Une Question de Duallité

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 Une Question de Duallité

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Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeVen 22 Nov - 1:29

Cet homme n'y comprenait rien, et il était peu probable que la tendance s'inverse à l'avenir, à moins d'un grand et profond changement dans son point de vue. Car c'était bien de ça qu'il était question : d'un point de vue, et rien de plus. D'un certain côté c'était même drôle qu'il en vienne à la considérer ainsi. Rien que par esprit de contradiction et un peu aussi par sadisme, elle aurait voulu qu'Adam rencontre un jour quelqu'un comme Kenian, Ision ou encore le prince Timothée. Tous des arrogants finis bien que pour différentes raisons, des gens toujours haut placés et certains de leur droit, bien que ce dernier soit souvent des plus discutables. Aurait-il persisté à la trouver pédante s'il croisait la fameuse splendeur et magnificence du peuple sylphide ? Que ce soit le cas ou non, au moins ça aurait le mérite d'être divertissant. Saurait-il contrôler ses démons intérieurs et ainsi maintenir ses mains loin de leurs gorges ?

« En faire étalage ? Non. Je n'ai fait que vous montrer à vous -et à vous seul- un effet secondaire de l'utilisation de mes capacités, rien de plus. Je n'ai pas de temps à perdre avec de l’esbroufe, car le bluff ne fait pas partie de mes passe-temps. C'est pour cette raison que je ne fais jamais de menaces que je ne puisse pas concrétiser. »

Irina ne faisait pas de menaces tout court en fait, car en général elle agissait plutôt que de perdre son temps à avertir. Son comportement était en général assez explicite pour que ceux qui la croisent sachent à quoi s'en tenir : une réaction vive et radicale. C'était habituellement suffisant à les dissuader de lui tenir tête ouvertement, et une preuve de sagesse de leur part, finalement. Seulement Adam manquait justement de prudence lui aussi, et bien qu'il s'en défende, son comportement n'était pas aussi logique qu'il ne voulait le faire croire. Cela ne veut pas dire qu'il n'avait pas ses motivations, juste que ces dernières étaient au mieux confuses, au pire contradictoires. Soupirant sans trop comprendre où il voulait en venir, elle haussa les épaules.

« Me décevoir ? Non, ce n'est pas une question de déception, juste un raisonnement simple et cohérent. Si vous avez la possibilité de vous en prendre en moi et que qui plus est vous l'affichez, n'est-ce pas naturel que j'envisage l’éventualité que vous soyez capable de passer le cap des théories ? Seul un imbécile ne le ferait pas. Votre travail vous dites ? Oui on peut dire ça, je suppose. »

C'est ce que disaient ses paroles, bien que son ton de voix soit ouvertement ironique. Elle n'avait pas la moindre raison de le croire, que ce soit de par son instinct qui lui criait qu'il était imprévisible et dangereux, ou par son intellect qui lui disait que malgré son côté étrange, Adam était loin d'être bête. Ce qui restait plutôt drôle toutefois, c'était qu'il la juge comme quelqu'un de dangereux voir de mauvais. Après tout ce qu'elle avait fait pour Isthéria dans son ensemble ces derniers temps sans rien attendre en retour ; ainsi que le remarquable self-control dont elle avait fait preuve afin d'éviter de retomber dans ses travers... c'était maintenant qu'elle n'avait pas grand chose à se reprocher, qu'il choisissait pour la traiter comme si elle était la réincarnation de Sharna.
En parallèle, il voulait lui faire croire que ses réflexes, son sens tactique en duel et sa discrétion étaient seulement le fruit de son entraînement militaire. C'était bien tenté, bien tenté mais naïf. Des soldats elle en avait connus depuis toujours, surtout les gardes cimmériens. Assez pour pouvoir affirmer que cet homme n'en était pas originaire, et qu'il avait reçu une formation au combat ailleurs, où que ça puisse bien être. C'est vrai qu'elle ne pouvait prouver ce qu'elle disait, mais une chose était sûre... Quelqu'un capable de se glisser dans son dos et sortir une arme de la sorte, ce n'était pas le premier venu, ni le premier bleu du coin. Son seul statut de vétéran ne suffisait pas à tout expliquer, qu'il le veuille ou non.

Quand il se mit à courir, elle se contenta de le suivre du regard en haussant un sourcil. Il avait un drôle de sens de l'humour. Dodelinant de la tête, elle ne releva pas la provocation. Être une femme en danger ne voulait pas dire être une cible facile ou une femme faible, car en toute logique si c'était le cas elle serait morte depuis belle lurette. Seulement il avait du mal à saisir les choses situées entre le blanc et le noir... et cette vision monochrome allait sûrement être un obstacle à leur entente. Il semblait bien décidé à rester sur ses idées arrêtées, et Irina ne voyait pas l'intérêt de l'en détourner pour l'instant, pour la bonne et simple raison qu'elle n'avait rien à lui prouver. Ce n'était qu'un étranger. Lasse, elle lui répondit tac au tac.


« Je n'ai jamais tué par caprice, je ne vois pas pourquoi je commencerais maintenant. »

Quand à l'existence des dieux, libre à vous d'en douter. Je suis religieuse, pas membre d'une secte. Les divergences d'opinion et de croyances sont un élément constant de ce monde, et la foi forcée ne mérite pas d'être nommée 'foi'. Je respecte tous les athées tant et aussi longtemps qu'ils font de même avec mes croyances. Par ailleurs, rien ne m'énerve plus que de voir les hypocrites qui se tournent à nouveau vers la religion parce qu'ils sont plongés dans le désespoir, s'en détournant aussitôt leurs problèmes envolés.  »


En tant que prêtresse elle était bien entendu amenée à croiser toutes sortes de personnes de tous horizons. Cependant comme cela faisait plus d'une décennie qu'elle servait Kesha, ses illusions et ses idéaux avaient été perdus depuis longtemps. Chez les athées, les scientifiques ou religieux, c'était la même chose partout... Tout n'était qu'apparences et faux semblants, et les vrais dévoués à la foi étaient malheureusement une minorité. Le fait qu'elle en parle avec tant d'ouverture d'esprit était toutefois étonnant pour la plupart, surtout en ce moment où le monde était secoué par des manifestations et autres rivalités faisant rage entre les castes. Eclaris et Gélovigiens s'opposaient de plus en plus, à sa grande détresse car elle ne pouvait jouer les médiatrices. Sa condition tout comme son temple d'appartenance ne le permettaient pas vraiment, hélas.

« Avant que quelqu'un ne meure ? Vous pensez vraiment que j'en serais venue à un tel extrême pour quelques provocations de la part d'une jeune enfant ? Je suis au dessus de tout ça. Sans aller jusqu'à dire que je suis une bonne personne, je ne suis pas aussi mauvaise que vous semblez le penser pour autant. Sinon j'aurais simplement éliminé cette méprisable adolescente qui a fantasmé sur le meurtre de mon enfant, ainsi que le mien. Et si j'en avais décidé ainsi, alors soyez sûr que ni vous ni personne n'aurait pu m'associer à un événement aussi regrettable. »

La rouquine sourit calmement, repensant aux paroles prononcées par Verna. Cette jeune bourgeoise avait pensé chacune de ses menaces, aussi glauques et gratuites soient-elles, Irina en était certaine. Tout comme elle était certaine que quelque part cette dernière pourrait bien être capable de les concrétiser. Seulement la peur lui était étrangère, ce qui ne lui laissait que la méfiance de quelqu'un qui avait toujours survécu seule depuis son plus jeune âge. Hellas était aussi pure qu'elle était dure, et la survie n'avait jamais été facile. Cela avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui... Une femme inflexible mais qui se voulait aussi juste que possible.
D'un autre côté si Adam était aussi impartial qu'il semblait le vouloir, alors il comprendrait sa position. Serait-elle quelqu'un de meilleur simplement parce qu'elle se serait laissée faire, et attendrait qu'on vienne l'assassiner en une froide nuit hivernale ? Il fallait être raisonnable. À moins de vivre dans le labyrinthe de Zaléra jusqu'à ses derniers jours, il était impossible de survivre sans jamais se salir les mains, que ce soit là ou bien n'importe où en ce monde.


« Non je n'aime avoir personne dans le dos, pour la bonne et simple raison que je ne fais confiance à personne. Donc ne recommencez pas, ça évitera des soucis à tout le monde. »

La serpentine nota au passage le manque de réponse directe à sa question. Il avait esquivé plutôt bien, mais ce n'était pas parce qu'elle n'insistait pas qu'elle n'était pas consciente de cet état de fait. D'un autre côté s'il ne répondait pas, cela supposait qu'il cachait quelque chose, même sans importance... Ce qui lui donna au passage la direction qu'allait prendre sa réponse en échange. Répondant tranquillement, elle ne mentait pas, ce qui ne voulait pas dire qu'elle ouvrirait son jeu.

« Des jugements hâtifs ? Sans nul doute. Souvent justes ? Pas tant que ça. » Elle marqua une pause tout en prenant un livre au hasard dans la bibliothèque avant de retourner s'asseoir. « Absolument pas. Mais puisque vous êtes un si grand enquêteur, expliquez-moi... Pourquoi prendrai-je tant de risques pour sauver des vies, si je jugeais qu'elles n'avaient aucune valeur ? Pourquoi j'irais jusqu'à flirter avec mes limites si elles n'étaient rien à mes yeux ? Pensez-vous donc que tout ce que je fais c'est uniquement pour maintenir une illusion ou me bâtir une réputation ? »

Son ton de voix était calme, mais intérieurement elle fulminait. L'idée qu'on compare son attitude à celle de gens comme Elerinna lui était insupportable. Cet homme n'avait aucune idée de ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle avait traversé, et ce dont elle était capable de faire pour autrui. Il n'était pas là quand elle avait entamé seule un pèlerinage avec tous les malades et pestiférés de la Sarnahroa, emmenant avec elle tous les parias de la cité afin de leur offrir non seulement des soins mais aussi un réconfort, que ce soit dans une mort digne ou dans un traitement efficace, pour ceux qui avaient survécu jusque là. C'est elle et aucun politicien ou grande prêtresse qui avait abandonné sa terre, son confort et sa sécurité pour diriger un bateau déjà naufragé. C'était elle qui avec l'aide d'Othello, avait travaillé d'arrache-pied sur un remède, qui était toujours la seule guérison connue pour cette satanée maladie. Comment cet enfoiré osait-il remettre en question son respect pour la vie humaine ?!
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeSam 28 Déc - 1:05

Adam était d'accord avec Irina, sa vantardise ne consistait pas à impressionner mais de penser qu'elle pouvait faire face à tout. Rien ne semblait la surprendre, peut être que personne dans son entourage n'avait été un jour attaqué, à moins que nul être ne comptait à ces yeux. C'était une possibilité, comme une autre, moins horrible que celle de supporter leur pertes sans broncher.

"C'est une bonne chose que vous soyez consciente de vos capacités, mais aller raconter à ce pauvre prêtre tout ça. Un dommage collatéral, j'imagine... votre vantardise n'est pas de celle faite pour impressionner les autres, elle est différente... sauf si vous chérissez personne, bien sûr..."

Irina se méfiait tellement de Lan, que c'était tout juste si la prêtresse ne l'accusait pas d'être venu la tuer. L'ironie de la chose, c'était qu'on lui avait jadis ordonné de le faire, mais il avait refusé de l'assassiné, car cela allait à l'encontre de ces convictions, une enfant ne pouvait nuire à la paix, et sa mort n'apporterait rien, à part un gâchis. En récompense, le Nérozias avait laissé sa place à Adam pendant une dizaine d'année. L'homme ne lui en voulait nullement, il avait fait ces propres choix qui n'avaient rien à voir avec elle. Ce qui l'intéressait, c'était de savoir s'il avait eu raison de laisser cette enfant grandir.
Ces propos l'amusaient toutefois, un tueur n'avait aucune raison de révéler ces possibilités, surtout si ce que la jeune femme lui disait était vrai. Même dans cet état d'affaiblissement qu'était une grossesse avancée, la petite rousse devait être un adversaire plus que redoutable, nul doute que beaucoup d'assassins expérimentés eurent trouvé la mort en sous-estimant ces capacités.

"Si j'avais souhaité m'en prendre à vous, je n'aurais rien dit. Quel tueur le ferait? Par contre, assurer votre sécurité est bien mon devoir. Que vous m'appréciez ou pas, me laisse indifférent même si je vous trouve intéressante sur certains points."

De toute évidence, Irina ne pensait pas que Adam était un simple soldat, malgré ces mots, l'ironie dans sa voix les contredisait. Lan ne comptait pas la détromper plus que ça. Après tout, ce n'était qu'une recrue, et il était facile de savoir que Adam Bashere n'était pas originaire de cette ville. Toutefois, découvrir son identité était difficile puisqu'elle n'existait pas, lui même ignorait ses prénom et nom. Lan étant celui que l'organisation lui avait donné. Par contre, savoir que faisait auparavant Adam, ne représentait aucune difficulté.

"Vous semblez douter que je sois un simple soldat, j'ignore si je le suis ou pas, faut croire que non. Je ne suis qu'une nouvelle recrue, mais mon ancien travail, humm... Comment pourrait-on appeler ça? On va dire que j'étais un transporteur et un garde du corps. Ma spécialité est plutôt de protéger que de tuer, voyez-vous. J'imagine, Meurtre et protections sont liés, cela doit requérir des aptitudes similaire et une certaines visions de son environnement, mais le but reste cependant opposé. Enfin, j'ai du tuer pas mal de personnes dans le cadre de ce métier."

Lan ne savait toujours pas ce quel type de personne était Irina. La manière dont elle décrivait cette altercation avec Verna, était étrange. D'un côté, la prêtresse lui signifiait que ce n'était pas une enfant tuant par simple caprice, mais de l'autre, sa froideur pouvait signifier que la bourgeoise allait disparaître dans l'ignorance de tous. Le Caporal-Chef ignorait tout d'elle, et de ces capacités au mensonge. Néanmoins, la rousse ne pouvait pas lui enlever son travail, même si inutile.

"Admettons que vous n'alliez rien faire. Cela signifie-t-il que cette Verna ne vous aurait pas attaquée? Après tout, cette femme semblait avoir une dent contre vous, tout comme elle paraissait sûre d'elle. Même si, le but n'était pas de tuer, l'utilisation de la magie peut être dangereuse pour les tiers personnes. Si bien sûr, elle utilise la magie."

Irina n'insista pas sur la réponse de Lan, et joua au jeu des questions, réponses. Au moins, sa mort n'était pas dans l'immédiat.

"Vous êtes sûre que mes déductions sont toute fausses? Premièrement, vous n'êtes pas quelqu'un de précieux, sans doute d'origine modeste. Quelqu'un qui n'a pas connu la faim ne peut accepter un simple morceau de pain d'un inconnu, un noble ne l'aurait pas accepté et aurait ordonné au premier prêtre venu de lui apporter à manger, certains m'auraient même envoyé au cachot, et je doute que les prêtresses soient souvent affamées. Soit, je peux me tromper, un simple bout de pain ne permet aucune certitude."

Lan désigna le prêtre du doigt.

"Vous n'avez même pas bronché, vous semblez avoir l'habitude des imprévues et vous savez garder votre sang-froid en toute circonstance. Ce qui n'a rien d'étonnant quand on atteint votre rang et que l'on passe sa vie à soigner des gens. Justement parlons de votre rang, les capacités ne suffisent pas pour grimper aussi haut dans la hiérarchie malheureusement, même dans un ordre religieux. Soit on est protégé par quelqu'un, soit on sait éviter les pièges, les deux étant la meilleure combinaison pour survivre. Il est évident que vous n'avez pas peur de mourir, vous êtes prudente et vous avez semblé agacer que je sois derrière votre dos. Il me parait claire que vous avez côtoyé la mort à de nombreuses reprises. Hors, on ne peut survivre longtemps dans votre monde qu'avec de la chance, même si elle est essentielle."

Lan se leva et s'étira les bras. Le tueur savait qu'il en avait déjà assez dit, le Caporal-Chef venait à demi mot sous-entendre que Irina avait du sang sur les mains, ce n'était pas fini néanmoins, il prenait juste son temps. Le soldat comptait mettre une petite touche finale et montrer à Irina qu'il n'était pas aussi manichéen que la prêtresse ne le pensait.

"J'ai commencé à voyager assez jeune, voyez-vous. Je m'étais retrouvé dans une petite ville, dont le Seigneur avait une excellente réputation, il avait quelques dons de soins qu'ils faisaient partager. Les taxes étaient calculées de telle manière que son domaine soit suffisamment entretenu sans pour autant écraser la population qui prospérait. Bref, en apparence, tout semblait parfait, il était aimé et respecté de tous. Pourtant un jour, des bandits s'attaquèrent à une caravane provenant du château, pensant y trouver quelques biens de valeurs, voir de l'or. Ce qu'ils trouvèrent se fut des cadavres Yorkas, et d'après les rumeurs, ce n'était pas beau à voir. Les bruits arrivèrent aux oreilles de ces êtres métissées, un village envoya un émissaire pour mettre tout ça au clair. Il repartit quelques jours plus tard. Puis, peu de temps, le seigneur disparu sans laisser de trace. Une fouille fut faite, y compris dans le château... On ne le retrouva jamais, par contre, on découvrit quelques Yorkas et Terrans mutilés mais vivant, ainsi que des notes. Il avait développé ces dons de soins en torturant ces victimes. L'affaire fut étouffée. Toutefois, j'y ai appris plusieurs choses de cette histoire, certaines évidentes comme "les apparences sont trompeuses", d'autres moins, comme le faite que la lumière n'a rien à voir avec le bien, et les ténèbres n'ont rien à voir avec le mal. C'est l'usage qui compte, je pense sincèrement que l'on peut faire le bien avec un pouvoir ténébreux."

Cette histoire était partiellement vrai, ce qui concernait ce noble l'était. Lan y avait été envoyé pour l'assassiner et faire en sorte que la vérité soit révélée, mais c'était une époque où il était encore un Nerozias, le Caporal-Chef ne pouvait pas révéler toute la vérité. Néanmoins, cette longue introduction lui permettait d'arriver là où il souhaitait arriver depuis le début. Le résultat lui, était inconnu et malheureusement, cela le pouvait le mener à sa propre mort. Tout comme, la jeune femme pourrait nier ces allégations et se méfier encore plus de lui, ce qui était fortement probable, mais cela pouvait la conduire à la faute.

"Tout ça pour dire, que vous êtes surement l'un des êtres les plus bienfaisants de notre monde, toutefois, vos mains sont couvertes de sang en coulisses. Ce qui me dérange nullement, tant que vous n'êtes pas comme ce noble, quelqu'un qui aime torturer les autres. Avoir les mains sales car l'on a sauvé sa peau ou celle de quelqu'un d'autre n'a rien d'immoral. D'ailleurs, peut-on réellement appeler ça avoir les mains sales?"

Lan plissa ces yeux comme pour essayer de voir son âme, bien sûr, ce n'était pas dans ces capacités.

"En faites, je n'arrive pas à réellement déterminer si vous êtes comme cette immondice, ou quelqu'un de bien. Vous agissez comme si rien ne pouvait vous toucher, comme si personne ne comptait dans votre coeur. Vous n'avez pas peur de la mort, mais comment réagiriez-vous, si le Sergent Havelle se faisait tuer? Ou ce Duscisio?"
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Anonymous Invité
Invité

MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeJeu 2 Jan - 5:39

La vie et la mort étaient intimement liées. Irina en avait toujours été persuadée, et plus le temps passait plus cette croyance s'affirmait. Que ce soit par sa propre expérience en tant qu'humaine, par celle qu'elle avait acquise en tant que médecin, ou bien de ce qu'elle avait entrevu pendant qu'Exanimis l'avait possédée... tout indiquait dans ce même sens. C'est pourquoi son absence se peur, souvent troublante aux yeux de pas mal de monde -à juste titre- était la confirmation qu'elle n'était pas n'importe qui. Ou du moins elle ne fonctionnait pas, ne réagissait pas comme n'importe qui, ce qui était plus proche de la réalité. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'étonnait plus de l'image qu'elle renvoyait, ce qui en vérité lui était bien égal. D'un autre côté cela portait plus ou moins à confusion, comme c'était le cas maintenant.

« Je n'ai rien raconté à cet homme. Il a entendu par mégarde ce que je disais, parce que quelqu'un comme vous, inconscient de son environnement ou du danger, a cherché à provoquer un dragon assis sur son trésor. »

La métaphore était sans doute un peu étrange mais il ne fallait pas y voir plus que ce qu'elle venait de dire. Adam avait consciemment foncé en terrain miné tout en se doutant des conséquences, et maintenant il lui faisait gentiment remarquer que d'autres y avaient laissé des plumes. Et encore c'était aller un peu trop loin. Ce pauvre prêtre n'avait rien, et il aurait été aisé de le tuer. Cela lui aurait pris la moitié du temps et demandé moins de ressources magiques. Donc on peut dire qu'il était culotté de faire des remarques sur le moindre mal qu'elle avait choisi. Car c'était bien de ça qu'il s'agissait... Choisir entre la peste et le choléra... Une mort lente et douloureuse ou radicale et sanglante. Elerinna la marionnettiste ou Irina la vipère... Un choix cornélien donc.
Haussant les épaules avec indifférence, elle ne bougea pas et se contenta de répondre à son interlocuteur. Oui elle avait du sang froid, et oui elle avait sûrement pas mal de morts sur la conscience, mais ça ne regardait qu'elle. Il lui était impossible d'effacer ce qui avait déjà été fait, alors la seule option qu'il lui restait, c'était d’œuvrer corps et âme à sa propre rédemption, même si cette dernière ne viendrait sans doute jamais. Regardant par la fenêtre, Irina se garda bien de mentionner sa prise de position par rapport à ses proches. Bien sûr, n'étant ni stupide ni hypocrite, elle savait bien que son rang tout comme chacune de ses actions avait un certain impact sur les quelques personnes qui lui étaient proches. Cependant ne rien faire n'était pas une option, car le laxisme était la principale raison de leur souffrance actuelle. Et que pourrait-elle faire pour eux si elle n'était pas assez forte, si elle n'avait pas les bons moyens ? C'était ce qui la poussait encore à aller de l'avant, indépendamment des nombreux obstacles sur sa route. Il faut être général si l'on veut pouvoir changer la vie de ses frères d'armes, n'est-ce pas ?


« Les tueurs ou même les gardes du corps, tout comme le commun des mortels, viennent de tous horizons. Il y en a donc des plus sensés, plus prétentieux et des plus stupides que d'autres. »

Ce que la rouquine voulait dire c'était simplement qu'elle avait déjà vu de tout en la matière, y compris des mercenaires qui l'avaient sous-estimée pour différentes raisons. Il n'était donc pas improbable que quelqu'un puisse révéler son plan avant même de le mettre à exécution. Ce serait certes stupide à souhait, mais loin d'être impossible. Souriant légèrement, elle y réfléchit. Pour avoir longtemps été un assassin elle-même, on pouvait dire qu'elle connaissait les ficelles un minimum.
D'un autre côté cet homme la faisait rire. Il lui annonçait grosso modo qu'il allait la défendre qu'elle le veuille ou non, et qu'elle l'apprécie ou non. Mais ce n'était même pas une question d'affection. Simplement Irina n'était pas une dame en détresse qui accepterait l'aide de n'importe qui pour la seule raison qu'on la lui offrait. Regarder un inconnu jouer les prétendus chevaliers servants contre son gré... c'était risible et bien illogique à bien des égards. Ce n'était pas non plus par fierté qu'elle était sur la défensive. C'est juste que la méfiance était dans sa nature, et c'était également ce qui la maintenait en vie. Pourquoi y renoncerait-elle maintenant ?


« Une dent ? Une sacrée dent oui. Le pire c'est que j'ignore pourquoi. Je ne lui ai rien fait et c'est même la toute première fois que je la rencontre. D'habitude quand on m'en veut au moins j'en connais la raison. » Elle soupira, levant les yeux au plafond. « Enfin soit... Les choses sont simples. Si elle avait fait usage de violence quelle qu'elle soit, j'aurai mis fin à cela de la manière la plus rapide possible. Nous sommes dans l'enceinte d'un temple après tout, et en tant que tel nous devrions tous faire preuve de bon sens. »

C'était sincère. Évidemment commettre des atrocités dans un temple c'était contre tous les préceptes, et dans la mesure du possible Irina les avait toujours respectés. Cependant il était tout aussi évident que se laisser tuer n'était pas à l'ordre du jour, que ce soit entre des murs sacrés ou ailleurs. Quoi de plus naturel que d'essayer de survivre ? C'était ainsi que fonctionnaient les animaux, et les humanoïdes -peu importe leur race- n'étaient pas différents. Même les sylphides, qu'elle avait exceptionnellement eu la chance de fréquenter, ne faisaient pas exception malgré leur condition de quasi immortels. Souriant au fait que Adam joue sur les mots, Irina plaisanta à moitié.

« J'ai dit qu'elle n'étaient pas souvent justes. Pas qu'elles ne l'étaient jamais. Je ne suis pas ingrate, et je n'ai pas toujours vécu confortablement installée au chaud, avec un toit sur ma tête. Ceci dit vous avez au moins tort sur un point. Les prêtresses ne manquent certes pas des biens essentiels en temps normal, mais ce n'est pas une vérité absolue. Nous sommes en partie dépendantes des dons qui nous sont faits, qu'ils soient grands ou petits. Par conséquent si le peuple de Hellas souffre, nous souffrons avec lui. »

Depuis quelques années, Elerinna avait investi dans l'acquisition de terrains et autres propriétés immobilières, ce qui leur procurait un revenu par des rentes. C'était une des seules manœuvres utiles et honnêtes qu'elle ait entrepris depuis sa prise de pouvoir. Cela ne compensait sûrement pas toutes les décisions au bord de l'illégalité qu'elle avait prises, mais c'était une bonne chose et cela ne se refusait pas. Cela mis à part, Irina n'avait ni confirmé ni infirmé le reste de ce qu'il venait de dire à son sujet. À quoi bon, puisque de toute façon il lui avait exposé un avis personnel et subjectif ? Le fait qu'il se base sur des éléments plus ou moins fondés était normal, sans suffire pour autant à prouver quoi que ce soit... Et c'était très bien comme ça. Il aurait sûrement l'occasion d'en savoir plus une fois qu'il entendrait les rumeurs de leur cité.

« Je suis une religieuse, femme médecin qui passe sa vie sur le terrain. Est-ce si surprenant que je sache garder mon sang froid ? Et auriez-vous préféré que je tue le malheureux pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment ? Je ne suis pas aussi... injuste. Quand à ma position, j'imagine que le facteur chance y est pour beaucoup. Ensuite viennent le dévouement, la persévérance, la perspicacité et la détermination. Le manque de peur aussi. Je n'ai jamais eu peur de m'user jusqu'à la moelle, même pour les tâches les plus improbables et les plus titanesques. »

Oui, en définitive le ressentiment et la révolte étaient de puissants moteurs. Assez pour lui faire prendre son mal en patience pendant des années, étant le petit soldat parfait, efficace et écervelé... jusqu'au point de rupture. Tout supporter pour parvenir à se libérer de ses chaînes, afin de libérer les autres dans la même lancée. La protection n'avait hélas pas vraiment été efficace, puisque Alana était morte après une tentative d'évasion échouée. Encore un grief à rajouter à la longue liste... on pourrait même dire que c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le sanglant calice de sa crédulité.
Réfléchissant à tout cela, une main posée sur le ventre et le regard dans le vague, Irina était pensive mais bien présente malgré tout. C'est vrai qu'elle ne connaissait pas la peur, ou du moins pas autre chose que le goût exquis qu'avait cette émotion chez autrui. En fait pour être complètement honnête la seule chose dont elle avait 'peur', c'était d'elle-même et de la sombre abysse au dessus de laquelle elle  marchait, comme un funambule. Une abîme d'une attirante noirceur qui ne demandait qu'à l'accueillir dans ses bras rassurants, telle la mère aimante qu'elle n'avait jamais eue.


« Parfois, on ne choisit pas ce qui nous arrive. Et quand c'est le cas il n'y a pas grand chose que l'on puisse faire, si ce n'est tirer le meilleur parti du tragique. Quand on subit une tempête et que chaque partie de votre être tremble sous l'impact de la foudre, que chaque recoin de votre âme hésite sous l'impact des flots... Parfois pour ne pas se perdre, on se raccroche désespérément à ce qu'il nous reste afin de ne pas naufrager. On navigue alors dans l'épais brouillard qui suit le carnage, affamé et confus. On navigue encore et encore, parce que c'est la seule chose qu'on sache faire, la seule chose qu'il nous reste. On déploie les voiles à moitié déchirées, à bout de nos bras fatigués, parce qu'on espère qu'au milieu de tout cela, malgré les pertes et les blessures, on finira par voir la terre ferme au loin. La terre, juste la terre... peu importe de quelle contrée ou quel continent, tout ça c'est secondaire... »

Se rendant compte qu'elle avait parlé bien plus qu'à son habitude, la demoiselle soupira. « On ne choisit pas ce qu'on est, mais on choisit ce qu'on en fait, et c'est bien suffisant. »

Bienfaisante ? Ce n'était pas aussi simple, mais c'était presque tentant de le croire. Et puis bien sûr que ses mains étaient couvertes de sang, au propre comme au figuré. Croyait-il qu'il était possible de gagner une guerre sans tuer ? Ou même sans en venir à un tel extrême, qu'il était possible de sauver des vies sans en perdre ? Seuls les enfants continuaient de penser cela. La différence en la matière c'était qu'elle le faisait pour une raison. Au delà de son but, il y avait les gens qu'elle voulait protéger... Des gens qu'elle ne voulait pas mêler à un bain de sang. En résultat, la seule option qu'il lui restait c'était de mettre son âme déjà ténébreuse au service de l'avenir, et d'enfants qui n'auraient jamais à connaître la bassesse corrompue qui tel un ver invisible, rongeait Hellas, et plus largement Isthéria dans son entièreté. C'était pour le futur d'Alix, d'Othello et de son enfant à venir qu'elle continuait de tracer son chemin advienne que pourra.

« C'est une bonne question, en effet. » Une question qu'Irina s'était souvent posée, et qu'elle continuerait certainement de se poser un bon moment. Après tout ce monde qu'elle construisait, il se pouvait qu'elle ne le voit jamais de ses propres yeux. Enfin qu'importe, une fois son enfant mis bas, la seule chose qui comptait c'était que tout ne soit pas vain.
La question suivante était prévisible, ce qui n'empêcha pas un sourire amer de se dessiner sur son visage. La réponse était plutôt évidente, mais elle ne la formulerait pas de cette façon. D'autant plus que le soldat venait de comparer l'incomparable. Bien entendu que sa réaction ne serait pas la même si les vies de Duscisio et Veto étaient en jeu. C'était comme comparer la beauté légendaire de Kesha à la laideur indescriptible de Sharna. Aussi noble que soit l'albinos, les deux hommes n'avaient pas du tout la même valeur à ses yeux... ou plutôt à son cœur, quoi qu'il lui en coûte de l'admettre.


« Peut-être bien que je suis les deux, qui sait ? Je n'agis pas comme si rien ne pouvait me toucher. Je connais mes limites et je suis prête à assumer ce que je dis et fais. Prête à payer le prix qu'il faudra tant que cela n'engage que moi. Ensuite pour ce qui est des gens qui comptent à mes yeux et finalement ils ne sont pas si nombreux que ça... Je les protégerai quoi qu'il en coûte, comme je l'ai toujours fait. Cela fait bien longtemps que la Vipère n'a pas attaqué en premier, et qu'elle se tapit prudemment dans sa tanière. Cependant aussi endormie qu'elle soit, elle mordra tout agresseur qui approchera de son nid, sans distinctions... et sa morsure sera aussi silencieuse que foudroyante. Cela répond-il à votre question ? »
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MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeSam 22 Fév - 22:44

Le prêtre était donc bien un dommage collatéral, il est vrai que sa démonstration était plutôt impressionnante, même un homme comme Adam avait succombé à la peur, pourtant depuis qu'il trainait sur les routes, son expérience des monstruosités de leur monde avait bien grandi. Ce n'était plus le fermier amnésique, mais un guerrier rompu au combat, des atrocités, il en avait vu contrairement à ce pauvre religieux, bien à l’abri dans son temple. Lan avait pris sa place, ce genre de choses ne le touchait pas, dans sa jeunesse, le tueur avait tellement été confronté au pire côté des vivants qu'il avait appris à ne plus être impressionné, sans compter que l'ancien Nerozias s'était cru mort, bien que de l'être n'était pas son souhait, cette expérience avait brisé quelques choses en lui, son acceptation, il ne la craignait plus, ce que le Caporal-Chef avait perdu en humanité, il le gagnait en sang froid.

"Je n'ai jamais vu de Dragon, j'ignorais qu'ils pouvaient être aussi charmant, néanmoins ce prêtre a sans doute eu plus peur de vos yeux d'une profondeur abyssale. Moi même, j'ai eu un mouvement de recul."

Lan savait très bien qu'Irina, si elle l'avait souhaité, pouvait faire disparaître ce prêtre facilement, tout comme lui, et pourquoi ne pas le rendre fou. Du moins, le soldat le supposait, et de sa propre expérience, mieux valait surestimer une personne, que de la sous-estimer. Et même ainsi, il était impossible de prévoir réellement les actions, une simple impulsion pouvait réduire un plan quasi parfait en un échec cuisant. Son instinct lui disait que face à la prêtresse, ces chances étaient quasi nulles dans un affrontement, même si cette dernière était enceinte jusqu'au coup. Néanmoins, celui qui avait trimballer ce pauvre hère, ce n'était pas la Vipère, mais bien lui.

Irina disait vrai en signalant que l'on trouvait de tout dans tout les domaines, néanmoins, dans le monde des tueurs ou des gardes du corps, certains défauts ne pardonnent pas. Bon nombre d'assassins chevronnés avaient péri bêtement, car trop sûr d'eux, et il en serait ainsi encore dans le futur. Les plus jeunes, c'étaient bien pire, puisque outre le manque d'expérience, certains se laissaient enivrer par leur réussite pourtant récente. Fatalement, la mortalité chez les nouvelles recrues étaient importante, sans compter que la chance y jouait pour beaucoup.

"Oui, cependant, c'est oublié mon âge, jeune femme. Je n'imagine pas un tueur survivre aussi longtemps que moi, en ayant l'arrogance de dévoiler son plan à la victime. Ce qui au contraire est une bonne chose de le faire en tant que soldat, de mettre en avant un risque. Mieux vaut prévenir que guérir."

Lan étudiait les gestes et les réactions de Irina, on pouvait y lire de l'agacement, de l'incompréhension, de la sincérité, en aucun cas du mensonge ou de la vengeance. La Prêtresse ne semblait pas comprendre ce que lui reprochait Verna. Toutefois, la Rouquine était persuadée qu'elle aurait pu la maitriser ou l'éliminer rapidement, et certainement dans un minimum de dégâts, afin de préserver ce lieu de culte.

"Il n'est pas forcément nécessaire de connaître une personne pour que celle-ci nous en veuille. Vous n'avez peut être pas réussi à sauver l'un de ces proches, et rejettent sa mort sur celle qui n'a pas su le protéger. Les religions sont peut être ce qu'elle abhorre et vous êtes un symbole de l'une d'entre elle avec votre participation au remède."

Le Caporal-Chef afficha un visage sûr de lui, un sourire arrogant appuyait son expression. C'était de la pure provocation mais Lan le pensait sérieusement, et cela l'amusait, bien qu'il était persuadé qu'Irina en avait cure, toutefois, cela lui faisait aussi du bien à sa fierté et le Soldat avait confiance en ses réflexes et à son anticipation. Bien qu'il était du genre prudent et faisait en sorte de ne jamais sous-estimer sa proie, pour sa survie, le doute n'était jamais permis, ce qui était paradoxal dans un sens, puisqu'il s'entrainait toujours et toujours, sans cesse vouloir être plus performant, ce qui revenait à mettre ces capacités en questions en permanence.

"En faite, je ne pense pas que vous auriez pu la neutralisée, j'aurais été bien plus rapide que vous et sans dégât au temple. Enfin, Cela ne vous intéresse pas et nous ne le serons jamais."

Il était à noter que Lan avait parlé de neutraliser, non pas de tuer, ce n'était qu'un détail, toutefois, cela soulignait sa confiance.

Irina venait de marquer un point, en cas de famine ou comme ce fut le cas, d'épidémie par exemple, les temples n'était pas approvisionné de la même manière. Ce qui était logique, mais c'était sans compter, les réserves de nourriture que pouvaient contenir les temple, et du type de religion. Malheureusement, Adam et Lan ne pouvaient pas posséder d'opinion concrète sur le fonctionne de leur temple, puisque arriver encore trop récemment dans la ville de Hellas, et ils avaient passé leur temps à intégrer leur corps militaire, sans pouvoir réellement profiter de la ville.

"Vous marquez un point, étant un nouveau habitant de Hellas et ayant passé mon temps à la caserne, je n'ai guère d'idée de la réalité de cette ville, j'ai sans doute trop généralisé et me suis trop appuyé sur mes voyages à travers le monde, seulement ce n'est pas le cas partout. Loin de moi de remettre en cause votre ordre, croyez moi. Puisque vous vivez pour le bien de vos patients, vous êtes forcément empathique à la population."

Une facette de Lan qui n'avait pas jusqu'alors montrer à Irina, admettre qu'il avait tord et faire preuve d'une certaine modestie. L'ancien tueur pouvait effectivement faire preuve de ces qualités, bien qu'en général, il n'en faisait pas usage. C'était une attitude qui pouvait être interprétée comme une faiblesse dans son ancien milieu, ce qui pouvait expliquer cela, au moins, il y arrivait et Adam était bien plus compréhensif.

"C'est différent, entre être la cause d'un évènement et assisté au résultat. Enfin, si je dois vous croire, vous n'êtes pas hypocrite, vous ne vous voilez donc pas la face. Mais est-ce vrai? Après tout, on vous surnomme la vipère, et les serpents sont aussi vifs que sournois."

Lan posa ces doigts sur son menton et leva les yeux au plafond richement décoré, une expression perplexe.

"Ce qui ne cadre pas vraiment avec vos actions. Je ne doute pas que vous sachiez agir en sous-main, mais encore une fois, vous me laissez perplexe. Je me demande d'où provient votre surnom... pratiquez-vous l'art du poison? Après, tout le poison est l'arme favorite de beaucoup de femmes, cela pourrait l'expliquer."

Lan observa Irina, plongé dans le vague, l'image qu'elle renvoyait était celle d'une femme tout ce qu'il y a de plus normal, une mère qui attend impatiemment la naissance de son enfant, difficile à l'imaginer vu leur discussion et la froideur de la prêtresse. Ces pensées devaient être différente, certainement plus sombre. Si on capturait son image et qu'on lui montrait, le Caporal-Chef imaginait sa surprise, la rousse ne devait sans doute pas se croire capable de telles expressions.

"Je vais peut être me faire passer pour un vieux romantique, mais cette terre que vous semblez tant rechercher à travers cette tempête, cette main tendue qui vous retient de tomber dans les abysses, n'est autre que vos proches, ceux que vous chérissez, et au dessus, tel un phare qui éclaire de sa lumière à travers la tempête, se trouve l'amour."

Les deux? Cela semblait tellement bien coller à Irina, cette réponse pour Lan. La prêtresse était prête à tout pour réussir ces objectifs, mais uniquement ce qui lui semblait nécessaire. Pour cela, il était sûr que la jeune femme était capable de tout, mais contrairement au monstre qu'il avait cité, l'ancien Nérozias pensait que la prêtresse n'avait pas encore franchi la ligne sans retour, la preuve, le prêtre et lui étaient toujours de ce monde.

"Malheureusement, nos proches sont toujours les cibles de nos ennemis, ils restent nos points faibles..."

C'était bien l'unique chose que Lan regrettait, ne jamais pouvoir se laisser à l'amitié, et encore moins à l'amour. Cela se sentait dans le ton de sa voix, emplie de mélancolie et de tristesse. Il le savait au fond de lui, le tueur n'était pas capable de supporter de perdre quelqu'un qui lui était cher à son coeur. Le Caporal-Chef n'avait pas cette force et ne pouvait pas se le permettre à l'époque. Cela faisait des sacrifices qu'il avait estimé nécessaire pour assouvir son rêve de paix, malheureusement, c'était un mauvais pari, puisque l'organisation en qui il avait mis toute sa foie, s'était révélée partiellement corrompue. A son âge, c'était trop tard pour trouver une femme, mais il avait songé que se faire des amis par mis les soldats pouvaient être une bonne chose.

"Ahahaha, je vous aime bien. Vous êtes conscientes de vos crimes et vous les assumez. Vous me faites penser à moi dans ma jeunesse, où j'étais prêt à tout pour apporter la paix dans ce monde. Il vous manque cependant ce petit quelque chose, ce supplément d'âme qui pourrait éviter de vous égarer. Ce n'est peut être que moi, mais j'ai l'impression que vous marchez toujours aux bord d'un gouffre sans fond."

Adam sourit et la fixa droit dans les yeux.

"J'ai décidé de vous faire confiance, je serais celui qui essaiera de vous maintenir du bon côté en attendant que vous ouvriez votre coeur à quelqu'un... Bien que cette personne se trouve déjà proche de vous."


Ce Veto Havelle était ce qu'il semblait se rapprocher le plus de cette clé. Néanmoins, Irina semblait être une personne froide. Déception amoureuse éventuellement, ou pire un coeur de glace. Lan devait trouver ce qui en était réellement, toutefois son choix était fait. Sa vérité depuis si longtemps cachée, allait être sa plus grande preuve de bonne volonté, mais aussi une épée de Damoclès au dessus de la tête de la belle rousse et bien entendu sur la sienne. Puisque si cette dernière dérapait, l'ancien Nérozias serait l'un des premiers à périr, voir être manipulé comme une marionnette avant de l'être s'il ne s'en apercevait pas à temps. Le Soldat défit son gant comme les bandes qui recouvrait sa main, et lui montra son symbole, ce qui avait fait jadis sa fierté avant de provoquer sa perte. Depuis, il avait compris, si le but de cette organisation était noble, malheureusement, il n'en était pas le cas de tout ces membres, même les plus hauts placés.

"J'étais un ancien tueur Nérozias, il y a bien longtemps. On m'a demandé d'assassiner une rivale de l'actuelle Grande Prêtresse, une certaine Alana
- Lan sourit une nouvelle fois, puisque cette Alana n'était autre que la tutrice d'Irina, et la rouquine était suffisamment intelligente pour deviner qu'il le savait - et sa protégée. J'ai refusé, car cela allait à l'encontre de mes convictions. Tuer un enfant n'apportera pas la paix, l'assassinat que l'on m'avait chargé était uniquement politique, donc hors de propos. Mon organisation tenta de me tuer, et me laissa pour mort, ce qui n'était pas loin d'être vrai puisque j'ai survécu par miracle et pendant presque dix ans, je fus amnésique. J'ai retrouvé ma mémoire mais je possède deux personnalités, qui vivent en symbiose. Ironie du sort, je suis tombé par hasard sur cette enfant, devenue belle jeune femme, et une prétendante à la succession de l'Elérinna."

Lan laissa quelques secondes à Irina pour faire le point dans tout ça et repris d'une voix qui ne laissait aucun doute sur sa confiance.

"Du coup, je trouvais amusant de voir ce que valait cette jeune femme, et je dois dire que vous ne m'avez pas déçu. Alors seriez-vous prendre le risque de m'avoir derrière votre dos en attendant de trouver ce qui manque à votre coeur ou me tuerez-vous dans cette pièce?"
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MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeMar 25 Fév - 16:46

Charmant ? C'était... un drôle d'adjectif, surtout de sa part. Il n'avait pas l'air du genre à se laisser prendre au jeu d'une femme, et encore moins d'une femme enceinte. Irina en déduisit donc que ce n'était que de l'ironie, ou en tout cas pas une affirmation à prendre au premier degré. Se contentant donc de hausser les épaules avec une légèreté qui ne reflétait pas nécessairement ce qu'elle pensait réellement, la prêtresse répondit avec une teinte d'humour.

« Plus de peur que de mal dans ce cas, non ? »

Les apparences étaient trompeuses, et s'il tenait à se méfier ou la juger pour ce qu'il avait vu, libre à lui. C'était son droit le plus strict, et qu'il ait raison ou non n'y changeait rien au fond. D'ailleurs à l'heure actuelle son opinion lui importait peu. C'était plutôt la façon dont il agirait à l'avenir qui pourrait avoir des conséquences plus ou moins fâcheuses. Tout dépendait de sa capacité à voir plus loin que le bout de son nez, et la force de son instinct de survie. Après tout par les temps qui couraient il ne faisait pas bon de se mettre un prédateur à dos pour si peu. Autant ne pas leur donner une réelle raison de vous en vouloir. Du moins c'est ce que voudrait le bon sens.
Étudiant son interlocuteur à travers ses gestes, ses expressions et aussi la délectable émotion que dégageait son aura, Irina était pensive. Ce qu'il disait au sujet de Verna était vrai en partie. C'étaient des explications certes irrationnelles et un brin stupides, mais pas illogiques. Ceci dit quelque chose lui disait que les motivations de la jeune noble qui l'avait attaquée étaient plus sombres qu'une simple rancune. Plus inavouables, plus profondes et plus glauques, aussi.


« Oui, il est dangereux et pas si bien vu d'être une figure publique actuellement, surtout lorsque l'on est religieux. C'est assez triste que les gens ne sachent pas faire la part des choses. Enfin j'imagine que je ne devrais pas me plaindre, le peuple m'estime et je n'ai pas encore vécu d'expériences désagréables. Cependant vous avez sans doute raison concernant dame Luxis. Je n'ai pas été entraînée à 'neutraliser' les gens, je vous le condède. »

À les tuer de mille et une façons non détectables oui, mais pas à les neutraliser. Ce qui ne voulait d'ailleurs pas dire qu'elle en était incapable, bien que sa condition physique actuelle soit évidemment un handicap en la matière. Néanmoins ce corps frêle et maigre, désormais alourdi par le poids de l'enfant qu'elle portait, était aussi d'une vigoureuse résistance. Le froid du nord et le peu de conditions avaient souvent raison des enfants les plus fragiles. Pourtant non seulement elle y avait résisté sans un toit sur sa tête, mais en plus du reste Irina avait aussi survécu à la peste noire qui avait ravagé la ville dans son enfance. La Sarnahroa n'était donc pas sa première épreuve en la matière. Son métabolisme incroyable l'avait aidée et continuait de le faire, lui permettant de donner la vie à un enfant qui chaque jour, à chaque instant, se nourrissait de la vitalité de sa mère.

La discussion évolua, et ils recommencèrent à parler de sa personne. En résultat elle lui sourit ironiquement, amusée de la tournure de la conversation. Cette comparaison était... pour le moins naïve, que ce soit volontaire ou non. Tout le monde se jouait des mots et du paraître, mais tous n'étaient pas sournois pour autant. Tout au plus dirait-on qu'ils faisaient preuve d'adaptation pour pouvoir se protéger et vivre dans leur milieu. Mais sournois ? Cela supposait qu'elle avait des ambitions personnelles, ce qui n'était pas vraiment le cas.


« Un symbole possède plusieurs significations, selon celui qui l'emploie. Dans beaucoup d'écrits et de mythologies, le serpent est un animal aussi cruel qu'il est juste. Tout comme la Justice, il est aveugle. On dit aussi de lui qu'il n'attaque que pour défendre sa vie ou son territoire, ou bien sûr, pour se nourrir. Il est aussi fréquemment associé à la médecine et à l'alchimie, ce qui en soi n'est pas une mauvaise connotation, n'est-ce pas ? Le serpent me va bien, je trouve. »

Avec un sourire, elle remonta sa longue manche jusqu'à l'épaule, afin de dévoiler le bracelet en forme d'Ouroboros qui ornait son biceps. Le métal sombre faisait le tour de son bras, et deux catalyseurs étaient encastrés en guise des yeux du serpent qui se mordait la queue. L'éternel recommencement. Le cycle éternel. Riant doucement à ces questions plutôt directes, elle était amusée. C'était le genre de choses que beaucoup de gens devait se demander, sans jamais oser lui poser ces questions en face. C'était sans doute la raison qui faisait son hilarité, d'ailleurs.

« Oui, je suis spécialiste des poisons et de leurs antidotes, comme l'était feu ma mentor. Ceci dit comme vous vous doutez, je ne suis pas arrivée à ce poste en excellant dans ce seul domaine. Cela paraîtra sans doute arrogant, mais je me considère comme l'un des meilleurs médecins terrans encore en vie. J'ai entendu parler de nombreux confrères sylphides ou sindarins réputés qui seraient également talentueux, mais je n'ai jamais eu la chance de les rencontrer. Les Sylphides sont très... méfiants, faute de meilleur mot ; et les sindarins et bien... Ils gardent jalousement leurs secrets. »

Soupirant en pensant à tout cela, Irina réfléchissait. Elle aurait sincèrement apprécié de pouvoir faire leur connaissance. Et dire qu'elle avait failli être la première mortelle à connaître les secrets des Sylphides... S'en était frustrant. Quel gâchis. Dommage que sa nouvelle vie ne s'y prête pas, après tout elle avait reçu le feu vert de leur Grand Maître. Cela n'aurait pas été sans en payer le prix, évidemment, mais bon. Levant à nouveau les yeux vers Adam, elle le scrutait. Son analyse était affûtée et pertinente, bien qu'il ait mal interprété sa métaphore. Avec la franchise désarmante qui la caractérisait, elle lui répondit.

« Non, je ne pense pas que cet Amour dont vous parlez soit la planche salvatrice dont je parlais. En tout cas je ne compte pas là dessus pour me tirer d'affaire, c'est une certitude. Au plus on se fie à autrui, et au plus on court le risque d'être déçu. Je préfère encore devenir le port d'abri pour ceux qui m'entourent, quitte à essuyer la tempête. Je suis plus à l'aise dans ce rôle... également parce que je n'ai pas le luxe de pouvoir laisser certaines personnes disparaître. Elles sont ma faiblesse, et elles sont aussi ma force. Le bout de raison qu'il me reste, le rempart qui me sépare de l'abîme. »

C'était pour les prêtresses -sa seule famille- et pour leur avenir qu'elle se battait sans cesse. C'était là son moteur et sa force. Se battre pour un futur qui n'existait pas encore était risqué, difficile et parfois épuisant. Seulement quel choix lui restait-il ? Se laisser mourir ou rester les bras croisés n'était plus une option viable. Alors Irina faisait ce qu'elle avait à faire, tout simplement.
Le rire franc d'Adam la laissa de marbre. Elle les assumait, disait-il ? Si seulement c'était aussi simple. C'est juste qu'elle ne pouvait se mentir à elle-même. Sa conscience ne dormait pas, et la rendait douloureusement lucide sur ce qu'elle avait fait et continuerait de faire si nécessaire. Dire qu'elle assumait ce passé était un bien grand mot. Enfin qu'importe. Ce n'était pas non plus en pleurant le sang versé qu'elle changerait ou réparerait les choses. Le seule chose qui lui restait, c'était la rage de tout changer, afin que personne n'ait à se salir à nouveau les mains comme elle l'avait fait. Son expression se durcit et se referma à ces paroles, comme au baisser d'un rideau. Il ne manquait pas d'air et de courage, mais il y avait beaucoup de choses qu'il ne pouvait comprendre.


« Vous êtes bien culotté de vous propulser à une position aussi... délicate. Qu'est-ce qui vous fait dire que vous pourriez avoir assez d'influence sur moi pour éventuellement être capable d'un tel prodige ? »

Elle ignora volontairement le sous entendu, car elle ne tenait pas à ce que la conversation dérive en ce sens. Cela n'apporterait rien de bon, et il valait mieux ne pas tenter le démon qui se tapissait en elle. Sa patience avait des limites, et sa frustration en la matière était telle qu'il valait mieux ne pas prendre de risques. Après tout il y avait des choses qu'elle devait encore digérer. À supposer qu'elle y arrive. Se demandant toutefois quel instinct paternaliste le prenait, Irina le vit défaire les bandages autour de son bras. Ce qu'elle vit lui arracha un haussement de sourcils pour tout signe de surprise, ce qui était déjà énorme. Un ancien Nérozia. Oui, elle en avait vus suffisamment pour reconnaître instantanément cette marque. Il lui avait été donné d'en soigner en différentes circonstances, parfois en connaissance de cause, d'autres fois en le réalisant à posteriori... Ce qui ne changeait pas grand chose pour elle, au final. C'étaient des gens et ils devaient être soignés. Il n'appartenait pas à un médecin de rendre justice là dessus, bien que ce soit parfois tentant.

Toutefois ce qu'il lui révéla ensuite fut une douche froide. Ses traits se figèrent et sa mâchoire se contracta alors qu'elle l'écoutait sans l'interrompre. Pourquoi fallait-il que cette partie de son passé ne cesse de resurgir des décombres ? C'était comme si on la forçait à revivre le même cauchemar un incalculable nombre de fois, encore et encore. Alana. Ce nom la hantait, ranimant des sentiments conflictuels dans sa poitrine. C'était comme si ce feu qu'elle croyait depuis longtemps éteint était resté sous l'état de braises, attendant le moindre souffle pour brûler de plus belle. Le destin était bien cruel, une impudente catin se moquant de tout et de tous, les saignant avant de virevolter hors d'atteinte. Irina jura intérieurement. Quelque chose lui disait qu'il valait mieux ne pas s'attarder sur Alana et tous les souvenirs que ce nom amenait avec lui. La rouquine se concentra donc sur la dernière question du soldat, et lui répondit plus froidement, sur la défensive.


« Ni l'un, ni l'autre. Je ne vous tuerai pas, après tout je suppose que je vous dois la vie, même si je l'ignorais jusque là. Cependant je ne peux vous faire totalement confiance pour autant. C'est peut-être ingrat de ma part, mais je n'y peux rien. En outre, je n'ai pas vraiment le choix. Vous serez sans doute dans les parages la plupart du temps, vue votre affiliation à la garde prétoriale. Quitte à devoir avoir un homme dans mes pattes, autant que ce soit vous. Prenez ça comme un compromis. »

Bien entendu elle avait des gardes du corps personnels qui étaient à sa solde. Seulement à l'heure actuelle leur présence aurait été inutile. La présence de plus de gens armés dans le temple d'Aléa n'allait sûrement rien amener de bon, surtout avec la tension qui régnait entre les Gélovigiens et les empiristes... Dans tous les cas, ces soudaines révélations avaient quelque chose d'étrange. Pourquoi avoir choisi ce moment pour lui parler de ça ? Pourquoi ne pas lui en avoir fait part avant, si c'était si important pour lui qu'elle soit mise au courant ? Intriguée, elle décida de l'interroger directement.

« Je crois tout ce que vous venez de me dire, mais je ne peux m'empêcher de me demander... Qu'attendez-vous de moi, maintenant que je sais tout cela ? »
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeMar 4 Mar - 23:04

Lan interpréta le haussement d'épaule pour un "Il n'y a pas mort d'homme", ce qui n'était pas faux, et à l'en croire, le prêtre ne se souviendrait de rien, toutefois le soldat de la Garde Prétorial ne serait sans doute pas là à son réveil pour le confirmer, Irina pouvait donc lui raconter ce qu'elle souhaitait. Loin de vouloir mettre sa parole en doute, le schizophrène préférait soulever ces doutes en accord, plutôt d'être contradictoire. Leur entretien ne commençait pas du bon pied même si cela restait cordial, et le Soldat n'en savait pas suffisamment pour tout gacher.

"Effectivement, s'il ne se souvient de rien à son réveil, ce pauvre homme s'en sort bien."

Lan émit un léger sourire quand la femme enceinte confirma qu'elle n'était pas du genre à neutraliser les gens. C'était avoué à demi-mot que la prêtresse n'agissait pas en demie mesure, que la Rouquine aurait attaqué Verna sans chercher à la ménager, et sans doute de façon à la tuer le plus rapidement possible. Ce qui ne signifiait pas son incapacité à agir en "douceur", mais un manque d'habitude ou plus pragmatique, ne pas s'embêter à le faire.

"Bah, mes hypothèses sont sans doute fausse, si on peut les appeler des hypothèse, Dame Verna semblait bien plus sombre pour ce genre de vengeances. Quoi qu'il en soit, elle semblait vous connaître. Et je vous remercie d'avouer que ma présence n'était pas si inutile que ça lors de cette discussion..."

Lan s'amusait de sa dernière remarque, Irina ne voyait sans doute pas les choses ainsi, mais il aimait détourner ce que l'on lui disait, certains à la caserne ne l'appréciait pas pour ce genre de choses. Néanmoins, c'était sur le terrain qu'il ferait ces preuves, et gagner la confiance de ces paires. Cela commencerait par les hommes sous son commandement, même si pour son Caporal, c'était mal partie.

Apparemment avoir émis l'éventualité de la sournoiserie n'avait pas plu à Irina, cette dernière se mit à parler de la signification et du symbolisme du serpent. Un sujet qui n'intéressait guère Lan, pour lui, le reptile était un prédateur qui attendait qu'une proie passe à sa portée. Ce qui n'en faisait pas un animal abject, juste patient et sournois.

"Oui, tout cela est une question de point de vue et de symbolisme. Pour moi, un serpent est un prédateur. Quand au symbole de la médecine, si je me trompe pas, c'est en rapport à l'utilisation de leur venin comme antidote, non?"

La prêtresse releva sa manche pour dévoiler un bracelet d'un serpent qui se mordait la queue. Le symbole d'un éternel recommencement. Lan n'appréciait pas ce genre de symbolisme, car dans un sens, cela signifiait que tout était un éternel recommencement, tout ce que l'on pouvait faire, c'est de suivre le courant puisque quoi que l'on fasse, c'était inutile, c'était donc renié ces valeurs. Et s'il ne dit mot, le Caporal-Chef ne cacha pas son agacement, tandis qu'Irina riait gentiment, pas de lui, puisqu'elle ne pouvait pas deviner l'effet que provoquait ce genre de choses.

"Je vous ai dit que vous étiez l'une des médecins les plus importantes au monde, je n'y vois nullement de la vantardise mais un simple fait. Il est vrai que se sont deux peuples assez secret, mais j'aime à penser, dans un futur sans doute bien éloigné, la disparition de ces barrières."

Tout ces secrets semblaient exaspérer Irina, sans doute que la prêtresse y voyait de nombreux remèdes non partagés, de nombreuse vie perdues inutilement de tout peuple. Pour Lan, cela allait au delà, ces secrets n'étaient que l'une des nombreuses pièces d'un manque de compréhension mutuel, et par conséquence d'un manque de confiance. La médecine des Sylphides pouvait être un pont pour les détruire, ce risque était faible, mais cela permettrait de comprendre leur fonctionnement, un artefact empêchant leur réincarnation, en cas de mort du corps, était théoriquement possible, tout était possible dans ce monde de magie. Le Soldat comprenait cette méfiance plus que légitime. Sans compter, que tout savoir peut être utilisé comme arme. Le Garde Prétorial songea de nouveau au serpent, un parfait exemple, le poison servait aussi bien d'antidote que d'armes, et il était persuadé, que la femme enceinte avait pratiqué cet art dans ces deux cas.

En écoutant Irina, Lan venait de songer à une chose, il avait effectivement fait référence à Veto, pourtant cela ne devait pas être la première personne qui devait l'empêcher de basculer. Cela sautait aux yeux, ce ventre bien rond.

"Je viens de réaliser en vous écoutant, que comptez-vous faire de cet enfant? Vous avez beau vouloir être un port d'attache pour les autres, de piètres qualités, mais celui qui aura le plus besoin de vous, c'est bien lui."

Lan sourit maladroitement et s'ébouriffa les cheveux, ces paroles étaient dure et trop personnelles. Un comble concernant l'intrusion de la vie privée de la Vipère, puisque ce dernier n'arrêtait pas de l'envahir, sans aucun remord, toutefois, lui qui n'avait jamais eu de famille, aussi loin qu'il se souvienne, c'était la plus grande intimité qui puisse exister.

"Désolé, je vais trop loin dans mon intrusion de votre vie privée. Quand à la piètre qualité de votre port d'attache, je considère que pour être un port solide, il faut des potons en conséquences, hors vous avouez éviter d'être trop proche des gens. Vous ne comptez principalement que sur vous même, ce qui vous rend fragile."

Irina devint fermer, la jeune femme n'avait nullement apprécié ce trop plein de confiance. Comment pouvait-il se permettre de se croire capable de la contrôler? Il y croyait car Lan l'avait décidé, c'était aussi simple que ça dans sa tête. Que la prêtresse le veuille ou non, que Adam soit pour ou contre, c'était ainsi. D'un air franc, il lui souri sûr de lui pour toute réponse. Cette certitude s'affichait sur son visage.

Irina réagit d'un seul haussement de sourcil pour toute surprise. Toute autre personne aurait réagit bien plus brutalement en voyant ce tatouage. Lan admirait son sang froid, ce symbole portait bien souvent malheur à celui qui le voyait, et pourtant la Rouquine restait stoïque. Néanmoins, ce fut bien différent quand cela concerna Alana. Ce coeur n'était pas si froid que ça, la jeune femme avait beau prétendre le contraire, l'ancien Nérozias aurait pu le souligner, mais il se contenta d'expliquer que sa vie sauve, n'était du uniquement par la grâce de sa mentor. La plaie semblait encore béante malgré les années, ce n'était pas homme à torturer.

"Vous sauvez la vie? Je ne suis pas aussi prétentieux, l'organisation a du envoyer quelqu'un d'autre, Alana est la seule que vous devez remercier pour être encore vivante, et rien ne dit que j'aurais réussi."

Lan pris une pose nonchalante et la regarda d'un air amusé néanmoins, ces paroles étaient la stricte vérité. Pour lui, cela n'avait été que de l'égoïsme, voir la bêtise de la jeunesse. Bien sûr, à l'époque, il pensait agir pour les intérêts des Nérozias en refusant, et fondamentalement, le Tueur n'avait pas tord, la mort d'une enfant n'apporterait pas la paix, toutefois, en la refusant, on avait essayé de le tuer, et donc le faire quitter part la force des choses. En l'acceptant, il aurait peut être pu gravir les échelons et tenter d'éradiquer la corruption, au risque de l'être à son tour et au prix d'une enfante innocente, mais pour combien de vie gâché aussi?

"Je n'ai fait qu'agir égoïstement selon mes propres convictions. Et cela s'arrête là, il n'y a rien d'héroïque la dedans. Et maintenant, encore j'agis comme tel, pour ma curiosité et mon amusement. L'avantage d'être "mort" - Lan fit les guillemets avec les doigts - une fois, on profite de chaque instant comme le dernier, sans rien craindre... même si mon double et vous, êtes entrainés la dedans..."

Le Caporal-Chef reprit son sérieux.

"Ceci-dit, je ferais mon travail de soldat sérieusement. Plus que quiconque, je sais à quel point la vie est précieuse, non pas après l'avoir presque perdue, bien avant. Cela peut vous semblez paradoxal, toutefois c'est bien parce que je savais ce qu'elle valait que je suis devenu tueur. Eliminez ce qui est trop corrompu pour être sauvé afin que d'épargner innocents et ce quelques soit la race, voilà ce qu'était mon crédo. Toutefois, c'est une vie très solitaire d'être tueur, aucun ami, aucune femme, et je compte bien me rattraper sur le premier point, je ferais en sorte de former mes hommes correctement. Quand au second, bah, je suis trop vieux pour ça et simple trouffion, c'est pour les jeunes, je devrais mourir assez rapidement, j'aurais de la chance si mon corps ne me trahit pas avant un ou deux ans, donc je me contenterais des putes de Hellas."

Irina soulevait une question importante, qu'est-ce qui l'attendait d'elle? Lan attendait qu'une seule chose. Que la prêtresse reste sur sa ligne de conduite, ne pas se perdre dans les méandres du mal. Le Soldat savait pertinemment que la jeune femme marchait sans cesse sur une corde, si mince que le terme adéquate de ficelle lui semblait être plus proche de la réalité. Ce qui lui fit rappeler une chose.

"Ah, j'ai oublié de vous répondre pour votre compromis. Je dirais que la confiance se gagne par des actes, non pas par des paroles, donc vous avez nullement à me faire confiance, puisque pour l'instant, je n'ai rien fait pour. Et quand à savoir ce que j'attends de vous..."

Pour la première fois depuis longtemps, Lan fit parler sa nature de tueur. Contrairement à ce que l'on pouvait imaginer, le tueur ne dégageait aucune aura, aucune envie de meurtre, rien n'était fait pour impressionner car en réalité l'art de l'assassinat consistait à se vider de toute émotion, et l'appel du sang avait beau imposé la peur à sa victime, c'était s'exposer au danger. La discrétion était l'arme principal de ce métier pour lui. Son regard était perçant scrutant le moindre mouvement, la moindre respiration. Irina n'allait nullement être impressionnée par ceci, ce n'était pas le but, la Rouquine conservait toujours son avantage, la balance n'avait nullement bougé de son état initial.

"Ce que j'attends de vous, c'est juste de tenir votre voile fermement, ne pas céder à la mer, ne pas vous noyez dans ces abysses sans aucun espoir de retour. Si la Vipère n'a pas attaqué la première depuis longtemps, que cela reste ainsi, mais si on vous attaque, utilisez plutôt quelqu'un qui n'a aucun lien avec vous, comme moi. Quelqu'un de jetable, remarque je suis compétent dans toutes sortes de domaine, après tout j'ai passé quelques temps à protéger."

Lan reprit son côté nonchalant instantanément.

"Vous devez-vous demander pourquoi je me propose pour être votre outil, alors que je suis enfin libre de faire ce que je veux. Des Nérozias, je n'ai qu'un seul regret, de n'avoir pas pu monter les échelons pour nettoyer l'organisation de l'intérieur, toutefois je ne suis pas stupide au point de ne pas voir le risque de se perdre sois même, et devenir ce que l'on voulait éradiquer. Si je vous ai bien écouté et perçu, c'est exactement ce que vous faites. Encore un acte égoïste de ma part, puisque je compte sur vous pour effacer mes regrets."
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Une Question de Duallité   Une Question de Duallité Icon_minitimeMer 12 Mar - 2:10

Irina ne se prononça pas davantage sur le sort du prêtre, qui avait basculé dans un sommeil paisible. Son esprit ne garderait aucune séquelle de la mésaventure qui avait eu lieu un peu plus tôt, et son corps n'avait rien non plus. De quoi pouvait-il se plaindre ? Tout au plus garderait-il l'impression d'avoir fait un drôle de rêve dont il ne se souviendrait pas exactement. D'autres s'en étaient beaucoup moins bien tirés, parfois en ayant constitué un danger moins grave, ou pas de danger du tout. À ce sujet on peut dire que la rouquine ne connaissait pas vraiment la demi mesure, tel un animal agissant par instinct de survie. Pourtant il est vrai que Verna avait sciemment dansé sur le fil du rasoir, provoquant une personne qui n'était pas connue pour sa patience. Encore maintenant, la prêtresse se demandait quelle mouche avait bien pu piquer l'adolescente pour qu'elle prenne de tels risques. L'Ordre de Cimméria était aussi craint qu'il n'était adulé dans le monde entier. Se le mettre à dos pour des motifs si obscurs, c'était pour le moins stupide et inutile. D'un autre côté cette attitude était tout sauf banale, et elle comptait bien tenir la jeune noble à l’œil. Ce qui était un vermisseau aujourd'hui pouvait aisément devenir un adversaire de demain si on lui en donnait l'occasion et les raisons.

« Je n'ai pas dit que votre présence était inutile, j'ai dit qu'elle était... mal utilisée. »

Les mots lui paraissaient étranges, pas vraiment bien choisis. À défaut de mieux c'était ce qui était le plus proche de sa pensée, ceci dit. Disons simplement qu'il avait ignoré certaines 'règles' qui pourraient leur servir tous les deux à l'avenir, notamment le fait de ne pas se tenir dans son dos. Ce n'était certes pas une obligation de prendre ça au sérieux, seulement il était indéniable que cela faciliterait beaucoup leur possible coopération à venir s'il accédait à cette demande simple. Enfin ils avaient visiblement le temps de voir comment évoluerait la situation, surtout qu'il paraissait assez décidé à rester dans son entourage.

« Un serpent tue pour se nourrir, comme tant d'autres. En quoi cela le rend-il plus sournois qu'un autre animal qui chasse, comme une lionne ou un hibou ? Sinon pour le symbolisme je ne sais pas au juste. Plusieurs légendes circulent sur le fait qu'un serpent aurait distrait Sharna en le mordant alors qu'il poursuivait Kesha, ce qui lui permit de prendre la fuite. On dit que la déesse lui aurait alors fait cadeau d'un venin qui le rendait enfin capable de se défendre. L'ironie aurait alors fait que les hommes aient besoin de concevoir un antidote pour le contrer. »

Son surnom était lui aussi en lien avec la Lumineuse, bien que ce ne soit pas de son fait. La boucle était bouclée... cette même boucle représentée par l'Ouroboros, et qui n'avait rien avec la notion de destin auquel Irina ne croyait pas de toute façon. Cette boucle c'était la seule chose en ce monde qui soit inéluctable : le cycle de naissance et de vie, de mort et recommencement. Rien n'était jamais figé car une vie qui s'éteignait n'était pas une fin en soi. Certains ne comprenaient pas ou la dédaignaient pour ça. Or pour Irina ce symbole était juste une façon de se rappeler que le temps imparti était limité, et que par conséquent il fallait en profiter à chaque minute. D'un autre côté non, le préjugé ne lui avait pas plu, pas pour le contenu mais pour le principe. Irina avait horreur des idées reçues et de l'esprit manichéen de certains.

Les esprits vieux jeu et pétrifiés dans le temps, c'était justement ce qui causait la plupart des conflits  de ce monde. À cause de personnes détenant un grand savoir mais refusant de le partager simplement par crainte égoïste des conséquences. Tout cela, elle ne le comprendrait jamais. Après tout quelqu'un de décidé à nuire pouvait le faire, avec ou sans connaissances. Cela prendrait juste un peu plus de temps et de rage, c'est tout. Si les prêtresses avaient pensé de cette façon suite à la tragédie de Désia, alors l'art de la médecine n'aurait jamais été équitablement partagé avec leurs semblables. Cette réaction radicale aurait pourtant été légitime et compréhensible après le traumatisme vécu. Cela avait certes complètement changé l'ordre, qui avait du s'adapter afin de se protéger d'un monde qui n'avait pas su leur rendre leur dévouement désintéressé. À entendre certains, elles étaient devenues des femmes aigries, calculatrices et aussi froides que Zaléra. Ce n'était pas totalement faux, mais c'était loin d'être la vérité complète.


« Ce que je compte faire de mon enfant ? Drôle de question que voilà. L'élever dignement, comme n'importe quelle mère le ferait. C'est précisément pour lui et pour l'avenir que je fais ce que je fais. »

Les gens ne comprenaient pas sa façon de penser, que ce soit de par son caractère ou ses décisions. Le peuple avait toujours vu la pointe visible de l'iceberg sans jamais avoir l'occasion d’apercevoir la partie immergée, ce en quoi toute cette crise autour de la Sarnahroa avait été bénéfique. Enfin, c'était toujours en période de crise que la vraie nature des gens montait à la surface, elle l'avait toujours dit. Bien que l'opinion publique lui importe peu, la vérité c'est que c'était plaisant qu'on ne voit pas d'elle qu'une femme aussi talentueuse que misanthrope. Ce n'était pas moins faux, seulement on n'avait plus autant tendance à la réduire à cela.

« De piètre qualité ? »

Elle haussa un sourcil inquisiteur. C'était bien facile de juger sa position quand on se tenait à l'extérieur de l'imbroglio socio-politique où elle nageait. Cet inconnu n'avait ni attaches ni responsabilités. Qui était-il pour se permettre de lui donner des leçons ? Croyait-il que son âge et sa soit disant expérience étaient suffisants à faire de lui un Homme ? C'était si ridicule que s'en était drôle. Mieux valait servir de bouclier pour ceux qui l'entouraient que de rester les bras croisés à attendre de les voir tomber les uns après les autres, sous les coups d'un autre prédateur moins regardant. Elle n'avait pas besoin d'être proche des gens pour leur être liée, ni pour agir de façon à les protéger. Cela il ne pouvait le comprendre, et elle ne comptait pas perdre son temps à le lui expliquer. S'il était assez intelligent, il le comprendrait avec le temps. Dans le cas contraire, tant pis. Il ne serait ni le premier ni le dernier dans le même cas. Préférant garder cette certitude pour elle, Irina sourit avec sarcasme et changea de sujet.

« Votre raisonnement est contradictoire. Vous dites ne plus être un tueur, et pourtant vous déplorez la solitude qui visiblement vous pèse. Seulement si vous n'êtes plus un tueur rien ne vous empêche désormais de refaire votre vie ; que cela engage une vie de plaisirs éphémères ou bien la fondation d'un foyer. Vous n'êtes pas le premier que j'entends dire ça, pourtant vous m'avez l'air d'une personne  résigné, surtout pour quelqu'un qui dit pouvoir profiter de chaque instant sans crainte. »

La contradiction n'était sans doute pas étrangère à sa double personnalité, cependant cela n'expliquait pas pour autant cette arrogance. Cette irritante pétulance qui lui donnait une sacrée envie de le gifler pour lui remettre les idées et le faire redescendre sur terre. Toutes ces théories étaient bien belles, mais leur application était toute relative. Par ailleurs ces changements successifs dans son discours, ou plutôt ces affirmations incompatibles entre elles, lui donnaient envie de voir au delà de cette image de vétéran sans histoires qu'il arborait si fièrement. Irina voulait voir au delà du masque de sens martial. Ce qui était évident ne l'intéressait pas, et c'est pourquoi lorsqu'il parla en laissant filtrer l'assassin qui se tapissait en lui, elle se redressa pour mieux le regarder, comme s'il avait enfin fait quelque chose digne d'intérêt. Un sourire courba ses lèvres pleines, alors qu'elle lui répondit sur le même ton.

« Je n'ai pas besoin qu'un vieillard imbu de sa personne me le dise. Dommage par contre, je ne confie pas ma sale besogne à autrui, et encore moins à quelqu'un à qui je ne fais même pas confiance. J'aime m'assurer que les choses soient bien faites, et le meilleur moyen pour ça c'est d'y veiller personnellement. D'autre part me 'servir' ne serait pas plus intelligent que d’œuvrer pour une organisation comme les Nérozias. Ce ne sera pas plus juste à vos yeux, ni plus utile. Prendre des vies cela reste un meurtre, peu importent les circonstances... Légitime défense, prévention, accident ou acte prémédité. Ma rédemption est suffisamment improbable comme ça, je ne vais pas en plus de ça prendre responsabilité pour les pêchés d'un autre. Vous êtes suffisamment grand pour assumer vos propres actes, qu'ils rejoignent ou non mes intérêts. Ce n'est pas comme si vous aviez besoin de mon aval ou ma bénédiction pour faire un choix, si ? »
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