Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)

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MessageSujet: Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)   Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone) Icon_minitimeVen 21 Sep - 14:13

Des heures ? Non… des jours… Depuis qu’elle avait quitté les ruines brodant la pernicieuse cité, Ridolbar, elle n’avait pas dormi. Un diable était à ses trousses et toute la folie qu’il est possible d’imaginer étreignait les lambeaux de son esprit vicié. Elle n’avait que quelques heures d’avance, et malgré toutes ses ruses pour dissimuler ses traces, il parvenait à retrouver sa route par elle ne savait quel maléfice. C’était comme si rien ne pouvait l’éconduire de son but ultime… c’était comme si il ne suivait pas ses traces, mais plutôt comme si il la sentait. Et les cieux déjà préoccupant de Phelgra s’était munis d’une menace de plus : un aigle, qui semblait gigantesque. Bien sûr, avec son avance, elle aurait pu se poster en hauteur, dans un endroit dissimulé, et avec son arc, dont elle maîtrisait toute la science, aurait tiré une flèche, droit dans la tête de celui qui s’était lancé à ses trousses… Mais ce n’était pas ce qu’elle souhaitait. Elle qui pensait ne jamais le revoir… Les retrouvailles s’étaient passées bien plus mal qu’il était possible qu’elles se passent dans le plus pessimiste des cas.

Le temps n'avait pas joué en sa faveur car une pluie battante s’était abattue sur ces terres moroses. Voilà qu’il pleuvait déjà depuis trois jours et deux nuits, sans discontinuer. L’eau glacée avait pénétré jusque dans la moindre fibre de ses hardes et puis rien ne la protégeait du froid que le vent accentuait par ses souffles acerbes. Elle qui ne s’était jamais attaché à la moindre religion regretta de ne pas avoir un Dieu à qui supplier un temps plus clément. Elle savait que cela ne retarderait pas son ami, lui ne craignait plus rien de cela, et certainement qu’il gagnait peu à peu du terrain. Les rares fois où la Sindarine s’arrêtait, c’était pour Onashen. Sa monture, bien que d’une vaillance sans faille, souffrait elle aussi de cette course qui semblait ne jamais prendre fin. La nourriture se faisait de plus en plus rare… Initialement, elle devait retourner à Ridolbar pour reprendre le reste de ses affaires dans sa chambre qu’elle avait loué, mais aussi acheté de la nourriture, autant pour elle que pour Nâdh et Onashen. La situation devenait vraiment précaire.

Il ne lui restait qu’un seul espoir : arriver à Thémisto. Mais enfin, ce moment arriva… La jeune Atréïde arrêta sa monture au sommet d’une colline et leva son regard pellucide sur la ville à quelques kilomètres. Un sourire empreint d’un soulagement immense s’afficha sur ses lippes blanchies par le froid. Son bonheur fut de courte durée car lorsqu’elle retourna, elle vit l’ombre du Cavalier de Sharna approcher au galop. Prise de panique, la jeune fille talonna sa jument qui relança sa course en direction de la cité. Comment avait-il pu être aussi rapide ? Ona n’était pas un cheval de pacotille et elle avait eu l’impression de la tuer à l’effort alors comment son cheval pouvait-il tenir lui ??? Elle se demanda s’il n’était pas aussi mort que son maître…

Mais l’heure n’était plus au questionnement. Là elle fuyait pour sa vie. Le ciel cessa de laisser choir ses larmes incisives, comme s’il dégageait sa vue pour mieux observer qui allait vivre et qui allait mourir. Même la voûte stellaire de ce pays était emprunte de fiel, adorant les jeux macabres. Bryone passa enfin les grandes portes de la ville Noire.

Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone) Themistomanoir

Elle ne s’arrêta pas, renversant quelques badauds, percutant un garde de plein fouet, Onashen manquant de s’effondrer à ce simple contact. Même si sa vie était en jeu, elle priait pour ne pas avoir épuisé à mort son ami équidé. Enfin…. Enfin… elle atteignit les écuries du Manoir Cavaleri, fief des Cavaliers de son ordre. Elle descendit de son cheval en jetant les hanses au garde qui n’eut même pas le temps d’articuler un seul mot lorsqu’elle lui cria un ordre qui ne subirait visiblement, aucune protestation.

_ Cachez-la et prenez soin d’elle !


En vérité, elle avait peur qu’Ademar tue son cheval par pur désir de vengeance ou pour la faire souffrir… bien qu’elle imaginait que sa monture était le cadet de ses soucis à l’instant présent… sans doute qu’en plus de tout cela, sa rage avait dû s’accentuer pendant son voyage, même si cela était difficilement concevable. Mais elle eut à peine le temps de finir de lancer son ordre que le Fauconnier traversa la place d’une traite, débarquant à quelques mètres de Bryone, effarée, vidée de force et presque de volonté, désespérée. L’eau monta subitement à ses yeux. Elle était trop éreintée pour y résister encore. Son cœur était déchiré par la peine et lorsque les larmes roulèrent sur ses joues hâves, elles réchauffèrent cette minuscule parcelle de son être, figée dans cet inextricable dessein. Maintenant, elle le regardait déchoir de son cheval à la robe obscure et si Onashen ne s’était pas cabrée dans un hennissement terrible qui déchira l’atmosphère, sans doute sa maîtresse serait-elle morte du premier coup d’épée, auquel elle n’aurait même pas tenté de résister.

La Drow se retourna et s’enfila à l’intérieur de la bâtisse à toute jambe, bousculant tout ce qui se dressait devant son passage. Sa cape se prit dans l’une des griffes de fer d’un candélabre de métal noir et se déchira. Elle était maintenant à visage découvert, si pâle qu’on l’aurait dit morte. En vérité, l’elfe ne sentait plus ses jambes, ni le reste de son corps, et elle ignorait comment elle pouvait encore courir, par quel miracle ses jambes la portaient encore. Pour elle, elle n’était plus aux commandes. Mais enfin, elle vit la fin de cette mortelle course-poursuite. Au détour d’un couloir, elle déboula dans une chambre nippée de tentures rouge sang à l’effigie de l’ordre, ainsi qu’une grande table bordée d’une multitude de chaises, sans doute pour les grandes réunions.

Plusieurs hommes se tenaient debout au bout de la tablée, prit sans doute, dans une importante discussion. Tous se turent lorsque Bryone débarqua. L’un de ces hommes, celui qui semblait être le plus gradé, était celui-là même qui l’avait enrôlé des années auparavant. Visiblement interloqué, il suivit la jeune femme du regard qui accourait vers lui. Elle était méconnaissable. Ses cheveux d’argent collaient à son visage dont la crasse en masquait la douceur et la beauté naturelle. Maintenant, elle n’était plus qu’un petit animal ébouriffé dont les vêtements étaient déchirés et sales. Arrivée près de lui, elle s’écroula à ses pieds tandis qu’Ademar lui, perça le silence béat de la chambre, se ruant sur la créature, épée en main. Il allait enfin en finir.
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MessageSujet: Re: Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)   Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone) Icon_minitimeMar 25 Sep - 11:14

Colère… Rage… Haine…

Si l’on pouvait imaginer que ces sentiments incroyablement néfastes s’étaient envolés de la part du revenant, cela revenait à montrer une méconnaissance totale de celui-ci. Voilà des jours que l’elfe usait de ses ruses afin de tenter de le semer, mais cela s’avérait inutile. Mû par son ire lui tiraillant les entrailles, Ademar jamais ne renoncerait. Pis encore, cette poursuite ne faisait qu’accentuer son désir morbide. Orthelian, son fidèle, suivait à la trace la cible rendant toutes ses elferies inutiles face à ce pisteur expérimenté.
Les Dieux, tout au moins un, se mit à pleurer. Tristesse face à cette situation, à cette tragique destinée qui semblait unir les deux natifs de Cimmeria ? Ou alors stratagème machiavélique rendant cette course vers la vie, ou la mort, plus dramatique encore… Une seule certitude n’existait toutefois, ces éléments favorisaient le puissant guerrier qui, dans sa folie destructrice, ne semblait point ressentir ces conditions météorologiques désastreuses.
Thòrod semblait ne pouvoir rivaliser en vitesse de pointe avec la monture elfique. Le puissant équidé était un cheval de guerre, brillant par sa puissance et son endurance. Il atteignait une bonne vitesse, mais cela n’était pas sa caractéristique majeure. Mais dans cette infernale chasse, cela devenait un avantage. Si dans les premiers temps la Drow avait réussi à accentuer son avance, elle fondait désormais comme neige au soleil. Ademar avait l’avantage de l’endurance, mais aussi de se nature lui permettant de ne pas se sustenter. Ainsi ses haltes se firent plus courtes, permettant juste à sa monture de récupérer et de s’abreuver.
Themisto approchait à grand galop. Il put l’apercevoir au loin pour la première fois depuis leur départ des ruines jouxtant Ridolbar et la morsure maléfique. Bien que cela puisse sembler impossible, l’ardeur haineuse d’Ademar redoubla à cette vue et sa monture parut encore accélérer sa cadence. Il pouvait sentir, malgré la distance, la peur de cette proie qu’il annihilerait. Oui, il ne laisserait rien d’elle sur cette terre. Mais déjà elle galopait à nouveau, dans une fuite désespérée. Cependant, Ademar, tout comme Bryone, savait désormais que rien n’empêcherait le Destin d’opérer son œuvre. Les desseins des Dieux prônaient une rencontre entre ces deux êtres, une nouvelle fois. Ils aimaient les tragédies…

La Cité Noire ouvrit ses grandes portes à l’elfe talonnée par son poursuivant. Ademar était tel l’ombre de la mort. Il surmontait sa monture fuligineuse, drapé dans une cape aux mêmes teintes, lui donnant l’allure de la Grande Faucheuse. Le chaos envahit la place primaire de la ville, Bryone bousculant de sa monture les badauds, Ademar la traquant tel un spectre morbide. L’obscure cité sembla jamais n’avoir atteint ce niveau de noirceur alors que déjà Bryone venait de franchir les portes menant à la grande cour du Manoir Cavaleri. Mais déjà Ademar effectuait la même action, son cheval se cabrant lors de son arrivée dans un hennissement fendant l’air de sa puissance, comme un écho au fanatisme de son cavalier.
Le malveillant descendit de sa monture d’un mouvement souple, comme si cette intense poursuite n’avait pas pesé sur son être. Son visage était toujours recouvert par un capuchon protecteur, masquant son regard enragé qui ne quittait désormais plus sa proie. Il la vit poursuivre sa fuite vers l’enceinte de la demeure des adorateurs de Sharna. Ademar ne courut pas à son encontre. Ses pas étaient celui qui allait donner la mort, froid, lourd de sens à chaque enjambée. Il pénétra le propylée de la vaste demeure. Malgré sa course, la jouvencelle souffrait manifestement d’épuisement et ses pas n’affichaient plus aucune certitude.
Le désespoir faisait écho à la haine. Ademar accéléra son allure, son capuchon fuyant son faciès déformé par ces sentiments. Jamais son visage ne s’était montré aussi dur. Ses lèvres, à l’image de son teint, étaient cireuses, ce qui accentuait son regard démoniaque, parsemé de reflet carmin symbolisant cette haine centenaire qui l’avait étreint et qui en cet instant l’exhortait. Deux gardes tentèrent bien de stopper le Malin, mais il les expédia avec une violence inouïe, les frappant au ventre de ses deux poings rageurs. La fuite touchait à sa fin et au détour d’un couloir, il la vit enfin inerte. Il ne voyait qu’elle, ni même la pièce dans laquelle elle se trouvait, encore moins ceux qu’elle avait dérangé dans leur conversation. Sa main glissa lentement derrière son visage, se saisissant de la garde de Hîth.
  • - ATREIDE !!!

Son nom… Ce fut le seul mot qu’il prononça, ou plutôt qu’il hurla avec un fiel démoniaque et grandissant à chaque lettre le composant. Dans le même temps, il se mit à fondre sur elle, extirpant son arme de son fourreau. Il ne lui laisserait aucune chance cette fois. Il visualisait déjà l’impact de son épée, au niveau du foie de sa victime annoncée. La blessure serait mortelle, mais l’agonie serait lente, froide. Il voulait qu’elle sente la vie se vider de son enveloppe charnelle.

L’arme s’apprêtait à frapper, mais tout à sa folie, il n’avait accordé aucune importance au lieu dans lequel il se trouva. Et l’acier de sa lame ne trouva pas le corps chaud de la Drow. Seul le métal d’une seconde épée fit écho à son coup. Vaillant guerrier, il effectua un mouvement de recul et finalement il aperçut plusieurs hommes… cinq au total. Il n’était pas en armure, mais chacun avait une arme, une épée pour la plupart, mais l’un d’entre eux disposait d’un fouet.
  • - Zalych !!! Que signifie cette folie ?

Ademar reconnut l’homme. Il l’avait croisé lors de son intronisation au sein de l’Ordre. Il faisait partie des plus hauts gradés. Toutefois sa haine ne décrut pas et son regard ne cessait de revenir vers la jouvencelle. Il ne pouvait pas échouer si proche du but, d’une quête qu’il menait depuis plusieurs dizaines d’années. Ainsi il ne répondit pas à son supérieur naturel et une fois de plus il repartit l’assaut. Là était la limite de la haine, cet aveuglement foudroyant qui ne lui fit pas s’apercevoir que sa chance était passée et que, désormais, il était perdu.
Comme bien souvent dans ce type d’assaut, tout se déroula en quelques secondes. L’homme dont Ademar ne se souvenait pas du nom s’interposa à nouveau. Pris dans son irrésistible ire, le Gorgoroth tenta de le mettre hors de combat, dégainant pour cela Dùath. Mais rien n’y fit tant la différence de niveau étaient immense. L’homme désarma Ademar avec aisance, faisant valser les deux épées aux allures de katana. Ce fut l’instant choisi par l’homme au fouet pour user de son talent, son arme venant enserrer le cou du revenant, le projetant en arrière, toujours maintenu dans cette étreinte implacable alors qu’l se retrouva adossé au mur, son séant heurtant le sol avec violence. Avant même qu’Ademar ne puisse tenter une nouvelle action, il fut encerclé par les autres protagonistes. Deux d’entre eux vinrent poser leur pied sur ses mains, usant de leur poids pour l’empêcher de bouger, leurs épées venant se positionner le long de sa gorge. Le troisième homme, inactif jusque-là venant se placer face à lui, la pointe de son épée se fichant sur sa poitrine, prête à déchirer son cœur.
  • - Que diable se passe-t’il ici ?!

L’homme qui venait avec tant de facilité de désarmer le fielleux semblait passablement colérique suite à cette irruption emplie de violence. Ce leader voulait désormais des explications. Ademar, de son côté, semblait ne pas voir sa haine diminuer, bien au contraire malgré sa posture et l’humiliation qu’il venait de subir.
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MessageSujet: Re: Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)   Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone) Icon_minitimeJeu 4 Oct - 12:40

Tout ce qu’elle voulait, c’était dormir. Juste quelques heures. Mais c’était trop demander. Lorsqu’elle s’était étalée aux pieds du cavalier de Sharna, c’était dans l’espoir qu’il lui sauve la vie. Grand bien lui prit, car c’est exactement ce qu’il fit. « Atreide !!!! » Son propre nom résonna dans sa tête comme un hurlement lointain, irréel. Le froid avait engourdi son corps mais une force dont elle ignorait l’origine la poussa à redresser la tête pour se retourner. Là, elle vit Ademar surgir devant elle, arme levée, prête à frapper. La Sindarine n’avait plus peur. Ses yeux glacés aux lueurs d’un bleu diaphane avaient observé la scène sans y croire. C’est le coup violent de l’obstacle que sa lame rencontra qui la ramena à la réalité. Elle allait vivre et enfin… elle allait pouvoir s’endormir. La seconde qui suivit, elle n’était déjà plus consciente, son visage reposant, comme mort, contre le sol de pierre de bistre.

Le Maître, qui portait le nom de Firenz, avait assisté à cette scène étrange et même s’il n’en saisissait pas la raison, il ne laisserait pas ce genre d’exaction se produire, et encore moins si cela se déroulait sous ses yeux. Le désespoir qu’il avait lu dans les yeux de Bryone le laissa perplexe. Car aussi jeune soit-elle, l’elfe était de nature débrouillarde et jamais elle ne s’était plainte de quoi que ce soit ni n’était jamais venue réclamer sa protection. Lorsqu’il vit entrer Ademar, il comprit ce qui avait mis la Sindarine dans cet état. Un combat fratricide entre deux membres des Cavaliers ? Non… c’était une exécution. Si Firenz respectait les duels –ils étaient monnaie courante entre membres de l’ordre- il en était autrement pour les homicides. Ainsi s’était-il opposé au massacre par son épée, boutant l’impudent avec une puissance effarante. Ademar Zalych. Il le connaissait pour l’avoir déjà croisé, ainsi que pour avoir entendu parler de ses hauts faits d’arme : un frère d’arme à l’avenir prometteur, sauf s’il gâchait lamentablement ses chances.

_ Zalych !!! Que signifie cette folie ?

Aucune réponse. Pas le moindre mot. Le Cavalier n’avait plus qu’une idée en tête, une obsession : Bryone. Il comprit rapidement qu’il n’obtiendrait pas satisfaction maintenant car déjà, Ademar repartait à l’assaut, dégainant sa seconde arme pour pouvoir faire face à ses nouveaux adversaires. Une simple perte d’énergie, car si un seul de ces Chevaliers aurait pu vaincre seul le Gorgoroth, le désir de mettre fin à ce conflit sans raison était plus fort que le désir de lui mettre une raclée.

Une fois le jeune Gorgoroth précipité contre le mur de pierre, les compagnons de Firenz s’assurèrent de sa totale immobilité avant que leur supérieur n’approche, le pas lent, les sourcils froncés enchatonnant un regard assassin. L’un des comparses éleva sa voix, posant une question qui s’avéra plus rhétorique que cherchant réellement une quelconque réponse, postant sa lame contre la poitrine du Non-vivant, encore vibrant d’une haine farouche.

_ Je vais t’aider à te calmer.

Firenz ne perdit pas une seconde de plus, las, frappant violement Zalych sur le côté droit de son crâne par le pommeau de son épée, un coup assez violent pour foudroyer un cheval. Ademar perdit connaissance sur le coup, ses armes glissant de ses mains pour gésir sur la pierre froide et sèche caractéristique de Thémisto.

¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤

Bryone ouvrit les yeux. La première chose qui lui vint en tête était la douleur, véritablement accablante. Elle tira une main de dessous les draps chauds pour caresser son front, lâchant un léger gémissement avant de se redresser. Où était-elle ? La Sindarine eut bien du mal à reconnaître sa propre chambre, mais la lumière diffuse du jour à travers les volets de bois lui indiqua qu’elle était au Comptoir Médicinal. Écartant les couvertures de laine, la jeune femme posa ses pieds nus contre le bois doux du parquet de chêne et agita ses doigts de pieds, puis ses jambes, ses bras… Plus aucune douleur ne l’éreintait. Ses doigts fins virent effleurer quelques parcelles de son corps, à la recherche d’une quelconque blessure mais sa peau n’avait gardé aucun stigmate de son périple. Même sa joue, abimée, avait retrouvé son velouté naturel.

A part ce fichu mal de crâne, on pouvait dire qu’elle se trouvait dans une forme parfaite. C’était d’ailleurs certainement grâce à la potion nommée Alleha qu’elle avait mise au point avec l’aide de son mentor. Celle-ci permettait d’absorber non seulement la fatigue mais aussi les blessures superficielles, soulageait les courbatures et toute autre forme de douleur musculaire. Elle remarqua que ses vêtements lui furent enlevés et remplacés par l’une de ses robes de nuit… Sans doute était-ce le vieux Seth qui s’était occupé d’elle. Enfin, elle l’espérait… Quoique… « Espérer » n’était pas non plus le terme exact.

Elle se défit de sa tunique blanche en la faisant tomber à ses pieds, se rafraichi dans l’eau bouillie qu’une bassine faïencée contenait puis se dirigea vers sa commode pour en tirer ses effets. Tranquillement, elle enfila un pantalon en cuir, un corset de toile noire aux liserés d’un pourpre pâle, des mitaines de lainage fuligineux qui remontaient jusqu’au milieu de ses bras frêles, des bottes qu’elle lassa jusqu’au-dessus de ses genoux, puis une cape. Sa garde-robe n’était jamais très originale, mais finalement, elle n’était pas différente de sa maîtresse.

Une fois préparée, la jeune femme quitta ses appartements, le pas engourdi et lorsqu’elle poussa la porte, elle se trouva derrière le comptoir et Seth se tenait devant elle, s’adonnant visiblement à du rangement sur les étagères, qui, il fallait le dire, en avaient bien besoin. L’ancien lui tournait le dos et ne lui adressa pas un seul regard. Il n’était pas sourd, loin de là, mais c’était toujours sa façon à lui de dire bonjour. Immédiatement, il fit entendre sa voix rauque et chevrotante.

_ Tu dois te rendre au Manoir, sur ordre de Firenz.

Bryone émis un léger soupire avant de se retourner sans seulement répondre. Elle ignorait combien de temps elle avait dormi. Des jours ? Si une semaine s’était écoulée, elle n’en serait pas du tout surprise, c’était au moins proportionnel à sa fatigue.

La Drow s’en retourna vers sa chambre, le pas lent. Elle ouvrit son armoire et y vit sa sacoche, celle qui contenait toutes ses précieuses affaires ainsi que Nâdh. Elle faillit se jeter dessus lorsqu’elle entendit le doux chant de sa langue fourchue vers son lit, là où il s’était lové, tout en discrétion. Elle ne l’avait même pas vu en se levant… Un léger sourire fendit ses lèvres pleines tandis qu’elle sortait du sac, avec toute la douceur dont elle était capable, la fleur qui avait manqué de lui coûter la vie dans les ruines qui bordaient Ridolbar : l’amaryllis chrysocale. Malgré toutes ses aventures, elle n’était même pas fanée, toujours aussi resplendissante. Un léger pincement au cœur la tira de sa contemplation… Ademar… Son visage surgit des méandres de sa mémoire. Ses doigts posèrent alors la plante sur la table qui se tenait sous la fenêtre. Le temps n’était pas à la rêverie. Elle avait ordre de se présenter au Manoir et, happant la gibecière, elle intima à Nâdh de rester sur place tandis qu’elle quittait la pièce.

¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤

Une fois au Manoir, elle fut conduite jusque vers Firenz, l’homme qui l’avait embrigadé des dizaines d’années auparavant et qui l’avait faite convoquer. Elle traversa les couloirs de Cavalieri avant de se présenter aux gardes des appartements du Cavalier de Sharna.

Elle le reconnu au premier coup d’œil, lui et sa moue sévère qui semble ne jamais esquisser le moindre sourire et ses cheveux noirs qui finissaient de durcir ses traits… Il paraissait terne et des cernes creusaient son regard offrant à ce dernier encore plus d’intensité. Il se tenait assit à un grand bureau d’ébène où se tenait une sorte de sablier certainement fait d’un alliage doré précieux –peut-être de l’or ?- où le sable s’égrainait avec mollesse formant une petite pyramide dans le fond de verre. Un coup d’œil lui permit d’apercevoir, un peu plus loin, un petit agglomérat de poussière et de gravats, chose qui n’avait vraiment rien à faire là se dit-elle, mais elle en détacha son regard pour son supérieur. Lorsque la Sindarine se présenta il parut très surpris. C’était bien la seule émotion qu’elle perçu car il se renfrogna la seconde qui suivit.

_ Tu es déjà debout… Je pensais que tu mettrais plus de temps à te réveiller… disons au moins trois jours…

Bryone arqua ses fins sourcils nivéens.

_ De combien de temps parlons-nous ?

_ Seth ne t’a pas dit ? Hm… Après tout, ça ne m’étonne pas, il n’a jamais été très loquace. Tu es arrivée à Thémisto hier en fin d’après-midi. Bref, je ne t’ai pas faite venir pour parler de ça. Tu as des explications à me donner alors vas-y.

Il était à peine midi ! Elle n’avait donc même pas dormi 24h ?! Pourtant elle se sentait si bien et reposée… Cette potion était vraiment puissante. Bien qu’elle fût mieux encore si elle ne filait pas cet odieux mal de tête qui la martelait sans cesse depuis son éveil. D’ailleurs, celui-là devint plus fort maintenant qu’elle repensait à tout ce qui s’était passé et la femme-enfant plissa le front en massant machinalement sa tempe.

_ C’est une longue histoire.

_ Alors va à l’essentiel.

La Cimmérienne commença son récit en parlant de ses origines, du moment où elle connut Ademar alors qu’elle n’était qu’une enfant, comme lui, et puis le passage qui changea leur relation de façon inextricable… Elle ne s’attarda pas sur des détails, bien qu’elle ignorait si tout ce qu’elle racontait était réellement pertinent ou intéressant pour le Cavalier. Quoi qu’il en soit, lui demeura silencieux et attentif, ses yeux noirs ne se détachant pas de la femme médecin. Lorsqu’elle eut fini, Firenz tapota la table du bout des doigts gantés, son visage balafré s’appuyant sur son autre main, le bras accoudé à la table, l’air soudain songeur.

_ Il est en bas. Nous descendrons le voir tout à l’heure.

Bryone fut déconcertée et ses lèvres tremblèrent subrepticement. Elle aurait voulu lui dire que ce n’était pas une bonne idée mais elle savait que contrarier la hiérarchie n’était pas la meilleure idée qui soit. Enfin, le leader se releva et contourna la table –tout en frôlant les étranges décombres poussiéreux de ses lourdes bottes noires, en soulevant un léger nuage crayeux- où il se reposa, entrelaçant ses doigts devant lui.

_ Il y a une maladie qui commence à s’étendre un peu partout. Je reçois des rapports des quatre coins du pays. J’ai un messager qui est arrivé de Cebrenia il y a quatre jours pour me ramener ça.

Le Cavalier lui tendit un parchemin que la Sindarine saisit en approchant de quelques pas. Les fils d’argent ruisselaient sur ses épaules et devant son poitrail, effleurant le papier jusqu’au moment où la jeune femme releva son minois, les sourcils froncés, le visage grave.

_ Je voudrais le voir.

_ Le messager ?

La demoiselle acquiesça.

_ Il est juste là.

Le Cavalier pointa de son index, le ramassis de pierre qu’elle avait vu en entrant dans l’officine. Un frisson glacé parcouru tout son être, des pieds à la tête. Doucement, elle replia le manuscrit pour le rendre à son propriétaire.

_ Bien. Allons voir comment se porte notre ami. Lance-t-il avec nonchalance avant de quitter son pupitre et de l’inviter à le suivre vers la porte qui donnait sur la sortie, laissant Bryone dans une consternation écrasante.

Lâchant un soupir discret, l’elfe lui emboita le pas.

¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤*¤

Après avoir traversé quelques couloirs et quelques portes bien gardées, ils arrivèrent tous deux dans les cachots de la bâtisse. Là, deux hommes se tenaient, tous deux nippés de leur armure de Cavalier, dans un cadre funeste où les rats côtoyaient les toiles poussiéreuses des araignées venimeuses aux pattes crochues. Firenz donna l’ordre d’ouvrir la porte, ce qu’ils firent sans discuter.

_ N’entre que lorsque je te le dirai.

Là, Bryone retint son souffle et lorsque l’homme s’engouffra dans la cellule, une odeur épaisse et nauséabonde la saisit aux tripes. Or-mi la crasse, la petite pièce était parsemée de touffes de foins disséminées çà et là, où de petits rongeurs semblaient se dissimuler dans des petits cris stridents. Dans l’entrebâillement de la lourde porte de bois ferrée, elle y distingua le profil du Gorgoroth. Il était enchaîné à la paroi poreuse de sa prison, les mains surplombant sa tête. Il semblait assommé même si aucune trace ne laissait deviner une quelconque forme de coup.

L’un des gardiens tendit un seau plein d’eau croupie à Firenz, qui s’en saisit avant de le jeter sur Ademar, le tirant de son sommeil artificiel. Lui ne pouvait pas voir Bryone, dissimulée à l’extérieur en compagnie de l’un des deux gardes. Son cœur battait de plus en plus fort et comme pour le contraindre de se calmer, elle crispa sa main contre sa poitrine en expirant profondément. Sous le regard un peu trop inquisiteur du soldat, la jeune femme laissa tomber sa main le long de son corps élancé et lui tourna le dos.

_ Bon, tu es réveillé à ce que je vois. Ça tombe bien, j’ai quelques mots à te dire. Dit-il, se saisissant d’un tabouret de bois qui traînait à moins d’un mètre de lui.

_ Tu t’es engagé depuis peu dans l’ordre, alors parce que je suis quelqu’un d’extrêmement indulgent, je ne vais pas te trancher la tête.

L’homme à la stature imposante se tenait à une cinquantaine de centimètres de Zalych. Il croisa ses doigts, reposant ses coudes sur ses cuisses, penché vers le Fauconnier. Ademar pouvait observer maintenant avec soin son visage, balafré, ridé, ayant un peu trop vécu et pourtant, tenant toujours une forme impressionnante, tout comme sa force. Mais ce qui était le plus saisissant chez lui, c’était sans nul doute son regard, qui, à lui seul, imposait le respect tant il dégageait un charisme écrasant.

_ Laisse-moi te rappeler une chose. En t’engageant dans les Cavaliers de Sharna, tu as laissé derrière toi ton passé. Cela veut dire, tes parents, tes femmes, tes enfants, tes amis et même tes ennemis. En entrant dans l’Ordre tu es devenu un autre homme et si je te demandais aujourd’hui d’éventrer celle qui t’a donné la vie tu le ferais parce qu’aujourd’hui tu n’es plus son enfant mais celui des Cavaliers de Sharna. Est-ce que tu saisis ? Aujourd’hui… nous aspirons à quelque chose de plus grand que toi ou que moi. Respecte tes frères d’arme. Si tu n’es pas d’accord, je te libère et tu n’auras qu’à me défier en duel et mettre fin à ta misérable existence. Tant que tu n’en auras pas le cran, tu feras ce que je te dis de faire sans poser de questions.

Le leader ne l’avait pas quitté des yeux lors de son monologue. On pouvait même dire qu’il avait planté ses yeux dans les siens comme on plante une lame dans le cœur d’un homme.

_ N’imagine pas que parce que tu es déjà mort une fois cela fait de toi quelqu’un d’invincible ou de meilleur que n’importe quel autre vermine de Phelgra ou d’ailleurs. Ce sont tes actes qui te démarquent de la plèbe et pas ce que tu es.

Après quelques secondes en suspension, Firenz se redressa, ce qui allégea la forte pression qu’il venait d’installer sur le « jeune » homme.

_ Je vais te laisser une dernière chance. Je vais te confier une mission. Si tu échoues, ça prouvera définitivement que tu n’es pas digne du blason que tu portes et tu pourras retourner pourrir sur les champs de bataille comme n’importe quel zombie sans esprit ou aller faire peur aux enfants dans les caniveaux de Ridolbar.

Le Cavalier se releva, se saisissant du tabouret qu’il jeta dans un coin de la cellule, sur une motte de foin qui fit vociférer les petites bestioles à poils ras qui s’éparpillèrent pour s’enfiler dans les fentes des murs en toute hâte. Il tira de sa ceinture un trousseau de clés et se pencha vers Ademar pour le détacher. Ainsi fait, il se recula d’un pas en lançant le trousseau à son gardien qui l’attrapa au vol.

_ Une maladie commence à s’étendre aux quatre coins du continent et commence à faire des ravages. Il faut trouver rapidement un moyen d’en protéger les membres de l’ordre ou mieux encore, un antidote.

Il marqua une pause avant de reprendre, une grimace qui pouvait s’apparenter à un rictus, aux lèvres.

_ Ne t’inquiète pas, je ne te demande pas de faire ça. Non. Ton rôle est important pour la simple et bonne raison que ta nature de Gorgoroth t’immunise contre cette maladie. Tu serviras donc de garde du corps à une personne qui saura trouver ce que nous cherchons.

Firenz tendit le bras en direction de la porte de la cellule, encore ouverte, sans quitter le Fauconnier des yeux.

_ Viens là Bryone.


La donzelle s’exécuta, sa silhouette onduleuse se découpant dans l’entrée de la prison. Son minois séraphique au teint laiteux était fermé et son regard azuré, un peu livide. Elle appréhendait tant cette rencontre… Surtout qu’elle venait d’apprendre, en même temps que son ami d’enfance, quel serait leur rôle respectif et c’est avec bien des difficultés qu’elle dissimula le stress que cela lui procurait.

Le Cavalier posa sa main –immense aux yeux de la frêle demoiselle- sur l’épaule de l’elfe, l’obligeant à avancer plus près d’Ademar, tant qu’elle fut à moins de quarante centimètres de lui. Son corps entier se raidit, ses épaules ténues se pelotonnèrent contre son corps et ses doigts se crispèrent contre sa capeline. D’abord dirigée vers le sol, sa figure s’en détacha doucement pour faire face à celle de Zalych. Elle finit enfin par ancrer ses perles pellucides dans le regard du Non-Vivant, mu d’un nouveau courage, et si elles se voulurent neutres, elles ne purent qu’être envahies par une émotion qui lui arracha un frisson intense et aussi… enivrant.
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MessageSujet: Re: Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone)   Posez votre fardeau (pv Ademar et Bryone) Icon_minitimeLun 8 Oct - 17:50

Il en était là, pris dans un étau impassible, ses désirs, ses rêves se brisant dans le néant de cette défaite cuisante pour le guerrier qu’il était. Son bourreau, malgré son âge avancé, n’en demeurait pas moins l’un des plus puissant de l’Ordre et Ademar avait encore bien du chemin à parcourir pour arriver à son niveau, lui qui pendant si longtemps n’avait combattu, terré au fond d’une grotte à tenter de reprendre le contrôle sur son corps doté de nouvelles capacités.
Néanmoins la rage ne le quittait pas et il fixait son vainqueur de son regard rongé par un ressentiment centenaire. L’homme qui lui faisait face ne pouvait pas comprendre, et il avait pris fait et cause pour cette Drow. Désormais le Gorgoroth se savait à sa merci et son salut semblait bien improbable. Il avait vu Bryone choir d’épuisement, tant physique que moral, mais cela ne le réconforta pas, son état étant bien insuffisant.
L’homme s’approcha d’Ademar de manière à pouvoir le frapper. Ademar ne le perdait pas des yeux avec une effronterie sans pareille. Cela pouvait se révéler à double tranchant, ce trait de caractère pouvait être perçu comme une force, mais également comme une faiblesse. L’un des hommes l’obligea à baisser les yeux à l’aide de son épée. Il entendit alors simplement le bruit caractéristique d’un coup qui s’apprêtait à être donné. Puis ce fut le néant…


*~~*~~*



Réveilles toi…


Une voix, sourde, résonna à l’intérieur de l’esprit du revenant. Cette voix, il pensait l’avoir chassé des années auparavant mais en ce jour si sombre, elle ressurgissait avec son cortège funèbre. Lors de sa mutation, Ademar avait perdu l’esprit, laissant l’autre prendre le contrôle de son corps, l’emmenant dans son sillage de folie. Petit à petit, l’esprit du natif de Cimmeria avait repris des forces, jusqu’à entamer une lutte afin de s’échapper de cette prison de verre. Cela lui prit des mois, peut-être même des années d’une lutte mentale incroyable qui le changèrent à jamais, influant sur son caractère, le rendant plus irascible, renforçant son faciès impitoyable, lui apprenant à maîtriser sa haine. Jusque Bryone…
Une douleur lancinante s’empara alors de son cortex cérébral. Il ne l’entendit pas mais le sans-vie hurla de douleur tel un animal aux abois. Le coup qui l’avait plongé dans les abymes provoquait encore cet effet d’une violence inouïe. Firenz n’avait pas lésiné sur les moyens pour le terrasser. Il fallut de nombreuses minutes pour que la douleur ne diminue. Ce répit permit alors à Ademar d’ouvrir les yeux. Mais il ne put constater que l’inutilité de cette manœuvre, son regard ne percevant rien face à l’obscurité régnant dans la pièce. Seul un mince filet lumineux filtrait par l’embrasure de la porte.

Voilà jusqu’où ta stupidité t’a mené…

Cette voix… Non, il l’avait vaincu. Elle ne pouvait, ne devait pas revenir. C’est ainsi que s’entama un dialogue improbable entre le démon, du moins tel qu’il le voyait, et l’enfant des glaces.

Pars !

Je t’avais prévenu pourtant. Tu avais choisi de ne plus m’entendre, mais vois où cette attitude t’a mené.

Tais-toi !!!

Jamais je ne t’abandonnerai. Je t’ai sauvé la vie par le passé, et je vais à nouveau le faire.

Je m’en sortirai seul !!

Je ne veux plus t’entendre misérable insecte ! Tu vas me laisser faire. Tu n’es qu’un animal dicté par une vieille rancœur, tu ne sais gérer ta haine, laisse-moi te montrer la voie qui te donnera la toute-puissance.

Tu ne m’as rien apporté…

Comment oses-tu ? Je devrais te laisser. Tu as si bien géré ta vie que tu te retrouves là, comme un chien attendant la sentence.

Laisse-moi…

AH AH AH ! Tu faiblis déjà. Ademar est mort, ouvre la porte au démon que tu es désormais. Un démon de mort, puissant et sournois. Rien ne nous résistera. Je t’offrirai la tête de cette Drow si cela te fait plaisir. Mais son heure n’est pas venue. Bientôt…

S’il te plait…

C’est bien, laisse toi aller. Tu es un bon garçon. Sens ma force dans tes veines.

Une chaleur reposante s’empara alors du Gorgoroth, comme si elle coulait le long de ses veines pour l’apaiser. Son regard sinople s’assombrit lentement des veines vermeilles trahissant le changement qui le saisissait à cet instant.

Tu as raison.

C’est bien, laisse-moi faire désormais…

Je me suis laissé aveugler. Ton influence m’a transformé et je n’ai pas su gérer.

Ne lutte pas…

Tu as raison sur un point. L’heure de la vengeance n’est pas venue. Je te remercie, tu m’as ouvert les yeux. Je dois apprendre à contrôler mes sentiments pour vraiment devenir fort…

Je t’apprendrai.

Tu as tort cependant. Je n’ai pas besoin de toi…

SI !!!

Je te rejette…

Tu ne peux pas !!!

JE SUIS ADEMAR ! JE RESTE MAÎTRE DE MON CORPS !!! DISPARAIS MAINTENANT !!!

Je ne laisserai pas faire !!

DISPARAIS !!! MAINTENANT !!!

Puis ce fut à nouveau le noir… Ademar sombra dans un sommeil agité dans lequel une lutte sans merci s’engagea avec le démon qui l’habitait.


*~~*~~*



Un coup de poignard saisit le revenant, ses yeux s’ouvrant sous une douleur intense, son cœur semblant s’arrêter. Il lui fallut de nombreuses secondes pour réaliser qu’il venait juste de s’éveiller. Enfin juste n’est pas vraiment le terme face à ce réveil particulièrement violent. Avez-vous déjà été réveillé par un seau d’eau ? Si oui vous serez en mesure de comprendre ce que fut le réveil d’Ademar, du moins en partie car l’eau n’était pas juste glaciale, elle était en outre croupie.
Lorsque son cœur se calma, il put enfin stabiliser son regard. Firenz se tenait face à lui, tenant encore le seau en main. Le sans-vie observa alors la situation. Il avait déjà remarqué qu’il était attaché par les poignets, en position christique. Son torse était nu et laissait entrevoir les traces des affrontements qui avaient émaillés son existence. Une nouvelle fois, il prit conscience de sa position misérable. Intérieurement il remercia ce qui s’était produit quelques temps auparavant. Il avait grandi, il n’était plus le même. Il avait mûri.
Ademar écouta donc son supérieur. Ce dernier le rabaissa à chaque instant, lui rappelant la cuisante défaite qu’il lui avait fait subir quelques heures ou jours auparavant. Le revenant bouillait intérieurement face à ce discours si difficile à entendre pour lui, mais s’il souhaitait survivre, il devait accepter cette remontrance humiliante. Ainsi, par la force retrouvée de son esprit, il parvint à garder le silence. Ses paupières se murèrent même, enfermant plus encore le centenaire aux allures de jeune homme dans un mutisme inquiétant.
Firenz lui offrait une dernière chance. Il avait perçu dans sa nature un avantage face à une maladie qui sévissait sur Istheria. En effet, le combattant de l’ombre se trouvait immunisé à ce mal mortel. Ademar rouvrit alors ses paupières, dévoilant son regard sinople, marqué d’une volonté carnassière. Il le laisserait vivre parce qu’il avait besoin de lui. Mais ce que le Gorgoroth n’avait pas vu venir se dévoila à lui lorsque l’homme qui lui faisait face appela Bryone, qui entra timidement.
Une douleur vive tordit les entrailles du démon. La Drow se tenait face à lui, une fois de plus. Ce courroux qui l’avait mené là ressurgissait alors en cet instant. Mais Ademar avait franchi un nouveau stade dans sa vie, ou plutôt sa non vie. Avec patience, il refreina cette émotion terrible qui l’étreignait. Pour cela il usa d’exercice de respiration et son regard put enfin se poser sur la Sindarine sans exposer la haine qu’il enfouissait avec difficulté au fond de son âme. Finalement leurs regards se croisèrent, s’épiant. Un frisson parcourut l’échine du revenant, ses sentiments ressurgissant malgré le contrôle dont il tentait de faire preuve. Durant une fraction de seconde, la jeune femme put voir à nouveau ce regard chargé d’une haine sans fond, juste avant qu’il ne parvienne à se reprendre.
  • - Je vois où vous voulez en venir. Et je comprends votre point de vue. Mais vous vous rendez compte que vous prenez un risque, n’est-ce-pas ?

La voix du Gorgoroth était incroyablement posée. L’intermède carcéral l’avait donc véritablement métamorphosé, mais cela ne le rendait que plus intrigant et imprévisible. Il lança à nouveau un regard en direction de Bryone avant de revenir vers Firenz, lui adressant un sourire mystérieux.
  • - J’accepte, bien que je n’aie guère le choix. Mais de son côté, accepte t’elle d’avoir comme garde du corps un homme qui souhaitait l’éliminer il y a encore si peu de temps.

Ademar acheva sa réponse par une interrogation légitime et qui démontrait toute son évolution. Il montrait ainsi à Firenz toute son évolution, montrant son souci envers sa camarade au sein de l’Ordre. Cependant, au fond de son cœur, rien n’avait changé.
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