[Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
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_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis

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MessageSujet: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMar 30 Oct - 1:54

[Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Wvzo1u

Une nuée de voix s’élevaient d’ors et déjà dans les alcôves quand le pied de velours d’une jeune femme encapuchonnée foula le sol de la nef. Ensemble, un chœur splendide qui grimpait, grimpait encore, toujours plus haut pour atteindre le cœur du dôme au centre du temple, celui qui recouvrait la ville de sa bienveillante sphère. Il semblait abriter ses voix, garnir les harmoniques, réchauffer les octaves pour créer la mélodie la plus parfaite à offrir à la déesse alors que dehors, l’air froid de la nuit multiplier encore et toujours ses assauts répétés contre l’armée de vitraux. Le givre formait maintenant une fine couche blanche qui s’accrochait férocement à la moindre parcelle de verre auquel il pouvait avoir accès. Renforcé par le vent qui régnait au dehors, il atteignait une proportion nouvelle, modifiant la faible lumière de la lune en quelques rayons tamisés, s’ornant de teintes nacrées irisant par endroits. Cela rendait l’atmosphère dans le temps bien particulière. Les jeux de dialogues entre les éclats lunaires, la chaleur de la foule regroupée en amont, les nuages spectraux de vapeur qui s’échappaient de l’embrasure de leurs lèvres alors qu’il chantait à l’unisson créait une ambiance spirituelle, presque magique qui éclairait le lieux sous un aspect nouveau, un jour serein, presque paisible. Comme si ces dalles froides et ce cœur de pierre étaient un lieu sacré où rien d’impur n’aurait jamais lieux. Où tout le monde serait protégé. Où tout allait bien. Après tout, n’était-ce pas l’effet recherché ?

Une pupille sombre balaya la masse d’habitant rassemblée sur les bancs de cette église, certains debout faut de place, tous réunis dans une même célébration, agité de la même impulsion, du même mouvement divin qui saisit les mourants et les fanatiques, forcé par la maîtresse de cérémonie, dirigeant la messe depuis son promontoire, au cœur de l’édifice en face de l’autel. Un geste de croyance ? Peut-être. Mais pour les yeux bestiaux de la figure de soie en retrait, cela ressemblait plus à une hystérie collective. Les vêpres nocturnes… Elles avaient lieux de temps en temps. Les prêtresses inviter la population pour se réunir lors d’une messe de nuit pour prier et adorer la déesse. Il s’agissait officiellement d’une façon de célébrer et de s’accorder les bonnes grâces de la divinité. Mais officieusement… Le temps des sœurs était depuis longtemps révolus dans les esprits. Alors, de temps à autre, on utilisait ce prétexte pour changer les mentalités et apaiser les esprits. En règle général, cette méthode avait un certain succès, et le monde se pressait au temple pour avoir la chance d’assister à la célébration. Certains disaient que l’édifice s’habillait la nuit des vertus de la déesse. D’autres soufflaient encore qu’une fois la lune en vue, les jeunes femmes  devenaient aux yeux de splendides nymphes dont les chants raisonnaient jusqu’à l’âme.

Quelle que soit la raison, le résultat était le même. Le temple était rempli de monde, de chant, de joie et d’espoir. Droite dans son habit d’ombre, immobile dans cette cape de velours bleuté, Othello observait silencieusement la scène depuis le fond de l’Eglise. Cette draperie longue glissait jusqu’à ses genoux, et camouflait habilement le haut de son corps derrière l’ombre d’une colonne. On distinguait facilement les replis de sa robe de soie blanche qu’elle avait revêtue en habit dépasser sous l’étoffe. Ses oreilles repliées contre son crâne, cachées sous la capuche, on ne dessinait d’elle que les éclats d’argents de ses boucles blanches trahies par un rayon de lune. Elle n’appréciait guère d’être au contact de tous ces gens, de cette masse bouillonnante, brûlante d’une fausse fièvre religieuse, parfois même d’une certaine hypocrisie. La vue de certains nobles la dégoûtait, quand ceux-ci se pavanaient comme des paons, venaient en ces lieux déguisés jusqu’à la tête de riches parures, riches étoffes et riches ornements pour s’afficher devant le peuple. Ils n’étaient rien d’autre qu’un groupe d’esprit perdus cherchant un peu d’espoir dans une nuit de geai où seul le vent et ses plaintes vous écoute.

Un grognement sinistre retentit à son côté. Une forme féline se distinguait dans l’obscurité, puissante et imposante, se dessinant sur les grande dalles de pierre qui composaient le mur du temps. Le tigre montrait vainement ses crocs à la masse, visiblement agacé par toute cette agitation qui avait lieux en cette soirée d’automne – si automne il y avait en Cimmeria. Une pâte en avant, le corps tendu, son anguleuse tête penchée en avant à la manière d’un chasseur, il n’attendait qu’une chose : que tous ces pauvres hères quittent les lieux. Pourtant, il était mal tombé. Ce genre de messe ne se limitait rarement qu’à quelques chansons…
La main pâle de sa maîtresse vint se poser sur son épaisse fourrure, passant gentiment les doigts entre les rayures qui décrivaient son pelage pour calmer la bête. Pourtant, les yeux maritimes de la sirène ne se décollaient pas des visiteurs. Encore, note après note, la mélodie se poursuivait, prenant parfois des tournures lyrique, jouant sur les rythmes et les tempos, cherchant toujours d’autre accords, d’autres harmoniques à ajouter à son arc de son, se poursuivant encore et encore sans jamais laisser sa chance au silence. Othello, caché dans l’ombre, l’attendait pourtant depuis de longues minutes, ce silence d’Eglise qu’elle ne trouvait qu’en ces lieux…

Et enfin, il se manifesta. Un silence complet, soudain, transportant encore les derniers harmoniques de la mélodie perdue. Ils avaient enfin terminés… Alors que ses pupilles glissaient sur la canopée des visages, elle en aperçut quelques uns qui lui étaient familier. Quelques sœurs, clairsemées dans l’auditoire, quelques clients de l’herboristerie qui la consultait régulièrement, ou passaient de temps en temps pour des commandes plus spéciales. La plupart restaient pour elle de parfaits inconnus… L’hybride, en consultant ses yeux pleins de malice, ses faux sourires ou ces larmes sincères ne pu s’empêcher de ressentir au fond d’elle une violente envie de fuite, un besoin soudain de liberté, de courir, s’enfuir au delà de ces portes, des ces murs froids pour rejoindre les profondeurs abyssales de l’océan. L’atmosphère devenait étouffante, les spectres de buée plus opaques et nombreux, à moins qu’elle ait, involontairement, commençait à agir sur la température. Son doigt commençait à battre un rythme nerveux orchestré par son agacement. Fuir… La bouillonnante prêtresse devait esquiver par tout les moyens la suite de la cérémonie. Discrètement, dans un silence presque angélique, elle pivota sur elle-même et se dirigea vers le fond du temps, suivie par Drasha, ravi de pouvoir s’éloigner de ce qu’elle pensait être une bande de dégénérés religieux.

Après avoir errer dans l’ombre pendant quelques secondes, Othello finit par trouver la cachette idéales face à cette cérémonie. Dans un des renfrognements sur les côtés du bâtiment se trouvait un confessionnal… L’abri parfait. Sans même réfléchir, l’hybride s’y engouffra directement, et disparue bientôt, engloutie par la porte de bois qui se referma sur elle. D’un geste, elle s’assit sur un petit rebord construit là, retirant alors sa capuche et libérant du même coup son imposante tignasse blanche. Drasha était resté à l’entrer, probablement allongé sur le sol, seul indice trahissant sa présence dans le petit espace de bois. Elle poussa alors un long soupir, alors que le silence se répandait dans ses oreilles aqueuses. C’était ainsi qu’elle voulait prier. Seule, isolée, à part dans ce petit univers fermé où elle savait que Kesha n’aurait pas d’autre distraction que sa petite voix claire lui implorant la pitié. Alors qu’elle entendait les bruits étouffés des chœurs reprendre triomphalement dans la nef, elle commença à murmurer, pour elle-même, une autre chanson, un autre air. Pourquoi ? Peut-être pour mieux apprécier le silence. Au bout de quelques minutes, elle finit par fermer les yeux, les mains jointes, en appuyant sa tête contre le mur derrière elle. Même si son visage de porcelaine ne laissait rien paraître, elle commença à prier silencieusement…

Pourtant, même le calme à une fin… et elle la trouva quand elle entendit un grincement pinçant venant du confessionnal lui-même. Seulement, il ne venait pas de son compartiment… Les sens en alerte, Othello se redressa légèrement. Son intuition lui souffla qu’il ne s’agirait pas d’une confession habituelle…


Dernière édition par Othello Lehoia le Dim 23 Juin - 2:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMer 31 Oct - 12:13

Les moments de silence et de brouhaha venant des nombreux invités au temple était déconcertant, et malgré ses longues années de service Irina ne s'y faisait toujours pas. Si d'ordinaire elle était indifférente à la présence de tous ces gens qui venaient quérir son attention pour tel ou tel problème, en un jour aussi important elle ne pouvait ressentir tout ceci que comme une farce, une fête d’apparat détournée de son rôle premier, la communion avec la déesse. C'est précisément pour cette raison qu'elle ne prenait pas partie à la direction de la cérémonie, qu'elle avait laissée volontiers aux mains de la Grande Prêtresse. L'un et l'autre s'accordaient parfaitement dans leur côté artificiel et futile, alors autant ne pas troubler un partenariat si adéquat.
Sa position lui donnait pourtant le droit de se tenir aux côtés d'Elerinna, mais comme faire une telle chose, même théâtralement lui donnait envie de vomir, elle ne s'y pliait pas à moins que son absence attire l'attention. Et puis elle avait toujours été une Ombre dans cet Ordre, une femme travailleuse, exigeante et dure, qui n'apparaissait que rarement surtout lors de leurs ouvertures au public. Un peuple qui appréciait son savoir autant qu'il ne la craignait, car la native de Hellas avait pour sobriquet « La Furie » ou encore « L’Incandescente ». Curieux qu'elle n'ait jamais réussi à savoir si cela faisait référence à son caractère exécrable ou bien à sa crinière si rousse qu'on pouvait craindre de s'y brûler.

Quoi qu'il en soit aujourd'hui comme souvent Irina était restée à l'écart, étudiant ce rituel de ses yeux brillants mais impassibles, repérant aisément les pions de la Grande Prêtresse. Ce n'étaient pour la plupart que des novices encore naïves, poussées à voire les choses d'un point de vue manichéen qui ne témoignait que pauvrement de la complexité de la situation. Il était facile de les berner, et il était facile de comprendre pourquoi elles avaient été choisies... Elles étaient manipulables à souhait, comme un tas de glaise auquel on peut donner forme à souhait. Seulement si elles étaient de la chair à canon utile, les jeunes filles n'en demeuraient pas moins fragiles et faciles à détruire.
Remarquant ces détails, Irina se mit à sourire avec sarcasme et amusement, ne se dissimulant derrière aucune capuche. Sa crinière l'aurait trahie de toute façon, même si elle avait voulu se cacher, ce qui n'était pas le cas. La guerre était déclarée même si ce n'étaient là encore que les prémices... Et il lui fallait faire vite afin de ne pas se laisser dépasser par les événements. Tenant des pans de sa robe blanche dans les mains, elle fit une révérence basse et ironique à sa rivale qui ne put s'interrompre en plein chant et la fusilla du regard. Semer le doute et provoquer un ennemi insensible, c'était le début d'une nouvelle escarmouche invisible aux yeux des civils.

Lui tournant le dos sans avoir l'air inquiet du tout, Irina serpenta entre les fidèles qui lui sourirent et la saluèrent comme si elle était l'avatar de Kesha elle-même. Cela la fit sourire aussi, car la béatitude et l'ignorance des gens était risible... Un gâchis qu'ils continuent d'ignorer la corruption qui nécrosait les prêtresses qu'ils voyaient comme des êtres imbus de pureté. « Le ver est dans la pomme », comme l'avait dit l'un de ses 'amis', et ce qui lui faisait mal était de lui donner raison. Il fallait que les choses changent, qu'elles reviennent à la normalité, à ces règles anciennes dont elles n'auraient jamais du se détourner. Alana, sa mentor et Grande Prêtresse pressentie avant qu'Elerinna ne l'évince aurait eu honte de ce qui se passait et de ce que l'Ordre était devenu. Tandis qu'elle entrait dans le confessionnal de l'aile ouest, la rouquine prit place pour se reposer, et respira profondément. Ses yeux étaient fermés et sa tête en arrière appuyée contre la cloison de bois. Le vieux bois avait grincé sous ses pieds, annonçant sa présence prématurément, ce qui ne suffit pas à la déstabiliser.

Cela lui rappela une autre nuit, avant que sa santé ne se détériore, lorsqu'elle avait rencontré Veto Havelle à l'insu de ce dernier. Alors la boite de Pandore s'était ouverte, et une avalanche d'informations qui ne lui étaient pas destinées lui parvinrent, augmentant ses responsabilités. Une charge dont elle ne voulait pas et qu'elle ne méritait pas, mais qu'il fallait endosser tout de même. Après tout c'était une partie de ce qu'elle voulait rendre à ses sœurs : l'abnégation.
Respirant profondément pour reprendre son souffle, Irina parla distinctement comme pour amorcer une énième confession.


« Soyez le bienvenu dans la demeure de Kesha. Parlez donc sans craintes, car la Lumineuse elle-même a scellé mes lèvres closes. »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 2 Nov - 15:45

Entre deux notes, Drasha grogna légèrement, reposant son visage entre ses pates musclées. Il était visiblement dur à troubler… Pas comme la demoiselle au crin blanc qui se tenait à présent le dos aussi droit que le mur de bois qui la soutenait. Le souffle fin de la jeune femme se tenant à ses côtés disparut dans un courant d’air, des mots le remplaçant bien rapidement, tournés d’une délicate façon. Ces mots, elle les connaissait presque par cœur, les ayant déjà prononcé encore et encore, parfois en mélangeant leur ordre, parfois en choisissant des synonymes, parfois sans même les prononcer. Pour ceux qui les écoutaient, ils étaient une délivrance, la porte ouverte à la rédemption et à la guérison de l’âme. Mais également la porte ouverte au pire des révélations, à un royaume de cauchemars et d’horreur. Les confessions les plus sordides avaient été faites en ces lieux, ne s’échappant jamais de ce confessionnal, à jamais gardées par ces parois d’ébène. Othello en avait entendu quelques unes. Meurtre, viole, disparition… Tout était passé par les membranes marines de ses oreilles sans jamais franchir de nouveau le seuil de ses lèvres pourpres. Après tout, quand on connaît l’horreur, on finit par ne plus y prêter attention…

Pourtant, ici, pas de confession. Pas de phrases prêtes à être livrées en pâture à une voix inconnue et invisible, pas d’être sale, de pêcheur, d’impurs désirant l’absolution. Ici, il n’y avait rien d’autre que, à l’évidence, deux prêtresses se tenant silencieusement compagnie dans l’ombre et le froid d’une boîte à confidence. La figure de nacre eut d’abord du mal à saisir que cette demoiselle à sa gauche était une autre sœur, peut-être plus proche d’elle que des autres agneaux de la prêtresse qui reprenait ses psaumes à cœur perdue. Elle resta figer dans les ténèbres, sa respiration lente et froide se heurtant aux nervures de la cage de bois qui les entourait. Que devait-elle faire ? Se taire ? rester dans le silence paraissait être une solution relativement convenable. Apparemment, elle cherchait toutes les deux à rester dans la discrétion pendant que la messe avait lieux. En se taisant, la mystérieuse jeune femme finirait peut-être à se lasser, et elles resteraient ainsi toutes deux silencieuses jusqu’à ce que l’une d’entre elle décide de disparaître dans un éclat de lune quand le temple serait désert. Elles en ressortiraient ainsi toutes les deux satisfaites. Bercée par les va et viens de leurs respirations, la sirène eut ainsi le temps de peser le pour et le contre de son hypothèse. Mais c’était sans compter l’apparition d’une nouvelle variable dans l’équation de son esprit. Une piquante et brûlante curiosité qui agitait son cœur gelé…
Au bout de quelques minutes de silence, Othello se décida pourtant à rompre ce silence de sa voix de givre.

« Les miennes le sont tout autant, ma sœur. »

Cette phrase à elle-seule résumait bien la situation. En la prononçant, l’hybride espérait bien expliquer à la jeune femme, d’une façon masquée, qu’elle était une autre prêtresse, mais également qu’elle était de son côté. Que toutes les deux partageaient à cet instant précis l’envie – si ce n’est le besoin- de se cacher de cette cérémonie grotesque qui avait lieux au dehors de ces murs boisés. Derrière les parois du cercueil, les chants avaient d’ailleurs cessés, laissant place à une sorte de sermon, ou alors à une lecture. Elle n’en avait pas la moindre idée, et au fond d’elle même ne tenait absolument pas à en savoir plus. Autre chose attirait sa curiosité à cet instant précis. Brusquement, elle tourna son visage inexpressif vers les fines grilles qui séparaient les deux espaces, cet armée de fins carreaux creux placés là pour permettre au pêcheur de voir quelques traits, de deviner qu’à côté de lui se trouvait une prêtresse, une des filles de la très grande Déesse qui veillait sur lui, sur ses mots, peut-être pour lui apporter le peu de réconfort qui lui manquait. Ses yeux sombres de prédateurs marins glissèrent entre les fins liens de bois comme on flotte entre deux courants dans une mer d’huile, cherchaient une forme, un indice à lequel se raccrochait pour essayer d’apercevoir la jeune femme à côté d’elle.

Finalement, c’est un éclair d’une couleur si brûlante qu’elle lui fit détourner le regard qui la mit sur la piste enflammée d’une figure bien connue de l’ordre. Quelques mèches d’un roux éclatant, incandescent sous un rayon de lune, laissées visible à la vue de tous. Cette même crinière de feu, elle l’avait vu à de nombreuses reprises lors de messes, de cérémonies diverses, de grandes réunions, ou même parfois dans les couloirs, toujours assise à une place d’honneur… Si son hypothèse était exacte, alors la jeune femme se trouvant à ses côtés n’était nul autre que la flamboyante Incandescente, Irina Dranis, prêtresse de premier ordre. Durant ses quelques années de servitude pour son ordre, il ne lui avait jamais était donné l’occasion de la côtoyer, et elle en savait au fond très peu sur elle. Alors que la poupée blanche reprit son dialogue oculaire intense avec le mur en face d’elle, elle tâcha de rassembler le peu de connaissance qui concernait cette mystérieuse figure. Les quelques échos qu’elle avait eut sur elle étaient que c’était une femme au caractère flamboyant, à la réputation faite et aux pouvoirs puissants. Ses pas embrasseraient la plupart du temps ceux de la grande prêtresse Elerinna de qui elle serait le bras-droit et qu’elle épaulerait… Pourtant, rien ne laisserait plus perplexe la femme de verre, dont l’esprit n’était pas dupe. Quelque chose sommeillait entre ces deux femmes… Quoi, elle ne le savait pas, et ne chercherait jamais à le savoir. Ce qui est enterrait doit rester sous terre et à jamais reposer…

Mais que faisait une jeune femme de si haut ordre dans un confessionnal aux côtés d’une sœur discrète et inconnue qui cherchait à fuir la cérémonie pour s’écarter de la simple vue de l’hypocrisie des lieux ? Peut-être partageaient-elles les mêmes pensées… Et puis, quitte à se cacher en groupe, autant rendre la chose plus facile avec un peu de conversation.


« Moi qui pensait être la seule à fuir cette cérémonie… Me voilà rassurée. »

En prononçant ces mots, Othello s’efforça de rajouter un peu de chaleur dans sa voix régulière, et arriva à un résultat relativement convenable, alors que sont visage resta comme toujours inchangé. Elle espérait ainsi amorcer une discussion. La sirène n’avait aucune idée quels mos seraient échangés ici, ni quels seraient la nature de ce dialogue masqué par les chants et loin d’autres oreilles. Après tout… N’étaient-elles pas dans le berceau des confessions ? La sirène croisa silencieusement ses doigts, le fantôme d’un sourire s’éclipsant sur ses lèvres.
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeLun 5 Nov - 19:24

La force de l'habitude avait poussé Irina à prononcer les mots rituels sans se poser de questions, parce qu'elle se réfugiait dans son devoir pour surmonter l'adversité. Tout comme n'importe quelle prêtresse elle avait entendu toutes sortes de choses entre ces murs de bois... Bien que ce genre de tâches ne soit pas son genre. La plupart du temps elle l'avait passé dans le domaine médical. Elle aimait à se penser comme une scientifique, une chercheuse plutôt que comme une guérisseuse ou salvatrice. Ce n'était pas dans sa nature. Comment peut-t-on espérer absoudre quelqu'un lorsqu'on est souillé soi-même ?
Le silence se fit dans le confessionnal, et Irina ne fit rien pour le rompre. Bien souvent les gens qui avaient le courage de venir les trouver prenaient leur temps, hésitaient sur les mots ou sur le bien fondé de leur geste. Ils espéraient pourtant toujours être purifiés de leurs pêchés, même si la plupart était irréparable. En tant que religieuse il aurait fallu qu'elle les condamne, mais intérieurement était-ce bien légitime ? De plus en plus souvent l'Ardente se posait la question. Depuis quelques temps et surtout certains événements, son point de vue avait radicalement changé. Quelque chose s'était pacifié en elle, et paradoxalement cela avait soulevé beaucoup d'interrogations qui avant étaient étouffées.

Seulement l'heure n'était pas à la méditation personnelle... Et le moins de temps elle aurait à y consacrer, le mieux ce serait. Un murmure de l'autre côté de la cloison fut la seule confession qu'elle obtint, et cela eut le mérite de la surprendre. C'était déjà arrivé qu'elle doive écouter une de ses consœurs, mais jamais de cette façon. La voix de la femme qui lui parlait lui disait quelque chose, et instantanément elle sut qu'elle était bien une prêtresse...pour autant elle ne put mettre un visage ou un nom sur cette dernière, ce qui la contrariait quelque peu. En outre le fait qu'elle ne la reconnaisse pas était plutôt bon signe. Si c'était le cas, cela signifiait qu'elle n'était probablement pas l'une des alliées d'Elerinna. Puisqu'elle n'était pas l'une de ses protégées, cela signifiait qu'elle se tenait jusque là en position neutre. A moins qu'il n'y ait eu de changements tout récemment. Se tenant sur ses gardes, Irina se dit qu'il fallait faire preuve de prudence. La rouquine réfléchissait sur la bonne marche à suivre lorsque finalement l'inconnue pas si inconnue que ça se décida à parler. Ses paroles la firent sourire, parce que si elle jouait la comédie pour simuler l'ennui, elle était douée.


« Je n'ai jamais aimé les tours de magie... Et encore moins les mauvais prestidigitateurs. Je m'en passerais bien, si seulement je le pouvais. »

L'expression était mesurée et pesée, car c'était exactement ce qu'était la Haute prêtresse à ses yeux. Une femme vénale et ambitieuse qui jetait de la poudre aux yeux des gens, usant des fidèles comme personne, sans même qu'ils ne se rendent compte. Elle était adroite dans ce domaine, et il était fort dommageable qu'elle n'use pas de ces capacités à meilleur escient. Avec la sindarin il était toujours question de pouvoir ou d'argent, ou des deux... Et ce n'était pas là la base ou l'intérêt premier des servantes de Kesha.
Laissant le temps à son interlocutrice de répondre, Irina ne changea pas de position et ne montra aucun signe de nervosité. Après avoir banni un démon et servi de réceptacle à un dieu déchu, il lui fallait plus qu'une simple conversation pour la troubler. Par ailleurs elle avait besoin de savoir où se plaçait Othello sur l'échiquier, ce qui demandait plus d'informations, plus d'ouverture. Quelque chose lui dit que ce ne serait pas évident, pas sans faire preuve d'habileté et de subtilité... Mais c'était le genre de défis qui pouvait s'avérer stimulant.


« Quelles autres choses pourraient également vous rassurer? Sont-ce juste les apparitions publiques qui vous ennuient, ou est-ce plus profond que cela ? »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeSam 10 Nov - 16:46

Balayant ses mèches blanches, la sirène triturait les boucles qui composaient sa chevelure depuis les premières paroles de sa supérieur. Que voulait-elle dire par ces mystérieuses phrases? Elle avait raison, de toute évidence, quelque chose allait se passer dans cette boîte aux mensonges. Et les premiers bouts de tissus recouvrant le réel objet du secret venaient d’être arracher. Othello tenta une nouvelle fois d’attraper l’image de la flamboyante à travers les grilles, tentant une nouvelle fois de forcer les choses. Rien ne pouvait apparaître sous la lumière nocturne. Décidément, l’endroit allait définitivement conserver tout son mystère… Trottant comme d’agiles cabris, les mots de la prêtresse de premier ordre gambadaient encore et encore dans l’esprit de l’hybride alors que les chants dans ses oreilles visqueuses s’atténuaient de plus en plus jusqu’à disparaître complètement. Sa main berçant ses anglaises d’argent finit par cesser de bourg, saisie par l’idée que cela pouvait sous entendre. Un mauvais tour de magie… Othello ferma brutalement les yeux, comprenant précisément le sous-entendu qui gisait sous les dires de sa supérieurs.

Tout lui revint soudainement. Les nombreuses fois où elle marchait dans les couloirs, sa cape soulevant légèrement la poussière alors que passaient à côté d’elle le cortège hiérarchique. Les coups d’œil volés à la volée, la lueur malsaine de la haine, l’éclair d’un rictus de dédain, la crispation discrète. Le mauvais prestidigitateur était sous ses yeux à l’instant même, animant une messe d’hypocrisie, une apogée du ridicule. Elerinna… Othello réprima une envie soudaine d’ouvrir la porte brutalement, de sortir, de s’installer au centre de l’allée pour observer son visage de plus près, saisir tous ses détails. Depuis qu’elle était prêtresse, ce personnage ne lui avait jamais rien inspirait. Deux ans… Elle arborait ce lieux depuis deux ans, obéissait aveuglément depuis deux ans, recevait chaque fois des missions toujours plus obscurs, toujours plus malsaine, et les traits de sa supérieur ne lui avait jamais réellement sauté aux yeux. Tout ce qu’elle visualisait était un visage angélique pour une parole qui lui faisait honte. Cette femme ne lui avait jamais inspiré rien de bon. Ni rien de mal, au fond… Pourtant, il y avait quelque chose chez elle de profondément pourrie qu’elle ne saurait décrire.

Ainsi, Irina avait détestait la grande prêtresse… Au dehors, Drasha grogna de nouveau, probablement plongé dans le sommeil. Elle ne savait rien d’elle, et n’avait aucune raison de lui demander pourquoi - plutôt, elle n’en avait pas la moindre envie. Les origines du mal devait rester sienne, elle n’était pas en position de s’immiscer dans son passé. Pourtant, si elle respectait profondément ses motivations, elle était plus curieuse de ses plans… Si elle nourrissait réellement d’obscurs sentiments envers la sindarin, alors elle devait bien avoir prévu quelque chose pou obtenir sa vengeance. La sirène se souvint alors de ces deux hommes qu’elle avait jadis rencontré sur ma banquise. Comment le premier avait périt sous la glace, et l’autre était devenu fou avant se retrouver lui aussi planté sur un pic. Et connaissant le tempérament de feu de la rousse, elle devait forcément avoir une idée pour agir. La sirène se sentit alors piqué au vif. Une violente, brûlante curiosité s’empara d’elle. Car après tout, ses lèvres n’étaient-elles pas scellées par la Très-Haute?

C’est alors qu’elle parla de nouveau. Sa voix flamboyante raisonna de nouveau à travers la cage de bois, vibrant jusqu’au tympan de la sirène. Deux questions n’en formant qu’une, d’une simplicité sans égale. Trop simple, peut-être… Mais après tout, pourquoi trop réfléchir? Autant donner une réponse toute aussi simple, sans chercher d’artifice. Après tout, pourquoi cette messe la dérangeait tant? Était-ce vraiment les apparitions publiques? Non, ça ne pouvait pas être ça. Elle n’avait jamais souffert d’être vue, que ce soit dans sa boutique, ou dans ce temple. Elle représentait pour tous une fille de Kesha, un symbole de pureté d’âme comme de corps, de bonté et de compassions pour tous, miséreux, nécessiteux, malades… Cette image lui convenait. Personne ne savait qu’au fond, elle n’était devenu qu’un monstre froid et insensible, agissant sous les ordres d’une seule et même personne. Espionner, empoisonner, charmer… Elle ne ressentait même plus ce dégoût infâme qu’elle avait au fond du cœur lors des premières fois. Au fond, elle ne savait pas ce qu’elle était devenu. Une prêtresse ou une tueuse?
Cette simple pensée lui fournit sa réponse. La poupée blanche ouvrit doucement les lèvres, prête à répondre à cette femme qui était devenue à cet instant sa confidente.


« - Ce qui m’ennuie, ma sœur, ce ne sont pas les apparitions publiques, ni même les prestidigitateurs. Ce sont les marionnettistes. » Et elle ajouta, la voix luisante d’une pointe de colère. « Surtout ceux qui jouent avec ce qu’ils ne devraient pas contrôler. »

Tout cela pouvait paraitre bien énigmatique. Mais c’était le cas. Cette femme jouait avec la croyance d’une peuple comme on joue avec des poupées. Elle utilisait la vie des prêtresses, de ses propres sœurs, comme on envoie à l’abattoir du simple bétail. L’ordre où elle était entrée n’était pas une maison religieuse, c’était un empire. Un empire depuis longtemps révolu.


[hrp] Désolée du retard ^^' [hrp]
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeSam 17 Nov - 3:01

L'ordre de Cimmeria était une communauté influente à Hellas et de plus elle était entièrement constituée par des femmes de tous horizons. Il n'y avait donc rien d'étrange à constater les complots, les intrigues et autres plans manipulateurs en leur sein. La stratégie, ou ce qu'on pourrait qualifier sommairement de politique était aux femmes ce que la force brute était aux hommes. C'est du moins ainsi qu'Irina -dans son esprit légèrement féministe- concevait les choses. C'est donc avec une placidité non négligeable qu'elle voyait les choses, les yeux ouverts par l'expérience. Le destin funeste qui avait été réservé à Alana lui avait servi de leçon, et c'est bien parce qu'elle ne comptait pas commettre les mêmes erreurs qu'elle luttait pour sa survie qu'importent les conséquences. La seule chose qu'elle ne s'avérait pas encore prête à sacrifier c'était l'Honneur de l'Ordre... Ce pourquoi elle œuvrait finalement.
Le pouvoir ne l'attirait pas, pas plus que l'amour du peuple. Peu importe qu'ils la détestent, tant que c'était à titre personnel et non à cause de ce qu'elle représentait. Enfin peut être devrait-elle faire un effort là dessus également, après tout les prêtresses étaient sensées être des modèles de vertu. Un idéal impossible à tenir puisqu'elles n'étaient rien de plus que des êtres humains, aussi poussées vers le mystique soient-elles.

Interprétant le silence de son interlocutrice comme une vive réflexion, Irina garda le silence pour ne pas l'interrompre. Elle se demandait toutefois la signification de ce comportement, car son imagination libérée l'entraînait vers tout et son contraire. Est-ce que cette jeune femme de l'autre côté avait réalisé les manigances d'Elerinna, ou est-ce qu'au contraire elle essayait de la faire parler afin de rapporter cette conversation potentiellement compromettante plus tard ? Respirant profondément pour meubler l'attente, l'Oeil de Kesha ne bougea pas un muscle. Sa patience finit alors par être récompensée, puisque l'inconnue reprit enfin, lui soumettant ce qui sonnait comme une inquiétude.


« Heureusement tous ceux qui ont les yeux bandés ne sont pas aveugles ma sœur. Une fois libres de la noirceur dans laquelle ils étaient emprisonnés, ils sont à nouveaux libres de leurs mouvements. N'oubliez toutefois pas qu'une fois les yeux ouverts, ils sont également tenus pour responsables de leurs choix. »

Son ton de voix était neutre et parfaitement maîtrisé, dénué de toute menace même si ses mots aussi durs que justes, pouvaient laisser la place au doute. Seulement pourquoi menacerait-elle une étrangère ? Cela lui paraissait absurde. Dans ses méthodes expéditives il n'y avait pas de place pour l'hésitation ou la demi-mesure. Ses adversaires elle ne les avertissait pas, elle les éliminait purement et simplement. Elerinna hélas était une malheureuse exception, notamment parce que la tuer simplement pour l'écarter attirerait le blâme et la disgrâce sur cet Ordre qu'elle voulait tant préserver. Autrement elle l'aurait déjà fait, autant par grief personnel que par conviction. Dans cet empire sous les neiges, il était temps de renverser le trône.

« Grâce à la lumière de Kesha, vous arracherez vous même votre bandeau bientôt, j'en suis sûre. En ce sens je vous offre ma bénédiction et ma protection si ainsi vous le souhaitez... La question est de savoir ce que vous comptez faire de votre liberté tout juste acquise, ma sœur. »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeDim 25 Nov - 12:59

Les mots fusaient à présents, une véritable vague d’information submergea l’ombre blanche sagement assise sur son rebord de bois. Si ils avaient la forme de menace, elle comprit qu’ils n’en étaient nullement: c’était une alerte, un message d’information à son attention. Si elle choisissait ce chemin, son chemin, alors elle serait tenue comme coupable pour ce choix. Au moins, cela répondait à une de ses questions: ce serait dangereux. La sirène garda le silence, écoutant attentivement les paroles d’Irina, le visage éclairé d’une nouvelle émotion, un soupçon intriguée. Ses doigts ne cessaient à présent de valser dans ses boucles de neige qu’elle avait écarté de son dos pour les ramener vers elle. C’était peut-être mieux que Drasha patiente devant la cabine, il pourrait protéger cette boîte des oreilles indiscrètes, alors qu’au dehors, les chants se faisaient déjà moins vifs. Nombreux sont ceux qui se dirigent vers les confessionnal à la fin des messes, pris d’un soudain besoin d’expier ses fautes dans une fausse intention d’être pieux, probablement. Une hypocrisie de plus en ce lieux sacré…

Après une légère pause, la prêtresse de feu reprit, continuant sur son ton neutre. Peut-être essayait-elle de mettre de la distance entre elle et ce qu’elle essayait de dire, pour s’écarter de ses paroles, s’en détacher, qui sait? La sirène avait du mal à analyser son interlocutrice, la tâche étant rendu encore plus difficile par l’absence de vision que lui imposait cette boite. Tout ce qu’elle avait était ces mots qui raisonnaient difficilement dans sa partie du piège de bois. Le bandeau qu’elle avait devant les yeux… En avait-elle jamais eut un? Ou avait-elle était consciente de tout depuis le début?… Si seulement elle avait pu garder les yeux fermer comme toute les nouvelles femmes perdues qui rejoignaient leur rang, qui ne comprenaient pas le moindre un mot dans le discours troublant de la grande prêtresse qui leur soufflait d’aller demander de se rendre chez de riches aristocrates récupérer leurs secrets les plus noirs, ou d’essayer de faire quelque chose pour les pauvres ères, curieusement profondément malades, qui auraient pu ternir leur image.  « Il souffre terriblement… Faites lui boire de ce remède pour le remettre sur pied. ». Etrangement, il mourrait quelques jours plus tard, plié par d’atroces convulsions, rompus par une brûlure terrible qui lui arrachait le ventre, pleurant un mélange salé d’eau et de sang avant de terminer ses souffrance en crachant un dernier souffle d’air.

C’était ainsi que tout avait toujours marché ici. Des ordres cachés, dissimulés par des messages subliminaux que les innocentes et les aveugles ne pouvaient comprendre. Le temple avait depuis trop longtemps perdu sa sublime, étant devenu un lieux où la mort habitait chaque ombre, chaque pas qui caressait le sol dallé. La sirène avait bien un bandeau devant les yeux, au fond. Seulement, le sien était transparent, lui permettant de voir le torrent de sang couler sur ses mains, les gouttes de poisons brûler ses manches, les cris de douleurs hurler dans ses oreilles aussi étranges soient-elles. Peut-être aurait du-t-elle rester au fond de l’océan, trois ans plus tôt… Ses pupilles noirs se dilatèrent un peu plus sous le jouc de la colère. Elle était coupable. Comme toutes ses sœurs aveugles et perdues, elle était coupable d’ignorance, d’un dénis singulier et avare de leurs actes et de leurs gestes. Souvent, très souvent elle eut l’envie d’agir, de se rebeller, de briser les chaînes qui l’entouraient et la maintenaient dans ce cercueil maudit d’esclave. Mais jamais elle ne le fit. Une douleur amer pinça son cœur de poisson caché quelque part dans sa poitrine, une rancœur contre elle-même, proche du regret. Irina en avait eut le courage…

Elle ne mit que très peu de temps à répondre. Il était normal qu’elle s’interroge sur ses intentions prochaines, ses actes prochains après que le renversement eut lieux. Après tout, combien d’entre elle rêvait intérieurement de devenir un jour la Grande Prêtresse, le visage de leur ordre. Car après tout, c’était un rôle qui allait bien plus loin que le mystique. Il fournissait gloire, influence et argent, comme tout poste de haut dirigeant, même si celui-ci était moins flagrant que d’autre. Chacune avait un jour rêvé de prendre sa place, c’était évident. Pourtant, Othello n’en avait bizarrement jamais eut le désir. Ce rôle de simple prêtresse lui convenait parfaitement. La gloire ne l’intéressait que très peu, elle lui préférait la discrétion ou la paix. L’influence, elle l’avait déjà, par ses capacités d’herboristes et la simple évocation de son ordre. Et pour l’argent… Ce qu’elle gagnait lui suffisait amplement. Être à la tête de toutes ces femmes étaient une tâche bien trop grande pour cette petite sirène de glace qui se cachait derrière une cape de velours. C’était un rôle qui demandait de la prestance, de l’autorité. On ferait cela bien mieux qu’elle…


« - Je ne demande pas à changer de poste, madame. Être ce que je suis me convient parfaitement. Tout ce à quoi j’aspire est de pouvoir redonner à cet ordre sa lumière d’origine, que Kesha pose à nouveau son bienveillant regard sur nous… »

Pendant quelques secondes, elle laissa le silence s’installer, pour chacune d’entre elles puissent écouter le doux bourdonnement que l’on entend que dans le plus silencieux des échos. Le plan d’Irina était des plus intéressants, même si il restait pour l’instant un complet mystère. Au moins, il existait, et avait pour son fondement une haine contre la Grande Prêtresse. Son existence devait rester secrète, et Othello se jura de le garder au creux de son esprit, et que jamais il ne passerait ses lèvres. Ce simple discours l’avait convaincu. Maintenant, elle voulait arracher ce bandeau qui était le sien. Elle continua quelques temps après.

« - Je ne connais pas vos intentions réels, madame, ni même ce plan qui est le vôtre. Mais vous avez le courage de vous battre contre les prestidigitateurs qui nous tiennent sous leurs baguettes. Pour cela, vous pouvez comptez sur mon aide. Jusqu’à ce que votre volonté soit accomplis, ma sœur, je suis, et serai, votre obligée. »

Laissant à nouveau le silence se propager, la sirène comprit l’importance de ses paroles, et toutes les conséquences qu’elles pouvaient engendrées. Mais elle les avait d’ors et déjà mesurées, et c’était de son plein grés qu’elle choisit d’emprunter ce chemin brûlant.
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMar 27 Nov - 13:40

Aussi surprenant que cela puisse paraître pour celle qui s'opposait à l'actuelle Grande Prêtresse, Irina n'avait pas non plus d'ambitions dirigées vers le pouvoir de cette position. Ce qui lui importait avant tout c'était de sauver l'Ordre tel qu'elle le connaissait, de le préserver afin d'être sûre de transmettre aux générations futures un patrimoine honorable. Bien sûr elle n'était pas dupe pour autant et savait que personne pour l'instant n'avait à la foi la carrure et la force de supporter ce fardeau. C'est donc tout naturellement qu'elle prendrait les devants le temps qu'une de ses sœurs, plus capable et surtout plus digne puisse prendre le relais. Mais dans l'immédiat il s'agissait d'évincer Elerinna. De la renverser au même titre qu'on renverse un tyran.

C'est pour cela qu'elle avait parlé d'un bandeau qui aveuglait Othello, tout comme il continuait d'obscurcir la vision d'autres religieuses. Irina ne leur en voulait pas, car il était facile d'embobiner les novices encore crédules et inconscientes des intrigues qui dévoraient leur groupe. Cependant une fois que la vérité leur était exposée, il leur appartenait de faire des choix. Celui de fermer les yeux pour continuer de ne rien voir, ou celui de prendre parti et de se battre pour défendre ce en quoi elles croyaient. Othello pouvait donc choisir de rester auprès de la sindarin si elle voulait continuer d'être son animal domestique, mais alors il n'y avait pas lieu de perdre son temps en scrupules. Ceci était une guerre intestine, et toutes les sœurs qui soutiendraient son ennemie en connaissance de cause seraient éliminées. Au sens propre ou au figuré, cela restait à voir.
Le tout était qu'il soit bien clair qu'Irina ne voulait pas se faire passer pour une sainte qu'elle était très loin d'être. Elle n'avait jamais caché sa nature autoritaire, exigeante, cruelle parfois... Mais rarement injuste.


« Dans ce cas nous aspirons à la même chose, ma sœur. Rien ne me ferait plus plaisir que de voir le peuple regarder à nouveau vers nous avec une vraie admiration et avec un authentique respect. Quelque chose de bien plus profond que ces cérémonies fantasques ressemblant étrangement à un bal masqué. »

Tous ici arboraient un masque, qu'il soit de bienséance, de politesse, de politique ou d'autres encore. Ce genre de petits arrangements entre amis la rendaient malade, d'autant plus qu'ils utilisaient des dates religieuses pour dissimuler les échanges sous la table. Soupirant d'une lassitude qui n'avait rien à voir avec la fatigue physique, Irina posa ses yeux sur le bois sombre sans le voir vraiment. Son corps était là, mais son esprit semblait loin. Pourtant elle écoutait chaque mot venant d'à côté avec soin, pesant chacune des intonations pour s'assurer de leur sincérité.

« Je suis heureuse de voir que nos points de vue se rejoignent. » Dit-elle simplement, réfléchissant aux prochains pas à faire. « Tout d'abord afin que vous soyez libre, il faut que vous brisiez la baguette de la prestidigitatrice. Affranchissez-vous de son commandement et vous n'aurez plus à répondre devant elle que si vous bafouez nos règles. »

La rouquine avait sa petite idée sur comment procéder, mais pour discuter de ce sujet, il leur faudrait plus de tranquillité. Hors ici les gens commençaient à s'affairer et se diriger vers les 'boites aux murmures', ou les confessionnaux comme les appelaient les profanes. Respirant profondément pour remplir ses poumons de l'air douloureusement froid, Irina ferma les yeux et continua.

« Je vous attendrai dans mon bureau afin que nous puissions nous entretenir sans être interrompues. Je partirai la première afin de ne pas attirer l'attention, si vous le voulez bien. Je trouverai un prétexte afin que l'on ne me pose pas de questions. Je suis sûre que vous pouvez faire de même. Que Kesha veille sur vous. »

Ainsi, sans d'autres fioritures que cette seule bénédiction rituelle, Irina se releva en s'appuyant sur son bâton et sortit. Avec la discrétion qui lui était habituelle elle avait remis sa capuche et disparut dans la foule, qui curieusement ne la regarda pas plus qu'une autre prêtresse. C'est donc en silence qu'elle se dirigea vers les longs couloirs immaculés, s'engouffrant dans l'aile privée du temple. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal, et un bon thé non plus. Quelques minutes lui suffiraient à tout préparer, et surtout à dissimuler le chaos horrible dans lequel était plongé son bureau. En espérant qu'Othello se présente à elle, et ne fuie pas dans les jupes de l'impératrice...
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMer 12 Déc - 12:21

C’est dans un silence glaçant que la sirène patienta dans la petite cabine alors que les pas de l’incendiaire s’éloignaient toujours un peu plus vers le lointain du couloir. Les chants s’étaient presque tus, le sermon s’était depuis longtemps envolé dans le néant de la nef, les chuchotement commençaient à grossir, toujours un peu plus, s’achevant en un brouhaha horrible. Alors que la foule commençait à se rependre dans l’édifice comme le ferait une maladie dans le vaste monde, la sirène blanche, toujours immobile, tâchait de guetter le meilleur moment pour s’enfuir dans la boîte à mystère. Seule son odeur d’embrun et d’océan envahissait la cabine, et les ténèbres avaient repris leurs place dans l’espace adjacent au sien. Elle savait ce qui allait arriver à présent, alors que le bruit des pas sur les pavés devenaient sournois et oppressant. Les pauvres âmes, prises de leur fausse folie mystique, allaient se précipiter vers les confessionnaux pour pouvoir se repentir, se confesser une unique fois qui leur servirait des années… Une goutte de pitié lui racla la gorge, comme l’aurait fait un alcool fort qui coulerait le long de sa trachée.

Pendant quelques secondes, elle laissa le silence envahir une dernière fois ses oreilles, avant que soudain n’éclate le vacarme dans le temple, amplifié par la forme sphérique du toit et l’immense caisse de résonnance formée par la bâtisse entière. La messe venait de se terminer probablement… Combien de temps était-elle restée assise là, à parler à la silhouette enflammée derrière ce manteau de bois? Le temps s’était écoulé de façon imperceptible, sans que l’hybride ne puisse en saisir une goutte. Tout était allé bien trop vite pour elle, et d’une même façon bien trop lentement. Les grognements réguliers et rauques provenant de devant la fine porte, seule frontière entre son corps fragile et le monde extérieur, ne pouvaient dire qu’une chose: Drasha s’était probablement endormi. Au moins, cela lui donnait un peu de temps avant qu’un simple n’entre dans la cabine. Personne n’oserait entrer avec un tigre qui garde l’entrée.

Les paroles d’Irina vinrent alors marteler sa mémoire. Son bureau… Où se situait-il déjà? Quelque part dans les méandres du lieu de culte… Il fallu quelques instants à la jeune femme pour localiser la porte inviolable de la flamboyante, un peu plus loin dans le dédale de couloir. Elle n’y avait jamais mis les pieds, et n’avait jamais fait vraiment attention à son existence. Après tout, le seul qu’elle connaissait et qu’elle n’eut jamais connu était celui d’Elerinna… A cette simple pensée, sa gorge se noua, se crispa même, dans une douloureuse tension. Elle n’avait jamais ressentis cela auparavant, pourtant elle ne pu s’empêcher de ressentir à présent une haine, un éclat de colère vive et profonde pour cette personne… Maintenant que tout était devenu claire, ce sentiment naissant était devenu un réflexe nouveau qu’elle devait maîtriser. Mais l’heur n’était pourtant pas à la révolution. Du moins, une révolution d’ombre, de celles que l’on prépare encore, qui sont trop jeunes pour pouvoir sortir au grand jour et déclencher sur leurs passages leur feu destructeur. Othello se leva silencieusement, détendant ses jambes engourdies. Il fallait qu’elle sorte de là, et vite…

Une fois qu’elle eut mis le pied dehors, le premier reflexe qu’elle eut fut de rabattre sa capuche sur ses cheveux blancs qu’elle laissa sortie devant elle. Peut-être était-ce inconscient, mais ils faisaient néanmoins un bon bouclier. Peu après, elle prit soin de baisser la température de plusieurs degrés autour d’elle. Il était moins à même que les gens ne viennent lui parler avec cette protection, et disparaitre dans la foule deviendrait ainsi un jeu d’enfant. Elle réveilla le tigre, et en quelques secondes, le fantôme blanc et son compagnon s’était évanouis dans la vague de croyants.
Ses pas n’étaient même pas audibles au milieu de ceux de tant de monde. La traversée de la nef se fit sans encombre, personne ne lui posa de questions, bien que de nombreux regards se posèrent sur elle. Plusieurs avaient tentés, mais la vue de l’imposant félin les avait probablement arrêté dans leur élan. Les yeux sombres de la jeune femme avaient dissuadés le reste. La porte du couloir n’était plus qu’à quelque mètre… Balayant son regard sur le toit de la foule, Othello s’assura qu’elle était suffisamment éloignée du piédestal maudit de la Grande Prêtresse pour pouvoir passé inaperçu. Après tout, ne venait elle pas de fuir toute une cérémonie? S’enfuir d’une horde d’hypocrite était bien un nouveau jeu d’enfant.

La porte se referma derrière elle dans un silence assassin. Tout se jouait à présent entre les longs couloirs vides et le duo livide qui venait de pénétrer l’endroit. Par où aller… Le regard de la sirène s’arrêta brusquement sur cette entrée blanche éclairée par la lune. Tout lui semblait si aliéné à présent… Jugeant qu’il s’était passé une bonne dizaine de minutes entre la dernière parole qu’elle avait reçut et sa présence dans le couloir, elle se décida finalement à avancer, s’engouffrant plus profondément dans le couloir.
A peine eut-elle déposer son pas léger sur le sol que la porte de bois derrière elle s’ouvrit en sursaut, laissant entrer une troupe de jeune prêtresse, se dandinant comme des oies et gloussant de la même façon que les odieux volatiles. Othello choisit de ne pas s’arrêter, ralentissant néanmoins le pas pour leur permettre de la dépasser. Un regard vers elles suffit à l’emplir d’un profond cynisme. Pour elle, tout cela n’était qu’un jeu d’apparat et de société. Les voilà qui vantaient le sermon merveilleux de la sindarine, s’enorgueillirent d’avoir attirer les regards de la foule alors que tout ce qu’elles avaient fait était de reprendre le même psaume encore et encore. La yorka se contenta de les regarder s’éloigner, les lèvres pincées si forts que le sang put en jaillir. Cela devait bien changer…

Après quelques autres minutes d’errance dans les couloirs, la voilà devant la fameuse porte. Elle n’était jamais rentrée en ce lieux. Mais il fallait bien une première fois à tout, après tout… Lentement, elle leva sa main vers le bois polis et l’y cogna trois fois, de façon à signaler sa présence. Sans autre cérémonie, elle patienta calmement, s’attendant à revoir, de vives yeux cette fois-ci, les cheveux de feu de la prêtresse de première ordre à qui elle venait de prêter serment.


// Encore désolée du retard ^^' //
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 14 Déc - 18:32

Le bureau d'Irina était un endroit aussi austère que ne l'était sa propriétaire, même si cela n'était pas du à son rangement. En fait c'était une pièce assez spacieuse que spartiate, son bureau de chêne massif étant uniquement fonctionnel et non ostentatoire. Il était simplement placé près de la fenêtre couverte par des rideaux blancs, dissimulant pour l'instant la vue sur les rues de Hellas. Étant donné qu'elle n'était pas la Haute Prêtresse, les seules choses qu'elle pouvait voir de là étaient les bas quartiers, les ruelles étroites de la zone pauvre de la ville. Cela lui importait peu... et en fait c'était plutôt plaisant de pouvoir avoir sous les yeux ceux qu'elle désirait protéger le plus. Les nobles et les aristocrates n'avaient pas besoin qu'on les défende, quand bien même ils soient tous égaux face à la maladie et la mort. C'était une des raisons pour lesquelles elle avait choisi ce métier et cette vocation. Elle avait la chance de pouvoir s'occuper autant des uns que des autres... Encore qu'il n'était pas un secret qu'elle était plus prompte à laisser les patients fortunés aux gens intéressés comme Elerinna. De toute façon elle passait trop d'heures sur le terrain pour pouvoir s'en charger correctement. Sa spécialité était la concoction de poisons et de leurs antidotes respectifs, et sur ce domaine aucune de ses consœurs ne lui arrivait à la cheville.

Par ailleurs il était de notoriété publique que la Vipérine n'était pas un médecin compatissant plus que de mesure. Elle était d'une efficacité enviable, mais son rapport avec les gens frisait la misanthropie. Désagréable, exigeante et froide, on faisait appel à elle dans les cas désespérés sans attendre de sa part une implication dans le domaine personnel, ce qui lui allait très bien. La vérité pourtant, était bien plus compliquée que ça... Et bien peu se donnaient la peine d'en chercher les tenants et aboutissants. Sa cruauté était réelle mais jamais gratuite, et Othello aurait le temps de s'en rendre compte. La différence première qu'elle noterait serait sûrement de remarquer qu'Irina, malgré ses nombreux défauts, ne se couvrait pas de faux semblants.

La Seconde Haute Prêtresse rangea sommairement le chaos de paperasse qui couvrait son bureau, et fit entrer Alix qui avait toqué rapidement. La jeune fille était son ombre et la suivait partout sans que cela n'étonne personne. Elle était sa première et principale apprentie, la plus douée et aussi la plus fidèle. La seule à avoir sa totale confiance, quand bien même Irina lui dissimule pas mal de choses afin de la préserver. Alix n'avait que 17 ans et de par sa nature innocente elle pouvait aisément être prise pour cible. Certaines précautions avaient donc paru indispensables à sa sécurité. Toutefois Irina prenait son jugement en compte et sa présence lors de sa conversation avec Othello n'était pas indésirable. Quitte à ce que les deux jeunes femmes doivent se côtoyer, autant que cela commence tout de suite.
Se levant pour faire une place prévue pour Drasha près de la cheminée, la rouquine poussa les quelques fauteuils de cuir non loin. C'étaient de vieux sièges mais ils étaient confortables, et après tout une chaleur dans cette nuit glaciale valait bien quelques efforts. Alix commença à leur servir un thé alors que Irina entendit toquer pour la seconde fois. Invitant la jeune prêtresse à entrer, elle lui demanda de s'asseoir.


Spoiler:

« Je suis heureuse de voir que vous avez accepté mon invitation. Pour tout vous dire, j'ai craint que vos fantômes ne vous rattrapent et ne vous rappellent de votre maîtresse. Mais je vous en prie, mettez vous à l'aise. »

Ici il n'y avait nul besoin de se dissimuler sous des capuches, de parler tout bas ou de se cacher. C'était un vrai soulagement, car les petits jeux et la mascarade commençaient à sérieusement l'irriter. Un peu de calme ne lui ferait pas de mal, c'était probablement le cas de la jeune Othello également.

« Je suis loin d'être une sainte, et jamais je ne tenterai de faire croire à pareil mensonge, mais je ne suis pas non plus le croque-mitaine que décrivent certains. Quoi qu'il en soit en soit j'espère que vous n'aurez jamais le sentiment d'avoir quitté un monstre pour un autre monstre. »

C'était une interrogation légitime, et à vrai dire Irina n'avait pas non plus de réponse toute faite. Avec les années et surtout avec l'influence grandissante de ses ténèbres intérieures, elle en venait à se poser de plus en plus de questions. Qui sait ce dont elle était vraiment capable pour remettre les prêtresses dans le droit chemin ? Peut être Alix en avait-elle une petite idée.
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeLun 17 Déc - 15:30

La porte s’ouvrit soudainement, soufflant une vague chaude d’air délicieux sur le visage gelé du poisson des glace, qui vit s’illuminer devant elle une pièce sécurisante et calme. Ses premiers coups d’œil allèrent vers la décoration plutôt spartiate, mais à la richesse évidente. Cependant, ils n’étaient pas là pour faire simplement rôle d’apparat, ils étaient plutôt exploités dans leur moindres recoins. Cette pensée l’apaisa, et elle choisit très vite d’en détourner les pensées. Après tout, son but n’était pas de visiter la pièce, mais d’y être présente. Le tigre s’engouffra bien vite, attiré par la chaleur, oubliant sa méfiance naturel et son besoin avide d’impressionner pour le confort douiller du sol devant la cheminée. S’avançant de quelques pas, la sirène aperçut très vite la flottante onde de feu qui lui adressa quelques mots. Alors qu’elle les écoutait d’une oreille, elle remarqua très vite la présence, plus surprenante, d’une deuxième protagoniste… Une jeune demoiselle debout à ses côtés, discrètes, à la chevelure d’un noir grisâtre qui lui allait bien aux yeux émeraudes pour un vêtement traditionnel. Son visage ne lui rappela rien au premier abord, puis les souvenirs commencèrent à affluer, les rencontres de regard dans les couloirs, et sa présence presque inévitable derrière la prêtresse de premier ordre.

La sirène la dévisagea quelques secondes, persuadée qu’elle devait à tout prix mémoriser ce visage, certaine qu’elle serait très prochainement amenée à le côtoyer bien souvent… Ces yeux verts, cette allure innocente, cette figure d’une pureté presque irréel. Elle ne devait pas être très âgée… Seize ans, dix-huit au plus, à peine sortie de l’adolescence… Elle n’était pas encore une adulte. L’ombre blanche, une fois que tous ces traits furent au mieux mémorisés, se retourna vers Irina qui lui adressait une nouvelle fois la parole. D’un geste, elle ferma la porte, se dirigeant vers un des larges fauteuils placés dans la salle, disparaissant dans le cuir moelleux, engloutie dans le confort qu’ils procuraient. Une simple secousse de tête fit glisser le drap qui recouvrait son crâne. Il coula le long de sa tignasse blanche, tombant sur sa cape dans un léger bruit de froissure. Ce vêtement n’était plus utile ici… Après tout, ils étaient en sécurité. Le félin avait l’air de se complaire également, mais il tenait tout de même à rester éveillé, levant ses yeux de glace vers la rouquine, ne perdant pas une miette de ses mots.
Son discours était simple mais vrai. Il ne fallait pas qu’elle se berce de la douce illusion que la jeune femme, assise devant elle, était une sainte innocente et immaculée. Sa réputation l’a précédait, et ses connaissances sur les liquides létales n’était pas à refaire. Même la sirène avait à apprendre de son art et de ses capacités, malgré son passé d’herboriste. Il ne faisait aucun doute qu’elle avait déjà tué. Le nombre de victime, quant à lui, devait rester dans l’ombre.

Pourtant, la sirène n’essayait pas de se masquer de nouveau dans un jeu de mensonges, d’idéaliser Irina en cet image de nymphe douce et troublé à la vue de la mort. Après tout, si elle nourrissait de tels sentiments, elle devait bien avoir les moyens de les nourrir… Et cet aspect de sa personnalité ne lui faisait en aucun cas peur. La sirène avait déjà tué elle-même, dés son plus jeune âge, bien avant son arrivée dans l’ordre. Elle connaissait par cœur la sensation d’aliénation que l’on a quand on hôte une vie, cette fissure brûlante et écœurante qui se forme dans le cœur avant de disparaitre aussi vite qu’elle est apparue, ce bruit brisant des os qui craquent, les muscles qui rompent ou les organes qui saignent dans un râle visqueux et gluant. Ses yeux marins avaient vu passer les morts comme une belle voit s’enchaîner les amants. Alors si Irina n’était pas une sainte, ce n’en était pas une qu’elle venait de prendre à son service. Cette nature sanguinaire n’importait que très peu à Othello, et elle respectait cet aspect d’elle comme tous les autres. Même, elle le préférait à l’hypocrisie d’Elerinna de ne jamais s’être elle-même salie les mains. Au moins elle avait eut le courage d’agir elle-même plutôt que de condamner les autres…

La jeune femme à ses côtés paraissaient pourtant plus mystérieuse. Mais comme à son habitude, le visage de porcelaine de l’hybride n’indiquait pas la moindre émotion. Regardant la flamboyante prêtresse, elle croisa ses mains et dit doucement de sa voix claire:


« - Je n’éprouverai en aucun cas un tel sentiment, madame. Après tout, ne sommes-nous pas tous monstres en ces lieux? Je doute en effet qu’ici bas les anges existent… » Son regard fut ensuite irrémédiablement attiré vers la jeune inconnue. « Ou alors, peut-être se cachent-ils dans d’audacieux déguisements… Quoique vous ayez fait, j‘ai mesuré mon choix et maintiens mes mots. Vous pouvez compter sur mon aide dans votre entreprise. ».

Une question se souleva pourtant dans les méandres de l’océan de son esprit. En quoi consistait cet entreprise? Elle ne savait encore rien du plan de la prêtresse de premier ordre, ni même de ses relations et de ses alliés. Au fond, cela lui importait peu. Elle savait que sa tâche serait proprement exécutée. Pourtant, elle était curieuse de savoir comment procéderait la Flamboyante pour remplacer l’irremplaçable. Quelque chose lui dit que la brune était dans le secret. Cette demoiselle était décidément bien mystérieuse… Pourtant, elle n’éprouvait envers elle aucune méfiance, aucuns sentiments mauvais. Au contraire, quelque chose chez elle la poussait à lui faire confiance. Plus les secondes passaient, plus la sirène était persuadée d’avoir pris la bonne décision… Elle avait eut bien raison de s’engouffrer dans ce confessionnal ce soir là. Redressant ses yeux et son dos, elle poursuivie, une de ses mèches courant sur le sol agitée régulièrement par le souffle chaud du félin au sol, dont l’ombre d’un râle apaisé montrait la confiance.

« - Vos desseins sont honorables… Mais ils nécessitent un engrenage parfaitement calculé, et des protagonistes fidèles. Peut-être mes pensées vont-elles trop loin… Mais comment comptez-vous procéder? »

Son ton était serein et calme, et aucune peur, aucune immodestie n’était perceptible dans ses mots. Sagement assise, la sirène regarda les deux femmes, prêtes à être maintenue dans l’ignorance si tel était leur choix, comme à être intégrée au secret. Elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps une telle sensation: celle de la noblesse de participer à un combat, et peut-être même de la remporter…

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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMar 25 Déc - 7:36

Irina ne savait pas quel lien unissait Othello à Drasha, et elle ne le comprendrait sûrement pas même si elle le connaissait. Cependant elle respectait leur amitié, quelle que puisse en être la source. Après tout elle était assez mal placée pour donner des leçons ou trouver cela bizarre. Raven était peut être plus petit, moins poilu et plus discret mais il n'en demeurait pas moins un animal. La plupart des gens ignorait jusqu'à son existence ou son lien avec la prêtresse, et la plupart aurait jugé la situation macabre. Après tout qui se liait d'amitié avec un corbeau, un symbole de mauvais présage ? Quelqu'un d'aussi funeste et sombre que lui, leur répondrait-elle si elle avait pu. Mais qu'importe. Leur opinion ne pouvait l'influencer et encore moins à ce sujet. Raven n'était pas plus idiot ou plus malfaisant que certains humains. Il était dénué de ténèbres ou d'intentions rationnelles complexes. Il était intelligent mais avait une façon de voir les choses bien à lui, une vision qu'il lui avait partiellement transmise, mais qu'elle ne comprenait pas toujours.

De la même façon, Irina avait beaucoup appris auprès de la jeune Alix, qui pourtant était presque deux fois plus jeune. Seulement qu'elle le veuille ou non l'adolescente n'était pas comme les autres, ce qui justifiait qu'elle soit son apprentie depuis son admission à l'Ordre. Le fait qu'elle ait souvent été -et continue parfois d'être- rabrouée par ses homologues ne faisait que renforcer sa conviction que cette demoiselle portait une partie importante de l'avenir de Cimméria sur les épaules. Solitaire, docile et surtout capable malgré un handicap qui en aurait découragé plus d'une, Alix était un exemple de pureté pour celle qui était la deuxième dans la hiérarchie. En effet le fait qu'elle soit muette n'avait jamais compromis ses capacités d'apprentissage, sa foi ou son dévouement aux malades, et au stade d'apprentie c'était tout ce qui importait.
C'était aussi pour ces qualités que sa sécurité et préservation étaient sa seconde priorité, juste derrière l'évincement d'Elerinna du pouvoir. Au fin fond de son cœur il y avait un pressentiment, un espoir insensé de voir un jour Alix devenir une femme aussi immaculée que décidée, aussi fière que juste. Si la Déesse le voulait et lui donnait sa bénédiction, alors peut-être un jour pourrait-elle devenir la prochaine Haute Prêtresse. Ce n'était pas une position qu'Irina convoite pour elle-même, ou du moins pas plus de temps que nécessaire. Ses prévisions à ce sujet consistaient simplement à faire le sale boulot, purger leurs rangs et céder rapidement sa place dès que quelqu'un de digne se présenterait. Si il lui était donné de vivre jusque là, alors elle continuerait de veiller sur la nouvelle Gardienne dans l'ombre, œuvrant autant que nécessaire et peu importent les moyens. Mais cela, elle ne l'expliquerait pas encore à Othello. C'était trop tôt, et chaque chose devait venir en son temps. Pour commencer, il leur faudrait le temps de préparer le terrain.


« Oui c'est vrai. Nous sommes des monstres plus ou moins doués pour nous déguiser et passer inaperçus. Je ne crois pas aux Anges tels que les décrit la plupart des gens. Je pense par contre que certaines personnes peuvent s'en rapprocher par leur bonté et leur pureté, si ils ont suffisamment protégés, suffisamment épargnés. Même les plus bien intentionnés peuvent mal tourner si ils sont mal aiguillés, après tout. »
L'observation valait pour de nombreux cas, le sien y compris. Elle qui n'avait été qu'une simple gamine des rues incapable de faire du mal gratuitement était devenue une femme impitoyable, capable de tuer de sang froid sans le moindre remords. Le fait qu'elle ait ses raisons n'excusait en rien ses actes aux yeux de Kesha, et elle le savait. En outre sa remarque valait aussi pour Othello, qui aveuglée par l'autorité d'Elerinna avait sûrement exécuté des tâches illégales voire immorales. Employer les autres comme des pions c'était son passe-temps préféré après tout...

Les yeux de la Serpentine suivirent Alix qui, sans un bruit avait pris place à leurs côtés sur l'un des vieux canapés. D'un air secrètement protecteur, elle observa la manière que cette dernière avait d'étudier Othello, avant que son regard ne soit finalement fasciné par la force tranquille du tigre qui se reposait. Son habituelle lubie pour les animaux... Qu'elle peinait tant bien que mal à refréner. Irina sourit amusée, mais ne la réprimanda pas. Tant qu'elle se tenait à distance, tout devrait bien se passer. Drasha n'avait pas de raisons de se sentir menacé.


« Tu veux bien nous servir le thé, s'il te plaît ? »

C'était une demande très cordiale venant de quelqu'un d'aussi habitué à donner des ordres qu'Irina, la preuve que même en ce domaine, son apprentie était différente. D'un autre côté c'est avec calme mais un sourire que la jeune fille se leva et répartit la boisson chaude dans trois tasses propres mais qui avaient connu de meilleurs jours. Tandis qu'elle la regardait faire, Irina continua.

« Alix n'est pas douée de parole, et ce depuis la naissance. Ne vous attendez donc pas à ce qu'elle se présente ou qu'elle entretienne de longues conversations. Seuls quelques mots sont compréhensibles et cela lui demande beaucoup d'efforts. C'est pour cela que nous avons développé un langage basé sur les signes. Par ce moyen nous pouvons communiquer sans limitations. C'est aussi un langage que nous avons appris à quelques malades manifestant le même type de contraintes. Enfin... Si vous voulez apprendre aussi, je suis sûre qu'Alix se fera un plaisir de vous initier. »

Son attention se porta sur le feu pendant quelques minutes, sa profonde rougeur apaisant son esprit tourmenté. La question soulevée par la jeune yorkas était non seulement pertinente mais aussi légitime. Les ambitions qui lui avaient été évoquées étaient grandes, alors naturellement elle se demandait comment tout cela pouvait prendre forme de manière concrète. Il serait injuste de l'en blâmer. En fait c'était assez rassurant qu'elle s'enquière de ses projets. C'était le signe que sa façon voir les choses était en train de changer. Elle ne se fiait plus simplement à de belles paroles qui pourraient s'avérer trompeuses. Au moins ne tomberait-elle plus aussi facilement dans les sornettes de gens comme la Grande Prêtresse.

« Comme vous devez l'imaginer, il est très difficile, voire impossible de faire des plans avec beaucoup d'avance. Nous nous livrons à une guerre sans merci, et dans ce genre de situations il est plus sage de s'adapter aux événements au fur et à mesure qu'ils surgissent plutôt que d'échafauder des stratégies qui ne verront peut être jamais le jour. »

La rouquine fit une pause dans son explication, recevant une tasse de thé chaud. Laissant la chaleur se diffuser agréablement à travers ses mains, elle regardait désormais son interlocutrice avec franchise. En ce rare moment de calme elle était prête à répondre aux questions qui se présenteraient tant que cela restait à sa portée. Il n'était pas question de tout lui révéler sans être sûre de sa loyauté, mais lui expliquer comment les choses fonctionnaient ne représentait pas un grand risque. Ce n'était pas un secret après tout.

« J'ai pour habitude de voir l'Ordre comme une grande maison. Ce à quoi nous aspirons est de rétablir sa splendeur, pourvoir nous enorgueillir de sa propreté et de son rangement irréprochables. Cependant à mon sens ce genre d'opérations n'est pas possible à l'heure actuelle. Tant que la maîtresse de maison ne fera pas le nécessaire, rien ne changera, ou du moins pas sur le long terme. » Elle soupira.  « Par conséquent avant de nous préoccuper de la décoration et des finitions, il faudrait nous pencher sur la solidité des fondations, nous assurer qu'il n'y a pas de vices cachés dont nous ignorons encore l'existence. »

Irina prit une longue gorgée de son thé, sentant son corps se réchauffer. « Il m'est avis que nous devons établir une influence sur la formation des jeunes arrivées. Que nous devons ouvrir les yeux à celles qui sont encore prisonnières de la marionnettiste. Qu'il est de notre devoir de rétablir un culte honnête et dénué de jeux politiques. Avant de penser à une façon définitive de l'écarter, je veux que nous préparions le terrain. Les coups d'éclat de notre part peuvent par ailleurs favoriser notre situation, et donner aux doyennes des raisons de remettre son règne de terreur en question. » Levant les yeux, elle employa le même ton calme mais direct que la sirène. « Qu'en pensez-vous ? »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 28 Déc - 1:50

Les yeux bleus du tigre affalé devant l’entre de la cheminée suivirent lentement la silhouette de la mystérieuse adolescente s’affairer dans la pièce, sa théière dans la main. Cette image était amusante, mais ne parvint pas à la sortir de sa lourde torpeur, et il ne tarda pas à reposer de nouveau sa tête de félin sur ses pâtes puissantes, croisées devant lui à l’occasion. Alors comme ça, Alix était muette… L’hybride la regarda également aller entre les tasses alors que ses oreilles en pointes s’abreuvaient des paroles de sa supérieur. Ce n’était pas la première fois qu’elle rencontrait une personne atteinte de ce handicap… Mais c’était pourtant la première fois qu’elle en voyait une qui avait si bien tourné. La plupart des gens aphone qu’elle avait vu étaient cloîtrés, seuls, et malmenés par les autres. Cette jeune demoiselle semblait au contraire être tout ce qu’il y a de plus charmant et courtois. C’était une vision des plus polie qu’elle offrait, se faufilant habilement pour verser l’herborisant liquide dans les tasses. Othello lui sourit chaleureusement quand elle sentit sous ses doigts la chaleur se diffuser.

« - C’est avec plaisir que je me plierait à l’apprentissage de ce langage. Pouvoir communiquer ainsi à l’air d’être un exercice fascinant, qui plus est dans les soins que nous pratiquons. Je serais ravie de devenir votre élève, Alix. » Répondit-elle simplement.

Le vouvoiement pour une personne plus jeune qu’elle pouvait dans bien des aspects sembler obscur. Pourtant, la sirène tutoyait rarement ses pairs, même de quelques années ses cadettes. Seuls ses plus proches amis étaient gratifiés de ce surnom, ou ceux qui souhaitaient son emploie. Pour l’instant, elle choisit de se maintenir à cette forme de dialogue, ignorant tout des uses et coutumes qu’elle devait suivre au cœur de ce bureau.
Alors qu’elle arborait encore un sourire amusé sur le visage, regardant faire la jeune prêtresse, elle fut ramener à la sérieuse réalité par la femme de feu assise en face d’elle. Son visage s’apaisa, devint de nouveau aussi sérieux qu’à son habitude, attentif, même, buvant toutes les paroles qui s’offraient à elle. Si elle voulait être de la moindre utilité dans ses desseins, alors elle se devait d’en comprendre les mécanismes. Dés le commencement, il lui parut que seul les rouages les plus apparents lui seraient révéler en cette discrète réunion. C’était parfaitement légitime, pensa-t-elle. Arriver ainsi sur le fait, un soir de messe après une discussion des plus secrètes et imprévue dans un lieu réserver habituellement à la prière, ce n’était peut-être pas la meilleure façon de se voir accorder une confiance. Cependant, l’hybride désirait bel et bien se la voir accorder, et cela passer par nombre d’épreuves et de questions auxquels elle se plierait corps et âme.

Un silence d’or se fit rapidement, laissant l’espace raisonner des paroles sages d’Irina. Othello n’en manquait pas une miette, hochant la tête de temps en temps quand surgissait une vérité irréfutable dont elle comprenait l’ampleur. Ainsi, l’évincement de la sylvestre n’était pas encore planifié, bien qu’étant le but ultime de ce complot… C’était finement joué. Bien évidemment, un plan de cet envergure demanderait très probablement un certain temps pour aboutir à une réussite. Comme d’un plan imparable et d’acteurs entraînés. Cependant, comme elle s’empressa de le souligner, il demandait autre chose… Une armée. Après tout, on ne part pas en guerre sans soldat. Et c’était de soldat qu’Irina semblait manquer.

Cette tâche s’avérait difficile. Othello connaissait bien les jeunes arrivantes pour en avoir était une quelques années auparavant. Les jeunes femmes entrant dans l’ordre sont bercées par les légendes que l’on souffle sur ces femmes charmantes et douces qui offrent de leur bonté aux autres. C’est cette image qu’elle recherche lors de leur entrée dans l’ordre. Bien sûr, elles sont nombreuses à véhiculer cet image de pureté et de grandeur d’âme, et revêtissent hypocritement ce même sourire charmeur qu’elles distribuent sans vergogne aux pauvres et aux malades, alors qu’une fois le soir venu, seuls les plus vicieux des rictus agitent leur peau. Bien sûr, certaine d’entre elles sont réellement bienveillante et chaste, véritablement animée de ce désir de générosité plutôt que de la fougue de l’apparat. Ces saintes étaient les plus dangereuse, pour être les plus manipulables. Othello s’était ainsi vue prise au piège, enfermée sans cesse dans la petite pièce qui la condamnait toujours un peu plus à recouvrir ses mains blanches de sang et de honte. Comment dire non à la représentante directe de la déesse?

Pourtant, c’était ces jeunes femmes qui devaient être d’abord sauvées de ses griffes acérées. Leurs oreilles, étant grandes ouvertes, comprendraient peut-être l’ampleur de ce message. Pourtant, le danger subsistait quand même. Le risque qu’elle s’en aille soupirer des mots regrettables à la sindarine était grand… Peut-être même trop grand pour être utilisé ainsi… Il fallait donc, pour être efficace, les choisir avec habileté et attention, connaître leur passé et leur motivation tout cela avant que la Haute-Prêtresse ne se les soie appropriés, et qu’elles viennent tristement garnir le rang de ses poupées de chiffons. Le tout était d’être efficace… Un arrière-goût amer racla le fond de la gorge de la dame blanche qui se trouva mis en face d’un de ses plus cruels défauts. Elle n’avait jamais été particulièrement charismatique auprès des foules, et bien qu’elle soit assez capable pour jouer aisément la comédie, et simuler les émotions avec brio, devoir captiver les masses de jeunes femmes et adolescentes ayant à peine prêter serment l’effrayer un peu. Elle serait peut-être plus efficace en leur parlant seul à seul… Mais pour l’instant, rien n’était encore fait… Ou peut-être tout cela était déjà entamé?

« - C’est une décision sage et habile. Hypnotisez la court d’un roi, et il se retrouvera sans peuple. Si nous parvenons à désenvoûter les plus récentes de nos sœurs, si elles voient la vérité, peut-être pourrions nous avoir une chance de réduire l’influence d’Elerinna et d’augmenter le nombre de vos partisans. » Souffla-t-elle, laissant entendre des fragments d’admiration. « Mais alors, l’emprise qu’elle aura sur ses favorites et sur les pauvres de nos consœurs tombées dans ses filets ne se fera que plus forte… »

Pinçant légèrement sa lèvre, elle soupira très faiblement, dans un murmure glacé à peine audible. Sans chercher à contredire quoique ce soit, car elle approuvait chacun des points, elle s’empressa d’ajouter:


« - Si nous avançons dans ce sens, en prenant soin de ne pas blâmer le secret qui nous lie, nous avons de grandes chances de voir vos desseins réalisés. » Finit Othello, sur le point de conclure quand une nouvelle question vint perturber son esprit, dernière pierre de puzzle qui lui permettrait de comprendre l’ampleur du projet dans lequel elle venait de plonger. « Peut-être est-ce trop vous demander… Mais combien de partisans avez-vous à présent? »

Elle avait dit ceci dans la plus grande innocence, parlant sans même réfléchir et laissant pour une fois son instinct prendre le dessus. Pourtant, une fois que les mots eurent quitter ses lèvres, elle se rendit compte de l’erreur qu’elle venait de commettre. Alors qu’elle l’avait demandé par simple curiosité pour se rendre compte de ce dessein, cela pouvait peut-être sonner comme quelque chose de méfiant… Alors qu’elle n’avait en aucun cas l’idée de fournir des informations à la marionnettiste, elle fut soudainement effrayée qu’Irina le croit… Se mordant discrètement l’intérieur des joues, elle resta de marbre et observa avec attention sa réaction, espérant profondément ne pas voir s’embraser la flamboyante.
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 11 Jan - 5:45

Selon le point de vue -assez discutable certes- d'Irina, Alix n'était pas plus handicapée qu'une autre jeune fille de son âge. À ses yeux le caractère d'une personne était bien plus souvent une source de problèmes que le fait qu'un de ses sens soit défaillant. De la même façon ses enseignements bien qu'adaptés à la condition de l'adolescente, ne la favorisaient en rien par rapport à ses pairs. Si d'un côté les moyens de pallier à ses difficultés lui étaient donnés, d'un autre côté elle se devait d'effectuer les mêmes tâches et d'obtenir des résultats jugés satisfaisants. Y parvenir était déjà un exploit en soi, étant donnée la nature exigeante voire intransigeante de sa maîtresse.

Pourtant allant et venant, Alix ne semblait pas du tout trahir la pression à laquelle elle était assujettie. D'elle se dégageait un calme olympien presque anormal, ainsi qu'une candeur profonde. Ses dons d'oracle y étaient sûrement pour beaucoup, mais peut être ne se rendait-elle pas non plus compte de la noirceur qui rongeait Irina. Ou peut être que si, justement...
Cette dernière sourit sincèrement à Othello, acquiesçant pour lui signifier qu'elle acceptait de lui apprendre le langage des signes. À vrai dire elle n'aurait jamais refusé de partager son savoir avec ses consœurs, seulement aucune d'entre elles, hormis peut être Kenosha, n'avait daigné prendre son temps, et étudier. Quoi qu'il en soit la jeune fille finit de les servir, remplissant sa tasse en dernier, puis prit place, sagement assise près d'elles. Elle ignorait pourquoi Irina lui avait demandé d'être présente, mais elle se dit qu'elle finirait bien par le découvrir en temps voulu.

La serpentine avait ainsi exposé une partie de sa façon de voir les choses, de l'avenir qu'elle voulait pour l'Ordre. Le tout était certes logique, mais certaines parties en devenaient idéalistes et elle le savait. Notamment pour ce qui était de séparer Cimméria des jeux politiques. Ce n'était somme toute pas possible, ou du moins pas dans le futur proche. Le fait est qu'avoir vu quels démons se cachaient derrière la noblesse -dont elle avait de toute façon horreur- avait cimenté des convictions d'autant plus profondes. Couper les liens totalement était impossible, mais limiter leur impact et dépendre le moins possible des politiciens et autres gens fortunés était un mal nécessaire. L'image d'un Ision Lorindiar se frottant les mains à l'idée de profiter de leurs faiblesses lui en fit froid dans le dos. Il y avait en ce bas mondes des menaces qui feraient passer Elerinna pour une grotesque amatrice.


« Pas forcément. Comme je l'ai dit précédemment il n'est pas question de les libérer de leur cage dorée pour les emprisonner d'une autre façon. Seulement si nous leur faisons prendre conscience de la présence des barreaux, peut être cela amorcera-t-il un début de changement. Le reste dépendra d'elles... Car si elles n'ouvrent pas les yeux, je ne pourrai que les écarter avec l'enchanteresse. »

De plus avec un peu de chance leur désertion de ses rangs créerait assez de désordre pour faire diversion. Plus le doute serait semé, plus il se propagerait rapidement, tel un violent feu de paille. Si besoin en était, elle serait le vent pour l'encourager, car certains sacrifices ne pouvaient attendre le bon sens. Mais pour ce qui était de la prise de conscience, Othello serait sûrement plus douée qu'elle ne pensait, peut être même meilleure qu'elle, mieux placée pour parler par expérience.

« Ne semblez pas si inquiète. Si il est question de convaincre une masse de personnes, rien n'oblige à ce que l'on les interpelle en groupe. En fait je pense qu'il vaut mieux procéder avec prudence, grain par grain, centimètre par centimètre. Gagner du terrain est une entreprise longue et difficile, mais je suis certaine que nous pouvons y parvenir. »

Cette 'conversion' était bien entendu déjà en cours, seulement le temps manquait à Irina pour s'en charger personnellement. Alix quant à elle était assez limitée pour des raisons évidentes. D'autres prêtresses œuvraient à la tâche... mais tout cela lui paraissait trop lent. Car hélas le facteur temps était venu perturber cette partie d'échecs déjà for disputée. L'état de santé de la rouquine déclinait de plus en plus au fur et à mesure des mois, et bien que cela soit un secret total, il était clair qu'elle ne pourrait pas toujours maintenir les apparences. Son regard se perdit dans le vague, avant qu'elle ne revienne à la réalité au son de la voix de la Yorkas.
La question était légitime et assez prévisible, même si elle n'avait pas cru qu'elle adviendrait si tôt. D'un autre côté elle ne pouvait blâmer son invitée pour sa prudence. Au départ ce fut une réponse évasive et vague qui lui vint à l'esprit, mais finalement elle décida de répondre honnêtement. Elle jouerait franc-jeu dans la mesure du possible, et verrait quel était le résultat. Il n'était jamais trop tard pour se rétracter après tout.


« Environs la moitié de l'Ordre et la plupart des Doyennes ont désormais les yeux ouverts. »

Un peu moins de la moitié des prêtresses exerçant ce n'était toujours pas suffisant, mais c'était un nombre plus que respectable pour envisager sérieusement un renversement. De plus les Doyennes étaient un poids non négligeable dans la balance. Trop longtemps délaissées et écartées parce que jugées dangereuses pour le règne sans partage d'Elerinna, de nombreuses anciennes attendaient de prendre leur revanche, et de voir un jour l'Ordre retrouver sa splendeur.
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMer 16 Jan - 1:45

Perdues dans une pièce éloignée dans un édifice aussi froid qu’austère, les trois femmes semblaient s’unir petit à petit dans un des liens les plus puissants qui soient : ceux du complot. De temps en temps, la porte vibrait, agitée par les pas pressés d’une autre sœur dans le couloir, probablement agitée par l’effervescence qui régnait dans le temple depuis que la messe de minuit s’était achevée. La femme de glace resta silencieuse pendant de nombreux instants, ayant l’air de se perdre dans le dédale de ses pensées. Après tout, n’était-ce pas légitime ? Elle écoutait la réponse de la flamboyante, prenant après le temps de méditer sur l’impact de ces paroles. Elle ne semblait pas méfiante face à ses propos comme l’aurait pu l’être de nombreux autres, montrant qu’au-delà du caractère de feu qu’on lui conférait, elle était une femme de clémence. La sirène avait eu peur, pendant quelques instants, de ne pas bénéficier de cette confiance, mettant en péril ses ambitions toutes nouvelles de servir dans ce dessein, lui paraissant soudainement bien plus pure et noble que tout ce qu’elle avait accomplis jusqu’ici. Et jusqu’ici, elle s’était envolée de surprise en surprise, et le plan de la femme de feu paraissait s’épanouir sous les meilleurs augures.

Un soupir discret s’échappa des lèvres orangées de la femme-poisson, un chaleureux souffle de surprise face à ce nombre important. La moitié de l’ordre… Mais surtout, les doyennes. Bien que, comparée à certains groupes, leur nombre n’était pas des plus retentissants, savoir qu’elle pourrait le moment venu compter sur une partie aussi grande de leur effectif était une merveilleuse chose à entendre. Cependant, son enthousiasme comme les battements de son cœur retombèrent bien vite, disparaissant de nouveau vers les chairs de sa poitrine. Si elles étaient convaincues, c’est qu’elle l’avait été par quelqu’un. Si les doyennes avait la vertu et la noblesse de pouvoir parler par expérience, les nouvelles recrue, elle, ne connaissait encore rien de l’immondice qui régnait en ces lieux. Que pouvaient-elles connaître de tout ça, après tout, elle qui n’avait d’yeux que pour les femmes de grandes pureté dont on vante les mérites dans la contrée ? Les histoires des prêtresses sont nombreuses à être racontées. Celles des exécutrices et des poupées le sont beaucoup moins… La jeune femme se mordit légèrement l’épais morceau de chair rougit qui lui servait de lèvre inférieur, sentant bientôt un filet de liquide rouge s’unir à sa salive. Ce qu’elle avait vue, elle ne voulait pas que les nouvelles âmes le voix aussi.

Soudainement, son regard se braqua vers Alix. Cette jeune fille… Jusqu’où avait-elle été impliquée dans l’ordre ? Que savait-elle des mécanismes sanguinolents qui régissaient leur organisation ? La sirène, habituellement neutre, lavée naturellement de tout sentiment violent fut prise d’une peur profonde, celle de la voir tomber dans les mains de la grande Illusionniste, violée jusque dans son âme par des actes immondes et répugnants. Il en valait d’elle et de toute ses jeunes sœurs, toujours plus nombreuses à entrer, et à s’enorgueillir du blason des prêtresses. Bien sûr, elles étaient beaucoup à ne pas avoir une once de foie, à être présente pour l’unique forme du métier, faire bonne figure pour leur famille, pour les croyant venant au temple, pour avoir le simple privilège de se vanter représentante de Kesha en ces terres. Mais d’autre avait le cœur pur, un crystal qui devait à tout prix être protégé.


« - C’est un nombre tout à fait respectable, surtout si vos mots ont pu toucher nos sœurs passées. Ce sont elles qui ont jadis construit notre histoire, et leurs paroles valent bien plus que beaucoup des biens qu’Elerinna tente de s’approprier. »

Après une minute, peut-être un peu plus d’un silence froid et sacré, Othello finit par sortir de sa torpeur, essayant de clarifier son rôle auprès de la flamboyante. Pour la sirène, ses avantages comme ses lacunes étaient lucides : elle n’avait jamais était une bonne oratrice, et parler à une foule de jeune femme lui serait une tâche bien dure. De même, elle n’avait pas une force de caractère aussi puissante et conquérante que celle de la prêtresse de premier ordre. Elle n’en avait jamais douté, elle n’était pas des décisionnaires, et ne sera probablement jamais de celle qui mettent au point les stratagèmes, surtout de ceux qui les approuvent. L’hybride était des ombres, des visages effacés qui ne marquant pas, qui disparaissent des mémoires pour aller affronter des géants sans que personne ne le sache. Elle était un soldat qui applique à la lettre le plan qu’on lui a confier. Sentant le froid autour d’elle, elle chercha le tigre du regard avant de regarder de nouveau Irina, majestueusement assise, ses cheveux brillant entre deux bruns de vapeur s’échappant du thé.
Mais si elle n’était pas des femmes qui parlent et conquièrent par leurs mots, elle était de celle qui murmure et qui chuchote, qui diffuse les idées. Qui récoltent les secrets. Cette guerre était loin d’être un combat au sens propre, et la sirène écarta bien vite toute idée d’affrontement, éloignant alors ses pouvoirs, bien plus pratique que mentaux. Ses pensées s’arrêtèrent tout à coup, arrêté par la graine d’un souvenir qu’elle avait il y a longtemps oublié. Si elle maîtrisait la glace comme un second membre, elle pouvait aussi faire naître chez ses congénères les plus vicieuses des illusions, comme les plus douces. L’esquisse d’un sourire se dessina au coin de ses lèvres : dans une guerre d’esprit, cette capacité lui serait utile.


« - Jamais je n’eus l’orgueil d’être une femme brillante en société… Mais je pourrais vous aider à convaincre nos sœurs du mieux que je le pourrais. Seule chuchoteuse, je vous serais plus efficace. De même, je remets toutes mes capacités entre vos mains. » Dit-elle calmement, avant de renchérir. « Certaines âmes de notre ordre doivent être protégées des ficelles de la marionnettiste. Je crois qu’aujourd’hui, vous êtes la seule qui puisse les couper. »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMer 23 Jan - 13:28

Si Othello représentait sans mal l'élément aquatique de par sa nature yorkas comme de par son caractère, Irina était quand à elle plutôt liée aux flammes. Mais contrairement à certaines situations qui exigeaient d'elle une présence et une énergie ardentes, en ce moment elle se faisait calme et posée. Des braises chaudes qui pouvaient être généreuses pour quiconque savait les approcher avec précaution. Ainsi était la serpentine... Un feu sauvage couvant sous les glaces de Cimméria. C'était à s'en demander comment elle avait pu survivre dans un milieu si opposé à ce qu'elle était, si hostile parfois. C'était un mystère pour la première concernée, qui n'avait toujours pas réussi à comprendre pourquoi elle tenait plus à Hellas qu'à n'importe quel autre endroit de ce monde. Ce n'était pas faute de ne pas en avoir découvert les parties les plus rayonnantes, comme les plus sombres... Mais parfois la beauté des choses siégeait là où l'on l'attendait le moins.

Ses prunelles émeraude se posèrent sur les flammes crépitant calmement dans la cheminée, son expression se faisant un peu confuse. Tant de choses tournoyaient dans sa tête, qu'il était de plus en plus compliqué de maintenir son habituel masque d'indifférence et de mépris. Faisant tourner Exanimis à son doigt d'un geste machinal, la jeune femme avait laissé ses mots faire leur petit effet, le temps qu'Othello les intègre. D'un autre côté si elle avait des doutes, ce n'était rien d'autre qu'un questionnement personnel totalement dissocié de sa conviction inébranlable au sujet de l'avenir qu'elle souhaitait offrir à l'ordre.
L'espace d'un instant Alix porta sur elle un regard inquiet, même si elle ne bougea pas de son siège, ni ne changea de posture. L'adolescente connaissait sa mentor mieux que personne, et savait qu'un geste de compréhension de sa part serait mal perçu en ce moment précis. Ce n'était ni le lieu ni l'heure, d'autant plus que cet entretien était important. La petite brune servit un peu plus de thé à celles qui en voulaient sans se mêler de la conversation, surprenant toutefois un regard appuyé d'Othello. La parole lui manquait peut être, mais de nombreuses autres qualités la compensaient, et le sens de l'observation en faisait partie.


« Autant que les autres sœurs si ce n'est plus, les Doyennes sont intérieurement révoltées d'avoir été écartées. J'imagine qu'Elerinna a peur de leur influence, ou peur que l'un d'entre elles, plus expérimentées et plus puissante, ne vienne balayer sa suprématie. Seulement au delà de ses craintes mégalomanes, ces femmes sont parmi ce que nous avons de plus précieux. Elles sont la voix de la sagesse. »

Irina n'avait pas oubliée ce fameux jour, il y a bien des années, lorsque la Grande Prêtresse avait été trouvée inanimée dans ses appartements. C'était avant que ne survienne la rivalité entre Elerinna et Alana, qui était pressentie pour ce poste. Étant donné l'âge avancé de la Grande Prêtresse de l'époque, sa mort fut donnée comme étant naturelle et personne ne chercha plus de détails. Seulement Alana avait immédiatement nourri des soupçons concernant cette disparition soudaine, et Irina avait rapidement partagé son scepticisme. Jusqu'à ce jour rien n'avait été prouvé, naturellement, mais en bonne gardienne de l'Ordre, Irina n'oubliait pas. Si elle avait longtemps joué les subordonnées bornées mais obéissantes envers la Marionnettiste, ces temps de mensonge étaient terminés. Ce n'était pas parce qu'Alana avait été assassinée à son tour qu'elle baisserait les bras, au contraire. Sa force serait la faiblesse de ses idoles passées. Toutes les personnes qu'Elerinna avait déchues et piétinées se relèveraient un jour, et lui rendraient la monnaie de sa pièce.

Finalement le regard de la rouquine se reporta sur son invitée, alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle venait de dire. D'une certaine façon elles se ressemblaient... Ou tout du moins pour ce qui était de la façon de se comporter en société. Irina n'avait jamais été quelqu'un de populaire, et encore moins de sociable. Elle était profondément asociale, misanthrope et ne ressentait pas la moindre empathie pour ses patients. Ou du moins c'était là l'attitude qu'elle avait toujours eue envers eux, pour les protéger et surtout pour se protéger elle-même des horreurs du quotidien. Au final elle s'était persuadée que plus rien ne pouvait l'atteindre, et c'était partiellement vrai. Mais se croire à l'abri était une erreur et cela donnait lieu à des ouvertures dans son armure dont elle ne pouvait se permettre l'existence.
Jamais elle n'avait ne fusse qu'imaginé devoir prendre la parole, présider à des cérémonies, ou encore mener une espèce de résistance, de soulèvement au sein même des prêtresses. Toutefois il y avait des choses qu'on ne choisit pas, et ce changement en faisait partie. Elle n'était pas la leader qu'il fallait à Cimméria... Mais seulement la personnification du combat qu'il fallait mener. Le prestige, les honneurs, la gloire et tout ce qui s'en suit ne l'intéressaient absolument pas... Ce n'était rien d'autre qu'un fardeau à porter le temps de trouver quelqu'un de plus capable. C'était un véritable sacrifice que de se tenir sous les feux des projecteurs plutôt que de faire ce qu'elle aimait : pratiquer la médecine. Son raisonnement lui disait donc que si quelqu'un d'aussi ténébreux, si quelqu'un d'aussi souillé par le pêché qu'elle pouvait trouver la volonté de changer les choses, alors Othello pouvait sans nul d'autre y arriver.


« Je ne suis pas la seule qui puisse les couper, et il ne faut pas douter du fait que si je viens à tomber, quelqu'un d'autre devra continuer à ma place. » Il y avait une certaine froideur dans sa voix, non dirigée contre son interlocutrice, mais seulement à l'idée de mourir sans accomplir son but, devenu sa raison de vivre. « L'idée m'est encore un peu étrange, mais ceci n'est plus seulement un duel, et c'est mieux comme ça. Je ne peux tout accomplir seule par ma seule force, ni par ma seule volonté. Si cela suffisait, cela ferait bien longtemps que les choses seraient rentrées dans l'ordre naturel. Cela ferait bien longtemps qu'elle serait morte. »

Les mots étaient crus et forts, mais c'était le fond de sa pensée. Ce n'était un secret que pour les prêtresses elles-mêmes, car pour la Haute Prêtresse et son bras droit, les choses étaient très claires, bien que jamais prononcées tout haut. Elles rêvaient de pouvoir se tuer l'une l'autre, et la seule chose qui les en empêchait encore, c'était l'idée de devoir croupir en prison et perdre le contrôle de l'Ordre. Sarcastique, Irina sourit légèrement. Son but n'était pas d'effrayer Othello, mais elle ne lui en voudrait pas si elle l'était. Mais après tout elle ne comptait pas cacher ce qu'elle était devenue, en grande partie à cause des manœuvres de la sindarine. Car même si elle n'avait jamais été sous ses ordres comme Othello, elle était en tête de la liste de ses victimes. Posant sa tasse vide un instant, Irina lui demanda de but en blanc.

« Dites moi... Quelle est votre plus grande crainte ? »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 1 Fév - 22:11

Un froid maladif et saisissant commença à se dégager de la sirène à peine les mots de la prêtresse de première ordre se furent échapper de ses lèvres. Ce geste était involontaire, la demoiselle ne contrôlant pas tout à fait ces émanations de froid. Cette vague de frissons était né de la surprise soudaine de la jeune femme. Sa plus grande peur ? Elle ne s’attendait pas du tout à cette question… Pendant les quelques secondes qui précédèrent la prise de parole de l’impressionnante rousse, son comportement avait légèrement changé, n’échappant pas au regard aqueux de la fille de l’eau. Elle semblait plus sombre, plus grave… Une ombre avait abrité ses yeux quelques secondes, probablement l’allure d’une silhouette distante et langoureuse, aux longs cheveux cendrés, aux yeux de biches, au minois charmant, mais au cœur grossier et pourris par la vergogne et l’égoïsme. Elle comprit alors une chose : elle ne connaissait rien du passé de la face qui lui faisait face. Il ne faisait aucun doute qu’elle n’avait pas connu les mêmes supplices que ceux que la blanche avait connus. Pourtant sa haine devait avoir une origine... Et celle-ci paraissait bien plus sombre et horrible que la sienne pour générer une telle colère. Qu’avait-elle donc perdu pour ressentir cela ?

Une pointe de culpabilité s’inséra perfidement dans le cœur de poisson de l’ombre blanche, sagement assise dans son fauteuil redevenu froid. Alors que les volutes gelées continuaient d’affluer par les pores de sa peau, elle commença intérieurement à s’interroger. Pourquoi Irina éprouvait cette haine ? Qu’avait-elle vue ?... Son esprit ne cessait de la réprimer sauvagement, tentant de la rappeler à la raison. Après tout, elle n’avait aucun droit de savoir, ni même de se demander ce qu’elle avait bien vécu. Mais toutes les origines de cette affaires étaient entourées d’un profond et épais brouillard. Il ne lui appartenait pas de savoir, certes… Mais peut-être qu’un jour, elle pourrait en distinguer les contours. Ce qui était moins sûr était qu’elle pourrait en voir l’essence, mais elle n’aspirerait jamais à en savoir autant. Par ailleurs, le principal n’était pas là, certainement pas dans le passé de la dame Rouge. Le principal était de détrôner la prétendue impératrice, et de rendre à l’ordre tout son honneur. La culpabilité se mua alors soudainement en peine, une triste et douce compassion pour l’enflammée : quoiqu’il lui soit arrivé, l’ombre d’Elerinna ne semblait pas la quitter d’une semelle, veillant toujours quelque part derrière elle.

C’est alors qu’elle remarqua le froid qu’elle générait. L’arrêtant brusquement, laissant apparaitre sur son visage une pointe de confusion. En l’espace de quelques instants, la température de la pièce avait diminué de quelques degrés, rougissant le bout de ses joues d’une rare rougeur. L’heure était venue de jouer carte sur table et de répondre à la question posé – car après tout elle ne souhaitait pas le moins du monde mentir, ni même se cacher. Elle pouvait porter ce masque devant la Sylvestre, mais à cet instant elle comprit que cela n’avait plus de sens. Si elle voulait réellement être d’une utilité à Irina, alors elle lui devait franchise et sincérité. Malgré cela, la demande avait de quoi surprendre. Pourquoi s’intéressait-elle à cela ? Désirait-elle lui entendre dire qu’elle avait peur pour l’ordre ? Si oui, elle serait peut-être déçue. Car Othello n’avait pas une telle grandeur d’âme, et n’était certainement pas aussi vertueuse. Si en effet, elle craignait pour l’ordre et son honneur, ce n’était pas sa peur la plus intime… Car au fond, elle n’était nul ange, ou nul sainte : elle n’était rien de plus qu’une pauvre sirène, une brebis tout aussi perdu et apeurée que toutes celles vivant en ces terres désolées.

Une peur… Elle pinça ses lèvres, se laissant envahir par une nuée d’image et de pensée interdite qu’elle avait préféré enfermer. Cela faisait très longtemps qu’elle ne s’était pas posé cette question… La dernière fois était peut-être un matin enneigé, loin, bien plus loin dans les terres de Cimméria, dans les falaises blanches et déchirées où elle avait passé toute son enfance. Le jour où, dans le port recouvert de glace, elle avait vu le cercueil noir, contenant le corps inerte et froid de sa mère, se faire aspirer, gobé entièrement par la terre humide. Devant ce spectacle qu’elle observait de loin, cachée sous de nombreux vêtements et manteaux, tenue éloignée de tous, elle pensa entre deux larmes à la mort, et à la peur. Tout ce temps, elle avait vécu dans une terreur constante, une crainte brûlante de se retrouver seule… Mais à cet instant, son monde en fut rempli, et elle apprit à vivre avec comme une veuve avec le fantôme de son défunt mari ou un enfant avec ses rêves. Se retrouver seule était son quotidien, être ignorée, invisible étaient ses fardeaux. Eh puis, elle avait connu l’océan… La masse illimitée, pure et silencieuse de la mer l’avait enveloppé deux ans, deux ans durant lesquels elle avait goûté aux plaisirs de la liberté et embrassé une vie meilleur.

A cette pensée, sa plus grande crainte s’imposa à elle soudainement, n’ayant nul besoin d’être remis en question. Laissant couler une de ces boucles le long de son épaule cachée, elle baissa légèrement le regard, soufflant agilement à destination de la prêtresse :


« - Ma plus grande peur est aussi mon plus grand fardeau. Jadis, je connu la liberté, et pensais avoir pu la conserver jusqu’ici. Cependant, aujourd’hui, je l’ai perdu, enchainée, rendue aveugle par le pouvoir qui acte derrière ces murs… Ne plus être libre, telle est ma plus grande crainte. »

Il n’y avait là aucune hésitation, aucun doute ni dans son regard, ni à l’orée de sa peau redevenu tiède, pas le moindre frisson. Elle soutenait les yeux de feu qui lui faisait face, ignorant encore tout de sa réaction ou des motivations qui l’avait poussé à poser cette question. La chaleureuse couleur épicé qui caractérisait ses cheveux la maintenait parfaitement alerte, et lui permettait de garder un esprit vivant malgré l’heure tardive. L’envie lui vint alors de renvoyer la question, mais il était clair que cela serait mal placé : elle n’était certainement pas en position de demander quelque chose d’aussi personnelle. Aussi se contenta-t-elle de rester calme et silencieuse, attendant de savoir pourquoi Irina lui demandait quelle était sa crainte la plus profonde…
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeMar 26 Fév - 3:40

Irina n'était pas aussi âgée que les doyennes, et elle n'était pas aussi sage que ne l'avait été sa mentor. Cependant elle possédait des ressources qu'aucune d'entre elles n'avait eu à sa disposition. Elle employait des moyens que peu d'entre elles avaient osé utiliser, et cela c'était sa force, au même titre que sa faiblesse. Bien sûr Elerinna avait elle aussi compris que dans cette guerre sans pitié il était nécessaire de tout faire pour gagner... mais leurs idéaux étaient bien différents, ce qui les distinguait et les opposait constamment. C'était là que se trouvait le cœur de leur discorde.

Pour quelqu'un comme elle la peur était un sentiment universel, atteignant les individus de toutes les races, de tous les royaumes et de tous les âges. C'était un sentiment insidieux et pratiquement incontrôlable, car si l'on pouvait l'affronter, on ne pouvait entièrement le vaincre, ou dans tous les cas pas définitivement. La peur revenait toujours un jour ou l'autre, plus perfide et plus forte que jamais. La peur était selon elle un baromètre du cœur des hommes. Un miroir invisible aux yeux de la plupart, mais qui permettait de connaître leur vraie nature, pour peu que l'on prenne le temps de s'y intéresser. D'un autre côté la peur c'était également un domaine sous son contrôle, un talent qu'elle avait découvert depuis des années et qu'elle avait appris à manier comme une arme tranchante.
La peur était pour la serpentine comme un manteau, un manteau chaud et réconfortant avec lequel elle pouvait se recouvrir, mais qui ne pouvait jamais l'atteindre. Comme l'eau et l'huile elles étaient incapables de se mélanger pour ne faire qu'un, et peu importe combien on les mélange, elles venaient toujours à se séparer. La peur était une pluie à laquelle elle était imperméable, car si elle pouvait la ressentir, elle ne pouvait la laisser prendre le contrôle, même si elle le voulait. C'était une sorte de fardeau étrange que la déesse lui avait légué... Et que bien peu pourraient comprendre.

Ses prunelles s'arrêtèrent sur Othello, qui exhalait un certain froid sans même s'en rendre compte. Irina ne fit pourtant pas de commentaires à ce sujet, jugeant que c'était sûrement un moyen inconscient de se défendre. Avec un demi sourire elle avait laissé à la yorkas le temps de s'exprimer sans l'interrompre, attendant qu'elle trouve les mots. Sa question pouvait paraître bizarre et déroutante au premier abord, mais comme chacun de ses gestes, elle avait une raison d'être.
Devant ses yeux expérimentés un halo rougeâtre émana d'Othello, sortant par les pores de sa peau claire. Quoi qu'elle puisse être en train de se rappeler, ce n'était pas agréable, et cela agrémentait sa crainte. Par délicatesse Irina ne chercha pas à en découvrir la source, bien qu'elle en soit tout à fait capable. Elle aurait pu plonger dans ses souvenirs et y trouver la source de ce flot rouge, mais elle s'abstint par respect. Seul un sentiment de profonde tristesse lui parvint, picotant sa peau comme si il s'était matérialisé.


« La 'Liberté'... c'est un mot dangereux. Un mot trop souvent employé à tort par des gens qui ignorent jusqu'à sa vraie signification. La 'Liberté' n'existe pas à proprement parler, ou du moins pas pour ceux qui vivent en communauté, comme c'est notre cas. Pour être totalement libre il faut s'affranchir des règles de la société, des lois des hommes. Et j'imagine que cette liberté là ne vous intéresse pas, si elle comprend ce genre de conséquences. » Ce n'était pas un reproche, mais plus une interrogation. La réponse de la jeune prêtresse l'avait intéressée pour plusieurs raisons, et l'honnêteté dont elle avait fait preuve était appréciable.

« Néanmoins n'interprétez pas mal mes paroles. Je tâcherai de vous garder aussi libre que possible, et je protégerai vos droits tant et aussi longtemps que vous ne me trahirez pas. Je ne peux évidemment promettre l'impossible, mais j'aimerais que vous compreniez que la seule chose qui vous tienne prisonnière, ce sont vos propres serments et vos propres croyances. » Se penchant en avant, elle déposa sa tasse sur la petite table et sourit. Il n'y avait pas de menace dans sa voix, mais simplement l'objectivité de celle qui énonce des faits. Ses yeux se perdirent alors dans le vague des flammes, tandis qu'elle se remémorait son passé d'enfant libre... Libre mais toujours seule, au milieu des taudis de Hellas.

« Si vous vous posez la question, je n'ai pas peur... ou plutôt je n'ai pas de peurs. J'en suis littéralement incapable. Ce sentiment est en moi comme une graine en terre stérile. Elle peut y siéger mais jamais y grandir. Peut être est-ce aussi pour cela que je suis capable de sentir celles des autres. » Cette révélation avait en soi justement de quoi effrayer autrui, car cela impliquait de bousculer certaines idées reçues bien ancrées dans le bon sens commun. Peut être ne la croirait-elle simplement pas...
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeSam 16 Mar - 17:36

Un long et froid frisson gelé parcourut lentement, vicieusement le dos blanc et froid de l’hybride silencieuse, restant de marbre devant la flamboyante et son visage concentré. Toujours assise chaleureusement dans son fauteuil, le visage froid et concentré, Othello avait du mal à en croire ses oreilles en pointe. Qu’est-ce qu’une telle voulait dire ? Etait-ce un aveu, ou quelque chose de bien plus insidieux et bien plus rampant que cela ?... Elle se pinça lentement les lèvres. Le contrôle des peurs… Ou du moins, la capacité de ressentir celle des autres sans pouvoir en être atteint, comme le ferait un miroir sous la pluie… Cela relevait-il de ses pouvoirs ? Etait-ce quelque chose d’innée pour la femme qu’elle avait en face d’elle, qu’elle écoutait et comprenait depuis de longues minutes et pour qui elle venait de prêter serment et d’offrir ses armes ? Ses mèches rousses flamboyaient toujours sous la chaleur rassurante des braises mêlée à la pâleur de la lune qui les épiait toujours depuis les vitres floues et recouvertes de givres. Ses yeux, eux-aussi, brillaient d’une lueur orangée. Le feu se reflétait dans son regard d’ambre, et le fantôme blanc pouvait ainsi suivre les moindres gestes du monstre ardent dansant dans l’âtre par procuration.

Soudain, changeant de ses habitudes, elle ne voulut pas rester silencieuse. Comme la masse bouillonnante dans la cheminée, cette simple remarque avait provoquait dans le creux de ses entrailles la naissance d’une brûlante curiosité. Pour la première fois, elle commença à s’interroger non pas sur la femme devant elle et ses motivations, mais sur ses pouvoirs dont elle ne connaissait rien. Et si ce qu’elle venait de dire se trouvait être réel, alors elle cachait un pouvoir formidable, comme peut-être un étrange fardeau. Baissant les yeux sur sa tasse encore pleine de thé, elle tenta de se rendre compte de l’étendue de ce savoir aussi empoisonnée que bénit… En ces temps où les armes et le sang faisaient couler bien des larmes et mais résolvaient bien des conflits, la peur était malheureusement devenu une des lames les plus efficaces qu’il soit. Elle manipulait, coulait dans les veines et les esprits comme un poison létal, pétrifiait, et finissait par brûler un esprit et le faire s’enfoncer dans les méandres de la folie. Pour l’avoir ressentie à de nombreuses reprises, mais surtout pour l’évoquer bien souvent, Othello connaissait ce ressentiment presque par cœur. Elle en connaissait le moindre effet, le moindre rictus, le moindre battement de cœur qui commencerait à s’emballer. Ses yeux et ses illusions en avaient tant de fois la graine et le germe…

Si Irina tenait en ses mains le secret de son contrôle, alors cela faisait de la flamboyante Serpentine l’une des plus grandes intrigantes qu’elle aurait connu, mais aussi l’une des prêtresses les plus puissantes en leurs rangs. En cette caste, le plus grand poison, hormis celui qui était savamment concocter par certaines et distribuer avec souplesse par les envoyées du trépas, était cette peur et ce traumatisme qui hantait la moindre des dalles de ce temple. Quand certaines ne voyaient que la pureté de la lumière qui soufflait la Très-Haute, d’autres, comme la yorka, n’en avait jusqu’ici vu que l’ombre et les ténèbres. Finalement, elle enviait cette innocence qu’elle voyait dans les plus jeunes et les aériennes. Elles n’avaient pas à subir un courroux qu’elles n’auraient pas mérité. Cela ne faisait aucun doute qu’Irina avait était témoin de certains de ces évènements enfouis. Mais si leur vision n’avait pas été occultée par la peur, alors elle n’avait dût craindre aucun retour de flamme, aucun blâme, aucune répression de la part des hautes-sphères, et avait pu s’élever, forte de son courage et de son caractère de feu. Là où certaines avait continué à obéir, aveuglé par leur terreur, elle avait pu continuer sa bataille. De même, elle aurait pût se servir de ce pouvoir, si tout cela était réel, pour utiliser et employer ce sentiment à sa guise. Pouvoir ressentir la peur chez les autres étaient une grande chose : elle pouvait connaître la moindre crainte de chacune d’entres elles, et même de tous au delà des frontières de leur ordre.

Saisissant s tasse entre ses doigts blancs, la jeune femme en avala une petite quantité, appréciant la chaleur du liquide coulant le long de sa gorge jusque dans le creux de son ventre. Une foule de question s’imposait à elle… Mais la plus cruciale était la véridicité de cette confession. Peut-être était-ce un test, qui avait pour but de voir si elle pouvait distinguer mensonges et réalité. Peut-être était-ce un simple échange de franchise. Peut-être cherchait-elle à voir sa réaction ? Othello resta un infime instant perplexe, avant de trancher définitivement sur la question. Elle avait décidé de lui faire confiance, de croire que toute cette réunion était une réelle tentative pour briser leurs chaînes plutôt qu’une farce ridicule visant à les tromper, elle et quelques autres crédules. Elle avait donné sa confiance et souhaitait la maintenir. Dans ce cas, il lui fallut accepter que cet étrange aveu fût bel et bien un pouvoir obscur que la jeune femme devant elle possédait. La curiosité qui bourdonnait dans son estomac redoubla de plus bel. Sans réfléchir, elle posa sa tasse devant elle, relevant son regard d’ébène vers la prêtresse de premier ordre, et lui dit calmement :


« - Une telle capacité paraît sombre mais ingénieuse. Si vous pouvez bel et bien ressentir la peur chez autrui sans la ressentir, alors cela relèverait d’un prodige, surtout en un lieu comme celui-ci… Je vous avouerai que vous venez de piquer ma curiosité un peu plus, mais je ne vous poserai aucune question si vous ne le souhaitez pas. »

On ne sentait dans sa voix aucun signe de menace ou d’agressivité. Bien au contraire. Elle avait sans s’en rendre compte utilisé un ton curieux et claire, ou débordait son intrigue. Enlaçant ses doigts, elle regarda la jeune femme comme l’aurait fait une enfant devant un professeur, avant d’ajouter une dernière parole.

« - Permettez moi seulement de vous demander : ce pouvoir… L’avez-vous toujours eut? »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeSam 30 Mar - 23:15

Le silence qui s'installa suite à ses paroles n'étonna pas du tout la serpentine. Il était plus que naturel que ce genre de révélations aient le don de refroidir les ardeurs de n'importe qui... Si l'on pouvait les qualifier comme ça. Qui ne serait pas intrigué voire même effrayé par de tels propos ? Que l'on soit en mesure de croire à cette possibilité ou non, le tout avait de quoi surprendre. Irina ne se formalisait pas de cette réaction, car après tout elle aurait probablement agi de même si les rôles étaient inversés. Ses yeux se perdirent dans les flammes qui crépitaient, et leur danse étrange s'y refléta pendant de longs instants.

Comme toute rose, Irina avait ses épines. Des épines persistantes et qui prédominaient sur la beauté dissimulée de ses éphémères pétales la plupart du temps... Ce qui laissait souvent penser qu'elle n'était rien de plus qu'un tas informe de ronces stériles. Elle-même se posait souvent des questions là dessus, incapable de trouver des réponses complètes et satisfaisantes. La jeune femme était en quelques sortes un funambule bariolé et téméraire, un drôle arlequin aux mille visages qui sautait et valsait sur une corde étroite et ne cessant jamais de bouger. En proie à un équilibre précaire, elle pouvait devenir une figure libératrice ou au contraire un insoupçonnable tyran. Le tout dépendrait de ceux qui l'entouraient ainsi que de leur capacité à l'influencer positivement. Un jeu dangereux en somme, mais qui éventuellement pouvait en valoir la chandelle.

Comme à son habitude, bien des pensées -plus ou moins pertinentes- filaient dans l'esprit de la jeune rousse. Cependant elle avait une faculté de les ranger dans un coin de son esprit pour ne rien montrer. Sa boîte de Pandore intérieure. Gardant Othello dans son champ de vision, elle la voyait sans vraiment la regarder. Son expression était tranquille et lisse comme une surface d'eau sans la moindre vague. La vipérine ne semblait pas inquiète le moins du monde à l'énonciation des vérités proférées plus tôt, ni des conséquences qu'elles pouvaient avoir. Finalement elle entendit la voix de la yorkas rompre le voile de silence de sa douceur où perçait un soupçon de prudence. Un léger sourire se dessina sur son visage.


« J'ignore si cette capacité est ingénieuse, bien qu'elle soit effectivement sombre. Néanmoins je n'ai pas choisi de la posséder. C'est un don inné que je n'ai pas tout de suite compris. J'ai mis des années à me rendre compte que ce que je voyais n'était que l'illustration des sentiments des gens autour de moi. J'ignore si j'ai toutes les réponses, mais si vous en avez, j'essayerai d'y répondre dans la mesure du possible. J'ai dit que je jouerai franc-jeu autant que possible... Je tiendrai parole. »

Des images de son enfance solitaire lui revinrent à l'esprit. Oui ce pouvoir remontait à loin... Aussi loin qu'elle puisse remonter, bien qu'il n'ait pris de l'ampleur que plus tard, durant son adolescence. La présence de sa mentor dans sa vie n'avait fait qu'accélérer sa vie à bien des égards, et cet aspect-là en faisait partie. Irina posa sa tasse et grignota un gâteau avec l'attitude relaxée de quelqu'un qui tient une conversation amicale.

« Et vous... En tant que Yorkas, quel est l'animal qui vous est lié ? »

Peut être était-ce déplacé de demander les choses aussi franchement, mais c'était ainsi qu'elle fonctionnait. Dans un lien direct et brut qui avait l'avantage de ne rien cacher derrière de faux semblants. Si elle était incapable d'arrondir les angles la plupart du temps, au moins ne pouvait-on pas lui reprocher d'être hypocrite...
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeVen 7 Juin - 14:49

Spoiler:


Sans le montrer directement sur son visage, la petite sirène semblait heureuse de la tournure des choses. En présence de la flamboyante, la demoiselle commençait à se sentir en sécurité, commençait à sentir où se trouver la réelle puissance de leur ordre. Sa crinière de feu n’avait rien de trompeur, et était finalement révélatrice de la personne qu’elle avait devant les yeux. Elle était réellement un des piliers qui soutenaient leur organisation – si l’on pouvait parler d’organisation. Une des nouvelles femmes de pouvoir et de splendeur qui pouvait diriger, même dans l’ombre, le carrosse des prêtresses. Dans l’air doux de la pièce, emplie de fragrances diverses de thé, de parfums et de feu, légèrement réchauffé par la bienveillante présence du feu, la jeune demoiselle prit le partie de se détendre.

S’enfonçant un peu plus dans le fauteuil dans lequel elle se tenait toujours droite et tendue, elle fit le choix de s’y écouler comme l’aurait fait un torrent, une flaque d’eau qui profite enfin du lit de la rivière. Ecrasant dans son dos ses épais cheveux blancs, elle observa Drasha du coin de l’œil. Le félin lourd sembla répondre à son appel, relevant son regard bleu, comprenant silencieusement le message invisible qui lui était suggéré. Levant sa masse de muscle et de fourrure, il avança lentement, s’écartant du feu, pour se reposer brutalement sur le sol aux côtés de sa demoiselle, sa tête arrivant à hauteur de sa main fine qui commença à décrire sur ce crâne animal des petits cercles bienveillants. Un râle guttural s’échappa alors de sa gueule grande ouverte. Le froid était retombé, et tout autour de la jeune femme indiquait une grande confiance. Elle en avait presque oublié la présence de la jeune Alix, toujours enfermée dans sa prison de silence, là près du feu. La petite demoiselle était sagement restée auprès de Drasha. Il était évident qu’elle avait une affinité avec la nature et tout ce qui s’en rapporte. Une fille de vertu, proche des hautes-œuvres… Une vraie perle de Kesha. Irina avait fait un merveilleux travail de la prendre sous son aile et de la protéger du monde carnassier de Cimméria…

Mais la question n’était pas là. A son tour elle devait répondre à la question qui lui était posé. Son essence animale… Cela faisait bien longtemps qu’elle n’y avait pas pensé. Même si l’autre était comme elle comme un parasite, une symbiose perpétuelle qui guidait le moindre de ses pas, elle n’y prêtait même plus attention, sachant que ces instincts et ses pensées sauvages la faisaient également ce qu’elle était. Pourtant, ceux-ci étaient moins puissants que ce d’un autre yorka – ou plutôt l’imaginait-elle – car venant d’un poisson, ses états d’âme étaient relativement… limitées. Un poisson n’a pas le loisir d’avoir des sentiments, si ce n’est la peur, et peut-être l’appel perpétuel de la survie. Cependant, ses sens sont aussi acérés que ceux d’un lion et seule la Déesse savait qu’il avait dictait ses conduite de nombreuses fois durant… Et qu’il le faisait encore, tous les jours. Son œil se tourna vers Drasha, en contre-bas, qui leva lui aussi le regard d’un air interrogateur. C’était étrange pour un tigre que de devenir l’ami d’un être marin. Habituellement, le mélange était plutôt néfaste pour la plus petite des créatures. Cette pensée la fit sourire, avant qu’elle ne relève les yeux vers la dame de feu. La fille des glaces connaissait bien son essence, mais sa forme réelle, elle ne la connaissait plus… Ce petit poisson lui manquait, parfois, mais elle devait s’en accommoder.


« - Je suis liée au poisson lion… La rascasse volante. Mais… »

Pendant l’espace d’un instant, elle hésita d’avouer sa véritable apparence. Cette forme hybride qui la caractérisait tant, le spectre déchiré entre deux mondes qui errait parfois à la surface des mers de glace. Mais l’air était déjà aux confessions, ce n’était pas le moment de se cacher. Et qui sait, peut-être que ce pouvoir particulier pourrait un jour être utile au visage flamboyant des prêtresses ?

« - Il y a longtemps, quand je n’étais qu’une petite fille, j’ai perdu la capacité de devenir ce poisson. Nous avons travaillé pendant longtemps pour pouvoir changer… Ou plutôt, comprendre cette transformation. Maintenant, je ne peux plus que me transformer partiellement. »

Irina devait comprendre ce que cela impliquait. C’était un des secrets qu’Othello gardait avec elle, abritait comme un poids, une arme du crime que l’on cache jalousement dans un petit coffret et que l’on garde à tout prix. C’était autant un avantage qu’une malédiction. Dieu sait qu’une telle créature n’était pas commune, et qu’un tel corps pouvait aussi bien être une bénédiction qu’une infamie. Ne sachant sur quel pied danser, la demoiselle avait simplement fait le choix de ne plus mentionner ce fait, et seules quelques rares personnes s’étaient retrouvé en position de savoir cela. Mais dans le cas d’une guerre d’esprit, une connaissance comme celle-ci paraissait bien inutile. Mais, qui sait ce qu’il pouvait se passer : une sirène pouvait toujours trouver son utilité.
Une fois que cela fut dit, elle leva les yeux. La rousse était toujours là, insensible à la peur, capable de les manipuler à souhait. Plus qu’en parler, le fantôme blanc se rendit compte qu’elle était curieuse de voir ce pouvoir en action. Une fascination bien étrange était née dans cette pièce fermée. Mais Othello dû se rendre à l’évidence bien vite. Ce n’était ni le lieu ni le moment pour demander une telle chose. Mieux valait attendre le moment propice d’un conflit.

Un rire bruyant retentit dans le couloir à cet instant. Une sorte de raillerie vicieuse, un cri haut-perché s’échappant des lèvres béantes et grossières d’une adepte de petite vertu qui devait passer dans les boyaux obscurs du temple à cet instant précis. Le soir était déjà bien avancé, les fidèles rejoignaient leurs cellules, partaient une à une se coucher, rejoindre les bras de Kesha pour se retrouver le lendemain, espérant peut-être expier leurs fautes pendant la nuit. Une des oreilles de la marine se braqua brutalement sur le coin de sa tête, suivant le rire attentivement jusqu’à ce qu’il disparaisse. Le moment était peut-être venu pour elle de rejoindre elle aussi sa chambre. Bien que entre ces murs elle se sente en sécurité, rester là pouvait être pour toutes les autres mal perçut, un symbole de sa nouvelle alliance. Et si Irina avait d’ors et déjà une haute influence, celle-ci restait secrète, et beaucoup des fidèles étaient encore sous la coupe de la sindarine. Sortir de ce bureau pourrait être perçu comme une déclaration ouverte que la yorka voulait éviter à la Flamboyante derrière elle. Silencieusement, elle finit son thé, puis se leva respectueusement, s’inclinant doucement vers la grande dame. Il était temps qu’elle reparte vers ses appartements.


« - Loin de moi l’idée de vous importuner. Mais j’ai peur que l’on jase facilement si je tarde encore un peu plus. Sachez que cet entrevu fut très agréable et constructive, et me conforte dans l’idée de vous servir. Vous pouvez compter sur moi à présent. » Et elle ajouta, toujours repliée. « Merci beaucoup de vous porter volontaire pour nous ouvrir les yeux. »

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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeLun 10 Juin - 12:11

Il ne fallait pas être très fine psychologue pour comprendre le changement dans l'attitude et la posture d'Othello. De rigide et tendue elle était passée à un état plus naturel et détendu, celui de quelqu'un qui comprend finalement que personne ne lui veut du mal. Il serait certes hypocrite de dire qu'elle ne risquait rien à ses côté, et ce pour diverses raisons, mais d'après ce qu'Irina avait pu voir de cette jeune femme, elle méritait mieux que d'être un pion. Sa nature calme lui plaisait, peut être à cause du froid qu'elle dégageait. Irina avait toujours aimé le froid... Du moins celui qui revigore... Pas celui des nuits froides qui endort et dissimule le bruit des pas de la Mort qui s'invite.

Les yeux légèrement perdus rivés sur le feu, elle ne fut pas troublée par Drasha qui se déplaça près de sa maîtresse. La rouquine n'était certes pas très à l'aise à côté de cet animal qu'elle ne connaissait pas, cependant il n'avait jusque là rien fait de mal. C'était étonnant voire même fascinant... mais elle se laisserait aller à des observations à ce sujet une autre fois. À côté d'elle Alix semblait avoir un sourire figé sur le visage. Pas un sourire faux et trompeur, non, ce n'était pas du tout son genre. C'était plutôt l'expression candide d'un enfant qui vient de se découvrir un autre membre de sa famille depuis longtemps égaré. Sans se cacher elle regardait intensément la Yorkas avec curiosité, étudiant parfois aussi sa mentor comme pour analyser ses réactions. Son don et son intelligence faisaient que même sans prendre la parole, elle était capable de comprendre beaucoup de choses.

Leurs confidences mutuelles semblaient s'être évaporées dans l'air en même temps que la fumée dans la cheminée, et pourtant leur lien renforcé témoignait de leur importance. Même si aucune trace physique n'allait en rester, ses conséquences étaient nombreuses... et bénéfiques, elle l'espérait. Laissant l'espace et le temps à la sirène de s'exprimer, Irina se demanda un instant si elle allait aller au bout de sa révélation. C'était assez intéressant... Un poisson lion ce n'était pas répandu du tout. En fait c'était la première Yorkas reliée à une créature marine qu'elle rencontrait. Des Yorkas loups, panthère, serpent, gorille... Oui en tant que médecin elle en avait soigné beaucoup... mais un poisson c'était la première fois qu'elle en entendait parler. Rapidement elle se demanda si Othello avait une affinité spéciale avec l'eau, puis elle chasse l'idée en se disant que c'était sûrement un cliché.


« Je vois. J'imagine que pour un Yorkas c'est assez handicapant. Chacun d'entre eux semble vivre les choses différemment. Certains adoptent clairement le comportement proche de leur totem, d'autres rejettent cette part d'eux-même qu'ils jugent difforme. C'est un peu la même problématique que les Lhurgoyfs en fait. Enfin... j'ignore si je peux être d'un quelconque secours à ce sujet, mais je ferai quelques recherches sur les transformations partielles. On ne sait jamais. »

Irina sourit avec bienveillance, ne la jugeant pas du tout pour ce qu'elle venait de dire. Si là était son secret le plus inavouable, alors Othello devait être bien plus pure que ce qu'elle pouvait penser. Il est certain qu'à côté de ça, Irina avait bien plus de cadavres au placard... Un secret bien gardé qui le resterait pour toujours, tant et aussi longtemps qu'elle avait le choix. Il y avait des boîtes de Pandore qu'il valait mieux ne pas ouvrir. La Serpentine était sur le point d'ouvrir la bouche pour parler, lorsqu'un rire résonnant dans le couloir la fit s'arrêter. Ce n'était pas normal que des fidèles viennent de ce côté du temple, seulement accessible aux prêtresses. Soit il s'était perdu, soit une autre motivation l'avait amené ici. Fronçant les sourcils, Irina acquiesça à la sage proposition d'Othello, comme pour approuver tacitement son initiative. Cette conversation était certes agréable, mais pour l'instant l'existence de leur lien devait rester entre ces murs. Il y avait bien plus à tirer du facteur de surprise qu'allait causer le changement de camp de la jeune ondine...

« Oui, vous avez raison. Chaque chose en son temps... Nous devons être prudente, Elle a des yeux et des oreilles partout. Et puis nous aurons bien des occasions de discuter à nouveau... »

La raccompagnant jusqu'à la porte, Irina ne tarda pas à lui souhaiter une bonne fin de soirée avant de la laisser s'engouffrer dans les couloirs, aussi silencieusement qu'elle était venue. Le félin la suivait de près, comme d'habitude, et il lui sembla déceler une étincelle de compréhension dans son regard. Peut être n'était-ce que son imagination... en tout cas une fois la porte fermée, un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres. La nuit avait été prolifique... Et cette jeune femme au regard voilé de tristesse qui venait de partie avait de l'avenir.



|HRP: Pas de soucis, tu as raison. JE t'enverrai un MP pour qu'on s'accorde sur les détails du prochain topic ^^|
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitimeLun 17 Juin - 19:39

La porte claqua derrière elle, rependant dans les longs couloirs les lourds bruits d’écrous qui se distillèrent bien vite dans l’air de la nuit déjà bien entamée. Un sourire simple et discret orné le petit visage de poupée de la femme de glace. Elle avait rarement eut droit à de telles conversations. Son interlocutrice avait été d’une grande sincérité, et avait su démontrer la hauteur de ses valeurs. C’était une femme de paroles, et les rumeurs qui circulaient à son sujet, les mots rapides échangeaient dans les couloirs au sujet de son légendaire tempérament n’était pas la réelle exactitude. Elle et la silencieuse Alix se cachait bien des regards sous une couverture volcanique, mais la foule et les scandales ne sont pas les meilleurs des camouflages ? Ces deux demoiselles l’avaient certainement compris. La lumière de la une se reflétait à présent sur le sol, traversant les vitraux comme d’anciens revenants du passé, reproduisant inlassablement les mêmes gestes, nuit après nuit. Drasha, que la fatigue et le froid avait rendu curieux se dressa soudain sur ses deux pattes arrières pour pouvoir se hisser jusqu’à la fenêtre. Ses pupilles étaient rétractés, comme par intérêt pour le dehors. La main blanche du poisson vinrent se tordre affectueusement dans son pelage. « On dirait que tu as retrouvé ton enthousiasme, Drasha… Je dois t’avouer que moi aussi. »
 
Les paroles de la Flamboyante étaient exactes. Elles devaient prendre garde, toutes, car dans un tel lieu, chaque mur comme chaque dalle avait sa propre paire d’oreilles. Parcourant de nouveau les couloirs vers sa cellule, la blanche apparition repassa la conversation dans son esprit, approuvant silencieusement tous les points qui furent abordés. Les plans d’Irina avaient tout pour être ambitieux, et à terme, étaient voués à la réussite. Un jour, certainement, pourrait-elle saborder le régime injuste de la sindarine. En l’espace de quelques heures, une confiance était née dans son esprit, et s’était vouée à la jeune femme. La terrane avait autant les ressources que la volonté d’accomplir sa volonté. La passive blanche avait besoin de décisionnaire telle qu’elle, et cela ne faisait aucun doute qu’elle venait de rencontrer une des meilleurs d’en elle. Mais cela soulevait de nouvelles questions, également. Etait-elle prête à remettre en question sa vie oisive d’obéissance pour rejoindre la guide de l’ombre ? C’était une chose évidente : bien sûr que oui. Peut-être n’attendait-elle que cela pour pouvoir elle aussi s’épanouir dans son ordre. Une autre chose était certaine, même dans une guerre silencieuse, les soldats avaient besoin d’arme. Il lui faudrait certainement monter en grade...
 
Pour la première fois, la yorka s’autorisa à voir plus loin. La prêtresse de flamme avait une influence étrange sur elle. Une fois au bout du couloir, elle se retourna une dernière fois vers la porte, avant de disparaître pour de bon, suivant une nouvelle fois le dédalle blanc et tacite qui enveloppé tout le pieux décor du couvent. Comme l’avait souligné la Serpentine quelques instants auparavant, Elles auraient de nombreuses autres occasions de poursuivre cette discussion. Le spectre blanc abaissa le regard. Il était vrai qu’elle avait de nombreuses autres questions à poser. D’autres informations qu’elle aimerait connaître. Mais sa morale l’arrêta d’un coup. Toutes ces choses viendraient en tant voulue : il n’était pas de son ressort de les demander. Elle serait l’aide et l’assistance, non la curieuse cherchant à se révéler les éléments enfouis. Après tout, elle avait toujours était la main armée, la femme du froid obéissant docilement. Elle pouvait – ou alors le devait-elle ? – très bien continuer. Un courant d’air ébouriffa sa chevelure imposante au cœur des couloirs. De temps à autres, elle croisait une autre personne, mais ils étaient déjà bien loin des quartiers de l’incendiaire, et il serait difficile de relier les deux femmes ensembles – au moins, pas pour cette soirée-là.
 
Bientôt, elle se retrouvait devant la porte de sa petite cellule. Il ne lui restait rien à faire autre que se changer, s’allonger calmement dans son petit lit dur et grinçant et s’endormir. S’en était presque triste, alors que des rêves de liberté et de libération bercés sa tête. Irina avait su faire germé en elle un curieux besoin de changer les choses, de pouvoir comme sa nouvelle mentor voir les choses sous un autre angle, se laisser déborder par l’envie de voir changer les choses. La dame blanche avait rarement rencontré des êtres assez forts pour lui inspirer ces sentiments-là. Encore plus rares étaient-elles à pouvoir la convaincre. Mais au fond d’elle, la demoiselle était persuadée que la jeune terranne, derrière sa crinière volcanique, avait entre ses mains tisseuses de peurs le pouvoir de renverser les choses, elle et sa fidèle, Alix, dont le mystérieux sourire était plus conquérant que la plus grande des batailles. Une grande fierté finit par s’emparer de son cœur battant le givre et les embruns. Les prochains moments passés dans ce temple respireraient à présent quelque chose de nouveau, un sentiment d’une puissance regagnée. La sirène ne regrettait pas d’avoir rejoint les prêtresses. Sa fois de nouveau renforcée, elle avait hâte de découvrir la tournure prochaine des évènements.
 

C’est ainsi, recroquevillée sur elle-même, qu’Othello finit par fermer une dernière fois ses yeux avant de sombrer dans le vaste océan d’huile qu’était le monde des songes, se noyant dans ses rêveries aussi absurdes qu’irréelles. Les paroles d’Irina avaient accompagné sa coulée : Elles auront bien des occasions de discuter à nouveau… »
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MessageSujet: Re: [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis   [Terminer] Dans les profondeurs de la nuit - PV Irina Dranis Icon_minitime

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