L'ange des neiges et le Démon ensanglanté.

Dáinsleif n'était arrivé dans la cité de Hellas que depuis une semaine, et il lui était déjà arrivé une chose incroyable: la guérison de sa gynophobie. Tout cela grâce à cette prêtresse supérieure: Irina Dranis, et il ne trouva jamais les mots justes pour la remercier comme il l'aurait voulut.
Il lui avait donc demandé si elle connaissait un repère de brigands multi-récidivistes, car ce genre de bande posait toujours des problèmes dans les grandes villes. Il avait l'intention de fêter sa guérison avec un massacre dans les règles. Il arpentait donc les froides rues à la recherche de la vieille battisse abandonnée dont on lui avait parlé. Celle ci était en bordure de la ville, comme faite exprès pour se cacher en attendant son heure; comme faite pour abriter toute la vermine humaine de la ville.
Il trouva cette planque sans trop de difficulté, et mal-grès son sens de l'orientation défaillant.
Il avança vers une immense porte rouillée et réfléchit quelques secondes avant de se décider à l'ouvrir d'un grand coup de pieds.
Les battants de la porte en fer s'ouvrir alors violemment dans un nuage de neige et de poussière, le mercenaire se sentait extatique. Il parcourut du regard les gens réunis la, tous aussi ahuris les uns que les autres à la vue du guerrier importun; et il continuait d'avancer, jusqu'au centre de la pièce, qu'il examina.
L'endroit été fait d'une seule et grande pièce; des vieux matelas pourris, des sacs de provisions et des armes étaient entassés ça et la... Dáinsleif s'approcha d'un sac remplis de viande séchée et en renifla un morceau.

-"Hmmm... De la bonne qualité! Je confisque ceci."

Il ouvrit la besace dans laquelle il stockait sa propre viande et la remplie autant que possible, refaire ses stocks était devenu assez urgent, et il avait été ravis de pouvoir le faire maintenant.
Les hommes autour de lui lui jetèrent des regards menaçant, il s'insurgèrent dans un ensemble de voix cacophonique.

-"Pour qui tu t'prends? Cette ville est à nous! Cette viande est à nous! Et t'ose venir te pavaner chez nous? On va te découper en rondelle!"
Celui qui avait prononcé ces mots s'avança vers le mercenaire avec une lourde hache entre les mains. Il n'eut pas le temps de réagir cela dit, car déjà le guerrier avait dégainé ses deux épée et avait entaillé le buste du brigand en un seul coup, formant un "X" sur sa poitrine: il tomba lourdement sur le sol.
Essuyant le sang de ses lames, Dáinsleif se mis en posture de combat, bloquant la sortie et clama:

-"Au suivant de ces messieurs! Je connais les pauvres types comme vous, et vous représentez la gangrène qui ronge les belles villes."

Il eut un large sourire de satisfaction alors qu'il trancha d'une seule de ses lames un homme tentant de lui asséner un coup de dague.
Les brigands ayant désormais compris que le mercenaire était la pour tous les éliminer, ceux ci s'agitèrent encore un peu plus, prenant leurs armes et fonçant sur le guerrier...
La bataille fut longue et sanglante; mais l'état de santé et l'incompétence des brigands avaient fait leur perte.
Dáinsleif était recouvert de blessures plus ou moins profonde, et la vieille bâtisse contenait maintenant une foultitude de cadavres.
Il avait du mal à reprendre son souffle après un tel effort; il transpirait abondamment pardessus ses plaies ouvertes et il était assis à l'extérieur du bâtiment en ruine, dans le froid. Idéal pour attraper un bon rhume, mais il n'en avait cure maintenant, il se sentait tellement bien dans sa tête, que son corps passait au second plan. Assis sur un rocher saillant de sous la neige, ses deux épées plantées à coté de lui, il se sentait vraiment bien... Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas combattu, et un tel challenge avait comblé ce manque qui le titillait depuis bien longtemps... Il attendait la, sur son rocher, que la garde, surement attirée par le bruit des combats, vienne constater les faits. Et avec un peu de chance, la tête de ces hommes était mise à prix et le guerrier pourrait toucher quelques monnaies.
Il s'attendait donc à voir surgir les forces de l'ordre à tous moment, mais certainement pas à rencontrer quelqu'un d'autre...

Kennocha marchait sans but, déambulant à travers les rues, l'esprit quelque peu ailleurs. Sur un coup de tête, elle avait décidé de prendre l'air et était partie se balader avec son tigre blanc, Hauru. Ses grognements étaient la seule chose qui empechait ses pensées de s'évader et vagabonder dans un autre monde. Et heureusement, sinon, la jeune sylphide se retrouverait surement dans des lieux étranges, automatiquement, a force d'avancer... Quoiqu'elle n'était pas des plus adroites, et la grande , bien que légère, robe de couleur claire qu'elle portait trainait par terre et sans un minimum de concentration, elle finirai par terre dans la neige. D'ailleurs sa robe allait être trempé en bas... Elle avait l'air gelée, surtout avec ses lévres bleus. Mais peu importe la temperature, ses lévres gardaient cette coloration, et jamais Kennocha n'avait froid. D'autant plus, sa masse de cheveux blonds tenait plutot chaud.

Kennocha tourna légèrement la tête, observant la facade des maisons, les vitrines des quelques boutiques de quartiers. Les rues étaient étonnamment vides, presque désertes. Ca ne parraissait pas normal. Cependant, cela ne genait la jeune femme. Elle continuait son chemin sans se soucier de l'absence de populace.

Puis elle ralentit le rythme, jusqu'a se stopper. Hauru s'assis à côté de sa maitresse en enlevant le surplus de neige de ses pattes avant, puis les passa sur ses oreilles. Kennocha avait entendu des bruits assez étranges venant de quelques rues plus loin. Sans plus réfléchir, la jeune femme changea de route et se dirigea vers la source sonore. Hauru s'agitait très légèrement. C'était le signe de perturbations. La prêtresse ne s'en inquièta pas pour autant.

Les deux compagnons finirent par arriver à leur but. Le silence avait pris le dessus. A quelques mètres d'eux se trouvait un homme assis sur un rocher. Il était dans un sale état. Kennocha fit deux ou trois pas en avant et dit de sa voix claire et douce, qui restait cependant neutre:

- Allez vous bien?

Malgré ses blessures apparentes, il n'avait pas l'air d'être mal. Entant que médecin, Kennocha pouvait l'aider s'il en avait besoin, ou s'il le souhaitait. Evidemment, la jeune femme était prête à s'occuper des gens qui le voulait, comme à sa bonne habitude. Son regard bleu clair était posé sur l'homme. A part eux deux et le tigre, rester en arrière, il n'y avait personne.

Ayant fini de mâcher sa viande séché avec lenteur, le mercenaire n'apercevant personne commençait à se dire qu'il allait bientôt repartir... Mais des crissements dans la neige le firent rester assis. Il n'était pas chasseur, mais d'après le bruit, ce n'était ni des hommes en armure ni des hommes tout court, les pas étaient bien trop léger: Et il y en avait un qu'il ne reconnaissait même pas, peut être celui d'un animal.
Il leva les yeux et les écarquilla de surprise: une charmante jeune fille en robe claire, accompagnée d'un gros tigre assortie, avançait vers lui avec une certaine nonchalance, lui demandant si il allait bien.
L'observant attentivement, le mercenaire fut surpris de la voir si pâle, avec des yeux si clairs et des lèvres si bleues; elle avait le physique d'une jeune femme morte de froid (au sens littérale)... Mais vu qu'elle ne semblait pas en souffrir le moins du monde, il se résigna à l'accepter entant que son apparence habituelle.
Le guerrier affichait un air circonspect, et la morsure du froid sur ses plaies ouvertes le tirèrent hors de ses réflexions.
Il se releva non sans tituber et eu même un léger vertige; il pris sa tête dans ses mains et regagna son équilibre. La tête de la jeune fille arrivait à peine plus haut que son torse musclé et pour l'instant couvert de plaies et de transpiration congelée. Ce n'était pas le moment de tomber malade à nouveau. Il s'adressa alors à la jeune fille, tout en ramenant ses cheveux en arrière:

-"Bonjour jeune demoiselle. Je vais bien je vous remercie, il y a eu une bataille la dedans, ce n'est pas un spectacle pour vous. Quand à moi, je pense me rendre chez le médecin le plus proche avant de perdre connaissance."

Il déchaussa ses deux épée de dedans la glace, et les rengaina. Ses lames lui renvoyèrent un reflet lumineux qui lui fit un peu mal aux yeux, peut être était ce le signe qu'il avait de la fièvre?
Il contourna la petite fille du coté ou son animal n'était pas, et pris la route pour la taverne ou il était hébergé en ce moment, c'était vraiment un pays de fous, il suffisait de faire un peu d'exercice pour tomber malade...
Il avait l'impression d'avancer à grands pas, mais les choses autour de lui bougeaient lentement... Il n'avançait pas, il avait perdu trop de sang, et il faisait si froid que ses membres ne lui répondaient plus correctement.
Il tomba à genoux et soupira longuement, puis il tourna la tête vers la demoiselle qui était toujours la.

-"En fin de compte, je veux bien que vous appeliez un médecin tout de suite, je paierais les frais..."

Il tomba alors en avant, tête le première dans la neige; il était encore conscient, mais il était trop fatigué, il n'arrivait plus à bouger...
Les pays froids n'étaient certainement pas faits pour lui.

L'homme n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Kennocha vit très bien qu'il titubait, et devait surement avoir quelques vertiges, peut-être même avoir la vision trouble. Elle ne poussait pas très loin ses observations, s'en tenant aux évidences. Au moins, il tenait plus ou moins debout. Et était largement plus grand que la jeune femme. Sans émotion, elle leva son regard bleu très clair vers lui. Il lui apprit qu'une bataille avait eu lieu dans la maison juste derrière.

Kennocha fut poussé à quelques interrogations. Déjà, avait-elle l'air si jeune? "Pas un spectacle pour vous". Insinuerait-il qu'il y avait eu une espèce de massacre à l'interieur? Cela expliquerai son état de fatigue, ses blessures, les bruits... Mais comment les hommes pouvaient-ils donc s'entretuer ainsi? Ensuite, elle se demanda si elle avait l'air naïve ou quelque chose dans le genre, ou peut-être était ce à mettre sur le compte de sa jeunesse apparente, mais l'homme blessé n'avait pas eu l'air d'emmetre l'hypothèse qu'elle était elle même medecin. Et pourtant...

La sylphide aurait presque sourit en le voyant partir en prennant soin d'éviter Hauru. Le tigre n'était absolument pas méchant. Il avait juste un sale caractère, n'écoutait personne à part elle, et attaquait si elle l'ordonnait... Chose qu'elle ne ferait jamais.

Puis l'homme tomba à genoux, puis s'affala par terre. Kennocha se rapprocha de lui, et s'agenouilla près de lui. Toujours sur un ton calme, elle dit simplement:

- Aucune utilité, je suis médecin.

Aussi surprenant que cela pouvait paraitre. Hauru s'avanca lui aussi sensiblement pour rejoindre sa maitresse. Il n'aimait pas tellement la vue d'un homme (même dans un état aussi lamentable) ,qui en avait massacré visiblement d'autres, près de la prêtresse. C'était juste de la prévention...Et Kennocha aurait peut-être besoin de lui. Celle ci se demandait comment elle allait faire pour aider cet homme dans cette position. Pour vérifier s'il était bien conscient et pouvait parler normalement, elle demanda:

- Comment vous apellez vous s'il vous plait? Pouvez vous bouger?

Elle doutait que la réponse à sa deuxième question soit positive. Mais sait-on jamais. La jeune femme était embeté. Elle ne pouvait rien faire pour lui s'il restait allongé ainsi. Il allait même agraver ses blessures.

- Hauru.

Le tigre releva la tête, observant sa maitresse. Il ne mit pas longtemps à comprendre et s'allongea à côté de l'homme.

- Essayez de vous relever. Que vous soyez au moins assis. Mon tigre vous aidera si besoin est.

Impossible d'ignorer la présence du gras chat. Ses grognements ou ronronnements (qui sait?) étaient parfaitement audibles. Pendant ce temps, Kennocha fouilla dans sa saccoche et finit par dénicher ce qu'elle voulait. Elle sortit trois fioles qu'elle garda près d'elle .

Dáinsleif sentait la neige sur sont visage; bon sang ce qu'elle était froide.
Il mis ses mains sur le sol glacé et poussa pour se relever, et il y parvint, en tremblant des bras, basculant sur le coté... Il entendait la jeune demoiselle lui dire qu'elle était médecin, quelle chance il avait... Et heureusement qu'il n'était plus maudit. Il sentit le félin s'approcher à coté de lui, et cela le crispa, il n'aimait pas beaucoup les animaux qui n'étaient pas dans son assiette.
Il était désormais assis dans ma neige, ses cheveux mouillé collaient en paquet sur sa nuque, il respirait avec difficulté... Il jeta un œil à la demoiselle et plissa les yeux: elle avait l'air si jeune, sa peau était joliment pâle et contrastait avec élégance avec ses lèvres bleues pâle... De telles lèvres, quel genre d'homme avait déjà voulut les embrasser?
Il eut soudain un choque, comme étonné par sa propre pensée... Il était peut être très malade et son esprit dérivait sur des sujet aussi futile qu'incommodants. Il leva sa main gauche et la porta à son front. Puis il s'adressa à la médecin qui ne semblait pas paniquée le moins du monde:

-"Vous m'avez l'air si jeune... Je vous paierais comme vous voudrez... Mais je déteste être malade... Soignez moi donc.
J'ai une chambre à l'auberge de l'autre coté de la rue, la numéro 3. Si jamais je trouve la force d'y retourner, je pourrait me reposer..."

La fièvre apparente lui donnait des difficultés à faire des phrases concrètes, son esprit était embrouillé...
Il tenta de se relever pour fuir, mais retomba aussitôt à genou dans la neige. Pourquoi avait il eu ce réflexe de vouloir fuir? Il n'en avait aucune idée lui même, mais peut être détestait il simplement l'idée d'être sauvé et soigné par ce qui lui semblait être une jeune fille...