix, les mots choisis, le soin apporté à des mains ou à des cheveux, pour trahir un comédien. Ici, il n'avait jamais caché son passé dans l'armée, qui n'était pas si lointain à dire vrai, et dont il gardait toujours malgré ses flirts avec une vie plus romanesque, des automatismes très révélateurs. Parmi la pègre, certains s'amusaient à l'appeler « l'officier », d'autres « le capitaine », quand à Hellas ses manières autoritaires, sa fierté, ses breloques d'Argyrei et son goût pour les alcools hors de prix l'avaient fait baptiser par quelques moqueurs « le prince du désert ». Tout ce qu'il avait vraiment intérêt à dissimuler, ici, de toute façon, se tenait essentiellement en son nom, collé sur bon nombre d'avis de recherches passée la première frontière. C'était une vie qui lui plaisait, malgré tout, et surtout, qui lui convenait.
Les mains croisées dans le dos, le regard curieux, il esquissa un pas sur le côté pour contourner la jeune femme et l'observer sur toutes les coutures, tandis que Mejaÿ restait assis prudemment devant la caisse qui intéressait Elië.

« Mettons que je fasse le pari que vos talents de nez artistique ne soient pas usurpés, avança Léogan, penchant la tête à droite. Faites celui que je vous céderai ce qui intéresse votre caprice de collectionneuse dans ma cargaison... Si notre coopération se révèle fructueuse. » précisa-t-il, avec un coup d’œil entendu. Il n'y avait personne pour lui reprocher ses imprudences, ce soir-là, alors pourquoi pas ? Il n'avait pas grand-chose à perdre, si ce n'était peut-être une ou deux bricoles auxquelles il n'attachait pas de véritable intérêt. « A moins, glissa-t-il, finement, que vous n'ayez en tête un moyen de me connaître aussi bien que vous le voudriez, mais moi je n'en ai pas. »
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MessageSujet: Re: Chacun son chat   Chacun son chat Icon_minitimeSam 14 Nov - 6:55

Eh bien, elle était bien partie pour faire figure de la plus grosse gaffeuse de la plage. Oui cela suffisait bien amplement pour cette nuit. Voilà ce qu’il en coutait de se lancer à corps perdu dans ses recherches sans prendre plus d’information sur le nid de serpents dans lequel on mettait les pieds. Sa seule consolation était l »humeur apparemment badine de son interlocuteur qui ne semblait pas avoir décidé de l’embrocher tout de suite et qui faisait montre d’un humour piquant mais de bons alois. Elle ne pouvait lui en vouloir d’appuyer là où cela pouvait lui faire mal étant donné qu’elle était la seule responsable des ennuis dans lesquels elle s’était précipité tête baissée. On pouvait en outre lui reconnaître une certaine franchise et même une franchise certaine, avouant sans détour les mauvaises actions en tout cas du point de vue de la loi dont il se rendait coupable. Elle suivi du regard les indications qu’il lui donnait, on ne savait jamais ce qui pouvait être utile à survivre…

Mais il voulait en savoir plus sur sa prisonnière et il n’était sans doute pas question de de tourner autour du pot. De toute façon, elle était à peu près sûre que maladroite comme elle avait pu l’être, il ne croirait jamais qu’elle puisse être une ladrini qui ma foi jusqu’à présent sortait assez bien son épingle de sa condition d’assassin.

« Moi ? »

Commença-t-elle avec légèreté.

« Je passe mon temps à couper des gorges… Celles des naufrageurs en particulier »

Elle eut un petit éclat de rire, battant doucement l’air de la main comme après une bonne blague.

« Plus sérieusement, je suis une simple courtisane, une fille de joie, une putain, une catin… Bref vous voyez quoi… »

Un battement de cil et un sourire plus tard elle ajoutait.

« Non vous ne voyez pas… Evidemment dans cette tenue… »

Quelque chose d’indéfinissable lui faisait prendre un certain plaisir dans cette joute verbale malgré le danger indubitable dans lequel elle se trouvait. Peut-être le sourire carnassier du naufrageur ne cachait-il pas suffisamment un certain goût partagé par le jeu qui venait de s’engager ou tout simplement les effets euphorisant de l’adrénaline dont elle ne se lassait pas surtout lorsqu’un certain humour était encore possible.

*S’il n’y avait pas ce satané félin !
_ Tu le sais bien mon amour que les animaux ne sous sentent guère !
_ Ou un peu trop…*


Malgré l’hostilité non dissimulée de la faune qu’elle pouvait rencontrer au cours de ses tribulations, Elle avait appris à garder le sourire et à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Cette fois cependant, la bête était de taille et plus hostile que les autres qui elle devait bien l’admettre étaient le plus souvent des herbivores et manifestaient, dans l’échelle des émotions, plus de crainte que d’agressivité. Aujourd’hui les choses semblaient différentes… De la même façon, il était inutile de cacher ce handicap au contrebandier dont l’esprit visiblement affuté ne se laisserait pas berner plus longtemps. Elle regarda d’un air attristé le félin longiligne.

« Ne m’en parlez pas ! Je ne sais pas ce que je fais aux animaux de plus que tout un chacun mais aucun ne semble pouvoir me supporter… »

Elle adressa un sourire innocent à son maître pour poursuivre.

« Je ne suis pourtant pas une mauvaise fille. Certains diraient que je suis même une fille facile ! Mais… Un jour je me suis même attiré l’inimitié d’un mouton et pourtant je n’avais prélevé aucun gigot sur sa carcasse !... »

Elle eut un léger sourire gourmand en pensant au familier de la petite Thalie qui lui avait permis de s’équiper à moindre frais pour son expédition. Heureusement que la tante de celle-ci était venue s’inquiéter de la disparition de la fillette sinon Elië n’aurait pu préjuger du futur du méchoui ambulant…

*Il ne nous manque plus que ce dernier indice qui dort au fond de cette caisse et ce gros chat va nous mettre des bâtons dans les roues !*

Mais pour l’heure c’était bien sa propre sécurité dont il était question et à l’étonnement du contrebandier, elle répondit simplement en posant le bout de son index sur la pointe de la rapière qui venait voleter à hauteur de sa poitrine tout en lançant un regard mi implorant mi interrogatif à son escorte involontaire. Les choses étaient pourtant claires ! Elle ne pouvait tout de même pas se sentir à son aise prise en flagrant délit d’errance dans un campement de forbans !

Certes découvrir que le naufrageur était Sindarin était un peu rassurant. Elle pouvait espérer qu’une certaine empathie ethnique pouvait une petite influence sur ses décisions, mais il n’avait pas l’air de se préoccuper plus que cela de ses origines en choisissant le chemin douteux des trafics en tout genre. Elle osa un sourire complice une fraction de seconde mais le discours qui suivit l’effaça bien vite.

*En tout cas s’il ne se prévaut pas d’honnêteté et de loyauté, c’est pourtant une façon d’être relativement droit !
_Oui. Tant pis pour nous si nous nous faisons prendre mon amour, il nous aura prévenues…
_ Il ne semble cependant pas très intéressé par nos talent ma mignonne !...
_ Et bien à nous de nous en découvrir d’autres…*


Cela supposait roueries et mensonges, mais le jeu était clair pour les deux escrocs qui se faisaient face et elle n’était pas sûre qu’il n’appréciât pas quelque passe d’esprit avec une femme, sexe qui ne courait pas les rues dans les milieux marins.
Elle considéra la révérence et ne put retenir un éclat de rire bien vite réprimé par deux digts mignons posés sur ses lèvres gourmandes.

« Veillez m’excuser… Un militaire chez les voyous… Connaissant les deux bords de la règle et la loi pas étonnant que vous soyez si clairvoyant! Il ne doit pas être facile de vous berner et sans rire vous lisez en moi comme à livre ouvert. »

Elle regarda avec un début de soulagement le dard d’acier retourner à son fourreau et baissa les paupières sure ses prunelles pour accompagner l’inflexion de sa nuque, signe de gratitude à l’égard de « Léo ».

*Plus intéressant qu’un militaire ennuyeux et plus distingué qu’un ruffian…
_ N’oublions pas ma belle pour quoi nous sommes ici…
_ Les affaires n’excluent pas le plaisir !
_ Et le plaisir n’exclue pas les ennuis…*


Elle avait dans sa clientèle toutes sortes de corporations et de tout niveau et elle savait reconnaître les maintiens  de chacune d’elle. Parmi elles, les officier étaient sans doute les plus faciles à reconnaître… Elle plissa des yeux pétillants en direction de ceux du forban Sindarin. Comme Elië Valanatëel, son parcours avait dû être douloureux pour se retrouver à honorer un état si décrié dans les sphères distinguées de Canopée où certainement on évitait de considérer une dame de la sorte. E son côté, la belle ne s’en offusquait pas. Ce n’était pas comme si elle avait les pensées prudes et pudiques des oies blanches des cours sylvestres. Après tout le regard des hommes faisait sa fortune et une bonne partie de son gagne-pain et par-dessus le marché elle adorait ça… Elle laissa donc la contourner sans même le suivre des yeux, attendant un verdict qu’il garderait sans doute pour lui si ce qu’elle avait pu voir du personnage se révélait exact.

« Vous semblez en pleine tractation et échange de marchandise ce soir. Vous ne semblez pas dans le besoin non plus… »

Façon de revenir avec précaution au motif qui l’avait entraînée ici.

« Par contre vous ne devez pas souvent recevoir de présence féminine ?... »

Le point d’interrogation était à peine perceptible dans la mélodie de sa phrase, manière, de rappeler son appartenance au sexe dit faible.

*Si cela se trouve, les femmes ne l’intéressent guère !...
_ Je dirais plutôt que si mais qu’il sait faire passer ses intérêts et sa sécurité avant ses désirs…
_ Pas la peine de t’en faire un défi !...
_ Ne t’en fais pas ma beauté je sais avoir des priorités…
_ Mais si l’occasion se présente…
_ Nous ne cracherons pas sur un dessert…
_ J’aime quand nous nous comprenons…*


Elle sourit intérieurement en constatant que le brigand était sur la même longueur d’onde qu’elle. C’était bien une ouverture qu’il venait de formuler. Une ouverture qui pouvait présager d’une fin heureuse à cette affaire si mal engagée. Elle tourna alors la tête et l’inclina à l’image de son du parieur, le regard complice.

« J’aime beaucoup parier. C’est aussi une source d’adrénaline et comme vous l’avez noté… »

Elle s’interrompit certaine que le beau naufrageur savait où elle voulait en venir.

« Le tout est de savoir quel temps vous désirez consacrer à vous assurer de mes talents. Ce soir cela ne me semble pas vraiment possible et nous pourrions en profiter… pour faire plus ample connaissance et décider de ce qui pourrait faire office de passeport vers… »

Elle pointa le menton vers la caisse encore gardée par le félin hostile puis fit mine de chercher quelque chose autour d’elle.

« Vous devez bien avoir des quartiers privés quelque part non ? Ou alors… »

Elle hésita.

« Faisons une visite à votre coffre enterré et j’essaierai de vous faire la liste de ce qui vaut la peine d’être marchandé et à quel prix. Le p’tit Malik… C’est bien ça ?... doit encore y être… »

Pour être honnête elle aurait préféré régler cette affaire le plus vite possible et ne se voyait pas prendre racine dans cette crique en attendant que le contrebandier l’envoie à l’occasion d’une de ses transactions prouver ses talents. En effet elle imaginait fort mal que le petit port où elle avait débarqué abrite des collectionneurs ou des bourgeois assez argentés pour acquérir des œuvres d’art. Vous me direz qu’il s’agissait là d’apriori de citadine. Par contre, plus elle en saurait sur l’endroit et la manière de le « gérer » du Sindarin et plus facilement elle trouverait façon d’arriver à ses fins dût-elle se montrer… indélicate.

*Tu ne penses pas, ma toute belle berner ce brigand ?
_ Et pourquoi pas ?
_Il a l’air bien plus retord que tous ceux à qui tu as eu à faire jusqu’à présent  et …
_ Je suis bien d’accord avec toi. Mais…
_ Oh ! Oh ! Vilaine ! Tu n’as pas l’intention de …
_ Mais si mon amour. Le gamin a beau avoir été instruit par le beau brun, il doit encore manquer d’expérience et serait plus facile à circonvenir si son mentor ne se montre pas assez coopératif…*


Elle fit mine de prendre la direction où avait disparu l’appentis contrebandier en présentant son bras au forban pour l’inviter à la guider. Elle forçait un peu le destin, mais elle ne se voyait pas non plus continuer les négociations, plantée sur le sable au milieu des allers et venues des marins et trafiquants de tout poil qui sillonnaient la plage. Un peu de solitude et d’intimité rendraient peut être Léo plus coopératif et compréhensif…
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