Que les masques tombent... [achevé]

Ision était encore faible, allongé sur le lit jusque auquel Esméralde l'avait porté. Se libérer d'un nouveau pouvoir et transmettre une partie de son savoir à Esméralde l'avait beaucoup affaiblit que ce qu'il avait pronostiqué jusqu'à présent. Il avait détesté la sentir le soulever et l'aider comme s'il n'était qu'un handicapé inutile, un fardeau. Il était Ision Lorindiar et n'avait pas besoin de soutiens ou même de réconfort, il allait se remettre comme il l'avait toujours fait, mais hélas pas cette fois. Si la sylphide n'aurait pas été là, Imnia elle même aurait porté son maître jusqu'à la chambre. Mais voilà, il lui avait ordonné de ne rien dire, ne pas bouger de laisser Esméralde, Imnia était donc repartie dans les ombres, jalouse de cette femme parfaite au sang et aux pouvoirs égalant ceux de son vénéré maître.

Lorsque les lèvres d'Esméralde se posèrent sur le fonrt d'Ision, il l'empêcha de se releva, l'attrapant par le bras avec une poigne étonnante, encore plus dans son état, il se relevait à moitié péniblement, se tenant les poumons. Il avait beaucoup de mal à respirer l'air ambiant après s'être montré sous sa véritable forme, celle de cet être parfait. Comme si le sang qu'il expirait était celui de cet homme pur et que peu à peu son corps le corrodait de l'intérieur jusqu'à redevenir ce semblant de terran qu'il était.

"L'expédition ne sera pas annulée, une semaine tout au plus, nous irons cherché ce dont vous avez besoin avant tout. Je vous demande seulement de garder désormais tout ce que nous pourrions dire ou faire pour nous seuls, je le ferai également... nous n'avons plus d'allié ce soir, moi un maire, vous un prince... que sont ils finalement? Des êtres trop friables pour leur faire confiance, apte à nous claquer dans les mains. Je peux mourir ce soir, je pourrais toujours revenir, un nouveau corps, une nouvelle identité, je l'ai déjà fait tant de fois..."

Il s'arrêta et prit un peu d'eau qui était sur la table de chevet, ravalant son propre sang comme pour le remettre dans ses veines. Le sang... il l'avait déjà tellement gouté, tellement désiré, tellement vénéré, dans le sous sol de cette demeure, là où personne ne pourrait jamais accéder sans son accord, truffé de pièges, d'énigmes et de gardes. Bref imprenable...

Les yeux saphir d'Ision étaient certes fatigués, mais encore parfaitement lucide tout comme son esprit, il n'y avait que son corps de défaillant. Le lord s'était juré qu'un jour, il passerait plusieurs vie à Cimmérium pour tenter de trouver un remède à ces corps, pour les rendre plus résistant, plus viables et plus digne de la condition sylphide.

"Dans un endroit, un artefact caché, des yeux vous permettant de démultiplier votre don, je vous en fait cadeau, je suis l'un des seuls à connaitre l'emplacement. laissez moi juste un peu de temps... les valets de chambre vous montreront où dormir si vous voulez rester ici jusqu'à demain, vous êtes mon hôte, mon invitée et on vous servira comme s'il s'agissait de ma propre personne..."

Le lord fit un effort monumental pour se relever complétement et sortir du lit...

"La... la terrasse..."

La pièce était pourtant close, aucune fenêtre, aucune autre entrée si ce n'est la porte. La pièce elle même était étrangement sobre, avec seulement ces quelques lumières et un magnifique tableau d'une femme, la même qu'Esméralde avait vu dans le cercueil, le seul et unique amour d'Ision. personne n'avait le droit d'entrer dans cette chambre, aussi y gardait il ce tableau précieusement enfermé. Sur le reste des mur rien, si ce n'est de la pierre brute, aucune dorure, aucun apparat. Toujours ces lumières et enfin... un bureau dans le coin de la pièce, en bois, avec un porte plume, du papier à lettre quelques documents soigneusement rangés. Le lit en lui même était classique, deux places, mais aucun volant aucun baldaquin ou ce genre d'artifice, non, dans cette pièce résonnait une étrange harmonie.

Lorsque Ision approcha d'une pierre sur le mur, ce dernier pivota pour laisser un accès une immense terrasse qui faisait tout le tour de la propriété et qui donnait sur les jardins d'Ision, au milieu une serre où il conservait les espèces rare de plante qu'il avait pût collecter. Sur cette terrasse juste à côté de ce mur pivotant qui se referma derrière eux, seul Ision pouvait trouver le mécanisme pour le réouvrir, un sofa pour une personne, le lord tituba un peu avant de s'écrouler dedans, il voulait se reposer, il voulait voir la lune, il la montra du doigt à Esméralde...

"Elle est magnifique n'est ce pas? Elle seule sait tout..."

Puis il avait sombré dans un coma léger, un coma de sylphide, auto conservateur pour que leurs corps ne soient jamais trop endommagé. La main du lord retenait Esméralde par la taille juste à côté de lui...

Une main la retenait. Des doigts enserrant avec fermeté son poignet, malgré la souffrance déchirant la poitrine du lord d’une lame affutée. Elle ne se redressa pas, écoutant les mots soufflées à grande peine entre deux inspirations difficiles. Ses prunelles d’ébènes caressaient le visage du Lord mais ne brillait d’aucune pitié, juste d’une inquiétude. Et… peut-être aussi une pointe de tendresse. Elle replaça une mèche de cheveux argentés derrière l’oreille de son propriétaire.

« Ision, je ne suis pas femme à révéler mes secrets au premier venu. Ayez confiance en moi… et si vraiment cet exercice vous semble insurmontable, remettez en vous à la magie de notre alliance. C’est une promesse que je ne peux briser, tout comme vous. »

Elle le laissa se servir de l’eau, libérée de son étreinte, elle ne s’en alla pas pour autant. Elle aurait aimé un peu de raison, les bavardages pouvaient attendre mais son compagnon ne semblait pas de cet avis.

« Un cadeau ?… Chaque chose en son temps Ision, ceci peux attendre je pense que vous vous remettiez. Nous en discuterons plus tard. Et bien qu’il vous soit aisé de naitre sous une nouvelle apparence, nous savons tout deux que ce n’est ni agréable ni désirable en ce moment. Autant l’éviter si nous le pouvons. »

Il se leva, elle grimaça mais le suivit sur la terrasse nota au passage le tableau suspendu, symbole d’un amour déchu. L’étonnement de la Dame devant le passage secret ouvert sur les jardins odorants de la demeure, arracha à la sylphide un étrange sourire. Il se referma derrière eux dans un claquement, mais elle s’en moquait, perdue dans une contemplation des lieux, usuellement caché aux regards indiscrets. Ision tituba jusqu’à un sofa, elle s’approcha alors qu’il désignait la lune, du bout de son doigt.

Elle est magnifique n'est ce pas? Elle seule sait tout..."

Sa main ancrée sur sa hanche, ne desserra pas son étreinte lorsqu’il sombra dans l’inconscience.
Pour ce qu’il arriva, une fois ses paupières closes, la Lune seule en fut le témoin, muette et docile, recueillant dans sa lumière d’argent l’âme du rêveur.

Ision s’éveillerait dans son lit, confortablement installé sans savoir comment il avait abandonné le sofa du jardin pour le moelleux du matelas comme si cette sortie dans la nuit n’avait été qu’une illusion. Le parfum léger de la Dame, flottant encore dans l’air comme si elle avait gardé son sommeil, lui indiquerait que tout avait été réel. .Combien de temps… comment… pourquoi… toutes ces réponses, la lune seule les connaissait.

» Othello Lehoia ~ achevé
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