_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Quitter Vanes pour y avoir été banni. Se rendre au Haut-monastère pour y officialiser son abdication et quitter les Gelovigiens. Passer par Hesperia pour diverses affaires. La charrette qui traverse le territoire de Arghannat afin de passer par le Duché de Niveria pour éviter de rencontrer la duchesse du même territoire. Il veut l’éviter, car il n’est pas encore prêt pour la rencontrer une nouvelle fois. C’est bien trop tôt… Le chemin s’allonge, mais et suit les chemins du nord de la forêt pour rester à proximité de la rivière Oxia après la traversée des Terre Morte
Le voilà de retour dans la forêt de Noathis. Bien que ce ne soit la dernière fois au vu des relations qu’il entretient avec ses habitants – aussi faible soit la population - le simple fait de retourner ici lui donne une certaine nostalgie. Le chemin au travers de la forêt va être très long pour arriver jusqu’à destination, surtout en charrette où les routes qui y mènent ne sont pas forcément en bon état. Il n’y a que trois personnes dans le moyen de transport. Le voyage se fait plus long que sur les routes bien mieux entretenues, mais cela fait passer le temps. Rien ne presse puisque Duscisio se donne six mois depuis qu’il a quitté le monastère pour retrouver ses pouvoirs.
Quotidiennement, l’entraînement à l’épée en compagnie de Félicie qui manie la lance entretient son physique et son moral. Le son métallique bien que leur arme respective soit rendu non dangereuse que ça soit pour l’un comme pour l’autre pour éviter les blessures bêtes, le retour de la douleur limitant la longueur et le risque. L’absence de magie démontre aussi un grand changement. Le handicap dont il souffre toujours l’empêche d’utiliser son essence divine correctement, ce qui donne quelques résultats, mais sans grande évolution. Quelques arcs électriques, parfois quelque poussière de terre pour varier l’évolution, mais toute action lui demande encore beaucoup d’effort. Le manque de magie l’empêche également de communiquer avec les plantes alentours. Même si la Pistilose n’est plus, se retrouver dans la forêt lui fait un bien fou malgré le silence qu’il y règne.
La nuit Félicie reste en grande partie éveillée, sa nature de Gorgoroth aide beaucoup. Elle se repose tout de même durant le trajet en restant sous la toile en U qui abrite les voyageurs pendant les fortes chaleurs de la journée.
La traversée de la forêt jusqu’au temple va durer plusieurs jours si tout se passe bien.
Handicap. Faculté magique grandement réduite.
Dernière édition par Duscisio Balibe le Mar 13 Juin - 18:41, édité 1 fois
La chaleur était de retour, j’avais perdu des poils comme la plupart des autres animaux qui prennent un pelage plus léger ou plus épais selon la saison qu’il traversait. Les bipèdes, eux, avaient une autre technique, il accumulait des tissus ou en enlevait sur leur peau nue, grelotant aux premières neiges et pestant la sècheresse quand le soleil dominait. Enfin, en tout temps, leur cruauté ne changeait pas, c’était au moins une constante irréfutable. Prendre une vie n’est pas quelque chose d’anodin, on en a conscience en temps que prédateur, pour vivre à son tour, on sert la mort… Pour de nombreux cas, se défendre quand on n’a pas le choix, pour se nourrir dans la majorité des cas. Les bipèdes sont différents en cela ; ils ne tuent pas pour satisfaire leur besoin primaire, pour simplement se nourrir… Non leur motivation est souvent nourrie par une sombre avidité, comme si, ne pouvant posséder le vivant, ils préféraient le réduire à néant. Bien sûr, j’ai appris au fur à mesure du temps, qu’ils ne se résumaient pas seulement en cela, j’en ai rencontré des compréhensifs, sans même parler de ma meute actuelle qui en est essentiellement composée… Et qui aspire comme moi, m’ont donné pour mission, à protéger les arbres et les fleurs, ce qui marche et ce qui rampe…
De poils de lumière et de ténèbres, j’ai un physique bien reconnaissable, difficilement confondable avec un autre de mes congénères, surmonté d’yeux couleur océan, de mes petites canines sortant légèrement de ma gueule. On me dit que je m’affermis avec l’âge, même mon ancienne mentore se réjouit des années qui passent, mais ce temps qui les réjouit m’attriste. Je devrais sans doute abandonner de retrouver mon ancienne meute, père est probablement mort, est ce que mes frères me reconnaitront seulement ? Mon odeur a bien changé depuis le temps, l’odeur de pin a laissé place à de nombreuses autres senteurs, les fleurs blanches des prairies, le parfum sucré de fruit, la terre sèche ou encore l’empreinte des noisettes. Quand j’étais avec ma famille, c’est leur senteur que j’avais, une odeur commune avec bien moins de nuance, notre odeur de meute sous le regard de l’alpha, notre père. Ce n’était pas un temps exempt de malheur, mais tout chasseur sait qu’il peut devenir proie, prendre une vie et être prêt à perdre la sienne… Des valeurs bien différentes des soucis des bipèdes. Je regarde les profondeurs de la forêt depuis son orée puis je finis par voir une charrette plus loin s’y engouffrer. Hors, je n’ai jamais perdu ma curiosité et décide de la suivre de loin, à la fois pour me changer les idées que parce que je me demande ce qu’elle fait là.
Le soir arrive et contrairement a ce que beaucoup de bipèdes ont l’imprudence de faire, aucun feu n’est allumé. Cacher dans un buisson avec juste mes deux oreilles dépassant, je les vois s’occuper des chevaux qui tiraient la carriole, faire quelque menue tache… Ils sont bien atypiques comme groupe dans leur composition. Finalement, ils retournent dans la charrette alors que l’une des deux filles se met à l’endroit où il dirigeait les chevaux un peu plus tôt comme pour veiller. J’observe la scène un moment, les lunes se lèvent et je me retiens de hurler. Je suis quand même bien curieux des deux dans la charrette, mais je ne peux pas passer par l’avant, je n’ai pas envie de me confronter à ce regard entrainé absent de l’intérieur du véhicule. Tout doucement donc, je passe par l’arrière, arrive à monter après trois sauts maladroits à l’arrière, dont deux ratés ; je reste un loup, je n’ai pas l’agilité des panthères ni leur discrétion d’ailleurs, mais j’espère néanmoins ne pas avoir fait suffisamment de bruit pour interpeler l’autre. À l’intérieur, deux dorment, des affaires trainent aussi dans des sacs dans l’endroit. Mettant ma grosse truffe à l’intérieur, il y avait bien de la viande séchée, mais à part ça, il n’y avait rien de vraiment intéressant, jusqu’à ce que je voie des chaussures trainent… Me rappelant d’un bon souvenir avec un ami il y bien longtemps, je remue la queue, souhaitant jouer avec l’objet… Je prends donc l’objet délicatement dans ma gueule, espérant l’embarquer discrètement pour pouvoir le mâchouiller et jouer avec tranquille, mais je le trouve vachement lourd… Je remarque enfin que dans la chaussure en question, il y a un pied lui-même attaché au reste du corps d’un des dormeurs, enfin s’il dort encore du coup… Moi regardant bêtement le visage du bipède en question en mode « oups », son pied dans la gueule.
La traversée des bois doit être respectée par certaines règles, surtout en cette saison où les feux de forêts sont une prise de risque inutile. Et puis il fait suffisamment chaud la nuit pour s’en passer si l’on s’organise bien. Sans oublier que la charrette est occupé par un ancien haut-prêtre qui respectait grandement toute la vie présente à Noathis. Peu de mesure défensive sont prises. Animaux sauvages, visite nocturne, il n’y en a pas beaucoup dans ses territoires. La seule personne du trio à rester éveillé une grande partie de la nuit se trouve être une gorgoroth et aussi la seule personne à pouvoir utiliser la magie dans le lot. Catleya reste la plupart de son temps dans sa forme faussement monstrueuse et l’argenté ne peut l’utiliser suite à l’extraction de la plante parasite.
Au coucher des soleils dont les rayons arrivent en partie à traverser la cime des arbres, la routine quotidienne vient à l’exercice. Duscisio et Félicie se battent respectivement à l’épée et à la lance pendant un temps avant que l’épéiste passe à son entrainement personnel en matière de magie. L’objectif n’a pas changé, la manière non plus. Il se pose non loin de la charrette, une lampe à huile, et un parchemin vierge sur une planche avec une plume et de l’encre. Il n’écrit non. Il s’exerce en se concentrant un maximum pour faire émerger quelques arcs électriques. Ses derniers n’apparaissent qu’au bout d’un certain temps, à plusieurs intervalles, jusqu’à que le mage n’en puisse plus. Il n’a rien écrit sur son parchemin ce soir, sa correspondante devait être occupée. Ce n’est pas la première fois, ça ne sera pas non plus la dernière. La santé actuelle de celle qui possède le parchemin jumeau est malade… Même si la solution a été trouvée, Duscisio voyage également dans le but de l’en libérer plus vite comme elle l’a fait avec lui. En entrant dans la charrette, il y trouve déjà sa petite fille à peine endormie. L’arrivée de l’argenté lui fait ouvrir un œil pendant qu’il s’installe. L’enfant s’approche une fois allongé pour se blottir contre lui, rassurée.
Il s’endort durant une petite heure, mais une sensation très désagréable à son pied le réveil, mais il n’y a pas que ça puisque l’enfant avec qui il dort l’avait déjà un peu alerté par un sursaut propre à la petite fille qui garde un trait sauvage malgré tout le temps passé avec son père adoptif. Le premier geste de l’argenté est d’empoigner son épée. D’un geste, il la pointe au-dessus de la tête du loup pour lui donner un coup… avec le plat de l’épée qui est encore dans son fourreau. Il n’a pas dégainé, il ne le fera pas. Assommé le loup quelques instants devrait être suffisant pour lui donner une petite leçon avant qu’il ne parte.
- C’est quoi ce bruit ? Pose Félicie qui n’a pas vu la scène. - Un loup… Il m’a mordillé la botte… répond Duscisio encore à moitié endormi en retenant Catleya d’un bras.
Félicie tire le pan de tissus qui la sépare de la scène pour voir effectivement un loup sous le plat de l'épée, comme s’il s’était immobilisé pour comprendre ce qu’il se passe. L’argenté en profite pour retirer sa botte de sa gueule ouverte de surprise. La gorgoroth quitte le banc de conduite tout en manifestant une partie de ses pouvoirs en manipulant les plantes alentours pour saisir le loup et l’écarter de la charrette.
Un petit coup d’épée dans son fourreau sur ma tête est le réflexe du dormeur qui ne l’est plus, une fillette rouge et blanche accrochée à lui, une voix vient de l’extérieur, une réponse lui ai donné alors que j’étais à présent au milieu de toute l’attention. Les épées sont des choses dangereuses, coupant bien plus que des crocs dans la plupart des cas, causant bien plus de morts que nécessaire… L’autre avait retiré son pied de ma gueule, profitant que j’étais figé, malgré ce qu’il avait en main, il ne semblait pas avoir de mauvaise attention. Ceux qui veulent tuer, qu’importe la raison, ne prévienne pas les victimes et les adversaires d’une telle manière, ils prennent la vie rapidement et sans prévenir quiconque, parfois même pas eux-mêmes. Les bipèdes sont ainsi aussi, mais cela aide à identifier ceux qui sont différents des leurs… Ceux avec qui je peux me permettre de jouer ou de suivre, différents de ceux qu’il me faut traquer et tuer. Je fixe le regard de l’ancien dormeur de mes yeux d’eau, comme ces rivières ou le liquide bleu lentement s’écoulent, comme le temps, comme la vie. Je commence à remuer la queue, un air de malice en moi, malgré la forme et mon pelage unique… Il n’a pas l’air de me craindre, car les gens qui ont peur ne sont pas si différents des autres animaux au final… Ils attaquent, ce qui n’est pas son cas. Je regarde la maigre couverture qui leur sert à se couvrir en ce temps chaud. Un peu comme mon pelage, regarder l’épaisseur de leur compagnon de nuit aide à connaitre le temps, de leur point de vue en tout cas. Tout d’un coup, je me sens pris dans quelque chose, regardant autour de moi, je finis par voir des végétaux me prendre, me soulever, instinctivement, je me débats en essayant de mordre ce qui me gêne. Et je finis… en dehors de la charrette, hébété. Je m’attendais à pire, mais je reste un peu rancunière surtout qu’à présent, j’ai envie de jouer surtout que quel merveilleux temps pour s’amuser après tout, sous les lunes magnifique et ronde, sous les étoiles éclatantes.
Je soupire, souhaitant une revanche. Je recule un peu, prenant de l’élan pour de nouveau sauter dans la calèche sans faire particulièrement à la discrétion pour le coup, ni sur le fait ou non que le terrain était à dégager. Chipant la couverture rapidement, je repars, restant juste derrière la calèche, regardant vers le lieu de mon méfait en remuant la queue. Une des lunes était presque de la même forme que la marque de par ma fourrure, sur ma cuisse gauche, comme si j’en étais un envoyé. Je jappe après avoir posé la couverture au sol temporairement, en position de jeu c’est-à-dire le cul en l’air, les pattes avant au sol. Dès que je vis une bouille, je fis quelque chose que j’avais appris en observant les bipèdes, une provocation plutôt dans leur langage : je leur tirai la langue simplement, les regardant, moqueur.
Le petit monstre rouge était réveillé. Ses oreilles tendues, captant des bruits suspects, le sommeil avait quitté ses paupières aussi vite que le rouge était revenu teindre sa peau. Elle s'agitait pour réveiller son papa-oiseau alors qu'une bête sauvage entrait dans leur maison roulante. Il avait pas été invité ! Le petit monstre retient un grognement, surprise d'être attirée dans les bras de son tuteur, elle le laissait gérer la situation. Ses cornes calées sous le menton de son papa, la gamine baissait la tête pour voir la gueule du loup à leurs pieds. Il était bizarre, ce loup. Son pelage était pas normal et son attitude non plus.
L'enfant monstrueuse fronçait les sourcils mais laissait les grands deux pattes se débarrasser du quatre pattes. Sauf que ce dernier n'avait apparemment pas envie de comprendre. A sa deuxième attaque, Catleya bondit sur ses pieds et grogne en direction de l'animal, ses petites dents pointues brillants sous l'éclat des lunes. Elle déboule de la charrette, suivant la couverture qu'on venait de leur voler. Pourtant, elle s'arrête en voyant l'attitude du loup... Il voulait jouer ? Avec des deux pattes ? En plein milieu de Noathis ?
Le petit monstre s'accroupit, ses grands yeux vert pâle fixés sur l'animal bicolore qui.. tire la langue ? Il était malade ? A quatre pattes, la lhurgoyf s'approche lentement du lupin, elle le renifle à distance raisonnable, faisant prudemment le tour de l'animal. Élevée par un renard sur une partie de sa vie, l'enfant sauvage avait gardé des réflexes et des connaissances, notamment celle de se méfier des loups. Ils avaient beau ressembler à leurs cousins roux, ils n'étaient pas particulièrement amis. D'ailleurs... Catleya jetait des coups d'oeil autour d'eux, sondant l'obscurité relative de la forêt, à la recherche des congénères du spécimen présent. Un loup c'est rarement seul. En plus.. c'était une femelle.
Pas trace de ses copains, une louve solitaire ? Qui jouait avec des deux pattes et n'avait visiblement pas peur de la magie. Le petit monstre rouge se replace entre le loup et son tuteur, comme un molosse protecteur.
Ca pas être loup.
Ses cornes dressées vers le ciel, l'enfant monstrueuse n'était pas dupe. Un pelage pareil déjà, ce n'était pas normal, comment se camoufler où que ce soit en étant noir et blanc ? En plus, les loups de Noathis étaient plutôt fauves. Et son comportement était trop familier. Peut-être un croisement avec un chien ? En tout cas, ce n'était pas un loup et ce n'était pas un animal sauvage. Il, ou plutôt elle, était habituée aux deux pattes. Donc il y avait peut-être son maître quelque part ? Et c'était pour lui qu'elle volait la couverture !
L'explication étant trouvée, Catleya n'était pas prête à se faire voler sa couette ! Elle se saisissait du morceau de tissu de ses mains griffues et l'attirait vers elle.
L’attitude atypique du loup ne semble pas alertée Duscisio qui ne pense qu’à vouloir se reposer. Catleya par contre est investie dès sa transformation lhurgoyf. Lorsqu’elle dort, l'enfant retourne à celle de l’apparence d’une mignonne petite fille, c’est un réflexe qu’elle a chaque matin. Duscisio ne peut donc profiter que de cette petite fille albinos que la nuit lorsqu’elle se sent en sécurité. Même après avoir été mis à l’écart via la magie des plantes de Félicie, les lianes et le fait d’être gentil avec lui – vu qu’il n’a pas l’air non plus d’être agressif – n’ont pas suffi à lui faire comprendre que la nuit c’est fait pour dormir. En sautant à nouveau dans la maison mobile, l’animal vole une couverture avant de repartir. Catleya lui court après, Duscisio suit.
- Surveille la calèche, Félicie. Dit-il en courant.
La gorgoroth reste figé sur place en voyant le père et sa fille sortir en trombe à la poursuite du même loup. Il ne va pas bien loin, il semble même plutôt joueur. L’arrière-train levé, remuant la queue comme n’importe quel animal domestique, les pattes au sol surprennent Duscisio qui commence à trouver ça très étrange. Un loup joueur, on aura tout vu. Remarquant enfin que quelques chose n’allait pas, notamment sur son pelage unique en son genre, Catleya relève un détail qui confirme l’étrangeté de la situation. Ce loup n’est pas un loup… Un yorka se présenterait devant eux ? Cela explique le fait être le seul dans les environs, un besoin de compagnie que l’on ressent souvent en étant solitaire. Seul à Noathis en cherchant à jouer en pleine nuit, un yorka qui a l’air d’être resté très fréquemment dans sa forme animal au point de croire que c'en est un. L’investigation de Catleya porte ses fruits et possède la totale confiance de Duscisio. Si elle dit qu’elle n’est pas loup, alors il la croit.
- Maintenant que tu le dis…
La petite fille rouge entre lui et le yorka saisit la couverture pour la lui reprendre. La bataille risque d’être longue alors Duscisio s’y incruste en saisissant la peau du coup du Yorka comme le ferait une louve à son petit. Pas sûr que ça ait l’effet escompté, il ajoute.
- Que fait un Yorka solitaire dans la forêt ? Tu fais partie des Eryllis ?
C’est une question de logique. Peu de personne s’aventure comme ça en Noathis et puisqu’il y a peu d’habitant, le peuple amazone est le premier lien qui lui vienne à l’esprit. Peu probable également qu’animal lui réponde sous cette forme. Duscisio le lâche dans l’éventualité où il reprenne totalement ou partiellement sa forme terrane pour se faire entendre.
La petite avait grogné à ma deuxième intrusion, je crois, mais j’avoue que je n’avais pas eu le temps de plus voir que ça à vrai dire au vu de mon passage bref. En effet, j’étais juste revenu chiper une couverture afin de les faire venir dehors pour jouer. La rouge vint en premier, avec une altitude que j’étais bien plus habitué en réalité ; ma première meute aussi s’identifiait en se renflant, en grognant, en hurlant, un langage qui parait bien simple aux bipèdes alors qu’il se révèle bien plus complexe que le leur. Une combinaison infinie de comportement qui en dit souvent long sur les désirs, sur le message que l’on souhaite transmettre ; interdiction, ordre ou bien d’autre. Je vis la peau de braise regarder autour de nous, comme guettant une autre approche, elle semblait s’y connaitre et cela me rendit un peu triste. Oui, je suis seule, jadis, j’avais une meute, des frères, des sœurs, un père… Bien que les dames des bois soient devenues ma seconde meute, cela ne remplacera jamais la première, la douleur de ne pas les retrouver, la solitude laissée par leur absence. Celui à qui j’avais essayé de prendre la botte sort à son tour alors que le petit être se met entre lui et moi. L’air nocturne était doux, les lunes hautes, une nuit magnifique en somme, une nuit à la gloire des loups. « -Ça pas être loup. » Lance-t-elle tout à coup. Je suis pourtant bien un loup, certes différent de ces congénères, mais je ne pourrais jamais me considérer autrement. La rouge prit finalement le drap pour le tirer vers elle, je fis de même, remuant de plus belle la queue. Cela me rappelle les jeux avec les chiens des villes, mais surtout avec mes frères et sœurs quand on trouvait une corde, du lierre ou quoi que ce soit pouvant être tiré de cette manière. C’était alors au premier qui lâche qui perdait, cela permettait aussi de bien placer la hiérarchie, entre le dominant et le dominer… Un jeu extrêmement social en somme alors que le drap eut quelque craquement discret, montrant que sa solidité était mise à mal. « - Maintenant que tu le dis… » Le teint de neige sembla écouter ce que la miniature avait à clamer, alors que cette dernière était bien occupée. « À Catleya, pas à faux loup ! » Mais le jeu fut de courte durée finalement, je sentis qu’on me saisit par la nuque, me faisant sursauter alors que je lâchai d’un coup l’objet de convoitise sous la surprise. Je ne pensais pas qu’il oserait aller jusque-là. « - Que fait un Yorka solitaire dans la forêt ? Tu fais partie des Eryllis ? » Je le fixe de mes yeux bleus alors qu’il me lâche, rare sont mes rencontres ou les gens devine si vite, sans doute est-ce parce que c’est le territoire des miens. Il avait bien fait de cesser son emprise, car cela aurait été plus compliqué. En tout cas, il était difficile de me faire comprendre d’étranger sous cette bouille-ci… Seuls ceux qui étaient habitués à ma présence arrivaient à tout comprendre de mon altitude, respectant le fait que je sois bien mieux à quatre que deux pattes. Très petite poitrine, 1m74, ces derniers temps, les gens ont plus tendance à me donner 17 que 15 ans, mais c’est toujours compliqué. Je garde mes oreilles, ma queue et mes griffes de loup sous cette forme svelte, des cicatrices surtout sur ms bras et jambes ainsi que ma joue droite. Je ne réponds pas de suite au plus grand, regardant un instant les lunes se reflétant sur mes iris puis regardant cette plus chaude que le soleil le jour. « - Je suis une vraie louve, même si je peux prendre cette forme ! » Je regarde enfin le second. « - Les Eryllis m’ont appris à parler et m’ont nommé Loup, c’est effectivement ma seconde meute… Et je ne suis pas si solitaire, je recherche simplement ma première meute, car eux ne peuvent pas parler avec les bipèdes en empruntant leur apparence… » J’eus une tristesse passagère sur le visage. Mais je me repris, regardant la couverture en remuant la queue. « - C’est une belle nuit pour jouer, les lunes sont hautes et le ciel clair. Et puis, vous n’avez pas l’air de mauvais bipède, la plupart en veulent à ma fourrure au premier regard ou bien abime les bois à leur passage, certains rendent même les oursons orphelin… Cela ne semble pas être votre cas. Et puis, vous sentez les plantes, un mélange faisant penser au plus profond des bois et vous avez le même teint que les neiges des forêts enneigées d’où je viens. » Dis-je en souriant, espérant à moitié que ça finirait de les convaincre de jouer.
Dès la question posée, il était évident que le loup devant lui allait prendre son apparence terrane C’est à une petite fille que l’on a à faire. La louve semble avoir le même âge de Catleya si on oublie sa taille. Elle devait avoir la quinzaine tout au plus, difficile de se faire l’idée de son âge pour ses traits physiques. Entre la petite poitrine qui lui donne l’air très jeune et sa taille qui la vieillit, difficile de se faire une idée. Comme toute yorka après transformation, l’Eryllis garde certains traits animal comme ses oreilles ou sa queue. Elle n'est point dérangée par sa nudité, sûrement habitué à rester sous sa forme animale et donc totalement à poil. Sans mauvais jeu de mot. Quelques détails sur son corps auquel Duscisio ne s’y attarde pas pour des raisons évidentes de pudeur pendant qu’elle répond à Catleya avant de se présenter sous un nom des plus simpliste et confirmant que les Eryllis fait partie de son entourage. Une bonne chose dans le sens où la caste sera au courant de son retour dans la forêt et plus tard de son abdication quand Félicie restera au temple une fois le trajet allés terminer. Si la dénommée Loup passe le message du moins.
Cette dernière ne reste pas longtemps sur le sujet et exprime très clairement son envie de jouer. La couverture l’intéresse, sa queue remue à l’idée de jouer avec et alors qu’il pensait la ranger en la repliant avec son deuxième bras, Duscisio la lui jette à la figure pour la couvrir. Le temps qu’elle s’en dépêtre, il se présente.
- Je m’appelle Duscisio et voici Catleya. Dit-il en donnant les noms en désignant sa personne puis la petite fille. Et Félicie qui se trouve sur la charrette.
La jeune femme se tient devant la charrette et ne semble bouger, souriante d’un geste de la main amicale quand Loup la regarde.
- Désolé, mais ça sera sans moi. J’ai besoin de me reposer pour demain. Le chemin est encore long pour le temple de Delil.
Duscisio baisse la tête vers la petite fille qui se tient entre lui et Loup.
- Tu peux jouer avec elle si tu veux, Catleya. À seule condition que vous ne vous éloignez pas.
L’argenté a confiance en elle, même si elle s’éloigne, elle n’aura aucun mal à le retrouver dès qu’elle n’aurait vraiment plus l’énergie. Quant à lui, qu’elle accepte ou non, il retournera se reposer pour retrouver les forces nécessaires au voyage de demain.
La yorka prend forme humaine mais déclare être une vraie louve. Le petit monstre rouge s’apprête à réaffirmer le contraire, un vrai loup ça ne se transforme pas en deux pattes ! mais sa bouche reste close quand elle se rend compte d’une chose très importante. Ce n’est pas ce à quoi on ressemble qui détermine ce que l’on est.
N’avait-elle pas elle aussi crié qu’elle n’était pas une lhurgoyf, aussi forte soit la conviction de son tuteur, elle n’était pas lhurgoyf car elle ne se sentait pas appartenir à ce peuple. Alors, elle serait bien mal placée pour dire à la personne en face d’elle, ce qu’elle était ou n’était pas. Après tout, seule elle pouvait le savoir. Forte de cette compréhension, la gamine observe la louve sous sa forme de deux pattes. Catleya n’ayant pas vraiment expérimenté la pudeur, ne se gêne absolument pas pour détailler le corps nu devant elle. Elle était plus grande, plus vieille peut-être, la louve était à la fin de l’adolescence alors que Catleya y entrait tout juste. Si Loup avait une apparence de 17 ans, Catleya ressemblait encore à une enfant qui aurait grandi trop vite, on ne lui donnerait pas plus de 12ans et par bien des aspects, de son comportement à sa façon de s’exprimer, certains lui donnerait moins encore.
Dès lors que la louve faite femme évoque les Eryllis, Catleya bondit en avant, abandonnant son butin, la couverture n’ayant plus aucun intéret si elle n’était pas l’objet du jeu.
Les grands yeux de l’enfant s’illuminent en parlant de sa première amie. Peut-être qu’un jour, elle aussi deviendra une Eryllis, vivre dans la forêt, entourée d’amies. Seule ombre au tableau, son papa-oiseau. Il ne pourrait plus être avec elle si elle devenait Eryllis, c’était embêtant. Catleya n’avait pas plus envie que cela de penser au futur et elle ne parvenait pas tout à fait s’imaginer adulte alors, elle abandonnait cette idée pour se concentrer sur la louve et les jeux qu’elle lui proposerait. Elle avait hâte de parcourir la forêt en compagnie d’un vrai loup, comme elle l’avait fait autrefois, en compagnie de Renard.
Le teint neige finit par me jeter l’objet de mon larcin sur moi, je fus surprise, me débattant jusqu’à que l’objet tombe au sol. Je retins l’essentiel, la rouge est Catleya, le blanc, Duscisio et la femme qui m’avaient jarté de la charrette, Félicie. Cette dernière ne m’intéressait pas vraiment, seuls mes potentiels compagnons de jeu m’étaient digne d’intérêt. Mais le premier semblait déjà vouloir repartir aux pays des rêves, je fis la grimace, décidément mécontente de cette décision. « - Désolé, mais ça sera sans moi. J’ai besoin de me reposer pour demain. Le chemin est encore long pour le temple de Delil. Tu peux jouer avec elle si tu veux, Catleya. À seule condition que vous ne vous éloignez pas. » Pourquoi cela dérangeant de s’éloigner ? Il serait difficile de se perdre après tout. Je connais les endroits naturels assez bien, mon odorat et mon instinct sont là… Bien qu’il ne m’a pas été suffisant pour retrouver les miens. À la question de la teinte de rubis, je réfléchis, remuant doucement ma queue touffue. « -Louve connait Smaragd ? Grande, verte, gentille, avec vilain glouton ? - Je ne crois pas, elles ne me voient pas souvent, sauf quand je passe dans les parages. J’essaye de retrouver ma première meute même si depuis le temps, père est surement mort… Mes frères et sœurs me manquent, l’un d’eux est-il le nouvel alpha ? Le soleil c’est levé et couché d’innombrables fois depuis que je les ai perdus dans une tempête de neige, comment ne pas craindre qu’un bipède ne les ait tous tués durant mon absence… Bien des bipèdes sont ainsi, même si des exceptions comme vous existent. Les Eryllis m’ont appris à parler, mais ma véritable maison restera toujours ces forêts de pin couvert de neige et le chant des miens sous la lune. » Puis me rendant compte que j’avais trop parlé, la lune se reflétant dans mes pupilles, je repris sur un ton plus joyeux en souriant. « - Pardon, la nuit est si belle que j’ai parlé de ce temps si lointain sans m’en rendre compte. Je ne connais pas Smaragd mais si je la croise un jour, je ne manquerais pas de lui dire que tu la cherches. » Lui dis-je sincèrement en lui tirant la langue d’un air mesquin, puis m’adressant au grand. « - Dans ce cas, je continuerais à vous suivre, je trouverais bien une occasion ou vous ne pourrez pas vous défiler pour jouer… » D’un ton résolu puis en reprenant ma forme animale. D’un coup de croc, je repris la serviette pour la lancer, à l’aide d’un formidable mouvement de cou, sur la petite rouge. Je fis rapidement le tour, me remettant en position de jeux avant de lui aboyer dessus pour l’inviter à venir jouer, remuant la queue d’un rythme ne laissant aucun doute.
Dès la révélation d’une connaissance, Eryllis, Catleya bondit pour savoir si elle connaissait le nom de Smaragd. Si sa mémoire est bonne, il s’agit d’une Zelos qui s’était occupé de Catleya avant qu’elle de le rencontre. L’enfant ne devait pas s’être empêchée d’aller la voir lorsqu’il était au haut-monastère quand ils durent se séparer lors de la fièvre, ce qui se résulte à son retour par l’enfant qui était tombé malade également. Si ce moment est passé, il reste important dans la détermination de ne plus se séparer d’elle tant que l’enfant aurait besoin de lui. Détermination qu’il a bel et bien remonté au haut-monastère quand la petite a été agressée par des gardes qui l’ont pris pour un monstre à part entière. Il n’oubliera pas sa fureur ce jour-là quand il observa la scène quelques secondes, menaçant ceux qui la menaçaient. Il eut remontrance de la part d’une générale qu’il passa outre par le comportement des soldats qui menace une enfant par la combinaison de son apparence lhurgoyf et de la maladie qui la faisait paraître comme un démon à part entière.
Parler de son amie éveille l’enfant qui semble toute excitée à l’idée que quelqu’un d’autres puisse la connaître. Ce n’est qu’une enfant, mais ayant été élevé en partie par une Eryllis, Catleya pourrait très bien en devenir une, une fois passé l’âge adulte. Il a le temps d’y penser. Actuellement, elle n’était qu’une enfant qui avait besoin qu’on la protège de l’inconnu. Elle n’a que douze ans, bien plus jeune que la louve. Mais un jour, Catleya devra choisir ce qu’elle veut faire. Il a le temps d’y penser. Une chose est sûre, il ne sera pas déçu si elle choisit cette voie. Quand on y réfléchit bien, si l’enfant n’était pas devenu sa fille adoptive, elle pourrait très bien avoir choisi cette voie bien plus tôt. Il n’y a aucun mal à ça.
Louve raconte le but de son errance, ce qui ne l’empêche pas comme maintenant d’avoir quelques envies de jouer. Il est amusant de comparer le niveau de langage entre Catleya et Louve, notamment sur les hommes et femmes de toute contrée. Bipède, deux-pattes. Rien que d’entendre ça, cela fait sourire Duscisio. Bien sûr, son histoire est triste, pour l’excuser d’être une pipelette.
- Je te fais confiance pour ça. Vu que l’on est de passage dans la forêt, tu peux nous accompagner, il n’y a pas de problème. Ça fera de la compagnie pour Catleya qui pourra jouer avec toi quand elle le veut.
L’herboriste a toujours ses exercices à faire. L’entraînement entre les deux adultes et le jeu entre les deux enfants. Cela fera une bonne ambiance pour le trajet. De plus, il a déjà rencontré les Eryllis pour leur faire suffisamment confiance. La couverture lui est à nouveau lancée alors que Louve reprend sa forme animale. Catleya est libre de jouer avec l’Eryllis errante tant qu’elle le veut, tant qu’elle ne s’éloigne pas.
- Je vais me reposer. Amuse-toi bien avec Louve.
Duscisio, la mine fatiguée, caresse la tête de l’enfant avant de la laisser libre de ses mouvements pour aller se reposer. Félicie sera sur le qui vive durant toute la nuit à veiller à ce que tout se passe bien.
Pour me venger, d’avoir un compagnon de jeu en moins, peut être aussi par pure mesquinerie, je décidai que j’allais les suivre durant leur trajet pour un temps indéterminé. Cela ne sembla pas être une excuse suffisante pour le grand bipède afin de nous rejoindre dans le jeu d’après ses paroles. « - Je te fais confiance pour ça. Vu que l’on est de passage dans la forêt, tu peux nous accompagner, il n’y a pas de problème. Ça fera de la compagnie pour Catleya qui pourra jouer avec toi quand elle le veut. » Confiance ? C’est-à-dire ? J’avais simplement dit ce que je comptais faire, il n’était nullement question de ce genre de chose du coup. Enfin, cela disait aussi que je pourrais m’amuser à volonté et cela n’était pas plus mal, même si je ne pense pas être la première a fatigué. Mais s’il pense que je vais me contenter de la rougeâtre, il se trompe grandement, il devra bien jouer avec moi a un moment ou un autre… Surtout que ma nature fait que je me fatigue peu, après tout, j’ai grandi en ayant l’habitude de marcher et courir des kilomètres chaque jour, à chasser le cerf et le caribou, à traverser de l’eau gelée… C’est aussi ça, être un canin de ma sorte, cela ne se limite pas à hurler dans la nuit est éclairée par les rondes lunes. « - Je vais me reposer. Amuse-toi bien avec Louve. » Fit-il alors, repartant vers ce qui leur faisait office de tanière roulante. Des yeux ne nous lâchaient pas, mais cela ne nous empêcha pas de jouer autant qu’on le put, avec le drap tout d’abord, c’était à celui qui l’attrapait bien que je la laisse quelquefois me rattraper… Même un chiot se lasse de ne jamais gagner et comme je voulais garder au maximum mon compagnon de jeu de cette nuit… Mais bientôt, le drap traina simplement au sol sans plus de propriétaire… Cela finissait aussi souvent ainsi avec mes frères et sœurs, se courser mutuellement suffisait, c’était aléatoire, changeant…. Comme le temps, comme la neige et la pluie… Quand les lunes avaient fait la moitié de leur voyage, la peau de fraise des bois finit par rentrer aussi dormir, tout simplement, ayant bien couru. Bâillant, je décidai d’aller moi aussi me coucher sous la charrette, tout simplement.
Le lendemain, je ne fus pas la première réveillée, sortant de ma cachette en me tendant, malgré que le soleil ne fût qu’au début de son chemin sans être au départ non plus. J’allai m’enfoncer dans les bois sans pour autant perdre la charrette et l’odeur des chevaux. Je trouvai une marre et m’y baigna pour me réveiller, couvrant ma fourrure de vase, dévorant même une grenouille au passage… Ce n’est pas une chair que je mange souvent, il est après tout dommage de sacrifier une vie pour un estomac si peu rempli, mais cela suffirait bien pour l’instant. Je trouvai même une belle longue branche que je pris entre mes crocs, revenant vers le chariot, la queue et la tête haute, fiers de ma trouvaille… En allant directement vers le blanc qui n’avait pas voulu jouer avec nous cette nuit, il faisait jour, il n’avait pas d’excuse… Et s’il ne veut pas, je me secouerais à côté de lui, nah ! Je vins donc me planter devant lui, le fixant avec ma branche, la queue battante et un nénuphar sur la tête.
Durant la nuit, Duscisio se repose pendant que Catleya joue avec Louve jusqu’à que ses limites reviennent à la charge. La couverture a été légèrement abandonnée, mais comme Félicie les surveillait en même temps que la charrette, elle n’eut aucun mal à la retrouver. La couverture sera lavée pendant que tout le monde est endormi. Père et fille dans l’habitacle et la yorka en dessous.
Pour la gorgoroth, les nuits sont longues, il faut savoir s’occuper. Se laver avec un minimum d’eau sur une peau violacée, se vêtir de vêtement légèrement similaire – la garde-robe n’étant pas très fournie – lire, préparer les affaires de tout le monde pour le lendemain. Le bon côté, c'est que l’intendante peut utiliser ses pouvoirs contrairement à Duscisio pour l’aider dans ses tâches. Se permet des siestes de quelques minutes pour combler le vide jusqu’aux premiers rayons des trois soleils pour observer la yorka de loin jusqu’à qu’elle s’enfonce dans la forêt puis de revenir. Duscisio vient à peine de se lever, Catleya encore endormi à l’intérieur. Ça a été compliqué de s’extirper de son étreinte sans la réveiller. Au vu qu’elle devait avoir joué une partie de la nuit, elle resta endormie et le restera pour une heure ou deux de plus. En sortant de son moyen de transport, Louve l’attendait déjà. Une branche dans la gueule, fière et apparemment déjà très en forme, tout faire pour que l’Argenté joue avec elle à n’importe quel moment de la journée. Le nénuphar sur la tête l’étonne quelques instants avant de pouffer de rire. Félicie, curieuse, se demande pourquoi il rit d’un seul coup puis constate la même chose avant de se retenir de rire, la main devant la bouche, détournant le regard, l’air amusée. Au moins, Louve a les moyens de les divertir à sa manière par son attitude plus que naturelle.
Il se résigne à prendre le bout de bois en soupirant, prendre de l’élan avec son bras puis le lancer suffisamment loin pour avoir quelques minutes pour commencer à préparer quelques chose à se mettre sous la dent. Bien sûr qu’elle revient avec. Bien sûr qu’elle veuille recommencer, donc il recommence deux ou trois fois avant de l’arrêter quelques instants.
- Tu veux manger quelques choses ?
Il faudrait faire un feu, mais pour le matin, il se contente de peu. Un peu de porc salé séché, de l’eau, du lait éventuellement, il doit en rester un peu, bien qu’on le garde surtout pour Catleya. Il veut actuellement essentiellement prendre le temps de se réveiller et des forces pour avancer durant la journée. Préparer les chevaux après les avoir laissé brouter pendant qu’il mange et une fois Catleya réveillée, ils avanceront.
J’avais ainsi ramené de quoi jouer à Duscisio qui eut l’air surpris puis finit par rire, je penchai la tête sur le côté, faisant tomber mon chapeau du coup… Pour qu’un bâton soit si drôle sans rien faire, c’était de bien étrange bipède, mais au moins, j'eus enfin de ce que je souhaitais. En effet, dès qu’il prit le bâton, je reculai en frétillant les fesses, les yeux rivés sur le bois, la queue battante d’une excitation évidente. Dès que l’objet quitta sa main, je suis partie en courant alors que le bout de bois atterri dans un buisson ou je dus m’enfoncé plus de moitié pour le trouver, laissant neige et cendre en touffe dedans, mais c’est tout, ma fourrure épaisse avant plutôt tendance à me protéger des égratignures. Et puis, j’ai l’habitude d’avoir des petites coupures aux pattes donc cela fait bien longtemps que je n’y fais plus attention. Je lui rapporte enfin l’objet, remuant toujours autant que mon postérieur. Il me le lance de nouveau, un peu plus loin cette fois, surement par chance et finalement à part une fois, je le retrouve toujours assez facilement. Mais le jeu se stoppe assez vite par une phrase simple traduisant sa propre faim ; « - Tu veux manger quelque chose ? » Je réfléchis, c’est vrai que je pourrais au moins leur apporter une proie, peut-être que ça l’encouragera à continuer à jouer, alors je m’enfonce de nouveau dans les bois. Tendant l’oreille, je vois les herbes bouger, je me couche le plus possible bien que normalement habitué a plus gros. M’approchant doucement, imitant les fauves, je bondis seulement quand je suis suffisamment près. Après deux coups de crocs dans le vide, j’arrive finalement à attraper le rat des bois, mettant rapidement un terme à ses souffrances, car manger n’est pas un jeu. Au contraire, il est surtout question de mettre fin a une vie pour en maintenir une autre dans ‘existence. Je reviens, venant apporter (ou plutôt lâcher) ma proie sanguillonante sur les pieds du blanc tout en penchant légèrement ma tête sur le côté.
Réveillée par les rires, Catleya se frotte les yeux et se redresse, s'avançant à quatre pattes jusqu'à l'arrière de la charrette. Elle voulait voir ce qui mettait les deux adultes de si bonne humeur. Restant derrière son tuteur, elle l'observe alors qu'il lance un bâton au loup. Elle voit bien un nénuphar par terre mais elle n'en saura jamais l'origine. Ses grands yeux vermillon s'attardent sur le dos de son papa, il avait l'air détendu, heureux même. Cela rassurait l'enfant. Elle l'avait vu perdre des couleurs dans l'affreux sous-sol de Vanes et elle avait bien cru.. qu'il finirait par lui dire de s'en aller toute seule, comme Renard l'avait fait, à sa manière. Elle ne détestait pas Félicie, elle l'appréciait même mais, elle ne l'aimait pas comme elle aimait Duscisio ou Smaragd.
Puis finalement ils étaient parti de Vanes mais son papa n'avait pas eu l'air heureux comme elle de reprendre la route. Il lui avait expliqué qu'il était malade, en quelque sorte. Il avait perdu presque toute sa magie. Est-ce que c'était si mal ? Elle n'en avait pas alors.. Est-ce qu'elle aussi était malade ?
Dans l'ombre de la charrette, la petite fille regardait la louve partir à la recherche du bâton. Cela la divertissait aussi de ses trop sérieuses questions. Sortant un peu plus la tête de l'habitacle, elle s'asseyait à l'arrière, ses petits pieds blancs se balançant au-dessus des herbes hautes. Elle était encore un peu fatiguée, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pu se dépenser autant et bien qu'elle ait passé une bonne partie de sa jeune vie dans la nature, elle avait commencé à prendre le rythme de son papa d'adoption. Elle dormait plus longtemps, plus profondément aussi. Ce n'était pas bien pour un animal mais la sécurité de son foyer endormissait peu à peu sa part sauvage.
Peut-être était-ce aussi pour cela que ce matin, le monstre rouge avait disparu. Une petite fille albinos se tenait à l'arrière de la charrette, elle regardait son père jouer avec un loup comme s'il s'agissait du chien de la famille. Elle aussi, ce sentait heureuse. Elle n'avait pas besoin de plus que ça. Un endroit paisible, dans la forêt et son papa heureux.
Le cadavre d'un rat tombe devant les pieds de Duscisio quelques instants après qu'il ait demandé à Loup si elle avait faim.
Papa et Félicie pas manger la viande crue. Loup peut tout manger si elle a faim ou on fait sécher pendant quelques jours. Pour pas faire du feu dans la foret.
Les mots étaient encore simples mais les phrases devenaient plus fluides, Catleya faisait visiblement des efforts, sans doute avait-elle été impressionnée par la verve de la yorka alors que cette dernière avait dit qu'elle aussi, avait vécue un moment dans la nature. L'enfant sauvage qu'était la petite albinos devait elle aussi montrer l'exemple.
La question posée se limite à une réponse non verbale à une nouvelle fuite du loup au pelage atypique. Il n’avait pas lancé le bâton, c’est qu’elle n’avait peut-être pas compris ce qu’il demandait. Il n’a guère le temps de se retourner et d’échanger un regard avec Félicie qu’un rat ne tombe à ses pieds. Voilà son repas. Cela ne rassure pas vraiment Duscisio de voir la pénitence de la Yorka, elle y est habituée donc ne peut lui faire de reproche. C’est Catleya qui parle à sa place, son tuteur se retourne pour la regarder. C’est un mélange de surprise et d’allégresse qui l’envahit alors. La petite fleur se montre sous son meilleur jour. Lorsque leurs yeux rouges se croisent, il ne la voit plus comme une adoption, mais bel et bien comme sa fille biologique tant leur ressemblance liée à l’albinisme les rapproche.
- Catleya a raison. Dit-il en se rapprochant d’elle. On ne mangera pas ce que tu nous apportes, par contre, on peut partager ce que l’on a… Tu veux quelque chose, Catleya ?
Le tuteur caresse la tête de l’enfant le temps de passer dans la charrette pour sortir de quoi manger. Félicie regarde Louve qui croise son regard comme si elle avait l’intention de lui en proposer.
- Ne me regarde pas comme ça, je ne mange pas de rat non plus.
Elle agite les bras devant elle, les mains à plat pour affirmer son refus. Ne précisant pas non plus qu’elle n’a plus le besoin naturel de manger ou de boire. Sans compter que plus rien n’avait de goût pour ses papilles. La gorgoroth aussi a remarqué un très bon changement depuis sa libération de la pistilose. Il a un nouvel objectif bien plus sain, qu’il combine avec plusieurs étapes, a commencé par se soigner de son handicape magique afin de pouvoir défendre son entourage, Catleya, la première aussi précieuse que la prunelle de ses yeux. Félicie va devoir rester au temple une fois arrivé et selon lui, son épée ne suffira pas. Il est très loin de pouvoir remplir cette étape. Heureusement, les agressions sur les routes sont très peu fréquentes et l'argenté a retrouvé ses facultés d'épéistes qui lui permette de se défendre correctement contre plusieurs individus. Duscisio bien qu'ayant hâte de pouvoir retrouver sa magie, prend le temps de revoir toutes les bases chaque soir, qu’il passe en revu avec la petite quand la curiosité lui fait défaut, au plus grand bonheur de son tuteur. Il ressemble maintenant à n’importe quel personne prenant soin de sa famille.
La rouge avait laissé place à une enfant des neiges qui semble comprendre mon intention pour avoir ramené ainsi une proie, mais elle me rappelle à quel point les bipèdes peuvent être difficiles parfois aussi. En effet, ils abattent bien souvent des êtres qu’ils ne mangeront de toute façon pas, gagnant or et bien sûr leur mort, mais quand il s’agit de survenir à leur besoin primaire, ils ont tendance à refuser la moindre chose. Même si je n’y peux pas grand-chose. L’enfant des neiges parla alors, m’indiquant ceci ; « -Papa et Félicie pas manger la viande crue. Loup peut tout manger si elle a faim ou on fait sécher pendant quelques jours. Pour pas faire du feu dans la forêt. - Catleya à raison. On ne mangera pas ce que tu nous apportes, par contre, on peut partager ce que l’on a… Tu veux quelque chose, Catleya ? » Indiquant ainsi un refus évident, réitéré par la fameuse Félicie qui accompagne ses paroles de gestuelle. Je n’ai rien contre leur prendre de la nourriture, tout dépendra de ce qui se présentera. Dans tous les cas, je n’aime pas prendre une vie pour ne rien en faire, tuer n’ai pas un geste anodin, mais plutôt lourd de sens. Alors sans attendre, je récupère le rongeur dont je déchire l’abdomen, mangeant ses entrailles en premiers avant de rapidement dévorer le reste. En effet, tout comme le batracien un peu plus tôt, cela ne représente pas grand-chose. Je me contente ensuite de m’asseoir et de regarder tout ce beau monde manœuvrer, regardant notamment de quoi se composait leur repas et si cela m’intéressait. L’odeur de Félicie m’interpellait aussi, je finis par aller la coller, promenant la truffe sur tout ce qui se promenait, humant son odeur et collant parfois mon nez contre elle…. Il ne me semblait pas l’avoir vu dormir aussi d’ailleurs.
Les entrailles se déchirent entre les crocs du loup dans un bruit que certains jugeront affreux mais qui fait sourire le petit démon blanc. Elle aussi mangeait comme ça avant mais maintenant elle était grande, elle savait même manger avec des couverts ! Elle avait évolué sans renier cette part sauvage d’elle-même, sans vraiment se poser la question, sans avoir eu à juger son passé. Lorsque Duscisio la questionne sur ce qu’elle veut manger, la gamine lève les deux bras en l’air et s’exclame bruyamment.
Lait, cacao et cochon salé !
Sans attendre qu’on lui accorde son souhait ou qu’on la serve, la gamine se précipite dans la charrette pour attraper le bocal dans lequel se trouvait les précieuses fèves de cacao rapportées de Canopée. C’était trop amer pour Catleya mais une fois plongée dans un verre de lait cela lui donnait bon goût ! Le mieux était encore d’y tremper des lamelles de jambon séché, cela ajoutait une petite touche de sel absolument délicieuse ! Enfin, selon les goûts du petit monstre.
Dégustant son incroyable petit déjeuner, Catleya finissait par se rapprocher de son tuteur alors que la louve reniflait la gorgoroth sous toutes les coutures.
Papa, les yorka naissent d’un papa et d’une maman animal ?
La meute et la famille auprès de laquelle essayait de retourner la louve, était-ce sa famille de sang ? Sans totalement consciemment faire le lien, l’enfant se comparait à la yorka. Quelque part, elle connaissait déjà la réponse à sa question. Non, les yorka ne naissaient pas d’animaux, alors oui, Loup devait avoir des parents yorka. Étaient-ils morts ? L’avaient-ils abandonné ? Etait-ce important, finalement ? Même si elle n’avait pas de lien de sang avec sa meute, ces loups étaient sa famille. La petite main de Catleya se faufilait dans celle de son tuteur, serrant ses doigts autour des siens.
C’est loin le pays des tempêtes de neige ? Catleya est triste pour Loup. Famille c’est important.
L’enfant lève ses grands yeux vermillon sur le visage de son papa-oiseau d’adoption. S’ils étaient séparés par une tempête, eux-aussi ? Ils voudraient sans doute se retrouver, pas vrai ? Alors s’ils pouvaient aider Loup, ils devraient le faire, non ?
À l’envie de manger quelques chose, Catleya demande trois denrées bien distinctes qu’ils possèdent heureusement en quantité suffisante. Pendant que Loup dévore le petit rat dans un son déchirant – sans mauvais jeu de mot – Duscisio cherche les vœux de la petite fille dans le sac et petite caisse prévu au stockage. Impatiente, elle arrive en trombe pour fouiller dans le bocal apportée de la ville forestière qu’ils gardaient justement pour elle en sachant pertinemment qu’elle aimait, en comblant l’amertume de la graine avec le lait et le porc salé. Si Duscisio serait plus pour choisir un goût sucré à la place, il n’en restera pas moins friand de la viande séchée qu’il mange avec parcimonie quand une petite faim lui taraude l’estomac.
Une question tout à fait innocente interpelle Duscisio. La curiosité de la petite fille est naturelle et pour répondre à sa question, le tuteur rit quelques secondes avant de lui répondre amusé.
- Non, ma fille. Les yorka sont un peuple à part. Ses parents sont yorka aussi, comme les grands-parents avant eux. Comme je suis terran par mes parents il y a des années de cela.
Il regarde Louve, qui termine son repas et cherche encore à jouer comme elle lui promit la nuit dernière. Son cas est particulier, mais ressemble étrangement à celui de la petite albinos d’une manière ou d’une autre. Duscisio s’attriste.
- Elle a peut-être été abandonnée très jeune et adopter par une meute. Son essence animale lui a sauvé la vie…
La meute qu’elle cherche est l’une des seules familles qui lui reste, en plus des Erylis qui se sont un peu occupés d’elle. Le pays des tempêtes de neige. Louve en a parlé hier soir du fait qu'elle a perdu sa meute lors d'un événement climatique similaire. C’est fortement Cimmeria dont il est question ici. Sans doute une destination que Duscisio a évitée pendant des années à cause de la plante parasite qui ne supportait pas le froid. Maintenant qu’elle n’est plus, il pourrait y retourner. Malheureusement, quelque chose encore l’en empêche.
- Oui. C’est très loin. En partant d’ici, on en aurait pour deux mois si je ne me trompe pas.
Éviter le territoire des Vanes rallonge le voyage comme il en ont eu déjà l’expérience pour venir jusqu’ici. Mais Duscisio voit très bien où elle veut en venir. La petite déverse toute sa bienveillance dans ses yeux vermillon à l’idée de vouloir lui venir en aide. Il n’a rien contre, bien au contraire.
- Nous pourrions toujours nous y rendre une fois notre séjour au temple terminé. En cette saison, il y fait moins froid…
Moins froid dans un pays gelé, c’est assez relatif. Cela ne reste pas une traversée agréable. La traversée jusqu’à de Hesperia, la capitale Eridienne jusqu’à Helas prend deux semaines. Facilité par les convois réguliers d’importation et d’exportation organisés pour le besoin de la population locale.
- On va continuer notre chemin. Je vais laisser Félicie faire avancer la charrette et rester jouer avec vous.
Cela devrait ravir les deux petites filles de savoir qu’ils allaient rester ensemble toute la journée. Il est même possible que ses activités continues pour les jours à venir.
La petite blanche m’avait observé prendre mon repas et ils partirent dévorer le leur également quand je fus occupée de renifler la dernière de ce groupe. Elle semblait en effet très différente notamment par ses habitudes, presque hors du monde des vivants sans y être complètement non plus, c’est ce dont elle me faisait penser en tout cas. J’observe enfin la pitance de ceux qui possède un estomac, c’est bien différent de ceux a quoi j’ai l’habitude, je reconnais la viande malgré tout, même si elle est dans une forme différente. Lors de mes voyages, au fil des rencontres, il m’est plusieurs fois arriver de manger des choses des villes ou aliment transformer, mais même si c’était bon, je n’ai jamais abandonné mes habitudes de loup, aimer la viande fraiche et saignante notamment. Ou encore, manger des choses que les bipèdes n’ont pas l’habitude de gouter par dégout, oubliant que toute vie étant précieuse, on ne prend pas celle des autres à la légère sans but. Il faut aussi être prêt à perdre la sienne, car d’autres pourraient en avoir besoin pour leur propre survie, cela peut paraitre cruel, mais je trouve que le monde des bipèdes l’est bien plus. J’ai vu bien plus de souffrance par leur fait et souvent même entre eux, dans leur propre cité fortifiée que je n’en verrais jamais au milieu des arbres ou des grandes neiges. Quand j’étais plus jeune, peu avant de que je me retrouve séparer des miens, père et le reste m’avait initié a la chasse en groupe, de celle qui se fais pour les caribous et les cerfs, dans cette stratégie bien ficelée ou chacun a son rôle. Des courses ou l’on ressent chaque cœur qui bat, autant celle des chasseurs que de la proie, sans pouvoir distinguer à chacun son rôle, de quelle catégorie l’on fait partie. Les coussinets sentant la glace des lac gelé, isolé d’une certaine couche de poils que l’on a sous les pattes dans ces bois-là. Le hululement de la chouette la nuit, précédant notre hymne aux lunes bien que l’on hurle beaucoup aussi en dehors de cette période… Cela signifiait notre appropriation de ce territoire, notre nombre, notre position et bien d’autres éléments. Celui qui hurle seul ne dit pas la même chose que celui qui hurle avec un ami. Le faible n'est pas laissé derrière non plus, les loups sont solidaires, sans doute bien plus que les bipèdes. Même si pensé a tout cela n’est sans doute de pas bien grande utilité, car père est certainement retourné a la terre et pour mes frères et sœur, rien n’est moins sûr, pourrais-je les revoir un jour ? Mais une phrase me sort de mes pensées, mes oreilles se tournant presque immédiatement dans la direction des paroles ; « - On va continuer notre chemin. Je vais laisser Félicie faire avancer la charrette et rester jouer avec vous. » Je m’approche en remuant fortement la queue, heureuse. Je sens une odeur qui me plait bien d’ailleurs dans l’herbe, décidant de m’y rouler après avoir longuement reniflé, déposant mon odeur. Puis toujours couché, je les regarde en tirant légèrement la langue, en attendant de voir quel jeu ils proposeraient.
Finalement, une noix me tombe dessus, me rendant compte sous quel type d’arbre j’étais, je me relève en prenant le précieux objet. Allant vers le petit flocon aux yeux rouge, j’essaye de lui mettre sur la tête, amusé, toujours en remuant la queue. Je sais que certains bipèdes arrivaient à faire tenir des choses rondes sur leur tête, donc je voulais voir. Il est plus facile de faire tenir quelque chose sur moi néanmoins, car notre crâne est plus plat.
Abandonnée puis adoptée, c’était sans doute ce qui était arrivé à la louve, selon le terran. La petite fille acquiesce sans surprise, gardant le silence sur une question évidente; est-ce qu’elle aussi avait été abandonnée ? Catleya est contente d’entendre que son tuteur veut bien accompagner Loup jusqu’aux terres glacées, si la louve attendait qu’ils fassent d’abord le trajet jusqu’au temple de Délil.
Papa avoir papa et maman terran ?
Elle aurait pu demander s’ils étaient en vie, si elle les rencontrerait un jour mais, habituée aux histoires de parents absents, cela ne lui vint pas à l’esprit. Est-ce que c’était toujours comme ça ? Un jour ou l’autre, les papas et les mamans décident d’abandonner leurs enfants ? Est-ce que son nouveau papa ferait pareil ?
Une gorgée de lait chocolaté salé éloignait ses interrogations muettes. Puis Loup approcha, tentant apparemment de poser quelque chose sur sa tête. La gamine se laissait faire, tentant de faire tenir la bille ronde sur son crane, un exercice d’équilibre difficile. Elle tint quelques secondes avant de lever les mains sur sa tête pour récupérer l’objet avant qu’il ne tombe. Elle ne remarqua pas l’absence de ses cornes, trop occupée à se tourner vers son tuteur. Sa petite main vint chercher son poignet pour le tirer un peu vers le bas, faisant se baisser l’albinos, elle posait à son tour la noix ronde sur la tête de son papa.
Ils jouèrent ainsi un moment puis Catleya se tournait vers la louve.
Loup veut venir avec nous jusqu’au temple ? Après on va au pays des tempêtes de neige, ensemble ?
C’était bien elle la première concernée alors, il fallait bien lui demander son opinion. Serait-elle heureuse de voyager avec eux ? Ou bien préfèrera-t-elle partir seule à la recherche des siens, comme elle l’avait fait jusqu’ici ?
La supposition de l’abandon par l’albinos garde quelques secondes de silence. La petite fille pourrait très bien être comparée à Louve sous certains aspects. Si les deux jeunes filles ont plus ou moins une situation similaire, l’enfant questionne sur les parents de son papa. C’est un sourire triste qui s’affiche, introduisant la mauvaise nouvelle sans nécessité de préciser qu’ils ne sont plus de ce monde.
- Mes parents étaient terrans et albinos, comme toi et moi. Quel que soit l’endroit où ils sont, je ne les oublie pas. Ils sont toujours ici, et ici…
À tour de rôle, il pose un doigt sur son front puis la main sur le cœur.
- Ce sont mes parents qui ont fait ce que je suis aujourd’hui. Mon devoir est de me rappeler d’eux à chaque instant et perpétuer ce qu’ils m’ont appris. Je te ferai apprendre à mon tour tout ce que tu veux savoir, jusqu’à que tu veuilles voler de tes propres ailes. Parce que je suis ton papa.
C’est un amour sans limites qu’il apporte à sa fille adoptive. Depuis sa libération, il le montre sous tous ses aspects, il élèvera Catleya du mieux qu’il le peut. Le regard qu’il lui apporte est si profond qu’il respire la joie et la gaîté. Rien au monde ne saurait le rendre plus heureux. Lui qui avait vécu depuis ses quinze ans sans ses parents, il tenait à partager ce dont il a été privé par l’accident en voyageant avec cette enfant. Catleya, sa fille.
Louve, qui se trouvait toujours là, détourna leur attention. La volonté de jouer tous ensemble, la yorka commence allégrement en se mettant sur le dos, les pattes en l’air, replier sur elle-même en tirant la langue jusqu’à qu’une noix attire son attention. Le premier jeu est de la faire tenir sur la tête de la petite fille qui se laisse faire. La bille ne tient que quelques instants. Catleya lève les bras afin de la récupérer avant qu’elle ne tombe, se tourne vers son père pour le tirer vers le bas et poser à son tour la noix sur sa tête. Elle ne tient évidement pas. Duscisio retente en prenant la noix et laisse tomber la tête en arrière pour regarder vers le ciel et le posé sur le front, les mains sur le sol quelque secondes pour recommencer à la maintenir en équilibre sans le moindre succès à chaque essaie.
Après le jeu, il fallait repartir. Félicie attend un peu avant de lancer la charrette que Louve, Catleya et Duscisio décide soit de rester à pied ou dans la maison roulante pour le voyage. Catleya demandant par la même occasion si Louve voulait les accompagner.
J’avais mis une noix sur la tête de la petite neige, cela ne tint pas bien longtemps… Mais malgré tout, elle passa ensuite l’objet a la grande neige ou plutôt sur sa tête, sur lequel cela ne dura qu’un court instant également. Mais il n’abandonna pas sous mon regard attentif, essayant un autre endroit avec autant de succès. Ce type de jeu était l’un des moyens de celle qui m’a appris afin de garder à peu près ma concentration, autant vous dire que cela ne suffisait pas, mais bon, on pouvait saluer l’effort… La vérité est que je n’ai jamais trop su tenir en place et que bien qu’elles ont fini par devenir ma seconde meute, cela ne remplacera jamais la première. Après tout, les vies se succèdent en ce bas lieu, un lapin devient plusieurs, l’un d’eux vient nourrir le renard, ainsi de suite… Mais malgré ce mouvement perpétuel, jamais une vie ne pourra en remplacer une autre, car l’existence ne peut pas se résumer ainsi, elle est beaucoup trop complexe et beaucoup trop unique pour chaque cœur qui bat. Finale, c’est à la pétale de marguerite de parler, attirant de nouveau mon attention ; « -Loup veut venir avec nous jusqu’au temple ? Après on va au pays des tempêtes de neige, ensemble ? » Je réfléchis un moment, inclinant ma tête sur le côté, un air sérieux au fond des yeux. Cela serait surement mieux effectivement, après tout, c’est que seul, en vadrouillant aux hasards, j’ai déjà réussi à les retrouver ? Non, cela s’était révélé bien plus qu’infructueux, voire d’une inutilité sans nom. Et cela ne serait pas si mal, ils m’ont l’air de bien bonne compagnie et même si les miens craignent les bipèdes, si je pouvais déjà retrouver une odeur familière, cela serait un grand pas. Enfin, je remuai la queue à cette idée, ma tête décorée d’un sourire de loup, je me demandai comment lui donner ma réponse claire sans avoir à changer de forme. Après tout, seuls m’ayant côtoyé depuis un moment savent décrypter mes comportements, ce n’était pas encore leur cas, sans doute sont-ils incapables pour l’instant de détecter la moindre nuance au fond de mes iris. Je repensai à une manière de faire et fit de même, faisant un large mouvement de bas en haut de la tête. Il fallait ensuite y aller, j’allai au côté des chevaux, guettant leur état. Après tout, j’étais habitué à parcourir de bien longue distance en un seul cycle, ce n’était donc pas quelque chose qui allait me fatiguer, j’en avais même besoin. Le vent se met à souffler, faisant bouger les feuilles des arbres dans une douce mélodie…
Au prochain de l’interpréter, enfin si vous en avez envie ~ Façon, Loup est déjà nu donc elle ne peut rien perdre de plus de son côté. Si aucun de vous deux n’a envie d’interpréter celui-ci, lancer un nouveau dé pour le prochain si vous voulez :)
L'enfant imite les gestes de son tuteur, pointant du doigt sa poitrine et sa tête, comprenant plus ou moins où il voulait en venir. Plus ou moins car elle n'avait ni souvenir ni amour pour ses propres géniteurs. Etait-elle bizarre ? Est-ce qu'encore une fois, elle n'entrait pas dans la norme ? Son regard vert d'eau se tourne vers le sac de toile dans lequel elle cachait les quelques babioles auxquelles elle tenait. Là dedans il y avait le carnet relié de cuir rouge sombre qui éveillait en elle autant de curiosité que de peur. Il contenait les secrets morcelés de sa mémoire brisée. Elle acquiesce aux prochains mots de son tuteur mais il est évident qu'elle ne l'écoute plus si attentivement. Son derme est redevenu rouge et les cornes ont poussées en quelques secondes sur sa tête, n'avaient-elles pas toujours été là ?
Le petit monstre sourit pourtant de toutes ses dents pointues au signe de tête de Loup, elle acceptait !
Leur petite caravane se mettait en route, dans l'après-midi Catleya appelait Loup à la suivre et s'éloignait du chariot. Les deux adultes savaient certainement où elle se rendait, il y avait un ruisseau dans les environs. Impossible à trouver par les voyageurs prudents qui ne s'écartaient pas des routes, sa localisation était solidement ancré dans un coin de la tête du petit monstre rouge. Cependant juste avant d'arriver à destination, la robe de lin qui portait Catleya se prit dans des branchages.. ni une ni deux elle fut abandonnée à la forêt ! C'est donc nue comme un ver -un ver rouge- qu'elle s'élançait jusqu'à sauter dans l'eau claire du ruisseau, éclaboussant généreusement et joyeusement la louve.
HRP:
Bon j'ai un peu interprété le résultat du dé mais elle a plus de jupe ni pantalon ! Prochain défis : 9 Une très séduisante jeune femme te fait de l’œil. Mais en fait, c'est un homme.
Pas facile... Pour faire avancer le rp on peut faire quelques jours de voyages en résumer aussi.
La petite albinos imitant son tuteur sur les belles paroles concernant ses parents ne semblait pas la marquée, l’absence de souvenir de ses parents biologiques devait y être pour beaucoup. Elle se tourne vers son carnet rouge, magique sur ce qu’a pu constater Duscisio plusieurs fois, qui se trouvait dans un sac avec toutes ses affaires. Petit à petit, elle quitte sa forme « fragile » pour laisser place à sa forme « forte ». Quelque chose lui fait peur. Parler de ses parents est encore difficile pour elle. Elle qui n’a aucun souvenir d’eux, aucun souvenir de ce qu’ils lui ont apporté.
La proposition de Catleya a laissé la yorka dubitative. Les nombreux mouvements de la tête montre que la Yorka réfléchit un moment. Visualisant le pour et le contre de leur compagnie, Louve accepte de les accompagner jusqu’au temple, puis éventuellement jusqu’au pays gelé. Catleya est ravie et laisse échapper un large sourire en dent de scie avant de s’éloigner de la caravane. Bien que la route continue, Félicie s’arrête en perdant les filles de vue.
- Duscisio ? Prend les reines !
L’intention de le remplacer pour surveiller les enfants se voit. Laissant à l’écart le seul homme du groupe, la gorgoroth échange les rôles pour se diriger dans la même direction qu’elles. Sur le passage, elle entrevoit la petite robe de lin abandonné après d’être accroché dans les branchages, déchirer et difficilement réparable, mais rien d’impossible. Félicie se débrouille pour la décrocher et la prendre sous le bras. Elle continue son chemin jusqu’à entendre des éclaboussures. Une rivière se trouve à proximité, ce qui semble ravir la sœur. C’est là qu’elle retrouve la yorka et le petit ver rouge à corne s’amuser dans l’eau. Félicie ne compte que les surveiller, enfin jusqu’à qu’elle craque pour les rejoindre ou s’amuser également avec elle.
Duscisio est laissé à l’écart. Bien qu’il devait avancer, il préfère rester sur place. Ce moment de solitude ne l’empêche pas d’en profiter pour retourner à l’un de ses objectifs. Sur le banc à l’avant, Duscisio attache les sangles sur un poteau prévu à l’effet, joins ses mains et commence à se concentrer. Son exercice n’a pas changé. Il consiste toujours à faire appel à ses pouvoirs pour retrouver toute sa maîtrise magique. Ce handicap qui n’a pas cessé de le hanter comme étant un prix bien trop élevé. Bien qu’il reste très bon à l’épée pour défendre ce qui lui est cher, il reste un mage avant tout. L’idée de ne pas pouvoir utiliser la magie le pèse énormément. Il se concentre longuement et restera ainsi jusqu’à que quelques arcs électriques ne sortent de ses doigts. C’est la première étape qu’il se fixe, et la plus difficile. Il s’exercera jusqu’à que les filles reviennent.
La suite de la journée passe et le voyage continue. La rivière Oxia dans laquelle se sont amusé les filles indique qu’une grande partie du trajet a été fait. En remontant la rivière tout en suivant le chemin tracé, ils ont pu passer le pont des Pénitents pour la traverser et ainsi prendre la direction du sud, une route direct est tracée pour le temple. Ils continueront alors jusqu’à qu’elle se sépare en deux jusqu’à La clairière. Un lac qui se trouve à environ deux jours du temple. Les voyageurs prendront une journée de repos avant la dernière ligne droite, vers l’Est. Le soir arrive et Duscisio commence à monter un camp à quelque mètres du bord du lac. Félicie occupe les deux petites filles pendant ce temps-là.
HRP:
J'ai fais avancé le voyage de quelques jours. Regardez la carte de Noathis pour vous donner une idée de où nous sommes - La clairière à l'ouest du Temple de Delil. On peut y faire une autre tranche de vie tranquille avant d'arriver à destination.
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Sujet: Traversée des bois 
Ven 14 Avr - 15:38
Réveillée par les rires, Catleya se frotte les yeux et se redresse, s'avançant à quatre pattes jusqu'à l'arrière de la charrette. Elle voulait voir ce qui mettait les deux adultes de si bonne humeur. Restant derrière son tuteur, elle l'observe alors qu'il lance un bâton au loup. Elle voit bien un nénuphar par terre mais elle n'en saura jamais l'origine. Ses grands yeux vermillon s'attardent sur le dos de son papa, il avait l'air détendu, heureux même. Cela rassurait l'enfant. Elle l'avait vu perdre des couleurs dans l'affreux sous-sol de Vanes et elle avait bien cru.. qu'il finirait par lui dire de s'en aller toute seule, comme Renard l'avait fait, à sa manière. Elle ne détestait pas Félicie, elle l'appréciait même mais, elle ne l'aimait pas comme elle aimait Duscisio ou Smaragd. 
