Juni Hatsin, la faucheuse des rues [Terminée]

DON : Transformation monstrueuse

SPECIALITES :
-Voleur d'exception
-Fugitif

POUVOIRS :
Contrôle du métal = ★★★★✩✩
Apaisement = ★★✩✩✩✩
Transformation en ombres =★★★✩✩✩


Juni possède une dague en argent et un arc en bois. Trois anneaux d'acier sont accrochés autour afin que la jeune femme puisse exercer son pouvoir dessus. (contrôle du métal)


Juni possède cinq besaces dissimulées sous ses vêtements. Les deux plus grandes peuvent contenir des objets de taille moyenne tels que des livres ou des bouteilles tandis que les trois autres sont plus petites et ne peuvent contenir que de petits objets comme par exemple de l'or, des papiers, ou même des queues de rats. Après tout, il faut bien qu'elle puisse dissimuler ses larcins. Et qu'elle ait un endroit où stocker les objets qu'elle va laisser à la place de ceux qu'elle s'approprie.



Juni est une jeune fille au teint pâle. A cela se rajoute une longue chevelure très claire entre le gris et le blanc. Elle a les cheveux lisses et les tient généralement détachés. Ses yeux quant à eux étaient marrons foncés, le contraste avec sa peau lui donne ainsi souvent un air sombre d'autant qu'elle aborde généralement un regard très expressif. Le temps passé dans la rue l'a également usée. Elle a de les mains marquées de toutes ses escapades sur les toits et plusieurs cicatrices provenant de combats ou de flèches qui l'ont atteintes alors qu'elle fuyait des poursuivants mécontents de l'échange qu'elle avait fait avec eux. L'une des cicatrices forme un léger trait sur le côté gauche de son cou tandis qu'une autre est une plaie à l'épée sur le côté droit du bas ventre qui a été recousue. Les autres ne sont que de petites éraflures, rien de bien méchant.

La jeune femme est plutôt petite puisqu'elle dépasse à peine le mètre soixante. De plus, elle est plutôt fine bien que tout de même assez musclée et a une faible poitrine. Pas non plus suffisamment faible pour qu'on la prenne pour un homme bien entendu mais, ce n'est clairement pas son principal attribut. Bon après, il faut dire que c'est plutôt quelque chose qui l'arrange. C'est à ses yeux plus pratique comme ça.

Juni revêt généralement des tenue sombres avec du rouge et du noir. Enfin, ça s'est lorsqu'elle revêt sa tenue de voleuse, celle qu'elle est réellement. Mais, lorsqu'on est une voleuse, il ne faut pas que ça se sache. Aussi, elle porte fréquemment des tenues différentes afin de ne pas être reconnue. Certaines sont des tenues de nobles pour se mélanger à ces derniers tandis qu'une de ses tenues, plus sobre lui donnera un air de jeune marchande. Pas que tous les marchands aient de tenue particulière, tout comme les voleurs ou autre mais, les gens se fient beaucoup aux apparences et la jeune femme sait en jouer. Enfin, cette vaste panoplie de déguisements qu'elle possède est aussi diverse et variée qu'elle n'est pas au goût de la Lhurgoyf. Rien ne valait son capuchon mais, il fallait dire que se balader ainsi en ville en plein jour lorsqu'il ne pleuvait pas attirait l'attention. C'est pourquoi elle portait toujours une tenue qui la ferait passer inaperçue dans le lieu où elle se trouvait.

Sous sa forme monstrueuse, Juni gagne pas loin de trente centimètres vu qu'elle avoisine le mètre quatre-vingt dix. Elle s'élargit pas mal également. Elle garde toutefois une forme proche de l'humain. On relève surtout l'apparition de deux courtes cornes en spirale noires sur les côtés de son crânes, une très longue queue assez épaisse se terminant par une boule de piquants d'une dizaine de centimètres chacun et l'apparition de griffes de vingts bon centimètres chacune. Sa peau se recouvre également d'écailles ambrées pareilles à celles des reptiles, lui offrant ainsi une protection supplémentaire. Elle possède également sous cette forme deux membranes noires ressemblant à des ailes qui ne lui permettent toutefois pas de voler ni même de planer mais, elle s'en sert pour repousser les projectiles ou se protéger des sorts. En effet, même si ces parties du corps n'y résistent pas plus que le reste, elles n'ont aucun élément vital. Aussi, Juni peut aisément s'en servir comme d'un bouclier. Hormis de la douleur, elle ne craint rien en agissant de la sorte. Bien entendu, passé un certain seuil, elle ne peut plus les bouger. Lorsqu'elle se transforme, les écailles se forment d'abord partout sur son corps puis, elle s'épaissit, sa queue pousse puis, les cornes et enfin les membranes.



Très jeune, Juni était une Lhurgoyf pure et dure. Elle n'attendait qu'une chose, quitter le domicile de ses géniteurs. Jeune fille solitaire au caractère bien trempé, elle ne comprenait pas pourquoi elle devait vivre avec eux. Ils la nourrissaient, comme si elle avait besoin d'eux. Ils la.  pomponnaient. Non mais, franchement, comme si elle avait besoin d'un bisous avant de dormir. On aurait dit qu'ils se prenaient pour des Terrans. Puis, qu'est-ce qu'ils avaient à se faire les yeux doux en permanence? Dès l'âge de dix ans, ils avaient voulu quitter le domicile familial. Il la retenaient mais, elle n'avait de cesse d'essayer, têtue qu'elle était. Lorsqu'elle eut quatorze ans, elle y parvint et vécut seule pendant deux ans. Deux ans qui, contrairement à ce qu'elle aurait pensé furent difficiles. Les chiens ne faisaient pas des chats mais, elle ne voulaient pas y retourner. Elle n'était pas aussi niaise qu'eux. Elle chercha donc à rencontrer d'autres personne et s'acoquina avec des voleurs en tous genres.

Aujourd'hui, Juni avait pris la tête d'un groupe de voleurs. Bien entourée, elle n'avait aucun respect pour les lois mais, partait du principe que le respect d'autrui était essentiel. On ne pouvait pas prendre quelque chose sans laisser autre chose en contre-partie. On ne pouvait pas non plus tuer quelqu'un pour le plaisir, aussi, il était nécessaire de savoir pourquoi on le faisait. De plus, personne n'avait le droit de s'en prendre à son groupe sans lui demander son avis. En réalité, elle tenait à ses compagnons mais, jamais on ne lui l'aurait fait admettre. Selon elle, ses camarades n'étaient là que pour lui faciliter la tâche. Elle jouait la chef de bande imbue de sa personne et ne faisant preuve d'aucune pitié mais, la réalité était qu'elle tenait à eux. Elle était seulement trop fière pour l'admettre. Elle était une Lhurgoyf, elle n'avait besoin de personne. Mais, malgré qu'elle laisse quelque chose en contre-partie, les gens n'étaient jamais contents. Le fait d'être un groupe lui facilitait la tâche. Selon elle, c'était la seule chose qui comptait. Elle devait bien voler pour vivre puisqu'il était hors de question qu'elle travaille pour quelqu'un d'autre qu'elle-même et qu'elle n'avait pas les moyens d'ouvrir sa propre affaire.

Ainsi, derrière une jeune femme imbue de sa puissance se cachait en fait une personne qui veillait sur ses proches sans vouloir l'admettre. Elle disait que s'attacher était une faiblesse mais, si c'était réellement le cas, la réalité faisait d'elle une faible. Son groupuscule était en effet cher à ses yeux.

Pour ce qui était de la religion, elle n'en avait jamais rien eu à faire jusqu'à ce qu'un jour, un prêtre d'elle ne sait plus quel dieu la bassine avec. Depuis, elle avait envie de frapper tous ceux qui lui parlaient de religion. Enfin quand elle était de bonne humeur. Sinon, les étriper serait tout à fait adapté à la situation. Et autant dire que les moments où elle était de bonne humeur n'étaient pas les plus nombreux.



PRENOM : Spectre
RACE : Loup noir
SEXE : Masculin
POUVOIR : Gigantisme
DESCRIPTION : Spectre est un immense loup noir aux yeux rouges. Enfin plutôt à l'oeil gauche rouge puisqu'à la place de l'oeil droit, il a un catalyseur de couleur violette. Juni se demande par conséquent s'il peut voir ou non de cet oeil là mais, dans tous les cas, cela ne semble pas déranger son compagnon. C'est à la base ce qui l'avait amenée à s'approcher du louveteau. Elle avait cru qu'il était blessé et avait voulu le soigner. Sans doute cette "difformité" lui avait-elle valu d'être exclu de la meute et la jeune femme l'avait recueilli.


PRENOM : Sazed
SEXE : Masculin
DESCRIPTION : Sazed est un grand cheval blanc comme la neige à l'allure élancée avec un fort caractère et à moins d'être un cavalier hors pair, celui qui voudrait le voler à Juni serait vite désarçonné. Elle même ne parvient à le chevaucher que parce qu'il le veut bien. Il refuse toutefois qu'elle lui mette une selle et elle monte donc sans rien.




Naître. Voilà la première corvée que le monde nous incombe. On n'a rien demandé. On n'y est pour rien. Mais, on aura beau plaider innocent, on est quand même condamné à vivre. C'est une peine à laquelle la plupart des gens se font. Certains ont même peur d'en être libérés. La plupart en fait. Mais, ils n'ont pas deux parents Lhurgoyfs. En tout cas, ils n'ont pas deux parents Lhurgoyfs qui s'aiment. Qui s'aiment et en plus qui te pomponnent. Qui ne veulent pas que tu quittes le domicile familial. A-t-on déjà vu des Lhurgoyfs comme eux? Peut-être. Toujours était-il que cela insupportait Juni. Elle grandissait avec tout l'amour de ses parents mais, elle s'en moquait. Ils se prenaient pour des Terrans ou quoi? Du coup, elle leur disait de la laisser tranquille mais, ils ne voulaient rien à entendre. Plus elle grandissait, plus elle leur demandait de lui laisser de la liberté mais, ils lui disaient qu'elle devait prendre sur elle. Ils n'arrêtaient pas de dire "on est pas des bêtes". C'était quoi le rapport? Non mais, pas besoin d'être un animal pour avoir besoin de personne. Juni ne s'y faisait vraiment pas mais, ils ne lui laissaient pas le choix. Ils l'aimaient. C'était ce qu'ils lui disaient à chaque fois qu'elle essayait de partir. Et ils l'enfermaient en prenant soin de bloquer les volets. Il était beau leur amour. Elle aurait voulu leur montrer le sien mais, elle le savait, même sous sa forme monstrueuse, ils auraient le dessus. Elle se tenait donc à carreau. Enfin, jusqu'à la prochaine tentative de fugue. Tous les jours, elle essayait. Elle collectionnait les échecs. Mais, qu'est-ce qu'ils avaient? Ce n'était pas ça aimer. Même si la jeune fille trouvait cela inutile, ce n'était pas comme ça qu'elle voyait la chose. Eux deux s'aimaient, ils n'y avait aucun doute mais, ils ne l'aimaient pas elle. Ils cherchaient seulement à imiter le mode de vie des Terrans. Elle n'était pas comme eux. Elle était une Lhurgoyf et ne voulait pas s'adapter. Elle finirait par s'enfuir, il n'y avait pas d'autre solution. Si pour cela, elle devait en arriver à les tuer, elle le ferait. Elle les libérerait de cette vie de faibles. À quoi bon se terrer ainsi? Ils étaient bien plus puissants que n'importe qui. Pourquoi perdre du temps à construire un cocon? Ils disaient qu'ils en avaient marre de tout ça, qu'ils voulaient être acceptés. Pourquoi? Ils auraient juste pu éliminer ceux qui les rejetaient. Elle se ressaisit. Qu'ils fassent ce qui leur chante. Elle devait s'en aller. Elle ne voulait pas devenir aussi faible qu'eux.

Ce n'est que lorsqu'elle eut quatorze ans qu'elle y parvint. Non, elle n'avait pas réussi à détourner leur vigilance. Elle ne les avait pas non plus tués. Alors qu'ils allaient la retenir, elle devint ombre. Comment avait-elle fait cela? Elle ne le savait pas. La main de son père s'était refermée dans le vide, là où elle aurait dû se trouver. Elle voyait cela depuis le sol. Puis, il se déplaça en la cherchant et elle fut contrainte à le suivre. Que se passait-il? Chacun des mouvements qu'il faisait, elle était contrainte de le suivre. Puis, elle comprit. Elle ne savait pas comment elle avait fait cela mais, elle était devenue l'ombre de son père. Puisqu'elle ne savait pas comment elle avait fait, elle ne savait pas quoi faire. Elle tenta toutefois de passer de l'ombre de son père à une autre. Enfin, elle ne savait pas vraiment que c'était ce qu'elle faisait. Elle se concentra. Désormais, elle était dans l'ombre de sa mère. Elle n'était guère plus avancée. Elle se concentra de nouveau, cette fois-ci, elle avait compris. Sans savoir comment cela fonctionnait réellement, elle pouvait fusionner avec les ombres. Elle se trouvait désormais sur l'ombre de leur demeure. Elle ne pouvait plus bouger mais, elle ne suivait plus leurs mouvements. Ils étaient fous de rage mais, ils abandonnèrent rapidement. Elle leur avait échappés. Elle attendit que tous les volets soient fermés puis quitta l'ombre. Instinctivement. Elle commença a marcher silencieusement pour ne pas les alerter. Puis, une fois assez loin, elle se mit à courir. Elle courut aussi longtemps qu'elle pu sans même savoir où elle allait. Elle avait foncé droit devant elle et était désormais dans un lieu totalement inconnu. Un lieu où les gens dits normaux ne s'aventuraient pas. Les ruelles étaient sombres et les bâtiments alentours tombaient en ruine. Sans doute un de ces quartiers de la ville qui avait été laissé à l'abandon au profit des nouveaux. Juni entendaient toutefois des voix autour d'elle. Les plus pauvres avaient dû se réfugier ici. La belle affaire. Ce n'était pas ce qui l'effrayait. Elle n'avait cependant aucune envie de se mêler à eux. Elle tâcha de repérer d'où venait les voix et quand ce fut fait, alla s'installer dans le taudis le plus éloigné.

Pendant deux ans, elle vécut ainsi, évitant tout contact avec les manants du quartier où elle se terrait. Quand elle avait faim, elle allait voler de la nourriture ou de l'argent pour en acheter. Étrangement, elle se sentait mal lorsqu'elle volait. Aussi, elle décida de ne plus voler mais, hors de question de s'asservir à qui que ce soit. Elle réfléchit donc à une solution. Il ne lui fallut pas longtemps avant d'en trouver une. Tant qu'elle laissait quelque chose en compensation, ce n'était plus du vol. Aussi, elle fouilla la maison et y récupéra toutes les breloques qu'elle pu y trouver afin de les échanger contre les objets qu'elle récupérait. Très vite, elle se rendit compte qu'elle pouvait attirer à elle les objets en métal mais, également les repousser.Plutôt utile comme pouvoir. Si en l'occurrence, cela ne lui servait qu'à gagner quelques secondes, elle avait imaginé bien d'autre façon de s'en servir. Mais, si ses "échanges" se passaient bien, un jour des malandrins vinrent visiter son logis. Elle se tapit alors littéralement dans l'ombre en espérant qu'ils partent mais, ils semblaient décidés à transformer le lieu en leur repère. Elle décida donc de leur faire peur. Elle jaillit de l'ombre de l'un d'entre eux et attira son arme à elle. Hélas, elle n'en avait pas contrôlé la vitesse et la lame se planta dans son bas ventre. Les trois voleurs qui avaient commencé à s'enfuir firent demi-tour en voyant une adolescente au sol. Ils paniquèrent un peu car aussi malhonnêtes qu'ils soient, ils n'étaient pas des assassins et ne voulaient pas la laisser mourir. Ils l'emmenèrent donc chez un médecin des bas fond qui, à ce qu'on disait, était de mèche avec les Ladrinis. Bien que celui-ci leur démentit la chose, il accepta de soigner Juni. Il leur demanda de la laisser et de faire comme s'ils ne s'étaient jamais vus.

Les soins avaient pris deux jours. Juni allait mieux et elle s'en tirerait seulement avec une grosse cicatrice. Elle allait partir quand le médecin l'interpella. Comment avait-il pu la remarquer? Elle avait pourtant pris soin de ne faire aucun bruit. Elle tenta de se faufiler dans l'ombre mais, elle ne savait pas comment il avait fait, elle fut bloquée. Il rit et dit ne pas lui vouloir de mal. Il la complimenta ensuite sur ses talents de camouflage et d'attaque surprise puis, lui dit qu'elle ferait une bonne voleuse. À cela, elle rétorqua qu'elle le savait mais, qu'elle préférait échanger. Le vieil homme lui demanda alors quelques explications, ne comprenant pas. Elle les lui donna et il rit. Il enchaîna en lui disant qu'elle ferait une bonne Ladrini. Elle se braqua d'abord. Elle ne voulait faire partie d'aucun groupe disait-elle. Il fit mine de la laisser partir mais, il était plus malin qu'elle apparemment. Elle allait franchir la porte mais, elle se ravisa. Elle lui demanda s'il exerçait une influence mentale sur elle et là, un nouveau sourire avant qu'il ne lui dise:

"Ma fille, tu crois que j'ai ce pouvoir? Depuis votre arrivé, je n'ai pas menti une seule fois. Ils m'ont demandé si j'étais en lien avec les Ladrinis. Je ne suis pas en lien avec, j'en fais partie. Ils ne sont pas prêt mais, ce sont de bons gars. Je n'ai pas eu besoin de t'influencer. Ce que je t'ai dit a seulement réveillé quelque chose au plus profond de toi. Rentre chez toi, je suis sûr qu'ils y seront. Prends les sous ton aile et forge leur caractère.

-Je n'ai besoin de personne.

-Mais eux ont besoin de toi. Attends, ne m'interromps pas. Tu vas me dire que tu t'en moques."

Elle ne l'interrompit pas mais, se dit qu'elle aurait été plus vulgaire. Elle le laissa continuer.

"Qu'est-ce que ça te coûte de faire équipe avec eux? Tu te débrouilles pour prendre leur tête et tu feras plus de bénéfices. Pas besoin de t'attacher à eux. Ils ne seront que des sous-fifres."

Juni réfléchit quelques secondes puis, elle accepta. Elle ne se rendait pas compte qu'elle venait de se faire embobiner. Elle n'avait pas remarqué qu'il l'avait percée à jour. Bien sûr qu'au fond d'elle, elle voulait être entourée. Cette idée lui plaisait. Même elle ne le savait pas mais, elle en avait envie. Enfin plutôt que de dire qu'elle l'ignorait, il aurait été plus exact de dire qu'elle se voilait la face. Ils se serrèrent la main et elle rentra.

Le médecin avait raison. Ils étaient là. Elle s'attendit d'abord à ce qu'ils soient méfiants. Erreur. Ils l'approchèrent doucement en lui demandant si elle allaient bien. N'ayant pas compris ce qu'il s'était passé deux jours auparavant, ils crurent être responsable de sa blessure et présentèrent des excuses. Elle les coupa en leur disant qu'elle s'en moquait et qu'ils allaient devoir travailler pour elle si ils voulaient rester ici. Le mot "travailler" lui écorcha la langue et elle reformula:

"Ici, c'est chez moi, si vous voulez restez, vous allez devoir faire selon mes principes."

Ils opinèrent du chef et lui proposèrent ensuite à manger. Les trois hommes étaient tous trois des Terrans. Ils devaient avoir entre trois et cinq ans de plus qu'elle. Toutefois, ils n'étaient pas des Lhurgoyfs. Ils venaient sans doute tout juste de quitter leur nid.

Ainsi était né le groupe. Avec le temps, d'autres roublards les avaient rejoints, tous venant de différents lieux et de différents peuples. Juni donnait l'impression de les diriger d'une main de fer mais, en réalité, elle veillait sur eux. Ils étaient ses protégés. Certains étaient plus jeunes qu'elle à ses débuts en tant que chef. Leurs parents étaient morts ou les avaient abandonnés. D'autres étaient recherchés pour des crimes mineurs et se cachaient et les derniers étaient seulement des miséreux cherchant à survivre. Elle leur avait inculqué ses valeurs et tous les appliquaient méticuleusement. Leurs méfaits commençaient à ne plus passer inaperçus. On leur avait donné le surnom "d'échangeurs" en rapport avec le fait qu'ils laissaient toujours quelque chose à la place de ce qu'ils avaient pris. Certaines personnes allaient même jusqu'à être satisfaites de l'échange mais, elles étaient rares. Un jour, Juni fut surprise car elle reçut la visite du médecin. Il lui dit que l'heure était venue et sans qu'elle n'eut le temps de faire quoique ce soit, il lui banda les yeux et la baillona. Elle tenta de se débattre mais, il l'immobilisa vite. Pas mal pour un vieillard. Il l'emmenait quelque part. Ils n'avaient pas quitter Tyrhénium, ça ne faisaient pas suffisamment longtemps qu'ils avaient pris la route. Il lui ôta le bandeau et elle se retrouva face à un homme qui lui dit sans même se présenter:

"Si tu promets de ne jamais nous trahir, te voici une Ladrini. Habituellement, nous nous assurons de la valeur de nos recrues par le biais d'une tâche à accomplir mais, cela fait déjà quelques temps que ce cher ami t'observe. Puisqu'il t'a amenée ici, j'en conclus que tu as fait tes preuves."

Juni le fixa droit dans les yeux avec un air de défi puis acquiesça. Elle savait ce que ça voulait dire. Désormais, elle devrait accepter les missions qui lui seraient confiées. Qu'importait. Elle aurait son cachet. Et puis, elle y gagnerait une certaine couverture. Elle savait toutefois que même si elle dirigeait toujours sa petite bande, elle avait maintenant quelqu'un au dessus d'elle. Bah, tant qu'on ne s'en prenait pas à ses échangeurs. On ne lui avait imposé aucune règle. Elle remplirait juste certains contrats supplémentaires. Mais, cela signifiait qu'elle allait désormais voyager.

De nouveaux engagements signifiait qu'elle allait être d'avantage occupée. Elle prit donc la décision de nommer un second parmi les échangeurs. Elle n'eut pas à réfléchir. Ce fut Dervin, l'un des trois membres initiaux qu'elle choisit. Des trois, il était le plus calme et le plus réfléchi. Il avait sans doute déjà le rôle de chef avant qu'elle ne le lui prenne et les autres le respectaient. Il dirigerait le groupe en son absence.

Le temps passait encore, inexorablement. Juni avait maintenant dix huit ans et on lui confia sa première mission à l'extérieur. On lui fournit quelques pièces pour s'acheter une monture et elle se rendit aux écuries. Elle prit le cheval le moins cher. Un magnifique cheval blanc nommé Sazed. Ce ne fut qu'en essayant de le seller qu'elle comprit pourquoi il était si peu cher. Pas moyen. Elle laissa donc la selle à terre et grimpa directement sur la monture qui tenta de la faire tomber. Elle s'agrippait tant qu'elle pouvait et manqua de tomber quand il se calma soudain. Bien qu'elle ne comprit pas, elle n'insista pas et paya avant de partir. C'est également lors de cette mission qu'elle rencontra Spectre.

Depuis ce moment, Juni vit toujours dans le même bâtiment abandonné en compagnie des échangeurs et continue à les diriger d'une main de maître. Elle a compris que c'était grâce à son pouvoir d'apaisement que Sazed s'était calmé et Spectre laissé approcher la première fois. Elle rend régulièrement service à la caste des Ladrinis de laquelle elle fait fièrement partie mais, elle n'est toujours pas prête à admettre que ce sont ses compagnons plutôt que de simples associés.