Once upon a time... [PV Arminas Oronar] [TERMINÉ]

===========Courir partout sans vraiment savoir où aller était une situation désespérante quand on y songeait. Alolla pensait avoir atteint sa limite de forces pour la journée lorsqu’elle s'était rendu compte qu'il lui en restait assez pour aller se perdre dans les vastes plaines qu’elle voyait loin devant elle.
L'ombre qu'était Alolla sur ces plaines semblait rayonner de noirceur en cette nuit dont la lune arrivait à peine à percer les ténèbres…quelques étoiles timides se montraient parfois, avant de se cacher derrière un voile de nuages sombres, comme si la jeune femme qui marchait silencieusement dans l’herbe allait ternir leur lumière. Un vent du Nord, hivernal, glacé, accompagnait les pas discrets de la jeune femme, faisant doucement virevolter ses cheveux blancs neige. Le froid aurait transi les os d'un humain mais celui-ci ne l'atteignait pas… Alolla était vide de pensées, vide de tout sentiment et vide de toute sensation.
Ses yeux bleus se promenaient tranquillement sur chaque brin d’herbe qui dépassait la fine couche de neige, scrutant alternativement les étoiles.

De dessous son noir manteau de fourrure, Alolla observait le temple depuis un certain temps, cachée dans l'ombre de la végétation quasi inexistante, agenouillée dans les hautes herbes. Elle restait habituellement à l'écart des grands monuments en pleine nature…la quiétude, la paix et l'insouciance qui semblait y régner perpétuellement la répugnait. Alors qu’elle observait, un craquement se fit entendre non loin. Une sorte de cri désagréable à l’ouïe provenait de plus loin dans la broussaille enneigée, au loin la jeune fille pouvait distinguer un troupeau d’animaux étranges. Malgré l’obscurité, elle pouvait distinguer une absence de poils sur les corps des bêtes qui se rapprochaient dangereusement d’elle. Elle jeta un pan de sa longue cape sur sa tête, laissant une fente pour voir de quoi il s’agissait, et un lapin passa à quelques centimètres d’elle, dans une course folle. S’en suivit la bête hideuse… Ce n’était pas plus grand qu’un chien, sans queue, effectivement sans poils, elle était passée à côté de la jeune fille sans même jeter un œil dessus, sûrement trop intéressé par sa proie folle…
Les autres bêtes avaient passé leur chemin et avaient contourné Alolla en trottinant, la truffe en l’air. Le vent était de son côté, ils ne pouvaient pas sentir sa présence de là où ils se trouvaient, bien qu’une bête avait l’air de traîner à la queue de la troupe. Elle s’était arrêtée un instant dans la direction d’Alolla, puis parut ne pas vouloir perdre le groupe et rebroussa chemin.

Une fois les animaux perdus de vue derrière une petite colline, la jeune femme se redressa lentement, tenant fermement sa dague en or blanc dans la paume de sa main.

Elle regarda à nouveau le bâtiment qui se trouvait à quelques centaines de mètres d’elle, il était perché sur un flanc de colline, le ciel était suffisamment clair pour y distinguer les limites et les formes, mais Alolla voulait voir de plus près, elle entreprit alors de s’en approcher d’un peu plus près…

Encore une perte de temps.

Ses pas pressés raisonnaient dans le hall du Temple d’Aléa, ses bottes claquant contre les dalles de marbre se répercutaient en échos.
Le Sylphide poussa les grandes portes de bois qui grincèrent sur leurs gonds en un bruit théâtral, sorti du bâtiment et fit péniblement claquer les portes derrière lui.
Attendant calmement que le bruit s’estompe, il observait l’horizon qui s’était recouvert d’une fine couche de neige durant le temps qu’il avait passé dans le Temple.

La lune se reflétait dans la poudreuse, permettant à qui le souhaitait, de s’aventurer dans la nuit.
Il avança de quelques pas, sa soutane effaçant ses traces au fur et à mesure qu’il marquait la neige.
Il remarqua des empreintes de criards, pas plus de six, à ce qu’il pouvait en déduire. Sur ses gardes, il progressa à nouveau, prêt à défourailler Tenebrae, lorsque le cri caractéristique de ces canidés vint confirmer son hypothèse. Mais à en juger de son intensité, la bête qui l’avait poussé était déjà loin, ainsi que sa meute.
Il ne risquait pas grand-chose, maintenant. Il prit une profonde respiration apaisante, et enleva la main du pommeau de son arme.

La menace était passée, mais pourtant, Arminas sentait une présence.
Etait-elle à craindre ? Il ne le savait guère, mais il était quelqu’un de prudent, bien que ce corps soit relativement récent, il lui aurait été désagréable d’interrompre à nouveau son périple pour en obtenir un nouveau, aussi, il décida d’user de son don, et d’un revers de main, il se dissimula sous une brume obscure, se rendant quasiment invisible pour un œil non avisé.
Se sentant plus en sécurité, il reprit la route, décidant d’ignorer ce pressentiment, qui se faisait décidément plus pressant, jusqu’à ce qu’il trébucha sans raison apparente.

Un flash de lumière blanche.

Dans la nuit noire, une silhouette d’une pâleur extrême, blanche comme la craie.
Il s’agit d’une jeune fille, elle discute avec… oui, elle discute avec Arminas.

Nouveau flash aveuglant.

Le Sylphide se redressa, avant de dissiper l’obscurité sur une certaine distance, scrutant les alentours, à la recherche de, il le savait, une jeune fille au teint blême, qui ne devait pas tarder à se présenter à lui.
Serrant la fusée de son épée, prêt à la pointer sur la moindre menace faisant face.

Alors que le vent soufflait comme à son habitude dans les montagnes, charriant ainsi les odeurs d'herbes nauséabondes au goût d’Alolla, une fine mais détectable fumée de feu s’échappait du temple au cœur même du ciel dégagé.
La vue de la jeune femme n’était pas assez perçante pour pouvoir voir la silhouette d’un homme se dessiner au loin, près du temple. Celui-ci approchait à une allure dangereuse si Alolla ne souhaitait pas faire de rencontre tardive. Heureusement, un petit bosquet se trouvait à quelques pas d’elle, elle avait eu le temps d’y accéder mais la jeune femme de nature peu patiente commençait à s'impatienter. Elle s’était postée sur un rocher fort inconfortable, et le ciel n'affichait pas un seul nuage blanc dans cette splendeur noire. La lune brillait dans sa répugnante splendeur, et elle n'avait que son manteau pour s'en cacher. De là où elle était, elle avait une vue imprenable sur les plaines… Pour tromper son ennui grandissant, Alolla avait arraché une branche à un arbre avoisinant, et avait commencé à le sculpter à coup de dague. Elle n'était pas artiste, elle ne savait dessiner que des brouillards, et au bout de quelques heures, elle n'avait réussi qu'à faire apparaître un visage hurlant…qui ne brillait pas de réalisme.
Dégoûtée, Alolla jeta sa sculpture par-dessus son épaule, et s'appuya sur la pointe de sa dague, et parcouru le panorama d'un regard blasé.
Soudain, quelque chose attira son regard, quelque chose qui perturbait la quiétude impassible des plaines…Une forme humanoïde avançait dans ces terres. La Gorgoroth se releva, et plissa les yeux tout en mettant sa main en visière, tentant d'y voir plus clair…mais la forme n'était qu'une tache lointaine. Hésitant entre sa terrible envie de bouger et de son attente d'un autre signe qui la guiderait, Alolla resta regarder l'humanoïde s'enfoncer dans les plaines… Elle esquissa un faible sourire lorsque le vent lui souffla au visage…après quelques minutes d'attente immobile, cela lui faisait du bien. Finalement, suivant un ordre silencieux, ses propres jambes se mirent en route.
Le visage blanc de la jeune femme, drapé dans l'ombre, était déformé par un rictus satisfait. Son apparition avait eu un effet certain sur le jeune homme, elle le savait.

- Bonsoir… vous n’avez pas l’air surprit de croiser quelqu’un ici, dit-elle en regardant du coin de l’œil l’homme serrant son épée…

Surgis de nulle part, la jeune femme aperçue dans sa vision venait de se jeter sur lui. Il dû réprimer son premier réflexe qui aurait été d'éventrer la demoiselle, son instinct le ravisant, il sentait que cette femme aurait un rôle à jouer plus tard.

- Bonsoir… vous n’avez pas l’air surprit de croiser quelqu’un ici.

Suspicieux, il ne répondit pas de suite, se contentant d'enlever le capuchon de la dame à l'aide de la pointe de son épée.
Après quelques instants de silence, il rengaina, jugeant que cette frêle personne ne pourrait pas lui faire le moindre mal.

Faire la discussion, surtout avec un étranger, n'était pas son fort, Arminas était quelqu'un de réservé, qui ne parlait que lorsque le besoin s'en faisait sentir, mais pourtant, sans réfléchir plus longtemps, il ouvrit la bouche :

-Bonsoir à vous. Ce qui me surprend le plus, c'est de voir une demoiselle comme vous, seule, ici, la nuit.
Il observa vaguement le manche d'une dague cachée sous le manteau d'Alolla.
Bien que vous sembliez armée, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
Que faites-vous dans les parages ?

Aussi incroyable que ça puisse paraître, Arminas avait plus parlé en quelques secondes que depuis des heures resté à l'intérieur de ce temple dont la silhouette se dessinait encore dans la pénombre de la nuit.