Entrelacs épineux

La voilà de retour parmi eux, la jeune rose d’Heldor semble remis sur pied et s’excuse de son absence.
S’il pouvait émaner un parfum, il viendrait de Duscisio qui parait beaucoup plus serein en la voyant. Un long soupire non dissimulé d’un stresse qui cesse enfin de faire effet malgré ses visites que ce soit pour prendre des nouvelles ou pour discuter alors qu’elle se trouvait encore alité.
Une pierre azur orne son col, une pierre de sphène qui s’illumine, par quelle magie ? Ça il ne se pose pas trop la question pour le moment, visiblement concentré sur la bonne santé de la jeune femme.
Sans attendre, elle retourne à ses occupations en travaillant sur des échantillons de Raiko pour analyser la réaction constatée trois jours plus tôt avec Félicie. Aucun autre cas n’a été remarqué pour le moment. En espérant que cela ne tarde pas à venir, tout en ayant un résultat concluant pour le cas de la Première Fleur.
Duscisio continue de travailler sur quelques plantes tout en cherchant une idée, aide parfois Pandora dans ses tâches lorsqu’elle le demande.

Le soir venue, la jeune femme se présente alors qu’il est en train de ranger ses outils. Elle apprend par les autres qu’il ne souhaitait pas être guéri avant les autres avant de commencer une étrange volonté qui s’orne de parole qu’il n’aurait jamais pensé être prononcé par elle.

- Oh ?~~

Sa réaction est entre l’amusement, la surprise et la malice. La malice devant la divine comédie de la belle femme qui se présente à elle comme étant son bourreau. Le fait qu’elle précise tout bas qu’il était son prisonnier, est ce qui le fait plus réagir en ayant une réponse déjà toute trouvée.

- Votre prisonnier ? Commence-t-il tout bas. Dans ce cas, je doute que vous refuseriez de m’avoir pour vous toute seule plus longtemps.

Beaucoup plus taquin, il se permet de répondre ainsi. L’affection qu’il a pour elle malgré la situation y est pour beaucoup. S’il répond ainsi, c'est avant tout pour la faire réagir d’une bêtise qu’il ne faudrait pas dire à n’importe qui. Mais d’un autre côté, le ferrait-elle avec quelqu’un d’autres ?
Il laisse un temps avant qu’elle ne continue, en retournant sur le sujet de cette comédie, pendant que Duscisio laisse pousser un petit rire non dissimulé sur la moindre réaction qu’elle puisse laisser paraître et pour son ânerie.

Pandora retourne à la raison, de son retour auprès de lui, par la volonté de procéder à la stérilisation le plus rapidement possible pour qu’Ookra et Azura ne cessent de se couvrir de la tête au pied pour pouvoir l’aider sans risque de se faire contaminer.
En son sens, cela pouvait déjà se faire, mais pour comprendre leur crainte, il se laisse entraîner par la jeune demoiselle comme s’ils étaient complices. Le gâteau promît après n'y était pour pas grand-chose, seulement cela faisait longtemps que personne ici n’avait eu un tel moment de partage.

- Je n’ai pas eu à me plaindre jusqu’à maintenant.

N’ajoutant rien de plus, préférant ne pas préciser les tentatives que Lilith a pu faire dans sa cuisine pour tenter Duscisio a diverses activités.
Duscisio est soudainement très souriant. La plaisanterie de tout à l’heure a égaillé sa journée. C’est agréable de se détendre. Et se retrouver presque seul à seul avec Pandora pour stériliser la pistilose y joue également.
Si elle commence l’opération, Duscisio ne peut s’empêcher de prendre des nouvelles à propos de sa santé.

- Vous vous êtes vraiment rétablies ? Vous n’aviez pas l’air dans votre état normal, il y a trois jours. Et je ne sais toujours pas ce qui s’est passé…

Son sourire n’avait pas disparu, mais son inquiétude est bien présente. Si elle voulait lui préciser quelques choses, c’était sans doute le bon moment. Le reste du groupe était occupé et concentré à leur tâche dont celle de finir de préparer le fameux gâteau qui les attend.

Non content d’avoir pu jouer avec Pandora l’espace d’un instant, Duscisio pouffe de rire en la voyant gonfler les joues comme elle l’a toujours fait après une petite défaite. Tellement agréable de pouvoir se détendre ainsi. Il y a un autre point qui s’affiche également.
Si l’on pourrait voir ça comme aimer son tortionnaire, il faudrait l’appeler le Syndrome de Vanes. Pas vraiment sûr qu’elle apprécie cela à sa juste valeur pour une bonne raison. Non, le meilleur que l’on pouvait constater, c’est bien celui de sa mélancolie qui avait passablement disparu durant ses dernières semaines. La seule raison de ce changement, il ne le met que sous la responsabilité de la jeune femme. Combien de fois se l’est-il répété ? Il ne compte plus, ou bien à arrêter de compte pour ne pas trop susciter d’espoir. Néanmoins, le résultat est bel et bien là.
La plupart de ses pensées négatives ont disparu et il le lui doit. À elle et elle uniquement.
Visiblement, elle ne souhaite pas parler de son état et il n’insistera point, par respect envers la jeune femme et ses petits secrets, en faisant attention de ne pas utiliser de pronom possessif par crainte qu’il ne les utilise encore pour la taquiner.
Assise à côté de lui, il est ausculté du regard, un regard professionnel envers un malade. Cela ôta très vite la moindre intention de continuer ses plaisanteries tout en retrouvant de son côté, une attitude bien plus respectueuse et posée.
Il patiente, installé sur le dossier de chaise, inspirant longuement et lentement, les mains jointes, prêt à écouter les moindres instructions.

Sa nuque est visée. Puisqu'il s’agit de faire une greffe, elle devait sûrement être intéressée par les excroissances externes pour y mettre le parasite qui stérilisera la rose primaire. Si ses doigts parcours le dos de son cou, repoussant sa toison d’argent sur l’épaule opposé, Duscisio se contente de les tenir pour qu’elle ne gêne pas la demoiselle pendant l’opération. Il ne sent rien du tout si ce n’est le parcours de ses doigts le long d’une racine.
La proximité du corps de la jeune femme émoustille l’homme. Sachant parfaitement se contrôler, il ne fait mine de rien faire de mal poli. Parfaitement immobile malgré la senteur de son parfum, parfum d’une journée passé, parfum d’une femme magnifique, parfum de ce qu’il pourrait définir comme divin.
Si des roses devaient pousser à cet instant précis, elles seraient parfaitement blanches. Preuve incontestable de la sérénité de ses pensées, à la caresse de ses cheveux roses sur son torse. Il se contente pourtant de pencher la tête sur un côté, une main tenant ses cheveux d’argents et fermant les yeux pour éviter tout geste déplacé qui pourrait le blesser par un geste brusque de surprise alors qu’elle avait un outil tranchant entre les doigts.

Haletant, respirant profondément par le nez pour que cela ne s’entende moins, caché qu’il se sent beaucoup trop bien pour que cela ne soit qu’une simple opération médicale, essayer de calmer son bien-être... Dès qu’elle reprenait place, il a l’impression d’avoir trop chaud et tourne la tête à l’opposé de Pandora pour ne pas montrer son état d’allégresse. Une main tient toujours sa chevelure, l’autre couvre maladroitement son nez et sa bouche, pendant qu’il inspire et expire profondément pour calmer un semblant d’un sentiment qu’il aurait du mal à expliquer.
La part de gâteau promis n’avait aucun effet et il reste immobile ainsi durant un long moment.

Alors qu’elle allait partir, lui donnant l’occasion de souffler, elle se ravive et reprend place sur la chaise. Elle se questionne sur les nouveaux arrivants, les amis remplacent les adeptes ou les suivants. Il devait bien avouer que le terme est plus approprié pour des personnes qui partage de leur propre volonté ce vœu de ressemblance.
Duscisio reste quand même tel qu’il est. Ne pas montrer le fiat qu’il se sent mal à l’aise, brouillant et haletant, toujours en tenant ses cheveux gris sur le côté. Il se sent bien, trop bien même…

- Dilnael est un peu farouche avec les inconnus. Elle s’occupe principalement de la liaison avec les Eryllis.

Il retire la main de son visage pour se faire entendre malgré qu’il évite de la regarder. Toujours en évitant son regard, il relâche ses cheveux dont une partie retourne naturellement derrière son dos et regarde droit devant lui pendant que ses poings se serrent sur ses cuisses.

- Ginkon fait partie des prêtres les plus jeunes du temple. Il est franc, mais respectueux. Il a pour fonction les relations avec Elusia. Miliel est un sindarin et fait en sorte de garder de bonnes relations avec le peuple de Canopée. C’est l’un des plus calmes des dix.

Il se lève soudainement en voyant une cruche d’eau dont il en vide le contenu dans son œsophage pour étancher une grande soif et refroidir cette sensation de chaleur. Le geste bien que brutal remplit son rôle, concluant par un profond râle de soulagement avant de s’appuyer sur le meuble devant lui.

Duscisio est actuellement rouge comme une tomate et bouillant comme une braise sortie d’un feu de foyer.
Cela n’avait pas le moindre rapport avec le résultat de la fin de greffe, ce qui n’empêche pas la petite femme de panser le contraire. Elle est beaucoup trop innocente pour savoir pourquoi il réagissait ainsi, mais qu’importe. Il essaiera de mieux se contrôler la prochaine fois.

- Inhabituel oui. Mais rien qui ne concerne la greffe.

Il ricane. Il rit de ressentir une telle allégresse que s’en ait inquiété.

- J’aurais aimé prendre un peu l’air… chuchote-t-il.

Il n’ose regarder Pandora en face et s’écarte soudainement en entendant toquer à la porte comme s’il y avait quelque chose à cacher dans leur attitude. Une fin de leur intimité à l’entrée quand la sindarine entre sans attendre de réponse.

- Je dérange peut-être ? Pose Lilith sans déviation.

L’annonce que Catleya participe à la fête, cela va sans dire que cela aussi réchauffe le cœur du parent de la voir régulièrement. Il peut parler et jouer avec elle pendant un court instant de la journée et maintenant que la plante allait être stérile, le problème de contamination n’allait être qu’un mauvais souvenir.
Avant de rejoindre tout le monde, la rose d’Heldor précise vouloir surveiller son état. Duscisio respire un grand coup, longuement avant de se retourner encore un peu rouge pour lui répondre, mais elle avait déjà quitté la pièce.
Il ne reste que Lilith qui voit bien que son mentor est légèrement rouge avant de porter un regard vers la porte que venait de passer la jeune demoiselle. Mais avant qu’elle ne puisse prononcer un seul mot, Duscisio coupe son élan.

- La greffe s’est bien passée. Allons rejoindre les autres.
- Je n’ai rien dit… répond-elle à voix basse comme si elle allait dire quelque chose de mal.


Dans la salle commune, Catleya accueille déjà Pandora d’un large sourire alors qu’elle se trouve près du four comme si elle allait bondir, dévorer le gâteau une fois sorti. L’éclari semblait vouloir s’échapper en discutant avec Azura à l’écart du groupe. Les six fleurs discutent de quelques détails qui les ont marqués durant leur mission, de ce qu’il se passe dans ce sous-sol depuis des semaines jusqu’à que Duscisio arrive.
Des amis. Ce sont des amis. La rose de Vanes a soulevé ce détail comme d’une évidence. Il est clairement en lieu et place avec des amis, confirmer quand les six se sont tournés vers lui un regard empli de confiance et de partage. Lilith, la septième était derrière lui et le contourne pour rejoindre les autres sans dit un mot, mais également contente que tout le monde commence à se rassembler autour d’une table.
Le temps s’écoule lentement en voyant ce beau monde. Tout le monde s’entend à merveille. Duscisio se détourne des sept fleurs pour s’approcher de la petite fille qui émerveille ses journées malgré leur séparation temporaire.
Ce moment, tout le monde en profite. Ce moment, tout le monde le partage.

Une fois le gâteau sorti du four, Catleya est la première à en vouloir. La gourmandise de l’enfant et la réaction joyeuse de son père adoptif fait plaisir à voir. C’est pour de longues heures que ce moment conviviale dure. Les sujets de conversation vont de bon train. Une certaine fleur essaie de s’attarder sur la relation qu’entretient Duscisio avec Pandora alors que le principal intéressé essaie de démentir tout ce qui sortait de la bouche de Lilith. Les autres sont difficiles à convaincre, mais au moins, tout le monde rit de bon cœur.
D’une autre part, certains changements qui sont liés à cette relation sont remarqués. Duscisio n’a plus l’air triste, au bord du gouffre. Il reprend des couleurs, surtout vers le rouge par moment.

La fin du gâteau n’arrête pas l’instant, pourtant quelque temps après tout le monde va devoir se séparer. Ookra et Azura accompagnerons Catleya auprès du camp après un petit temps. Le père comme la fille ne semble pas vouloir se séparer si vite, mais le haut-prêtre lui répète la promesse qu’ils se sont faites de ne jamais être séparé quand tout ceci sera terminé. Cette promesse est en train de voir son véritable jour. Il embrasse sa fille avant de lui dire au revoir et la regarde s’éloigner en serrant le poing. Il reste heureux malgré la séparation qui n’a qu’une courte durée.

Regagnant sa chambre avant les autres, il se retrouve seul, le sourire aux lèvres, soulagé du tournant que cela prend. Une hâte de recommencer ce genre de soirée. Qui plus est, il s’en retourne en gardant en mémoire le sourire de la petite fille, mêler à la jeune demoiselle qui commence à prendre de l’importance.
Il reste ainsi, en pleine réflexion. Soit jusqu’à que le sommeil le gagne, soit jusqu’à qu’il ait une visite avant l’heure.

Duscisio qui était parmi les premiers levés sort de sa chambre.
Pandora était déjà debout depuis un moment déjà comme quelque uns de ses amis, Félicie comprise qui était déjà en pleine lecture. S’il mange rapidement, échange quelques mots avec eux, c’est pour savoir comment les nouveaux arrivants ont passé leur première nuit enfermée. L’un d’eux se permet une plaisanterie.

- Si on enlève l’impression d’être dans un cercueil avec beaucoup d’espace de vie, c’est plutôt pas mal.

Félicie n’a pas vraiment apprécié. Facile de deviner pourquoi. Son regard noir dévisage Miliel qui s’excuse aussitôt auprès d’elle pendant que Duscisio quitte la pièce pour retrouver une certaine personne qui le salue, toujours formelle.
Il retourne son geste et répond :

- Oui. Bien mieux.

Préférant faire comme s’il sortait d’un quelconque mal-être plutôt que de s’empourprer pour des propos trop familier, intime suite à la réaction de la veille alors qu’elle procédait à la greffe. D’un autre côté, être plus calme laisse une vérité sur le fait de se sentir mieux.
L’éclari a une nouvelle à lui apprendre. Bonne ou mauvaise, cela n’a pas l’air de se ressentir dans sa voix alors qu’il s’installe sur une chaise. Néanmoins, son sourire disparaît. Cela devait être délicat.
Il en avait déjà parlé il y a quelque chose, il s’agissait de sa propre idée abandonnée à cause du risque qu’il encourt et des probabilités de trouver quelqu’un ayant les compétences de le faire. La partie magie posait un problème vu que personne à leur connaissance dans les environs n’avaient de magie d’extraction d’ether.
Duscisio s’assombrit à son tour, l’idée est potentiellement risquée, mais rapide… Le succès réside dans le fait de pouvoir avoir une réserve d’éther suffisamment basse pendant quelques jours pour que la plante pense à une mort prochaine ou soudaine de son hôte, d’une cessation d’activité humaine pour être plus juste dans le cas de Félicie.
L’absence de solution mène Pandora à y recourir. La volonté de ne pas faire durer le calvaire plus longtemps doit y être également pour quelque chose.
Azura a trouvé la personne qui rend possible l’opération, il n’y a qu’un petit bémol : il s’agit d’Arik.
Le même Arik qui a montré une forte animosité au réveil de la Pistilose sur le territoire et sur dix autres personnes.

- Si vous êtes sûr de vous…

Il ne le précise pas, mais il est peu probable qu’il arrive à se contenir si l’un d’entre eux fini par mourir parce qu’il l’a voulu. Et comme Duscisio ne sent pas la douleur, il pourrait cogner longtemps… Très longtemps. Même si Arik réplique en le blessant gravement pour se défendre.
Il lui vient par la suite de se rappeler une autre personne dans le même cas.

- Idael, l’une des trois dernières fleurs possèdent la même magie. S’il est volontaire et traiter en premier, on aura deux fois plus de chance de succès. Avec Félicie qui a présenté des signes de régression, si elle est également volontaire, pourrait nous aider à l’aide de sa magie.

Si Pandora s’en souvenait, la Première fleur possédait le même contrôle des plantes que Duscisio pour en avoir fait la démonstration, la même aisance. Son aide est précieuse.
Il n’est pas très optimiste à l’idée de procéder ainsi, mais s’il peut libérer quelques un de ses amis rapidement…


Quelques jours passent et les dernières fleurs sont à nouveau réunis. Rogvark présente quelques cicatrices supplémentaires et Rafael semble avoir eu quelques mauvaises rencontres durant ses derniers mois.
Si Duscisio avait envoyé ses trois-là dans les territoires les plus dangereux, c'était pour leur force respective des dangers potentiels. Visiblement, le haut-prêtre vise juste. Ils ont été mal accueillit durant les premiers jours d’après leur rapport. Sans Idael et sa magie des ombres pour les protéger des coups les plus bas, il y aurait eu beaucoup plus de blesser. Rogvark, toujours en première ligne, a joué de sa force pour faire pencher la balance pas toujours en leur faveur.
La meilleure nouvelle qui puisse apprendre c’est que les pertes sont inexistantes vu que le convoi envoyé là-bas était les plus expérimentés en combat. Les prévisions de Duscisio était juste. Et surtout, Idael est là.
Si le collier a été plus compliqué à mettre pour eux vu qu’ils ont trop pris l’habitude d’être attaqué par derrière, on leur soumet la situation avant qu’il n’accepte de le mettre de leur propre volonté.
Même sans ça, Rogvark pourra se rendre utile pour les charges lourdes, voir très lourde. Le zélos particulièrement mastoc pourrait même plaire à Ookra.
Pour présenter les deux autres à Pandora, le fameux Idael qui ne semble guère amical fait un petit effort pour se montrer sous son meilleur jour. Rafael, un terran, reste mitigé, mais n’est pas méfiant. Comme pour le zélos, il sera bon les transports de lourde charge en attendant mieux.
Les trois furent traités par une greffe de Raiko, le jour suivant. Ookra fut ravie de s’occuper de Rogvark, de peur qu’il ne retienne par les réflexes ou simplement pour admirer sa musculature.

La suite arrive enfin à l’annonce de la nouvelle procédure à adopter. La solution présentée par Duscisio laissait dubitatif sur le risque que cela encourait.
Si Félicie est la première à se porter volontaire, avec l’avantage de la régression de sa propre graine. Idael qui a été cité comme étant un avantage par le pouvoir identique à Arik pour doubler les effectifs accepte à son tour.
Adriel aussi, mais très vite refuser pour un premier essaie par sa mère tant qu’il n’avait pas eu un premier succès.
Duscisio regarde Arik pour connaître la moindre de ses réactions à l’idée de commencer. Il n’avait pas encore totalement confiance et se réserve la prudence de rester à l’écart tant qu’il n’aura pas prouvé qu’il était bien là pour sauver les dix graines dans un premier temps.

L’arrivée des trois dernières fleurs s'est suivi de bonne nouvelle.
La greffe avait réussi pour les trois. Rogvark eu même un bonus en voyant une régression spontanée de sa graine une semaine plus tard sans explication logique si ce n’est une éventuelle liaison envers la mort pour Félicie.
Aucun changement pour les deux semaines suivantes alors que l’éclari en attendait au moins une.
Une réunion eut lieu avec les onze Fleurs, Duscisio comprit, pour parler de l’opération qui ne tient que pour l’instant qu’à te la théorie. Les moyens exposés, la présentation du personnel soignant et les risques.
Après discussion, les graines de Félicie et de Rogvark seront les premières à être extraite, puis celle des trois sindarins, Idriel comprit pour sa magie sur l’essence divine qui doit assurer la réussite

Engagé cette étape malgré les craintes est une source de stress immense.
Il y a deux facteurs qui jouent. Le premier est que la responsabilité de la situation actuelle est celle de Duscisio. C’est lui seul qui a donné les graines. Lui seul qui a fourni cette source de crainte. C’était donc à lui de prendre note qu’il ne peut que s’en vouloir à lui-même. C’était déjà le cas depuis de nombreux mois en commençant par se sanctionner le plus sévèrement, en commençant par être le dernier sur la voie de guérison tant que les dix fleurs ne seraient pas sortis d’affaire.
La deuxième est Arik. Il ne connaît que ses intentions de soigner, mais rien ne dit qu’il pourrait contredire ses paroles et en tuer volontairement. Seulement Pandora lui fait confiance. Quand il regarde les médecins entrés dans la salle, l’argenté fixe la porte. Quand Arik regarde Duscisio, il le sent et le regarde à son tour. Il n’arrive pas à savoir ce qu’il pourrait dire dans cet affrontement oculaire. Il ne dure qu’un instant avant qu’il ne se retourne pour passer la porte en compagnie de la Rose de Vanes.


Pendant l’opération, Duscisio n’a fait qu’une chose. Physique et religieuse. S’il accapare la peur, perdre l’un de ses suivants en s’enfonçant les ongles dans la peau du bras, quitte à se blesser, il semble répéter toujours la même chose.

- Je vous en pris Delil, veuillez pardonner mes erreurs. Sauvez ses âmes que j’ai condamnées. Laissez-moi payer seul cette faute. Sauvez-les, par le peu de pouvoir qui me sont conférés comparés à votre bienveillance. Je vous en pris Delil, veuillez pardonner mes erreurs, Sauvez ses âmes….

C’est une prière. Félicie et les sept autres graines l’accompagnent afin qu’il ne se sente pas seul. Aucun d’entre eux ne parle, mais leur posture semblable à celle de ma méditation de Duscisio laisse émaner un semblant de magie divine sans en être une. Le collier leur empêche l’utilisation de toute magie, mais ne leur coupe pas leur foi.
À vrai dire, on n’avait jamais vu Duscisio prié aussi sereinement Delil. C’est la seule pensée qu’il puisse faire en récupérant ses fonctions de haut-prêtre le temps d’une période d’inactivité.
Les six prochaines heures se sont passé sous la répétition de cette prière, jusqu’à que la porte s’ouvre à nouveau, un large sourire aux lèvres de Dame Vanes qui se propage sur le visage de tout le monde quand elle annonce la réussite.
Les sindarins se réveilleront deux jours plus tard avec de légers symptômes

Maintenant, il s’agissait d’attendre la même opération pour les suivants. Des jours d’angoisse pour Duscisio.

À la suite de l’opération, Pandora les prend à part pour discuter d’un point important : la sève de la pistilose.
Elle constitue une barrière majeure que Duscisio a étudiée à plusieurs reprises. Il est donc le mieux placer pour en parler.

- Pour mon sang, je doute que cela doit se faire comme les autres… commence Duscisio, alarmiste. Il y a plusieurs critères à prendre en compte dans la sève. D’abord, il a fallu plusieurs mois pour que le sang se transforme du rouge au jaune. Rien ne dit que cela soit aussi rapide pour le retour à la normale. Je ne suis pas médecin et comme vous le savez Dame Vanes, les albinos sont fragiles. J’ai une constitution plus solide grâce à plusieurs critères de renforcement tout au long de ma vie, mais je doute que je sois réveillé le lendemain de l’opération.

C’est comme s’il l’avait déjà anticipé. Plus le temps passe, plus les expériences sur son propre sang se sont multipliés, plus il en sait, mais plus il s’inquiète. Il a déjà extrait son propre sang, parfois de bonne quantité qui lui ont fait plusieurs malaises les premières fois. Un mal pour un bien, qui lui ont donné quelques informations supplémentaires.

- Il y a aussi le fait que vous allez devoir attendre, ou extraire la sève avant de retirer la graine. Les réserves magiques de la Pistilose se trouvent dans la sève. En réduisant ses réserves, vous diminuez le temps de régression. Néanmoins, la pierre de fusion que vous avez fabriqué l’autre fois pourrait être utile. Si vous donnez l’illusion d’une réserve externe avec la pierre, l’extraction devrait être possible vu qu’une partie de mon essence se trouve à l’intérieur. Le sang pourra être extrait ensuite avec cette procédure… Enfin, ça reste une théorie.

Si ses idées lui viennent, il ne s’agit que d’idées. Rien ne prouve que cela fonctionnera. En exposant les deux idées pour sa propre guérison, ça sera aux opérants de décider de comment procéder.

- J’angoisse à l’idée de ne pas survivre à l’opération...

Le regard n’a rien d’optimiste. Il a toutes les raisons d’y croire. Son cas est bien trop avancé pour se permettre de penser qu’il sera aussi facile que les autres de le soigner. La seule chose qui puisse le sauver, c’est la volonté de vivre. Qu’elle soit d’être au côté de Catleya, ou de l’attachement naissant envers Pandora.
Félicie observe Duscisio sans pouvoir le rassurer avant de se tourner vers la Rose de l’innocence en espérant de l’aide.
La gorgorth frappe une fois des mains pour changer de sujet, mais toujours rester sur l’élan des préparatifs.

- Bien ! Maintenant que j’ai retrouvé mes pouvoirs, je vais aider dans la concoction des anti-douleurs. Dit-elle en changeant de ton sur un plus enthousiasme. Dames Vanes, je vous donnerai une liste de graine et de plantes. Elles ne devraient pas être compliquées à trouver. Demander à Rogvark pour transporter les marchandises. Il sera content de sortir faire de l’exercice.

Si Félicie précise l’aide du zélos, c’est que les quantités vont êtres importantes. L’ancienne Première fleur ne compte pas lésiner sur la quantité de potions pour pallier au temps nécessaire à la guérison. Les surplus pourront être utilisé pour d’autres personnes.
Pour l’instant, les trois compères se séparent et souhaitent un bon repos à leur espoir.

Le lendemain, même procédure, même prière. Sauf pour Duscisio qui travaille sur les anti-douleur pour ne pas angoisser en compagnie de Félicie qui augmente la quantité de pousse et la qualité des potions selon les instructions de Duscisio qui utilise tout son savoir avec elle. Indirectement, il lui transmet son savoir au cas où le pire devait arriver. Un condensé d’apprentissage pour la gorgoroth qui a l’honneur d’en savoir plus sur son savoir-faire et ses secrets de fabrication. Le souhait du maître étant de transmettre ses techniques à un maximum de monde s’il devait y laisser la vie.

L’opération n’eut pas le même succès qu’avec les trois premiers.
Ils ne se réveillent pas le lendemain. D’après Pandora Vanes, les deux yorkas sont entrés dans le coma suite à l’opération trop lourde pour leur corps.
À cette nouvelle, Duscisio est de plus en plus pessimiste. Il est peut-être égoïste pour ne penser qu’à son cas, mais il a bien plus peur pour ses amis que pour lui.
Plusieurs fois, il leur rend visite sur leur lit, accompagnant Pandora quand une série de potions se termine. Lors de leur réveil, un instant de joie s’empare de lui avant que Dilnael n’ouvre la bouche.

- Qui êtes-vous ?

Elle ne semblait pas se souvenir de Duscisio, ni de personne d’autre. Un petit questionnaire, une présentation des faits, mais rien ne paraissait familier. Ses derniers souvenirs remontant avant son entrée au temple. Si on lui avait enlevé la pistilose, on lui a également enlevé la mémoire qui y était lié.

Ginkon a perdu une partie de l’usage de son côté droite, Sa jambe droite ne répond pas correctement et son bras perd de sa force habituelle. Il n’entend aussi que d’une seule oreille. Les sons à sa droite sont moins bien perdu puisqu’il tournait la tête aussitôt qu’il entendait une voix dans cette direction en demandant de répéter. Son bras est heureusement assez fonctionnel pour l’usage d’une canne.
Il n’en veut à personne, pas même au Haut-prêtre alors qu’il demande à être muté à Elusia pour continuer de s’occuper des liaisons entre le temple et le peuple yorka en tant que prêtre. Il est rationnel et fait jouer sa faible mobilité en anticipant la vie qui allait être compliqué s’il reste au temple. De plus, son séjour à Elusia l’a beaucoup aidé dans ce choix et souhaite garder contact avec tout le monde.

Une nouvelle réunion a lieu pour délibérer avec les derniers malades, tous terran, sur le risque encouru et sur le fait de devoir garder le collier restricteur.

- Enlevez là. Lance Adriel, plein de courage. On a confiance en vous, madame.

Sa mère prit au dépourvu, acquiesce à son tour.
De même que Raphael qui exprime très clairement ne pas vouloir rester enfermé trop longtemps. Pour lui, rester ici revient à perdre la vie. Ajoutant sur un trait d’humour que Rogvark va perdre son partenaire d’entraînement si on ne fait rien pas.
Duscisio est particulièrement silencieux alors qu’il dévisage ses trois amis. Si l’enfant est parmi le plus téméraire, il ne fait qu’annoncer la vérité sur la confiance qu’il porte à Pandora. Il ne peut rien dire. Tant que les dix ne sont pas guéris, il ne pourra pas trouver de quiétude avant que son tour ne commence.

C’était au tour des trois derniers à présent. Duscisio n’est pas tranquille. L’angoisse est tellement forte que cette fois, il ne prie pas. Cela ne l’empêche point de s’inquiéter pour les trois terrans. Il ne travaille pas et tourne en rond jusqu’à la fin de l’opération.
Le résultat le soulage. Un si long soupire qu’il donne l’impression de dégonfler les litres d’air qu’il retenait depuis des heures. La joie se propage avec les sept autres, même le moins souriant. Idael qui a participé à l’opération est très content de lui, on ne l’avait jamais vu sourire comme ça.

Peu de temps après, le retour de Pandora dans un aparté avec Duscisio et Félicie pour connaître leur avancée sur le problème de sang.
Une réponse négative de la part de l’herboriste permet alors de laisser la jeune femme lui proposer une nouvelle solution à base de saignées et de sangsues, puis une proposition qui s’apparente à un transfert de sang. Une technique qu’il ne connaît pas, mais qui a l’air prometteuse.

- On peut essayer de voir si ça ne présente aucun danger avec quelques expériences avant l’opération, oui. On peut demander à Marie-Rose si elle est d’accord. Ça peut augmenter les chances.
Pour les saignées et ses bestioles ragoutantes, j’aime moins l’idée, mais on peut essayer aussi.

Quelque soit ses mots, on entend bien qu’il retenait le moindre ton pessimiste.

- Prenez quelques jours. Pendant ce temps, je demanderai à Ookra, Arik et Azura d’en faire quelques saignées pour voir ce que ça donne.

Il pensait clairement que la santé de la jeune femme passe avant tout pour la suite. Elle devait être en pleine possession de ses moyens. Les joues creusées inquiètent l’albinos qui insiste sur le repos qu’elle devait prendre.
Les jours suivants se font calmement par les expérimentations des saignées, des sangsues pour préparer l’opération finale. Ils ignorent tous si cela aura un impact, mais Duscisio semblait être sûr de lui.
Deux jours avant la date qu’il fixe de lui-même, le maitre herboriste s’approche de la Rose d’Heldor. Il n’a pas l’air tranquille.

- J’aimerais vous parler seul à seul, Dame Vanes. C’est possible ?

Il est assez formel. Très poli sans être particulièrement jovial. Ce que l’on constate surtout, c'est le ton particulièrement grave, comme s’il rassemble tout le courage qu’il possède. Attendant son accord, il attendra d’être à l’écart. Il ne veut pas être vu quand il lui parlera. Observant de loin, Félicie qui est en train de le sonder discrètement est en train de sentir une immense frayeur, mais pas uniquement.
Alors qu’il prend une pièce à part, regardant avant d’entrer que personne ne viendrait les déranger. Il lance un regard sévère, en particulier à Félicie et Lilith qui serait tenté d’écouter à la porte. Félicie acquiesce au vu qu’auparavant, elle eut une petite conversation et quelques instructions pour l’après opération.

Ce fut ensuite Pandora qui entre dans la pièce. Elle trouvera Duscisio jouant en croisant et décroisant ses doigts entre eux, tournant en rond, marmonnant et autres fantaisies qui se justifient par une très grande nervosité.
Tout cesse quand il dévisage la jeune femme alors qu’il cherche ses mots, bouche bée. Immobile quelques instants, il sourit faiblement.

- Merci d’être venue. J’ai quelques chose de très important à vous dire.

Il semble hésité en recommençant à taper les doigts de ses mains entre eux.

- Avant ça, j’aimerais vous remercier. Ça ne sera jamais assez, mais vous avez réussi là où j’ai échoué. Merci. Merci à Ookra, Azura et Arik de les avoir tous soignés. Merci infiniment... Dit-il en s’inclinant le plus bas possible. Concernant les graines, que ça soit les dix que vous avez récupérés ou la mienne dans un avenir proche… Détruisez-les. Je vous en conjure…

D’un coup, il paraît un peu moins sûr de lui. Il se détourne de la jeune femme comme d’un aveu qu’il a peur de faire ou qu’il a peur de faire. Il hésite quelque instant, laissant Pandora seule au milieu de la pièce.

- Je ne dois rien vous cacher. Je ne suis pas très optimiste. S’il devait m’arriver quelques choses, Félicie a des vœux à transmettre. Que ce soit pour s’occuper de la petite Catleia à ma place durant mon absence ou la succession au temple. Comme le fait de vous laisser quelques affaires qui m’appartiennent.

Bien qu’il tourne autour du pot, il ne laisse rien au hasard sur le cas où cela se passe mal. Il est triste, tellement triste. Soudainement, il approche la jeune rose et lui prend doucement la main.

- Sachez que ses dernières semaines m’ont véritablement, sauvez la vie. Ce séjour dans ce lieu, aussi sombre soit-il, porte une grande lumière que vous avez sue apporter. Jamais… Au grand jamais, je ne regrette d’être venue ici. Quoi qu’il arrive, faite le nécessaire. J’ai confiance en vous. De mon côté, je me battrais jusqu’au bout pour Catleya… Et pour vous aussi.

Il lui avoue quelques chose d’inédit, il sourit légèrement. Le courage qu’il prend pour lui avouer est grand. Son regard sincère se plonge dans le sien, peu importe comment elle le regarde.

- Rien au monde, pas même l’attachement que j’éprouve pour vous ne saurait me faire lâcher prise. Même si nous n’appartenons pas au même monde.

Cela ressemblait à des dernières volontés. Quitte à dire ce qu’il pense, autant le fait avant d’y laisser la vie si jamais elle devait lâcher prise. Il ne voulait pas l’influencer avec des sentiments humains pour qu’elle le sauve à tout prix. Juste, tout lui dire pour se sentir plus léger et plus fort. Il se soulage d’un poids par cet aveu. Il est très attaché à Pandora, mais il ignore jusqu’où.

Les jours suivants, Duscisio laisse Pandora se préparer physiquement, magiquement et moralement pour l’opération. Faire le vide si nécessaire avant que le haut-prêtre n’entre lui-même dans la salle d’opération. Catleya est présent aussi dans la pièce. Ils ont passé la journée ensemble, toujours avec cette promesse qu’il devait tenir.
Jamais il n’abandonnera. Jamais, il ne laissera tomber.

Il s’installe sur la table et se laisse endormir. Peut-être son dernier sommeil...

Comment peut-on apparenter la mort dans le subconscient d’une personne ?
Un espace dans le noir totale dans lequel se trouve une petite lumière comme si elle se trouvait au bout d’un tunnel ?
Cette image assez sinistre indiquant généralement le passage dans un espace que tout le monde appelle le paradis. Un lieu où toute âme ayant suffisamment vécu fini par se rendre une fois le souffle coupé.
Cette vision que vit un petit être sans forme, une petite boule d’énergie pour symboliser l’âme du défunt. Il a beau regarder autour de lui, il ne voit rien. Pas même son propre corps. La lumière qui se présente au loin se rapproche rapidement jusqu’à illuminer la totalité de l’espace autour de lui.

- Ah… On dirait que c’est terminé… Finalement, j’ai payé le prix de mes erreurs...

C’est une voix qui n’a rien de triste. C’est une voix qui n’est pas la sienne. Enfin qui était la sienne. Il a l’impression de s’entendre quand il était encore enfant. Et c’est maintenant le corps d’un enfant qui apparaît sous ses yeux.
Il est très jeune, six ans tout au plus. Deux autres personnes se présentent devant lui à quelques mètres, un bras tendu chacun, comme étant ses parents dans ses souvenirs.
Une femme à la chevelure argentée, des yeux rouge rubis et un visage que l’on pourrait juger d’une déesse, une longue robe blanche de soie la recouvre d’une seule pièce des pieds à la tête. L’homme à ses côtés prendre la même tenue blanche, un costume qui n’aurait jamais osé porter de son vivant à cause de ses nombreux voyages répétés pour la recherche de divers fournisseurs ou leur cueillette propre directement auprès de la nature.

Le petit garçon s’avance pas à pas vers eux. Chaque pas semble le faire vieillir de quelques semaines, de quelques centimètres, allongeant ses traits, affirmant ses connaissances.
Cela fait tellement longtemps qu’il n’avait pas vu ses parents. Pendant plusieurs minutes la grande salle blanche vide s’habille de petites fenêtres blanches dans lequel il y trouve ses souvenirs de vie avec ses parents.
De la douloureuse leçon en herboristerie, des cours dans diverses langues comme l’Isthar et le terran. Sur le tableau, on arrivait également à y voir un peu d’alfari et autres langues donc leur lecture se limite qu’à des bribes de lecture.
Ses nombreuses insolations alors qu’il essaie de jouer comme n’importe quel enfant, la cape y tombant souvent et ne suffisant pas toujours à le protéger. Ses pommades fabriquées par sa mère pour l’aider à combattre l’astre de lumière qu’il aidait parfois lors de ses leçons. Regarder son père en train de travailler sur divers projets d’herboristerie en étudiant la propriété des plantes pour aider les nombreux clients. Une boutique qu’ils tenaient à deux quand cela était possible. Un petit garçon fréquemment au comptoir pour surveiller les allées et venu tout en jouant avec des arcs électriques qu’il commence à peine à découvrir.

Après ses brides de souvenir, les pas se succèdent et ses parents ne le suivent plus. Le jeune adolescent qui n’a que la quinzaine se retourne. Le couple lève la main pour lui dire au revoir tout sourire, alors que la calèche roule à toute allure suite à un cheval qui s’est emballé, ne les renverse.
Ce jour-là, c’est la première fois qu’il voit la mort en face. Le deuil le submerge et sa magie s’emballe. Recueillit par un proche qui le rejoint à sa droite, l’aide à avancer. Ils possèdent toujours la boutique à Hesperia, il a été formé toute sa jeunesse pour la tenir et ce n’est qu’après deux ans qui la reprend. Il a de nombreuses aides par les clients qui l’aide à se relevé dans son malheur.
C’est dur, extrêmement dur, mais il tient par le sourire des clients qui le remercie toujours. La boutique recommence à se refaire un nom qu’au bout de deux nouvelles années. Le petit garçon n’a alors que dix-neuf ans quand son autonomie sont affirmés. Alors, il voyage comme son père. Il est seul, mais confiant en ses compétences qu’il continue de peaufiner depuis des années. Il étudie toujours plus la magie et l’herboristerie, lui offrant de nouvelles capacités et de nouvelles connaissances.

Ses nombreuses aventures l’aguerrissent. Sa magie et son épée ne le quittent jamais ce qui lui permet de survivre.
La connaissance de nombreuses personnes, principalement une femme vivant dans la neige apparaît de nombreuse fois.
Il s’agit d’Othello. Une très belle femme qui a su attirer son regard et donc il tomba amoureux. Il se sépare souvent, mais continue de se voir de temps en temps par le biais des choses.
De nombreux voyages le pousse à se rendre dans la forêt de Noathis où il trouve un animal mort. Il a vingt-deux ans.
Le temps passe si vite, mais ralenti depuis cette trouvaille. Ses pas dans cette salle blanche dont les murs recouverts de fenêtre lui partage sa vie passe ne disparaissent.
Le jeune homme regarde devant lui, une étrange plante lui fait face. Alors qu’il ne pense qu’à un buisson de ronce toute qu’il y a de plus banal, celle-ci laisse émerger une apparence humaine en son centre, constitué de nombreuses tiges épineuses parcouru de rose blanches. Le visage d’épine semble sourire avant qu’elle ne bondisse sur lui en entrant dans son corps dans une fusion symbolisant l’entrée dans son organisme. Au même moment, la salle blanche est envahi par la plante. Chaque petite zone immaculée est remplacée par le vert, le marron et le blanc de ce que l’on nomme la Pistilose. Puis la forme humaine réapparait à quelques mètres. Les roses blanches parcours à présent que sa chevelure, et différents points qui lui ont servi quand son hôte en eut besoin pour la faire délibérément poussée pour se défendre.

- C’est la première fois que nous nous faisons face, mon hôte.

Si elle prend l’apparence et la voix d’une femme, ça doit être que le fait d’une simple recherche d’une autre moitié que l’herboriste a cherché toute sa vie. Comme si la Pistilose était cette seconde moitié, elle s’incruste dans sa vie jusqu’à envahir tout l’espace. Il ne devait ne voir qu’elle. Elle qui a passé ses premières années à le torturer dans une colère qu’elle n’exprime plus ici.

- Il semblerait que je n’ai pas réussis à me faire propager si l’on se retrouve là. À vrai dire, je suis même en train de disparaître petit à petit alors que j’avais pris le dessus. Quel dommage…

L’image de la pistilose est en train de rétrécir lentement autour de lui. Les zones envahies par les ronces se réduisent laissant place à la salle blanche qu’il observe depuis le début. Il ne s’agit plus d’une vision sur sa vie, mais sur celle de son osmose avec la Peste de Noathis.

- Je déteste ce nom. Je n’ai cherché qu’à survivre, tout comme toi. C’est pour ça que tu m’as accepté, ne l’oublie pas.

Comme si elle lisait toutes ses pensées sans qu’il prononce le moindre mot.
Le fait de l’accepter a été une erreur, il le reconnaît. Sa présence ici montre bien qu’il est en train de payer cette erreur.

- Désolé de te l’apprendre, mais tu as perdu en même temps que moi. Je ne regrette rien. J’ai su me rendre utile, te donner une confiance en moi que j’ai cherché malgré tout pour me propager un peu plus. Les enfants que je t’ai donnés ne sont plus, je t’emporte donc avec moi.

Elle se venge. Si elle doit disparaître alors son hôte aussi. C’est dans l’ordre des choses. La mort de Duscisio fini tout de même par en sauver des millions d’autres afin qu’une nouvelle épidémie ne se propage plus jamais.
Les ronces qui se réduisent laisse quelques fenêtres d’ouvrir sur des souvenirs. L’être de lumière les a appelés comme d’un vœu, il tourne alors la tête vers l’une d’elle pour y entrevoir ses moments passés avec Othello, triste pour la plupart alors qu’il cherche à la fuir en devenant le haut-prêtre. Cette fenêtre s’est fermé de force par un tas de ronce qui continue de résister malgré sa fin toute proche.
Une autre fenêtre s’ouvre sur sa gauche. Il s’agit de Catleya, qu’il a adopté pour ne plus se sentir seul. Non pas seulement. Ce qui apparaît, c'est une petite fille qui d’ordinaire est habillé d’une peau rouge, est semblable à lui-même. Une petite albinos lhurgoyf pour qui Duscisio s’est attendri et a voulu prendre sous son aile. L’adorable petite fille a su lui donner tellement de soutien qu’elle ne le quitte plus jusqu’à aujourd’hui. La Pistilose referme brutalement cette fenêtre à son tour.
L’herboriste commence à montrer des signes d’agacement et prend l’être végétal par ce qui semble être un cou qu’il sert de toutes ses forces.

- Tu ne me l’enlèveras pas…

Le voilà qu’il se bat contre elle. La femme de rose blanche rit. Un rire entre le démon et le monstre tout en restant femme. Elle rit, car elle sait parfaitement qu’elle va perdre, mais pas seule. Elle sait qu’elle va l’emporter avec lui quoi qu’il fasse. L’image de la petite fille le pousse à résister, à se battre.
Une autre fenêtre s’ouvre, puis une autre, puis une autre jusqu’à dix d’entre elle. Chaque fenêtre représente ses amis maintenant sauver de la pistilose dont il a tant regretté avoir parasité de cette monstruosité. Encore une fois, toutes les fenêtres sont fermées de force, sauf une. Une femme aux cheveux violets résiste. La fenêtre où se trouvait la petite fille réapparaît.

- Bats-toi !
- Bats-toi !

Les voix de la petite et de la gorgoroth lui donnent la force de se battre, mais ça n’est pas suffisant et la Pistilose continue de rire.

- Tu as perdu. Accepte-le. Tu ne retrouveras plus ta fille. Tu ne retrouveras plus ta sœur. Tu n’as plus rien !

Les yeux dorés de Duscisio retourne lentement vers le rouge alors qu’une dernière fenêtre s’ouvre.
La personne qui se trouve derrière est unique en son genre. La beauté de la jeune femme n’a d’égal que son éducation à la noblesse, sa longue coiffure parme sublime son visage. Avant de partir, il lui a fait ses aveux en sachant que l’opération allait mal se passer. Il l’avait pressenti, il le savait. Pourtant, elle est toujours là.
Ses trois fenêtres ont un pouvoir immense contre la plante. Elle qui parasitait son esprit et son corps a de moins en moins de pouvoir. Durant un long instant, chaque ronce ne pouvait contenir cette force et régressent à vue d’œil.

Il ne reste plus que la femme de ronce entre sa main. Chaque fenêtre reste gravée dans son esprit malgré leur nouvelle absence. C’est un combat de longue haleine, immobile ou seule la force de l’esprit se bat. Ses pensées rassemblent le souvenir de ses parents, Catleya, Félicie, ses amis du temple qui ont partagé ses idées les plus tordus comme le plus noble, et enfin l’image d’une femme aux cheveux roses qu’il n’osera jamais abandonner.
Il ne peut pas abandonner, il ne lui a pas dit merci de la meilleure des façons. Ce n’est pas en mourant qu’il pourra la remercier sincèrement de lui avoir sauvé la vie.
Le voilà qu’il sent une petite source de chaleur dans sa main. Il en ignore l’origine, mais elle est réconfortante. C’est la première sensation physique qu’il arrive à sentir dans cet espace fantasmagorique.

- Tu as perdu. Oui, je l’accepte. Mais ça sera sans moi…

Cette sensation lui donne une force hors du commun dans l’autre main qui fini par briser le cou de la femme de ronce qui perd sa forme humaine avant de finir en poussière.
Le silence revient, la salle est à nouveau totalement blanche. Aucune direction à prendre, alors il marche. Sa main a toujours cette petite chaleur. Il a plusieurs personnes à retrouver. Félicie, Catleya et... Pandora.
Au bout de cette salle immense apparaît une petite porte faite de ronces sans épines et de roses ni blanche ni noire. Elle s’agrandit lentement jusqu'à arriver devant lui pendant de longues minutes. Une porte de deux mètres qu’il ouvre pour mettre fin à ce cauchemar.


Bien qu’il fasse encore noir, il entend sa respiration. Lente, régulière. Le premier son qu’il arrive à entendre.
Bien qu’il fasse encore noir, une main couvre son front quelque instant.
Bien qu’il fasse encore noir, il sent toujours cette douce sensation dans sa main. Des petits doigts entrelacent les siens.
Bien qu’il fasse encore noir, il entend une voix douce.
Bien qu’il fasse encore noir, il commence à ouvrir les yeux. Ses iris de nouveau rouges, il regarde le plafond.

Il n’arrive pas encore à bien voir, tout est flou. Il n’arrive pas encore à bouger, il n’a aucune force. Néanmoins, il trouve le moyen de serrer la main qui lui tient chaud avant de laisser tomber la tête très lentement sur le côté pour regarder une silhouette rose qui devient de plus en plus net et réagit à sa réponse.
Elle le regarde. Il ne voit pas encore bien ses yeux, mais il la reconnaît, sourit et d’une voix faible annonce son retour parmi les vivants.

- Bonjour, princesse...

C’est bien elle.
Les yeux rouge rubis regarde bel et bien Pandora qui répond à son appel. C’est d’ailleurs la seule voix qu’il arrive à entendre.
Son cou maintenant libéré du collier annonce qu’il est maintenant seul dans son propre corps. Aucune voix ne lui dit ce qu’il faut faire ou ne lui murmure de fausses vérités. Il ne sent plus rien non plus. Les faibles forces qui lui restent ne lui permettent pas de bouger. Très lentement, il roule des yeux pour observer son environnement.

- Dans la prison de terre... qui m’a libéré de mes chaînes d’épines… répond-il en retournant son regard sur la jeune femme qu’il voit un peu plus net. En très bonne compagnie.

Le test de mémoire, se souvenant de sa petite fille à la peau rouge, de ses amis qui attendent sans doute à côté. Il a vu tout le monde, il n’y a que quelques instants et pourtant cela semble être il y a une éternité. Le seul être qui ne lui manque pas est cette présence qu’il a détruite physiquement et émotionnellement de ses mains en lutant contre la volonté qui n’était pas sienne. La rose blanche n’est plus, comme tout ce qui lui était associé.

- J’ai un peu mal à la poitrine... Et un peu partout aussi… Mais… C’est une douleur agréable…

Agréable dans le sens ou cela faisait des années qu’il n’avait pas ressenti de douleur physique. Une particularité qui a été coupé en présence du parasite végétale. Il aimerait se gratter à divers endroits de son corps où se trouvaient les excroissances, sans succès.

- J’aimerais bouger, mais je n’ai aucune force. J’ai soif…

La douce main relâche son étreinte pour saisir un pichet pour le remplir d’une eau claire. Ce n’est plus une soif insaisissable. L’impression de devoir boire des litres en continu avait disparu. Le manque de force ne lui retire pas le confort d’être chouchouté par la jeune femme qui le laisse boire à son rythme. Lentement le verre se vide sans en redemander un autre maintenant que sa gorge est moins sèche.
Doucement, il souhaite quitter la position allongée pour se redresser et voir autre chose que le plafond. Son infirmière l’aide à se redresser difficilement. La raideur douloureuse dans le dos le bloque un court temps jusqu’à qu’il soit enfin adosser à la tête de lit.

Il est l’heure d’annoncer la bonne nouvelle tout lui ordonnant du repos. Le trait d’humour sur plaisanterie passé lui fait énormément plaisir et lui rend son rire. Un large sourire illumine son visage alors qu’elle ouvre la porte pour apprendre la nouvelle. En très peu de temps, l’enfant entre dans la pièce pour lui sauter dessus, enguirlandé par Félicie qui entre à son tour les larmes aux yeux, heureuse de le voir bel et bien vivant.
Tous rentre visiblement soulagé devant le cadre de la porte, revenu de pouvoir entrer par le docteur en chef. Le câlin offert par la petite fille le fait revivre. Sans la moindre force, Duscisio ne peut lui rendre l’étreinte qu’en baissant légèrement la tête pour coller son menton entre les deux cornes rouge de l’enfant.
La gorgoroth se contente de prendre la chaise et de lui tenir le bras, sa main étant visiblement réservé pour Pandora, sans oublier la tâche de surveiller la petite qu’elle n’écrase pas le corps encore faible de son père adoptif.

Quelques jours passent.
Si l’herboriste recommence à marcher, ce qui lui a permis de revoir la lumière des soleils caressés sa peau un court instant, Pandora organise son transfert vers l’hôpital pour de meilleurs soins.
La chambre qui lui a été réservé est facile d’accès et de nombreuses leçons de rééducation continue de lui rendre la mobilité d’avant opération malgré le fait de devoir rester souvent sur le lit pour prendre ce repos.
On le surprend parfois en train de manipuler son essence divine. Gronder par Félicie, l’exercice magique qu’il faisait en cachette lui confirme un handicap magique confirmé par Pandora plus tard. Ses pouvoirs sont grandement réduits suite à l’extraction de la Peste de Noathis qui partageait une très grande partie de son éther. Son sang redevenu rouge comme ses yeux. Ses cheveux ne sont plus parcourus de fines ronces et les excroissances au niveau de ses poignets comme à ses chevilles et autres points stratégiques ont été résorbés et soignés. Régulièrement, des prises de sangs sont effectuée pour confirmer l’absence totale de résidus et de nombreux tests sont effectués par sécurité.

Dans le même temps, neuf des dix anciennes graines sont retournés au temple avec les convois. Leur mission terminée, les rapports sur la fièvre des cendres qui réduit son influence leur donne la possibilité de se retirer. Les mages formés ici et là à travers le continent finiront le travail.
Seule Félicie et Catleya restent comme étant les deux membres de sa famille. La visite des trois femmes de tout âge lui donne un réconfort imminence alors que de temps en temps, Félicie parle avec lui d’un sujet important. Duscisio prend finalement sa décision en étant sur le lit d’hôpital une semaine après son transfert.

- Tu vas devoir gérer l’intendance du temple. Je ne peux plus gérer cette fonction. Dit-il en essayant de manipuler un peu ses pouvoirs. Prend ma place ou trouve quelqu’un de digne pour la succession selon tes propres critères. Je préfère maintenant me concentrer sur seconde chance qui m’est offerte.

Cette seconde chance, il va commencer par vivre avec Catleya. Il ignore encore quel projet il continuera de vivre sur le long terme. Les idées de rouvrir une herboristerie ne disparaît pas, mais il ne pourra pas assurer le niveau d’antan avant plusieurs mois, si ce n’est année.
L’étude de la magie en tant qu’éclari est également tentant. Ses connaissances pourront être utiles et les leur pourraient très bien l’aider à retrouver la totalité de ses pouvoirs. Préférant ne pas sauter les étapes, il commencera par payer une dette. Jugeant qu’il n’a pas suffisamment payé ses erreurs, il restera à Vanes pendant quelque temps.

Un large sourire illumine son visage en voyant Pandora lui rendre visite, seule. Il tend la main pour l’inviter à s’approcher et l’aider à sortir du lit.
La marche est limitée et il a encore besoin de l’aide d’une canne pour se maintenir debout. Autrement, il est libre de ses mouvements. Le fait d’être à nouveau avec elle, lui font songer quelques points dont il aimerait discuter.
Les soleils montrent doucement des signes de fatigue en tombant lentement vers l’horizon et la balade qu’ils font à deux restes dans un silence quelques minutes pendant qu’il réfléchit à engager la conversation sur un sujet un peu délicat.

- Dis-moi, Pandora… Hésite-t-il. J’aimerais voir le duc pour le mettre au courant… Pour la Pistilose, j’entends. Même si elle appartient au passé, je dois assumer ce qu’il s’est passé. Sans oublier que je ne veux pas les laisser dans l’ignorance. Qu’en penses-tu ?

C’est une question tout à faire sérieuses. Durant plusieurs mois, il a fallu justifier son absence. Faire éclater la vérité pourrait soulager la conscience de Duscisio sur le long terme pour pouvoir passer à autre chose.
Pour ce qui est de leur relation naissance… Il n’a pas encore le courage de le faire, la peur de s’attirer les foudres de la famille ducale est forte… beaucoup trop forte.