_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades. _ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose". _ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.
Le temple était en vu et le petit monstre boudait à moitié, les bras croisés et les pieds ballants à l'arrière de la charrette. Elle aurait bien voulu que le voyage soit plus long. Maintenant qu'ils étaient au temple, son papa-oiseau allait être très occupé et ils ne pourraient plus aller jouer tous ensemble au lac.
Alors qu'ils quittaient tous la charrette et que Opraitr leur demandait d'être sages, la gamine se sentit soudain investit d'une mission, elle devait faire attention à Louve. Elle ne connaissait sans doute pas le temple et les gens ne la connaissait pas alors, ils pourraient avoir peur. En plus le cuisinier était pas loin, il allait pas aimer avoir un petit monstre de plus à chasser de sa cuisine. Catleya était la plus expérimentée, elle devait se montrer plus responsable..... c'était comme si..
Catleya grande soeur de Loup !
Les yeux vert de la gamine s'ouvraient grands, scintillants d'allégresse, elle était la grande soeur ! C'était évident ! C'était peut-être son rôle ? Posant sa petite main rouge dans le pelage entre les omoplates du loup, la gamine prit des airs très sérieux, imitant sans doute son tuteur.
Grande soeur fait attention à Loup ! Loup doit écouter grande soeur, d'accord ?
Puis le petit diable se mit en tête de lui faire visiter le temple, par l'extérieur, parce que les deux n'aimaient pas vraiment être enfermées dans des espaces étroits et qu'il y avait largement de quoi faire avec l'extérieur ! Elle finit par lui présenter son ami greaver, le monstre végétal grinçait doucement en reconnaissant Catleya, c'était sa façon à lui de lui souhaiter la bienvenue.
Attention, pas grogner sur copain greaver, il est grognon aussi dès fois.
Il ne fallait pas oublier que l'arbre, aussi pacifique puisse-t-il paraitre, pouvait les réduire en charpie en quelques coups de branches. Rien qui ne semblait effrayer la petite rouge qui, fatiguée par le voyage ou parce qu'elles avaient couru tout autour du temple pendant trois heures, se couchait aux pieds du Greaver. Elle invitait Loup à faire pareil, surtout que comme ça, elle avait un super coussin ! Sa respiration faisait monter et descendre sa tête et puis, elle entendait son coeur battre et elle aimait bien, ça l'apaisait.
Lorsque le sommeil fut proche de les emporter toutes les deux, elle se rappela de ce qu'avait dit Loup sur sa meute. Elle l'imaginait bien petite courir dans les plaines avec plein de loups comme elle. Jouer avec des louveteaux de son âge. Pourquoi cela lui rappelait quelque chose ?
Alors qu'elle redevenait la petite fille albinos qu'elle devrait toujours être, la lhurgoyf déclenchait son pouvoir. Dans son esprit se dessinait les prémices d'un rêve. D'immenses plaines couvertes de neige, c'est ainsi qu'elle s’imaginait Cimeria, elle voyait le pelage blanc et noir de sa petite soeur et un peu plus loin, des formes lupines qui approchaient en courant. La meute de Loup, sans aucun doute ! Le coeur de l'enfant se gonflait de bonheur alors que la magie coulait dans ses veines.
M’être secoué pour retirer la boue ne semblait pas avoir ravi la grande neige, au contraire, je ne voyais pourtant pas le mal, ce n’était que de la terre mouillée au final… Il ne s’offusque pas de marcher par terre, si ? En tout cas, je repris brièvement ma forme humanoïde pour lui dire ce que j’avais à demander à propos de l’alpha de la ville circulaire. Il était facile de comprendre dans sa réponse qu’il m’en voulait encore d’avoir mis de la boue dans le chariot même si je ne vois pas trop en quoi c’est si énervant. « - Je verrai si j’y pense… On ne parle que le soir quand vous dormez. Avant ça, tu vas m’aider à laver ce qui peut l’être… ça sera ta punition… Une fois que tu te seras débarrassé de la boue qu’il te reste dehors ! » Je tourne la tête sur le côté sans répondre, je lui rappellerais ce soir dans ce cas. En réalité, je ne vois pas trop l’utilité de lécher un objet pour le nettoyer, car c’est bien ainsi que je m’y prendrais, par habitude. Même si je me baigne parfois dans un lac ou une rivière, se lécher reste la façon de base de se nettoyer pour les loups, mais aussi la plupart des autres animaux. Et puis ainsi, on remet notre odeur sur notre fourrure. Enfin, le soir de nouveau, un bruit sourd arriva d’ailleurs, je me demandai, tout comme les autres, ce qui se passait. En allant voir, il s’agissait de la grande neige qui faisait je ne pas trop quoi, mais qui en était visiblement responsable, même sous ma forme naturelle, mon interrogation était largement par le penchement de ma tête.
Après rappeler mon message, je dormis dans le chariot cette nuit, la tête entre les pattes, sur le bord, le museau dirigé vers la naissance des lunes. De toute façon, bien que j’aie vu le fameux parchemin, je ne comprends pas trop les gribouillis dessus et en réalité, ça ne m’intéresse pas plus que ça, du moment qu’on me fait l’interprète après. La grande neige a en plus bien fait comprendre que je le dérangeais alors bon, déjà qu’il devient grognon pour un peu de boue, je n’ai pas insisté. Le lendemain, on arrive au fameux temple, en réalité, il y a trop de monde pour moi, donc je m’éclipse discrètement dans la forêt jusqu’à voir que c’est plus calme. Je ne cherche pas particulièrement à me cacher, il suffit de regarder les fourrés pour remarquer ma fourrure atypique. Je reviens une fois que je vois qu’il y a moins de monde que je ne connais pas, ne ratant pas les consignes de la grande neige. « - Je vais être occupé un moment. Il y a des choses qui doivent être dites. Je jouerai avec vous dès que ce sera terminé. Soyez sage jusqu’à mon retour d’accord ? Surtout toi Louve. » Je ne répondis pas bien sûr, étant toujours sous ma forme la plus basique, me contentant de faire semblant de regarder ailleurs. Je pensais sincèrement qu’on allait se faire surveiller tout du long, je comptais donc m’éclipser dès que possible et attendre dans les bois, car je n’aime pas être enfermé et encore moins observer par quelqu’un que je ne connais pas ni ne souhaite connaitre. Enfin, la rouge fut prise d’une résolution soudaine ; « - Catleya grande sœur de Loup ! » Hein ? Je ne cherchai pas plus en réalité, la regardant de manière interrogative. Je fus rapidement embarqué dans ses péripéties, mais au moins, on sortit rapidement du temple. « - Grande sœur fait attention à Loup ! Loup doit écouter grande sœur, d'accord ? » Je la fixe alors qu’elle a sa main entre mes omoplates, se mêlant à mes poils. On finit par se soustraire à la surveillance, elle me fait visiter l’extérieur du temple, je m’éloigne un peu de temps en temps, par instinct, surtout si on croise quelqu’un. Elle me montra un ami particulier, un arbre qui semblait capable d’agir, c’était fascinant, je restai un instant bouge bée jusqu’à qu’une voix me rattrape à la réalité. « - Attention, pas grogner sur copain greaver, il est grognon aussi dès fois. » Je ne montre pas les crocs a n’importe quoi non plus, je regardai la petite rouge d’un air vexer qu’elle ait pu penser cela.
Elle semblait fatiguée, elle me tapota l’herbe, je compris ce qu’elle voulait et je n’eus rien contre une petite sieste même sans être franchement fatigué. Elle mit sa tête sur moi, je fis attention alors que le rouge cédait au blanc. Contrairement à ce que je pensais, je sombrai rapidement, comme avalé par les souvenirs, les rêves… Des étendues de neige, mais sans les pins et les épineux typiques des forêts de mon enfance… Il y eut d’un coup des loups s’approchant, joyeux, je les regardais, observant, je humais l’air, je remue la queue mollement. Ce souvenir était étrange, une si grande étendue sans arbre me rappelait le jour où je les avais perdus, je guettais alors ce ciel, est-ce qu’il y aurait une tempête ? Ces loups, j’aime à les voir, mais je n’y vois ni mon père ni ne sent l’odeur de mes frères et sœurs… J’essaie d’en profiter malgré tout, mais je ne peux détacher mon regard du ciel… Comme si le sort allait tout avaler ici aussi, de nouveau… Je hurle, espérant appeler les pins, espérant éloigner les choses mauvaises, que les lunes veillent sur moi et leurs enfants ici au moins, ne serait-ce qu’un instant. Un hurlement bien moins solitaire ici, les échos réchauffent le cœur autant que ce décor l’effraie.
Félicie et Duscisio laisse les deux petites filles entre de bonnes mains, sans se douter une seule seconde qu’elles arriveront à s’en sortir. La personne chargée de la surveillance n’a pas vraiment reçu de consigne si ce n’est de veiller à ce qu’elle ne fasse pas de bêtises à l’intérieur. Elles sont libres. Pas de restriction particulière. Catleya pouvait très bien rester à l’intérieur à lire des livres comme elle pourrait aller voir son ami Griever à l’extérieur.
L’ancien représentant et sa conseillère rassemblent les principaux prêtres comme Valérian et les anciennes fleurs encore présents sur les lieux. Certains ont suivi ce qu’il comptait faire comme Ginkon qui est partie à Elusia pour servir d’intermédiaire entre les Yorkas et le temple. D’autres en fonction de leurs handicaps comme Dilnael qui a souffert d’amnésie suite à l’opération est retourné auprès de Eryllis. Autrement, beaucoup sont restés.
Sadinaa Idael, Alia Lilith, Arnant Rose-Marie et son fils Adriel, Rogvark, Miliel, Raphaël sont tous là en plus de divers autres personnes. La plupart savent déjà ce pourquoi ils ont été convoqués et c’est à Félicie de prendre la parole.
- Comme vous le savez, Balibe Duscisio, a été guéri de la Pistilose comme nous tous, et l’a payé très cher. En plus de sa bénédiction, il n’a plus la possibilité d’utiliser l’essence divine. Mais s’il est présent ici, c'est pour officialiser notre situation. - Je ne peux plus communiquer avec Delil ou ses enfants. Par cette punition, nous nous sommes rendus au Haut-monastère pour annoncer notre abdication en tant que Haut-prêtre de Delil et nommé Félicie comme intendance en attendant de trouver mon successeur. Non seulement j’ai failli à mon devoir, mais en plus, j'ai failli perdre la vie à la fin de l’opération. Avec cette expérience, j’y ai vu quelques chose de plus important à mes yeux et je me libère de mes obligations pour prendre soin de mes proches et de moi-même. Même si je sais que cela ne sera pas suffisant, je vous pris de me pardonner pour mes erreurs. - Inutile de vous excuser. Dit Raphaël après un moment de silence. - Vous avez suffisamment payé pour être pardonné. Complète Rose-Marie. Vous avez apporté votre vision des choses qui ont su montrer que la vie avait de l’importance malgré l’essayé de la plante à vous la prendre… - Vous n’êtes pas là que pour annoncer ça, je suppose. Questionne Idael. Vous allez quitter le temple ? - En effet. J’ai de nouveau projet, à commencer par m’occuper de ma fille adoptive, Catleya. Elle est beaucoup plus précieuse à mes yeux, être son père est sans doute ce qu’il m’est arrivé de mieux en plus de la guérison. Je viens donc récupérer tous mes biens pour repartir sur les routes et vivre en tant qu’Herboriste. Il va falloir modifier ma charrette, Catleya et moi-même allons rester quelques jours. - Laissez-nous nous occuper des préparatifs. - Vous le faites pour elle aussi, n’est-ce pas ? Interroge Lilith.
Bien que déçue, elle accepte son choix en voyant qu’il ne répond que par un sourire et à manipuler de ses doigts le Lapisura pendu à son cou. Ce collier est tout ce qui le lit à Pandora en plus du parchemin en attendant d’y trouver une solution. Qui de plus déterminer qu’un homme prêt à tout pour revoir la femme qu’il aime ?
La réunion continue sur la fameuse guérison et les moyens de prévention si une graine venait à être découverte. Il s’agit plus d’un rappel maintenant. Tout le monde sait ici ce qu’il en retourne à partager ses informations pour la sauvegarde de la vie elle-même confier par Delil. Ils continuent sur la nomination de Félicie. Si personne ne s’y oppose, c'est bien parce que c’est l’ancien haut-prêtre qui le propose. Malgré ses erreurs, il a gardé une très bonne opinion, sans conteste les connaissances qu’il a partagées avec la Gorgoroth qui a été présente avec Shiva. C’est en partie logique de la laisser prendre cette place, sauf si elle devient elle-même la nouvelle haut-prêtresse de Delil par concours de circonstances. Elle suit par le départ de Duscisio et l’emploi du temps pour charger ses biens. Pour les détails, des rangements vont devoir être ajouté. Modifier un peu la charrette pour avoir des accroches pour des coffres à l’extérieur pour les biens les moins importants comme la nourriture et l’intérieur qu’il peut essayer d’aménager pour pouvoir exercer son métier. Des idées viennent et les prochains jours seront surtout destinés à y réfléchir pour parer à toute éventualité.
Maintenant que le plan est fait, Duscisio prend congé. Il s’est suffisamment absenté et souhaite rejoindre Catleya pour le reste de la journée. Il va dans ses quartiers et un des habitants lui donne l’information qu’elle a quitté le temple en compagnie du loup. Si elles ont quitté le temple, le premier lieu à aller voir c’est son coin où se trouve leur ami commun. Après un temps de marche, le tuteur trouve effectivement les deux filles auprès de la créature de bois qui tourne la tête vers lui. Le Greaver le reconnu, mais ne peut plus communiquer avec lui. L’albinos qui s’approche doucement quand il remarque qu’elles dorment. Catleya est redevenu toute blanche et donne l’impression d’utiliser sa magie inconsciemment. Il le sent. Il ne peut influer dessus, mais il le sent. Il n’a point sommeil, mais se permet de se placer à côté d’elle pour les regarder dormir tout en passant un doigt sur sa tête pour une petite caresse. Duscisio est à nouveau en train de fondre pour cette bouille et reste ainsi jusqu’à qu’elle se réveille ou qu’il ne s’endorme.
À demi consciente, l’enfant des neiges imagine ces terres sauvages et glacées telles qu’on les lui a décrites. À moins que ses propres souvenirs se mêlent aux méandres de son imagination. Les loups approchent, ils arborent tous un pelage noir et blanc semblable à celui de Loup, pas totalement identique mais très proche. Catleya les imagine ainsi puisqu’elle n’a jamais eu de description précise. Il y en a des grands et des petits mais parmi eux un loup se démarque, il a sur la tête une étrange couronne de lierre. A l’orée d’une forêt qui apparaissait dans son dos, Catleya frappait dans ses mains sans produire le moindre son. Elle était heureuse de voir la réunion de Loup et sa meute, ne s’imaginant pas un instant que cette meute ne ressemble pas tout à fait à l’originale.
À l’horizon, noyé dans la brume, s’élève la silhouette d’un château. Quand lui a-t-on parlé d’un château en Cimmeria ? L’enfant ne se pose pas la question alors que son pouvoir se développe autour d’elle et de Loup, remplaçant certains éléments du décors sans que Catleya n’en soit maîtresse.
Toute à sa joie de voir Loup et ces frères et sœurs, la gamine a oublié que ses rêves ne finissent jamais bien.
Elle fait quelques pas dans la neige pour approcher de Loup, elle voudrait être présentée à sa famille, après tout, n’était-elle pas sa grande soeur ? Ses pieds nus s’enfoncent dans la poudreuse alors que l’odeur se répand. Une odeur de cendres et de braises. Le parfum du feu qui vient d’embraser la forêt apparut dans le dos de la petite fille. Ce feu, toujours le même, qui hante son esprit, celui qui déclenche sa fuite. La neige et les loups disparaissent, autour de Loup et de Catleya, une forêt dense est la proie de flammes immenses. Une terreur sans nom se saisit de l’enfant qui se met à courir pour échapper au brasier. Mais les flammes se rapprochent toujours un peu plus, elles tendent leurs doigts crochus vers son dos, griffent ses talons.
Lorsque Catleya ouvre brusquement les yeux, le rêve prend fin mais l’enfant est toujours terrifiée, elle se met à courir, à quatre pattes. Elle s’éloigne du Greaver, de Loup et de son tuteur. Elle sait qu’elle n’est plus dans la même forêt, elle ne sent plus l’odeur de la cendre mais pourtant, elle brûle. Sa peau la brûle. Alors qu’elle court, ses pieds laissent des empreintes fumantes, les brindilles rougissent et de petites flammèches embrasent les feuilles mortes. Il n’y avait pas de feu dans cette forêt mais, cela ne saurait tarder si personne ne fait rien. Après plusieurs minutes de course effrénée, l’enfant à la peau blanche ralentit, son coeur frappe vite et fort contre sa cage thoracique, la peur et la magie épuise ses forces, l'obligeant à s’arrêter pour reprendre son souffle. Elle a tellement soif. Brûlante et à bout de souffle, l’enfant regarde ses pieds nus dans l’herbe, ils fument comme un feu prêt à éclore.
pouvoir déclenché:
Combustion : Level 2 = ★★✩✩✩✩ : ACQUIS La température du corps de l'enfant est si élevée qu'elle entraîne des brûlures pour ceux qui essaieraient de la toucher. Elle peut faire bouillir de l'eau en mettant ses mains autour d'une casserole. Elle se déshydrate vite mais ne souffre plus. (moyenne).
J’avais un mauvais pressentiment… Tout à coup, un étrange loup fut là, muni de plante sur la tête, c’était de plus en plus étrange, je devenais de plus en plus une intruse en ces lieux. En me retournant, une forêt fut là alors qu’elle n’y était pas quelques instants plus tôt, me perdant encore davantage. Après tout cela, je ne savais à quoi m’attendre, qu’est ce qui allait apparaitre ensuite en ce lieu étrange ? Les autres loups devenaient secondaires tant j’étais perdu, ne sachant quoi faire, quoi regarder. Trop de changement, qui n’en serait pas perturbé ? Loup ou non d’ailleurs, tout être vivante guette un tant soit peu de sens dans leur existence, en son absence, on ne sait plus ou se dirigé, les lois de ces terres se perdant irrémédiablement. La brume fait naitre une forteresse bipède, on en devine à l’ombre menaçant. Car c’est comme ça que je le percevais, reculant instinctivement, la queue entre les pattes, les oreilles en arrière, baissé au plus près du sol. Comme un prédateur que l’on chercherait à ne pas captiver le regard, un prédateur de roche et de peur. Une présence près de moi, une présence qui n’avait pas sa place ici.
L’odeur du feu, loin de ce que je pouvais m’attendre. Bientôt, c’étaient les bois qui demeurèrent autour. Un bois de cendre et de flammes, au son des êtres cherchant à le fuir, brulant, étouffant dans la fumée épaisse que ça produisait. Je l’entends fuir, je la vois en tournant la tête, la neige cherchant à préserver sa peau de la chaleur quand moi je restais figé malgré la chaleur et la douleur. Car ce que le rouge et le jaune consumaient représentait aussi ce que je voulais protéger ; la nature et ce qui y vit, un endroit où respirer, être moi sans nom ou terme pour me désigner. Enfin, je me réveille, mon ventre est chaud, la neige semble terrifiée, s’éloignant, brulant ce qui peut l’être. Il y a la grande neige ici aussi, je le regarde quelque seconde seulement, perdu. Je ne perds pas plus de temps, emboitant le pas au petit flocon. Le feu risque de démarrer ici comme dans les songes, je ne comprends pas tout, je n’ai aucun moyen de l’éteindre dans l’immédiat. Je cours, avec l’agilité, la vitesse, mais surtout l’habitude de cette forme, c’est ainsi qu’est mon identité ; les pattes dans la terre et la truffe hautes, foulant la poussière. Je le vois enfin arrêter, elle a l’air à bout de souffle, mais surtout transie de peur. Je m’arrête enfin, me met face à elle, la regardant quelques instants, je ne vois qu’une chose à faire, malgré le danger que je ressente, que je vois des pieds fumants… Je viens tout simplement contre elle, fourrant ma tête dans son cou, même si ça brule…. Comptant sur mes poils pour atténuer ne serait-ce qu’un peu la chaleur. Je ne vois pas comment la rassurer autrement.
Le tuteur est aux anges à l’idée de la voir dormir aussi paisiblement. De quoi pouvait-elle rêver ? À quoi pouvait-elle penser ? L’adorable petite fille albinos laisse une agréable sensation sous ses doigts, jusqu’à qu’une étrange réaction se manifeste soudainement. La peau de Catleya commence à chauffer. On pourrait le comparer à une forte fièvre, mais c’est bien trop soudain et bien trop intense pour que ça soit naturel. Dès qu’elle se réveille, son première réflexe est celui de la peur, elle fuit. Louve la suit pendant que son tuteur essaie de comprendre. En regardant attentivement les traces de pas brûlant qu’elle laisse derrière elle, il en conclut que l’un de son pouvoir se manifeste et est loin d’être contrôlé. Pestant de la vitesse de course, Duscisio se met également à les suivre à la trace à travers la végétation.
- Catleya !
Duscisio l’appelle, Duscisio manifeste sa présence. Une présence rassurante, il crie pour qu’elle réponde et revienne à lui. Loup plus agile la rattrape bien plus facilement et après quelque longue minute la petite fille est retrouvé. Duscisio paniqué et inquiet, continue d’appeler l’enfant par son prénom en suivant ses traces. Si elle s’arrête par épuisement, sa magie la consume toujours. La petite fille doit se demander ce qu’il se passe. La découverte d’un nouveau pouvoir se fait parfois assez brutalement et provoque de nombreuses répercutions sur le corps et l’esprit. Si Louve s’approche d’elle et essaie aussi de la rassurer au risque de se bruler, Duscisio s’approche à petit pas de l’enfant.
- Catleya ! Regarde-moi !
Duscisio tend les bras pour se faire plus grand, plus imposant, mais également plus rassurant. S’il essaie de la toucher, il va se bruler, il sent la chaleur de son corps au fur et à mesure qu’il approche.
- Concentre-toi sur moi. Tout va bien. Je suis là.
Afin de ne pas se bruler, l’herboriste couvre la petite de sa cape qui transmet à chaleur à son tour. C’est moins puissant, mais ça reste très chaud.
- Tout va bien. C’est normal. Concentre-toi sur moi. Respire calmement, tu n’as rien à craindre. Papa est là pour t’aider. Dis-moi ce que tu ressens.
Lui qui reprend peu à peu les bases, apprend à l’enfant à contrôler quelque chose qu’elle ne connaît à peine. Rassurer Catleya pour qu’elle prenne le dessus sur ses pouvoirs est là seule chose qui lui vient à l’esprit. Parfois, une nouvelle magie se manifeste quand on se sent en danger. C’est peut-être le cas de la petite albinos. Il pourrait lui faciliter la tâche à l’aide d’une pierre d’intra, mais il n’en a pas sur lui. Tout dépend de l’enfant à se concentrer sur elle et sur sa voix.
Les feuilles se transforment en cendres ardentes sous ses pieds nus et ses propres habits commencent à roussir sous l’effet de la chaleur de son corps. Elle n’entends pas son nom crié au loin, elle n’entends pas non plus le loup approcher. Elle n'entend plus rien et ses grands yeux rouge fixés sur ses mains blanches parcourues de flammèches ne voient plus rien d’autre que le feu qui couve sous sa propre peau. Elle n’a plus aussi chaud mais elle ne s’en rend pas compte. Elle est entrain de brûler. Cette seule information éradique toutes les autres.
Elle oublie où elle est et se croit de retour dans cette forêt en feu. Cette forêt dans laquelle elle court. Son tout premier souvenir. Elle tient un bébé renardeau dans les bras et elle doit le sauver, comme elle doit se sauver. Dans son souvenir, elle ne se retourne jamais et ils ne sont que tous les deux. C’est comme ça qu’a commencé sa vie dans les bois, comme ça qu’elle est devenue le petit monstre rouge. Pourtant, quelque chose cloche dans ce souvenir.
Soudain elle se rappelle d’une grande maison pleine de chambres et d’enfants, de rires et de chants. Elle ne se rappelle pas de leurs visages mais elle se rappelle les avoir vu, une dernière fois, derrière la vitre d’une fenêtre. Ligotés à des chaises, ils pleuraient alors que des ombres noires les menaçaient de tous les faire brûler. Elle se souvient d’un cri et d’avoir commencé à courir dans la neige avant que les flammes ne la poursuivent.
Lorsque, les yeux écarquillés de terreur, l’enfant revient au présent, les larmes qui devraient couler à flot sur ses joues s’évaporent aussitôt qu’elles quittent ses yeux. Elle reconnait l’odeur de Loup et ses poils qui commencent à griller contre son cou. Lorsqu’on pose une cape sur ses épaules, cette dernière commence aussi à s'abîmer mais rapidement, l’éther cesse de se consumer, l’enfant atteint ses limites. Les flammèches disparaissent après avoir creusé des trous dans ses vêtements.
La gamine tombe à genoux, ses bras se referment sur l’encolure de la louve et la serrent doucement contre elle alors qu’elle enfouit son visage dans sa fourrure. Les larmes ne parviennent plus à couler mais elle tremble de tous ses membres.
Catleya aussi… avait frères et soeurs.. Catleya se souvient.. C’est à cause.. à cause de moi..
Elle desserre son étreinte de Loup, passe ses doigts sur l’endroit où ses poils avaient pris un sérieux coup de chaud.
La grande neige finit par arriver, essayant de rassurer la flammèche, toujours transit d’une peur inexplicable. Il la couvre d’un tissu, il est plus progressif dans son approche, n’allant pas directement au contact comme moi-même, je l’ai fait. Les brulures ne me font pas spécialement peur dans ces conditions, c’est plus comme un reptile qui aurait été trop longtemps au soleil et dont les écailles auraient été même l’incarnation de ce dernier. La grande neige essaie d’attirer l’attention de son opposé sur lui, afin de la guider, paisiblement, tout simplement, insistant. « - Catleya ! Regarde-moi ! Concentre-toi sur moi. Tout va bien. Je suis là. Tout va bien. C’est normal. Concentre-toi sur moi. Respire calmement, tu n’as rien à craindre. Papa est là pour t’aider. Dis-moi ce que tu ressens. » Est-ce si simple que cela, vraiment ? Est-ce qu’il suffit de se calmer pour éteindre le brasier au sein de ce corps ? Quelques-uns de mes poils directement contre elle commencent à sentir, grillant sous cette chaleur improbable. Lorsque cela atteindra la peau, j’aurais mal, sans aucun doute, mais ce n’est rien comparé à la peur que j’enlace ou encore a ma vie sauvage, a ma vie de loup, a mes combats les plus rudes. Enfin, elle se calme, le feu s’éteint, son corps lâche, la faisant tomber à genou, la parcourant de tremblement, elle met sa tête contre mes poils. Elle parle enfin… « -Catleya aussi… avait frères et sœurs... Catleya se souvient.. C’est à cause.. à cause de moi.. Pardon.. Loup.. » Cela se voyait plus sur mes poils blancs que ceux noirs, elle passait ses mains sur la fourrure roussit, mais ce n’était rien, cela finirais pas repousser, tout simplement. La chaleur était partie, mais la tristesse avait fait place à la peur, semblait-il. Je lui lécha donc le visage, essayant de la soutenir comme je pouvais puis je m’éloignai un instant, partant dans les bois en trottinant, truffes vers le sol pendant quelques minutes. Je trouvai une fleur rouge enfin, la prenant délicatement entre mes crocs au niveau de la tige afin que mes dents n’abiment pas les pétales de la belle. Je revins enfin, ma trouvaille entre les dents, essayant de lui poser sur la tête…. Ce qui sous cette forme est bien une des rares taches vraiment pas simples, je m’y reprenais plusieurs fois sans vraiment de succès. Je me disais qu’elle serait jolie avec ça dans les cheveux, même si elle change de teint après, le rouge est une couleur qui semble lui aller.
Duscisio ne comprend pas trop ce qu’il se passe. Ses premières pensées restent figées sur la magie qui déferle en elle pour exposer son corps à une forte chaleur qui va jusqu’à chauffer, voir brûler la cape qui la recouvre. Il faut absolument qu’elle maîtrise ses émotions. Si atteindre sa limite est également une facette intéressante, le père ne les connaît absolument pas. Peut-être qu’elle a une grande capacité magique, peut-être que non. C’est la première fois que c’est aussi intense et incontrôlé.
Petit à petit, si de petites flammèches apparaissait par endroit, elles s'éteignent lentement. La petite atteint heureusement ses limite assez vite. L’albinos la retient une fois qu’elle tombe à genou, en portant la responsabilité de la disparition des frères et sœurs de Louve. Pour se faire pardonner, elle renforce l’étreinte qu’elle a avec la Yorka. De quoi parle-t-elle ?
Il est adorable de voir la yorka de la rassurer à sa manière comme le ferait un chien domestique en lui léchant le visage avant de s’éloigner. Le temps de se faire, Duscisio s’interroge et regarde l’enfant. Une fois en face d’elle et à sa hauteur.
- De quoi parles-tu quand tu dis que c’est à cause de toi ?
Il n’y eut pas tout de suite de réponse. Louve revient avec une fleur, un trille rouge, une fleur sauvage qui ne pousse normalement qu’en saison douce. On l’utilise comme plante médicinale, mais penser médecine maintenant n’est pas le but de sa présence ici. Offerte par la Yorka, Duscisio interrompt sa question pour saisir la fleur, un petit sourire sur les lèvres. Une petite caresse pour remercier Louve qui cherche à la réconforter, Duscisio qui y contribue en accrochant cette fleur à ses cheveux blancs.
- Retournons au…
Il s’interrompt une seconde, pensant qu’il fallait retourner au temple, mais il change d’avis.
- Retournons avec notre ami Griever. Il doit se demander pourquoi on est parti aussi vite.
Les trois se trouvent plus à l’aise dans la forêt que dans le temple. De plus, il n’a plus aucune fonction là-bas, inutile de continuer de s’imposer dans le bâtiment religieux. L’adulte se lève en tendant la main à la petite fille, un grand sourire aux lèvres. Si ses forces la quittent, Duscisio ne s’empêchera pas de la porter. Après avoir épuisé ses propres réserves d’essence divine, il est dans le commun des mortels d’avoir besoin d’un moment pour reprendre quelques forces. Retrouver leur coin de tranquillité pouvait bien leur laisse le temps d’une petite marche tranquille au milieu des bois. Les traces qu’elle avait laissées leur indiquaient le chemin du retour après les quelques minutes de cavales. Une fois auprès de leur ami de bois, le père dépose la fillette dans un fauteuil naturelle de bois et de mousse avant de s’assoir à côté.
- Comment tu te sens ?
Soucieux de son état, c’est la première question qui lui vient naturellement à l’esprit. Bien sûr qu’il voulait savoir pourquoi elle serait responsable de la séparation de Louve et de sa meute, mais cela pouvait bien attendre.
L’enfant sourit en sentant la langue râpeuse de la louve essuyer les dernières traces de ses larmes. Elle se s’inquiète pas de la voir s’éloigner momentanément, Loup ne lui aurait pas lécher le visage si elle lui en voulait. Lorsque son tuteur s’accroupit devant elle et l’interroge sur ce qu’elle a dit, ce dont elle était la cause, les grands yeux rougeoyant de la gamine s’abaissent. Un sentiment nouveau écrase ses petites épaules; la culpabilité. Elle ne trouve pas les mots pour répondre à son Papa oiseau et reste muette lorsque Loup revient et tente de placer une fleur sur sa tête. Pourtant, ses multiples essais et sa détermination alors même que la tâche semble impossible dans sa forme actuelle, redonnent un peu le sourire à Catleya qui redresse enfin le menton quand finalement Duscisio aide Loup dans sa tâche.
Ils retournent ensemble vers le greaver, remontant les traces calcinées laissées par le petit diable. Heureusement, les flammes ne sont pas embrasées, le sol était peut-être trop humide ou bien Délil avait-il œuvré en secret pour protéger sa forêt et son ancien élu. La main de l’enfant disparaît dans celle de Duscisio, un moment ses yeux s’étaient arrêtés sur leurs mains, toutes les deux blanches. Elle n’avait jamais aimé être blanche, maintenant qu’elle se souvenait un peu mieux de son passé, elle comprenait pourquoi. Elle comprenait et cela ne lui faisait plus aussi peur, d’être blanche.
Il arrivèrent près de l’arbre-monstre, toujours aussi calme et serein, l’arbre ne broncha pas, comme s’il savait que ces flammèches n’avaient jamais été bien dangereuses. Il ne sembla pas davantage surpris par la nouvelle apparence de Catleya, après tout, il avait déjà été témoin de ses transformations à chaque fois qu’elle dormait à son pied, à moins que sa couleur n’ait jamais eu d’importance pour le végétal. Rouge ou blanche, elle restait la même.
Assise sur la mousse, Catleya regarde Loup, elle ne sait pas si elle devrait s’excuser d’avoir voulu la réunir avec sa famille, même si c’était faux et finalement de lui avoir fait peur.. Elle ne savait pas comment lui dire tout ça. Lorsque son Papa s’assoit à côté d’elle et lui demande comment elle se sent, l’enfant se souvient de sa question précédente et son regard se détourne. Elle n’essaie pourtant pas de mentir ou d’esquiver la question lorsqu’elle amène une main contre sa poitrine, là où bat son coeur.
Ça fait mal, ici.
Son coeur était lourd et elle n’avait pas envie de parler, elle voulait se rouler en boule entre les racines du greaver et tout oublier. Mais ce n’était pas ce qu’il fallait faire, elle le savait sans trop savoir pourquoi. Elle prit la fleur dans ses cheveux et l’observait entre ses mains. Elle ne savait pas par où commencer.
Catleya voulait que Loup ait un joli rêve avec sa famille, dans la neige.. mais le feu est arrivé dans le rêve..
Elle avait oublié le château au loin, il n’avait pas d’importance ?
Il y avait la grande maison.. celle où vivait Catleya avant.. Il y avait beaucoup d’enfants dans la grande maison, on mangeait tous ensemble, on dormait ensemble aussi, il y avait des grands et des plus petits, comme Catleya. Il y avait Renard aussi, c’était un bébé, il devait dormir dehors dans la neige mais Catleya allait lui donner un peu a manger.. C’est pour ça que je n’étais pas dans la grande maison quand ils sont venus.. les gens méchants.. Catleya les a vu par la fenêtre.. ils faisaient du mal aux autres.. Ils m’ont vu.. je crois.. les enfants ont crié.. je crois que c’était pour que je cours.. les gens méchants ont couru après moi.. avec le feu.. peut-être que c’est moi qui ai mis le feu.. comme maintenant.. j’ai couru avec Renard et je suis devenue rouge.. pour courir plus vite, plus loin..
Ses grands yeux rouges reflètent les pétales de la fleur entre ses mains mais il semble évident que l’enfant n’est plus totalement là, elle regarde dans le vide alors qu’elle se souvient de sa fuite.
.. c’est à cause de Catleya si la forêt a brûlé.. et si les enfants ont eu mal... si les gens méchants étaient là.. je crois.. que c’est à cause de moi..
Si elle avait causé toutes ces souffrances alors le petit monstre en était vraiment un, quelle que soit sa couleur.
Depuis que Catleya a retrouvé ses esprits, Louve les suit en silence. Demander comment la petite fille se résume à une courte réponse : le cœur lui serre, son cœur est lourd.
Maintenant que tout le monde se trouve avec le Greaver, certaines choses doivent être dites. Ce pourquoi elle porte la responsabilité de la séparation de la Yorka avec sa meute. Elle se porte responsable d’un fait que Duscisio ignore, jusqu’à vouloir s’enfermer dans une coquille pour ne plus faire de mal à personne, comme lui, il y a plus de deux ans. Lui qui voulait tout abandonné en vivant en ermite dans la forêt de Noathis en réponse à un amour à sens unique avec une yorka poisson-lion. Redressé par sa nomination en tant que haut-prêtre, il s’est battu un peu moins seul dans une nouvelle vie. Seulement, on n'oublie pas des sentiments aussi fort que l’amour ou la culpabilité. La petite fille est aussi dans cette situation à ses yeux.
Quand elle commence à raconter ce qu’il s’est passé dans un Terran étonnamment parfait. S’il débute avec le rêve qu’elles ont fait ensemble, cela se rattrape en racontant un souvenir. Plus rien n’avait l’air d’un rêve dans les mots qu’elle choisissait avec précision. Autre détail, la petite fille parle en « je ». D’après son récit, la maison qu’elle énonce a tout l’air d’être un orphelinat isolé proche de la forêt de Noathis, en Niveria. Si la neige est courante en cette saison en même temps que le froid, laisse porter que personne ne ressentait de tristesse dans cette famille. Jusqu’à qu’un groupe de méchants ne vienne, torche à la main. Quel cherchait-il en saccageant un orphelinat ? Que sont devenus les enfants et gérants de la maison ? Catleya l’ignore. C’est en fuyant qu’elle a commencé à montrer sa nature Lhurgoyf, pour survivre pour ne plus la quitter ensuite. Elle avait peur en permanence, voilà comment Duscisio le ressent. Si les années ont fini par lui ôter ce souvenir, et donc de se rappeler pourquoi elle a peur, le rêve réveilla sa mémoire.
Pour ce qui était des méchants, Duscisio a eu vent de cet événement retranscrit dans les mémoires du temple. Cette affaire a été traitée comme un enlèvement d’enfants. Orphelins, il est courant que de mauvaises personnes en profitent pour aller les voler et les vendre à qui le voulait bien. Aucun des enfants n’a été retrouvé, comme aucun des brigands qui se sont pressés de traverser le continent. Le feu déclenché a été pour ne laisser aucune trace. Si Catleya en porte la responsabilité, c’est dût à ce pouvoir qu’elle semble lier à cet événement. Duscisio lui en conclut que ce pouvoir n’est que le souvenir de cet instant de vie qui a pris forme. Néanmoins, cela confirme une chose : Catleya est orpheline.
- Tu n’as pas porté la responsabilité de ton histoire. Tu n’y es pour rien.
Le père rassure la petite fille du mieux qu’il le peut. Cette petite bouille pour qui il a tout laissé tomber aujourd’hui pour être sa nouvelle famille.
- Si tu le souhaites, nous pouvons se mettre à la recherche de ses enfants. Il y a des documents au temple. Peut-être qu’ils en savent un peu plus.
Il ignore s’il y a le moindre indice dans la maison de Delil, si ce n’est pas le cas, il peut toujours demander au Erylis, probablement qu’elles ont retrouvé certains enfants, voire qu’ils font en partie. Rien n’est dit. Actuellement, il ne peut détourner son regard de l’enfant. Sa main dans la sienne, les yeux dans les yeux, un visage aussi attendrissant ne peut être ignoré.
J’étais partie chercher une fleur sauvage, rouge comme l’est le petit flocon quand cette couleur la prend. La grande neige m’aide, me faisant une caresse au passage, que j’accepte… C’est quelque chose dont j’ai bien plus l’habitude que toutes ces choses de bipèdes, le tactile est bien plus du langage animal et depuis que je les côtoie de temps en temps… C’est quelque chose que dès que l’on est au courant de ma nature, on ne m’offre pas, surement par égard ou par respect, car beaucoup considère ceux à quatre pattes moins bien qu’eux, plus brut qu’eux… Mais c’est pourtant quelque chose avec lequel je suis bien plus à l’aise. Il allait dire quelque chose, mais se reprend finalement, comme un changement de chemin au cours d’un sentier de forêt. « - Retournons avec notre ami Griever. Il doit se demander pourquoi on est parti aussi vite. » Ainsi, je les suis, regardant toujours le petit flocon finalement, de dos, reprenant le chemin inverse, comme retournant à l’origine des flammes. Je ne comprends pas tout, je ne vois pas pourquoi elle se jette la faute ainsi, ni de laquelle elle parle d’ailleurs. Une fois arrivé à l’étrange végétal, la neige et le flocon s’assoient l’un à côté de l’autre, l’être le plus petit bénéficiant d’un refuge de bois et de mousse. Je me couche moi-même pas loin, les pattes arrière sous moi, celle de devant étendu, je les observe en silence. À la question du grand, le petit montre son cœur. « - Comment tu te sens ? - Ça fait mal, ici. » Elle prend la fleur rouge, semble la regarder… Une attention particulière à ce moment-là, peut être pour fuir les mots ou au contraire, pour les trouver. Moi-même, une fois que j’ai su parler, je prenais parfois du temps pour trouver ceux que je voulais dire, ça m’arrive encore aujourd’hui bien que plus le temps passe, moins on se douterait de ma provenance… C’est ainsi. « -Catleya voulait que Loup ait un joli rêve avec sa famille, dans la neige.. mais le feu est arrivé dans le rêve.. Il y avait la grande maison.. celle où vivait Catleya avant.. Il y avait beaucoup d’enfants dans la grande maison, on mangeait tous ensemble, on dormait ensemble aussi, il y avait des grands et des plus petits, comme Catleya. Il y avait Renard aussi, c’était un bébé, il devait dormir dehors dans la neige, mais Catleya allait lui donner un peu a manger.. C’est pour ça que je n’étais pas dans la grande maison quand ils sont venus.. les gens méchants.. Catleya les a vu par la fenêtre.. ils faisaient du mal aux autres.. Ils m’ont vu.. je crois.. les enfants ont crié.. je crois que c’était pour que je cours.. les gens méchants ont couru après moi.. avec le feu.. peut-être que c’est moi qui ai mis le feu.. comme maintenant.. j’ai couru avec Renard et je suis devenue rouge.. pour courir plus vite, plus loin… ... c’est à cause de Catleya si la forêt a brûlé.. et si les enfants ont eu mal... si les gens méchants étaient là.. je crois.. que c’est à cause de moi.. » Je n’avais pas fait le lien, ce n’est que maintenant que je comprends que mon songe n’était pas de mon fait. Je me rappelle alors ce dont Duscisio avait parlé quelques jours plus tôt, la fameuse capacité, quand on parlait de rôle et de ce que l’on était capable de faire… J’avais donc assisté et bien plus, a celle de la petite neige… J’aurais aimé que cela ne soit pas le cas, que cela soit des souvenirs déformés, car bien qu’il n’ai pas été agréable, ou faux, j’aurais ainsi pu me dire qu’il s’agissait de mon espoir de retrouver ceux de mon espèce… Ou au moins, des êtres qui me ressemble, ne serais-ce qu’un peu, des êtres dont la fourrure aurait semblé intrus dans le monde animal, mais qui l’aurait été bien plus chez les bipèdes. Parfois je me demande, quel sens donné a ma différence, pourquoi le noir et le blanc sont aussi mêlés sur moi, pourquoi cette forme de lune sur ma cuisse quand les poils sont mon manteau ?
Mais cela n’était plus le sujet, la petite neige se souvenait d’un passé lointain, le sien, il semblait, elle avait dû fuir pour fuir le danger. Fuir, oui, je connais cet impératif. Même en étant gardienne, il m’est arrivé de devoir fuir, fuir ceux qui voulaient que je sois leur trophée ou quand je venais de me perdre, fuir ma propre solitude, ma peur. J’ai toujours pensé la majorité des bipèdes cruelle, c’est la bonté de certains que j’ai appris en entrant dans leur monde, mais de par mes origines, je peux comprendre sans mal la tragédie de ceux qui ignorent que la douleur existe… Ce n’était pas un apprentissage doux, à tâtons, mais une violente réalité pour elle. Je m’approche, me collant presque, me recouchant, je mets ma tête sur ses genoux, plongeant mes yeux bleutés dans le rouge des siens. Un réconfort silencieux, quelque part. « - Tu n’as pas porté la responsabilité de ton histoire. Tu n’y es pour rien. Si tu le souhaites, nous pouvons se mettre à la recherche de ses enfants. Il y a des documents au temple. Peut-être qu’ils en savent un peu plus. » Je la fixe toujours, appuyant un peu plus ma tête contre ses genoux pour lui signifier que moi aussi, je suis là.
Sa petite main se perd dans la fourrure de Loup qui a posé sa tête sur ses genoux. Il y a encore des larmes dans le fond de ses grands yeux rougis mais il y a aussi un grand vide. Une digue avait cédé dans son esprit lorsque le feu avait réveillé de vieux souvenirs, une digue qui jusque-là protégeait l’enfant de ses traumatismes et de son passé. Elle ne s’en rappelle pas encore nettement mais son langage en est la preuve, elle avait bien été éduquée avant de s’enfuir de l’orphelinat. On lui avait déjà appris à parler dans la langue commune. Mais ce n’était pas la seule langue qu’elle connaissait.
Des souvenirs plus vieux refaisaient surface, d’un château dans la neige, de la fourrure qui entourait le cou de celle qui la portrait, du marbre blanc et des drapeaux qui claquaient au vent.. Du sang sur le marbre blanc, des drapeaux brulés.. Catleya se recroqueville, enfoui à nouveau son visage dans la fourrure de la louve. Il y a trop de choses dans sa tête, trop de souvenirs, trop de tristesse, trop de cauchemars. Elle aurait voulu faire machine arrière et tout oublier, tout oublier et rester une enfant sauvage. Mais ce n’était pas possible, pas vrai ?
Elle acquiesce sagement à ce que dit son tuteur même si elle ne semble pas totalement convaincue. Elle gardera le silence le reste de la journée, effacée, un peu absente, elle ira s’allonger dans la charrette mais ne donnera pas l’impression d’avoir dormi lorsque Duscisio reviendrait du Temple. Il n’aura pas trouvé beaucoup d’informations dans les documents possédés par le temple, un orphelinat avait bien brûlé, quelques années plus tôt, pas en Noathis mais pas très loin, sur le duché de Vanes. L’affaire avait apparemment été classée comme un incendie accidentel, tragique événement qui n’avait fait aucun survivant a part une des nourrices, partie faire des emplettes en ville lors du drame.
Qui étaient les enfants orphelins disparus dans les flammes ? Pourquoi avait-on classé cet incident comme un accident alors que Catleya se rappelait très bien des “méchants” ? Qu’était devenue cette nourrice rescapée dont le nom n'était indiqué nul part ? Savait-elle ce qu’il s’était passé ? Se rappelait-elle de Catleya ? Toutes les réponses semblaient hors de portée et la gamine n’insistait pas davantage pour creuser cette piste. Elle voulait oublier. Une volonté qui ne serait pas exaucée, bien au contraire.
Les nuits qui suivirent furent éprouvantes pour le petit groupe, dès que Catleya fermait les yeux, son pouvoir se déclenchait juste avant qu’elle ne s’endorme, plongeant l’enfant et Loup ou Duscisio dans des cauchemars terribles. En trame de fond il y avait toujours ce grand bâtiment un peu flou qui ressemblait à un château et au premier plan, une forêt en flammes. Plus les jours passaient et plus Catleya arrivait rapidement à sortir du cauchemar, libérant ceux qu’elle emportait involontairement avec elle. Mais elle paraissait toujours épuisée, incapable de dormir sereinement, de profondes cernes se dessinaient sur son visage pâle. Peut-être que le froid vivifiant de Cimmeria parviendra à la requinquer ? Si Loup retrouvait sa famille, un peu de joie viendrait réchauffer son petit coeur meurtri. Ou bien le temps et la compagnie de sa nouvelle famille réussiraient à guérir ses blessures.
Tout est maintenant résolu. Catleya a retrouvé une grande partie de sa mémoire. En un rien de temps, l’enfant sauvage est devenu une adorable petite fille. Bien qu’à ses yeux, elle n’ait pas changé, Catleya est Catleya. Peu importe que ce soit son vrai nom ou non, le jeune tuteur est devenu sa nouvelle famille. Rien ni personne ne le lui enlèvera.
Néanmoins, pour sa propre curiosité et bien-être, le fait d’en savoir un peu plus sur cette histoire, sur l’orphelinat dans les archives du temple. Rien de très concluant, si ce n’est la confirmation de l’existence de l’accident. Pas à Noathis, mais sur une terre connue pas très loin d’ici, un territoire dans lequel il a été banni… Il y a bien une personne qui pourrait l’informer et, par chance, ils communiquent régulièrement ensemble. C’est même le soir, en allant retrouver sa fille, qu’il en parle, il s’amuse à lui répondre ensemble. Chacun sa plume ou son crayon. La pauvre n’a pas pu s’endormir depuis, toujours fatiguée, elle n’ose fermer les yeux. Son tuteur comprend très vite pourquoi le soir même.
Ce rêve est très réaliste. Lorsqu’ils dorment tous les trois, c'est simultanément qu’ils se retrouvent au milieu d’un paysage qu’ils ne connaissent point à une époque pas si éloignée. Un Niveria de l’époque où il se trouvait n'était qu’un simple herboriste à la recherche de la plus belle plante du monde. Il est témoin de cet incendie déclaré accidentel, ce paysage qu’il va imprimer dans sa mémoire. Seulement, l’enfant ne veut s’en souvenir. Elle veut passer à autre chose, ne plus y penser. Retrouver la nourrice rescapée est une bonne chose ? Soulager sa conscience ? Les prochains jours, comme les prochaines nuits, sont exténuants. Chaque nuit, le pouvoir de l’enfant prend forme, répétant en arrêt ce rêve, ce cauchemar que Duscisio essaie de soulager du mieux qu’il le peut. Lorsqu’elle crie, lorsqu’elle pleure, il l’entoure de ses bras.
- Je suis là. Je suis là… Papa est là…
Dans une infinie douceur, le tuteur est toujours présent pour cette petite. Si les cauchemars sont effrayants pour elle autant que pour lui, il garde tout de même son sang-froid. Les heures de sommeil sont réduites, leurs journées sont longues. Les préparatifs pour le départ sont un peu plus longs que d’habitude, puisqu’il doit gérer lui-même en rangement minutieux combiné à son devoir de parent.
Comme convenu, ils repartent à trois. Félicie étant la nouvelle intendante du temple pour trouver le nouveau haut-prêtre, gardant avec elle tous les souvenirs qu’elles puissent garder avec elle jusqu’à la fin des temps, elle est tout de même présente le jour de leur départ. Le premier point de chute reste le petit lac où ils sont restés pour un bon bain avant de prendre la direction de Canopée le jour suivant afin de remonter vers le Duché de Nivéria où il doit rencontrer celle qu’il a évitée pendant longtemps. Loin d’imaginer que le trajet serait bien plus long, il n’en est pas moins agréable. La feuille de route se suivra par Hesperia, puis le comté d’Aziah avant de prendre la direction du nord vers un pays qu’il a également évité pour une toute autre raison. Le chemin d’Ez puis Cimmeria où le froid mordant n’a pas été expérimenté depuis quatre ans.
C’est un nouveau voyage qui commence, le premier avant une tout autre aventure et une quête au bonheur.
Ce moment avait duré, comme quand la neige commence à fondre doucement sans savoir quand elle aurait complètement disparu…c’était ainsi, la parole n’avait plus lieu laissant le silence s’installer entre souvenirs et douleur. Elle mit de nouveau sa tête dans ma fourrure bicolore, je ne comprenais pas tout, mais je crois qu’elle-même était incapable de tout assimilé maintenant… Les images ne font pas tout, ni les sons, nous ne pouvons que les interprété, de manière superficielle bien souvent ou bien de la mauvaise manière. C’est comme sentir une piste, le museau a terre, on ne perçoit plus le reste et parfois même, on se mange une branche un peu trop basse que l’on aurait vue si on avait relevé la tête ne serait-ce qu’un peu. La grande neige finit par retourner à l’intérieur de l’édifice, a la recherche d’information surement et le petit flocon lui, alla se reposer dans la charrette, en silence.
Je la laissai seule avec elle-même, on a parfois le besoin de respirer, je le sais mieux que quiconque, je le respecte. Alors je m’éloigne plutôt dans la forêt, revenant à intervalle régulier pour vérifier que tout va bien de loin. Même quand les deux neiges sont réunies ensemble, je reste en retrait, laissant leur moment même si bien sûr, je m’approchais si on m’appelait ou que l’on avait besoin de moi, mais je savais au fond que la petite avait surtout besoin du grand, bien plus que de moi. Après tout, je resterais toujours et à jamais au fond de moi, un loup. Je pouvais prendre leur apparence, mais je ne serais jamais vraiment un bipède malgré tout, heureusement quelque part, mais cette différence se faisait sentir d’une bien autre manière à ce moment même.
Puis les nuits arrivèrent, bien que j’avais toujours l’habitude de vadrouillée une partie de la nuit, la première fois que je m’endormis a leur côté, je me fis avoir, me faisant emporter dans un cauchemar de flammes et de terre brulée… Je ne lui en voulais pas, surtout en voyant le père rassuré la fille en son sein. Mais dès ce moment, je pris l’habitude de vadrouiller bien plus longtemps dans les bois la nuit, surveillant la charrette de loin, le sauvage me regagnant sans honte bien plus longtemps, hurlant parfois aux lunes sur un rocher éloigné des oreilles des dormeurs. Je revenais peu avant l’aube, ayant souvent déjà mangé, la gueule encore ensanglantée, mais ayant chassé une proie de plus pour eux ; un lapin ou autre animal un peu près de cette taille que je déposais aux pieds de la grande neige.
Quand on quitta la forêt après être repartie sur les chemins, je fis un long hurlement depuis la charrette en route, comme pour signaler mon départ a ma seconde meute qui y résidait. Quand on avait repris la route après tout et même quand j’étais venue, je n’avais croisé personne et je n’avais pas non plus essayé d’aller spécialement à leur rencontre non plus… Ainsi, on se dirigeait enfin vers un indice, je l’espérais… De par les cauchemars de la petite, je dormais davantage le jour dans la charrette d’ailleurs, gardant les nuits pour de la surveillance et mes balades donc, ça et leur trouver un petit déjeuner comme certain appelle le premier repas de leur journée.
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Sujet: Re: Traversée des bois 
Dim 10 Sep - 10:32
