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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Tisseur de souvenirs :: Kronos | Sujet: Kronos - Tisseur de souvenirs Dim 27 Juin - 16:44 | |
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Dernière édition par Natreck Sativex le Dim 27 Juin - 17:24, édité 2 fois |
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| HISTOIRE- Histoire de Natreck:
La vie du jeune Natreck commence alors qu’il n’avait ni nom ni identité. Où est-il né? Qui sont ses parents? Personne ne semble vouloir répondre à ces questions. Le bout de chou fut trouvé par deux zélos dans la ville souterraine d’Umbriel. Il n’est pas rare qu’un enfant soit abandonné dans le pays difficile et cruel qu’est Phelgra, même aussi jeune. Il ne faut pas être surpris de ce genre de décision lorsque l’on côtoie les gens les plus misérables au monde. Vouloir épargner une vie d’esclave à ses enfants, quitte à ce qu’ils meurent, n’était pas rare par là-bas. C’est en passant près d’un tonneau accoudé au mur d’une lugubre taverne du quartier le plus mal famé d’Umbriel que Zaxine entendit les pleurs d’un enfant.
Zaxine et FuzeonPour comprendre l’étau qui se resserra en elle au son du cri enfantin, il faut comprendre que le couple que formaient Zaxine et Fuzeon Sativex n’arrivait pas à concevoir d’enfants. Ils avaient essayé durant plusieurs années, enchainant frustration, peine, et colère, avant que toutes ces émotions laissent place à la résignation. Ils étaient donc partis faire le tour du monde et s’étaient découvert une passion pour le voyage et l’aventure, ce qui avait fini de poser un baume sur le cœur meurtri des deux zélos. Aujourd’hui, leur deuil était fait, et si le couple était de retour à Umbriel, ce n’était que pour visiter leur famille avant de repartir à l’aventure. Cependant, quand la femme entendit le bambin pleurer, son instinct maternel se réveilla immédiatement.
Il est difficile de comprendre ce que ressentit Zaxine en voyant ce qu’elle crut être un bébé terran. Elle estima son âge à environ un an tant il était petit et chétif. Il faut dire que les connaissances de la zélos en enfant terran étaient faibles, mais le petit en avait en réalité presque deux. L’enfant ouvrit les yeux, s’arrêtant subitement de pleurer pour dévisager la femme à la peau bleuâtre de ses grands yeux noirs. En vérité, on voyait à peine le blanc de l’œil, son immense regard remplissant presque tout l’espace dans ses yeux étranges. Cette fois, Zaxine ne réfléchit pas avant d’agir, elle qui était pourtant considérée comme calme et réfléchie par les siens. Elle emporta l’enfant avec elle avant de lui offrir un grand biberon de lait. Quand Fuzeon rentra, quelques heures plus tard, sa décision était prise, elle gardait le garçon. Elle lui avait même choisi un nom : Natreck, qui signifiait « détermination » en zinonien. Heureusement, Fuzeon accepta la nouvelle avec un bonheur évident, et Natreck devint bien vite le fils des deux Zélos.
La famille Sativex était simple et sans artifice. Fuzeon était un grand zélos qui adorait par-dessus tout se battre. Fervent croyant en Bor, il avait un amour particulier pour les armes. Il était même forgeron à ses heures, même si cela relevait surtout du passe-temps. Le Zélos travaillait autrefois aux Prisons des Déments, mais il s’était lassé de cela plusieurs années auparavant, au moment où l’idée de voyage fleurissait dans l’esprit du couple. La chose la plus importante pour lui était sa famille, et il était un père présent pour son enfant. Zaxine, quant à elle, avait abandonné son métier de cuisinière pour ce grand périple. Elle était particulièrement petite pour une femme de son peuple, même si elle restait grande par rapport à une Terrane, mais personne n’était plus vif ou rapide qu’elle. Toujours à l’affut, mais prenant le temps de réfléchir avant d’agir, la zélos était d’une agilité inégalée et adorait l’entrainement physique, auquel elle mêlait souvent l’entrainement militaire. Elle était sure d’elle, d’une grande curiosité et était très apprécié partout ou elle passait.
Natreck, quant à lui, s’avéra être un jeune garçon calme et réfléchit. Son appartenance à la race des Yorkas fit bientôt surface, et le petit garçon devint un grand corbeau. Cela surprit les Sativex, bien entendu, mais ne causa pas d’émoi particulier chez le couple, qui avait vu toute sorte de peuples différents lors de leurs voyages. Le Yorka fut élevé dans la joie, mais aussi dans la culture des armes. Ce n’était pas une question de violence, mais plutôt de la beauté d’une arme au combat. Il faut dire que Natreck fut élevé dans la foi de Bor, même si son exposition précoce aux cultures de ce monde a fait de lui quelqu’un de plus septique face aux actions des dieux, même s’il croit fermement en leur existence.
Le voyage commença environ un an après l’arrivée de Natreck dans la famille. Encore tout petits, ils partirent d’Umbriel pour observer le monde, commençant par une première escale à Themisto avant de prendre la route vers Mavro Limani. Sous les conseils des Terrans qu’ils rencontrèrent, Zaxine et Fuzeon attribuèrent l’âge de 3 ans à leur bambin et fixèrent son anniversaire à la date à laquelle ils l’avaient recueilli, le dixième jour de morios. Prenant un bateau vers Cimmeria, ils passèrent presque la moitié d’une année dans la froide contrée, à explorer ce pays de neige alors que les saisons les plus chaudes changeaient le paysage. Ils prirent ensuite la direction de Thyrénium où Natreck célébra ses quatre ans, puis passèrent presque un an dans la cité-État et ses alentours qui s’avéra exceptionnellement accueillant pour une famille aussi étrange que celle des Sativex. Visitant les temples sur leur chemin, ils s’arrêtèrent au Haut-Monastère pendant quelques jours, puis firent une escale à Hesperia avant de continuer leur chemin vers l’est. Natreck eut cinq ans durant le chemin qui les séparait du temple de Fen. C’est d’ailleurs à partir de leur arrivée dans la contrée de Noathis que le Yorka possède ses plus beaux souvenirs. En route vers Canopée, un sindarin du nom de Yellen avec qui les Sativex s’étaient liés d’amitié lors de leur précédent voyage leur proposa de les mener jusqu’au temple de Delil en évitant les Terres Mortes qui séparaient les deux temples par un passage dans la forêt de sphène. Ce soldat de l’archerie sindarine Lùvas était actuellement en congé et s’étaient rendu au temple de Fen en pèlerinage pour honorer son dieu.
Ce voyage extraordinaire fut sans doute ce qui donna à Natreck son amour si profond pour la forêt. Yellen s’était pris d’affection pour le jeune yorka et partageait avec lui ses connaissances de la forêt, de sa faune et de sa flore. Il était rare de voir un représentant de son peuple aussi ouvert aux autres races, mais la curiosité du jeune corbeau ouvrit en lui les vannes d’émotions nouvelles, la naïveté enfantine du petit ayant ouvert son cœur. De l’autre côté, il est difficile d’expliquer comment le sindarin marqua la conscience même du jeune corbeau, par ses paroles sages qui étaient toujours en accord avec ses gestes. Ce moment marqua un tournant dans la vie de Natreck comme dans celle de Yellen. Le petit yorka n’était pas bien vieux pour comprendre tous les concepts qui lui furent expliqués à l’époque, mais il apprit que souvent, le respect passait par la connaissance, et qu’il ne fallait pas porter de jugement hâtif, que ce soit sur une plante, un animal ou un homme, car cela ne faisait que dévoiler notre ignorance.
Alors qu’il avait été habitué à un mode de vie plutôt « rock and roll » avec ses parents, Natreck comprit au contact du sindarin l’importance du calme et de la patience. À cela se mêlait l’éducation que ses parents lui prodiguaient. Ainsi, cela fit de lui quelqu’un qui prenait le temps de réfléchir à une situation, mais qui savait se mettre à l’action lorsque cela était nécessaire. Il apprit à pister des animaux, à pêcher et à confectionner des pièges. Il apprit à cuisiner avec presque rien et comment se mettre en sécurité pour la nuit. Sa personnalité se forgea, révélant un garçon souvent silencieux, mais fort d’une grande écoute, qui ne se décourageait jamais, mais qui s’énervait lorsqu’il n’arrivait pas à comprendre du premier coup.
Être élevé par des parents zélos n’était pas de tout repos. D’une capacité physique bien supérieure au Yorka qu’il était, Zaxine et Fuzeon poussèrent Natreck au bout de ses limites lors des entrainements physiques et militaires qui commencèrent particulièrement tôt dans la vie du petit corbeau. Sous forme de jeux, ils développèrent les aptitudes guerrières de leur enfant en mettant en scène Bor, le dieu des forges. N’étant pas très fort, il était préférable de miser sur des techniques lui étant plus accessibles pour qu’il ait une chance de triompher. Ainsi, sa mère lui enseigna agilité et vitesse pendant que son père, qui semblait savoir manier toutes les armes, lui partageait ses connaissances en combat. Il insista sur l’importance des combats et des armes, lui faisant des démonstrations impressionnantes et lui partageant sa foi en Bor et les prières qu’il récitait. Il s’appliqua à rendre le tout amusant, captivant complètement qui était en admiration devant son père.
Rapidement, cependant, et à mesure que Natreck vieillissait, les jeux devinrent rapidement des compétitions. Le jeune garçon devait donner le meilleur de lui-même pour battre ses propres records dans les diverses épreuves que ses parents lui organisaient quotidiennement. Qu’il pleuve, neige ou que la température soit étouffante ne changeait rien, car il ne passait jamais plus d’une journée sans que l’entrainement ne soit à l’horaire. Le maniement des armes prenait bien entendu une large place dans ces entrainements, et leur voyage permettait à Fuzeon d’en faire connaître énormément, mais ces derniers ne manquaient pas d’exercer également la vitesse, l’agilité, l’endurance, la force ainsi que toutes les facettes pouvant servir en combat. En effet, les zélos étaient convaincus que la polyvalence était la clef pour être un bon combattant.
Après autant de temps dans la forêt, il fut temps pour la famille de poursuivre son chemin et de dire au revoir à Yellen. Natreck vécut particulièrement mal cette séparation, car Yellen était son seul et unique ami, et il eut peur de ne jamais le revoir. Pour le sindarin, toutefois, ce ne fut qu’un au revoir, car il était convaincu de revoir le garçon un jour. Natreck se consola toutefois lorsque ses parents lui offrirent son premier cheval, une petite jument de couleur baie très docile et particulièrement rapide. Il la nomma Feuille en l’honneur de la forêt qu’il quittait. Il apprit à chevaucher à la dure, car comme à leur habitude, les Sativex avaient tendance à surestimer les capacités de leur fils qui n’était pas un zélos. Pourtant, le jeune garçon, malgré son jeune âge, n’était pas plaintif et avait l’habitude des situations difficiles. Ainsi, il avança en admirant le paysage et en se remémorant les enseignements de son ami sindarin pour oublier la douleur de ses jambes.
Il apprit un peu d’histoire en traversant la prairie des dormants, posant une foule de questions sur les sylphides et sur Cimmerium, car il n’en avait jamais rencontré, même s’il en avait certainement croisé dans les villes traversées alors qu’il était plus petit. Finalement, après plus de cinquante jours de voyage, la famille atteint Elusia. Bien entendu, la ville n’était pas ce qu’elle avait déjà été, mais il était important pour Zaxine et Fuzeon d’offrir à leur fils une partie de l’histoire du peuple yorka. Prenant rapidement en charge le jeune corbeau, un groupe de yorka s’amusa avec l’enfant, lui enseignant toute sorte de choses sur le peuple auquel il appartenait. Ils restèrent dans cette ville environ le quart d’une année. C’est lors de ces quelques mois que Natreck apprit à apprivoiser l’animal qui vivait en lui, l’animal qu’il était. Lui qui avait vécu la grande majorité de sa vie sous sa forme humaine du apprendre à apprivoiser le corbeau qu’il était.
En effet, se transformer en animal avait beau être quelque chose de naturel, il était terrifiant pour lui de perdre ses repères. Lorsqu’il se transformait, le monde changeait autour de lui. Les odeurs amoindries, les sons exacerbés, un champ de vision impressionnant, le monde étaient comme déformés. De plus, l’instinct du corbeau se réveillait en lui, et il avait de la difficulté à interpréter ces signaux avec son esprit humain. Il sentait en lui des besoins puissants, rendant difficile de garder un fil de pensée humaine tant ceux-ci prenaient de la place dans son esprit. Ce fut Octhyia, une femme-aigle, qui réussit à lui faire vaincre sa peur, en lui enseignant comment accepter et contrôler ses instincts animaux sans l’étouffer derrière des pensées humaines. Elle lui fit comprendre qu’il était aussi humain que corbeau, et qu’il ne devait pas avoir peur de demeurer prisonnier de l’une de ces formes, car ce n’était pas des entités différentes. Elle lui fit ensuite connaître l’ivresse du vol en haute altitude et Natreck prit rapidement ses aises dans cette forme qui lui convenait si bien.
Le voyage continua ensuite pour la petite famille. Toutefois, et bien qu’un détour à la cité sylphide aurait été utile, les Sativex choisirent d’éviter la ville de Cimmerium qui leur avait réservé un accueil peu chaleureux à leur dernière visible. Plus tard, l’arrivée des Sativex en Argyrel marqua les huit ans de notre jeune yorka, qui vit le désert pour la première fois de sa vie. Ses parents, qui avaient déjà séjourné dans la contrée lors de leur précédent voyage, prirent les précautions nécessaires, remplissant de nombreuses gourdes et préparant des vêtements appropriés avant de quitter le luxuriant territoire de Cebrenia pour les terres désertiques qui abritait Amaryl, leur destination. Heureusement, enkilil était en cours et ils eurent le temps d’atteindre la ville avant les étouffants mois de béamas. Tout de même, le corbeau eut de la difficulté à supporter les grandes chaleurs du territoire bien qu’ils n’aient pas atteint les plus chaudes températures de l’année. Ziria frappait particulièrement fort dans cette contrée et le yorka attrapa bon nombre de coups de soleil. Les zélos, heureux de retrouver une partie de la communauté zélos, s’extasiaient quant à eux sur chaque aspect positif du pays. Ceux-ci étaient bien contents de voir le paysage changer aussi radicalement. Pour Natreck, cependant, ce fut un nouveau déchirement, aussi intense pour lui que le fut sa séparation avec son ami sindarin.
Argyrel était une ville magnifique et Natreck s’extasia devant les paysages incroyables du pays du sud. Cependant, au fond de lui, et bien qu’il soit joyeux la plupart du temps, il vivait difficilement ce dépaysement total par rapport à la verdure de Cebrenia qui occupait la grande majorité de ses souvenirs. Pour lui, il manquait d’arbre, de feuille et d’animaux. Les espaces étaient grands et vides, sans nulle part ou s’abriter, perturbant les repères qu’il avait considérés jusqu’alors comme universels dans son univers encore bien jeune. Il devint un fervent amoureux des allées des piliers et ses rêves furent souvent peuplés de verdure et du chant des oiseaux. Cependant, la cité du savoir avait beaucoup à apprendre au jeune garçon. Exposé très jeune à divers langages, le jeune garçon en comprenait beaucoup. Ses parents lui avaient bien entendu enseigné le zinonien, une langue difficile à parler pour le jeune yorka. Cependant, et comme ce fut la première langue dans laquelle il put réellement s’exprimer, il demeure avec une structure de phrase très naturelle lorsqu’il parle cette langue malgré certaines difficultés de prononciation. Il parle également quelques mots d’Alfari et en comprend encore plus grâce à Yellen. Finalement, ses parents lui ont également enseigné l’isthar pour qu’il puisse communiquer avec différents peuples dans les endroits qu’ils traversaient.
La cité regroupait de nombreux savants et surtout, il y avait Luminéa, la grande école. Natreck avait beaucoup de liberté pour un enfant de son âge. Ainsi, bien qu’il soit attendu pour les entrainements et pour les heures des repas et qu’on lui demandait d’être de retour avant la tombée de la nuit, il bénéficiait d’une grande liberté d’action dans la journée et, trop curieux, le corbeau n’était pas du genre à demeurer collé aux basques de ses parents. Sous sa forme animale, il assista à de nombreux cours en se perchant à une fenêtre, parfois même accompagné d’autres corbeaux. Bien qu’il était jeune pour comprendre la majorité des concepts, certains professeurs étaient si imagés que Natreck arrivait à appréhender la matière abordée. Cependant, ce fut un étudiant zélos qui se lia d’amitié avec cet étrange yorka qui parlait si bien sa langue natale. Quagunr était un adolescent étudiant en médecine qui, en plus d’offrit au garçon la chance d’apprendre à lire, a écrire et a compter, lui appris aussi les bienfaits de la méditation.
Les entrainements, par ailleurs, ne changeaient pas, et Zaxine et Fuzeon commencèrent à compétitionner avec le yorka. Ceux-ci demeurant toujours à la limite de l’inaccessible, mais suffisamment près de lui pour qu’il se croie capable de les égaler moyennant de gros efforts, Natreck s’améliora rapidement et développa une détermination à toute épreuve qui conforta Zaxine dans le nom qu’elle lui avait donné. Sous les conseils de ses parents, notre jeune yorka commença à privilégier les armes légères et à distance. Fuzeon insista toutefois pour que Natreck apprenne à manier chaque arme existante, lui partageant sa foi en Bor et les prières qu’il récitait devant la beauté d’une arme au combat. Selon lui, pour être un combattant à la hauteur du dieu Bor, il fallait savoir manier le plus d’armes possible. Ainsi, même si Natreck ne maîtrisa jamais complètement des armes telles que le javelot ou l’épée lourde, il en apprit assez pour se débrouiller s’il n’avait pas ses armes préférées sous la main. En attendant, il gardait un petit poignard dans sa botte pour les moments ou il sortait seul.
Ils demeurèrent presque un an dans la ville et ses alentours avant de quitter la sécurité de la cité, ayant été engagé par un convoi de marchands pour protéger des marchandises se rendant à Ridolbar, qui était justement leur prochaine destination. L’arrivée en Phelgra fut cependant pour Natreck un choc encore plus grand que celui de son arrivée en Argyrel. Lorsqu’ils passèrent la frontière du continent sombre, l’ambiance du groupe changea radicalement. Sur leur garde, ayant souvent les mains sur le pommeau de leurs armes, les adultes ne riaient plus beaucoup, et l’on restait au même endroit le moins longtemps possible. Le corbeau comprit rapidement que la contrée dans laquelle il se trouvait était dangereuse. Il n’imaginait cependant pas de quelle façon. Il comprit toutefois rapidement, dès leur arrivée à Ridolbar. La ville était sombre et sale, et Natreck sentait dans chacune de ses plumes l’odeur du sang et de la peur. Il s’en teinta alors et se mit à avoir peur.
Le mois que la famille passa à Ridolbar marqua inévitablement Natreck et commença à le transformer. Il était très près d’avoir neuf ans, et comprenais très bien les atrocités qu’il voyait, sans pouvoir rien n’y faire. Il trembla devant la première vente d’esclave publique à laquelle il assista sous sa forme d’oiseau, fut malade en passant devant des cadavres de personnes dont personne ne se souciait et se révolta contre la richesse extrême des puissants de la ville qui se remplissait les poches sur le dos des plus faibles. Si Zaxine et Fuzeon étaient dans la catégorie des puissants, cela ne changeait rien pour le jeune yorka, qui se renferma sur lui-même devant tant de souffrance. Il devint plus sombre, plus renfermé, et acquis une discipline impressionnante dans sa pratique des arts martiaux, qu’il voyait comme sa seule échappatoire, la seule chose qui lui évitait que son jeune cerveau soit englouti par la noirceur de l’endroit.
Umbriel n’améliora pas les choses, et malheureusement, les zélos avaient prévu de s’y installer un moment pour que Natreck puisse créer des liens avec leurs proches. Malheureusement, il se renferma de plus en plus. Il riait encore, parvenait à avoir du plaisir avec ses cousins zélos, s’amusait devant leur tête déconfite lorsqu’il se transformait subitement en corbeau, mais devenant autrement secret comme une tombe. Il se confia de moins en moins sur ses émotions, et gardait souvent ses opinions pour lui. Deux ans passèrent ainsi dans la ville souterraine de la ville. Ce fut durant cette période que Natreck apprit à manier l’arc et à lancer des armes de jet. Il alla jusqu’à s’entrainer à toute heure du jour et de la nuit, alors qu’il n’arrivait souvent pas à dormir.
Lorsque Natreck eut onze ans, ses parents en eurent assez de la ville souterraine, mais surtout, ils se rendirent compte que Phelgra avait changé leur fils, et ils décidèrent de repartir en voyage. De toute façon, un mode de vie nomade convenait davantage au couple, qui s’était éloigné l’un de l’autre durant leurs années dans les souterrains. Ils prirent alors leurs chevaux et se dirigèrent en Eridania, négociant leur passage vers la cité-État avec le bastion de Karnabum. Heureux de repartir en voyage, Natreck ne put se débarrasser de la peur constante qui lui enserrait le ventre. Il passa beaucoup de temps sous sa forme de corbeau, survolant ses parents pour s’assurer qu’ils étaient en sécurité. Pensant que lui offrir un peu de stabilité dans la ville de Thyrénium lui serait salutaire, Zaxine et Fuzeon décidèrent de s’établir dans la cité-État pour la prochaine année.
Une certaine phobie sociale avait envahi Natreck, qui, sur le coup de ses douze ans, n’arrivait pas à confronter cette peur constate qui le tenaillait. Celle-ci avait tendance à le rendre un peu paranoïaque, et il faisait parfois de nombreux détours pour éviter d’être suivi. D’un autre côté, il évitait les grandes allées de la ville et la partie marchande, car il avait horreur d’être comprimé dans la foule. Encore bien plus petit que les adultes, le jeune garçon avait tendance à perdre de vue le ciel, et cela le plongeait dans une panique difficile à endiguer. Incapable de faire face à la peur, Natreck apprit, avec le temps, comment se déplacer de toit en toit et comment se glisser dans une foule sans être vu ni touché. Il s’avéra que son entrainement militaire lui avait offert la musculature nécessaire à un bon grimpeur, et il n’hésitait pas à grimper des constructions de plus en plus hautes pour ensuite se laisser planer jusqu’en bras sous sa forme d’oiseau. Cela lui entraina des remontrances, mais puisqu’il ne mettait en danger ni lui, ni personne, on le laissa finalement faire.
Après Thyrénium, ce fut Hellas, puis Hesperia, Cimmerium, Elusia, le voyage se poursuivant au travers du monde dans une existence nomade. Alors que Natreck grandissait, son instinct se transforma en magie, et la peur d'être pris au dépourvu développèrent un pouvoir de localisation un peu particulier. Assez aléatoire au départ, se déployant surtout lorsqu'il était particulièrement nerveux, le pouvoir de localisation empathique lui permettait, dans un certain rayon autour de lui, de détecter la présence d'autrui, ou plutôt, de détecter les intentions de ces personnes. Si au départ, Natreck ne réussissait à percevoir que si ces intentions étaient positives ou négatives, cela se développa de plus en plus, et s'il put percevoir les autres de plus en plus loin, il put également déterminer leur intention avec plus de précisions. Ce n'était toutefois pas directement une lecture de l'esprit de ceux qu'il côtoyait, mais plutôt une vague impression qui envahissait Natreck. Il put ainsi tourner en ridicule un marchand qui tentait de l'humilier, et pu détecter que le sylphide qu'ils croisèrent près de Cimmerium n'avait aucune intention particulière envers sa famille.
Natreck eut une adolescence... digne d'un adolescent. Renfermé, grognon, exaspéré par ses parents, il finit, à seize ans, par leur dire au revoir : il les aimait plus que tout, c'était ses parents, mais son besoin d'émancipation fut plus puissant que l'amour qu'il leur portait. Zaxine et Fuzeon étant extravagants, impulsifs et bruyants, le jeune homme chercha donc à trouver calme et sérénité. Il partit donc avec Feuille, sa jument, pour retrouver un ami de qui il n'avait que de beau souvenir : Yellen.
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Yellen l’accueillit dans la demeure avec une joie évidente. Les deux amis passèrent un long moment à prendre des nouvelles l’un de l’autre et à réapprendre à se connaître. Comme c’était le cas auparavant, les deux hommes s’entendirent à merveille, retrouvant leur connexion passée. Dans la forêt, Natreck trouva une sérénité qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps. Ce n’était pourtant pas parce que la forêt n’était pas dangereuse, bien entendu, car la faune et la flore n’étaient pas des plus accueillantes dans cette région du monde, mais plutôt une sensation étrange que le jeune homme n’avait pas eu l’occasion de ressentir souvent dans son existence nomade : il avait l’impression d’être rentré chez lui.
C’est sans doute ce qui poussa le yorka à demeurer si longtemps avec son vieil ami, pour qui le temps ne signifiait pas la même chose que pour quelqu’un de la longévité de Natreck. Ainsi, il redécouvrit les secrets de la forêt avec le sindarin qui se fit un plaisir de lui parler de la nature, mais aussi de Delil, un dieu que Natreck avait toujours reconnu, mais pour lequel il renouvelait sa foi au contact de sa flore enchanteresse. Delil trouva sa place dans ses méditations et ses longues promenades en forêt, côtoyant sa foi en Bor qui lui apportait force et contrôle en combats. D’ailleurs, la séparation du yorka d’avec ses parents ne marqua pas la fin des entrainements. S’il s’entraina d’abord en solitaire, il convainc Yellen de lui offrir ses conseils. Ce fut un travail de longue haleine, car le sindarin ne souhaitait pas du tout communiquer les techniques de son peuple. Natreck insista, réussissant à obtenir un conseil, puis un deuxième, argumenta qu’il n’aurait, de toute façon, jamais assez de sa vie de yorka pour apprendre toutes les techniques sindarins. Il devint un tireur précis et habile, qui, comme à son habitude, n’hésitait pas avant d’agir. Au contact de l’archer sindarin, Natreck devint un tireur exceptionnel pour son âge.
Il lui enseigna aussi des techniques de méditation, complétant ce que le yorka avait appris auprès de Quagunr plusieurs années auparavant. Cette méditation, difficile à maîtriser, permettait, une fois un bon niveau de contrôle atteint, de remplacer une nuit de sommeil, mais aussi d’accélérer sensiblement la guérison de blessures. Natreck choisit finalement de le quitter après presque deux ans à ses côtés. Sa présence commençait à poser quelques problèmes à Yellen. En effet, les autres sindarins ne voyaient pas d’un bon œil qu’un membre de la légion des Lùvas en apprenne autant à un étranger. Lorsqu’il découvrit le malaise qui se créait à son passage dans la cité des sindarins, Natreck décida de se rendre à Thyrénium. Pour son départ, Yellen lui offrit un arc de grande facture, d’une beauté, mais surtout d’une efficacité exceptionnelle. Confectionnée par un artisan sindarin de grand talent, la pièce était d’une qualité et d’une beauté exceptionnelle. Au-delà de sa beauté, c’était sa discrétion qui était importante. Comme il était foncé, il était difficile de remarquer la patte de l’artisan sindarin sans examiner l’arme de près, ce qui en faisait un bon passe-partout.
Il est difficile de comprendre comment un jeune garçon prometteur comme Natreck put devenir un ladrini, un assassin, un voleur. Vous ne serez peut-être pas surpris de savoir que tout commença dans la cité de Thyrénium. Ses malheurs commencèrent lorsque Feuille, sa jument, fut volé, et la plupart de ses effets personnels, et surtout de son argent, avec elle. Ce vol réveilla la peur de Natreck, cette peur qu’il trainait depuis son séjour à Phelgra et qui s’était brièvement endormi le temps de son séjour dans les forêts entourant Canopée. C’est comme ça qu’il commença à voler. Il le fit d’abord à contrecœur, ne volant que pour se nourrir. Si la peur de se faire coincer par les gardes le fit d’abord trembler de peur, fuir la civilisation et se cacher en permanence, il se rendit compte que ses capacités et son éducation lui donnaient un véritable avantage. Discret, rapide et agissant sans hésiter, il arriva souvent qu’on soupçonne la personne à côté de lui pour le vol qui avait commis, car son attitude stoïque ne révélait aucun sentiment de culpabilité.
D’ailleurs, Natreck ne se sentait pas coupable. Au contraire, il s’était pris au jeu, et carburait de plus en plus à l’adrénaline que lui procurait le fait de voler. De la nourriture, il passa aux vêtements, puis aux armes, puis aux matériaux précieux. Ce fut ainsi que, malgré son talent, il finit par se faire remarquer. Vous ne serez sans doute pas surpris de savoir que les ladrinis finirent par savoir qui était Natreck, bien que son nom et sa véritable identité demeuraient secrets. Vantant ses mérites, une femme lui offrit un montant d’argent substantiel s’il acceptait d’aller tuer un élément gênant à Hellas, et de lui rapporter une preuve de son méfait. Ce nouveau défi stimula Natreck, qui accepta la mission. Toutefois, il n’avait ni cheval, ni bien, ni argent, et le chemin jusqu’à Hellas était long. Le montant en valant toutefois la peine, le yorka finit par trouver une solution.
Le fait que Thyrénium soit un endroit central pour le commerce lui donna l’idée de s’engager comme éclaireur dans une caravane qui partait vers le nord. Mettant de l’avant ses qualités de combattants, sa connaissance du terrain, mais également ses capacités magiques et l’avantage que cela pouvait apporter de voyager avec un yorka oiseau, il fut rapidement engagé par un terran bourru qui accepta sa contribution malgré sa réticence visible à faire confiance à un yorka. Ainsi, accompagnant le convoi, il commença un long voyage vers le nord. Il prouva rapidement son utilité, faisant emprunter des raccourcis au convoi et détectant plusieurs attaques de brigands avant qu’elles n’aient lieu. Dormant le jour, surveillant la marchandise la nuit, le corbeau, qui s’était fait connaître sous le surnom de Reck pour protéger son identité, s’avéra être un allié de taille et acquit rapidement le respect des autres protecteurs de la caravane.
Une fois à Hellas, il ne bénéficia que de quelques jours pour trouver sa cible. Cela lui demanda énormément de recherche, et le jeune corbeau n’était pas un habitué de la chasse à l’homme. Ce fut un peu par hasard qu’il comprit ou se cachait sa cible. On pourrait croire que Natreck hésita avant de tuer aussi impunément une personne dont il ne savait rien. Qu’il eut peur ou qu’il voulut renoncer. Mais ce ne fut pas le cas. Après des mois entiers à devoir voler pour survivre, à devoir se cacher pour être en sécurité, la vision de Natreck avait changé. Pourquoi devrait-il se soucier d’autrui si les autres ne se souciaient pas de lui? Personne ne lui avait offert d’aide lorsqu’il s’était retrouvé seul dans la cité-État, pas même ceux qu’il avait cru être ses amis, alors qu’il retournait dans la ville après tant d’années. De plus, le yorka était un homme d’action, qui n’hésitait pas avant d’agir. Il tua sa cible d’une seule flèche, et repris le lendemain sa route avec le convoi pendant que les gardes de la cité, découvrant le cadavre, cherchaient un coupable sans parvenir à le trouver.
À son retour dans la cité-État, la femme tint sa promesse et le récompensa grassement. Cependant, elle lui proposa aussi un avenir. Elle le présenta aux ladrinis, vantant ses mérites et son efficacité, et il fut rapidement membre de cette caste de criminel. La vie de Natreck continua donc ainsi pendant plusieurs années. Voyageant avec les convois de marchandises à travers le monde, il se fit connaître comme un éclaireur fiable et intelligent, qui connaissait les routes du monde. Sous le nom de Reck Agnis, il se fit une réputation élogieuse qui lui rapporta argent et contrats. Personne, à l’exception des ladrinis, ne semblait savoir que l’homme avait une double-vie, et jamais Reck l’éclaireur ne fut soupçonné pour les cadavres qui s’accumulait sur le chemin de Natreck, ce dernier étant très prudent et agissait toujours en toute discrétion.
La vie qu’il avait convenait au jeune homme. Libre de ses actes, vivant en nomade, il visita ses parents, sa famille et ses amis au travers le monde sans jamais se faire prendre pour ses actes odieux. Lui-même ne s’en sentait pas coupable. Au travers du monde, des gens d’une grande cruauté étaient au pouvoir. Des innocents mourraient tous les jours, et chaque meurtre laissait des gens dans le deuil, et que ce soit la famille d’un esclave ou la cour d’un noble ne changeait rien pour Natreck. Pour lui, qui avait vu tant de choses de par le monde, aucune vie ne valait plus qu’une autre, et c’est sans remords qu’il volait, tuait, pillait. Cependant, le jeune homme avait certaines ambition.
Lorsque le bien et le mal ne dépendent que des points de vue, il est difficile de prendre parti lorsque des évènements majeurs se déroulent de par le monde. Le corbeau souhaitait plus que tout agir pour changer le monde. Il ne souhaitait pas que l’histoire retienne son nom, qu’on le glorifie ou qu’on l’enferme, non, mais il souhaitait plus que tout que ses actions aient des répercussions sur l’avenir, se satisfaisant de se savoir responsable sans avoir besoin de reconnaissance. Lorsque ce qu’on nomma plus tard Le Grand Tournant se déroula, le jeune homme comprit, au plus profond de ses entrailles, que le temps était venu. Après avoir assisté au jugement de Torenheim, Natreck comprit que les choses allaient changer. Le nouveau roi Thimotée déclara la guerre aux ladrinis, entre autres, et condamna le meurtrier à croupir aux Prisons des Déments. Pour Natreck, toutefois, les actions du gorgoroth n’avaient rien d’insensé. Au contraire, le jeune homme loua le courage de l’homme qui avait accepté de s’en prendre à ces hommes aussi puissants de corrompus.
Lorsque la sarnahroa frappa Istheria, Natreck fut de ceux qui crurent à l’intervention des dieux, probablement à cause de sa croyance envers eux. Toutefois, contrairement aux gélovigiens, cela ne justifiait pas, pour lui, de laisser mourir des gens, et il accomplit certaines actions pour aider à trouver un remède, bien qu’il ne fit pas partie de ceux qui le découvrirent. En effet, avant que celui-ci n’eût le temps d’être conçu, le yorka reçut une missive déconcertante : ses parents étaient touchés. Se rendant à Umbriel, il n’arriva malheureusement pas à temps pour entendre les dernières volontés de ses parents, ceux-ci s’étant transformés en pierre durant le voyage que Natreck accomplit pour les revoir une dernière fois. Accomplissant les volontés que ses parents avaient consignées dans une longue lettre à son intention, le jeune homme, en larme, mais surtout en rage, récupéra les pierres de sphènes qu’était devenu le cœur de ses parents et Kouna, le familier furet de sa mère puis, récupérant son héritage, se rendit à Themisto pour se procurer un cheval puissant qu’il n’aurait pu se permettre d’acheter sans l’argent des deux zélos disparu. C’est ainsi qu’il se procura Viking, un gros étalon qui lui en fit baver, car il s’agissait d’une vraie tête de mule.
Natreck s’aventura en Noathis pour aider à trouver la panacée à 5 pétales. Connaissant bien la forêt, il fut de ceux qui participèrent et revinrent sain et sauf de la cueillette de cette fleur. Pour Natreck, il fallait tout faire pour enrayer cette maladie. Si c’était les dieux qui avaient lancé cette maladie, il était toutefois improbable que ce soit eux qui choisissent leurs victimes et le yorka vit cela comme un défi plutôt que comme une punition que leur lançaient les dieux. Il était pour lui impossible que ses parents, des gens honnêtes et fervents croyants, fussent punis par les dieux. Il travailla donc avec les Eclaris, leur apportant la fleur dont il avait tant besoin pour le remède. Il était d’ailleurs au fond de la forêt de Noathis lorsque les stocks du remède furent détruits et les ladrinis comme les Eclaris accusés de ce méfait. Espérant que sa caste ne soit pas à l’origine de cet acte meurtrier, Natreck continua de chercher la panacée, espérant annihiler finalement cette meurtrière pandémie.
Natreck n’était pas présent lorsque le Colosse d’Elgondor fut découvert, mais il en entendit parler jusque dans les coins les plus reculés du monde, lui qui avait fui le myste rouge. Le récit incroyable du colosse qui avait renoncé à insuffler son mal dans le pays se rendit jusqu’à lui en même temps que l’apparition du colosse de Gaeaf. Mauvais navigateur et ayant le mal de mer, il ne participa pas à l’immense champ de bataille contre le colosse, pas plus qu’au sauvetage des habitants d’El Bahari. Cependant, le yorka sentait au plus profond de ses entrailles que le monde changeait. La présence des colosses n’était pas un hasard, et cela présageait un changement important dans Istheria, et que son issu soit positif ou négatif, cette période trouble allait certainement demeurer dans la mémoire des peuples qui y survivraient au même titre que la Grande Guerre de Taulmaril.
Ainsi, Natreck, qui poursuivait sa vie d’éclaireur et de ladrini, ne fut pas surpris d’entendre les rumeurs qui courraient sur les conflits qui agitaient les prêtresses de Cimmeria. La guerre qui s’en suivit le toucha cependant davantage, car il était de plus en plus difficile de voyager de pays en pays alors que la moitié d’entre eux se déchiraient dans une guerre aussi stupide que vaine aux yeux de Natreck. Ce dernier ne put prendre parti dans cette guerre, ayant des amis et de la famille autant dans les guerriers de Phelgra que dans les rangs des sindarins. Il tira toutefois profit de cette guerre et accomplit des gestes pour chacun des deux camps, n’hésitant pas à jouer un double jeu pour se remplir les poches. Ladrini confirmé, le yorka se fit connaître ainsi des hautes sphères de sa caste, principalement parce qu’il ne fut jamais soupçonné pour ses nombreux crimes qui eurent pourtant un inévitable impact sur la fin de cette guerre.
Alors qu’il n’avait entendu parler que de loin des nombreux Colosses qui apparaissaient un peu partout dans le monde, il était présent à Hesperia lorsque le colosse de Paramis fit son apparition, et il fut comme beaucoup prisonnier de son corps animal. Pris dans la frénésie qui agita la ville, privé de ses pouvoirs par la forme dans laquelle il se trouvait, Natreck fut impuissant dans la lutte contre ce monstre. Ayant eu forme humaine, il aurait pu mettre au service de l’armée de la ville son talent à l’arc pour atteindre ce fameux monstre. Cependant prisonnier d’un corps de corbeau, il ne trouva pas grand moyen d’être utile, sinon celui de rapporter des informations, le fait qu’il soit capable de prononcer quelques mots sous sa forme animale étant d’une aide précieuse pour transmettre rapidement des informations au centre de décision de cette bataille effroyable. Toutefois, et bien que beaucoup se souvinrent du corbeau qui les avait aidés dans cette bataille, jamais Natreck ne se révéla comme étant cette personne une fois le colosse terrassé, préférant son anonymat aux cadeaux et à la reconnaissance donc il aurait probablement bénéficié en dévoilant son identité.
Le jeune yorka voyageait dans le Tunnel des Mépris lorsque le colosse de Themisto fit son apparition. Les rumeurs concernant le Drys firent rapidement leur apparition dans les lieux les plus sombres de Phelgra, de même que l’apparition de la résistance par les cavaliers de Sharna, mais aussi par les citoyens. Se joignant à ces derniers, Natreck put enfin participer de manière plus active à cette étrange bataille qui n’avait rien à voir avec celles qu’il avait déjà vécu auparavant. Copiant le pouvoir de feu d’un compagnon de route, il put aider à vaincre ce colosse, même si le yorka ne considéra pas vraiment cela comme une victoire : le Colosse était toujours là, endormi, menaçant de se réveiller à tout moment, privant la capitale de Phelgra d’un quartier complet, envahi par ces plantes diaboliques qui n’avait rien à faire dans ces terres noires.
Les désastres que créèrent les nérozias ne furent que rumeur aux oreilles de Natreck, qui se trouvait toujours en Phelgra lorsque les meurtres eurent lieu. Incapable de déterminer s’il approuvait ou non les actes des nérozias qui se dévoilaient au monde, il choisit de demeurer neutre. Tout le monde a une raison d’agir comme il le fait, ainsi, il ne remit pas en question les actes qu’il ne comprenait pas, se contentant de collecter les informations qui venaient à lui. Son retour en Eridania fut le résultat d’une requête adressé à Reck Agnis, son pseudonyme. Réputé comme connaissant bien la route entre Hesperia et Thyrénium, il participa à l’érection de la route entre les deux grandes villes du centre d’Istheria par ses conseils sur la géographie et par la sécurité qu’il assura à certains travailleurs qui creusaient la route.
Natreck est à Thyrénium alors qu’il entend les premiers murmures sur un étrange mal qui prenait de l’ampleur à travers Istheria. Craignant une nouvelle épidémie comme celle de la sarnahroa, il est certain que le yorka agira dans ce nouvel évènement qui secoue son monde. Que choisira-t-il de faire?
Lorsque les sylphides nous ont trouvés et enfermés dans cette jarre maudite, j’ai cru que c’était le début de la fin.
Nous étions presque deux cents ainsi entassés dans cet espace restreint, privé de notre liberté et de notre individualité. Là-dedans, le temps n’avait plus d’emprise, je ne sais donc combien de temps il me fallut pour me reprendre en main. Rapidement, le désespoir m’avait envahi. J’étais immortel, et l’éternité qui se dessinait devant moi ressemblait à un trou béant, béant et sans fond.
Cependant, je n’étais pas seul, et au sein de notre groupe se trouvaient des esprits extraordinaires. Si aucun de nous n’avait encore vécu, chacun avait une histoire, une histoire parfois douce, souvent triste, et qui se terminait toujours de la même façon. Lorsqu’une âme commença à raconter son histoire, les lamentations se turent, et chacun écouta avec attention la vie qu’avait autrefois connu cet être. Puis, porté par l’élan, une autre âme enchaina de son histoire, et rapidement, chacun d’entre nous conta la sienne, partageant avec les autres les secrets de nos familles. À travers ces histoires, nous créâmes des liens. Après que chacun eût raconté son histoire, nous recommençâmes, ajoutant de nouveaux détails, partageants les sentiments éprouvés, nous livrant à ceux qui peut à peu, remplaçait notre famille. Enfants du chaos.
Nous vîmes à connaître les histoires des autres aussi bien que les nôtres. Entre nous, plus aucune question n’était taboue, et ensemble, nous ne formions qu’un seul être, un être fait de souvenir et de haine. Ainsi, pour ne pas perdre notre individualité, pour pouvoir continuer à être des syliméas, peut-être aussi dans l’espoir qu’un jour, quelqu’un retrouve la jarre maudite qui contenait nos âmes, nous commençâmes à jouer, bien que ce jeu fût particulièrement sérieux. Par nos souvenirs communs, nous reconstituâmes une société, une société à notre échelle, et chacun d’entre nous se fit attribuer un rôle. Lorsque nous nous lassâmes d’être rois, serviteurs, artisans ou paysans, nous décidâmes de changer de rôle, devenant marchands, scribes, musiciens ou... révolutionnaires.
Certains d’entre nous se démarquèrent par leur leadership et leur esprit affuté. Moi-même reconnu par mes pairs pour les qualités que je possédais, je créai rapidement un lien avec l’un des esprits les plus éminents de notre groupe, la mielleuse Nyx. Ensemble, et rapidement rejoint par une aussi tout aussi impressionnante que la notre, nous étions d’une puissance remarquable, et peu importe les rôles que nous avions dans ce jeu auquel nous jouions, nous arrivions à nous démarquer de nos frères et de nos sœurs. Rapidement, notre trio fut connu et reconnu par notre grande famille, et tels des leaders, nous nous élevâmes parmi eux.
Le temps passait inexorablement, sans que nous ayons de moyens de savoir à quel point il avait passé. Au fond de moi, je ne croyais plus à la libération. J’étais ainsi, prêt à me contenter de cette demi-vie, empli de haine envers nos bourreaux. Me rappelant notre capture, je savais qu’il n’y avait que peu de chance pour que nous soyons retrouvés. Peut-être nous trouvions-nous en pleine mer, ou alors ces perfides créatures nous avaient laissés là où nous étions, au cœur de Noathis, là où personne ne penserait à nous chercher... Quoiqu’il en soit, et même si je gardai mes doutes pour moi, l’espoir de m’incarner un jour dans un corps de chair et de sang s’éteignait inexorablement. Il subsistait toutefois encore une flamme, une toute petite flamme.
C’est ainsi qu’un jour, plus d’un millénaire après notre enfermement, la lumière s’engouffra dans notre prison. Comment et pourquoi cet homme nous avait trouvés, cela demeurait un mystère. Pour le savoir, sans doute faudrait-il retrouver le syliméa qui en a fait son hôte. Ainsi, nous, Enfants du Chaos, nous partîmes ensemble vers l’Est, découvrant les changements qu’Istheria avait subis, découvrant le temps qui avait passé, découvrant l’oubli qui nous avait été réservé. Nos trois âmes-sœur demeurèrent ensemble encore un moment, mais ainsi poussé par la sourde colère que faisait naître en nous le sort que nous avions vécu, nous nous séparâmes, à contrecœur, pour atteindre le but que nous nous étions fixés, non sans nous promettre de nous retrouver.
C’est ainsi que, sous ma forme éthérée, je voyageai aux confins du monde. Bouleversé d’avoir perdu ceux qui, depuis des siècles, étaient devenus ma famille, je n’eus pas dans l’idée de choisir immédiatement un hôte. Non, je voulais apprendre, comprendre, analyser avant de devoir naître. J’avais sans doute un peu peur du changement, mais j’avais pourtant mes raisons. Ce corps éthéré était le mien depuis si longtemps que je ne pus me résoudre à l’abandonner. Non plus je ne voulais pas me lier à n’importe quel être. Les souvenirs de celui-ci teinteraient inévitablement les miens, ses sentiments, sa vision du monde... Non, je devais découvrir le monde par moi-même. Par mes propres sens, sans les pensées envahissantes d’un hôte.
C’est ainsi que durant les années qui suivirent, du haut des sens qui m’étaient accordés sous cette forme, je voyageai d’un bout à l’autre du continent, glanant les informations que me permettait ma forme éthérée. Immortel, je ne craignais qu’une seule chose : les sylphides. Pourtant, je découvris bien vite que les choses avaient changé. Pire : les sylphides qui peuplaient Istheria n’étaient plus ceux de notre époque. Et ceux-là, victime de leur propre idiotie, nous avaient oubliés. Pourtant, je n’eus pas l’audace de me rendre à Cimmerium, craignant que certains anciens se souviennent de nous et du sort qu’ils nous avaient réservé.
Je compris également qu’il me faudrait être prudent dans le choix de mon hôte. Pourtant, le besoin de m’incarner devenait de plus en plus pressant. J’avais envie de vivre, de m’incarner dans ce monde si différent de celui que j’avais quitté des centaines d’années auparavant. J’avais envie d’accomplir tout ce que nous nous étions promis, nous, enfants du Chaos. Ressentant la maladie dans mes potentiels hôtes, je choisis de me rendre en Argyrei, là où l’on disait la fièvre moins virulente. C’est ainsi que je me mis à la recherche d’un corps qui me correspondait.
Je pris mon temps pour choisir, mais mon regard finit par se diriger vers un jeune yorka au physique banal. En santé, il semblait être un être vigoureux, et ce qui je pus apprendre de lui me prouva qu’il avait beaucoup voyagé. Un être aux connaissances multiples, un oiseau libre, un yorka qui plus est, une race que j’affectionnais. Il se dirigeait alors vers Lokram avec un autre membre de sa race, véritable colosse. Je choisis donc d’attendre son retour, bien caché dans la cité maudite, conscient que j’aurais du mal à trouver la nourriture qui me serait nécessaire au sein des ruines de l’ancienne cité. C’est ainsi que lorsqu’il revint en ville, sans qu’il ne s’aperçoive de rien, je parasitai son corps.
Natreck était un hôte parfait. Ressentant la fièvre que je faisais naître en lui, il y reconnut les symptômes de la fièvre de cendre, et il choisit de se rendre plus au Nord. Voyageur aguerri, je m’abreuvai de ses connaissances. S’il n’était pas particulièrement instruit, ses connaissances démontraient une grande polyvalence et une ouverture à l’autre qui me fut salutaire pour mieux comprendre le monde qui nous entourait. Pourtant, le corbeau n’échappa pas au fléau qui planait sur Istheria. Je reconnus la différence des symptômes que mon hôte ressentait peu après avoir traversé la frontière éridanienne.
Maintenant réellement atteint de la fièvre de cendre, mon hôte commença à souffrir, bien davantage que ce que provoquait mon parasitage. La peur au ventre, je ne pus qu’attendre le moment propice pour enfin pouvoir prendre sa place. Natreck rejoignit les campements des prêtresses de Cimmeria, filles de la déesse Kesha, dans l’espoir d’être sauvé. Pauvre petit être sans défense... Il ne savait pas ce qui l’attendait, ce petit yorka. Et puis, comme par hasard, je remarquai le regard de celle qui le prit en charge. Cette Ulva, je le sentais... Une syliméa.
J’attendis donc, non sans impatience, d’être prêt à percer la coquille qui me retenait, non sans craindre que la fièvre prenne ce corps avant que je ne puisse le faire. Mais enfin, le jour arriva.
C’est donc ainsi que mon histoire commence. |
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|| Informations || Fonction: Pouvoirs, spécialités & Don: Relations & Contacts: :: Infante de Kesha :: Othello Lehoia | Sujet: Re: Kronos - Tisseur de souvenirs Jeu 1 Juil - 23:22 | |
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Nous perdons Natreck, mais nous accueillons Kronos! Comme ta fiche est une renaissance, je n'ai rien d'autre à dire que:
Fiche validée!
Nous te souhaitons de belles, nouvelles aventures, et même si nous disons adieu à notre yorka corbeau, nous avons hâte de découvrir ton nouveau parcours. Bon jeu à toi!
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