EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres

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MessageSujet: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 1 Sep - 21:51


LA FIÈVRE DE CENDRES
   EVENT - Amaryl, le coeur de la connaissance

 
◈ CONTEXTE ◈

Amaryl fut surnommée la cité maudite pour des raisons funestes ; Jadis, une maladie inconnue, invisible et meurtrière, éradiqua en cent ans la population de la ville. Et si la ville avait retrouvée non pas une population luxuriante mais un renouveau prospère, elle pourrait de nouveau être secouée par l’effroi.

Les érudits, depuis leurs masures, se font discrets, mais n’ont pourtant pas cessés de travailler sur la nouvelle maladie. Le conseil et son dirigeant, Dim le sage, travaillent d’arrache-pied pour comprendre l’origine de la maladie. Des nuits longues à relire des ouvrages anciens sur la médecine et les grands maux des siècles passés pour enfin savoir comment la fièvre agissait sur le corps. Des études complexes aux résultats encore incertains.

Heureusement pour les savants en quête de calme, la ville maudite ne fut pas prisée par les malades ; certains eurent le malheur de l’attraper, mais les foules ne s’y bousculaient pas. Seuls quelques érudits accomplirent le chemin jusqu’à la ville pour partager leurs savoirs, des informations, ou même venir chercher des réponses.

Si vous vous trouvez à Amaryl, vous serez face à un sanctuaire de la connaissance, encore vierge de l’afflux des malades. Mais, même si la ville ne connait pas l’agitation des autres lieux de rassemblements, vous pouvez rapidement remarquer qu’il règne une certaine tension. Le conseil eclaris auraient été touché par un cas de fièvre, et l’inquiétude commence à ronger la stabilité des sages.
Toutes les réponses sont les bienvenus, tout comme les soignants. Quelque soit les raisons qui vous poussent à rejoindre Amaryl, vous y trouverez rapidement votre place.


◈ LES RÈGLES ◈


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  • Tous les postes écrits sur ce sujet rapportent des points pour le décompte final. Il n'est pas nécessaire que le sujet soit clos: le décompte aura lieu à la fin de chaque semaine.

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Bon jeu à tous !

 



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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 7 Fév - 22:50

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Première partie
Les deux mains frottant ses tempes, Phyrra réfléchissait malgré la migraine qui l’avait assaillie un peu plus tôt. Les soleils s’étaient couchés depuis longtemps et la pièce était presque entièrement plongée dans le noir, à l’exception de ces bougies éclairant son espace de travail. Lasse, la sindarine soupira longuement. Son large bureau était encombré de dizaines de grimoires et de parchemins de tout genre. Certains se trouvaient même au sol, tombé sans que l’érudite prenne le temps de les ramasser. Penchée sur le lourd meuble, la prêtresse avait plutôt les yeux fermés, concentré sur un ouvrage qu’elle n’avait pas la chance d’avoir ici avec elle. Elle était en fait plongée dans des souvenirs d’une précision extraordinaire, malgré la douleur qui tambourinait de plus en plus fort dans son crâne.  

Cette foutue fièvre était un vrai casse-tête. De plus en plus de personnes étaient atteintes, et même si tout Istheria cherchait des solutions pour en venir à bout, aucun véritable remède n’avait encore été trouvé. Quelques rares mages pouvaient guérir, au prix de terribles efforts, certains malades en expulsant l’affection de leur corps, mais ceux-ci n’étaient pas assez nombreux pour venir en aide à cette proportion de plus en plus grande de la population qui était touchée. Transmissible par contact direct, les soignants se retrouvaient souvent eux-mêmes alités, et plusieurs personnes refusaient maintenant de travailler auprès des atteints, même si des protocoles de précautions avaient été mis en place. L’une de ses prêtresses guérisseuses, Neiya, avait par exemple attrapé deux fois cette maudite fièvre. Comme elle faisait partie de ces rares personnes pouvant soigner la maladie, elle avait pu bénéficier chaque fois du traitement éprouvant d’un éclaris qui avait un pouvoir semblable. Cependant, celle-ci était dorénavant si effrayée à l’idée de toucher de nouveaux malades qu’elle n’osait plus s’aventurer dans les centres de soin, là où sa présence était pourtant essentielle. Pourtant, Phyrra ne pouvait pas lui en vouloir. C’est vrai qu’elle déplorait la lâcheté de la jeune femme, découragée par la tâche qui semblait de plus en plus titanesque. Cependant, l’idée de mourir comme ça, brûlé de l’intérieur par une fièvre incurable, l’effrayait elle-même plus qu’elle ne l’aurait admis. Elle-même ne s’aventurait pas souvent auprès des malades. Elle avait pourtant des connaissances en médecine au moins comparable à celles d’un médecin terran ou yorka, mais elle avait vite compris que ce n’était pas comme ça qu’elle serait la plus utile, mais en coulisse, parallèlement aux éclaris, à chercher des solutions là où les non-croyants ne chercheraient pas. Ainsi voyait-elle son rôle de Haute-Prêtresse de Ténéis.  

Si la majorité des centres de soins aménagés à Amaryl pour recevoir les malades affluant de tout le pays étaient contrôlés par les éclaris, Phyrra avait eu bien peu de difficulté à convaincre l’intendant d’en confier quelques-uns aux soins de ses prêtres. Les érudits, bien que se considérant souvent comme plus intelligents que les croyants, étaient suffisamment débordés pour accueillir sans broncher l’aide provenant du temple de la déesse des connaissances. Amaryl disposait pourtant de cet avantage unique d’avoir de nombreux bâtiments vides pour accueillir les malades, mais également d’une population qui, sans être nombreuse, était toutefois suffisante et surtout, assez éduquée pour prendre part aux soins des malades. Cependant, ces derniers augmentaient inexorablement et toute aide s’avéra bientôt impossible à refuser. Phyrra avait beau déplorer l’attitude de certains de ses membres, elle avait pourtant autrefois fait partie de cette caste d’érudit et elle était encore proche d’eux. Ainsi, Phyrra put mener diverses expériences auprès des atteints consentants pour tenter de trouver une manière de les sauver. Elle n’avait pas tardé, de concert avec les éclaris, à communiquer l’information selon laquelle la chaleur retardait de manière plutôt considérable l’avancée de cette mortelle maladie. Pour l’héritière de Ténéis, il semblait si important de donner du temps aux malades !  

Elle avait reçu il y avait maintenant de longs mois une convocation à se rendre au Haut-Monastère, à l’invitation de ce nouveau Haut-Prêtre de Delil. Si la sindarine était curieuse de connaître l’élu du dieu protecteur de son peuple, elle n’avait toutefois pas cru bon de quitter le fief de la connaissance qu’était Amaryl. Elle y avait malgré tout envoyé quelques représentants qui étaient revenus avec des informations fort intéressantes, bien qu’un peu contradictoires avec ce que les sudistes avaient découvert de leur côté. Ceux-ci avaient choisi de soulager les malades par le froid et les remèdes. Elle comprenait bien entendu que ces découvertes soulageant les symptômes avaient été découvertes avant les informations sur les effets de la chaleur, mais la prêtresse convenait mal que les gélovigiens, une fois ces informations en mains, préféraient encore mettre un pansement plutôt que de chercher à guérir la blessure. Le soulagement de la souffrance avait semblé plus important aux gélovigiens que la possibilité de garder plus de gens en vie. Comme cela avait souvent été le cas ces dernières années, Phyrra s’était sentie bien différente de ses comparses croyants, elle qui, comme les éclaris, croyait fermement qu’un remède serait trouvé. Si c’était le cas, alors qu’importait une plus longue souffrance ? Ces gens pourraient retrouver une vie normale, mais pour cela, ils devaient demeurer en vie, malgré l’épreuve intenable qui les tenaillait.

Son esprit fatigué vagabonda vers les derniers symptômes de la fièvre des cendres qui l’intriguait tout particulièrement. En fait, c’était cette ombre qui apparaissait lors des derniers mois des malades qui l’intriguait le plus, celle qu’on appelait l’ombre de cendre. L’ouvrage qu’elle relisait mentalement avec l’espoir d’y repérer des indices probants était ce qui ressemblait beaucoup à une légende, écrite dans un ouvrage très particulier qu’elle avait un jour trouvé dans les ruines de Lokram. Sa couverture était faite d’écailles véritables qui ne semblaient appartenir à aucune espèce vivante actuellement en Istheria. Remarquablement conservé, il était écrit dans une langue nomade aujourd’hui presque entièrement disparue. Phyrra l’avait traduit elle-même après de longs mois de travail et retranscrit en isthar pour le rendre disponible à la bibliothèque du grand temple. Aujourd’hui, toutefois, c’était sur la version originale qu’elle tentait de travailler, ayant l’impression que certaines informations lui avaient échappé à l’époque. Il s’agissait du récit d’un homme qui, ne pouvant s’arrêter de marcher, avait traversé un désert de cendre dans lequel il faisait de plus en plus chaud. Après avoir traversé une oasis qui lui avait donné l’impression de revivre, il avait replongé dans la chaleur et s’était retrouvé à marcher vers le cœur d’un volcan, souffrant d’une température inimaginable.  

« Plein de flammes au fond de homme. Mort ici. Mort immobile qui poursuit marcheur pour toujours depuis oasis.  
Proche. Encore plus. Encore plus. Immobile touche homme. Homme devient flammes, puis cendres. Cendres infinie avec autres marcheurs. »


Tout cela semblait très étrange à Phyrra. Elle avait l’impression de lire en ces lignes une métaphore de la Fièvre des Cendres. En premier, il y avait cette marche dans un désert de plus en plus chaud, pouvant représenter le début de la maladie, alors que la fièvre s’emparait des malades en augmentant sans cesse. Au départ, l’homme et ses proches tentaient toute sorte de chose pour qu’il arrête de marcher, à l’image des soigneurs qui tentaient de faire baisser la fièvre. On disait que ceux qui entrait en contact avec lui commençaient eux aussi leur inexorable marche dans le désert. Puis, il y avait l’oasis, qui pouvait représenter la seconde phase, durant laquelle les patients se retrouvaient dans une sorte de rémission. Finalement, il y avait cette descente dans le volcan, accompagné de ce mort qui ne bougeait pas, mais qui le suivait, à l’image de ce que décrivaient les malades lorsqu’ils parlaient de l’ombre de cendre. On y rapportait la souffrance, le délire, le désir que tout s’arrête. Puis, l’homme était touché par le mort et il se consumait, à l’image des malades tués par la maladie fébrile. Le fait qu’une métaphore aussi précise soit écrite dans un livre aussi ancien semblait invraisemblable, et pourtant Phyrra était certaine qu’il ne s’agissait pas d’un hasard.

Phyrra croyait pourtant qu’elle avait fait au moins une erreur. Traduire était un exercice laborieux, et personne aujourd’hui ne parlait la langue qu’elle tentait de déchiffrer. Le mot pour « mort » avait été l’un des plus faciles à traduire, car il s’agissait d’un mot extrêmement reconnaissable dans énormément de langues, qui avaient souvent des points communs. Cependant, cette langue donnait souvent beaucoup de significations différentes pour le même mot. Ainsi, l’équivalent de Kron, le fait de mourir, la mort elle-même, mais aussi le mal, les spectres, les cadavres, tout cela se résumait dans cette langue par un seul mot : Nazr. Elle avait eu plus de mal avec le mot pour cendre, alors que celui pour flamme, lui aussi facile à repérer, avait surtout posé des problèmes une fois mis en contexte, puisque le même mot servait au vocabulaire relatif aux flammes, mais aussi à la chaleur. Que pouvait cacher d’autre ce récit étrange ? Quel message avait voulu passer l’auteur en écrivant cela ? Pourquoi n’avait-il pas signé sa réalisation ? Était-ce un avertissement pour les générations futures ?

C’est sur ces questionnements que la prêtresse, sans même s’en rendre compte, s’endormit, la tête sur son bureau. Ténéis lui apporterait-elle une réponse lors de son sommeil ?

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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMer 10 Fév - 13:37

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Deuxième partie
Phyrra avait l’impression de voler. Elle se trouvait dans un immense désert grisâtre surplombé d’un ciel rougeoyant. Suffisamment en hauteur, la prêtresse ne ressentait pas la chaleur de la terre et n’était pas incommodée par la poussière qui s’élevait sporadiquement du sol accidenté. Elle voyait pourtant sans aucun mal des hommes, femmes et enfants de toutes races marcher dans ce désert, tous dans la même direction. Certains étaient immobiles, mais immanquablement, dès qu’un de ceux qui marchaient les touchait, ils se mettaient eux aussi à marcher dans ce désert de cendre. Phyrra avait sans doute l’esprit trop embrouillé pour se rendre compte qu’elle rêvait. C’était sans doute parce qu’elle dormait qu’elle ne nota pas la ressemblance entre cette vision et le texte qu’elle lisait avant de s’endormir, même si le parallèle était évident. En fait, elle savait qu’elle était dans une représentation de la fièvre, comme ces choses qu’on sait parfois dans les rêves sans savoir d’où vient l’information.

Ainsi dans les airs, sans vraiment avoir conscience de son corps, la prêtresse observait le défilement infini des marcheurs, cherchant quelque chose sans vraiment savoir quoi. En fait, elle en savait déjà beaucoup sur ce qu’elle voyait, mais elle avait l’impression que quelque chose lui échappait. Il fallut un moment à la sindarine pour comprendre ce qui clochait. Contrairement au récit dans le livre, sa vision témoignait de quelques exceptions à cette règle de contact corporel. En effet, même si certains touchaient les malades, ils demeuraient immobiles, ne se mettant pas à marcher avec les autres. Cela concordait avec certaines observations que son temple et les éclaris lui avaient rapportées. En effet, il semblait qu’une poignée de personnes étaient immunisées contre la fièvre. Ils avaient beau toucher à de multiples reprises les malades, passer des heures à leur administrer des décoctions, jamais ils n’eurent de symptômes de la fièvre. Que cela voulait-il dire ? La transmission se faisait à un rythme effarant, et Phyrra avait devant elle un portait affolant de ce qui attendait Istheria. Plus il y avait de malades, et plus ceux qui ne l’étaient pas encore avaient de risque d’être infecté. Cependant, certaines personnes demeuraient immunisées malgré les contacts répétés. Après un rapide calcul, Phyrra en vint à la conclusion qu’environ cinq pour cent de la population était immunisé.  

C’est alors que la vision changea brusquement. Elle se retrouva devant cette grande oasis, celle qui représentait la courte phase de rémission des malades. Cependant, une chose importante avait changé. À l’extrémité de l’oasis, juste avant que les marcheurs ne s’enfoncent dans le volcan, une chaine humaine avait été créée. Il s’agissait, la prêtresse en était certaine, de personnes immunisées, car malgré qu’une tonne de malades leur fonçait dessus, aucun d’entre eux de se mettait à marcher. Véritable muraille, ce petit pourcentage de la population semblait capable de maintenir les marcheurs dans l’oasis. Certains passaient malgré tout à travers les mailles du filet, et ceux-ci semblaient alors condamnés aux flammes et à la cendre, car les immunisés ne tentaient pas de les rattraper. Par contre, ils faisaient tout en leur pouvoir pour que le moins de personnes possible passent. Il semblait évident à Phyrra que ces immunisés détenaient la solution, mais si ce qu’elle voyait était une métaphore de la réalité, alors elle n’en comprenait pas le message. Quelque chose lui échappait, quelque chose qui...

******

De vigoureux coups à la porte de son bureau réveillèrent Phyrra en sursaut.  

- Entrez ! s’exclama-t-elle en se réveillant, presque par réflexe.

Une jeune terranne d’une vingtaine d’années ouvrit donc la porte, et elle posa un regard réprobateur sur la haute-prêtresse. Derrière elle, Phyrra pouvait voir Khinem, le sindarin de la légion des astars qui l’accompagnait partout. Celui-ci semblait épuisé, même s’il veillait à ne pas le laisser paraître. Il avait probablement passé la nuit à surveiller la porte de son bureau, puisque son rôle était de la protéger, en tant que sage des dix du conseil de Canopée. Les dernières traces de son rêve s’effacèrent de son cerveau alors qu’elle reprenait contact avec la réalité. Regardant son bureau, elle remarqua que de nombreuses bougies s’étaient éteintes d’elles-mêmes. D’autres brûlaient encore, et certaines avaient étendu de la cire sur des documents précieux. Se maudissant, la Haute-Prêtresse éteignit prestement les bougies restantes et se leva d’un bond. En quelques mouvements rapides, elle entreprit de défroisser ses vêtements en passant ses mains dessus tout en changeant rapidement de coiffure, adoptant instinctivement de crépus cheveux blancs.

Lorsqu’elle arriva devant l’autre prêtresse, l’héritière des connaissances avait à peu près repris contenance, même si ses petits yeux témoignaient d’un sommeil pas si lointain. La terranne s’inclina devant sa supérieure, non pas sans lui lancer un regard désapprobateur. Isemay était prêtresse de Ténéis depuis à peine quelques années, mais il avait fallu peu de temps à la sindarine pour l’apprécier, assez pour qu’elle en fasse son assistante personnelle. Dynamique et franche, la jeune femme n’hésitait jamais à dire les choses en face et avait un esprit d’une grande logique. Aujourd’hui, cependant, elle ne semblait pas de très bonne humeur, et ses yeux brillaient de reproche envers sa Haute-Prêtresse.  

– Ma Dame, vous ne devriez pas veiller si tard. Vous êtes dans un état épouvantable !

La sindarine soupira, n’ayant pas d’autre choix que d’être d’accord avec sa subordonnée. Pourtant...

– Je n’ai pas vraiment le choix, ma chère. On attend de moi des réponses.

– C’est vous qui dirigez la cérémonie, aujourd’hui, je vous rappelle, dit-elle sans s’occuper des excuses de sa supérieure. Vous avez vingt minutes pour vous préparer.

– Oh, mon enfant, que ferais-je sans toi ?  dit Phyrra en riant. Khinem, dit-elle ensuite en s’adressant au sindarin gardant la porte, profites-en pour dormir, je demanderai à Leffëna de te remplacer.  

Sans plus attendre, la sindarine aux yeux dorés quitta la pièce pour aller se préparer et enfiler sa tenue de haute prêtresse pour la cérémonie du matin. Alors que, debout devant une glace, elle choisissait sa coiffure du matin, son rêve lui revint en tête. Elle laissa alors retomber ses cheveux d’un coup en activant son pouvoir de mémoire, et elle s’assura de repasser dans sa tête, comme un film, l’entièreté de ce dont elle se souvenait pour être certaine de ne plus jamais l’oublier. Elle n’avait toutefois pas le temps de s’attarder à ces questionnements, car elle devait présider la cérémonie. En ces temps troublés, il était important que le Temple dégage l’unicité et l’empathie, et elle tenait à rassurer ceux qui étaient en état de venir assister à la prière. Après tout, Ténéis ne l’avait jamais laissé tomber, son rêve étrange en étant une autre preuve. N’était-ce pas la déesse qui lui apportait ainsi réponses à ses questions, tout en restant fidèle à elle-même en lui laissant tirer ses propres conclusions ? Phyrra n’avait aucun doute que sa déesse ne la laisserait pas prendre le mauvais chemin. Pas plus qu’elle, elle ne souhaitait la fin des isthériens.  

*****


– Je vous ai réuni en ce jour, car j’ai de nouveaux éléments à vous partager.  

La cérémonie avait pris fin depuis plusieurs heures. Elle avait eu lieu à l’extérieur du temple, devant la statue de la déesse, pour tenter d’éviter que trop de gens entrent en contact en ces temps troublés. Ils avaient ensemble prié pour que la déesse des connaissances leur apporte les réponses à cette fièvre et les aide à trouver un remède. Après cette revigorante cérémonie, Phyrra n’était pas restée oisive et avait rapidement fait porter quelques missives à travers la ville. Dans l’une des salles du temple, la représentante de Ténéis avait convié une dizaine de personnes, toutes recommandées par des gens de confiance. À sa gauche se trouvait Pergys, un prêtre yorka d’une soixantaine d’années et Yldros, un terran éclari. À sa droite, Isemay et une sylphide du nom de Hehtha qui faisait elle aussi partie de la caste des érudits. Leur faisaient face six personnes du peuple dont le seul point commun était qu’ils travaillaient tous depuis de longs mois auprès des malades de la fièvre de cendre. Dans l’ombre, Khinem se faisait discret, présent uniquement pour assurer la protection de sa protégée. La haute-prêtresse reprise la parole, tous les yeux fixés sur elle.

– Tout d’abord, je tiens à remercier chacun d’entre vous d’avoir si rapidement répondu à mon appel. Comme vous le savez peut-être déjà, un certain nombre de personnes semble immunisé à la fièvre. Vous en faites certainement partie. J’estime qu’environ une personne sur mille fait partie des immunisés.  

Comme elle l’avait prévu, personne ne sembla marquer de surprise, même si la mention du pourcentage fit lever un sourcil à la sylphide. Phyrra ne prit toutefois pas le temps d’expliquer d’où lui venait ce chiffre, sachant pertinemment que l’éclari ne la prendrait pas au sérieux. Même si cette information lui provenait d’un rêve, la prêtresse n’avait aucun doute sur sa véracité. Cette dernière n’était d’ailleurs pas très heureuse d’être ici, dans le temple, pour mener cette étude, elle qui méprisait la religion. Elle connaissait toutefois suffisamment Phyrra pour prendre au sérieux ce qu’elle avançait.

– Nous sommes réunis ici pour tenter de comprendre ce qui vous rend différent de ceux qui tombent malades.  

Si personne n’osa faire de commentaire, des regards furtifs s’échangèrent. La prêtresse ne se laissa toutefois pas distraire.  

– Sachez d’abord que ni le sexe, ni la race, ni l’âge de semble avoir d’impact sur l’immunité. Cela pourrait être lié à l’essence divine, mais aucune corrélation claire n’a encore été établie entre l’immunité et la magie. J’aimerais donc, si vous le voulez bien, que nous apprenions à nous connaître, dans le but de trouver des points communs entre vous.  

Cette fois, les regards qui s’échangèrent furent francs. Chacun détaillait les autres, à la recherche d’éléments qui pourraient leur apporter des réponses.

– Sachez qu’Isemay ici présente, ainsi qu’Hehtha, éminente représentante des éclaris, dit-elle en les désignant tour à tour, et moi-même ne sommes pas immunisés, ou du moins nous ne le savons pas, car nous n’avons pas touché de malades. Nous sommes ici pour recueillir l’information que vous nous fournirez. Pergys, c’est à vous.  

Ce dernier, le pas tremblant, s’avança et prit la parole.  

– Je me nomme Pergys, dit-il de sa voix chevrotante, et je suis un yorka-harfang. Je suis né à Hellas, ou j’ai passé toute mon enfance dans une famille de souffleur de verre. J’ai deux sœurs cadettes qui y vivent encore. Il se racla la gorge, et il prit un air plus solennel, montrant l’importance qu’il mettait dans ces déclarations. Mes pouvoirs sont la guérison des blessures par imposition des mains, le contrôle du vent ainsi que l’autoguérison. Dès l’âge de seize ans, je me suis intéressé à la médecine. J’ai étudié auprès des disciples de Kesha avant d’intégrer la faculté Néria. J’ai ensuite voyagé un peu partout dans le monde, jusqu’à recevoir la bénédiction de Ténéis et de faire mes études pour devenir l’un de ses prêtres. C’est ainsi que je suis arrivé à Amaryl, que je n’ai plus quitté depuis.

– Merci, Pergys,
déclara Isemay. À votre tour, s’il vous plait, Yldros.  

Chacun leur tour, les huit immunisés racontèrent leur histoire. C’est avec attention que Phyrra écouta, son pouvoir brillant dans ses yeux. Elle ne prenait pas la peine d’analyser ce qu’elle entendait, se contentant d’assimiler l’information. Maintenir son pouvoir aussi longtemps était exigeant malgré le catalyseur qui brillait dans son cou, et elle ne pouvait se permettre de laisser une réflexion lui faire manquer un bout d’histoire. Elle aurait tout le loisir d’y réfléchir plus tard, une fois le souvenir de ces témoignages enregistrés à jamais dans sa mémoire. À côté d’elle, Hehtha notait furieusement chaque ligne de l’histoire dans un grand carnet, jetant parfois de drôle de regard à Phyrra et Isemay, comme inquiète qu’elles ne prennent pas le temps de noter quoi que ce soit, inconsciente de l’inutilité de la chose pour la haute-prêtresse. Si Isemay n’avait pas la mémoire de Phyrra, elle détenait toutefois un pouvoir extrêmement utile qui lui avait permis de monter les échelons assez rapidement pour faire des jaloux. En effet, la jeune terranne pouvait lire les pensées. Ainsi s’employait-elle actuellement à s’assurer que les immunisés ne cherchaient pas à leur cacher quoi que ce soit, volontairement ou non. Sous l’injonction de Phyrra, elle observait également les réactions des autres face aux témoignages, tentant de découvrir des points communs.  

– Merci, merci de vous être déplacé pour nous en dire plus sur vous. J’ai conscience que vous êtes tous fatigués et que beaucoup de travail vous attend dehors. Malgré tout, si vous le voulez bien, nous vous recontacterons pour d’autres questions lorsque nous aurons analysé tout cela,  déclara Phyrra lorsque la réunion prit fin. Un repas vous est offert par le temple. Pergys vous montrera le chemin , dit-elle en désignant le prêtre.

La prêtresse prit le temps de serrer la main de chacun des visiteurs et de leur adresser, à chacun, une courte prière. Elle avait l’impression de les connaître, avec tout ce qu’ils avaient partagé, et se fit un point d’honneur à saluer chacun d’entre eux par leur nom. Lorsqu’ils eurent tous quitté la pièce, un jeune page entra, distribua boissons et collation et reparti aussi tôt. Dans la pièce ne restait que Phyrra, Isemay, Hehtha et Yldros.

– Maintenant, mettons en commun ce que nous avons appris, déclara Phyrra avec enthousiasme, cachant sa lassitude.

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Dernière édition par Phyrra le Dim 14 Fév - 20:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 14 Fév - 17:00

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Troisième partie
Ils s’étaient tous installé autour d’une grande table, parchemins, feuilles et encres à leur disposition.

– Voyons voir, dit Hehtha d’un air professionnel. La fièvre n’est habituellement pas la cause, mais le résultat de la maladie. Il s’agit normalement d’une réaction de l’organisme pour rendre le corps hostile aux maladies et aux virus. La température normale du corps terran est de 37 degrés Celsius, mais le corps peut augmenter cette température pour se débarrasser de maladies. La sylphide tourna une page de son carnet. On traite communément la fièvre pour l’inconfort qu’elle cause. Les médicaments entrainent d’ordinaire la sudation et la vasodilatation, qui ont pour effet de faire diminuer la température du corps. Ces médicaments semblent cependant inefficaces, ou plutôt insuffisants pour contrer cette fièvre qui, nous en doutons de moins en moins, n’a pas une origine naturelle. Le seul médicament qui semble fonctionner est celui qu’a découvert les deux jeunes hauts-prêtres de Delil et Kesha, mais il ne s’agit que d’un calmant, et non d’un remède. Ici, elle releva la tête pour regarder ses congénères, un air suffisant sur le visage. Qu’elle soit une invention, un signe des dieux ou un résultat de la convergence, il ne s’agit pas ici d’une maladie ordinaire, pas plus que l’était la sarnahroa, même s’il serait étonnant, d’après ce que nous savons, que ceci soit l’œuvre d’un colosse.

Phyrra la toisa, l’air sévère. Elle n’aimait pas beaucoup la sylphide, qui avait toujours cet air dédaigneux sur le visage. Elle était bien entendu une érudite de haut calibre, avait des connaissances poussées dans de nombreux domaines et avait une influence certaine au sein de sa caste, mais cette façon qu’elle avait de laisser croire qu’elle détenait plus d’information que les autres pour se faire valoir agaçait profondément Phyrra. Elle ouvrit sa bouche, prête à lui répondre avec férocité que ni elle, ni personne ici n’avait besoin qu’on lui rappelle l’évolution de cette maudite fièvre. À ses côtés, Isemay posa toutefois une main sur son bras, ayant discrètement approché son banc de celui de la haute-prêtresse. Consciente des pensées de sa supérieure, elle rencontra son regard, et le calme qui s’en dégageait calma aussitôt la sindarine. Était-ce naturel ? La subordonnée prit rapidement la parole pour faire oublier cet écart, s’inclinant légèrement devant l’éclari.  

– Nous vous remercions pour cette analyse, dame Saulli, et cette dernière salua cette intervention d’un mouvement de tête.  

La haute-prêtresse ravala les acerbes commentaires qu’elle avait sur le bout des lèvres et rangea ses sentiments au plus profonds d’elle-même. Hehtha ne manquait toutefois pas de noter l’agacement dans les yeux de la sindarine, trop observatrice pour passer à côté de ce détail, mais ne fit aucun commentaire. Lorsque Phyrra reprit la parole, toutefois, nul signe de cet agacement n’était visible. Avec l’expérience, l’héritière de Ténéis avait appris à mettre de côté ses émotions, même si elle demeurait explosive. Il faut dire que la présence d’Isemay faisait une énorme différence. Lisant les pensées, mais ayant aussi le pouvoir de calmer les esprits, elle avait un discernement rare, et ce n’était pas pour rien qu’elle avait aujourd’hui cette place auprès de Phyrra. Car au fond, peu importe quelle était l’opinion de la religieuse envers sa comparse érudite : elle avait besoin d’elle, de ses connaissances et de son esprit aiguisé. Celle qui lisait dans l’esprit de sa supérieure reprit discrètement sa place, replaçant sa chaise à une distance plus convenable.

– Nous souhaitons donc comprendre ce qui fait en sorte que certaines personnes sont immunisées. La fièvre a démontré sa virulence, et pourtant, certains résistent toujours à son pouvoir destructeur. Après ces témoignages, faites-moi part de vos impressions.  

Yldros était un éclari depuis longtemps un bon moment. Terran âgé d’une cinquantaine d’années, il était avant tout un éminent épidémiologiste qui avait longuement étudié la propagation des maladies. Il était ici à titre d’immunisé, mais aussi parce qu’il faisait partie de ceux qui avait découvert cette particularité. Il avait été recommandé par son supérieur au sein de sa caste, un sindarin que Phyrra connaissait bien et avec lequel elle entretenait une amitié depuis plusieurs dizaines d’années. Lorsqu’il prit la parole, sa voix calme et grave attira inévitablement tous les regards, et il rougit, visiblement intimidé de se trouver devant un tel comité, plus habitué à la solitude de son laboratoire qu’aux grands exposés.  

– En tant qu’immunisé, j’ai fait plusieurs tests pour savoir à quel point j’étais protégé contre ce mal. Même en entrant directement en contact avec le sang contaminé des malades dont la maladie était la plus avancée, je n’ai pu me transmettre la maladie. J’ai poussé d’audace assez loin, dit-il en croisant les bras.  

Les sens aiguisés de la sindarine remarquèrent les traces de piqûre sur ses bras et fut surprise de comprendre que le terran avait tenté de s’injecter la maladie. À voir les multiples petits points qui parsemaient l’intérieur de ses coudes, il n’avait pas fait qu’un seul essai. Il fallait un grand courage pour prendre le risque de tomber malade de la fièvre des cendres simplement pour prouver l’existence des immunisés, et sans aucun doute une bonne dose d’inconscience. Mais après tout, c’était son propre corps, il était libre de mener sur lui-même toutes les expériences qu’il souhaitait, en plus que cela leur offrait une certitude : les immunisés l’étaient bel et bien, de manière complète. Ainsi, ses travaux méritaient le respect, et la haute-prêtresse salua son courage.

– Au nom de Ténéis, je vous remercie pour les efforts mis dans cette quête de connaissance, dit-elle avec une main sur le cœur, signe canopian de sa sincérité.  

Ce fut Isemay qui intervint alors.

– Ils étaient tous effrayés, vous savez, murmura-t-elle avec tristesse. Chacune de ces personnes avait une peur bleue de cette fièvre, alors qu’ils sont pourtant tous immunisés. Ils avaient peur pour leur proche, peur pour les malades qui se battent présentement, peur de l’avenir de notre monde si un remède n’est pas trouvé...

Phyrra, compatissante devant les émotions difficiles que son amie avait endurées, posa une main sur son bras, se voulant rassurante. Isemay releva doucement la tête et lui sourit discrètement.

– C’est pour cela que nous sommes ici, Isemay, dit la haute-prêtresse avec douceur. Nous trouverons un moyen de sauver ces malades, crois-moi.

Hehtha hocha la tête avec aplomb.  

– En effet, mais pour ça, il faut se mettre au travail. Voyons voir... Nous ne connaissons pas l’origine de la maladie, ce qui n’aide pas à comprendre l’origine des immunisés, bien entendu. Peut-être est-ce une question d'hérédité ? Certaines particularités familiales pourraient-ils protéger certaines personnes ?

– Cela m’est aussi passé par l’esprit, mentionna Phyrra. Si certains ont des ancêtres qui ont dû se défendre contre cette maladie, ou plus probablement une autre version de celle-ci, et que ces derniers ont survécu, ils ont très bien pu transmettre cette immunité à leurs descendants.  

– Ce n’est pas impossible, mais c’est plutôt improbable. Les gens que nous avons interrogés provenaient de chaque recoin d’Istheria. Si c’était le cas, une grande proportion d’immunisé se trouverait au même endroit, même après autant de temps. La sédentarité ne date pas d’hier.  

– Vous avez raison, Yldros, sauf que plusieurs choses peuvent influencer la migration. La guerre de Taulmaril, l’éruption de Neicic ou le réveil du colosse d’El’Bahari ne sont que les exemples les plus récents de ce qui a entrainé des migrations de masse. L’immunité a ainsi pu se transmettre de génération en génération et se propager à travers Istheria sans que le foyer de cette immunité soit encore existant. Cela dit, c’est une piste à explorer. Il faudra s’informer pour savoir si certains endroits sont encore épargnés par la fièvre, en totalité ou, du moins, en grande partie.  

– Ce serait judicieux, commenta Hehtha. De notre côté, dit-elle en regardant Yldros, nous pourrions tenter d’étudier l'arbre généalogique de nos immunisés à la masure. Nous avons des moyens qui pourraient nous permettre de trouver un lien entre ces personnes.

– C’est parfait, nous reviendrons donc là-dessus lors de notre prochaine rencontre, dit Phyrra, de plus en plus lasse. Autre chose ?

– De ce que nous en savons, cette maladie pourrait également être une création récente, fit remarquer Hehtha. Dans ce cas, un passé commun n’expliquerait pas cette immunité.  

– Il est vrai que cette maladie s’est propagée de manière étrange, provoquant des éclosions dans divers lieux à travers le monde au même moment, sans que ces lieux n’aient de lien entre elles, ajouta Yldros.  

– Ceci dit, nous avons tous sous-estimé cette fièvre, au départ. Cela lui a malheureusement donné l’occasion de se propager sans alerter les foules, qu’elle soit naturelle ou pas, lui répondit la sylphide.

– C’est vrai, soupira la haute-prêtresse. Cependant, de nombreux éléments portent la population à croire que cette épidémie n’est pas naturelle, et je vous avoue que cette théorie ne me semble pas si farfelue. Se pourrait-il que celui ou celle qui aurait propagé cette maladie ait en même temps diffusé une immunité ? Peut-être pour protéger ceux qu’il ne voulait pas atteindre ?  

– Après tout, il serait étonnant que le but ait été d’anéantir les humanoïdes d’Istheria, commenta Isemay. Ils auront souhaité que certaines personnes survivent, par exemple pour reconstruire le monde dont ils rêvent.  

– On croirait entendre un plan des nérozias, murmura Khinem du fond de la salle, faisant sursauter les érudits.  

L’Astar se redressa en voyant tous les regards tournés vers lui.  

– Oui, enfin, que ce groupe soit réel ou non, il semble que leur but soit de faire tomber l’ordre établi, non ? Une fièvre créée de toute pièce, des gens pour la répandre, et d’autres qui répandent l’immunité à ceux qui le méritent, ou quelque chose comme ça.

– La théorie mérite réflexion, dit Hehtha. Bien joué, oreilles pointues.

Celui-ci se renfrogna, ne faisant plus mine d’intervenir.

– Imaginons que cette théorie soit vraie, déclara Phyrra. Nous savons déjà que la maladie se transmet par le toucher. Comment se transmettrait l’immunité ?

– Nous avons déjà cru que la maladie provenait des insectes. Peut-être est-ce plutôt eux qui transportent l’immunité ? se questionna Isemay.

– De la même manière, qui nous dit que l’immunité n’a qu’une seule origine ? demanda Yldros. Si cette immunité a été créée comme on crée un remède, peut-être que de manières naturelles, des gens ont ingéré certains ingrédients entrant dans la composition de ce qui a créé cette immunité, les protégeant du même coup ?

– Ça me semble un peu tiré par les cheveux. Les mélanges n’ont pas les mêmes effets que leurs ingrédients séparés. Cependant, à ce stade, il vaut mieux ne négliger aucune théorie, même farfelue.  

La réunion se poursuivit pendant encore un bon moment, chacun y allant des théories plus invraisemblables les unes que les autres. Intervention divine, colosse, manigance, origines naturelles, rien n’était écarté pour ce groupe d’érudits. Lorsque, finalement, les soleils se couchèrent, le groupe se sépara, chacun ayant des théories à tester pour trouver l’origine de l’immunité. Phyrra soupira. La journée avait été longue, et d’autres obligations l’attendaient durant cette soirée. Elle se composa un visage joyeux et franchit la porte du bureau. Le temps de se reposer n’était pas encore venu.  

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Dernière édition par Phyrra le Jeu 1 Avr - 12:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 21 Fév - 13:01


LA FIÈVRE DE CENDRES
EVENT - Amaryl, le berceau de l'espoir

◈ CONTEXTE ◈

Avec le concours des Eclaris et du temple de Ténéis, Amaryl serait-elle la cité de tous les espoirs ? Sous l’impulsion de la Haute-Prêtresse de la déesse des connaissances, un conseil s’est formé, et a permis de mettre en lumière les capacités extraordinaires des immunisés.

La position centrale de la ville a permis de mettre en lumière le rôle de la chaleur sur la fièvre : contrairement au froid, qui permet de diminuer les symptômes sans les ralentir, les soleils Argyréens permettent, contre une fièvre plus forte, de ralentir dramatiquement la progression de la maladie. Une aubaine pour les malades, déjà moins nombreux que sur le reste du continent.

Et pour faciliter les choses, la cité maudite, loin d’être hantée par sa funeste histoire, peut reprendre des couleurs, retrouvant avec les malades de possibles habitants. Les demeures encore nombreuses servent aisément de refuges et de points d’encrage pour ceux qui cherchent la guérison ; et les sages de la ville peuvent voir en eux de possible sujets d’études, ou de simple malheureux ayant désespérément d’aide.
Terrain privilégié d’une entraide rare entre les croyants et les érudits, ce témoignage de solidarité est voué a resté gravé dans les âges. Mais cela n’efface pas non plus la terrible nature de la fièvre de cendre, et la triste vérité qui l’accompagne : qu’encore aujourd’hui, aucun remède n’a été trouvé.

Ce n’est pourtant pas ce qui entache la motivation des chercheurs qui, sous l’impulsion de la haute prêtresse Phyrra, s’attaque à l’étude des immunisés, se lançant dans un véritable labyrinthe tant les possibilités sont nombreuses.

Pourtant, quelques éclaris semblent en savoir bien plus qu’ils ne veulent le dire ; Bien plus ? C’est tout de même peu certain. Comme s’ils protégeaient d’un des leurs pour certains, ou qu’ils se refusaient à aborder le sujet pour d’autres, il est certain que ce sont les gardiens de l’intellect qui détiennent une clef de cette histoire. Peut-être un des terrains inviolables que les croyants ne sont pas autorisés à franchir ?

Amaryl se dresse, en ce début de Gleno, comme le dernier rempart contre la fièvre de cendre ; un véritable hameau de paix face à un monde de cendre. Mais est-ce voué à perdurer ? Les situations deviennent inquiétantes, voir critique, ailleurs dans le monde, et tous savent très bien qu’il devient urgent de trouver une solution, au risque de voir des milliers, voir des millions de vie partir en fumée.


◈ LES RÈGLES ◈


  • Vous pouvez poster votre réponse directement à la suite de ce message.

  • Tous les postes écrits sur ce sujet rapportent des points pour le décompte final. Il n'est pas nécessaire que le sujet soit clos: le décompte aura lieu à la fin de chaque semaine.

  • Il vous est toujours possible d'ouvrir un sujet à part, seul ou à plusieurs. Dans ce cas, il faudra l'indiquer dans le sujet adéquat pour qu'il soit connu du staff, et ses points ne compteront qu'une fois le sujet terminé.



Bon jeu à tous !




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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 1 Mar - 12:39

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Quatrième partie
ILe temple de Ténéis était un véritable attrait touristique. Étant l’une des plus hautes structures de la ville maudite, elle attirait inévitablement l’œil des passants et faisait partie de ces choses incontournables à visiter à Amaryl. Pour rendre hommage à la déesse des étoiles, l’endroit était ouvert de jour comme de nuit et l’accès à ses observatoires, toujours ouvert au public. L’endroit fourmillait donc continuellement de prêtres, moines et autres religieux dont les rôles au sein de l’Église de la connaissance variaient énormément, mais aussi de visiteurs de tous les types. Bien que l’endroit fût de ceux qui ne dorment jamais, il se trouvait aujourd’hui, et depuis plusieurs semaines, beaucoup plus calme qu’à son habitude. Dans le grand hall qui suivait l’esplanade, quelques personnes discutaient tranquillement, mais la fièvre semblait avoir fait fuir les foules et rares étaient les touristes. L’atmosphère y était plus lourde qu’à l’habitude, plus grave.

La haute-prêtresse accueillait ce moment de calme avec plaisir, même si cela avait un contrecoup fâcheux. En effet, moins de personnes signifiaient moins de dons, et tout le monde savait que les dias menaient le monde, même dans les sphères religieuses. Le matériel, les lits, la nourriture pour les malades, tout cela coûtait cher. Heureusement, la haute-prêtresse avait des économies pour faire face à ce genre de situation, de l’argent amassé au fil des années par le temple, mais cette réserve diminuait à vue d’œil. Il faut dire que les choses s’envenimaient de plus en plus. La fièvre des cendres faisait de véritables ravages et aucun remède n’avait été trouvé. Toutes les instances de ce monde étaient débordées par l’afflux de plus en plus grand de malades. Les gélovigiens étaient inquiets, cela se ressentait de plus en plus dans les missives qui lui parvenaient du Haut-Monastère et des autres temples. Celui de Kesha, sollicité par son lien avec la médecine, peinait à contenir l’afflux constant qui lui parvenait, même si elle restait en apparence solide. Ici, à Amaryl, la situation était bien maîtrisée, son temple et les éclaris travaillant de concert pour gérer la crise. La chaleur ralentissait la maladie et il y avait peu d’affections bénignes entrant en conflit avec la fièvre, donnant au pays le plus bas taux de mort d’Istheria à l’exception de Noathis.

Le groupe de recherche qu’elle avait formé pour étudier les immunisés en était malheureusement encore qu’aux suppositions. Il faut dire que les immunisés étaient rares, et même si l’appel avait été lancé par le Monastère comme par les Éclaris, bien peu se manifestaient. Il était difficile de savoir si c’était les mesures de protection mises en place qui empêchaient les gens de tomber malade ou une quelconque immunité, et sans remède, il aurait été étonnant que quiconque veule prendre le risque d’être contaminé, à l’exception d’Yldros peut-être. Ainsi, ils avaient continué leurs recherches avec ceux qu’ils avaient trouvés, leur posant mille et une questions, tentant d’établir un lien entre eux. En tant d’instigatrice de ce groupe de recherche, mais aussi comme directrice du temple, Phyrra avait énormément de pression sur les épaules et la fatigue se lisait sur son visage. Elle travaillait sans relâche, surchargeant son esprit aiguisé d’informations sans qu’elle trouve vraiment le temps de tout analyser. Il lui aurait fallu plus de temps, plus de calme, mais elle ne disposait ni de l’un ni de l’autre. Malgré sa situation, la haute-prêtresse refusait de se plaindre. Contrairement à beaucoup de gens, elle était toujours en santé et elle avait les moyens d’agir. C’était déjà beaucoup.  

Ce soir, Phyrra avait rendez-vous auprès des éclaris. Ceux-ci, qui lui avaient prêté des effectifs pour ses recherches de groupe sur l’immunité, menaient eux-mêmes des recherches en parallèle, et il semblait important de mettre en commun ce qu’ils avaient appris, d’après l’éclari qui lui avait amené ce message. La prêtresse grimaça. Elle n’avait pas grand-chose à apporter à leur recherche, n’ayant pas vraiment trouvé de réponse. Elle espérait toutefois que cette réunion éclaire certains points. La sobriété n’étant pas le point fort de Phyrra, celle-ci avait mis un point d’honneur à ce que son apparence reflète son rang. Parée de fins bijoux dorés argyréens, elle portait une robe blanche faite d’un tissu léger et distingué qui dévoilait ses épaules selon la mode du pays. Celle-ci était parée de rubans dorés, et ses boucles d’oreilles du même métal représentaient les lunes d’Istheria. Ses cheveux avaient gardé leur couleur naturelle, un blanc pur qui s’accordait avec ses vêtements et faisait ressortir sa peau chocolat, et étaient remontés en un chignon complexe et raffiné. Elle compléta son ensemble avec une fine broche représentant le symbole de Ténéis pour que tous sachent qu’elle la représentait.

Alors que les soleils terminaient leur course journalière à l’horizon, Phyrra se dirigera vers la Masure des érudits. La prêtresse avait déjà quitté les éclaris lorsqu’Amaryl était sortie de quarantaine à la suite de la dernière maladie qui l’avait dévasté. Ainsi, elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de profiter de la masure, même si elle l’avait visité quelquefois. Si l’endroit n’était pas à la hauteur de son temple, il y régnait une forme de solennité que la sindarine ne pouvait qu’apprécier. Il s’agissait d’un lieu de haute érudition, un endroit comme il n’y en avait pas ailleurs en Istheria, et une certaine nostalgie s’empara d’elle au souvenir de ses années en tant qu’éclaris, une époque pendant laquelle elle avait tellement moins de responsabilités. Se présentant devant les portes de la masure, elle fut accueillie par un jeune terran qui s’inclina devant elle, ne pouvant douter de l’identité de la sindarine qui affichait ses couleurs avec tant de panache. Avec respect, il l’invita à le suivre, et il la conduisit dans une pièce pour l’instant encore vide. Il y avait quelques places assises autour d’une large table en bois massif, et Phyrra y prit place pour attendre. Elle regrettait qu’Isemay et Khinem ne soient pas avec elle. Elle avait insisté pour respecter les demandes qui lui avaient été faites dans l’invitation qu’elle avait reçue. À voir le nombre de places autour de la table, la prêtresse ne doutait pas que peu de personnes savaient ce dont ils discuteraient aujourd’hui.  

Après quelques minutes, un sindarin entra dans la pièce. Il salua chaleureusement la sage de son pays dans leur langue natale et se présenta. Ils discutèrent quelque peu de la pluie et du beau temps avec Phyrra qui conversa avec bonheur dans cette langue qu’elle avait bien peu l’occasion d’utiliser à Amaryl. Lorsqu’une femme très probablement terranne se joignit à eux, le sindarin transitionna avec aisance vers l’isthar pour permettre à l’autre éclari de se joindre à la conversation. Phyrra connaissait ces deux personnes de nom. Elle savait qu’ils étaient assez haut placés dans l’organisation, suffisamment pour pouvoir lui offrir des réponses. Pourtant, aucun d’entre eux ne semblait vouloir aborder le sujet de la fièvre, sinon pour en dire les mêmes banalités que les gens du peuple. Les regards qu’ils se lançaient et leur nervosité évoquaient avec évidence l’attente d’une autre personne, probablement encore plus influente que ces deux-là. Lorsqu’il entra dans la pièce, les deux éclaris se turent et le saluèrent avec respect. Phyrra le connaissait. Pas personnellement, certes, mais ce visage ne lui était pas inconnu. Comment aurait-il pu ? Il s’agissait de l’un des plus hauts dignitaires des éclaris, le genre de personne avec une intelligence supérieure qui leur avait permis de monter les échelons dans la caste exigeante des érudits. Le regard qu’il posa sur la prêtresse était foudroyant, et c’est avec respect que Phyrra le salua, impressionné par l’aura de grandeur qui se dégageait de lui. Elle n’était pourtant pas particulièrement impressionnable...

L’homme amorça la conversation. Les deux personnes à ses côtés, Phyrra le comprit rapidement, étaient chacune responsable d’aspects majeurs de la gestion de la crise actuelle, coordonnateurs chevronnés. Ils rapportèrent le nombre de malades sous le soin de leurs médecins, les nouvelles arrivées, l’avancée de la maladie parmi les soignants, mais aussi les besoins en eau, en nourriture et en calmant. Phyrra partagea également l’avancée de la fièvre parmi les prêtres et leurs patients et ensemble, ils mirent rapidement au point un système pour permettre à chacun des malades de la ville d’avoir des soins égalitaires. Ceux-ci étaient d’ores et déjà séparés en fonction de l’avancée de la maladie, mais aussi des soins qu’ils souhaitaient recevoir. En effet, si les éclaris et même le temple de Ténéis prônaient la chaleur pour contrer la maladie, ils donnaient malgré tout à ceux qui le demandait le calmant provenant des hauts-prêtres de Kesha et Delil. L’approvisionnement provenant du Haut-monastère était largement suffisant pour le peu de personnes qui choisissait de le prendre. La réunion s’éternisa, et Phyrra maintenait de son mieux son impatience. Lorsqu’enfin le sujet des immunisés vint sur le tapis, la prêtresse s’empressa de partager avec les éclairs ce sur quoi son groupe de recherche avait travaillé et les résultats plus ou moins probants qu’ils avaient obtenus.

Lorsqu’elle les questionna sur leur propre avancée, Phyrra fut surprise par le malaise qu’elle perçut, comme si on voulait lui cacher quelque chose. En savaient-ils plus sur ces fameux immunisés ?

– Nos convictions différentes ne doivent pas freiner notre travail, déclara la sindarine en posant une main sur son épingle, signe de sa foi. Nous travaillons pour le bien de tous les peuples, et nous devons mettre nos connaissances en commun. Je n’ai aucune raison de douter de vous, ou de vous nuire, vous le savez bien. Pourtant, vous détenez des informations, Ténéis en est témoin.

Elle planta son regard dans celui du dignitaire éclari. Que pouvaient-ils avoir appris?

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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 16 Mar - 23:01

Au terme d’une longue discussion qui mêlait tant la crise que la nostalgie d’une terre natale, tu as finalement décidé d’en venir au sujet qui te brûlait la langue. Les immunisés, ces élus trop rares qui se montrent trop téméraires pour la maladie qui court sur le continent.
Mais rien n’échappe à tes yeux d’or, pas même la gêne visible sur le visage de l’émissaire. Une gêne, vraiment ? Il te semble visiblement mal à l’aise, un rictus pinçant sur ses lèvres fines. Tu perçois sans peine qu’il y est des sujets chez les eclaris qu’ils peinent à partager, même avec leurs anciennes ouailles.

« Vous êtes bien rapide pour tirer des conclusions, Noble Dame… » Finit-il par admettre un peu penaud.

La tendance de ton compère pour perdre de sa superbe et adoucir son aura rompt radicalement avec l’élégance qu’il t’a soumis plus tôt. Tu aurais vu juste ? Ce non dit et ce dénie te semble bien trop spontané pour être crédible, et tu flaires sans mal que tu es sur la bonne piste. Tu n’auras pas à insister plus pour qu’il poursuivre tout de même.

« La question des immunisés fait encore débat parmi nous. » Cette fois-ci, tu n’auras aucun mal à comprendre qu’il est sincère. « Nous étudions diverses pistes ; alimentation, société, habitudes de vie. Nous avons la chance que deux habitants de la masure se soit révélés être des immunisés eux-mêmes, et pourtant l’un est terran, est l’autre est sindarine. Mais à part leur hygiène de vie irréprochable, peu les rapproches, ni l’âge, ni le sexe. A part notre excellente cuisine, s’il en est. »

Il replonge une seconde dans ses pensées, comme si il cherchait quelque chose à dire, pour te rassurer peut-être, ou pour alimenter la conversation.

« Nous avons remarqué que parmi le panel que nous avions pu approcher – bien peu, cependant, pour l’entièreté des recherches que nous devrions mener – que les sylphides semblent au-dessus de cette immunité, comme ils le sont de la fièvre. L’immunité ne viendrait donc pas de l’essence divine, logiquement, et serait purement biologique. Un trait de lignage, peut-être… »

Le bougre finit par se pincer les lèvres encore plus, comme si il comptait se priver de tout le sang qui lui restait pour pigmenter de rose le peu de ses babines encore visible.

« Je ne suis pas sûr qu’il soit très sage de vous faire cette confession… Mettons cela pour notre racine commune. Mais il existe une théorie qui ne fait pas consensus parmi nous. Et qui demeure très difficile à démontrer. » Il hausse les épaules, regarde nerveusement la porte, puis reprend là où il s’était arrêté. « Une théorie selon laquelle nous descendrions tous d’une même racine. D’un même… Peuple. »

Sa langue butte contre le mot comme si lui-même n’y croyait pas. En même temps, cela peut sembler étrange, voir sidérant. Un ancêtre commun aux peuples d’Istheria, pourtant si variés en tailles, couleurs, poids ? Et ton interlocuteur te donner l’impression de faire parti des sceptiques.


« Saugrenu, n’est-ce pas ? Nous sommes nombreux à ne pas partager ce point de vu. Il suffit de mettre l’un des nôtres à côtés d’un zélos pour comprendre que nous n’avons rien en commun, et péniblement un ancêtre. Et pourtant, Lomion nous maintiendrait que oui. » Il hausse de nouveau ses épaules. « Mais il n’y a bien que lui. Et c’est quand la situation devient critique qu’ils sont introuvables, lui et ses recherches. Passons ! Nous pensons que cela doit venir de l’alimentation, c’est certain. Si nous parvenons à avancer là-dessus, nous trouverons rapidement de quoi sauver tous ces malades qui poussent aux portes des grandes cités. »

Le sindarin te semble peut enclin à poursuivre ses confidences. Fumeuses, vraiment ? Curieuse théorie…



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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeJeu 1 Avr - 13:32

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Cinquième partie

– Vous êtes bien rapide pour tirer des conclusions, Noble Dame…

Un haussement de sourcil de la part de Phyrra suffit à le faire poursuivre. Les conclusions dont il parlait étaient, après tout, aussi évidentes que le nez au milieu du visage... Elle le laissa continuer sans l’interrompe, peu surprise des tensions que l’éclaris évoquait. D’aussi loin que Phyrra était en mesure de se rappeler, et elle avait bonne mémoire, les membres de la caste avaient toujours eux des opinions aussi diverses que variés, et rares avaient été les théories unanimement acceptées. Cependant, elle ne put qu’être surprise des révélations que le dignitaire fit. Un seul et unique peuple ? Sa première pensée, comme le fut celle de l’autre sindarin, fut de croire que c’était impossible. Cependant, sa mémoire lui ramena au visage d’étranges extraits d’écrits anciens qu’elle n’avait pas cru bon de prendre en compte à l’époque. Cette absence de présence des peuples isthériens... Aussi improbable qu’elle puisse paraître, cette théorie ne lui parut soudainement pas aussi improbable.  

Une partie de son esprit resta sur cette question de peuple unique. Elle écouta cependant le sindarin lui livrer la théorie à laquelle il semblait le plus croire. Il n’avait encore aucune explication tangible, mais croyait visiblement que l’immunité était acquise. Pourtant, les recherches de Phyrra l’avaient amené à croire que cela provenait plutôt du domaine de l’inné. C’était le volet qu’elle avait le plus exploré dans ses recherches, même s’il est vrai que son domaine d’expertise se situait dans cette sphère de recherche. L’idée que cela provienne de l’alimentation lui semblait saugrenue. Bien davantage que la théorie de Lomion.  

—L’alimentation, vraiment ? questionna Phyrra, dubitative. Si les éclaris mangent au même réfectoire, ils devraient donc tous être immunisés, ne croyez-vous pas ? De plus, les informations que nous avons recueillies semblent faire état d’un nombre d’immunisé relativement stable parmi les différents pays isthériens. Pourtant, le régime alimentaire varie énormément d’une région à l’autre.

Est-ce que les éclaris avaient vraiment découvert quelque chose ? La haute-prêtresse observa avec attention les trois personnes qui lui faisait face. Ses affirmations semblaient mettre le dignitaire dans un état de malaise profond. Lèvres pincées, il évitait superbement son regard, mais croisait le regard de la femme lors de brefs coups d’oeil. L’autre sindarin avait baissé la tête, comme honteux. Cette théorie venait-elle de lui ? La terrane avait un sourire mystérieux sur les lèvres. Elle prit d’ailleurs la parole.

—L’alimentation n’est qu’une théorie parmi tant d’autres, bien sûr. C’est peut-être en agissant de concert avec d’autres éléments que la nourriture joue un rôle. Nous tentons de prendre en compte tous les éléments possibles, et il est vrai que l’alimentation fait partie des éléments qui ressortent dans nos combinaisons.

– Je comprends et je ne suis pas assez idiote pour ignorer cette information, affirma Phyrra, comprenant où elle voulait en venir. Il est certain que les habitudes de vie peuvent avoir un lien avec la maladie. L’hygiène tient sans aucun doute elle aussi un rôle dans tout cela.

Elle les observa un moment. La terrane avait un air triomphant. Les deux sindarins semblaient quant à eux soulagés, comme si la femme avait réussi à exprimer leurs pensées... ou à sauver leur réputation. Le dignitaire semblait toutefois gêné de ne pas avoir su se défendre.

Vous semblez avoir un lien avec cette théorie, Saeros. Celui-ci rentra à nouveau la tête entre les épaules, comme sermonné. Je compte sur vous pour tenir mon équipe au courant si vous découvrez quelque chose susceptible de nous aider dans la lutte contre la fièvre.  

Le sindarin hocha de la tête, se détendant devant cette invitation à la coopération.

Les pensées de Phyrra filaient à toute vitesse. L’idée d’un peuple primaire et unique n’était pas aussi saugrenue que le sindarin semblait vouloir lui faire croire. Elle ne connaissait pas personnellement Lomion, mais savait qu’il était un jeune esprit prometteur, à l’origine de plusieurs petites innovations qui s’étaient avérées utiles et habilement réfléchies. Dim ne l’avait pas choisi comme assistant pour rien. De plus, cette idée expliquait trop de choses, des choses qu’elle avait crues sans importance, mais qui prenaient aujourd’hui tout leur sens. Cependant, le lien avec les immunisés était flou. Si cette hypothèse s’avérait exacte, elle devrait travailler à comprendre le lien que cela avait avec la fièvre. Dommage que le lhurgyof soit constamment en voyage...  

– Sylphide et gorgoroth exceptés, nous sommes des êtres de chair et de sang. Nous sommes bipèdes, percevons le monde par des sens communs, arrivons à nous comprendre et à parler la même langue. L’idée que nous soyons originaires d’un même peuple...

Son ton marquait clairement qu’elle croyait en la théorie du Peuple unique. L’autre sindarin la regardait avec étonnement. Peut-être était-ce parce que ces paroles tranchaient avec les croyances des gélovigiens ? Pour cette caste, chaque dieu était à l’origine d’un peuple, Ténéis elle-même étant considérée comme la mère des sylphides. Ce n’était pourtant pas la première fois que Phyrra marquait son désaccord avec certaines de leurs croyances, et elle se rendit compte que l’éclaris, s’étant cru plus intelligent qu’elle, avait omis de s’intéresser à elle. Si elle avait été invitée ici, c’est à titre de coordonnatrice de près d’un tiers des soins prodigués à Amaryl, et non à titre d’érudite. L’éclaris n’avait donc pas cru bon de se renseigner sur celle qu’il conviait. Cependant, Phyrra était bien plus que ce que l’autre sindarin semblait croire.  

– Que Ténéis m’en soit témoins : je crois que ce serait possible. Très probable, même.

Le silence lui répondit. Personne d’autre ne semblait vouloir commenter à ce propos, visiblement dubitatifs.  

– Après tout, les dieux résident dans ce que l’on croit impossible, murmura Phyrra pour elle-même.  

La situation avait connu une transition brute, et Phyrra s’élevait en leader parmi le petit groupe. Elle craignit un instant d’avoir offusqué le dignitaire, mais décida que cela n’avait aucune importance. Elle ne pouvait rester oisive devant les affirmations des éclaris, et il était plus que temps qu’elle fasse rayonner le culte de Ténéis. Déterminée, la prêtresse brisa le silence.

– Bien. Tenez-moi au courant de vos avancés, je ferais de même. Et, de grâce, n’écartez aucune piste. Même les plus improbables.

Comme si cela marquait la fin de la réunion, les éclaris se mirent à ranger leurs effets personnels. Phyrra les observa un moment, malgré tout satisfaite des informations qu’elle avait obtenues. Elle espérait seulement avoir été assez délicate pour qu’on ne lui reproche pas son audace... tout en sachant que la délicatesse n’était pas son fort.

******


– Ta présence aurait été utile, Isemay. J’aurais aimé savoir ce qui se cachait au fond de leurs esprits étriqués.

C’était peut-être parce qu’elle lisait dans les pensées que Phyrra était aussi à l’aise en présence d’Isemay, ou peut-être simplement parce que leurs personnalités s’accordaient bien. Ce qui est certain, c’est que la jeune femme était difficile à offenser, habituée à percevoir les pensées les plus sombres de son entourage. Elle en savait beaucoup, sur tout le monde, et cela incluait la Haute-Prêtresse.

– Étriqués, madame ? Nous parlons d’éclaris...

– Tu parlerais autrement si tu les avais rencontrés. Crois-tu que, parce que ce sont des érudits, ils sont à l’abri des préjugés et des croyances ? Comme n’importe quel être vivant, ils sont sujets au doute et à la peur. Remettre en question quelque chose qui semble aussi certain que l’origine des peuples... Le changement est effrayant, jeune femme. Pour tout le monde.

– Même pour vous ?

Un sourire amusé passa sur les lèvres de Phyrra. La jeune prêtresse avait tendance à la croire meilleure qu’elle l’était.

– Surtout pour moi. Pour tout te dire, j’ai l’impression que plus je vieillis, et plus je résiste aux changements. Le temps renforce nos convictions, rendant plus difficile d’accepter que les choses ne soient pas telles que nous l’avons toujours cru. Lorsqu’on croit une chose vraie pendant plus de quatre siècles, sans jamais l’avoir remis en question...

– Pourtant, vous le faites. Vous vous remettez continuellement en question, l’interrompit-elle, chose qu’elle ne se permettait qu’en privé.

– C’est vrai, mais ça n’a rien de facile. Une lueur brilla dans le regard de la haute-prêtresse. Cependant, Ténéis nous guide, que nous le voulions ou non. Son esprit est beaucoup trop grand pour que nous puissions ne serait-ce qu’envisagé Son ampleur. Elle nous cache encore beaucoup de secrets, sois-en certaine. Nous devons accepter de ne pas tout savoir.

– Pourtant, nous continuons à poursuivre ce but.

– Nous cherchons des réponses, et la déesse nous veille de son œil divin. Nous ne saurons jamais tout, mais nous pouvons continuer à apprendre. N’oublie pas de prier lorsque tu te plonges dans un ouvrage ou que tu te poses des questions, Isemay. Ténéis apporte des réponses à ceux qui lui ouvrent leur cœur.

– Elle vous parle, à vous, l’Héritière de Sa connaissance ?

– Ce titre n’est qu’un surnom, il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte.  

– Mais...

– Si tu sais écouter, que tu demeures attentive à Ses signes, que tu dévoues ta vie à la recherche de la connaissance, alors Ténéis te mettra sur la bonne voie. N’attends pas de Sa part les réponses tangibles que tu aimerais avoir. Les étoiles apportent le savoir à ceux qui savent les lires, mais leurs messages ne sont jamais limpides. Veilles à voir plus loin que les évidences.

La jeune prêtresse n’osa pas contredire Phyrra. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de ne pas être d’accord. Sa supérieure avait un lien particulier avec la déesse, et Isemay avait la certitude que Ténéis lui offrait des brides de sa connaissance. Après tout, elle avait été choisie par la mère des étoiles elle-même pour être sa représentante ! L’esprit de la sindarine était si complexe que la jeune femme évitait de lire ses pensées. À l’occasion, lorsque cela s’avérait nécessaire, elle écoutait ce brouhaha et il lui était alors difficile d’appréhender cet esprit complexe, qui réfléchissait souvent à plusieurs choses différentes en parallèle. Elle se sentait alors submerger par un flot de sentiments qui ne lui appartenait pas, une nostalgie de laquelle la jeune femme peinait à se tenir à distance. La connaissance presque infinie de Phyrra était accompagnée d’une douleur poignante, et les souvenirs aussi vifs qu’au premier jour rendaient ces sentiments encore plus difficiles à vivre. Cela rendait toute incursion dans son esprit incroyablement vivace et intime, plus encore que ne pouvaient l’être les autres esprits, souvent plus archaïques. Pourtant, la Haute-Prêtresse restait forte et souriante. Pour Isemay, cela imposait le respect.  

*****
 

Le culte de Ténéis possédait une hiérarchie bien définie. Il existait plusieurs rangs parmi les prêtres des étoiles. Juste sous le titre de Haut-Prêtre se trouvaient dix Grands-Prêtres. Ce groupe restreint dont le nombre était sacré représentait les plus importantes branches du culte et était responsable de gestions et d’administrations. Ils tenaient également le rôle d’informateur, de conseiller, et même si l’autorité de la haute-prêtresse était la plus grande, chaque prêtre moins gradé se trouvait sous la gouverne de l’un de ceux-là. Il était commun que les hauts prêtres proviennent de ce cercle, car chacune de ces personnes démontrait une proximité toute particulière avec Ténéis. Les grands-prêtres étaient désignés par la haute-prêtresse en fonction, mais celle-ci ne pouvait enlever ce titre à ceux nommés par son prédécesseur. C’était simplement son rôle, lorsque l’un d’entre eux rejoignait Kron, de choisir son remplaçant.

Phyrra s’était longuement préparée au dévoilement des informations qu’elle avait obtenues au cercle fermé des grands-prêtres du temple. Elle savait que les propos qu’elle avancerait ne feraient pas l’unanimité, de la même manière que chez les éclaris. L’Idée d’un peuple unique était choquante et allait à l’encontre de presque tout ce qui leur était enseigné depuis... depuis toujours. De plus, certains de ces conseillers étaient particulièrement conservateurs. Dans la pièce réservée au conseil, la sindarine dévoila ce qu’elle avait appris. Trois de ses grands-prêtres étaient absents, occupés à des fonctions importantes ou en voyage.  

– Mais... dame Brynelis, Ténéis n’est-elle pas la mère des sylphides ? N’est-ce pas Kesha qui a créé votre peuple ?

– Cette vision des choses est sans doute trop étriquée, Pergys.

La haute-prêtresse soupira, peu encline à partager ses croyances dans ce contexte. Cependant, elle avait conscience de la nécessité de la chose.  

– Je crois que nos dieux ne sont pas exactement les êtres que la religion gélovigienne dépeint.

Surprise, indignation, colère, les émotions se lurent dans les yeux de ceux qui l’entouraient.  

– Vous remettez en question l’existence des dieux ? L’existence de Ténéis elle-même ?

L’homme semblait en proie à une grande agitation intérieure, et Phyrra sentit à quel point ces révélations, entendues de sa bouche, elle qui représentait Ténéis, le perturbaient.

– L’existence des Dieux n’est pas remise en question. Je dis simplement qu’ils n’ont pas nécessairement la forme qu’on leur attribue. Et qu’ils ne sont pas les créateurs des peuples isthériens. En accord avec la théorie de Lomion, je suis plutôt d’avis que les dieux seraient à l’origine de la différenciation du Peuple unique en des races différentes.

– Alors, qui serait le créateur de ce peuple unique ?

– Est-ce vraiment nécessaire qu’il y ait eu un créateur ?

Phyrra regretta sa spontanéité quand elle entendit Pergys hoqueter de surprise. Elle s’empressa de rediriger la discussion. Il est vrai que la théologie enseignait que le monde avait été créé par Ténéis elle-même. La haute-prêtresse était cependant plutôt d’accord avec les écrits d’Eucléis qui estimait qu’Istheria avait été trouvé par les dieux. La théorie de Lomion l’amenait maintenant à croire qu’un peuple y habitait alors déjà, et que les différentes races qui en découlaient étaient en réalité le résultat de l’influence des dieux.

– Ceci dit, peu importe l’origine du peuple unique. Nous devons avant tout comprendre le lien entre celui-ci et la fièvre.

– S’il existe, murmura l’une des prêtresses.  

Comprenant la réticence de ses prêtres, qui n’avaient pas ses connaissances et sa mémoire, la prêtresse désigna une grande pile d’ouvrages qu’elle avait fait sortir de la bibliothèque. Elle exposa aux prêtres les raisons qui l’amenaient à croire à cette théorie, et leur servit en exemple plusieurs écrits qui semblaient étrangement liés à cette théorie. Si la plupart semblèrent accepter de se remettre en question, d’autres affichaient encore une attitude fermée.

– Le doute est une force puissante, mes enfants. Servez-vous-en pour me prouver que ma théorie est fausse, si c’est ce que vous croyez. Cependant, garder l’esprit ouvert. Istheria est loin de nous avoir dévoilé tous ses secrets, et vous pourriez être surpris de ce que vous apprendrez.

– Vous voulez que nous remettions en question l’entièreté de notre cursus religieux ?  

Phyrra soupira. Malgré l’intelligence pour laquelle étaient réputés ses prêtres les plus hauts gradés, certains avaient un esprit aussi borné qu’obtus.  

– N’est-ce pas la voie que vous avez choisie ? N’est-ce pas la base du culte de la connaissance ? Ténéis connait la vérité, mais cela ne signifie pas qu’elle l’a offert aux gélovigiens. Ne nous arrêtons pas à ce que nous croyons savoir.

Elle eut droit à quelques hochements de tête, alors que d’autres la toisaient, visiblement insatisfaits.  

– De tous les temps, nous faisons avec les connaissances que nous avons et les indices que nous trouvons. Si Lomion croit en cette théorie, nous serions stupides de ne pas nous y intéresser. Il a beau de pas croire aux Dix, les découvertes dont il est responsable prouvent que Ténéis le guide.

Chacun des prêtres présents connaissait sa théorie sur les êtres bénits. Pour Phyrra, il n’était pas nécessaire de croire pour être choisi par un dieu. Après tout, Ténéis n’avait pas attendu qu’elle-même ait la foi pour croire en elle.

– Lisez, cherchez, mes enfants. Je suis ouverte aux théories, même aux plus loufoques. La seule chose qui importe, c’est de trouver comment vaincre cette fièvre.

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EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Phyrra11
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MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeJeu 29 Avr - 13:33

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Sixième partie

L’assistante de la haute-prêtresse se faufila jusqu’aux appartements de sa supérieure. En arrivant devant la porte, elle scruta les esprits de l’autre côté de la porte. Phyrra discutait avec Khinem et Leffëna de la fièvre. Le moment était certainement approprié. La jeune terrane s’avança donc et frappa trois coups. Elle entendit des pas et vit le visage de Phyrra apparaître alors que celle-ci entrouvrait la porte. Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, Isemay se lança.

– Dame Brynelis ? Est-ce que je peux vous parler ?

La voix d’Isemay trahissait son inquiétude. Elle trépignait, visiblement nerveuse, avec une expression qui n’annonçait rien de bon. D’un hochement de tête, la haute-prêtresse l’invita à entrer et ouvrit grand la porte. Celle-ci s’ouvrit sur un salon de blanc et d’or, tout en finesse et en élégance. Le plafond se confondait avec le ciel, les étoiles se reflétant dans une illusion parfaite entre ses arches. En face de l’entrée, deux fauteuils et un canapé encadraient une table basse aux pattes d’or finement ouvragé. Dans une baie vitrée qui s’avançait vers le ciel reposait un magnifique piano à queue. Tout à gauche, à travers la porte, on pouvait entrevoir les murs de grandes bibliothèques blanches visiblement bien remplies et l’ombre d’un lourd bureau d’un blanc pur. Tous les murs étaient blancs, les colonnes finement sculptées, et les symboles de Ténéis vibraient de partout. Il y avait quelques étranges objets technologiques et magiques dont la fonction première demeurait mystérieuse. Derrière la porte fermée, tout au fond, se trouvait la chambre qui, Isemay le savait, avait un style bien différent du reste de ces appartements.

Khinem était assis sur l’un des fauteuils, une tasse de thé posé devant lui. Une tasse identique faisait face à Leffëna, la deuxième garde sindarine qui avait accompagné la Haute-Prêtresse à Amaryl. La sage de Canopée était presque toujours flanquée de l’un d’entre eux, car ils étaient chargés de la protéger. Ils étaient bien gentils, mais Isemay se demandait parfois s’ils ne gardaient pas un œil sur Phyrra au nom de leur reine, Viwien Ñen'Silwë. Elle savait que sa supérieure servait la reine des sindarins et qu’elle en était proche, mais elle n’aimait pas l’idée d’être surveillé. Elle s’en était déjà ouvert à la haute-prêtresse, mais celle-ci lui avait assuré qu’elle ne mélangeait pas ses deux rôles. L’Amarylienne espérait que cela soit vrai.  

– Viens, assois-toi, je te sers du thé.

Tout de suite, Phyrra fila vers la table basse, et la jeune terrane prit le temps de s’installer dans le canapé, aux côtés de la sindarine. Après lui avoir servi une tasse, la haute-prêtresse s’installa dans son fauteuil fétiche et se penchant vers Isemay, plongeant son regard doré dans le sien.  

– Je t’écoute, mon amie. Que se passe-t-il ?

La jeune prêtresse prit une gorgée de thé, puis prit une grande respiration.  

– Ce que j’ai perçu aujourd’hui ne va pas vous plaire, madame, lâcha-t-elle.  

Phyrra hocha la tête, l’air grave. Comme à son habitude, la terrane s’ouvrit à celle qu’elle considérait comme son guide. Elle parla sans filtre, sans s’embarrasser de savoir si ce qu’elle disait pourrait offusquer sa supérieure, lui rapportant les faits tels qu’ils étaient. Même si la jeune prêtresse ne provenait pas de la noblesse et n’avait pas l’habitude de leurs manières, son esprit vif et sa pensée rigoureuse lui avaient valu l’attention de la haute-prêtresse, qui avait vu son potentiel. Et qui avait aimé son franc parlé.

– Votre théorie ne plait pas. Peu importe que ce soit celle de Lomion, car c’est vous qui l’avez amené ici. C’est ainsi que beaucoup voient ça.

– Continue.

– Le fait que les dieux ne soient pas à l’origine de l’apparition de la vie sur terre sera difficile à leur faire avaler, vous savez. Les dieux sont à l’origine de notre monde, de nos peuples, cela fait partie des fondements mêmes de notre Église.

– Je le sais bien, soupira Phyrra, préoccupé par les révélations de la jeune femme. Je ne dis pas non plus que nos dieux ne sont pas à l’origine de nos peuples, seulement que la vie existait sur Istheria avant leur intervention. Selon ma théorie, c’est en insufflant leur essence divine sur ce peuple que celui-ci s’est divisé pour correspondre à chaque dieu.

– Oui, murmura Isemay, qui avait déjà eu droit aux détails de cette théorie. Cependant, cela inquiète les gens. Vous avez l’admiration de beaucoup, et la plupart ne sont pas prêts à douter de vous, mais certaines voix s’élèvent. J’ai entendu le mot hérésie. Certains se demandent si vous n’avez pas perdu la foi.  

- C’est ridicule ! clama Phyrra, élevant soudainement la voix.

– Je ne fais que rapporter, vous le savez.  

La dame lui adressa un hochement de tête, mais ses sourcils demeurèrent froncés. À côté, les deux autres sindarins échangeaient des regards préoccupés. Dans l’esprit de Khinem, la confiance envers la haute prêtresse était d’une clarté indéniable. Il était prêt à croire tout ce que Phyrra disait et était préoccupé par les gens qui pourraient vouloir du mal à Phyrra. Leffëna, quant à elle, doutait visiblement de la théorie. Dans son esprit, la bataille faisait rage entre les preuves qu’elle avait eues sous les yeux et ses croyances profondes. Accordant une confiance moins aveugle à Phyrra que son collègue, ses pensées dévoilaient qu’elle ne trahirait jamais celle qu’elle protégeait. Elle comprenait toutefois mieux que Khinem l’agitation qui régnait au sein du temple.  

– Il y en a beaucoup ?

– Assez pour me faire venir ici, dit Isemay en jetant un discret regard à Leffëna. Les gens ont peur, la fièvre fait peur, et à tout le monde. Beaucoup voient leurs proches souffrir, d’autres encore subissent eux-mêmes la brulure de la maladie. Ils sont à bout, ma dame. Et vous balancez cette bombe ?

La haute-prêtresse grimaça. Elle avait cru avoir fait preuve de tact. Elle aurait pourtant dû se douter que la théorie ne plairait pas. Cela était peut-être moins bien réfléchi que ce qu’elle ne l’avait cru au départ.  

– D’un autre côté, nous avons besoin que le plus de chercheurs possible se penchent sur le sujet. Nous devons trouver une solution à cette maladie, Isemay, se justifia Phyrra.

– Le doute peut nous pousser à agir, c’est vrai, mais certains ne sont pas assez forts et se laissent emporter.  

Demeurant silencieuse, la sindarine prit une gorgée de thé. Elle oubliait souvent à quel point il pouvait être difficile de faire face aux changements.

– Cela a malgré tout apporté du positif, et vous en avez convaincu certains. Cette découverte est importante, tout le monde en a conscience. De plus, grâce aux informations que vous avez apportées de votre réunion, nous avons découvert qu’une bonne hygiène aidait à garder la maladie à distance. C’est une avancée considérable !

La haute-prêtresse réfléchissait. Elle avait eu tort de croire que les récalcitrants seraient une minorité. Malgré les enseignements qu’elle prodiguait depuis son élévation au titre de cheffe de l’Église de Ténéis, prônant d’ouverture d’esprit et la remise en question, certains résistaient à ses enseignements. Il est vrai que l’ancienne haute-prêtresse avait une vision bien différente de la sienne, et qu’il lui avait fallu du temps pour qu’on lui fasse confiance. Pour les races plus jeunes, cela avait bien entendu été plus facile. Elle occupait ce poste depuis trente-six ans maintenant et certains, comme Isemay, n’étaient même pas nés lors de son ascension au poste. Cependant, d’autres étaient plus résistants, et les sindarins, malgré tout l’amour qu’elle portait à son peuple, étaient l’un des peuples les plus difficiles à convaincre.  

– Dès le matin, préviens les grands-prêtres que nous nous réunirons à l’heure de Ténéis, dans l’oratoire ouest. Malades ou fatigués, ils devront venir. Assurez-vous qu’ils comprennent l’urgence de la situation.  

Les yeux de la sindarine brillèrent alors que celle-ci s’assurait de ne pas oublier les idées qui lui passaient par la tête.  

– Isemay, je sais que je t’en demande beaucoup, mais j’aimerais que tu continues à surveiller les pensées de nos frères et de nos sœurs. Je ne te cache pas mon inquiétude. Si nous ne sommes pas unis, cette fièvre viendra à bout de nous.  

Cette dernière hocha la tête, un air grave sur le visage. La situation était effectivement précaire. Ils devaient demeurer prudents.  

– Khinem, Leffëna, si vous souhaitez vous exprimer sur le sujet, faites-le librement, je vous prie. Ne craignez pas de me froisser, j’ai besoin de voir la vérité en face.  

– Je vous crois, madame. Je crois en vos théories, répondit Khinem sans hésitation. Ceux qui tenteront de s’en prendre à vous auront affaire à moi.

Un sourire discret se dessina sur les lèvres de la haute-prêtresse. Khinem était un combattant d’exception, élite parmi l’élite, un astar de grand talent. Phyrra savait qu’il tiendrait parole. Elle espérait toutefois recevoir un avis plus nuancé de la part de Leffëna, qui semblait mal à l’aise. L’élue des étoiles l’invita à prendre la parole, et c’est d’une voix hésitante que la sindarine s’exprima.  

– Je crois que le mal est fait, madame. Construire la confiance est beaucoup plus long que de la perdre, et je crois que partager ouvertement cette théorie était une erreur, sans vouloir vous offenser.  

Phyrra soupira. Elle savait que sa protectrice avait raison. Mais elle était plus optimiste que ça, et n’allait pas baisser les bras pour si peu.

– Je me suis tellement concentré sur mes recherches que j’en aie oublié de me soucier du bien-être de mon temple. Ce n’est pas digne de moi. Je vais donc faire en sorte que cela change, et dès demain.

*****

La journée était radieuse pour la saison. Un vent délicat soufflait, rendant la température plus qu’agréable, et les soleils brillaient sans trace de nuage à l’horizon. On pouvait entendre les oiseaux chanter malgré la saison morte, chose plutôt rare. On se serait attendu à voir des enfants jouer dans les rues et des marchands tenter de vendre leur marchandise à chaque coin de rue, comme il était commun de le voir à Amaryl, mais il n’en était rien. Les rues étaient calmes et l’ambiance, lourde. Les Amaryliens étaient rares dans les rues, et ceux qui les parcouraient n’échangeaient pas avec les autres, une mine préoccupée sur le visage. Les rares discussions avaient lieu à voix basse et même l’allée des piliers était dénuée des penseurs qui s’y réunissaient habituellement. Les quelques murmures qu’on pouvait entendre témoignaient de la peur qui habitait le cœur des gens.  

La fièvre des cendres avait transformé Amaryl. D’un côté, la ville était plus peuplée que jamais. De nombreux nomades malades s’étaient établis en ville et plusieurs avaient acquis une propriété, charmé par la proposition de l’intendant qui proposait une habitation à ceux souhaitant s’établir dans la ville maudite. Cependant, l’ambiance de l’endroit était bien différente d’auparavant. Les Amaryliens étaient habituellement des fêtards, des gens qui aimaient s’amuser. Aujourd’hui, la maladie avait changé cela. La peur menait les gens à éviter de se réunir, et beaucoup restaient cloîtrés à domicile. Partout en ville, les centres de soins débordaient, et beaucoup pleuraient la perte de leur proche. Les fiévreux avaient commencé à bruler, augmentant l’inquiétude des familles des malades. Certains nomades, attachés à des rituels anciens, rageaient de ne pas avoir l’occasion d’offrir le repos éternel à ceux qu’ils aimaient, faute de corps à inhumer.  

C’est dans ces rues transformées que Phyrra déambulât, Isemay et Khinem à ses côtés. L’atmosphère était pesante, mais malgré tout, les gens la reconnaissaient. On la saluait, certains murmurant de courtes prières. La haute-prêtresse, sans trop s’approcher, partagea la parole de sa déesse. Par son rôle de représentante des gélovigiens, elle pria Ténéis pour qu’elle aide les mortels à trouver un remède, mais aussi Kesha pour qu’elle prenne soin des malades et Kron pour qu’il accompagne les condamnés vers une mort douce et sans souffrance. Parfois, on l’interpellait. Beaucoup doutaient des dieux, voulaient une explication à la maladie et la souffrance, mais ce n’étais pas si simple. Ce n’était jamais simple.  

– Pourquoi les dieux cherchent-ils à nous châtier ?

– Qui dit qu’ils sont responsables de cette maladie ? Nous sommes responsables de nos souffrances.

– Tous ces innocents qui meurent... et tu dis qu’ils en seraient responsables ?
lança une femme.

– Bien sûr que non. Mais la souffrance est inhérente à la vie. Avec ou sans les dieux, nous souffrons. Les dieux nous aident seulement à y faire face.

Rapidement, sa présence dans les rues fit le tour de la ville. Curieux malgré leurs inquiétudes, les gens étaient à leur fenêtre, et ceux qui en avaient l’occasion sortirent sur leur balcon. La haute-prêtresse n’était toutefois pas là pour faire une déclaration. Elle continua de répondre à ceux qui la sollicitaient, répondant aux questions comme elle le pouvait.  

– Cette théorie que vous répandez, l’idée que nous n’étions qu’un seul peuple... C’est de l’hérésie ! Les dieux sont à l’origine de tout, tout le monde le sait.

– Et vous croyez que nous connaissons tous les secrets des dieux ? Ne voyez-vous pas l’immensité du ciel, la quantité innombrable d’étoiles qui nous surplombe ? Même Ténéis n’a pu contenir l’entièreté des connaissances dans son seul esprit. Vous croyez vraiment faire mieux ?

– Les Écrits sont donc faux, selon vous ?  

– Les Écrits contiennent des enseignements précieux, mais la science a prouvé qu’ils n’étaient pas infaillibles. Cela ne veut pas dire que nous n’avons rien à en apprendre.  

– Moi, je crois que vous avez perdu la foi.

– Je comprends votre inquiétude, mon frère, mais rien ne serait plus faux. La foi se construit dans le doute. Alors oui, j’ai des moments d’hésitations. Mais j’ai la foi. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas toutes les réponses que les dieux n’existent pas.


Le message des Dieux transmis par Phyrra voyageait à travers la ville comme une trainée de poudre. Après quelques heures à prêcher, les enseignements de la haute-prêtresse furent sur toutes les lèvres. En se rendant auprès des malades, c’est avec prudence qu’elle donna sa bénédiction à ceux qui ne pouvaient plus être sauvés. Aux autres, elle servit un message de compassion et d’espoir. Elle leur enjoignit de continuer à croire et prier. Avec toute l’empathie dont elle était capable, elle écouta les histoires des Amaryliens, tantôt joyeuses, le plus souvent tristes. Phyrra sentit tout le bien qu’elle faisait à ceux à qui elle donnait de l’attention. Beaucoup avaient, malgré la présence de ses prêtres dans les lieux de maladies, l’impression que les dieux les abandonnaient. Mais Phyrra avait tant été confronté au doute qu’elle savait ce qu’ils ressentaient, du plus profond d’elle-même, sa magie l’empêchant d’oublier ses souvenirs impies. Sans avoir réponse à tout, elle sut apporter le réconfort. Elle regrettait de ne pas pouvoir mettre une main rassurante sur leurs épaules, de caresser les cheveux des enfants qui souffraient. Le cœur gros devant la maladie et son injustice, la haute-prêtresse continua malgré tout, convaincu qu’il s’agissait là de la meilleure chose qu’elle pouvait faire.  

Phyrra prit moult précautions pour éviter de contracter la maladie. Depuis peu, son temple avait découvert que le lavage des mains et du corps aidait à prévenir la propagation. En voyageant d’établissement en établissement, Phyrra partageait la nouvelle. L’eau n’était pas la ressource la plus abondante en Argyrei, mais malgré tout, de grands bols furent mis à disposions pour permettre aux visiteurs et aux soigneurs de se laver régulièrement les mains. Chez les soigneurs, des sourires apparurent sur les visages à l’annonce de cette découverte. Il ne s’agissait pas d’un miracle, mais simplement du fruit de certaines observations. En effet, il semblait que la maladie pouvait être prévenue si, après avoir touché un malade, une personne saine nettoyait rapidement de sa peau les traces de cette maladie. Il serait pertinent de voir si cette mesure serait réellement utile, mais les tests qui avaient été effectués prouvaient qu’il ne s’agissait pas d’un acte inutile.  

La sindarine était impressionnée par la résilience du peuple. Alors que tout était en place pour leur faire vivre souffrance et misère, ils gardaient espoir, soudés devant l’adversité. Il y avait certes des baisses de moral, une certaine perte de foi, mais la majorité gardait la tête haute. Si la résignation brillait dans le regard de ceux qui avaient atteint l’un des stades les plus avancés de la maladie, ceux qui n’en étaient pas là témoignaient d’une force impressionnante. Ils avaient espoir. Certains croyaient que les éclaris apporteraient la solution. D’autres remettaient leur destin entre les mains des dieux. Le remède du Haut-Monastère était plus utilisé qu’auparavant, dans le but d’apaiser les souffrances de ceux qui ne pouvaient être sauvés, mais beaucoup le refusaient encore, préférant compter sur la chaleur du pays pour ralentir la progression. Cela dévoilait tout l’espoir que ces gens entretenaient envers la découverte d’un remède. Et la détermination de Phyrra n’en fut que renforcée.  

Une fois de retour au temple, la haute-prêtresse, après avoir brulé ses vêtements et prit un bain purificateur, s’isola dans l’un des oratoires les plus hauts du temple.  

– Oh, déesse, donne-moi la force de continuer mes recherches. Tant de gens comptent sur moi, je ne peux les décevoirs. Déesse de la lumière, éclaire mes pas et guide mon esprit dans les méandres de ton infini savoir.

Les mains jointes, la tête basse, la haute-prêtresse laissa enfin couler sur ses joues les larmes qu’elle avait retenues toute la journée. Tant de souffrance, tant de misère... Elle se montrait forte, tel que son rôle l’exigeait, mais tout comme celui du peuple, son esprit était encombré de doute et de faiblesses. Le visage de ce petit garçon au teint cendré, ce couple se lançant des regards amoureux, tous deux alités, cette prêtresse aux mains tremblante et au visage décomposé après la combustion d’un patient... ces images tournaient dans la tête de la sindarine impuissante. Elle se réfugia dans la prière, plaçant ses espoirs dans le peuple et les dieux. Elle demeurait convaincue qu’un remède serait trouvé. Mais quand ?

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Phyrra
:: Héritière de Ténéis ::
Phyrra

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 12 Sep - 12:42

Le Temple de Ténéis
et la Fièvre des Cendres
- Dernière partie
Le temps avançait irrémédiablement sur la capitale argyréenne. Chaque soir, en allant se coucher, Phyrra priait pour que la prochaine journée soit meilleure. Car elle n’avançait plus, ses recherches étaient à un point mort, tout comme ceux de son temple. Les ouvrages de la bibliothèque de Ténéis avaient été épluchés en entier, l’un après l’autre, par les meilleurs esprits peuplant le temple, sans que de nouvelles découvertes soient faites. On avait certes trouvé d’anciens écrits sur ce qui avait à l’époque été appelé la fièvre rouge, mais si cette maladie avait des symptômes semblables lorsqu’elle se déclarait, aucun ouvrage ne mentionnait de combustion, un symptôme pourtant marquant qui n’aurait pas manqué d’être consigné si celui-ci avait été connu. Non, il ne s’agissait vraisemblablement pas de la même maladie. Certaines de leurs théories avaient toutefois eu des renforcements inattendus, notamment en ce qui concernait le Peuple unique. Rien d’assez concret, toutefois, pour confirmer leur existence.

Quelques notes dissonaient encore entre les différents représentants de Ténéis. Les théories de Lomion avaient fait naitre divers doutes dans le cœur des croyants. Si certains doutaient de la haute-prêtresse et de ses aptitudes, d’autres doutaient des Dix eux-mêmes, alors que d’autres refusaient de renier des écrits anciens qui avaient guidé leur enfance, malgré les preuves qui s’accumulaient. Pourtant, ce n’était pas ce qui dérangeait le plus Phyrra. Elle avait conscience des erreurs qu’elle avait commises, ne comprenait pas pourquoi il semblait manquer des pièces à ce puzzle qu’elle essayait tant bien que mal de résoudre. Qu’est-ce qui pouvait bien créer cette dissonance dans l’harmonie du temple ? Il lui manquait de calme et de repos pour pouvoir réfléchir pleinement, mais elle ne pouvait se permettre ni l’un ni l’autre. Bien que la Sindarine comprenait les raisons de ces doutes, elle aurait souhaité que tout se place plus rapidement. Elle sentait l’urgence dans chaque seconde, car à chacune d’entre elles, davantage de gens étaient infectés. Il fallait faire vite.

Durant le mois de Gléno, Phyrra avait convié les dix prêtres les plus hauts gradés de leur ordre à plusieurs reprises pour s’enquérir des avancés de leurs chercheurs. Souhaitant recréer un lien de confiance avec chacun des grands-prêtres, la haute-prêtresse prit le temps de les rencontrer individuellement pour répondre à leurs interrogations et leur offrir tout le soutien possible dans leur recherche, tout comme dans leur vie personnelle. Autrement, la Haute-Prêtresse jonglait avec une multitude de tâches dont aucune n’était facile. Parmi celles-ci, rassurer et soutenir la population, administrer les activités du temple et ses cérémonies, gérer les lieux de soins et la relève des soignants... tout cela lui prenait tant de temps qu’elle ne pouvait consacrer autant d’énergie qu’elle l’aurait souhaité à faire des recherches. Cependant, son temple se portait mieux, maintenant qu’elle lui consacrait davantage d’énergie, et une meilleure unité régnait dans les escaliers de la tour. Les gens échangeaient plus de courage et moins de doute, et cela faisait aussi du bien à la population.

Elle sentait toutefois toujours cette dissonance, comme si un mouvement à contre-courant tentait de détourner l’élan qu’elle voulait offrir au temple. C’est lors d’une rencontre avec l’un de ses grands-prêtres, Shimith, que les paroles de celui-ci lui mirent la puce à l’oreille. Celui-ci semblait particulièrement en colère lorsqu’il était entré dans le bureau que la haute-prêtresse avait réservé pour cette occasion. Elle s’attendait à ce que, comme à son habitude, l’homme lui en dise davantage sur les avancés des autres pays, car il était responsable des communications avec ceux-ci. Cependant, il avait plutôt commencé à critiquer les théories de Phyrra. Celle-ci ne s’était pas offensée, ayant rapidement compris que sa colère avait une autre origine. Elle le laissa donc vider son sac, oreille attentive, pour permettre à son précieux collègue de se décharger des émotions qui l’assaillait, malgré la colère que faisait naitre en elle certaines de ses paroles. Cependant, elle perdit son sourire en comprenant que cette colère était en fait dirigée contre elle.

– Vous essayez de nous faire croire à ces idioties ! Cette Vanes vous met des idées dans la tête, voilà ce qui se passe !

Un éclair de surprise passa alors dans les yeux de la Sindarine. Parlait-il de Pandora ? Pandora, qui lui avait toujours écrit régulièrement, mais qui avait été particulièrement silencieuse ces derniers mois ? Pandora, jeune et pieuse petite terrane, qui avait le bien-être de son peuple comme seul but ?

– Pandora? En quoi est-elle liée à vos reproches ?

Les yeux du yorka s’ouvrirent grand lorsqu’il réalisa son erreur. Inquisitrice, Phyrra s’était à demi relevée de son siège, inquiète de ce que pouvaient signifier les mots du prêtre.

– Je ne reçois plus de courrier du duché de Vanes depuis un bon moment. C’est vous-même qui m’avez assuré qu’aucun oiseau n’était arrivé.

Shimith se referma comme une huitre, refusant de parler. Ses yeux, quant à eux, lançaient des éclairs. Gardant un œil sur l’homme, la Sindarine le contourna lentement avant d’entrouvrir la porte et de s’adresser à Leffëna, qui gardait l’endroit.  

– Fais venir Isemay. Et quelques grands-prêtres, ceux que tu trouveras.

La Sindarine hocha la tête et s’éloigna sans poser plus de questions. Phyrra revint à la place, contemplant le grand-prêtre.  

– Que me caches-tu, Shimith ?

Il demeura silencieux, exacerbant l’irritation de Phyrra. Il lui cachait quelque chose. Mais quoi ?

*****

À genou dans la chambre du grand-prêtre, Phyrra tenait dans ses mains une pile de lettres écrites d’une calligraphie parfois fine et raffinée, parfois précipitée et raturée, sur un parchemin fin, mais résistant. C’est le cœur aussi déchiré que ces papiers qu’elle essaya d’assembler le puzzle qu’ils représentaient. C’est que ces lettres étaient dans un état lamentable, trop pour que l’ensemble du message puisse être lisible. Malgré tout, certaines choses étaient déchiffrables, et le cœur de la Haute-Prêtresse se serra en lisant certaines phrases de la jeune Pandora. Ce qu’elle parvenait à lire semblait confirmer ce qu’elle savait déjà, mais apportait surtout un éclairage nouveau, des preuves supplémentaires et des liens inédits.

Maudissant Shimith, elle se retourna vers Isemay, qui avait pris le temps de déchiffrer l’esprit du grand-prêtre. D’une décision commune du Phyrra et des autres grands-prêtres du temple, l’homme avait perdu son titre et son rang. Durant des mois, il avait intercepté non seulement le courrier de Phyrra, mais aussi celui de plusieurs personnes d’importances du culte des étoiles, et ainsi ralenti la progression dans la lutte contre l’épidémie. Pour éviter qu’on ne puisse étayer la théorie du peuple unique, il avait détruit beaucoup de documents, et cela aurait inévitablement des conséquences dans l’avancé de leurs recherches. Pour cela, il avait été jugé coupable de trahison envers l’Église.

Les découvertes qu’elle fit, au fur et à mesure des heures qui passaient, réaffirmèrent ses théories et lui donnèrent l’espoir de réussir à trouver quelque chose. Lancée sur une nouvelle voie, elle put reprendre ses recherches et mieux aiguiller les recherches de ses chercheurs. Privé de l’un de ses grands-prêtres, elle prit la décision, après avoir consulté les confrères de Shimith, d’attendre avant de remplacer l’homme. Ses fonctions avaient été divisées entre les autres prêtres toujours en poste en attendant qu’un nouvel élu soit désigné.

Après tant de temps à avancer dans le vide, Phyrra sentait finalement qu’elle touchait au but.

FIN

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