Mission L'ANIMALERIE avec Ylivi

Il fais un temps magnifique, ce qui est plutôt rare pour la saison, raison de plus pour que j'en profite en me baladant incognito comme à mon habitude dans les rues de la capitale d'Eridania. Le régiment du dernier cercle, comme d'habitude est habillé en civil et monte une garde vigilante mais discrète, tout autour de moi. C'est le corps d'élite de l'armée d'Hesperia, qui ne regroupe que les meilleurs hommes et femmes du pays. Leur commandant Perceval Gallick est à mes côté et se comporte comme un garde du corps, c'est donc bien entouré que je décide de pousser un peu plus loin que d'habitude en passant par une rue très peu passante.

Les immeubles sont serrés et laissent peu passer la lumière, mais, malgré la faible luminosité je remarque une jeune Yorka, alongé et ne bougeant plus devant la porte d'un bâtiment, de toute évidence blessé. Réveillant de douloureux souvenir en moi, je me précipite pour ne pas que le passé, c'est à dire la mort de mon premier amour, se déroule à nouveau. Heureusement, la blessure, pris en charge à temps, n'est pas mortelle et Jean, le soigneur le plus compétent de ma garde rapproché réussis très vite à arrêter le saignement. Peu de temps après la jeune femme se réveille et me demande d'une voix faible de l'aider. Je la rassure aussitôt, en me présentant et lui indiquant que je vais faire mon possible. Elle me sourit et m'indique qu'elle se nomme Noalie Dorkas, elle a décidé de reprendre une ancienne boutique animalière à Tyrhénium. Elle y vend diverses créatures qui sont destinés à devenir de bon compagnon à qui se sent un peu trop seul. Mais un accident bien malheureux à causer la fuite de certains nouveaux venus : un lion, deux perroquets, deux chats siamois pur race, et un singe possédant un don de parole. Elle sait que ces animaux ont été capturé pour être revendu à des nobles d'Hesperia. Un des acheteurs habite cette maison, mais lorsqu’elle c'est présenter, demandant à ce qu'on lui rendent ces animaux, il a ordonner à ces hommes de la tuer, et ils l'ont laissé pour morte, juste devant leur porte.

Je serre les poings à m'en faire mal lorsque j'entends la fin de cette histoire. La manière de traiter un être conscient comme un véritable déchets me révulse et je décide d'agir sans attendre. Je laisse la marchande dans les mains expertes de Jean, et prenant dix hommes avec moi, y compris Perceval, car d'une part étant très grand (plus de deux mètres), il ressemble à un véritable colosse et d'autre part très musclé (il représente la force à l'état brute), je compte sur son physique pour intimider quiconque se dressera entre moi et ma cible. En cas de conflit ses deux cimeterres et son entrainement de soldat d'élite font de lui une redoutable machine de combat. C'est donc avec résolution, que je frappe de manière vigoureuse à la porte.

Ce sont deux gardes avinés qui m'ouvre, et je vois immédiatement qu'un des deux tient une dague encore souillé de sang. Ils ne me reconnaissent pas et commencent à m'insulter en me disant de dégager sinon, je finirais comme la fille qui a traiter leur patron de voleur. Je ne les laissent pas finir et je fais un signe à Perceval, ce dernier les frappe alors avec les pommeaux de ces sabres et les assomment pour de bon.

Je dégaine ma dague, entre dans l'immeuble et prononce d'une voix forte:

" Au nom du Roi, vous êtes tous en état d'arrestation. Sortez immédiatement, non armé et les mains bien en évidence".

J'entends de nombreux bruits à l'étage, mais personne ne descends. Je fais donc signe à mes hommes de dégainer et de me suivre, pendant que Perceval ouvre la voie dans l'escalier, les sens aux aguets, et à l'affut de la moindre menace.

La nuit a été longue, à traquer un type pour en débusquer un autre. Un garde menant à son maître, voilà qui je traque. Ce garde est une ordure, je l’ai vite remarqué dans la taverne où il dépense ses dias misérablement gagnés. Il se vantait de bosser pour le Baron Vinuir et cela n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Vinuir, un autre de ma liste. Pas le plus impliqué du lot, mais tant pis. Le garde m'avait confondu avec une des filles de joie qui devaient régulièrement satisfaire son appétit sexuel, il m’a demandé une gâterie en échange de la modique somme de 40 dias. Quel homme délicat. Je l’avais remis à sa place avec un bon coup de pied et il m’avait menacé, hurlé que j’aurais affaire au Baron. C’est là que j’ai décidé de le suivre. Il est resté un moment dans la taverne avant de rentrer dans une grande maison dans une des zones les moins fréquentés de la ville. Un endroit parfait pour un repaire de criminels, pas vraiment pour abriter un baron. Mais après tout, il me suffisait de le forcer à me dire où le trouver, rien de très difficile.

Ils sont nombreux à l’intérieur, mais aucun ne semble être un combattant chevronné. Leur équipement est ridicule et en mauvais état, pour ce que je peux en juger. Allons donc leur souhaiter le bonjour à ces enfoirés. J’ai vu deux des hommes agresser une jeune femme et j’en ai profité pour m’introduire tandis qu’ils avaient le dos tourné. Ils sont tellement stupides, cela va être un jeu d’enfants. Je grimpe l’escalier en vitesse, masque en place, ma faucille dans une main et une dague dans l’autre. L’escalier débouche sur un couloir. J’entends des voix provenant de la porte à ma droite, probablement une grande pièce. Je note trois timbres différents mais n’entre pas. Je vérifie les deux autres pièces, vides. Parfait. Je jette un œil par le trou de la serrure et mémorise la position de chacun des types. Un petit sourire se dessine sur mon visage tandis que mon corps se tend. Je suis prête, et ils vont déguster.

La porte s’écrase au sol lorsque je l’enfonce d’un grand coup de pied, faisant se lever en vitesse les quatre hommes présents. L’un d’eux semblaient dormir sur le côté, je ne l’avais pas vu, mais tant pis. Ma dague vole et s’enfonce dans la gorge de l’un des gardes tandis que je fonce sur un deuxième qui dégaine un genre de couteau grotesque, de la taille de mon avant-bras. Il m’attaque d’un coup mal assuré et je passe sous sa garde, lui ouvrant le flanc d’un coup de faucille. Il hurle de douleur et tombe au sol où je l’achève rapidement. Les deux autres se sont regroupés et sortent une épée chacun. Mais ils tremblent. Les pauvres petits… je me rue sur eux, leur lançant une chaise au passage qui s’écrase contre le mur lorsqu’ils l’esquivent. L’un d’eux se mange ma boule de chaîne en plein nez et un craquement se fait entendre tandis qu’il s’effondre. L’autre essaie de fuir en renversant une table mais je le plaque au sol et lui assène un coup de pommeau sur la tempe pour l’assommer. Il m’en faut au moins deux en vie, sinon l’interrogatoire sera trop court et pas très concluant.

Le type au nez cassé est bien plus résistant que je ne le pensais car il se relève et sort en courant, appelant à l’aide. Je me rue à ses trousses et lui lance une dague qui l’atteint à l’arrière du crâne tandis qu’il s’effondre dans les escaliers. Bon… tant pis, il m'en reste un, je vais le faire parler. Je retourne dans la pièce et relève le type. Je lui cloue une main au mur avec une dague, le réveillant brutalement puisqu’il hurle. Il me regarde avec des yeux exorbités. Il est terrifié, parfait, c’était l’effet recherché.

- Très bien, je cherche ton boss, le Baron. Dis-moi où il est. Si tu réponds vite et sans mentir, tu vivras. Si tu ne réponds pas, je te coupe un doigt, si tu mens, je te tue, c’est clair dans ta sale caboche ?

Il hoche la tête et réponds avec précipitation. Apparemment notre cher Baron est en plein trafic d’animaux exotiques et il est partit récupérer une cargaison intéressante dans un des entrepôts à l’extrême nord de la ville. Il y sera ce soir, sans faute. Parfait.

- Kron vous remercie pour votre coopération, puissiez-vous obtenir ses faveurs dans l’au-delà.

- Mais je…

Je lui tranche la gorge d’un mouvement sec et il s’affaisse lorsque je retire la dague plantée dans sa min et qui le cloue au mur. Puis, soupirant et sans me retourner, restant au milieu du massacre qu’est la pièce dans laquelle je me trouve, je m’adresse à ceux qui sont montés par l’escalier et qui se sont arrêtés à l’entrée de la pièce.

- Bien. Soit vous vous tirez et vous aurez la vie sauve, soit je vous envoie rejoindre vos petits camarades, le choix vous appartient.

Je fais tournoyer ma faucille en me retournant lentement. Assassiner c’est important, mais il faut aussi savoir intimider et la vue d’une meurtrière couverte de sang et prête à en découdre au milieu d’une scène de carnage devrait suffire à éloigner les autres gardes le temps que je sorte d’ici.

L'escalier est étroit et sa courbure en colimaçons très nette, ce qui empêche de voir ce qu'il se passe à l'étage au-dessus.

Serrant ma dague, puisque mon épée à deux mains, Gardienne est resté sur son râtelier derrière mon trône, ne pensant pas à en avoir besoin aujourd'hui, j'avance avec précaution. Je m'attendais à beaucoup de chose, une armoire jeté en haut de l'escalier, ou encore des armes laissé à terre, en signe de reddition, mais pas à ce que l'on nous envoi un cadavre avec une dague planté derrière la tête !

Je suis donc très surpris en voyant un corps foncé droit vers moi, heureusement, le commandant de la garde du dernier cercle n'a pas usurpé son titre, car il réussis à intercepter le corps avec ses bras puissants, avant que celui-ci m'atteigne.

J'ai instinctivement retenu ma respiration en attente du choc, et c'est donc avec reconnaissance envers Perceval, que je reprend ma respiration. Toutefois, ce "cadeau" m'a rendu prudent et nous continuons la monté de l'escalier doucement, le colosse, comme on l’appelle, toujours en tête.

Nous arrivons en haut de l'escalier, et Perceval ouvre la dernière porte, nous permettant à moi et aux reste de la compagnie d'entré dans la pièce. Je m'arrête d'un coup tellement le spectacle qui s'ouvre à mes yeux est impressionnant, je compte en effet 3 corps dans cette pièce, tous éventré ou égorgé et au milieu une silhouette avec une voix familière qui me fais un petit discours surement destiné à m'impressionner:

Bien. Soit vous vous tirez et vous aurez la vie sauve, soit je vous envoie rejoindre vos petits camarades, le choix vous appartient.

La personne disant ces mots se retourne de manière délibérément lente tout en faisant tourner sa faucille.

Je reconnais immédiatement Ylivi, une Gorgoroth qui m'a déjà aidé par le passé, et qui a un compte à régler avec ses assassins. J'avais espéré qu'elle avait un peu ralenti sur sa vengeance mais en voyant le massacre qu'elle a réalisé, le quatrième jeté dans l'escalier étant clairement un de ces victimes, ce n'est pas le cas. Elle porte toujours son masque ainsi que sa tenue rouge rapiécé, alors que je lui avais donné des vêtements plus confortable à mettre. C'est donc avec une pointe de regret que je lui réponds :

Dame Ylivi, je vois que vous n'avez pas pris la peine de vous vêtir de manière plus indiqué. C'est dommage, les nouvelles tenues qui vous attendent dans votre chambre, vous irai à merveille, j'en suis sûr. Plus sérieusement, je suis surpris de vous voir ici, mais rassuré par le fais,qu'il n'ayez pas été blessé lors de cet affrontement.

J'inspecte la pièce du regard avant de poursuivre:
Je vois que le baron Vinuir n'est pas ici. Vous devez être comme moi à sa recherche, avez-vous des informations où il se trouve, je dois récupérer des animaux qu'il a volé. En échange, vous pourrez faire ce que vous voulez de sa personne, seriez-vous d'accord pour reformer notre équipe ?

En finissant ma phrase, je vois Perceval, à mes côtés, levé les yeux au ciel, comme s'il savait que la journée allais être très longue...

Au lieu de gardes du Baron, je me retrouve face au Roi et à quelques membres de sa garde rapprochée. Bordel mais qu’est-ce qu’il fout ici celui-là ? Il arrive toujours pour me voir dans les pires situations. Et il… il me gronde, encore, ça devient une habitude, même s’il semble soulagé de me voir en plein forme. Je soupire en rangeant mon arme et m’approche.

- Sire Mannus, j’ai pensé avoir été claire pourtant. Je n’ai pas besoin de vos cadeaux ni de la chambre que vous m’offrez. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, j’ai un fils de pute à buter et je ne vais pas rester ici à attendre qu’il se fasse la malle.

Mais ni le Roi ni les autres ne bougent et quelques regards méfiants et geste lents vers leurs armes me font tiquer. Je ne veux pas attaquer le Roi. Il m’est sympathique et je n’ai aucune raison de lui faire du mal, mais là je suis de méchante humeur et je manque de sommeil, ce qui n’arrange rien. Je lève les mains, en signe d’apaisement.

- Très bien, faisons ça. Vous récupérez vos bestioles et moi je me charge du Baron, comme ça tout le monde est content.

Je lui dis donc où le Baron est censé se rendre et à quel moment il est supposé arriver. Il a cet air de contrariété sur le visage lorsqu’il balaie la pièce du regard et je sais déjà à quoi il pense, mais je m’en contrefous cette fois. Je passe trop de temps à chercher des indices pour me permettre de laisser filer une piste comme celle-là, même si je dois me mettre la moitié du pays à dos.

Je les suis donc à l’extérieur de la maison et remarque deux gardes assommés et encadrés par des hommes du Roi. Je m’approche d’eux et gifle celui que j’ai suivi plus tôt. Il se réveille, me reconnait et commence à m’insulter mais ma main se referme sur sa bouche, tel un étau.

- Ferme là gros porc. La prochaine fois que je te croise en ville, crois-moi, tu perdras ta queue et je la jetterai en pâture à des chiens juste avant de les laisser te bouffer. On ne m’insulte pas impunément, alors si un jour tu sors des cachots, fuit, loin, parce que je ne t’oublierai pas et je ne fais jamais de menace en l’air.

Je le relâche et le laisse là, pantelant, un air étonné et un peu effrayé sur le visage. Les hommes du Roi me regardent avec un air étrange et même le Roi semble un peu désemparé par mon attitude. Il faut dire que depuis la dernière fois, ma personnalité a continué à disparaître et il ne restait presque plus rien de l’ancienne moi. Parfois des brides resurgissent, éléments fugaces et vite oubliés par la rancœur qui m’habite désormais. Je m’approche du Roi et lui dit que je suis prête à le suivre, ajoutant quelques mots en serrant les dents, mon masque regagnant mon visage.

- Et arrêter de m’appeler Dame, je vous l’ai déjà dit !

S’il y a un mot qui peut décrire mon état d’esprit, c’est désappointé. Je pensais qu’Ylivi c’était assagis après son arrivé au château, mais je comprends que ce n’est pas vraiment le cas, de plus la relation basée sur la confiance entre nous semblent plus ténue que jamais si j’en crois ces dernières paroles. Pourtant, je sais que je ne dois pas la brusquer et que si je dis ce que je pense de manière trop brusque, la jeune femme va se braquer et ne plus me parler.

Je l’accompagne donc à pieds, essayant de trouver les bons mots pour éviter une nouvelle crise. Derrière nous, je remarque que la milice est arrivée et à déjà embarquer les deux hommes du baron, y compris celui qui s’est fait menacé par la Gorgoroth, je me demande d’ailleurs ce qu’il a bien pût lui dire pour l’énerver autant.

Tout le régiment est autour de nous, en position habituelle, mais je vois que Perceval est très proche d’Ylivi et que Robert, dont le pouvoir lui permet, en se concentrant de déterminé combien de personnes se trouve dans la zone avec leur position et s'ils ont des intentions hostiles est concentré également sur elle. Bref, le moment est un peu tendu, et n’aide pas vraiment à me concentrer. Heureusement nous arrivons dans une charmante place avec une fontaine. Les jets d’eau sortent d’une multitude de statue représentant les filles de Soulen qu’il aurait eu avec Alea, déesse de la fécondité. Il y a dix statues, légèrement vêtus autour d’une imposante représentation d’une baleine en bronze. Des arbres sont plantés de part et d’autre de la place créant des zones d’ombre et de fraicheur.
De nombreuses tavernes entourent la place et quelques chanteurs itinérants et autres troubadours amènent une ambiance décontractée et festive et une légère odeur de fleur, grâce aux jardinières suspendues tout autour du bassin, est présente.
J’espère que cette ambiance beaucoup plus zen que celle de la rue va pouvoir me permettre d’avoir une conversation à cœur ouvert avec la jeune femme masqué. Je décide donc de m’arrêter dans la taverne bien nommé « La fontaine » qui a la meilleure terrasse de toute la place.
Je coupe court à toute récrimination de la part de la non-terran par ces mots :

Je sais que ce n’est pas ici que nous trouverons le baron, mais il n’y a pas de raison de courir, d’après vos propres renseignements, il n’arrivera dans sa cache que ce soir, nous avons donc de nombreuses heures devant nous. Je tiens à vous parler car je pense que nous sommes amis, et j’ai peur que la perte de vos souvenirs de votre vie d’avant, vous laisse un vide, qui va petit à petit se remplir de haine et qu’il ne restera plus de place pour moi. Je tiens beaucoup à vous, et je ne veux pas vous perdre, que ce soit à cause d’une blessure mortelle, même pour vous, ou parce que votre vengeance vous a rongé de l’intérieur. J’ai accepté de vous laisser une petite chambre au château, de ne pas mettre un scribe à votre disposition et même le fais que vous sortiez assouvir votre vengeance sans que je puisse vous aider. Quand vous partez le soir, je reste éveillé jusqu’à ce que vous rentriez, tellement je me fais du souci pour vous.

Je m’arrête là pour étudier ces réactions puis sans même y réfléchir, je lui prends la main, avant de lui dire d’une voix douce et droit dans les yeux :

Ylivi, tu es une personne très importante pour moi, je ne veux pas que tu sois blessé ou bien que tu refuses de me voir.

Un peu surpris par ma propre audace, je lui lâche la main, avant de reprendre, mais sans la regarder directement :

Bref, j’ai besoin de votre aide pour cette affaire, mais je ne veux pas vous forcer. Je tiens autant que vous à mettre ce baron hors d’état de nuire, Hesperia ne s’en portera que mieux, mais je ne veux pas être votre ennemi. Alors, je vous le demande une nouvelle fois : seriez-vous d'accord pour reformer notre équipe ?

Tendu, c’est ce qui caractérise l’ambiance tandis que j’avance en compagnie de Timothée et de sa garde rapprochée. Je sens clairement que l’un d’eux me colle au train tout en me surveillant du regard mais je m’en fiche, j’ai autre chose en tête là. Il me faut trouver ce baron, j’ai mis des semaines à trouver une piste, pas question que ces types me privent de ma douce vengeance, pas même Timothée, tout Roi qu’il est.

Et nous arrivons sur la place centrale, bordée de taverne et auberges chics, une fontaine magnifique en son centre, représentant les filles Soulen. Chanteurs, troubadours et jongleurs sont souvent en train de quémander pièces et applaudissements ici et j’évite d’ordinaire cet endroit, les gens ont trop tendance à me fixer avec curiosité, dégoût ou dédain et je déteste ça. Lorsque je vois le Roi s’installer à une terrasse, je tique et me raidis. Il est sérieux là ? Il m’a demandé de l’accompagner pour boire un coup ? Il se fout de moi en plus. Furieuse, j’enlève mon masque et m’apprête à me mettre le Royaume à dos mais il me devance. Sa tirade me laisse sans voix, encore plus lorsqu’il prend ma main et me tutoies, prenant une voix douce mais un regard douloureux. Et puis il redevient comme avant, me parlant de mission, d’équipe. Et je ne sais pas quoi répondre. Je reste bouche bée et il me semble que certains de ses hommes aussi.

- Que… mais enfin vous voulez quoi ?

Je crie presque et sens ma voix se tendre, mes yeux picoter. Pourquoi cela arrive à chaque fois que je le croise ? Pourquoi il me traite ainsi ? Pourquoi me voit-il comme une Terran, comme quelqu’un de normal alors que je ne suis qu’une assassine, une meurtrière, une âme en peine en quête de revanche, une morte parmi les vivants ?

- Je vous ai dit que je ne pouvais pas ! Je ne peux pas être au Palais, je ne peux pas supporter tout ça d’accord ? Cela me rappelle des choses que je veux oublier. Oui je sais c’est ironique pas vrai ? Mais le Palais, c’est ce qui se rapproche le plus du lieu de mon meurtre d’accord ? Et je n’en peux plus de revivre cette scène encore et encore. Vous n’êtes pas mort, vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait de souffrir atrocement en sentant votre vie vous échapper sans pouvoir rien faire, de vous éteindre en crachant votre sang !

Il s’est figé et je me rends compte que je pleure.

- S’il te plaît Timothée… je... je n’en peux plus.

Pourquoi je craque soudainement ? Parce que cela couve depuis des mois. Des mois à courir après la mort, des mois à tuer, à ne « vivre » que pour ça. Et des mois à me voiler la face. Tuer ne m’apaise pas, c’est même pire à chaque fois. Plus je tue et plus j’ai l’impression de glisser du mauvais côté de la barrière, de rejoindre les ordures que je me tue à exterminer. Mais je n’ai plus rien… rien du tout.

- Tout ça… ça me ronge, vous avez raison, mais c’est tout ce que j’ai. Je ne vous demande pas de comprendre, juste de… je ne sais même pas. Je n’arrive pas à vous comprendre, à vous cerner. Vous êtes si gentil alors que je ne mérite pas ça.

Et comme si j’avais décidé de foutre en l’air ma crédibilité, je fuis lâchement la terrasse et marche à grand pas vers la fontaine ou je m’immerge la tête pendant un moment. L’eau froide m’apaise quelque peu. Je me redresse enfin, trempée. Je sens Timothée dans mon dos et avant qu’il ne dise quoi que ce soit, je prends les devants.

- On va faire équipe, c’est entendu. De toute façon vous n’allez pas en démordre, vous êtes aussi borné que moi, ça au moins j’ai fini par le comprendre. Je veux juste… J’aurai besoin de vous parler après cela, seul à seul. Je ne vous ai pas tout dit, mais je préfère que cela reste entre nous. Pouvez-vous m’accorder ça ?

Lui parler de Kron… je dois vraiment être complètement cinglée… ou  alors j’apprécie ce Roi bien plus que je ne peux me l’imaginer.

Je suis Ylivi jusqu'à la fontaine, pensant qu'elle cherche juste à fuir, et je suis très surpris quand elle met carrément la tête dans l'eau glacé ! Elle en sort finalement au bout d'un moment et m'indique qu'elle m'expliquera tout après. Ma réponse tient en un seul geste, et je lui met mon manteau au-dessus de ses épaules pour ne pas qu'elle prenne froid.

Sans dire un mot nous partons donc de la place pour rejoindre l'entrepôt où se trouve notre cible. C'est un grand édifice sans fenêtre coincé entre deux autres immeubles, d'au moins deux étages. Robert, un membre vétéran de la compagnie du dernier cercle, qui possède un pouvoir lui permettant, en se concentrant de déterminé combien de personnes se trouve dans la zone avec leur position et s'ils ont des intentions hostiles, identifie un être humain et de très nombreux animaux dans la bâtisse.

Mais avant cela, il va falloir éliminer les deux gardes présents devant la porte principal, mais je ne souhaite pas que la jeune femme au masque de renard ai encore plus de sang sur les mains. Je décide donc d'employer la manière douce, enfin plus douce que l'égorgement pur et simple. Je demande donc à Laurence, la plus discrète du groupe, elle est d'ailleurs souvent envoyé en tant qu'éclaireur, de les neutraliser sans les tuer. Grande et mince elle est la discrétion incarné et arrive sans peine à assommer les gardes par derrière sans aucun bruit.

Mais un des gardes inconscient, en tombant, éparpille les pièces de sa bourse, en faisant un grand vacarme dans cette ruelle, auparavant si silencieuse.

Tout en retenant un juron, je décide immédiatement d'enfoncer la porte, avec tous mes gardes pour ne pas que notre proie nous échappe. Aussitôt des cris de bêtes se font entendre, et nous entrons dans une véritable cacophonie, il y a aussi bien des lions que des singes et même un éléphants, tous font un vacarme incroyable.

Je fais signe à mes gardes de se déployer pour trouver le baron, n'ayant pas envie de crier. Nous commençons par fouiller chacune des pièces, et dans l'aile droite, un peu à l'écart et chacun dans des cages différentes, se trouvent les deux chats siamois, les deux perroquets et le singe, tous volé à Noalie Dorkas. Le primate commence d'ailleurs à m'insulter, ajoutant sa voix au bruit déjà infernal !

Nous avons fini de fouiller l'endroit, mais à part les animaux, personne ne vit ici, pourtant Robert avait bien détecté un être humain ! Je lui demande de se concentrer à nouveau, il trouve à nouveau l'homme que nous cherchons, mais plusieurs mètres sous nos pieds, sans doute un passage souterrain avec un accès dissimulé quelque part dans l'entrepôt. Je n'ose regarder Ylivi, car je ne supporterai pas de voir le dépit sur son jolie visage. Je décide donc de jouer le tout pour le tout, et lui prenant la main, j'active mon pouvoir de téléportation, certain qu'à nous deux nous arriverons bien à arrêter ce sinistre individus. Nous atterrissons dans un tunnel de 3 mètres de diamètre, surement une canalisation d'eau usée, d'après l'odeur.

Malheureusement, l’utilisation de mon pouvoir pour déplacer deux personnes m'a complètement épuisé et je tombe au sol, incapable de bouger. Le noble apparais à ce moment, manifestement surpris, mais il le ne perd pas son sang-froid et dégaine immédiatement son épée, il est en plus accompagné de deux énormes molosses, que Robert n'a pas pût détecter à cause du grand nombre d'animaux à proximité. Je suis incapable de me défendre, et c'est donc avec un sourire amer, ressemblant plus à une grimace, que je dis ces quelques mots à la Gorgoroth, en espérant que ce ne seront pas les dernières paroles que je prononcerais:

On dirais que j'ai vraiment merdé sur ce coup-là, désolé, Dame Ylivi.

Parfois la vie fait que tout merde autour de vous. Ce qui est ironique, c’est que la mort ne m’épargne pas non plus, mais me donne des situations intéressantes. Me voilà dans un couloir, face à un type armé d’une épée et deux énormes monstres qui ressemblent plus à des ours qu’à des chiens, tandis que Timothée, probablement épuisé par sa téléportation, gît au sol. Sa remarque me tire un sourire.

- Merdé ? A moitié seulement, il est là non ? Et où est l’intérêt si tout est trop facile ?

Je pose son manteau sur lui remets mon masque pour faire face à la menace. Menace qui me fonce dessus en aboyant. Sur le point de reculer, je me rends compte que cela laisserait Timothée vulnérable. Pestant, j’inspire, canalisant ma magie pour ensuite expirer la sombre brume qui me sert d’écran de protection. Cela m’ennuie que Timothée voit ça, normalement c’est un tour que personne n’a jamais vu, puisque personne n’en ressors vivant. Je vais devoir faire une exception avec lui, encore.
Ma brume recouvre bientôt le couloir et j’en profite pour soulever Timothée et détaler le plus vite possible. Il est un peu lourd mais je parviens sans mal à l’emmener à un croisement. Une sorte de grande salle circulaire d’où part une dizaine de couloir. Je le pose dos au mur, faisant attention à ne pas cogner sa tête et le recouvrant de son manteau, avec un petit sourire moqueur.

- C’est vous qui m’en devez une maintenant.

Les aboiements se rapprochent rapidement. Visiblement les clebs ont compris que la brume n’empêche pas de courir. Je les vois débouler à toute vitesse tt sors trois dagues que je lance vers eux. Une atteint l’un des chiens qui s’écroule en glapissant mais le deuxième fait un bond et mes dagues ricochent sur le sol. La bestiole est rapide, et sa mâchoire est une abomination, trop grande, trop de dents. Mais ce qu’il y a de biens avec les animaux, c’est qu’ils n’essaient pas de feinter, ils vous foncent dessus comme des demeurés. Anticipant sans mal l’attaque du molosse, ma chaine s’enroule autour de lui lorsqu’il saute et il se retrouve complètement ligoté en atterrissant avec un glapissement. Il se débat mais je l’achève au plus vite, ne voulant pas perdre de temps. Le deuxième chien, blessé, se déplace en boitant, babines retroussées tandis que son maître nous rejoint, sans se presser.
Et il se met à parler.

- Ylivi Balderi… une surprise plus qu’inattendue mais qui explique néanmoins certaines choses… Voilà pourquoi mes amis se font massacrer depuis quelques mois, la petite gueuse et revenue d’entre les morts… Je vais me faire un plaisir de t’y renvoyer moi-même.

Il se tourne ensuite vers Timothée.

- Vous me décevez beaucoup mon Suzerain. Fricoter avec des femmes de basse naissance, cela passe encore pour quelques plaisirs, mais avec une Gorgoroth…  Mais ne vous en faites pas, je vais vous en débarrasser ici-même et notre petite altercation ne sera qu’un mauvais souvenir, j’en suis sûr

Balderi… Ce nom ne me dit rien. Le mien pourtant, puisqu’il connaît mon prénom et qui je suis. Savoir que ce type a des informations sur moi me répugne au plus haut point. Il siffle et son molosse se remet à attaquer, m’empêchant de l’atteindre tandis qu’il se dirige tranquillement vers Timothée. Tenter de l’en empêcher me rend stupide et je n’essaie même pas de me débarrasser du chien qui m‘empêche d’arriver avant que la pointe de l’épée de ce salopard ne se pose sur le gorge du Roi. Il siffle et le chien le rejoint en boitillant, la dague toujours planté dans sa cuisse.

- Voilà ce qu’il va se passer. Jette tes armes et le Roi est sauf. Désobéis et mon cher Farda va se régaler. Cela m’ennuierait de tuer le Roi, mais si tu obéis, tu seras la seule à mourir. Enfin à retourner d’où tu n’aurais jamais dû revenir surtout.

Je jure en serrant mes armes jusqu’à ce que mes jointures blanchissent. C’est pour ça que je travaille seule. Bordel ! J’obéis, lançant mes armes vers lui. Mes dagues, ma faucille se trouvent donc à côté de lui et Timothée. Je n’aurai qu’un seul essai… Jamais je n’ai autant prié Kron qu’en cet instant précis. Sifflement, le chient me court dessus, dents en avant et saute, gueule ouverte. Sa mâchoire claque dans le vide tandis que je ramasse ma faucille au pied du baron médusé. Se téléporter est toujours un élément de surprise intéressant bien peu connu. Et Timothée découvre ce tour aussi… merde ! Pas le temps de tergiverser, je dévie la lame du Baron et le combat s’engage entre nous. Contrairement aux nobles habituels, celui-ci manie l’épée avec aisance et je n’arrive pas à ouvrir sa garde. J’évite un coup d’une roulade en arrière, ramassant deux dagues que je lui lance. Il en dévie une, l’autre lui passant au-dessus de la tête. Je me téléporte sur cette dernière, enroulant d’un mouvement du poignet ma chaîne autour de son cou avant de l’entrainer avec moi, le faisant chuter au sol.

Son chien choisi ce moment pour me sauter dessus. Je le cueille avec ma dague qui s’enfonce  dans sa mâchoire, le tuant sur le coup. Mais le baron en profite pour se relever et manque de peu de me couper en deux, créant une large estafilade de mon épaule droite à la hanche opposée. Il pense avoir gagné, habitué aux adversaires vivants mais je lui bondis dessus, le prenant au dépourvu et il s’effondre, lâchant son arme sous le choc. A califourchon sur lui, lame sur sa gorge, sentant mon sang noir et épais suinté par la vilaine blessure, je lâche un rire satisfait.

- Il me semble que vous allez rejoindre Kron avant moi. Souhaitez le bonjour à vos amis.

Je lui tranche la gorge de manière à ce qu’il agonise un peu avant de me relever et de retourner vers le Roi après avoir ramassé toutes mes dagues. J’examine rapidement la blessure. Elle est impressionnante mais superficielle… j’ai la peau dure. Une fois près de Timothée, je retire mon masque, arborant un petit sourire de satisfaction.

- Vous voyez ? Vous n’avez pas tant merdé que ça. Je vais vous aider et nous allons sortir d’ici.

Je l’aide à se relever et me prépare à le soutenir pour ressortir de ses égouts. Une fatigue soudaine me prend. Merde, j’ai un peu abusé avec mes nuits blanches, j’ai utilisé trop de magie. Je me fais violence et avance dans le couloir, soutenant Timothée du mieux que je peux. Encore nous faut-il trouver la sortie.

Je suis stupéfaits par l'étendu des pouvoirs de la jeune Gorgoroth. Je savais déjà qu'elle pouvais bouger son sang, mais là c'est d'un tout autre niveau, elle arrive à créer un nuage de fumée, rien qu'en se concentrant et peut même se téléporter comme moi. Bref, c'est vraiment une femme accomplit dans sa manière de tuer les personnes qu'elle a prises pour cibles.

Je suis bien content d'être à ses côtés, et je me marche péniblement, encore faible après l'utilisation de mon pouvoir. Pourtant au bout de quelques mètres, je suis pris d'une soudaine faiblesse et je m'écroule au sol, entraînant la jeune femme dans ma chute, elle se retrouve sur moi, et je peux m'empêcher de la prendre dans mes bras pour lui dire, d'une voix douce :

Je suis désolé que vous ayez été blessé à cause de moi, désolé de n'avoir pas pût vous protéger, désolé enfin, de ne pas pouvoir vous aidez autant que vous le méritez. Grâce à vous, j'ai réussis à surmonter en partie ma dépression, j'ai pût voir les choses sous un angle nouveau et combattre pour une juste cause. Vous avez tellement fait pour moi, que je ne pourrais jamais m'acquitter de ma quête. Aujourd'hui, pour la première fois que je vous connais, vous avez préféré prendre le risque de perdre votre proie, simplement pour me mettre en sécurité, et je vous en suis infiniment reconnaissant.

Je laisse partir Ylivi avec regret, et j'essaye de m’asseoir le plus confortablement possible contre le mur, tentative qui ne sera jamais couronné de succès, je le sais d'avance, mais je sens au fond de moi, que je ne pourrais pas faire un pas de plus. Après l'avoir regardé attentivement, je lui tend mon manteau :

Dame Balderi, je vous appelle ainsi car je connais enfin votre nom, je pense qu'il vaut mieux que vous récupériez mon manteau, votre tenue est à nouveau déchiré. Je ne pense pas que nous devrions bouger d'ici pour le moment, mes hommes sont à ma recherche et Robert, celui qui possède le pouvoir de localisation, peux connaître notre position en permanence. J'en profite pour saluer votre force, je savais déjà que vous étiez une combattante d'exception, mais vous êtes bien plus que cela, et le pauvre Barin Vinuir s'en est rendu compte. Je n'ai pas connu l'ancienne Ylivi, et je m'en moque, j'ai bien compris que votre passage vous a changé, mais ce que j'apprécie, c'est justement votre nouvelle personnalité. Vous n'avez peur de rien et rien ne vous effraie, de plus, vous êtes complètement imprévisible, et pour moi, qui a souvent tendance à remuer des idées noires sans fin sur ma vie, c'est très important.

Je m'arrête de parler un moment, pour reprendre mon souffle, çà va un peu mieux, et je sens mes forces revenir, mais qu'est-ce que j'aimerais un verre ! La prochaine que je me téléporte, ce sera avec une bouteille pleine de vin de Cimmeria ! Cette pensé me fais sourire, et c'est donc d'un ton joyeux, que je pose ma dernière question :

Lorsque nous étions à la place avec à la fontaine, vous m'avez indiqué que vous ne m'aviez pas tout dit, et que vous vouliez me parler seul à seul, je pense que nous avons là, le lieu et le moment idéal, qu'en pensez-vous ?

Je fini ma phrase d'un ton parfaitement décontracté, ne voulant pas lui mettre la pression. Si elle ne veut pas en parler maintenant, j'attendrai, étant d'un naturel patient avec les femmes.

Je marche péniblement en soutenant Timothée de mon mieux dans un des longs couloirs que forment le labyrinthe de canalisations sous la ville. Je commence un peu à me demander si nous arriverons à sortir un jour lorsque Timothée vacille et s’effondre en m’entraînant au sol. Je me retrouve sur son torse. Alors que je veux me dégager, il me prend dans ses bras. Ce simple geste me fige et ce qu’il me dit me tétanise complètement. Je n’arrive pas à me retenir de trembler, complètement choquée par ce qu’il me raconte.

Lorsqu’il se dégage enfin pour s’asseoir dos au mur, je reste plantée là, à genoux sur le sol, ne sachant pas trop quoi dire ou faire. Il reprend son monologue et si j’avais encore du sang dans les veines et un cœur qui bat, je serai devenue rouge pivoine en ce moment précis tant il exagère. Je mets un moment avant de réussir à articuler quelque chose, ouvrant et refermant plusieurs fois la bouche sans faire le moindre son. Il faut qu’il me pose la question fatidique pour que mon corps s’électrise un tant soit peu et que je reprenne contenance. En cet instant, j’aimerais tellement que mon cœur batte pour avoir une idée de la vitesse à laquelle il martèlerait ma poitrine.

J’observe le Roi un moment, étudiant son visage et son air fatigué. Et cela me saute aux yeux, mais je refuse l’évidence, c’est trop d’ennuis. Mais puisqu’il ne désire pas bouger d’ici, je ne vais pas aller à l’encontre de son avis. Je laisse tomber. Je me rapproche du Roi et m’adosse contre son torse, assise sur le sol, ramenant le manteau sur nous. Je le sens se tendre et cela me fait sourire.

- Désolé… j’ai froid.

Sacré mensonge, mais bon, il ne peut pas savoir que je ne ressens presque pas le froid. Sa chaleur corporelle par contre me fait du bien, donc je ne suis pas si loin de la vérité. J’inspire un coup avant de répondre à tout ce qu’il vient de dire.

- Vous n’avez pas à être désolé pour moi. Si je suis blessée, c’est par ma faute, pas la vôtre, ne vous mettez pas tout sur le dos, vous en avez déjà assez à porter sur vos seules épaules. Je suis navrée pour votre femme, j’imagine qu’elle vous manque, mais ne faites pas comme moi, ne vous laissez pas consumer par la haine ou la tristesse. Vous êtes le Roi, vous avez un devoir envers d’autres contrairement à moi. Et vous êtes quelqu’un de bien. Et si je vous ai sauvé… vous devriez pouvoir comprendre pourquoi par vous-même.

Je sens un léger frisson me parcourir. Il semble que je vais bientôt sombrer, je commence à sentir cette léthargie si particulière m’envahir. Alors je me hâte de lui parler, avant de perdre le courage de le faire.

- Ce que je vais vous dire va sans doute vous faire penser que je suis cinglée mais tant pis. Le jour de mon réveil, j’ai entendu une voix. Et depuis, elle me guide, me parle. J’ai d’étranges visions également, dans une mer de brume où je parle à une silhouette étrange, c’est pour ça que parfois je tombe dans une espèce de coma profond. Je pense que… que Kron m’a choisi. Pourquoi, je ne sais pas, mais cette voix, mon retour parmi les vivants, les visions, tout ça… Je pense qu’il veut quelque chose de moi.

Je lâche un petit rire étouffée.

- Vous m’aurez vraiment fait tout dire, c’est incroyable. Qui aurait cru que j’apprécierai la compagnie et les conversations d’un souverain… et que je me confierai à lui…

Je me tords le cou pour le regarder, un léger sourire sur le visage avant de reposer ma tête contre lui, la léthargie me gagnant et je me sens partir.

- Une dernière chose… ne m’appelez pas Dame… appelez-moi Ylivi…Timothée.

De nouveau cette brume. Je me retourne et aperçoit la silhouette qui, comme à son habitude, est assise face à une chaise vide. Je m’assois face à elle et attend. La voix s’élève, la même qu’à chaque fois, semblant venir de partout à la fois.

« Ta vengeance se concrétise. Mais ton désir n’est plus le même n’est-ce pas ? »

« J’imagine. Je me suis voilée la face tout ce temps ? »

Un léger soubresaut me fait penser que la silhouette sourit ou rigole silencieusement, mais impossible d’en être certaine.

« Une seconde chance t’as été accordée, utilise-la comme tu le souhaites. Cependant… n’oublie pas que tes actions peuvent avoir des répercussions. D’autant plus chez les vivants. »

« Qu’attendez-vous de moi ? J’en ai assez de vos énigmes ! »

De nouveau ce mouvement qui me fait penser à un sourire.

« Il y a une raison à ton retour. Tu sauras le moment venu »

« C’est parfaitement ridicule ! »

Un rire… j’imagine que c’est un rire. Que suis-je supposée faire, pour l’amour de Kron ?!

Je suis mal à l'aise quand la jeune femme se rapproche de moi, mais je ne peux m'empêcher d'éprouver un certain plaisir à l'avoir tout contre mon corps. Elle me parle alors de sa relation avec Kron et du fait que le dieu de la mort l'a choisi, je lui réponds en souriant:

Bien sût que Kron vous a choisit ! C'est un fais avéré que les Gorgoroth sont ramené par Kron, d'aussi loin que les archives portent, il est consigné ce genre de miracle et les personnes ramené à la vie ont autant de droit légaux que les autres, ce sont des citoyens qui ont le droit de trouver le bonheur comme chacun. Je ne savais pas que Kron vous contactais directement, mais ça ne m'étonne pas, est-ce lui qui vous a demandé de me protéger ?

J'espère de tout cœur que ce n'est pas le cas, et que c'est une décision personnel, je serais extrêmement déçus de n'être qu'une partie de mission que cette jolie jeune fille a dût accomplir par obligation. Chassant cette pensée de mon esprit, je continue à lui parler:

Dame Ylivi, pardon Ylivi, puisque vous m'y autorisé, je suis extrêmement flatté que vous pensiez que je suis quelqu'un de bien, mais je n'ai encore rien fais pour mériter cela, j'essaye tout les jours de faire ce que je peux, mais me lever chaque matin est encore une épreuve. Pourtant, c'est plus facile depuis que je vous ai rencontrez, vous m'avez fourni une raison d'affronter le monde, c'est vous qui êtes quelqu'un de bien, pas moi.

Après cette mission, je souhaiterais vivement vous inviter à dîner, juste nous deux, ce sera ma première fois que j'inviterai une femme pour un repas en tête à tête, depuis la mort de Mathilde, alors soyez indulgent envers moi. Nous pourrons ainsi bénéficier d'un instant de calme dans nos vies, je pense que nous en avons besoin tous les deux.

Mais je ne sais pas si la demoiselle a entendu cette dernière phrase, car elle c'est évanouis. Je m'inquiète pour elle, mais sa blessure ne semblait pas si grave, et je pense qu'elle se réveillera bientôt. Le problème, c'est que je ne peux pas sentir son pouls ou même savoir si elle respire, tout ce qui me reste à faire, c'est prier Kron, pour qu'il me la ramène encore une fois.

J'ai à peine commencer mes prières quand j’entends des bruits au fond du couloir, et je vois enfin arriver ce que j'attendais avec impatience, mes hommes qui arrive en courant dans notre direction, Robert, le soldat de la compagnie du Dernier Cercle et qui possède le pouvoir de localisation, est en tête et guide les autres vétérans du régiment.

Jean le soigneur et également l'ainé du groupe, se précipite vers moi, mais je lui dis de d'abord s'occuper de la blessé, il le fais en maugréant comme d'habitude, en m'indiquant qu'il faudrait que cette jeune personne arrête de se blesser, il a déjà utiliser plusieurs dizaines de mètres de bandages pour la soigner ! Je souris en entendant ces paroles, somme toute assez justifier, mais je connais la jeune femme et sa volonté, et ce n'est pas parce que je lui ordonne d'arrêter de se battre qu'elle va m'écouter.

Une fois bandé, je prends Ylivi toujours inconsciente dans mes bras, et nous revenons tous ensemble au château. Mes troupes resté sur place, ont déjà formé un convoi avec les animaux volé à Noalie Dorkas, c'est donc un curieux cortège que nous formons, moi avec cinquante gardes et portant une jeune fille, encadrant plusieurs chariots contenant un lion, deux perroquets, deux chats siamois pur race, et un singe qui continue d'insulter chaque passants que nous croisons. Le voyage du retour, me semble donc particulièrement long et j'ai hâte de mettre la jeune femme en sécurité dans une chambre confortable, même si la pièce qu'elle a choisis se trouve complètement excentré par rapport aux chambres des autres invités, comme elle l'a demandé.

Enfin, nous passons les portes du palais et c'est avec soulagement, que j'allonge Ylivi dans son lit, avant de la border avec une couverture bien chaude, pour ne pas qu'elle prenne froid. Je reste quelques minutes à la contempler, avant de me secouer littéralement et descendre voir la marchande d'animaux. Cette dernière est encore faible et je lui propose de rester quelques jours à Hesperia, afin de se remettre complètement de ces blessures. Elle accepte avec reconnaissance, et je lui indique nous avons retrouvé tous ces animaux et qu'ils seront prêt pour le voyage.