[Terminer] Des souvenirs, comme des vivants... [Pv : Yukia]

Alyse était assise nonchalamment sur le muret entourant le manoir laissé l’abandon de la famille Rasphodos. Apparemment quelqu’un avait habité ici après Taulmar, mais lui et les siens étaient mort et personne n’avait plus repris cet édifice. Au fils du temps, la végétation avait repris ses droits, et le mur était devenu muret, le manoir ruine et les souvenirs était devenue chimères. Adossé aux pierres écroulé sur le mur, Alyse regardait l’ancienne maison, autrefois pleine de noblesse fief et demeure d’un grand Cavalier, terrible sur le champ de bataille, brave face a la mort et fidèle envers sa cause. Le visage de cet homme lui restait en mémoire ainsi que d’un certain temps passé avec lui. De combat mené côte à côte. Elle aimait bien cet homme.

Son casque reposait a côté d’elle, et son arme était posé au sol. Ici, elle ne craignait que les fantômes du passé, et l’acier ne les ferait pas partir. Elle venait souvent ici pour réfléchir. La ville était bruyante, grouillante, pleine de vie. Ce n’était pas un bon cadre pour penser et essayer de faire du tri dans sa tête. Elle n’arrivait toujours pas à se remémorer sa vie avant les cavaliers. Demain arrivait le voyage pour Ridolbar et deux semaines de voyage en compagnie de la très charmante commandante Kreen… Ce voyage ne l’enchantait pas. Elle n’avait aucun problème à voyager, mais elle avait du mal avec le système de commandement des cavaliers. Elle en avait marre de suivre des ordres…

Laissant son bras gauche pendre dans le vide, elle leva la bouteille qu’elle tenait dans son autre main a ses lèvres et en but une gorgé. Avant de la reposer sur le mur. Demain à l’aube, elle sera sur les routes… Comment occuper cette journée s’annonçant longue ? Reposant un peu plus loin dans l’herbe, sous un arbre mort depuis des centaines d’années deux pierres finement taillé et sculpté reposaient. Les herbes envahissantes et la végétation ayant été chassé il y a peu par une faux, qui reposait à terre non loin des tombes dans ancien maîtres des lieux. Derrière se dressait le caveau de la famille. Alyse soupira longuement avant de reprendre une gorgé. Une bruit de pas se fit entendre et elle tourna la tête vers ce son.

“ Ah… Tu arrives enfin ? “

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

La chose la plus horrible dans la vie d’un Lhurgoyf n’est, finalement, pas sa nature de monstre mais sa longévité hors normes.

C’est tout du moins mon avis. Autrefois, je m’étais une fierté de cette longévité, aujourd’hui, je me dis qu’il s’agit d’une sorte de malédiction. C’est en tout cas ma malédiction. Peut-être que mes congénères ne le conçoivent pas ainsi. Sans doute ne se soucient-ils pas du temps. Qu’en avons-nous à faire après tout ? Vivre avec des Terrans a quelque peu biaisé ma façon d’appréhender ce concept. Cette race est si… fugace. Un battement de cil et les voilà envolés, il suffit de détourner le regard trente seconde pour que le plus fier des hommes devienne un vieillard décrépi.

Être de nouveau ici me rappelait à quel point le temps était cruel.

Les derniers détails de ma libération avaient été réglé quelques heures plus tôt, au grand dam de certains fervents défenseur de Vrass. Mais personne ne semblait avoir assez de cran pour discuter les ordres de la Commandantes Kreen, une bonne chose pour moi. Il me faudra tout de même faire profil bas pendant les deux jours de qu'il reste avant notre départ. Chose plus facile à dire qu’à faire quand on sait que le seul toit auquel j’ai accès est le Manoir Cavalieri.

Le manoir Rasphodos ? Et bien… Le temps l’a emporté, comme tout le reste.

Mon coeur se serre étrangement tandis que je suis devant ce qu’il est resté. Cette bâtisse qui me paraissait si immense dans mon enfance n’est aujourd’hui plus qu’une vieux tas de gravats. Une ruine qui n’a pas résisté au temps. Le sentiment qui m’étreint est le même que celui qui m’avait envahit à la mort de Sirtha.

- Idiote…Je me souffle à moi-même, en guise de remontrance.

Je reprends contenance, rien en sert d’être sentimentale. Surtout après autant de temps. Á quoi je m’attendais en venant ici ? A trouver le manoir dans l’état dans lequel je l’avais laissé après la mort d’Elaam ? Très certainement pas ! Je n’étais pas naïve à ce point.

Alors pourquoi cette décrépitude me chagrine-t-elle autant ?

Je chasse la question d’un geste rageur et rejoint directement les jardins, sans même passer par l'intérieur de la bâtisse. Le passage latéral bien qu’encombrer est toujours présent. J’aperçois une silhouette au loin, la voix qui résonne à mon arrivé m’indique l’identité de cet intrus.

- J’ai eu de la paperasse à remplir avant de pouvoir être libre de mes mouvements. Visiblement, la liberté a un prix… Dis-je tout en avancant à sa hauteur.

Je plante mon regard dans le sien et sourit, un bref instant. Je ne le lui dirai sans doute jamais tout haut, mais je suis contente qu’elle soit là. Elle fait un peu office de point de repère dans ce monde qui ne ressemble plus à celui que j’ai connu et dans lequel je peine à trouver une place. Je finis par détacher mon regard du sien et m’empare de sa bouteille. L’alcool qu’il contient me réchauffe.

- J’ignorais que les ruines de ma familles était ton lieu de recueillement…

Le ton est taquin mais le coeur n’y est guère. Je voulais venir ici, lui ait demandé à demi-mot de m’accompagner et maintenant que j’y suis, je veux juste partir. Je jette un coup d’oeil au caveau familial, tiraillée entre l’envie d’y aller et celle de juste quitter les lieux.

* C’était une mauvaise idée..*Je songe tandis que je pénètre dans le caveau et m’avance sur la tombe de ma mère.

- Te souviens-tu de ta famille, Alyse ? Je demande tout en déposant un bouquet de lys blancs sur la pierre froide.

Pourquoi cette question ? Je n’en sais trop rien. Elle est sortie toute seule. J’y réfléchis moi-même, essaie de me remémorer le visage de mes parents d’adoptions. Ils commencent à devenir flous. Ceux de mes vrais parents ? Je les ai oubliés depuis bien longtemps. Les ai-je seulement connus ? Il y avait certes du Lhurgoyfs avec moi lorsqu’Elaam ma recueillie mais je n’arrive plus à me souvenir de qui ils étaient. Des frères, des parents, des amis ou simplements des inconnus ayant eu pitié d’une gamine. Je n’en ai aucun souvenir. Encore l’un des désavantages du temps…

Lâchant sa bouteille a Yukia, Alyse se redressa pour finir assise sur son muret. Silencieuse elle regardait sa cadette se déplacer vers le caveau. C’était un lieu de recueillement et elle avait fait en sorte qu’il soit présentable avant l’arrivé de la dernière de la famille. Le temps virait au gris, il ne manquait plus que la pluie pour que la scène soit plus tragique s’amusa intérieurement Alyse. Cette dernière n’aimait pas vraiment le passé et ce qu’il impliquait. Raison pour laquelle elle avait hésité à rejoindre Yukia ici. Mais finalement l’ennuie l’avait emporté et elle pouvait dire au revoir comme il se doit à son vieil ami. Reprenant son bien a sa camarade, Alyse y but une gorgé et lui fit signe que la voie était libre.

“ Je vais là ou mes souvenirs me portent. Et je connaissais bien ce manoir. “

Enfin, c’était un sentiment étrange. C’était comme si la maison en ruine lui était familière. Des sons et des odeurs lui revenaient en mémoires, de même que quelque sentiments, mais aucuns moyen d’y placer des images ou une époques. C’était dérangeant. Laissant son regard dériver vers le tombeau La Rouge se rendit compte que Yukia s’y était rendue. Elle l’y rejoignit et resta quelque instant sans comprendre le sens de la question. Elle n’avait plus qu’une image de sa famille. Et ce n’était pas vraiment une image. Un sentiment. Elle ne voyait plus rien de ceux qu’elle pouvait appeler sa famille. Si ce n’était son frère, mort empalé le long de son épée. Son armure d’or taché de sang devant les mur de Taulmaril. Et une bague qu’elle portait. Un ancien gage d’union. Union passé avec quelqu’un qu’elle ne connaissait plus. Ni son nom, ni son visage. Inconsciemment elle porta la main a son cou, là où se trouvait la bague attaché à une chaîne sous son armure.

“ Non. “

Pas de doutes, pas de tristesse. Un vide tout au plus. C’était surement ça. Sa voix était vide. Vide d’émotion et lourde de sens. Le passé ne l'intéressait plus. Trop douloureux et surtout inutile. Bien sur, il se rappelait sans cesse a elle, comme une cicatrice fait souffrir son porteur. Elle vivrait avec, ignorant cette douleur, cette angoisse glaçant de ne plus se connaître. De ne pas savoir qui elle était. Elle ferait avec, et peut être qu’un jour, le temps fera son office et guérira cette plaie. Soit en l’emputant, soit en la refermant normalement.

“ … “

Qu’ajouter ? Que dire ? Une remarque cynique ou mauvaise serait normalement apporté par Lupercal, mais elle avait un trop de respect pour les Rasphodos pour se moquer d’eux. Elle se tut et regarda les fleurs sur la tombe. La mine sombre, Alyse restait attentive a ce qui pouvait se passer. Elle connaissait assez Yukia pour savoir qu’elle gérait mal ses émotions. Surtout celle qu’elle n’avait pas l’habitude de ressentir.

“ Et toi ? Il doit te rester des souvenirs de ces lieux ? “

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Pourquoi avoir posé une telle question ? Je l'ignore.

Peut-être que je chercher à me rassurer, que je tente de voir si je suis la seule à qui la mémoire joue des tours. C'est une question étrange et inattendue mais à laquelle je pense déjà avoir une réponse.

- Non.

Je souris piteusement. Je m'y attendais. Elle n'en a jamais parlé bien que nous nous connaissons depuis des lustres maintenant. A bien y réfléchir, c'est la première fois que nous avons ce genre de discussion. Cela me laisse une impression étrange je n'ai guère l'habitude d'être aussi sentimentale. Sans doute que les lieux et la nostalgie qui m'étreint le cœur me rende sentimentale. En tout cas, je ne laisse rien transparaître de l'extérieur. Mais je sais que lo' apprend pas à un vieux singe à faire la grimace.

- Cela dépend à quelle famille on fait référence. Je rétorque tandis qu'Alyse me retourne la question.

Je reste silencieuse tandis que ma main parcoure le marbre du caveau de Sirtha. La pierre n'a pas bougé en un demi-millénaire mais c'est malheureusement bien la seule chose...

Je suis perdue dans mes souvenirs, les plus anciens que je possède. Décidément non, je n'arrive pas à me souvenir de mes géniteur. Ce ne sont que des cadavres blêmes au visage flou. Je ne sais même pas s'il s'agissait de mes parents. Un enfant aurait dû ressentir de la peine de voir ses parents sauvagement abattu non ? Ce n'était pourtant pas mon cas, je ne me souviens pas avoir eu une quelconque peine à leur meurt. J'étais quelques peu perdue ça oui. Peut-être ne s'agissait-il que d'étrangers à qui j'avais fait pitié ? Mais pourquoi se battre contre des Terrans en surnombre de ce cas-là. Je ne sais plus trop, cela remonte à si loin.

Cela n'a guère d'importance de toute façon. Mes parents gisent dans ce caveau, de toute façon. Leur visage à eux aussi commence à s'estomper dans mon esprit. J'ai beau lutter contre cela je n'y peux rien. Le temps a des effets terribles, même sur ceux de ma race…

- Leur visage commence à disparaître de mon esprit mais oui... Je me souviens d'eux. Je finis par lâcher.

Oui, les souvenirs eux sont encore bien vivaces. J'ai l'impression de pouvoir les voir se superposer aux ruines du manoir, d'entendre le tumulte causé par l'agitation des domestiques. De sentir la douce effluves des fleurs de Sirtha tandis que je quitte le tombeau sans même jeter un regard sur ma tombe d'Elaam. Je ne suis pas encore prête pour ça. Je lui en veux toujours. Bien plus que par le passé...

Et tandis que je quitte la petite bâtisse, un détail me saute aux yeux. Une faux qui traîne non loin. Maintenant que je la vois, je le remarque enfin, les alentours du caveaux ont été entretenus. Je me retourne vers Alyse, la fixe d'un regard tout à fait neutre mais je m'interroge en mon fort intérieur. Quelle genre de relation avait-elle avec Elaam au juste ? Je sais qu'ils ont combattu côte à côte, il me semble qu'ils ont eu le même grade mais je ne m'en souviens guère. Toujours est-il que ce genre d'attention de la part d'Alyse était assez rares…

- Quel genre de relation avais-tu avec mon père ? Je lui demande tout en continuant de fixer la faux.

Il fallait que ce genre de question tombe. Qui était Elaam pour elle ? Un camarade ? Un allié ? Un ami ? Elle n’en savait rien. Elle ne se souvenait plus de cette époque. Elle savait qu’ils étaient prochent, elle avait des bribes de souvenirs dans cette maison, et ça avant même que Yukia ne soit là. Alyse passa a côté de sa cadette, sans la regarder, la mine sombre. C’était ridicule. Elle était revenu ici pour aider, et la voilà mal en point. Qui était Elaam ? Elle ne savait plus. Elle jeta un regard vers le manoir en ruine, et elle soupira. Un soupire de dédain, elle se moquait d’elle même. De sa sensiblerie. Elle ne se souvenait bien ? Et bien tant mieux ! Une attache de moins à ce monde. A ce royaume, a cette vie. Elle ricana, doucement, usant de son pouvoir pour faire voler la faux dans sa main.

“ Aucune idée. “

Un sourire étirait son visage. Qu’est ce qu’il représentait ? Sa folie ? Sa soudaine résolution ? Elle n’en savait rien. L’alcool faisait il son effet ? Surement. Elle ne se souciait plus de grand chose.

“ Et toi ? Tu ne lui a même pas accordé un regard. Tu lui en veux ? “

C’étaient ils disputé avant sa mort ? Peut être, ce ne serait pas très surprenant. Yukia pouvait avoir un tempérament explosif, et Elaam n’était pas l’homme le plus patient ou conciliant. Qu’avaient ils bien pu se raconter ? Pourquoi lui en voulait elle ? Pourquoi s’y intéressait elle ? Aucune idée ! Alyse resta quelques instant a regarder Yukia, puis elle retourna vers son muret effondré et posa la faux a terre, la troquant contre la bouteille dont elle tira une nouvelle gorgé. Elle se reposa sur la pierre froide et laissa la bouteille a côté d’elle, préférant jouer avec son casque, le regardant et le faisant tourner entre ses mains. Pourquoi était elle venue ? Elle était un chien de guerre pas une maie et encore moins quelqu’un qui savait écouter les problèmes des gens… Mais peut être que faire une exception l’aiderai à se trouver elle même alors, pourquoi pas ? Pourquoi partir ? Elle était tout aussi bien ici.

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Je ne suis visiblement pas la seule à être ébranlée par ce manoir en ruine.

Je fixe Alyse tandis que j'attends une réponse de sa part. Réponse qui se fait attendre... La Cavalière semble perdue dans ses pensées. Je me contente de la fixer, silencieuse et toujours plantée à l'entrée du caveau Rasphodos. Elle finit par se dépasser et quitte le sépulcre, la mine sombre. Je la suis du regard tout en fronçant les sourcils. C'est bien la première fois que je vois mon aînée dans un tel état.

Et tandis qu'elle ramène la faux à elle tout en ricanant, m'annonçant qu'elle n'a aucune idée de qui Elaam était pour elle, je sens mon cœur se serrer d'une étrange façon. Serait-ce de la pitié pour la Rouge ? Peut-être. Je n'en sais rien, je n'ai jamais fait preuve de réelle empathie jusque là, à l'exception de Sirtha évidemment. C'est à croire que cet endroit est propice au sentimentalisme, même pour des monstres comme nous.

La question qu'Alyse me pose me laisse à mon tour perplexe.

Est-ce que j'en veux à Elaam ?Oui. C'est bien la seule certitude que j'ai dans ma vie actuelle. J'ai cru durant un moment que mon amertume à son égard avait disparu mais non... Elle s'était juste amoindrie tandis que j'avais perdu l'esprit durant mon enfermement dans la prison d'Umbriel. Quelques jours de liberté avaient suffi pour que le ressentiment que je ressentais à son égard refasse surface. J'étais effectivement en colère contre lui, mais je ne savais plus réellement pourquoi. Je lui en avais voulu pour plusieurs choses. Pour ne pas m'avoir emmener avec lui sur le champ de bataille, quand j'étais enfant. Pour s'être laisser attendrir et avoir perdu sa prestance de Cavalier à la mort de Sirtha. Pour avoir vieilli et être parti si vite. Pour m'avoir laissé si tôt. Pour ne jamais avoir suscité chez moi l'envie de suivre mes propres désirs et ma propre voie. Vraiment, j'ai tellement de chose à lui reprocher que je ne sais plus ce qui est à l'origine de ma colère envers lui.

- Oui.

C’est clair, net et précis. Mentir ne sert à rien et en dire plus non plus puisque je ne sais plus pourquoi je lui en veux précisément à l’heure actuelle.

Perdu dans mes propres pensées, je rejoins ma collègue et m’empare de la bouteille qu’elle a délaissé, prenant une gorgée loin d’être raisonnable. Pourquoi j’avais voulu venir ici déjà ? Je ne sais plus. Le silence autour de nous est pesant, seul les cliquetis métalliques du casque d’Alyse brise le silence monotone du vieux manoir. Je lui jette un regard discret, elle semble perdue dans ses pensées.

- Á quoi est-ce que tu penses ? Tu as l’air un peu plus morose qu’autrefois, non ?

Les mots traversent la barrière de mes lèvres avant même que je m’en aperçoive. Décidément, boire n’était pas une bonne idée. Alors autant continuer ! Je reprends une nouvelle gorgée, attendant une remarque cinglante de la part d’Alyse - le sentimentalisme n’est guère sa tasse de thé à ce que je sache - et laisse mon regard se planter sur les ruines du Manoir Rasphodos.

- Hum…?

C’est tout ce qui m’échappe tandis que j’ai l’impression d’entrevoir une silhouette passée dans une des fenêtres rescapées de l’étage en ruine. J’observe attentivement. Rien. Bon… Il est peut-être temps d'arrêter la boisson. Je continue à fixer cette fenêtre, oubliant la question que je venais de poser à Alyse. Toujours rien mais j’ai un étrange pressentiment.

- Je vais à l’intérieur… Je souffle avant de me téléporter dans ce qui reste du hall d’entrée du manoir.

L’instant d’après, je me retrouvais à l’intérieur de la maison qui m’avait vu grandir. Et si les jardins suscitaient déjà chez moi la nostalgie, être à l’intérieur exacerbe encore plus la chose. J’ai l’impression que mes souvenirs se superposent à ce que je vois. Les murs moisis et défraîchis retrouvent leur grandeur d’antan, l'obscurité laisse place à une douce lumière J’ai même l’impression de pouvoir entendre le brouhaha familier des domestique des lieux Je reste plantée là un instant, me laissant portée par les hallucinations de mon esprits c’est finalement des bruits de pas qui me ramène à la réalité Instinctivement, je veux me saisir de mon épée et finis par me rappeler que je ne l’ai pas Je ne pensais pas en avoir besoin dans un tel lieu. C’est peut-être une erreur. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il s’agisse d’Alyse...

Silencieuse, Alyse essayait de faire le vide dans son esprit. Mettre de côté les idées apporté par l'alcool, et garder celle qui sont les siennes. Une tâche ardue, lorsque l’on est saoul. Heureusement pour elle, elle avait toujours bien tenu la boisson, ce qui facilitait grandement sa tâche, car elle n’avait pas bu tant que ça. Mais il n'empêchait pas qu’elle se trouvait maintenant à faire tourner son heaume dans entre ses doigts tandis que son regard était fixé sur le sol, à interroger le vent sur le sens de sa vie. Un soupir lui échappa alors qu’elle déposait son casque à côté d’elle. Le silence fut de nouveau brisé par la question de la cadette.

A quoi pensait elle ? Rien. Elle avait l’air plus orose qu’autre fois ? Pour une simple raison, le temps a calmé sa folie. Et plus important. Il n’y avait plus personne à tuer. Enfin il y en avait, mais ce n’était pas à elle de le faire apparement… Plus de guerre, plus d’ennemie, simplement de la politique et des préparatifs. Tout ce qu’elle avait aimé. Enfin… Elle ne répondit pas a sa compagne du moment. Alyse avait relevé la tête à l'interrogation, et il lui semblait aussi avoir vu quelque chose.

“ Réfléchir c’est mauvais pour les soldats. Occupe toi de toi. “

Yukia semblait aussi avoir remarqué quelque chose. Mais c’était fugace. Elles semblaient l’avoir perdu de vue. La Rouge n’y prêta plus attention, contrairement à l’autre, qui disparut dans un souffle… Pourquoi Yukia devait toujours être aussi impulsive ? Alyse se saisit de la bouteille et constata avec un certain dépit qu’elle était vide… Elle soupira longuement devant cette triste bouteille qui sur le moment lui faisait penser à elle. Usé, vide et surtout inutile. Elle la jette plus loin et se redressa avant de prendre la route vers le manoir. Alors qu’elle approchait, un bruit attira son attention. Quelqu’un était à la fenêtre. Et ce n’était définitivement pas Yukia. D’ailleur des bruits plus familier venait de l’intérieur du bâtiment plus loin…

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Ils ne le savent pas encore mais ils sont déjà morts.

Être de nouveau dans cette maison qui m'a vue grandir est des plus déstabilisant. Pour la première fois depuis la mort de Sirtha. Les souvenirs affluent en masse, vivaces comme au premier jour. Je m'y laisse aller un instant mais reviens vite sur terre tandis que des bruits de pas se font entendre.

J'ai d'adord cru qu'il 's'agissait de ceux d' Alyse. Mais non, La Rouge n'est pas la. Pas encore. Peut-être ne viendra-t-elle pas du tout et continuer a-t-elle à broyer du noir dans son coin. Cette pensée me fais inconsciemment hausser les épaules. Peu importe après tout. Elle est assez grande pour savoir ce qu'elle fait et je n'ai pas besoin de baby-sitter.

Je tends donc plus l'oreille. Les bruits de pas viennent en réalité de l'étage. Je peux même entendre quelques voix étouffées. Qui est-ce ? Des badauds en recherche d'un semblant d'abri sans doute. Je vois mal des pilleurs ou autres venir ici. Cela se voit au premier coup d'œil qu'il n'y a rien à piller ici. La simple idée qu'un inconscient puisse concevoir de piller ce manoir me fait houiller intérieurement.

Emporté par ma curiosité. Je me téléporte à l'étage. J'atteris ainsi à l'entrée du couloir supérieur. L'étage est dans tout aussi piteux etat que le rez-de-chaussée. Certaines parties des murs se sont totalement effondrées, laissant entrevoir les pièces ou même le jardins. D'un pas silencieux, je me dirige vers ces voix qui s'élève en toute insouciance. Elles semblent provenir de l'ancien bureau d'Elaam. Je m'approche discrètement, dos au mur et écoute.

- Bordel, tu vois bien qu'il ne reste plus rien ici ! Aller viens, on rentre !

Ils sont donc bien là pour piller...

- J' te dis qu'il y a encore quelque chose à tirer ici. Je l'ai vu sur le portrait ! L'armure et l'épée de ce vioc peuvent rapporter !
- Parce que tu crois les racontars de ce Zélos ? Tout le monde sait que c'est un arnaqueur !
- Il a dit qu'il me paiera le prix fort si je lui ramène l'matos !

Ce Zélos-là ne vivra pas longtemps... Je me décolle du mur, prêter à demander à ces énergumènes l'identité de celui qui leur avait mis une telle idée en tête quand la phrase a ne pas dire fit prononcée.

- On n'a qu'à aller ouvrir les tombes du caveau et s'il y a rien, on s'casse.

Mon sang ne fait qu'un tour tandis que la rage me gagne quasi instantanément. L'émotion est si forte que mes instinct de Lhurgoyfs reprennent le dessus. L'instant d'après c'est un monstre qui se dresse face aux apprentis pilleurs. Combien sont-ils ? Aucune idée. J'en fauche un et en coin un autre sous mes griffes.

- Pauvre fou... Pour qui te prends-tu pour oser profane la tombe de mes parents ?! Qui t'as mis cette idée en tête ?

Le pauvre bougre n'y comprend évidemment rien mais pas question de le tuer tant qu'il n'aura pas cracher le morceau. Des bruits de pas précipités m'indique que d'autres étaient présent et on pris la fuit. Ils peuvent bien courir, ils n'iront pas loin de toute façon.

Alors qu’elle commençait a courire vers les bruits, ALyse reconnut le son de ce vacarme. La voie de Yukia complètement transformé par sa forme monstrueuse. Elle ne savait pas bien où se trouvait la Rasphodos, mais une chose était sur ceux qui étaient avec elle n’avait plus longtemps à vivre. A peu près autant de temps que les sept inconscients qui déboulaient à toute vitesse dans le jardin. Ils tombèrent nez-à-nez avec la Cavalière vétéran. Elle remarqua qu’il en restait encore un certains nombres dans le bâtiment qui prirent une autre direction. Les pillards sortirent tous des armes rudimentaires et se préparaient a vendre leur peau. Un sourire macabre décora le visage de la Lhurgoyfs, alors qu’elle tirait son épée du fourreau à sa hanche. La peur se lisait dans leur regard. Ils ne savaient pas ce qui avait attaqué leurs camarades mais ils ne comptaient pas rester ici pour le savoir. Phelgra n’était pas un pays pour les tendre, ils allaient vendre leur peau. Si il sentaient qu’ils n’avaient aucune chance face à un monstre pouvant hurler comme ce qui se trouvaient au dessus d’eux, une femme seul semblaient bien plus accessible. L’erreur.

Alyse posa son casque sur sa tête et usa de son pouvoir. L’armure vibra sous l’impulsion magique, et l’armure gagna quelques centimètres. Maintenant, elle les dominait tous de presque une tête. N’attendant pas que leur adversaire soi prête, le plus brave ou plus rapide du groupe se jeta en avant pour planter la femme de sa dague, malheureusement pour lui, sa dague n’était pas suffisante pour percer l’épaisse armure la protégeant. La dague ripa sur le plastron et il fut saisi à la gorge par la main ganté de l’armure. Elle le souleva légèrement au dessus du sol sous les regards perdu de ses compagnons. Elle sera sa pogne et lui brisa la nuque. Alyse laissa le corps tomber sans vie sur le sol et elle leva son arme devant ses adversaires.

“ Venez. La mort nous appelle, il serait stupide de la faire attendre. “

Sa voix était inhumaine, vide de toute émotions, et métallisé par son pouvoir. Sous le stresse et la peur de voir le monstre descendre dans leurs dos deux hommes lui foncèrent dessus poussant des cries a mi chemin entre la haine et la peur. L’armure en accueillit un par son épée en plein torse, pris de vitesse il n’eut pas le temps de bouger, le second vit sa lance se briser sous la poigne de son adversaire et eu largement le temps de comprendre qu’il était mort en voyant l’acier ensanglanté de l’épée de la Rouge foncer vers sa gorge. Alors que sa tête touchait le sol, Alyse était sur le prochain pillard, lui enfonçant son poing gauche dans l’estomac tandis que de son épée elle déviait le coup de hache qui allait lui toucher le torse. Elle fit glisser son arme le long du manche de la hache jusqu’à se trouver coller au pillard, elle le fit reculer d’un coup de tête et lui ouvrit le ventre d’un revers de son épée. Le dernier pillard en état de combattre essaya de s’enfuir, mais il fut vite rattrapé par la Cavalière et mourut simplement la colonne vertébrale lui sortant du corps. Maintenant, les pillards mort, il allait lui falloir régler le plus gros problèmes. Yukia. Il y avait fort a parier, qu’elle n’allait pas se calmer d’elle même et peu de chance aussi qu’elle reconnaisse sa consoeur… Avançant vers le bâtiment, Alyse acheva le dernier pillard qui se roulait toujours au sol de douleur. Elle lui écrasa le crane sous sa botte, et entra dans le manoir en ruine.

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Cette nuit qui devait être dédiée au recueillement va finir en carnage.

Elle ne contrôle plus rien du tout. Sa rage a pris le pas sur sa raison. L’amertume envers l’homme qui l’a élevée et qu’elle considère comme son père est la seule certitude qu’elle a dans cette nouvelle vie sans but et sans rêve. Elle lui en veut profondément pour ce qu’il a fait d’elle, de l’avoir transformée en coquille vide. C’est à un tel point qu’elle refuse d’accorder un simple regard à sa pauvre tombe. Mais jamais… Oh non… Au grand jamais elle ne laissera quiconque bafouer sa mémoire. En dépit de tout le ressentiment qu’elle ressent à l’égard d’Elaam, Yukia considère qu’il reste un grand homme qu’elle se doit d’honorer, à sa façon. Pas question que de vulgaire pillards viennent troubler son repos éternel.

- Dis-moi tout de suite qui t’as envoyé ici ! Sinon je jure que même tous les maux de l’Enfer te sembleront doux par rapport à ce que je te réserve.

Sa voix tonne tel le tonnerre dans la pièce délabrée, grondement inhumain et incompréhensible. Il suffit simplement de l’entendre pour être complètement terrorisé. C’est du moins le cas du pauvre hère tenu entre les griffes du monstre. Quand vient même, il s’agirait d’un homme hardi, il ne pourrait pas comprendre la question posé par cette bête enragée.

- Pi...Pi… PITIÉ ! Hurle-t-il tandis que les griffes s’enfoncent dans ses chaires.

La bête n’en a que faire. Elle veut savoir. Quoi ? Elle ne sait plus. Elle n’est plus que rage et colère. On a profané la tombe de ses défunts parents. Il faut punir cet affront, de la pire manière qu’il soit !

Bien décidée à faire souffrir celui qu’elle retient la Lhurgoyf laisse ses crocs remplacer ses griffes et éventre le pauvre homme, le dévorant presque vivant. Presque. Il n’est pas question d’ingérer cette viande immonde. Les cris de sa victime résonne dans tout le manoir. Peut-être résonnent-ils jusqu’au vieux jardin abandonné.

Tel un fauve, elle se faufile à pas de velours dans les ruines de l’ancien manoir Rasphodos, à la recherche des autres imprudents. Elle en trouve un, au détour d’un couloir mais le lâche disparaît aussitôt. Il n’est toutefois pas bien loin, elle entend ses gémissements. Lui non plus ne veut pas répondre à ses questions malgré les crocs et les griffes. Il finit balancé au rez-de-chaussé comme un vulgaire sac, juste au pied de la dernière vivante des lieux.

- Vermine… Je vous tuerai tous… Vous allez supplier pour que la mort vienne vous étreindre.

Du haut de son perchoir, elle lorgne cet être d’acier qui vient de pénétrer ce lieu qu’elle protège. Sa colère est telle qu’elle ne semble même pas reconnaître sa semblable. Elle hésite pourtant un instant à l’attaquer, comme si un soupçon de raison persistait. Mais la raison n’est rien face à la rage. Et la voilà à présent au même niveau que l’autre Cavalière, faisant claquer sa queue non-loin des pieds de cette dernière, comme si, tel un félin jouant avec sa proie, elle voulait distiller la peur. La pauvre âme ne se souvient même pas que celle-ci n’est pas fait du même bois que les autres visiteurs…

Le calme se faisait petit à petit, au fur et à mesure que le monstre se déchaînait à l’étage les cris se taisaient, seules les pas du monstres et ses grognement en quêtes de réponses. Elle avait beau être en rogne contre son père Yukia semblait quand même sur les nerfs dès que l’on parlait de lui. Et encore plus de sa mère. Lupercal marchait simplement dans le bâtiment a la recherche de pillards survivants ou simplement de sa mémoire disparut lorsqu’un fauve de haine de pics se dressa devant elle et hurla sa colère au vents et ses promesses de mort a Alyse. Celle-ci soupira imperceptiblement sous son heaume et leva son arme devant elle. Les plaques métalique dans son armure vibrèrent et alors que son pouvoir se répandait en elle, elle s’oublia et oublia le moment présent. Il ne restait plus que la Rasphodos et elle. De son assurance et de son air provocateur face au bandits il ne restait plus rien. Un Lurghoyf transformé n’est pas une menace a prendre à la légère.

L'aînée des deux recula de quelques pas, et se mit en garde. Elle pris appui sur sa jambes arrière et se prépara a casser la distance entre elle et le monstre. Étrangement la forme monstrueuse de Yukia ne la surprenait pas, il lui semblait même la connaître. Sa queu était son arme principale, ses griffes et ses crocs ne lui servaient qu’en dernier recours. Enfin c’est ce que sa mémoire défaillante lui disait. Le modus operandi de ce monstre devait être bien plus complexe que ça. Alyse bondit vers le monstre d’un geste trop rapide pour être naturel mais la réponse du monstre fit à la hauteur du challenge. La Rouge dévia l’estoc porté par la queu de son épée, usant de toute la force que pouvait lui fournir sa magie. Alyse réussit à se rapprocher de la tête du monstre et a lui enfoncer son poing sur le haut de crâne. Suffisamment fort pour que ladite tête percute le sol a son tour. L’ancienne recula rapidement afin d’esquiver la contre attaque, elle n’en eu pas le temps. La queu du monstre la balaya d’un revers. Elle ne dut l’intégrité de son bras, qu’à un réflexe de sa part de lever son arme devant la queu et de s’y accrocher solidement.

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Celle-ci ne serait pas facile a tuer. Peut-être a-t-elle enfin trouver la parfaite cible pour défouler toute sa rage.

Cet être de fer n’est pas fait du même bois que les autres. La bête peut le sentir. pas de peur ou d’appréhension chez celui-ci. Sa posture est droite et fière, comme s’il ne faisait qu’un moindre cas de la menace qui se tenait face à lui. Cette attitude pique son orgueil et elle passe donc à l’assaut et abat furieusement sa queue contre son adversaire. Trop tard, l’autre n’est déjà plus là. L’adversaire est devant la bête à présent et celle-ci n’a pas le temps de réagir qu’elle se prend un coup magistral en pleine tête. Désorientée, elle tente tout de même de chasser la menace d’une patte. Un geste vain. Elle contre-attaque donc avec son atout principal. L’autre ne doit son salut qu’à son adresse.

Mais la bête a de l’énergie à revendre. Elle continue ses assauts. Ils sont de plus en plus furieux, de plus en plus puissants. Il n’y a aucun pensée logique ou tactique dans son entreprise. Elle exulte juste sa rage. Mettre l’autre à sang est tout ce qui importe en cet instant, en dépit même de sa propre sécurité.

Tout en continuer d’assaillir l’être de fer à l'aide de ce fouet létale lui servant de queue, la Lhurgoyf contourne l’ennemi, ne lui laissant aucun répit. Une seule seconde d’inattention et il se retrouvera planté sur son appendice. Une fois qu’elle juge être à bonne distance, elle donne un énième coup. Plus plus puissant que les autres, dans lequel elle a mis toute sa force. Elle profite de la distraction offerte pour fondre d’un bon sur sa proie présentant son flanc bardé de pic, voulant jouer de la différence de stature et de poids pour empaler l’autre dessus.

Reculant de plusieurs pas après l’attaque de Yukia, Alyse ne perd pas de temps et se remet en garde. La douleur n’est pas ressenti et elle savait bien que le prédateur que sa consoeur était devenue ne lui laisserai pas le temps de s’assurer que son bras fonctionnait toujours correctement. Alyse réussissait parfaitement a tenir les assaut du Lhurgoyf sans prendre de blessures. Son arme s'abîmait peu à peu mais elle devrait tenir le choc. Cela faisait longtemps qu’Alyse n’avait pas ressentit une telle excitation. L’adrénaline montant, les soucis de côté, seul importait la cible. Une cible de choix en l'occurrence, Yukia sous sa forme monstrueuse était dangereuse. Mais malheureusement pour elle, Alyse était d’humeur. Elle esquiva le coup de fouet de la queue grâce à sa vitesse surhumaine et lorsque la Rouge se rendit compte de la feinte du monstre, bondit en hauteur. Usant de sa force magique, elle passa de justesse au dessus du monstre. Elle retomba après le passage de la créature, et craque le parquet sous son poid. L’assut de Yukia plus elle menaçait de le faire céder sous le poid des deux belligérant, mais l’ancienne comptait bien jouer la dessus au moment opportun.

Sautant sur Yukia avant que celle-ci se retourne Alyse lui asséna un nouveau coup de pied dans la mâchoire, utilisa son épée pour dévier la queue et sauta au dessus du monstre pour esquiver les griffes qui ouvriraient son armure comme du beur mou… Elle retomba derrière et entailla la patte arrière du monstre. Sous estimant la vitesse de réaction du monstre Alyse se pris un coup de queue qui l’envoya voler plus loin dans la pièce. Roulant pour éviter de se faire épingler au planché, Alyse réussit a se redresser avant un second assaut elle se trouvait de nouveau devant Yukia, entre elles se trouvait le parquet qui était sur le point de céder. Il fallait simplement que Yukia face un pas de plus pour tomber. Mais est ce que ce serait suffisant pour l'assommer et la faire retrouver son état normal ? Peut être pas ce n’était pas très grave de toute façon. Les blessures qu’Alyse avait reçu n’était que superficielle pour le moment.

Se préparant à un nouvel assaut, Alyse recula de deux pas rapidement afin de mettre un peu plus de distance entre elle et Yukia pour forcer le pas à celle-ci. Et était prête a tout moment a parer une attaque de sa cadette, qui ne manquerai pas d’attaquer même en tombant.

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

La force bestiale ne suffira pas.

Malheureusement, la bête ne le comprend pas. La conscience humaine s’est complètement évaporée sous la rage et l’être face à la Rouge est loin du monstre de Taulmarill. La Rasphodos ne raisonne pas comme elle le ferait habituellement.

Sa feinte est rapidement et facilement déjouée par la Lhurgoyfs en armure et la voilà en train de rouler-bouler sur le plancher qui craque de façon menaçante. Le monstre hérissé ne remarque même pas ce fait, son rugissement furieux couvrant le crissement douloureux du bois. Avant même qu’elle ne se redresse elle reprend un nouveau coup dans la mâchoire. La puissance est telle qu’une des dents du monstres se casse. Déboussolé, l’animal essaie de se défendre mais sa patte ne fait que brasser de l’air, l’autre est déjà derrière et l’attaque. La douleur la fait feuler de d'agacement et de rage. Le coup de queue qu’elle lance dans la confusion fait mouche, cependant. Elle en tirerait presqu’un sentiment de satisfaction si sa patte arrière ne la tiraillait pas autant. C’est dérangeant mais Yukia ne s’arrêtera pas pour autant. Elle ne s’arrêtera pas tant qu’elle ne sera pas morte ou inconsciente.

Alors qu’Alyse met dans le distance entre elles,le félin monstrueux bondit. Il sait que son adversaire évitera l’attaque. L’attraper n’est pas son objectif, pas pour l’instant. Il cherche juste à piéger l’autre, à la coincer dans un coin de la pièce de sorte à lui couper toute retraite. Il bondit donc une première fois. L'être de fer esquive, sans grande surprise. La queue du monstre vient harceler l’ennemi. Tout est fait pour qu’il garde son attention focalisée sur son assaillant et non pas sur ce celui-ci tente de faire. La bête bondit une seconde fois et la Cavalière évite une nouvelle fois l’attaque.

Quelque chose ne va pas…

Cette fois-ci, elle l’entend, la plainte grinçante du bois sous-elle. Il va céder. Yukia a à peine le temps de se rendre compte de ce fait que le plancher s'effondre sous son poids. Elle essaie de se raccrocher comme elle peut au bois encore stable mais finit par tomber. Elle arrive toutefois à entraîner Alyse avec elle dans sa chute, d’un coup de queue. La chute est douloureuse mais pas mortelle. Plusieurs mètre les séparent les séparent tout de même du sol, rien que la bête ne pourra escalader sous cette forme. Désorientée, elle grogne et se défait des débris qui lui sont tombé dessus. Elle cherche aussitôt son adversaire. Elle l’entends mais ne la voit. La pénombre est presque totale dans ce sous-sol froid, sombre et puant le moisi. Les rayons de lune qui éclairent les ruines du manoir Rasphodos ne font que filtrer très faiblement ici. Elle attend donc, à l'affût du moindre crissement métallique. Mais tout ce qui résonné pour le moment est le bruit de l’énorme poutre branlante et menaçant de s'effondrer au moindre moment.

Le plan fonctionna. Yukia tomba dans le piège. Elle sauta vers l’avant, le plancher s'effondra et le monstre tomba. L’erreur de calcule vint très probablement de l’anticipation de la réaction de Yukia. Alyse avait anticipé une attaque vers son torse, et lorsque la queue du monstre lui attrapa la cheville Alyse n’eut pas le temps de réagir qu’elle tombait. Pestant intérieurement contre sa maladresse, Alyse se releva en même temps que le monstre et se trouva autant aveugl que lui par l’obscurité ambiante. Elle allait devoir se fier a ses oreille et non sa vue. Le silence régner dans la cave, les deux opposant guettant le moindre bruit indiquant la présence de l’autre. Mais un bruit attira le regard de la cavalière vers le haut. Une poutre menaçait de tomber. La voila son ultime chance ! Il fallait simplement la faire tomber.

Yukia commençait à l’énerver, grandement. Elle n’avait pas imaginé avoir a l’affronter et surtout a avoir autant de difficultés. Elle reconnaissait cette colère, celle qui partait d’un agacement et grandissait sans raison, devient impérieuse et irrépressible. Celle qui vous dévore et vous transforme en monstre. Elle ferma les yeux et se concentra. Rapidement la colère diminua et Alyse put recommencer à réfléchir rapidement. Malheureusement pour elle, la chevalier avait fermé le poing, le bruit des plaque s’articulant l’avait démasqué et elle n’avait pas de temps à perdre. Par réflexe, elle se jeta sur le côté, entendant le bruit sec de la queue du monstre frappant contre le mur. La poutre bougea et menaça de tomber avant de retrouver son équilibre précaire. Il fallait qu’elle fasse tomber cette poutre.

Il fallait que Yukia frappe de nouveau le mur, mais cette fois avec plus de force. Comment faire ? Ou alors… Doucement, Alyse désactiva son premier pouvoir, laissant son esprit réintégrer son corps, et lâcha doucement son épée. Mais a la place de tomber, celle-ci s’éleva vers l’ouverture dans le plafond. Alyse se dépêchait de manipuler son arme magiquement, elle voulait faire vite avant que sa camarade ne comprenne son mouvement. L’épée dépassa la poutre et appuya dessus forçant le mouvement vers le bas. Vers Yukia. Le vacarme fut assourdissant puis le silence reprit son règne calme. Alyse était toujours dans el noir et ne pouvait voir ce qu’il se passait. Elle fit un pas vers l’avant et chercha Yukia du regard. Soit elle était assommé et Alyse ne craignait rien, soit l’assaut allait être violent.

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Tapie dans l’ombre elle attend son moment.

Il en est sans doute de même du côté d’Alyse. Les deux Lhurgoyfs attendent immobile dans l'obscurité, bien consciente que le premier bruit venant de l’une ou de l’autre donnera le signal à l’autre pour attaquer. Seul le grincement inquiétant d’une poutre branlante au-dessus d’elles vient briser le silence de la cave. La bête ne l’entend pas, trop focalisée sur son objectif. Elle reste immobile mais elle sens l’impatience l’assaillir. Tout son corps se tend dans l’expectative de planter ses crocs dans la chair de la Cavalière en armure.

Enfin, un bruissement métallique lui indique la position de son adversaire. Dans un grognement furieux, elle se lance vers la source du bruit mais ne rencontre qu’un mur. Un feulement furieux lui échappe. Cette obscurité la gêne. Elle l’empêche de laisser libre court à sa colère. Pourquoi est-elle si en colère déjà ? Elle ne sait plus. Rien ne compte plus quand elle est dans cet état, si ce n’est assouvir ses besoins de violence.

Laissant un grondement sourd lui échapper, le monstre guette. Comme s’il cherchait à attirer son adversaire à lui. Un piège bien trop rudimentaire pour que l’autre tombe dedans. Non, elle préfère travailler à son propre piège. Il y a du bruit, de nouveau. Yukia fonce droit vers la source de bruit sans rien rencontrer. Alyse a esquivé. La bête s’apprête à se déporter sur le côté quand un sifflement au-dessus de sa tête l’interpelle. Elle a juste le temps de voir l’énorme poutre de bois lui tomber dessus.

Par chance, le bois est aussi moisi que tout le reste et ne lui cause pas de blessure mortelle. Le choc reste tout de même assez violent pour lui causer des dégâts et la mettre presque KO.

Presque, peut-être pas…

L’animal monstrueux arrive tant bien que mal à se dépêtrer des débris qui lui sont tombés dessus. Il entend le crissement de l’armure, se tourne dans cette direction, chancelant, et finit par s'effondrer. Le coup a été assez violent que pour l’assommer.

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La première chose que je perçois tandis que je reprends conscience, c’est le froid et les tremblements dont est assailli mon corps. Je suis littéralement gelée malgré la cape qui me couvre négligemment. Allongée sur le sol, je reste immobile un instant, essayant de remettre de l’ordre dans mon esprit et me rappeler pourquoi mon corps est aussi douloureux. Les choses me reviennent par bribes. Je ferme les yeux et laisse un soupire m’échapper.

* C’était réellement une mauvaise idée de venir ici…*

J’ai perdu le contrôle, tel un enfant. C’est déplorable…

Mais je m’apitoierai sur mon sort plus tard. Je pense avoir une idée du pourquoi je suis dans un tel état. Enfin, il serait plus juste de dire que je sais qui en est à ‘l'origine. Je ne lui en veux pas. J’aurai fais la même chose à sa place. C’est une sorte de règle tacite. Si l’une perd le contrôle et que l’autre est là, elle a la charge de s’en occuper.

- Alyse… Je souffle d’une voix faible et brisée, me rendant compte que je donnerai n’importe quoi pour avoir quelque chose à boire, tellement ma gorge est sèche.

Est-elle encore dans les parages ? Je ne sais pas. J’ignore combien de temps je suis restée inconsciente. Peut-être est-elle partie ?

C’était ennuyeux. Elle l’avait retrouvé, allongé sur le sol, nue. Voilà chose faites. Il allait maintenant falloir sortir d’ici… Alyse n’allait pas se reposer tout de suite il allait lui falloir porter Yukia hors de cette cave. Le saisissant d’une main Alyse usa de sa magie afin de porter sa camarade. Elle trouva un escalier qui lui permit de monter au rez de chaussé. Jetant un regard froid aux cadavres ALyse posa yukia par terre et la couvrit de sa cape. Puis elle sortit de la maison. Et commença a entasser les corps dans un coin. Vraiment les transformations inopportune elle détestait ça. C’était une chose qui la mettait vraiment en colère. Elle pensait Yukia bien plus solide que ça. Elle monta à l’étage, là où elle avait perdue la raison et y trouva de nouveaux morts. Elle soupira.

Lançant les cadavres par les fenêtres de l’étage Alyse cherchait à se souvenir de cet endroit. C’était le Bureau d’Elaam. Elle y avait passé du temps elle s’y souvenait. Après tout ce temps, il lui semblait reconnaître certain détails. Le bureau était toujours a la même place, un peu en retrait par rapport a ce qui lui venait en tête mais il était toujours là. C’était l’un des rares meubles a ne pas avoir était démonté. Il ne restait même plus d'ustensile de cuisine…

Une fois tous les cadavres entassé dans un coin de la cour Alyse y mis le feu. Elle avait allumé plusieurs morceau de bois qu’elle avait placé dans le monticule de corps. Elle n’avait nulle envie de donner une sépulture décente à des pilleurs de tombes, mais elle ne voulait pas non plus les voir se relever en mort-vivants. Elle regarda le bûcher brûler quelque instant avant de retourner voir la ou elle avait laissé sa cadette.

“ Je suis là. Qu’est ce qu’il y a ? “

Sa voix ne portait aucune animosité simplement, Alyse était redevenu Alyse. Elle se fixa devant Yukia la regardant de son air froid habituel. Elle était revenue juste à temps pour l’entendre l'appeler. Elle devait avoir froid. C’était une juste punition pour elle. Quoique peut être pas assez marquer.

“ Perdre le contrôle comme ça. A ton âge… “

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Tout cela semble l’agacer.

Comment pourrait-il en être autrement ? Je comprends parfaitement son sentiment. Moi aussi, j’aurai été irritée si les rôles avaient été inversés. Je plante mon regard dans le sien tandis qu’elle me signale sa présence. Rien dans ses prunelles améthystes ne laissait transparaître son agacement. Malgré les siècles, Alyse reste Alyse. Froide et taciturne mais dont la présence possède un quelque chose de rassurant.

Et alors qu’elle me sermonne, je me rends compte qu’elle est la seule attache qu’il me reste dans ce monde qui beaucoup trop changé à mon goût.

Je reste silencieuse à sa remarque tandis que cette constatation me frappe de plein fouet. Je me contente de hausser les épaules. Il n’y a pas grand chose à y redire. Elle a raison. Je ne suis plus une gamine, je ne devrais pas me laisser emporter de la sorte par mes émotions. Ca a été plus fort que moi. Je n’ai même pas eu le temps de réaliser ce qu’il se passait. Toutes ces années passé dans les cachots de la Prison des Déments semblent avoir laissé quelques effets néfastes…

- Quoi ? C’est la malédiction des jeunes pousses, non ? Je finis de rétorquer d’un ton monocorde. L’humour n’a jamais été mon fort. Je suis navrée de t’avoir entraîné là-dedans. Je continue tandis que je me redresse. C’est juste que…

Je ne continue pas ma phrase, tant parce que je ne sais pas que dire de plus qu’à cause de la douleur qui me lacère l’arrière de la cuisse. Je manque de trébucher sous la douleur et la surprise mais me rattrape de justesse à un mur. J’écarte un pan de la cape d’Alyse et me contorsionne tant bien que mal pour essayer d’observer les dégâts. Je ne me rappelle pas de l’origine de cette blessure mais je la devine facilement.

- C’était vraiment nécessaire ? Je demande à la Rouge sur un ton où point un peu de reproche.

Je ne suis nullement en position de faire quelconque grief, j’en ai bien conscience mais la phrase m’échappe. Un guérisseur devrait pouvoir arranger cela mais ca restera sans doute gênant pour quelque temps.

Ma petit auscultation finie, je m'emmitoufle de nouveau dans la cape d’Alyse. C’est actuellement le seul rempart entre mon corps et le froid de la nuit et autant dire que c'est une très faible protection. J’ai du mal à contrôler les claquements de mes dents. Le silence règne tandis que j’observe la demeure qui m’a vu grandir et qui est désormais en ruine. L’idée de me rendre à la tombe de mes parents, histoire de vérifier si leurs dépouilles avaient été profanées, me traverse l’esprit mais je me ravise bien vite.

Si leurs tombes ont effectivement été pillées, Alyse devra sans doute me tuer. Autant éviter cela.

Perdue dans ma contemplation, je fronce les sourcils et plisse le nez tandis qu’une odeur de chaire brûlée me parvient.

- Tu aurais dû laisser leurs dépouilles se faire dévorer par les corbeaux et les charognards. C’est tout ce qu’il mérite pour avoir profané ces lieux... Je souffle tandis que mon regard est toujours perdu dans le vide.

Je m’interroge intérieurement sur le devenir de cette bâtisse. Pourrait-elle être restaurée ? Cela prendrait du temps mais les fondations sont toujours intactes. Je réfléchis sérieusement à la question, me demandant si je pourrais trouver là un nouveau but. Faire perdurer l’héritage d’Elaam et Sirtha pourrait être un moteur pour avancer dans ce monde que je ne reconnais plus. Je finis par soupirer. Je doute que ce puisse être quelque chose qui me convient. Je n’ai pas été élevée pour ça. J’ai été dressée pour guerroyer et non pas pour vivre paisiblement.

Jamais je n’aurai penser que trouver un raison de vivre, un but, soit aussi compliqué.

Je reporte finalement mon attention sur Alyse. Comment a-t-elle fait, elle ? Comment fait-elle pour supporter tout ce changement ? Je sais que son retour chez les Cavaliers a également été abrupte. Les rumeurs vont bon train, même chez les soldats. Aussi j’ai finalement appris qu’elle avait disparu pendant un temps indéfinissable avant de refaire son apparition. Et pourtant, malgré cet exil séculaire, elle semblait parfaitement se fondre dans le moule.

- Comment fais-tu ? Je finis par demander, brisant le silence de l’ancien manoir. J’avoue que je t’admire un peu. Tu semble bien te fondre dans le décor tandis que moi… Et bien… J’ai l’impression d’être en décalage complet. J’avoue ne plus trop savoir comment avancer, ni même si j’en ai l’envie.

Je fixe le sol, me rendant compte que c'est bien la première fois en plusieurs siècles d’existence que je fais par de mon ressenti à quelqu’un, que je ne cherche pas à refouler mes émotions. Ca me semble tellement étrange. Il semblerait que je change aussi, malgré tout.

A vrais dire elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle comprenait ce qui avait pu pousser sa cadette a se transformer mais ça ne changeait rien aux yeux d’Alyse. Elle n’avait que faire d’excuse ou de pardon, et Yukia le savait bien, pas un mot pour se ratraper, simplement un trait d’humour. Puis des excuses. Mais pas pour s’être transformé, simplement pour la rixe avec les pilleurs. Pas de quoi, elle avait pu s’amuser un peu. Si il en était encore capable son coeur se serait serré devant la mine pitoyable et désarçonné de Yukia, mais ce n’était pas le cas. Alyse leva simplement les yeux au ciel avant de se retourner vers la porte enfoncé. Écoutant en silence le crépitement du feu, jusqu’à la question de Yukia ? Est ce que c’était nécessaire ? Non. Elle aurait réussi à mener son plan à bien même sans la blesser. Mais réussir à blesser un Lhurgoyfs transformer faisait toujours un peu de bien l’égo et Alyse avait simplement envie de combattre à ce moment là. Elle ne répondit pas a sa camarade, se contentant de sourire en la regardant.

“ Et prendre le risque qu’ils se relèvent ? Non. Ils brûlent et leurs corps comme leurs mémoires se disperseront. Ils disparaîtront comme ils ont vécus. Dans l'indifférence et l’oublis. “

Son visage s'assombrit quelque seconde, alors qu’elle réalisait que ces mots lui étaient également adressé. Si elle disparaissait maintenant, personne ne se souviendrait d’elle ou de ce qu’elle avait pu faire. Cette pensée la quitta rapidement, préférant laisser trainer son regard glacé sur Yukia. Qu’avait elle en tête, que comptait elle faire ? Rester chez les cavaliers ? Yukia avait grandi pour devenir un soldat et mourir au combat. C’était presque cruel qu'elle ait survécu à Taulmaril et à Umbriel pour se retrouver dans un monde comme celui là. La guerre n’y avait pas lieu, et ceux qui devraient l’apporter sont trop occupé avec la politique interne. Ils n’ont plus de combativité. Peut être le officiers parlaient ils de conquête et de guerre ? Mais ceux d’en bas n’en savait rien et ils tournaient en rond comme des lions en cage. Ils avaient perdue la guerre précédente ? Et alors ?! Ils n’arrivent pas a recruter, chez eux, la révolte gronde et rien… Alyse se perdait dans ses pensées, oubliant complètement celle qui se tient pourtant dans son dos et sursaute presque lorsque Yukia prend la parole.

Alyse resta quelque instant sans voix. Elle était surprise de ce soudain aveu de la part de sa cadette, mais elle réfléchissait aussi a ce qu’elle pouvait lui répondre. Avait elle, seulement, à le faire ? Ainsi elle semblait bien se fondre dans la masse ? Ce n’était pas son impression. Partout ou elle portait son regard elle était déçu. Des Cavaliers, mais aussi du monde. Il semblait simplement moins fort. Moins durt. Vivre semblait y être simple. Mais elle avait entendu les histoires, les Colosses, la guerre. Ce n’était pas le cas, le monde était toujours le même. Simplement, elles étaient revenus au mauvais moment.

“ Je ne sais pas. Je fais simplement. Je ne me pose pas de question. Et puis de toute façon, je n’ai rien sur quoi m’apitoyer. Je ne sais pas ce que j’ai perdu, je ne sais pas d'où je viens. J’ai quelque image de Taulmaril, de la guerre, et de vague idée de ce que je vivais de manière idéalisé. A vrais dire, je ne regarde rien d’autre que ce que je veux voir. Et surtout, moi j’ai déjà connu la paix. Je sais attendre le prochain affrontement, la brèche pour m’y engouffrer. Attendre et me préparer pour le prochain conflit. “

Alyse lui sourit simplement en portant machinalement la main à la base de son coup, ou se trouvait une bague sous son armure. Elle la laissa traîner une demie seconde les yeux dans le vague avant de revenir à la réalité et de retrouver son regard de fer.

“ Si attendre t’es impossible occupe toi. Cet maison a besoin d’un coup de neuf. Occupe toi de ce lieu entre tes missions. Veille sur tes parents, et si tu ne veux pas d’une vie calme et heureuse dans ton manoir, donne le à l’Ordre ou a l’Eglise de Sharna. Ou a moi si jamais l’idée de t’en débarrasser te tient tant à cœur. Mais garde la tête pleine. Réfléchir c’est mauvais pour les soldats. “

Des souvenirs, comme des vivants. ft. Alyse Lupercal

Jamais je n’aurais imaginer que vivre par soi-même soit aussi difficile.

Jusque-là, je n’avais fait que répondre aux attentes que l’on avait envers la personne. Qu’il s’agisse des attentes de mon père adoptif ou celle des Cavaliers de Sharna. C’était bien plus simple ainsi. Certain trouveront qu’il est idiot, voire lâche, d’agir ainsi mais vivre pas soi-même n’est pas une chose évidente quand on a laissé aucune place au libre-arbitre dans votre éducation et votre vie. C’est encore plus compliqué lorsque cette vie s’étend sur plus d’un demi-millénaire…

La motivation d’Alyse à vouloir brûler ces corps pourraient me faire sourire si je n’étais pas complètement gelée. Vieilles superstitions de soldats que cela. Déjà à l’époque de Taulmaril, certains brûlaient les corps de peur de les voir se relever. J’avais trouvé cela risible, jusqu’à ce que je tombe nez à nez avec l’une de ces personnes revenues d’entre les morts.

- Il aurait simplement fallu qu’on les tue une seconde fois. Je souffle sur un ton totalement neutre.

Ils n’avaient pas été fort doué de leur vivant pourquoi en serait-il autrement dans leur mort ?

Ma question semble surprendre la Rouge. Elle reste silencieuse un moment. C’était donc ça son secret ? Elle se contente de faire avec. J’aimerais bien pouvoir en faire autant. J’aimerais aussi oublié. Ce serait bien plus facile d’avoir une mémoire sélective mais l'orgueil m’empêche d’oublier. Je suis la Dernière à être restée debout, à avoir poser les armes. Oublier cela, oublier ce qu’avait été ma vie autrefois ce serait renier que je suis, ce qu’on a fait de moi. C’est une chose que je ne peux accepter.

Son sourire me déstabilise quelque peu. Je crois que c’est la première fois que je la vois aborder une telle expression. Les mots d’Alyse me font réfléchir. Est-ce que les choses auraient été différentes si j’avais connu la paix plutôt qu’un siècle de guerre ? A quoi bon se poser la question ? Spéculer ne changera rien à la situation actuelle.

Alyse me propose tout de même un nouveau but. Elle semble avoir eu la même idée que moi. Je reconsidère une nouvelle fois la chose. Remettre ce manoir sur pied. Pas juste pour moi mais pour la cause des Cavaliers. C’est une idée…

- J’y songerai… Je souffle tandis que je me redresse Pour l’instant, rentrons tu veux ? Je vais geler sur place si ça continue.

Joignant les actes à la parole, j’ouvre la marche et qui les ruines de ce lieu qui m’a vu grandir, sans me retourner. Ce n’est qu’une fois en dehors de la propriété que je me décide à lancer un dernier regard vers le Manoir Rasphodos. Perpétuer l’héritage est peut-être réellement la solution…