La valse d'Ahnadia (PV Kreen)

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• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

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_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 La valse d'Ahnadia (PV Kreen)

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:: Haut-prêtre de Sharna ::

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Alton Zolond
:: Haut-prêtre de Sharna ::
Alton Zolond
MessageSujet: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeJeu 19 Nov - 7:23

D'ordinaire uniquement stationnés ici en attente du prochain commandement, les occupants du manoir se pavanaient pour une fois dans la cour et ses alentours en véritables maitres. L'évènement avait beau être officiel, il n'avait théoriquement rien de militaire et était donc libre des contraintes hiérarchiques habituelles à la horde de guerre.

En raison de son aspect si peu martial, de nombreux hauts responsables déjà en mission n'avaient pu se rapatrier pour les festivités. D'autres officiers, présents, avaient choisi de carrément rester en retrait. Certains étaient mêlés à la foule dans une tenue civile ou une tunique d'homme de rang, d'autres s'étaient retirés dans les profondeurs de leurs quartiers, d'une aile parfois opposées à la place du manoir, au milieu de laquelle flambait déjà un immense brasier.
Tout était fait pour laisser le gros de la troupe se détendre sans craintes.
Bien sûr pour beaucoup de lieutenants et capitaines c'était l'occasion de se reposer, espionner, juger ou trahir ; mais si beaucoup des subordonnées le soupçonnaient ils choisissaient de s'en moquer. Il serait toujours temps de protéger sa place ou de voler celle d'au-dessus un autre jour.

Aujourd'hui était dédié aux réjouissances insouciantes et aux défouloirs cathartiques.
C'était la fête de la danse des flammes. Traditionnellement elle symbolisait le jour où Sharna éventra un géant en l'empalant d'une lance enflammées, lui ôtant la vie autant que le nom.
Ses chairs et ses tripes brûlantes jaillir et éclaboussèrent les terres environnantes, tout le monde dansa autour pour fêter la libération du joug d'un titan et le début du règne d'un tyran.
C'est une des histoires qui tentait de propulser Sharna en mal nécéssaire aux yeux du peuple, sous prétexte que sa poigne de fer était la seule capable de protéger les vies mortelles des monstres aveugles et vagabonds qui déambulaient sur Ishteria aux premières heures, et trier les faibles des forts à travers ceux qui survivaient à la puissance des flammes répandues.


Tout cela n'était plus qu'un prétexte. La naissance religieuse du rite aurait pu être étouffée par les supérieurs, même longtemps après la fondation des cavaliers, mais c'était resté l'un des échappatoires avisés visant à délasser les hommes.

Durant l'ère précédente il avait même eu lieu sans aucun encadrement, militaire ou religieux, mais l'exubérance populaire des homme de guerre avait incendié trop souvent la façade des bâtiments pour que les responsables laissent cela ainsi.

Une fissure par laquelle Alton s'était infiltré. Mais même lui, aujourd'hui -après plusieurs années à préparer le programme des trois jours de festivités- se gardait bien de se présenter comme présidant officiellement l'évènement. Il restait en retrait, attendait d'être invité, appelé ; patientait jusqu'à être demandé, prié. Seulement là il se montrait, à la suite des ordres des Cavaliers trépignant dans leur domaine.

Pour les croyants il était nécessaire, et aux autres il était distrayant, figure d'apparat en première ligne des cérémonies, il apportait un cachet que même les moqueurs ne se voyaient pas refuser. Car c'était l'une des rares fois où la religion se prouvait utile à toutes les mentalités.

Ainsi il était. Au sommet d'une estrade, son siège en retrait d'un entourage improvisé, composée de ces caïds d'un soir. Les chefs d'escouades n'avaient que pour but de faire respecter les ordres à leur escadron, jamais de prendre eux même les décisions, ils étaient néanmoins craints et respectés. Certains venaient tout juste de prendre position ce soir, vainqueur de lutte ou de course, ils montraient juste la place qu'on leur imaginait déjà légitimement depuis quelques semaines, c'était une forme de promotion par le bas qu'on autorisait, afin d'effectuer un premier écrémage et de permettre de sélectionner les futurs sous-officiers.


S'affairaient les prisonniers de guerre, enchainés ou aliénés, il apportaient les mets au moindre son émis par un cliquetis ou une directive, puis au milieu d'eux les affamés et les couronnés.
Le Haut-Prêtre lui était resté immobile sans sembler attendre ni profiter des plaisirs échangés alentour. Il se délectait déjà du spectacle.

Aucun signal n'avait été donné mais pourtant il se leva, et le silence se fit. Les sceptiques étaient ivres, les avides avaient déjà vus leurs premiers besoins rassasiés durant la journée et étaient curieux de voir si Alton apporterait une rare sophistication à l'évènement nocturne. Quant aux spirituels ils s'apprêtaient respectueusement à boire ses paroles.


-Une fois encore la symphonie des flammes résonne. Aucune ne se ressemble jamais et pourtant elles s'enchainent toujours l'une après l'autre. Elle est la naissance primordiale et spontanée, ce qui serait même si rien n'avait été établi jusqu'ici. Et vous voilà sous elle, privé de structure, de galons, de commandants, de supérieurs et même : privés d'Imperial.
Car rien de tout ça n'a vraiment d'importance. Ils ne sont que l'armure que l'ont rajoute au guerrier, que le cadre qui structure le tableau. Mais vous.. vous tous.
C'est vous le moyeu des Cavaliers. Vous êtes les enfants de Sharna.



Un concert sonore inonda le dôme nocturne, pourtant amplement repoussé par les brasiers, tant les cavaliers hurlaient d'approbation. On avait bien à faire là à l'armée du dieu de la guerre, même privés de chefs -des têtes pensantes, mais quelques dizaines seulement parmi les milliers qu'elles commandaient- ils étaient unifiés par une expertise commune, un plaisir lié à cet unisson guerrier.

-Nous célébrons ce soir Celui Qui se dresse. Pas pour une cause ni pour un but, mais pour lui seulement. Tout comme Sharna défiant le titan : personne ne lui demanda, personne ne l'attendait et nombreux furent ceux qui en profitèrent malgré toiut. Empli de surprise mais pas dénué de plaisir, il contempla des seigneurs de guerre au milieu des terrorisés, armés d'une grandeur jusque là jamais soupçonnée, mais qui émergea pourtant.
Ce soir encore l'occasion est donnée de se prouver son audace. A soi même et peut être à Lui.


Alton tendit les bras. un bruit de chaine grandiose retentit, tendues depuis toits et remparts, elles étaient reliées à un agglomérat dur à identifier. Le noeud ferreux commença à boire les reflets des flammes à mesure qu'il s'en approcha, s'en gorgeant jusqu'à dégueuler de lumière : il éclaira une frêle silhouette de chair.

Confirmant les rumeurs qui s'étaient installées au milieu des hommes : une prêtresse de Kesha était enchainé , tendu en l'air par cinq chaine qui se perdaient au loin de l'aura lumineuse du rassemblement religieux, comme si elle était portée par les ténèbres.

-Parfois vaincus et misérables, nous sommes défaits par la vie, l'arme d'un ennemi... ou comme ici la maladie. Elle a vécue par la médecine, mais Kesha ne peut plus rien pour elle. Malgré ses suppliques elle était promise à une mort lente.. impotente puis paralysée... inutile? Conspuée en tout cas par le regard de ses semblables, mais moi je n'abandonne pas une soeur gélovigienne. Je lui dois ma considération, jusqu'au bout.

Il monta sans retenue sur une table, brusquement, renversant ce qui la recouvrait à grand coup d'éclaboussures qui firent grogner les attablés alentours. Ce promontoire le fit arriver à la hauteur de la présumée captive, qui lui sourit faiblement, un filet de sang séchés ayant accompagnés ses toux passées. Que ce soit à cause de la présumée maladie ou du contact pinçant du métal.

-Tu ne peux plus te mouvoir, mais je t'amène à nous.. à Lui. Sharna te recevra. Il n'a pas de dédain pour la faiblesse physique, et accepte ceux qui périssent fièrement, ceux qui savent sourire avec hargne. Et puisque que ta déesse n'a pu te sauver... et plutôt que de t'abandonner mollement à la mort et la honte : il te fera quitter ce monde avec gloire.

Il caressa sa joue, avant d'embrasser ses lèvres désormais dessèchées par l'anémie.

Le Haut-Prêtre de Sharna se tourna ensuite vers son audience.

-Sharna apporte le pouvoir, Sharna apporte le contrôle dans l'existence toute entière, bien au delà de votre simple vie il vous aidera à inspirer bien après elle : la gloire et l'unité dans la flamme.
Vous brûlerez bien après votre disparition. Mangez les chairs incendiées du titan sans nom, et refaites votre destin.


Une lance sortit du grand brasier à quelques mètres de là, guidée mentalement par un prêtre au bas de l'estrade, elle tournoya pour finalement filer droit -frôlant Alton- et empaler la prêtresse mourante, suspendue au dessus d'eux.
Encore en feu, la lance enflamma l'huile qu'on avait doucement laissée couler le long des chaines pendant la diatribe du prêtre, immolant l'égérie et ses chaines comme un lustre sans fin, jusqu'aux sommets du manoir à l'abri du regard de la foule au sol.

Du liquide incendiaire coula sur la table, faisant reculer ceux à qui l'acrobatie du Haut-Prêtre n'aurait pas encore suffit.


-Elle s'appelait Ahnadia. Élevée par Kesha, elle sera bientôt rendue à Kron, mais ce soir elle appartient à Sharna, il lui offre une dernière tâche. Sa fin bénira cette fête, le temps d'une nuit, elle sera votre mère à tous. Elle offrira la force à ceux qui désirent vaincre... la discrétion à ceux qui veulent disparaitre.


Il sauta de la table et saisit la lance tombée au sol. Le cadavre de la prêtresse s'était suffisamment tordu pour relâcher l'arme qui l'avait traversée. La hampe venait à peine de s'éteindre mais le maitre de cérémonie la brandit comme si elle n'était déjà plus chaude.

-La première épreuve sera à ceux qui veulent la guerre. Comme Ahnadia, sept des vôtres sont frappés d'un mal dont nul ne peut les défaire. Maladies, atrophies, gangrène profonde, séquelles magiques, perforations irrémédiables... tous des fléaux si profondément inscrit dans leurs cellules qu'aucun soigneur ni érudit, aussi compétent soit-il, ne peut les en dégager. Les voici alignés ce soir pour La Passation.


Sept combattants, séculaires parmi les Cavaliers, avancèrent. Certains estropiés, d'autres squameux, amputés et borgnes, rabougris et recroquevillés.... Cela faisait des mois que ces inaptes avaient été retirés du service régulier.
Seulement : leurs soins constants ne leurs étaient pas apportés dans un mouroir, mais sur le terrain d'entrainement.
On les y maintenait en vie magiquement depuis quelques semaines, pour entrainer les dizaines de criminels et voyageurs qui pensaient se refaire une fortune dans les célèbres pillages des cavaliers. On les avait longuement entrainés, jusqu'à périr d'épuisement parfois, apprentis pas suffisamment forts autant qu'instructeurs trop déclinants.

-Ils affronteront les Prétendants, des chiens fous voulant rejoindre la prestigieuse Cavalerie de Sharna.

Les vingt survivants se trouvaient de l'autre côté d'une arène improvisée, guère plus reluisants visuellement que leurs maitres d'arme. Quelques jours plus tôt ils avaient laissé Alton apposer la marque de Sharna sur eux. Une longue corruption s'étaient doucement incrustée en eux. Pas assez encore pour diminuer leurs capacités au combat, mais si ils avaient décidé de se dégonfler et fuir cette rencontre, ils y auraient succombé même pas une semaine après. Il ne les en libèrerait qu'après l'épreuve.


-Vous devrez faire vos preuves ce soir, et terrasser vos mentors. Diminués, mais mourants, n'ayant plus rien à perdre ils vous faucherons comme des rats par toute la force de leur expérience guerrière pour protéger la grandeur de la cavalerie... ou périront de leurs propres enseignements. Et alors qu'ils vous verront les surplomber dans un dernier souffle prestigieux, vous gagnerez votre nom. Ils vous transmettrons la paternité de Sharna qu'ils ont eux même reçu, la reconnaissance de vos capacités par dessus les leurs.

Sharna deviendra votre père et Ahnadia votre mère.



Sans aucune interlude Alton pivota sur l'estrade désormais désertée et en piteux état pour indiqué une seconde ordalie : Deux groupe d'individus, tous masqués pas des sacs de toile. Le premier groupe encerclait le second.

-Parallèlement cette seconde épreuve ira au mensonge.
Au centre de ce cercle : trente-trois individus. Déserteurs, miraculés d'épidémie, prisonniers de clans décimés, gorgoroth insoupçonnés, fils illégitimes...

Tous oubliés de l'histoire, abandonnés de leurs proches et des dieux. Anonymes et pourtant bien vivants, bien existants. Je vous les livres.
Si ils fuient, ils récupèrent leur vie et retournent se cacher dans leur cocon de mensonge soigneusement tissé.
Mais si vous apportez leur tête à mes prêtres se tenant ici ce soir à mes pieds... ils vous offrirons leur identité, pleine et entière. Vos péchés repartirons avec les corps dans le brasier, et vous même repartirez avec leur passé derrière vous, et votre future en main. Nul ne saura qui était participant et qui était sacrifié, sauf les Prêtres Muets, tenus au secret par Sharna lui même.




Il leva les bras au ciel et hurla d'une voix magiquement donnée par l'un de ses suivants, pendant que les cendres de la carcasse accrochée derrière lui se dispersaient sur la foule au gré de la brise avant de retourner danser dans l'air ascendant du brasier géant.

-Ce soir ! La danse des flammes résonnera dans les pas d'Ahnadia, que cette génération soit bénie par son nom, que ses champions recueillent son corps, répandez son héritage, encore et encore et faites que chacune de vos victimes meurt bien plus misérablement qu'elle. Ainsi, jamais personne ne disparaitra amèrement. Ainsi jamais personne ne vous oubliera...

Comme Sharna me le jura, autrefois, à moi aussi.


Il prononça ces dernières paroles d'une voix normale, indistincte sous la cohue des combats et des empoignades qui éclatèrent.
Deux maitres d'armes plièrent sous le surnombre d'une alliance secrète faite entre les prétendants.
Deux autres s'entretuèrent rapidement pour laisser libre passage à la nouvelle génération, trop effrayés qu'ils auraient été de survivre à l'affrontement et d'en retourner à leur longue agonie.
Les autres écrasèrent leurs disciples avec un sourire sadique, trop fiers pour laisser la porte ouverte à des opportunistes indignes.

Parmi les combattants anonymes et cagoulés, rebus entrants et paria sortants se déchirant de leurs ongles. Certains spectateurs au visage découvert tentèrent même leur chance malgré les nombreux témoins, se défigurant au besoin dans l'espoir de peut être prêter le change et passer par le système du renouveau.. éponger leur dette, leur traitrise, leur héritage honteux.


Après avoir observé le champ du possible qui se déployait devant ses yeux, pendant de longues minutes, immobile, Alton se retourna fianlement et embrassa une dernière fois le cadavre calciné de la prêtresse. Son étreinte trop tendre faite au corps acheva de le désagréger, si bien que les os puants d'une chair crépitante se détachèrent des chaines noircies, devenues trop amples pour eux.

Déjà oublié par la foule qui venait pourtant de le scruter comme si leur vie en dépendait, il slaloma entre les corps ivres et les autres discrètement surinés, dans la pénombre périphérique, éloignés des foyers, pour y rejoindre deux moines et leurs trois gardes du corps. Tous pénétrèrent le manoir pour filer sans ménagement aux appartements de la Commandante Rouge.

___________

La fête continuait de battre son plein sans ses directives. Les Prêtres restés là-bas connaissaient suffisamment le protocole pour réussir à contenter les préparatifs sans risquer de succomber à un chaos trop décomplexé.

Alton se trouvait au bout du couloir, devant une fenêtre épaisse. Les barreaux en losange étaient trop opaques pour permettre de distinguer quoi que ce soit, particulièrement en pleine nuit, et tout spécialement en considérant que la vue ne donnait sur aucune des scènes grandioses qui ponctuaient la place qu'il venait de quitter.
Il était là avec un garde du corps qui attendait -bras croisé- bien trop vautré sur lui même pour remplir efficacement sa fonction en cas d'attaque.

Heureusement les deux autres surveillaient les accès au couloir, pendant que les deux moines patientaient devant la porte menant aux bureaux, sans même bouger, ni donner l'air de respirer, bien dissimulés sous une capuche avec les bras bien rangés dans leurs manches de laine.

-On sait même pas si elle est là.. rien qu'au manoir je veux dire. Pourtant on a cherché hein, mais rien vu...

-Nous attendrons Iltyus. Tu as tenu à venir, alors tiens toi à ta décision.

-C'juste que j'aurais bien voulu régler cette affaire au plus vite. Plus on attend plus on a de chance de perdre la trace des passeurs.... moi je pense qu'elle s'est juste cassée votre mistinguette... elle a pas l'air bien chaude devant les réjouissances un peu trop décomplexées comme ça.. elle a dû aller au frais loin du manoir le temps que ça se calme.

-Le garde se renseigne, attendons de voir ce qu'il en apprend.

-L'affaire nous est passée sous le nez dès le début.. c'est pas le moment de se la jouer "on vise le long terme nous". On sait pas à quel point ce comte boueux est avancé dans son plan... ça se trouve il a déjà un pied de chaque côté de la frontière et il est en train de transvaser le pognon de Phelgra direct dans le lac gelé....

-Vous avez voulu passer par moi plutôt que venir directement à elle, c'est que vous n'étiez pas si pressé. Au moins ils nous diront où la trouver.

Il restait appuyé là, apparemment complètement sérénisé par l'accomplissement de sa tâche sacrée envers les Cavaliers et leur tradition ancestrale.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeVen 20 Nov - 16:36

La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Banner17



Une large chambre formait le cœur des appartements privés du Commandant des Cavaliers Rouges, et son plafond était orné d’une fresque somptueuse. C’était Onoch er’Taslyn qui l’avait commandée à l’apogée de son mandat, seulement une dizaine d’années avant de mourir sous l’épée d’un ennemi de la nation. Elle commençait malheureusement à se faire vieille, et tout comme le faisait le souvenir du guerrier, les couleurs passaient, affadies. Il avait mené ses hommes à l’aube de l’Ère des Lumières, les grimoires entretenaient son nom et ses aventures mais peu de Cavaliers encore en vie pouvaient prétendre l’avoir connu. Ses effets avaient disparu, sans doute dispersés à travers le monde, et le chef-d’œuvre pictural était ce qu’il avait laissé de plus grandiose au Manoir Cavaleri. Elle représentait Sharna dans toute sa splendeur, auréolé de flammes et cerné par les neuf autres dieux du panthéon qui tournaient des regards à la fois terrifiés et exaltés vers lui. Des combattants en armures rouges, noires et grises galopaient en longeant les moulures, des inscriptions dorées contaient la légende du dieu sombre en tourbillonnant, les heaumes de sept des plus grands Cavaliers de l’histoire veillaient sur le sommeil du Commandant. Des points pourpres et or marquaient autrefois l’emplacement de leurs yeux immortels ; les casques paraissaient maintenant vides.

Installée sur le lit que la peinture surplombait, Kreen en fixait le centre sans réellement le faire. Son regard se perdait dans le feu terne et triste qui ne lui évoquait plus que de grosses langues desséchées. Elle avait lacé ses doigts sur le dos d’un ouvrage et s’était laissée aller à une douce léthargie. Plusieurs fois par mois, elle devait admettre ressentir une fatigue physique difficilement descriptible mais assurément désagréable. Elle se raidissait et courbait un peu l’échine, ses sens s’émoussaient et sa capacité de concentration diminuait drastiquement. Ce n’était pourtant pas un mal réellement tangible ; il s’agissait plutôt d’une sensation d’aliénation, comme si elle n’était plus vraiment à l’aise dans son corps. Elle devait alors se reposer, fermer les yeux, et plonger dans un état de rêverie éveillée apaisant. D’après ses souvenirs, la sieste était ce qui se rapprochait le plus de ce procédé, mais les deux choses demeuraient fondamentalement différentes.

Lorsqu’elle embrassait cette langueur, son essence divine semblait s’agiter. Elle ressentait comme des vagues fluctuantes remonter ses muscles et la masser de l’intérieur. Quelque chose de lénifiant parcourait sa colonne vertébrale toute entière, ainsi que son front jusqu’au bout de son nez, et ses jambes des hanches aux chevilles. Elle avait la sensation que l’on posait deux doigts aimants sur ses tempes et qu’on faisait défiler sous ses paupières des images réconfortantes. Au sortir de cette transe, elle était incapable de s’en rappeler. Elle était même incapable de deviner ce qui pouvait bien la plonger dans une telle béatitude. Kreen ne s’extasiait plus devant rien. En plus de ne pas vraiment rêver, elle ne s’assoupissait pas du tout ; elle laissait simplement quelque entité éthérée prendre soin d’elle. En cela, elle ne trouvait pas que la torpeur des mortels se rapprochait de ce rituel paresseux.

Elle rouvrit les yeux et devina qu’elle s’était évadée pendant une heure et vingt minutes. C’est le temps qu’elle passait dans ce cocon de bien-être à chaque fois. Elle avait demandé à ce qu’on la chronomètre et sa régularité l’avait surprise. Elle demeura immobile un long moment afin que tout ce qui la taraudait avant qu’elle ne s’allonge puisse l’assaillir de nouveau. Son regard se mit à balayer la fresque et à chaque petit détail intrigant, une nouvelle raison d’être préoccupée lui revenait à l’esprit. Elle ne sentit pas son front se plisser sous l’assaut des trop nombreuses responsabilités, et ne réalisa qu’au moment de se lever qu’elle arborait déjà une mine renfrognée. S’apercevant dans un miroir, elle entreprit de défaire et refaire la tresse qui maintenait sa chevelure d’ébène.

La toilette non plus, n’était plus la même. Kreen ne pouvait pas faire grand-chose contre son aura ; plus personne à Themisto ne s’en offusquait, mais il lui arrivait régulièrement de tomber sur un émissaire ou un informateur que son statut de cadavre ambulant surprenait. Mélange de dégoût et de curiosité, ce qu’elle pouvait lire sur les traits des ignorants ne l’insultait guère mais transparaissait trop bien à travers le voile de peur que leur jetait au visage le titre de Cavalier de Sharna. Kreen inspirait donc toutes sortes de choses alors qu’elle ne voulait imposer que la déférence. Sa peau devenue inégalement livide n’avait plus besoin d’onguents, aucun maquillage ne pouvait rendre à ses yeux aux teintes inversées leur normalité d’antan, et nulle fragrance ne convenait pour couvrir sans devenir entêtante la senteur du baume qu’on avait passé sur son corps éteint et qu’elle avait emporté dans l’immortalité. Elle n’avait plus que ses cheveux à traiter, et elle le faisait comme elle l’avait fait dans la vie ; avec un très vague amusement. Ils étaient de nature sèche mais dans un bon état remarquable compte tenu de leur mort. Kreen les coiffait avec soin et se félicitait de leur nombre, car ils ne repoussaient plus mais sa crinière avait toujours été fournie. Elle n’était pas particulièrement douée et ses coiffures n’étaient jamais à couper le souple, mais elle les confectionnait au moins pour qu’elles tiennent et que les mèches conservent leur longueur. Elle finit de nouer un ruban au bout de sa tresse et la jeta par-dessus son épaule avant de se lever tout à fait.

Juste à côté de la porte de la chambre, un bénitier en forme de main griffue proposait un petit fond d’eau qu’un prêtre de Sharna avait purifié d’une prière. La Commandante y plongea la dextre et frotta ses paupières avant de murmurer une courte oraison, sans raison particulière, avant de passer dans le salon qui jouxtait la première pièce. Mollement, elle se saisit de rapports qu’elle se devait de finir avant la nuit, et se plongea dans une lecture fastidieuse à laquelle elle fut tentée d’échapper par une promenade solitaire. Heureusement pour son professionnalisme, elle se rappela juste à temps que le Manoir Cavaleri serait, plus tard dans la soirée, le théâtre d’une vaste cérémonie, et que les cours étaient sans doute déjà bondées de prêtres de Sharna : une foule qu’elle ne mourrait pas d’envie de fréquenter. Elle se permit toutefois de s’installer sur un divan plutôt que dans un fauteuil, frappée par l’envie de prolonger l’indolence, non pas par flemme mais simplement pour jouir pleinement de l’intimité de ses appartements. Là, elle pouvait se permettre de faire tout ce qu’elle ne pouvait faire aux yeux de personne, et s’avachir sur une méridienne faisait partie de ces choses. Elle eut tôt fait de trouver cela extrêmement inconfortable – en plus de lui inspirer un sentiment de vulnérabilité – et de se redresser dignement.

Le défilé de comptes-rendus prit enfin fin, s’achevant sur les réflexions inquiétantes d’un lieutenant stationné à Ridolbar qui confirma que la cité était encore loin de connaître l’ordre dont rêvait le Seigneur Ravensberg. Kreen jeta le parchemin sur une petite table voisine et se mit à mordiller l’intérieur de sa joue, une manie qu’elle avait depuis toujours et trahissait généralement une cogitation profonde mais facilement dissipée par des pensées moins graves. Elle réalisa alors qu’un brouhaha très lointain avait bercé sa lecture et s’était accentué quand le ciel s’était vêtu d’onyx. Ses quartiers – son bureau comme sa suite privée, puisque le premier était situé directement sous la seconde – donnaient sur une cour mineure, quasi intérieure puisque Kreen pouvait avoir une conversation avec la personne occupant les locaux en face des siens à condition que toutes deux ouvrent les carreaux et haussent un peu le ton. C’est là qu’un des corps d’élite des Rouges s’entrainait aux passes d’arme, raison pour laquelle des mannequins de paille hantaient toujours l’endroit de leurs silhouettes étêtées. Une passerelle soutenue par des arches reliait ces deux ailes du manoir, et si l’on passait sous ce préau, on rejoignait rapidement les écuries, puis l’immense cour ouest du domaine. Ce qui se passait sur cette place devait être sacrément bruyant pour que Kreen l’entende, mais elle aurait pu l’ignorer si les mélopées venues d’ailleurs n’avaient pas été accompagnées d’un halo orangé dépassant les toits, semblable au lever d’une lune sanglante à l’horizon nocturne. Les mains croisées sur ses reins, le Séide scruta l’ombre ardente du brasier et se vit jeter toutes ses idées noires dans la braise.

On fêtait la Danse des Flammes, une tradition que même Kreen avait apprécié à plusieurs reprises. Les cérémonies n’étaient jamais les mêmes et pas toujours des plus fantasmatiques, mais la Gorgoroth se souvenait clairement de deux occasions auxquelles elle avait assisté aux réjouissances depuis le premier rang alors qu’elle était encore prêtresse, et elle n’avait que rarement retrouvé l’extase que la folie ambiante et la prestance de sa caste avaient suscitées chez elle. L’horreur de la foule, l’angoisse de l’agitation, l’inconfort de l’attente – tous les sentiments négatifs qu’elle trainait quotidiennement comme des chaînes à ses pieds s’étaient volatilisés. Mieux encore, ils étaient devenus un prix dérisoire à payer pour profiter de l’euphorie. Elle s’était dit qu’ils en valaient la peine.

D’autres fois, Alton avait semblé peu inspiré, et la célébration avait été inintéressante suffisamment de fois d’affilée pour que Kreen décide de ne plus y assister. La légende derrière cette coutume lui plaisait pourtant beaucoup, parce qu’elle était ancienne et que les histoires nées plus tard n’avaient pas autant de panache. Même quand elle était loin de Themisto, la guerrière avait une pensée particulière pour ceux qui lui avaient conté ce mythe quand elle savait que la Danse des Flammes avait lieu. Depuis son recrutement dans l’armée, elle n’avait pas revécu l’ivresse des deux excellentes mais terriblement lointaines premières fois. Il était vrai qu’elle avait perdu en patience et en passion pour les cérémonies, mais étant véritablement pieuse – et compte tenu de son passé – une part d’elle était restée ancrée au clergé, alors elle nourrissait secrètement l’espoir de regoûter un jour au sublime vertige de la Danse des Flammes.

Elle n’avait pas de raison de croire qu’aujourd’hui serait la bonne, mais ce qu’elle pouvait percevoir des festivités indiquait au moins que le Haut-Prêtre avait tenté de faire fort, cette année. Pour que les clameurs et que les lumières de la fête lui parviennent, il fallait que l’assemblée soit colossale et le brasier infernal. Kreen lança une nouvelle attaque contre la chair de sa joue, et finit par enfiler la majorité des pièces de son armure avant de sortir de ses appartements pour se diriger d’un pas étrangement preste vers la cour ouest du Manoir Cavaleri.

Elle se joignit à la foule comme si elle ne voulait pas s’y faire remarquer, un paradoxe étant donné qu’elle portait son plastron, ses épaulières, sa cape et son célèbre casque. Si elle n’avait jamais vraiment discordé au sein de l’armée de Sharna, elle le faisait assurément quand elle était cernée de civils, et plusieurs spectateurs s’inclinèrent devant elle en lui laissant plus de place que nécessaire pour passer. Elle ignora leurs louanges et s’empressa de rejoindre un groupe de Cavaliers majoritairement Rouges qui la saluèrent sobrement et qu’elle ne dévisagea que pour savoir qui de ses hommes avait assez de foi pour assister à l’évènement. Le Chasseur, un épais Yorka aux traits de gypaète, avait croisé les bras sur sa poitrine et s’était laissé hypnotiser par les restes carbonisés de la prêtresse de Kesha. Elle dispersait ses cendres et se dénudait jusqu’à l’os en lambeaux nauséabonds, s’amaigrissant à vue d’œil dans une grêle macabre. Bientôt, elle serait réduite à un tronc et des membres détachés, elle serait libérée de ses chaînes, et elle continuerait de se décomposer dans le vent en n’exhibant plus que ses dents. Le guerrier la fixait avec autant d’émotion que d’appétit. Percevant la présence de sa Commandante à ses côtés, il entrouvrit le bec et murmura :

« – Je crois que je n’ai jamais rien vu de tel. »

Kreen admira elle aussi le cadavre glorifié de la Gélovigienne, ses chairs noircies s’envolant semblables à autant de feuilles d’automne putrides. Elle vit la lueur du métal léché par les flammes briller dans la large pupille de son soldat, l’étreinte amoureuse des maillons et du feu au-dessus de leurs têtes comme des couronnes incandescentes descendant sur les fronts de l’assemblée. Une moue impressionnée passa sur ses traits. Alton n’avait donc pas chômé.

La Gorgoroth finit par rester près d’une heure et demie. Elle assista aux épreuves, intriguée par les combats et l’enthousiasme qui gagnait ses hommes autour d’elle. Elle échangea avec plusieurs d’entre eux, curieusement joviale ; un sourire tirait sur la commissure droite de ses lèvres et elle ne plissait pas les sourcils, pour une fois. Les conversations étaient badines et elle fut sincèrement touchée de voir ses hommes exprimer autant d’entrain. Il régnait entre eux une forme d’innocence et de sincérité qui la rassura sur sa capacité à parler à ses subordonnés. À un moment, une procession de prêtres en transe fendit la foule en scindant le petit groupe ; chaque clerc portait une coupelle d’étain remplie d’une suie à laquelle on avait mêlé des cendres d’Ahnadia, et ils y trempaient régulièrement les doigts pour les passer sur les lèvres des spectateurs les plus proches. Un d’eux approcha son index et son majeur poussiéreux de la bouche de Kreen qui eut un mouvement de recul. Bien qu’il eût les yeux révulsés, elle eut le sentiment qu’il l’inspectait et savait pertinemment qui elle était. Ne souhaitant provoquer personne, elle accueillit modestement le corps de la prêtresse – mais en fixant les orbites vides du crâne qui dissimulait la majeure partie de son visage, on aurait pu la voir papillonner des paupières. L’évènement sembla mettre fin à sa bonne humeur. Elle salua ses guerriers et s’enfonça dans l’attroupement surexcité pour mieux le fuir, espérant regagner ses quartiers au plus vite. C’est seulement à ce moment-là qu’elle fut frappée par le nombre, l’indiscipline et la puanteur de l’assemblée, par l’omniprésente étouffante des Gélovigiens, par la perte de temps que constituait sa sortie. Elle se mit immédiatement à grommeler et, dès qu’elle parvint à s’échapper de cette mer de monde, elle passa une main furieuse sur ses lèvres. La mixture s’étala sur sa joue et elle ne se débarrassa en rien de la marque de cette pénible onction.

Kreen s’empressa de rejoindre son bureau, impatiente à l’idée de se replonger dans le travail. Elle avança comme si elle s’apprêtait à commettre un assassinat, et quand elle bifurqua sur la droite pour rejoindre l’aile des bureaux du commandement, l’idée lui effleura l’esprit. Là, un personnage qu’elle était parfaitement ravie de ne pas avoir ne fut-ce qu’aperçu pendant les festivités était posté devant la large porte, flanqué de sbires. Elle se figea en faisant claquer ses bottes, aussi surprise qu’agacée. Maintenant qu’elle y pensait, le fait qu’elle n’ait même pas vu Alton une seule seconde était suspect. Depuis quand était-il dans le Manoir ? Elle secoua la tête, incrédule.

« – Mais qu’est-ce que vous foutez là, vous ? »


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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeDim 29 Nov - 7:09

Alors qu'ils étaient tous les six ici à attendre sa venue, ils tournèrent malgré tout des regards presque surpris face à la silhouette de Kreen. Les deux gardes à l'embouchure du couloir pensaient voir le retour de la vigile, avec des informations, étant donnée cette unique paire de pas.
Mais c'était belle et bien déjà la Commandante, simplement qu'elle était privée d'un contingent à cet instant.

Ils avaient initialement douté que ce genre mesure de protection soit superflue, même au sein de leur propre manoir, mais la commandante était apparemment suffisamment confiante pour s'effeuiller d'escorte, et se décrivait silencieusement comme étant assez éduquez pour se passer de scribes jusqu'à l'aile administrative.

Zelos trapus, ils s'écartèrent les deux sans aucune retenue, en s'inclinant protocolairement. Ils semblaient n'avoir aucun lien avec Sharna, ni par la religion Gélovigienne, ni par les arts guerriers des Cavaliers, mais montrèrent un respect étrangement spontané à son égare, l'un d'eux échappa même une mine rayonnante.
Étrangement avenants pour des mercenaires. La légende autour d'un commandant de cette armée réputée marquait probablement d'avantage les fantasmes de ceux qui ne les avaient jamais vraiment croisés assez longtemps pour être terrorisés ou écoeurés.

L'un des moines détourna sa tête cagoulée en faisant claquer sa langue, apparemment déçu de la tournure si peu protocolaire de cette rencontre.

Alton resta distant, la regardant à peine, comme si il attendait autre chose que celle qu'il était venu chercher finalement, comme si elle les interrompait dans leur tâche ; son interlocuteur lui la salua d'un coup de menton, en souriant.

-Ah ben si, la voilà.

C'est finalement le second moine qui se présenta le plus ouvertement à elle, une fois les deux gardes retirés de son champ de vision. Son premier geste fut d'abaisser doucement sa capuche.
Terran, ses traits étaient ouverts et son ton désolé, finalement beaucoup moins sombre que sa cape ou que son voisin de bure n'avaient pu le laisser croire. Impression renforcée par son teint faiblement mais uniformément bronzé, et ses cheveux clairs et soyeux. Pas vraiment le genre de pépite qui sort habituellement des terres de Phelgra

-Oh, commandante, désolés de débarquer de la sorte, mais je vous JURE de bien croire que c'était la meilleure façon d'opérer, vous en conviendrez rapidement.

Il s'écarta de la porte pour en laisser le passage à sa propriétaire, y espérant sans doute une invitation pour y poursuivre la conversation, plutôt qu'une simple fuite dans sa suite ; bien qu'il n'évoque pas cette question à voix haute.

-Nous venons porter spontanément à votre intention des informations qui concernent vos cavaliers rouges... une inconsistance à la frontière Cimmerienne, constatée par des pélerins Gélovigiens... erreur ou fuite....

Il regarda autour de lui en gesticulant avec souplesse et simagrées, soudainement plus inquiet que désolé, comme si il pouvait voir si oui ou non quelqu'un cherchait à espionner cette bribe de compte rendu.

-Nous vous prions de nous recevoir à l'improviste... Notre Sainteté espérait profiter des festivités pour distraire les oreilles indiscrètes, mais nous aurions vraiment besoin de la fortitude de votre bureau pour occulter toute opportunité à d'éventuels espions.

Alton ne dit absolument rien, comme conscient de l'agacement que représentait sa présence. Sans doute voulait-il se fait le plus petit possible pour éviter de titiller sa souffre douleur préférée.... ou au contraire faisait-il ça pour l'agacer, en instiguant cette entrevue sans même prendre la peine de la justifier personnellement.

Iltyus enchaina sans aucun respect pour le ton mielleux du moine.

-Ouais pis c'est surtout que vous aurez besoin de consulter vos registres là... des gars qui sont postés au fortin...
Continuant pour lui même, ou peut-être plutôt à l'adresse d'Alton.
Surement même pas elle qui les a collés là-bas...

Terran lui aussi et portant ses cheveux châtains et ondulés jusqu'aux épaules, il était grand et assez mince. En un sens il était peut-être lui-même presque plus Sindarin par l'aspect que ne l'était Alton dans le vestige de son décès.

Sa morphologie élancée ne l'avait pas privé de biceps et de pectoraux prompts à étirer le tissu de sa tunique. Surement qu'il misait sur son allonge et sa reprise plutôt que sur la puissance brute, mais il n'était en rien dénué de force. Aucune arme pour le trahir, mais sa posture le dénonçait comme un combattant plutôt que comme un roublard.

Le garde qui n'avait pas affiché de sourire béant à l'apparition de Kreen semblait déjà prêt à rester vissé dans le couloir, pour garder la porte de l'entrevue, en compagnie du Cavalier qui les avait reçus -sitôt que celui-ci serait revenu- mais les autres suivants d'Alton tournèrent des regards brillants d'une supplique subtile mais tenace à Kreen, tous persuadés d'avoir un rôle d'assistant indispensable à ce briefing érigé sur le pouce.

Alton sembla enfin réagir à la situation, mais toujours silencieusement : en dévoilant sans retenue un rictus étrangement attendrit.

Il tentait d'imaginer à quel point elle devait être irritée, plutôt de gorgée d'orgueil, face à ces hommes influents qui se changeaient succinctement en petits chiots avides, à l'éventualité de pouvoir partager l'intimité du cabinet de ses nouvelles fonctions.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeMar 1 Déc - 0:09

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À la manière d’un blizzard, la Commandante fendit le groupe sans aucun égard pour ce qui aurait pu se trouver sur son chemin. Elle passa sans ralentir le pas, les yeux rivés sur les portes closes devant lesquelles les cinq individus semblaient tenir une garde nonchalante. Sans doute aurait-elle marché sur les moines s’ils ne s’étaient pas poussés. L’un d’entre eux s’adressa directement à elle, la voix chargée de politesse, et elle ne lui accorda qu’un coup d’œil si bref que les traits du jeune clerc ne lui restèrent même pas réellement en mémoire. Elle retint simplement qu’elle ne l’avait jamais vu, et que sa mine enjouée jurait franchement avec sa fonction. C’est en s’arrêtant devant le lourd huis de bois que Kreen réalisa qu’une silhouette manquait à l’appel. Son regard migra sur sa droite, et ainsi sur l’inquiétante absence de sentinelle au poste crucial qu’était l’entrée de l’aile des commandements. La Gorgoroth fit volte-face et dévisagea les cinq personnages les uns après les autres. Depuis l’ombre de son casque, elle leur lança des œillades soupçonneuses très sévères, et finit par enchaîner ses iris à ceux du prêtre bavard – notamment parce que les quatre autres énergumènes n’avaient, semblait-il, rien à lui offrir. Une audacieuse requête conclut son discours, du genre de supplication que la Commandante était plus encline à honorer si elle était formulée avec moins de fioritures. Ses quartiers servaient bien à rencontrer du monde, un tel plaidoyer n’était pas nécessaire. Elle toisa l’ecclésiastique avant de passer une seconde fois en revue ses accompagnateurs, et activa le lourd loquet qui maintenait les portes fermées. Puis, elle poussa celle de gauche et inspecta le couloir ainsi découvert avant de s’y engager.

Devant l’entrée du bureau de Kreen, la sentinelle manquante s’entretenait avec Garom. Ce jeune garde, assigné depuis maintenant plusieurs mois au cabinet de la Commandante des Rouges, agitait sa sénestre comme s’il cherchait à chasser d’invisibles moustiques. Le premier soldat – une recrue dont elle ignorait le nom – se tourna vers elle, visiblement embarrassé, et se précipita pour la rejoindre au croisement des deux allées. Il trotta comme on trotte lorsqu’on est attendu mais que l’on ne veut pas donner l’impression d’avoir commis un impair.

« – Commandante Kreen ! Je suis navré, ces hommes ont demandé à vous voir, je… Je n’ai quitté mon post qu’un instant, je…

Sa supérieure agita la main pour le faire taire et élargit l’espace entre elle et le battant resté immobile pour le laisser retourner à sa place. Le haut Terran qui semblait vouloir se faire l’ombre du Haut-Prêtre insista alors sur la demande de son comparse en avançant un argument nouveau. Kreen n’apprécia pas. Les raisonnements du moine jovial avaient le mérite d’être sensés. Ceux du brun mal luné étaient simplement insolents. De bien trop mauvaise humeur pour contenir sa mesquinerie, elle usa de magie pour lui infliger un très fugace pincement au foie avant de reporter son attention sur le plus loquace des cinq hommes et de faire un geste de la tête vers l’intérieur.

– Oui oui, ben bougez-vous, qu’on n’y passe pas la soirée.

Elle mena la troupe jusqu’au seuil de son cabinet, salua sobrement Garom, et attendit le son du verrou enchanté pour rejoindre ses quartiers. Elle eut le sentiment de réinvestir des lieux qu’elle n’aurait jamais dû quitter, et elle retourna machinalement les parchemins étalés sur sa table. Il ne s’agissait que de rapports financiers et de missives personnelles mais elle n’avait pas l’intention de laisser ces inconnus lire un mot de ce qui ne leur était pas destiné. Avant qu’on ne l’envahisse complètement, elle se retourna pour faire face à ses visiteurs et croisa des bras sévères sur sa poitrine.

– Deux d’entre vous suffiront amplement, messieurs. »

Elle espérait que les moins bavards soient sélectionnés mais elle savait pertinemment que Sharna n’aurait pas la mansuétude de lui accorder une faveur aussi minable.


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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeMer 16 Déc - 6:01

Alton leva juste quelques doigts qui balayèrent distraitement l'air pour faire signe à son voisin de le suivre.

Il marqua une lourde pause devant les moines, mesurant le caractère indispensable de leur témoignage. Il dispersa finalement l'éventualité de leur présence en un battement de cils.

La règle quelque peu arbitraire du commandant aurait facilement pu être outrepassée pour le besoin de l'exposé, mais ils avaient un créneau précis pendant lequel il pouvait s'absenter en toute tranquillité, inutile de le perturber à doublant les récits.
Il avait lui même récolté la plupart des versions, si elle voulait une confirmation elle avait cas les faire appeler depuis l'autre côté de la porte.


Le grand Terran portait un sourire sobre mais satisfait, apparemment content de voir que cette nouvelle rencontre voulait aussi écourter le plus possible l'échange. A chaque nouvelle caste qu'il devait mettre au courant, c'était autant d'espion de plus qui risquait de l'intercepter lui et son opération.


Alton marqua une pose le temps que la porte soit parfaitement close juste derrière lui, et avança à nouveau dans la pièce. Le menton quasiment contre son torse, il semblait faire des efforts physiques pour ne pas balayer et détailler la pièce de fond en comble, ne lorgnant qu'à mi-hauteur du coin de l'oeil. Comme si la disposition risquait d'être hautement décevante.

Il fixa néanmoins Kreen comme si il l'avait toujours vue siéger ici, sans pour autant avoir jamais pénétré la pièce depuis sa prise de fonction.

-Comme nous le disions, le déroulé de la cérémonie n'a pas été pértrubé de gaieté de coeur, Commandante des Rouges.

Il oscilla une légère révérence, mains jointes dans le dos, en la nommant.

-Certains groupes de civils ont disparut aux alentours de la frontière nord. Un accord fragile autorise certains pratiquants indispensables à passer malgré les tension entre les deux pays, mais j'ai forcément d'abord cru à un blocus vicieux ordonné par les Cimmeriens, pour marquer le territoire avec des exemples faciles...

Le Terran fit un pas en avant pour appuyer le sujet, sans parler néanmoins. Automatisme militaire.

Alton se tourna vers lui, quelque peu surpris de la valse, mais il poursuivit malgré tout, comme forcé dans le déroulé de son exposé.

-... Ce jeune homme volontaire se nomme Iltyus Gievtorn, c'est un patrouilleur Cimmerien avec qui on m'a rapidement mit en contact, car il enquêtait en réalité lui aussi sur les disparitions. Apparemment ils sont face au même genre de brèche dans leur grille de surveillance.

Alton stoppa abruptement, achevant sa phrase par un regard curieux qui invitait -étonnamment- déjà Kreen à introduire ses questions.

Néanmoins c'est Iltyus qui profita du silence pour s'imposer d'un nouveau pas qui épuiserait bientôt ses possibilités.

Son ton était étrangement plus respectueux que dans le couloir, apparemment plus intimidé qu'il ne l'aurait lui même cru par le contexte tout distingué de ce huit clos.

-Moi chui pas non plus au courant de tout hein, ceux de la haute ils restent planqué à la cité blanche depuis le siège, et ils envoient les couillons comme moi pour sonder le bas du pays, mais il y a un truc chelou : y'a plein de marchands qui sont mandatés -avec des passes signés des deux côtés de la frontière et tout hein- ... et ben y'a des maraudeurs qui doivent les piller et s'en mettre plein de côté parce que ils terminent jamais le trajet.
Et de ce que j'ai vu ça arrange pas plus Hellas que vous autres.

Du coup y'a a des gens de Kesha qui m'ont rencardé... on tente de retracer les itinéraires avec les Gélovigiens. Mais ça bloque à la frontière quoi. Vos gars c'est ptet pas des mauvais bougres, ça se trouve on a réussi à contrefaire leurs ordres... faudrait savoir ce qu'ils ont vu de leur côté.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeVen 18 Déc - 0:02

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Bien qu’elle n’en fût probablement pas responsable, Kreen se félicita de la diligence avec laquelle Alton commença à expliquer sa présence. Elle imagina avec plaisir que l’efficacité du Haut-Prêtre était due à l’autorité dont elle avait fait preuve, et elle accueillit cette petite victoire vaine et fragile avec une mine concentrée, expression lourde de sens puisqu’en temps normal, la simple compagnie du Gélovigien dessinait plutôt de l’exaspération sur ses traits. Son visage s’assombrit pourtant nettement lorsque son ancien mentor lui présenta le Terran insolent comme un soldat de Cimmeria.

Comme tous les Cavaliers doués de sens commun, la Gorgoroth était loin de voir en chaque Cimmerien une raison de commettre un meurtre, mais elle n’oubliait pas d’y voir une menace. Les tensions entre le pays des neiges et Phelgra n’étaient pas suffisamment retombées pour que l’on puisse parler d’échanges pacifiques, même pour les plus bêtes interactions commerciales. Les accords tel que celui que mentionnait Alton se comptaient sur les doigts d’une main et leurs bénéficiaires avaient grand intérêt à se montrer plus prudents qu’un enfant dans les ruines de Taulmaril. Kreen elle-même avait participé aux interrogatoires de plusieurs Cimmeriens qui avaient passé la frontière mais ne présentaient aucun signe suspicieux ; le continent sombre était tout simplement sur les nerfs. Aussi se redressa-t-elle avant de toiser assez furieusement l’inconnu. Il s’approcha d’ailleurs davantage, et la Commandante lui fit comprendre d’un geste sévère du menton que cela suffisait largement. La guerrière passa en revue les deux hommes un certain temps avant de leur répondre. Elle parla d’une voix monocorde de façon à ne laisser transparaître aucune émotion. Il était hors de question que ce Cimmerien se sente à son aise. Ou même utile.

« – Je comprends votre inquiétude. Il s’agirait effectivement de savoir où disparaissent ces marchandises, en plus d’innocenter complètement les Cavaliers de Sharna qui n’ont fait qu’honorer leurs engagements depuis la fin de la guerre. On parle de combien de disparus, exactement ? Cette question s’adressait visiblement à Alton. »

La frontière était gardée par des Cavaliers toutes factions confondues, aussi les hommes de Kreen étaient-ils directement concernés. En plus de cela, il s’agissait de collaborer avec un ennemi de la nation, ce pourquoi les commandants se devaient bien de se montrer en personne. Kreen ne comptait donc pas dépêcher quiconque pour aller enquêter à sa place, et elle était sincèrement préoccupée par cette affaire – non seulement parce que les disparitions ne pouvaient que la laisser perplexe, mais aussi parce qu’elle n’aimait pas devoir l’apprendre à travers l’Eglise. Un peu plus et elle serait partie sur le coup. Hélas, elle ne pouvait pas se permettre de laisser croire à de la détresse devant un soldat de Cimmeria, et elle devait forcément informer l’état-major de son départ. En outre, et aussi surprenant que cela pût paraître, elle avait l’intention de demander des précisions au Haut-Prêtre sans la présence du dénommé Iltyus (qu’elle aurait franchement rechigné à faire entrer dans son bureau si elle avait su d’où il venait). Finalement, le moine bavard aurait probablement été un meilleur invité.


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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeMer 27 Jan - 4:12

Le terran haussa les sourcils un instant, comme surpris de ne pas pouvoir répondre à la question de Kreen.

Loin d'être empoté, il savait exactement combien de groupes avaient disparut de leur côté de la frontière, et à travers les témoignages il avait une vague idée de combien côté Phelgrien également. Mais il comptait en caravane uniquement, il ne s'était pas intéressé au détail du nombre d'individus qui avaient composé chacune d'entre elles.
De son point de vue, qu'il s'agisse d'un unique coché transportant une charrette pleine à craquée, ou d'un notaire armée d'une bourse et d'un douzaine de suivants, le soucis était le même : c'était une mission stoppée. Mais c'est comme si il réalisait seulement maintenant la légèreté de son regard.

Le cheminement de sa réflexion se lisait dans son regard, sa lèvre tordue, et son visage changeant d'orientation à mesure qu'il cherchait dans des recoins de sa mémoire. Il avait certainement entendu l'information, mais sans proprement la retenir.

Sans qu'il n'ait prononcé un mot, Alton se tourna pourtant vers lui comme si le seul fait de sa réflexion silencieuse l'assourdissait. Connaissant ses capacités magiques, tel aurait pu être le cas, mais plus surement que le gélovigien s'agaçait simplement de le voir gesticuler sottement.
Devoir se tenir ainsi seul si profondément dans les lignes ennemies devait  avoir un effet déstabilisant finalement, peut être même débilitant, même sur un soldat si endurci.

Continuant sur la lignée d'une patience et d'une compassion effrayante, le Haut Prêtre prit soin de répondre à la question en commençant par discrètement excuser son voisin -étonnamment- plutôt que de continuer à l'écraser devant témoin. Un jeu qu'il affectionnait pourtant beaucoup d'habitude. Un devoir presque.

-Le nombre de victime exacte est dur à estimer, on sait pas toujours combien les voyageurs étaient au départ, surtout si ils ont été rejoints par d'autres durant leurs étapes. Ils avaient beau avoir des autorisations, elles concernant surtout l'objet de leur déplacement et pas leur nombre... j'imagine que c'était à la discrétion des soldats qui contrôlaient.

Toujours prit à défaut, Iltyus fit quelque pas en feignant d'observer les objets disposés sur les meubles alentours, mais en en profitant pour tourner le dos à Alton.

- Les témoignages récoltés dans les lieux de repos de la région nous ont permis, à nous autres Gélovigiens, d'estimer au moins quinzes groupes distincts qui ont été détournés de leur trajet, la majorité allant de Phelgra à Cimmeria.
Cumulés ils contenaient plus de cinquante victimes, hommes femmes et enfants.


D'un sursaut d'orgueil, le Cimmerien compléta ce rapport, toujours se tenant à quelques pas de là avec les mains dans le dos, il n'avait tourné que le buste en direction du bureau, désireux de saper la certitude studieuse de tantôt son voisin de rang.

-Seulement après une ronde préliminaire effectuée par des éclaireurs on a découvert que certains n'étaient pas réellement disparus. Pour la plupart il s'agit de groupes qui ont juste été effrayés et dispersés par des milices qui se sont formées des deux côté de la frontière.
Ils sapent toute opération de diplomatie ou commerce et se plaisent à malmener les marchands... et à se faire un peu d'agent en pillant leurs biens. Les gens réellement portés disparus sont moins nombreux que ça... mais c'est d'autant plus inquiétant qu'ils semblent avoir été ciblés.


Alton poursuivit à sa suite presque sans briser un seul souffle, affichant enfin un de ses célèbres sourires narquois, amusé de cette interruption ridicule.

-En effet... on a fait une distinction entre le chaos ambiant, inhérent aux routes commerciales, et des caravanes de matériaux et de vivre qui ont elles bel et bien disparues. Seulement pour vraiment faire le tri... il va nous falloir le point de vue de vos hommes.
Je pense pas qu'ils aient participé, mais ils doivent bien avoir une idée précise de quels voyageurs sont rentrés chez eux, trop effrayés pour se signaler, et de ceux qui ne sont jamais repassés dans l'autre sens.


Alton commença à tourner son regard, comme pour réclamer quelque chose, mais son complice lui tournant le dos il rata cet appel du pied, que le gorgoroth dû comblé. Agacé de devoir faire tout le travail il soupira :

-...l'un des fauteurs de trouble pourrait être l'un des barons au nord de Phelgra euh... j'en oublie son nom.... quand on se recueil sans relâche au coeur des cloîtres, on ignore tout des flots et des marées de la politique qui circulent de l'autre côté de ces murs épais. Je pense que vous vous souvenez de ce sentiment même après tout ce temps...
Il se fait appeler Le Rouge. Y compris par vos hommes. Grande gueule, bon cavalier -bien qu'il ne fasse pas partie de Ceux-Ci- bref, vous voyez le genre... populaire quoi.
Malgré tous nos efforts, personne sur place n'a daigné nous révéler quoi que ce soit sur l'amplitude de son implication.
C'est donc pour ça et pour nulle autre raison, Commandante, que nous prenons tant de votre temps.


Reprenant du poil de la bête il n'avait eu de cesse de faire varier les saveurs et intonations de son discours. De quoi faire lever les yeux aux occupants de la pièce.
Même sans le connaitre aussi désagréablement bien que Kreen, le terran n'avait pas daigné se retourner pour donner un public au spectacle d'Alton qui, même vicitme d'une commotion, n'aurait jamais pu ignorer l'identité du dit baron comme il le prétendait.

Manfred était une sommité dans le pays. Il n'avait effectivement jamais réellement rejoint les rangs des Cavaliers, mais parti de rien il avait fait fortune en tant que mercenaire, avant de finalement acquérir une série de ranch en engageant les récompenses de ses innombrables victoires.
A la tête d'une solide troupe, mais dépourvu d'armée réellement digne de ce nom, ses prises de guerre étaient d'autant plus incroyables. Ses attaques de nuit et ses charges audacieuses en infériorité numérique déboulonnaient les hordes adverses et avaient percé bien plus de fronts qu'on aurait osé le parier.

Craint pour son audace suicidaire mais respecté pour son habileté, les Cavaliers l'avaient sollicité de nombreuses fois en tant qu'instructeur et dresseur, autant pour espionner son ambition que pour s'approprier son expertise. C'était encore un mystère insondable qu'il n'ait jamais été intégré à leur commandement. Beaucoup mettaient ça sur le compte de son irreverence et sa fierté personnelle. D'autres l'imaginaient simplement vouloir passer des jours paisible, à administrer ses domaines, autant ici qu'à l'étranger, sans devoir souffrir l'inimitié compulsive qu'on aurait opposé à un cavalier.
Les gens de Phelgra étaient rarement bien vus, mais jamais autant évités que ne l'étaient les Cavaliers dans le jeu diplomatique. Et dans le cas du Baron : son réseau commercial était assez solide pour être accepté à travers le monde entier, et même si il ne parvenaient pas attirer des quantités colossales de marchandises jusqu'à Phelgra, il ramenait régulièrement quelques bêtes de qualité pour les autres nobles, ainsi des équipements de bonne facture à vendre aux officiers.

Il vivait des jours paisibles depuis plusieurs années, opérant par le biais de ses intendants. On aurait pu le penser retraité ou vieillissant, mais depuis peu la pression des marchands de Bor couplé aux nouvelles mesures d'aménagement de l'impérial l'avaient fait ressortir de son manoir luxueux, plus cabotin et combattif que jamais.

Aucune rumeur n'avait encore volée concernant des maraudes faites à son nom, mais ça aurait pu typiquement être le genre de mesure qu'il envisagerait pour se renflouer.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeDim 31 Jan - 17:37

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La patience de Kreen, déjà bien amaigrie par le contexte, s’émietta encore davantage alors qu’Alton ne lui répondait pas immédiatement. Du coin de l’œil, elle percevait l’agitation du soldat cimmerien, et elle lutta pour ne pas le pousser dehors. Peut-être était-ce simplement son origine, peut-être avait-il naturellement ce genre d’aura ; quoi qu’il en fût, elle supportait de moins en moins sa présence nerveuse et pédante. Sans que cela ne surprenne réellement la Commandante, la réplique du Haut-Prêtre fut préfacée d’un long discours à l’utilité débattable, néanmoins, elle eut le mérite de ramener l’attention de la guerrière sur le personnage qu’elle trouvait finalement le moins insupportable. Elle mit un certain temps à concevoir ce chiffre, cinquante. S’il s’était agi de ses propres hommes, cela lui aurait paru beaucoup peu importe les circonstances. Dans le cas de civils, une telle perte était souvent due à un affrontement entre ou avec les rebelles, à l’effondrement d’un bâtiment dans les banlieues les plus miteuses de Themisto ou à un accident magique en ville ; autant d’événements somme toute assez courants dont la population se remettait toujours très vite. Cela étant dit, dans le cadre de disparitions mystérieuses et régulières à la frontière ennemie, ces effectifs prenaient une allure moins banale. Kreen ne laissa aucune réaction se lire sur ses traits mais le regard qu’elle plongea dans les prunelles d’Alton n’était pas dénué de sévérité.

Les compléments apportés par Iltyus n’apaisèrent en rien la Gorgoroth qui hésita à l’honorer d’une œillade. Ses yeux firent plusieurs aller-retours entre le prêtre et le militaire avant de se décider pour ce dernier, beaucoup moins pour lui donner une impression d’importance que pour le mettre mal à l’aise. L’ecclésiastique finit par poursuivre et les échanges entre les deux intrus agacèrent trop Kreen pour qu’elle daigne encore changer de cible. Elle se contenta de fixer le mur derrière Alton.

Le prêtre insista sur la nécessité de parler aux Cavaliers Rouges stationnés sur place, puis il mentionna enfin un suspect : le Rouge, un baron phelgran dont on entendait parler par vagues dans le pays. Si elle n’avait jamais eu la joie de le rencontrer, Kreen savait bien qui il était, comment ses supérieurs le percevaient, et de quels moyens il disposait. Ce qu’elle ignorait, hélas, était ce dont il était réellement capable. Le crime était grave et ne pouvait que courroucer les Cavaliers de Sharna – quand bien même Kreen était la première à l’apprendre – or les rapports que la caste et le noble avaient entretenus ces dernières années ne laissaient pas forcément supposer une telle audace chez le mercenaire. D’un autre côté, connaissant Alton un peu trop bien, elle ne pouvait pas décemment exclure la possibilité que le Haut-Prêtre cherchait à impliquer la puissante armée de Sharna dans un idiot règlement de compte. Peut-être le Gélovigien ne cherchait-il qu’à éliminer le baron, pour une raison qu’elle ignorait et n’aurait probablement pas envie de connaitre ? Dans un tel projet, manipuler son ancienne élève et ses braves soldats n’aurait été ni de trop, ni contraire à ses habitudes. Dans les deux cas, une enquête était de mise.

La Commandante des Rouges ne mourrait pas d’envie de la mener elle-même mais elle savait pertinemment qu’en rapportant les nouvelles à l’état-major, on lui sommerait non sans dédain de s’en occuper. La rigueur avec laquelle elle tenait ses confrères au courant de tout (ou presque) n’était pas exactement une pratique répandue, et pour un grand nombre d’entre eux, la coutume voulait encore que le premier à mentionner un problème était tout désigné pour le résoudre. La situation n’était pas encore assez grave pour que le Grand Maître et ses fidèles y mettent les mains, bien qu’elle fût plus que suffisamment préoccupante pour qu’on ordonne à celui qui serait envoyé de tenir des rapports rigoureux et fréquents. Autrement dit, la mission qui se profilait serait une véritable partie de plaisir. Elle laissa Alton apprécier la froideur de ses iris un long moment, en partie en rétorque à la petite pique qu’il avait glissée dans sa déclaration.

« – Il va falloir me détailler les indices qui pointent vers lui, Haut-Prêtre… S’il avait bien laissé entendre que les hommes de Kreen avaient été eux-mêmes à l’origine de ces accusations et qu’elles n’émanaient pas directement de lui, la guerrière ne pouvait s’empêcher de lui reprocher l’imprécision de ses informations. Elle se tourna enfin vers Iltyus, comme si ce qu’elle venait de dire était une simple question rhétorique. Je suppose que vous ne nous serez plus d’une grande aide, vous pouvez nous laisser, lâcha-t-elle d’un ton venteux. Elle n’avait d’ailleurs pas l’intention d’accorder à Alton un long sursis. Une fois qu’il aurait fini de lui dire tout ce qu’il savait, elle le congédierait aussi vite et demanderait à parler au Conseil. »


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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeJeu 18 Fév - 20:17

Alton se redressa, les mains dans le dos, il avait l'air de se préparer à déverser une remarque pompeuse suite à la réclame de Kreen.
Mais avant qu'il ait pu arranger complètement son discours jusqu'à sa langue, il s'abstint pour la laisser poursuivre alors qu'elle congédiait poliment l'étranger.

Ce dernier sembla ruminer, non pas de désaccord ni de frustration, mais bien parce qu'il réfléchissait pour être sûr de n'avoir aucune autre information pertinente à délivrer en l'état.

La plupart des détails en sa possession avaient été partagées avec Alton, qui ne l'avait d'ailleurs fait venir que pour relater son témoignage de première main, histoire de tranquilliser la commandante sur ses sources.

C'est précisément ce qui faisait tiquer le Haut-prêtre, ses indices étaient en partie présent en la personne du patrouilleur Cimmerien qui se frottait maintenant le cou, résigné, en se dirigeant vers la porte. Il aurait préféré qu'elle se rapporte à Iltyus directement plutôt qu'à lui.

Sans aucune forme d'étiquette, le témoin sortant remercia néanmoins Kreen pour son temps, à demi mot, mais d'une sincérité propre. Il passa la porte.

Alton avait attendu poliment que son invité digère la requête et quitte complètement la pièce avant d'en revenir à Kreen.

Il soupira pour tempérer son élan.

-Navré, mais à partir de maintenant ça va être votre rôle que de cristalliser les rumeurs. A votre administration.

Alton inspecta le creux de sa main, puis le dos de celle-ci, comme si des notes auraient pu y être marquées.

-Les pèlerins gélovigiens qui ont signalé le problème en premier lieu ont ramené des informations nombreuses et contradictoires... ça risquerait de polluer vos propres conclusions. Autant que vous preniez vous même vos sources des douaniers, ils sauront nous aiguiller sur les voyageurs contrariés à même d'en dire plus que ça.


Il s'approcha le mur à la droite du bureau et contempla ce qui y était accroché.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeLun 5 Avr - 18:34

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Insolence provocatrice ou sincère conviction, Kreen ne sut pas réellement ce qui motiva la rétorque du Haut-Prêtre. Elle ne s’attarda pas sur la question, cela dit. Elle ne pouvait pas le forcer à parler après tout, et n’en avait aucunement envie. D’ailleurs, l’argument qu’il avançait était loin d’être aberrant et elle aurait vérifié la véracité de ses dires de toute façon. Il était inutile de perdre du temps ; elle se contenta de lui lancer un regard frais et d’agiter sa main vers la porte.

« – Bon, eh bien allez-donc rejoindre vos sbires, je vous sonnerai quand j’aurai quoi que ce soit à vous dire. »

La nuit passa, le halo orangé s’éteignit, la clameur se tut. Le jour chassa les fêtards alors que les dernières cendres d’Ahnadia devenaient poussière, son souvenir grandiose et immortel gravé dans les esprits et les cœurs. Peu après le lever de l’aube, la Commandante des Cavaliers Rouges rejoignit le reste du Conseil pour la réunion hebdomadaire. Lors de ces conférences, elle avait souvent si peu à dire qu’elle ne prenait la parole que pour faire son rapport, et ce de manière si complète qu’on lui réclamait rarement des précisions. Aujourd’hui, elle se préparait à s’exprimer plus longtemps que d’habitude, et elle passa un certain moment à anticiper des questions qu’on ne lui posa pas.

Car effectivement, et comme elle l’avait prédit, le Conseil accueillit la nouvelle avec un certain détachement. Par ailleurs, leur réponse ne laissa aucun doute ; c’était à elle d’aller élucider ce mystère. On prit la chose au sérieux et on ne lui reprocha pas de s’être inquiétée pour rien, mais le sujet ne fut abordé que courtement et personne ne proposa qu’une tierce personne se charge de la mission. Kreen tenta bien de glisser une suggestion à ce sujet – notamment en direction du Commandement des Noirs – mais on esquiva ses sous-entendus et elle sut qu’insister ne la mettrait que dans l’embarras. On souligna toutefois que l’implication du clergé devrait rester minime. En outre, cinq agents furent rapidement dépêchés au Temple pour demander des comptes à Alton au sujet du fameux Iltyus et des éventuels autres cimmeriens qu’il pouvait bien traîner derrière lui comme de vilains petits canards suivant une mère négligente. Kreen n’aurait même pas su quoi dire si elle avait souhaité prendre sa défense. Elle se contenta de dire les vérités qu’elle voulait bien admettre.


*
*           *



Les bras croisés sur la poitrine et les yeux rivés sur une carte flambant neuve, Greld écoutait sa commandante récapituler les consignes qu’elle avait reçues de l’état-major. Kreen, elle, avait les mains sur les hanches et triturait régulièrement l’extrémité de sa tresse.

« – Vous allez y aller sous couverture, je présume ?

– Oui. Des marchands, je suppose. Même si la logistique est pénible, à cette période de l’année, il n’y a pratiquement qu’eux qui font ce trajet. Certaines caravanes correspondraient à nos effectifs… Sinon… Elle avait clairement commencé cette phrase sans l’intention de la terminer. Le Zélos leva un regard scrutateur sur le visage de sa supérieure.

– Ouais. Sinon, des prêtres. La mort-vivante souffla bruyamment par le nez et fit glisser ses pupilles vers le mur, un sourire nerveux tirant sur ses lèvres bleutées. Elle secoua négativement la tête, mais discrètement, comme si elle débattait avec elle-même et non pas son capitaine. Sachant pertinemment que sa cheffe serait profondément agacée par son propre mutisme, il s’empressa d’élaborer pour que le silence ne se prolonge pas. Kreen… Les marchands qui prennent cette route sont connus, avec les taxes qui n’arrêtent pas d’augmenter, on n’y voit plus que les plus fortunés et c’est toujours les mêmes. Vous serez quinze nouvelles trognes, tu crois peut-être que ça passerait inaperçu ?

–Les plus fortunés et les plus escortés ! On peut toujours remplacer les gardes d’un bourge. Elle dégaina sa rétorque prestement, ce qui laissait penser qu’elle s’était préparée longtemps à l’avance à rejeter la suggestion de Greld. Il eut une mimique moqueuse.

– Pour qu’on ne devine pas que vous êtes des Cavaliers de Sharna, vous allez escorter des bourgeois de Phelgra sur une route truffée de bandits ? Excellente couverture. Son ironie était justifiée ; depuis plusieurs années, cela ne constituait plus qu’un type de mission mineure – voire rare – mais l’armée de l’Impérial continuait de protéger les marchands qui contribuaient le plus à l’essor économique du pays. Et tout le monde le savait. Kreen rit courtement mais de bon cœur avant de se passer la langue derrière les dents d’une mine résignée. Le visage qu’elle tourna vers son ami présentait un étrange mélange de curiosité, d’appréhension et de déception, et jetait un voile enfantin sur ses traits anguleux.

– T’as raison. Je solliciterai Alton, c’est la meilleure chose à faire. Le colosse sembla atteint par les sentiments de sa consœur. Contrairement à Silvaesh, il ne la taquinait jamais au sujet du Haut-Prêtre et de la relation qu’elle entretenait avec lui. Il ne savait pas exactement si les souvenirs de Kreen étaient douloureux ou simplement inconfortables, si Alton lui était une présence difficile ou seulement agaçante, et si son passé de religieuse l’avait endommagée ou solidifiée. Elle ne le questionnait pas sur sa vie à Umbriel, il ne l’interrogeait pas sur ses histoires au Temple de Sharna ; ils étaient d’accord pour dire que cela était inutile. Cela dit, il n’était pas plus aveugle qu’un autre. L’attitude de Kreen face au clergé de Phelgra n’échappait à personne, et ce tout bonnement parce qu’elle ne la cachait pas. Ainsi, bien qu’ignorant en grande partie les raisons pour lesquelles la Gorgoroth rechignait à collaborer avec les représentants directs de son culte, Greld se sentit obligé de réfléchir à une alternative.

– Vous pourriez vous faire passer pour des bigots de Bor, à la limite. Elle sourit, malicieusement cette fois.

– Oh Greld… Le Conseil m’a ordonné de ne pas impliquer le clergé, j’ai mes limites. Un court silence laissa à la pincée de sarcasme le temps de se dissiper.

– Blague à part, t’es sûre que ça suffira ? Sharna c’est Sharna… Kreen haussa les épaules.

– C’est crédible, après tout. Des prêtres de Bor le seraient moins, ils ne font pas autant de pèlerinages. Et puis je peux compter sur Alton. D’ailleurs, il aura peut-être même envie de se joindre à nous. Le Zélos se mordit la lèvre, ne souhaitant pas laisser la question qui la lui brûlait lui échapper. Il sembla cependant que la Commandante des Rouges parvint à lire ses pensées. Je demanderai gentiment, ça lui passera l’envie d’être mesquin. Son ton eut l’air sérieux, mais Greld savait que comprendre le Haut-Prêtre était loin d’être aussi trivial. Par ailleurs, il se rappela que chez la guerrière, cette tendance à la goguenardise était un signe de fatigue.


*
*           *



Pressée par le temps et par sa propre impatience, Kreen n’avait pas fait les choses dans les règles de l’art. Elle marchait seule, vêtue uniquement de quelques pièces d’armure, et n’adressait aucun regard à ceux qu’elle bousculait pour se frayer un chemin jusqu’au Temple de Sharna. Sa dernière visite ne remontait pas à tant de temps que cela, mais elle l’avait faite à une heure plus tardive de la journée, or l’édifice lui semblait changer d’allure sous les variations de lumière. Quand le soir phelgran l’enveloppait, il avait l’air infini, et elle croyait presque y apercevoir des fantômes. Elle ne savait ni pourquoi, ni si cela la dérangeait réellement, mais lorsque le temple était plongé dans le gris vespéral de Themisto, il semblait refléter des images du passé. Là, peu après l’heure de midi, sous un soleil jaune qu’aucune ombre n’osait défier, les lieux perdaient tout mysticisme. Il ne s’agissait plus que d’une grande bâtisse illuminée au pied de laquelle poussaient des silhouettes inoffensives. Alton non plus, n’était pas dans un de ces jours les plus intimidants. Les circonstances lui auraient dû être pénibles, mais décidemment, les Gélovigiens n’avaient, en plein jour, que peu de pouvoir sur Kreen.

« – Alton. Je vais mener quinze hommes à la frontière cimmerienne dans ce que j’espère être entre trois et cinq jours. Nous nous devons bien sûr d’adopter une couverture, et j’aimerais que nous nous fassions passer pour des disciples du Temple… Elle plissa légèrement les paupières. Aussi surprenant que cela puisse paraître. Elle espérait empêcher ainsi le Haut-Prêtre de faire lui-même la remarque. Je me dois donc de vous solliciter, je compte sur votre collaboration pour nous faire passer inaperçu. »

La faveur était simple et très loin d’être inédite. Il était bien possible que dans sa longue vie, Alton eût dû faire passer plus de Cavaliers pour ses disciples qu’il n’eût dû commettre de meurtres… Enfin, elle n’en aurait pas mis sa main à couper.


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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeMar 25 Mai - 2:39

L'édifice si solennel, frappé par le rythme d'un quotidien répété, se reposait au sommet de la colline comme un lézard étalé au soleil.
Même pour les nombreux pratiquants qui vivaient leur piété avec la plus sincère implication -de la plus profonde des passions- les heures creuses pouvaient se faire paradoxalement très banales et relaxantes, ignorant le feu brulant de leur foi au moins un court instant.

Même ceux qui travaillaient dur sur les détails administratifs devaient se sustenter aux heures des repas malgré les dossiers empilés. Quant à ceux qui se sentaient un devoir de répandre la parole de Sharna au péril de leur vie.. et bien ceux-ci se donnaient déjà tellement lors des prières et des évènements oratoires qu'ils ne se sentaient plus le besoin de prouver quoi que ce soit quand il se déplaçaient juste de l'un à l'autre, sur les pavés périphériques à l'édifice.

Ainsi donc les gens vaquaient, passaient et allaient. D'un repos transitoire, mais également par un train train encouragé pour le besoin de ceux qui ne pouvait en bénéficier : c'est parmi les promeneurs que pouvaient le mieux se dissimuler les observateurs.

Les habitués ne révélaient que mieux les anomalies qui les traversaient, comme l'était celle la visite de Kreen.
Si sa stature et son casque n'auraient pas suffit, ce serait son pas appuyé, sa direction assurée, qui inciterait à trahir l'importance singulière de sa présence.

Elle même n'y voyait surement qu'une bagatelle, une visite occasionnelle mais sans importance, mais une poignée d'intéressés virent son passage comme une augure particulière. A tord peut être même. Mais ce serait quand même de ses passages qui entraineront des conclusions, au moins pour ceux anxieux de saisir la moindre opportunité pour prendre une avance d'échelon sur les rivaux.
Des espions à la recherche de la moindre miette qui grossirait leur curiosité un peu plus que celle de leurs conscrits.


Dans la petite pièce ovale, l'ambiance était à la relâche. A en juger par les individus présents, à commencer par le haut-prêtre, la messe qui venait d'être donnée n'avait pas été bâclée, mais s'agissant d'un évènement programmé et de nombreuses fois répété : tous avait déjà commencé par se disperser.
Certains retournaient à des affaires pressantes, d'autres plus insouciants étaient surement encore en train de manger dans la pièce voisine, à une vraie tablée, autre que ce petit frichti de cérémonie pratiqué debout devant un autel sobrement alimenté.
Même les quelques membres présents des dix-sept du Gherig - Oreilles et Bouches du mensonge- s'étaient éloignés pour discuter entre eux, assis sur les bancs disposés entre les colonnes périphériques. Même si ils avaient pour rituel d'accompagner le fils de Sharna dans ses moindres vagabondages, aucune étiquette ne les forçaient vaiment à rester dans son environnement immédiat à tout instant.

Alton lui, fidèle à ceux de sa race, n'avait pas ressenti de besoin d'aller de restaurer. Les échantillons séchés ritualistiques lui suffisaient. Piochés du bout des doigts et avalés en deux bouchées à peine, on ne comptait plus le nombre de fois où il s'était amusé à dire que sa foi était si puissante qu'elle lui permettait de jeûner pendant des semaines sans en souffrir. Que l'amour de Sharna suffisait à le nourrir.

Une blague d'autant plus rasoir qu'il était loin d'être le seul Gorgoroth parmi les hauts placés gélovigiens. Mais comme souvent avec lui, la frivolité apparente était volontaire, et servait plus souvent à cacher quelque critiques réellement venimeuses qu'à rassasier un manque d'imagination. Personne donc n'avait jamais osé souligner la sottise présumé de cette phrase fétiche.
La théorie la plus commune et qu'il l'eut empruntée à un autre individu pour s'en moquer ouvertement face à lui, encore et encore, tel un sarcasme railleur de répétition.


Bien que ce soit extrêmement frugal et ponctuel, il s'avère qu'Alton était encore en train de picorer dans la coupelle posée devant lui quand Kreen arriva. Renforçant d'avantage l'air badin qu'il avait déjà, à grignoter ici tout seul sans but affiché.
Il s'agissait principalement de morceaux d'écorces, mélangées avec de la viande séchée, de diverses créatures.
Tout était découpé et cuit de façon à ce qu'on ne puisse pas distinguer un ingrédient d'un autre, le goût n'était pas au rendez vous, mais c'était étrangement moins caoutchouteux que ce que l'on pourrait craindre.

"Les lambeaux du héros, les copeaux du défunt", nul n'était censé savoir ce qui composait exactement le mélange d'un jour à l'autre. Parfois des pommes séchées, souvent de la viande de cheval. Des racines sans vertue, ou des plantes aux propriétés pychotrope.
La viande humaine n'était pas systématique, mais elle était si couramment installé au milieu des essences que nul ne s'inquiétait désormais jamais plus de savoir si il avait déjà été cannibale ou pas. Ce tabou-ci aussi avait été brisé depuis fort longtemps au sein du culte.


Alton relevant la tête de derrière sa cinquième dégustation. Il était surpris assurément, mais sans s'empêcher d'ingurgiter. Il se garda bien de mastiquer trop largement pourtant... comme une sorte de retenue, de politesse, en préparation de la conversation.


Il l'écouta patiemment, retenant sa mâchoire pour ne pas risquer d'obstruer ses conduits auditifs. C'est seulement après qu'il brandit la main devant sa bouche pour terminé d'avaler ce qui avait déjà dû grandement fondre sans son four.

-Écoutez votre conviction semble déjà si fortement faite... Je ne vois de toute façon aucune raison de chercher à contrarier ce plan, dont la logistique préliminaire doit déjà être dressée?

Il signa l'autel et commença à s'éloigner.

-Je suis bien sûr pris de court, de fait.. j'avais déjà quelques éventualités en tête, mais je n'avais rien préparé de concret jusqu'alors... mais je reste à votre disposition. C'est vraiment dans notre intérêt à tous de démêler ça au plus vite, et pas que de ce côté de la frontière.

Il rangea ses mains dans ses manches et s'inclina brièvement face à elle.

-Ce que je peux vous proposer déjà c'est de rejoindre ma procession. J'ai réellement des obligations qui m'incombent dans cette région, un devoir imposée par les gélovigiens, j'entends, donc je pourrais répondre à l'assignation, y aller en ma qualité de haut-prêtre, et vous et vos hommes vous mêleriez à nous dans un premier temps... comme vous semblez le souligner : vous connaissez en effet déjà les rudiments à observer pour rendre vos habitudes crédibles au milieu de nous.
Cette idée seule conviendrait, vous pensez?

C'est ce que je peux proposer de mieux : cachée en plein jour, des pontes de l'ordre m'accompagneront pour faire diversion de vos propres compagnons, histoire de faire perdre du temps à ceux qui voudront scruter le groupe. Et vous pourrez préparer vos hommes à ce qui les attendra : quelques faux tatouages, des gestuelles intuitives, paroles rituelles...


Il avait gardé la voix relativement basse, mais pendant un instant, à force de ses déplacements, on aurait pu en venir à douter sur la discrétion de son plan. Outre les quelques personnes encore présentent dans la pièce, l'acuité magique de certains espions aurait pu capter les écho à travers les ouvertures de pierre de la pièce.

Cependant, des quelques individus présent alentour : il s'agissait majoritairement des gardiens de Sharna, ses Bouches et Oreilles donc. En plus d'être réputés pour posséder pour la plupart des pouvoirs d'inhibition de l'audition et de la lecture d'esprit, ils étaient plus particulièrement entrainés à une certaine forme de fiabilité...
non pas envers la discrétion et la loyauté, mais via leur expertise de la désinformation et une mythomanie pathologique. Plutôt que des moines silencieux, rendus muets et frappés de sceaux psychiques, l'église de Sharna avait -depuis la nuit des temps- opté pour que le cercle intime du haut-prêtre forme un mur de bruit impossible à démêler par les curieux.

Dans les jours à venir, les théories entourant cette réunion, et les bribes de mots qui auraient pu transpirer entre Alton et Kreen aurait surement déjà des dizaines de variantes et interprétations différentes. Dix-sept même, pour ceux qui croiraient aux légendes entourant le Gherig.

Déjà dans le mur à l'opposé, s'élevèrent quelques exclamations de ceux-ci, presque grotesques de prévisibles.. mais le théâtral scripté de leur processus faisait justement partie du génie de ces opérations. Ainsi donc commencèrent-ils, à haute voix, à juger comme avec certitude des mots qu'ils s'échangeaient.

Sans retenue on moquait une liaison, on dénonçait un attentat, un ridiculisait un bête désaccord autour d'une vente de moutons. Certains quittèrent même la pièce pour déjà commencer à répondre aux rumeurs silencieuses soulevées par les yeux indiscrets qui avaient suivie Kreen du parvis jusqu'ici.
Le vent du mensonge... et bien sûr aussi l'échantillon de la vérité, dissimulé au milieu, pour déformer et ridiculiser ceux qui voudraient réellement trahir la raison de la visite.
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MessageSujet: Re: La valse d'Ahnadia (PV Kreen)   La valse d'Ahnadia (PV Kreen) Icon_minitimeSam 26 Juin - 22:37

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Ignorant les murmures qui courraient après elle, la Gorgoroth adopta une allure preste vers la sortie de l’édifice. Son entrevue avec le Haut-Prêtre, brève et efficace, lui avait apporté un rare sentiment de satisfaction, non seulement parce que l’entière coopération d’Alton lui faciliterait grandement la vie, mais aussi parce que son assentiment confirmait le manque d’alternative à la proposition qu’elle venait de lui faire. Dans le cas contraire, Alton n’aurait pas attendu qu’elle lui demande son avis pour lui faire l’exposé de ses suggestions – elle en était persuadée –, or savoir qu’elle n’avait pas le choix lui rendait l’effort plus abordable.

Trois jours passèrent. C’est au crépuscule d’une journée fraîche que les derniers préparatifs se firent, à l’ombre froide des sous-sols du temple et dans une atmosphère pour le moins singulière. D’aucuns exprimaient un mécontentement sans retenue à la perspective d’un périple contraignant, d’autres s’amusaient plutôt du concept. Une pieuse minorité ne démontrait que de l’indifférence, déjà accoutumée aux pèlerinages et aux cérémonies qu’on leur demanderait d’exécuter et ne souffrant que d’une vague vulnérabilité à l’idée de partir sur les routes sans armure. Kreen, elle, était entravée par une anxiété fragile mais incisive. Assise seule, presque entièrement dévêtue, dans une pièce qui avait clairement eu plusieurs utilités au fil des âges, elle ruminait en défaisant sa tresse.

Sa dernière mission sous couverture remontait à plus d’une douzaine d’années. Il lui était bien arrivé de se faire passer pour une civile ou une étrangère quelques fois depuis, mais jamais dans le cadre rigide et planifié d’une affectation de longue durée. Elle n’appréciait pas l’exercice, et ce n’était de toute façon pas la spécialité des Cavaliers Rouges : ils se chargeaient de la guerre et non pas du mensonge. Hélas, se fondre dans la masse des disciples d’Alton était bel et bien devenu une obligation, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, un tel mouvement en direction de la frontière, si mené par un Commandant, aurait suffi à exciter les cimmeriens et à attiser des tensions déjà proches de leur paroxysme. Kreen avait fait les comptes, épluché les derniers rapports et relu les calendriers ; aucune relève n’aurait pu servir d’alibi, rien n’aurait correctement justifié un déplacement si conséquent de la part de la dirigeante des Rouges. De plus, les espions de Hellas étaient loin d’être la seule menace à peser sur la troupe, elle en était même la moindre. Après tout, personne n’escomptait passer la frontière, et les allées et venues entre le cœur du pays et les postes septentrionaux avaient beau être surveillés de près, ils n’étaient pas rares. Si son principal suspect n’avait pas eu des yeux partout sur les routes, Kreen se serait peut-être contentée de se mêler à ses hommes sous les traits d’une simple lieutenante, malheureusement le Baron était réputé difficile à flouer.

Une fois sur place, cependant, la Commandante n’avait nullement l’intention de duper ses soldats. Il n’était pas question que son accoutrement de prêtresse lui serve à les manipuler, avait-elle déclaré passionnément à Greld. Elle aurait pu les interroger en maintenant sa couverture, prolonger l’effort, profiter du fait que certains de ces guerriers ne l’eussent jamais vue de près pour espionner ses hommes et leur soutirer la vérité comme un Noir le ferait – mais l’idée même la rendait nauséeuse. Elle leur parlerait en tant que supérieur hiérarchique ou elle ne leur parlerait pas ; elle n’avait laissé personne l’en dissuader, et cette fois-ci, ce n’était pas son passé de religieuse qui causait son émoi, mais son futur de cheffe de guerre.

Elle tendit devant elle le tissu de la longue robe que le Temple lui avait réservée. D’un violet profond, proche du noir, elle était lourde et de subtile facture. Le col était large, rabattu sur les côtés et souligné d’un liseré d’argent. Il surplombait un corset lacé à l’arrière par des rubans de soie et dont pendaient deux chaînes, ainsi que des bandelettes de cuir ornées à leur extrémité d’un bijou d’étain aux formes du dieu sombre. Plusieurs pièces d’étoffe se superposaient de façon symétrique, imitant la composition d’une armure. Une ceinture épaisse sertie d’améthystes et à laquelle avaient été attaché de nombreuses bourses reposerait sur ses hanches. Des manches moulantes descendraient en pointe jusqu’à ses phalanges, et une seconde paire, immensément large, dissimulerait entièrement ses mains. Une parure lui avait également été fournie. Sa cicatrice disparaîtrait derrière un camée sur lequel le profil avait été remplacé par un des symboles de son dieu, de nombreux bagues et bracelets viendraient faire scintiller leurs gemmes lilas et mauves autour de ses membres, et une coiffe somptueuse scinderait son front. Des entrelacs d’argent se rejoindraient entre ses yeux, là où un diamant jouerait avec la lumière comme ses prunelles ne le pouvaient plus. Des plumes de corbeaux reposeraient sur ses tresses, des perles rouges, violettes et noires feraient le tour de ses mèches, des griffes de fauves contourneraient ses oreilles, elle-même agrémentées de pierres et de métal. Kreen poussa un long soupir. Une tenue plus incommode n’aurait pas été imaginable.

Une prêtresse l’assista, si silencieusement que la Commandante la pensa muette. On la lui présenta comme une dénommée Neith, c’était une Terrane d’une trentaine d’années aux contours doux et modestes dont les yeux bleu vif contrastaient subtilement avec la tendresse de ses traits. Ses atours étaient très similaires à ceux que la guerrière se devait de supporter, et sa silhouette leur rendait un plus bel hommage que les muscles saillants de la combattante qui se sentait clairement à l’étroit au niveau des épaules. La mort-vivante ne manquait pas d’élégance, ainsi accoutrée, mais même un imbécile aurait su dire qu’elle n’était pas à l’aise dans cette soutane de sage nonne.

Lorsque Neith tira sur les rubans du corset pour les nouer, Kreen grimaça et foudroya l’innocente du regard à travers la psyché – mais quand vint le moment d’apprêter ses cheveux, la Gorgoroth se laissa aller à une réelle contemplation. Les yeux fermés, elle apprécia le crissement de la brosse dans ses longues mèches d’obsidienne, et le passage des doigts délicats de sa coiffeuse sur ses tempes et dans sa nuque. La Gélovigienne forma deux chignons autour desquels elle enroula des nattes, et maintint le front de Kreen dégagé en se servant du diadème pour tisser les perles et les cheveux vers l’arrière. Enfin, elle vint s’installer devant la Cavalière et, munie d’un large pinceau, vint déposer une large quantité de fard noir sur ses paupières. Elle l’étira vers les tempes et ajouta une touche violacée vers le coin intérieur, puis traça un trait de charbon tout autour de l’œil, et de minuscules motifs juste en-dessous. La touche finale vint noircir les lèvres de la Commandante, qui à ce moment-là était encore plongée dans une torpeur presque lénifiante. Son impatience ne s’était pas dissipée entièrement et le contact de la poudre sur sa peau la démangeait, mais la caresse des pinceaux semblait avoir réveillé des nerfs depuis longtemps endormis et l’avait apaisée un brin.

Le claquement sonore d’un poudrier lui signifia que sa transformation était terminée. Sans un mot et prestement, elle se leva du tabouret sur lequel elle avait été installée, et se tourna vers le miroir. Une farce. Le sentiment n’était pas si amer, pas si douloureux. La dernière tenue qu’elle avait portée en tant que prêtresse avait été plus sobre, noire de haut en bas, sans trop de fioritures. Elle avait toujours tressé ses cheveux en boucles plutôt qu’en chignons, et ne savait pas très bien se maquiller. Mais désormais, elle ne ressemblait plus à rien de ce qu’elle était fière d’être devenue, et elle était encore un corps de guerrière dans une robe de prêtresse. Ses prunelles glissèrent vers son cou et sa balafre devenue insoupçonnable. Le temps qu’elle cligne des yeux, le souvenir de la lame glaciale sur sa gorge l’électrifia, la rassurant sur la véracité de la chose. Elle se toisa elle-même, le cœur oscillant entre une forme de dégoût et un genre de curiosité. Les tortures de Maître Sahrrochen l’effleurèrent, les bizutages et les insultes passèrent comme une brise sur son échine, et puis elle réalisa que tout ça ne lui faisait plus grand-chose. Elle se tourna vers Neith.

« – On y croirait presque. Et peut-être que ses lèvres s’étirèrent discrètement sous l’effet d’une mélancolie tue. La prêtresse leva un regard lumineux sur celui de la guerrière, quelques sept pouces vers le haut, mais ne lui renvoya aucun rictus. Elle murmura humblement.

– Je dois vous laisser, j’ai beaucoup de travail. Les mains plongées dans ses gigantesques manches, elle s’inclina, puis s’enfuit en trottant vers le reste de sa mission. Trois autres Cavalières de Sharna nécessiteraient son aide dans leurs préparatifs avant le grand départ, et apprêter des soldates pourpres n’était pas une mince affaire. »

Bientôt, la totalité des quinze Cavaliers Rouges de Sharna aurait rejoint le temple, tous à des heures différentes et prétextant des intentions hétéroclites. Kreen considérait leur avoir donné des consignes claires, et elle s’en rassurait. Elle ne s’imaginait pas une seconde les haranguer dans ce déguisement ridicule.




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