Leçon d'humilité [Irina & Baltor]

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 Leçon d'humilité [Irina & Baltor]

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MessageSujet: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeSam 28 Avr - 20:05

[Special thanks to Yersin Aellyen, qui doit décidément avoir de l'expérience dans le domaine des chutes pour m'avoir donné autant d'idées pertinentes. Merci chou, je te revaudrai ça ♥]

    Après sa convocation devant le Conseil de Cimmerium, et plus particulièrement son entrevue avec Ision Lorindiar, Baltor avait filé en direction de Tyrhénium. Une importante réunion du Conseil de l’Ordre d’Oris devait en effet s’y tenir, et il ne voulait – ni ne pouvait – la manquer. Il n’avait donc que brièvement profité de la magnificence de la cité de son peuple et de la demeure qui avait été mise à sa disposition, rencontrant rapidement quelques vieux érudits de sa connaissance – conserver certains contacts pouvait toujours se révéler utile – et mesurant son habileté à la flûte à celle d’autres musiciens séculaires. En tant qu’artiste touchant à de multiples domaines, il ne pouvait effectivement pas passer à côté de l’occasion qui lui avait été offerte : celle de rencontrer et de partager ses expériences avec certains de ses frères, dont nombre avaient vu autant de choses que lui au cours de leurs existences d’immortels, et qui aimaient le Beau autant que lui-même.

    Mais Baltor n’avait pas pu s’attarder plus de quelques jours à Cimmerium, bien qu’il fût néanmoins resté suffisamment longtemps pour s’apercevoir que, pour la première fois depuis des siècles, d’autres êtres que les Sylphides foulaient les rues de la cité céleste – quoiqu’ils ne fussent pas (encore ?) très nombreux. Baltor, qui s’était justement distancié de son propre peuple à cause de leurs idéaux isolationnistes qu’il jugeait irresponsables, s’en était réjoui, mais ne nourrissait pas non plus d’espoirs illusoires. Quelques centaines d’années supplémentaires seraient encore nécessaires pour que les choses changent véritablement. Après tout, ce qui est vieux a tendance à être conservateur, et qu’y a-t-il de plus âgé qu’une race immortelle ?...
    C’était donc avec ces réflexions en tête et les yeux malgré lui encore remplis des merveilles de la cité sylphide que Baltor avait repris la route.

    Il chevauchait à présent dans les Vastes Plaines en direction de Tyrhénium. Il avait contourné les ruines de Taulmaril par l’ouest quelques jours auparavant, et filait à présent vers le nord-ouest à une vitesse soutenue. Son cheval, Encre, avait beau être un étalon fougueux doté un sale caractère, il n’en restait pas moins d’excellente constitution… Pour preuve, Baltor ne s’était pas arrêté depuis plusieurs heures, alternant les phases de pas, de trot et de galop – le meilleur moyen pour voyager rapidement sans épuiser plus que nécessaire sa monture, comme le savait tout cavalier consciencieux – et Encre ne bronchait toujours pas, montrant à peine quelques signes d’essoufflements. Bien sûr, cela tenait aussi au fait que le Sylphide avait la capacité d’augmenter et de réduire son poids de manière tout à fait arbitraire, allégeant le cas échéant la charge de son cheval…

    Puis Baltor avait fini par quitter la route de terre battue qu’il suivait pour un chemin secondaire, un raccourci qu’il avait déjà emprunté à plusieurs reprises et qui, au lieu de contourner les quelques bois qui s’étalaient sur les plaines, les traversait directement.
    Le sentier qu’il suivit ensuite passait au travers d’un petit bois clairsemé. Il était bien marqué, relativement large, mais les nombreuses branches basses qui obstruaient sa vue avaient rapidement obligé le Sylphide à poursuivre à pied, son cheval suivant plus ou moins docilement derrière lui.

    Et puis le jour avait commencé à décliner, et la vision de Baltor s’était obscurcie… Bien sûr, ayant une certaine affinité avec l’Ombre, la tombée de la nuit ne le dérangeait pas, a priori… Seulement, il n’était pas non plus nyctalope et, avec le soir approchant, il avait de plus en plus de difficultés à avoir où il mettait les pieds. Il se mit à trébucher sur les diverses racines avec une absence de classe totale, jusqu’au moment où, chancelant d’avoir heurté une énième fois un obstacle fourbe et invisible, il dût poser son pied avec précipitation pour éviter une chute inévitable. Mais le sol ne se trouvait pas là où il l’attendait : Baltor avait mis le pied dans un trou et, ne s’y attendant évidemment pas, il perdit définitivement l’équilibre alors que sa cheville droite craquait sinistrement. Il essaya malgré tout de se redresser, avançant l’autre jambe et donnant un violent coup de reins… Et il y aurait réussi si Encre ne s’était pas décidé à lui mordre les fesses, attrapant de fait le bas de sa chemise et le déséquilibrant définitivement.

    Juste avant que sa tête – et le reste de son corps – ne heurtent violemment le sol, Baltor songea qu’il était chanceux de ne pas pouvoir ressentir la douleur. Puis vint le choc. Il vit quelques étoiles, et ce fut le noir.
    Encre, l’air de rien, broutait quelques pas plus loin, les fontes chargées de divers vivres et –surtout – d’une armure rutilante de Chevalier de l’Ordre d’Oris.
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeLun 30 Avr - 3:30

La nuit tombait inexorablement et après des longues heures de marche, Irina commençait à sentir la fatigue peser dans ses jambes. Cela faisait deux jours qu'elle parcourait ces plaines d'est en ouest à la recherche de plantes rares, des pousses qui hélas pour elle ne poussaient qu'à cet endroit du monde. Ce n'était pas une promenade de santé et vagabonder dans ce milieu nuit et jour ce n'était pas de tout repos. Cependant les racines de Bidenth en valaient le coup, et à vrai dire pour mettre à exécution le plan qu'elle avait en tête, elle n'avait guère d'autre choix que de les trouver. L'idée était loin de la réjouir, d'autant plus que dans deux jours elle était censée être de retour à la civilisation, mais le fait est qu'à l'heure actuelle elle ne pouvait pas faire autrement.
Levant les yeux vers le ponant, la jeune femme apprécia toutefois la senteur des arbres et la simplicité silencieuse des environs. Cette placidité en incommodait plus d'un, et la solitude en gênait beaucoup également, mais pour elle l'une comme l'autre étaient des points positifs. Ici il n'y avait pas de grandes villes, pas de gens pressés, pas d'ingrats. Juste la nature et les animaux qui bien que parfois dangereux, étaient régis par des lois bien différentes. Quelles qu'elles puissent bien être, le fait est qu'elles avaient un effet pacificateur sur son état mental, tout comme sur celle qu'elle appelait son autre, la folie.

Afin de s'assurer qu'elle ne craignait rien pour cette nuit, Irina demanda à Raven, son compagnon à plumes, d'inspecter les environs de son campement. Lui au moins n'était pas incommodé par cette obscurité naissante qui pesait déjà si lourd, et pourrait repérer des loups ou d'autres menaces sans prendre de risques. Le laissant partir sans trop y penser, la prêtresse alluma un feu discret dans une des rares clairières de ces bois afin de se réchauffer et préparer les quelques vivres qui lui serviraient de repas frugal. Rien de bien extraordinaire, mais largement assez pour entretenir un gabarit de crevette comme le sien.
De fait à bien y regarder la tenue de cuir noir avait bien du mal à dissimuler son corps maigre et si pâle que l'on croirait voir un fantôme. Seule sa chevelure ardente cascadant librement sur ses épaules semblait regorger de vie et lui donner un aspect plus vivant, plus chaleureux. La lourde cape de laine qui lui servait de couverture couvrait d'ailleurs si largement ses membres qu'on aurait dit qu'elle faisait office de robe. Qu'importe... Au moins elle aurait bien chaud cette nuit ! C'était ce qu'elle était en train de se dire lorsque finalement elle fut arrachée à ses divagations par Raven qui revenait à larges battements d'ailes, la dévisageant de ses yeux dorés.


.° J'ai trouvé quelque chose à quelques trois cent battements d'ailes d'ici. Tu ferais mieux de me suivre, femme.°.
Qu'est ce que c'est, un prédateur ?
.° C'est un Marcheur, un des tiens. Il est dans un trou et ne bouge plus. Son aile est probablement blessée. °.

Un Marcheur. C'était le nom que Raven usait pour désigner un humain, ou en tout cas quelque chose qui y ressemblait. L'espace d'un instant la demoiselle l'observa en retour, s'entretenant avec lui par télépathie. Il lui arrivait parfois de se demander comment un simple oiseau avait pu intégrer des principes comme les nombres en si peu de temps, alors qu'elle même avait mis si longtemps avant d'apprendre à lire. Enfin, malgré les mauvaises blagues que son compagnon lui faisait parfois, il avait compris qu'elle ne supporterait pas qu'il rigole au sujet de son métier.
Soupirant avec lassitude et incrédulité, Irina se leva en s'enroulant dans sa cape et regarda vers la direction indiquée. Elle laissa alors ses affaires sur place, en ne prenant avec elle que sa sacoche, qui contenait au fond tout ce qui pourrait être nécessaire à prodiguer les premiers secours. S'attendant un peu à tomber sur un écureuil ou un chien, la rouquine marmonnait en dodelinant de la tête, prête à insulter Raven si jamais il lui avait encore raconté des salades.

S'engageant dans les bois avec précaution, elle jeta un rapide à coup d’œil à Hazard qui était toujours là, mâchant quelques touffes d'herbe avec un air nonchalant. Quelques minutes de marche s'en suivirent, et contrainte à marcher avec précaution, Irina préféra s'armer d'une vieille branche qu'elle illumina grâce à de l'énergie cinétique. Ainsi avec cette torche improvisée qui pourtant ne brûlait pas, elle put progresser plus rapidement. Elle marchait à une cadence soutenue, habituée qu'elle était à ce genre d'errances. De plus le climat n'était pas froid comparé à l'hiver nordique, alors le tout ne lui semblait pas du tout insurmontable. Pourtant dans son élan elle faillit tomber elle aussi dans le trou qui avait eu raison de l'inconnu à qui elle venait porter secours.

Effectivement ses yeux émeraude purent apercevoir la silhouette inconsciente de Baltor, quelques dix mètres en contrebas. Elle ignorait ce qu'un trou pareil pouvait bien faire là et elle s'en moquait, mais cela ne l'empêcha pas de jurer comme un charettier contre l'imbécile fini qui avait fait une chose pareille. Parce qu'elle ne se leurrait pas à ce sujet... Aucun animal n'avait pu creuser aussi profond et avec autant de minutie. Tout cela était sûrement l’œuvre d'un chasseur qui pourchassait on ne sait quelle espèce en voie d'extinction. S'agenouillant à même le sol, la Serpentine s'aida de sa lumière artificielle pour regarder au fond. Elle appela plusieurs fois l'étranger pour essayer de le réveiller, sans succès. Alors finalement elle s'arma de patience et se laissa glisser prudemment sur l'une des parois de terre. Le trou était profond mais pas très large, ce qui malheureusement ne lui laissait pas une grande marge de manœuvre. Pas de chance toutefois, les bords étaient glissants et avec très peu de classe elle parvint en bas en atterrissant sur les fesses. Elle ne se décontenança pourtant pas. Ce n'était pas une réception gracieuse c'est vrai, mais au moins elle ne s'était pas fait mal. De plus il n'y avait personne alentours pour lui rappeler ce moment qui n'était pas à son avantage. Haussant les épaules avec bonhommie, elle s'approcha.

Tâtant calmement la nuque de cet homme bien plus grand qu'elle, Irina trouva son pouls sans trop de difficulté. Ce dernier était un peu faible mais régulier. Certes son patient improvisé avait perdu connaissance, mais au moins il était toujours vivant et il n'avait pas l'air de souffrir de blessures graves. Sa cheville tordue dans un angle improbable lui fit cependant froncer les sourcils. Ce n'était pas bon, car elle ne savait pas depuis combien de temps il gisait là. Il lui faudrait sans doute la remettre en place, et hélas pour lui cela allait faire mal. Découvrant sans gêne son torse et son ventre, elle s'assura qu'il n'avait pas d'autres blessures que celles causées par la chute. Il avait sûrement quelques côtes cassées, mais dans un espace aussi confiné et avec si peu de lumière, elle ne pouvait faire un diagnostic digne de ce nom. Tentant donc de lui parler, elle gifla gentiment ses joues dans une tentative de le réveiller. Voyant que rien n'y faisait, elle recommença, plus fort.


« Eh oh la princesse endormie... Il est temps d'arrêter de ronfler ou le prince charmant va perdre patience ! »

Ce fut alors qu'elle entendit un hennissement à proximité. Par réflexe elle leva la tête ainsi que sa torche, se demandant pourquoi Hazard l'avait suivie. Il lui fallut deux secondes avant de comprendre que cet étalon qui était aussi noir que le sien ne lui appartenait pas. Fronçant les sourcils de plus belle, elle aperçut alors l'armure de l'Ordre d'Oris. Décidément les soldats de nos jours étaient de plus en plus maladroits... Souriant sarcastiquement, elle dégagea une mèche blonde du visage du sylphide avec délicatesse. Il avait de la chance de tomber sur elle car son savoir faire était l'un des plus poussés sur Isthéria. Maintenant pour ce qui était du caractère... Il allait peut être passer un mauvais quart d'heure. Après tout il fallait bien compenser, non ?
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeLun 30 Avr - 16:14

    Plus que les quelques gifles qu’on lui assénait, ce fut la lumière diffuse de la torche improvisée par Irina qui réveilla petit à petit Baltor. Ses yeux se mirent à s’agiter sous ses paupières, puis s’ouvrirent doucement. Les sens encore engourdis par l’inconscience, il ne perçut de la scène qu’une vague silhouette à l’abondante chevelure auburn penchée sur lui, lui murmurant une histoire de prince et de princesse à laquelle il ne comprit rien sur le moment…
    Les souvenirs précédant sa perte de conscience lui revinrent alors sous la forme d’informations et d’images plus ou moins floues. Il avait trébuché dans la pénombre, posé le pied dans un trou, puis était lourdement tombé – grâce au concours de son cher étalon… Ensuite, le noir complet. Sa tête devait avoir heurté le sol dans sa chute, et il avait perdu connaissance. Certainement. Ce qui n’expliquait toujours pas pourquoi une vague lueur éclairait la scène et le piège grossier dans lequel il était tombé avec autant de panache qu’un jeune Sylphide faisant ses premiers pas dans sa première enveloppe corporelle…
    Le seul avantage à sa situation était qu’il ne ressentait – comme tous ceux de son peuple – aucune douleur. Il n’éprouvait rien qu’un vague inconfort au niveau du bas de son dos, certainement dû à la dureté du sol terreux… Cela, et l’impression que l’air s’était soudain fait plus frais, plus piquant, comme si… Il baissa les yeux sur son torse nu. Comme si on avait délacé sa chemise, effectivement. Conséquence logique à cette observation si objective : il n’était pas seul – ou du moins il ne l’était plus.
    Baltor leva donc les yeux sur la fine silhouette qui le surplombait, son esprit encore ralenti faisant enfin le lien entre les gifles qui avaient accéléré son réveil et la présence d’une mystérieuse inconnue. L’air toujours à demi endormi, il lui sourit, charmeur, et articula tant bien que mal :

    - Eh bien, bonsoir, séduisant prince impatient…

    Cette dernière phrase – consternante de platitude, avouons-le – acheva néanmoins de le réveiller. Il eut soudain un brusque mouvement de recul, s’appuyant sur ses avant-bras et se redressant à moitié. L’œil enfin clair, il découvrit pour la première fois de manière à peu près consciente son environnement : le trou relativement profond dans lequel il avait chuté, la silhouette d’Encre qui broutait l’air de rien à quelques pas de là, l’obscurité ambiante atténuée par une vague lueur émanant d’une… branche (?!)… Ceci, entre autres détails peu ragoûtants impliquant de la boue et d’écœurantes petites bestioles.

    - Je… Veuillez m’excuser. Savez-vous où nous nous trouvons ? J’ai eu comme une légère… absence, demanda-t-il, comme si de rien n’était – la mauvaise foi incarnée.

    Et effectivement, pour lui, il n’y avait rien. Il avait certes chuté, mais c’était tout : ne ressentant aucune douleur et n’ayant pas inspecté son corps, il n’avait pas réalisé l’angle improbable dans lequel se trouvait sa cheville… Et, peu précautionneux qu’il était, il ne s’était pas aperçu non plus que sa respiration s’était faite sifflante depuis qu’il s’était redressé, preuve que certaines de ses côtes devaient être fêlées – sinon cassées. Et preuve s’il en fallait que l’insensibilité physique des Sylphides pouvait être un fardeau bien plus qu’un avantage…
    Fronçant alors les sourcils sur les vêtements terreux de l’inconnue, Baltor poursuivit calmement, avec un air serein qui le faisait paraître insupportablement sûr de lui :

    - Êtes-vous descendue ici pour moi ? C’est aimable, mais bien superflu. J’aurais pu sortir d’ici par moi-même.

    Il lui adressa un bref sourire suffisant mais, curieusement essoufflé, fut contraint d’interrompre rapidement son petit jeu. Pourquoi donc ne parvenait-il à respirer que par à-coup ? Etait-ce un contrecoup – bénin, bien sûr – de sa chute et/ou de son réveil subit ? Etrange…
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeLun 30 Avr - 20:14

Si il était évident que l'on pouvait reprocher à ce soldat de ne pas être prudent et encore moins adroit, il est certain qu'on ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas le sens de l'humour. En fait son flegme et son indécente décontraction donnaient un air moins austère à ses traits qui lui avaient paru sévères au premier abord. Toutefois malgré sa surprise il semblait récupérer petit à petit chacune de ses capacités vitales, bien que sa respiration soit toujours aussi pénible.
Arrêtant sa main dans le mouvement d'une nouvelle gifle, Irina paraissait peu inquiète maintenant qu'elle avait constaté le plus gros des dégâts. Ce n'était pas fameux mais c'était loin d'être incurable et les fractures, bien que constatées, n'avaient rien d'anormal. N'importe qui connaissant ce genre de chutes aurait fini dans cet état, comme une marionnette brisée. Encore que ce blondinet aurait pu plus mal terminer que ça. En fait pour cela comme pour le fait qu'elle soit à proximité, il avait une chance incroyable. Dame Fortune lui souriait aujourd'hui... Et il lui souriait en retour. Continuant sur cette lancée, elle s'amusa de la situation qui n'avait pourtant rien de drôle. Mais elle était ainsi, se moquant de tout et de tout le monde, vivant comme si c'était le dernier jour.


« Ne bougez pas de trop, princesse. Vous ne vous en êtes peut être pas encore rendue compte, mais vous êtes un peu amochée. Vous serez incapable de gambader ou chevaucher pendant un moment, ça je vous l'affirme. »

Posant sa petite main sur le torse masculin, elle semblait fragile mais pourtant une certaine fermeté se dégageait d'elle. C'était quelqu'un qui était clairement habitué à se faire obéir sans discussions, et on pouvait même deviner qu'elle n'avait besoin de hausser la voix pour cela. D'un autre côté la rouquine ne possédait pas la carrure d'un soldat, loin de là... Bien qu'à sa façon elle soit également une femme d'armes. Simplement elle avait sa propre façon de mener des combats, et une manière bien spécifique de s'assurer qu'elle les remporterait.
La jeune femme prit une grande inspiration afin de compenser la chaleur qu'il faisait dans ce trou, qui a l'abri du vent lui donnait l'impression d'étouffer. Fixant sa torche improvisée afin de s'assurer qu'elle avait bien assez d'énergie pour brûler pendant plusieurs minutes sans s'éteindre, elle la planta au sol afin d'avoir les deux mains libres. Ensuite elle fixa l'homme auquel elle s'adressait, pouvant maintenant examiner ses pupilles, qui paraissaient normales. Jouant les idiotes, elle ignora même la manière dont Baltor évitait le sujet épineux, faisant comme si il ne comprenait pas pourquoi il était blessé. Elle avait soigné des combattants de nombreuses fois, et bien qu'elle se fiche totalement de piétiner les orgueils mal en point, elle savait que faire une telle chose n'était pas dans son intérêt. Il était encore plus compliqué de soigner quelqu'un qui ne se pliait pas à ses traitements...


« Nous sommes dans les plaines séparant Hespéria de Tyrhénium... plus spécifiquement dans une région boisée qui renferme une faune et une flore des plus riches. Mais je doute que cela vous intéresse. Vous êtes probablement passé ici afin de gagner du temps. Il est vrai que la route est plus rapide lorsque l'on s'écarte des chantiers battus... mais elle est aussi plus dangereuse. »

Son but n'était pas de lui faire la morale, car si il voulait mourir jeune et qui plus est loin du champ de bataille, c'était son choix. Seulement le faire parler lui donnerait plus d'indices sur qui il était et ce qu'il faisait ici. De plus si il avait récupéré ses facultés oratrices, cela voulait certainement dire qu'il avait la tête dure. Assez en tout cas pour résister à la chute sans subir de lésions internes.
Satisfaite de voir qu'en tout cas il lui donnait le change plutôt que de l'envoyer paître ou de l'ignorer, elle sourit face à sa naïveté. Cependant le fait qu'il ne se plaigne pas de douleurs lui paraissait incongru. Assez pour lui mettre la puce à l'oreille. Se pourrait-il que lui aussi... ?


« En fait je suis descendue ici dans l'espoir de contempler la beauté du paysage, qui selon ce qu'on m'a dit devait être à couper le souffle. Pourtant c'est vous que j'ai trouvé. Un paysage tout aussi enchanteur que ce qu'on m'a décrit, bien que le style de panorama soit tout autre. Par ailleurs je doute que vous puissiez vou déplacer de quelque façon que ce soit. Votre cheville est brisée, et il vous faudra marcher sans prendre appui sur elle pendant quelques jours si vous voulez que vos os se ressoudent correctement. Autrement dit, il vous sera impossible de sortir de ce trou sans un petit coup de main. »

Fouillant dans sa sacoche alors qu'elle parlait, la demoiselle mit enfin la main sur une petite boite métallique qui contenait l'un des onguents qu'elle avait concoctés. Ce n'était pas un produit ciblé sur ce genre de blessures, mais ses vertus apaisantes et guérisseuses éviteraient que les choses n'empirent. Le point négatif était que l'odeur dégagée était forte et pas très agréable... Mais on ne pouvait pas tout avoir dans la vie. Continuant son inspection avec minutie, Irina avait la délicatesse d'une plume, se faisant à peine sentir de ceux qu'elle traitait.
Pourtant c'est d'un geste assuré et sans hésitations qu'elle empoigna la cheville de Baltor, la remettant à sa place sans sommations, dans un craquement subit qui fut le seul signe de l'opération. En outre si elle avait agi sans demander l'avis de son patient, ce n'était pas totalement innocent. Il était certain que cela devait être fait si il voulait marcher à nouveau un jour... Et de plus cela lui permettrait de tirer une paire de choses au clair concernant son comportement. Prenant son air le plus innocent, elle dévisagea son interlocuteur de ses prunelles brillantes et perçantes. Il y avait en elles un brin de malice, mais surtout une vive intelligence. Celle de quelqu'un qui avait un long passé derrière elle, mais qui ne comptait pas offrir ses secrets pour autant.


« Alors dites moi princesse... Quel est votre prénom ? »
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeVen 4 Mai - 23:06

    Baltor avait observé Irina remettre sa cheville en place avec un défaut de réaction totale, qui témoignait non seulement de son absence de douleur, mais aussi d’une certaine stupéfaction. Il n’avait vraiment pas réalisé l’angle étrange dans lequel se trouvait son pied… Et ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Combien de fois par le passé était-il « mort » parce qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il était mortellement blessé ?... Il ne savait pas, il avait cessé de compter – s’il n’avait jamais commencé un jour. Car, au contraire de nombre de Sylphides auxquels de telles fins avaient servis de leçon et qui surveillaient à présent rigoureusement leurs enveloppes corporelles, Baltor n’avait jamais appris. Il avait toujours vécu dangereusement, sans jamais faire grand cas de l’état de son corps… Tant et si bien que le Conseil de Cimmerium, qui s’occupait entre autres de l’attribution desdits corps aux esprits éthérés que sont en substance les Sylphides, avait fini par le mettre en garde : s’il continuait à user des enveloppes corporelles si rapidement et sans y faire attention, il en serait privé pour une période indéterminée et serait donc contraint de rester enfermé au Sanctuaire… Aussi Baltor s’était-il calmé. Après tout, il conservait son apparence présente de géant blond depuis plus d’une trentaine d’années – un record ! Ce qui n’empêchait toutefois qu’il ne faisait que très peu attention aux petites blessures… dont une pauvre cheville brisée.
    Le regard bleuté du Conseiller, un tantinet agacé, trouva celui empli de malice de l’inconnue.

    - Ma cheville, brisée ?

    Il haussa les épaules. Quelle importance ?! Il ne ressentait pas la douleur, et pouvait de fait toujours chevaucher sans soucis… Un des médecins de l’Ordre s’occuperait de lui plus tard. Ce qui le dérangeait plus, en revanche, était cette parfaite inconnue qui semblait vouloir lui venir en aide. En avait-il jamais fait la demande ?!

    - Si vous vouliez m’arracher un grognement de douleur, c’est raté, mon prince… reprit-il néanmoins, une once d’ironie dans la voix. Une telle blessure n’a aucune importance. Quand vous aurez cessé de vous… amuser avec, je repartirai. Je n’ai pas de temps à perdre, on me la soignera à Tyrhénium.

    Non, décidément, il ne lui avait rien demandé. Même inconscient, il n’aurait rien demandé à qui que ce soit. Comment pourrait-il, lui, le fier Sylphide, digne représentant de cette race immortelle et si noble, désirer l’aide de quiconque ? Il n’avait pas besoin des talents des peuples inférieurs, il était parfaitement capable de s’occuper de lui-même, blessé ou non.
    La jeune femme affirmait qu’il ne pourrait plus marcher durant quelques jours ? Elle allait voir. Une simple chute telle que celle-ci n’amochait pas un Chevalier de l’Ordre au point qu’il ne puisse plus marcher, et encore moins chevaucher. Il avait beau s’être laissé faire précédemment, obéissant aux directives fermes des petites mains chaudes de l’inconnue, il était résolu à ne pas se laisser aider impunément.

    - Je suis navré que vous soyez descendue pour si peu, sincèrement. Aussi, laissez-moi vous aider à sortir d’ici, mon prince… poursuivit-il avec un air quelque peu suffisant.

    Et ce faisant, il prit appui sur ses mains, ignorant son souffle anormalement court – conséquence de la chute et de ses quelques côtes fêlées – et se leva. Ou plutôt, il tenta de se lever car, dès qu’il fut sur ses deux pieds, sa cheville brisée, physiquement incapable de soutenir son poids, se déroba. Baltor chuta à nouveau, lourdement, en grommelant quelque inintelligible grossièreté.
    Puis il leva un regard calme vers l’inconnue, gommant soigneusement tout sentiment déchiffrable de son visage et lui adressant un sourire qu’il voulut sincère.

    - Quoique, pourquoi vouloir sortir d’ici après tout… Il fait nuit, autant en profiter pour me reposer. Je sortirai au matin, lorsqu’il fera jour, précisa-t-il le plus innocemment du monde.

    Mauvaise foi et ingratitude… Voilà les deux termes qualifiant Baltor à la perfection lorsqu’il était en mauvaise posture et susceptible d’être aidé par qui ce que fût.

    - Vous vouliez savoir qui je suis ? reprit-il, l’air de rien mais toujours avec ce ton railleur si caractéristique. Il me semblait pourtant que c’était au prince de se présenter avant sa princesse… Mais comme je suis une Dame peu conventionnelle, je vous répondrai malgré tout : on m’appelle Disdain et, comme vous pouvez le voir…

    Il leva les yeux en direction de son cheval, dont on distinguait encore la silhouette – et les fontes contenant une armure dorée – à la faible lueur de la branche-torche du « prince ».

    - …je fais partie de l’Ordre d’Oris.

    …Ceci dit avec une certaine fierté, si ce n’était de la prétention. Non, Baltor ne voyait aucune contradiction dans le fait de se montrer hautain juste après avoir joué à la princesse – fait qui aurait pourtant indigné le moins machiste des Chevaliers… Mais en vérité, le Sylphide était imperméable à tout sentiment sexiste. Après tout, il avait lui-même vécu de nombreuses existences sous forme féminine, et son égo démesuré ne souffrait pas de dégrader un sexe qu’il avait pu adopter par le passé...

    - Et vous mon prince, qui êtes-vous donc ?

    Tout était bon pour faire oublier son état à la jeune femme ; tout était bon pour la dissuader de s’occuper de sa cheville et de ses diverses blessures. Même cette conversation absurde tissée d’ironie – qui amusait beaucoup Baltor malgré tout, il devait se l’avouer.
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeMar 8 Mai - 23:24

A bien y réfléchir, Irina commençait à se demander pourquoi diable elle avait été aimable assez pour descendre jusque dans ce trou et s'enquérir de l'état d'un étranger dont la gratitude laissait largement à désirer. Après tout il n'avait fait aucun effort pour améliorer son état, et comme si ce n'était pas suffisant, il se permettait de jouer les ingrats et les orgueilleux. En somme il adoptait une attitude ridiculement fière, surtout si l'on considérait l'ironie de sa situation. Il n'était pas vraiment en position de force, en clair il avait plutôt intérêt à être gentil si il ne voulait pas rester là comme un imbécile... Et de fait Irina n'était vraiment pas du genre à avoir des remords après lui avoir tourné le dos. La vie et la mort c'était son quotidien, ce n'était qu'une routine sans plus, alors si il rejetait son aide elle ne lui forcerait pas la main, ni n'insisterait davantage. Si il tenait à mourir d'inanition dans le fond de ce trou, c'était sa décision et donc son problème.

Lorsqu'il ne manifesta pas de réaction à la remise en place de sa cheville, Irina ne fut pas vraiment surprise. Plutôt blasée par son flegme et son indifférence certes, mais pas surprise. Relâchant sa cheville comme un poids mort avec une expression qui était à la limite de l'exaspération, la demoiselle recula de deux pas et le dévisagea sans complexes. Cela lui paraissait incroyable qu'il se permette de jouer les entêtés alors qu'il risquait de ne pas pouvoir remarcher normalement. C'était à croire qu'il avait besoin que le destin s'occupe de son cas afin de lui apprendre la leçon. Enfin... pour être sûre que le destin ne l'oublie pas, la rouquine décida de s'occuper elle même. Elle avait l'amour du travail bien fait. S'approchant avec la même assurance qu'auparavant, Irina remit la cheville dans sa position difforme afin de ne donner à son 'patient' aucune raison de se plaindre. Si il ne voulait pas être aidé, soit. Elle ne l'aiderait donc pas et le laisserait perdre son temps à essayer de se lever en vain.


« Voilà voilà... J'ai fini de m'amuser. Si vous voulez sortir d'ici je vous souhaite bonne chance, vraiment. Par ailleurs je ne voulais vous soutirer aucun cri, je tenais juste à confirmer les soupçons que je nourrissais à votre égard, c'est tout ô princesse. »

Le gratifiant d'une révérence aussi basse et élégante que théâtrale et ironique, Irina était tous sourires. Il n'avait pas idée sur qui il était tombé. Il n'imaginait pas une seule seconde qu'au sein même de l'Ordre de Kesha pouvait se trouver l'une des plus grandes sadiques du monde connu, mais peu importe. Chacun son destin... Regardant Baltor avec calme mais défi dans les yeux, Irina croisa les bras sous la poitrine dans une pose d'attente qui était faite pour accentuer l'absurde de la situation. Sans ébaucher un seul geste pour l'aider, elle le regardait sans ciller, sans la moindre étincelle d'empathie ou d'égard dans les yeux. La prêtresse avait déjà rencontrer plusieurs sylphides, tous différents certes, mais tous aussi bons acteurs les uns que les autres. A ce jeu là elle ne se laisserait plus berner... Elle connaissait trop bien leurs vices, leur manipulation. Laissant donc le dit 'Disdain' s'asseoir et attendre on ne sait quel miracle qui le remettrait sur pieds en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Irina leva les yeux au ciel.

« J'avais effectivement remarqué l'armure, mais il m'avait paru invraisemblable que l'un d'entre eux connaisse pareille malédiction. Parce que je ne vois pas d'autre mot pour décrire la profonde malchance qui vous frappe. » Elle haussa les épaules et arbora son expression la plus inquiète, dans une mimique délibérément extrapolée. « Appelez moi Alix. Je suis médecin et herboriste de mon état. Je suis venue de loin afin de faire des recherches sur les spécimens de la région... Mais je doute que cela intéresse votre altesse. »

Remettant une mèche auburn derrière l'oreille d'un geste féminin mais surtout assez pragmatique, Irina farfouilla dans sa sacoche pour en vérifier semble-t-il le contenu, avant de la refermer aussi sec sans demander son reste. Elle ne forcerait pas cet homme à se faire soigner, et désormais, puisqu'il avait fait la tête de mule, elle ne le soignerait que si il avait le bon sens de le lui demander. Ouvrant alors les bras en croix, elle usa de sa capacité à la télékinésie pour léviter doucement et sans le moindre effort jusqu'en haut de ce maudit trou. S'asseyant alors sur le bord avec une certaine nonchalance, elle regarda le visage déconfit de Baltor. La torche improvisée était restée en bas, alors la demoiselle saisit un autre objet, une pierre de la taille d'un poing cette fois, pour faire de la lumière. Un grand sourire vicieux sur les lèvres, elle était prête à le regarder souffrir. Il allait finir par comprendre qu'il était possible de souffrir de nombreuses manières... Et il n'y avait pas besoin de ressentir la douleur pour cela.

« Vous ne le prendrez pas mal si je reste ici pour contempler le spectacle, n'est-ce pas ? » Elle laissa sa phrase en suspens, le dévisageant sans préambules... visiblement amusée. « Oh et puis même si vous le prendrez mal, je resterai tout de même. »
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeDim 15 Juil - 2:54

    Baltor leva un regard plein d’irritation, presque vexé, vers celle qui disait s’appeler Alix. Elle se fichait définitivement de lui, et le Sylphide, au-delà de l’ironie qu’il maniait si volontiers, n’appréciait guère l’humour. Encore moins lorsqu’il en était l’objet.
    Quoi, il serait selon la jeune femme l’objet d’une malédiction ?! Non, il s’agissait simplement d’un petit coup de malchance, assorti d’un enchainement de malencontreux évènements et alourdi par une fatigue accumulée depuis plusieurs jours de chevauchée intensive. Rien de plus. Tomber dans un trou en plein milieu d’un sentier n’avait rien d’une malédiction. Cela aurait pu arriver à n’importe qui, n’importe qua… Ou peut-être pas. D’accord, il avait un peu joué de malchance, sur ce coup. Mais rien de grave, rien qu’il ne puisse surmonter après un peu de repos et une bonne nuit de sommeil. Rien de suffisamment ridicule pour que son estime de lui-même n’en soit affectée. A la limite, son égo s’était peut-être un peu effrité… mais il était suffisamment conséquent pour que cela n’apparaisse pas.
    Et puis, quel genre de femme se moque ainsi sans raison d’un homme piégé au fond d’un trou ? Enfin, sans raison… Peut-être en avait-elle. Une ou deux. Celle de ne pas apprécier la mauvaise foi absurde d’un chevalier bien trop fier pour son propre bien, par exemple. Ou encore celle d’obéir simplement à un naturel railleur, prompt à ironiser sur les situations pour le moins cocasses dans lesquelles peuvent se retrouver les pauvres gens… Cela, Baltor aurait très bien pu le comprendre, et se moquer joyeusement aux côtés d’Alix… si lui et sa situation ridicule n’avaient été ledit sujet de raillerie. L’autodérision ne faisait pas partie des ô combien nombreuses qualités du Sylphide, loin de là.

    Bref, il était hors de question que Baltor demande quelque aide que ce fût à cette inconnue si désagréablement amusée. Il n’avait pas besoin d’elle de toute façon, n’est-ce pas ? Il faisait nuit après tout, et l’Ombre était l’élément du Conseiller d’Oris… S’il restait suffisamment longtemps dans l’obscurité, ses capacités physiques s’en trouvaient décuplées. Il ne ressentait déjà plus la faim qui lui tiraillait plus tôt l’estomac, évanouie à l’instar de sa fatigue… Baltor se sentait déborder d’énergie, comme toujours lorsqu’il profitait d’une nuit sombre. Ses capacités de régénération en étaient autant multipliées… Aussi ne se faisait-il pas de souci quant à sa respiration sifflante, conséquence de quelques côtés malencontreusement fêlées. Elles seraient ressoudées d’ici l’aube, et si ce n’était pas le cas elles finiraient de guérir la nuit suivante. Aucune importance.
    Mais sa cheville, elle, était un autre souci... Il devait se l’avouer, elle était incapable de supporter son poids. Et elle ne guérirait vraisemblablement pas avant plusieurs jours, même en tenant compte de l’affinité qui liait Baltor et l’Ombre…
    Etudiant la paroi du trou qui était désormais sa prison – Quoi, que pensait-il, sa prison ?! Non, bien sûr que non, ce n’était pas sa prison, il avait lui-même affirmé quelques instants auparavant préférer rester au fond, attendant que le jour se lève… N’est-ce pas ?!... Parfois, même Baltor se perdait dans sa mauvaise foi.
    Etudiant donc la paroi du trou qui était désormais son camp pour la nuit, le Sylphide songea à un moyen d’en sortir sans risquer d’abîmer à nouveau son articulation blessée. Il avait beau fanfaronner, il savait pertinemment que s’il ne parvenait pas à faire en sorte qu’elle guérisse correctement, il serait à jamais boiteux. Et à quoi servirait un Chevalier boiteux ?... Il serait quitte pour aller quémander une nouvelle enveloppe à Cimmerium. Chose que les Conseillers risquaient de ne pas lui attribuer avant longtemps – et longtemps avoisinait souvent l’éternité chez les Sylphides. Baltor devait donc sortir du trou sans démettre à nouveau sa cheville… puis parvenir rapidement à Tyrhénium pour qu’on la lui soigne correctement. Demander à Alix était absolument exclu.
    Plusieurs moyens d’effectuer la première partie de son projet – s’extirper de ce satané trou – lui vinrent naturellement à l’esprit. S’il réduisait sa densité afin de ne pas peser plus lourd qu’une plume, il lui suffirait de sauter hors du piège, la poussée d’une seule jambe suffisant amplement… La particularité de sa capacité était en effet de modifier son poids sans changer la capacité de ses muscles. S’il devenait trop lourd, il finissait par être incapable de bouger ; et s’il était trop léger… il était capable de s’envoler – littéralement, ou presque. Néanmoins, le cas échéant, l’atterrissage hors du trou serait problématique, et il risquait de disloquer (encore) son articulation. L’option saut était donc exclue. Restait la possibilité de se hisser à la force des bras, en se tractant grâce aux racines qui constituaient pour grande partie la paroi de la fosse… Physiquement, ce ne serait pas compliqué – il pouvait se rendre suffisamment léger. Toutefois… Il risquait de se démettre la cheville en grimpant. L’idée était donc mauvaise.
    Ne restait donc plus qu’une solution, la plus terrible, la plus douloureuse de toutes, même pour un Sylphide… Surtout pour un Sylphide.
    « Il n’avait pas besoin d’elle de toute façon, n’est-ce pas ?... »

    Serrant les dents, Baltor releva les yeux vers Alix, qu’il avait pourtant mis précédemment un point d’honneur à ignorer, se refusant à lever le regard vers sa silhouette assise au bord de ce maudit trou. Il fallait dire qu’avec une taille telle que la sienne, le Chevalier n’était guère habitué à se faire toiser… et encore moins par une femme à l’air si railleur.

    - En fin de compte, cette sympathique fosse n’est pas aussi confortable qu’elle en a l’air, commença-t-il, comme si de rien n’était.

    Puis sur son visage passa une ombre. Celle de celui qui ravale une fierté démesurée, et qui rencontre toutes les peines du monde à réfréner une mauvaise humeur toute aussi excessive…

    - Daignerez-vous m’aider à en sortir, mon prince ? J’ai bien peur de ne pouvoir le faire seul, avec l’état dans lequel se trouve ma cheville…

    Baltor eut un sourire crispé, pâle reflet de ses expressions habituellement si charmantes. Ses poings étaient serrés, comme tentant de retenir un égo sauvage n’ayant pas été refoulé ainsi depuis… longtemps. Et personne n’a oublié ce que signifie longtemps pour les Sylphides, n’est-ce pas ?...
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeMar 24 Juil - 18:25

Avec une aisance, une insouciance et une satisfaction affichées, Irina regardait Baltor au fond du trou sans cacher ce qu'elle pensait de son comportement. Il était fier d'une façon qui n'avait rien à voir avec le standard acceptable. En fait son orgueil tenait plus de la stupide obstination qu'autre chose, surtout qu'à l'heure actuelle il n'était nullement dans une posture qui lui permettait de négocier ou d'ignorer ce qui l'attendait. On dirait presque qu'il voulait lui montrer jusqu'à quel point s'étendait sa mauvaise foi, qui en d'autres circonstances aurait peut être été dissimulée derrière son jeu d'acteurs,... une qualité toute sylphide.

L'observant du haut de son perchoir, la demoiselle se délectait du maelström qui faisait rage dans la tête du chevalier, d'autant plus qu'elle savait qu'elle en était la cause, au moins partielle. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir... Enfin si, cela la transporterait encore davantage de le voir supplier de l'aider, ce qui selon ses calculs ne serait tarder. Le temps qu'il se rende compte qu'il risquait sa vie parce qu'il n'était pas fichu de voir la vérité en face, qu'il enrage tout seul en tentant de ne pas le montrer, qu'il tente peut être tout de même de se relever pour finir à nouveau dans la boue,...

Essayant de ne pas rire de l'expression absente et emprise à la réflexion de Disdain, la rouquine soupira d'un air las, comme quelqu'un qui en avait assez d'attendre qu'un enfant capricieux ait fini de bouder, ce qui n'était pas si loin de la réalité. Regardant ses ongles avec un subit intérêt, simulant une coquetterie qu'elle ne possédait absolument pas, la jeune femme paraissait bien occupée, comme si la crasse accumulée sur sa peau possédait les secrets qu'elle cherchait, et qui l'absorbaient totalement. Lorsque sa « victime » émit une vague plainte concernant le confort de son nouveau camp pour la nuit, la prêtresse ne le regarda même pas, lui répondant distraitement un -
« N'est-ce pas ? » - sans pour autant bouger un muscle dans sa direction, ni manifester aucune intention de lui porter secours. Elle pouvait également se montrer bornée, ou pire, se comporter comme une garce. Il ne lui fallait même pas forcer tant que ça, étant donnée la nature de son fougueux caractère. Elle était le feu consumant brûlant sous la glace d'Hellas, capable du meilleur comme du pire. Surtout du pire.

Le laissant continuer dans ses pensées philosophiques qui inévitablement finiraient par aboutir à la seule conclusion possible, soit celle de faire ce qu'elle lui avait dit depuis le début, Irina attendait en silence. A sa décharge même si son attitude était sadique, au moins elle avait eu la clémence de ne pas remuer le couteau dans la plaie en lui offrant ses commentaires. Pas tout de suite du moins, car elle craignait qu'il se rebiffe et décide de mourir au fond de ce trou, coupant court à son amusement inespéré. C'est alors qu'enfin, il se décida à céder en le dissimulant le plus possible, l'air de rien. Toujours assise sur le rebord de la cavité avec les jambes croisées, elle n'avait pas vraiment l'air du prince sur le cheval blanc comme le laissait penser le discours de la princesse. Mais cela importait peu, car ce petit jeu commençait enfin à devenir un peu plus intéressant. Ça l'était toujours lorsque tous les participants acceptaient de jouer... Avec un rictus de victoire qui contenait tous les « je vous avais dit » du monde, Irina prit une grande inspiration. Elle devrait user de la télékinésie pour le transporter vers la surface, et à vrai dire elle n'avait pas l'habitude de bouger d'autres corps que le sien, ou des objets. En tant que tel ce n'était pas un problème, seulement ce pouvoir qu'elle possédait depuis longtemps n'était pas celui qu'elle usait le plus souvent.

Joignant les paumes de ses mains d'un geste vif, elle ferma les yeux quelques secondes avant de les rouvrir. Si jamais le corps de Disdain s'élevait et qu'elle le laissait tomber par manque de concentration cela ferait mauvais genre, et en plus de ça cela briserait l'effet de style. Il n'était donc pas question qu'elle prenne de risques, et il ne fallait pas se leurrer quant à ses raisons. C'était la conscience professionnelle et non l'empathie qui la poussait au zèle... Le corps de sa princesse commença donc à léviter centimètre par centimètre, avec une lenteur délibérée visant à le faire réaliser qu'il était entre ses mains, aussi métaphysiques soient elles. En ce moment elle tenait sa vie entre ses mains, car une chute bien que d'une hauteur modérée, pouvait être fatale si il tombait sur la nuque. Inclinant « malencontreusement » son corps avec les jambes vers le haut et le dos à plat, sa tête ballante, elle protégeait les membres blessés pour s'assurer qu'ils ne cogneraient aucune racine... Se moquant éperdument que la tête du chevalier elle soit à découvert. Il n'avait qu'à se protéger lui même puisqu'il était si fier. Canalisant son pouvoir à travers ses mains, la médecin finit par le hisser jusqu'à la surface, le laissant choir lamentablement sur les fesses non loin d'elle. Pourtant avec une délicatesse excessive, ce ne fut qu'ensuite que sa cheville toucha terre, manipulée avec la douceur d'une plume.

Baissant alors les bras et respirant pour relâcher la pression, Irina se dit qu'il lui fallait intensifier son entraînement en télékinésie. Ce genre de manipulations lui demandait beaucoup trop de temps et d'attention pour lui être utile en situation de crise... C'est à dire la plupart du temps. Ouvrant les yeux pour étudier Disdain de ses prunelles de jade, elle ouvrit enfin la bouche pour placer un sarcasme bien mérité.


« N'est-on pas mieux ici pour profiter de l'air frais, princesse ? » Elle haussa un sourcil inquisiteur avant de continuer. « Veuillez pardonner mon inexcusable manque de bonnes manières. Le choc de température doit être plutôt fort non ? Vous voulez certainement ma cape pour réchauffer vos membres endoloris. » D'une gestuelle très théâtrale, Irina leva la main pour l'empêcher de riposter ou râler. « Non je vous en prie ne soyez pas gêné, c'est tout naturel. » D'un geste leste elle se leva et détacha la broche d'argent en forme d'oiseau qui fermait sa cape et l'offrit au sylphide... en la laissant tomber grande ouverte sur sa tête. Cependant elle ne semblait pas du tout préoccupée par le froid, qui ici était plus chaud que le printemps de sa terre natale. Découvrant son corps paré d'un pantalon de cuir noir et d'une chemise blanche, la jeune femme était habillée en civile... Portant des vêtements passe partout malgré son statut. En fait ainsi habillée elle pouvait se confondre dans n'importe quelle foule sans efforts. Rien dans sa silhouette trop maigre et sa petite taille n'attirait l’œil... Pourtant un détail la différenciait de n'importe quelle autre femme. Une chevelure si rouge qu'elle semblait en flammes encadrait son visage fin pour lui tomber sur les épaules, contrastant avec sa peau blanche qui n'était nullement habituée au soleil. Le prince n'était décidément pas en accord avec les grands classiques des contes de fées...
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeDim 5 Aoû - 18:40

    Baltor grommela, se dégageant de sous la cape que son prince venait si gracieusement de lui prêter – étrangement, il avait l’impression de grommeler beaucoup ces derniers temps. Et pourtant, lorsque sa tête émergea, ce n’est pas à une nouvelle mine crispée que dut faire face Alix, mais à un sourire furieusement sardonique. Le Sylphide entreprit alors de plier, puis de rouler la cape. Satisfait de son œuvre, il la cala ensuite derrière sa tête, s’appuyant dessus comme sur un confortable coussin de plumes, les mains nonchalamment croisées derrière la nuque. Puis il se tourna vers la jeune femme à la chevelure de feu, sans s’être ne serait-ce qu’un instant départi de son rictus.

    - A vrai dire, il fait bien meilleur ici qu’en bas, où l’air était humide et moite. Mais je vous remercie de votre attention, mon prince, puisque vous semblez tant tenir à mon confort…

    Bien évidemment, la fierté de Baltor était blessée (encore) par la manière dont Alix l’avait sorti de son trou. Bien évidemment, il n’avait que très moyennement apprécié qu’elle le laisse tomber sur les fesses avec si peu d’égard pour son auguste dignité. Bien évidemment, il n’appréciait pas qu’on lui vienne en aide – il ne l’avait jamais fait, et ce n’était pas après sept siècles d’existence qu’il allait modifier ce trait de caractère. Mais d’un autre côté, il en était venu à comprendre qu’il n’arriverait pas à se faire entendre de la jeune femme s’il ne jouait pas un minimum la carte de l’ironie – quoique l’autodérision restât impensable. Maquiller son impuissance momentanée et son besoin d’autrui en affichant une humeur railleuse n’était rien d’autre qu’un moyen d’apaiser son égo froissé – mais c’était toujours mieux que de reconnaître platement qu’il s’était lamentablement ramassé dans un piège stupide.
    …Ce qui n’empêchait qu’il avait à présent parfaitement conscience que l’assistance de son prince était nécessaire – surtout qu’il semblait s’y connaître en matière médicale. Baltor était un être fier, mais pas au point d’en devenir complètement idiot. Or, refuser une aide impromptue alors qu’on en a véritablement besoin, serait la marque même de l’idiotie… Surtout lorsque, comme dans son cas, l’on est pressé par le temps et que chaque imprévu menace de nous mettre définitivement en retard – chose que le Sylphide ne pouvait se permettre. Pour autant, s’il était prêt à ravaler son égo pour quelques heures, Baltor n’irait pas jusqu’à implorer Alix. Il y avait des limites à tout, même aux actes de bonne foi plus ou moins forcée…

    L’impression qu’un objet humide non-identifié lui chatouillait l’oreille gauche coupa soudain court aux pensées du Chevalier qui, abandonnant son sourire narquois, se redressa sur ses coudes. Ce n’était là que son cheval, qui le poussait du museau pour avoir accès à l’herbe sur laquelle son maître se trouvait à demi allongé… Baltor repoussa la tête de l’animal avec force – il ne fallait pas se tromper, Encre était toujours prêt à un mauvais coup, la perpétuelle lueur vile brûlant dans ses yeux noirs en témoignait – et, grommelant (encore ?), il entreprit de se relever, prenant appui sur l’un des étriers à sa portée. En équilibre sur sa cheville valide, il ramassa son coussin de fortune, qu’il déplia et épousseta avant de le tendre à sa propriétaire.

    - Non, sincèrement, je crois que votre Grâce en a plus besoin de moi… lui dit-il avec un petit sourire qui se voulait charmant, notant la tenue plutôt légère de la jeune femme.

    Après tout, Baltor n’était en effet pas plus sujet au froid qu’il ne l’était à la douleur. Bien sûr, il pouvait ressentir dans une certaine mesure les variations de températures, mais son insensibilité à la douleur le rendait imperméable à toute sensation thermique extrême. Il ignorait ce qu’était la morsure cruelle de la glace, tout comme il ne savait ce qu’était la torture dévorante du feu.

    - Et, si vous voulez bien… m’aider – le mot crispa un instant son sourire railleur, mais il se reprit bien vite – à me déplacer, je crois que cette clairière toute proche sera plus agréable que ce chemin terreux. Il ne siérait pas à mon prince et à sa princesse de rester ainsi sur les routes, ne croyez-vous p–

    Encre choisit ce moment précis pour mettre son infâme plan à exécution : l’étalon fit un soudain écart, déséquilibrant un instant Baltor qui s’appuyait toujours sur son étrier. Le Sylphide dut agiter les bras tout en sautillant quelque peu sur place afin de ne pas (re)tomber avec panache sur son postérieur – ni poser par terre sa cheville brisée…
    Retrouvant une certaine stabilité après quelques secondes d’équilibre instable, il jeta un regard noir à sa traître de monture, puis adressa un grand sourire fier à Alix, l’air de la défier de dire quoi que ce soit. Chose qu’elle ne se priverait certainement pas de faire – Baltor commençait à s’y habituer. Tout comme il commençait à s’habituer à réfréner sa mauvaise foi…

    - …ne croyez-vous pas ?

    …Mais pour combien de temps encore ?
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MessageSujet: Re: Leçon d'humilité [Irina & Baltor]   Leçon d'humilité [Irina & Baltor] Icon_minitimeLun 27 Aoû - 23:22

En cette nuit fraîche d'été, Irina avait déjà connu plus d'imprévus en l'espace de quelques heures, que pendant tout le voyage qui l'avait menée de Hellas jusque là, ce qui n'était pas peu dire. Baltor était un savant mélange de grâce et de maladresse, de finesse et d'ingratitude, ce qui étonnamment l'amusait autant que cela ne l'irritait. Il est certain que la demoiselle n'était pas du genre patient, et que supporter certains commentaires sans tourner le dos et l'ignorer lui coûtait un certain effort, mais au fond elle appréciait sa répartie. Ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'elle se laisserait piétiner par un orgueil sylphide qu'elle connaissait bien désormais.

« Oui c'est bien vrai. Je me soucie tant du confort et du bien être d'autrui qu'un jour cela me perdra. Cela dit je suis ravie que vous me donniez enfin raison, il était temps.. »

Ses paroles étaient emplies de sarcasme, mais le fait qu'ironiquement sa profession soit effectivement tournée vers autrui en rajoutait à l'ironie de la chose. Cela ne l'avait pourtant pas faite bouger d'un iota, et c'est avec un grand flegme qu'elle continuait assise, une jambe croisée sur l'autre, dévisageant ouvertement Disdain. La jeune femme ne semblait pas se formaliser du fait qu'il utilise sa cape comme oreiller, malgré le fait qu'il la chiffonne comme un vulgaire torchon. C'était tellement sylphide de se croire tout permis, que depuis le temps elle s'était faite à ce trait de caractère qu'ils semblaient avoir tous en commun.
Voyant que Raven était revenu de sa balade nocturne -ou que cela puisse bien être- la prêtresse tapota son épaule gauche et le laissa s'y poser dans un bref battement d'ailes. Pendant quelques secondes elle s’auto-congratula d'avoir pensé à porter une protection de cuir sous sa chemise, qui lui permettait de voyager avec Raven sans se blesser. S'en suivit une brève conversation par télépathie qui lui apprit qu'il n'y avait rien à signaler dans les environs, les prédateurs étant maintenus à distance, et aucun autre 'Marcheur' ne s'était approché. Par conséquent le chemin jusqu'à son campement de fortune était libre de tout obstacle majeur, ce qui faciliterait l'évacuation.

Car oui, Irina songeait déjà à transporter Baltor, car cette solution logique s'imposait comme la seule possible et raisonnable. Elle allait lui proposer cette idée lorsque finalement un impitoyable et farfelu duel entre le chevalier et sa monture prit place. Le mot « aider » avait à peine suscité un sourire satisfait sur ses lèvres que déjà elle contenait le rire qui montait à la vue d'Encre qui une fois encore jouait un mauvais tour au pauvre bougre. Et si évidemment elle en venait à se demander comment il était possible de dresser aussi mal son cheval, c'était l'hilarité qui prenait le dessus. Longtemps lors de cette rencontre improbable elle avait essayé de ne pas se moquer, mais là ce n'était plus possible. Les acrobaties qu'il fit pour se maintenir debout malgré l'abandon d'Encre furent la goutte d'eau de trop.
Riant à gorge déployée des malheurs du guerrier, Irina se montrait sous un nouveau jour. Ceux qui la connaissaient savaient comme il était rare de la voir sourire -sincèrement et sans sadisme- et encore plus de la voir rire. Pourtant sans rouspéter elle se leva et se dirigea vers lui, souriant sincèrement -hilare mais pas moqueuse- ce qui était assez exceptionnel pour être remarqué. Raven prit alors son envol de son épaule en regardant Baltor de travers, voulant visiblement éviter son contact le plus possible.

Alors sans hésiter et sans laisser à son patient improvisé le temps de reconsidérer ou de protester, Irina passa l'un de ses bras autour de sa nuque et enlaça sa taille de sa main libre afin de le soutenir. Vu qu'il était déjà debout la manœuvre fut plus facile, et étant donnée son habitude sur le terrain, il ne lui serait pas très difficile de le soulever si c'était nécessaire. Elle l'aida donc à marcher vers la clairière qu'il avait repérée, sachant que de toute façon c'était là que se trouvait son bivouac.


« Oui c'est vrai que nous méritons plus qu'un sentier inconfortable et abandonné, même pas illuminé par la lueur du feu. Fort heureusement j'ai établi un camp dans cette clairière là bas, ce qui nous permettra de passer la nuit. Il est certes modeste mais au moins votre altesse sera à l'abri de l'humidité et des insectes grouillants. Par contre je ne peux pas vous promettre que vous serez à l'abri de votre... bête féroce. »

Dit-elle en désignant Encre du menton d'un air amusé. Pour l'instant et parce qu'il la faisait rire elle était prête à lui concéder une trêve... Mais cela pourrait être de courte durée si jamais l'un de leurs deux caractères bien trempés prenait le dessus. Adaptant son rythme de marche à celui du grand blond, Irina ne se formalisait pas de cette soudaine proximité, quand bien même elle n'avait aucune arrière pensée. Il était bien trop imbu de lui même pour l'intéresser, et de toute façon elle le voyait uniquement comme une personne à secourir, même si parfois il se montrait assez réticent.

« Je ne sais pas comment vous comptez récupérer le matériel que porte votre acolyte, mais si il est toujours d'aussi mauvaise humeur cela ne va pas être facile. »

Cela ne la regardait pas mais c'était l'énonciation d'une simple évidence, d'autant plus que si Disdain comptait reprendre la route il ne pourrait le faire à pied et sans ses provisions. Tournant alors la tête pour faire face à celui qui avait failli être le meurtrier de son cavalier, elle lui parla comme elle avait pour habitude de le faire avec Hazard. Si ce dernier la comprenait, pourquoi les autres ne feraient-ils pas de même ?

« Viens avec nous. J'ai de l'eau et de la nourriture pour toi, et en plus du reste tu auras de la compagnie au chaud. »
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Leçon d'humilité [Irina & Baltor]
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