♦ Triumvirat d'Éternels ♦

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MessageSujet: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeMar 24 Fév - 14:44



triumvirat d'Éternels

Viwien . Tekum . Irina

Les soleils brillaient haut dans le ciel et enveloppaient les toits rouges de la ville d’un manteau doré et radieux. Néanmoins bien que les températures soient relativement clémentes dans la région, cette lueur de réconfort masquait mal le froid bien présent en ce mois de Famaël. C’est avec une certaine insolence que les plaines de Nivéria défiaient la neige de venir les ternir de blanc, et continuaient de persister à faire dominer le vert d’une végétation luxuriante le reste de l’année. Les immenses champs de thé ondoyaient en ployant sous le vent hivernal, animant les collines lointaines d’une danse permanente et hypnotique. Distraite par ce ballet familier, Irina posa sa plume et regarda par la fenêtre pendant quelques minutes, puis la reprit à nouveau avant de la plonger dans l’encrier. Les mots apparaissaient à un rythme effarant mais saccadé sur le papier, qu’ils couvraient de tous les côtés jusque dans les marges, en annotations d’un ordre chaotique pour un œil non averti. Absorbée par ses recherches, la prêtresse se laissa transporter par ce rare moment de calme et réajusta ses lunettes de lecture d’un geste impatient.

Ses yeux défilèrent sur les lignes déjà écrites en un examen minutieux, exorcisant les mille choses qui lui passaient par la tête en même temps. Exercer son métier avait toujours eu un effet thérapeutique sur sa propre nervosité, et cette fois ne serait pas exception. Quel dommage qu’en l’état politique des choses elle en soit réduite à lire un essai scientifique d’un de ses amis Eclaris… Oui c’était instructif de pouvoir discuter de diverses pathologies rares ainsi que des origines probables de la Sarnahroa avec un confrère, ceci dit c’était loin d’être aussi épanouissant que d’exercer sur le terrain. D’ailleurs au vu de la tournure des choses, cela ne serait pas demain la veille qu’elle pourrait reprendre cet aspect de son travail. D’un soupir elle reporta son regard à travers la fenêtre.

Nivéria était une petite ville en expansion, un large territoire prospère qui vivait essentiellement de la culture de la terre, du commerce et de l’artisanat. Le duché s’était fait connaître davantage dans les dernières années de trouble, et ce pour de nombreux motifs. Tout d’abord comme un refuge pour les rescapés de la Sarnahroa qui étaient devenus ses nouveaux fondateurs, puis pour toute une série de gens qui espéraient pouvoir recommencer à zéro sur ce territoire qui avait jadis appartenu au duc Seh. Néanmoins il ne restait plus grande trace de ses installations anciennes, si ce n’est peut-être dans les nombreuses galeries souterraines que la prêtresse avait tenté d’explorer de bout en bout. Bien sûr les infrastructures extérieures bénéficiaient de la solidité et de l’esthétique d’origine, mais elles avaient depuis été rénovées pour prendre la forme de celui qui était un rêve commun à Irina et ceux qui l’avaient suivie.
Ainsi la ville avait récemment gagné un troisième anneau de murs aussi concentriques que le permettait le relief inégal et le sol parfois rocheux. Plus d’habitants avaient donc trouvé refuge entre les fortifications bienvenues, protégées à la fois par la garde et par les hommes de la Force Écarlate, siégeant à quelques lieues de là. La militarisation était en route depuis des mois déjà, depuis bien avant le début de cette guerre stupide, et elle n’était pas prête de ralentir. Le regard de la rouquine s’emplit d’une étincelle maussade et rancunière. C’était incroyable que le monde soit au bord de la guerre après autant de siècles, tout cela pour une bonne femme qui n’avait pas su mettre son ego sous clé, ou museler ses folies des grandeurs. Dodelinant de la tête, Irina reposa ses notes et se leva pour parcourir la bibliothèque. S’approchant de la fenêtre qui donnait sur l’aile ouest, elle vérifia que les rues étaient bien propres, colorées par les étals marchants qui vendaient des curiosités du monde entier, mais aussi une grande variété de fruits et autres aliments qui faisaient le délice des visiteurs de passage. Pas de banderoles de bienvenue ou de fanaux allumés, pas de chants ou de défilés d’acrobates de prévus. Seulement un peuple hétéroclite, curieux d’accueillir une autre souveraine entre ses murs, et désireux de porter ses couleurs avec fierté.

Tout était prêt dans la simplicité classieuse qui faisait la marque de fabrique du duché, dans une sobriété mesurée qui ne laissait rien à envier aux épanchements de luxe des plus grands. La politique se voulait d’accentueur le charme rustique des vastes plaines sans déformer leur nature première de havre de paix. Un havre qui pourrait être bientôt troublé si la réception à venir ne prenait pas la tournure espérée. Un peu angoissée, la nouvelle grande prêtresse de Cimméria fut soudainement appelée par sa gouvernante, qui s’empressa de lui rappeler qu’il lui fallait s’habiller entre autres choses également ennuyeuses. Viwien de Caledor avait fait savoir qu’elle arriverait dans un peu moins de trois heures, ce qui voulait dire que de nombreux détails restaient encore à déterminer. Suivant Juniel à travers les couloirs où les domestiques pressaient le pas pour accomplir les diverses tâches qui leur incombaient, Irina sentait son humeur dégénérer petit à petit. Attendre ce n’était vraiment pas son truc, d’autant plus que beaucoup était en jeu. Alors autant rejoindre le duc Seh déjà logé dans les quartiers prévus à cet effet, et superviser les derniers préparatifs à la reine de Canopée.

Filant jusqu’à ses appartements sans un mot, elle s’habilla avec un peu d’aide et fronça les sourcils devant le reflet renvoyé par le miroir. Son teint trop pâle laissait voir de profonds cernes, que son habilleuse ne tarda pas à cacher sous une petite couche de poudre de riz. Ses cheveux furent attachés en un chignon las qui laissait couler quelques mèches rouges naturellement ondulées, et un peu de noir fut suffisant à raviver la flamme dans son regard fatigué. Ses lèvres rougeoyantes n’avaient pas vraiment besoin de couleur, aussi elle s’abstint d’en faire trop. Ses mains tremblantes lissèrent les longs pans lie-de-vin de sa robe et elle se redressa en un soupir exhalé avec lenteur. Son expression changea progressivement, le calme s’installant dans ses traits décidés. Ce n’était pas le moment de laisser confondre par les enjeux. Ainsi, en même temps qu’elle posait un châle fin sur ses épaules, elle endossa ses responsabilités et le masque invisible et imperturbable de ceux qui décident de l’avenir du monde.




Dernière édition par Irina Dranis le Mar 17 Mar - 4:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeMer 25 Fév - 15:17

La vie amenait à faire des choses plus ou moins agréable. Viwien avait passé le plus beau siècle de sa vie chez les Eryllis, loin des excentricités des nobles et de la dorure des palais. Pourtant, elle n’avait pas eue la force au dernier moment d’assumer un choix égoïste, celui de renoncer au trône pour ses sœurs, qu’elle aimait pourtant plus encore que son peuple. Le fardeau des responsabilités fut le plus fort, la souveraine s’était laissée enchainée par un destin qu’elle s’était pourtant acharnée à combattre jusqu’ici. Si elle avait accepté le fardeau de la couronne, elle s’était juré qu’il s’agirait de la seule concession qu’elle ferait au trône de Canopée. Avec l’aide de la Reine Mère et d’Eldyra, elle avait impitoyablement chassé ses opposants, elle savait bien que sa mère avait probablement fabriqué de toutes pièces quelques preuves pour faire chuter des nobles qu’elle soupçonnait de trahison sans pouvoir le prouver. Toutefois, en éliminant la corruption et en essayant de promouvoir une nouvelle élite au pouvoir, Viwien s’était bien entendue attirée l’inimité de la vieille garde. Elle ne s’était simplement pas attendue à voir les choses dégénérer de cette manière, encore moins pour un vulgaire conflit extérieur a la nation qui ne les concernaient pas.

Oui, elle avait sous-estimée la menace que faisait peser les Lanetaes sur plusieurs pays. Un problème de vision globale qui poussait les Sindarins à se désintéresser naturellement de ceux qui quittaient le pays. Si Viwien avait tentée de faire de l’opération séduction et s’était intéressée aux talents particuliers des exilés pouvant être utile à son pays, comme Eldyra en était la preuve vivante, elle n’avait pas recherchée à évaluer les menaces extérieures, une erreur grossière. Elle n’avait pas cru possible non plus qu’ils outrepassent son interdiction et continue leur militarisation de manière clandestine. Au final, malgré sa réputation impitoyable, elle avait fait preuve de candeur et fut incapable d’empêcher l’escalade qui la conduisait sur les hauteurs de Niveria, à la rencontre de deux dirigeants étrangers dont elle ne savait rien ou presque. Le sort de la principale responsable de ce conflit n’intéressait pourtant que peu la souveraine de Canopée : Elerinna Lanetae n’était à ses yeux qu’une sotte confondant idéalisme et fantasme personnels. Elle n’incarnerait pas le pouvoir de la famille tant que son père serait vivant et c’était lui que voulait Viwien. Elle ne trouverait de repos que lorsqu’Eldyra lui apporterait sa tête servie sur un plateau d’argent, pas avant !

Lorsqu’elle avait annoncé son arrivée à Niveria, elle eue la surprise de découvrir que cette entrevue ne serait pas un tête à tête, mais un trio, puisque la prêtresse qu’elle rencontrerait, Irina Dranis, s’était associée avec le duc Seh. Ce n’était pas forcément une bonne nouvelle, une personne supplémentaire signifiait un nouvel égo potentiel à gérer et donc des exigences à négocier. Lorsque les alliances militaires s’élargissaient, elles devenaient plus fragiles, car elles finissaient souvent par inclure des intérêts contradictoires qui devenaient souvent impossible à rejoindre. La seule consolation de Viwien était de songer que ses adversaires auraient probablement le même problème, il faudrait simplement se montrer meilleur négociateurs qu’eux. Pour rejoindre la ville, la reine avait emmenée avec elle une escorte composée du strict minimum : Eldyra, qui la suivait comme son ombre depuis l’ouverture officielle des hostilités, ainsi que plusieurs Amazones, assez pour pouvoir contrôler n’importe quelle embuscade. Elle ne s’était pas embarrassée d’un diplomate, d’une part car cela aurait fait une personne de plus à défendre en cas d’attaque, mais aussi parce qu’elle ne tenait pas vraiment à voir ses propos trahit par un quelconque langage diplomatique : Viwien était quelqu’un de direct qui n’aimait pas tourner autour du pot, préférant faire les choses vite et bien.

Son arrivée dans la ville lui laissa une impression étrange : d’un côté, la cité elle-même ne l’impressionnait pas : elle n’égalait pas les splendeurs de la Canopée et restait assez quelconque sur des questions architecturales et artistiques à ses yeux. En revanche, son œil d’amazone lui indiquait bien des choses : il n’était pas très difficile de se rendre compte que les remparts extérieurs étaient plus récent, les gardes étaient présent en nombre, ce qui signifiait que la propriétaire des lieux était une personne sérieuse qui savait parfaitement dans quoi elle s’engageait. Elle s’était préparée à faire face à un siège en profitant des hauteurs en tant que position naturellement facile à défendre : élémentaire, mais efficace. La population n’avait-elle rien de particulier : elle était simple, mais respectueuse. Il lui semblait percevoir dans ses regards une sorte de résignation étrange : personne ne voulait faire la guerre, mais l’on ne choisissait pas ce genre de chose : si l’une des parties voulait la guerre, alors l’autre était obligée de l’accepter, car un simple non ne suffirait pas à stopper les intentions agressives du belliciste.

Elle n’eue aucun mal à passer les barrages de sécurité au moins : l’une de ses Amazones portait haut l’étendard royal des Caledor, ce qui la rendait parfaitement reconnaissable. Une escorte vint à leurs rencontres afin de les conduire sur les lieux de la rencontre, qui se situerait dans le fort au sommet de la ville. Viwien s’y préparait déjà mentalement, son visage ayant adopté soudainement une expression plus neutre, visant à ne donner aucun signe d’une humeur particulière. Son armure royale montrait bien qu’elle ne venait pas simplement pour discuter des mondanités d’usage ou d’art, même si elle aurait probablement préférer parler d’un sujet comme celui-ci, sa cour étant en grande partie constituée d’artistes, architectes, inventeurs et peintre, et bien d’autres disciplines encore. Pour la rencontre, elle laisserait les autres Amazones derrière elle, seule Eldyra l’accompagnerait jusqu’au bout, tout simplement parce que cette dernière refusait tout simplement de quitter son dos et que Viwien ne ferait rien pour la décourager dans ce genre de situation. Le regard attentif et l’esprit vif de sa garde du corps, malgré une personnalité faisant d’elle une personne peu loquace, lui faisait du bien, surtout en ses temps si troublés.

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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeMar 17 Mar - 4:11



Triumvirat d'Éternels

Viwien . Tekum . Irina

Irina avait eu le temps de rapidement passer dans la salle de lecture où avait choisi de patienter le duc Seh, installé dans des quartiers préparés spécialement pour lui. Il semblait placide comme à son habitude bien qu’il lui ait semblé voir dans son visage une étincelle de curiosité impatiente. Néanmoins elle n’avait pas prolongé leur conversation et l’avait laissé découvrir les ouvrages rares qu’elle rassemblait dans sa bibliothèque publique. Une collection très variée et assez conséquente, que ce soit en littérature classique, en recueils de poésie épique, ou bien en des thèmes scientifiques et théologiques pointus. Des rafraichissements avaient été servis afin d’alléger l’attente, et l’invité de marque ainsi que ses gens semblaient confortables. Mais le temps s’écoulait bien trop vite à son goût, et il restait bien des affaires à régler.

S’assurant que deux domestiques se tiennent à disposition en permanence au cas où il aurait besoin de quelque chose, la grande prêtresse s’éclipsa poliment dès que possible. Juniel suivait le sillage de ses jupes carmin avec zèle, l’informant de tout ce qu’il y avait à savoir concernant les détails de la réception et de tous les préparatifs au fur et à mesure qu’elles marchaient. Sa voix douce et frêle articulait chaque mot avec soin, tranquillisant l’esprit de son interlocutrice à la nervosité latente. Après autant d’années de service, la sindarine pouvait se targuer de bien connaître sa maîtresse, ou du moins la gestuelle subtile qui trahissait ses réels états d’âme. Comment parvenait-elle à distinguer l’irritabilité rituelle et la vraie rage d’une bombe meurtrière prête à lui exploser à la figure ? C’était un mystère qu’Irina n’avait toujours pas réussi à percer. Néanmoins son aide était précieuse en de nombreuses tâches, et plus que jamais Irina se sentait rassurée de l’avoir à ses côtés. Cela avait quelque chose de réconfortant de voir des visages familiers au milieu de cet échiquier géant où elle était désormais forcée de se placer. Quitte à sauter dans l’inconnu, autant le faire bien entourée. Il fallait bien compenser la meute de chacals politiques qui traînait à sa porte jour et nuit ; atténuer la menace d’une guerre imminente et rendre gérables toutes les distensions internes du temple.
Et en parlant de proches -ou de victimes consentantes de son sale caractère- Irina fut rejointe par Clypsène Marn, vieille amie prêtresse et surtout aristocrate sindarine dont le nom était loin d’être inconnu à Canopée. C’était elle qui lui avait légué un de ses manoirs de la capitale il y a environ deux ans, afin qu’Irina puisse obtenir le droit de cité ainsi qu’accueillir le grand maître sylphide dans les meilleures conditions. Une vulgaire Terrane qui avait fait sortir le lapin de son terrier,… Un lapin immortel et incroyablement puissant, qui d’après ses dires n’avait pas mis les pieds à Cebrenia depuis plusieurs siècles. Autant dire que cela avait fait grand bruit parmi les fiers sindarins, qui avaient paru sceptiques mais réellement impressionnés par cette exception ouverte par un des plus célèbres personnages du monde contemporain.

D’ailleurs à bien y réfléchir, Irina se dit que la reine Viwien n’avait probablement pas eu trop de mal à fouiller pour s’informer à son sujet. Ses quelques apparitions éclair à Canopée -qui, cette entrevue diplomatique mise à part avaient été très discrètes- avaient plus tenu du repos bien mérité d’un médecin très demandé que de la nouvelle citoyenne cherchant à se faire remarquer. Clypsène et son long bras avaient fait en sorte que toute la paperasse soit en règle et que le paiement des taxes foncières respecte la procédure à la lettre, aussi il était peu probable que quoi que ce soit lui soit reproché à ce niveau. Quoi qu’il en soit de là à dire que son demi-pied dans la cité soit vu d’un bon œil par un peuple aussi méfiant envers les étrangers il y avait un gouffre, et Irina en avait conscience. Il était compliqué de savoir à l’avance quel regard la reine porterait sur elle, et cela aussi pesait sur la balance de son anxiété.
Cette réunion prévue un peu à l’arraché avait pour but d’apporter une solution pragmatique à la situation pesante qui s’installait de ce côté du globe, ainsi qu’à leur proportionner une discussion concrète sur la situation plutôt que de les laisser s’enliser en nombreuses missives. Les deux femmes auraient peut-être beaucoup de désaccords à l’avenir, mais au moins une chose les réunissait pour le moment : la certitude qu’il fallait agir rapidement, et si possible, sans se tirer dans les pattes. Il restait donc une certaine chance d’agir ensemble afin de tuer dans l’œuf ce conflit pathétique qui prenait des proportions ridiculement disproportionnées, et Irina comptait bien la saisir.

Cette dernière sursauta d’ailleurs sous les railleries et les conseils de Clypsène, qui l’avait assaillie de remarques diverses. Un peu sonnée la serpentine s’enquit surtout de son fils, puis une fois rassurée se dirigea avec son amie aux cheveux d’un blanc neigeux vers l’entrée principale. L’arrivée de leur hôte principal avait été annoncée, et toutes deux avaient accéléré le pas afin de ne pas la faire attendre. Le capitaine Leto et son intendant sire Davos se joignirent au petit groupe qui accueillit la souveraine et son escorte d’amazones. Des gardes en armure d’apparat se tenaient très droits de part d’autre de l’allée menant au vaste château en pierre claire, brandissant dignement l’étendard émeraude parcouru du corbeau luttant contre un serpent argenté.
Le reste ne fut que la cérémonie classique dictée par la bienséance, le discours de bienvenue, les montures prises en charge par les palefreniers du duché, les bagages transportés alors que les hôtes, curieusement toutes des femmes, furent conduites à l’intérieur. Dans le hall les Amazones furent néanmoins invitées à se reposer dans une salle contigüe prévue à cet effet, tandis que la reine ainsi que sa garde du corps furent conduites dans un somptueux balcon couvert donnant sur les jardins intérieurs. La végétation y était dense et déjà assez colorée par des fleurs Nivériannes connues pour bourgeonner toute l’année, ce qui leur donnait un doux avant-goût des beaux jours.

Il ne faisait pas chaud mais la fraîcheur était un peu effacée par l’ensoleillement privilégié à cette heure de la journée. Par ailleurs Irina avait déjà demandé si cet endroit convenait à Viwien qui lui avait déjà certifié que oui. La rouquine fit donc en sorte de mettre sa tension en sourdine, bien qu’elle soit partiellement satisfaite de voir que ni son comportement ni sa voix ne laissaient transparaître de trouble particulier. Ses yeux se perdirent sur la table énorme clairsemée de mets très divers et parfois assez exotiques. Des corbeilles de fruits, des plats froids plus ou moins légers, ainsi que quelques spécialités de Cebrenia pour contenter les palais les moins aventureux. Et bien sûr il y avait de nombreuses boissons, chaudes pour la plupart, bien que des bouteilles de spiritueux de bonne qualité soient à disposition. Ceci dit le thé local restait le plus mis en avant, en tant que ressource fine très prisée.
Irina s’en fit servir une grande tasse, heureuse qu’elles en aient fini avec les banalités d’usage concernant le voyage et le climat. Elles étaient aussi seules que le permettaient leurs fonctions respectives, et le silence n’était brisé que par leurs voix ainsi que quelques timides chants d’oiseau. Une jeune femme nommée Eldyra scrutait les lieux de ses yeux perçants, faisant parfois face à Kallen et au guépard aux yeux azur qui était assis à ses pieds. Le sindarin qui lui servait de garde du corps n’y accordait pour autant aucune attention et continuait posté en sentinelle comme si de rien n’était. D’un côté c’était presque drôle de voir à quel point ils étaient sérieux et concentrés tous les deux, comme s’ils jouaient à celui qui bougerait le moins, jusque dans les battements de cils et les expressions du visage. Un peu distraite, Irina finit toutefois par en revenir au vrai sujet qui les réunissait.


« Majesté, je vais sans doute paraître brusque et si tel est le cas je vous présente d’avance mes excuses, néanmoins je sais que votre temps tout comme le mien, est précieux. Par conséquent j’aimerais aborder ce dont nous avons parlé dans nos missives : la fuite de l’ancienne grande prêtresse Elerinna Lanetae, ainsi que les mouvements de l’armée dissidente qu’elle a soulevée. » Elle une pause et releva la tête, ses yeux pleins de résolution se tournant vers son invitée. « Je ne suis pas sans savoir que l’existence-même de cette force a pris tout le monde au dépourvu, à Cebrénia comme à Cimméria. Bien entendu pour l’avoir côtoyée pendant des années, je savais déjà que son ego n’avait pas de limites. Mais ça… ça, c’est juste insensé. D’après ce que je sais les troupes des Lanetae ont subi un éclatement, au moins temporaire. Ils se sont enfuis vers l’ouest et d’après les derniers rapports, ont déjà traversé la frontière Phelgranne. J’ignore ce qu’ils préparent, et je ne peux me contenter d’imaginer qu’ils abandonnent l’idée de prolonger le conflit. Les suppositions ne suffisent pas quand des vies sont en jeu. » Elle entoura prudemment sa tasse brûlante de ses doigts, réfléchissant au fur et à mesure qu’elle parlait.

« Le risque que des détachements des mercenaires qu’elle a engagés viennent piller plus à l’est est bien réel. Le roi Thimothée a déjà renforcé les frontières bien sûr, mais je ne sais quoi en penser. C’est également en tant que nouvelle Grande Prêtresse, et donc en tant que responsable du chaos qu’elle a semé à Hellas que je vous parle en toute sincérité. La sphère diplomatique risque de passablement souffrir de sa tentative désespérée et égoïste de garder le pouvoir, surtout si Phelgra s’en mêle, comme il est à craindre. Cimméria a appris de son passé à Taulmaril et les blessures sont encore vives. Nous ne commettrons pas les mêmes erreurs à nouveau. C’est aussi pour cette raison que je m’en remets à vous afin d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Les manigances d’une seule sotte ont mis votre patrie entière en porte-à-faux aux yeux de la scène internationale. Car certes elle n’a pas mené sa tentative de siège sous la bannière sindarine, mais rien n’indique que Rash Lanetae ne le fera pas à l’avenir. Je ne suis sûrement pas en position de vous dire quoi faire, et je suis sûre que vous avez déjà élaboré une méthode d’aborder cette problématique fort complexe. Ma question sera donc élémentaire à ce sujet. Que comptez-vous faire, et jusqu’où pourrions-nous coopérer afin de mettre fin à cette parodie de croisade ? »


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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeSam 28 Mar - 16:45


La diplomatie ne pouvait se séparer du protocole, et bien que de nombreux dirigeants s’en seraient volontiers éloigné afin de pouvoir évoquer directement les faits et avancer plus vite, certains veillaient à le respecter scrupuleusement. Viwien avait toujours vu ce cérémonial comme une simple manière de marquer une supériorité entre ceux qui prenaient les grandes décisions et les autres, marquer cette différence qui pourtant s’efface face à l’inéluctabilité de la mort. N’y avait-il pas une ironie des plus amusantes de constater cela ? Pourtant, l’heure n’était pas à ce genre de réflexion, même si le contexte s’y prêtait à merveille : la guerre éveillait les plus bas instincts des espèces vivantes, mais elle les plaçait également devant la peur la plus forte du vivant : la mort. Son seul mérite était de révéler la vraie valeur des individus, seul la guerre permettait de réellement faire la différence entre les personnes de valeurs respectant leurs paroles et les misérables, les traitres, les assoiffés de pouvoir couard s’abritant derrière leurs armées et remportant des victoires en utilisant des méthodes aussi basse que l’empoisonnement et l’assassinat. Bien évidemment, l’on trouvait toujours plus de personnes dans la seconde catégorie…

Si Irina Dranis disposait d’une résidence secondaire a la Canopée, Viwien ne savait dans le fond pas grand-chose d’elle : elle respectait les lois et payait ses taxes, elle ne pouvait rien demander de plus. Bien entendu, plusieurs maisons nobles voyaient d’un mauvais œil qu’une étrangère accède à la propriété dans la cité même, mais rien dans les lois, ni les traditions, ne dressaient d’interdit de ce type et de ce fait, la reine Caledor n’avait jamais levée le petit doigt face aux plaintes de ses racistes endurcit. En observant le balcon et le jardin s’offrant devant ses yeux, elle comprit toutefois mieux pourquoi la nouvelle grande prêtresse avait choisi sa cité : elle était probablement plus à l’aise dans les décors naturels et la Canopée offrait le panorama le plus magnifique de tous Istheria de ce côté. Cela rendrait l’entretient plus agréable, le dépaysement étant bien moins choquant qu’il n’aurait pu l’être, au moins dans cette pièce. Eldyra avait rapidement trouvé sa place et bien qu’elle reste immobile, elle ne perdait pas une miette des évènements et restait prête à intervenir au moindre problème. Son regard perçant et ses sens en alertes ne la trompait jamais, ce qui avait sauvé la vie de la reine a de nombreuses reprises.

De tous les produits proposés, la reine avait finalement choisit le thé local, qui était le plus en valeur. Si elle n’avait en cet instant pas particulièrement faim, elle savait qu’il était usage de faire honneur aux produits locaux et ne souhaitait commettre aucun impair. De cette façon, elle montrait qu’elle s’intéressait aux produits locaux et donc, en langage diplomatique, qu’elle était prête pour le dialogue. Irina décida d’ailleurs d’écourter les formalités afin d’en venir à l’essentiel : cela convenait parfaitement à l’ancienne Eryllis, qui préférait largement les dialogues directs : les sœurs de la forêt ne s’embarrassaient pas de faux semblant et il s’agissait de l’un des traits de caractères de la vie parmi les amazones qui lui manquait le plus. L’humaine était déterminée, son regard ne trompait pas à ce sujet, pourtant, comme elle, elle s’inquiétait des vies mise en danger par cette manœuvre insensé. Elle ne s’était pas attendue à ce que l’affaire prenne une ampleur aussi grande, mais chacune des deux dirigeantes se faisant face ne disposait que de la moitié du puzzle. Pour Viwien au contraire, tout était claire : elle ne connaissait pas vraiment l’égo d’Elerinna, mais elle connaissait son père, et elle l’avait gravement sous-estimée…

Elle choisit de ne pas l’interrompre, préférant écouter tout ce qu’elle avait à dire avec attention : elle ne prit même pas le temps de déguster quelque peu le thé pendant qu’elle prenait la parole afin d’être certaine de ne rien manquer. Irina craignait, à juste titre, de voir les mercenaires engagé par Elerinna quitter Phelgra dans une tactique de pillage systématique des cibles les plus vulnérables. Même si le roi Timothée avait fermé ses frontières, la souveraine Sindarin ne lui accordait qu’une confiance limitée : elle craignait qu’il ferme les yeux sur les mouvements ennemis tant que ses propres intérêts ne seraient pas menacé, en gros, tant que les troupes des Lanetaes allaient piller plus loin que sur son propre territoire… La position officielle des Cavaliers de Sharna n’était toujours pas connu, et comme Irina, Viwien craignait que ses derniers n’engagent Phelgra dans le conflit, ce qui changerait radicalement l’équilibre des forces et radicaliserait le conflit, mais elle ne s’attendait pas à ce que l’humaine évoque les questions de politique intérieure de la Canopée. Elle souhaitait savoir ce que la jeune Sindarin comptait faire pour éviter que d’autres ne rejoignent la bannière des traitres en invoquant la nécessité de l’unité de leurs races.

Son inquiétude était logique : elle voulait savoir si elle pouvait réellement compter sur le soutien du pays d’où venait son ennemi mortel. Viwien prit le temps de déguster quelque peu le thé chaud avant de répondre : elle avait déjà songée a cette éventualité, raison pour laquelle de profond changements étaient déjà entrepris : sa mère avait envoyé ses espions partout afin de surveiller ceux qui étaient soupçonné d’être des traitres potentielles et veillez à provoquer chez les plus véhéments des « malheureux accidents ». Ce n’était pas très honnête, mais après tout, les Lanetae lui forçaient la main depuis le début, elle n’avait pas l’intention de laisser le pouvoir a des rétrogrades assoiffés de pouvoir.


« Personne ne vous forcera à assumer les actes d’Elerinna Lanetae, pas moi en tout cas. Les dirigeants qui le feront ne rechercheront rien d’autre que trouver un bouc émissaire afin de justifier leur propre incompétence, et ne seront pas digne de confiance. Je ne connais pas vraiment cette jeune femme, après tout, elle avait choisie de quitter le pays et ne nous défendons pas les intérêts de nos ressortissants lorsqu’ils choisissent de quitter nos frontières, une règle que son père a vraisemblablement oublié, toutefois, gardez à l’esprit que pour son patriarche, elle n’est probablement rien de plus qu’un pion dans un jeu d’échec qui la dépasse. »

Ainsi fonctionnait la noblesse : la génération régnante n’utilisait ses enfants que pour accroitre le pouvoir de sa lignée : mariage arrangé, manœuvre politique ou soulèvement militaire, tout était fait dans ce but. En favorisant une nouvelle génération au détriment de l’ancienne, Viwien s’était mise à dos les anciennes familles dominante, et si de nombreuses étaient rentré dans le rang, après une démonstration de force de l’amazone, d’autre avait quitté le pays, mais jusqu’à ce soulèvement, jamais elle n’aurait cru que le soulèvement viendrait de l’intérieur de manière aussi tranchée. Elle ferma les yeux un instant, tourna son regard vers le jardin et repris la parole.

« J’ai fait réunir mes conseillers et mes ministres dès que l’affaire fut rendu public : nous avons déclaré la lignée entière comme traitre envers la nation, saisi ses biens et appeler à l’unité de la nation. Mon père ne fut pas un mauvais roi, mais il était trop complaisant avec la noblesse, j’ai voulu briser les rigidités du système, offrir la possibilité a une nouvelle génération d’accéder aux responsabilités, les vieux aigris comme Rash n’ont jamais accepté que leurs temps ont révolu. Mon erreur fut de les sous-estimer, je n’aurais jamais cru qu’il profiterait d’un incident extérieur a la cité pour tenter de reprendre le pouvoir. Je n’ai pas été très clémente avec ceux qui pensaient pouvoir s’opposer à mon règne, mais il semblerait que cela n’ait guère suffit. Déchu de sa nationalité, Rash ne peut plus espérer rallier grand monde : la nouvelle génération me soutien, ce qu’il reste de l’ancienne n’acceptera pas l’utilisation d’un conflit étranger pour régler une question intérieure. Mais je ne suis pas naïve, je surveillerais les menaces intérieures. Elle ne disposera pas de renfort supplémentaire venant de la Canopée, pas tant que je serais vivante en tout cas. »

En utilisant une formule apparemment innocente, Viwien avait marqué sa détermination à chasser les traitres, quoi qu’il en coûte. Elle-même faisait peut-être fausse route, elle sous-estimait probablement trop Elerinna en comparaison de son père, mais en cumulant leurs connaissances sur leurs deux ennemis, les deux femmes parviendraient peut-être à mieux cerner leurs ennemis et adopter les mesures qui s’impose. Elle se retourna vers Irina et repris la parole, afin d’aborder les choses plus sérieuses que ses problèmes internes, qui ne concernait dans le fond qu’elle.

« Nous devons tous faire pour que cette guerre soit la plus courte possible. Je ferais le nécessaire pour m’assurer de la pleine coopération de mon gouvernement et de nos armées dans ce but. Je ne suis pas stupide, j’ai conscience de ne pas être en position de force pour négocier alors que les forces ennemis sont des traitres de mes propres rangs, mais une chose est certaine : j’ai besoin de Rash Lanetae vivant afin de lui organiser un procès. Le sort d’Elerinna ne m’intéresse pas, disposez d’elle comme bon vous semble, mais il me faut son père afin d’offrir à mon peuple le responsable de ses souffrances futures. »
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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeJeu 16 Avr - 8:42


Triumvirat d'Éternels

Viwien . Tekum . Irina

Irina paraissait tout à coup plus détendue et plus calme, bien que le sujet de conversation soit bien plus sérieux que les quelques banalités d’usage qui avaient précédé. Disons qu’elle était quelqu’un de profondément pragmatique qui préférait s’attacher à quelque chose de concret plutôt qu’à un tas de subtilités diplomatiques plus pénibles qu’utiles. Par conséquent discuter de ce qui les intéressait vraiment c’était un peu comme se libérer d’une tâche particulièrement ennuyeuse et fatigante, qui lui laissait enfin un peu plus de temps pour souffler avant de s’attaquer à ce qui s’annonçait.
Et de fait les choses étaient loin d’être simples. Il s’agissait de bien plus que simplement s’assurer de l’aide et la coopération des autorités sindarines, en réalité il s’agissait en tout premier lieu de s’assurer que la pseudo révolte qu’avait vomie Elerinna n’avait rien à voir avec le gouvernement. Il s’agissait de s’assurer que toute cette idiotie n’était rien d’autre qu’une mauvaise idée née un soir de cuite, fruit de l’ennui d’une femme corrodée d’oisiveté qui ne savait absolument pas quoi faire de sa vie sans intérêt. Il était toujours plus rassurant de se dire que toute cette volonté de guerre n’était qu’une folie passagère destinée à périr dans l’œuf, plutôt que de considérer l’idée que quiconque puisse nourrir un plan pareil par idéologie. Enfin dans les deux cas cela n’y changeait rien : il fallait mettre un point final à cet interlude de mauvais goût écrit par une morte cherchant désespérément à se faire un nom.

« Cimméria ne pourra de toute façon pas être tenue pour responsable des actes d’une étrangère, d’autant plus que l’armée qu’elle a levée est sindarine et pas nordique. Il en va de même de son clan dont Rash est le chef, bien qu’il soit d’après vos dires, désormais désavoué. D’après ce que je sais, les rumeurs qui circulent un peu partout spéculent sur une machination à grande échelle de la part de votre royaume, ce en quoi je me vois obligée de vous prévenir avant qu’il ne soit trop tard. Il y a toujours des vautours où que l’on aille, impatients de profiter de la moindre ouverture pour s’engouffrer dans une brèche, imaginaire ou même minuscule. Quoi qu’il en soit vous avez raison. Que la fille soit morte ou non le père, lui, court toujours… et il continue de salir l’image d’un peuple entier avec ses lubies de conquérant. En ce qui le concerne, ça m’est égal de savoir qui a entraîné l’autre et qui a dirigé l’autre. Tous deux sont également coupables. »

Le ton était sans appel. Oh Irina n’était pas la Justice, mais il ne s’agissait même plus de son verdict personnel ou des vieux griefs. Cela avait depuis longtemps dépassé les limites du conflit intime. Par ailleurs avoir fait quelques séjours à Canopée lui avait permis d’avoir une belle idée de ce qu’elle pouvait y trouver et de comment fonctionnaient ces êtres à la si longue longévité. Lors de ses nombreux voyages elle avait déjà eu l’occasion de voir ça de ses propres yeux, mais rien de tel qu’un séjour prolongé pour que tout devienne plus clair. Les sindarins étaient des sages condescendants et souvent méfiants envers les étrangers, surtout quand ces derniers ne montraient pas de valeur ou de mérite hors du commun. Tout se résumait à cela ainsi qu’à la position et la richesse, sans parler de la pureté de la lignée. Leur avis était tout fait envers les Terrans, qui ne seraient jamais que des enfants turbulents et impulsifs, des éphémères qui s’étiolaient plus rapidement qu’un des leurs n’atteignait la majorité. Aussi Irina savait qu’elle serait probablement regardée de la même façon, ce qui ne l’empêchait pas d’espérer que la gravité de la situation parlerait plus fort que les préjugés.
D’un autre côté ce n’était pas tant pour les soucis internes de Canopée que la prêtresse s’inquiétait. En fait c’étaient les dangers extérieurs, la gangrène souillée des malentendus qui risquaient de corrompre les liens entre les deux pays, qui la préoccupaient. Il fallait qu’ils soient dissipés au plus vite, avant que l’orgueil nationaliste des uns et la blessure de la trahison des autres ne creuse un fossé infranchissable. Depuis le siège de Hellas, de nombreux Cimmériens avaient commencé à regarder les sindarins de travers, suspectant toute la race de collaborer avec la traîtresse. Oui c’était idiot et oui c’était facile, seulement pouvait-on vraiment les condamner, après tout ce qui s’était passé dernièrement ? Difficilement. Pas quand on était précipités au bord du gouffre de façon aussi gratuite.

« Je suis heureuse de savoir que vous ferez le nécessaire pour éviter que les sympathisants des Lanetae ne viennent grossir les rangs de leur mouvement, quelles que puissent être leurs intentions. » Dans sa voix il n’y avait nulle joie, rien qu’une mesure prudente des conséquences. C’était une bonne chose, mais cela ne suffisait pas, loin de là. « D’après les rapports qui sont parvenus à l’État-Major, Elerinna Lanetae a trouvé la mort dans son camp de fortune, assassinée par un de ses anciens bras droits, révolté contre ses choix destructeurs. » Elle se garda bien de mentionner de noms ou de donner plus de détails que nécessaire. Puisque le sort de la Marionnettiste n’intéressait pas la souveraine, il était inutile de s’étendre là-dessus. « Malheureusement les problèmes n’ont pas disparu avec elle. Il me semble urgent de faire une annonce officielle dans nos deux pays, et stipuler clairement un accord de paix afin de ne laisser planer aucun doute. Nous traverserons plus efficacement la tourmente si nous y faisons face ensemble. » Bien des choses encore restaient à définir, dont quelques détails qui devaient rester privés autant que possible, et ce dans l’avantage de Canopée. Irina fit signe à Isköld, qui lui amena un dossier de cuir relié regroupant un épais paquet de manuscrits divers, méthodiquement alignés. Des feuilles de compte, des registres des archives des dernières décennies où Elerinna avait été au pouvoir.

« Vous trouverez ici des preuves des détournements financiers d’Elerinna. Elle a dévié des sommes colossales au cours de toutes ces années, pour les injecter directement dans le domaine familial et ses propriétés, ainsi que dans les autres investissements et biens immobiliers à Canopée. Pour faire court, elle a volé l’État Cimmérien via la pègre et d’autres activités illégales, et rempli indirectement vos coffres. » Son regard se fit plus dur, bien qu’elle sache que Viwien n’était pas la seule fautive, probablement ne le savait-elle-même pas. Néanmoins cela ne déchargeait pas les deux états d’une part de négligence. S’ils avaient fait preuve de plus de vigilance, tout cela ne serait pas arrivé… Ce qui leur collait une part indéniable de responsabilité. Si la religieuse prenait soin de parler de bonne foi de l’existence de telles pièces à conviction, c’était bien qu’elle espérait trouver un accord à l’amiable plutôt que de devoir rendre tout cela public. La trahison d’une figure aussi célèbre était déjà suffisamment humiliante pour tout le monde comme ça. Il était hors de question de perdre à nouveau le contrôle, ou bien d’égarer le peuple avec des histoires sordides.

Irina laissa le temps à la tête couronnée de répondre à son aise et d’étudier les fichiers dans son coin sans interruptions, puis reposa sa tasse et laissa planer son regard au loin pendant quelques minutes. Enfin elle picora plus qu’elle ne mangea et fit mention à la troisième place laissée libre à table. Il manquait un invité, un invité important mais qui avait dû attendre son tour, comme le dictait la bienséance. Bien que la reine le connaisse sans doute déjà, Irina introduisit brièvement le duc de Seh comme un noble d’Eridania, un de ses homologues dont la réputation n’était plus à faire. Viwien étant une femme bien renseignée, elle devait déjà en savoir long sur le ‘Fils de Fen’, l’idole incontournable des gorges de Paramis. Un allié commercial et militaire de Nivéria -et par extension non officielle- de Cimméria. Il allait engager des hommes afin de combattre les fuyards et les troupes Phelgrannes si elles venaient à passer à l’attaque ; alors il avait bien le droit de participer à cette conversation. C’était la moindre des choses et puis c’était surtout plus pratique et plus rapide pour coordonner leurs forces.
Après avoir demandé l’accord de sa visiteuse et s’être certifiée que cette arrivée ne la dérangeait pas, la rouquine envoya un de ses serviteurs chercher et escorter Tekum, qui ne tarderait guère à se joindre à elles. Irina sourit à la demoiselle avec un brin de connivence naissante, se doutant bien que la présence d’un mâle aussi courtois soit-il allait probablement rider suzeraine à la réputation de femme fière et indépendante. Cependant les alliances étaient importantes et ne se laissaient pas nécessairement choisir au gré de ce qu’on voulait bien ou pas. D’une moue pensive, Irina mesura toutes les concessions qu’elle avait déjà dû faire pour assurer l’avenir de son duché et de son pays, osant à peine imaginer ce qui l’attendait encore. Sa vie personnelle n’était plus qu’un navire fragile à la dérive, tantôt épave tantôt barque rafistolée sur le tas, chaque fois que son devoir le lui permettait.

L’arrivée du duc la fit revenir sur terre, et avec la main en visière pour couvrir ses yeux des soleils, elle se leva pour l’accueillir comme un ami de longue date, présentant formellement ses invités avant que tout le monde ne reprenne sa place. À nouveau un ballet de diverses banalités servant d’entrée en matière se joua de ses pirouettes. Ils burent et mangèrent sans se presser, leurs gardes du corps observant toute la scène avec le faux calme de ceux qui ne peuvent bouger de leurs postes. Irina les plaignait presque de devoir preuve d’une telle patience pendant que leurs protégés bavardaient de choses et d’autres presque avec insouciance, dessinant mollement, l’air de rien, des grandes lignes qui détermineraient du futur. Le poids de ces échanges parfois futiles, parfois lourds de sous-entendus lui revint dans la figure avec force, ce qui aurait sans doute été suffisant pour la terrifier si cela avait été possible. Quoi qu’il en soit Irina revint à ce qui les intéressait vraiment avec toute la délicatesse dont elle était capable, avant de s’attaquer au plus solide des nœuds névralgiques.

« J’aimerais que Canopée mobilise une partie de ses hommes en réserve, au cas où nous serons amenés à défendre nos frontières. Il est sûr de dire que vous ne risquez rien de votre côté, Tyrhénium et Eridania se dressent en de vastes kilomètres entre vos terres et celles de Phelgra. Des permissions de circuler librement sur le territoire Cimmérien seraient accordées à vos soldats dispatchés, ce qui couperait court à tout amalgame fait entre la volonté royale et celle de feu ma prédécesseure. » Il s’agissait aussi de préserver les relations avec l’est, manier l’opinion publique et protéger leurs intérêts, et pas seulement de chasser un ennemi commun. De plus, il était bien entendu question que tout le monde en ressorte gagnant, que tout le monde y trouve son compte d’une façon ou d’une autre. Ses prunelles verdoyantes se posèrent sur le visage figé du duc, ainsi que dans son regard étrange d’aveugle à l’apparence inoffensive.

« Je vous fais le serment de prendre Rash et ses partisans principaux vivants, s’ils viennent à s’approcher ou si nos agents les interceptent… » Irina prit une grande inspiration et servit son meilleur thé au duc, qu’elle savait un grand amateur de la boisson. Dans le même temps elle mit également Viwien au courant du récent accord officiel qui renforçait son lien avec Arghanat-La-Nouvellle. « Je laisse le duc vous expliquer les dispositions qui seront prises au niveau de la logistique humaine et financière de sa Première Phalange, je suis sûre qu’il vous précisera tout cela bien mieux que moi. » Irina le laissa alors s’exprimer avec son verbe poétique habituel, profitant de cette pause dans ses répliques pour s’hydrater la gorge. Ce ne fut qu’une fois fini, et toutes les précisions éclaircies qu’elle reprit, toujours sérieuse.

« Si d’aventure vous décidez d’apporter votre soutien à Cimméria, vous serez tenue au courant de ce qu’il y a à savoir concernant le progrès des affrontements, tout comme des mouvements des Lanetae où qu’ils soient. En échange vous m’aideriez à éliminer toute trace de cette erreur regrettable appelée Elerinna Lanetae. Cela comprend son armée, sa rébellion pitoyable et toute trace rémanente de ses phantasmes lunatiques. Autrement si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas engager des troupes, il vous est toujours possible de participer à l’effort de guerre et aidant à la logistique, au maintien des ressources et des financements de nos troupes. Ce n’est pas un secret que les conditions de vie sont dures dans le nord, et qu’un tel investissement ne se fait pas sans sacrifices. Toute aide est donc la bienvenue. » Il était dans leur intérêt à tous les trois de joindre leurs forces le plus rapidement possible, surtout qu’il n’était pas exclu que les Cavaliers de Sharna sautent sur l’occasion de se mêler à un conflit externe pour assouvir leur soif de combat. Et là… Là, seuls les dieux savaient ce qui pouvait bien les attendre.

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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeLun 20 Avr - 16:42

Le Duc avait été cloitré comme on cloitre un de ces hommes, quelques instants, attendant son tour dignement dans une de ces magnificences qu’on offre aux yeux mais aussi aux odeurs, perdu au milieu du musque doux du cuire et des feuilles, susurrant de ci de là les souvenir passé de l’instant où, craquant sous les doigts, neufs, ils ont été ouverts et ne furent pas que des décorations empilent de papiers mais bien des livres. Et là, alors que ses bottes se posent sur la moquette douce, privilège des grands châteaux qui sentent la froideur de l’hiver et où l’ont veux éviter que l’homme attrape le mal par les pieds, tapisseries divers et autres couvertes de sol lèves aussi l’odeur frais des champs et de l’alentour … Le monde de ce duché, les souvenir et la présence autant que cette forme étonnante de prestance qu’il exulte laisse le Duc tranquillement patientant dans cette chacunière improvisé pour un homme de sa condition. Mais de quoi se plaindrait-on lorsque l’ont peu rêvé et que le verbe comme la verve vient aussi facilement se mêler au rêve que dégage une telle pièce ?

C’est donc un Duc fort souriant qui est tiré de ces rêveries cocasses et quelques peu lyriques pour aller rejoindre la table où, tout de grâce et d’habitude, il s’incline devant la Duchesse de ces lieux, et pose son souffle sur le dessus de sa main sans l’effleuré de ces lèvres, comme il se doit. Puis il se tourne vers la demoiselle dont le séant avait déjà prit place et suivant un geste répété des centaines de fois et que tout politique rêve de faire, il rend ses hommages à la reine des Sindarins comme il est coutume de le faire avec la perfection de l’homme qui ne vie au final que dans les affres de ces mondanités politiques.

Puis enfin il prit place dans l’échange et dans des banalités, mangeant peu et par petite bouché ils faisait honneur à la nourriture pour qui regardait distraitement, respectait la grandeur de la cuisine et la prestance des plats pour celui qui scrutait, et trouvait cela infecte pour celui qui savait lire les esprits, mais quand on a gouté au meilleur tout ce qui n’est pas de cette race là, même si cette dernière est interdite, n’est pas d’un niveau correcte. Il fut donc un bon compagnon, parlant quand il le faut, le plus souvent gaiment, la voix posé de l’orateur, fluctuant au cours des discours, posant par-ci une petite pique et par là une montagne de compliment nitecens. Jaspinnant comme il se doit mais jamais dans le faux pas, agréable au possible, et tout ça sans sonné faux.

Souriant lorsque le bruit du thé se fit entendre dans sa tasse il sentait déjà le regard de la Dame sur lui et savait que sa présence n’était pas vaine. Il avait un travail ici, un devoir, et il rendit donc se regard à sa Sœur, son regard de pierre, vide, simple rappelle de ses yeux perdu qui furent remplacer pour le plaisir de des bourreaux par des pierres. Alors sur son visage de marbre blanc un fin sourire naquit, un véritable fanal qui disparait aussitôt sous les renforts du masque de politicien. Volontaire où non il avait quelques instants illuminés tout cela.
Trempant ses lèvres dans le thé il dégusta quelques instants encore les parfums floraux qui naissant dans ces plaines où le soleil n’est pas pauvre et où il distribue avec grâce ses rayon sans volé l’eau comme il le fait plus dans le sud. Il cherche quelques instants l’inspiration et elle lui vient d’un seul mot : Jasmin. Sa voix se pose donc, c’est à son tour de parler, vraiment, pour autre chose qu’un échange qui n’intéresse que sur un plan bien éloigné de la basse réflexion :


-“Ainsi soit-il je m’en vais donc vous exposer cela, mais avant il est donc bon que je fasse moi aussi ce serment, si vous voulez cette homme qu’il soit votre, je ferais transmettre ces ordres à mes hommes et vérifierait la justesse de cela. Cependant dans les mouvements de la guerre je ne peux le garantir, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour cela mais aucun sacrifice ayant put être évité ne sera promulgué pour ça.

Mais alors que je commence à peine je m’en vais m’interrompre moi-même, ce thé que vous m’avez servit ne m’était pas connu, vous me cacheriez encore de vos cuvées ou sera-t-il en vente cette année ?

Pardonnez-moi et revenons-en à nôtres histoire. Pour ma part je vais fournir en premier lieu quarante millions de Dias par mois, ceci fera un certain manque à gagner vis-à-vis de mes travaux et de mes routes mais je suis certains que tout le monde s’accordera à trouver ce mal nécessaire même en Arghanat. La guerre fait parti intégrantes des choses que mon peuple connait car elle n’a pas quitté mon esprit depuis le temps anciens. Ils consentiront au sacrifice comme ils consentiront peut être à sacrifier plus si il voit en retour une opportunité plus qu’un opprobre dans ce conflit. Mais passons, ceci ne compte en rien mon armée, ce trésor là ira simplement dans le trésor commun.
Je fournirait en plus une grande quantité de nourriture qui est produit en Arghanat, elle est normalement exporté mais aura bien plus sa place dans l’assiette des hommes sur le front que dans celle des nobles qui la déguste avec raffinement.

Mon armée elle sera entièrement mobilisé, tout mes hommes jusqu’au dernier. Cependant et pour des soucis simple à comprendre seul deux-tiers de celle-ci sera envoyé en premier lieu sur le terrain des affrontements. Ces hosts comprendront bien entendu la Première Phalange, mes meilleurs hommes trier parmi un peuple qui à été élever dans le respect de l’armée et armé par Brom lui-même. Mes hommes étant hiémaux et s’étant tous bien habituer à Arghanat-la-nouvelle et à ses montagnes ils ne seront pas décourager par le froid, la neige et toutes les difficulté qui vont faire de ce jeux notre terrain bien plus que ceux de votre race, malgré tout le respect que j’ai pour eux.

Ainsi cent soixante millions de Dias de plus passerons dans cette guerre pour ma seule armée, j’assurerais un roulement de celle-ci presque permanant et tout homme épuisé sera remplacer dans les plus brefs délais.
Et même si ils ne connaissent pas le terrain vous pouvez compter sur des hommes parmi les meilleurs tirailleurs de la contré et des traqueur hors paire. J’ai déjà commencé à envoyer des détachements cartographier les montagnes et je cherche encore tout ce qui pourra m’y aider. Je n’ai par contre aucun chevalier pour opposer aux leurs, mes contrées sont trop accidentées pour que mes hommes utilisent ces animaux, quelques poneys de bas, des ânes, des lamas, mais rien qui ne se monte pour la guerre. Des archées, des éclaireurs, un corps fantastique d’homme en armure complète de bonne facture … Mais aucun cavalier.

J’espère que j’ai été complet bien que j’en doute …”


Il s’adossa à nouveau, prenant une nouvelle gorger de ce thé qu’il apprécie tant, en vérité il avait simplement exposé à la reine une partie de ce qu’il avait mis en jeux pour cette guerre, et à Irina une partie de ce qu’il pouvait encore mettre en jeux. Mais comme tous ici il savait la menace qui pesait. Il est important que la reine joue des coudes pour se faire une place sinon elle n’aurait aucun droit à ce qu’elle demande, un incident est si vite arrivé. Car dans le maigre échange de banalité Tekum avait crue comprendre qu’elle avait demandé beaucoup, la tête d’un chef, le pardon pour elle alors que c’est son tord si ses hommes ont put quitter leur terre pour mener une guerre et rallier des peuples bien plus influant qu’ils ne le doivent … Et tout ça contre de maigres promesses.
Posé dans son siège, tasse à la main il attendait donc qu’elle pose ses cartes.

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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeSam 16 Mai - 17:28

La politique… Quelle plaie ! Viwien regrettait toujours amèrement l’époque où elle vivait encore en amazone, libre au sein de la sororité, qui représenterait toujours sa véritable famille à ses yeux. Aujourd’hui, elle était enchainée a un rôle de représentant la forçant à endosser la responsabilité d’acte qu’elle n’avait pas commis et négocier avec des gens qu’elle ne connaissait pas et ayant des intérêts parfois opposés aux siens afin de pouvoir atteindre ses objectifs. Au moins, cette jeune femme savait recevoir, même si elle avait l’impression de faire face parfois davantage a un tribunal qu’à une véritable négociation. Elle avait besoin de repos, mais comment l’obtenir lorsque tant de choses étaient en jeu ? Elle n’avait pas le droit de se reposer, elle sentait le regard pesant de sa garde du corps sur elle, il y avait aussi de l’exigence, elle croyait en elle et elle n’avait pas le droit de la décevoir, comme tous ceux qui l’avait soutenu et cru en elle. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de croire qu’elle n’était rien d’autre qu’une erreur de casting et que quelqu’un d’autre aurait dû occuper cette place. Ce désir de liberté hurlait en son sein, elle savait qu’elle ne pourrait contenir éternellement l’appel de la nature et qu’elle finirait sa vie dans la forêt, mais l’heure n’était pas encore venue.

L’annonce de la mort d’Elerinna Lanetae laissa la reine avec un haussement de sourcil, la jeune femme ne sachant pas très bien quoi penser de la disparition de sa rivale. Certes, elle la considérait comme une jeune suiveuse écervelée, mais il s’agissait malgré tout d’une bonne nouvelle : elle faisait figure de symbole et sa disparition laissait l’état-major adverse privée de l’image de sa diva, ce qui représentait un atout. Elle ne ferait jamais l’image d’une martyr : en tant qu’ancienne grande prêtresse du culte de Cimmeria, elle partageait l’image d’une intrigante motivée par son pouvoir personnel et donc le respect du dogme religieux n’était rien d’autre qu’une illusion. Viwien ne s’intéressa pas à l’identité de l’assassin, le fait qu’il s’agisse de quelqu’un de l’intérieur était une donnée intéressante, mais elle avait d’autres problèmes à régler pour le moment. Irina était pressée d’assurer un accord de paix officielle afin d’éviter tout amalgame et permettre de clarifier cette situation obscure et la souveraine Sindarine avait également conscience de cette urgence. Elle aussi souhaitait éviter les remous internes chez elle et pouvoir rapidement mettre les choses au point. Sa mère lui serait de nouveau d’un grand secours.

Irina fit venir un dossier assez volumineux qui contenait de nombreuses factures datant de la gestion d’Elerinna au sein de l’église de Cimmeria. Cette dernière avait détournée des fonds en s’aidant de circuit illégaux afin d’enrichir ses propres coffres et son domaine familial a Canopée, ce qui signifiait indirectement la famille royale par l’intermédiaire de l’impot. Cette affaire était délicate pour les deux états : d’un côté, Viwien passait pour une profiteuse passive d’une entreprise de détournement de fonds (un Eclaris aurait trouvé ici un cas d’école pour inventer le concept d’évasion fiscale…) et de l’autre, Cimmeria qui s’était montrée particulièrement laxiste dans la région de son trésor et s’était fait dépouillée par sa propre prêtresse sans même réagir… Non, personne n’avait intérêt à voir ce dossier sortir. Viwien le feuilleta avec une certaine gravité, même si toutes ses sommes la dépassaient un peu : elle était une guerrière et l’économie n’était pas son domaine d’expertise favorite, mais elle s’était entourée d’une bonne équipe de ministre et savait que son gouvernement contenait la personne capable de s’occuper de cela. Elle prit la parole rapidement en refermant le dossier afin de pouvoir avancer.


« Je ne vais pas faire l’experte, je ne suis pas une financière et je ne comprends pas tous les enjeux de ce dossier dans les détails, en revanche, je suis capable de comprendre la portée du scandale s’il venait à être rendu public. Comme je vous l’ai annoncée plutôt, nous avons saisi ses biens, ce qui inclut tous les avoirs financiers de sa famille au sein de notre domaine. Je vous enverrez ma ministre des finances, une demoiselle charmante et très compétente, quoi qu’un peu excentrique… Vous pourrez ainsi discuter de modalité de réparation, mais aussi de collaboration de nos services afin d’éviter que cela ne se reproduise et mener une enquête conjointe pour trouver et condamner ceux qui ont permis ce trafic. »

Elle ne pouvait pas parler de mesure concrète elle-même, cela lui aurait fait prendre le risque de prendre des engagements en réalité intenable, mais avec la guerre, il était possible d’envisager des formes de réparations diverses : la fortune saisie était certes importante, mais il faudrait une collaboration très étroite et les forges Sindarines restaient parmi les meilleures du monde. Ses alliés accepteraient peut-être la livraison de matériel venu de leurs forges en guise de bonne foi, des lames d’une manufacture supérieure qui trouverait une place de choix au sein de la noblesse et des états-majors des alliés futurs et serviraient ensuite de symbole de cette alliance afin de la commémorer une fois la victoire acquise… Oui, la souveraine ne doutait pas une seule seconde de la victoire finale, elle n’avait d’autres objectifs que de l’obtenir par n’importe quel moyen. Ce sujet régler, Irina lui demanda si elle pouvait faire entrer la dernière personne… Si elle avait vraiment eue le choix, Viwien se serait contentée d’un refus catégorique, mais il fallait passer par cet étape désagréable, alors elle accepta de mauvaise grâce en essayant de se détendre du mieux possible.

Aussi courtois et agréable qu’il pouvait être, Tekum Seh partait avec un inconvénient indéniable lorsque l’on fréquente la souveraine de Canopée : celui d’être un homme. Viwien s’était construite en opposition avec un modèle patriarcal fort et cela l’amenait à avoir une réserve naturelle face aux mâles qui avaient tendance à l’indisposer grandement. La rouquine lui adressa cependant un sourire qui semblait compréhensif : elle connaissait la reine mieux que cette dernière ne le pense… Peut-être Viwien aurait-elle du l’inviter à la cours lors d’un de ses passages dans son domaine de repos afin de mieux faire connaissance avec cette femme. L’homme qui fit son apparition avait en tout cas toutes les manières de ceux de la cours Sindarin, ce qui n’était pas particulièrement rassurant pour Viwien : certes, il s’exprimait bien et savait jouer parfaitement le jeu de la discussion mondaine, mais pour la souveraine, c’était forcément quelque chose de suspect. Elle se contenta des salutations d’usage, elle était ici pour discuter d’alliance et non pour se faire des amitiés quelconques après tout.

Irina entama la première les choses sérieuses en se montrant assez réaliste, elle avait conscience des réalités du terrain et le montrait, ce qui était assez remarquable pour une religieuse. Viwien n’avait pas l’intention de rester passive dans cette guerre en observant ses alliés mourir pendant qu’elle attendait qu’il lui livre Rash Lanetae. Non, cette affaire était devenue une affaire personnelle et la jeune femme avait bel et bien l’intention de mener le combat elle-même, chevauchant aux côtés de ses troupes. Irina lui promis en tout cas de tout faire pour obtenir son rival vivant, ce qui permettrait à la souveraine de lui organiser un procès et de mettre à nue sa véritable nature avant de prononcer la peine capitale, car il n’y aurait aucune pitié pour les traîtres. Elle avait déjà convenu de son alliance avec le duc et l’invita à prendre la parole, indiquant qu’il décrirait cela mieux qu’elle. Pourtant, après avoir entendu le discours de ce dernier, mieux ne semblait pas être le mot juste, du moins de l’avis de la reine, car cela ressemblait presque a une forme d’intimidation.

Il était de réputation internationale que Tekum Seh était un homme riche et bien peu entretenaient l’illusion qu’il avait construit sa fortune autour de moyen particulièrement légaux. De son discours, Viwien tira deux conclusions rapides : la première était qu’il s’agissait d’un homme qui adorait par-dessus tout s’écouter parler et bouffi de sa propre importance. La seconde était qu’il s’agissait davantage d’un homme d’affaire que d’un véritable dirigeant. Tekum ne se cachait pas, ce qu’il recherchait dans ce conflit qui a priori ne le concernait pas et dans lequel il allait pourtant investir des fortunes étaient les opportunités que celui-ci lui ouvrirait. Viwien ne pouvait s’empêcher de trouver cette attitude révoltante : un vrai dirigeant ne pouvait pas voir dans un conflit aussi bête que celui-ci une opportunité, mais cela faisait aussi froid dans le dos : si s’aligner sur le camp d’en face lui aurait permis de gagner davantage d’argent, elle était convaincue qu’il l’aurait fait sans hésiter. Elle ne put s’empêcher de glisser un commentaire au milieu du discours, qui n’était pas franchement à l’avantage du Duc…


« Une guerre n’est pas une opportunité, c’est le sacrifice inutile de vie au nom d’une idéologie aussi vaine qu’éphémère, comme les fortunes d’ailleurs… »

Il y avait dans la voix quelque chose qui laissait penser que la souveraine éprouvait même un certain mépris pour le discours du duc qui avait immédiatement tendue sa garde du corps, qui craignait que les choses ne deviennent soudainement plus difficiles. Mais de cette façon, la guerrière tenait à montrer qu’elle avait du caractère et qu’elle ne se laisserait pas impressionnée par une quelconque manœuvre d’intimidation. Il pouvait toujours étaler sa puissance et les sommes astronomiques qu’il allait engloutir dans cette guerre plutôt que dans le développement de son duché et le bienêtre de son peuple, cela ne comptait que bien peu : oui, l’argent était nécessaire dans une guerre, mais le talent ne s’achetait pas, et même avec le meilleur équipement et la logistique la plus confortable, l’on ne faisait pas d’un médiocre un guerrier aguerri. D’autre part, il avoua tout de même au milieu de ce discours une faiblesse : il ne disposait pas de corps de cavalerie… C’était étonnant, la mobilité restait une clef dans le domaine militaire et l’on ne gagnait pas encore un conflit sans disposer de la possibilité de mener une charge de cavalerie lourde sur les lignes terrorisée de l’adversaire.

Irina repris la main après son discours, dont la reine s’était bien gardée d’en faire un autre commentaire, ayant probablement était suffisamment éloquente précédemment. Elle lui promit en échange de son aide l’accès à toutes les informations qu’elle disposait sur l’ennemi et évoqua d’autres possibilités de soutien dans le cas où un engagement militaire direct n’était pas envisageable. Mais Viwien ne se détournerait pas de son devoir et elle allait rapidement le faire savoir.


« Je ne vous ferez pas l’affront de laisser vos hommes mourir seul pour mettre fin à la folie d’une famille dont j’avais la charge. J’ai déjà fait mobilisée tous les effectifs de notre armée, mais je dirige un corps professionnel fait avant tout pour des opérations défensive, nous ne sommes donc pas très nombreux, d’autant plus qu’il faut retirer le nombre des traites. L’avantage est qu’ils sont connus. J’ai emmené avec moi les dossiers des officiers rebelles, je vous les transmettrais afin que vous puissiez connaître leur personnalité et manière de commander. Canopée est une nation artistique, mais nous produisons de la nourriture et des armes, il sera donc possible de subvenir en partie aux nécessités de nos armées et j’assurerais ma part dans cette tâche.

Je payerais moi-même de ma personne, mes amazones et mes ordres de cavaleries assureront les offensives partout où cela sera nécessaire. Je ne peux demander à mon peuple, ni aux vôtres, de souffrir et mourir sans prendre le risque de le faire moi-même, cela reviendrait à souiller le nom de ma famille et je m’y refuse obstinément. Si vous n’avez pas de cavalerie, je suis également disposée à détacher des conseillers militaires pour vous aider à en former rapidement : sans elle, la guerre s’enlisera dans un long conflit d’endurance que nous nous devons d’éviter afin de limiter nos pertes et nos souffrances. J’aurais besoin que vous m’indiquiez un endroit où je pourrais installer mon quartier général dame Irina, si possible assez proche du front. J’aimerais que l’on discute stratégie sans délai, quelqu’un pourrait-il nous amener des cartes ? Organisons nos états-majors et tournons nos esprits résolument vers l’offensive. Je participerais à tout effort diplomatique nous permettant de remporter cette guerre dans les délais les plus courts possible, nous devons éviter l’engagement des Cavaliers de Sharna à tout prix. Si nous échouons à atteindre ce but, alors le monde entier vivra bientôt dans la crainte de la guerre, et personne n’y sera gagnant… »

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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeSam 30 Mai - 0:31


Triumvirat d'Éternels

Viwien . Tekum . Irina

« Je ne suis pas plus financière que vous, Majesté. Seulement il est à la portée de tous de comprendre que faire preuve de laxisme en de telles circonstances ne peut que nuire à nos deux pays. Je suis rassurée de voir que vous le comprenez. » Elle jouait avec un gâteau au miel dans son assiette plus qu’elle ne le mangeait, absorbée par la conversation, et ce qu’elle impliquait en coulisses. « Je serai ravie de recevoir votre ministre des finances ici ou à Hellas, selon ce que nos occupations mutuelles permettront. De plus je souhaiterais également rencontrer votre ministre des affaires étrangères, afin de peaufiner des mesures concrètes visant à consolider nos relations diplomatiques, et m’enquérir de vos législations en vigueur. » Bien entendu le maire devrait s’occuper de la majorité de ces pourparlers internationaux, auxquels Irina comptait bien assister. Bellicio était un patriote elle n’en doutait pas, mais il n’était pas digne de confiance pour autant. Et puis en tant que pierre angulaire de cette alliance contre Phelgra, elle avait bien le droit de s’octroyer quelques prérogatives, comme s’occuper de quelques affaires personnelles pendantes, tant qu’elle tenait les bonnes personnes.

Irina papillonna des cils pour esquiver quelques rayons solaires trop vifs. Elle pouvait presque sentir la fragrance de prudente réserve que la souveraine de Canopée exhalait depuis l’autre bout de la table, en un parfum capiteux dont elle découvrait graduellement les nuances. D’après ce qu’elle avait entendu dans divers milieux -y compris celui de Cebrenia- Viwien était une femme aventureuse et obstinée, n’hésitant pas à prendre certaines visions conservatrices à contre-sens, bien que très peu critiquent ouvertement ses fermes méthodes. Il serait dur à dire si la retenue était due à la peur ou à l’admiration, bien qu’il y ait certainement un peu des deux. D’un autre côté bien que le visage fin de cette dernière n’en dise pas très long sur ses pensées, il était évident que cette visite bien que nécessaire semblait la mettre sur la défensive. Irina sourit légèrement, amusée. Les idées reçues avaient la dent dure, et trop de gens pensaient connaître la source de son inimitié envers la starlette Lanetae.
Il serait pourtant erroné de croire que la rouquine laissait la moindre place à la négligence ou à l’hésitation en la matière. D’ailleurs elle savait que son attitude consciencieuse pouvait aisément être confondue avec une justice aveugle, rendue de ses propres mains. Ce n’était pas totalement faux en un sens… seulement c’était bien plus compliqué et réfléchi qu’une misérable vengeance. Elerinna et elle avaient un passé chargé de compétition et d’idéologies incompatibles, des différences trop marquées pour qu’elles puissent trouver le moindre terrain d’entente après tout ce qui s’était passé. Rajoutons à cela une incompétence embourgeoisée qui donnait de l’urticaire à quelqu’un d’aussi méthodique et investi qu’Irina, et on avait une bonne idée des éléments principaux de leur discorde. Quoi qu’il en soit, les raisons qui avaient récemment mené les anciennes de l’ordre de Cimméria à prendre des mesures drastiques envers leur grande prêtresse ne tenaient pas en quelques petites lignes. Irina laisserait ses alliés avérés ou potentiels croire ce qu’il leur plairait, laissant les actes s’exprimer à sa place.

Toutefois, avec ou sans jugements pertinents au sujet de son hôte, la reine prenait sa part de responsabilités dans ce conflit politique qui menaçait de dégénérer en guerre ouverte, ce qui avec les minutes écoulées retira une partie du fardeau qui pesait sur les épaules d’Irina. Voir que Viwien se montrait également prête à réparer leurs erreurs communes était un clair soulagement. À vrai dire elle s’était attendue à une certaine forme de contestation ou de déni, alors la bonne foi qu’elle manifestait fut plutôt rafraîchissante. Ses rares fréquentations passées dans le domaine politique n’étaient sans doute pas étrangères au peu d’espoir qu’elle nourrissait pour ce qui était à ses yeux un genre bien à part d’individus.
Par conséquent, à supposer que l’invitée soit sincèrement concernée par la souffrance du peuple en général, les deux jeunes femmes trouveraient un terrain d’entente. Parce qu’autant il était plutôt crédible qu’elle veuille préserver la sécurité et l’avenir de son peuple, autant il était bien plus surprenant de faire preuve d’autant de bienveillance envers des Terrans, souvent vus comme des enfants turbulents par les gens des bois. Enfin peut-être que cette approche plus moderne du monde lui faisait abandonner la mystérieuse condescendance dont les sindarins aimaient s’entourer, ce qui ne serait pas un mal. Un autre pas en avant envers une ébauche d’alliance, aussi ponctuelle soit-elle. Du moins si Viwien parvenait à dépasser son aversion naturelle envers le genre masculin. Elle observa un moment les mimiques du duc, qui aurait presque réussi à faire oublier sa cécité si cette dernière n’avait pas été physiquement visible.
Irina comprenait bien son point de vue, après tout elle était un médecin et une religieuse avant de devenir figure de proue à Cimméria. Se retrouver propulsée sur la sphère internationale, à négocier l’appui militaire qui renforcerait son pays, cela n’avait jamais été au programme. De fait si ça ne dépendait que de son désir égoïste, elle se serait sûrement enfermée à double tour dans son laboratoire pour mener ses recherches en ermite misanthrope, ou bien elle voyagerait à l’autre bout du monde, dans un décor grandiose où la civilisation n’avait jamais eu prise, en compagnie de son fils et de son compagnon. À cette pensée son regard se perdit dans la verdure colorée de l’immense jardin intérieur du manoir, s’échappant comme une fumée diffuse entre les sentiers de gravier et les allées fleuries. Tout était toujours aussi soigné que pendant sa période de repos –par Kesha, ce que ça semblait lointain- et pourtant il ne lui restait plus le moindre temps d’en profiter. Pendant quelques minutes où Tekum fut invité à sculpter celle qui serait sa place au sein du trio, Irina opina du chef de temps à autre, son esprit vagabondant bien loin de Nivéria.


« Ce sont de nouvelles pousses importées d’autres recoins du monde il y a plusieurs mois, et qui de toute évidence se plaisent beaucoup sur nos terres. C’était un pari qui à force d’efforts s’est avéré payant pour le moment, ce qui à terme nous permettra de produire une importante quantité de thé originaire d’El Bahari. Pour ce qui est de la vente officielle, ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Je veux que le produit final soit aussi proche de la perfection que possible, or il est encore loin de satisfaire mon ambition. »

Il lui en coûta de revenir à cette discussion, qui prenait parfois les contours d’une exposition en règle, une revue des moyens financiers et des troupes d’Arghanat, cités de la voix claire de Tekum qui faisait preuve d’un grand sérieux. On pouvait lui faire beaucoup de reproches, mais pas celui de ne pas être professionnel et exhaustif. Un peu trop, peut-être. De quoi donner un début de mal de crâne aux plus hostiles envers les chiffres et l’incarnation démoniaque que représentaient les mathématiques. Cela dit en l’écoutant parler, la nordique se rendit compte qu’elle ne comprenait toujours pas la gestion des ressources du duché des gorges. Un mystère. Un mystère entier et certainement enveloppé de détails ombrageux qu’elle ne désirait pas connaître. Il valait mieux à son sens s’en tenir à ce que lui enseignait son intendant, Sire Davos, un Eclari à la retraite qui avait toujours un tour dans son sac. Au moins il continuait de cultiver la ruse et ses déclinaisons avec efficacité, sans pour autant déborder en des extrêmes qui ne correspondraient pas à la position prise par Nivéria.

Enfin malgré cela Irina intervint de temps à autre pour poser quelques questions plus précises au sujet de certains investissements ainsi que sur les corps d’armée, de leur fonction et de leur coût. L’aspect militaire n’était pas son domaine de prédilection, ce qui ne l’empêchait pas de s’intéresser et surveiller toutes les procédures au moins en partie. Et puis il lui faudrait rapporter à l’État-Major tout ce qui se déciderait pendant cette entrevue, car celui-ci exigerait d’être rapidement informé de la moindre virgule de leurs tractations. Une des mesures préventives parmi d’autres, soit les conditions liées à l’autorité maximale qui avait été temporairement confiée à la grande prêtresse. Mais en cela Irina comptait sur Kallen et Leto, respectivement garde du corps et militaire de carrière, pour la seconder et combler ses lacunes. Irina s’était ainsi accaparée l’aide du très protocolaire Roy Arthwÿs, officier cimmérien qu’elle avait choisi pour occuper le poste de Colonel. Un homme de confiance qui saurait tenir en laisse tous les enthousiastes de la guerre, et réveiller les ramollis tassés dans leurs chaussons d’hiver.

« Bien, ces dossiers nous seront très utiles, je suis sûre que ces lignes sauront être exploitées par nos stratèges. » Le Général serait probablement heureux d’avoir au moins quelques bribes d’informations, ce qui leur permettrait de mettre fin aux guérillas et autres escarmouches qui risquaient d’éclater dans les villages les moins défendus du pays. Irina parlait peu et bien, comblant son style peu volubile en allant à l’essentiel. « Une cavalerie aurait été en difficulté sur un terrain aussi escarpé que les gorges de Paramis, je comprends parfaitement qu’elle n’ait pas été votre priorité. » Elle appuya les dires de Tekum et poursuivit, sa tasse dans les mains. « Cimméria possède des montures entraînées, assez puissantes et solides pour traverser le désert de glace, contrairement aux cavaliers de Sharna. Évidemment je ne suis pas sans savoir que là ne se trouve pas l’ensemble de leurs forces, seulement c’est ce corps d’élite qui nous posera le plus de problèmes, si tant est qu’ils commettent la folie de nous attaquer par voie terrestre. Nos forts sont renforcés au moment où nous parlons et nos frontières quadrillées. Cependant loin de moi l’idée de refuser l’aide proposée, je préfère clairement me montrer trop prudente plutôt que pas assez. Si nous comblons le manque d’effectifs, nous pourrons garder un coup d’avance sur toute attaque. Les cols dans les hauteurs, eux, seront un terrain de jeu pour les cimmériens, qui connaissent les montagnes comme la paume de leur main. Nous avons également récupéré une partie des engins de siège que les troupes Lanetae ont abandonné dans leur débandade. Une fois réhabilités, ils nous épargneront de considérables dépenses à la fois en argent et en composants. » Irina posa sa tasse, pensive. Cela lui faisait drôle de discuter de l’horrible éventualité de la guerre par une si belle après-midi, avec le même flegme dont on débat des artistes à la mode ou de la douceur des meilleurs petits fours. « Les embuscades et les avalanches les dissuaderont de tenter quoi que ce soit. Du moins s’ils ont un minimum d’intelligence. Surtout après les énormes pertes qu’ils ont subies à Inoa, et pendant la traversée de nos étendues gelées. »

Nul besoin d’être une flèche pour savoir regarder une carte et repérer les brèches dans les montagnes de l’ouest, la seule entrée praticable donnant accès à la taïga nordique. Ce serait le lieu d’affrontement le plus évident, ce qui de par ce fait même rendait Irina méfiante. Il n’était pas exclu que Phelgra mobilise ses forces navales, embarquant les nombreux mercenaires de Mavro Limani et les Marins de Noxis les plus cupides dans une bataille navale qui serait à leur avantage. De fait si Irina était à leur tête, elle n’aurait pas hésité une seule seconde à saisir cet avantage. Là encore, il était moins inquiétant d’imaginer que ces grands gaillards dans des boites de conserve -et leur rouille ambulante en chef, Démégor- aient complètement perdu l’usage de leurs facultés tactiques. Aussi elle en revint au sujet, s’interrogeant sur les détails logistiques les plus basiques.

« Vous dites vouloir engager entièrement dans cette guerre cher duc, et je suis évidemment ravie de pouvoir compter sur votre aide. Dois-je en déduire que sa Majesté le Roi a donné son accord pour une telle manœuvre ? » Si tel était le cas, les choses en seraient bien facilitées, mais hélas elle n’avait pas encore eu l’occasion d’en connaître les tenants et aboutissants. Irina souffla sur son thé qui commençait à refroidir et le termina avant de poser la tasse dans un coin de la table. Les paroles fatalistes et hélas avisées de Viwien résonnaient dans sa tête en une mélasse désagréable qu’elle ne pouvait mettre de côté. Elle avait raison et il fallait en effet agir au plus vite… bien qu’il lui semble précipité de parler d’offensive. Ce serait risquer de provoquer les Cavaliers, et les Phelgrans en général, et ce avant même que leur alliance militaire aves les Lanetae soit avérée. Se décidant tout de même à passer au côté le plus tangible de leur accord, Irina expira de lassitude.
D’un murmure discret elle demanda à ce qu’on lui amène une carte, suite à quoi elle s’approcha légèrement de ses invités afin d’illustrer ses idées en images. Son doigt pointait Oxia, l’affluent direct du fleuve Oléra, qui traversait le continent du nord au sud.
« Si vous avez des bateaux disponibles, vous pourriez voyager rapidement et transporter biens et vivres de façon sûre, moyennant acquittement de la taxe fluviale Eridanienne. Il suffirait que vous possédiez un permis spécial afin de traverser, et je pense que le Duc de Seh ou moi-même devrions être en position de négocier en votre nom. » Elle se tourna vers son homologue Eridanien. « Si je ne me trompe, vous êtes familier des imports commerciaux et du transport en général sur Oléra. Pensez-vous que c’est une hypothèse viable ? »

Sa main pâle effleura la surface lisse de la carte déroulée sur la table, une petite merveille dessinée à la main et en couleur par Olévus, un cartographe Eclari fort réputé qui lui devait pas mal de faveurs. Elle écouta la réponse du Duc et la pondéra avant de continuer d’une voix mesurée. Ensuite son attention se dirigea vers l’ouest du parchemin, soit la fameuse frontière entre les territoires susceptibles de s’affronter. « Vous pourriez vous installer ici, entre Lindholm et Oakbrigs, des forts qui pourront vous soutenir en cas d’attaque. Il y a une forêt dense qui peut servir de rempart naturel à vos archers, ce qui préservera aussi votre camp des pires intempéries. Le terrain boisé est ce qu’il y a de plus semblable à Cebrenia, ce qui ne peut que vous avantager. De plus cet emplacement vous donnera accès au front, sur terre comme sur mer, tout en restant assez loin de la frontière pour ne pas être pris comme cible facile. »

Elle lui montra plus exactement les points optimaux sauvegardés par la végétation et le relief, afin d’écouter ses impressions sur ce qui lui semblait le mieux. Après tout si la reine comptait participer en personne à cette expédition frontalière, c’est qu’elle avait une idée bien précise sur ce qu’il lui faudrait. Du moins c’est ce qu’espérait Irina, qui observait les deux dirigeants présents avec attention. Car si l’audience de gardes du corps et responsables était silencieuse comme une tombe, on pouvait presque deviner que sous leurs fronts une tempête de souci et d’urgence grossissait à vue d’œil.

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MessageSujet: Re: ♦ Triumvirat d'Éternels ♦   ♦ Triumvirat d'Éternels ♦ Icon_minitimeMar 16 Juin - 11:34

Il n’est de temps où le duc n’a pas eut se sourire enjôleur fixé sous ses yeux perdu de pierre onirique courant de sinople en cauchemar, il a porté le thé à ses lèvres avec grâce, dégusté l’instant et écouté les réponses, attendu que toutes ai finit leurs paroles et leur souvenir avant de reprendre ce qui n’est pas à lui, il est ici un hôte et non pas le maitre de cette ronde si folle qu’elle en perd parfois de l’intérêt, quel tristesse. Mais le thé, ce thé au parfum doux amère, tirant dans le dédain cette flagrance acre qu’il conserve parfois dans le tréfonds des tremolos qui reste sur la gorge, ce thé qui a voyagé, qui à courut les plaines et les iles gardant ses relances fanées de parfum de fleures suaves qui restent là et las camouflant les dernières notes que certains peuvent, par mégarde ou ignorance, trouver désagréables ou même agressives. Mais comme dans toute chose, comme dans tout instant, et comme dans toute action quel fusse humaine ou divine, il y à cette part de douleur, d’âcreté et de fer rubescent que les gens abhorrent.

Puis se tournant vers la maitresse des lieux et de la parole il se permit en premier lieu du lui répondre à elle, car après tout c’était pour elle qu’il était présent, dans sa bouche l’odeur du thé encore présent dansait sur sa langue au rythme de ces mots toujours doux et courtois comme son comportement même si son esprit se laissant :


“Ma cher, je vous souhait tout le bonheur du monde vis-à-vis de ce thé, je vous ai déjà donné tout ce que je savais sur eux et je suis certain que vous ferrez quelque chose de grandiose, si vous fumier je vous aurais bien volontiers ramené notre dernier tabacs mais il me semble que, comme la plus part des mauvaises habitudes, celle-ci n’est pas votre.
Mais quittons ce thé dont j’avoue que je préfèrerais parler pour finir notre discutions, car je crois bien que le reste devra se faire entré généraux et financier et non plus entre noble.

Le premier point, celui qui doit être soulevé est simple, cela fait longtemps que je demande des audiences au roi pour divers sujet tel que la mise en eau d’un canal qui serait fort lucratif pour tous mais ce dernier est empêtré dans des histoires et semble ne pas avoir oreille à porté à mes dires, je lui ai donc fait une autre demande d’audience et je suis sur qu’il se réveillera avec une longue discussion que nous auront.

D’ailleurs à ce propos je vous suis totalement vis-à-vis des voies maritimes, Olera est même empruntable car si mes grands travaux ne sont terminé il est maintenant navigable jusqu’au grand océan et même si les droits de passage son souvent complexe à avoir vue les travaux qui sont encore en cours, je puis vous les donnés sans retenu à vous deux dans tout ce qui peu avoir un cadre dans cette guerre.
Nous pourrons ainsi baisser le coup du commerce entre nos deux pays car l’hiver les cols bloqués compliquait bien des choses alors que maintenant, en restant près des cotes, la passe sera des plus simples comparés à ce qui était avant.

Mais soyons franc, le roi ne peux m’empêché de prendre part à cette guerre comme je l’entends, ho il est certain qu’il pourra hurler et me mettre de nombreuses choses sur le dos, mais vous savez comme moi qu’Arghanat ne répondra qu’a un Duc de Seh et il perdrait bien trop de choses à venir jouer dans mes pates.
Il lui reste donc la possibilité de jouer dans mon dos sur les autres nobles qui se ferait un plaisir de venir frapper sur un pauvre aveugle, mais il sait aussi qu’il rebondirait très vite sur leur sentiments d’insécurité et qu’il perdrait alors tout l’appuie qu’il a de ses chiens de guerre d’un instant.
Il lui reste donc l’option la plus vivace, dire haut et fort que mes actions ne sont que de moi-même, ce que je soutiendrais bien volontiers, et nous trouverons un terrain d’entente vis-à-vis de cette liberté.
Ou s’engager derrière moi, chose qu’il ne fera probablement pas mais dont je vais essayer de le convaincre je vous prie de me croire, il a tout intérêt à frapper dans le dos d’un vieil ennemi, et je suis certain que certain Duc et duchesses de l’ouest se rallierons à moi sur ces entrefaites. Ils savent ce qu’ils ont à gagner et surtout à perdre à ne pas jouer au chat dans cette sombre histoire.

Car la guerre ma très cher est une douleur de tous, un malheur turbide qui drosse les hommes et les politiques, un hubris dirigeant le monde vers sa perte et sa triste oraison mais soyons franc plus qu’hypocrite, je vous interdis de parler de malheur indue de la guerre devant mes hommes et je vous le déconseille de le faire devant les vôtres.
Car la guerre est avant tout question d’esprit, les hommes se doivent de se lever, de lever le poing de se donner à corps perdu pour défendre leur patrie, leur bien, et même leur vie. Certes, mais mes hommes comme les votres n’ont rien à défendre directement, un semblant d’honneur suffit pour aller rosser son frère mais pour aller lui faire pleuré le sang de sa race sur un champ de bataille c’est une bien belle autre histoire. Il leur faut donc quelque chose mis en exergue, quelque chose de plus grand, et pas un idéalisme, car vous trouverez seulement une poigné de fou apte à se battre pour un idéal plus lointain que sa vie et sa famille. Les hommes se battent pour la grandeur, pour eux, et parfois pour leur patrie comme les militaires de métier qui peuple mes rangs. Mettez vous au niveau de vos hommes quand vous prenez paroles, peu importe vos croyances, ne décourager pas ceux qui nous entoure car même si ils sont loyaux, au moment de défendre votre vie et vos intention, les erreurs qui sont laisser une armé partir en quête imbécile.
Ils devront voir ça comme une gloire comme un présent, comme un moment entre les temps où ils peuvent atteindre quelque chose qui pour eux à de l’importance, et pas un charnier indécent, pas un ignoble sacrifice inutile, vain et éphémère… Et ceci même si il l’est la plus part du temps, je dois avoir de quoi parler à mes hommes comme vous devez y pensé aussi j’en suis certain vue ce qu’on m’a porté de votre intellect et de vos capacité à changer le monde vers une lumière certaine.

Enfin, et pour conclure, je dois vous affirmé que je n’aurais pas de cavalerie même si vous m’y porté main forte, mes hommes n’ont auront pas l’intérêt, je vous laisse cette gloire des charges, entre les sindarins vifs qui harcellerons les flancs et les lourds hommes engoncé dans leur fourrures monter sur des chevaux de charge lourde je doute que mes hommes, qui sont certes le pied montagnard mais ne se battent pas pour monté sur une mules, ne puisse vous êtres d’un quelconque secours en quelques mois de formation même accéléré. Oublier mois dans ce domaine, j’ai bien quelques hommes qui monte de gigantesques créatures comparé à leur cousins naturel mais pas assez pour faire ne serait-ce qu’un corps d’armé, et personne ne comprendrait qu’il y ai dans les gorges et dans Arghanat, cette terre ou même les plaines sont en fait des cirques et des plateaux, des cavaliers plus qu’il n’en faut pour les messages … Même si votre offre est généreuse je vous la laisse, croyez moi il y a bien des moyens de gagner une guerre sans cavalier, par contre j’ai des voltigeurs si vous en voulez, et largement de quoi en faire une host.

Quand au point strategique de ma position, je crains que mon infirmité ne m’oblige à rester en mes terres ou dans les villes, les camps sont pour moi un enfer et même si je m’y déplacerais surement je crains de ne pas pouvoir mener la charge comme je l’ai fait durant la grande guerre il y a de ça des années. Vous m’en voyez navré de ne pas vous accompagner sabre au clair, mais je vous enverrais pour chaque point stratégique l’un de mes généraux en faisant mon possible pour vous envoyé des hommes de paroles et pas seulement de terrain comme c’est le cas parfois lorsque je n’ai plus qu’un général de terrain sous la main. Ils sont … bien trop eux même pour une tente de commandement.”


Il sourit en pensant à Lupen qui aurait fait un fier général de tente si ce dernier n’avais pas oublié que parler implique souvent de faire attention à ce que l’ont dit et pas seulement de hurler ce que l’ont pense. Mais lui aussi avait son coté pratique dans de nombreuses situation ou son coté incongrue faisait bien plus que toutes les belles paroles du monde.

Toujours adossé et calme il n’avait que très peu bougé lors de sa longue prise de paroles burgautée de cette nacre qu’il aime tant laissé à ceux avec qui il parle, une nacre faite de magie qui le rend aux yeux de tous encore plus spectaculaire et admirable qu’il ne pourrait l’être sans.

Le reste se ferais surement avec le roi, et les généraux, il avait encore de nombreux travaux pour mettre au clair cette sombre histoire de guerre, mais tout avançait doucement, doucereusement même.

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