To love a country [pv Isaril]

Sujet: To love a country [pv Isaril] Ven 12 Nov - 12:53

L'automne avait cédé à l'hiver et Elerinna regardait par la fenêtre les flocons blancs tomber du ciel et atterrir doucement sur le sol. Les bras croisés, la respiration légère, elle faisait le vide dans son esprit. Au loin, le doux murmure des chants des prêtresses venait caresser ses oreilles et l'emportait ailleurs que dans la pièce où elle était situé. Un petit coup à la porte la tira de ses rêveries et elle se retourna en annonçant que c'était ouvert. Une petite brunette poussa la porte et s'inclina devant elle.

" La voiture est prête, ma dame " Dit-elle de sa petite voix timide.

Elerinna s'avança vers la jeune enfant et posa une main bienveillante sur le haut de son crâne.

" Merci Elea " Répondit-elle simplement.

Avec un sourire, la fillette nommée Elea s'inclina à nouveau avant de sortir de la pièce discrètement. Elerinna se tourna alors vers un fauteuil élégant et prit le manteau qui reposait sur son bras. Elle se glissa dans le chaud manteau avant de quitter la pièce et traverser le temple. Sur son passage, elle salua plusieurs de ses soeurs qui lui retournèrent ses saluts en murmurant son titre à basse voix.
Dehors, l'air été glaciale. Elle resserra les pans de son manteau autour de son corps avant de grimper dans la voiture tiré par deux chevaux. Trois de ses soeurs s'y trouvaient déjà.

" Isali, Flora, Beldera. Mes soeurs. " Dit-elle en s'installa à son tour.

Après les quelques salutations, la voiture se mit en route pour le coeur de la cité. Les quatre femmes discutèrent joyeusement sur le chemin, du temps qu'il avait fait, qu'il faisait et qu'il allait faire. Elles parlèrent des différents évènements survenus ces dernières journées. Et finalement, elles en vinrent à leur motivation première : leur présence dans cette voiture et leur destination. Une maladie, dont elles ignoraient encore l'origine, frappait les nouveaux nées. Plus de cinq cas avaient été signalés et après la mort de l'un des nourrissons,l'aide des prêtresses avaient été demandés.
Ces trois femmes étaient des soigneuses particulièrement habiles et Elerinna avait foi en leur pouvoir. Elle, était présente pour implorer Kesha d'être gracieuse et clémente avec ses enfants et elle n'avait nul doute sur la réussite de leur intervention, que ce soit grâce à elles ou leur toute puissante mère Kesha, elles ne failliraient pas à leur devoir. Après tout, cela entacherait leur réputation ...

La voiture s'arrêta finalement et les prêtresses sortirent dans la rue presque déserte. Lorsque la neige ce mettait à tomber et que l'hiver imposait son manteau glacial sur la capitale, celle-ci ressemblait presque à une ville fantôme. De l’extérieur, tout semblait vide et terne de vie. Mais Elerinna savait que derrière ces portes, la vie battait son plein. Elle remonta l'ample capuche de son manteau sur sa tête et traversa la rue accompagnait des trois autres prêtresses. Leurs pas laissaient des traces sur la neige qui gémissait sous leur poids. Elles arrivèrent finalement devant un petit bâtiment d'où la fumée d'une cheminée s'échappé vers le ciel. Elerinna s'attarda sur ce détail avant d'entrer à son tour.

Elle retira son manteau et le tendit à une jeune femme qui s'inclina et s'éloigna. On les dirigea vers la pièce du fond, où se trouvait la grande cheminée et deux des jeunes enfants qu'elles avaient à soigner. Elerinna s'avança vers les mères au visage tirés et s'agenouilla devant elles.

" Soyez rassurées, vos enfants sont entre de bonnes mains maintenant " Dit-elle avant de se relever.

Ses soeurs s'avancèrent à leur tour et se mirent en action. Elerinna quant à elle resta à l'écart où elle fit mine d'implorer la déesse Kesha. Après un temps, l'envie fulgurante de prendre un thé la saisit. Elle sortit de la pièce sans attirer l'attention sur elle et se mit en quête de quelqu'un pour la servir. Elle arriva dans la pièce principale qui était modestement meublé et trouva une âme assez charitable et serviable pour lui amer le thé qu'elle désirait tant. Elle s'installa ensuite à l'une des tables près de la fenêtre. Joignant ses mains et reposant son menton sur leur surface elle contempla à nouveau la tombée de la neige. Elle était beaucoup plus agréable vue d'un intérieur pensa-t-elle.
L'activité autour d'elle était incessante, des femmes venaient et partaient munis de bassines d'eaux et de serviettes, d'autres discutaient doucement avec un homme ou une femme dans un coin. Elerinna n'était pas certaine de la nature de cet endroit, mais c'était clairement un lieu où l'on pouvait venir se faire soigner à défaut de se tourner vers les prêtresses.
Perdue dans ses propres pensées, elle ne prêta pas attention à celui qui cherchait à lui parler.

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Ven 12 Nov - 18:18

" Courage ma belle, nous arriverons bientôt. "

" Puis-je m'asseoir à votre table, gente dame ? "

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Sam 13 Nov - 14:38

Une jeune femme s'approcha de la table et déposa la théière fumante et une tasse des plus simples. Elerinna n'y prêta pas attention jusqu'au moment où la jeune femme la servit et s'en alla à nouveau. Alors, elle baissa ses yeux vers la tasse et approcha ses mains pour la faire tourner sur elle même, puis elle la leva, la porta à ses lèvres et bu une chaude et délectable gorgée. Elle reposa la tasse tout en reportant son regard vers la fenêtre, ignorant celui qui venait de lui parler.

" Puis-je m'asseoir à votre table, gente dame ? "

Pourquoi donc? Voulait-elle répliquer. Aux dernière nouvelles, la salle n'était pas pleine, il restait quelques tables. L'une d'entre elles étaient même à côté de la cheminée de la pièce, la meilleure place pour quelqu'un qui sortait du grand froid de dehors. Elle leva lentement ses yeux ambrées vers le reflet de l'homme qui n'avait toujours pas bougé d'un pouce, elle scruta son reflet un moment avant de concéder enfin à se retourner et lui faire face. Un délicat sourire avait prit forme sur son visage.

" Je vous en pris " Répondit-elle avec douceur, l'invitant d'un geste aérien à prendre place sur la chaise libre qui lui faisait face.

" Vous prendrez une tasse de thé? " Demanda-t-elle courtoisement en attirant l'attention de la jeune femme qui lui avait apporté le thé plus tôt.

Elle lui demande de leur apporter une autre tasse et quelque chose à grignoter s'il y avait. Des biscuits feraient très bien l'affaire et tandis que la jeune femme se détournait pour aller lui chercher ce qu'elle avait demandé, Elerinna se languissait déjà du gout sucré sur sa langue. Alors qu'elle avait à nouveau oublier la présence de l'étranger, elle s'en rappela et lui adressa un nouveau sourire qui masquait si bien son irritation.

" En quoi puis-je vous aider? " Demanda-t-elle en caressant distraitement la bague qui ornait son annulaire gauche.

Sous ses airs sereins, l'esprit de la prêtresse travaillait à toute vitesse. Il ne devait pas être d'ici conclut-elle en le scrutant de son regard perçant. Un homme ne serait pas venu s'asseoir à sa table si aisément. Elles étaient respectés, mais craintes. Un étranger donc ... Elle était curieuse de s'avoir d'où il venait. Mais avant toute chose, elle était curieuse de savoir ce qu'il lui voulait.
La jeune femme apporta alors la nouvelle tasse qu'elle déposa devant le jeune homme et une assiette de biscuit qu'elle déposa entre eux deux. Elerinna la remerciant d'un signe de la tête et tendit une main vers un biscuit.
Pendant ce temps, de l'autre côté du bâtiment, les prêtresses se penchaient sur le cas des deux enfants. Elles devaient aller de bon train puisque personne n'était venue la déranger depuis le début des opérations. Elle perçut du coin de l'oeil une femme chuchoter quelques mots à l'oreilles d'une autre, tout en regardant parfois dans sa direction et fronça les sourcils, intriguée. Que pouvaient-elles bien se dire, ces vipères musa-t-elle en se tournant à nouveau vers son compagnon de table.
Il avait une drôle d'allure pensa-t-elle, avec ses cheveux blancs et sa peau si laiteuse, ses yeux d'un bleu à vous en faire frissonner ... A nouveau, elle musa sur ses origines.

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Sam 13 Nov - 18:35

" Merci bien. "

" A vrai dire, j'étais à la recherche d'une prêtresse, et..."

" Oh... Vous êtes bien un prêtresse ? "

"Désolé, je ne me suis pas présenté. Isaril, Chef de la caste des Ascans."

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Dim 14 Nov - 20:55

Elerinna haussa un sourcil. Une prêtresse ... Et pourquoi cherchait-il une prêtresse? Et si il en cherchait vraiment une, pourquoi n'était-il pas allé au temple directement? Cet homme était bien curieux. Elle attendit patiemment qu'il daigne s'expliquer d'avantage. Ce qu'il fit s'en se faire prier, avec ce qui ressemblait à une pointe de gêne. La dame esquissa un sourire tandis qu'il se rattrapait tant bien que mal et se présentait sans plus attendre. Chef des Ascans disait-il .... Elle fouilla sa mémoire car ce mot lui disait vaguement quelque chose , les Ascans ... Un peuple primitif de l'île d'EL Bahari ... Elle plissa son regard devenu plus dur qu'il ne l'avait été jusqu'à là, curieuse de savoir pourquoi leur chef avait quitté leur île adoré pour venir parler aux prêtresses de Cimmeria.

" Elerinna ... Grande prêtresse " Dit-elle à son tour, scrutant le visage de son interlocuteur pour y voir un changement notable.

Comme ces soeurs, Elerinna portait les habits des prêtresses, nul autre qu'un étranger aurait pu douter de sa nature. Un sourire ourla le coin de ses lèvres alors qu'elle glissait son index à travers la hanse de sa tasse pour la porter à sa bouche.

" Dîtes moi maintenant, Isaril, chef de la caste des Ascans ce que vous nous voulez? " Demanda-t-elle d'une voix qui ne se repartissait pas de son ton doux et engageant.

Elerinna jouait souvent de subtilité pour tourner autour du pot et obtenir ce qu'elle désirait. Mais cette fois ci, la prêtresse ne passait pas par quatre chemins, elle se montrait direct avec l'étranger, sans lui laisser le temps de se défiler maintenant qu'il avait engagé la conversation.
Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, les Ascans étaient un peuples composé notamment d'hommes qui se gardaient bien de côtoyer le monde extérieur. Qu'est ce qui avait bien changé?
Avant qu'Isaril est pu lui répondre, une autre prêtresse apparut aux côtés d'Elerinna. Elle se pencha à son oreille pour lui murmurer quelques mots. Les mères auraient mangés ou bus quelque chose qui avait empoisonné leur lait, ce qui expliquait l'état des nourrissons, dont les corps étaient encore trop faibles pour combattre qui le mal qui les prenait. Elles avaient pu extraire le poison de leur corps et la fièvre commençait déjà à tomber. Elerinna lui sourit et posa une main affectueuse sur son avant bras.

" J'en suis heureuse, Flora " Dit-elle dans un murmure.

Et après une courte courtoisie, la prêtresse se détourna et disparut à nouveau à travers la bâtisse.

" Pardonnez moi, où en étions nous? " Demanda-t-elle en se retournant vers le dénommé Isaril.

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Lun 15 Nov - 18:38

" Oh, me voilà honoré. La grande prêtresse, je ne pouvais pas mieux tomber. "

" Et bien chère Elerinna... Si vous me l'accordez, je souhaiterais simplement m'entretenir avec vous, d'un point de vue purement professionnel bien entendu."

" Je souhaiterai vous poser quelques questions, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Bien entendu, il va de soit que je n'hésiterai pas à répondre à un retour de votre part. "

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Mar 16 Nov - 12:05

Isaril ... Cet homme avait un don pour lui mettre les nerfs en pelotes constata-t-elle quand elle vit naître au coin de ses lèvres un petit sourire. Un homme, dans son état général avait le don de l'irriter, mais celui-ci se comportait comme si il savait quelque chose qu'elle ignorait et pour cela elle lui aurait bien fait ravaler ses jolis airs. Mais tout en son temps se modéra-t-elle en reposant sa tasse à moitié vide. Ce monsieur était venu lui parler affaire. Affichant un délectable sourire, Elerinna prit un air intéressé, riant délicatement à la petite note humoristique dont il avait fait mention avant l'intervention de sa soeur.

" Il faudrait être fou pour s'entretenir avec une prêtresse pour tout autre raison qu'une raison professionnel " Dit-elle, sans chercher à élucider le sens de ses mots.

Ces dames les prêtresses, tous étaient persuadés de les connaitre, elles et leurs intentions, leur raison d'être, pourtant il y avait des choses que les autres ne pouvait prétendre savoir. Et ces quelques secrets, elles se gardaient bien de les dévoiler. Mais si tous les voyaient d'une droiture et d'une sagesse exemplaire, la plupart se doutaient qu'il y avait autre chose ... Quelque chose qui les tenait éloignés, assez pour qu'ils ne traitent avec elles que de choses purement, comme l'avait formulé le bel éphèbe, "professionnels".
Elle délaissa sa tasse, la poussant sur le côté et posa ses coudes sur la table. Elle entreprit alors de croisés ses doigts avant de poser son menton sur la surface de ses mains.

" Des questions? Et bien soit, Isaril, chef des Ascans, posez moi vos questions. Néanmoins, selon mon bon vouloir, je me réserve le droit de vous répondre ou non. Vous pourrez en faire de même lorsque mon tour viendra, il va de soit.... " Répondit-elle malicieusement.

Cette sortie s’avérait bien plus intéressante qu'elle ne l'avait escompté. Elle qui avait cru perdre sa journée à soigner de pauvres bambins se retrouvait plaisamment impliqué dans des affaires, très certainement, politique. De quoi tirer une grimace à ce pauvre Bellicio, maire de cette belle ville ... S'il apprenait que le chef des Ascans étaient venus la voir elle et non lui. Elle s'imagina un instant le scandale qu'il provoquerait! Elle finit alors sa tasse et s’apprêtait à se resservir quand elle remarqua enfin que son interlocuteur n'avait toujours pas touché son breuvage.

" Vous n'aimez pas? " Demanda-t-elle sans cacher sa surprise. " Je vous assure qu'il n'est pas empoisonné. Ce n'est que de l'eau chaude et des plantes " Dit-elle d'une voix légère en versant le liquide fumant dans sa tasse.

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Mer 17 Nov - 15:08

" Évidemment, il est en votre droit de répondre ou non. Cependant, je ne pense pas que mes questions seront déplacées ou gênantes... Enfin, c'est à vous d'en juger, et je m'excuses à l'avance si je serais amené à me contredire. "

" Si, bien sur.... Mais je suis tellement attentif à vos dires que je n'ai pas songé à y toucher. D'ailleurs, il risque de se refroidir..."

" Je vous prie de m'excuser un instant. "

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Jeu 18 Nov - 14:59

Elerinna fronça les sourcils, remarquant l'air distrait de son interlocuteur. Il était sacrément culoté pensa-t-elle, d'abord il venait la déranger durant sa tranquillité, puis il se drapait du rôle d'inquisiteur et maintenant c'était à peine s'il l'écoutait. Elle était à deux doigts de perdre patience quand il releva enfin sa remarque sur le thé. Elle n'ajouta rien quand il prit la tasse et la bu d'une traite puis le regarda se lever sans oser départir ses lèvres. Si elle le faisait, elle risquait de l'incendier de jurons qu'elle n'avait pas à vociférer dans un pareil endroit. Elle serra son poing sur la table et le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de la pièce. Il était clairement entrain de se jouer d'elle pensa-t-elle ...

Un instant plus tard, elle se levait et traverser la pièce en toute hâte. Elle déboucha dans la pièce où les trois autres prêtresses étaient entrain de parler entre elles. Elle s'approcha du petit groupe et se glissa dans la conversation, sans prêter attention au temps qui s'écoulait. Après ce qui parut être dix bonnes minutes, le groupe se sépara et toutes se dirigèrent vers la porte principale. La grande prêtresse s'arrêta alors et se tourna vers Isaril. Flora ayant remarqué son attitude s'arrêta à ses côtés.

" Avez vous oublié quelque chose? " Demanda-t-elle en regardant dans la même direction.

Elerinna secoua doucement sa tête avant de lui sourire.

" Non. J'ai une affaire à terminer avant de rentrée. Partez sans moi. Je serais rentrée avant la nuit tombée " Dit-elle en se dirigeant à nouveau vers la table.

Les trois soeurs restèrent un moment interloquées avant de quitter le bâtiment en murmurant entre elle. Elerinna quant à elle c'était figée à côté de la table, toisant son interlocuteur de toute sa hauteur.

" Monsieur, j'espère que votre malaise est passé " Dit-elle d'une voix froide en se rasseyant lentement à sa place.

" Maintenant qu'il n'est plus question de thé, ou de toutes autre distractions, auriez vous l'amabilité de poursuivre? " Demanda-t-elle d'un ton courtois, son regard aussi dur et froid que le pays dans lequel ils se trouvaient.

D'une manière ou d'une autre, elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Et à ce moment précis, elle voulait plus que tout que les lèvres d'Isaril se mettent à bouger et lui dire ce qu'elle était si impatiente d'entendre! A nouveau, elle fronça les sourcils, quelque peu dérangé par quelque chose. L'homme qui lui faisait face n'était pas tout à fait le même que celui qui l'avait abordé. Il avait l'air moins avenant, moins apte à lui parler. Son regard était fuyant et sa respiration semblait quelque peu plus rapide ...

" Isaril? Vous allez bien? " Demanda-t-elle après un bref instant.

Sujet: Re: To love a country [pv Isaril] Sam 20 Nov - 11:10

" Oui, ça va... Merci. "

" Madame, je ne suis pas venu pour vous embêter et converser avec une constante tension... Alors, si vous souhaitez que je m'en aille, je le ferais. Sinon, veuillez être un peu moins... agressive dans votre ton s'il vous plaît. "

" Sans vouloir être indiscret... Qu'est que vous, la Grande Prêtresse, faites dans un endroit si agité et bruyant ? "

En entendant la réponse de son interlocuteur, elle hocha la tête et considéra l'affaire comme close. Elle enroula ses mains autours de sa tasse de thé, maintenant froide, et joua avec la porcelaine. Mais son mouvement se figea lorsque Isaril reprit. Elle le fixa avec ses yeux ronds, une expression de parfaite indignation peinte sur son beau visage. Elle entrouvrit les lèvres pour protester, pour mettre fin à cette conversation qui ne menait nul part, puis se ravisa.
Elle avait oublié quelque chose de fondamentalement importante. Elle, Elerinna, était la grande prêtresse de Cimmeria. Avec ce rôle venait des responsabilités, avec ce rôle venait une image qu'elle devait entretenir ... Lentement, son expression se radoucit et devint las, elle déraidit ses épaules et s'enfonça dans son siège.

" Evidemment, vous avez raison Dom Isaril. Veuillez m'excuser. " Dit-elle en lui adressant un sourire où se lisait une réelle demande de pardon.

Elle c'était montrée forte impolie avec cet homme important et elle en prenait conscience maintenant. Elle avait très mal jouée son affaire se réprimanda-t-elle, elle devait réviser son approche si il ne voulait pas qu'il sorte d'ici avec une vision terrible de la personne qu'elle était, qu'elle incarnait. Elle passa une main à travers sa chevelure et replaça une mèche derrière son oreille effilé.

" Je suis venue ici avec mes soeurs pour venir en aide à nos prochains. C'est notre rôle voyez vous. " Répondit-elle en hochant discrètement de la tête.

Oui, venir en aide à l'autre, le rôle premier des prêtresses de Cimmeria. Chacune avait un rôle particulier au sein de l'ordre. Certaines soignées, d'autres étaient à l'écoutes, d'autres travailler dans la discrétion, inconnues du monde extérieur ... Un bref sourire étira ses lèvres nacrées tandis qu'elle musait sur toutes les branches qui s'étiraient langoureusement à travers leur ordre. Si seulement les gens savaient ...

" Des enfants étaient malades " Poursuivit-elle " Atteins par un mal qu'aucun autre soigneur n'arrivait à évincer ... Mes soeurs ont pris en main la situation et maintenant tout est bien " Dit-elle avec un sourire radieux, ses yeux ambrés pétillants.

Au même instant, la porte du fond s'ouvrait et une première femme sortait avec son enfant dans les bras, ses yeux encore humides du bonheur qu'elle ressentait de savoir que son enfant était à nouveau en bonne santé.
Elerinna quant à elle, n'avait servit à rien. Elle avait envoyé quelques mots en direction de leur déesse vénérait, avait rassurée les mères apeurées de ses mots et de sa présence et puis elle était venue boire du thé, subissant les regards curieux des autres occupants de la pièce. Elle savait qu'ils étaient redoutées sa présence, tout en la respectant. Et c'était à la fois plaisant et terriblement irritant ...
Quoi qu'il en soit, elle était maintenant en délicieuse compagnie (et il fallait qu'elle se le rappelle à chaque instant pour maintenir sa ravissante posture) et celui-ci tenait simplement à bavarder sur son ordre. Si Elerinna c'était montrée froide et hautaine, elle semblait maintenant avoir ravalée ses grands airs et elle arborait un air plus humble, plus aimable et plus avenant. Les portes étaient clairement ouverte maintenant pour une conversation plaisante.

[dom = une façon de dire monsieur]

J'avais posé les choses, soit le problème de notre conversation actuelle, clairement, mais calmement. J'eus un instant peur qu'elle ne le prenne mal vu son agressivité précédente, mais la Grande Prêtresse, à mon agréable surprise, fut d'accord avec mes dires, et s'excusa de son comportement. Ah, il n'était pas évident d'avoir des responsabilités. On avait une image à tenir, et parfois, on ne pouvait pas vraiment être naturel. Il ne fallait jamais agir de manière spontanée et impulsive, mais au contraire, de manière réfléchie. Je me dis alors un instant qu'elle voulait préserver son image, et de ce fait, n'était pas sincère. Mais le sourire qu'elle me lançait semblait, lui, sincère, puisqu'il n'était jamais apparu jusqu'alors.

" Heureux que vous le preniez bien. "

Puis je lui rendait un sourire, lui aussi sincère.

A ma question concernant la raison de sa présence dans ce lieu agité, elle me répondit qu'elle était là pour aider des enfants malades. J'avais été de mauvaise foi précédemment, je l'avouais. Heureusement, je ne l'avais pas montré. Faute avouée, faute à moitié pardonnée.
J'inclinai la tête en ajoutent :

" Honorable tâche. Je ne savais pas que ceci était le rôle des Prêtresses. Je vous accorde ma bénédiction, si je puis dire, et mon respect. "

C'était agréable de voir que Elerinna avait fait tomber le masque froid qu'elle s'était peint sur le visage, et même sur tout le corps. Je me permettais donc de poser une seconde question.

" Hum, votre rôle dégage une image positive et bénéfique... Mais, j'aimerais un peu plus de clarté concernant votre position par rapport aux éventuels conflits de ce monde, si vous acceptez de m'en faire part bien évidemment. "

Il lui accordait sa bénédiction? Qu'il était bon pensa-t-elle avec sarcasme en le tenant à l'oeil, comme un prédateur guetterait sa proie. Elle n'avait aucunement besoin de ses bonnes grâces! Et dans d'autres circonstances elle le lui aurait clairement fait comprendre, mais les circonstances étaient telles qu'elles étaient et Elerinna ne pouvait se permettre un seul faux pas. Alors elle lui sourit et inclina son beau visage en toute humilité, ramenant ses mains vers elle, entrelaçant ses doigts fins.

" Notre rôle est de venir en aide à nos prochains " Répéta-t-elle d'un ton affectueux, caressant les mots de sa langue pour en goûter toute leurs calomnies.

Ce n'était pas entièrement faux, mais ce n'était pas entièrement vrai non plus. Elle n'avait pas l'intention de déborder dans les scènes plus obscurs de son ordre, pas avec un étranger voyons ... Un instant plus tard, une petite femme venait réchauffer le théière, elle posa ses mains sur la surface lisse de l'objet, ferma à demi ses yeux et laissa son pouvoir glisser jusqu'à l'eau tiède. Une petite fumée vaporeuse s’éleva alors de l'embout et elle s'éloigna sans dire mot. D'un geste, Elerinna saisit la théière et se servit à nouveau une tasse avant de la reposa devant son interlocuteur. Elle n'allait pas prendre l'initiative de le resservir.
Sa seconde question la fit momentanément froncer les sourcils et elle se mit à muser sur la véritable raison de sa présence en ces lieux. D'un dirigeant à un autre, ce n'était pas une question anodine. Mais Elerinna n'était pas une dirigeante à proprement parler, n'est-ce pas? Cette réflexion faillit lui tirer un sourire, mais son visage resta de marbre, vide de toutes émotions particulières.

" Les conflits de ce monde ne sont pas notre ressort " répondit-elle calmement en levant sa tasse vers ses lèvres.

Elle prit le temps de boire une gorgée avant de poursuivre.

" Nous sommes prêtresses de Cimmeria, cette contrée est notre demeure, ses habitants nos enfants. Si les conflits de ce monde venaient à traverser nos frontières, alors il est clair que nous serions impitoyables ... " Dit-elle, toujours drapée de ses airs impassibles.

Son intonation était restée égale, mais aux fonds de ses prunelles ambrées brillaient une flamme destructrice. Elerinna ne mentait pas, lorsqu'elle déclarait que son ordre serait impitoyable. Elles étaient de redoutables femmes de poignes! De puissantes manipulatrices de magie. Et elles avaient la déesse Kesha à leur côté ... Rien ne pourrait survivre à leur colère si elles décidaient de la libérer ...

" Mais pourquoi me demandez-vous cela, Dom Isaril? " Demanda-t-elle en se penchant légèrement en avant, ses avants bras prenant appuis sur la table.

Son regard passionné scrutait le visage de son interlocuteur d'une manière intense, comme si elle cherchait à déceler quelque chose de particulier en lui.

" Avez-vous eu vent de quelque chose dont j'aurais dû être au courant? " Poursuivit-elle.

Sa question n'était pas anodine, si rien ne se tramait (outre ce qu'elle savait déjà), il devait y avoir un fondement qu'elle était curieuse d'apprendre. Recherchait-il de possibles alliés pour son "royaume"?

La Grande prêtresse demeurait tout de même étrange. Oui, elle se mit à répéter que son rôle était de venir en aide à son prochain. Était-ce de la fierté ou de l'ironie ? Je n'en avais aucune idée, mais c'était forcément soit l'un, soit l'autre, voire un peu des deux peut-être. J'essayais de déceler une faiblesse dans son regard pouvant répondre à cette question que je me posais, mais je n'en trouvais guère. Elerinna gardait ses sentiments pour elle, et demeurait donc impassible. Elle gardait ses pensées également pour elle, typique de la manipulatrice. Cependant, il devait y avoir une part de vrai dans ses affirmations. Elle n'aurait tout de même pas dit cela par hasard, et puis, le lieu correspondait à leur rôle d'après elle.

Une femme arriva, et grâce simplement au toucher de ses mains sur la théière, et à sa concentration, elle réussit à chauffer le thé. Stupéfait, je laissai échapper de ma bouche un léger :

" Remarquable. "

En effet, c'était surprenant pour nous la magie. Nous, notre truc, c'était plutôt la maitrise de l'arc, l'herboristerie, et tout ce qui se rapportait à la nature. C'était, sans jeux de mots, des compétences plus " naturelles ", qui n'en sont pas moins difficiles, mais moins étranges que les compétences accordées aux prêtresses.

En réponse à mes questions, la Prêtresse affirma qu'elles restaient en dehors des conflits. Elle s'occupaient de leurs affaires, point.

" Évidemment. Vous êtes donc plutôt neutres, et le restez tant que l'on ne vous embête pas si je puis dire. "

Si j'avais bien traduit ses dires, on pourrait facilement remarquer une grosse ressemblance à notre caste de ce point de vue. Bien que très différents de nature, ils semblaient être tous deux neutres, et semblaient tous deux vouloir qu'on les laisse tranquilles, qu'on les laisse faire leur vie. C'était une situation que nous avions choisie, et qui m'enchantait, je l'avoue.

Puis elle demanda la raison de ces questions que je lui avais posé, ce qui se cachait derrière les réponses qu'elle pouvait apporter. Cependant, il n'y avait rien de conséquent et solide derrière ces indiscrétions...

" J'essayais juste de comprendre la situation des prêtresses, qui m'est inconnue je l'avoue. "

Je laissai un temps d'arrêt, réfléchissant, et repris :

" Et de voir le rapport qu'il existe entre nos deux castes, la relation que nous pouvons envisager... "

Je ne parlais pas ici d'alliance quelconque, puisque je ne connaissais pas encore assez les prêtresses pour prétendre avoir confiance et leur accorder un alliance. Non, pour le moment, ce n'était qu'une question de pensées les concernant, rien de plus. Pour le reste, il faudrait plus de temps. Il faudrait recroiser la Grande prêtresse plus au calme dans quelques temps, si nous arrivions à bien nous entendre. Pour le moment, je ne pensais pas à ces choses, je me renseignais juste, et essayais d'avoir un maximum de précisions sur le monde et les peuples qui m'étaient inconnus. Après, je m'impliquerais dans mon rôle...

" A quoi pensiez-vous en disant cela ? "

Je parlais là bien sur des sous-entendus d'Elerinna à sa dernière question, suggérant une idée que je pourrais avoir derrière la tête.