Là-haut, là où l'eau brille

Sujet: Là-haut, là où l'eau brille Dim 12 Déc - 2:11

Les chutes nébuleuses ne constituaient pas un décor qu'Enteri avait eu l'habitude de contempler et il n'avait même pour ainsi dire jamais pénétré seul aussi profondément dans la forêt de Noathis. Malheureusement, le toit touffu qui lui en cachait la vu semblait infini sans oublier qu'il n'était pas venu juste pour se promener. Une plante rare, voilà ce qu'il était venu chercher. Rare et sublime. Une espéride. On dit que les Nébuleuses résonnent faiblement dans ses pétales, comme si elles susurraient à travers elle. Plus qu'une fleur, l'espéride est un symbole d'espoir qui aurait parfois guéri des maladies incurables et accompli divers miracles. Il paraît également que si deux personnes goûtent à ses vertus thérapeutiques, alors elles seront liées pour le meilleur mais aussi pour le pire... Toutefois il ne s'agit là que d'anciennes rumeurs d'ancêtres auxquelles le ladrini ne croyait guère ; sa position quant à cela avait en effet toujours été de penser que la superstition n'apportait rien d'autre que la malchance.
À l'instant même où il prononça ce mot dans sa tête, une racine rebelle vint le châtier de sa témérité en le faisant trébucher mais grâce à un flip-flap il se remit sur pied, faisant toutefois tomber sa sacoche. Un flacon vide, une poche contenant plusieurs herbes et une boîte à l'intérieur de laquelle avait été rangé quelques aliments, tel était le contenu qui n'avait pu échapper à la chute. Enteri ramassa patiemment son inventaire et reprit sa route dans un soupir. Il avait prévu que le voyage serait ennuyeux mais il n'avait pas vraiment eu le choix et sans Erelda pour l'accompagner, il était condamné à errer dans la monotonie.
Brusquement, il sortit l'une de ses épées et l'observa méticuleusement. Cela lui permettait de se recoiffer, mais également de vérifier que personne ne le suivait ni qu'aucune bête ne s'apprêtait à se jeter sur lui. Il avait déjà eu quelques surprises par ici, si bien que rester sur ses gardes était le seul gage de sûreté. Malgré cela, il espérait qu'un peu d'animation pourrait le divertir, mais seul le bruit de ses pas résonnaient de concert avec les bruissements des feuilles et le bruit lointain, si lointain d'une cascade vers laquelle il se dirigeait.

Las de cette marche, l'homme prit une longue inspiration et soupira lentement. Une odeur de liberté embaumait l'air mais le parfum, tellement présent, en devenait presque douloureux. Le paysage, sublime de prime abord, était si fade qu'il l'empêchait de respirer correctement et ses jambes s'engourdissaient. Depuis combien de temps avait-il avancé ? Il ne devait plus être loin pourtant, alors pourquoi ? En réponse à sa question, il percuta une forme fourbe qui dépassait du sol. La chute fut longue principalement car pendant celle-ci, il comprit. Certaines plantes étaient plus agressives que des animaux or il devait pousser, quelque part dans les parages, des fleurs qui depuis quelques minutes au mieux et plusieurs heures au pire, l'avaient conduit dans un état de somnolence et de confusion. Tout devint clair : l'inévitable attraction envers les chutes nébuleuses, la pensée soporifique d'une plante extraordinaire qui faisait rêver, la raison pour laquelle il avait trébuché la première fois - et a fortiori la seconde - , le fait qu'il eût tiré indélicatement son arme et surtout cette impression de vide, de lenteur. Tout était clair, mais malheureusement cela ne l'empêchait pas de s'écraser mollement.
Il réagit toutefois très vite et ayant prestement ramassé ses affaires, il soutint une allure plus décente. Le fouet du vent sur son visage et la progression agile dans ce paysage hostile lui permettaient de se réveiller peu à peu. Il dégaina une épée de sa main droite et continua en tranchant lianes et feuillages sur son passage ; alors il put goûter de nouveau à la saveur de la liberté, alors il put de nouveau savourer sa liberté. Comment avait-il pu croire qu'elle pouvait le bercer ?

Lorsqu'il commença à ralentir, il était tout proche de la cascade. La flore était plus verdoyante que jamais et des couleurs vives scintillaient par endroit. De sa hauteur, il pouvait embrasser plusieurs kilomètres du regard mais il n'était pas parvenu au sommet, loin s'en fallait ! Or c'est justement vers là-haut qu'il se dirigeait, toutefois un dernier détail devait être réglé.

«Dis-moi, princesse. Qui es-tu ?»

Les chutes nébuleuses ne pouvaient qu’être dotées d’une grande beauté, pour sa part, elle aimait ce genre d’endroit. C’est surement son âme vagabonde qui fait qu’elle aime ce genre d’endroit beaucoup plus que de rester enfermé à régler la paperasse de son poste. Son poste qui lui amenait des avantages comme des désavantages. Ce qu’elle n’aimait pas c’est qu’elle ne faisait plus vraiment confiance à personne, des approches envers elle qui était souvent liée à sa place dans la noblesse. L’envie d’être roi et d’avoir un bon salaire qui entrait chaque mois était surement une bonne motivation pour les hommes de lui mentir. Le fait aussi qu’elle n’était pas désagréable à regarder était aussi une bonne raison de tenter de la séduire. Pourtant, la demoiselle refusait catégoriquement toutes les avances, car elle commençait à cerner ce que les gens voulaient réellement en venant lui aborder la parole.

Les chutes, un bon moyen de s’évader de plus il y avait beaucoup de plantes utiles, car elle était douée en herboristerie. Quelque chose qu’elle avait appris en quittant son peuple, beaucoup de choses lui ont été utile quand elle à quitté, elle ne le regrette pas, c’est avec eux qu’elle avait tout appris. Elle n’avait quand même pas eu le choix de quitter pour retourner au chevet de son père qui était en train de se mourir à petit feu, elle ne le détestait pas alors son cœur lui dictait de retourner près de lui. Rendu là, il l’avait supplié de reprendre les rênes et de devenir la reine des Sindarains. Comment aurait-elle pu dire non?

Souvent, elle prenait du temps pour elle, enfin quand elle le pouvait. Et c’est cela qu’elle venait faire ici, après avoir trouvé les plantes dont elle avait besoin. Elles les avaient placés dans des petites fioles et replacés dans son petit sac de voyage qu’elle trainait partout avec elle. Des herbes pour créer toute sorte de potions utiles, que ce soit pour guérir ou simplement pour créer quelque chose qui peut attaquer, elle avait besoin d’un tas de plantes et les réunir était particulièrement long.

En cette journée, elle ne voulait pas croiser quelqu’un qui allait lui parler de son rang et c’est surement pour ça qu’elle ne portait pas une robe, quelque chose qui représentait la noblesse. Un simple pantalon beige entré dans des bottes de cuir brun qui lui arrivait aux genoux, un chandail foncé avec un corsage de cuir. Sur ses épaules une large cape doublée de fourrure, le temps commençait à se faire froid. Ses longs cheveux rouges tombaient contre ses épaules alors que le capuchon était remonté sur sa tête. Viwien venait juste de se poser contre le sol, plus loin près de la chute, elle prenait une petite pause.

Son dos appuyé contre un arbre alors que son fidèle compagnon était à demi couché sur ses jambes. C’était Elör, un magnifique lynx blanc à sa taille adulte. Ses traits félins lui donnaient un air doux, mais il savait montrer le contraire quand le moment était venu. Son pelage était radieux et semblait particulièrement doux. Ses pattes avant et sa tête étaient posées sur les jambes de notre demoiselle qui caressait sa tête d’une de ses mains. Le regard de son compagnon alors qu’elle continuait de lui prodiguer des caresses, pour son grand bonheur, se posa sur elle. Pour lui annoncer que quelqu’un était en train de s’approcher. Pas besoin se parler pour se comprendre, à force de se tenir avec cette boule de poil, elle le connaissait et c’était la même chose pour lui. La demoiselle ne bougea pas et son compagnon non plus alors que la personne approchait et une voix se fit entendre. Son regard vert pâle se posait sur cette personne alors que sa main ne quittait pas la tête de son lynx.

Qui es-tu? En même temps elle ne voulait pas répondre au cas où son nom irait lui dire quelque chose, elle pourrait bien s’inventer un nom, ce serait une idée ou juste modifier un peu le sien ou simplement ne pas lui dire, ou se donner un surnom.

«Qui suis-je? C’est mon nom que vous voulez savoir? Est-ce vraiment important. Un nom n’est qu’un nom après tout.»

Au fur et à mesure qu'il éloignait les branchages, la silhouette se confirmait à côté de laquelle une étrange masse semblait se reposer. Leurs traits commençaient à se confirmer lorsqu'une voix féminine lui répondit

«Un nom n’est qu’un nom après tout.»

Sous ses habits de noble, il aurait sûrement pris le temps de discuter en s'asseyant près d'elle (mais un peu plus loin de son félin, on ne sait jamais...), seulement il n'en avait pas revêtu les formes et était venu pour une mission qu'il ne pouvait remplir qu'en tant que ladrini. Ainsi, il décida de ne pas se dissimuler derrière une fausse identité, fût-elle celle sous laquelle il était le plus connu.

«Non, je ne veux pas d'un nom. Mais j'aurai ma réponse.»

Faisant une pause entre ses deux phrases, il eut le temps de sortir des feuillages qui lui voilait son interlocutrice et son familier. L'animal avait un regard attentif et ses oreilles levées montraient qu'il était prêt à agir en cas d'agression alors que sa maîtresse possédait quant à elle une longue chevelure empourprée contrastant avec la pâleur de sa blanche peau. Aucun signe de pression, juste un grand contrôle de soi et une confiance rayonnante ; des yeux plus désinvoltes que surpris, presque déçus d'être dérangée, mais également dilatés. Elle aimait très sûrement cet endroit qui semblait être un jardin de sérénité pour elle, c'est pourquoi il convenait de briser cette tranquillité.

«Le panorama te plaît ?»

Alors que la femme sembla surprise par cette question ou ne la comprenant pas, Enteri marchait souplement et lentement autour du couple qui lui faisait face, lentement et dans le seul but de se placer d'égal à égal. La plupart aurait sans doute pensé qu'en faisant ainsi il la harcelait, mais il prit le risque car elle ne semble pas être une simple demoiselle. Finalement, il s'arrêta et inclina la tête légèrement à gauche, espérant qu'elle comprendrait de cette façon qu'il ne lui était pas hostile.

«Si tu parviens à me suivre, je te répondrai. Car si tu ne peux plus invoquer ton nom, sais-tu qui tu es ?»

Fléchissant les jambes, il croisa une dernière fois son regard avant de pivoter, sauter sur une souche puis prendre appui sur un arbre avant de monter sur une branche. Vérifiant qu'il était bel et bien suivi, il se déplaça parmi les arbres en prenant soin de ne pas faire tomber sa sacoche. Mais très vite, il la ressentit de nouveau, la saveur de la liberté, comme une tornade qui enveloppait son corps et le faisait accélérer. Un vent éloquent le séduisait et le poussait à prendre toujours plus de risques pour savourer l'adrénaline tandis qu'il respirait les multiples parfums de la nature. Il continua ainsi son chemin vers le sommet en espérant l'atteindre à temps ; alors il trouverait plus facilement ce qu'il était venu chercher.
Il en avait perdu toute notion du temps lorsqu'il y parvint enfin. Essoufflé mais incapable de s'arrêter, il s'approcha d'une sorte de promontoire qui dominait toute la région. D'un regard, il pouvait embrasser une des merveilles du monde les plus époustouflante. Noathis durant le crépuscule. La mélopée du vent, l'horizon sempervirent et gorgé d'orange et de sang, la sauvage odeur de la nature, cette sensation de vertige qui lui asséchait la bouche et faisait pulser son coeur d'une incandescence de bonheur. C'est ici qu'il pouvait trouver l'Espéride.
Les pupilles intensément dilatées par la pression et la passion, il se retourna vers celle qui l'avait suivi mais dissimula son étonnement. Avant de continuer, il attendait sa réaction tout en s'agenouillant pour cueillir une plante qui avait poussé près d'un rocher et qui avait dû, chaque jour, contempler ce même spectacle. En effet, il avait trouvé l'Espéride qu'il était venu chercher..

Quand son compagnon lui jette ce genre de regard, c’est qu’il y avait quelqu’un de pas très loin, de plus elle entendait bien quelques bruits. Avec ses sens très développés, elle pouvait entendre les bruits de plus loin alors elle et son lynx faisait une bonne équipe. Surement que si elle avait eu ses habits de nobles elle aurait pris le temps de discuter aussi, mais souvent elle ne les porte pas, car elle n’aime pas se faire reconnaître. Souvent, elle n’aime pas le comportement des gens envers elle quand ils apprennent qu’elle est une reine, il pense à eux et veulent la séduire pour avoir du pouvoir ou simplement plus de revenus. C’est le genre de chose qu’elle n’aimait pas avec son statut, la différence que portaient les gens envers elle. La voix se fit entendre de derrière elle alors qu’elle ne bougeait toujours pas, s’il voulait parler il allait venir à elle et c’est exactement ce qui se passa. Des bruits de feuilles se font entendre alors qu’une forme apparaît, son félin suivait le mouvement des yeux, il semblait calme et très attentif.

«Votre réponse?»

Elle avait l’habitude de vouvoyer les gens, surement que c’est des habitudes qu’elle à appris dans la noblesse, dans sa famille. La demoiselle posait son regard sur l’homme qu’elle observait sans être désagréable, ses yeux verts qui observaient lentement les traits du jeune homme qui était près elle. Il fit le tour pour venir se pencher en face d’elle, le félin avait bougé et son visage se tournait suivant du regard la personne. Même qu’il venait tout juste de se lever pendant que la demoiselle ne bougeait pas encore, son félin allait faire la routine habituelle et était particulièrement méfiant. Le lynx était en train de faire à son tour le tour de l’inconnu pour venir faire son observation, il le sentait et marchait d’un pas méfiant. La demoiselle observait Elör avec un sourire, il avait l’habitude de faire ce genre de chose et souvent les gens prenaient peur.

«Si j’aime le panorama? Oui, sinon je ne serais pas ici.»

Un sourire sur ses lippes alors que se félin est encore en train de faire le tour de l’homme, il ne sentait pas réellement de danger alors il revient se poser à côté de sa maîtresse. Elör était un mâle et c’est ce qui expliquait son tempérament protecteur envers la demoiselle.

«Si j’arrive à te suivre? Jusqu’où?»

Pas le temps d’avoir une réponse que l’homme se met en marche, bougeant avec une grande agilité. La demoiselle fit un signe à son félin de le suivre et elle se leva rapidement à son tour enchaînant donc ses pas, pourquoi le suivait-elle? Bonne question. Surement parce qu’elle en avait envie et qu’Elör n’avait rien trouvé de suspect. Faisant partie des Sindarins, elle avait une grande agilité alors pouvait facilement suivre cet étrange homme. Un saut sur des branches, un peu partout, elle le suivait de près et calmement.

Après un petit moment elle finit par arriver en haut, à la suite du jeune homme et son félin suivait de près, ils arrivaient en même temps. Une fois en haut la demoiselle posait son regard sur le jeune homme, le félin ne manquait pas de retourner vers lui pour l’observer. Pour sa part, elle posait son regard sur le décor et ne put qu’afficher un léger sourire, elle avait l’habitude de ce genre de décor, elles les aiment.

«Je sais qui je suis oui. Pourquoi je ne le saurais pas?»

Un haussement d’épaules alors qu’elle répondait à la question qu’il lui avait posée tout à l’heure. Le félin tournait encore autour du jeune homme, sans demander de caresse, pour ça il fallait de la confiance ou un signe de sa part.

Faisant délicatement tourner sa fleur du bout des doigts, Enteri la regarda longuement pendant que la femme qui lui faisait face lui répondait. Sûre d'elle, elle ne semblait pas vouloir entrer dans son jeu néanmoins ce n'est pas pour autant qu'elle décida de lui répondre. Et à vrai dire, cela l'amusait. Une morgue, quoique couplée à un intérêt subreptice, et une préciosité presque refoulée révélaient une noblesse, un caractère qui avait l'habitude d'être écouté, toutefois Enteri doutait de sa capacité à se définir en-dehors de ce rang. Après tout, aux vertus que l'on exige des domestiques, fussent de quelconques maîtres dignes d'être valets ?
Toujours dans un mutisme contemplatif, cette fois dirigé vers l'horizon, le ladrini plaça sa perle pourpre dans un flacon avec minutie. Il reprit :

«Peu de gens savent qui ils sont. Ils se prennent pour ce qu'ils paraissent ou ce qu'il veulent être, c'est pourquoi ils en appellent à un nom, un statut. Quant à moi, je ne souhaite que trouver l'harmonie et la rendre à ceux qui la perdent. Enteri est mon nom.»

En observant le félin, il comprit sous quelle analyse il était examiné mais il savait qu'il n'était pas en danger. Il pouvait tranquillement écouter le chant des chutes, estimer leur hauteur et apercevoir deux ou trois sources éparses ainsi que de multiples arbres touffus ; cela ferait l'affaire. Se retournant de nouveau vers la femme et son animal, il essaya encore une fois d'obtenir une réponse.

«Si tu sais qui tu es, pourquoi ne te présentes-tu pas ?»

Marchant de long en long, il considérait la demoiselle d'un regard inqualifiable, sévère mais d'une empathique compassion, intéressé mais n'exprimant aucun jugement. Il avait déjà eu sa réponse, mais il voulait qu'elle la formulât elle-même pour mieux la comprendre. Car il savait qu'il aurait à la revoir et il avait appris à obtenir autant de détails que possible, mais également car il avait envie de comprendre pourquoi une personne d'un rang probablement important se travestissait en quelqu'un de plus normal. Après tout, si elle ne répondait pas d'elle-même, il l'y aiderait :

«Et pourquoi empruntes-tu une si ingrate tenue, en dépit de ton statut ?»

La déduction avait était particulièrement simple à vrai dire - n'importe qui ne se balade pas avec un lynx - si bien qu'il aurait été surpris qu'elle le paraisse elle-même. Comme une velléité de dissimuler cette nature, son masque n'avait que peu d'effet mais avec ou sans, Enteri attendait toujours une réponse, exempte des détails de sa classe ou son avoir. Il attendait un objectif, un concept ou un credo, peut-être même un sentiment ou n'importe quoi pouvant lui mettre devant son visage une personnalité. La patience commençait à l'abandonner après quoi il aurait à chercher les réponses lui-même ; cela risquait de s'avérer aussi rapide qu'efficace.

Pour sa part, la demoiselle s’approchait vers le bord du ravin alors que d’un claquement de doigts elle faisait revenir la bête vers elle, son félin. Il quittait aussitôt le jeune homme pour venir s’approcher de sa maîtresse qui se posait une nouvelle fois contre le sol. Il se couche à côté d’elle complètement collé contre sa cuisse couchée sur le flanc. Sa main droite vint se glisser sur le pelage d’Elör, sur son flanc opposé qu’elle caressait lentement. Son sac se posa contre le sol ainsi que sa cape qu’elle retire, étrangement il ne faisait pas froid ici, mais le vent était réconfortant et chaud. Sa longue chevelure rouge vint donc glisser contre son dos et se laisser flotter dans la brise, laissant s’échapper sa douce odeur de vanille. La reine ne put empêcher un sourire alors qu’elle l’entendait parler, elle se sentait visée, mais en même temps elle n’avait pas envie de sa baladé enrobe de noble pour attirer les regards de tout le monde, elle ne voulait qu’être ce qu’elle était et pas une reine.

«Les gens sont ce qu’ils sont. Je suis ce que je suis, peu importe qui je suis et quel est mon statut. Si mon nom t’importe tant, je vais te le dire. Je suis Viwien, la reine des Sindarins.»

Sa main droite continuait de glisser dans le pelage blanc de son félin alors que son regard restait directement planté devant elle, sur l’horizon et le décor. Un léger soupir s’extirpait de ses lippes, elle n’avait pas envie de jouer à ce genre de jeu. Elle avait envie d’être normale, ce qu’elle n’était pas. Après tout, elle n’avait pas choisi de naître dans un mon de noble, mais elle l’était alors elle n’avait pas le choix.

«Parce que les gens changent toujours leur façon de se comporter quand ils sont en ma présence. J’ai besoin de simplicité et pas d’une comédie qu’on me joue. C’est difficile de le nier quand tout le monde sait qui on est vraiment, enfin, presque tout le monde. J’aimerais tomber un jour sur quelqu’un qui ne me connaisse pas.»

Un haussement vient animer ses épaules alors que des ronronnements se faisaient entendre, sa main continuait de glisser sur le pelage blanc de son ami. Comme elle n’aimait pas parler de ce genre de chose et aussi parler de ce comportement. Si elle voulait se vêtir comme cela, elle allait le faire, elle n’allait pas se promener en robe tout le temps.

«Parce que je ne veux pas être traitée comme une reine. De toute façon, se promener en robe n’est pas vraiment utile. Ni pour se battre, ni pour le confort.»

Un nouveau soupir s’extirpe de ses lippes alors que la demoiselle finit par tourner son regard pour le poser dans celui qui lui posait tant de questions auxquels elle ne voulait pas répondre. C’est le genre de chose qu’elle voulait éviter, pourquoi? Parce qu’elle ne se considérait pas comme une reine, elle avait bien fui cette vie, mais elle y est retournée, en même temps elle n’avait pas le choix. Si sa vraie personne était autre qu’une reine, elle ne voulait pas qu’être un statut aux yeux des gens, mais une personne à part entière. Sa main finit par quitter le félin qui produisait un petit grognement d'insatisfaction ce qui fit naître un sourire sur ses lippes. Le félin ne bougea pas restant collé contre le corps svelte de la demoiselle.

Pour n'avoir pas été fils de noble, Enteri peinait à appréhender le désir d'échapper à sa sphère que connaissait la jeune femme, mais le fait qu'elle soit Reine des Sindarins l'étonna plus encore. Si elle demeurait une princesse à ses yeux, elle était reine et par conséquent son père était mort récemment, ou bien avait un héritier dont le Terran n'avait pas eu vent mais au vu de sa réaction de dégoût envers la noblesse elle devait être née au milieu de cette classe qui lui était pourtant étrangère. L'étiquette était loin d'être facile et lui-même avait toujours pensé qu'il fallait être farfelu pour apprécier ses règles... Mais cette réponse ne le satisfaisait toujours pas.

«Je crois que tu es juste quelqu'un qui manque de liberté et qui plus est mal entourée.»

Synchronisant son ronronnement au haussement d'épaule de sa maîtresse, le lynx s'imposa comme exception à cela. Puis Enteri fut content d'apprendre qu'il y avait effectivement des personnes aisées qui aimaient ne pas arborer leur faste prospérité, ce qui se faisait particulièrement rare auprès des bourgeois qu'il côtoyait. Si l'estime qu'il lui accordait en était d'autant plus grande, celle-ci ne semblait pas réciproque si bien qu'il voulut ajouter avant que n'arrive un petit oiseau à l'allure anormalement rapide.
Le colibri ralentit et commença à s'agiter devant Enteri pour lui signaler leur présence. Au loin le soleil fuyait et là-haut la sélène luisait. Dans la nuit s'éleva un bruit, un cri parmi les bruissements inquiétants, puis un vide, hostile, pesant, menaçant. Comme une vague vapeur sous une légère lueur, l'angoisse glissait hors des buissons. Vers eux.

«Puisque tu parles de te battre, princesse, nous avons de la compagnie...»

S'il n'avait pas prévu que les choses tourneraient ainsi, il était content d'être parvenu ici. Certes les divers canidés et autres monstres allaient les poursuivre jusqu'aux aurores, cependant à une telle hauteur ils ne pourraient être encerclés. Par ailleurs, lorsque le moment de fuir sera venu, il leur resterait toujours une issue... Enteri voulait seulement savoir combien de temps et comment la femme albâtre allait se battre.
Pour tout faibles qu'étaient ces bêtes, leur nombre indéfini ne s'épuiserait pas de la nuit c'est pourquoi le ladrini tira Harmonie, ses deux épées. Il se doutait que son amie n'apprécierait pas le défi à son juste prix c'est pourquoi il attendait de voir la manière dont elle allait agir.
De sa main gauche il frappa la gueule d'un monstre et sa lame droite entra en collision avec une colonne vertébrale cependant qu'il fit pivoter la première pour porter un nouveau coup létal d'un geste horizontal. En-dehors de ses entraînements il n'avait que peu d'occasions de les utiliser ensemble mais il n'avait pas moins à craindre ces chiens. Quoique parfois trop brusque ou peu précise, sa danse commençait à prendre forme, à trouver son harmonie. Du coin de l'oeil il surveillait Viwien.

C’était impossible de comprendre, elle n’était pas comme les autres nobles et elle ne rêvait pas non plus de richesses. Tellement de gens aspirent à faire partie de la noblesse et feraient n’importe quoi pour y parvenir. Elle souhaitait le contraire, jusqu’à la mort de son père qui l’avait supplié de prendre sa place. Il ne voulait pas que ce soit n’importe qui qui soit au règne de son peuple, de leur peuple. Au fond, elle ne souhaite pas cela non plus même si elle ne voulait pas particulièrement diriger, elle ne voulait pas non plus que son père meure en pensant qu’elle ne voulait rien de lui. La demoiselle finit par poser son regard sur le jeune homme. Ça l’amusait de voir les gens penser qu’il la comprenne ou donner un jugement sur sa vie.

«Je pense que vous ne me connaissez pas du tout mon cher.»

Un sourire en coin est posé sur ses lèvres alors qu’elle ne comprenait pas comment quelqu’un qu’elle venait tout juste de rencontrer faisait pour poser un jugement sur sa vie. Viwien n’allait pas émettre de commentaire là-dessus, mais il ne pouvait pas poser un jugement sur sa vie puisqu’il ne la connaissait pas du tout. Son compagnon était toujours posé à côté de lui alors qu’un bruit se faisait entendre, le faisant littéralement levé. Il était sur ses gardes, il observait ce qui était en train de se passer alors que la demoiselle se leva à son tour. Elle n’avait pas nécessairement envie de se battre, ce n’est pas ce qu’elle aimait le plus et surtout qu’ils pourraient passer le reste de la soirée à se battre contre ses animaux sauvages.

«Je ne passerai pas la nuit ici à me battre, alors avant que la meute arrive en entier, nous ferions mieux de quitter et de nous battre en chemin si nécessaire.»

Un haussement d’épaules alors qu’elle attrape entre ses doigts ses fils d’acier qui son particulièrement coupant. La demoiselle était la seule à pouvoir manier ce genre de chose, les autres risqueraient de se couper bien trop profondément en maniant ses armes. C’était une arme utile, qui s’allongeait et qui entourait rapidement lorsqu’on savait agilement les maniés. Son lynx était aussi prêt à attaquer alors que la demoiselle se dirigeait vers un autre chemin que celui des loups. Surement qu’ils allaient en croiser en chemin, mais c’est beaucoup mieux que d’attendre qu’ils arrivent tous au sommet et en même temps, elle n’avait pas envie de tuer tous les ennemis qu’ils allaient rencontrer. Elle n’aimait pas particulièrement tuer des animaux même s’il la mettait en danger de mort.

Déjà quelques chiens venaient de faire leur arriver, mais d’autre était en train d’arriver, une petite invocation qui transforme l’entrée en vraie patinoire. De la glace, les chiens glissant littéralement dessus alors qu’un geste habile vient faire tourner le fil autour d’un des chiens. Il se serre laissant le sang s’échapper ainsi qu’une plainte de la gueule de son adversaire, son lynx, qui vivait avant dans une étendu de glace avait l’habitude à ce genre de température alors il bougeait aisément sur celle-ci afin de se prendre à un nouvelle attaquant. La demoiselle se déplace donc avant que d’autres loups ne fassent leur arrivée, sautant une nouvelle fois très agilement contre les branches. Étant un elfe, elle avait des sens beaucoup plus développés.

«Allons-y.»

C'était un souvenir, douloureux, qu'elle regardait en déplaçant ses yeux sur la gauche, avant que de nouveau elle ne toise le terran avec condescendance. Celui-ci avait l'habitude de ce noble orgueil mais jamais encore n'avait-il vu quelqu'un haïr son rang tout en le prenant de haut, agissant comme ceux qu'elle rejette. Elle lui fit ensuite un sourire, creusant la commissure droite de ses lèvres pour arborer avec plus de poigne cette prétention : le fait qu'il l'eût jugée ne semblait pas lui avoir fait plaisir et il s'en contentait.

La bataille ayant commencée, Enteri eut l'horrible surprise de voir Viwien se diriger droit vers la forêt pour s'éloigner des chutes, foncer dans la gueule du loup. N'était-elle pas consciente que les créatures nocturnes était plus terrible que ces quelques bestioles ? À l'instant même où il se questionnait, la glace prit transformant une pirouette en roulade, puis en glissade. Il parvint à tacler un monstre qui s'apprêtait à lui tomber dessus, fit demi-tour en écrasant une épée dans le sol et utilisa l'élan obtenu pour achever la bête avant de progresser de nouveau jusqu'à une surface plus sûre.

«Que faites-vous, princesse ? Non contente de ces vermines vous comptez avancer vers leur repaire ?»

Intérieurement, il pouvait admettre que la situation n'était pas usuelle, néanmoins s'il attendait une réaction de Viwien jamais il n'aurait imaginé qu'elle tenterait de rentrer au sommet de la forêt, en pleine nuit ; plus que de l'imprudence, il n'était plus question d'endurance : ce repli était de la folie pure. Pensait-elle réellement descendre dans une forêt infestée ? Et elle qui souhaitait ne pas avoir à passer la nuit à se battre...
Enteri reculait lentement lorsqu'un canidé lui sauta dessus. Pivotant sur ses appuis, il l'attrapa par la gorge et le jeta par-delà les chutes tout en comptant le temps qu'il lui faudrait pour atterrir, ou plutôt se fracasser tout en bas. Un frisson d'excitation le parcourut lorsqu'il entendit un très léger son signifiant la fin de la chute, car un tel saut était irréalisable. Excepté en alternant les prises à côté des chutes nébuleuses et les points d'eau qu'il pourrait trouver. Un long trajet qu'il avait toujours rêvé d'effectuer. Les prises seraient difficiles et indociles ; le parcours, sans détour, serait court et agressif mais tellement jouissif. En outre puisqu'elle semblait contrôler la glace, la femme si lasse pour geler certaines surfaces pour obtenir des appuis plus propices, ce dont le ladrini ne pouvait que l'envier. Un dernier pas en arrière et il se retrouva au bord, devant des bêtes hésitantes mais au regard tout aussi perçant.

«Je n'ai pas de temps à perdre à descendre à travers toute la forêt, mais on se retrouve en bas si cela vous plaît...»

Après avoir placé ses affaires à l'intérieur de ses vêtements et une fois les avoir resserrés, il contempla une dernière fois la merveilleuse scène offerte à ses prunelles. Il repéra un point d'eau, puis exécuta un saut de l'ange, un saut de la foi. Des trois chiens qui avaient sauté avec lui, aucun ne s'en était sorti alors qu'Enteri avait réussi à plonger dans la flache. Prestement il en sortit et chercha des appuis pour descendre aussitôt ; quelques végétaux épars, plusieurs aspérités et une ou deux pierres. Certes il faisait nuit et parfois il glissait, toutefois son sempiternel entraînement avait porté ses fruits et désormais il lui semblait presque voler. Lorsqu'il se sentit enfin prêt, enfin assuré de son dernier point d'eau, il entama un dernier saut. Ainsi respirait-il l'Harmonie.
Il rejoint le bord et ressentit les premières vagues de froid, vérifia son matériel puis reporta son regard là-haut, là où l'eau brillait toujours. Il ne savait pas si elle l'avait suivi mais une chose était sûre : si elle avait pris l'autre chemin, il ne l'attendrait pas. Après tout, il avait finalement eu sa réponse et ne patientait que pour discuter encore un peu. Tout en bas, les bêtes étaient moins nombreuses et courageuses.

Sujet: Re: Là-haut, là où l'eau brille Dim 2 Jan - 21:28

La demoiselle n’aimait pas se prendre pour un autre, c’est certain qu’elle pouvait parfois avoir des habitudes de noble et c’est surement parce qu’elle avait vécu une partie de sa vie avec eux. Puis ce n’est pas parce qu’elle fait partie de la noblesse qu’elle n’aime nécessairement pas se faire juger, qu’elle soit une noble ou pas, elle n’aimait pas que les gens pensent la comprendre. On ne pouvait pas comprendre une personne aussi facilement, il ne suffisait pas que d’un seul regard pour connaître quelqu’un. C’est, simplement comment elle pensait, et cela n’avait aucun lien avec son statut ou simplement son rang. Il y avait toujours quelque chose pour nous déconcentrer, quelque chose qui nous dérange et maintenant c’était des loups, des animaux sauvages.

Elle avait tôt fait de se lever pour se défendre, mais si elle n’avait pas vraiment envie de le faire. Ses fils d’acier venaient les couper, les entourer et les blesser de toute part. Elle était bien la seule qui pouvait manipuler ce genre de chose, il fallait être habile pour ne pas se trancher tout seul un doigt ou même la main. Avant qu’elle ne se retourne dans la forêt le jeune homme lui adresse quelques mots, elle cesse son avancé afin de retourner son regard vers lui. Il avait raison d’une certaine façon, mais en même temps, où pouvait-il aller pour éviter de se battre? La demoiselle se recule donc, tranchant la gorge d’un autre loup avant de se retourner vers lui, il avait une meilleure idée. Se tira en bas? Ce n’est pas du tout le genre de chose qu’elle va faire, elle va surement se trouver une meilleure idée. Encore une fois elle vient manier la glace question de se faire une longue glissade pour se rendre jusqu’à bas, son lynx reste près d’elle près à la défendre contre leurs ennemis.

Une fois la glissade de glace faite elle se pose contre celle-ci, à la suite du jeune homme qui venait de faire son plongeon. En quelque temps elle finit par se rendre en bas et fait aussitôt disparaître pour ne pas que les loups suivent ses traces. Elle atterrit directement dans l’eau, sinon elle se serait fracassée contre le sol, elle ne s’en serait pas sortie aussi indemne. Son corps tombe dans l’eau, ainsi que son familier qui reste toujours près d’elle puis elle finit par ressortir pour se rendre sur la rive, pour retrouver l’homme avec qui elle parlait avant de se faire déranger. La demoiselle l’avait suivi de peu, ses cheveux lui collent littéralement au visage alors qu’elle glisse sa main dans ceux-ci pour les retirer de contre sa peau. Elle replace aussi ses vêtements qui lui collaient au corps et finit par reposer son regard sur le jeune homme.

«J’avoue que cette façon est plus efficace que la mienne, elle aurait été beaucoup plus longue.»

Son compagnon se pose contre le sol pour se lécher, c’était un félin et il n’aimait pas nécessairement tomber dans l’eau, mais de cette façon il n’avait pas réellement eu le choix. C’est surement pour cela qu’il se mettait tout de suite à se sécher, il n’aimait pas être mouillé.

[hrp : Désolé de ma lenteur ]

Sujet: Re: Là-haut, là où l'eau brille Dim 16 Jan - 2:22

Une gouttelette dégoulina dans la flaque, provoquant quelques ridules sur la froide surface, au travers desquelles se reflétait la silhouette de Viwien et sa création de glace. Elle l'avait rejoint, n'ayant apparemment aucune envie d'être délaissée, et pour se rattraper de son manque de tact le jeune homme voulut l'aider à se relever par courtoisie. Il lui adressa un sourire pacificateur en espérant qu'il serait ainsi excusé pour une telle rudesse, car après tout, c'était à cause de lui qu'elle avait dû monter aussi haut, affronter les bêtes nocturnes et effectuer une telle chute.

«Veuillez me pardonner, tant pour mon comportement indécent que pour ces évènements effervescents. Cependant n'était-ce pas amusant ?»

Ses prunelles dans celles de Viwien se voulaient aimable, et espéraient également que la mélodie des plantes, le déclin de l'astre ou bien l'adrénaline de la mêlée avaient pu briser son masque d'indifférence. Peut-être lui en fallait-il peu pour être heureux, mais qu'elle n'aime pas même la pure nature dans laquelle elle se promène signifiait que son envie de fuir sa suite sindarine et sa gente devait être urgente au point d'ignorer ces coins colorés. Enteri se souvint de ce qu'elle avait dit, son vain désir d'être prise pour une fille anonyme ; il lui fit un sourire.
De bien nombreuses fois avait-il connu la déplaisante crispation de ses vêtements sur sa peau et son noble confort éprouvait toujours quelques réticences, mais habituellement s'y mêlait paille ou vase c'est pourquoi il ne se sentait pas si mal à l'aise. Après tout, l'eau était d'une pureté aussi appréciable que sa clarté, quoique glacée au point de le faire trembler.
Il ajouta néanmoins que non loin se trouvait un coin où il pourraient s'éloigner de la forêt et ses habitants la hantant de nuit. Enteri avait appris qu'une pierre servait de repaire à cet antre où nul n'entra sans en connaître le rupestre confort. Il arriva bientôt devant une colonne d'eau puis plongea pour émerger de l'autre côté.

Bien que d'eau, le rideau secret semblait fait de cristaux et grâce à la Sélène, sa grâce sereine se reflétait en traits qui ondoyaient sur les froides parois. Si la barrière naturelle empêchait les éventuelles êtres égarés d'en remarquer l'entrée, ses réfugiés pouvaient observer en-dehors de son abord. Discret, ce lieu secret était parfait pour lui et son amie.
Enteri avança jusqu'à un renfoncement dans lequel se trouvait toujours de quoi faire un feu, en cas de besoin et afin de savoir si quelqu'un était passé par là. Cependant qu'il disposait les divers branchages et s'apprêtait à alimenter les flammes, il s'adressa de nouveau à la femme.

«J'espère que dormir ici ne vous dérange pas ? Alors laissez-moi vous en dire un peu plus sur moi, à condition bien sûr que cela vous intéresse, demanda-t-il en notant sa réponse. J'ai pour nom Enteri Klypsène, fils d'un petit bourgeois et d'une mère paysanne. Ils n'étaient pas particulièrement riches mais mirent un point d'honneur à l'enseignement. À leur mort, ils me laissèrent avec un maigre héritage pour survivre moi et mon frère malade. Divers adversaires à mon père tentèrent d'en prendre les cendres et tuèrent mon frère en vantant un docteur incompétent. Les écouter était mon dernier acte de bonté car via d'habiles traités j'ai pu les monter les uns contre les autres, me permettant d'accroître l'ampleur de ma faveur tout en leur faisant perdre les leurs.»

L'hostilité qu'il éprouvait envers les nobles ressortait dans la suite de ses histoires où il racontait comment il aurait diminué leur influence ; une lutte de longue haleine. Toutefois en dépit de son ardant engagement, sa voix se faisait peu à peu soporifique, mais loin d'être ennuyeuse. Calme et agitée à la fois, elle agissait telle une berceuse légère, faisant écho à l'atmosphère chimérique de la tanière aux frontières d'une rêverie endolorie, fantasmagorie d'un ladrini.

[Vraiment désolé pour le retard, mais cette réponse semblait maudite à cause des partielles, de la motivation et d'une semaine assez chargée. N'hésite pas à me contacter si quoi que ce soit te gêne !]