L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
:: Séide du Chaos ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kreen
:: Séide du Chaos ::
Kreen
MessageSujet: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeVen 10 Juin - 23:25

L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Banner20


Timides derrière leurs mantilles nébuleuses, les lunes ne faisaient qu’effleurer les montagnes de leurs pinceaux glacés, soulignant maigrement les contours des sommets. Du reste, les pics escarpés de Méphrit étaient plongés dans la pénombre, si bien qu’on aurait pu croire qu’ils ne se dressaient pas devant l’infini, et qu’en réalité, c’était la toile céleste – charbonneuse et mouchetée par les astres – qu’on avait lacérée. Une plaine étroite séparait les hauteurs du duché de celles de Phelgra, comme une ouverture dans les mâchoires d’un géant endormi la gueule béante vers les étoiles. Du côté ouest de cette vallée, au pied du massif de Ridolbar, la frontière était une longue chaîne cloutée et ardente, où la tension était éternelle, dans les têtes comme sur les cordes des archers. Si les deux nations n’avaient pas été en conflit direct depuis la chute de Taulmaril, la réputation des seigneurs sombres et de leurs moines cruels avait creusé et épaissi les bordures de leur territoire. Leurs voisins nourrissaient, encore et toujours, l’espoir de contenir les Cavaliers, et si le passage demeurait courant, il était sévèrement régulé par les deux parties. Tout contact se faisait sous les regards scrutateurs d’officiers présumés incorruptibles qui examinaient les véhicules, fouillaient les chargements et interrogeaient les voyageurs aussi longtemps qu’il était nécessaire. Une haute muraille serpentait entre les rochers, profitant parfois de la raideur des pentes pour établir un obstacle de plus au franchissement clandestin. Certains postes-frontières étaient de véritables monuments, dressés comme des manoirs de superbe facture sur la roche abrasive des versants – d’autres, plus sobres, étaient semblables à de robustes forteresses, tout aussi imprenables mais moins accessibles et certainement moins intimidantes. Cette nuit-là, c’était une bâtisse de ce type qui, nichée dans un creux froid entre deux aiguilles, s’apprêtait à accueillir les plus implacables guerriers des deux pays. Leur rencontre devait demeurer secrète mais elle avait été soigneusement préparée par les esprits les plus clairvoyants des autorités impliquées. Aucune torpeur, aucune distraction n’aurait pu faire faillir la vigilance des sentinelles, et l’appréhension serrait même quelques cœurs vaillants mais juvéniles. Sur l’adret phelgran, une brise faisait murmurer les capes et battre les fanions tout autour des enfants de Sharna qui attendaient, muets, l’arrivée de leurs homologues.

Au-delà des crocs du duché, encore soixante lieues vers le sein doré des terres éridaniennes, là gisaient à jamais les derniers instants d’une prêtresse lasse, bridée par ses frères et muselée par son guide. Croyante exaltée mais adepte médiocre, elle avait fait couler son sang sur le sol sacré du Haut-Monastère, déversé le chaos de Sharna sur les siens, sur sa chair et celle des autres, et laissé les mains décharnées de son dieu écrire l’histoire de sa mort. Jamais plus Kreen ne s’était rendue au temple suprême. Quel acte plus grandiose, plus transcendant encore pouvait-elle y commettre ? Ces lieux avaient déjà été marqués de son destin, et elle avait encore tant de terres à maudire de sa gloire. À la vue de ces sommets, le souvenir de son dernier souffle vint la caresser d’une main distraite, mais elle posait sur ce jour morbide des yeux stoïques, surtout embrumés par les âges. L’attente faisait divaguer ses pensées et, avec le recours d’une vision rare mais connue, les attirait facilement vers les profondeurs de sa mémoire. La Gorgoroth se laissa retomber doucement sur terre. Pour une fois, elle n’avait pas à se précipiter ou à fuir ses rêveries, car si son décès était devenu un événement lointain et sans douleur, c’était parce qu’il lui avait procuré une fierté et un soulagement inégalables – et bien que ces sentiments se fussent atténués avec le temps, elle pouvait encore en apprécier les reliquats.

Ses pérégrinations finirent par la ramener à l’instant présent, sur les remparts du fort, sous la voûte encombrée du Méphrit endormi. À ses côtés, Greld s’entretenait avec deux capitaines locaux en usant d’un dialecte du sud d’Umbriel peu répandu et difficilement déchiffrable pour quiconque ne fréquentait pas cette cité. Elle les écoutait produire leurs chuchotements gutturaux sans chercher à les comprendre, son regard désormais enchaîné au petit groupe en contrebas qui se tenait devant la herse. Les Cavaliers en mission aujourd’hui avait pour ordre de ne rien laisser paraître et d’être occupés aux mêmes tâches que d’ordinaire, mais ils étaient en fait postés au millimètre près et ne faisait que mine de discuter. Il n’y avait rien à signaler. Kreen se reprit à songer.

Dans la matinée de l’avant-veille, elle était arrivée à Ridolbar pour constater les changements d’affectation qu’elle avait promis à ses soldats. Compte tenu de la nomination récente – et tant attendue – d’un gouverneur, aux circonstances de cette prise de pouvoir et aux événements qui s’étaient ensuivis, réorganiser la garnison pourpre locale n’avait pas été une mince affaire ; le Seigneur Ravensberg comme les civils les plus simples avaient émis quelque réserve à la venue des Cavaliers et à leurs va-et-vient. Au final, le remaniement avait pris un peu plus de temps que prévu, mais les hommes et femmes que la Commandante avait mutés étaient parvenus à faire entendre leur autorité. Désormais, c’était des capitaines et lieutenants en qui elle avait une confiance totale qui géraient ce poste, et non plus des exilés aux manières floues. Le ménage fait, Kreen avait été conviée à passer en revue les nouvelles troupes, chose qu’elle n’aurait sans doute pas pris le temps de faire si elle n’avait pas eu d’autres motifs de déplacement.

Les pistes avaient tendance à s’effacer et à ne plus reparaître, mais la disparition du Commandant Trahin Varss soupirait encore aux oreilles de la mort-vivante lorsque la nuit était calme. Plus personne en dehors de Kreen ne semblait vouloir résoudre l’enquête sur son prédécesseur, et elle-même commençait à croire qu’il n’y avait réellement sous cette roche que de la mousse et quelques gros lombrics. Elle n’avait pas abandonné, cela dit. Elle continuait de passer ses heures creuses à parcourir les rapports et à rencontrer leurs auteurs à la recherche d’une miette. Des noms passaient, une fois, deux fois, et les faits n’avaient soudainement plus aucun sens. Ce n’était pas tant le manque de cadavre, qui la faisait ruminer, mais le fait que, finalement, l’absence du Molosse n’avait pas tant de conséquences que cela. Quelle importance avait-il vraiment eue au sein de l’armée ? De quoi Démégor l’avait-il chargé ? De quoi avaient bénéficié la ou les personnes qui avaient orchestré son départ ? Si elle avait dû gérer des émeutes et si elle avait reçu des ordres hautement confidentiels dès sa promotion, elle aurait connu l’ampleur de la catastrophe, mais ce n’était pas le cas. Le temps passait et l’histoire semblait vouloir effacer Trahin de sa fresque. Sans fracas, sans poussière, sans friction. D’un seul coup de balai.

Alors quand Faust lui rapporta que, selon le comte Haeris, la horde d’Ebreus était fréquemment aperçue jusqu’au nord des pics dentelés, elle vit une raison de plus de se rendre à l’est. Dans les derniers comptes-rendus à propos du Molosse, cette région était mentionnée comme destination prochaine par plusieurs lieutenants et même un capitaine, et le prétexte ne semblait pas clair. C’était un indice mince et peut-être un cul-de-sac, mais l’occident semblait l’appeler ; ses nouveaux gestionnaires de garnison avaient besoin du soutien de la Commandante pour terminer et solidifier la reconstruction d’un régiment fonctionnel et sain, une visite au Seigneur Ravensberg n’aurait fait aucun mal, et suivre les traces des grands ennemis de Trahin avait bien quelques chances de la mener quelque part.

Et pourtant. Ce n’était ni le protocole, ni la courtoisie, ni la curiosité, qui avaient réellement poussé la Commandante des Cavaliers Rouges si loin de Themisto, car aucun de ces projets n’était impératif – urgent, encore moins. Non, la véritable raison pour laquelle elle se trouvait ici, au poste-frontière au pied de ce qu’on surnommait volontiers « la corne de scala », était judiciaire, et valait bien le déplacement des meilleurs pourpres de l’armée. Le criminel se faisait appeler le Comédien, car grâce à une magie obscure dont on n’avait guère pu déterminer les limites, il parvenait à se faire passer pour quiconque il lui chantait d’incarner. Des comtes et ducs les plus discrets à un proche du roi Thimothée lui-même, il s’était déguisé en près d’une cinquantaine de personnalités influentes et avait semé la discorde en faisant germer des conflits et des alliances saugrenus, autant de graines que ses cibles n’auraient en réalité jamais voulu planter. Cette statistique était d’ailleurs un minimum, car il s’agissait des seuls cas dont on était certain. Quant à ses meurtres, ils demeuraient peu nombreux, compte tenu de la facilité avec laquelle il aurait pu en commettre bien plus, mais on le tenait responsable de trois morts et d’une dizaine de disparitions. Kreen se remémorait la missive qu’on lui avait fait lire avant qu’elle ne quitte Themisto, et la façon dont le Cavalier Noir responsable du rapport avait conclu l’interminable liste de délits imputés au malfrat d’un « etc. » nonchalant. Ses motifs ? Bien sûr, les Nérozias étaient les suspects principaux.

Il se trouvait également que le séculaire capitaine gris Serph Sihin, un Lhurgoyf à la puissance magique monumentale, avait hélas succombé à la Fièvre de Feu, emportant avec lui plus de quatre cent ans d’expertise en matière de transport de prisonnier de haute voltige. La longévité dont il avait fait preuve jusque-là faisait dire à certain que la maladie n’avait fait qu’achever ce qu’un empoisonneur avait commencé, mais les circonstances de son trépas n’avaient pas laissé le temps à la Chaîne Blanche ou aux prêtres compétents d’inspecter son cadavre et de découvrir la vérité. On ne comptait plus les criminels qu’il avait menés jusqu’aux geôles d’Umbriel, ni combien de convois il avait sauvé des attaques sur les routes phelgrannes. Son escouade attitrée – une troupe polyvalente composée d’autant de guerriers, d’assassins et de mages – était considérée comme une élite. Elle était en perpétuel renouvellement et n’avait qu’un statut semi-officiel, en partie par souci de confidentialité, mais la qualité de ses services ne diminuait jamais. Tout le long du périple de la frontière jusqu’aux souterrains du sud-ouest, les Cavaliers en garnison, les sentinelles et même les soldats en permission, étaient sommés d’obéir aux ordres du célèbre capitaine Sihin, et assistaient fièrement son régiment dans leur noble ouvrage, jusqu’aux mains des autorités pénitentiaires. Son décès avait mis l’armée entière en deuil, et pesé très lourd sur les épaules rouges de son successeur, Urogh Karassh. Ce Zélos aux sombres balafres était le genre de personnage dont Kreen aurait voulu pouvoir tempérer le caractère. Il était loyal et menait bien ses troupes, mais sa manière de réprimander laissait de profonds stigmates, et là où Serph inspirait l’admiration, Urogh inspirait la crainte. Il n’était pas incapable de changer, selon la Gorgoroth. Elle était même persuadée qu’il le ferait, car il savait pertinemment ce qui faisait de feu son mentor un maître de l’art. Plus encore, elle lui faisait confiance pour reprendre le flambeau dignement et surpasser le Lhurgoyf. Et ce soir, pour le transfert du Comédien à la frontière, il avait une chance de la convaincre.

Le voile de nuages se déchira devant les lunes qui se mirent à jeter des reflets plus intenses sur les hauteurs. Au cœur du fort et dans ses alentours, l’activité se fit plus grande mais pas plus sonore ; on entendait quelques pas de plus crisser sur le granit à nu, peut-être deux ou trois voix se superposer l’espace d’un instant, mais les mouvements conservaient leur allure tranquille, des tours de ronde aux relèves, des départs aux arrivées. Pourtant, le convoi éridanien était bel et bien en approche, et avec lui, sa dangereuse cargaison. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. L’horaire avait été respecté. Comme depuis plusieurs jours, le criminel était maintenu assoupi. Il n’y avait rien à craindre.

Il n’y avait rien à craindre.

Il n’y avait rien à craindre. Jusqu’à ce que deux des Cavaliers chargés de la ronde extérieure ne reviennent plus. On alla prévenir Urogh et Kreen simultanément, alors que le premier était affairé dans la cour et la seconde encore perchée sur les remparts. Une ombre encapuchonnée tomba du ciel juste derrière la revenante, sa voix androgyne drapée de détresse.

« – Commandante ! Oel vi’Kin, Cavalière Noire de la seconde division du poste. Mon confrère et moi étions responsables de surveiller la zone sud-est du belvédère à la Grande Croisée. Il ne répond plus. Kreen avait fait volte-face et pointé son arbalète vers la silhouette avant de l’abaisser en soufflant bruyamment par le nez.

– Officier, Seigneur Karassh est-il prévenu ? L’espionne acquiesça prestement, sa mâchoire crispée devenue visible à la lumière des satellites. Votre surveillance est nécessaire. Retournez-y avec un confrère capable d’un rapatriement d’urgence et ne quittez pas la frontière des yeux. Et sans attendre de consentement, la Gorgoroth se rua à l’intérieur de la tour la plus proche pour en dévaler les marches et rejoindre le responsable du poste. »

Ainsi donc, la disparition de cet agent n’était pas la seule à avoir été remarquée ; un autre Cavalier Noir avait failli à son devoir de retrouver son compagnon, et ce du côté nord, au cœur des bois gris et épineux qui s’étendaient sur plusieurs kilomètres. Il ne s’agissait pas de nouvelles recrues ou de mauvais éléments : les deux officiers étaient affectés à la corne de scala depuis plusieurs années, et s’ils ne faisaient pas partie des Cavaliers qui accompagnaient les prisonniers jusqu’aux Déments, ils avaient collaboré plusieurs fois avec le seigneur Sihin qui faisait alterner les postes-frontières désignés pour les transferts. De ce fait, ils étaient habitués à répondre aux ordres directs d’un autre que leur capitaine de garnison et connaissaient les dangers qui pesaient sur eux dans ces situations. Leur volatilisation était inquiétante. Par souci de discrétion, les différentes troupes désignées pour prendre en charge le Comédien avait été sélectionnées pour leur qualité et non pas leur quantité ; en tout et pour tout, en plus des quatorze Cavaliers stationnés de manière permanente, n’étaient présents que onze représentants du convoi pénitentiaire, la Commandante des Rouges et ses quatre accompagnateurs. Aussi était-il délicat de partir à la recherche des disparus sans délaisser la base.

Kreen posait un regard pesant sur Urogh, pas par plaisir de l’angoisser davantage mais parce qu’elle ressentait elle-même l’urgence éveiller ses instincts. Venue en observatrice, elle demeurait encore coite et muette – à moins que l’on ne s’adressât directement à elle –, mais mille questions lui brûlaient les lèvres. Elle devait rarement jouer ce genre de rôle. Examiner ses soldats sans intervenir, écouter un autre donner les ordres et prononcer des noms qui ne lui étaient pas familiers… Le Zélos connaissait de près chacun de ses subordonnés officiels et paraissait tout aussi à l’aise avec les identités des sentinelles locales – la Gorgoroth, elle, reconnaissait quelques visages parmi ses hommes mais tous ces Cavaliers étaient des confrères qu’elle ne croisait jamais. La hauteur de son rang lui donnait-elle le vertige ? La distance rendait-elle les détails trop petits ? Sans croire à de l’impuissance, elle se sentait aliénée – une émotion nouvelle, curieuse, et décidemment très désagréable.

Les éridaniens venaient tout juste d’atteindre leur destination et d’échanger les premiers mots avec les gardes que des voix s’élevèrent, pulvérisant le calme vieux de plusieurs jours qui berçait le morne quotidien des affectés. Les têtes comme les sangs se tournèrent en un éclair vers la clameur d’origine inconnue, et les capes bruissèrent dans tous les sens alors qu’on bandait les arcs, dégainait les lames et accourait vers les points stratégiques. Kreen abandonna ses états d’âmes et les oublia immédiatement. Elle se rua vers la herse, prête à user de magie pour la passer en un claquement de doigts.

Un cri étouffé par une main gantée retentit juste au-dessus de sa tête, puis des coups assénés dans un plastron de cuir se firent entendre. La mort-vivante leva les yeux, son arbalète déjà au poing, et vit qu’une sentinelle luttait pour se dégager de l’étreinte d’une silhouette monstrueuse, juste au bord des remparts. Elle tira un carreau qui se logea dans l’épaule adverse mais n’eut vraisemblablement aucun effet. Le temps qu’elle se téléporte, une douzaine de spectres emmitouflés dévalait les versants des pics et fonçait vers le fort, tandis que d’autres jaillissaient des ombres entre les phelgrans et les éridaniens. Kreen jura tous ses dieux.

Elle lança son arbalète à un camarade encore épargné avant de sortir une de ses dagues de la main droite, et de passer le majeur dans l’anneau de son pommeau pour maintenir la lame contre son avant-bras tant qu’elle n’en avait pas l’usage. De sa sénestre, elle saisit Scylla, et asséna à l’attaquant un coup comme seule sa puissance de mort-vivante lui permettait. La créature poussa un hurlement et lâcha prise, laissant à l’officier le temps de sortir son épée. Les assauts des deux Cavaliers affaiblirent la bête jusqu’à ce qu’elle reprenne forme humaine, recrachant l’essence divine qui lui restait dans le cœur. D’un geste brusque du menton, Kreen ordonna à son subalterne de finir le travail, puis elle s’écarta pour hurler.

Le mot qu’elle prononça n’en était pas vraiment un. C’était un nom propre, à vrai dire, le nom que portait une vaste clairière dans les bois de l’ouest. Un nom de trois syllabes à l’étymologie lointaine et la prononciation rude quand on n’avait pas grandi avec les ‘‘r’’ et les ‘‘g’’ de Themisto. Personne, en dehors des Cavaliers de Sharna, ne pouvait deviner ce que cela pouvait bien signifier. C’était un code. Une référence à la façon dont les choses avaient été réglées lors d’une bataille plus ancienne encore que la capitale-même. Une façon de dire « faites comme vos ancêtres avaient fait ce jour-là ».

Puis elle jeta son regard au pied des tourelles, sur le convoi désormais en position autour de la cage de haute sécurité dans laquelle le Comédien était transporté. Il y était supposément enchaîné avec des menottes à intras, endormi et privé de ses sens – c’est du moins ce qu’on préconisait pour les criminels de son acabit – mais le doute sembla faire subir à Kreen ce qu’elle infligeait aux autres lorsqu’elle usait de sa magie la plus vicieuse. Une main divine se refermait sur ses entrailles. Et s’il n’était pas du tout dans cette cage ? Tous ces noms qui ne lui étaient pas familiers, tous ces visages qu’elle ne croisait jamais… Aurait-elle été capable de révéler un imposteur ? Avec qui s’était-elle réellement entretenue tout l’après-midi ? Elle aperçut Greld, son immense carrure grise qui, souvent, brillait plus sans armure – ses larges oreilles pointues avec une boucle et deux entailles. Sa cicatrice sur le biceps, sa cicatrice au coude. La façon dont il faisait tourner sa hache dans ses larges mains. Son unique esquive par la gauche. Elle sentit son poing se serrer sur la garde de son fléau, et ses doutes s’envolèrent, loin, loin vers les pics de Méphrit, loin vers le Haut-Monastère, jusque dans ses souvenirs flous de prêtresse lasse et de derniers soupirs. Un grand nombre d’assaillants, une trentaine environ, se regroupait déjà autour des éridaniens, et des étincelles violacées sous la cage indiquaient l’œuvre préoccupante d’une magie extérieure. Kreen se téléporta entre deux agresseurs. Munie de Scylla et de Thelxiépie, de ses pouvoirs et de ses dons, de sa colère et de sa foi, de son amour pour ses frères et de sa haine pour les fous, elle se jeta dans la foule, déterminée à faire comme ses ancêtres avaient fait ce jour-là.

Quelques prisonniers, si possible. Quant au reste…


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Ykk3

avatar by freedom XI
signature by Sergey Snegirev
Revenir en haut Aller en bas
:: Bras Armé d'Eridania ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Cassandra Raikes
:: Bras Armé d'Eridania ::
Cassandra Raikes
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeMer 29 Juin - 10:53

Hell knows no greater fury
Sa Majesté m'a donné le mandat du commandement de l'armée d'Eridania et je poursuivrai Sa volonté. C'est pourquoi j'annonce, à partir de demain, le lancement d'une série de réformes militaires afin de moderniser, réarmer et doter en matériel moderne et performant nos soldats, qui verront par ailleurs, leurs effectifs augmenter. Les garnisons militaires augmenteront et chaque domaine du royaume sera doté au minimum d'une garnison militaire. L'armée sera replacée sous l'égide royale et répondra au roi et au roi seul. La centralisation de l'armée sera nécessaire afin de pouvoir lui donner un nouvel élan. La mission de l'armée ne sera plus de servir les minables et égoïstes intérêts d'une poignée de nobliards qui tiennent les militaires de ce pays. L'armée devra à présent servir le peuple et son roi. Elle sera nécessaire pour traverser les crises actuelles et futures. Sans une armée forte, nous perdons notre leadership et notre puissance diplomatique et militaire dans le monde et notre armée n'a que trop pâti des évènements passés. L'armée d'Eridania doit s'affirmer plus que jamais auprès des sujets du royaume et des puissances étrangères. Notre but n'est en aucun cas de faire la conquête de nouvelles terres ou de détruire une nation voisine mais bien de défendre nos frontières. À ce propos, j'annonce l'ouverture prochaine de relations étroites et de coopération avec les armées étrangères. Elles doivent comprendre que nous ne sommes pas une menace pour leurs intérêts mais bien de futurs partenaires militaires.

Par ailleurs, j'annonce à présent faire de la lutte contre le groupe terroriste des Nérozias une priorité de mon commandement. Le combat contre ces anarchistes fous a été négligé depuis des années, cela va cesser. Avec la réorganisation des effectifs et des unités de l'armée ainsi que l'augmentation des moyens alloués à l'armée, je suis convaincue que la lutte sera couronnée de succès. Le peuple de ce royaume attend de nous la protection que nous lui devons. Le poison des mensonges de ces terroristes ne sera plus répandu. Sans cette propagande, ce groupe rebelle sera anéanti. Je poursuivrai ma mission jusqu'à la victoire finale.


Générale de l'Armée Cassandra Raikes, discours d'inauguration devant un parterre d'officiers supérieurs et généraux de l'armée avant des applaudissements dans l'aile ouest du palais royal à Hesperia
1 Mirios, Saison Enkilil, 1304 Ère de Félicité

__________

L'air était lourd et froid en cette nuit de firion. D'obscurs et d'épais nuages voilaient le ciel. D'après les Renardiers, la nuit serait aussi sombre qu'un four sans feu, mis à part quelques éclaircies de lune entre deux épisodes de pluie obscure. Il fallait d'autant plus surveiller les torches... L'humidité ne me disait rien qui vaille et comme si le ciel avait lu dans mes pensées, un premier crachin commençait à tomber sur nous, comme pour ajouter un froid mouillé à la tension qui nous habitaient moi et ma troupe. Ma jument Seanna sous moi s'agita légèrement mais une simple caresse dans sa crinière suffit à lui faire garder sa lucidité. Elle était nerveuse... Elle ressentait la tension aussi. Seanna marchait en rythme avec la jument d'Ela, dont la blondeur de sa chevelure tranchait avec la nuit méphritienne.

De son vrai nom Sonnie Danvers, Ela était mon officière de confiance, ma commandante en second. Terrane d'une trentaine d'années et issue de la petite noblesse nordiste de Méphrit, elle était comme les gens de sa région. Une chevelure courte mais pétante d'un blond rare, de grande taille, forte en gueule, l'accent et le patois local chantant, affûtée et cognant aussi fort qu'un marteau du poing. Une rumeur courait parmi les unités sous son commandement, disant qu'elle avait vaincue toute seule un zélos à mains nues et qu'elle n'hésitait pas à tabasser le moindre soldat qui lui manquait de respect, officier ou non. Bien sûr, rien n'était fait pour démentir la rumeur, dans un milieu où le rapport de force était la norme surtout à un rôle de commandement. Elle inspirait le respect dans ses rangs malgré son parler particulier et c'était la personne la plus loyale envers moi que je connaissais. Ela et moi étions parmi les premières femmes officières dans l'armée, nous nous sommes comprises malgré nos différences. Elle était cependant plus fougueuse et impulsive que moi et malgré ses états de service, affichait également un problème de discipline avec des supérieurs, sans doute une raison pour laquelle elle n'avait jamais été promue officière générale. Cela dit, la connaissant, je pense qu'être major lui suffit amplement. Ela devait néanmoins bien connaître ses limites.

Je jetai un regard vers l'arrière afin de voir où en était notre prisonnier. Il était assoupi depuis plusieurs heures malgré le cahin caha de la carriole qui le charriait. L'enfermement au cachot, ça épuisait... J'avais personnellement veillé à ce qu'il soit dûment enchaîné aux pieds et aux mains avant de l'attacher à la cage de la carriole. Il ne pouvait pas y bouger, il ne pouvait rien faire... Alors pourquoi avais-je l'impression que tout n'allait pas se passer comme prévu ? Que les choses allaient se gâter et que j'avais un mauvais pressentiment ? Même Ela qui était tout de même plus loquace n'avait pas pipé un seul mot depuis que nous étions partis sur la dernière portion du trajet. Méfiance... Mon regard croisa celui de Kennedy, mon capitaine de la garde sur son cheval aussi et dont la frange se devinait malgré le casque. Lui aussi sentait les choses... Il avait une main pour diriger son étalon et l'autre sur la poignée de son épée, c'était un signe qui ne trompait vraiment pas.

Daemon Kennedy dit "Leon" de par son prénom est un homme beaucoup plus calme et réfléchi qu'Ela. Contrairement à moi ou à Ela, Leon est un roturier ou plutôt issu de la petite bourgeoisie de la capitale de Méphrit. C'est un homme presque aussi grand qu'Ela, il ne veut pas l'admettre mais je crois bien que la blonde le dépasse de quelques centimètres... Surnommé aussi "la Mèche" par ses hommes en référence à sa coiffure pas vraiment réglementaire, Leon est un homme qui en impose. Il a de l'allure en uniforme, une belle gueule à faire pâmer son personnel féminin subalterne et en plus il sait tuer quand il en reçoit l'ordre. Charismatique, posé et intelligent sont des qualificatifs souvent évoqués à son encontre. Sa loyauté envers ma famille et son sens du devoir inné car issu d'une famille de militaires en ont fait un candidat idéal comme officier responsable de ma garde personnelle. Est ce qu'il aspirait à plus ? Difficile à dire... Ses états de service parlent pour lui, à l'académie on le voyait comme prometteur mais tout comme Ela, je pense que son ambition s'arrêtait à son poste actuel. D'ordinaire vigilant en opération, il a personnellement supervisé les préparatifs du transfert du prisonnier et a aussi lui même choisi celles et ceux qui composeraient mes gardes du corps.

Le criminel que nous trimballions avait été une sale affaire et la traque laborieuse. Le Comédien faisait partie des 10 criminels nérozias les plus recherchés du royaume et c'était le seul dont nous ne disposions d'aucune image pour le reconnaître. Ce type était responsable de dizaines voire peut être de centaines de coups fumeux au sein de la politique du pays. Les politicards étaient des adeptes de ce genre de boules puantes à se balancer entre collègues de même statut social mais la recrudescence soudaine de ces évènements avait attiré l'attention du renseignement militaire, pourtant bien occupé à essayer de se remettre de la pandémie du mal ardent. Des gens pas forcément ennemis voire pour certains alliés se retournaient contre les leurs et très souvent pour... des raisons qui dépassaient l'entendement ou qui n'avaient pas de sens. Mais ce qui avait surtout mis la puce à l'oreille aux huiles des Renardiers, c'était les témoignages anormalement élevés de gens disant avoir été floués ou usurpés. Quelques personnes voire une petite dizaine de coupables qui jouaient la carte de l'usurpation après avoir été arnaqués comme des gros naïfs ne sortait pas de l'ordinaire mais lorsque des dizaines de nobliards voire de marchands ou de notables sans même tous se connaître commençaient à dire peu ou prou la même chose, il y avait de quoi se demander ce qui se cachait sous ce tapis malodorant.

Le contre-espionnage du corps d'armée Renardier s'était donné beaucoup de mal pour lui mettre la main dessus avec l'aide de la police militaire des Lupins. J'étais certaine qu'il essaierait de se cacher dans nos rangs aussi, les Renardiers mettaient sous surveillance ses propres soldats mais est ce qu'il s'était fait passer pour l'un des nôtres ? Je ne le saurai sans doute jamais. En revanche, on avait déclenché une vraie chasse à l'homme contre cet enfoiré. Une paire de descentes dans certains quartiers mal famés d'Hesperia n'avaient rien donné car il nous avait filé entre les doigts mais il fallait aussi dire qu'il ne nous facilitait pas la tâche car c'était un maître en dissimulation et en usurpation. Même lorsque l'on s'était retrouvé en contact avec les ladrinis, ces derniers étaient verts de jalousie de ne pouvoir le compter dans leurs rangs. Lorsque l'on eut la confirmation que les ladrinis n'avaient rien à voir dans cette affaire -leurs intérêts furent même menacés sous certains aspects- j'ordonnai une collaboration de mes forces avec eux pour coincer le Comédien. Ils furent mis à contribution pour son arrestation et leur propre expertise criminelle fut utile pour l'arrêter. Nous le coinçâmes au sein du tripot qui l'hébergeait dans les bas-fonds de la capitale, au sein d'une cellule de nérozias dont on ne connaissait même pas l'existence. Nous fîmes d'une pierre trois coups : l'arrestation du Comédien, la destruction du tripot et de la cellule terroriste. Des plans et des documents d'attentats furent trouvés au sein du tripot.

L'affiliation aux Nérozias était prouvée bien que j'avais l'impression que nous avions affaire à un groupe zélé, fanatique ou pire, dissident. Pour le Comédien, une seule sentence : moisir à Umbriel. Le tuer reviendrait à encourager la lutte de son foutu groupe de fous en en faisant un martyr. L'armée l'avait arrêté, la nature de ses crimes et des forces impliquées faisait qu'il tombait sous le coup de la loi martiale. Les Renardiers l'ont interrogés pendant des jours afin qu'ils nous détaillent ses crimes, qu'il se délectait presque de nous raconter. À la lumière des révélations auxquelles il consentait, tout devint bien plus clair mais cet enfoiré avait fait suffisamment de mal pour qu'on l'expédie au fin fond des cachots d'Umbriel où Torenheim aurait dû finir ses jours. Quoique, j'aurai bien voulu le mettre au milieu des autres détenus car ce Comédien s'en était prit aussi à d'autres criminels et cela était d'autant plus dangereux si on était un nérozia, sous-groupe du groupe père ou non. Qui sait ce qui lui serait arrivé parmi les autres détenus de la prison, au détour d'un repas ou d'une promenade où les surins étaient monnaie courante...

Maintenant il fallait le transférer à Umbriel et la notoriété du criminel le rendait hautement dangereux. Je voulais m'assurer que son transfert se passe bien. Cela sous-entendait également rencontrer des représentants des Cavaliers, rien que d'y penser, ça me hérissait le poil... Mais c'était un mal nécessaire. Depuis ma prise en fonctions, c'était la première fois que j'en étais là. C'est lourd putaing, onn avannceuh pas... me lâcha une Ela d'un air sombre. Et enn plus y flotteuh... J'ai qu'une ennvie c'd'bouffer et m'fout dannn ung baing. Je soupirai, étant on ne pouvait plus d'accord avec la guerrière blonde. T'auras ton bain t'inquiète pas. On le partagera si tu veux ? proposai-je amusée pour arracher un sourire à ma major de commandante en second avant qu'elle n'opine à ma proposition. Cass... J'le seng pas c'coup là. Ela se retourna pour voir le prisonnier. Ça pue du cul. L'est trop calmeuh... Et j'ai unn mauvais pressentimeng. Ça va mal tourner... Ken l'est pas trannquilleuh nonn plus. Si onnn s'mannngeuh pas uneuh foutue emmbuscade, c't'ung miracle. Mon visage s'assombrit en suivant son regard... Puis dans l'obscurité et sous le crachin de la nuit, l'entrée du fort avancé se découpa parmi les lumières dansantes des torches de nos soldats et des feux aux bords de la route. On verra... Personnellement, je suis plus inquiète d'une crasse que nous ferait ces Cavaliers qu'une évasion spectaculaire de ce taré. On arrive au bout de ce voyage à la con.

En effet, nous parvenions à destination mais dans une atmosphère tendue que l'averse qui se transformait en pluie n'arrangeait pas. L'entrée du fort était bien gardée, non pas pour empêcher d'y rentrer mais plutôt d'en sortir me dis-je avec ironie. Ignorant la pluie, l'un des gardes s'avança vers nous tandis que le soldat de tête s'approche de ce dernier afin d'échanger les formalités d'usage et de signaler l'arrivée du prisonnier. Nous nous arrêtâmes à bonne distance, deux gardes du corps à mes côtés plus un autre derrière nous. Ela se mit à bâiller, au moins avec la main devant sa bouche mais sans trop de discrétion. Elle était impayable que je me dis, elle était même capable de faire ça en pleine réunion d'état-major même avec le roi présent... Je l'entendis s'agiter légèrement ce qui attira mon attention vers elle... pour la voir sortir de son sac accroché à son cheval un morceau de viande séchée. Eh j'ai trop la dalleuh, vais pas attennd' qu'onn arrive au mess du fort cong. Je haussai les sourcils. En effet c'était d'une simplicité désarmante...

Ela, Générale ! Faites gaffe ! se mit à crier soudainement Kennedy. Immédiatement, ma tête se tourna vers lui et je le vis sortir son épée. Mon estomac fit une embardée alors que mes yeux suivirent la main crispée de mon capitaine sur sa poignée car je compris. Par réflexe, je tins fermement mes rênes avant que des cris ne se fassent entendre. Mon attention se porta alors sur les deux soldats devant nous. Le nôtre essaya de se mettre à l'abri et de revenir vers nous alors que celui du fort s'effondra face contre terre, la tête et le buste percé de trois flèches. Connntact, CONNTACT ! Ça viennnt d'où putaing ??? Comme une réponse muette à la question de la major de l'armée, des silhouettes masquées nous attaquèrent en dévalant la pente la plus proche et certaines bondirent sur nous. Ela fut d'ailleurs désarçonnée et chuta en étant aux prises avec l'une d'elle. Sans regarder vers les assaillants, je fis reculer ma jument. Bien m'en prit car un ennemi s'était jeté sur moi et me manqua dans son bond pour aller chuter la tête la première dans le sol caillouteux. Sans hésiter je sortis mon épée pour l'occire sans lui laisser le temps de se relever. Merde, une attaque ! Sans doute pour libérer le Comédien... Je savais que ça allait mal se passer ! Dans mon dos, j'entendis Kennedy crier l'ordre de se poster autour du prisonnier et de se protéger. Le mage que l'on avait emmené avec nous faisait déjà ce qu'il pouvait.

Je baissai la tête pour offrir une moins bonne cible aux archers ennemis sur ma monture avant d'opter de descendre de ma jument. Seanna était maligne, elle saurait se défendre ou au moins se mettre à l'abri et puis, ce n'était pas la première embuscade qu'on subissait... Ela revint vers moi en courant, ses gantelets ensanglantés ne me laissant aucun doute quand au sort de son assaillant. En revanche, elle avait récolté une bonne estafilade sur le côté. Putaing Cass, c'est les Néros ! Le type que j'ai buté, l'avait leur foutue roseuh sur lui ! Je grimaçai en m'emparant de mon bouclier avant de m'éloigner du cheval, le bouclier devant moi. En même temps qui ça pourrait être d'autre ?? Avec moi Ela, on doit les empêcher de reprendre le prisonnier ! C'était évident, ils nous avaient sans doute suivis ou observés depuis longtemps, on ne laisse pas partir un élément comme le Comédien sans tenter de le récupérer. Aurais-t-on négligé le nettoyage de la cellule terroriste découverte ? Aurais-t-on oublié l'un des leurs ? Ou bien le groupe était vraiment derrière tout ça ? Je voulus donner un ordre pendant ma réflexion mais un hurlement déchira le champ de bataille qui me glaça le sang. C't'ait quoi ? ... C't'ait quoi ?? Ela devenait nerveuse alors que l'on voyait bien que les assaillants nous encerclaient et étaient bien plus nombreux que nous.

Ela sortit son épée dans mon dos et couvrit ma gauche puis fit face aux assaillants, la mine haineuse qu'accentuait sa blessure sur le côté. L'un d'eux, derrière sa cagoule nous lança de nous rendre mais il ne récolta qu'un trait dans sa face tiré par Kennedy. Bonne réponse Capitaine... Au moment où l'affrontement allait reprendre, une ombre que je n'avais pas vu venir se téléporta entre deux ennemis et se mit à attaquer ceux qui nous encerclaient. Je ne demandai pas tant de la part des pensionnaires du fort ! Par réflexe, Ela se planta derrière moi pour éviter un tir de magie. La force magique s'écrasa contre mon bouclier, renforcé par mon pouvoir d'anti-magie. Néanmoins, je ressentis bien que le projectile magique était désigné à nous tuer car il fut d'une force telle qu'il me fit reculer d'un pas voire je glissai sur quelques centimètres. La bataille reprit son cours, me mettant aux prises avec un assaillant muni de deux dagues. Il allait compter sur sa rapidité et ma lourdeur malgré mon armure de cuir... Avec son attirail, il pouvait être furtif dans l'obscurité mais en étant éclairé comme ici... Je bougeai de ma position et partit vers la furie qui se déchaînait contre les nérozias. Mon ennemi eut un instant d'hésitation en voyant mon mouvement, que je saisis pour l'attaquer à mon tour.

4 Firion, Saison Nivéria, 1306 Ère Obscure
Codage par Libella sur Graphiorum


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Rmk5
Revenir en haut Aller en bas
:: Séide du Chaos ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kreen
:: Séide du Chaos ::
Kreen
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeDim 3 Juil - 21:20

L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Banner20


La vallon s’emplissait de cris et de détonations, du chant des fers croisés, des boucliers brandis, des projectiles filant vers leurs cibles et perçant les plastrons. Une poussière âcre s’élevait, nuage de particules rocheuses et volatiles qui jetait autour des affrontements un voile crasseux. Les Cavaliers de Sharna et les soldats éridaniens ne se mêlaient pas, quand bien même ils fussent obligés d’unir leurs forces contre les assaillants anonymes. Des ordres étaient beuglés dans tous les sens, et si chaque militaire était bel et bien émérite, la cohésion qui avait permis des victoires de chaque côté de la frontière faisait aujourd’hui défaut aux deux armées. Aussi cruciale qu’elle fût, la communication ne se faisait pas, et le surnombre des criminels ne mit que quelques instants à se faire sentir.

Un duo classique avait choisi de prendre Kreen en tenaille, se plaçant de façon à ce que l’un des deux soit toujours dans son angle mort. Le premier était un homme de haute stature, épais comme la lame de sa rapière. Il manipulait son arme avec adresse mais sans l’élégance à laquelle on pouvait s’attendre de la part d’un spadassin de la sorte. L’autre était plus petit mais, bien qu’elle ne l’eût aperçu que du coin de l’œil, la Gorgoroth avait pu analyser sa carrure comme étant robuste. Lui ne brandissait qu’une lame courte et recourbée dont il utilisait rarement le tranchant, préférant visiblement mettre à profit la dureté de ses gantelets, et surtout, sa magie. Depuis plusieurs secondes maintenant, la guerrière sentait un bloc de glace engloutir son biceps gauche.

Le froid mettrait un long moment à l’affecter, non seulement grâce à sa nature de mort-vivante, mais aussi de par l’épaisseur de son armure. Cela dit, l’eau congelée était lourde et entravait déjà ses mouvements, la forçant à maintenir son épaule haussée. Le plus grand de ses ennemis esquivait bien ses coups et parvenait, semblait-il, à se rendre partiellement immatériel, chose qui compliquait grandement la tâche de Scylla. Kreen avait espoir de se débarrasser de lui en premier ; elle savait qu’elle aurait besoin de le surprendre ou bien de le faire user de son pouvoir jusqu’à ce qu’il se vide de son essence divine, mais il était aussi vif que chétif, ce qui faisait de lui une cible primaire idéale. Pourtant, ses plans commençaient à perdre en pertinence. Le mage de glace s’en prenait désormais à sa cheville, et lorsque son œuvre atteindrait les genoux de la revenante, il pourrait aisément la faire basculer – alors elle serait à la merci des deux malfrats. Elle fit volte-face et opta pour une attaque que son opposant ne verrait pas venir ; elle lâcha simplement sa dague et fit appel à sa capacité de télékinésie pour l’envoyer droit vers le visage adverse. Le personnage portait un masque de bois, aussi Kreen ne lui présenta-t-elle pas la lame mais plutôt le pommeau de son arme qui le heurta juste entre les deux trous des yeux, percutant l’arête du nez avec violence et éclatant le matériau qui se brisa en un bouquet d’échardes. L’impudent poussa un grognement étouffé puis recula en gémissant, et la Cavalière en aurait profité si son acolyte ne s’était pas jeté sur elle. Il tentait intelligemment de l’atteindre dans la zone à nu entre son cou et son oreille, un minuscule carré de chair qu’on ne pouvait réellement atteindre que sous quelques angles. Après avoir rajusté sa prise sur son épée et s’être glissé sur le côté, il était parvenu à planter sa pointe dans la peau rigide de la Gorgoroth qui sentit le métal s’immiscer en elle en un frisson. La sénestre libérée, elle s’empressa de refermer une main sur la lame afin qu’elle ne s’enfonce pas plus, et de jeter un regard furibond au fou qui avait osé la blesser.

Aussi courageux et habile qu’avait été l’assaut, il s’avéra finalement être une grave erreur. Kreen avait désormais l’emprise sur la rapière, et à l’autre bout de l’arme, aussi fermement qu’il serrait sa garde, le freluquet n’avait plus aucune chance. Elle extirpa sèchement le fer de son cou et exerça sur l’objet une pression contraire à celle que le rebelle tentait de préserver ; il vacilla, incapable de tenir tête à deux cent livres de muscles renforcés par la mort. Lui asséner un coup de fléau ou simplement lui piétiner le crâne aurait été le plus efficace, mais la rage de la commandante la rendait théâtrale. Elle fit virevolter l’épée afin de s’en équiper, et alla en planter l’extrémité dans la gorge du bandit, lentement et profondément, à travers sa trachée et jusqu’à ses cervicales.

Un peu plus loin, l’autre scélérat avait retiré son masque et découvert son nez sanguinolent, mais il ne semblait pas incapacité par ses lésions. Une rage animale émanait de ses yeux sombres, et elle enfla davantage lorsqu’il vit Kreen briser le gros de la glace autour de ses membres en quelques coups. Un nouveau bloc apparut alors sur sa main gauche, entre ses doigts et jusqu’à ses premières phalanges qui se figèrent. Elle tenta bien de serrer le poing mais la substance gelée était trop épaisse… La Gorgoroth haussa les épaules, indifférente. Cela ne l’empêcherait pas de manipuler Thelxiépie à distance, or la dague gisait non loin. Par la pensée, la guerrière la souleva et lui assigna une trajectoire similaire à sa première attaque, la lame en avant cette fois-ci. L’individu esquiva du mieux qu’il put, titubant alors qu’il essayait encore d’exercer son don sur le coude de son ennemie. Étourdi, accablé, il laissa son attention se diviser un court instant – Kreen parcourut les quelques pieds qui les séparaient et lui asséna un coup de fléau si puissant qu’il fut projeté vers le haut et resta embroché sur les pics de Scylla jusqu’à ce que son sang le fasse glisser au sol.

Non loin de là, Greld enjambait ses victimes pour poursuivre son œuvre là où ses services étaient requis. Urogh et deux de ses hommes formaient une équipe implacable qui, par une excellente harmonie entre les coups tranchants qu’ils portaient à tout va et la danse étourdissante de leur mage, faisait pleuvoir les cadavres. Kreen fit un tour sur elle-même afin de choisir sa prochaine bataille. Au pied d’une saillie rocheuse qui penchait dangereusement vers le vide, elle vit deux Cavaliers reculer face à une silhouette immense aux gestes balourds mais d’une brutalité sans nom. Du sable gris crissa et dégringola sous les bottes d’un des enfants de Sharna ; il bondit sur le côté et effectua une roulade qui, à son grand dam, le plaça de nouveau sous la portée de son adversaire. Il fut sauvé par la vivacité de son compagnon qui para de son bouclier avant de s’éloigner de nouveau par acrobatie, sans pour autant reprendre l’avantage. La commandante poursuivit son observation. Son regard s’arrêta sur un de ses soldats qui affrontait seul un Yorka aux traits simiesques. S’il n’avait pas l’air d’être en difficulté tactique, il avait le dos courbé, et Kreen remarqua bien une curiosité. À sa chevelure et son équipement, elle avait cru reconnaître le Cavalier en question, mais elle se souvenait de lui comme étant droitier, or il tenait présentement son marteau de la main gauche. Elle n’eut le temps que de plisser les yeux. Un mur de flamme apparut sans crier gare entre le combattant et le macaque qui avait maintenant le bras levé. Le feu éclaira la zone dans un large périmètre, forçant les plus proches à fuir mais permettant à d’autres d’enfin apercevoir les détails sur les armures et les équipements de leurs opposants. Il jeta également une lumière infernale sur le faciès du singe, désormais déformé par un large sourire triomphant. La revenante baissa les yeux sur son gantelet encore pris au piège dans la glace, puis les reporta sur son frère ébloui par le brasier avant de balayer encore une fois ses alentours. Elle vit qu’un lieutenant venait de vaincre et cherchait, lui aussi, des complices à assister. Kreen lui adressa un signe de tête vers les deux Cavaliers du bord de la falaise et revint vers l’incendie. Le rebelle tournait le dos à un grand nombre de ses alliés, aussi ne put-elle pas se téléporter derrière lui, mais elle apparut aux côtés de son subordonné. Elle fit valser la chaîne de Scylla à travers les flammes dans le simple but de forcer le pyromane à se replier, puis, une fois que la distance entre le feu et son créateur le lui permit, elle se téléporta de nouveau et le mit à mort aussi rapidement que possible. Il aurait été imprudent d’affronter le groupe qui assurait ses arrières, alors elle s’éloigna prestement et se réfugia à côté de son collègue, la sénestre tendue vers la chaleur ardente afin de faire fondre l’œuvre de l’homme masqué.

« – Vous avez besoin de soins, n’est-ce pas ? La commandante gardait un œil alerte sur les dissidents qui lui faisaient face, d’autant que, sans le magicien pour les maintenir hautes et vives, les flammes faiblissaient déjà. Son soldat acquiesça d’un geste discret de la tête. Des capacités à distance ?

– Oui, je pourrai assister depuis les remparts. La mort-vivante se moquait bien de savoir quel type de sort l’officier pourrait lancer tant qu’il le faisait correctement. Elle eut un geste satisfait de la tête.

– Je vous couvre jusqu’à un soigneur. Une fois d’aplomb, priorisez les attaquants qui tentent de nous disperser. »

Les deux Cavaliers trottèrent vers le bâtiment principal en examinant, sur le chemin, chacun des leurs. Ils étaient à la recherche du signe que portaient tous les serviteurs du chaos dotés d’une magie médicale ; là encore, il s’agissait d’une marque dont seuls les membres de l’armée avaient le secret, sans quoi leurs adversaires se précipiteraient pour anéantir les infirmiers en premier... Enfin, ils repérèrent une consœur aux talents adéquats, juste devant la herse. Elle affrontait deux bandits ; Kreen en attrapa un par la cape et lui écrasa la poitrine avant d’ordonner à la jeune femme de soigner le blessé pendant qu’elle s’en prenait au second pendard.

Sa progression à travers les combats la mena jusqu’à une paire d’éridaniens aux prises avec trois hors-la-loi, et pas des moindres, puisqu’ils faisaient partie du dernier tiers encore debout et leur donnaient très visiblement du fil à retordre. Amusément, cette vision la rassura, car même si elle avait vu le convoi se faire assaillir directement, elle se méfiait beaucoup trop pour supposer sans preuves que l’armée voisine était parfaitement innocente. Elle recevait là la confirmation qu’elle aussi, était prise de court, et que l’incident n’était pas de son fait – du moins, pas en apparence, mais ce n’était pas le moment de soupçonner jusqu’à s’en faire tourner la tête. Avant de venir en aide aux gardes submergés, elle inspecta scrupuleusement ses alentours, s’assurant qu’aucun de ses frères et sœurs n’avait besoin d’elle. S’associer à des soldats étrangers avait toujours procuré à la phelgranne un sentiment amer ; ce n’était pas tant dû à l’idée de fréquenter des individus venus d’ailleurs mais plutôt au fait de devoir mettre à profit d’autrui les connaissances qu’on n’apprenait qu’auprès de sa nation. Elle était plus patriotique que xénophobe, et plus fière encore de sa caste que de son peuple, alors assister les guerriers du Méphrit pour mieux laisser périr les siens lui aurait suffi à se donner la mort une bonne fois pour toutes.

Elle était allée récupérer sa dague et la tenait de la même manière qu’au début de l’affrontement, prête à en faire tourner la pointe dès qu’une organe vital se présenterait sur sa gauche. Ayant déjà consommé une grande quantité d’essence divine, elle s’abstint de se téléporter ; elle aurait sans doute besoin de son bouclier contre les trois rebelles, tandis que, compte tenu de la configuration des choses, surgir de nulle-part ne lui aurait réellement servi qu’à en blesser un. Un éridanien fut puissamment repoussé, au point où il laissa des sillons dans les graviers et tomba à la renverse. Kreen prit immédiatement sa place, s’installant aux côtés de l’autre qui brandissait bravement son glaive mais avait toutes les raisons du monde de perdre espoir.

Un bandit à la carrure monumentale – sans doute un Zélos – leva sa massue et l’abattit de manière à faucher ses deux adversaires ; la Cavalière usa de magie pour parer, mais le coup fut si colossal que son écu divin sembla gondoler, et elle ressentit une vive douleur dans le bras alors qu’elle était poussée vers son allié, manquant de le bousculer. Ils s’échangèrent une œillade mi-figue mi-raisin avant de s’écarter et de charger les deux autres révoltés tout en quittant la zone de portée du géant. Kreen hurla qu’on lui vienne en renforts, et plusieurs silhouettes, peut-être pas toutes phelgrannes, vinrent apporter leur secours. Avec un bras engourdi et plusieurs entailles sur la jambe – des séquelles laissées par une arme vraisemblablement magique qui s’était évaporée dès que l’âme de son propriétaire avait rejoint le royaume de Kron – la Gorgoroth préférait ne pas jouer les intrépides.

Elle se retrouva ainsi aux côtés d’une guerrière d’apparence haut gradée dont elle ne prit pas le temps d’analyser les traits ; une véritable mêlée s’était formée autour d’elles, et alors que quelques instants plus tôt, elle ne faisait face qu’à un seul homme, elle et trois autres individus affrontaient maintenant un ballet de criminels qui ne les laissaient pas s’avancer. Les silhouettes encapuchonnées jouaient d’allées et venues entre les plus rapides qui traversaient le cercle de leurs opposants en donnant des coups de taille incessants, les mages qui alternaient entre sorts incapacitants et attaques de front, et les brutes qui faisaient reculer quiconque tentait de sortir de la zone d’influence de leurs camarades. Bientôt, Kreen vit ses mouvements bien trop restreints, car ses cobelligérants étaient régulièrement repoussés vers elle, et elle dut faire barrière de son corps plusieurs fois afin d’épargner un soldat en pleine préparation de magie – aussi se vit-elle contrainte de glisser Scylla à son ceinturon. Elle sentit le fléau d’armes alourdir son côté droit, ses pointes grincer contre le cuir de son plastron à chaque geste, le manche cogner contre sa cuisse… Si elle chérissait cette arme, elle détestait avoir à la mettre de côté. Faire abstraction de l’inconfort ne lui coûterait pas trop, cela dit, la force de l’habitude aidant grandement. Elle s’équipa d’Aglaophème, de la même façon que sa jumelle, et laissa un ennemi venir à elle. Il l’attaqua avec une épée dont elle para la plupart des coups avec sa simple armure, s’approchant à pas mesurés pour le forcer à en venir aux mains. Il était lui aussi pourvu en dagues mais était bien plus petit qu’elle, et clairement doté d’une mâchoire humaine ; le coup de poing lui brisa immédiatement la mandibule. Kreen ne s’attarda pas et fit quelques pas en arrière afin de ne pas laisser de brèche dans sa défense. Elle aurait pu se téléporter hors de tout ce foutoir, mais le nombre de Cavaliers et d’éridaniens encore à l’extérieur suffirait bien à mettre à mort toute cette vermine. Allait-elle servir de distraction, les maintenant occupés pendant que ses alliés les prendraient à revers ? Elle n’avait rien contre l’idée. En reculant, elle finit par heurter quelqu’un avec qui elle se retrouva parfaitement dos à dos. Elle jeta un œil par-dessus son épaule afin d’en vérifier l’identité, puis, satisfaite, ajusta sa posture avant de provoquer un brigand d’un signe de la tête.

Et pendant tout ce temps, elle espérait que quelqu’un se charge du Comédien, parce qu’elle-même n’était plus bien certaine de savoir où il était censé être.


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Ykk3

avatar by freedom XI
signature by Sergey Snegirev
Revenir en haut Aller en bas
:: Bras Armé d'Eridania ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Cassandra Raikes
:: Bras Armé d'Eridania ::
Cassandra Raikes
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeSam 10 Sep - 19:34

Hell knows no greater fury
Le fracas de la bataille emplit très vite le chemin jusqu'au fort. Ils avaient prévu le coup... Les Renardiers se sont fait avoir... Je ne sais pas où est passé Kennedy, du coin de l'œil je vois Ela qui démolit une femme dont le capuchon est tombé par la force de ses poings avant de se servir de la malheureuse comme d'un bouclier terran afin de parer l'attaque d'un autre homme.

Quant à moi, je ne sais pas qui j'ai à mes côté mais je sais en revanche que c'est une sacrée combattante. Pas une bretteuse comme moi mais ça tournoie, ça tranche, ça tue. Impressionnant... Mais je n'avais pas le temps d'admirer le combat car j'y pris fatalement part. Le bouclier devant moi encaissa un choc magique, sort perdu ou attaque délibérée, je ne le savais pas mais la magie fut stoppée comme le serait un trait. Un froid mordant me parcourut la main puis le bras de mon uniforme renforcé. Quelqu'un avait cherché à me congeler sur place... ? Il y avait des coups qui se perdaient... Où était le Comédien ? D'abord, dégager les deux crétins devant moi. Je n'attendis pas qu'ils attaquent pour riposter, aussi, ne possédant pas la rapidité de la furie de tout à l'heure, je ne pouvais que compter sur mon sens du placement et de l'anticipation. Je pris une inspiration... avant de déployer mon expérience de guerrière. En une poignée de secondes, le premier assaillant se prit un violent coup de bouclier en pleine poire, ce dernier geignant dans une gerbe de sang, le second quant à lui vit sa lame détournée avant de manger ma semelle dans ses bijoux de famille. Il fut plié en deux avant que sa gorge ne rencontre le fil de ma lame tandis que son comparse, étendu à terre fut empêché de se relever avec une bottine et une épée en travers de la gorge. Il mourut sans avoir eu le temps de prononcer un mot, son cri devenant un gargouillis inintelligible. La mort était donnée, sans une seule once de clémence.

CASS' TONN BOUCLIER ! hurla Ela au milieu du tumulte de sa voix de cheffe de bataillon. J'eus à peine le temps de lever la tête avant qu'un trait ne siffle pas loin de ma tête. Mon bouclier se leva et fut salutaire car le choc d'une paire de traits suivants me surpris et me fit reculer. Je heurtai le dos de quelqu'un mais lorsque je tournai la tête, je reconnus à nouveau l'inconnue de tout à l'heure. J'avais l'impression que nous nous protégions mutuellement... D'un coup d'épée, je brisai le bois des traits fichés dans mon bouclier. Un cor se mit à sonner venant du fort avant qu'un autre ne réponde, quelque part parmi la mêlée autour du chariot qui contenait le prisonnier. Ela, ELA ! Où est ce FOUTU PRISONNIER ?? En effet à ma grande horreur, malgré la confusion de l'affrontement, je constatai que la cage qui retenait le criminel prisonnier était vide. Non... Il avait pu s'évader ? Mais... Où il est cet enfoiré ? Je me retournai vers l'illustre combattante qui venait de tuer un autre encapuchonné. Ce ne pouvait pas être elle... ? Je défis les capuchons des hommes que je venais de tuer. Non... Il avait pu s'enfuir ? Je fis un grognement de rage, non sans écarter brutalement un gus qui avait essayé d'enjamber un cadavre. Putaing ! C'connard s'est fait la malleuh ! intervint Ela auprès de moi. Retrouvez le ! Retournez tous les cadavres. Et vous, donnez nous un coup de main. Ils ne doivent pas s'échapper dis-je à l'adresse de Double Lames Tournoyantes. Ela donna un autre coup d'épée avant d'être aidée par des soldats de ma garde venus en renfort. En armes, ils se mirent à charger le long du chariot afin d'enfoncer les rangs ennemis pour dégager de la place. L'ennemi commençait à se replier car nous étions en train de reprendre le dessus sur eux.

Ohhhh Oh emmpêchez les d's'ennnfuir cong ! L'comédieng est parmi eux faut l'choper ou y faire la peau ! Mes gardes reculèrent jusqu'à former un barrage de lances afin d'essayer de couper le chemin étroit menant au fort pendant qu'avec le reste de mes troupes et des phelgrans, on se battait avec le restant des ennemis. Où est ce qu'il se trouvait ? Avons nous été trahis ? Aucune foutue idée sur ce qui se passait... Je ne savais pas si Double Lames en savait plus que moi mais une chose était sûr, elle ne laissait que des cadavres sur son chemin. Je refis sonner du cor afin de rassembler mes troupes restantes et que nous nous battîmes en bon ordre. L'effet de surprise était maintenant passé, il n'en restait pas moins que ceux qui étaient là étaient des redoutables ennemis. Je fus aux prises avec un bretteur un peu trop doué à mon goût, il paraissait même se moquer de moi avec un style peu académique et provocateur, j'étais même en train de le surprendre à danser avec sa lame. Des fioritures que je me disais, ce que je détestai sur un champ de bataille. Sa lame n'avait pas l'air dangereuse mais il se mouvait avec une rapidité étonnante que je crus y être passée une paire de fois. Les pieds, regarder les pieds... Essayer d'anticiper son prochain mouvement... Une inspiration... On se concentre Cassandra... Mon bouclier se mut dans un timing parfait pour surprendre l'adversaire et le lui coller sur le pif. J'y mis un peu plus de force que nécessaire ce qui l'envoya en arrière sur quelques mètres. Je chargeai vers lui mais il se releva foutrement vite. Toutefois il s'écarta puis fit un pas en arrière, comme s'il allait s'enfuir... Je le chargeai à nouveau mais de façon à le faire bouger vers Double Lames qui se trouvait non loin de là et du coin de l'œil, j'avais l'impression qu'elle l'avait vu aussi. Si jamais cette enflure était peut-être le Comédien, il était foutu...

4 Firion, Saison Nivéria, 1306 Ère Obscure
Codage par Libella sur Graphiorum


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Rmk5
Revenir en haut Aller en bas
:: Séide du Chaos ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kreen
:: Séide du Chaos ::
Kreen
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeMar 27 Sep - 21:10

L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Banner20


Les traits crispés par une douleur lancinante, le jeune Chin se massa le sternum. Son ennemi avait poussé son dernier souffle mais les effets de sa magie perdureraient encore longtemps, car la poudre de cendres qu’il lui avait fait inspirer pesait encore sur les poumons du Yorka. Il se força à tousser en balayant ses alentours du regard, espérant pouvoir prendre une minute pour soulager ses bronches embrasées. Les attaquants se concentraient désormais sur un groupe d’éridaniens et de phelgrans, non loin de la prison du Comédien, et les cadavres qui jonchaient la roche étaient très majoritairement ceux de l’adversaire. Bientôt, ses expectorations lui brouillèrent la vue tant elles lui griffaient la trachée, alors il se replia jusqu’à se trouver dos à la muraille.

Tout s’était déroulé trop vite. Une seconde, il se tenait encore aux côtés de son compagnon de toujours, de son plus vieux et plus fidèle ami ; Sigyn, ce grand Terran au sourire de travers qui n’avait jamais cessé de veiller sur lui. Celle d’après, ils avaient été arrachés l’un à l’autre, comme si une tornade était passée entre eux dans le seul but de les séparer. Sigyn s’était volatilisé. Plusieurs fois, alors que le chaos se déchaînait sur le vallon, il avait cru entendre sa voix rauque, et il avait même vu passer sa cape le temps d’un éclair, cette étoffe si facilement reconnaissable par le blason mal brodé que son confrère arborait fièrement. Mais depuis que ce satané bandit s’était jeté sur lui et avait tenté de lui remplir la poitrine de poussière, Chin n’avait plus eu signe de son camarade. Ses petits yeux noirs parcouraient le champ de bataille avec frénésie. Il n’était pas prêt à perdre ce qu’il avait de plus précieux.

Enfin, une silhouette familière se dessina. Sigyn surgit de derrière une saillie, la lèvre ouverte mais le pas décidé, visiblement peu dérangé par le désordre que la bataille semblait avoir mis dans ses pièces d’armure mal ajustées. Il contournait les affrontements d’une allure pressée et se dirigeait plutôt vers le fort en jetant des coups d’œil fréquents par-dessus son épaule. Cette vision, quoiqu’incongrue, parut comme une bouffée d’air frais et pur à Chin qui n’était plus très loin de s’affaisser au sol.

« – Si… Sigyn ! Sigyn ! Appela-t-il en lui faisant signe. Le Terran ne sembla pas l’entendre la première fois, mais il tourna enfin la tête dans sa direction et accourut, une expression aigre-douce sur le visage. Je… J’ai besoin d’un peu d’aide… Commença le Yorka alors que son compagnon l’aidait à se redresser. »

Une quinte de toux passée, l’homme-pangolin fit un pas en arrière avant de plonger son regard dans celui de son complice, de murmurer un mot, et de lui adresser un signe de la main complexe. L’autre parut se renfrogner. Il bredouilla et écarta les bras, les sourcils bas sur ses yeux assombris.

« – Jeee… Je sais plus, écoute, bien sûr que c’est moi mais on n’a pas le temps pour ça, il faut absolument qu’on aille chercher de quoi retrouver le Comédien ! Il s’était déjà mis en marche vers le bâtiment, animé de gestes nerveux avec lesquels il tentait de convaincre son ami de le suivre. Le Yorka s’étrangla avant de lui attraper le bras, la lame de nouveau au clair. Le geste lui arracha un gémissement d’horreur, mais il tint tête. Il répéta le mot secret et leva le menton, sûr de lui. »

Le temps se suspendit au-dessus d’eux, comme si les dieux s’étaient détournés de toutes leurs entreprises pour mieux suivre le déroulement de cette scène. Et lorsqu’enfin, il daigna bouger, c’est un sourire cruel qui tira les lèvres de Sigyn.


*
*            *



Le malfrat que Kreen avait invité à danser était large, plus large qu’elle, et par conséquent, très lourd. Sa puissance de Gorgoroth suffit à ne pas céder face à ses coups individuels, mais leur nombre risquait de la faire faiblir si elle se contentait de parer en attendant qu’un autre prenne le géant à revers. Elle finit par esquiver en se penchant vers l’avant et attrapa une large sangle sur l’armure de cuir de son ennemi. Ancrée fermement au sol par une tension d’acier, elle ne vacilla que peu lorsqu’il gigota pour la chasser, et parvint à obtenir une ouverture dans ses gesticulations. D’un puissant coup de botte, elle frappa l’espace entre son protège-tibia et son genou, provoquant un choc jusque dans sa cheville. Son hurlement trahit une douleur violente, pour autant, il ne bascula pas. Il agita plutôt le bras dans l’espoir de la saisir par le col, ce qu’elle tenta de contrer simplement avec un coup de tête bestial pour lui envoyer ses cornes dans le muscle. Si la manœuvre ne fonctionna pas réellement, elle lui permit de se rapprocher davantage, et désormais blottie contre lui comme si elle cherchait à lui murmurer quelque mot d’amour, elle lui planta Aglaophème dans le flan. La lame passa dans la couture entre deux pièces de cuir et rencontra plusieurs couches d’obstacles mais finit par s’enfoncer de près d’un pouce dans la chair. Désormais vulnérable, Kreen repoussa le colosse aussi fort qu’elle le put et recula, abandonnant sa dague en lui.

Il fulminait et son côté gauche le faisait clairement souffrir, mais il était prêt à, lui aussi, prendre ce temps pour analyser l’état de son adversaire et préparer son assaut. L’espace d’un instant, les deux combattants se toisèrent, l’échine ployée par l’appréhension.

Et puis ce fut le noir absolu. Les lunes, les astres, les torches et le feu des magies qui tourbillonnaient tout autour – tout s’était éteint. Jamais la nuit n’avait été aussi obscure. Un sifflement perçant, infernal, se substitua à la mélodie guerrière, comme si le monde entier s’était figé pour mieux apprécier les sanglots d’un unique violon. Et puis la pierre se déroba sous elle. Elle fut soulevée dans les airs par la mâchoire, une main gigantesque sur son menton et ses joues. Les sens lui revinrent dans une cascade de souffrances – musculaires, osseuses, nerveuses, des pieds à la tête. Il avait suffi d’une seconde d’assommement magique pour que le bandit la saisisse au visage et l’arrache au sol, un rictus férocement machiavélique sur son faciès ingrat. Sa force physique dépassait de loin celle des mort-vivants. Si elle n’était pas divine, alors il n’était pas de ce monde. Kreen serra la main sur la garde de Thelxiépie, et réalisa qu’elle n’était plus là. Elle n’était même pas en vue.

Lorsqu’elles étaient réapparues dans le ciel, les étoiles avaient manifestement ramené du renfort, car une myriade de petits points lumineux tournait maintenant devant les yeux de la commandante. Trop sonnée pour réfléchir stratégiquement, elle ne sut quelle magie invoquer – elles lui seraient presque toutes utiles de toute manière – mais elle éveilla son essence divine aussi vivement qu’elle le put. Et rien ne vint. Quelle qu’était la magie qui l’avait plongée dans le coma une seconde plus tôt, elle était encore à l’œuvre et l’empêchait de puiser dans ses propres pouvoirs. D’ailleurs, cette affreuse malédiction n’était probablement pas l’œuvre du gladiateur, compte tenu de la puissance surnaturelle dont il faisait déjà preuve. C’était plutôt le travail d’un acolyte qu’elle ne pouvait apercevoir. Le supplice et l’impuissance lui fit effleurer la panique du bout des doigts, mais c’était la fureur qui l’animait le plus. Et cela tombait bien, car elle ne pouvait plus compter que sur sa rage.

Kreen leva un genou et abattit sa botte, éperon en avant, sur le coude de son tortionnaire. Il ne sembla que légèrement importuné, voir amusé par la tentative, mais la Gorgoroth persista, et quand un carreau d’arbalète vint enfin transpercer le biceps du bandit, elle ajusta son angle de frappe dans l’espoir de lui briser l’articulation. Le colosse poussa un grognement sauvage alors que son bras se tordait et se repliait de façon peu organique, réduisant la distance entre lui et sa victime. Plus agacée que jamais, Kreen continua de lui infliger des assauts de sa botte pendant que son allié invisible tirait ses dernières munitions, jusqu’à ce que son ennemi se recroqueville sous elle. Sa main chercha la tête de Scylla, jusqu’à sa base, et extirpa l’arme de son ceinturon. L’espace d’un instant, elle en tint la masse comme un souverain son orbe crucigère, régalienne au-dessus de son adversaire prostré, la tête haute vers le royaume des dieux… Elle fit glisser la chaîne entre ses doigts, juste quelques maillons, et après un hurlement furieux, défonça le crâne du colosse.

Elle retomba brutalement et tituba sans chuter pour autant, contrairement à son ennemi désormais inerte qui lui laissa apercevoir, pour la première fois depuis un moment, ce que sa très large corpulence lui cachait.

L’horreur écarquilla ses yeux clairs comme une lance en plein cœur. La cage, découverte. Grande ouverte. Désespérément vide.

Kreen fit volte-face, ne sachant plus qui pouvait bien être dans son dos. Elle fit plusieurs pas à reculons de façon à aller récupérer Aglaophème sous les côtes de sa dernière victoire, et finit de réajuster sa prise sur le manche de son fléau. Décidemment, ses armes étaient engagées dans une valse endiablée.

Elle pouvait désormais observer la haut-gradée qui avait couvert ses arrières plus tôt, ainsi que deux autres éridaniens aux prises avec des bandits faiblissants, et une majorité de ses propres hommes… Et chacun de ces personnages pouvait être le Comédien. L’absence du criminel ne mit pas longtemps à être annoncée, ce à quoi les militaires des deux armées répondirent promptement en examinant, quand cela était possible, les cadavres qui les cernaient… Une enquête bien vaine, finalement. Aucun corps ne portait de menottes à intras, et s’il avait pu se défaire de ses entraves, alors l’usurpateur devait être déjà loin… Ou alors bien debout, bien vivant, sous les traits d’un brave soldat. Kreen se joignit à l’inspection sans grand empressement, convaincue que le polymorphe était tout sauf mort ; elle entendit d’ailleurs la meneuse d’en face lui ordonner d’imiter ses subalternes, et lui adressa une œillade sceptique.

Les assaillants n’étaient plus qu’une petite dizaine, aussi les guerriers n’eurent-ils aucun mal à se coordonner pour leur couper la route. Après s’être remis les idées en place, la Gorgoroth se rapprocha de l’affrontement, mais elle ne rejoignit pas complètement ses troupes ; à partir de maintenant, il était presque plus sûr d’être parmi les ennemis que parmi ceux qui avaient l’apparence de ses alliés. Elle choisit de se glisser derrière la ligne adverse pour mieux la prendre en tenaille et assister ses réels associés sans pour autant être à portée de leurs coups. Non loin de là, Greld semblait avoir adopté la même approche, et c’est comme une partie de jeu de paume qui s’engagea entre les deux armées, avec pour balles les malfrats affaiblis qui ne parvinrent pas à fuir.

Lorsque la cheffe éridanienne fit reculer un attaquant dans sa direction, la Gorgoroth se faufila hors de son champ de vision, et l’ouverture parfaite ne tarda pas à se présenter à elle. Gardant un œil alerte sur son premier adversaire, le malchanceux ne vit pas que son troisième pas en arrière le plaçait sous la portée de Scylla, dont la trajectoire promettait une pulvérisation de la cage thoracique. Pourtant, le fléau grésilla, un battement de cil avant de rencontrer sa cible, et rebondit puissamment en arrière, emportant le bras droit de Kreen qui dut lutter pour retenir le fâcheux élan. Le bougre portait un plastron enchanté, et s’il était rapide, il avait une chance de passer entre les mailles du filet…

Les nerfs de la commandante commençaient à lâcher. L’assaut magique dont elle avait été la cible juste avant de devenir le hochet d’un gros rustre lui tournait encore la tête, et le fait que cette si simple mission fût en train d’échouer misérablement lui faisait grincer les dents. Ces sales rats de rebelles étaient presque tous morts ou faits prisonniers, les armées n’avaient pas perdu la guerre, mais le Comédien s’était échappé et elle avait probablement perdu des hommes. Sa colère devait jaillir. Après avoir rangé prestement ses armes, elle se téléporta dans le dos de l’autre vermine, contre lui, et lui saisit le crâne sans aucune délicatesse en lui enfonçant les pointes de son gantelet dans les chairs du visage. C’est en se débattant vainement contre la poigne surnaturelle de Kreen qu’il se brisa lui-même le cou, et après qu’il se fut écroulé, le Séide donna un coup de botte dédaigneux dans sa carcasse.

La mort-vivante prit un peu de recul et constata que tous les brigands avaient été neutralisés, massacrés pour la plupart. Autonomes, les soldats éridaniens comme ses confrères s’étaient aussitôt engagés dans une inspection minutieuse des cadavres et de tous les alentours. En plus de cela, les Cavaliers s’étaient déjà attelés à la tâche qui consistait à mettre les prisonniers entièrement hors d’état de nuire et de les mener jusqu’aux geôles du poste-frontière. Leur rythme, cela dit, était ralenti par le protocole qui consistait à vérifier l’identité de chacun des collègues dont on s’approchait. En présence d’un criminel à l’apparence changeante, cette précaution était plus que nécessaire.

Kreen s’empressa de faire de même auprès de Greld. Ils se fixèrent un moment, le Zélos murmura le mot de code en effectuant un curieux mime, et la Gorgoroth lui répondit avec le terme et le geste complémentaires. Une moue résignée modela les lèvres de la commandante alors qu’ils se posaient mutuellement une main rassurée sur l’épaule. Avoir recours à ce stratagème la chagrinait. Elle y voyait comme une marque indélébile de défaite. Les deux guerriers s’échangèrent quelques murmures, puis ils entreprirent de réitérer la manœuvre avec leurs subordonnés.

La cacophonie de la bataille mourrait lentement alors que les fers ne se croisaient plus et que les sorts finissaient de s’évanouir. Bientôt, le vallon ne laissa plus résonner que le son du métal que l’on traine, et celui des conversations entre les vainqueurs qui ne s’enguirlandaient pas encore. On put alors percevoir les bruits sourds d’une lutte proche mais cachée, et les couinements caractéristiques de cris étouffés. Restait-il encore des disparus à sauver ? Qui bataillait encore alors que le camp des hors-la-loi était décimé ? Les sangs ne firent qu’un tour. Tous ceux dont les mains n’étaient pas prises accoururent à la recherche de ce dernier duel, jusqu’à ce que quelques gémissements les attirent dans un renfoncement rocheux à l’abri de la lueur lunaire.

« – À l’ai-… C’est… Lui… »

Les paupières de Chin papillonnèrent et tombèrent sur ses yeux juste au moment où une flèche transperçait le front de son agresseur. Les deux Cavaliers s’écroulèrent. Fatalement, à la manière de deux familles éplorées devant la mort de leurs enfants rivaux, les éridaniens se jetèrent sur le corps du Comédien tandis que les phelgrans se précipitaient sur leur confrère dans l’espoir de le sauver. Lorsque le criminel déguisé laissa échapper son dernier soupir, il se métamorphosa ; les traits fiers et durs de Sigyn laissèrent place à des contours enfantins, ses cheveux rêches et roux à des bouclettes brunes, et il se ratatina, jusqu’à perdre entièrement sa carrure de guerrier et regagner celle de pantin mal nourri que l’on connaissait.

Le Comédien était bel et bien là, et il ne respirait plus.

Kreen bouscula la foule à la recherche du tireur. Si Chin était encore en vie, alors l’archer avait sauvé la vie d’un de ses hommes, mais elle espérait également de tout cœur que le malfaiteur dont on lui avait confié la garde n’avait pas été abattu par les siens. Les autorités voisines espéraient sans doute encore tirer quelque chose du Comédien. Les Cavaliers de Sharna ne seraient pas punis pour sa mise à mort prématurée.

Dans sa quête fébrile, la Gorgoroth croisa le regard de son homologue éridanienne. Elle ne doutait plus du tout de son identité, et Générale Raikes ne semblait pas plus ravie qu’elle de la situation. Kreen lui adressa une œillade lourde de sens avant de rugir de sa voix rocailleuse.

« – Que le tireur se montre sur le champ ! »


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Ykk3

avatar by freedom XI
signature by Sergey Snegirev
Revenir en haut Aller en bas
:: Bras Armé d'Eridania ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Cassandra Raikes
:: Bras Armé d'Eridania ::
Cassandra Raikes
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeJeu 17 Nov - 14:14

Hell knows no greater fury
Soudaine fut la violence dont fit preuve Doubles Lames quand le type que je chargeais fit sa rencontre. Il était manifestement bien protégé mais je ne pus voir leur affrontement car je fus à mon tour attaquée. Les rangs des ennemis nérozias se clairsemaient à vue d'œil car l'effet de surprise était passé et malgré leur assaut, une troupe militaire si elle n'était pas anéantie du premier coup prendrait le dessus par la force des armes. Toutefois, l'ennemi qui me fit face se battait plutôt avec l'énergie du désespoir que la véritable expérience du combat, j'en voulais pour preuve les hurlements qu'il était en train de beugler pour essayer de se donner du courage, une masse d'armes à la main. Comment est ce qu'il pouvait espérer faire du dégâts alors qu'il arrivait à peine à la soulever ? Sans doute était-il bon tireur à en juger par le carquois moitié vide à son côté mais il faisait un bien piètre combattant et on ne combat pas ainsi la générale de l'Armée.

Parade avec un coup un peu plus fort que ce à quoi je m'attendais mais je vacillai à peine derrière mon bouclier. Une esquive pour éviter le coup de masse qui m'aurait sûrement fracassé le visage... Puis une autre en faisant un pas sur le côté afin qu'il ne me l'abatte pas sur le crâne. Le pauvre type fut emporté par la masse de son arme qui s'écrasa par terre. Le temps que mon ennemi ne tire sur ses bras pour la relever et me refaire face, j'étais déjà son dos pour ne lui laisser aucune chance. L'honneur ou la courtoisie n'avait pas sa place en guerre. Certains pensent que l'ennemi aura les mêmes scrupules ou valeurs qu'eux mêmes, ils se trompent lourdement et c'est une leçon que l'on se doit d'apprendre à l'académie et que bien peu comprennent. Désormais, je partais toujours du principe que mon ennemi était capable des pires horreurs et coups bas possible. C'était eux ou moi et la mort ne me prendrait pas encore aujourd'hui mais bien ces inconscients d'anarchistes.

Le fil de ma lame lui racla la jambe pour le faire chuter un genou à terre avant que mon épée ne lui passe en travers de la gorge afin de terminer sa misérable existence. Son cri mourut dans un étranglement avec son propre sang avant que je ne le pousse d'un coup de pied comme si je bougeai quelque chose d'exécrable pour qu'il s'effondre en avant pour ne plus se relever. Je levai les yeux pour voir que Doubles Lames avait enfin tué son ennemi prétentieux. Bien ça... Je jetai un œil aux alentours pour voir qu'avec soulagement, il y avait plus d'armures eridaniennes et de Cavaliers que de manteaux noirs. Un peu plus loin, le visage avec des taches de sang, je reconnus la blondeur d'Ela qui soutenait un soldat blessé. Je ne voyais pas Kennedy... Je revins à la gorgoroth, l'épée gouttant du sang avec un léger hochement de tête jusqu'à ce que l'on entendit un petit bruit d'affrontement. Immédiatement, les valides se précipitèrent pour voir ce qui se passait et impuissants nous assistâmes aux évènements, soldats comme Cavaliers.

Un Cavalier était à terre agressé par... ce que l'on croyait être un autre Cavalier mais alors que le corps s'effondra, nous nous approchâmes pour voir de qui il était question et sous mes yeux écarquillés... les traits candides et les cheveux mal coiffés du Comédien apparurent sous nos yeux, avec ce trait en plein front qui le rendait malgré tout reconnaissable. Je devins livide, frustrée, de voir que le prisonnier que l'on s'était donné tant de mal à capturer était mort, tué un peu trop vite à mon goût. Je mis bien plusieurs secondes à ne pas devenir ivre de colère et à lutter pour garder mon calme au milieu de mes hommes... mais celle qui était donc la cheffe des Cavaliers, la dénommée Kreen raviva ma colère en criant l'ordre que tout le monde espérait. Malheureusement pour nous, personne ne répondit.

Qui a tiré ??

Les soldats se regardèrent entre eux et personne ne répondit. Ceux qui possédaient encore une arbalète essayèrent de s'en débarrasser sans succès car je le foudroyais du regard. Non... Non ça ne pouvait pas être mes hommes, ils avaient participé à l'opération ou savaient que le Comédien était un prisonnier de haute valeur qu'il ne fallait pas tuer, ce n'était pas possible... Et les Cavaliers ? Personne n'avait l'air non plus de se dénoncer. Le coupable se trouvait-il parmi nous ? Mon détachement ? Celui des Cavaliers ? Ou bien... Je la regardai puis croisai le regard de Kreen en réalisant avec une certaine horreur une éventualité. Et si... le tireur n'était pas des nôtres mais de ceux d'en face ? Ça voudrait dire que nous ne les aurions pas tous tués ? Que l'un d'entre eux a pu s'échapper et tuer l'un de leurs meilleurs agents ? Je rangeai mon épée et remis mon bouclier dans mon dos avant de me pencher sur le cadavre du jeune homme ratatiné et d'examiner l'empennage du trait qui dépassait de son front. Tout sombre et simple... Il ne me disait rien.

Je voulus comparer avec l'un des nôtres mais malheureusement, l'un des survivants de mon unité s'emporta avec l'un des Cavaliers en criant que c'était eux qui l'avaient tués et que c'était de leur faute. Aussitôt, les esprits s'échauffèrent davantage, déjà bien remontés par la bataille précédente. Une rixe se déclencha, les Cavaliers rétorquant qu'ils n'y étaient pour rien et que c'était les soldats qui ne savaient pas retenir leurs carreaux. Une bagarre générale s'enclencha entre eux.

Assez, ASSEZ ! ON SE CALME SOLDATS !

*BONK* Oh VOS GUEULEUH ! Merde z'êtes timbrés ?? ÇA SUFFIT OH !

ARRÊTEZ VOS PUTAINS DE CONNERIES ! ... Merde alors, vous voulez aggraver la situation ?? Calmez-vous ! Le prochain qui déclenche une bagarre passe en cour martiale et je m'arrange pour qu'il nettoie les chiottes de son unité pour le restant de ses jours !

Je me mis au milieu non sans distribuer quelques beignes pour séparer militaires et phelgrans avant d'ordonner le calme. Puis, sans prévenir, je repoussai brusquement en arrière le soldat le plus avancé pour faire reculer toute mon unité. Ela avait donné du poing dans la mêlée et était prête à casser un nez de plus si quelqu'un mouftait encore mais personne n'osa aller contre mes ordres et la discipline militaire fit que mes soldats se turent non sans des regards furieux et courroucés.

Occupez vous des blessés et de nos morts au lieu de vous battre encore. Rassemblez tous ceux que vous pouvez et portez les au fort. Les blessés, faites vous soigner, les autres, confinement dans vos quartiers du fort jusqu'à nouvel ordre, le temps qu'on évalue la situation.

Les ordres furent donnés à mes soldats qui s'en allèrent non sans des regards belliqueux envers nos partenaires de l'opération tandis qu'Ela alla s'assurer que tout se faisait comme je l'avais ordonné. Seuls deux soldats de ma garde restèrent à mes côtés alors que je me tournai vers Kreen, avec ce teint violacé si familier.

Je vous suggère de faire de même, madame Kreen. Nous trouverons le responsable, qu'il soit de chez nous ou d'ailleurs. Rejoignez moi dès que vous le pourrez dans les quartiers du commandant du fort, nous avons à parler. Je vous y attendrai.

Je donnai des ordres, notamment au niveau de l'inspection du cadavre du Comédien que l'on emporterait et de vérifier que le carreau qui l'avait tué n'était bien pas de chez nous. Je fis signe ensuite à Ela de me rejoindre dès que possible et en espérant recevoir un premier bilan des pertes après cette embuscade. Puis, en pénétrant dans l'enceinte du fort, je me préparai mentalement à la discussion qui surviendrait inévitablement lorsque la cheffe des Cavaliers serait à mes côtés.

4 Firion, Saison Nivéria, 1306 Ère Obscure
Codage par Libella sur Graphiorum


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Rmk5
Revenir en haut Aller en bas
:: Séide du Chaos ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kreen
:: Séide du Chaos ::
Kreen
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeMer 18 Jan - 23:49

L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Banner20


Glacial et pesant, un silence s’était imposé, ne laissant que l’écho de ses propres mots répondre à la commandante. Les yeux glissèrent les uns vers les autres sous des fronts plissés, on tenta de scruter les ombres et les recoins depuis lesquels le carreau pouvait être parti, on inspecta ses homologues la suspicion sur les lèvres. Sans aucun ordre ni même un murmure à leur adresse, les Cavaliers Noirs étaient partis explorer la zone de tir supposée, le pas muet et la silhouette indécelable. Jamais un guerrier de Phelgra n’aurait commis une telle erreur ; pas un de ceux qui étaient présents aujourd’hui, en tout cas. Il n’y avait que deux autres possibilités, et la plus probable était de loin la plus effrayante. Kreen avait levé le regard vers les hauteurs à la recherche d’une forme suspecte, d’un spectre qui, maintenant gonflé d’orgueil, se serait laissé voir.

Brisant enfin le calme oppressant qui régnait sur le vallon en deuil, les phelgrans et les éridaniens se mirent à échanger quelques accusations, puis à pointer des doigts, puis à se tancer vertement. Sans doute la tension du combat retombait-elle sur leurs cœurs, invitant leurs langues à déverser toutes les insultes qu’ils auraient voulu adresser à leurs maudits assaillants. Kreen n’y prêta aucune attention. Elle savait pertinemment que cette réaction était humaine, temporaire, et que quelqu’un d’autre se chargerait de remettre de l’ordre. Greld était bon à cela. N’importe quel capitaine en aurait été capable aussi. Non, elle préférait poursuivre son observation des alentours, impassible. Il devait bien y avoir quelque chose ; le scintillement d’une armure sous les étoiles, un morceau de tissu taquiné par le vent. Le tireur se serait-il enfui dès son méfait accompli, sans s’inquiéter de connaitre la suite des événements ? Sans chercher à savoir ce que les soldats feraient du cadavre ? Elle laissa ses yeux tomber dans le lointain, dans la nuit au-delà des montagnes. Si son but était de faire taire le Comédien, alors oui. Sans doute était-il déjà très loin.

La générale en personne finit par faire taire les soldats enragés, puis elle distribua ses ordres. Bientôt, la masse désordonnée se transforma en un flot murmurant. Les corps inertes furent arrachés à la poussière et transportés dans des bras fatigués, cortège de morts et de blessés menés avec soin jusqu’aux portes du fort. La mort-vivante regardait déjà les siens s’occuper de leurs confrères quand son homologue se tourna vers elle et se permit de lui donner quelques injonctions.

Kreen ne répondit rien, et son expression faciale ne communiqua pas beaucoup plus. La perspective d’une tierce partie à l’origine de l’assassinat pesait si lourd sur son esprit qu’elle n’avait plus beaucoup de concentration à consacrer à la diplomatie – quant à ses soldats, ils n’avaient pas besoin de ses ordres pour se rapatrier correctement. Greld se pencha légèrement vers elle, et elle sembla sortir d’un songe éveillé quand elle se tourna dans sa direction. Le Zélos lui adressait une œillade insistante, les sourcils hauts. Visiblement, lui s’était attendu à une rétorque et se demandait pourquoi rien n’était sorti.

Si Générale Raikes avait été phelgranne, Sharna sait que Kreen lui aurait fait remarquer son impertinence d’un sarcasme affûté, mais avec les étrangers… Avec les étrangers, elle ne se fatiguait pas. Les hiérarchies n’étaient jamais pareilles d’une nation à l’autre et après tout, si celle des Cavaliers était inconnue des éridaniens, c’était plutôt une bonne – même si surprenante – chose. Elle leva les épaules et les yeux au ciel, une main lasse chassant l’absurdité de la scène.

« – Elle sait pas qui tu es ou… ? Commença le capitaine d’un ton badin, histoire de ne pas donner l’impression d’insister.

– Va savoir, chuchota la Gorgoroth en rejoignant ses soldats affairés. Tous deux se joignirent à la tâche, la mine toujours plus sombre à chaque nouveau blessé qu’ils devaient déplorer. »

Assistée de Greld, Urogh, et des capitaines et lieutenants locaux, Kreen distribua les guerriers dotés de sorts de soin et d’artefacts appropriés. Au final, seuls deux Cavaliers avaient péri : deux jeunes sentinelles affectées au poste frontière depuis sept et quatre mois respectivement. Les blessés étaient plus nombreux, et trois d’entre eux craignaient sérieusement pour leur vie. Il y avait eu parmi les attaquants des mages de haut niveau. Heureusement, on les privait actuellement de leurs têtes, et on les porterait bientôt au bûcher – ils rejoindraient alors les quelques rebelles qu’on avait tenté de faire prisonniers et qui avaient trouvé un moyen de mettre fin à leurs jours. Seul neuf respiraient encore, désormais fermement enchaînés dans les geôles. Le constat des dégâts était noir, et d’autant plus amer qu’il n’aurait jamais dû avoir lieu. Décidément, les Cavaliers de Sharna détestaient les surprises.

La Gorgoroth passa elle-même sur les remparts afin de recevoir les messages des espions envoyés inspecter les alentours. Elle suivit le chemin de la garde, s’arrêtant à chaque fois qu’un de ses confrères sombres lui adressait un signe de calme, plus loin, perché sur un pic ou posté sur un chemin de pierre. La corne de scala était de nouveau plongée dans une paix silencieuse, sous les lunes timides et les astres endormis et les nuages déchirés. Peut-être que tout le monde aurait dû se complaire, finalement. Le Comédien avait eu ce qu’il méritait. N’était-ce pas bienvenu ?

Kreen n’avait pas encore échangé avec Urogh, pas longuement en tout cas. Il était très en colère contre les Dieux et ne cessait de pester, incrédule devant l’échec de sa toute première mission en tant qu’héritier du grand Serph. Ses hommes se faisaient discrets, réticents à l’approcher. Que pouvaient-ils donc y faire, de toute façon ? La Gorgoroth l’observait d’un œil scrutateur alors qu’il finissait de panser ses propres blessures.

« – Tu veux que je fasse venir qui pour ton tête-à-tête ? Demanda Greld. Sa supérieure ne quittait pas le chef d’escouade des yeux. Il avait maintenant entrepris d’aiguiser sa lame avec fureur.

– Par Urogh en tout cas.

– T’es sûre ? Dans ce contexte, l’autorité du capitaine Karassh était pourtant presque égale à celle de Kreen, et l’importance de son témoignage dépassait celui de la commandante.

– Je le ferai venir plus tard. De toute façon, elle a rien à lui dire. La mort-vivante imaginait déjà Générale Raikes faisant des reproches au Zélos… Elle en aurait peut-être envie mais pas l’autorité, et s’il y avait bien une chose que Kreen ne pouvait pas supporter, c’était qu’on enguirlande ses hommes à sa place.

– Bon. Donc qui ?

– Toi. Et puis c’est tout. Fais juste en sorte qu’Urogh, Rémine et Jijka se tiennent prêts. Elle tenait à ce que le capitaine de convoi, le premier capitaine de la garnison et la capitaine Noire venue l’accompagner puissent intervenir lors de la discussion… Si c’était bien la discussion à laquelle elle s’attendait. Elle aurait aimé suffisamment connaître la meneuse éridanienne pour prévoir son discours et la façon dont elle souhaiterait traiter les choses, mais hélas, elle en savait peu. »

C’est une bonne heure et demie après la fin du combat qu’elle daigna enfin rejoindre les quartiers du capitaine du fort, le Gorgoroth Enmesharra. Elle ne pouvait pas prétendre s’être dépêchée… Quand on est Aurashaar, fidèle de Sharna et ancienne disciple d’Alton, on a la mesquinerie dans le sang. Greld et elle traversèrent la cour et passèrent prêt du feu que l’on allumait déjà. C’était les Cavaliers en garnison qui s’occupaient de l’incinération, et on pouvait aisément percevoir sous leurs capuchons que le deuil s’ajoutait à la fatigue. Avec un peu de chance, ils trouveraient du réconfort dans la danse des flammes autour des corps décapités de ceux qui avaient meurtri leurs frères.

Le garde annonça leur arrivée, et les deux Cavaliers Rouges pénétrèrent les quartiers d’Enmesharra. Kreen salua son collègue en premier, puis elle adressa un sobre hochement de tête aux éridaniennes.

« – Générale Raikes. Ses bras étaient déjà croisés en travers de sa poitrine. »


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Ykk3

avatar by freedom XI
signature by Sergey Snegirev
Revenir en haut Aller en bas
:: Bras Armé d'Eridania ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Cassandra Raikes
:: Bras Armé d'Eridania ::
Cassandra Raikes
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeLun 3 Juil - 15:03

Hell knows no greater fury
Un feu crépitait dans l'âtre des quartiers du commandant du fort, qu'on avait sommé de rester dans ses quartiers pour notre discussion en haut lieu. Tous les chefs et commandantes affectées à cette mission de transfert se réunissaient ici. Je fixai le type en uniforme de Cavalier qui commandait la garnison et qu'on avait demandé de rester assis là où il était, les bras croisés. Kennedy avait finalement refait surface, il était encore aux prises avec des rebelles avant de diriger l'assaut de ma garde pour couper la retraite aux fuyards. Mon capitaine de confiance arborait un gros bandage qui lui faisait le tour de la tête, que sa mèche cachait légèrement ainsi que quelques pansements. Kennedy nous dressa un premier bilan de nos pertes avec pas moins de quatre morts et huit blessés dont trois graves. Sur un peu plus d'une vingtaine de soldats de ma garde... Ela mit son visage dans sa paume alors que je croisai les mains dans mon dos, la poitrine en avant tout en prenant une grande inspiration pour exprimer mon désarroi. Au moins douze pertes... Celles des ennemis avaient été plus nombreuses, l'un de mes soldats m'ayant parlé d'au moins une vingtaine de morts mais ce n'était que de la confirmation visuelle. En termes pragmatiques, la bataille était une victoire mais en termes militaires, c'était un échec car nombre de bons soldats seraient hors de combat pour un bon moment, même soignés magiquement. Quelle victoire amère.

Les étrangers firent leur arrivée quelques minutes plus tard, un peu trop longues à mon goût. Ces gus étaient énervants, que je détestai la politique... Ils étaient en armes, comme nous et plus nombreux. D'instinct, je sentais bien que Kennedy avait la main sur la garde de son épée et qu'Ela, malgré le gros bandage qui faisait le tour de son biceps, était prête à envoyer un pain dans le visage du premier qui lui parlerait mal. En ce qui me concernait, je fus partagée entre agacement, sérieux de la situation et méfiance envers la posture peu avenante de nos alliés de circonstance. Par les dieux, même l'admettre m'en coûtait... Néanmoins, malgré mon épée à mon côté, j'optai pour adopter une posture moins provocante et je gardai les mains dans le dos, la poitrine en avant, au repos afin d'essayer d'apaiser légèrement la nervosité de la situation. Je ne prêtai pas attention aux autres Cavaliers qui l'accompagnaient mais seulement à leur cheffe, Double Lames Kreen.

Madame Kreen dis-je sobrement en guise de salutation, sentant que la tension était montée d'un cran depuis que les nouveaux arrivants étaient présents. Tout le monde garda le silence malgré les regards échangés, je ne dis rien pendant une poignée de secondes avant de reprendre la parole. Il va sans dire que quelque chose nous a échappé. Ela en aurait d'ordinaire profité pour balancer une réplique bien cinglante mais elle avait encore suffisamment de discipline pour se taire. Je continuai de fixer la femme Cavalière en poursuivant. En ce qui me concerne, vous savez que je ne fais pas partie de celles et ceux qui cherchent à tout prix un coupable pour ensuite l'accuser de tous les maux. Si la gorgoroth en voulait une preuve, elle n'avait qu'à se rappeler de la manière dont j'avais insisté sur le travail de renseignement pour coincer le Comédien. Alors comment une embuscade a pu arriver alors que nous étions à destination et à la frontière, en plus si près du fort sous la responsabilité des Cavaliers ? Cette opération de transfert a été verrouillée de A à Z, les protocoles de confidentialité ont été renforcés car le prisonnier était une valeur rare, il faisait partie du jeu des criminels parmi les plus recherchés en Eridania, mesures de sécurité exceptionnelles. Il ne pouvait pas s'échapper sans une aide extérieure.

Le ton était maîtrisé. Si mes deux subalternes étaient nerveux, pour ma part, j'avais retrouvé mon calme et la tension était redescendue, demeurait seule celle qui était due à la situation présente. Ma posture évolua légèrement et je croisai à présent les bras sous ma poitrine. Ou intérieure, peu importe. En ce qui nous concerne, chaque membre de notre détachement a fait l'objet d'une sélection minutieuse. Des entretiens ont été passés, des éléments passés au crible... Notre contre-ingérence a fait ce qui était terranement possible pour sécuriser ce transfert et fermer le moindre canal de communication que je n'aurai pas au préalable autorisé. Peut être que quelque chose a traversé notre filet de notre côté mais j'aurai beaucoup de mal à le croire. Nous, et je vous inclus dedans au vu des éléments que j'ai reçu de votre... organisation, nous nous sommes donnés beaucoup de mal pour que ça réussisse. Or désormais, nous avons un prisonnier de valeur mort, des soldats chevronnés et des Cavaliers morts et d'illustres inconnus dangereux morts aussi mais vous conviendrez que nous n'avons rien pour nous en réjouir. Je fis un pas vers Kreen. Au delà de son teint violacé, quelque chose chez elle me rappelait beaucoup Sam. Est ce que tous les gorgoroths étaient pareils ? Est ce qu'ils émettaient tous la même chose ? Kreen n'était sans doute pas la seule. Qu'avez vous à en dire de votre côté ?

4 Firion, Saison Nivéria, 1306 Ère Obscure
Codage par Libella sur Graphiorum


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Rmk5
Revenir en haut Aller en bas
:: Séide du Chaos ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kreen
:: Séide du Chaos ::
Kreen
MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitimeSam 8 Juil - 18:14

L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Banner20


Les quartiers capitonnés d’Enmesharra donnaient moins l’impression d’avoir été investis par des convives qu’envahis par des réfugiés. Lui s’était installé dans un fauteuil dans un recoin, la mine sombre comme s’il comptait encore les victimes dans son camp. Manifestement, la présence des trois éridaniens dans ses bureaux l’importunait, et à en croire les mots qu’il avait très rapidement échangés avec Kreen avant que ne soit organisée cette réunion, il les soupçonnait au mieux d’incompétence, au pire de trahison.

Pourtant, au fond de lui-même, le capitaine du fort ruminait de bien plus sombres suppositions. Il avait du mal à croire que ce drame aurait pu avoir lieu sous le commandement de Sihin – ce personnage qu’il connaissait bien et dont il avait vu la mort comme un cruel maléfice – alors même s’il était incapable de l’admettre, il regrettait désormais la nomination d’Urogh. Il n’avait rien contre lui personnellement. Il songeait simplement qu’après une telle défaite, il ne pouvait pas décemment lui faire confiance, et cela le rongeait.

De son côté, Kreen posait un regard las mais sévère sur la Générale et ses deux subordonnés, peu encline à discuter dans le vide. Elle n’était venue qu’avec un seul but ; convaincre cette belle assemblée que rattraper tous ces foutus brigands était la nouvelle mission des deux armées, et qu’elles travailleraient conjointement… Ou au moins sans se mettre dans les pattes l’une de l’autre. Hélas, le camp d’en face ne partageait vraisemblablement pas ses intentions. Elle écouta la meneuse faire son bilan, muette, tournant parfois son visage vers Greld qui lui rendait un regard tout aussi vide. Il lui sembla que le discours était un peu long, mais lorsqu’elle fronça les sourcils, ce fut pour une autre raison.

Elle trouvait les priorités de Générale Raikes mal placées. Sans doute était-ce un peu culturel, tenta-t-elle de se convaincre. À Phelgra, un échec de ce type aurait pu être expliqué par un millier de chose, depuis l’avidité d’un seigneur local à la malveillance des rebelles en passant par les soupçons d’espionnage cimmerien et la connivence de guildes avec les nobliaux de la capitale. Après une telle tragédie, on pansait rapidement ses plaies, puis on cherchait immédiatement à déterminer l’identité des attaquants ; on ne passait pas une seule seconde à se demander où l’on avait failli, car on n’avait pas failli. Phelgra avait simplement été fidèle à elle-même : impitoyable, imprévisible, et toujours plus vicieuse que la veille. Peut-être qu’à Eridania, on était si peu habitué aux traitrises et autres manigances qu’on se remettait en question au moindre dysfonctionnement. Mais si Kreen pouvait comprendre en quoi les habitudes étaient différentes de part et d’autre de la frontière, elle ne pouvait s’empêcher d’entendre, dans le discours adverse, la voix tremblante d’un égo blessé.

Lorsque la Générale énuméra les procédures de sélection qu’elle et son état-major avaient appliquées, Kreen songea qu’elles relevaient avant tout du bon sens et ne leur trouva rien d’exceptionnel. D’ailleurs, elles constituaient des tâches presque quotidiennes chez Urogh ; enquêtes sur les antécédents, examens réguliers, serments prêtés par magie, exercices sous intras… Les précautions que lui et son prédécesseur avaient toujours prises pour choisir et entraîner les membres de leur élite étaient à la hauteur des exigences qu’Istheria toute entière leur réservait, sans quoi leur savoir-faire séculaire n’aurait pas été d’utilité et de renom internationales. Kreen espérait qu’en rappelant la minutie avec laquelle cette mission avait été préparée, Cassandra ne faisait qu’extérioriser sa frustration sans insinuer que les seigneurs sombres avaient été moins prudents, rigoureux et prévoyants que leurs homologues éridaniens… Mais à la façon dont elle mentionna la proximité du fort avec le territoire phelgran, la manière dont elle qualifia les Cavaliers de Sharna d’organisation et son subtile sous-entendu selon lequel les hommes de Kreen n’étaient peut-être pas chevronnés – contrairement aux siens – la Gorgoroth eut du mal à lui accorder le bénéfice du doute. Et sa théorie sur l’orgueil de la cheffe paraissait se confirmer.

Une fois le discours terminé, la revenante se pinça les lèvres et pencha légèrement la tête sur le côté en prologue aux commentaires qu’elle s’apprêtait à faire. Son humeur n’était pas mesquine mais l’attitude de la Terrane avait fini par lui donner une impression désagréable de la personne. Consciente des enjeux, elle tenta de peser ses mots, d’éviter l’usage d’adjectifs ou d’adverbes trop cassants. Il s’agissait de ne pas laisser paraître son jugement.

« Commandante Kreen, corrigea-t-elle d’abord d’un ton neutre mais d’une voix retenue, comme si elle voulait épargner à la Générale l’embarras de ne pas avoir respecté l’étiquette militaire. Elle poursuivit du même timbre bas et inexpressif, presque seulement à l’intention de Cassandra. Et inutile de vous féliciter d’avoir fait le minimum syndical. Ne laissant pas le temps à quiconque de rétorquer, elle reprit immédiatement plus fort, plus clair. La façon dont nous nous sommes préparés à cet échange n’a aucune importance : dans l’immédiat, je m’inquiète beaucoup plus de savoir qui étaient ces individus que de découvrir comment ils sont parvenus à nous tendre ce piège. Et elle agita la main pour souligner à quel point ce second mystère lui paraissait futile. »

Ses mots n’avaient peut-être pas été aussi inoffensifs qu’elle les avait espérés, aussi songea-t-elle que si ses propos avaient allumé une flamme quelque part, un rappel sur l’importance de rester pacifique l’éteindrait aussitôt. S’accuser les uns les autres, ou même simplement remettre en question les compétences d’en face, avait de grandes chances de noircir les relations qu’entretenaient les deux nations, et de transformer cette mauvaise soirée en désastre géopolitique. Bien évidemment, chacune des deux parties était sans doute déjà en train d’enquêter sur la fiabilité de l’autre – c’était en tout cas vrai chez les Cavaliers, dont les espions furetaient à ce moment-même chez les soldats éridaniens – mais dans cette pièce, au sein de cette assemblée de décideurs et de représentants, la confiance était le seul sentiment permis. Elle poursuivit après une brève pause.

« – De toute manière, afin d’éviter tout incident diplomatique, nous n’avons pas d’autre choix que de croire en notre innocence commune, alors autant faire marcher nos brillantes méninges et déterminer à qui profite la mort du Comédien plutôt que de nous lamenter. Il nous avait été indiqué que son éventuel lien avec les Nérozias n’avait pas été prouvé et demeurait une hypothèse fragile, mais les autres cabales ne manquent pas, à Eridania comme à Phelgra. Il nous faut déterminer lesquelles il aurait pu se mettre à dos suite à ses meurtres, et lesquelles auraient pu l’engager avec l’intention de le mettre à mort dès son arrestation. Vers la fin de cette phrase, sa voix se noya un peu dans le manque de conviction. Ainsi les six guerriers devaient-ils établir une liste d’entités susceptibles de vouloir venger et protéger la noblesse éridanienne, ou de chercher à lui nuire… La nuit risquait d’être longue, et la seule piste qu’ils avaient pour le moment était très mince… Littéralement. Vous avez bien récupéré la flèche, rassurez-moi ? »


L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Ykk3

avatar by freedom XI
signature by Sergey Snegirev
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur   L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
L'Enfer ne connait pas de plus grande fureur
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» La Grande Evasion
» La Grande Epidémie
» LA GRANDE EPIDEMIE - acte 1
» LA GRANDE EPIDEMIE - acte 1
» LA GRANDE EPIDEMIE - acte 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: Eridania, le pays aux mille culturesTitre ::  Les Vastes Plaines :: • Le Duché de Méphrit-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !