A la volette - [PV Thalie]

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 A la volette - [PV Thalie]

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MessageSujet: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeSam 1 Fév - 14:52

Quand Léogan se leva, à l’aube de ce matin-là, il se trouva d’une humeur mystérieusement gaillarde. Il mangea avec appétit, prit un bain en fredonnant une petite chanson traditionnelle en tierces où il était question d’un petit oiseau et d’un oranger, et sortit de chez lui d’un pas vif pour se rendre au temple de Kesha. Il n’était pas dans son habitude d’envisager sa journée et les tâches qui l’attendaient avec tant d’enthousiasme, et il ne parvenait pas lui-même à s’expliquer sa joie…
En y réfléchissant bien, cela lui semblait un peu lointain à présent, mais il avait bien fait cette nuit-là un rêve étrange et chatoyant dont il ne se rappelait plus que l’écho des rires, l’odeur des pâtisseries et la couleur du soleil. Il leva le nez vers le ciel pâle du matin et ses yeux noirs se plissèrent quand ils rencontrèrent l’éclat vif des soleils qui caracolaient déjà au-dessus de sa tête. En près de cinquante ans, il avait appris à apprécier le mois de Moomé, qui réchauffait agréablement les terres froides de Cimméria – où il n’était d’habitude pas permis de sortir sans attraper de fluxion de poitrine. Honnêtement, quelle mouche avait bien pu piquer ces prêtresses de malheur ? On n’a pas idée de fonder un temple au beau milieu de la banquise et puis de venir – de leur plein gré, merci pour elles – pour s’y peler les miches jusqu’aux trompettes du jugement dernier ! Si ça ne tenait qu’à lui, on aurait délocalisé le temple de Kesha à El Bahari depuis belle lurette.

Mais l’heure n’était pas à ressasser des lubies aussi illusoires. Léogan resserra son ample manteau de cuir noir sur sa chemise de coton blanc et inspira profondément une bouffée d’air frais. Les rues étaient presque désertes, à cette heure de la matinée, et son pas retentissait puissamment contre le pavé. Il ne rencontrait que quelques patrouilles qui finissaient leur service, plusieurs boulangers qui s’affairaient à leurs fours et enfin, en traversant la rue du marché, des forains et des vendeurs qui installaient silencieusement chapiteaux et étals. Il les salua tous d’un geste de la main vaguement martial en les gratifiant d’un demi-sourire tout audacieux.

Il arrivait souvent à Léogan de se réveiller d’un sommeil profond et d’avoir l’intuition pénétrante de savoir exactement de quel bois serait faite sa journée ; alors, il se souvenait de son rêve, avec une acuité immédiate et douloureuse quand il était d’une importance capitale, ou plus confusément, comme un vague ensemble d’impressions éphémères – et c’était souvent le signe que sa journée ne serait pas ordinaire.
Il sifflotait gaiement alors qu’il passait le portail et entrait dans la cour du temple, dont la sage froideur des pierres et l’ornement des arbustes, qui gardaient chacun leur place dans une harmonie sereine et policée, ne surent le faire soupirer de désarroi (comme il en avait pourtant l’habitude).
Il trouva sa collègue, Oria, dans les bureaux qui étaient dévolus aux Colonels, déjà au travail, plongée dans des liasses de papiers qui concernaient les rapports d’inspection de leurs troupes. Léogan glissa son manteau sur le dos d’une chaise, la salua tranquillement et entama légèrement la discussion. Puis il se mit à travailler de son côté, avec une résignation morne, qu’il relevait parfois en fredonnant entre ses dents « sur un o-, à la volette, sur un oranger ».

La matinée passa cependant avec la même lenteur que d’usage et le sentiment d’allégresse qui avait animé Léogan à son lever avait fini par s’estomper sur le coup des dix heures, moment auquel il avait brutalement morigéné deux troufions qui avaient poussé la porte de son bureau en croyant vraisemblablement qu’il s’agissait de l’entrée des cuisines. « Foutez-moi l’camp, bande de débiles ! »
Finalement, vers onze heures, il tempêta contre la paperasse, déchira quatre rapports mal ficelés et convoqua expressément ses lieutenants pour leur distribuer les tâches de l’après-midi, avec une humeur d’autant plus mauvaise qu’il l’avait espérée bonne à son réveil.
Il avait l’envie irrépressible de se dégourdir les jambes. Après avoir renvoyé ses subalternes, il renfila son manteau, le regard noir, et avertit Oria qu’il allait faire un tour aux alentours du temple, sous prétexte de vérifier la bonne marche des rondes. Habituée au tempérament taciturne de son ami, la Sylphide hocha doucement la tête, sans même quitter ses comptes des yeux, et lui rappela que s’il pouvait par la même occasion s’informer des déplacements officiels des prêtresses, cela lui ôterait une épine du pied. Il grommela quelque chose comme : « Déplacements officiels… Pimbêches… Me gonfler jusqu’à quand ? Responsabilités de bureaucrate… Je suis chef de guerre, moi, pas gratte-papier ! »
Il débaroula dans le hall d’un pas furieux, la main sur le pommeau de son épée bâtarde, qui cliquetait contre le fourreau de son épée courte, et, au moment où il s’apprêtait à pousser la grand-porte pour échapper enfin à l’oppression administrative du temple de Kesha, une petite nymphette de sa connaissance se glissa entre ses jambes et la sortie et lui bloqua la route d’un air mutin.


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Dim 30 Nov - 14:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 2 Fév - 10:49


Thalie aimait Cimmeria. Elle adorait la blancheur de la neige, la pâleur du ciel et la pureté des montagnes. Elle raffolait de cette surabondance de blanc dans laquelle elle se fondait si bien. Mais par les dessous de Kesha, ce qu’il pouvait faire froid dans cette contrée ! Pourquoi les dieux n’avaient-ils pas fait en sorte que la chaleur puisse faire tenir la neige ? Malgré tout le pouvoir et la puissance qu’ils détenaient, il fallait bien admettre qu’ils possédaient de terribles problèmes de logiques.
Assise sur le sol froid du temple de Kesha, Thalie priait comme la majorité des personnes assises auprès d’elle. Mais contrairement à eux, ce n’était pas pour demander à la déesse de lui offrir une vie meilleure ou pour veiller sur ses proches. Non. Thalie tentait d’expliquer à la déesse comment devait se comporter le monde. Elle espéra de tout son cœur que Kesha écouterait ses paroles et qu’elle réfléchirait aux innombrables erreurs qu’elle et ses collègues divins avaient commis lors de la création du monde.  Elle espérait qu’ils finiraient par comprendre leurs erreurs et qu’ils échangeraient  les températures de l’île d’El Bahari avec celui de Cimmeria.

- Et surtout, ne te trompe pas. Ne nous met pas la chaleur d’Argyrei sur la tête. Je ne veux pas me transformer en poulet rôti, marmonna-t-elle à la déesse Kesha avant d’adresser une prière plus conventionnelle, Fais en sorte que la paix finisse par régner sur le monde. De préférence suffisamment tôt pour que je puisse mourir vieille et édentée, et non pas dévorée par un syliméas.

Puis, après avoir déposé plusieurs offrandes devant l’autel, Thalie fila en cuisine où elle aida à préparer le déjeuner. Elle ne put s’empêcher de goûter à tous les plats en cours de préparation si bien que lorsqu’il fût l’heure de manger, elle n’eût plus faim. Toutefois, cela ne l’empêcha pas d’engloutir une part de soufflet et de tarte. Et,lorsqu’on lui donna quelques dias pour la remercier d’avoir rendu service aux cuisiniers, la sindarine réalisa que cela faisait une petite éternité qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’avaler des bonbons. Subitement, elle eût alors une envie irrésistible de friandises. Malheureusement pour la demoiselle, personne n’était disponible pour l’accompagner au marché. Bien entendu, elle aurait pu se débrouiller toute seule mais, comme d’habitude, les prêtresses de Cimmeria ne voulaient pas qu’elle sorte seule. De plus, elle ne connaissait pas encore assez Cimmeria et ne sortait pas assez souvent pour savoir où se trouvait le marché. Elle soupçonna alors les prêtresses d’avoir monté un complot contre elle afin de la forcer à rester dans le temple pour pouvoir la cajoler toute la journée.

Telle une âme perdue, Thalie erra dans les couloirs du temple. Collée contre le mur, la demoiselle avançait en trainant des pieds. Elle avait beaucoup trop mangée.
Une effroyable pensée lui traversa alors l’esprit. Les cuisiniers qu’elle avait aidés étaient peut-être des syliméas.  Ils l’avaient peut-être volontairement trop nourris pour la dévorer une fois qu’elle serait gavée au point d’être obligée de rouler sur le sol comme un tonneau pour se déplacer. Tant bien que mal, Thalie tenta alors de ne pas faillir. Il fallait rester debout et avertir les prêtresses de Cinmmeria sur le terrifiant sort qui les entendaient. Mais comme d’habitude, tout le monde était trop occupé pour entendre la version de la fin du monde apocalyptique de Thalie. Alea jacta est, que les prêtresses se fassent dévorées toutes crues par les syliméas. Cela leur apprendra de ne pas vouloir écouter  une de leur sœur, sous prétexte qu’elle était trop petite pour être prise au sérieux !

La demoiselle fit  plusieurs fois le tour du temple pour digérer ce qu’elle avait avalé. Elle n’en oublia pas pour autant son désir d’aller au marché pour acheter une poignée de bonbons. Une fois qu’elle se senti un peu mieux (jamais les syliméas ne la déveront ! Jamais !),  elle se mit donc en quête d’une personne suffisamment compétente pour l’escorter au marché.
De loin, le cliquetis d’une arme lui arriva jusqu’à ses oreilles pointues. Un garde ! Voilà ce qu’il lui fallait ! Ces gens-là étaient toujours prêt à protéger les prêtresses (ou du moins, c’est ce que ces bonnes femmes lui avaient dit…).

- Hey ! Vous !

L’homme armé s’apprêtait à sortir du temple mais la fillette arriva juste à temps pour lui bloquer le passage.

- Soldat, j’ai une mission de la plus haute importance à vous confier. Auriez-vous le courage de m’escorter au marché pour que je puisse m’acheter des bonbons, s’il vous plaît ? Bien entendu, vos nobles services seront payés et vous recevrez ma reconnaissance éternelle.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeMar 4 Fév - 18:34

Léogan fronça les sourcils et baissa son regard vers la toute petite fille qui s’était mise sur son chemin. Pendant quelques longs instants, le temps de refouler toute la noirceur de sa colère au fond de lui, il eut l’air d’un homme terrible. Son regard charbonneux se figea sur l’enfant et l’ombre d’une menace passa, impitoyable, sur son visage sévère. Ce n’était pas franchement le bon moment pour lui tomber dessus. Il se sentait plein d’une rage brûlante dirigée contre le monde entier, c’est-à-dire contre personne en particulier, et par conséquent, contre n’importe qui, simplement parce qu’au plus profond de lui-même, il avait l’impression déraisonnable d’avoir été floué par son subconscient. Au bout du compte, il était en colère contre lui-même. Comme d’habitude.
Il n’avait pas vraiment envie de passer ses nerfs sur quelqu’un – il avait déjà bien essayé avec les deux troufions de tout à l’heure, mais sans grand succès, son corps était plus tendu que jamais, des muscles de son visage jusque dans les nœuds de ses entrailles – aussi avait-il opté pour un repli stratégique, loin de toute présence humaine.

Mais lorsque la petite fille débita d’une traite et avec le plus grand sérieux son innocente requête, Léo cligna des yeux à plusieurs reprises et sa colère retomba subitement – comme un bon gros gâteau bien gonflé qu’on aurait sorti du four – pour le laisser dans un état de stupéfaction, proche de la suspension de conscience.

« Quoi ? » lança-t-il, par pur réflexe, en fronçant les sourcils d’un air sidéré.

Il considéra la gamine de haut en bas, le visage encore vaguement marqué par le ressentiment, et une fois qu’il eût retourné cinq ou six fois les mots de sa sollicitation dans son esprit, il quitta toute expression de vindicte.

Léogan avait toujours une faiblesse à l’égard des enfants, ou plutôt, une tendresse spontanée, un a priori affectueux et optimiste. Il aimait parler avec eux, et surtout les écouter : leur pensée était belle et naturelle, leur monde étonnamment plus large que celui des adultes, parce qu’ils étaient plus libres, et les œuvres de leur imagination relevaient pour eux et pour lui d’un plaisir tout à fait sérieux. Au fond, les jeux des enfants n’étaient pas des jeux, et Léogan avait cœur à les considérer comme leurs plus sérieuses actions. Il ne savait pas trop ce qui le menait personnellement à être aussi admiratif et aussi sensible à leur égard (l’âge tendre qu’il avait connu auprès de son petit frère ? les accès parfois puérils de son propre caractère ?) ; mais c’était ainsi.
La petite fille – c’était Thalie, voilà, il remettait enfin le doigt dessus – Thalie, donc, l’envisageait d’un regard déterminé, mais poli, et ses prunelles avaient une couleur chaude qui rappelait à Léogan celle des grenades et des framboises bien mûres qu’il cultivait avec soin sous le soleil caressant d’El Bahari. Ce souvenir l’apaisa un peu.
Il soupira presque de soulagement, se passa une main sur le front et se baissa à la hauteur de la petite fille pour la regarder droit dans les yeux.

« C’est sûr que ce serait un honneur pour moi, répondit-il, d’une voix basse, et avec autant de gravité qu’elle. Mais voilà, ajouta-t-il aussitôt dans sa barbe. Moi je suis Colonel, j’ai autre chose à br… Enfin je veux dire, rectifia-t-il, après un court instant de réflexion, c’est pas mon boulot. Tu vois, à la rigueur, il vaut mieux demander à un garde, comme un de ceux qu’tu vois, là… (Il désigna vaguement un des types qui gardaient l’entrée du temple.) Bon, ils glandent pas grand-chose de leur journée, ils restent plantés là, bien droits devant leur porte, à s’tourner les pouces vingt-quatre heures sur vingt-quatre… Ca leur f’rait pas mal à la tête de rendre enfin service à quelqu’un, si tu vois c’que je veux dire. Parce que moi, de mon côté, j’ai du pain sur la planche. » conclut-il en hochant sévèrement la tête.

Bon, il grommelait, évidemment, mais c’était vraiment par principe. D’abord, il n’avait rien contre Thalie et sa petite bouille d’ange. Les prêtresses de Kesha ne pouvaient-elles pas se trouver du temps pour sortir avec cette enfant, entre leurs prières hypocrites et leurs petites manigances méprisables ? Elles se payaient sa tête, ce n’était pas croyable. Et puis elles n’avaient qu’à la refourguer à une boniche, à la fin, si elles ne voulaient pas s’en occuper ! Qu’est-ce qu’elles voulaient bien que ça lui foute, à lui ? Hein ?
Son regard, chargé d’une nouvelle fureur, se posa à nouveau sur le visage adorable de Thalie, et il resta quelques instants songeur, avant de grimacer d’un air embarrassé. D’un autre côté, prétexter qu’il avait du travail alors qu’il se dirigeait tout droit faire une petite promenade solitaire pour soulager ses nerfs, cela relevait bien sûr d’une sacrée dose de mauvaise foi. Bien sûr, il avait d’autres menues responsabilités au sein de ce temple qui le tenaient relativement éloigné de la garde d’enfants, mais à vrai dire, ce n’était pas comme s’il ne passait pas ses journées à remplir des fonctions qu’il n’était pas tenu de remplir.
Et puis, plus sérieusement, plus il observait Thalie, avec ses prunelles chaudes, ses joues replètes et sa jolie tignasse toute blanche – qui lui rappelait tendrement celle d’Elerinna – plus il se sentait mal à l’aise à son égard. Cette pauvre gamine était orpheline de mère à neuf ans – pour les Sindarins, elle n’était encore qu’un nouveau-né – et, tombée dans les griffes raffinées de ces bêcheuses de Cimméria, elle avait pris la décision de venir prier à leurs côtés, sans en comprendre vraiment les enjeux, ni réaliser (et c’était normal) qu’en vérité, son choix avait été guidé par l’intérêt des prêtresses et l’absence de réelle alternative. Si elle n’était pas restée, elle aurait fini dans un orphelinat miséreux ou tout simplement à la rue.
Pire encore, Léogan se sentait un peu responsable de son sort. Harmonie Serinde, sa mère, était morte dans des circonstances particulièrement troubles, et il avait bien sûr ouvert une enquête à ce sujet ; il s’était lui-même attelé à la tâche, mais sans grand succès. Si Léogan avait bien son idée sur la vérité de toute cette affaire, elle demeurait encore un mystère pour toute la garde. Après tout, les prêtresses étaient capables d’une remarquable intelligence et d’une invisibilité à toute épreuve quand il s’agissait de profiter d’une situation ou d’une autre, il en savait quelque chose.
Alors, au bout du compte, aller avec elle acheter des bonbons, alors qu’elle s’était constituée prisonnière de ce temple juste devant son nez, c’était peut-être la moindre des choses qu’il pouvait faire. Et il faisait beau. C’était jour de marché.

Il se redressa avec humeur, se tourna à droite, puis à gauche, accompagné du cliquettement métallique de ses armes, et lança d’une voix claire et irritée :

« Bon, Thalie, c’est pas possible, y a vraiment aucune de ces bonnes femmes qui veut s’occuper de toi dans cette fichue baraque ? »

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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeJeu 6 Fév - 22:37

« Quoi ? » Comment ça, « quoi » ? Que n’avait-il pas compris dans sa requête ? Quel mot lui avait échappé ? Thalie fronça les sourcils en même temps que l’homme armé. Elle avait employé un vocabulaire de base, avec des termes faciles à comprendre. Mais peut-être s’était-elle trompée. Peut-être que cet homme n’était qu’une crapule n’ayant jamais su ce que « escorter » signifiait. Ou peut-être n’avait-il pas compris sa demande parce qu’il n’était qu’un bipède sauvage qui vivait dans une grotte. Ou peut-être parce qu’il était un idiot, tout simplement.
Dans tous les cas, Thalie n’apprécia pas du tout la façon dont ce soldat la reluquait. Elle ne savait pas ce qu’il pouvait penser en cet instant précis mais à voir sa mine, elle aurait dit qu’il avait l’air étonné qu’une personne de son âge puisse aligner plus de trois mots avec autant de clarté. Thalie se sentie alors vexée et finit même par se sentir humiliée lorsque l’esprit retardé s’accroupi devant elle. Pourquoi les grandes personnes avaient-elles cette manie de se baisser devant elle ? Elles disaient toujours que c’était pour éviter les torticolis. Mais Thalie n’était pas dupe ! Elle savait qu’il s’agissait d’un moyen détourné pour elles de lui dire qu’elle était petite et que ce n’était pas à elle de décider.  

Après un bref instant qui lui sembla être une éternité, l’esprit retardé lui annonça qu’il était colonel. Il ne lui laissa pas le temps de placer un mot mais un gros « et alors ? » résonna dans la tête de Thalie. Colonel, soldat, … c’était la même chose, non ? Ils avaient tous le même but.  Ils surveillaient, combattaient et escortaient. Voilà leur travail ! En quoi un colonel pouvait être si différent d’un garde ? S’il croyait pouvoir embobiner Thalie avec ses histoires ridicules, il se trompait !
Ne tenant plus en place, la prêtresse tourna furieusement la tête de gauche à droite lorsque le soldat lui suggéra d’aller demander à une statue de l’accompagner au marché. Oui, une statue. Ô bien sûr, pour la plupart des grandes personnes, ce n’était pas une statue mais un « garde ». Mais franchement, quelle différence y avait-il ? L’un comme l’autre, ils ne bougeaient pas d’un seul poil. On pouvait les insulter, leur marcher ou leur faire pipi dessus, ils ne disaient rien.

- Non mais ça va pas ? J’ai besoin de quelqu’un de fort et compétent. Lui, à force de rester immobile toute la journée, je suis sûre qu’il a fini par devenir raide et lent. Il ne réagit même pas quand on lui parle ou qu’on le frappe. Regarde.

Thalie prit son élan et couru jusqu’au garde. Arrivée à sa hauteur, elle donna un coup de pied à la statue qui ne broncha pas d’un poil. A vrai dire, on aurait même pu lire un certain amusement dans son regard. Mais, trop petite pour le voir, Thalie ne s’aperçu de rien et était persuadée qu’elle aurait pu lui briser les os s’il n’avait pas mis ses bottes. Elle se retourna ensuite vers le pseudo-colonel.

- Tu vois ? On dirait qu’il est atteint de la sarnahroa !

L’homme semblait la connaitre puisqu’il avait prononcé son prénom mais Thalie, en revanche, n’avait aucune idée de qui il pouvait s’agir. Toutefois, cela ne l’empêcha pas de le tutoyer. Après tout, c’était lui qui avait commencé à utiliser des « tu » et, pour cette raison, la demoiselle ne voyait vraiment aucune raison de continuer à le vouvoyer.

- Franchement, tu crois vraiment que je serai venu te demander un service si une prêtresse était disponible ? Ce n’est certainement pas toi qui réussiras à me soigner si j’attrape la sarnahroa !

Par chance, Thalie avait été tenue éloignée de cette épidémie mais cela ne l’empêchait pas de craindre pour sa vie ou du moins, s’en inquiéter suffisamment pour espérer convaincre le colonel de l’accompagner au marché. Mais avec l’air renfrogné qu’il affichait sur le visage, Thalie finit par se dire que ce n’était pas avec les leçons de bonne conduite des prêtresses qu’elle allait y parvenir. Après tout, les soldats étaient des grosses brutes. Que pouvaient-ils savoir à propos des bonnes manières et de la délicatesse ? A bien y repenser, ce n’était pas des leçons de bonnes conduites dont Thalie avait besoin. Non. Ce dont elle avait besoin, c’était apprendre à manier une hache. A ses yeux, une arme était mille fois plus efficace pour remuer un fainéant comme ce colonel. Malheureusement, elle ne possédait aucune arme. Alors, elle utilisa la seule chose dont elle avait à sa disposition : sa bouche.

- Écoute, j’ai vraiment envie d’aller au marché pour acheter des bonbons. Je te promets que je te payerai pour tes services. Alors relève-toi et fais ton boulot ! Je me fiche que tu sois soldat, colonel ou statue. Tu m’aides. Un point c’est tout. Si tu refuses, je ne te parlerai plus jamais ! Je le dirai à Elerinna et elle te donnera une fessée ! hurla-t-elle

L’index levé vers le colonel, Thalie essayait de se faire menaçante. Mais le garde à qui elle avait donné un coup de pied et qui avait manifestement tout entendu, finit par se tordre de rire...
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 9 Fév - 4:49

Le refus maladroit et embarrassé de Léogan avait mis Thalie d’une humeur massacrante. C’était bien les enfants, ça. Ils croyaient toujours que s’ils réclamaient une chose d’une façon suffisamment adorable et polie, rien ne saurait leur résister. Aussi, lorsqu’ils se heurtaient à la plus petite rebuffade, c’était la fin d’un monde.
Thalie se sentait peut-être victime d’une grande injustice. On lui avait sans doute répété un bon million de fois et montré plus souvent encore qu’avec un « s’il te plaît » et un beau sourire, on obtenait systématiquement ce que l’on désirait. A bien y réfléchir, c’était bien la raison pour laquelle Léogan exécrait les leçons de bonne conduite qu’on s’acharnait à faire aux enfants. Et on se demandait encore d’où naissait l’hypocrisie parmi les hommes.

La petite fille fronçait tous les traits de sa frimousse et commençait à gesticuler avec fureur. Léogan l’observait et l’écoutait en silence, et plus elle élevait sa voix, puis il haussait des sourcils. Pourtant, si elle s’énervait, elle ne s’était pas immédiatement repliée sur les pleurs et les cris, comme l’auraient fait tant de petits de son âge. Elle s’était lancée dans une argumentation fougueuse, appuyée par l’expérience (Léogan échangea un regard entendu avec son pauvre garde) et soutenue par une rationalité si particulière qu’il dut péniblement réprimer un sourire amusé. Elle avait de l’esprit.
Quant à lui, il avait soudain oublié sa colère, tout absorbé qu’il était par le discours et la présence presque despotiques de la fillette. Son ton montait à une vitesse effarante, et elle semblait déjà subir la contagion du langage peu châtié de Léogan, en s’abandonnant toute entière à la rage. Elle avait aussi mauvais caractère que lui, c’était à peine croyable, par Kesha. Bientôt, elle en vint à des extrémités telles que le pauvre garde qu’ils avaient tous deux pris en exemple ne pût s’empêcher de rire frénétiquement. Léogan tenta de ne pas lui prêter trop d’attention, pour ne pas que Thalie le remarquât et s’en offusquât davantage.
Il eut également la vision fugitive d’Elerinna le menaçant de fessée d’un air courroucé et il chassa instantanément cette image de son esprit pour ne pas éclater de rire à son tour. Il tâchait de se composer une mine neutre et austère et de la conserver sans prononcer le moindre mot, afin de mettre la petite dans l’expectative et d’obtenir d’elle le calme et l’écoute.
Il se releva comme elle l’avait impérieusement demandé, mais d’un mouvement si lent et si désintéressé qu’il n’aurait jamais pu susciter chez elle d’autre sentiment que celui de la frustration. Tout en regardant Thalie dans les yeux, il prit également le temps de nouer les passants de son manteau entre eux, sans manifester cependant le moindre de signe de vouloir l’emmener avec lui hors du temple. Quand de bien longues secondes se furent écoulées, il croisa les bras et pencha la tête d’un côté, avant de prendre enfin la parole.

« C’est bon ? » demanda-t-il, d’un ton sévère, les sourcils arqués en signe de désapprobation.

Il ne la quitta pas des yeux.

« Avant toute chose, poursuivit-il, après un temps de latence, comme s’il s’adressait à un de ses soldats, un peu de calme, jeune fille. On perd terriblement en crédibilité en se mettant à hurler et à taper du pied comme tu viens de le faire, et tu tiens sûrement pas à ce que toute ta belle démonstration tombe à l’eau de cette façon, n’est-ce pas ? Tu es intelligente, il me semble. Alors ne t’emporte pas, c’est très important. »

Il était sûrement extrêmement malvenu de sa part de clamer les vertus argumentatives de la tempérance, mais c’était un conseil avisé. S’il était incapable de le prendre à son compte – et qu’il ne ressentait pas la moindre envie, ni le moindre besoin de brider ses accès de colère – il serait nécessairement d’une grande utilité à une prêtresse en apprentissage telle que Thalie. Quelque part, il aurait préféré lui dire qu’elle lui plaisait bien, avec ses débordements capricieux et son sang chaud ; mais du moins, avec une telle amorce, il était certain d’avoir parfaitement capté son attention.  
Il continua sur la même lancée, dans ce registre de la gravité martiale qu'il maîtrisait assez bien, à force – il aurait été stupide de sa part de s’emporter contre une enfant, d’autant plus qu’elle réussissait de minute en minute à ranimer le pressentiment de joie qu’il avait éprouvé à l’aube, au sortir du sommeil.

« Mais plus important encore : pas de chantage avec moi. » trancha-t-il, d’un ton catégorique, et il fut presque évident qu’il ne lui accorderait pas de sortie au marché.

Toutefois, sa voix se fit plus douce, plus lente et plus basse quand il s’expliqua, et ses yeux extraordinairement noirs se fondirent dans ceux de Thalie, avec une noblesse nouvelle qui insuffla à son discours une force presque magnétique :

« Pas simplement parce que je suis colonel – ça ne change rien, que je sois gradé ou non, en fait – mais parce que les gens, et oui, même les soldats comme moi, n’ont pas envie d’être utilisés comme de vulgaires objets qui ne seraient destinés qu’à satisfaire tes désirs. Pour ta gouverne, c’est précisément ce qui fait la différence entre un soldat… et une statue. Eh non, ce n’est pas parce que tu offres de l’argent en contrepartie que ça change quoi que ce soit. » acheva-t-il, encore étonné de la complexité des liens que Thalie avait tissés entre le garde, son immobilité et la sarnahroa.

Ses yeux en vinrent quasiment à sourire et il pointa son doigt vers elle en annonçant d’un ton clairement plus léger et malicieux :

« Et enfin parce qu’il n’y a rien, mademoiselle, de plus affreux que le chantage affectif. Serais-tu donc une affreuse mégère ? » demanda-t-il, en levant le menton avec un rictus cynique.

Il laissa à nouveau un instant de silence avant de sourire très gentiment à Thalie et de lui accorder espièglement :

« Tu as de la chance, je ne veux pas le croire. »

Alors, il se frotta les mains machinalement et se dirigea vers la grand-porte, qu’il poussa tranquillement, et qui s’ouvrit sur la lumière agréable de la cour. Il se retourna vers Thalie et lâcha subitement en lui faisant signe de sortir :

« Allons. Et évite de crier « sarnahroa » trop fort en ville, princesse ; ça met les gens de mauvais poil. »
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 27 Juil - 12:29

Finalement, il était beaucoup mieux accroupi. Vraiment beaucoup mieux.
La lenteur avec laquelle il avait pris le temps de se relever lui rappela à quel point elle était minuscule comparée à lui.  Sa taille était si insignifiante comparée à la sienne qu’elle devait se mettre sur la pointe de ses pieds si elle voulait apercevoir le dessus de ses épaules. Mais par fierté, elle ne fit rien de cela mais dû tout de même lever la tête de façon significative pour ne pas avoir l’air de parler avec une ceinture. Mais qu’importe. Il venait d’accepter de l’accompagner au marché et toute la colère et la frustration qu’elle ressentait envers lui s’envolèrent en fumée.

- J’essayerai d’être aussi sage qu’une image. C’est promis !

La sindarine tendit sa petite main et étreignit l’un des doigts du colonel. Cela faisait une éternité qu’elle n’était pas sortie. Elle connaissait mal la cité de Hellas et ne tenait pas à se perdre.  Et puis, même si elle ne voulait pas l’admettre, la foule l’avait toujours intimidée. La plupart des grandes personnes étaient toujours vêtues de longues capes, leur donnant ainsi des allures de fantômes. Toutefois, le fait de savoir qu’elle allait enfin pouvoir se promener et ramener quelques gourmandises lui suffirent à oublier ces petits désagréments. De plus, elle était escortée par un colonel. Elle n’avait donc rien à craindre. Théoriquement.

- Au fait, comment connais-tu mon nom ? C’est quoi le tien ? Ça fait combien de temps que tu es colonel ? Est-ce que tu as fait la guerre ? C’est loin le marché ? Pour qui tu travailles ? Tu viens souvent dans le temple de Kesha ? Tu as un animal de compagnie ? Tu n’es pas obligé de répondre, hein ? Mais j’aimerais bien connaître ton prénom, tout de même.

Avec ces petites jambes, Thalie était obligée d’accélérer le pas, voire de courir à certains moments, pour ne pas se laisser distancer. Pourtant, cela ne l’empêcha pas de noyer son interlocuteur sous un flot de questions.

- Est-ce que tu es marié ? Tu as des enfants ? Des fois, j’aurais bien aimé avoir un frère ou une sœur ? Est-ce que tu en as ? Moi j’ai un agneau. Il est trop mignon. Mais qu’est-ce qu’il est bête ! Tu crois que je peux trouver des rubans au marché ? J’aimerais bien en acheter pour l’accrocher autour de Crème.  Crème, c’est le prénom que j’ai donné à mon agneau.

Puis, après une seconde de répits, elle lança :

- T’es plutôt sympa. Mais tu ressembles trop à un terran. De quel peuple viens-tu ?

Le colonel avait vraiment des allures de terrans. Mais pour Thalie, il était beaucoup trop sympathique pour être un terran. Certes, ils ne se connaissaient pas encore mais la sindarine le trouvait agréable. Au moins, lui, ne l’embêtait pas avec la politesse et ne lui faisait aucune remarque sur sa démarche et sa coiffure. C’est pour cela d’ailleurs qu’elle ne fit aucun commentaire sur le physique du colonel. Ceci dit, même s’il ne puait pas, elle se demandait comment il faisait pour manger sans en mettre sur sa moustache et sa barbe.

- J’trouve que les poils sur le visage ça pique. La mode, c’est vraiment quelque chose qui me dépasse. C’est incompréhensible et ça va à l’encontre de la praticité. Crème, il a plein de poil mais c’est de la laine. Donc c’est tout doux. Mais des fois, il faut le tondre parce que sinon ça traine par terre et il s’emmêle les pattes. Puis j’ai l’impression qu’il meurt de chaud quand il en a trop. Et j’aime bien lui changer la couleur de sa laine. C’est drôle. Mais je crois qu’il n’aime pas quand je fais ça.

Puis, après avoir parlé toute seule pendant une bonne partie du trajet jusqu’au marché, elle lança subitement :

- T’es pas très bavard. Il paraît que les terrans n’ont pas beaucoup de vocabulaire.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeSam 2 Aoû - 14:54

C'était une expérience particulièrement déroutante de marcher dans les rues d'Hellas main dans la main avec Thalie, qui sautillait allégrement à ses côtés et babillait sans cesse et sans cesse. Léogan avait une impression de déjà-vu troublante, ou plutôt la sensation de revivre l'une de ses rares sorties avec sa fille, sous les rayons faibles du soleil printanier. L'air vif du matin, dans lequel se mêlaient les effluves chaudes du marché, non loin, les odeurs de pain sorti du four, de feux, de nourriture et de cuir, ainsi que la présence rafraîchissante de cette enfant le plongeaient dans une gaieté douce, tranquille, légèrement mélancolique.
Ils descendirent la rue principale, claire et spacieuse, où s'alignaient de grandes et élégantes maisons bourgeoises, aussi fleuries que la nouvelle saison cimmérienne le permettait. De belles personnes allaient et venaient, dans de grandes capes de velours, de vison, de satin et de fourrure, et s'échangeaient des saluts polis et respectueux. La rumeur était faible, pour le moment, et si une calèche passait parfois sur le pavé, c'était dans un roulis tranquille qui laissait admirer son allure et son blason.

Léogan, qui naturellement n'avait pas beaucoup de dispositions pour faire la conversation, tentait de suivre le flot de gazouillis que Thalie déversait infatigablement, sans réussir à en placer une. Quand elle se taisait finalement et reprenait son souffle, en levant son petit minois rougi par le froid vers lui pour requérir quelques réponses, il parlait à son tour, avec aussi peu d'ordre et de cohérence qu'elle.

« Je m'appelle Léogan. Tu peux m'appeler Léo, si tu veux. Et... Non, je n'ai pas fait la guerre, on vit une époque de paix, tu sais, je travaille pour la grande-prêtresse, j'ai une jument. Elle s'appelle Ode, elle a une robe blanche et dorée. Et c'est une grande dame. Faut pas lui dire un seul mot de travers, sinon elle te laisse pas monter en selle. Je te la montrerai, si tu veux la voir. »

Il lui souriait doucement, parfois, quand ce qu'il disait lui semblait un tant soit peu amusant, et il pensait qu'il y avait au moins un avantage à la volubilité étourdissante de la petite : c'était qu'elle lui laissait tout le loisir de sélectionner les questions auxquelles répondre. Et il fallait bien admettre qu'il n'avait pas vraiment envie de divulguer à Thalie les circonstances qui l'avaient amené à connaître son prénom, par exemple.
En fait, si la gamine avait un don incroyable pour le bavardage, elle se révélait d'un tact étonnant. Sa curiosité était toute en prévenance et en simplicité, elle posait des questions intéressées en gambadant joyeusement et n'exigeait aucune réponse. Il y avait une gratitude heureuse dans sa petite main qui serrait chaleureusement les doigts de Léogan, et un enthousiasme clair dans sa voix qui lui faisait peu à peu oublier tous les ennuis qu'il laissait derrière lui, au temple, sans se retourner une seule fois. Ils avançaient et il déposait sur elle toujours plus de regards complices, et de demi-sourires discrets.

« J'ai une petite fille, oui, avoua-t-il, au milieu de son flot de questions. Enfin, maintenant elle est grande. Et on trouvera facilement des rubans pour ton agneau, je crois. »

Et tout à coup, elle leva vers lui un regard d'innocence intriguée et l'interrogea de but en blanc sur ses origines en dépréciant la race terrane avec un naturel très sindarin – sans se préoccuper un seul instant qu'ils étaient entourés de Terrans de toute part, ou qu'elle aurait pu le vexer. Léogan se mordit un peu la langue pour ne pas en rire et répondit d'un ton complice, en tirant en arrière quelques mèches de ses cheveux noirs, afin de laisser apparaître une de ses oreilles pointues, seule preuve apparente de son appartenance à la race des gens de Canopée.

« Je suis un Sindarin, comme toi. Mais c'est tant mieux, un Sindarin hors de Canopée, ça attire trop l'attention. »

Et il n'avait pas la moindre envie qu'on tissât un lien entre lui et la cité sylvestre, dont il avait été ostracisé cent cinquante ans plus tôt.

« Pas beaucoup de vocabulaire ? s'exclama Léogan, en considérant Thalie avec surprise pendant quelques instants, avant de rire faiblement. Qui est-ce qui a bien pu te dire une chose pareille ? Mais dame Thalie, quelle langue crois-tu que nous parlons en ce moment-même ? demanda-t-il, d'un ton amusé. On est en train de discuter en terrania, toi et moi, et la plupart du temps, tu le parles aussi avec des prêtresses au langage bien plus châtié que le mien, pas vrai ? Tu as déjà eu l'impression de manquer de vocabulaire ? »

Il lui laissa quelques secondes pour réfléchir, les sourcils levés d'un air d'intelligence.

« Et tu sais, nota-t-il, en lui jetant des regards de plus en plus malicieux, ce n'est pas parce qu'on parle pas comme des gens de la haute qu'on n'a aucun vocabulaire. Tu n'imagines pas le nombre de mots étonnants que les gens du peuple connaissent et que les bourgeois de bonne famille ignorent. Tiens, écoute ça, annonça-t-il, en prenant une grande inspiration pour hâter sa réflexion, les sourcils froncés et les yeux perdus dans le vague. Bicoque. Turbin. Combine. Loustic. Mandale. Gringue. Comac. Fortiche. Tocard. Calcif. Guibolle. Bled. …clampins. Et tout ça, sans aucune obscénité, ma dame, aucune ! »

Il rit tranquillement, en lui donnant du « ma dame » chevaleresque, pas sérieux pour deux sous et lui serra chaudement la main.
Bientôt, la foule autour d'eux les serra plus étroitement, se fit plus bruyante, plus agitée, et plus hétéroclite aussi. Les manteaux de vison se mêlaient aux grandes capes de coton, plus sobres, et aux guenilles sales des mendiants, et les étals apparurent, foisonnants sous des tentures colorées.

« Tiens, regarde, on arrive au marché. Reste près de moi, il y a du monde. »


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Ven 15 Aoû - 23:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 10 Aoû - 12:31

En réalité, Thalie n’attendait pas de réponses à toutes ses questions. Elle souhaitait simplement connaître l’homme qui avait bien accepté de l’accompagner au marché. Était-il saint d’esprit ? Rentrerait-elle en un seul morceau pour le diner ? Pourraient-ils devenir amis ? Et surtout, était-il aussi ennuyant que toutes ces prêtresses de Cimmeria ? D’habitude, personne ne prenait la peine de répondre à ses flots de questions. Pourquoi ? Elle n’en avait aucune idée. Des fois, elle se disait qu’elle posait peut-être des questions trop indiscrètes ou alors que ses interlocuteurs étaient  tout simplement incapables de lui répondre car leur mémoire était trop limitée.
Du coup, lorsque le colonel décida de lui répondre, Thalie resta bouche-bée et avala ses paroles comme s’il s’agissait de celles de la déesse Kesha. Ses yeux pétillèrent lorsqu’il évoqua sa jument et elle hocha vigoureusement de la tête lorsqu’il lui proposa de lui montrer Ode. Et, au cas où Leogan n’aurait pas compris, elle ponctua le tout d’un « Oui, oui, oui ! ».  

Le colonel lui révéla ensuite qu’il avait une fille. Une grande fille. Que cela signifiait-il ? Voulait-il dire qu’elle était plus grande que lui ou qu’elle était devenue presque aussi vieille que lui ? Quoi qu’il en soit, Thalie n’eût pas le temps de lui poser la question car il venait de changer de sujet de conversation. Finalement, la prêtresse s’était trompée. Leogan était bavard. Très bavard. Mais au moins, il était intéressant, lui ! Pas comme ces prêtresses qui radotaient toujours la même chose à longueur de journée ! Mais en même temps, c’était plutôt logique. Il était un sindarin, ce qui signifiait qu’il était capable de tenir une conversation normale et cohérente. Ceci dit, il avait vraiment des allures de terrans. Aurait-il reçu une malédiction ?  

- C’est ma maman qui me l’a dit. Elle m’a dit que ce sont les dieux qui ont inventé le terrania pour qu’on puisse tous se comprendre. C’est une langue simple et complète mais les terrans n’ont pas une bonne mémoire. Ils ne peuvent donc pas retenir autant de mots que nous. Puis j’admets que je ne connais pas la signification de tous les mots que tu m’as cité mais c’est parce que je ne les ai jamais entendu auparavant. Ce n’est pas pareil. Tu es plus vieux que moi et tu es un sindarin. Donc tu as plus de vocabulaire que moi.

Pourquoi s’entêtait-il à être aussi indulgent  envers les terrans ? Pourquoi s’entêtaient-ils tous à être ainsi ? Thalie ne comprenait pas. Certes, ce n’était pas très gentil de cracher à la figure d’un terran qu’il n’avait pas eu de chance d’être né ainsi. Mais qu’on le veuille ou non, un terran est un être inférieur à un sindarin.
Quoi qu’il en soit, Thalie oublia bien vite leur petit débat lorsqu’elle aperçut le marché. Malgré les recommandations de Leogan, elle lâcha sa main et se faufila entre les grandes personnes pour rejoindre l’étal qui l’intéressait. Elle effleura les bobines de rubans des doigts, s’émerveilla devant leur couleur mais tendit finalement, un ruban en soie aux couleurs plus que douteuses au marchand. Sans esquisser le moindre sourcil, l’homme sorti ses ciseaux et coupa le ruban qu’il donna ensuite à Thalie en échange de quelques pièces de monnaie.

- Regarde Leogan ! Il est beau, hein ? Par contre, je vais juste lui changer sa… Euh… Leogan ?

Thalie leva tête. Elle regarda à gauche puis, à droite. Mais où était donc passer le colonel ?

- Boarf…

Elle haussa les épaules et se dit qu’il avait peut-être eu plus de mal qu’elle à se faufiler jusqu’à l’étal des rubans. Ah ces adultes ! Ce qu’ils pouvaient être gros !
Tournant les talons, elle chercha ensuite un endroit où elle pourrait acheter des bonbons. A aucun moment, elle ne se soucia de ce qui pouvait être arrivé ou non à Leogan. Pour elle, il devait être simplement à quelques mètres d’elle, en train d’essayer de se frayer un passage dans cette foule ou en train de regarder les produits proposés par un marchand quelconque. Quoi qu’il en soit, elle ne se faisait pas de sang d’encre.  Du moins, pas pour l’instant.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeSam 16 Aoû - 5:40

Léogan écoutait attentivement Thalie, qui, avec innocence, prenait soin d'aligner une rhétorique impeccable pour exposer son point de vue. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle ne serait sûrement pas une poupée facile à manipuler pour les prêtresses les plus intéressées du temple de Kesha. Sa mère, déjà, lui avait paru de loin être d'un très fort caractère, et la petite semblait très attachée aux principes qu'elle avait eu le temps de lui inculquer. Il hocha la tête doucement, le front plissé légèrement de souci.

« Le nombre de mots qu'on connaît ne dépend pas... uniquement, pondéra-t-il, avec réticence, de la race à laquelle on appartient. Par exemple, personne ne te les apprendra, ces mots-là, au temple. C'est pas une question d'âge ou de mémoire. Seulement y a des gens qui ont le droit de les connaître et de les utiliser, et pour d'autres, c'est interdit – pour les nobles sindarins bien élevés, par exemple. Et c'est idiot. Tu ne trouves pas ? »

Léogan sourit malicieusement. Il avait évacué assez rapidement la question de la supériorité intellectuelle des Sindarins, qui n'avait jamais trouvé grâce à ses yeux, aussi loin qu'il se souvenait, et qu'il avait dans son enfance considérée comme une chose vague et sans intérêt, n'étant pas habitué à la compagnie d'autres peuples. Sa famille lui avait de toute façon enseigné un principe de tolérance très snob, que lui récitait souvent son père – « A chaque fois qu’il te prendra l’envie d’émettre des critiques sur quelqu’un, souviens-toi que tout un chacun ici-bas n’a pas joui des mêmes avantages que toi. » Évidemment, selon les Jézékaël, les Sindarins étaient comblés d'avantages dont les autres races, malheureusement, ne disposaient pas, ce qu'il fallait généreusement leur pardonner, n'est-ce pas. Mais en trois cents ans d'existence, s'il y avait bien une chose que Léogan avait apprise, c'était que la sagesse n'existait pour personne, ni pour les Terrans, ni pour des êtres multicentenaires tels que lui. L'âge l'avait davantage confronté au vide et à l'absurde qu'à la collection de savoirs dans sa vieille mémoire.

La seule chose, à son sens, qui bridait à tort la connaissance, c'était ces interdits sociaux, les barrières qui séparaient les aristocrates sindarins des petits artisans ou fermiers terrans, et qui cloisonnaient leurs inventions et leurs savoirs sans possibilité de communication.
Aucun interdit ne trouvait grâce aux yeux de Léogan. Et il s'appliqua à les détruire méthodiquement avec Thalie, en lui expliquant sans scrupule le sens de chacun des mots qu'il avait prononcés, tandis qu'ils s'approchaient peu à peu du marché.
S'ils avaient croisé une prêtresse à cet instant précis, elle aurait certainement poussé un grand cri et exigé que l'enfant fût aussitôt séparée de cet espèce de dégénéré, mais les passants qui les frôlaient sur la route ne prêtaient pas attention à l'enseignement curieux auquel Léo s'était attelé. Il s'imaginait déjà les figures déconfites que tireraient ces bonnes femmes, au temple, si jamais la petite usait spontanément d'un de ces termes bas et plébéiens, et il s'en moquait d'avance. Quelle belle bande de saintes nitouches aux mains sales. Il n'y avait peut-être qu'Irina, qui ne tiquerait pas en entendant prononcés ces mots, et qui s'en amuserait sans doute autant que lui.

Toutefois, quand Thalie eut posé un pied entre les étales du marché, Léogan perdit toute son attention et cessa de dispenser sa petite leçon de vocabulaire argotique, pour observer également les alentours, le cœur léger. Des effluves de nourriture chaude, de pain, de paille coupée et d'herbes odorantes enveloppaient leur odorat, colorées de quelques rayons de soleil étincelants qui bondissaient de tenture en tenture et rutilaient sur les fûts des maisons.
Absorbé par la contemplation de ces jeux de lumières et de couleurs, et du ballet d'objets hétéroclites autour de lui, il sentit à peine la main de Thalie glisser de la sienne et lorsqu'il baissa les yeux, elle avait déjà disparu au milieu de la foule.
Il ouvrit un grand regard inquiet et inspecta rapidement les alentours, en se frayant un passage parmi les passants. Il appela la petite fille à plusieurs reprises et, au bout de quelques minutes de recherche infructueuse, il commença à s'agacer et à s'alarmer.

Ah, il avait belle mine, avec sa pédagogie à deux ronds, ses réticences à ordonner et sa répugnance pour les interdits. Quel enfant pourrait-il bien le prendre au sérieux, avec ça ? Non, décidément, il devait arrêter les frais dans la matière éducative, il ne devait pas être fait pour ça...

« Une petite fille, oui. Grande comme ça. Des cheveux très blancs. Vous l'auriez pas vue ? Non ? Non. Bien sûr. »

Il interrogeait les passants et les commerçants, sans succès – la gamine passait inaperçue entre les jambes des adultes. Un petit quart d'heure s'écoula, où, après avoir fouillé aussi minutieusement que possible l'endroit où elle avait disparu, rencontré un vendeur à qui elle avait apparemment acheté un ruban, et qui lui indiqua la direction vague qu'elle avait prise, il avait remonté la rue sans la voir, puis l'avait redescendue en l'appelant dans tous les coins.
Plein d'alarmes, il resta quelques instants penaud sur le pavé, ballotté par la foule, et soudain, le son argentin d'une petite cloche que l'on frappe avec un marteau résonna haut au-dessus du brouhaha du marché.

« Oh, c'est l'heure ! s'exclama une femme, près de lui, en se tournant vers la petite fille qui, elle, restait blottie contre la jambe de sa mère.
– L'heure de quoi ?
– L'heure des marionnettes, chérie, tu veux les voir ? »

La cloche retentit encore deux ou trois fois et les habitués du marché prirent le chemin d'un petit théâtre en bois blanc, encore recouvert d'un rideau pour préserver le mystère du spectacle.
Ce hasard, cependant, fit bien les choses pour Léogan. Les gens se retiraient comme la marée à l'appel de la cloche et enfin il repéra par miracle, dans son champ de vision dégagé, la petite Thalie qui se faisait bringuebaler d'avant en arrière par les mouvements houleux de la foule. Léo tressaillit et repoussa sans ménagement les passants qui lui faisaient obstacle pour arriver jusqu'à la petite fille égarée.

« Bon sang, Thalie... ! s'écria-t-il, brutalement, en lui saisissant l'épaule pour la retourner vers lui. Il ne faut pas t'éloigner comme ça et courir dans tous les sens ! Tu peux pas faire ce que tu veux ici, il pourrait t'arriver des ennuis ! Allez, viens ! »

L'inquiétude lui labourait encore le ventre. Sa figure de loup, sombre et froissée, fichait ses yeux noirs sur la petite fille d'un trait impitoyable. Il la prit fermement par la main et la tira derrière lui, comme tous ces parents impatients et fébriles, qui sous le coup de la colère ne prenaient pas le temps d'entendre les protestations de leurs enfants, et qu'il avait toujours eus en horreur.
Au bout de quelques pas, qu'ils accomplirent dans le même silence fautif – elle pour s'être fait sèchement grondée au milieu du marché, lui pour avoir élevé la voix et prononcé des paroles qu'il regrettait – Léogan poussa un petit soupir discret. Il fronça les sourcils et pencha enfin sa tête vers Thalie pour lui dire plus calmement :

« Allons... Fais pas la tête. Quand tu seras grande, que tu seras la plus belle prêtresse du temple, et que tu auras de longues jambes, tu pourras gambader partout où tu voudras, quand tu voudras – surtout, ne laisse jamais personne te dire le contraire. T'entends ? » insista-t-il, avec un sérieux vif et étrange.

Il inspira profondément pour faire passer son agacement, qui résonnait dans sa voix avec une agressivité odieuse. Il observa longuement la figure ronde de Thalie, ses yeux couleur grenade entre ses longs cils blancs et se rappela gravement le sort que lui forgeaient hypocritement les prêtresses, dans leur jolie prison dorée. Oh, elle était encore très jeune, elle avait besoin d'un foyer, de soins et de protection, bien sûr. Mais elle n'avait pas besoin d'être cloîtrée dans un temple triste et silencieux, ni d'entendre dire qu'elle ne pouvait pas courir dans tous les sens quand elle trouvait l'occasion d'en sortir.
Il se força à sourire tranquillement à la petite fille, puis plissa des yeux d'un air mystérieux et poursuivit espièglement :

« Mais pour le moment, tes jambes sont trop courtes pour ça. T'as jamais entendu parler des croquemitaines, qui profitent que les petites filles comme toi soient toutes petites au milieu de la foule, pour les tirer par les pieds dans la rue, les mettre dans une grande besace et s'enfuir jusqu'aux égouts pour les dévorer ?  Eh ben, ça pourrait t'arriver, alors accroche toi bien à ma main, d'accord ? C'est très important. Comme ça, même s'ils tiraient vraiment fort sur tes chevilles, ils ne réussiraient pas à t'enfermer dans leur sac. Accroche toi bien et surveille où tu mets les pieds ! »

Il haussa les sourcils d'un air particulièrement éloquent, les lèvres malheureusement tirées par un petit sourire qui laissait présager du caractère douteux de son histoire. Dieux, que ne fallait-il pas inventer pour se faire écouter des enfants ?
Mais à son sens, n'importe quel petit conte absurde valait mieux que des avertissements trop sordides, car trop vrais, pour justifier le carcan protecteur qu'on imposait aux enfants – simplement parce que ne pas vivre libre était déjà une histoire absurde.

Il serra moins fort la petite main de Thalie dans la sienne et ralentit son allure pour lui permettre d'avancer plus à son aise. Ils croisèrent quelques bateleurs qui jonglaient et un flûtiste qui jouait des mélodies gazouillantes, assis en équilibre sur un parapet de pierre, où il avait disposé un tapis bleu.
Bientôt, ils passaient devant un attroupement d'enfants, de parents et de curieux, qui se pressait peu à peu devant le petit théâtre de bois blanc, où s'agitaient quelques marionnettes à fils, manipulées en surplomb par des artistes cachés derrière un rideau. Léogan laissa traîner son regard sur ce spectacle qui commençait à peine. Il avait l'air de mettre en scène des personnalités très aimées de la ville, qui étaient acclamées joyeusement dès que leurs poupées apparaissaient dans le petit théâtre. Il s'arrêta un instant, intrigué quand le nom d'Elerinna fut annoncé, et jeta un coup d’œil amusé à Thalie pour savoir si elle préférait continuer son chemin, en quête de petits achats épars, ou si elle avait besoin d'un peu d'aide pour regarder le spectacle à son aise.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 17 Aoû - 19:48

Thalie ne mit pas bien longtemps à trouver ce qu’elle voulait. Le seul ennui qu’elle eût, ce fût de se frayer un chemin entre tous ces enfants crasseux et snob qui étaient stationnés devant son étal préféré.

- Par les dessous de Kesha, qu’est-ce qu’ils en mettent du temps pour se décider ! marmonna-t-elle

Elle joua des coudes  et se retrouva nez à nez avec des bocaux remplis de sucreries. Les voilà ! Enfin ! Cela faisait une éternité qu’elle n’en avait pas vu ! Et il y en avait même qu’elle ne connaissait pas et qui avaient l’air trop bons !
Toutefois, même si Thalie en avait les moyens grâce à l’héritage de sa mère, elle ne pouvait pas tout acheter. Le paquet serait bien trop gros et elle ne voulait pas se le voir confisquer par ces maudites prêtresses. Ceci dit, elle voulait tout de même tester les nouveautés et prendre ses sucreries préférées. Elle demanda donc au marchand de lui donner un bonbon de chaque bocal.

- Merci ! dit-elle lorsqu’il lui tendit le paquet

Immédiatement, Thalie cacha son petit paquet dans la poche intérieure de sa cape. Et maintenant qu’elle eût tout ce qu’elle voulait, elle se demanda où est-ce que Léogan était passé. Elle avait bien mémorisé le chemin pour venir jusqu’au marché et pouvait rentrer toute seule. Cependant, elle aurait préféré se faire raccompagner. Elle se disait qu’elle pourrait le présenter à ses consœurs. Elle se disait aussi qu’elle pourrait leur montrer un exemple typique du professeur qu’elle aurait bien aimé avoir.

- Léogan ?

Un vieil homme répugnant tourna la tête dans sa direction. Thalie ravala sa salive. Peut-être aurait-elle dû s’abstenir de crier. Elle n’avait pas très envie de passer pour une enfant perdue. Lorsque sa mère était en vie, elle lui racontait souvent des histoires effrayantes à ce sujet. Tournant les talons, la sindarine mit le plus possible de distance entre l’étranger et elle. Toutefois, pour une mystérieuse raison, la foule se mit à la pousser dans l’autre sens. Elle commença à paniquer. Elle n’avait pas envie de se faire dévorer toute crue ! Elle était trop jeune pour mourir !
Tant bien que mal, Thalie essayait d’avancer mais la foule se fit rapidement plus dense et il lui devenait quasiment impossible d’avancer dans leur sens contraire. Elle n’arrivait pas à voir ce qu’il y avait devant elle. Les gens étaient beaucoup trop grands. Et puis, il y avait aussi tous ces gens qui la regardaient de travers. Thalie ne se sentait pas bien du tout. Puis, lorsqu’elle sentir son épaule de faire harponner, elle cru pendant un bref instant que c’était la fin pour elle.

- Qu… quoi ? balbutia-t-elle lorsqu’elle reconnu Leogan

Quel soulagement ! Thalie était si heureuse de retrouver le colonel qu’elle faillit le serrer dans ses bras. Toutefois, le ton avec lequel il s’adressait à elle la fit immédiatement changer d’avis. Finalement, elle préférait peut-être l’homme crasseux qu’elle avait vu quelques minutes plus tôt. Peut-être ne s’en rendait-il pas compte mais il lui fit un mal de chien lorsqu’il lui prit la main. Cependant, Thalie n’osait rien dire de peur de le mettre encore plus en rogne. D’ailleurs, elle ne comprenait pas vraiment ce qui l’avait mis dans cet état.

- Je ne veux pas être belle ! Tu sais ce qui arrive aux belles femmes quand elles marchent toute seule le soir ?  Tu n’as jamais entendu parler de la prêtresse de Cimerria qui s’est fait jetée dans le labyrinthe de Zaléra parce qu’elle était justement trop belle ?

Mais pourquoi lui disait-il cela ?
Il lui raconta ensuite une histoire à deux sous pour lui faire peur. Pendant un bref instant, Thalie se demandait si Leogan se moquait d’elle. Pourquoi se comportait-il soudain comme les prêtresses de Cimmeria ?

- Menteur !  Ça  n‘existe pas les croquemitaines ! Les syliméas, par contre, ils peuvent prendre possession de ton corps. Il paraît que ça fait très mal. J’espère que je n’en croiserai jamais de toute ma vie. Et les lhurgoyfs aussi. Ils font trop peur.

Elle regarda un instant le sourire forcé de Leogan et demanda tristement :

- Tu ne m’aimes plus ?

Thalie réalisa qu’elle n’aurait pas dû partir explorer seule le marché. Sa mère l’avait souvent grondé pour cela. Mais la petite sindarine pensa également que ce n’était pas une raison pour se comporter comme ces menteuses du temple de Kesha.
Elle se pencha en avant et ramassa un tout petit caillou qu’elle serra dans sa main. Lorsqu’elle écarta ses doigts, la minuscule pierre se transforma en une pépite d’or de même taille.

- Tiens. Prends-là.

Leogan ne semblait pas être le genre de personne avec qui tout pouvait se régler avec de l’argent. Ceci dit, la petite prêtresse espérait qu’il cesserait d’afficher cette mine horrible qu’il avait sur le visage.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 12:15

Thalie avait l'air de regretter sincèrement d'avoir causé du souci à Léogan et sa petite mine navrée et terrifiée vint tout à coup adoucir son humeur. Il n'était pas très doué pour agir en adulte en général et parfois, il était même assez terrifiant ; pour les adultes, c'était une chose, mais pour les enfants, ça devenait excessif.
La question naïve de la petite fille fit frémir les lèvres de Léogan, qui finit par sourire avec amusement. Il lui ébouriffa familièrement les cheveux, presque pour l'agacer, quelque part, et lui répondit avec conviction :

« Si, je t'aime encore, je t'aime bien, c'est pas la question. J'ai eu peur, c'est tout. »

Il pensait même qu'il pourrait considérer cet incident clos quand la petite fille ramassa un caillou et l'enferma dans sa main, les traits de son petit visage froncé de concentration. Dérouté, Léogan l'observa jusqu'à ce qu'elle lui tendit sa main, enfin, où la pierre qu'elle avait ramassée s'était transformée en or. Il eut un bref mouvement de recul, imprimé par la surprise, battit des paupières pour bien s'assurer que ce qu'il voyait était réel et finit par ouvrir de grands yeux éberlués, qu'il fit aller du minois de Thalie au creux de sa main, puis du creux de sa main à son minois, sans pouvoir prononcer un mot.

Son innocence était alarmante. Elle n'avait pas l'air de considérer ces pépites qu'elle offrait au tout venant comme autre chose que des cadeaux plein de sincérité et de bonnes intentions. C'était très louable, c'était adorable, et Léogan n'était pas un homme assez intéressé pour avoir l'idée de profiter des talents particuliers de la petite fille. Il était même assez imprévoyant des choses financières, ne comptait rien, ne dépensait rien, vivait comme s'il n'avait pas un sou en poche et il y avait fort à parier que s'il ne recevait pas régulièrement sa solde, il se surprendrait souvent à fouiller sa bourse sans y trouver la moindre pièce. Cela ne lui causait pas beaucoup de souci - « ça arrive d'être raide : le pognon, ça va, ça vient, faut jamais paniquer ». Il avait vécu un demi-siècle sans penser une seule fois en termes de dias ou de biens de valeur à El Bahari, et le reste de son existence à s'apercevoir tous les mois que son salaire lui tombait dans le bec, ou à accepter de se salir les mains pour remplir sa bourse vide.
Mais voilà, autour de Thalie qui lui tendait innocemment sa pépite d'or et de lui, il avait l'impression que mille paires d'yeux avides s'étaient détournés de leurs préoccupations pour se fixer sur cette gamine qui transformait des cailloux en richesses inespérées – et il était vrai que deux ou trois passants avaient posé un regard éberlué sur la paume ouverte de l'enfant.
Léogan la regardait droit dans les yeux, avec un air d'inquiétude et de surprise qui avait effacé toute expression de colère. Il secoua la tête de droite à gauche en se mordant les lèvres.

« Je t'en prie, range ça, dit-il, d'un ton gêné. C'est très gentil, mais tu n'as pas besoin de me donner quoi que ce soit. »

Ni à moi, ni à personne, pensa-t-il fond de lui même, mais il retint résolument son ressentiment cynique et referma les doigts de Thalie sur la pépite dorée, qui commençait à attirer bien trop d'attention à son goût.
Il s'efforça à nouveau de sourire, avec plus de calme cette fois-ci, et ses yeux pétillèrent d'une noirceur espiègle quand il se souvint de l'indignation de la petite face à la petite histoire sans intérêt qu'il lui avait racontée.

« Et pour le reste, murmura-t-il, avec assurance, en posant doucement une main sur son épaule, ce n'est pas un mensonge. Je t'assure. »

C'est une histoire, un jeu. Cette petite fille était bien sérieuse. Mais il était vrai qu'à passer ses jours en compagnie des prêtresses de Kesha, elle ne fréquentait sans doute pas beaucoup d'enfants de son âge.
Quand elle n'était encore qu'une enfant, c'était généralement en racontant des histoires comme celle-là à Léna qu'il parvenait à se faire pardonner d'elle, après une dispute, un chagrin, ou une erreur qu'il aurait faite – et les dieux savaient combien il faisait d'erreurs, de sottises et d'imprudences, et quel sinistre imbécile de père il faisait. Il y avait eu ce jour sordide, où il avait emmené la petite en expédition à Tyrhénium et, qu'arrivés en ville au milieu de la nuit, il n'avait pas trouvé d'auberge ouverte ou de chambre libre. Le ciel avait commencé à se déchirer et l'orage à tonner, et Léo avait dit à sa fille : « Léna, Léna, tu entends ce bruit ? ». « Oui, j'entends mais qu'est-ce que c'est ? » « Il est presque minuit, c'est l'heure où on entend rugir le démon de Tyrhénium. » « Oh, celui qui plane sur la ville, au-dessus des nuages et qui soudain fond en piqué dans la rue pour attraper ses proies ? « Oui c'est lui ! Il gronde toujours plus fort, viens, suis-moi, il faut trouver une cachette. Attention, le voilà ! Pas de ce côté ! Regarde, là bas, mais qu'est-ce que c'est ? » « C'est une grotte. C'est... La grotte des elfes. Elle n'apparaît qu'aux voyageurs en danger. » « Vite, vite, entrons, le monstre s'approche, il nous a vus ! Chut, pas de bruit. » avait-il dit, avant de tenter de crocheter la porte d'une écurie. « Dépêche toi ! » « Ah ! Ça y est. » « Oh comme c'est beau ! C'est comme un palais. »
Ils avaient dû dormir clandestinement dans l'écurie, couchés dans du foin, tandis qu'un déluge de pluie s'abattait sur la ville, transperçait le bois de la bâtisse et ruisselait froidement sur eux. Il avait enveloppé Léna dans son manteau, l'avait serré contre lui et ils s'étaient dit, au milieu des grondements de l'orage : « Tu entends comme il rugit ? », « Oui, il n'est pas content, il n'aura pas de dîner ce soir », « C'est dommage qu'on puisse pas faire de feu, il nous repérerait tout de suite », « ...tu as froid ? », « Non, non, ça va ».
Il n'en avait rien dit à sa mère, elle aurait été folle de rage – ce qui aurait été, du point de vue de Léogan, bien injustifié, quand Elerinna ne s'occupait jamais de leur enfant qu'une journée par an, qu'elle passait bêtement à la couvrir de présents, de promesses et de baisers.

Léogan, le regard dans le vague au milieu des passants qui se pressaient près du petit théâtre de marionnettes où une jeune femme faisait parler l'effigie d'Elerinna d'une voix chantante, finit par se tirer de ses souvenirs et il reporta toute son attention sur Thalie.
Au lieu de la mettre sur ses épaules comme il l'avait pensé quelques instants plus tôt, Léogan se baissa et se mit à la hauteur de Thalie pour se plonger dans le monde de jambes, de bottes, de lourds manteaux et de petites personnes où la jeune Sindarin vivrait longtemps avant de grandir. Il plissa les yeux comme pour y repérer une fantasmagorie bizarre et puis se tourna vers Thalie avec un air de confidence très sérieux sur le visage.

« C'est vrai, je te dis, insista-t-il. Ce sont de petites créatures repoussantes, qui portent sur leur dos leur grosse besace, et qui marchent au milieu de la foule, si vite, si vite, avec tant d'agilité, que les adultes ne les remarquent pas. Elles ne s'attaquent qu'aux gens courts sur pattes, c'est chose facile. Il paraît que si on ferme fort les yeux, tu sais... Et qu'on les ouvre tout à coup, on peut avoir une chance de les voir. Essaie, ferme les yeux. Je les ferme aussi. »

Il haussa les sourcils pour se composer une mine persuasive et finit par fermer les yeux comme il le disait. Il ne les rouvrit qu'une fois, pour vérifier qu'elle se prêtait bien au jeu.

« Ha ha ! s'exclama-t-il, d'un ton faussement mécontent. Ferme les yeux. C'est bon ? On compte jusqu'à sept maintenant. Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Eh ! Ouvre tes yeux, ouvre tes yeux, vite ! Il y en a un qui vient de décamper. »

Leurs voisins acclamaient l'arrivée d'une nouvelle marionnette, d'une nouvelle prêtresse, qui s'étonnait d'une voix fluette de trouver celle d'Elerinna occupée à embrasser un bonhomme de tissu quelconque – Léogan grimaça désagréablement, tandis qu'il montrait vaguement un endroit au milieu de la foule à Thalie. Décidément, sa réputation allait de mal en pire...
Il tenta de se désintéresser de ce que disaient les marionnettistes, au-dessus de leurs têtes et chercha avec la petite fille, dans les grands courants humains du marché, une créature que voudrait bien leur montrer leur imagination.

« Est-ce que tu en vois ? »
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 31 Aoû - 15:16

Au fond, Thalie ne réalisait pas réellement tout ce que Leogan venait de lui dire mais elle comprit l’essentiel : il l’appréciait. Alors ça y est ? Pouvaient-ils dire qu’ils étaient amis ? Peut-être pas. Lorsqu’elle lui tendit la pépite d’or, le colonel la refusa poliment. Une petite moue se dessina sur sa frimousse. Que devait-elle donc en conclure ? D’habitude, les gens étaient toujours très contents de recevoir de l’or. Leogan semblait différent des autres. Thalie se demanda s’il gagnait beaucoup d’argent, cela expliquerait peut-être pourquoi son petit caillou doré ne l’intéressait pas. Elle tenta alors de lui expliquer qu’elle n’était pas encore en mesure de transformer une statue en or, qu’il fallait qu’elle y travaille et qu’elle lui promettait que lorsqu’elle serait grande elle pourrait transformer tout ce qu’il voudrait mais il ne lui en laissa pas l’occasion.
En effet, il venait de remettre sur table son histoire de croquemitaines. Thalie leva les yeux en l’air. Pourtant, petit à petit, en entendant la description détaillée de ces vilaines créatures, la sindarine commença à avoir peur. Du coup, lorsque Leogan lui proposa de fermer les yeux pour avoir la « chance » d’en voir un, elle tourna vivement la tête de gauche à droite.

- Fermer les yeux ? Jamais !

Mais Leogan insistait et Thalie réalisa qu’elle aurait bien aimé voir à quoi pouvait bien ressembler un croquemitaine (en admettant, bien sûr, que cette créature existait). En revanche, il était hors de question qu’elle se fasse enlever et dévorer. Elle se disait que si elle tenait très fort la main du colonel, le croquemitaine ne pourrait jamais l’enlever. Fermant les yeux, elle compta alors avec Leogan jusqu’à sept et chercha ensuite un petit être répugnant. Mais comme elle s’en doutait un peu plus tôt, elle ne vit rien du tout et afficha une mine déçue.

- Y’a rien…

Elle dévisagea un instant Leogan et une petite farce germa dans son esprit. Tenant toujours sa main, Thalie fit apparaître une petite créature sale et dégoutante devant leurs yeux. Elle la fit courir autour d’eux avant de la faire courir droit dans la foule. Bien évidemment, il ne s’agissait que d’une illusion, une illusion éphémère que Leogan pourrait facilement faire disparaître en songeant simplement que ce qu’il voyait ne pouvait pas être réel.

- Regarde, regarde ! Sors ton épée ! Il va enlever un enfant !

Mais tandis qu’elle encourageait Leogan à poursuivre ce faux croquemitaine, Thalie aperçut brièvement la marionnette d’Elerinna se faire embrasser par un bout de tissu.

- Pourquoi il raconte n’importe quoi à propos d’Elerinna ? Les prêtresses ne tombent pas amoureuses. » demanda-t-elle d’un air étonné avant d’ajouter « Puis de toute façon, la Grande Prêtresse n’embrasserait jamais quelqu’un d’aussi quelconque !

Tandis qu’elle se mettait sur la pointe des pieds pour apercevoir le spectacle de marionnettes, l’illusion qu’elle avait fait apparaître quelques secondes plus tôt s’envola en fumée. Elle ne comprenait pas pourquoi ce numéro était si grossier. Elerinna était une femme généreuse et bienveillante. Pourquoi le peuple avait-il besoin de se moquer d’elle de la sorte ? Thalie n’y voyait rien de drôle et trouvait même que cela était un peu offensant.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeLun 8 Sep - 3:14

Léogan était bien trop occupé à regarder d'un œil rond la créature bizarre qui avait soudain surgi de la foule en sautillant grotesquement d'un pied sur l'autre pour avoir seulement l'idée de sortir son épée au commandement de Thalie. Il resta interloqué quelques instants, surpris par le propre produit de son imagination qui bondissait devant ses yeux et s'élançait dans la foule en grognant méchamment, et puis soudain, la petite fille s'écria quelque chose sur Elerinna, et le croquemitaine s'évanouit aussi subitement qu'il était apparu.
Léogan cligna des yeux plusieurs fois, crut comprendre vaguement la supercherie et se tourna vers Thalie qui visiblement avait beaucoup de tours dans sa poche – ce qui n'était sans doute pas très bon pour sa santé quand on considérait qu'elle grandissait parmi les femmes les plus venimeuses de tout Isthéria. Malgré tout, la ruse lui arracha un sourire surpris et lorsqu'il comprit ce à quoi la fillette faisait allusion en fixant le petit théâtre d'un air outré, il éclata d'un rire franc, mais bref, qu'il avait l'impression d'avoir gardé coincé dans sa poitrine pendant un siècle ou deux.

« ...détrompe-toi ! s'exclama-t-il, avec bonne humeur. On n'a pas besoin de sortir beaucoup de l'ordinaire pour trouver grâce aux yeux d'Elerinna. C'est ce qui est bien avec elle. Tout le monde a ses chances. »

En fait, il en était simplement la preuve vivante. Elerinna avait toujours eu un faible pour les gens négligés et les cas désespérés, et ne s'intéressait souvent qu'aux grands de ce monde par goût de l'artifice.

« Les prêtresses ont le droit de tomber amoureuses, c'est pas interdit, poursuivit-il, à part si elles font un vœu de chasteté à titre personnel. Tu pourras avoir une famille et des enfants si c'est ce que tu veux, quand tu seras grande. C'est assez rare, mais c'est possible. »

Toutefois, la remarque innocente de Thalie avait fait mouche autour d'eux. Un jeune homme d'allure modeste souriait cyniquement en observant la fillette. Une vieille femme, vêtue d'un beau manteau de vison, un binocle en argent sur le nez, accompagnée d'un garçon tout aussi bien vêtu, reconnut Léogan et se pencha vers lui en pinçant ses lèvres sèches.

« La petite a raison, colonel Jézékaël, lui glissa-t-elle d'une voix aigre. Vous avez l'autorité nécessaire pour faire cesser cette mascarade. Ils la jouent tous les jours à cet endroit sous les yeux de nos enfants, c'est une aberration.
‒ Madame, je suis navré, mais les citoyens d'Hellas sont libres de dire ce qu'ils veulent sur la place publique, même s'ils n'ouvrent souvent la bouche que pour dire des idioties injustifiées. Nous vivons en démocratie, répondit classiquement Léogan, qui n'en pensait pas moins un milliard d'ironies dans un coin de sa cervelle.
‒ Il y a bien des lois contre la diffamation, n'est-ce pas ?
‒ Je ne vois pas en quoi il s'agirait de diffamation, ce ne sont que les faits.
‒ Absolument pas !
‒ De toute façon, utiliser ce genre de procédés sournois pour porter des accusations, sous couvert de l'innocence prétendue du spectacle, c'est intolérable, martela le jeune homme bien vêtu. Ils se fichent de nous.
‒ Parce qu'Elerinna Lanetae ne se fiche pas de nous, peut-être ?
‒ Mon pauvre ami, vous délirez !
‒ C'est vous qui délirez, grand-mère, dans quel monde d'utopie vivez-vous donc ?! »

L'accusation du jeune homme contre la vieille aristocrate braqua immédiatement le damoiseau, son petit-fils peut-être, qui s'avança d'un pas vengeur vers le détracteur d'Elerinna, en le pointant d'un doigt mécontent. La dispute, qui jusque là avait lieu sous le regard blasé de Léogan, qui n'écoutait du reste que d'une oreille, menaça de s'envenimer sérieusement quand le garçon empoigna l'autre par le col, sous les cris de protestation de la grand-mère.
Léogan échangea un regard ennuyé avec Thalie, roula des yeux et sépara les deux hommes d'un geste sec et tranchant du bras.

« Bon je vais être clair, c'est vous que je vais finir par dégager, si vous vous calmez pas fissa. Des amateurs ? » demanda-t-il, avec un de ses regards froids et sans âme qui n'admettaient aucune protestation.

Le détracteur d'Elerinna le fixa d'une mine courroucée, se dégagea de la foule et disparut dans la rue, tandis que la grand-mère tirait le jouvenceau de l'autre côté. Léogan haussa des épaules avec lassitude.
Autour d'eux, les spectateurs avaient bien compris le message, mais la dispute avaient gagné les uns et les autres et était désormais portée à voix basse comme une rumeur fuyante et grondante. Le spectacle continuait malgré tout.
Nous vivons en démocratie... Ça, c'était bien placé, Léo. Y a de quoi rigoler bien franchement. Entre le peuple qui ne trouvait qu'à médire sur les anecdotes de cabaret du temple et de la mairie, les grands-mères traditionalistes qui criaient au scandale et à la démission honteuse des forces disciplinaires, et les ennemis de l'autorité qui se vengeaient de l'injustice par les mêmes armes, il y avait de quoi se demander ce qu'on en faisait, de la démocratie – qui ressemblait de toute façon à un mensonge grossier dans l'état actuel des choses.

Agacé par le bruit du théâtre et les murmures cauteleux de l'assistance, Léogan se tourna vers Thalie et lui sourit doucement.

« Viens, on s'en va, ça devient n'importe quoi par ici. Tu as acheté ce que tu voulais ? Tu as faim ? » s'enquit-il, en jetant un coup d’œil au soleil, qui atteignait son zénith.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeSam 4 Oct - 17:35

Ainsi donc, Leogan avait un petit faible pour Elerinna… Thalie se pinça les lèvres et regarda ses pieds. Mais ce fut plus fort qu’elle et elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire moqueur.
Elle n’arrivait pas le croire. Leogan, amoureux d’Elerinna ? A bien y repenser, ce n’était pas surprenant. Des histoires d’amour comme celle-là, Thalie en avait entendu pleins. Pendant un bref instant, elle s’imagina comment aurait pu être la vie de ces deux êtres s’ils s’étaient mariés. Elle les voyait en train de se promener près d’une rivière main dans la main et se disait qu’Elerinna et Leogan pourraient faire un joli couple. S’ils se mariaient, peut-être que Thalie aurait une seconde mère et un second père ? Même si cette idée lui plaisait, Thalia ne s’accrocha cependant à ce faux espoir.

- « On » ? Tu veux dire toi, non ?

Un sourire espiègle fleurit sur son visage pendant que Leogan lui expliquait qu’une prêtresse pouvait se marier si elle le désirait. La petite sindarine avait beaucoup de mal à s’imaginer fonder une famille. Elle ne se souvenait pas de son père et avait déjà bien du mal à s’occuper de Crème. Comment pourrait-elle donc élever un enfant si elle ne parvenait même pas à enseigner un ordre à un mouton ?

- Leogan…

Tandis qu’elle se posait une multitude de questions, une altercation survînt brusquement devant le spectacle de marionnettes. Surprise, Thalie se cacha derrière le Colonel. Elle avait déjà vu des grandes personnes se disputer mais ce n’était pas pareil. Elle était un environnement qui ne lui était pas familier et elle était entourée par des inconnus. Elle ne comprit rien à ce qu’ils disaient. Qu’avait pu faire Elerinna pour les mettre dans cet état ? En quoi ce spectacle était une diffamation ? Comment une femme aussi occupée que la Grande Prêtresse aurait pu tomber dans les bras d’un fermier ?

- Faim ? Bien sûr que j’ai faim ! J’ai toujours faim ! Je pourrai manger toute la journée si les prêtresses me le permettaient. On va manger où ? Tu veux manger quoi ?

Prenant la main de Leogan, Thalie commença à s’éloigner de cette bande de fous.  Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait l’occasion de sortir et elle comptait bien en profiter. Kesha comprendrait. Mais pourtant…
Thalie ne s’était jamais interrogée sur la réputation d’Elerinna. Pour elle, cela semblait évident qu’elle était appréciée de tous. Après tout, le travail des prêtresses étaient d’offrir leur aide à quiconque en avait besoin. Elles ne faisaient rien de mal et répandaient le bien autour d’elle. Certes, Thalie faisait exception à la règle. Elle était le vilain petit canard de cette communauté. Des fois, comme en cet instant, elle avait des remords en y repensant.  Mais elle se consola en se disant qu’elle était bonne élève et que même si elle était têtue, bornée et gourmande, elle avait tout de même un bon fond de générosité et de bonté. Après tout, elle s’occupait bien de Crème et celui-ci semblait plutôt content d’être à ses côtés…

- Oui, bon d’accord, c’est un agneau mais c’est tout de même un être vivant… marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel, comme si elle s’adressait à un être divin Pourquoi il a dit ça sur Elerinna ? lança-t-elle brusquement au Colonel en faisant référence au jeune homme qu’ils venaient d’aborder. Moi je l’aime bien. Nous avons pris le goûter ensemble une fois. J’ai eu droit à pleins de gâteaux.
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeMer 22 Oct - 13:54

Léogan tenta de modérer doucement l'enthousiasme débordant de Thalie en serrant sa petite main dans la sienne et il suivit la fillette qui l'entraînait dans la foule pour s'éloigner du théâtre blanc et des gens qui y chahutaient. L'incompréhension et le désintérêt qu'il lut dans les yeux carmins de la Sindarine lui inspirèrent un sourire satisfait. Il n'y avait encore que les enfants pour comprendre la stérilité et la stupidité de ces luttes.
Elle recommença à pépier, plus soucieusement cette fois, plongée dans ses pensées, tout en sautillant près de plus avec souplesse. Songeur également, Léogan ne réalisa pas tout à fait qu'elle lui posait une question très sérieuse, en tout cas, il n'y répondit pas immédiatement et ne fit que hocher la tête d'un air taciturne avant de la lever vers l'enseigne d'une petite auberge qui faisait le coin de la rue du marché.
Il s'éveilla tout à coup de sa torpeur et secoua un peu la tête pour dégager ses yeux de ses épais cheveux noirs qui y tombaient en bataille. La façade était propre et sobre, l'enseigne en bois poli figurait une barrique garnie d'une couronne de fleurs – Au Tonneau Pimpant. Léogan haussa des épaules avec indifférence, il esquissa un demi-sourire à l'égard de Thalie, monta la volée de marches qui menaient à la porte et entra dans l'auberge d'un pas vif.
Ce n'était peut-être pas le plus honorable des établissements de la rue – en fait, il n'avait aucune mesure de ce qu'était un établissement recommandable pour une enfant de bonne famille – mais il le savait au moins assez bien tenu et gouverné par des boutiquiers discrets, ce qui était à son regard, la meilleure qualité chez un commerçant.
Une rumeur épaisse les enveloppa tous les deux, l'endroit était bondé, et les vapeurs de la nourriture se mêlaient étroitement à l'odeur du feu de cheminée qui crépitait au fond de la pièce. Ils s'installèrent à une table près du foyer et Léogan ôta ses gants en cuir noir avec soulagement pour frotter ses mains l'une contre l'autre.

Il s'était assis sur une banquette et avait laissé Thalie grimper sur une chaise en bois qui lui permettait de s'approcher de la table et de ses couverts d'aussi près qu'il était nécessaire pour manger confortablement. Autour d'eux, les gens parlaient fort, riaient, festoyaient avec avidité et buvaient en fumant du tabac qui flottait mollement dans l'air. Les figures autour d'eux étaient obscures, les yeux rendus lumineux par la chaleur, la bonne chair et l'alcool. Rien qui ne parut menaçant aux yeux de Léogan, qui considéra l'assemblée avec détachement, et même un soupçon de contentement. Leur présence passerait sans doute inaperçue, dans ce joyeux chahut, et pour ce qu'il s'apprêtait à dire à Thalie, c'était un avantage certain.
Son œil noir repéra rapidement la serveuse, une Zélos d'une cinquantaine d'années, encore jeune donc, aux cheveux d'un blond délavé et à la peau d'un vert terne, vaquait énergiquement à sa tâche et n'avait pas encore l'air prête à s'occuper de leur tablée. Alors il s'accouda devant Thalie et attira son regard en posant deux doigts sur la main de la petite fille et en l'observant d'un air conspirateur. Il baissa la tête et son visage échappa un moment à la lumière vacillante du feu de cheminée. Il se décida enfin à lui expliquer la scène de tout à l'heure et chercha ses mots avec précaution.

« Mmh, pour répondre à ta question... commença-t-il, d'une voix qui portait juste assez pour être entendue par la jeune Sindarine. La réputation d'Elerinna s'est pas mal ternie, ces dernières années. Disons que, de façon générale, elle est encore très aimée mais certaines de ses décisions et de ses conduites ont partagé l'opinion du peuple et du temple. »

Un peu gêné par la situation, il passa une main nerveuse sur sa nuque et son regard fuit quelques instants vers les clients qui ripaillaient insouciamment autour d'eux, avant de se plonger dans l'âtre pensivement.
Il n'avait aucune idée de ce qu'il convenait de faire avec avec les enfants qui se berçaient d'illusions de calme, de confort et de beauté, et qui se ravissaient des illusions fantomatiques qu'on leur présentait comme la réalité. Seulement, il lui coûtait de savoir à quel point Thalie était aveuglée par les artifices de bonté et de douceur que déployaient autour d'elle comme un cocon les femmes du temple, et il lui était plus pénible encore d'imaginer jusqu'où cela mènerait une fillette aussi douée qu'elle l'était.

« Je ne sais pas si... Enfin, tu es une enfant intelligente, murmura-t-il, d'une voix hésitante. J'imagine que tu as voulu devenir prêtresse pour... Heu, faire le bien autour de toi, soigner des malades, quelque chose comme ça ? Ha, c'est bien, c'est très très bien. »

Il tenta un sourire, mais le résultat fut plutôt crispé, et il finit par soupirer en secouant la tête avec embarras.

« On ne fait pas le choix de devenir prêtresse de Cimméria à la légère, dit-il gravement. Oh, tu as dû peser mûrement ta décision, j'en suis sûr. Mais tu es jeune, et elles ont dû prendre ce prétexte pour ne pas avoir à te dire tout ce que ça impliquait, d'entrer dans l'ordre de Kesha à Hellas, ajouta-t-il, un rictus sarcastique sur le coin des lèvres. D'ailleurs, une fois qu'on a accompli le serment, il est très difficile de s'en défaire. Les prêtresses qui ont décidé de quitter leur rang ont souvent... Disparu dans des circonstances très louches. »

Il s'octroya un instant de silence pour réfléchir à la suite de son propos, qui n'était décidément pas facile à tenir. Il s'exaspérait un peu lui-même de ne pas avoir su rester à sa place plus d'une matinée avec cette enfant. Si les prêtresses apprenaient qu'il était encore en train de se mêler de leurs affaires...

« Mais ce n'est qu'une chose, dit-il soudain, pour couper court à ses réflexions, avant de poursuivre plus prudemment. Elerinna et les prêtresses doivent combattre l'influence de la Mairie sur Hellas, et celle de Bellicio, le Maire, qui n'a, disons... Pas les mêmes intérêts qu'elles. Tu a entendu parler de la Mairie, pas vrai ? Alors, il n'est pas question de penser que... Je ne sais pas, que les prêtresses sont bonnes et que le Maire est mauvais... La plupart des gens pensent œuvrer pour un certain bien, seulement agir pour la cité et prendre des décisions pour le peuple implique nécessairement de faire du mal d'un certain point de vue. »

Il fronça des sourcils en regardant Thalie avec intensité. Honnêtement, était-ce bien à lui de lui enseigner des choses pareilles... ? Il n'était doué d'aucun tact, les mots lui venaient difficilement, il se sentait maladroit et gauche, mais il poursuivit avec sa franchise habituelle, qui était néanmoins assez efficace pour briser méthodiquement tous les faux-semblants.

« L'année dernière, avec la sarnarhoa, Elerinna a dû prendre une décision de ce genre. Une satanée cagade, commenta-t-il en soulevant un sourcil désabusé. Nous n'avions aucun remède pour venir à bout de l'épidémie, qui contaminait toujours plus de personnes. Pour sauver ce qu'il y avait à sauver, le Maire a requis l'exil des malades et Elerinna, après avoir mûrement réfléchi, a uni son choix au sien. Nous avons donc dû trouver tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants qui souffraient de la sarnahroa à Hellas et les conduire aux portes de la ville. Cette décision, naturellement, n'a pas fait l'unanimité au temple, et ça n'a pas tout à fait plu au peuple, tu penses bien. Hellas, la cité de Kesha, déesse de la médecine, qui bannit des malades ? Irina Dranis – tu connais Irina Dranis, l’œil de Kesha, n'est-ce pas ? – enfin, Irina Dranis en particulier, qui est en croisade contre le pouvoir d'Elerinna depuis quelques années déjà, s'est opposée à leur exil, mais elle n'a rien pu faire d'autre que les suivre dans leur errance et rechercher un remède pour les guérir. Par chance, elle est talentueuse : elle y est parvenue, et c'est grâce à elle que la sarnarhoa se soigne aujourd'hui, quoique difficilement. »

Il avait prononcé ces derniers mots avec une froideur incongrue et son visage s'était soudain fermé, alors qu'il levait son regard vers la porte de l'auberge, qui s'ouvrait et se fermait à tous les va-et-vient des clients qui entraient avec des bourrasques et repartaient en respirant la satiété. C'était comme s'il ne les voyait pas.
Enfin, il se retourna lentement avec Thalie, et après quelques instants de silence, reprit d'un air de fatigue :

« C'est une des raisons pour lesquelles les gens se disputent au marché au sujet d'Elerinna, et que le moindre de ses défauts devient prétexte à la ridiculiser en public. Est-ce que... J'ai été... Clair ? Tu comprends ? »

Il ouvrit des yeux plus indulgents vers la gamine et attendit sa réponse avec d'autant plus de patience qu'il avait conscience de la difficulté de son discours et du fait qu'il n'y était pas particulièrement doué. Il finit par sourire un peu faiblement, toutefois, et un éclat de malice passa dans ses yeux.

« Évidemment, il faut garder tout ça pour toi. Le danger peut venir de partout. Mais tu sais garder un secret, mh ? T'es plus maline que t'en as l'air. »

Il l'affligea d'une pichenette espiègle sur le nez, s'amusa de son air courroucé et s'avachit paresseusement sur sa banquette en observant Thalie d'un œil crépitant d'intelligence. Il y avait du bon à être une enfant perspicace, toutefois. Si elle acceptait de se défaire du bandeau qui lui barrait la vue, elle pouvait toujours passer pour plus innocente qu'elle ne l'était aux yeux des prêtresses qui avaient eu l'idée de la manipuler.

Il fut interrompu dans ses réflexions par la serveuse qui s'arrêta enfin devant leur table et qui leur sourit aimablement, en posant un pichet d'eau sur la table. Léogan la salua d'un signe de tête. C'était une grande femme, au front haut et l’œil brillant, la mâchoire saillante comme ses congénères mais l'air plus abordable que la plupart d'entre eux.

« Bonjour ! dit-elle, avec une vivacité lumineuse. Désolée, les jours de marché, c'est toujours bondé, mais me voilà ! Qu'est-ce que je vous sers ? Un hydromel, colonel ?
– …nan, je suis en service, ne m'tentez pas, Uriel.
– En service ? Ho, c'est ce petit bout de chou, là ? Tu es une prêtresse ? Alors qu'est-ce que tu veux manger, chérie ? »

Tandis que la serveuse se penchait gentiment vers Thalie pour recueillir sa commande, Léogan s'enfonçait dans sa banquette d'un air sombre et réfléchissait en posant des regards ombrageux sur les clients, à travers ses mèches de cheveux noirs qui lui tombaient devant les yeux. Il n'était pas franchement un habitué de cette auberge ; en fait, il faisait en sorte de ne pas fréquenter trop assidûment les commerces de ce genre pour ne pas se faire d'habitudes, être repéré des commerçants, devoir discuter longuement avec eux ou faire voir certains penchants un peu trop prononcés qu'il avait pour l'alcool. Malheureusement, au bout de cinquante ans d'exercice, il avait fini par écumer tous les bars et toutes les tavernes de la cité, jusqu'aux plus miteux, et il y avait des détails qui n'échappaient pas aux aubergistes surtout quand, comme Uriel, ils tenaient boutique depuis une trentaine d'années.
La Zélos se tourna finalement vers lui, en sourcillant sceptiquement sur Thalie, et elle marmonna à l'adresse de Léogan :

« Elles les baptisent de plus en plus jeunes.
– Ça arrive... répliqua-t-il d'un ton détaché, avachi nonchalamment sur sa banquette, sans lui adresser de regard direct.
– Un plat du jour ? s'enquit-elle aussitôt, soupirant de cette dérobade. Filet de skrei, pommes de terre ?
– Un plat du jour, ça ira. »

Il la remercia d'un signe de tête, elle sourit à Thalie et prit la direction du comptoir. Léogan resta silencieux quelques instants et laissa son regard indifférent planer encore longtemps sur la foule qui ripaillait avec enthousiasme à toutes les tables de l'auberge. Et puis finalement, d'une voix qui semblait surgir naturellement de ses pensées, tandis qu'il s'accoudait à la table, il fixa le petit minois de la fillette d'un air très sérieux.

« Dis-moi, Thalie, est-ce qu'on t'a déjà appris à te défendre ? »
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeMar 11 Nov - 16:17

Les gens qui déambulaient dans le temple de Kesha parlaient parfois d’un monde idéal où tout irait pour le mieux, où tout serait merveilleux, comme si le monde dans lequel ils vivaient actuellement n’était qu’imperfections et médiocrités. Thalie ne comprenait pas ces personnes. Pour elle, l’endroit parfait existait dans leur monde. Et il n’y en avait pas qu’un seul. Il y en avait pleins. Et elle se trouvait justement dans l’un de ses petits paradis terrestres…

- Wouah… !

Lorsque Thalie franchit le seuil de l’auberge, elle ne put s’empêcher de penser que la flagrance de la nourriture était la meilleure au monde et que celui ou celle qui pensait le contraire n’était qu’un abruti sans cervelle. Elle huma l’odeur des potages et de la viande rôtie. Elle regarda avec fascination les gens manger. C’était la première fois qu’elle mettait les pieds dans une auberge et se demandait pourquoi personne mis à part Leogan n’avait pensé à l’emmener dans cet endroit. Certes, il y avait aussi les effluves de tabac qui venaient gâcher un peu l’ambiance mais quelle importance ? Cet endroit était tout simplement génial. Le concept de cet endroit était génial. La personne qui avait inventé cet endroit était géniale.

Complètement émerveillée par ce qu’elle sentait, Thalie ne fit pas attention aux gens présents dans l’auberge. Elle s’assit docilement sur la chaise en bois et ne fit pas de commentaire lorsqu'une zélos vint prendre sa commande. Ce ne fut qu’après avoir tourné la tête plusieurs fois pour contempler le décoration presque inexistante de l’endroit qu’elle daigna faire attention à ce que lui disait le sindarin. Elle repensa alors à ce qu’il lui avait raconté un peu plus tôt, pendant qu’elle s’extasiait devant une énorme côte de porc. Elle n’arrivait pas à croire qu’Elerinna avait pu abandonner des malades. Ce n’était pas possible. Elle était beaucoup trop vertueuse pour cela. Puis cela irait à l’encontre de tout ce que les prêtresses lui avaient enseigné. Non, ce n’était pas possible. C’était tellement insensé !

- Alors Irina est gentille et Elerinna est méchante ?

Thalie ne pensait pas que Leogan pouvait être un menteur. Seulement, elle avait dû mal à avaler son histoire. En même temps, elle comprenait que la Grande Prêtresse ne pouvait pas se permettre de garder tous les malades, au risque de contaminer le reste de la population. Après tout, Thalie était bien là pendant l’épidémie. On lui avait interdit d’approcher des malades mais tous les jours, elle aidait les cuisiniers et préparaient de paniers.

- Me défendre ? Mais pourquoi faire ? Tu es là pour ça, non ?

La sindarine ne comprenait pas pourquoi il venait subitement de lui demander si elle savait se défendre. Elle était une prêtresse. Une personne qui aidait les autres. Pourquoi des gens lui en voudraient-ils ? Ceci dit…

- Les prêtresses disent que se battre, c’est pour les hommes. Ajouta-t-elle d’un air pas très convaincu avant demander sur une toute petite voix Tu crois qu’une fille peut combattre comme un vrai guerrier ?

Tout d’un coup, ses yeux s’illuminèrent. Elle se voyait bien à la place du preux chevalier, pourfendant l’affreux dragon. Évidemment, il fallait zapper la scène du baiser qu’elle trouvait toujours inutile dans ces histoires de princesses. D’ailleurs, à propos de la princesse, Thalie avait toujours trouvé que c’était une grosse blague. Il fallait vraiment être une nunuche pour se laisser aussi facilement par les sorcières. Dans la vraie vie, les filles n’étaient pas comme cela.

- Mais je suis sûre que les prêtresses ne voudront jamais me laisser tenir une épée… Elles ne veulent même pas m’apprendre à monter sur un poney… dit-elle avant de revenir sur un sujet qui, sur l’instant, lui semblait beaucoup plus important C’est quand qu’on mange ?
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 23 Nov - 1:20

Il y avait encore une mauvaise idée qui germait dans la tête de Léogan. Et comme toutes les mauvaises idées, sur l'instant, elle lui paraissait brillante – ça s'emballait, là haut, ça travaillait à toute vapeur, ça fusait et ça s'illuminait, comme une mécanique folle qu'on lance et qui ne veut plus s'arrêter. Si au fond de lui, il y avait encore une petite voix qui lui criait qu'il était simplement en train d'envisager de décharger toute la frustration qu'il avait éprouvée de ne pouvoir transmettre à sa fille un bagage de survie martiale, sur Thalie, une gamine en bonne santé, d'une constitution à première vue bien disposée à une formation de combat et qui buvait ses paroles comme du petit lait –  c'était une petite voix, alors elle ne criait pas bien fort, derrière tout ce bruit de machine détraquée qui se déchaînait dans son crâne.
Ce n'était pas franchement dans les habitudes de Léogan d'aller trouver de lui-même des responsabilités auprès d'autrui, qu'il éprouvait toujours comme une charge encombrante ou de gros boulets qu'on lui attachait aux chevilles, mais quand il le faisait, c'était tout au mieux surprenant, et au fond, d'un bizarre très incongru. Au matin, il rencontrait une petite fille naïve qu'on avait enfermée dans le temple pour des raisons très suspectes, pour qui il n'avait à la base qu'un vague sentiment de culpabilité, et le soir, elle était devenue un poulain prometteur à entraîner. C'était comme un caprice qu'il prévoyait à long terme.

Cependant, Thalie qui ouvrait des yeux ronds devant l'anecdote de la sarnahroa, finit par tenter de tirer au clair cet embrouillamini qu'il lui avait servi à la louche et lui coupa le sifflet tout à coup. Il resta un instant muet, un sourcil froncé, l'autre arqué acrobatiquement, et il grimaça un peu d'un air contrit.

« ...naaaan, lâcha-t-il enfin, en secouant les mains maladroitement, écoute, c'est pas comme ça que ça fonctionne. Heum, voyons, comment dire. Il n'y a pas d'un côté les gentilles guérisseuses et de l'autre les méchantes meurtrières. C'est... pas facile de faire le bien, Thalie, quand on a des responsabilités... Regarde bien autour de toi, t'as jamais trouvé ça bizarre et ridicule, ces adultes qui s'agitent dans tous les sens et qui s'font des nœuds dans le cerveau sans arrêt pour des broutilles... ? C'est pas facile, de savoir ce qu'il faut faire, ce qui est bien, et ce qui est mal, parce que le plus souvent, c'est toujours un peu des deux. »

Oh misère.
Léogan balaya la taverne du regard pour trouver de quoi appuyer sa démonstration efficacement, passa par le petit visage incrédule de Thalie qui se fronçait sous sa tignasse de cheveux blancs, à leur voisin direct, qui se bâfrait de bagels tartinés de fromage à la crème en rigolant à gorge déployée avec son vis-à-vis.  

« Je ne sais pas, prends... marmonna-t-il, dans sa barbe. Tiens, prends ton mouton, par exemple. Ta responsabilité, c'est qu'il se porte bien et qu'il soit heureux, grosso merdo. Mettons qu'il ait une envie folle de... Bagels à la crème, détermina-t-il, encore absorbé par la contemplation de leur voisin, qui avalait goulûment le contenu de son assiette, moins par faim réelle, semblait-il, que par la joie bestiale de manger, de se gaver et de se sentir plein. Qu'il en boufferait des barriques. Tu as beau lui en donner, et lui en donner encore, il ne s'arrête plus, il en réclame sans arrêt. Tu sais bien que trop de bagels, c'est pas bon pour un mouton, et qu'il tomberait malade s'il en avalait encore un seul, mais voilà, il tire tellement la gueule, le pauvre, que ça t'en fait mal au cœur. T'es gentille ou méchante, de ne pas lui r'donner ce qu'il veut, d'après toi ? »

Il pinça des lèvres en arrêtant son regard sur Thalie avec perplexité. A bien y réfléchir, cette illustration était parfaitement stupide. Il secoua la tête, agacé par sa gaucherie rhétorique, et poursuivit tout de même, au cas où il réussirait au détour d'une phrase à inculquer quelques nuances au manichéisme candide de la petite :

« Hé ben, Elerinna, imagine toi que des choix comme ça, elle en a tout autour du ventre qui l'attendent, et que dans son cas, c'est carrément plus compliqué que de savoir si elle doit donner ou non des bagels à un mouton. »

Il adressa un regard un peu plus convaincu à l'assiette désormais vide de leur énorme voisin et se retourna vers la petite fille en lui adressant un sourire bizarrement enthousiaste et en s'accoudant sur la table, tandis qu'elle louchait avidement sur une côte de porc. Il prit la petite main de Thalie dans la sienne pour capter son attention qui était décidément très vite accaparée par la nourriture, et ajouta d'un ton malicieux, l’œil brillant d'une lueur espiègle :

« Les seuls méchants qui existent sur cette terre, poupée, c'est les gens qui te veulent du mal à toi. Et un jour arrivera où y aura pas forcément de soldat entre toi et eux et où il sera très judicieux d'avoir appris à leur botter le cul quand ils sortent un couteau. »

Son sourire s'agrandit à ces mots, et il devint d'une sincérité très inhabituelle quand il vit les yeux rougeoyants de l'enfant crépiter d'un enthousiasme subit, alors qu'elle demandait, d'une petite voix timide, si le combat n'était pas l'apanage des hommes plutôt que des filles. Il rit doucement, d'un rire doux et chaud qui était destiné à envelopper Thalie dans un cocon de confiance tissé de lumières dorées.
Ce qu'on pouvait au moins reconnaître à Léogan, c'était que le préjugé avait la vie dure dans son esprit sceptique. Malgré sa position de militaire haut-gradé et sa vie passée à traiter avec des gens d'armes essentiellement masculins, il n'était pas choqué de voir qu'on laissait des femmes accéder au domaine sacro-saint de la virilité que constituaient les exercices martiaux – il était même partisan de l'idée de leur accorder une reconnaissance et un droit illimités en la matière, car il fallait bien dire qu'après cinquante ans de service dans la garde prétoriale, il fatiguait sérieusement d'être destiné à sauver tout être vivant qui portait des jupons sous prétexte que la nature l'avait par hasard doté de certains bijoux de famille.

« Ce sont des hypocrites, assura-t-il à Thalie, avec certitude. Y a un tas de prêtresses qui se débrouillent très bien une dague à la main et qui s'en servent même assez régulièrement. »

Ce serait peut-être un coup dur dans le microcosme paisible et rose de la petite Sindarine, mais il y avait déjà bien assez de gens pour lui mentir au temple pour que Léogan s'épargne aussi la tâche de lui dire la vérité. On surprotégeait souvent les enfants, comme s'ils étaient de beaux objets en cristal pur, susceptibles de se briser à tout instant, qu'on rangeait dans des écrins de velours loin de tout ce qui pouvait les heurter, loin de tout ce qui pouvait les faire grandir.
Léogan n'avait pas envie de voir Thalie souffrir, évidemment, mais la vie était une chose douloureuse, et si un jour elle finissait par se prendre la réalité en plein dans la figure, sans signe avant-coureur, cela la briserait sans doute en morceaux.
Comme pour répondre au souhait de la petite fille, cependant, Uriel, la serveuse zélos, revint vers eux et leur servit leurs plats avec le même sourire avenant, avant de repartir d'un pas gymnastique vers les cuisines. Léogan plongea négligemment sa fourchette dans un morceau de poisson, encore trop plongé dans ses pensées pour se délecter comme Thalie le faisait, des fumets de leur repas.

« J't'apprendrai à monter si tu veux, et je t'entraînerai personnellement, décida-t-il, d'un ton sérieux, mais l'esprit fourmillant d'idées lumineuses. Après manger, on retournera au marché, on te trouvera un poney et on ira faire un tour dans les landes cette après midi. Quand tu reviendras au temple, elles seront bien forcées de faire avec. »

Il secoua la tête pour lui-même, intérieurement très satisfait de trouver motif à contrarier toute cette brochette froide de péronnelles. Puis contemplant l'enfant, pas très assuré qu'elle lui accorde encore de l'attention maintenant qu'elle pouvait engloutir goulûment un plat chaud comme si elle n'avait rien mangé depuis des semaines ou qu'elle avait toujours vécu dans la misère et le ventre creux, mais il choisit tout de même de terminer sa tirade avec sévérité, en brandissant son bout de poisson et en l'agitant devant le museau de la gamine.

« Mais attention, Thalie. Je fais pas garderie, moi, si tu t'engages dans cette voie, on fera les choses correctement et on ira jusqu'au bout. Concernant le poney, tu auras cet animal sous ta seule responsabilité, et concernant les entraînements, ce sera intensif tous les jours. Il s'agit pas juste d'apprendre à faire deux pirouettes et de crâner avec un joli couteau, d'accord ? »
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MessageSujet: Re: A la volette - [PV Thalie]   A la volette - [PV Thalie] Icon_minitimeDim 30 Nov - 14:14


Thalie plissa les yeux. Elle ne comprenait rien aux explications nébuleuses de Leogan. La sindarine pencha la tête sur le côté, comme ci cette nouvelle position pourrait lui permettre de mieux saisir ce que le colonel tentait tant bien que mal de lui faire comprendre. Il lui parla de « responsabilité ». Les adultes, pour une raison qui lui échappait, appréciaient beaucoup ce terme mais jusqu’à présent, Thalie ne saisissait pas réellement la signification de ce mot. Elle avait seulement la désagréable sensation que les grandes personnes l’utilisaient pour tout et n’importe quoi. C’était le terme derrière lequel elles se réfugiaient pour justifier tous leurs gestes. C’était leur mot fétiche qu’ils utilisaient comme une réponse universelle à toutes les questions embêtantes.
Mais alors que la plupart se contenterait d’utiliser le mot magique avant d’aller vaquer à leurs autres occupations, Leogan tenta  de justifier ses propos avec un exemple bancal. Pour illustrer ses dires, il utilisa Crème et des bagels. La sindarine sursauta et contempla le colonel avec perplexité. Un mouton, ça ne mangeait pas de bagel à la crème ! Puis quel lien pouvait-il avoir Elerinna ?  Pourtant, lorsque Leogan acheva ses explications, tout paru plus clair dans la tête de la sindarine pendant un bref instant. Mais bien vite, tout lui échappa et elle avait beau se remémorer le discours de Leogan, elle ne parvenait pas à comprendre. C’est à ce moment là qu’il ajouta que les méchants étaient ceux qui voulaient lui faire du mal. Tout simplement. Tout d’un coup, tout lui sembla plus limpide et elle se demanda pourquoi il avait mis tant de temps pour lui dire cela.

Lorsque les plats arrivèrent, Thalie se rua sur son assiette comme si elle n’avait pas mangé depuis des jours. Elle failli avaler de travers lorsque Leogan lui révéla que certaines prêtresses savaient se battre. Elle prit alors quelques secondes de réflexion. Elle se remémora toutes les femmes qu’elle avait eu l’occasion de croiser dans le temple de Kesha. Et, en y repensant, elle dut bien admettre que certaines d’entre elles avaient une carrure de guerrière.

- Ce serait génial ! dit-elle la bouche pleine lorsque Leogan lui proposa de monter sur un poney

Elle hocha ensuite la tête devant tout ce que lui disait le Colonel. Il avait beau la prévenir, Thalie ne se rendait pas encore compte de ce qui l’attendait. Sur l’instant, tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle allait avoir sa propre monture. Crème allait avoir de la compagnie. N’était-ce pas merveilleux ? Thalie allait enfin avoir des occupations utiles. Elle se voyait déjà brosser la crinière de sa monture et terrasser des dragons cracheurs de feu sur son dos. Elle imaginait la tête que les prêtresses feraient lorsqu’elle rentrerait avec sa nouvelle monture et pouffa de rire.

- Il faudra que tu me raccompagnes. Si je rentre seule avec un poney, les filles ne voudront jamais que je le garde.

Thalie continua ensuite d’avaler le contenu de son assiette pendant que Leogan lui dressait la liste de tout ce qu’elle aurait à faire. Comme précédemment, la demoiselle hocha plusieurs fois de la tête, approuvant tout ce qu’il lui disait.
Une nouvelle vie venait de commencer.


[FIN DU RP]
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