EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres

News & Infos

C'est ici que vous trouverez les dernières infos du moment, les utiles et moins utiles.

Temps actuel

Effectifs

• Eryllis: 3
• Ladrinis: 9
• Eclaris: 5
• Prêtresses: 5
• Cavaliers de S.: 5
• Nérozias: 6
• Gélovigiens: 3
• Ascans: 0
• Marins de N.: 4
• Civils: 15

Lien recherché

- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

Code par MV/Shoki - Never Utopia



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
:: The Boss ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Le Messager
:: The Boss ::
Le Messager
MessageSujet: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 1 Sep - 21:52


LA FIÈVRE DE CENDRES
   EVENT - Le temple de Kesha, un phare dans l'obscurité

 
◈ CONTEXTE ◈

Depuis de nombreuses journées, le temple de Kesha, aussi beau et apprécié que les prêtresses qui y officient, est pris d’assaut par les malades.

Il fut décidé il y a un mois de cela que le temple devrait être accessible. Des recherches y étaient déjà menées par les prêtresses de Cimmeria, qui découvraient déjà au sein de la caste des cas de fièvres. Pour une raison étrange, la nation des glaces semblait être épargnée, graciée par la maladie qui n’arrivait que rarement à traverser les frontières. Et pourtant, ce répit ne devait être qu’apparence : bientôt, comme toutes les autres nations, Cimmeria tomba aux mains de la fièvre.

Le nombre augmenta rapidement, tant et si bien qu’on décida d’ouvrir le temple pour rassembler les malades, espérant éloigner au passage les contaminés des autres habitants encore sains. Les prêtresses, ayant fait vœux de suivre les doctrines de Kesha et d’offrir leurs vies à la médecine, se retrouvaient en première ligne pour prendre soin des fiévreux, avançant à tâtons face à une maladie dont on ignorait tout. Le nombre d’infectés était en hausse perpétuelle, et aujourd’hui, prêtresses et malades se retrouvent côtes à côtes à souffrir des mêmes maux, soignants et soignés unis par le feu.

Mais au berceau des glaces et des neiges, un phénomène étrange se produit : le froid aurait une vertu excellente pour faire baisser la fièvre, et octroyer quelques temps de plus au malade. Bénédiction ? Les maladies cimmériennes qui rôdent dans le froid ne seraient pas d’accord, puisque combinées à la fièvre, elles causent le trépas à presque tous les coups.

Si vous passez par là, vous serez accueilli par un champs de bataille. Votre aide sera la bienvenue, à moins que vous ne fassiez parti des blessés. D’un côté ou de l’autre des hostilités, vous voilà au temple de Kesha, puisse-t-elle se montrer bienveillante avec vous.


◈ LES RÈGLES ◈


  • Vous pouvez poster votre réponse directement à la suite de ce message.

  • Tous les postes écrits sur ce sujet rapportent des points pour le décompte final. Il n'est pas nécessaire que le sujet soit clos: le décompte aura lieu à la fin de chaque semaine.

  • Il vous est toujours possible d'ouvrir un sujet à part, seul ou à plusieurs. Dans ce cas, il faudra l'indiquer dans le sujet adéquat pour qu'il soit connu du staff, et ses points ne compteront qu'une fois le sujet terminé.



Bon jeu à tous !

 



EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres 744275Sanstitre1
Revenir en haut Aller en bas
:: The Boss ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Le Messager
:: The Boss ::
Le Messager
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 21 Fév - 12:59


LA FIÈVRE DE CENDRES
EVENT - Le temple de Kesha, dans la gueule du feu

◈ CONTEXTE ◈

Sous vos visages tissés de bienveillance, le doute gronde. Les mois auraient pu vous élever vers le salut, des augures plus prometteuses et conquérantes sur la fièvre qui brûle sur le continent. Mais à défaut de vous permettre de triompher sur la maladie, vous voilà vous-même touchées au plus près par le mal.

Les mois se sont égrainés avec, d’abord, un certain contrôle. Les malades trouvaient entre vos mains une aide précieuse. Vos sourires et vos mots bienveillants étaient parfois la seule chose qui les séparait d’un certain rejet, une véritable échappatoire pour ceux que les cimmériens avaient tendance à exiler. Et cela suffisait à vous engaillardir : vous vous êtes battues pour maintenir l’ordre, les soins, pour soulager les fiévreux qui se bousculaient aux portes du temple. Le climat cimmérien jouait à votre avantage, les températures froides, malgré la belle saison, adoucissant à peu près les symptômes.

Courant Tymbé, vous crurent même pouvoir trouver une solution, quand les premières mages parmi les sœurs sont parvenues à arracher aux corps la maladie terrible. Ce pouvoir, miraculeux, vous a un temps permis de trouver une certaine lumière, comme si les élues étaient touchées par Kesha et pouvaient offrir le salut, au prix de longs efforts et d’un taux de réussite encore incertain.

Mais il fallut se rendre à l’évidence peu après. De plus en plus de sœurs se retrouvaient touchées par la fièvre de cendres, alors là même que vous étiez les plus précautionneuses dans vos soins. Rester loin, sans contact, sans dialogues : autant de conseils qui étaient scrupuleusement appliqués. Mais qui pourtant ne vous ont pas permis de vous protéger de la terrible maladie.
Et bien qu’isolées, les sœurs atteintes ne cessaient de croitre en nombre, tant qu’il devint pénible de camoufler la vérité au public qui vous accablait.

Et ce qui n’était que des bruits de couloirs et de simples rumeurs, des peut-être, des et si, devinrent bientôt, pour toutes, une certitude. Un tissu sombre et épais de méfiance qui se tissait entre vous. Avec, pour toutes, ces mêmes mots sur les lèvres : il y a un monstre parmi nous. Et c’est avec cette vérité là que vous vous évertuez à maintenir les apparences, à pousser le monstre sous le lit pour bien paraître devant le peuple, et aider aux mieux les nécessiteux.

La maladie serait-elle l’œuvre d’une ancienne sœur nostalgique des manigances ? D’une créature sombre qui vit tapis dans l’ombre du temple et qui vous prendrait pour cible ? D’un complot plus vaste encore ?

Pour l’heure, aucune d’entre vous n’osa encore faire de ce mystère sa priorité. Mais le remède peine à se faire connaître, et les malades comme les prêtresses ne peuvent que subir la maladie sans pouvoir encore vraiment la combattre. L’espoir des immunisés vous redonne du baume au cœur, mais il faudra redoubler d’espoir pour affronter le dragon qui vous persécute et vous emporte, une à une, dans ses flammes.

Emprunterez-vous la course au remède ? Ou enquêterez-vous sur le mal qui vous ronge ? Le temple est la proie des flammes.


◈ LES RÈGLES ◈


  • Vous pouvez poster votre réponse directement à la suite de ce message.

  • Tous les postes écrits sur ce sujet rapportent des points pour le décompte final. Il n'est pas nécessaire que le sujet soit clos: le décompte aura lieu à la fin de chaque semaine.

  • Il vous est toujours possible d'ouvrir un sujet à part, seul ou à plusieurs. Dans ce cas, il faudra l'indiquer dans le sujet adéquat pour qu'il soit connu du staff, et ses points ne compteront qu'une fois le sujet terminé.



Bon jeu à tous !




EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres 744275Sanstitre1
Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 22 Fév - 13:25

[One-shot solo]

Gléno - Quelque part sur les routes vers Hellas

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

La chaleur.
Forte, presque insupportable.  
La peau brûlante, le souffle court.
Une douleur lancinante, une fatigue pesante.
Natreck gémit, inconfortable, l’esprit embrouillé par la douleur.  

S’assoyant en indien, il prend une grande respiration, tremblant de tous ses membres, le dos droit. Il expire, tentant d’évacuer la tension dans ses muscles. Malgré tout, un court gémissement témoigne de son inconfort. Il persiste, prend une nouvelle respiration, se concentrant sur le mouvement de son corps. La douleur, toujours présente, fait partie de lui. Il expire, détend ses muscles, accepte la douleur. Se plongeant dans une transe, il diminue la pression dans son esprit. Lentement, il accompagne l’essence divine prenant naissance dans sa poitrine, suivant la sensation de son pouvoir qui prend naissance, qui suit le parcours de ses veines, qui l’emplit de magie. Inspiration. L’air entre dans ses poumons, il respire pleinement pour la première fois depuis le début de cette foutue maladie. Expiration. La tension quitte ses muscles, soulage ses courbatures.  

Lorsqu’il ouvre les yeux, son esprit est calme et son corps léger. La fièvre est pourtant toujours là, insidieuse créature résistante à l’essence divine. Le yorka soupire, se redresse lentement, veillant à ne pas réveiller cette douleur que la méditation a endormie temporairement. Il se sent mieux, comme s’il avait dormi une longue nuit, et pourtant, la fatigue est toujours là, lourde, difficile à porter. Pourtant, il sait que ce n’est que le début. Il sait qu’il n’a que peu de chance de survivre. Il a peu d’argent, il est loin de tout, et la fièvre est de plus en plus brûlante. Pourtant. Natreck n’est pas du genre à se laisser faire. Il se battra, même sans espoir. On disait que le froid aidait à apaiser la douleur. Pour ceux qui ne pouvaient se procurer le calmant du Haut-Monastère, l’on préconisait les bains glacés. Il avait donc comme objectif de se rendre dans un endroit plus frais. Le plus frais possible.

Le ladrini n’était ni riche ni pauvre. Ses aptitudes, ses contacts et ses missions lui permettaient habituellement d’obtenir ce dont il avait envie. Aujourd’hui, cependant, il était trop faible pour espérer accomplir ne serait ce que la plus petite tâche. Son corps, qui répondait habituellement si facilement à ses commandes, était paralysé par cette fièvre qui l’affaiblissait. Il devait garder son énergie pour chevaucher. En effet, dès qu’il avait compris ce qui lui arrivait, le corbeau avait fait route vers le nord. Difficile de dire en combien de temps il rejoindrait son but. Si tout se passait bien, il atteindrait Hellas en deux mois. Deux longs mois, seul sur les routes, avec cette foutue fièvre qui augmentait sans cesse. S’il en croyait les ouï-dire, il serait arrivé avant le pire de la maladie. Peut-être alors Kesha aurait permis aux peuples de trouver un remède. Il l’espérait.  

Seul sur sa monture, Natreck faisait route vers le temple de Kesha. Y arriverait-il à temps ?



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 22 Fév - 18:13


Une nouvelle cargaison de malades arrivait aux portes du temple de Kesha. Plus dense encore que les jours précédents. La tempête était là. Frappant avec force sur la structure pourtant tenace de la caste des prêtresses de Cimmeria. Au milieu de ce flot, les prêtresses prenait en charge autant de personne que possible. Les malades étaient ausculter puis diriger vers les différentes ailes du temple afin de ne pas tous les rassembler au même endroit. Certains étaient envoyé vers d'autres dispensaires dans et hors Hellas, afin que le temple ne soit jamais complètement submerger. Agissant comme un phare au milieu de la nuit, le haut édifice était un repère et une lueur d'espoir pour tous les habitants de la région et même au-delà.

Tu t'occupes des arrivées, tu t'en sens capable ?

D'habitude en charge des cuisines, soeur Qaniit devait donner un coup de main, comme toutes ses soeurs, pour accueillir les nouveaux malades. Cependant, elle ne pouvait pas rester à l'entrée du temple, elle devait retourner allumer les fourneaux ou toutes ces nouvelles bouches n'auraient rien pour se nourrir. Elle confiait donc son poste à une jeune fille brune qui, un peu penaude, acquiesçait sans dire un mot.

Personne n'avait envie de se frotter de trop près aux malades, on savait bien maintenant que la fièvre était transmissible d'homme à homme et si certains semblaient immuniser, ils n'étaient pas assez nombreux pour prendre seuls en charges tous les malades. Parmi les soeurs, rares étaient celles a pouvoir affirmer sans aucun doute qu'elles étaient immunisées. Difficile à savoir, entre la simple chance d'être passé entre les goutes et l'immunité avérée. Nyx n'en menait pas large, elle n'était pas venu ici pour attraper cette saleté et n'avait aucune idée de si elle était ou non immunisé. Elle ne prendrait pas plus de risque que nécessaire à sa mission. Cela dit, elle avait quelques atouts dans sa manche pour éviter d'attraper cette maudite maladie.

Elle s'approchait avec précaution des nouveaux venus et faisait pourtant de son mieux pour les ausculter au mieux et les diriger ensuite vers les autres prêtresses. Sa fonction était simple, écouter, noter et rediriger. Écouter les malades. Noter les indices sur le lieu potentiel de contamination et la période d'apparition des premiers symptômes. Rediriger les cas les plus avancés vers les prêtresses guérisseuses, les autres vers les salles d'attentes ou les dispensaires.

Les soleils étaient hauts dans le ciel quand arriva un homme à cheval, en piteuse posture sur sa selle, à se demander si ce n'était pas davantage le cheval que l'homme qui avait choisi leur destination. S'approchant lentement, levant la paume de ses mains abimées par le travail et rougies par le froid, la jeune fille venait en paix mais visiblement, elle avait peur de la réaction du cheval.

pwp8.pngBonjour Monsieur, pouvez-vous descendre de votre monture ?

La question était bien moins naïve qu'elle ne le paraissait. Il n'était sans doute pas le premier à arriver au temple par ce moyen de locomotion et les précédents n'avaient pas toujours toutes leurs capacités un fois arrivé à bon port. Les mains levées, elle attendrait que l'homme soit descendu avant de continuer :

Je suis Ulva, je travaille au temple, je vais vous ausculter, suivez-moi s'il vous plait.

Elle n'avait même pas pensé à demander à l'homme si il était là pour se faire soigner.. Depuis les dernières semaines, la question ne se posait plus, allant de soi, ce qui était sans doute un signe alarmant. Elle dirigeait l'homme vers une tente non loin équipée du strict nécessaire, à savoir : une chaise, un lit, un verre et un pichet d'eau.

Vous avez beaucoup voyagé ?

C'était à peine une question, les yeux trop observateurs de la jeune fille semblaient aisément percer à jour le voyageur. Ce n'était sans doute pas compliqué en réalité, l'homme portait des vêtements de voyage et ils étaient dans un sacré état, sa monture aussi.
Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 22 Fév - 23:08

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

Ça avait été plus rapide que prévu.
Mais aussi beaucoup plus long.  

La douleur venait un peu par vague. Parfois, pendant quelques jours, il se sentait si mal qu’il progressait à peine. Au pire de la fièvre, il n’avait pas pu bouger de sa couche. Conscient de son état, le jeune homme avait évité les routes les plus fréquentées, ne souhaitant pas être prisonnier du système débordé du Haut-Monastère ou d’une autre ville d’Eridania. Son but se situait beaucoup plus au nord.

Il avait longuement réfléchi lorsqu’il avait quitté Raël à ce qu’il allait faire. Il n’avait mis que peu de temps avant de comprendre qu’il en était lui aussi atteint. Cette foutue fièvre, après tout, s’étendait à une vitesse folle, et il aurait fallu qu’il soit doté d’une chance incroyable pour faire partie de ces rares immunités. Après tout ce à quoi il avait survécu, toutefois, avec tout ce qu’il avait enduré, il lui semblait d’une stupidité sans nom que de se laisser mourir sans rien faire.  

Natreck avait donc exploré ses options. Son choix s’était fixé sur le pays le plus au nord. Ce lieu semblait naturellement équipé de ce qu’il fallait pour combattre la fièvre. Le froid, qui apaisait la brûlure, y était facilement trouvable, et la présence de la faculté Néria et des prêtresses de Cimmeria en faisait des experts en médecine, une quantité de médecins comme il n’y en avait nulle part ailleurs.  

Il avait eu la chance qu’une vieille amie lui file le calmant, ce qui lui avait permis de poursuivre sa route. Il le prenait avec parcimonie, l’utilisant uniquement quand la fièvre devenait incapacitante. Pourtant, quelque part en Cimmeria, bien avant Hellas, il en avait bu la dernière gorgée. Malgré le temps nuageux, il ne faisait pas encore particulièrement froid en cette saison, et Natreck ne put compter sur cet aspect.  

La fièvre se remit de la partie, encore plus forte qu’auparavant, signe que la maladie progressait indéniablement. Cependant, il avançait. Viking, son énorme cheval dressé d’une main de fer à Themisto, était d’une aide exemplaire, lui permettant de se reposer en selle lors des longues lignes droites. Il était heureux de ne pas faire ce chemin pour la première fois, car de longs moments de son voyage lui apparaissaient comme lointains, alors qu’il avait été à peine conscient.

Cependant, il y avait des jours plus faciles. Aujourd’hui, par exemple, la fièvre demeurait maîtrisable. Il n’était toutefois pas en très bon état, car il avait eu du mal à se nourrir durant son dernier accès de fièvre. Ses vêtements étaient dans un sale état, déchiré par endroit, couvert de boue et de traces. Natreck conservait son énergie à demeurer en selle, et demeurait à moitié évaché sur celle-ci.  

– Bonjour Monsieur, pouvez-vous descendre de votre monture ?

Natreck dut avoir l’air un peu perdu, car il n’avait pas réalisé qu’il était arrivé à destination. Ses yeux passèrent des jolis yeux de la jeune femme devant lui aux tentes et aux malades qui les entouraient. Cependant, il revint rapidement à lui, et son regard aviaire se plongea dans celui de la brune.  

– Ça devrait être possible, affirma-t-il en se raclant la gorge, lui-même surpris par la faiblesse dont sa voix témoignait.  

Il prit une gorgée de la gourde qu’il avait à ses côtés, s’éclaircissant la gorge avant de descendre de sa monture. Il réussit à enjamber l’animal sans trop de mal, mais il vacilla sur ses jambes un peu molles en touchant le sol. Il lui fallut quelques secondes, mais n’eut pas trop de mal à contourner l’animal pour offrir un sourire fatigué à celle qui savait visiblement ce qu’elle avait à faire.

– Je suis Ulva, je travaille au temple, je vais vous ausculter, suivez-moi s’il vous plait.

Il prit tout le temps qu’il lui fallait pour saisir ce qui était le plus importants pour lui dans les sacoches de l’étalon, dont Kouna, sa petite furette qui dormait, lové en boule dans le sac qui contenait sa couverture. Alors que Natreck terminait de prendre le sac qui contenait la majorité de ses effets personnels, Kouna se glissa dans le capuchon de la cape que le corbeau venait d’enlever de sa tête. Elle sembla dérangée lorsque le yorka rejoignit la jeune femme et transmit à Natreck quelques pensées étranges qui ne firent pas de sens dans l’esprit fatigué du corbeau. Il laissa Viking là, convaincu qu’il ne s’éloignerait pas, et se glissa sous la tente que cette Ulva lui proposait.

– Vous avez beaucoup voyagé ?

L’homme hocha la tête, détaillant cette jeune soigneuse comme elle le regardait, peu surpris de la question qui témoignait de l’évidence de sa situation. Kouna demeurait nerveuse dans son cou, mais de son côté, Natreck ne voyait aucune raison d’être nerveux. Au contraire, l’aura mystérieuse qui dansait autour de la jeune femme avait quelque chose d’attirant, bien qu’un peu intimidant, aussi. Il prit place sur la chaise qu’elle lui désigna, profitant de l’eau qui s’y trouvait.

– Plus que prévu, sans doute, soupira-t-il. Cette fièvre m’a ralenti, bien sûr. J’espérais atteindre Hellas bien avant. Je viens de Thyrénium.

Il mentait, bien sûr, Thyrénium n'ayant même pas été sur son chemin. Cependant, aucune hésitation ne vint trahir ce petit mensonge. De toute façon, pourquoi douterait-elle de lui ?

– Vous semblez débordé, observa le yorka. Je croyais éviter les foules en me déplaçant par ici. Cette maladie progresse plus vite que je ne l’aurais cru.

Si son corps était fatigué, il était maintenant suffisamment éveillé pour avoir complètement retrouvé ses esprits. Il plongea son regard redevenu vif dans les yeux changeants de la jeune femme, attentif.



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 23 Fév - 22:30


Il ressemble à un terran. Jeune, la trentaine, peut-être un peu moins, cette barbe mal taillée le vieillissait sans doute. Il pouvait aisément passé inaperçu. D'une beauté banale, comme sa soigneuse. La jeune fille se risque à un sourire bienveillant alors qu'il la dévisage. Elle doit bien admettre que ces grands yeux noirs lui font un petit quelque chose. Sans doute, sait-elle mieux que personne, combien la banalité est belle. Belle et utile. C'est la meilleure arme des anonymes, de ceux qui travaillent dans l'ombre. Un monsieur tout le monde, avait dans les doigts, plus d'or que le roi d'Eridania.

Il affirme venir de Thyrénium. Elle n'a pas envie de le croire. Pourtant rien dans sa voix ne trahissait le moindre mensonge et le sable qui était resté coincé dans le repli de la sangle de la selle de sa monture pouvait bien venir des routes.. Les yeux de la demoiselle sont trop alertes pour appartenir à une simple fille de cimmeria. Pourtant, le grain de sable n'est rien. Un détail collecté dans un coin de son crâne. Une pièce éparse d'un puzzle avec lequel elle jouait constamment. Non, en réalité, si elle n'avait pas envie de le croire.. c'était pour son propre plaisir. Elle aimait les menteurs. Surtout ceux assez doués pour ne pas se trahir face à elle, qui se considérait sans mal comme une "assez bonne" menteuse.

La terran passe une main dans ses cheveux, passe une mèche châtain derrière son oreille, comme si elle était sensible au regard vif que lui adressait l'homme. Elle détourne légèrement le regard avant de reprendre contenance, poussée par la nécessité de faire son travail.

C'est vrai, on avait pas du tout prévu une telle demande.

On, dit-elle. Elle attrape son carnet dans la sacoche qui ballotte contre sa hanche. Au crayon, elle griffonne rapidement dans une écriture assurée mais assez grossière.

Tyrhénium donc. Quand avez-vous senti les premiers symptômes ? De la fièvre légère, des évanouissements ou des vertiges ? Vous souvenez-vous du mois ? De l'endroit où vous étiez ?

Les questions s'enchainent avec l'habitude et la rapidité d'une longue répétition. La jeune cimmérienne relève le nez de son carnet et semble brusquement se rendre compte du flot rapide de ses paroles.

Pardon, je parle peut-être trop vite ? Voulez-vous que je reprenne plus lentement ?

Sincèrement désolée, la terran se mord la lèvre inférieure, geste qui devait être habituel à en juger par la rougeur de cette zone. Elle laissa le temps au voyageur de se resservir un verre d'eau et profitant d'un instant de silence, demanda du bout des lèvres :

Je.. j'aurai besoin d'un nom aussi.. Vous pouvez me donner un nom d'emprunt si vous voulez, c'est juste pour pouvoir suivre votre état si vous deviez passer un peu de temps parmi nous.. "Monsieur aux jolis yeux noirs" c'est un peu long à écrire.

La jeune fille laisse s'évader un petit rire, discret, fluet, retenu, comme elle. Visiblement la maladie n'avait pas pris sa bonne humeur mais peut-être était-ce pour les prêtresses de Cimmeria leur plus fidèle arme. Ne jamais laisser la détresse vaincre l'esprit.
Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeVen 26 Fév - 1:11

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

– Pas d’inquiétude, je tiens le rythme, la rassura Natreck.

Il prit quelques secondes pour réfléchir aux questions de la jeune terranne.

– Quelle date sommes-nous ?

Le yorka avait perdu la notion du temps. Lorsqu’elle lui partagea l’information, il fut surpris de constater que contrairement à ce qu’il avait cru, il n’avait été retardé que de quelques jours à peine. En effet, il lui avait fallu guère plus d’un mois pour arriver.

– J’ai constaté les premiers symptômes il y a environ un mois, un peu plus peut-être. Il m’a fallu peu de temps pour comprendre et me décider à partir, pendant que j’en étais encore capable.  

Un petit rire résigné traversa les lèvres minces du corbeau. Il remarqua le regard de la jeune femme. Il y avait quelque chose... C’était quelque part dans sa manière de le regarder, un regard qui n’était pas celui d’une guérisseuse, Natreck aurait pu le jurer.

– Pour les symptômes... Fièvre, vertige, sueurs, douleurs et raideurs musculaires, énuméra-t-il à mesure que ceux-ci lui venaient en tête.

Il eut un sourire triste en relevant les yeux vers elle. Pourquoi était-elle ici ?

– Quelques pertes de mémoire aussi, surtout lorsque la fièvre est plus forte.  

Natreck reprit à boire. Cette fièvre maudite l’assoiffait.  

– Je.. j’aurai besoin d’un nom aussi.. Vous pouvez me donner un nom d’emprunt si vous voulez, c’est juste pour pouvoir suivre votre état si vous deviez passer un peu de temps parmi nous.. "Monsieur aux jolis yeux noirs" c’est un peu long à écrire.

Le rouge lui monta instantanément aux joues. Il n’était pas très à l’aise face aux dames, et encore moins lorsque celles-ci lui faisaient des compliments. Il bégaya un peu en lui donnant son nom, un pseudonyme plutôt, dont certains auraient pu entendre parler sans que ce soit pour les mauvaises raisons.  

– Je... hé bien... dit-il, le rose aux joues. Je suis Reck. Agnis, ajouta-t-il, soudainement timide.  

Il la regarda écrire dans ce petit carnet alors qu’il reprenait une lampée d’eau dans l’espoir de camoufler sa gêne. Il arrivait que des femmes lui fassent des compliments, mais c’était habituellement, car elles souhaitaient obtenir quelque chose de lui, et non pas par simple gentillesse.

– Vos yeux sont pas mal non plus...  

Il aurait voulu se cacher lorsque la jeune femme leva de nouveau le regard sur lui, mortifié par la maladresse de ce commentaire. Le rouge lui monta aux joues de plus belle et il détourna le regard. Le jeune corbeau n’avait aucune envie de la courtiser, n’avait voulu que lui retourner sincèrement son compliment. La terranne avait véritablement un regard unique, celui-ci chatoyant des différentes couleurs de l’arc-en-ciel.  

Il y avait quelque chose, cependant, dans ce regard. Le corbeau le sentait, il ne s’agissait pas de quelqu’un d’ordinaire. Son regard était fin, observateur, son esprit aiguisé. Plus que ce que l’on attendait habituellement d’une prêtresse, même si Natreck ne doutait pas qu’il y ait des personnes uniques chez les prêtresses comme ailleurs. Cependant, quelque chose en lui se méfiait. Était-ce la nervosité étrange de Kouna qui le faisait douter ? Elle était gentille, et surtout intrigante. Peut-être pas aussi irréprochable qu’il l’avait cru au premier abord, mais cela ne gênait pas Natreck.  

– Comment ça marche, ensuite ? On a le droit à un peu de liberté, malgré la fièvre ? demanda-t-il soudainement.

En fait, il n’en avait que davantage envie de la connaître.



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeVen 26 Fév - 23:00


Elle note avec la scrupuleuse attention de ceux qui ont une mission à accomplir, la mine arrondie de son crayon devra bientôt être retaillée. Parmi les mots couchés sur le papier s'éclipsent pourtant ceux concernant la perte de mémoire. Un oubli malheureux. Peut-être. Elle fixe la page, concentrée à ne pas faire de faute, sans doute. A moins qu'elle ne soit entrain de réfléchir. De la fièvre, des vertiges et des pertes de mémoires.. Cela sonnait à son oreille comme la douce mélodie que jouaient ses frères et soeurs. Ce pourrait-il que le jeune homme soit un futur frère ? La jeune fille se mord à nouveau la lèvre inférieure.

Ses pensées réjouissantes s'envolèrent pourtant lorsqu'à la suite de sa question, les joues de l'homme se teintèrent de rose. Ce n'était sans doute qu'un pauvre voyageur. Tombé sur le loup en croyant se rendre auprès d'un troupeau. Pauvre âme. Pauvre âme...

N'est-il pas à croquer ?

Reck. Agnis. Mince, elle ne saurait dire lequel était un prénom et lequel un nom. Il avait dit Reck en premier, sans doute était-ce son prénom ? La jeune fille semble hésiter sur quoi écrire quand le dénommé Reck..ou Agnis, lui adresse le même compliment. La terran lève le nez de son calepin au moment même où le corbeau détourne la tête. Quel dommage qu'il ne puisse voir le regard qu'elle pose sur lui.

Ses joues où se perdent quelques petites tâches de rousseurs, rosissent à leur tour, comme si l'embarras était contagieux. A moins que ce ne soit tout autre chose que de la gêne. Elle le voulait menteur, pour son propre plaisir. Puisqu'il n'y a pas plus distrayant qu'un bon menteur. Pourtant, face à cet embarras si parfait, elle doutait. Il n'était peut-être qu'un voyageur. Perdu ici. Malade comme tous les autres. Banal et parfait.

Le doute gagnait la partie. Quelle délicieuse agonie.

La cimmérienne rougit et il semble que la chaleur qui gagne ses joues ne soit en rien feinte. Elle redescend bien vite ses yeux derrière son carnet alors qu'il reprend la parole. Timide et touchée. Touchée et intriguée. Elle avala sa salive avant de répondre.

Ahm.. Suivant la gravité de votre état, je dois vous envoyer voir les soeurs guérisseuses ou vous fournir un calmant.

Elle tente un regard par dessus son carnet. Rit un peu nerveusement quand leurs regards se croisent à nouveau et prend une grande inspiration de personne entrain de travailler tâchant de ne pas se déconcentrer.

Monsieur.. Agnis. Elle a un peu hésité, choisissant par déduction sans être persuadée de sa logique. Vous n'êtes évidemment pas un prisonnier ici, vous pouvez aller et venir comme bon vous semble. Vous êtes libre de partir.. Un "mais" apparaissait dans ses yeux avant même que le mot n'ouvre sa bouche. .. mais ce ne serait vraiment pas prudent dans votre condition.

Comme si elle guettait l'assentiment de l'homme, ou une réponse qu'elle pourrait lire avant qu'il ne l'exprime, la cimmérienne attendit patiemment, peut-être un peu trop intensément. Un bruit de toux à l'extérieur de leur tente la fit un peu sursauter et la rappela semble-t-il à l'ordre.

Je vais chercher votre calmant !

Aussi vite qu'elle avait lâché ces quelques mots, elle disparu derrière le rideau de l'entrée de la tente. Réapparaissant aussi vivement une dizaine de secondes plus tard, une gourde à la main.

Vous devez en boire une gorgée maintenant et une à chaque fois que vous sentez que la fièvre revient.

Elle lui tendit généreusement la gourde bien remplie.

Prenez-en bien soin, nous en fabriquons autant que nous pouvons mais ce n'est pas facile.

Son précieux cadeau délivré, elle sembla un peu hésiter avant de poursuivre :

Ne la donnez pas à d'autres personnes, si ils sont malades, ils en recevront une des prêtresses en venant ici. Et n'en acceptez pas d'autres personnes en dehors du temple. Il y a des personnes mal attentionnées qui essaient de vendre de la fausse potion et d'autres qui achètent ou dérobe les vraies ou véritables malades comme vous..

Etait-elle gênée de ce trafic odieux ou de devoir rappeler ces règles un peu basique à un voyageur aguerris ?

Je vais vous montrer la suite de votre traitement.. Si vous voulez bien me suivre.

La jeune femme attendait que l'homme se lève, elle le couvait du regard quand il semblait ne pas la regarder. Elle se rapprochait d'un petit pas timide si il donnait l'impression de faiblir et se ravisait dès lors qu'il était plus stable sur ses deux pieds.

Je suis désolée de vous fatiguer davantage. Je vais faire vite et vous laissez vous reposer tranquillement. Il y a des tentes pour les malades, des dortoirs en quelque sorte.. Les auberges sont complètes depuis une semaine.
Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 2 Mar - 12:35

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

Ces échanges de regards dessinaient entre les deux jeunes gens un étrange intérêt. La timidité de leurs échanges camouflait toutefois ce que chacun d’eux recherchait. Ils n’étaient pas dupes, mais comme si c’était le cas, la discussion se poursuivait, sa banalité camouflant le double sens de leurs phrases.

– Monsieur.. Agnis. Vous n’êtes évidemment pas un prisonnier ici, vous pouvez aller et venir comme bon vous semble. Vous êtes libre de partir.. mais ce ne serait vraiment pas prudent dans votre condition.

– Tant qu’on me laisse me balader un peu, je ne me sauverais pas,
dit-il avec un petit sourire amusé.

Malgré tout, ses prunelles témoignant de son sérieux. Il avait beau être ici de son plein gré, la liberté était quelque chose de précieux pour Natreck. Trop précieux pour qu’il risque de la perdre, même si cela signifiait mourir seul dans les neiges éternelles du pays. Il était un yorka, la nature faisait partie de lui, il se sentait incapable de demeurer dans une chambre sans voir le ciel et ressentir le vent si cela devait s’éterniser, même s’il était malade. C’était la raison même pour laquelle il ne s’était pas arrêté en Eridania. Il garda cependant cela pour lui. Elle n’avait pas besoin de savoir qu’il ne resterait pas s’il n’y avait pas espoir de guérison.

Dans son regard, elle semblait chercher quelque chose, une réponse à une question qu’elle n’avait pas posée. Son regard n’était pas celui d’une timide jouvencelle, même si tout le reste de son attitude allait en ce sens. Pouvait-on vraiment feinter à ce point ? Le ladrini était bien placé pour le savoir. Il avait rencontré toutes sortes de personnes, des meilleures aux pires, assez pour savoir que certains étaient dotés d’extraordinaires talents d’acteurs. Pourtant...

– Je vais chercher votre calmant !

Pourtant, elle jouait admirablement bien son rôle. Après s’être éclipsée quelques secondes, elle lui remit une gourde et lui expliqua avec affabilité comment il devait s’en servir. Le surnommé Reck renifla discrètement le remède, comme s’il souhaitait se familiariser avec ce qu’il allait ingérer. Celui-ci avait cette même odeur d’herbe que celui auquel il avait eu droit précédemment, mais le corbeau n’était pas certain de pouvoir faire confiance à Ulva. Les compétences de Raël lui auraient été bien utiles... Il chassa prestement le scorpion de ses pensées. Malgré ses réticences, qui auraient pu être associées à la désagréable odeur de la potion, il en prit une gorgée. Renforcé par la magie, le liquide descendit dans sa gorge jusqu’à son estomac, traçant en lui un chemin glacé. Rapidement, sa peau prit une allure moins luisante et son dos se redressa imperceptiblement. Dans l’ensemble, il se sentait déjà mieux.  

– Ne la donnez pas à d’autres personnes, si ils sont malades, ils en recevront une des prêtresses en venant ici. Et n’en acceptez pas d’autres personnes en dehors du temple. Il y a des personnes mal attentionnées qui essaient de vendre de la fausse potion et d’autres qui achètent ou dérobe les vraies ou véritables malades comme vous..

Il fixa rapidement la gourde à sa ceinture alors que la jeune femme parlait. Ainsi, certains étaient prêts à payer pour ce calmant... qui semblait bel et bien authentique. Pourrait-il faire de l’argent en revendant des petites quantités de cette gourde, alors même qu’il se trouvait dans la ville des prêtresses de Kesha, là où tout le monde semblait capable de s’en procurer si facilement ? D’un autre côté, les prêtresses pouvaient parfois être si naïves... ce qui ne semblait pas être le cas d’Ulva. Verrait-elle ce soupçon de malice qui brilla au fond de son regard ? Comprendrait-elle qu’il était le filet davantage que le poisson ?

– Certains sont vraiment prêts à tout pour atteindre leur but, soupira-t-il innocemment, comme peiné d’apprendre l’existence de telles manigances.

Était-ce de la convoitise qu’il lisait dans le regard de cette femme ? Non, pas exactement... elle désirait pourtant quelque chose, le yorka en était certain. Ses yeux reflétaient un but, un objectif plus grand, qui n’avait probablement rien à voir avec la fièvre des cendres... Natreck avait déjà vu ce regard auparavant.

– Je vais vous montrer la suite de votre traitement.. Si vous voulez bien me suivre.

L’amenait-elle réellement avec les autres malades ? Plus curieux qu’effrayé, le corbeau se redressa plus ou moins péniblement et entreprit de la suivre. Elle posait sur lui un regard protecteur et semblait prêtre à l’épauler si ses jambes flanchaient. Ces dernières, aidées par le calmant, se solidifièrent après quelques pas et le yorka put suivre la jeune femme sans risquer de tomber. Il évita également de la toucher, la transmission de la maladie se faisant par contact direct.  

– Je suis désolée de vous fatiguer davantage. Je vais faire vite et vous laissez vous reposer tranquillement. Il y a des tentes pour les malades, des dortoirs en quelque sorte.. Les auberges sont complètes depuis une semaine.

– Je vois.


Si son ton était neutre, il priait presque pour avoir un peu d’intimité. Une semaine ! S’il était arrivé une semaine plus tôt, il aurait pu louer une chambre dans une auberge, se garantissant ainsi un peu d’intimité et parallèlement, de liberté.  

Dans son cou, sa furette lui transmit une nouvelle vague d’inquiétude. La petite pierre de sphène à son oreille s’illumina brièvement lorsqu’elle lui communiqua à nouveau ce qu’elle avait voulu lui dire un peu plus tôt. Elle avait l’impression qu’Ulva n’était pas la terranne qu’elle prétendait être. Constatant à nouveau la nervosité de sa compagne, Natreck demeura sur ses gardes. Dehors, les prêtresses s’activaient autour de nouveaux arrivants qui, comme lui, avaient voulu remettre leur vie entre les mains de Kesha. Chaque arrivant était scrupuleusement pris en charge. Si Natreck était malade, il constata rapidement qu’il était en meilleur état que beaucoup. Certains étaient même couchés sur des brancards de fortune, incapable de tenir debout.  

La fièvre des cendres. D’après les bruits qui courraient, elle aurait été créée de la main de l’homme. Si le corbeau n’en avait pas été atteint, il aurait certainement investigué à ce propos. Il n’était pas quelqu’un de profondément vertueux, mais le ladrini avait malgré tous des principes, des principes qui lui dictaient d’agir. Et c’est de la colère qu’il ressentait envers cette maladie qui lui rappelait douloureusement les ravages de la sarnahroa, envers cette maladie et ses instigateurs.  

Malgré ses pensées, il demeurait alerte, mémorisant le chemin emprunté. Que lui réservait Ulva ?



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeVen 9 Avr - 19:21


Il ne se sauvera pas. La jeune femme sourit, rassurée, sans doute. Pouvait-elle être assez égoïste pour espérer qu'il ne guérisse pas et reste un peu plus longtemps ? Elle n'aurait pas pu trouver meilleure raison de le garder sous surveillance. Un voyageur à l'oeil brillant dès qu'il était question de faire quelques profits, même sur un calmant pour une maladie gravissime. Un bandit de grands et petits chemins ? Un homme sans vergogne ? Il était pourtant si gentil.

Il acquiesce pour l'accompagner au dehors et se tient seul debout. Dans son cou, une tumeur à poils s'agite sans raison. L'hermine n'a pas échappée à Nyx. Elle sait bien quel genre d'agitation peut gagner les animaux en sa présence, ils sentent mieux que leurs maîtres l'aura qui enveloppe les grands prédateurs. Pourtant eux aussi, sont incapables de discerner ce qui cloche vraiment.

Elle est toute jolie. Elle a un nom ?

Dit la jouvencelle en pointant du doigt la pelote de poils sans trop s'en approcher pourtant.

Ne vous inquiétez pas, vous avez le droit de la garder avec vous. Tant qu'ils ne sont pas trop gros ou trop agressifs, nous autorisons les familiers.

Elle sourit avec bienveillance alors que les soleils hauts dans le ciel, percent les nuages pour illuminer son visage et tâcher ses prunelles noisettes du bleu cimmérien.

J'aurai adoré avoir une petite bête aussi mais depuis la disparition de mon dernier familier, je n'ai pas trouvé d'autre compagnon. Il n'y avait bien que lui pour me tolérer, les autres animaux ne m'aiment pas trop le plus souvent. Ça doit être mon nom.

Un haussement d'épaule fataliste, cela arrivait à d'autres après tout, tout le monde n'avait pas la fibre animale. La jeune fille faisait la conversation, racontant des banalités alors qu'elle dirigeait l'homme à travers le camp et les nombreuses tentes qui se dressaient tout autour du temple. Ils arrivèrent finalement au bord d'un lac glacé où étonnement, se pressaient une dizaine de personnes.

Voici la deuxième étape de votre traitement.

Et elle indiqua le lac d'un large geste du bras comme une hôtesse présenterait une cure thermale de luxe. Un petit sourire désolé finit sur ses lèvres, un peu gênée de son piètre jeu d'acteur et de la potentielle faute d'humour.

Une à deux fois par jour, selon vos symptômes, nous vous inviterons à prendre un bain gelé. Ne vous inquiétez pas, évidemment, une soignante sera toujours là pour vous guider. Il n'est évidemment pas question de vous faire attraper des engelures !

La petite demoiselle semblait même se fâcher à cette idée. Des engelures sur ces jolies mains masculines, ce serait un crime. Elle lui fit à nouveau signe de l'accompagner, un peu plus loin une tente plus imposante.

Ici c'est votre dortoir. C'est un peu rustique mais nous faisons de notre mieux pour fournir des couvertures à tout le monde.

Et cela paraissait être une tâche incommensurable au vu du nombre de patients. La jolie jeune fille affirmait cela avec toute la bonne volonté du monde et les lits, si ils n'étaient évidemment pas ceux du palais éridanien, avaient au moins le mérite de paraitre propres et d'être séparés les uns des autres de plus d'un mètre. Une intimité toute relative dans une tente qui comprenait une vingtaine de couchettes. Certains des occupants faisaient un petit geste en direction d'Ulva et du nouveau venu, geste auquel répondait bien naturellement la jeune fille, adressant un sourire rayonnant à ces pauvres âmes. Ils n'avaient pas l'air en trop mauvaise santé, sans doute était-ce la tente des cas les moins graves. Elle ne ferait pas visiter les autres..

Dites-moi, de quelle race êtes-vous ?

Les prunelles bicolores qu'elle levait sur l'homme semblaient refléter un intérêt tout personnel, une étincelle de curiosité un peu coupable qui embrasa finalement ses pommettes alors qu'elle reprenait frénétiquement son crayon et son carnet.

Je veux dire.. Ce n'est pas pour moi ! C'est pour votre fiche de patient, pour vous traiter au mieux !

Elle disait vrai et il était assez évident de comprendre qu'on ne soignait pas de la même manière un sindarin ou un gorgoroth. Peut-être même ne soignait-on pas de la même manière la fièvre d'un terran et celle d'un lhurgoyf ? Les informations étaient souvent vagues et incertaines autour de la maladie alors autour de son traitement, tout n'était qu'hypothèses et expérimentations.

Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 18 Avr - 16:56

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

La furette observa avec crainte le doigt tendu de la jeune femme, tout son corps braqué devant cette personne étrange. Cette dernière ne semblait pas surprise de l’attitude nerveuse de la petite bête et la désignait sans tenter de s’en approcher.  

– Merci, dit Natreck en adressant un sourire tendre à la petite créature, la caressant pour la calmer. Elle s’appelle Kouna. Je ne sais pas ce qu’il lui prend, mais elle n’est pas agressive, je vous assure.

Comme pour corroborer ses paroles, le petit mustélidé se désintéressa de la jeune femme et se lova de nouveau dans le capuchon du corbeau. Ulva expliqua qu’elle avait souvent du mal avec les animaux. Le yorka, compatissant, hocha doucement la tête lorsqu’elle évoqua la perte de son ancien compagnon. Il comprenait la douleur qu’elle évoquait. Quel était ce familier qu’elle disait avoir possédé ? Natreck aurait adoré le savoir, mais craignant d’éveiller de mauvais souvenirs chez la terrane, il n’osa pas poser la question.  

Elle l’invita à la suivre. Demandant rapidement s’il pouvait amener sa monture avec lui, Natreck siffla, et le gros étalon noir qui était le sien rejoignit le couple. Comme ses sacoches contenaient presque l’entièreté de ses effets personnels, le yorka préférait l’avoir près de lui. Celui-ci eut une réaction de recul lorsque le corbeau voulut l’approcher d’Ulva. Cependant, cela n’avait rien à voir avec la jeune femme, du moins, Natreck le voyait ainsi. Viking était un étalon au mauvais caractère, et seule sa fidélité envers son maître l’empêchait de mettre de la distance entre lui et tout autre être vivant. Saisissant la bride de l’animal, le corbeau se laissa entrainer entre les tentes, heureux de discuter après autant de temps seul sur les routes.  

Malgré qu’il demeurât suspicieux, le corbeau appréciait la présence d’Ulva, peut-être justement parce qu’elle semblait, comme lui, cacher quelque chose. Cela piquait sa curiosité, et lui donnait envie de passer plus de temps avec elle. De plus, sa compagnie était agréable, et cela faisait longtemps, très longtemps, même, qu’il n’avait pas discuté avec autant de naturel. Alors qu'ils discutaient, ils débouchèrent sur les berges d’un petit lac aux eaux glacées. Tout de suite, Natreck comprit pourquoi ils étaient ici. Les bains glacés à même la nature étaient l’une des raisons pour lesquelles il avait fait le chemin jusqu’à Hellas. Aujourd’hui, la rumeur sur les bienfaits de ces bains avait fait le tour du monde.  

La mine désolée de la prêtresse fit sourire Natreck. Il était vrai qu’il s’agissait d’un traitement-choc, mais cela n’effrayait pas le yorka, même si l’expérience promettait de ne pas être très agréable. Ulva lui prescrit deux bains par jour, lui assurant qu’une soignante serait toujours là pour assurer sa sécurité. Serait-ce elle qui veillerait sur lui, ou retournerait-elle plutôt accueillir d’autres malades ? Le corbeau se surprit à souhaiter sa présence auprès de lui. Sa compagnie lui était agréable. Elle faisait preuve d’une perspicacité rare et le mystère qui plainait autour d’elle lui donnait envie d’en savoir plus. Lorsqu’elle lui désigna ensuite sa tente, Natreck prit le temps de nouer la bride de Viking à la branche d’un arbre solitaire avant de suivre la jeune femme à l’intérieur.

La tente contenait une vingtaine de couchettes, pas toute occupées pour l’instant. Ceux qui occupaient les lits de fortune n’avaient pas l’air en trop mauvais état, et plusieurs saluèrent les nouveaux arrivants. La proximité entre chacun tira une grimace à Natreck, qui s’abstint toutefois de commentaire. Comme le disait Ulva, les prêtresses faisaient de leur mieux pour fournir une couche à tout le monde, et le malade n’allait pas s’en plaindre.  

– Si cela peut aider, j’ai mes propres couvertures, mentionna Natreck.  

Prévoyant et connaissant les rudesses du climat cimmérien, le corbeau avait, en plus de la cape chaude qu’il avait sur les épaules, une bonne couverture qui attendait patiemment dans les sacoches de sa monture. Si la couverture qui reposait sur sa couchette pouvait servir à quelqu’un d’autre, le yorka serait heureux de s’en départir. Ulva lui désigna un lit et Natreck s’y assit, content de pouvoir reposer ses jambes qui ne le supportaient pas aussi bien qu'habituellement. Était-ce voulu que les lits autour de celui-ci ne soient pas occupés ?  

Dans les yeux de la jeune prêtresse, Natreck vit la question avant qu’elle ne franchisse ses lèvres. Malgré les justifications et le carnet qui apparut entre les mains de la délicate demoiselle, le corbeau devina la curiosité qui avait poussé cette question. Il était bien entendu logique qu’elle ait besoin d’une telle information, mais quelque chose laissait croire au corbeau qu’ils ne demandaient pas systématiquement cela à ceux qui venaient se faire soigner. Devait-il dévoiler cette part de son identité qu’il gardait habituellement secrète ? Il était si simple de se faire passer pour un terran... Cependant, le questionnement n’était pas anodin. Ulva était d’une perspicacité impressionnante et il ne tergiversa pas très longtemps avant de lui dévoiler la vérité.

– Je suis un yorka.

Il lui adressa un sourire en coin, guettant sa réaction. Il était presque impossible de deviner à quelle espèce animale il était lié, ce qui n’était pas pour déplaire au corbeau. Et il ne comptait pas en dire davantage.

– Et vous ?

Il la regardait avec espièglerie, lui laissant comprendre qu’il doutait que cette question soit aussi utile qu’elle voulait le laisser croire. Il savait bien qu’elle n’avait aucune obligation de lui répondre, mais il était curieux. Il espérait qu’elle ne le prendrait pas mal. Était-elle vraiment terrane ? Natreck ne pouvait dire pourquoi, mais il doutait. Serait-elle honnête avec lui ? Il avait l’impression qu’elle éviterait la question, mais il guettait ses yeux changeants, convaincu de pouvoir y déceler la réponse qu’il cherchait.  



Spoiler:


Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 3 Mai - 12:47

Ils vagabondaient là, comme deux amis, corbeau et loup dans l'oeil du cyclone. Ulva jetait de fréquents coups d'oeil à son patient, pour s'assurer qu'il tenait bon, sans doute. Sur ses lèvres craquelées par le froid volait l'ombre d'un sourire chaleureux. Il proposait de prendre ses propres couvertures, épargnant les stocks limités des prêtresses. Que cela était louable ! L'innocente créature frappait une fois dans ses mains, enchantée.

Ce serait très gentil ça, Monsieur Agnis.

Un homme préparé, donc. Petit à petit, une pièce après l'autre, la syliméa recomposait le puzzle. Il n'y avait peut-être aucune énigme là où elle fouillait, pourtant, de tout temps Nyx avait pu faire confiance à son instinct. Il n'avait rien de naturel, il avait été construit, renforcé par l'épreuve d'un millénaire, un sixième sens qui frétillait en attendant la réponse de l'homme à la question suivante.

Il affirme appartenir au peuple des Yorkas et Ulva semble un bref instant surprise, attendant une suite à cette déclaration.. qui ne viendrait pas. Les yorkas étaient habituellement fier de révéler leur nature animale mais celui-ci était bien plus prudent. Etait-ce dans la nature même de son animal totem de se cacher ? Ses jolis yeux bicolore avaient beau chercher un indice, ils n'en trouvèrent aucun sur le visage du jeune homme. Devrait-elle le déshabiller pour percer le secret ? Une canine mordille sa lèvre inférieure alors qu'elle baisse rapidement la tête derrière son carnet pour noter l'information. Elle n'avait aucun argument pour réclamer davantage de précision sur sa race.

Elle le découvrirait autrement. Ne venait-il pas de lui-même de l'inviter à jouer à ce jeu ? Le chat vint s'assoir à côté de la souris, avec la grâce toute surnaturelle d'une jouvencelle qui voudrait confier un secret à un charmant inconnu. D'une main délicate, elle ramena ses cheveux châtains derrière une petite oreille ronde, on-ne-peut plus anodine.

Je ne suis qu'une banale terrane.

Cela sonnait comme une excuse. Peut-être était-elle désolée de n'être qu'une modeste représentante de la race la plus répandue sur Istheria, ou peut-être s'excusait-elle de ce petit mensonge. Cela n'expliquait pas pourquoi elle était venue s'assoir à côté du Yorka, sur son lit.

Je sais que..

Sa voix s'éteignit, n'osant pas aller plus loin et exprimer ce qui semblait tracasser la jeune femme. Elle avait l'air inquiète et gênée, avisant les alentours et l'éloignement des voisins de couches qui étaient présents sous la tente, elle tourna son innocent minois vers le yorka.

Ce n'est pas toujours facile.. d'être ici.

Parlait-elle pour les patients ? Pour elle-même ? Pour Agnis ?

Les patients comme vous.. les yorkas, parfois, ils décident de partir. Ils disparaissent sans laisser de mot.. Et vous savez, nous comprenons.. je comprend mais..

De part leur nature à moitié animale, les yorkas pouvaient réagir très mal aux maladies, notamment à celles qui sont réputées mortelles. Affaiblis et sentant leur fin arriver, il n'était pas rare que la part animale prenne le dessus et guide les pas des yorkas à s'isoler pour mourir seul et surtout, dans la nature. Émue mais de moins en moins hésitante, Ulva tendait sa main pour la poser sur l'avant bras de l'homme, sans brusquerie et sans doute, sans même s'en apercevoir, ses yeux bleu-noisettes fixés dans ceux du yorka avec une intensité nouvelle et une détermination perceptible.

Ne perdez jamais espoir, nous ferons tout pour vous guérir et nous réussirons !

Voilà qui sonnait comme un cri du coeur, pourtant, quelque chose d'autre traversa furtivement son regard, un éclair qui n'avait rien à voir avec son empathie. Elle baissa les yeux sur sa main et l'avant-bras du yorka. Sa main se releva devant son geste trop osé, évidemment, elle ne pouvait agir autrement.. Pourtant.. Sans avoir pu vraiment le toucher, sentir sa peau sous ses doigts, elle ne pouvait être sûre mais, il y avait une chance, que ce ne soit pas sans raison que son instinct l'ait poussé vers cet homme.

La demoiselle, visiblement troublée, se redressa soudainement. Elle serrait son carnet contre sa poitrine sans plus oser regarder le yorka.

Pardon, j'ai été trop.. Je n'aurai pas..

Elle se mordait la langue à chaque fois qu'elle essayait de s'excuser, avant d'abréger.

Je vous laisse vous reposer, Monsieur.

Elle s'inclinait trois fois, sans que cela n'ait de sens, avant de partir à foulées rapides et quitter la tente. Ulva filait entre les tentes, serrant toujours le carnet contre elle, la tête baissée sur ses pieds. Une posture qui permettait à la syliméa de réfléchir sans être importunée, Ulva était pressée.. Son trouble n'était, pour une fois, pas feint. Le coeur d'Ulva, comme celui de Nyx, battait à vive allure dans sa cage thoracique. Un émoi puissant, digne d'un coup de foudre, qui n'avait pourtant rien d'aussi naïf. Battaient à l'unisson, l'amour et l'effroi, l'espoir et l'urgence. Elle avait déjà sentis la présence des siens, elle avait déjà accompagné la renaissance de ses frères et soeurs, mais cette fois, c'était différent. Elle devait en avoir le coeur net pourtant, il lui fallait agir avec discrétion, l'homme n'était désormais plus un simple patient, ni même un charmant inconnu..

Avec abnégation, Ulva reprit son poste et à nouveau, les patients s'enchainèrent, répondant aux mêmes questions alors qu'elle grattait le papier de son carnet d'une main bien plus experte. Son esprit était occupé ailleurs. Elle devait se méfier de ses propres émotions maintenant, maîtriser ses élans et se tenir alerte. Elle manœuvrait pourtant dans l'ombre, de murmures en faveurs, pour que le Yorka soit son patient. Les prêtresses eurent un sourire compatissant, pensant bien que la jeune demoiselle c'était entichée d'un malade. Cela devait arriver, se dirent-elles, non sans la prévenir de faire attention à elle et que quelque soit ses sentiments, une prêtresse habilité devrait suivre le patient quand les symptômes ne pourraient plus être calmés par les méthodes habituelles. Ulva acquiesçait avec compréhension et remerciait ses ainées avec la plus grande humilité.

Cependant, elle n'alla pas retrouver le yorka. Comme elle l'avait dit en partant, elle le laissa se reposer. Elle ne se présenta pas non plus au diner dans la tente qui faisait office de cantine, restant à sa place, dans les cuisines à aider soeur Qaniit. La nuit fut courte, aux aurores elle dut se relever pour assurer le service du petit déjeuner. Le premier soleil n'avait pas encore passé la ligne d'horizon, qu'elle circulait dans les allées du camp, pliée en avant, le dos courbé sous le poids d'un immense panier d'osier, contenant un lourd chargement.

Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeDim 13 Juin - 17:09

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

Il la regarda filer sans trouver les mots pour la retenir. Sur son bras, il ressentait encore la douceur de la paume de la jeune femme, comme une empreinte invisible. Son contact avait provoqué quelque chose en lui, une chose qu’il ne saurait expliquer. Son estomac s’était tordu dans un sentiment inexplicable. L’avait-il déjà croisé auparavant ? C’était comme s’il la connaissait déjà, comme si quelque chose au fond de lui reconnaissait sa présence. Troublé, Natreck resta figé ainsi pendant de longues secondes, le regard tourné vers la sortie de la tente. C’est un coup amical sur l’épaule qui la sortit de ses pensées.

– Cette prêtresse s’entiche de toi, ça ne fait aucun doute !

Surpris, Natreck leva un regard vide vers celui qui lui avait parlé, sa conscience revenant peu à peu à la surface de son esprit troublé. S’ébrouant, le yorka remarqua enfin l’homme qui lui faisait face. Vu sa stature, le corbeau s’étonna de ne pas l’avoir remarqué avant. Le zélos devait être deux fois plus grand que lui, et au moins trois fois plus large.  
*Oh, comme c’est intéressant... Ce yorka semble attiré par notre peuple. Cela pourrait jouer en notre faveur... Mon petit Natreck, pauvre petite créature... Il est dommage que tu doives mourir bientôt. Continue à jouer ton rôle, petit oiseau... *
Inconscient du monologue qui se déroulait dans un coin reculé de sa tête, Natreck se redressa et tendit une paume amicale au zélos.  

– Enchanté, je suis Reck, se présenta le corbeau.  

– Et moi Gahnur. Comment s’appelle cette jolie jeune femme qui vient de nous quitter?  

– Ulva.


L’homme hocha la tête, un air goguenard sur le visage. Le yorka se raidit imperceptiblement.

– Elle est plutôt jolie, dit-il en hochant la tête.  

Natreck aurait juré voir défiler ses pensées dans ses yeux. Il serra les dents, son regard lançant des éclairs.

– Tu ferais mieux de ne pas t’en approcher.

Sa voix était froide. Menaçante. Pendant un instant, il ne comprit pas pourquoi il réagissait ainsi. Après tout, s’il aimait bien la jeune femme, il n’avait rien à faire d’avec qui elle couchait. Pourquoi menaçait-il alors ce zélos qui n’avait rien fait de mal ? Ulva cachait une force bien différente de cette que dévoilaient les muscles puissants de son interlocuteur, et le corbeau ne doutait pas qu’elle pourrait se défendre contre un tel homme. Pourquoi, pourtant, la seule idée qu’il tente de s’en prendre à elle le mettait dans un tel état de rage ? Lui qui était plutôt calme et réfléchit, il sentait son sang bouillir dans ses veines. Il se redressa pour faire face au zélos, dont le sourire amusé s’agrandit devant la réaction du yorka.  

– Allons, tu sais partager, non ?

Le regard de Natreck devint aussi dur que la pierre. Pourtant, il ne souhaitait pas voir Ulva dans son lit. Il était beaucoup plus susceptible d’être attiré par la musculeuse silhouette du zélos. Pourquoi la protégeait-il alors ainsi, comme si elle lui appartenait ? Ce n’était pas dans ses habitudes. Pourtant, il ne put retenir le poing faiblard qui s’abattit sur la mâchoire du zélos, sans bien sûr lui faire beaucoup de mal au vu de son impressionnante carrure.  

- Ohohoh ! réagit-il en souriant, visiblement très amusé par la réaction du nouveau. Ce qu’il est téméraire, le petit ! Tu ne devrais pas t’en prendre à plus fort que toi, ça finira mal.

– Allons dehors, nous verrons qui est le plus fort,
cracha le corbeau.  

– Allons, allons, messieurs, n’en venons pas aux poings pour si peu, clama un terran allongé sur une couche un peu plus loin.  

C’est à ce moment que Natreck remarqua que tout le monde, dans la tente, les dévisageait en silence. Comme elle était venue, la chaleur qui avait fait bouillir son sang dans ses veines s’amenuisa jusqu’à disparaitre complètement. Le yorka contempla ses mains sans comprendre. Qu’est-ce qui lui prenait ? Ce comportement n’avait rien à voir avec sa personnalité habituelle. Était-ce la fièvre qui provoquait cela en lui ? Il était fatigué de son voyage, mais la potion que lui avait laissée Ulva faisait toujours effet, bien qu’il ressentît une certaine lassitude, sans doute parce que la maladie, bien que maîtrisée, était toujours présente.

– Cette jeune prêtresse n’en a rien à faire de toi, vieille branche, continua le terran à l’attention du musclé. Enfin, regarde-le, tu vois bien le genre de gars qui t’attire ! Laisse donc le nouveau se reposer, il en a clairement besoin.

Le corbeau observa sans rien dire le zélos s’éloigner en haussant des épaules. Il remarqua alors qu’il tenait toujours ses poings serrés. Il se força à prendre une grande inspiration, faisant un effort pour délier ses muscles et détendre ses épaules.

– Voilà, c’est bien, dit le terran en le voyant faire. Ne fais pas attention à Gahnur, cette tête de pioche ne pense qu’à ça. Je m’appelle Paulin.

Il lui présenta les autres occupants de la tente, et rapidement l’atmosphère se détendit. Malgré tout, le yorka gardait Gahnur à l’œil.  

– Il ne fera rien, Reck, je te le garantis. Il est impressionnant, comme ça, mais ce n’est pas un mauvais gars, au fond.

Il hocha la tête sans rien dire. Il écouta un moment les conversations, puis rapatria ses affaires près de sa couche et, même s’il était encore tôt, il s’allongea. Le sommeil le gagna rapidement, lui permettant de relâcher la tension, le stress et la peur qui s’était accumulée durant son voyage vers Hellas.

*****

Il s’était couché très tôt, et lorsqu’il ouvrit les yeux, les soleils n’étaient pas encore levés. Il eut de la difficulté à sortir de la confusion qui régnait sur ses pensées. La sueur recouvrait son front, ses muscles étaient endoloris et il se mit rapidement à grelotter, alors pourtant qu’il ressentait une chaleur étouffante. Il se redressa péniblement sur ses coudes et eut besoin de longues secondes pour se rappeler ce qu’il faisait là. Dès lors, sa journée de la veille se déroula dans sa tête et il se força à se redresser, cherchant de la main la précieuse gourde que lui avait remise Ulva la veille. Il l’attrapa du bout des doigts et en prit une longue lampée, attendant d’interminables minutes de ressentir son effet.  

Kouna s’agita à ses côtés, mais refusa de suivre le corbeau lorsque celui-ci s’extirpa des couvertures. N’en faisant pas plus de cas, Natreck la laissa là et se dirigea vers l’extérieur. Dehors, les prêtresses s’activaient silencieusement, et le corbeau regarda avec envie la nourriture passer sous ses yeux. Il avait raté le repas de la veille et il sentait son estomac crier famine. Pourtant, lorsqu’une prêtresse l’interpella, ce ne fut pas pour lui suggérer un récipient de nourriture. Avec patience, elle l’accompagna au bord de l’étang gelé et l’encouragea à s’y baigner après avoir remarqué la sueur qui recouvrait son front malgré le remède qu’il avait bu. Il était vrai que celui-ci n’avait pas fait complètement baisser la fièvre... Il s’immergea donc dans l’eau glacée, non sans grimacer. Il fut toutefois heureux de constater les bienfaits que lui apportait ce bain et profita de ce moment pour laver les vêtements qu’il n’avait pas pu retirer depuis plusieurs semaines. Lorsque la prêtresse le laissa seul de nouveau, il suspendit ses vêtements à une branche et, se sentant suffisamment solide sur ses jambes, décida d’explorer un peu le quartier.  

Tout yorka qu’il était, c’est sous sa forme animale qu’il décida d’explorer les environs, la vue aérienne lui permettant de s’offrir une vue d’ensemble très agréable. Il appréciait d’autant plus l’air frais s’engouffrant dans ses plumes. D’en haut, il put voir que les prêtresses étaient organisées comme une véritable fourmilière autour du temple de Kesha. La majorité d’entre elles s’occupaient des malades les plus atteints, rassemblés relativement loin de l’endroit où il était lui-même installé. Il comprit rapidement que ceux qui étaient arrivés en premier se trouvaient plus près du temple, ce qui était bien pratique, car il s’agissait également des plus malades. Là-bas, seules les prêtresses étaient visibles, les malades certainement trop atteints pour sortir du lit. C’est avec horreur et un grand sentiment d’impuissance que le yorka observa quelques prêtresses s’écarter prestement du brancard d’un malade qu’elles transportaient, le corps s’étant brusquement embrassé. Quelle mort horrible...  

Il se détourna de ce macabre spectacle avec un goût amer dans la bouche. C’était ce qui l’attendait, lui aussi... *Espérons que non, petit yorka. Je n’ai pas été enfermé aussi longtemps pour mourir aussi bêtement après avoir trouvé un corps. Tiens, voilà Ulva. Comme il est innocent, ce petit yorka. Il a vu ses yeux, mais il ne sait pas ce qui se trouve devant lui. Pauvre petit agneau... * Natreck hésita un moment à la rejoindre. Après tout, elle était bien occupée... Et il ne souhaitait pas dévoiler à tout le campement sa forme animale. Pourtant... Est-ce que cela avait vraiment de l’importance, s’il devait mourir brûlé comme cet homme ? Il tergiversa quelques secondes. Il vivait dans le secret depuis tellement longtemps, si longtemps qu’il lui semblait impossible de faire autrement. Pourtant, c’est en voyant la jeune femme presque laisser tomber le chargement qu’elle portait qu’il prit la décision de la rejoindre. Il plongea vers elle et, se transformant juste à temps pour soutenir avec elle le chargement qu’elle transportait, il lui adressa un sourire amical.  

– Heureux de vous revoir, Ulva. Laissez-moi vous aider.

Sa nudité ne le gênait pas, mais il espérait de pas mettre mal à l’aise la jeune femme. Heureux de sentir ses muscles répondre à ses sollicitations, il souleva le lourd chargement et se félicita d’avoir réussi à atteindre Hellas. Avec le calmant et les bains glacés, il arrivait de nouveau à fonctionner presque normalement. Cela ne durerait pas, bien sûr, mais pour l’instant, il était dans un bien meilleur état que ce qu’il avait dû endurer durant son voyage. De plus, il avait profité d’un long sommeil réparateur, ce qui le mettait d’excellente humeur. Lui demandant où elle devait déposer son chargement, il l’aida à le transporter jusqu’à l’endroit voulu.

– Je dois vous remercier pour votre aide, hier. Avec cette fièvre, j’ai parfois l’impression de ne plus être moi-même. Il lui offrit un sourire résigné. Tenez, j’ai voulu frapper un zélos, hier. Ce n’est pas dans mes habitudes, croyez-moi. Je n’ai pas réussi à lui faire mal, d’ailleurs, c’était un comportement stupide de ma part... C’est normal, dites-moi que je me sente comme ça ?

Il aurait pu en parler à la prêtresse qui l’avait accompagné lors de son bain glacé, mais étrangement, il appréciait avoir l’occasion de se confier à Ulva.  

– J’ai vu un homme brûler, ce matin, murmura-t-il avec douleur. Je... je dois dire que c’est plutôt effrayant.

Il tourna un regard triste vers la jeune femme. Il n’était pas dupe, il savait ce qui l’attendait. Ou du moins, il croyait le savoir...



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeLun 12 Juil - 16:05

Elle cogitait, la délicate pervenche, sur la meilleure façon de faire éclore ce joli oeuf. Elle n'était pourtant pas venu jusqu'à Cimmeria pour ça, et si elle avait bien profité de l'effervescence omniprésente pour féconder quelques ventres déjà à bout de souffle, elle avait pris toutes les précautions nécessaires et les avait rapidement éloigné de l'épicentre de la crise. Pourtant.. pourtant.. Il était là. Impossible de l'abandonner ici, seul et sans ami. Prendre le risque de le voir se consumer avec son hôte ou éclore au milieu du camp, une idée inconcevable pour la syliméa. Il était donc devenu sa priorité, déclassant la mission qui l'avait amenée dans ces terres glacées. La traîtresse devrait attendre. Toute à ses pensées, la jeune fille perdit un court instant l'équilibre, un instant suffisant pour faire dangereusement pencher sa lourde cargaison sur le côté et entrainer la frêle créature avec elle.

Ulva se voyait déjà par terre, sur le dos comme une tortue, quand son sauveur descendit du ciel. L'ange déchu d'un autre conte, se porta à son côté, nu comme le premier homme, charmant comme un prince. Ulva sourit d'abord, enchantée de revoir celui qui abritait un de ses frères. Elle se demanda un bref instant si il pouvait s'agir d'un enfant du chaos mais enfouit rapidement la question pour se replonger dans son rôle. La jeune Ulva rougit légèrement et dès qu'ils eurent pu poser le lourd paquetage sur le sol, elle se dévêtit de sa cape pour la passer sur les épaules de l'homme.

Voyons Monsieur Agnis, vous savez quelle température il fait ici ? Vous allez attraper la mort à vous balader ainsi !

En réalité.. le pauvre monsieur Agnis avait déjà attrapé sa mort, il l'avait enlacé plusieurs semaines plus tôt.  

Elle écouta avec attention les doutes de son patient, son changement de comportement n'avait rien de bien étrange, à l'approche de l'acte final, rares étaient les acteurs qui tenaient leur rôle jusqu'au tombé de rideau. Le Yorka était fataliste mais restait calme, c'était honorable mais, Ulva n'entendait pas le laisser se résigner, de crainte qu'il ne lui échappe et décide de s'isoler dans la montagne. Elle leva ses petits bras vers le visage de l'homme, doucement, elle posa ses mains fraiches sur ses joues, ancrant ses prunelles bicolores dans les yeux noirs du Yorka. Sans gène apparente, elle lui sourit avec une infini bienveillance qu'elle ne pourrait feindre si parfaitement.

Ce ne sera pas votre sort, Monsieur Agnis. Je vous le promets, je resterai à vos côtés jusqu'à ce que vous soyez débarrassé de cette maudite fièvre.

Elle l'aurait sans doute enlacé comme une mère réconfortant son enfant si elle ne s'était pas retenue, détachant ses mains de ses joues avec un léger embarras qu'elle chassa d'un sourire amusé.

Vous allez me trouver un comportement bizarre aussi...

S'accroupissant à côté du lourd panier osier, elle reprit les sangles qui lui permettait de le porter et se redressa.

Allons porter ça aux cuisines et vous trouver des bottes.

Elle fit quelques pas avant de tourner la tête vers le Yorka comme si elle avait envie de lui demander une faveur.

Vous restez avec moi aujourd'hui ? C'est que.. je dois vous surveiller si il vous vient des envie de vous battre avec un zélos.

Il était évident que la jeune fille souhaitait la compagnie de son nouvel ami mais ne pouvait se permettre d'abandonner ses tâches. Elle livra donc son lourd chargement à la cuisine, ouvrant le couvercle d'osier sur une cargaison de poissons qui se déversa sur la table de la cuisine. Quatre petites mains étaient là avec soeur Qaniit, difficile de savoir si elles étaient aspirantes prêtresses ou juste des civiles venu aider. Elles avaient en tout cas la mission de préparer les poissons et la pièce se remplit rapidement d'odeurs d'entrailles et d'écailles. Ulva ne resta pas longtemps, son panier était encore chargé quand elle quitta la cuisine.

Je dois livrer le reste à l'auberge, passons à votre tente avant.. Ou la tenancière ne vous laissera jamais repartir.

La demoiselle rit légèrement tout en passant une mèche derrière son oreille. Attendant le Yorka à l'extérieure de la tente, elle saluait chaleureusement les habitants qui entraient ou sortaient, échangeant quelques mots d'encouragement et des discussions banales qui égaillaient la routine moribonde dans laquelle le camp tout entier s'était enlisé au fil des semaines. Elle souriait avec assurance comme si c'était là sa principale mission en ce monde. Il n'y avait pas grand chose pour redonner espoir aux patients et la tempête qui s'annonçait ternirait bientôt les faibles sourires qui parfois lui répondaient.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'auberge, l'endroit était étrangement silencieux, comme le reste de la ville d'ailleurs. Comparé à l'effervescence du camp et du temple de Kesha, tout deux surpeuplés, Hellas était devenue une cité morte. Les rares passants qui affrontaient la rue ne s'adressaient pas un regard et encore moins de mots, tous s'évitaient minutieusement. On changeait de trottoir en voyant arriver Ulva et sa tenue de jeune prêtresse. Elle ne semblait pas s'en rendre compte, ou tâchait de prétendre que cela ne l'atteignait pas, en entretenant une conversation légère avec Reck jusqu'à l'auberge.

Je n'en ai pas pour longtemps.

La jeune terran laissa le Yorka seul un instant alors qu'elle entrait par une porte de service derrière le bâtiment. Elle échangea quelques mots avec une voix inconnue, une porte grinça à l'intérieur du bâtiment puis le silence pendant une minute et Ulva ressortit de l'auberge, un large sourire aux lèvres. Dans son dos se tenait une femme de grande envergure, elle devait atteindre les deux mètres de haut et arborait un tablier étonnement propre. Sa peau était sombre et ses épaules aussi large que celle d'une zélos mais ses dents parfaitement alignées ne laissaient pas planer davantage le doute sur sa non-appartenance à cette race. Elle se penchait sur le Yorka et lui adressait un long regard scrutateur.

Hm.

Elle se redressait finalement de toute sa hauteur, balançant en arrière les deux lourdes tresses blondes qui encadraient son visage sévère puis haussa les épaules et fit demi-tour, donnant une petite tape amicale sur le haut de la tête de la jeune fille avant de disparaitre dans l'auberge. Ulva, tout sourire, revint auprès du Yorka, ravie de lui expliquer la situation.

J'ai demandé à Odfrid si on pouvait manger ici ce soir. Elle est d'accord !

Il aurait été difficile de parvenir à la même conclusion en se basant sur les agissements de la dénommée Odfrid mais il n'y avait aucun doute dans la voix et l'expression bien heureuse de la jeune fille. Elle sembla pourtant se ressaisir un peu en se rendant compte qu'elle avait peut-être été un peu vite en besogne.

Si vous voulez, évidemment. Je me suis dis que cela vous changerait les idées, de sortir un peu du camp et d'avoir une activité "normale" et conviviale..

La jeune fille s'adressait au Yorka mais ses mots trahissaient sa propre situation, il était certain qu'elle était, elle aussi, victime de l'enfermement du camp.

Ils continueraient la journée ensemble, pour une bonne partie, Ulva n'avait pas de grandes responsabilités mais accumulait une longue liste de corvées dont elle semblait s’acquitter avec plaisir ou abnégation. Elle accompagna le Yorka à son bain glacé du soir, restant sagement sur le bord, gardant ses affaires en lui tournant à moitié le dos, respectant les règles d'une pudeur que le Yorka ne requérait sans doute pas.

Vous avez de la famille quelque part en Istheria ?

La question était innocente et ne semblait pas lier à la situation précaire du Yorka mais le fruit d'une curiosité amicale.
Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMar 13 Juil - 13:24

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

C’est les mains délicates d’Ulva qui le sortirent de la mélancolie qui s’était emparée de lui. La douceur qu’il lut dans son regard l’apaisa, sans que ses mots parviennent à vraiment le rassurer. Malheureusement, il n’existait toujours pas de remède pour la fièvre, et Natreck avait tendance à perdre espoir, lui qui avait pourtant toujours fait preuve de détermination. Jamais il n’aurait osé dire à quel point il avait peur. Après tout, il n’avait aucune envie de mourir. Sa vie ne faisait que commencer, il avait à peine eu le temps d’apprendre à connaître le monde, commençait à peine à envisager de nouveaux défis. Il lui faisait si mal de devoir se résigner à perdre la vie ici, loin des siens, de ceux qui comptaient...

Elle le couvrait de son regard bienveillant, l’avait recouvert de sa cape. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas pris soin de lui ainsi. Ulva lui adressa un sourire amusé, mais le corbeau perçu son embarra, alors même qu’il s’étonnait de ne pas lui-même être mal à l’aise. Il se trouvait dans une situation effrayante, aux portes d’une mort terrifiante, et pourtant, elle n’hésitait pas à se soucier de lui, à prendre le temps de le rassurer. Le yorka lui en était reconnaissant. S’il n’avait pas souvent tendance à se sentir seul, la maladie exacerbait ce sentiment. Il était donc heureux qu’elle soit là, heureux de sympathiser malgré sa fièvre et les bizarreries de la jeune femme.

Lorsqu’elle se redressa, Natreck avait repris ses esprits et chassé ses sombres pensées dans un recoin de sa tête. Enroulé dans la cape trop petite pour lui, il offrit un sourire amical à sa soigneuse. Il acquiesça lorsqu’elle proposa de lui trouver des bottes. S’il n’avait pas encore froid, sans doute à cause de la fièvre qui augmentait sa température interne, il savait qu’il valait mieux ne pas rester trop longtemps pieds nus dans la neige. Rencontrant le regard hésitant de la jeune femme, il fut aussi heureux que surpris qu’elle l’invite à le suivre, aujourd’hui. Il eut un petit rire embarrassé lorsqu’elle lui mentionna devoir la surveiller, comprit toutefois que ce n’était qu’un prétexte.  

– Avec plaisir, lui répondit-il en souriant.

Elle livra une partie de son chargement à trois femmes visiblement chargées de préparer le poisson. L’odeur n’était pas très appétissante, et Natreck fut heureux lorsqu’ils s’éloignèrent de l’endroit pour se diriger, sur la proposition de la jeune amie, vers sa tente. Il récupéra rapidement les vêtements qu’il avait mis à sécher, heureux de constater qu’ils étaient presque entièrement secs. Il revêtit ses habits, glissa la gourde contenant le calmant dans d’une des larges poches de sa cape et ressorti aussitôt, voulant éviter de faire attendre la jeune soigneuse qui avait visiblement beaucoup de travail.  

Ils s’aventurèrent ensuite dans la ville, et Natreck fut surpris de constater à quel point celle-ci semblait morte. Le vent du Nord sifflait avec force entre les édifices qui bordaient la rue, seul bruit à rompre le silence qui régnait sur la cité. Çà et là, quelques personnes, silencieuses, déambulaient dans les rues, le regard vers leurs pieds. Le yorka entretenait avec Ulva une conversation légère qui leur attirait des regards courroucés, alors qu’ils évitaient pourtant de parler trop fort. Le corbeau ne tarda pas à remarquer qu’on les évitait, sans que cela ne le dérange vraiment.  

Ils furent rapidement devant l’auberge, que Natreck se rappela déjà avoir vue. Pendant qu’Ulva allait à l’intérieur, il plongea dans ses souvenirs et essaya de se rappeler sa dernière visite. Il était convaincu d’y être déjà venu, n’arrivait pas à se souvenir quand. Il soupira, se souvenant que la jeune prêtresse l’avait questionné sur d’éventuelles pertes de mémoire. Il n’aurait pas dû être surpris de les voir se manifester de nouveau. Pourtant, un certain malaise s’empara de lui. C’était une chose de souffrir, une chose de voir la mort se profiler à l’horizon, mais il avait espéré garder la tête sur les épaules jusqu’à la fin. À présent, il en doutait.  

La porte s’ouvrit à côté de lui, et Natreck se retourna pour voir Ulva sortir, suivi par une femme d’une envergure impressionnante. Presque aussi grande que sa mère zélos l’avait été, elle l’observa avec un grand sérieux, et le corbeau ne détourna pas le regard de ses yeux perçant avant que la prénommée Odfrid ne tapote la tête de la jeune prêtresse, retournant nonchalamment dans l’établissement. C’est avec enthousiasme que la jeune femme lui annonça qu’elle leur avait réservé des places pour le repas du soir. Surpris, mais heureux de l’invitation, le corbeau accepta.

– C’est une très bonne idée, je suis certain que nous passerons une excellente soirée !

Il n’arrivait toujours pas à se souvenir pourquoi l’auberge lui rappelait quelque chose. Peut-être que voir l’intérieur raviverait ses souvenirs.  

Le reste de la journée passa rapidement. Ulva avait une tonne de tâches à accomplir, ce qui ne gênait pas le corbeau qui lui donnait un coup de main aussitôt qu’il le pouvait. Lorsqu’elle s’aperçut que la sueur avait de nouveau recouvert son front, elle l’encouragea à boire de nouveau l’amer remède qu’elle lui avait remis, avant de l’accompagner jusqu’à un bassin d’eau glacée. C’est sans pudeur qu’il suspendit ses vêtements à une branche. Il constata qu’Ulva détournait le regard, et le yorka ne put que s’amuser de la pudeur dont faisaient preuve les terrans. Curieuse, elle le questionna sur sa famille, et il prit un moment pour réfléchir à ce qu’il pouvait répondre.  

– J’ai encore quelques cousins, des tantes et des oncles à Umbriel, dévoila-t-il, sans toutefois mentionner qu’ils n’étaient pas yorkas. Je n’en suis toutefois pas particulièrement proche. Certains de mes amis sont toutefois comme de ma famille.

Il chassa de ses pensées le visage tatoué qui s’était mis à flotter dans son esprit. Il ne le reverrait sans doute jamais. Il était donc inutile de penser à lui. Il immergea rapidement sa tête sous l’eau, puis ramena son attention sur Ulva.  

– J’ai eu la chance de beaucoup voyager, avant d’arriver ici, sourit-il. Malgré ce qui m’arrive, je ne peux pas dire que je regrette la vie que j’ai eue.

Le silence s’installa brièvement entre les deux jeunes gens. Plongé dans ses pensées, Natreck observait défiler devant ses yeux une succession de petits bonheurs passés qui le firent sourire avec nostalgie. Il leva les yeux vers Ulva, l’observa un moment, visiblement hésitant. Celle-ci l’observait du coin de l’œil, trop gênée pour le regarder franchement, mais trop soucieuse pour ne pas garder un œil sur lui.

– Je devrais leur écrire avant qu’il ne soit trop tard. Leur dire adieu, murmura le corbeau sur lui-même.  

Quelque chose bougea en lui, sans qu’il ne prenne conscience de ce qu’il ressentait vraiment. Mettant la drôle de sensation sur le compte de la faim, il s’ébroua avant de sortir de l’eau et de se sécher. Lorsqu’il se planta devant Ulva, il était de nouveau habillé, et une lueur amicale brillait dans son regard. Un repas chaud les attendait à l’auberge, et le yorka avait hâte d’y être.  

– J’ai si faim ! Je crois que je pourrais manger un colosse, blagua-t-il.



Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas
:: L'Inconnue ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Nyx Ananké
:: L'Inconnue ::
Nyx Ananké
MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeMer 14 Juil - 15:16

Amicale, la question n'en était pas moins intéressée. Une famille proche pouvait être encombrante à gérer pour un syliméa nouveau né, bien que le cher enfant possède toute la mémoire de son paternel, le premier face à face avec les proches pouvaient rapidement devenir un exercice périlleux. Le Yorka était cependant venu seul au camp et n'attendait visiblement aucune visite, il se résignait à mourir seul. Nyx n'avait pas de peine pour l'homme qu'elle appréciait pourtant, bientôt, il ne serait plus jamais seul. Un sourire chaleureux se lovait sur les lèvres de la jeune fille alors qu'elle accompagnait le Yorka jusqu'à l'auberge. Elle était aux anges qu'il ait accepté son invitation et avait grande hâte de se détendre avec une soirée un peu plus festive.

Ils entrèrent par la même porte, à l'arrière du bâtiment, traversant la cuisine en saluant l'impressionnante aubergiste avant d'entrer dans la salle principale. Quelques clients étaient déjà attablés, le feu crépitait dans un large âtre, les conversations étaient encore basses mais semblaient détendues. Les habitués qui avaient l'audace de braver la maladie, évitaient soigneusement le sujet, noyant dans l'alcool et le ragout leurs idées noires pour des vapeurs de liberté et une illusion de bonheur. Ils ne prêtèrent aucune attention à l'étrange couple qui s'installait à une table libre au fond de la salle. Ulva choisissait un endroit un peu éloigné du feu, proche des portes de la cuisine dont ils percevaient les fumets. La tenancière, qui apparemment servait aussi, par manque de main d'oeuvre sans doute, vint poser deux grandes pintes de bière sur leur table. Elle restait au bout de la table, les bras croisés sous sa poitrine, attendant, un petit sourire en coin.

Oh.. euh.. hé bien.. je suppose que nous pouvons trinquer.

La jeune terran s'emparait de la pinte et du se servir de ses deux mains pour la soulever vers son compagnon.

À notre rencontre, monsieur Agnis. Et à l'avenir !

Toujours optimiste, la jolie centaurée des montagnes porta la pinte à ses lèvres et une large moustache moussue se dessina rapidement sur son visage ravi. Elle rit fugacement avant de chasser la mousse avec un bord de sa manche, invitant le Yorka à l'accompagner.

L'alcool n'est pas contre indiqué. Profitons pleinement de cette soirée !

Rayonnante, la jeune demoiselle rebut une gorgée en attendant le retour de l'aubergiste, deux larges bols de ragouts dans les mains. Étonnamment, il ne s'agissait pas d'un ragout de poisson et les morceaux qui flottaient par endroit, avaient l'apparence de la viande.

C'est ce qu'on a apporté tout à l'heure.

Ulva acquiesçait avec la fierté d'une livreuse de précieux colis mais avant qu'il ne vienne d'étranges théories dans la tête de son compagnon de tablée, elle jugea bon de lever le mystère.

Du phoque.

Il avait l'air délicieux, si on oubliait la bouille adorable de ces animaux quand ils étaient vivants et entiers.. A Cimmeria fait comme les cimmériens ! Ulva dévorait avec appétit ses morceaux de viande, un apport calorique non négligeable, elle délaissait les autres ingrédients, majoritairement des tubercules, plus résistants aux températures extrêmes. Avec la nuit qui s'installait à l'extérieur, le brouhaha s'intensifiait à l'intérieur, les conversations s'égaillant avec l'aide de l'alcool.

Vous avez dit avoir beaucoup voyagé, est-ce que vous voudriez bien me raconter ?

Les yeux pétillants de curiosité, la demoiselle n'attendait aucune autre réponse qu'une positive. Elle écoutait avec attention et délectation les histoires que voulait bien lui raconter son invité, s’exaltant avec facilité à la moindre péripétie, un public facile à satisfaire. Les heures filèrent, à la vitesse des pintes se vidant et se remplissant, l'ingénue semblait mieux tenir l'alcool que sa maigre apparence ne pourrait le supposer. Ulva serait-elle finalement un pilier de bar déguisée en adolescente angélique ? Elle riait cependant plus fort maintenant que les lunes étaient hautes dans le ciel. Elle racontait quelques unes de ses propres mésaventures, comment elle avait accidentellement vidé un sceau d'épluchures sur une soeur du premier ordre avant de se cacher une journée entière dans un placard, de peur d'être trouvée et accusée à raison. Comment elle avait voulu apprivoiser un homard qu'elle avait cru entendre parler et compris trop tard que c'était le pêcheur qui lui jouait des tours à l'aide de sa magie.

Des histoires assez innocentes et insignifiantes mais qui, toutes, n'avaient aucun rapport avec la fièvre. Petit à petit, la maladie fut repoussé jusqu'à la porte de l'établissement et sous les lueurs dansantes des flammes, l'auberge devint un sanctuaire, à l'abri de toute la folie extérieure, un havre de bonheur alcoolisé.

Lorsque finalement, ils furent tout deux fourbus, d'une interminable journée et d'une riche soirée, Ulva se leva et attrapant le Yorka par la manche de sa veste, l'enjoignait à la suivre.

Je voudrais vous montrer quelque chose !

Elle l'attira jusqu'à la cuisine, où ils firent des signes plus ou moins compréhensibles à la tenancière qui ne sembla pas s'en formaliser. La jeune terran poussait une porte au fond de la petite salle, les gonds grincèrent alors qu'un escalier sombre s'offrait à eux. Sans hésitation la terran s'y enfonça, allumant une torche tout en bas avant de faire signe au Yorka de la suivre. À première vue, c'était simplement la cave et la remise de l'auberge, dans un coin de la pièce, de larges futs de bière côtoyaient de longues saucisses en colliers. À l'autre bout de la pièce, des draps étaient tendus, créant l'illusion d'une cloison que Ulva repoussait d'un geste assuré, visiblement répété, dévoilant un matelas installé le long du mur et une petite bougie à côté d'un carnet. Une petite pile de vêtements soigneusement pliés trônait au pied du lit improvisé.

C'est un peu ma cachette..

En réalité, il n'y avait plus aucune chambre disponible au temple, toutes étaient réquisitionnées pour les malades ou les prêtresses indispensables. Elle invitait le Yorka à la suivre derrière le drap tendu, à s'assoir sur le matelas à côté d'elle. Ne se rendant sans doute pas compte que son attitude pouvait prêter à confusion, l'adolescente se pencha pour prendre son carnet et l'ouvrir sur des dessins et des écritures étranges qu'elle feuilleta trop rapidement pour qu'ils soient lisibles. Elle s'arrêta finalement sur une page, couverte d'un symbole elliptique.

Vous avez déjà vu ce symbole quelque part ?

EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres 2vxz

Les prunelles de la jeune fille dévièrent de la page pour scruter l'expression du Yorka. Elle savait pertinemment qu'il n'avait jamais du voir ce symbole, puisqu'il s'agissait d'une écriture vieille de mille ans. Son frère ou sa soeur, par contre, saurait reconnaitre le symbole et sa signification. Le lieu était sûr, la nourriture en abondance dans la réserve, personne ne viendrait les déranger ici et si c'était le cas.. Nyx veillait.

J'ai du l'inventer quand je m'ennuyais..

Ulva haussait les épaules comme si l'affaire n'était pas importante et referma le carnet pour le reposer calmement sur le côté, s’enfonçant un peu plus sur le matelas jusqu'à ce que son dos puisse s'appuyer sur le mur. Elle ne semblait pas pressé de partir et comptait sans doute dormir là..

Vous pouvez vous reposer un peu ici si vous voulez, je sais que les dortoirs ce n'est pas le mieux.. Je veillerai sur vous.

Rien n'était plus vrai, en cet instant, que cette sincère promesse posée sur des lèvres innocentes. Reposant l'arrière de sa tête contre le mur, la jeune terran se mit doucement à fredonner l'air d'une comptine cimmérienne, à moins qu'elle ne soit argyréenne ? Les chansons pour enfants ont ce don de voyager. Sa voix était calme, apaisante, et la comptine se transformait peu à peu en berceuse.


Revenir en haut Aller en bas
:: Tisseur de souvenirs ::

|| Informations ||
Fonction:
Pouvoirs, spécialités & Don:
Relations & Contacts:
Kronos
:: Tisseur de souvenirs ::
Kronos

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitimeSam 17 Juil - 15:55

[Avec Nyx "Ulva" Ananké]

Gléno - Près du Temple de Kesha

Une maladie, le froid, un espoir.

Voyage vers Hellas

Dans le froid glacial du Nord cimmérien, sous les flocons dansants, un corps inerte reposait dans la neige. La peau pâle, les cheveux noirs, l’homme observait le ciel gris de ses yeux de corbeau, le regard éteint. Assailli par d’étranges douleurs, incapable de trouver la force de se lever, il réfléchissait à sa fatalité. *Je vais mourir*, pensa-t-il. Cela était inévitable, maintenant. Lorsqu’il était tombé malade, pourtant, il n’avait pas voulu croire à cette fin qui lui semblait maintenant si évidente. Son corps était secoué de soubresauts étranges. Ne disait-on pas pourtant que les malades de la fièvre de cendre brûlaient ? Natreck avait plutôt l’impression que ses entrailles se déchiraient.  

Soudain, son champ de vision fut obscurci par un visage familier. Ulva. Celle-ci était restée à ses côtés depuis qu’il était arrivé à Hellas. Et elle était toujours là. Son regard inquiet le couvrait alors qu’il s’éteignait inexorablement. Était-elle tombée amoureuse de lui ? Ce qui était certain, c’est qu’elle ne l’avait pas quitté d’une semelle. Elle avait pris soin de lui avec tellement d’attention... Il était rassurant de la savoir là. Il aurait voulu parler, la remercier de sa présence. L’ombre de Kron planait au-dessus de lui, et c’est la peur au ventre que le corbeau le voyait arriver. Ne pas être seul était un baume sur cette terreur qui lui étreignait le cœur. Il aurait voulu parler. La remercier d’être là. De ses lèvres ne sortit qu’un râle inaudible.  

Le souper qu’ils avaient partagé à l’auberge n’avait pas été le dernier. Les jours avaient défilé rapidement, et Natreck s’était fait à cette drôle de routine. Lorsqu’il ne la rejoignait pas, comme il l’avait fait le premier jour, c’est elle qui venait le voir à sa tente, cela lorsqu’il ne dormait pas à l’auberge, dans ce lit de fortune qu’elle l’avait invité à partager. Habitués de les voir ensemble, les prêtresses et autres soigneurs du camp les saluèrent bientôt par leur nom, et on ne posa rapidement plus de questions de voir le yorka déambuler dans le camp avec la jeune Ulva. Pourtant, inévitablement, ses forces avaient diminué. La fièvre était une maladie pernicieuse, et si Natreck vivait chaque moment avec intensité, c’était bien parce qu’il n’ignorait rien de l’issu qui l’attendait.

Il était si jeune... c’était si injuste ! Il avait tant de projets, tant de choses à vivre ! Ses pensées se tournèrent vers Raël, et un sourire paisible se dessina sur ses faibles lèvres. Le grand yorka lui avait fait vivre des sentiments étranges, bouleversants. Sa personnalité taciturne lui manquerait. Il y avait Torenheim, aussi. Qu’adviendrait-il du gorgoroth ? D’ailleurs, en deviendrait-il un lui-même ? Sans doute pas. Cette mort qui l’attendait n’était pas assez violente. Ses pensées voyagèrent alors vers ses parents, morts de la Sarnahroa. Avaient-ils ressenti la même chose, alors que la vie quittait leur corps à mesure que leur peau devenait pierre ? Dans un élan d’espoir, il pria pour qu’un remède soit trouvé. Ce n’était pas pour lui, bien entendu. Pour lui, il était trop tard. Mais d’autres méritaient d’être sauvés.

Ses yeux papillonnèrent difficilement. Il devenait difficile de les garder ouverts. Par moment, il perdait conscience. C’était-il passé une heure, un jour, un an ? Dans son esprit embrouillé, plus rien n’avait de sens. Il n’arrivait plus à compter le temps. Il n’avait plus froid, il n’avait pas chaud non plus. Il sentait son corps comme engourdi. C’était étrange, tiens. Ceux qui avaient la fièvre de sort ne mourraient-ils pas dans d’affreuses souffrances ? Cependant, son esprit était trop embrouillé pour que sa logique ne puisse prendre le dessus. Soudain, un craquement retentit. En lui. Probablement inaudible de l’extérieur.  

C’est ainsi que, dans un coin reculé du pays de neige, il ferma les yeux.  
Une dernière fois.  

Était-ce la fin ? Pour Natreck, sans aucun doute. Son cœur s’était arrêté, et celui qui aurait soulevé ses paupières aurait constaté le voile sur son regard noir. Pourtant, son corps était pris de soubresaut, des soubresauts qui s’intensifièrent... jusqu’à ce que son corps se déchire, et qu’un être informe s’en extirpe.  

*Enfin*  

La chose ne pouvait ni voir ni parler. Informe, comme couverte d’un liquide gluant, elle sentit l’odeur de la viande. De la viande ! Comme il avait faim... Son instinct le poussa à se tourner vers le corps du yorka, encore chaud malgré la neige. Pourtant, il résista. La fièvre de cendre était un fléau bien trop important pour qu’il prenne ce risque. Dans son esprit, l’image d’Ulva s’imposa à lui. Ulva... elle ne put voir le sourire qu’il lui adressait. Ce pauvre corbeau, qui avait cru qu’elle était là pour lui... Mais son aura n’avait pu tromper l’Être. À travers les yeux du corbeau, il avait vu le symbole qu’elle lui avait innocemment montré. Lui, il avait compris. Il savait.  




Suite du RP par ici : This fire in our hearts


Double-compte de Phyrra
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres   EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres
» EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres
» EVENT: Chapitre 2 - Vision des cendres
» Event: Chapitre 3 - Le feu contre le feu
» EVENT : chapitre 1 - la Fièvre

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Istheria, le monde oublié :: Cimmeria, la nation des glacesTitre :: • Les Alentours - SPECIAL EVENT-
Sauter vers:  

(c) ISTHERIA LE MONDE OUBLIE | Reproduction Interdite !