[TERMINER] A la faveur de la Rose

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- Walter cherche de Preux chevaliers.
_ Raël veut des clients.
_ Deirdre a besoin d'employé!

Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 [TERMINER] A la faveur de la Rose

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Othello Lehoia
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MessageSujet: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeDim 11 Avr - 13:57

Si dans la salle de bal, la soirée avait été marquée d’une coquette galanterie, d’une intimité de façade pour une poignée de privilégiés, la rue promettait de ne pas partager la même élégance. A peine le pas du grand escalier franchi que les liesses de la rue grimpaient déjà aux oreilles téméraires qui franchissaient en premier la porte de sortie du palais des Vanes. Comme le flot continue d’êtres qui y étaient rentrés, les grandes bouches de pierre crachaient à présent toutes ses créatures qu’elles avaient un temps avalées, vomissant les belles robes, les figures ornés, et les visages si sages qui avaient à présent l’air heureux, ivres pour certains, embêtés pour d’autres. On pouvait y lire les espoirs intenses de plans tissés sur des comètes pour ensuite tomber à l’eau, la déception des stratèges qui avaient espérés volés une danse à la rose, la satisfaction de quelques commères qui s’échappaient la bouche pleine de ragots à répandre sur toutes la cours.

Il y aurait probablement assez à raconter pour les jours et les mois qui viennent, et il était certains que cette journée resterait dans les annales ; alors qu’au-dessus d’Heldor, les lanternes flottantes rivalisaient avec les étoiles.
Quelques secondes plus tôt, Walter lui avait fait un signe discret qu’il était temps pour eux de tirer leur révérence. Une initiative qu’elle approuva volontiers, se préparant déjà à retrouver la ville en effervescence. Les discussions avaient pris un cours entre obscurité et volontarisme, ponctué du discours de Walter qui alarma l’assemblée sur les risques que pourraient causer une mauvaise gestion de la crise. Une réflexion qu’elle n’avait, jusque-là, pas encore eut, ou à peine les prémices de telles idées tant elle se concentrait, comme un cheval sous œillères, sur les victimes de la maladie. Elle avait jusque là pensé uniquement aux malades, et n’avait pas pensé à ceux que la fièvre épargnait ; mais qui vivait dans son ombre au quotidien, soumis aux décisions d’autrui. A en croire Walter, cela pourrait laissé présumer de temps plus sombres encore. Duscisio vint ensuite balayer cela et fit, à sa grande surprise, amande honorable en invitant calmement Cassandra à aider. Une attitude qu’elle accueillit d’un sourire paisible. Elle accepta bien sûr son invitation, avant que le duo qu’elle formait avec le comte ne quitta définitivement le cercle.

Alors qu’ils saluaient le duc et son éminente figure, et qu’ils transmettaient leurs hommages à sa femme la duchesse, Othello était encore traversée de multiples pensées, certaines contradictoires, embrouillées par les émotions en pagaille qu’elle avait ressentie en l’espace de quelques heures. Des souvenirs de la matinée se rappelait déjà à elle, et la vitesse à laquelle s’étaient enchaînées les heures jusqu’à ce moment où sa main serrait celle de la haute dame, impressionnée par son port altier, son air noble, et l’impression stricte qu’elle renvoyait au travers de tout son corps. Un roc pour le duché, certainement, et peut-être la main qui tirait réellement les ficelles. La yorka s’inclina noblement face à elle, sans pour autant s’attarder – elle sentait bien qu’au-delà de son titre et de ses responsabilités dans l’église, les frontières de sa présence en ces lieux étaient encore troubles. La famille de Vanes semblait être une parfaite représentation de la noblesse Erianienne ; et Pandora lui apparaissait de plus en plus comme l’avatar de la fraîcheur et de la douceur, en opposition à ses propres parents.

Si, plus tôt, ses yeux avaient parcouru l’assemblée avec curiosité et concentration à la recherche de la cape bleu et jaune du comte de Béon, elle se retrouvait curieusement apaisée de la trouver à ses côtés en quittant la grande salle de bal. La soirée avait eu des airs de drames, de pièce de théâtre passionnée, ponctuée de séparation – si elle s’imaginait volontiers affronter le peuple Eridanien avec son partenaire de bataille, le destin avait joué les capricieux et les avait éloignés après quelques échanges sur la piste. Entre incendie et incendiaire, ils n’avaient guère pu profiter de la musique jusqu’ici, alors que la ville leur ouvrait de nouveau les bras. Le visage à nu, Othello aspira une intense bouffée d’un air noyé des vapeurs fleuries et sucrées d’Heldor, dont le faciès avait grandement changé depuis leur arrivée. Les habitants étaient à présents réunis, peuple anonyme et fier, dansant à même les ruelles dans les lumières de grands braséros, de petites lampes plus honnêtes en forme de lotus, de feux de joie crachés par des danseurs. Une ambiance bien plus électrique et exubérantes qu’entre les murs du palais, que la sirène découvrait avec une avidité folle, et la curiosité des enfants que l’on a trop longtemps privé de sorties.

« La ville a décidé de fêter bien plus que nous. » Finit-elle par murmurer devant ce parterre grouillant de vie. Walter et Othello atteignaient les dernières marches du grand escalier, et elle remarquait de toutes part les regards de passants et d’autres nobles présents au bal se braquer sur eux. Une aura certainement renforcée par la longue descente qui les conduisait hors du ventre ducal, trahissant auprès de tous leur appartenance à une élite d’or. Elle remarquait les yeux curieux, avides, les murmures rendus gauches par l’ivresse entre quelques dames curieuses qui les épiaient. Un sourire amusé éclaira son visage en retour, alors qu’elle se mit à son tour à observer son cavalier, sa main toujours appuyée sur son bras, se demandant bien quelles pensées pouvaient traverser les esprits de ces dames et des ces messieurs qui scrutaient avec attention cette descente bien trop noble. Des réflexes qui lui échappaient encore, et probablement, pour toujours. « Il semblerait que vous soyez au cœur des débats, mon Seigneur. »

Elle s’amuserait probablement toujours de ces jeux de regard, tout en sachant que l’anonymat lui manquerait toujours. Pourtant, sa conscience encore piquée par les débats houleux sur la maladie ne pouvait s’empêcher d’être emplie d’une part de sérieux. Walter avait fait preuve d’un courage rare, et d’une force éclatante depuis la matinée. Un état rassurant pour lui qui souffrait, et qu’elle admira secrètement. La maladie avait scellé leur rencontre, et elle ne pouvait réprimer une conscience professionnelle de surveiller tous symptômes et tout troubles. Mais en cette nuit éternelle, elle se refusait toute remarque. Il n’était plus un patient comme les autres, et elle lui faisait entièrement confiance : s’il ressentait quoique ce soit, il était toujours le bienvenu pour le lui dire. Mais elle ne comptait pas remettre la fièvre une nouvelle fois entre eux, et au cœur des discussions. Le temps était à la vie.


« Nos accompagnateurs ont dû vivre une soirée tout aussi spectaculaire. » Remarqua-t-elle en regardant la ville en joie, dansant dans les lumières et la musique du soir et des rues. Les notes n’étaient pas aussi assurées qu’au bal, certainement plus ivres et moins rompues à la pratique. Les airs y étaient plus fous, plus élancés, plus humains. Une musique du peuple et des humbles, mais qui avait un charme tout aussi certain. Elle s’imaginait déjà ses sœurs valser sur les pavés, s’oubliant aussi le temps d’un soir, profitant de l’euphorie générale pour se détendre. Elle pensait bien qu’il en était de même pour la suite de Walter, bien qu’elle gardât en tête la belle dame brune qui lui avait semblé bien froide. « J’espère que notre résidence n’a pas subît le même sort que la grange. »

La nuit était déjà bien avancée ; en inspirant l’air un peu frais du soir, chargés des cendres des torchères et des parfums de dame, une fatigue douce et saisissante se rappela à elle, alourdissant paisiblement ses paupières diaphanes, engourdissant ses jambes enrubannées par le taffetas carmin qui lui parut alors bien lourd. Le poids des émotions s’ajouta à celui de ses pensées sur son esprit embrumé par la fête ; le bon sens aurait voulu qu’elle glisse hors de cette bulle pour trouver le repos. Mais un élan en son cœur lui soufflait qu’il y avait tout un nouveau monde à découvrir face à eux, et qu’une fois les soleils levés, il aurait disparu. Sans trop réfléchir, elle guida son cavalier face à eux, face à cette foule dense et joyeuse.

« Peut-être pourrions nous profiter encore un peu de la fête ? » Demanda-t-elle, les yeux brillants des lanternes qui survolaient la ville. Les mots de Walter lui revinrent en tête, criant de vérité : cette nuit n’appartient qu’à nous. Peut-être que leur conquête n’était pas finie ? Othello se surprit alors à rêver plus grand, à imaginer dépasser les frontières de cette salle de balle en envahissant dans la musique tout Heldor. En disparaissant dans le nombre et les corps comme deux humbles êtres, sans titres et sans couronnes.
Elle espérait secrètement qu’il voudrait bien la suivre dans cette dernière aventure, même si elle respecterait son choix de rentrer s’il le souhaitait. Après tout, elle n’avait pour l’instant pas conscience de ce qu’il pouvait bien ressentir, et de ce que la fièvre pouvait couver sous son front blond.


Dernière édition par Othello Lehoia le Lun 12 Juil - 22:51, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMer 14 Avr - 22:17

La sortie du Palais d'Heldor fut le théâtre du dernier acte de la soirée. Les spectateurs, les déçus attendant aux grilles observèrent les invités de haut-rangs sortant de l'antre du Lion. Certains invités en profitèrent pour toiser leurs semblables.
Tant de regards tournés vers eux, tous pleinement remplis d'émotions fortes comme l'envie, la colère, le désir ou l'admiration. Une telle vague d'attention avait de quoi déconcerter. Toutefois, l'air frais de la nuit festive de la cité des Vanes avait de quoi revigoré. Il est vrai que la grande salle de bal qu'ils venaient de quitter avait été bondés et la chaleur et le bruissement des conversations perpétuel les avait abrutis. Ici, l'air était plus pur et le bruit plus franc et en même temps plus lointain.
Inspirant profondément, Walter avança avec Othello à son bras. L'intimité qui se créait peu à peu entre eux deux le réjouissait et le rassurait. La présence de la haute-prêtresse avait cet effet apaisant sur lui et lui donnait une confiance en lui renforcée.
Il prit le temps d'admirer le visage de sa compagne, que les convenances de la soirée d'anniversaire lui avait dissimulé. Il souriait en la regardant, ébloui par sa beauté et son sourire à elle.

- Les célébrations populaires sont souvent bien plus puissantes que les mondanités, même si ces dernières ont leur charme, répondit Walter à sa remarque.

En continuant de s'avancer pour quitter le Palais et son entrée, pleine de passants, d'admirateurs et d'invités, Walter remarqua bien le grand nombre de regards qui se portaient sur eux. Il n'y faisait pas trop attention, surtout parce qu'il savait qu'il avait l'honneur d'être le cavalier d'une personnalité révéré pour son office religieux et admiré par de nombreuses personnes.
Il se concentrait sur le moment présent et sur la sensation agréable que lui procurait la proximité et le touché d'Othello. Cependant, cette dernière lui fit remarquer qu'il devait se trouver au centre des attentions de nombreux regards plutôt qu'elle.
Un peu gêné, le comte de Béon rougit et bafouilla un peu avant de pouvoir répondre clairement. Walter avait toujours su jouer de son physique plutôt avantageux avec les femmes, même s'il ne le faisait pas consciemment. Sa jeunesse n'avait pas été aussi chaste que les romans chevaleresques se plaisait à décrire la vie des chevaliers. Il avait toujours été un peu embarrassé par l'attrait qu'il semblait suscité chez le genre féminin.

- N'en soyez pas si sûre, ma Dame, votre beauté éclatante doit sans doute éclipser ma présence, répondit-il galamment. Je ne me souviens plus si je vous ai complimenté sur votre tenue, mais elle est magnifique et... vous êtes magnifique.

Il buta sur la fin de sa déclaration, un peu gêné d'être aussi direct. En même temps, il souhaitait être franc avec elle. Sans doute aurait-il pu être plus subtil, mais ça n'avait jamais été son fort, selon lui.
Ils avancèrent encore, profitant de l'ambiance éclatante d'Heldor. Au-dessus de leurs têtes les lanternes survolaient la Cité, bien loin du palais désormais. La ville était parti pour continuer à faire la fête jusqu'au petit matin. Une journée complète de festivités. Et pas seulement dans la Cité mais également dans le duché et les villages qui le parsemaient. Comment le village visité dans la matinée avait-il fêter l'anniversaire de la jeune fille de Charles Vanes ? Un grand banquet, des danses interminables, des chants, des spectacles ?
Tant de destins prit dans le maelstrom de la joie, de l'ivresse et de l'insouciance propre à ces journées...
C'est d'ailleurs à propos des destins de gens proches d'eux, les ayant accompagnés jusqu'au siège des ducs de Vanes, qu'Othello s'interrogea. Avaient-ils vécus une soirée spectaculaire ? Des aventures folles qu'ils raconteraient pendant des mois, voire des années, à leurs amis ?
Cela le ramena à Eleyna Verwon. Walter commençait à connaitre le spécimen désormais et savait que si elle le voulait, elle pourrait s'amuser avec nombres de personnes. Avec eux ou à leurs dépends, tout dépendrait de ses envies ou de son humeur. Malgré le fait qu'il ne souhaite pas se concentrer trop sur elle à ce moment précis, il ne put s'empêcher de s'interroger sur son comportement durant cette soirée et cette nuit. Considérant que son oncle cherchait à la pousser vers le comte de Béon, elle devait sans doute se trouver dans une situation plus que désagréable.
Mais il chassa ces considérations bien vite. Il préférait se concentrer sur la fin de la fête avec Othello.

- J'espère aussi, dit-il en riant. Je ne voudrais pas être celui qui devra expliquer l'accident aux propriétaires, ni les rembourser. Mais d'après ce que j'ai vu, il y avait des projets de sortie, si des accidents on eut lieu, il y a peu de chance que cela se soit passé dans les appartements que nous occupons...

Tout en marchant, à un rythme tout à fait agréable, ils s'éloignaient peu à peu des grilles du Palais. Walter commençait à se sentir un peu à l'étroit dans son costume de soirée. Les tailleurs et les modes de l'aristocratie... Une chose qu'il ne comprenait pas. Heureusement qu'il avait pu imposer des coupes martiales et pratiques. Cela lui avait permis d'échapper aux costumes fait pour la beauté et non pour le confort.

La conversations n'étaient pas intense entre eux deux. Ils se contentaient de profiter du moment et de l'ambiance les entourant. La main de sa cavalière sur son bras, il essayait de voir ce qu'ils pourraient faire pour la fin de cette nuit. Un sourire aux lèvres, il pensa à plusieurs choses agréables. Cette journée l'avait miraculeusement laissé épargné par des épisodes de fièvre et il ne voulait pas tenter le diable mais... Ce genre de journée ne se reproduirait pas avant longtemps, aussi voulait-il en profiter un maximum.

Tout en regardant le vol des lanternes dans le ciel d'Heldor, Othello suggéra de profiter encore un peu des festivités. La lueur de bonheur dans son regard suffit à convaincre Walter. Le sourire et le regard d'Othello avait un effet fort sur lui et il lui souriait en retour sans même y penser.

- Bonne idée, il doit sûrement y avoir encore de quoi faire la fête, répondit-il. J'entends de la musique par là-bas.

Il pointa une direction dans laquelle le bruit d'instruments de musiques et de cri de joie retentissaient à leurs oreilles.

- Cette journée a été pleine d'émotion, fit Walter en repensant aux événements du jour. Mais je suis loin d'avoir sommeil, je pourrais encore continuer à faire la fête un long moment.

Ils arrivèrent sur une place où un orchestre jouait de la musique. Au milieu un espace improvisé, bien éclairé par les lumières présentes, servait aux danseurs. Tout autour se trouvait des gens encourageant les musiciens et ceux qui se lançaient sur la piste. Certains attendaient leur tour, d'autres conversaient entre eux, souvent autour d'un verre. De nombreux couples semblaient s'être formés.

- Voilà l'occasion de rattraper toutes les danses que nous n'avons pas pu faire au bal, fit Walter à l'oreille d'Othello pour être sûr qu'elle entende malgré le bruit de la fête.


[TERMINER] A la faveur de la Rose  1550329792-ai8hbr85iqh01
Image tiré des artworks de Kingdom Come Deliverance
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeDim 18 Avr - 14:52

Avec la candeur des premiers élans, et peut-être l’aide de la fatigue et du valédor qui chatouillait encore ses papilles, une vague pourpre semblable au carmin qui colorait ses lèvres naquit sous ses joues pâles, tourbillonnant un instant comme l’encre dans l’eau, avant de disparaître comme il était venu sous le derme d’albâtre. Pour des raisons qui la dépassaient encore – qui la dépasseraient peut-être toujours – le compliment du comte lui allait droit au cœur. La journée avait fait naître tant d’émotions qui d’ordinaire n’existaient que dans de lointain souvenir, tellement que la sirène se sentait troublée par tout, retrouvant de lointain sentiments qu’elle pensait oubliés. Les yeux tendres qui lui faisaient face n’étaient ils pas innocents dans cette entreprise ? Ses mots se brouillaient, tout comme son cœur qui battait plus vite dans la cage de ses côtes, mais elle ne parvint pas à retenir le sourire humble et touché qui se tissait sur ses lèvres.
L’air vivifiant du dehors l’aiderait peut-être à voir plus clair dans le brouillard épais qu’étaient ses passions ; même si pour l’instant, sa vision était éclipsée par les lumières dansantes du dehors, voilées par l’air plus frais. Le comte accepta sa proposition, et son sourire s’étira plus encore. Elle ignorait si c’était par courage ou envie, mais elle était reconnaissante de savoir qu’il était prêt à la suivre en dépit de son état, et d’une journée déjà bien remplie.


« Vous êtes très élégant aussi, cher comte. » Murmura-t-elle timidement, avouant volontiers qu’elle trouvait son cavalier resplendissant dans ses couleurs.

Le noble suivit la musique et les entraîna dans la ville, et la sirène, sans lutter, se laissa guider vers ce nouveau monde qui s’ouvrait à eux. Heldor avait elle aussi changé de masque ; la nuit lui ayant offert une parure de mystère et de magie. Les murs de pierre ne brillaient plus, mais scintillaient doucement à la lueur des grandes torches qui parcouraient les murs, et qui crépitaient dans les mains des passants. Le monde dans les rues se faisaient certainement moins denses que plus tôt ; les mères avaient rentré les enfants, les plus âgés avaient retrouvés leurs couches, et les plus îvres des recoins sombres où ils pouvaient décuver. Seuls restaient les audacieux et les plus jeunes, les amis et les amants, qui devenaient alors les seuls acteurs de cette peinture, par touches sombres et nocturnes, quelques clair obscures timides et intimes, une nuit au creux de leurs mains.
Avançant dans la pénombre, elle ne quitta pas son côté, rassurée par sa présence grande et protectrice, échangeant avec lui quelques mots bercés de simplicité et d’une apaisante galanterie. Elle n’ignorait plus l’alchimie qui naissait peu à peu, une douce magie qui faisait chavirer son cœur et la jeter, en même temps, dans la plus grande des tempêtes, elle qui craignait ses sentiments plus que tout. Et pourtant, le comte avait le don de l’apaiser, tuant le doute avant même qu’il ne naisse.

Bientôt, ils arrivèrent sur une petite place, sagement lovée à l’abri des regards au croisement de quelques ruelles. Une petite célébration s’y était installée, avec un orchestre déjà bien lancé qui se lançait dans des airs plus festifs et plus francs que chez le duc – ce qui n’était pas vraiment une surprise ; les habitants et les passants n’étant certainement pas habitués aux musiques de chambres et aux arias plus élaborés. Ils s’arrêtèrent devant eux, et Othello apprécia immédiatement ce spectacle : une piste sur laquelle dansait déjà quelques couples, une lumière tamisée, un décor embrassé de fête. Une vingtaine d’êtres seulement – certains les regardèrent du coin de l’œil, peut-être surpris par la richesse de leurs atours, mais cela ne dura pas : chacun avait son propre plan en tête, ou simplement l’air à la fête : que seraient deux danseurs de plus ou de moins pour cette petite célébration ?
Walter lui signifia qu’ils pourraient en profiter pour rattraper toutes les danses que le bal et leur séparation les avait empêchés de faire. Une idée séduisante qu’elle appréciait déjà : il était vrai que le bal ne leur avait permis que de valser une seule fois, avant de trouver chacun d’autres bras et d’autres partenaires. Elles avaient toutes été sublimes et époustouflantes, mais pourtant les épaules solides du comte, ses mains assurés et son sourire lui avait manqué. Et devant les liesses et les joies, elle se surprenait de désirer ardemment retrouver cette sensation heureuse, ses regards pétillants et son assurance.

Depuis leur rencontre au Monastère, mots après mots, il avait su s’imposer dans son quotidien, et devenir un appui solide en qui elle avait confiance. Peut-être était-ce le parfum de fleur et les vapeurs sirupeuses de l’alcool qui troublaient encore son esprit, mais il lui semblait que l’amitié qui les avait rapprochés mutait doucement en une intimité nouvelle, une étrange attirance qu’elle ne pensait pas pouvoir encore ressentir. Leur arrivée à Heldor avait été idyllique, une bouffée d’air frais pour eux qui n’avaient connus que fièvre pendant plusieurs jours. Et pour elle, pendant plusieurs mois. Peut-être que… Ses lèvres se serrèrent doucement. Othello était en proie à tant de doutes et de craintes, tant d’incertitudes par rapport à elle-même, une énigme qu’elle n’osait pas regarder, même si dans son cœur renaissait les braises d’un feu ardent qui avait cessé de brûler.

Cela ne faisait pas si longtemps qu’elle l’avait perdu, lui qui avait partagé son chemin si peu de temps avant de disparaître, mais qui avait pourtant eu sur elle une empreinte indélébile. C’était lors d’un bal qu’ils s’étaient avoués, un an plus tôt, leurs propres sentiments. Un passé depuis longtemps évanoui, mais y penser restait doux et douloureux, et en parler plus encore. Avait-elle eu raison de bâtir une carapace autour de son cœur ? Ce même bouclier qui se fissurait, secondes après secondes, au contact de son partenaire, cette épaule si bienveillante qui l’avait guidée au travers de cette journée merveilleuse, découvrant tant de facettes à ce comte au destin hors du commun.
Ce n’était pas le moment de se laisser envahir par ses pensées contraires et tumultueuses, ni par d’étranges réflexion qui n’appartenaient qu’à la tempête. Elle était résolu : la piste de danse leur tendait les bras. N’était-ce pas pour se lancer ?


En parcourant des yeux la petite place, elle repéra un banc inoccupé à côté du quel jouaient encore deux enfants curieusement debout. Eveillée par une nouvelle énergie, une liesse montante qu’elle cachait encore dans un écrin de douceur, la yorka attrapa discrètement le masque de métal de son partenaire, en lui faisant signe que tout irait bien, et lentement, elle alla rejoindre la place ; peut-être était-ce un excès de confiance, mais elle déposa discrètement à même la pierre leurs deux masques et sa cape en hermine. Elle ne pouvait se résoudre à valser les bras pleins, ni à abandonner ces si beaux ouvrages. D’une voix douce, elle appela un des garçons, lui demandant si il pourrait bien veiller sur leurs affaires quelques minutes. Le jeune approuva silencieusement, libérant définitivement la naïade ; comme si de vastes ailes avaient poussé dans son dos d’albâtre, elle se sentait revivre, chacun de ses pas motivé par la joie de la fête, le courage des anonymes, et la présence d’un noble chevalier qui ne cessait de lui sourire.


« - Si tu veux bien m’accorder cette danse, Walter ? » Audacieuse, Othello n’avait pas peur de devenir voleuse, empruntant à son cavalier les mots mêmes qu’il avait prononcé plus tôt dans la journée, lors de leur première danse.

Jetant le masque, les manières, et les titres, la sirène ne désirait plus que retrouver l’anonymat d’une foule joyeuse, se fondre dans la masse, et retrouver en son cavalier le chevalier bienveillant, loin des regards des commères envieuses, des voisins de noblesse et des bras armés de la couronne. Pouvoir saisir cet instant pour ce qu’il était, et pas pour ce que la cours voulait qu’il soit : un jeu de semblant et de présence ; et que d’autres qu’eux voulaient changer en prétexte pour faire couler l’encre de missives enflammées et de mots de couloir à travers toute la cours. Pour une danse, elle aimait retrouver l’intimité d’une foule tranquille, inconnue ; qu’autour d’eux, ce ne soient que d’autres anonymes. Et que dans les couples qui se croisent et s’ignorent, il n’y ait plus de regards ni de curiosité, ni la pression venimeuse des puissants qui s’espionnent.

Se délestant du poids de son duché, la naïade tendit vers le Terran une main bien téméraire, attrapant la sienne comme il l’avait déjà fait plus tôt, espérant que son geste ne soit pas perçu comme une agression mais comme une invitation. Elle enveloppa sa paume, tirant doucement dessus pour l’attirer derrière elle droit vers la piste improvisée. Il n’y avait heureusement pas beaucoup de couples à se partager l’espace, et quelques solitaires qui profitaient de la musique pour cuver des trop pleins de bières qu’ils avaient bu, certains depuis le matin, et d’autres, plus sages, depuis le couché des soleils.
La sirène cachait son audace sous les reflets du feu ; espérant que le rouge qui teintait ses joues disparaîtraient sous les lumières de la fête. Walter leur avait trouvé une oasis dans cette ville folle, une petite place si cachée au cœur des ces ruelles, où vivaient les musiciens merveilleux dont le génie incompris les condamnait aux pavés. Ce décor lui donnait du courage ; la force de combattre la houle qui taraudait son cœur, et le trouble que lui évoquait la présence de Walter au bout de sa main. Mais elle en devenait certaine : elle appréciait cette présence, et son regard d’azur qui brillait lui aussi sous les lanternes.

Doucement, elle se mit en place, consciente de ne pas être une meilleure danseuse que plus tôt, ni d’être à la hauteur de son cavalier pour les danses traditionnelles. Mais elle n’en avait que faire, la seule chose qui lui importait était de pouvoir bouger, apprécier et tournoyer en sa compagnie, sans chaînes et sans regards. Comme il l’avait fait plus tôt, elle attrapa ses mains et commença à danser avec lui au son de la musique ; plus joyeuse et entreprenante que dans la salle de bal des Vanes, s’enivrant dans tourbillons et des mélodies, et de l’agilité de son cavalier qui guidait ses mouvements. S’aventurait-elle vers le futur ? Peut-être, et sûrement. Une à une, le comte brisait les chaînes qui la rattachaient à son passé. Et si elle ne le comprenait pas encore, elle commençait à le percevoir au creux de son cœur comme germent les plantes.
Les musiques s’enchaînèrent, et rapidement, elle se sentit prise au piège de sa tenue de noble. Mais Walter et son sourire adoucissait ses scrupules. Pourtant, discrètement, elle finit par défaire ses chaussures serrées et trop hautes pour apprécier silencieusement les roches lisses. Qui pourraient bien la juger ? Elle indiqua par un regard désolé et enivré au chevalier qu’elle aimait ce moment. Et quand la musique prit fin, elle était déjà prête à reprendre pour un nouveau tour.
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Walter Veldar
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeVen 23 Avr - 0:08

Othello prit les devants en se débrouillant pour poser leurs effets et qu'ils soient surveillés le temps de leur passage sur la piste de danse improvisée. Elle semblait animée d'une volonté plus affirmée, comme si elle se libérait peu à peu d'un poids ou d'une armure pesante.
Son sourire audacieux et invitant à la rejoindre souligna parfaitement sa demande de danse reprenant les mots de Walter un peu plus tôt dans la journée.

- Dansons, alors ! répondit joyeusement le comte de Béon.

Leurs regards ne se quittait plus tandis qu'ils se positionnaient pour prendre en route la musique déjà entamée. Leurs corps se rapprochèrent doucement jusqu'à ce qu'ils puissent sentir battre le cœur l'un de l'autre. La chaleur du corps de sa cavalière était rassurante et confortable mais aussi très vivifiante. La sensation de toucher son corps était très agréable et Walter faillit perdre ses moyens en se concentrant un peu trop sur ça.

Ils se mirent à bouger au rythme de la musique jouée par l'orchestre de rue. Autour d'eux, la foule observait les couples qui virevoltaient en les applaudissant et en les encourageant. Les musiciens jouaient de leurs instruments avec un sourire aux lèvres, preuve du plaisir de pratiquer leur art en cette nuit étoilée et spéciale.
Au-delà des observateurs de la danse, il y avait des gens assis autour de tables, ou sur des bancs et profitant de la fin de soirée de fête pour s'offrir des verres tardifs. Les discussions allaient bon train et les rires et exclamations émaillaient l'ambiance sonore de la place.
Mais pour Walter Veldar, chevalier et comte de Béon, tout cela s'effaçait progressivement à mesure qu'il enchainait les pas de danses et les tournoiement avec Othello. La musique étant rythmée et particulièrement enjouée, la danse se trouvait donc assez énergique. Mais après une soirée tout en contrôle de soi, ce moment apparaissait comme un exécutoire.
Alors qu'il se concentrait seulement sur sa cavalière et sur la musique, ce fut comme s'il n'y avait plus qu'elle au monde. Eux deux dansant seul au milieu d'une rue. Les soucis, tracas et autres questions s'envolèrent dans le ciel avec les lanternes et seul resplendissait les yeux magnifiques d'Othello Lehoia et sa peau de nacre.

Chacun d'eux se débrouillaient pour danser sans être des experts. Si quelques faux-pas étaient parfois effectués, ils étaient vite rectifiés sans même que le couple n'y pense. L'harmonie des corps se mit en place naturellement. D'abord entre eux, ce qui les conduisit à se rapprocher encore plus physiquement, à avoir des touchers plus francs l'un envers l'autre. La gêne et la prudence faisant place à de l'assurance et de l'attrait.
Mais l'harmonie, comme dans toutes pistes de danse fonctionnant correctement, se mit en place entre tous les danseurs. Ainsi, tous les couples de danseurs adoptèrent instinctivement le même rythme et dansaient et tournoyaient de manière à ne jamais heurter les autres. Le flot musical emportait tout ce microcosme nocturne dans sa symphonie bien ordonnée et au rythme quasi hypnotisant...

Alors que la musique continuait, le corps de Walter était détendu et accomplissait les pas de danse sans effort ni fatigue. La proximité avec sa cavalière était devenu si naturelle qu'il ne la remarquait plus. Il était clair désormais sur les sentiments qu'il éprouvait envers elle...

Il était si pris dans la danse et le rythme musical que lorsque les musiciens finirent par faire une courte pause, il fut un peu surpris et déboussolé. Un court instant lui fut nécessaire pour qu'il reprenne une contenance. Souriant et riant de sa réaction, il fut une grimace d'autodérision en direction d'Othello.

- C'était... intense comme moment, lui murmura-t-il.

Il reprenait un peu son souffle tout en ne pouvant s'empêcher d'admirer la femme qui l'accompagnait. Elle aussi soufflait après l'effort dans sa belle tenue de soirée. Le spectacle de sa poitrine se soulevant et se rabaissant après cet effort lui fouettait quelque peu le sang. Il aurait voulu que ce moment dure bien plus longtemps qu'en réalité. D'ailleurs, sa perception du temps était sans doute faussé. C'était le genre d'instant qui semblait s'étirer sur des heures alors qu'il ne durait que quelques instants.

Il s'apprêtait à reprendre la parole quand une partie des musiciens entama un morceau plus doux et plus lent, invitant les couples à des danses plus intimes. De nouveaux couples rejoignirent le centre de la place pour danser. Des jeunes hommes et des jeunes femmes. En les regardant, Walter s'identifia à eux. Ce soir, il n'était plus ce chevalier errant combattant au gré de ses pérégrinations, ni le comte de Béon essayant de faire son chemin au milieu de la noblesse du royaume. Ce soir, il était juste Walter profitant de la nuit avec Othello.

Sans qu'ils n'aient besoin de se le demander, ils se remirent à danser le plus naturellement du monde. Ils entamèrent un slow, leurs corps si proche l'un de l'autre. Walter souriait.
Intérieurement il se maudissait car il voulait dire quelque chose mais butait sur les mots justes à employer. Il se revoyait près de dix ans plus tôt dans des expériences similaires, mais beaucoup moins puissantes, à chercher les mêmes mots.

- Othello, lui chuchota-t-il à l'oreille. Cette journée... et cette nuit... Cela est venu couronné des sentiments qui se développent chez moi depuis que je t'ai rencontré au Haut-Monastère...

Il bégayait un peu mais désormais il fallait qu'il continue.

- Je suis désolé, je ne suis pas très doué pour exprimer mes sentiments profonds comme ça... Encore moins à une prêtresse... Je ne sais pas si je dois savoir quelque chose à propos de...

Il s'arrêta avant de dire une bêtise. Le rouge lui montait aux joues. Comment se faisait-il que l'on puisse être capable de bien s'exprimer en toute occasion et notamment au combat et dans des situations bien plus dramatiques et que dès qu'il fallait s'ouvrir à une femme que l'on aimait cela devenait si difficile ?

- Je... me sens très proche de toi. Des sentiments que j'avais rarement éprouvé se sont développés chez moi envers toi. J'ai conscience que nos vies sont entourés d'une prison d'obligations et que nous ne sommes pas libres... Mais cette nuit, après cette journée, est comme hors du temps et j'y vois une chance de vivre des instants de pure liberté... Si tu éprouves la même chose...


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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMer 5 Mai - 21:31

Durant toute sa vie, elle n’avait jamais eu le plein loisir de danser. De ses plus jeunes années dans ce village portuaire entouré par les glaces, jusqu’à son entrée au temple, et dans le silence religieux des profondeurs abyssales, l’idée de valser ne lui avait jamais jusqu’à effleurer l’esprit. Et pourtant, ses pieds sur les roches polies et poussiéreuses, ses mains sur des épaules dessinées sous une couche de tissu bleu, ses yeux toisant sans plus la remarquer une broche argentée représentant le sanglier et le lièvre, elle commençait presque à regretter de n’avoir pu découvrir cet art que maintenant. Contrairement au climat de tension qui les enchaînaient à la bienséance dans la salle de bal du palais ducal, la yorkas, toute animal, sentait les ailes de la liberté se dresser dans son dos, exacerbé par l’enthousiasme de son comparse qui la faisait tournoyer au bout de ses doigts. Il arborait un sourire vaste, vibrant d’enthousiasme. Lui aussi semblait méconnaissable, loin de la nervosité discrète qui l’avait tendu sur le chemin. A présent, conquérant parmi les danseurs, il menait la danse par instant, ouvrant le chemin parmi les autres couples, sans qu’elle ne les remarque plus.

Quand la musique cessa, tant usée par les notes, elle ralentit le pas, haletante. L’exercice était fatiguant, et pourtant elle sentait qu’elle aurait pu s’y crever les poumons sans aucune difficulté, ressentant dans ses jambes lourdes la tension de muscles depuis longtemps assoupis par le jeu de la cour et de la recherche. Le jour de la rose avait été vivifiant, sous toutes les coutures. Curieuse, elle regarda Walter, qui, brusquement, semblait décontenancé, perdant un instant sa superbe – il avait été prit de court par la fin de l’air, sans doute, et les musiciens pas si loin lui lancèrent des sourire amusé qu’elle se fit une joie de reprendre. Et comme à son habitude, il fut le premier à se reprendre, lui arrachant un éclat de rire par sa moue semi boudeuse – elle appréciait ce trait d’esprit. Après tout, dans un monde si dur, pouvoir rire de soit était un atout précieux pour calmer les foules et conquérir des royaumes entiers
.

« La danse te monte sans doute à la tête… Ou peut-être est-ce le valédor ? » Son sourire se teinta de malice, alors que, sans s’en rendre compte si sans le commander, elle glissa ses mains dans les siennes pour les tirer doucement. Un réflexe candide d’enfant sans doute, l’expression libérée de passions enfouies. Ou peut-être la danse qui grisait encore son esprit, bercé par les mouvements incessants des cambrures et des tourbillons. Là, dans sa poitrine : elle sentait naître la liberté. Intense était le bon mot : sous sa gorge qui se soulevait au rythme de son souffle, elle sentait encore une électricité foudroyante la pousser à poursuivre ces époustouflantes bacchanales.

Walter n’était pas innocent dans cette entreprise. A ces côtés, elle se sentait plus vaillante. Hardie, même. Le fruit d’une étrange magie, née de bienveillance et de conversations fugaces, de sourires quotidiens dans les couloirs du monastère, et sur la route d’Heldor. Une alchimie puissante, sans aucun doute. Les phalanges enlacées avec les siennes, Othello ne réalisait plus que leur proximité dépassait les cadres, qu’elle s’était habituée jusque sur sa peau au touché masculin. Peut-être était ce fruit de cette journée, où chacun de ses pas l’avait conduite à être plus proche de lui, sur les terres de Vanes. Une journée qui avait bien pu durer mille ans, et pourtant qu’elle apprécierait toujours, si riche de rencontre, de sourire, et de regards intenses. Elle enferma une poignée de ces souvenirs dans son cœur, pour les retrouver égoïstement plus tard, les contempler par une œillère intime. La sirène était presque inconsciente au fait qu’elle en écrivait un à cet instant même.

Une note de violon leur indiqua d’un coup d’archet que la musique allait reprendre, et tout autour d’eux, les couples se remirent en place. Pourtant, alors que la yorka commençait déjà à gainer ses jambes fines, à tendre des bras quand ses yeux lui renvoyèrent d’autres visions. Contrairement à ce qu’elle croyait, la musique démarra à un train plus lent, un rythme tendre et langoureux qui invitait à l’intimité. Impressionnée, elle suivit tout de même le pas, se lovant avec une assurance toute menue contre Walter, franchissant le pas d’une proximité toute nouvelle qu’elle n’avait pas éprouvée depuis longtemps, retrouvant des contacts et des parfums charnels qu’elle avait enfoui et n’avait plus regardé depuis. C’était étrange, intime ; sa joue contre son torse, elle sentit sous ses pommettes le grain du velours azuré, alors que le sommet de son crâne reposait à présent dans son épaule. Elle espérait ne pas l’handicaper de ses oreilles disgracieuses, qui devait sûrement chatouiller sa nuque.

Les premières notes se firent entendre et amorcèrent le mouvement, chaque couple ne formant plus qu’une seule entité qui dérivait paisiblement, ondulant sur une mer calme en décrivant des cercles doux, gravitant tous autour de la musique. La sirène se berçait, ainsi protégée, l’esprit brûlant de milles pensées éparses et d’autant d’affects qu’elle ne saisissait pas. Que se passait il ? Son esprit de perdait dans un brouillard épais rempli de questions, de tendresse et d’attirance qu’elle n’osait pas encore regarder dans les yeux, alors que son corps n’obeissait plus qu’à lui-même, à ses instincts et ses volontés. Tout semblait si naturel, et pourtant elle questionnait tout ; bien qu’une chose lui parut le plus simple et sincère du monde. Entre ces bras, elle se sentait en sécurité, et retrouvait des sentiments enfouis. Elle se sentait bien.

Une fois encore, le monde autour d’eux s’évanouit pour n’être plus que poussières. La yorka ferma les yeux, s’abandonnait à la musique, se laissant guider par des gestes tendres, et la voix de Walter qui se mit à murmurer à son oreille, un discours qui n’était destiné qu’à elle seule : lentement, elle rouvrit les yeux, les mots coulant jusqu’à son cœur comme autant de sourire, de pas de danse et d’attentions incertaines et maladroites. Relevant le regard jusqu’à son cavalier, elle le regarda avec d’immenses yeux qu’elle sentit vaste comme le ciel, sans pour autant se dégager de son étreinte. Walter semblait s’être lancé, libérant une parole qu’il avait peut être gardé pour lui. Et contrairement à son discours dans la salle de bal, où chaque mot était constant et assuré, il semblait cette fois-ci moins assuré et plus troublé. A vrai dire, elle le comprenait très bien… Comment pourrait elle le juger dans cet exercice si périlleux ? Le laissant parler doucement, elle écouta sa voix légèrement bégayante, mais grave et sereine, un discours sincère.

Cillant, Othello sourit doucement en continuant de l’entendre, essayant d’apaiser son trouble du mieux qu’elle le put. Étranglement, elle n’était pas surprise, même si elle contenait une certaine stupéfaction sous son front opalin. Les sentiments dont ils parlaient, se pourrait-il… ? Il leva petit à petit le voile du mystère, mettant un point d'orgue sur cette journée hors du commun et hors du temps. Alors ainsi, depuis le haut Monastère, il… ? La yorka resta immobile, faisant de son mieux pour étouffer son trouble naissant, le contemplant avec courage pour l’inspirer à poursuivre quand il s'excusa de sa maladresse.

Plus les mots quittaient des lèvres, et plus elle sentait son cœur s’emballer, bondissant dans ses côtes comme le sang qui palpitait dans ses veines, un troupeau de chevaux fous. L'aveu de Walter lui allait droit au cœur, et pourtant, il souleva en elle une tempête intense entre ses souvenirs passés et la forte de son futur qu’elle gardait fermée.
Comme pour couper court à ses propres questions, taire ses doutes, et laisser son cœur et ses désirs prendre le dessus, la sirène coupa ses pensées. Poussée par un courage nouveau, elle franchit les derniers centimètres qui les séparaient encore, eux que la danse avait déjà tant rapprocher, pour recouvrir ses lèvres dans un baiser, candide et léger, sentant sous sa bouche les reliefs charnus et surprenant de la sienne avant de s’envoler presque aussi vite sans prendre le temps de s’enivrer. La sensation que cela lui procura était étrange, agréable, réveillant d’ancien souvenir sous la peau de ses lèvres. Pour ne pas trop le surprendre ou lui imposer de contact trop franc, elle n’avait pas prolongé l’échange plus longtemps. Et pourtant, elle regrettait presque de ne pas en avoir profité plus.

« Rien ne nous oblige à faire vœux de célibat. » De nouveau, le même sourire mystérieux habilla ses lèvres rouges, alors qu’elle reculait lentement de sa téméraire emprise pour retourner contre lui, encore surprise par sa propre audace.

Derrière elle se trouvait encore des souvenirs trop précieux, l’ombre d’un amant qu’elle ne voulait pas encore perdre. Le futur avait de quoi terrifier, entre la fièvre, les jeux de pouvoirs, et les responsabilités s’accumulant comme les flocons d’une neige épaisse. Mais Walter avait raison sur un point : si ils étaient piégés par le jeu du pouvoir, à cet instant, il n’y avait personne pour les juger.
Cette intimité naturelle qui s’était tissée entre eux ne pouvait être le fruit du hasard. Osant enfin regarder dans les yeux ses propres sentiments, elle réalisait qu’elle pour ses valeurs, sa volonté, son sourire unanime qu’il présentait à tous avec beaucoup de noblesse. Une franchise naturelle, simple, qui la rassurait autant qu'elle l’amusait. Et peut-être n’était pas si insensible à ces yeux d’azur qu’elle voulait bien le croire.


« Merci infiniment Walter. » Murmura-t-elle doucement. Les sentiments d’entrechoquaient dans son cœur comme des vagues sauvages, mais néanmoins, elle tenait bon. Elle aussi devait poursuivre et présenter l’entière vérité à son honnête cavalier. « Je… J’ai perdu l’homme que j’aimais il y a peu. Et je ne suis pas sûre d’être… de pouvoir déjà … » ses propres mots s'enfuyaient avant le seuil de ses lèvres comme des soldats trop lâche pour mener la bataille. Et prise au dépourvu devant cette retraite, Othello resta un instant penaude et prise au dépourvu. Mais elle ne voulait pas que son message l’abandonne, que ses paroles ne la suivent pas, que son message, sa vérité, ne soit pas délivré. Ni que Walter se fourvoie sur ses paroles.

Son cœur était lourd de sentiments, et elle ne pouvait nier l’indeniable : elle ressentait elle aussi de forts sentiments pour le chevalier. Et la journée avait suffit à lui prouver qu’à chaque nouveau pas qu’elle faisait vers lui, elle n’était confrontée que par des sourires et des gestes tendres, et le soutient inébranlables d’un appui solide. Othello baissa le regard, sentant ses joues se teindre de rose. Ce n’était pas encore, pour elle, le moment d’aimer de nouveau. Mais le monde ne pourrait lui reprocher son émoi : n’y avait il pas meilleur décor pour vivre la fête jusqu’au bout, et profiter une ultime fois de pouvoir s’extraire du théâtre des obligations pour apprécier son cavalier plus encore ? Peut être pouvait elle enfin lâcher prise, et honorer l’aveu qu’on venait de lui faire. De suivre ses désirs, ceux qu’elle affrontait perpétuellement sous son front pâle.


« Mais je t’apprécie, Walter. Énormément. Et je… J’ai envie de profiter de cette nuit pleinement, à tes côtés. »

Demain pourrait brûler, ou être pavé de gloire. Seulement, l’avenir seul pourrait le dire : pour l’heure, le monde leur appartenait.
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeDim 9 Mai - 20:11

Le moment qui suit les grandes envolées romantiques comme les déclarations d'amour est toujours particulièrement angoissant pour la personne à l'origine de ces paroles. C'est le moment où l'on a eu le courage de sauter au-dessus du précipice et où l'on va connaitre la réponse. A-t-on bien évalué le risque d'un tel saut dans le vide ? Va-t-on connaitre une déception s'assimilant à la chute dans un gouffre ou une félicité sans mesure lors de l’atterrissage, mêlant joie et soulagement.

Collé l'un à l'autre dans leur danse légère et sereine, Walter pouvait presque sentir les battements de cœur de sa cavalière accélérer à l'unisson de ses propres battements.
La première réaction d'Othello fut très agréable pour le comte de Béon. Ce doux baiser, plein de tendresse et de sincérité fit bondir son cœur et diffusa dans son corps une chaleur bien plus agréable et bénéfique que celle que la fièvre qui l'enserrait ne lui procurait habituellement.
Les lèvres de la prêtresse et celles du chevalier s'étaient trouvés naturellement et ce baiser ne fut en rien maladroit mais celui de deux êtres sincères et proches l'un de l'autre.

Walter aurait bien continuer à embrasser sa belle cavalière plus longtemps, mais cette dernière rompit le contact avec douceur. Aucune déception, cependant. Simplement de la joie. Joie de voir ses sentiments et son attirance être réciproques du côté d'Othello. Ce baiser était parfait. Tout simplement. Il avait désormais un grand sourire aux lèvres et couvait la prêtresse d'un regard tendre et enamouré.
Avec un regard un brin malicieux, elle répondit à certaines des interrogations que son cavalier avait émit au cours de sa déclarations. Elle n'avait aucun devoir de célibat du fait de sa charge ecclésiastique. Cet état de fait fut révélé à Walter avec sourire mystérieux, très attirant de son point de vue.

Il continuait à danser très doucement au son de la ballade légère que jouait les musiciens. Pendant tout ce moment magique qui avait vu Walter et Othello s'embrasser, ce fut comme si tout ce qui les entourait avait disparu et qu'il n'y avait plus qu'eux. L'ivresse de ce baiser se dissipait peu à peu et un sens des réalités reprenait ses droits, sans pour autant réussir à repousser l'euphorie de ces moments.

Les remerciements qu'Othello lui fit rendirent Walter un peu perplexe même s'il ne le montra pas. Même si cela flattait son ego puéril, il écoutait avec attention et curiosité les mots de sa cavalière. Conscients qu'il était loin de tout connaitre de sa vie, il comprenait qu'il ne fallait pas brusquer les choses. Tout le monde avait un vécu, et certains plus lourd à porter que d'autres. De plus, il sentait qu'un maelstrom d'émotions s'était emparé de la prêtresse et qu'elle devait gérer cela.
C'est ce qu'elle confirma en expliquant avoir perdu l'homme qu'elle aimait assez récemment. Walter, le regard concerné, ne fit aucune remarque, se contentant de l'écouter et d'essayer de comprendre ce qu'elle pouvait ressentir.
Il lui sembla que c'était un un sujet de discussion qu'elle ne devait pas aborder bien souvent et l'on pouvait le comprendre aisément. Sa façon dont ses mots étaient hachés et dont ils étaient chargés d'émotion le démontrait. C'était l'une de ses cicatrices que la vie laissait sur les individus à mesure que le temps passait. Walter en avait également mais elles s'étaient refermés depuis longtemps et désormais, il ne craignait pas le risque d'en ouvrir des nouvelles.

Cependant, ce tournant qu'avait pris la réaction d'Othello ressemblait un peu à une douche froide pour lui. Il ne savait pas trop comment réagir désormais. Il continua à serrer Othello dans ses bras. Elle méritait du réconfort et de l'amour, surtout après l'évocation d'un drame personnel. C'était là sa seule réponse, la seule à laquelle il pensa en tout cas : il continua de la tenir tendrement dans ses bras et de la regarder avec affection et compréhension, sans pousser plus loin, sans la brusquer.
Et alors qu'il cherchait quelque chose d'intelligent à dire en réaction, le regard d'Othello redevint moins grave et elle ajouta des mots qui rassurèrent grandement Walter et réveillèrent son intérêt. Surtout ceux concernant le fait de profiter de la nuit.

Il ne dit rien pendant un moment, se contenant de la regarder dans les yeux avec un sourire plein d'affection. Le slow toucha à sa fin et ils sortirent de la piste de danse pour se reposer un peu.

- Tu sais, j'y repense et cette journée, et cette nuit désormais, s'est déroulée comme en dehors du temps. Je n'ai pas pensé aux soucis qui nous accablent aujourd'hui.

Ils se retrouvèrent à l'endroit où ils avaient laisser leurs affaires, qui avaient été bien gardés par le jeune homme.

- C'est une nuit comme nous n'en vivrons que peu dans le futur proche, je le crains. Et je ne voudrais avoir aucun regret quand j'y repenserai.

Des serveurs circulaient sur la place avec des verres simples et des pichets. Walter accepta la proposition du serveur et prit deux verre qui furent remplis promptement avant que le serveur ne s'en aille vers d'autres citadins. C'était une boisson fraiche et peu alcoolisée, sans doute bon marché pour qu'elle soit distribuée comme cela. Walter en but en gorgée et apprécia grandement la fraicheur qui se diffusa en lui. Il ferma un court instant les yeux. Ces moments de fraicheur étaient devenus très précieux pour lui depuis quelques semaines...
En les rouvrant, Othello se tenait toujours devant lui, dans toute sa beauté. Une vague de désir l'envahit et le fit sourire.

- Peut-être pourrions nous profiter encore un peu de la ville avant de retourner à nos appartements, proposa-t-il.

Il sirota sa boisson, qui en dehors de sa fraicheur, n'avait rien d'exceptionnelle, en admirant non seulement Othello mais aussi l'ambiance de la fin de fête autour de la petite place. Une musique reprit, pour les derniers danseurs, les groupes d'amis continuait à discuter et à boire tout en rigolant et en profitant des derniers instants de fêtes.
Selon lui, il ne devait pas très bien le cacher, mais il brulait d'une passion intense envers sa compagne et ne semblait plus aussi maladroit qu'au moment de sa déclaration. Comme si s'être relâché de la révélation de ses sentiments envers elle l'avait libéré. Il s'approcha d'elle doucement et lui déposa un court baiser sur les lèvres en souriant.

- Je ne sais pas exactement l'ampleur de tes cicatrices, Othello, mais j'aimerais vraiment t'aider à les guérir.

Des paroles audacieuses et directes qui étaient encouragé par l'ivresse de toute une journée de fête, de danses et d'alcools, mais qui étaient d'une sincérité et d'un amour pur.


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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeVen 14 Mai - 12:20

La musique couvait ses oreilles, comme le regard tendre qui veillait sur elle. Le comte n’avait pas détourné le regard, n’avait jamais tremblé ni prit la fuite. Et alors que les musiciens touchaient à la fin du morceau et que la musique terminait sa sensuelle course, la prêtresse n’aurait pu se sentir plus reconnaissante et soutenue.
Et pourtant, il lui avait semblé percevoir la déception, la vibration fébrile traverser ses prunelles de saphir. À moins que ce ne fut que ses propres craintes de devoir décevoir. Othello avait attendu une douce éternité, mais aucuns mots durs ne viennent franchir sa bouche. Que des paroles tendres et des yeux attentifs. Walter était véritablement bon, un cœur pur et bienveillant. Et naturellement, la sirène vint retrouver sa place dans ses bras jusqu’à la fin du morceau.

Quand la musique se tut, et que les danseurs, épuisés mais heureux, s’écartèrent en laissant à la place la poussière et la nuit, la prêtresse suivi le pas de son compagnon. Heureusement pour eux, leur petit protecteur avait accompli sa mission à merveille, et toutes leurs affaires étaient en ordre. Othello récupéra son manteau, et son masque, remerciant rapidement le jeune homme pour son service exceptionnel. Walter semblait plus léger, leur ouvrant la voie tranquillement au milieu des quelques autres danseurs qui comme eux avaient décidé de quitter la piste. Il fut le premier à parler, leur rappelant que la soirée, et la journée, avait une aura exceptionnelle et hors du commun. Cela lui arracha un sourire amer.


« Nous vivons dans une curieuse époque… » Dit-elle, soudain absorbée par des pensées en demie teinte. Elle ne brûlait pas d’envie de retourner dans le Grand Monde, d’être de nouveau confrontée à la maladie, la pauvreté et la souffrance. Mais le temps filait, inexorablement, et bientôt les lueurs du matin leur arracherait la tête de cet eau délicieuse. En balayant les yeux autour d’elle, elle voyait les gens sourire, le peuple danser. Walter rayonner sous ses mèches blondes, ses yeux pétillants d’une joie palpable. Elle n’avait jamais pu le découvrir ainsi, depuis leur rencontre au Monastère. Était-ce le fait de cette journée hors du temps ? « Mais tu as raison. Cette journée a été extraordinaire, loin de tout. Et… je n’ai rien à regretter. » Elle para ses lèvres carmin d’un sourire énigmatique, plein d’une émotion pétillante et palpable. Non, elle n’avait aucun regret. Walter leur proposa de rester encore un peu, et elle accueilli volontiers la proposition, alors qu’il déposait un verre dans ses mains.

Depuis leurs nouveaux quartiers généraux, ils purent ensemble découvrir la scintillante Heldor qui commençait doucement à somnoler, alors que les lanternes avaient commencé à glisser au loin, illuminant l’horizon comme tant d’autres étoiles. Les lumières aux fenêtres commençaient doucement à diminuer, certains appartements retrouvant le calme du sommeil. Çà et là, de petits groupes plus ou moins larges discutaient encore, les rires ponctuant tout naturellement les conversations encore vives ; alors que les derniers enfants commençaient à rentrer chez eux.
Pliant d’une main les jupes de sa robe, Othello finit par s’asseoir à côté du chevalier, se sentant brusquement épuisée par la danse et la journée sans fin. Discrètement, elle examina le gobelet de bois et le liquide qui le remplissait, d’un rouge délavé, sans doute coupé à l’eau. Néanmoins, elle y plongea avec enthousiasme, savourant la fraîcheur et la sensation qui coulait dans sa gorge. Étrangement, après autant de cavalcades, même le pire des breuvages avait tout d’un grand cru.

Le monde commençait à tomber lentement sur ses paupières, écrivant sur ses lèvres un sourire heureux, noyé de satisfaction au-delà de la fatigue. Quand le chevalier se tourna vers elle, elle ne pu que lui partager ce regard vibrant de joie. Lui-même semblait vibrant, irradiant d’une aura passionné. Son regard intense prenait tout son sens, à présent, et elle l’accueillait avec bienveillance par son propre enthousiasme. Lentement, elle le vit s’approcher, fort d’une assurance retrouvée, déposant sa bouche sur la sienne avec un naturel fou. Petit à petit, Othello retrouvait cette sensation, s’étonnant doucement de se prendre si facilement au jeu.
Le regard azuré qui lui faisait face était brillant d’audace, et d’une bienveillance intense qui la déstabilisa quelque peu. Depuis ses jeunes années, la solitude avait été son temple comme sa force, trouvant en son seul être le lieu pour guérir. Et en quelques semaines à peine, c’étaient deux hommes qui lui offraient leurs cœurs, et une épaule pour se remettre. Les bals et les balcons semblaient briller pour elle… Tout ce temps, elle n’avait plus voulu dépendre que d’elle-même, et se voir à présent couverte de soutien la surprenait, autant que la mortifiait. Mais alors que Walter lui avouait vouloir l’aider à guérir, elle se résolu à y croire, à embrasser la sincérité de ses mots. Si la coupure était encore ouverte, elle pourrait peut-être enfin accepter cette main tendue, ces mots si tendres et le soutien qu’on lui proposait.

« Je crois que tu as déjà commencé. » Lentement mais sûrement, sa main s’éleva jusqu’à son cou puis son visage, se posant doucement sur sa joue pour passer son pouce le long de sa mâchoire. Elle menait de bien téméraire assauts, elle qui ne connaissait que peu le sujet. Mais les gestes lui venaient facilement, et elle ne voulait plus les entraver. « Merci Walter. » Doucement, elle le mena jusqu’à ses lèvres, prenant cette fois ci le temps de profiter de l’échange. Les lunes éclairaient encore le ciel au dessus d’eux, et la ville allait à un tout autre rythme. Un baiser pouvait bien durer plus qu’un courant d’air, même si la main de la mesure guidait toujours sa prudence. Quand elle le libéra son étreinte et répartie souriante, elle s’amusait presque de ce soudain regain d’assurance. Mais comme il l’avait si bien dit, ce n’était pas le soir des regrets, et si la journée avait fait pousser ses ailes, elle volerait avec autant de temps qu’elle le pourrait.

Depuis leur petit abri, la prêtresse se berçait d’une sérénité paisible, oscillant entre le bonheur de l’instant et l’ivresse montante, un curieux équilibre alimenté par la fatigue qui commençait, lentement, à envahir chacun de ses muscles, s’installant comme son ombre dans ses paupières. Et pourtant, elle l’accueillait presque, savourant cet état de félicité à l’image de la ville entière. La scène était des plus romantiques, tous deux habillés de leurs si beaux atours et appréciant paisiblement le moment. Une enclave discrète, au milieu de tous et pourtant cachée du monde des grands et des nobles.

« - Si tu le permets, j’aimerai en savoir plus sur toi. Sur l’homme derrière le comte. Derrière le chevalier. » La fatigue frappa de nouveau, alors que la sirène soudain très engourdie ramener ses jambes contre elle, prenant ses aises dans cette intimité toute nouvelle.

Sans plus se soucier des regards et de l’étiquette, Othello laissa son visage lourd glisser sur l’épaule masculine, profitant de cet instant paisible pour se détendre. Elle avait la sourde sensation de peser plusieurs tonnes, que ses muscles hurlaient silencieusement de s’être tant mobilisés sur le front de la danse, des cérémonies et des chevauchées campagnardes. La journée avait été riche, si riche pour deux mortels comme eux. Elle envia brusquement les sylphides et leur corps synthétique ; ils étaient de ces être mystérieux pour qui ces moments là devaient durer une vie.
Mais pour eux, ce n’étaient que quelques heures. Et ils ne pourraient jamais connaître l’éternité d’une aube sans fin. Car quoiqu’ils fassent, le matin viendrait toujours.

De temps en temps, elle avalait distraitement une nouvelle gorgée dans son verre de bois. La vaisselle n’était pas si glorieuse que dans le palais, et le goût n’était pas non plus des plus savoureux. Mais la sensation était des plus agréables, alors que l’alcool retrouvait une place croissante dans ses veines pour adoucir une nouvelle fois ses inhibitions. Sirotant le breuvage, elle écoutait attentivement tout ce que Walter pouvait lui dire, curieuse des moindres détails. Elle se sentait considérablement plus proche de lui, et était impatiente d’en savoir plus sur qui il pouvait bien être, sur son histoire au-delà des mots qui couraient sur lui. Si ils avaient déjà pu échanger couramment, et qu’elle avait pu le découvrir de plus en plus tout au long de la journée, elle se retrouvait à présent avide d’en savoir plus, une curiosité sans doute encouragée par les premières notes de l’ivresse.

Pendant qu’elle l’écoutait, bercée par sa voix, ses yeux sombres balayaient la place, les corps qui commençaient à se traîner, lourd du poids de la fatigue, d’une journée de fêtes, d’estomac trop remplis et de veines étouffées. Les yeux se faisaient bien petits autours d’eux, certains plissés, d’autres cerclés de traits sombres qui annonçaient de profondes cernes. La musique dans les rues se faisait plus discrète ; le trompettes s’étaient tus, laissant la place à de timides tambours et de courageux violons qui osaient encore braver la nuit. Même si les danseurs se faisaient moins nombreux à fouler les pistes, préférant à la terre battue les bancs, tout comme eux. Seuls les serveurs qui passaient de tables en tables se faisaient encore vifs, ragaillardis par quelques bonnes âmes qui leur passaient gentiment quelques dias.

Un curieux spectacle attira néanmoins son attention. Près de l’entrée d’une petite ruelle, à quelques mètres d’eux, une femme en larges jupons bleu échangeait avec un gentilhomme devant une étale à moitié vide de douceurs et de bibelots vanesiens, à l’allure bien moins guindée qu’elle, mais au dos impeccablement droit. Othello ne se serait peut-être pas attardée d’ordinaire à dévisager d’honnêtes gens. Mais quelque chose dans leur posture attirait son attention, un je ne sais quoi qui n’avait rien de naturel.

« J’ai l’impression que… » Le murmure quitta ses lèvres sans force, alors que la sirène se décollait légèrement de son comparse pour mieux voir.

L’homme était penché sur la demoiselle avec charisme et ampleur, un sourire enivré et charmeur sur le visage. Mais ce qui l’interpelait n’était pas l’innocente cours, mais bien la main tendue qui surgissait de sous les tables. Une main frêle et tremblante qui fouillait allégrement entre les plus de tissus à la recherche d’une poche ou d’une bourse. La femme semblait de noble engeance, et c’était certainement pour cette raison que le voleur embusqué l’avait choisie. D’ailleurs, le jeune intrigant n’était peut-être pas innocent dans cette sombre affaire.
Et maintenant que la sirène avait surpris la scène, elle ne parviendrait pas à laisser faire cette supercherie. Alerte, elle posa une main brusque sur le poignet du chevalier, sachant qu’ils voudraient agir rapidement- cet excès de cavalerie certainement encouragé par la soirée particulièrement plaisante et le mauvais vin.


« Walter… » chuchota-t-elle, discrète comme si la vie de la demoiselle en dépendait. « Je crois bien qu’on est en train de voler cette dame. »
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeVen 21 Mai - 1:19

Il est des moments qui sont comme hors du temps, dans lesquels les secondes semblent s'étirer sur des heures et pourtant filer comme des gouttes de pluie dans un torrent impétueux. L'intimité qui se tissait peu à peu entre Walter et Othello cette nuit-là, sur la périphérie d'une petite place cachée d'Heldor était le résultat d'un de ces moments magiques. Quelle étrange sensation d'enfin se sentir à l'endroit idéal, dans une situation dont l'on voudrait qu'elle continue pour l'éternité.
Rare étaient ces moments, Walter Veldar le savait bien, et c'est pourquoi il ne ratait aucune miette d'émotions ou de sensations. Les lèvres douces d'Othello, le tendre toucher des doigts d'Othello, les notes de musiques alentours, les rires et exclamations, la fraicheur du vin, la clarté de la voix mélodieuse d'Othello...
Autour d'eux, c'était comme si tout était flou, Walter voyait ce qui se passait mais n'y intéressait guère tant il était absorbé par ce moment avec Othello. Il sentait que des émotions aussi fortes que les siennes traversaient sa cavalière mais il sentait également qu'elle s'affirmait peu à peu face à ce tourbillon. C'était absolument fascinant et agréable à ressentir. Lui-même savait la difficulté d'assumer et d'exprimer ses sentiments.

Leur discussion continuait. Othello demanda à en savoir plus lui, notamment sur son passé. Il est vrai que depuis leur rencontre, ces sujets n'avait pas été abordé véritablement, à peine évoqué. Walter n'avait pas cherché à tirer les vers du nez de la haute prêtresse par respect et par politesse. Sans doute avait-elle adoptée la même attitude. Mais désormais les choses s'approfondissaient entre eux et la curiosité et l'intérêt augmentait, rendant ces discussions inévitables et même enviables. Partager ces souvenirs avec quelqu'un que l'on aimait avait toujours une signification forte.
Aussi, étant donné qu'Othello avait été la première à oser demander, ce fut à Walter de parler.

Pendant un court instant, il plongea son regard dans le vide, se remémorant des souvenirs d'enfances et d'adolescence. Puis il se mit à lui raconter. Il parla de sa jeunesse avec sa mère, tout petit, dont les souvenirs s'estompaient déjà. Il parla de cette femme élevant seul son enfant dans la ferme dont elle avait hérité de ses propres parents. Puis il parla du chevalier se proposant de lui offrir un autre avenir que celui d'un fermier. Il parla du chevalier Ohto Tironien qui fit de lui son écuyer et lui apprit à être un chevalier, à se battre, à avancer dans ce monde où l'ombre et la lumière s'entremêlent jusqu'à dissimuler le droit chemin.
Walter évoqua aussi ses premières armes, comme écuyer, puis comme chevalier. Il ne put pas vraiment entrer dans les détails en un aussi court discours, mais il évoqua avec fierté ses faits d'armes. Egalement, il évoqua sans fierté, les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les chevaliers errants et autres épées-louées qui cherchent avant tout à survivre. Certains combats qu'il fut amener à effectuer n'était pas des plus vertueux.

Sans s’appesantir sur tout ça, il évoqua les dernières paroles de son maitre, qui lui révéla que son père, jusqu'alors inconnu de lui, était un noble important. En repensant à ce moment, la frustration des révélations tronquées par la fin d'Ohto Tironien resurgit.
Il ne put pas ne pas parler de l'écuyère qu'il avait prit sous son aile. Une jeune fille pleine de colère qui devait lutter chaque jour pour ne pas dévier du code moral d'un chevalier se voulant vertueux. Cela lui fit repenser à elle, qui avait prit son propre chemin depuis un peu plus d'un an maintenant et dont il était sans nouvelle.
Enfin, il raconta la rencontre fortuite avec le roi Thimothée qui avait reconnu les armoiries sur les documents laissés par Ohto Tironien à Walter. Ce dernier n'avait jamais osé les lire, par colère envers un père absent et par crainte de ce que cela lui révèlerait. Cette rencontre l'avait mené à recouvrer l'héritage de ce père inconnu dont la lignée s'était quasi éteinte, à l'exception de son enfant illégitime abandonné chez sa mère il y a bien longtemps.

- La vie prend parfois des détours qui pourraient faire croire que le Destin se moque de nous sans vergogne, déclara-t-il un brin désabusé.

Durant ce récit assez résumé de sa vie, il avait essayer de montrer qu'il cherchait à suivre un chemin digne d'un chevalier en quête de justice et de vertu, mais sa voix n'avait pu s'empêcher de briser quelque peu quand il avait évoqué sa vie et les moments où aucun des camps en présence ne mérite vraiment qu'on le serve. Le monde avait parfois conduit Walter Veldar vers des situations où chercher le droit chemin n'était pas chose aisée.

- Ce destin m'a conduit à devenir un homme important, capable d'avoir une influence plus grande sur ce qui m'entoure, aussi me suis-je dit avant d'assumer l'héritage paternel qu'il fallait que j'utilise ce présent inattendu pour que cela compte et que cela fasse une différence.

Chaque personne ayant trouvé une compagne ou un compagnon pour vivre à ses côtés le sait, il est plus facile de se confier lorsque cette personne se trouve à côté de vous et se repose sur votre épaule en toute sincérité.
La main de Walter caressait la belle chevelure d'Othello sans trop y penser.

Le moment s'étirait et lui donnait vraiment l'impression d'être dans une belle hors du temps...
Toutefois, Othello se redressa en regardant un peu plus loin. Elle attira son attention sur une situation singulière. Walter tourna son regard un peu hagard, comme s'il venait de remonter à la surface après avoir passé du temps sous l'eau.

Il comprit immédiatement ce qui arrivait. Des voleurs exerçaient leur art sur une victime soigneusement choisie. Une jeune femme aux riches atours étaient distraite par un charmeur ténébreux pendant qu'un complice aux doigts agiles s'occupait de faire les poches.
Othello lui chuchota qu'elle avait comprit et qu'elle croyait que cette jeune femme se faisait détrousser.
Le chevalier tourna son regard vers elle en souriant puis l'embrassa rapidement mais tendrement avant de se lever et de se diriger vers la dame en détresse.

Il soupira mais n'en continua pas moins son chemin. Peut-être aurait-il dû dire des mots rassurant à Othello au lieu de juste l'embrasser et de se lever en silence. Il se sentit un peu penaud. La fatigue commençait à lui peser quelque peu, ou était-ce juste ce vin coupé à l'eau qui tapait plus fort qu'il ne l'avait cru ?

- Valéran ! s'exclama-t-il d'un ton qui disait qu'il connaissait bien la personne. C'est incroyable de se retrouver ici après tout ce temps !

Il écarta les bras comme s'il était surpris et voulait saluer cet homme qu'il ne connaissait pas le moins du monde. Du coin de l'oeil, il vit que la main baladeuse cherchant à faire les poches de la dame ne s'était pas arrêtée.

- Toujours en train de charmer les jeunes femmes, hein ? demanda-t-il d'un air complice. Je pensais que tu avais arrêté ce petit jeu... Tu sais, avec ton mariage et la naissance de ton enfant... Mais enfin, on a bien le droit de s'amuser un peu, pas vrai ?

Il avait cligné de l’œil d'un air lubrique en direction de la dame. Cette dernière était déjà bien refroidie. Walter avait vu juste, elle n'était pas une batifoleuse. Elle avait désormais un air outré et tendait déjà sa main vers ses affaires pour retourner vers le cœur de la place ou chez elle.

Le charmeur ne comprenait pas vraiment ce qui arrivait et était resté bouche bée. La main faiseuse-de-poche avait arrêté son entreprise pour éviter d'être surprise au pire moment.

- T...Tu... Tu es marié ?! Tu m'as assuré être libre comme l'air ! Et tu ne m'as même pas donné ton vrai nom ! Infâme menteur ! cria la jeune femme avant de gifler le voleur d'une claque qui résonna fort.

La femme s'en alla sans se rendre compte de ce à quoi elle venait d'échapper.
Le voleur plus discret avait disparu, mais le charmeur avait désormais un regard assassin et empli de colère.

- Mais t'es qui toi ? J'vais t'apprendre les bonnes manières.... menaça le charmeur
- Doucement, voleur, répliqua Walter d'un ton bien plus sévère. Je sais ce que tu étais en train de faire avec ton petit copain. Mieux pour toi est de rentrer chez toi sans faire d'histoire et personne n'aura d'ennui.

Le chevalier ponctua sa phrase d'une tape sur l'épaule un rien condescendante. Il savait que dans l'état d'esprit actuel du voleur, ce dernier sortirait de ses gonds. Et cela ne manqua pas. Il chercha à porter un coup. Walter aurait pu esquiver aisément en temps normal, mais il se rendit compte qu'il avait peut-être un peu abusé du vin ce soir et il ne réagit pas à temps.
Le coup l'atteignit sur le côté du visage mais il ne le fit que reculer de quelques pas. Il en avait connu d'autres, et des bien plus violents.
Un éclair de colère passa dans son regard et le charmeur dût sans doute le voir, car il n'était plus du tout aussi assuré qu'avant de porter son coup.
La riposte du comte de Béon fut rapide et efficace. Son poing s'écrasa sur le nez du voleur, un léger craquement se fit entendre. Il enchaina sans attendre avec son autre poing dans le ventre. Le voleur se plia en deux, le souffle coupé. Mais il devait être habitué à avoir des ennuis car il parvint à se redresser tant bien que mal avant de s'en aller en courant.

Walter se passa la main sur l'endroit où l'avait atteint le voleur. Il regrettait d'avoir été aussi bête. Il l'avait provoqué bêtement et cela aurait pu être bien plus grave. Il ferma les yeux un moment le temps de se ressaisir. Au moins la jeune femme n'avait pas été détroussée, ou pire...


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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMar 8 Juin - 19:52

Posée sur son discret promontoire, taillé dans les os et les muscles, et les étoffes texturées, l’oreille en nageoires de l’hybride engourdie se berçait des phrases qu’on lui donnait à entendre. Elle s’était trouvée une pause plutôt confortable, sa pommette reposant sur le plat de son biceps et lui permettant de profiter d’une tête lourde et détendue. Lovée dans cet abri, elle espérait seulement qu'elle ne gênait pas trop le chevalier dans sa propre quête du repos et d’une position confortable. Se faisant silence, elle écoutait tranquillement chaque mot prononcé, heureuse que Walter ait bien voulu se confier et lui raconter son histoire. L’endroit s’y prêtait bien ; caché de tous au milieu de la foule, abrités du monde aux yeux de ceux qui parcouraient encore Heldor la Scintillante. Après tant d’heures à échanger, à contempler, à découvrir, le moment était sûrement le mieux choisi pour se révéler, se lancer dans de long discours intimes et en profiter pour glisser quelques aveux aux détours de banals évènements.

Docilement discrète, Othello se sentait presque coupable d’avoir ainsi pousser le chevalier à se révéler, même si il s’était prêté au jeu en parlant d’abord de sa petite enfance. Il l’avait rapidement évoqué dans le petit village qu’ils avaient visité plus tôt dans la journée, mais le confirmait alors : Waler avait peut-être le sang bleu et toutes les raisons d’être aujourd’hui un comte respecté, mais il avait vu ses premiers jours comme tous, dans la terre, le blé, la boue. Une enfance humble et rapidement embrassée de respect et de droiture, une justesse d’âme qui semblait épouser ses formes et le suivre sous chaque pas. Peut-être son chemin était-il pavé d’or et de bonté, même si il ne s’en rendait pas toujours compte ? Un sourire éclaira fréquemment son visage, à l’évocation de quelques dilemmes. La sirène en était persuadée, si il avait soulevé ses pieds dans ces moments terribles, il aurait vu le métal brillant recouvrir chaque recoin de ses semelles.

Il était de ces rares hommes vraiment bons, et profondément altruiste, qui s’efforce à lutter malgré l’adversité terrible et un monde teinté de gris. Il était parfois difficile de discerner le bon du mauvais, de savoir où se terminait la route et où commençait les vastes étendues obscures. Et pourtant, elle savait que si il se faisait confiance, et si il suivait ses valeurs, il n’aurait aucun mal à trouver les réponses par lui-même, et à toujours savoir faire le choix le plus vertueux. Elle n’avait pas toujours eu cette force, et se demandait même si elle partageait ce trait. Elle doutait encore de ses capacités à faire le bien, ayant si souvent danser dans les bras du mal qu’elle en oubliait parfois les frontières. Aussi, alors qu’il lui parlait de quelques faits d’armes dont il n’était pas très fier, elle ne pouvait que bercer dans l’admiration, et le respect pour celui qui voit toujours même quand il doit se salir les mains.

Il évoqua longuement son ancienne écuyère, et dont il n’avait plus de nouvelles depuis de longs mois. Elle avait visiblement compté pour lui, et elle s’interrogea alors si son devenir. Après tout, pour un chevalier anciennement écuyer et ayant découvert la voie par ce titre peu brillant, devenir à son tour le guide d’une écuyère devait avoir eu une grande importance. Devenir le maître, le professeur. Elle l’imaginait tout à fait dans ce rôle, et se mit à songer qu’il pourrait très bien le redevenir pour d’autres après elle, même si son départ semblait avoir laissé une plaie encore ouverte.
Puis il passa rapidement sur la fin de son maître, et son arrivé dans la noblesse teintée de lignée batarde et de liaisons secrètes, une arrivée qui n’avait pas dû se faire dans la gloire et les lauriers comme pourraient le rêver tous les aspirants à la noblesse. Il avait commencé à caresser ses cheveux, chassant de son épaule des boucles de suie qui retombèrent mollement derrière elle. Bercée par la paume masculine, elle trouva dans ce geste une détente certaine, un encouragement à se calmer plus encore comme une ancienne berceuse. La fatigue devenait certaine, mais elle luttait encore pour écouter la suite de son récit.
Il y avait une certaine rancœur dans ses derniers mots. Elle pouvait sentir la frustration à travers ses dernières paroles, celle de voir un père égoïste qui avait disposé de lui sans s’y intéresser, et dont il héritait pourtant dés que son cœur avait cessé de battre. Elle ne pourrait jamais comprendre son ressenti, et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de croire qu’il demeurait encore incroyablement stable. Certains auraient vu en cette opportunité un moyen de devenir plus égoïste que ce père absent, de prendre leur revanche en jouissant de toutes ces richesses et de ces dias sans vergogne. Mais il avait entièrement assumé sa charge, et le faisait avec beaucoup de sérieux.


« Je t’admire, Walter. » Finit-elle par avouer, à demie-assoupie sur l’épaule masculine, quand celui-ci conclut son récit par un mot un peu amer. « Tu as toujours su attendre le destin et en tirer le plus vertueux des partis. Même si il peut se montrer espiègle, parfois… »

Elle n’aurait pas pu être plus honnête et franche qu’à cet instant, réellement émerveillée par la bonté du chevalier. Elle croyait sincèrement que le destin l’avait élevé petit à petit, l’avait préparé dans chacune de ces tâches, l’avait mis à l’épreuve pour qu’il puisse un jour porter haut et fier ses propres lauriers. Il ne portait pas ces couleurs par hasard, le roi étant un homme clairvoyant. Si il portait le blason du Béon, c’était parce qu’il en avait été digne. Elle regrettait quelque peu qu’il ne fut pas croyant, peut-être aurait-il pu y lire les signes divins qu’elle interprétait souvent dans les signes et les petits évènements surprenants qui ponctuent le quotidien.
Ce ne fut que là qu’elle remarqua les manigances mesquines des lardrinis non loin d’eux – elle avait beau avoir l’esprit englué et les yeux embués par le mauvais vin, leur façon de faire était tout de même assez grossière. Mais il devait eux-aussi jouir de la discrétion de la rue, profitant du fait que tous comme elle devait avoir le cerveau lourd et les yeux ailleurs. Une fois qu’elle l’eut dit à Walter, celui-ci se redressa, et s’en alla vers eux sans trop réfléchir après l’avoir embrassé.

En le regardant s’éloigner, elle eut une sensation étrange, en regardant sa démarche et son air usé. Comme si elle contemplait celui qui avait déjà connu cette scène mille fois, qui agit par habitude plus que par instinct, qui allait sauver la veuve et l’orphelin avait une pointe de lassitude sur le cœur, bien que toujours animé par la passion du métier. C’était peut-être une impression, mais Othello se retrouva brusquement plus vive, animée par un regain d’énergie soudain qu’elle n’aurait su attribuer à ce dernier baiser ou à la scène qu’on allait jouer sous ses yeux. Pendant un instant, la sirène hésita à se lever, allant jusqu’à se décoller du banc de quelques centimètres pour finalement se raviser. Le comte semblait avoir la situation en main, et elle n’aurait voulu l’interrompre pour rien au monde. Son exclamation à la vue du voleur lui arracha un rire discret, qu’elle étouffa dans ses mains comme une quinte de toux pour éviter de trahir sa combine.

C’était habile, de jouer sur les sentiments malheureux de la pauvre éconduite. Son plan fut rapidement un succès, et elle déguerpit sans demander son reste, laissant Valeran les bras ballants et Walter victorieux. Victorieux ? La sirène n’aurait pas dû vendre aussi vite la peau du lion, car le ladrinis était à présent déterminer à en découdre et à en venir aux mains. Othello se leva alors brusquement en sentant venir la querelle, et quand les premiers éclats de voix fusèrent ; mais elle ne pu arriver qu’après que le coup n’ait rencontré la joue du comte, et bien avant qu’elle ne puisse réagir, le voleur était déjà au sol. Il trouva la force de se relever, le nez en sang et probablement cassé, et de fuir le danger, laissant Walter un peu chose. Lui laissant quelques secondes pour recouvrer ses esprits, la naïade arriva doucement, un peu coupable de n’intervenir qu’après la guerre.

« - Voilà un chevalier qui fait honneur à ses convictions. » Elle regrettait presque que la malheureuse victime demeure éternellement ignorante face à la vérité de son sort, et qu’elle s’enfuit en se croyant la cible d’un homme volage plutôt que celle d’un ladrinis de grand chemin. Sa reconnaissance aurait sûrement eu un goût bien plus vertueux et ses souvenirs plus doux. Mais elle y voyait bien un acte altruiste de la part de Walter, y retrouvant sa bienveillance et ses valeurs désintéressées.

Valeran ne l’avait pas épargné, et même si elle était convaincue qu’en temps normal, il aurait facilement pu éviter le poing pour lui rendre la pareille, avec plus heures de galop, de danse et de vin dans les pieds, il ne devait plus avoir les réflexes aussi affûtés qu’avant. Et à se voir tendre une main immensément lourde vers son visage, elle comprenait sans peine qu’elle n’aurait guère était plus habile que lui, les muscles perclus de tensions et de courbatures en devenir. Néanmoins, elle réunit sa contenance assez rapidement. Ils étaient des réflexes qu’elle n’oubliera jamais, surtout quand il s’agissait d’examiner une contusion fraîche sur une joue.

Avec un naturel désarmant, elle reposa délicatement le bout de ses doigts sur la peau chaude ; à sa grande surprise, sa température n’était pas exacerbée, contrairement à ce qu’elle aurait pu croire après une journée à profiter plus du soleil que des bains glacés. Mais il se portait remarquablement bien, et semblait ignorant des flammes et de la faiblesse. Peut-être un effet secondaire du calmant qui se manifestait au contact de certaine boisson, ou les propriétés cachées des pâtisseries Vanésiennes qui se manifestaient la nuit venue ? En observant la peau qui commençait à rougir, elle remarqua sa teinte un peu violacée, navrée de n’avoir par arrêté Valeran. Elle aurait pu lancer un sort, faire diversion d’une façon ou d’une autre… La nuit commençait peut-être à peser sur ses capacités plus qu’elle ne l’aurait voulu.

« J’aurai aimé t’épargner de prendre un mauvais coup… » Avec un sérieux tout fatigué, elle appuyait doucement avec la pulpe de ses doigts autour de la zone rougie. Il n’avait heureusement pas trop souffert, et ce n’était finalement qu’un coup bénin. Mais il s’aventurer vers un grand bleu et sûrement quelques enflements si il ne faisait rien, que l’on y mettait ni glace ni onguent. Heureusement pour eux, Othello avait reçu de la nature toutes les armes pour parer à ces situations délicates. Immédiatement, le contour de ses doigts s’illumina, et rapidement, les dernières traces de bleu qui tâchaient la joue du terran s’étaient évaporées. Un sourire satisfait éclaira son visage. « Comme si de rien n'était. »

Ce ne fut qu’alors qu’elle sentit monter un coup de chaud qui émanait de son ventre, un vertige ridicule qui la fit tituber un très court instant avant qu’elle ne recouvre ses esprits, portant ses mains à ses tempes dans un réflexe idiot. Utiliser l’essence divine après une si longue journée était plus périlleux qu’elle ne l’imaginait, et elle se rendit bien comte à quel point elle était chanceuse de pouvoir se servir facilement de la magie en temps normal. Mais elle pouvait au moins se satisfaire de rendre le comte à sa maison en toute fierté.
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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeVen 18 Juin - 15:52

Il sentit la présence d'Othello à ses côtés seulement lorsqu'elle le complimenta sur son action. Il sourit avec un air un rien vantard. La douleur du coup porté par le ladrini lui chauffait le visage et il regrettait de ne pouvoir faire plus. Sans doute qu'un autre jour, ce criminel s'en prendrait à une autre victime. Quant à la personne lui servant de complice, cette dernière avait détalé sans demandé son reste.

La main de sa cavalière se tendit légèrement vers lui. Sans bouger, il laissa les doigts de la prêtresse se poser à l'endroit où le poing de son adversaire l'avait frappé. Cela lui provoqua un petit sursaut de douleur incontrôlé.
Son touché avait quelque chose d'apaisant. La sensation de ne pas être seul et que les fardeaux que la vie pouvait faire peser sur les épaules des uns, pouvaient être allégé par les autres. Elle regrettait qu'il ait dû subir ce coup dans cette histoire.

- Ne t'inquiètes pas, répondit-il doucement, j'en ai vu d'autres... et des plus fortes et douloureuses.

Une douce lumière et fraicheur émana des doigts d'Othello et se répandit autour de la zone qui allait se transformer un joli bleu. Il ferma les yeux un moment pour savourer la sensation de soulagement et de fraicheur. Il sentit les stigmates légers disparaitre sous l'effet de la magie.
Ils se regardèrent un court instant en silence, avant que l'utilisation de l'essence divine ne vienne provoquer le contrecoup inévitable sur la prêtresse.
Cette dernière eut un vertige qui la fit vaciller. Avant qu'elle ne chute, Walter l'a prit dans ses bras pour la retenir le temps que cela passe. Serrés l'un à l'autre, l'intervention se transforma en une étreinte tendre et silencieuse. Leurs souffles se calmèrent peu à peu après cette agitation.

- Merci, chuchota-t-il simplement.

Il aurait voulu lui expliquer qu'il ne fallait pas se mettre en danger pour lui comme ça mais il se souvint de sa vocation de prêtresse de Kesha. Soigner et aider les autres, aux dépends de sa propre personne si besoin, était sans doute quelque chose qu'elle estimait normal. Normalement, Walter aussi n'avait pas de soucis avec cet état d'esprit, mais il n'avait pas l'habitude qu'on fit ce sacrifice pour lui. Aussi, se contenta-t-il de la remercier.

Plus grand que la duchesse, le comte la tenait dans ses bras et ne put s'empêcher de déposer des baisers dans la chevelure de sa cavalière. Ses mains se mirent à doucement caresser Othello. Il ne réfléchissait plus vraiment à ce qu'il faisait, tout cela lui venait naturellement.
S'écartant un peu d'Othello pour la regarder dans les yeux, il finit par l'embrasser à nouveau. Il ne fit pas durer le baiser, mais savoura sa volupté autant que possible.

- Peut-être devrions nous retourner à nos appartements, Othello ? demanda-t-il.

Derrière cette question, il y en avait une autre dont il était sûr qu'elle ne pouvait l'ignorer. Il hésitait encore à faire des avances frontales, par une timidité qui s'effaçait peu à peu, mais qui subsistait encore.
Il souriait en pensant aux possibilités que leur offrait encore le reste de cette nuit. Pour rien au monde, il n'aurait voulu terminer l'aventure de cette journée par un regret.

- Il ne faudrait pas que l'on s'inquiète de notre absence trop longue, fit-il avec un sourire espiègle, montrant qu'il s'agissait surtout d'une boutade et qu'il s'en fichait quelque peu.

Ils quittèrent doucement la petite place qui les avait accueilli pour un instant de joie dans cette fin de fête populaire. Se tenant par le bras, Walter appréciait la fraicheur de la nuit qui tombait peu à peu, ainsi que la présence d'Othello à ses côtés.
Les rues étaient encore parcourus par assez de monde pour laisser une ambiance festive, mais cela n'avait rien à voir avec les défilés de la journée. Ici et là, l'on pouvait entendre des éclats de rires, des cris de joie et de la musique. De la lumière émanait de certains bâtiments encore ouverts à la fête et de quelques rues où l'on ne voulait pas mettre fin à la journée de cérémonie et de célébrations.

Tranquillement, le couple parcourut à nouveaux les rues d'Heldor, discutant tendrement de tout et de rien, profitant simplement du moment présent.
Ils arrivèrent à leurs appartements. Les gardes du bâtiments les laissèrent entrer et ils purent avancer vers les escaliers menant à l'étage. Sur le chemin, ils purent voir les restes d'une soirée qui avait également été bien célébré ici. Un homme d'armes portant les armoiries du Béon était encore debout, tenant son poste. Il salua silencieusement son seigneur et la dame de Nivéria avant de regarder ailleurs.

Souriant, Walter accompagna Othello jusqu'à la porte de ses appartements privés qui lui avaient été alloués à son arrivée. Il laissa un instant de silence avant de se lancer.

- La nuit n'est pas encore finie, Othello, commença-t-il avec une assurance qu'il avait peu montré sur ce sujet. Je serais très heureux et honorer de pouvoir la continuer avec toi.

Il ne fit pas de geste pour l'embrasser ou la prendre dans ses bras à ce moment. Brusquer Othello sur une telle décision était la dernière chose qu'il souhaitait et puis ça n'aurait pas été bien, surtout pour un chevalier. Son sourire heureux et confiant fut la seule chose qu'il présenta à voir. Derrière ce sourire, il y avait le stress angoissé que chaque homme connait quand il se lance dans ce genre de proposition. Comme un saut au-dessus du vide. Il se trouvait actuellement suspendu dans les airs, attendant la réponse de celle avec qui il avait partagé tous les moments ou presque de cette journée et énormément de journées depuis qu'il l'avait rencontré au Haut Monastère.


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Othello Lehoia
MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMar 22 Juin - 21:05

Protégée par la cage de ses bras, la sirène se retrouvait abritée par un certain réconfort, sentant sur ses boucles cendrés la pression de lèvres tendres, alors que sur son dos s’agitaient des paumes affectueuses, cherchant peut-être un premier contact plus franc. Après son léger vertige, Walter s’était montré tout à fait prévenant, l’enlaçant avant qu’elle ne tombe ou qu’elle ne dérape un peu plus – d’un regard extérieur, on aurait presque pu dire qu’elle avait eu la main lourde sur le vin, même si elle savait bien avoir les idées complètement claires. Son visage se retrouvait posé tranquillement à la naissance de ses épaules, tant qu’elle pouvait sentir sa clavicule se dessiner sous son oreille, tranchant du nœud de ses muscles qui se devinait sous le tissu épais.

Après quelques secondes de ce romantique élan à s’enlacer dans l’intime de la nuit, le comte fut le premier à rompre le silence, leur signifiant qu’il était temps pour eux de retourner à leurs appartements. Et pourtant, sous ses mots d’apparence sage, elle sentait le feu d’une autre question, plus brûlante, plus charnelle, une proposition timide que l’on ne murmure que dans les oreilles discrètes et pas dans une rue où couraient encore les derniers esprits espiègles. Sans s’en rendre compte, Othello leva vers lui de grands yeux sombres où se mêlèrent une surprise franche, et l’éclat mystérieux d’une flamme enfouie, tapis d’apparences trompeuses et d’une chaste piétée.
Mais tout aussi brusquement, Walter se ravisa, rappelant d’un trait d’esprit qu’ils avaient tout une suite qui devait également s’inquiéter pour eux. Un sourire éclaira ses propres lèvres encore carmin. Il était vrai que les couronnes et les titres avaient tendance à les rapprocher du statut d’enfants qu’il faut à tout prix surveiller. Acquiesçant, la sirène laissa le chevalier ouvrir la voie, enroulant une main presque habituée sur le coude magnanime pour le suivre jusqu’à l’hôtel particulier qu’on leur avait attribué.

Avec la fatigue et la nuit, elle avait presque oublié le chemin qui les séparait de leur quartier général, son esprit embrumé des embruns de la fête et de la brume de l’ivresse passée. Il y avait encore une joie palpable dans les rues, même si on sentait l’usure d’une longue journée alourdir les rires et les visages des locaux. Ils avaient, cependant, la même audace tapie au fond des yeux, et la même gloire qui ornait leurs sourires fatigués. Une envie d’en découdre, de mordre, la même ténacité face à la nuit. Personne ne voulait encore se rendre parmi les braves qui restaient debout : ils ne rendraient pas les armes face au lendemain. Tels des guerriers, c’est l’épuisement seul qui les mettrait au tapis, et tant qu’ils pourraient profiter de la musique et des rires, ils iraient jusqu’au bout. Othello et Walter traversèrent ce joyeux champ de bataille sans encombre, brisant cet océan comme un navire qui retrouve le chemin du port.

Ils arrivèrent bientôt chez eux, tous les deux usés par une journée très longue, mais saluant d’un sourire le chambellan qui veillait tant bien que mal sur cette porte d’entrée trop grande. Othello était heureuse, souriant bien plus largement que quand elle était partie, portant les stigmates d’un bal magnifique et d’une fin de soirée qui l’était plus encore. Une main sur le coude de Walter, elle avait ramassée ses jupons rouges dans l’autre, évitant tant qu’elle le pouvait de se prendre les pieds dans un plis de tissu pour terminer par terre, devant la ligne d’arrivée. Il les laissa rentrer sans demander son reste, à demi assoupi, et visiblement satisfait de voir rentrer les deux seuls êtres qui le séparait du sommeil. Les nobles rentrèrent discrètement dans cette vaste demeure, et la sirène ne pu s’empêcher de découvrir les lieux avec un œil curieux. Contrairement à ses inquiétudes, la fête avait bien contaminé jusqu’à leurs différents accompagnateurs, et elle imaginait déjà retrouver ses amies et consœurs aux bras de divers gentilhommes, ou encore sur une piste de danse à tournoyer ensemble.


Walter se fit plus silencieux à mesure qu’ils avançaient, saluant au passage un garde de la maison du Béon. Il ne semblait pas trop épuisé, même si elle admirait son abnégation à avoir gardé son poste jusque-là. Néanmoins, il n’avait pas perdu tout son esprit, comprenant rapidement qu’il n’était plus le témoin d’un duo de nobles unis par une diplomatique distance ; mais face à une scène dont l’intimité comblait les vides et trahissaient des mains unies dans l’obscurité d’une nuit bien entamée. Aussi détourna-t-il rapidement le regard – peut-être pas peur d’être indiscret, par pudeur ou par crainte qu’on ne vienne ensuite reprocher sa curiosité.
Leur maison – si l’on pouvait encore appeler cela une maison tant l’édifice était vaste et splendide – était bien conçue, particulièrement pratique quand il s’agissait de recevoir. Parfaitement symétrique, on l’avait divisé en deux ailes certainement identiques, l’un alloué à la maison Veldar, et l’autre à l’écusson de Nivéria, représenté par le signe de Kesha plus que par son propre blason.

Suivant le comte dans l’escalier qui les menait aux étages, il finit par les mener jusqu’à devant sa porte, sagement placée en face de la sienne, donnant aux appartements de sa propre suite. Pendant une poignée de secondes, Othello se mura dans le silence, la question secrète grandissant, s’épanouissant, devenant aussi grand qu’un nouveau corps qui se tenait debout avec eux. Etait-ce la fatigue qui empourprait ses joues, qui réchauffait son ventre, qui pesait sur son souffle ? Comme dans une cathédrale, abritée par la pénombre, elle espérait que ce temple cache au comte son trouble trahi par sa respiration épaisse.
Finalement, brisant le silence, Walter l’invita de nouveau, déterrant brusquement les mots secrets pour se révéler, dévoilant en même temps le feu ardent qui s’abritait sous le voile. Une décision qui était la sienne ; il ne joint pas à sa demande de gestes supplémentaires, de baisers ou de caresse, et elle apprécia cela.

Les prêtresses de Cimmeria pouvaient ressembler à de douces créatures, tissées dans l’innocence d’un visage candide et dans l’insouciance des être imprenables. Et pourtant, rares étaient ces nobles engeances. Le culte de Kesha, la déesse parmi les déesses, la femme parmi les Dieux. Un avatar de liberté pour ses fidèles, une mère de force, et d’indépendance. Othello n’avait que rarement cru en une image lisse de celle en qui elle croyait si ardemment, dont elle sentait la main sur l’épaule pour guider chacun de ses pas. Une déesse que l’on honore pour sa beauté, mais aussi car elle n’entrave pas les besoins et les désirs de ses enfants.
Et pourtant, elle déglutit doucement, son cœur encore ravi par la tempête. Les questions se précipitaient sous son front, chassant ses propres désirs derrières des étoffes sages et raisonnables. Au bout de quelques secondes, elle se résolu finalement.


« Nous devrions peut-être dormir. Après tant d’aventures, nous sommes épuisés. » Elle posa une main sur la poignée condamnatrice de la porte, s’apprêtant à clore le chapitre sans en consumer la fin. S’approchant à son tour, elle déposa sur ses lèvres sa bouche désolée. « Encore merci pour tout. »

Sage, elle se retourna, commença lentement à appuyer sur la clenche. La porte s’entrouvrit sans un bruit, révélant des couloirs noyés par l’ombre et le silence, révélant soit le sommeil de ses sœurs, ou leur absence. Et alors qu’elle allait passer la porte, une force invisible l’empêcha de poursuivre, un regret déchirant, une envie qu’elle ne pourrait formuler. Cela ne pourrait s’arrêter ainsi ; au fond de son cœur, elle savait qu’elle souhaitait profiter de cette nuit autant que lui. Et même si, en son cœur, les sentiments luttaient encore, son corps était de ces autres territoires dont elle avait le plein pouvoir et qu’elle désirait à présent éveiller, malgré la fatigue. Une nouvelle fièvre palpitait dans ses veines, et couru jusqu’au bout de sa langue pour s’enfuir brusquement.


« Walter ? » Ses mots ricochèrent sur la porte à demie-ouverte, espérant le retrouver toujours là. Le temps avait peut-être joué contre elle, peut-être qu’il avait déjà prit le chemin de ses propres quartiers. Mais avec un certain soulagement et un cœur battant plus vite encore, elle retrouva les mêmes yeux bleus.

Une myriade d’émotions plus ou moins contraires naissaient dans son ventre, des bourgeons s’entremêlant aux germes d’un désir plus secret. Elle appréciait Walter, et sa présence à ses côtés. Lutter pour se dérober serait nier ses propres envies, sacrifiés sur l’autel de… La pudeur, la peur, le deuil ? Elle n’en avait pas encore la conscience, et ne l’aurait peut-être jamais. Le comte venait de se dévoilait en homme d’assurance, de confiance et de tendresse ; et à son tour, Othello se délesta de ses doutes, se révélant sous ses traits de mystères, sûre de son choix. Ses yeux trahissaient une intensité secrète, révélant sa réponse sans que ses mots n’aient à le trahir. Doucement, elle passa sa main dans son interminable crinière, soulevant les boucles grises au parfum de sel pour révéler une épaule percluse d’écailles irisées, ses yeux dessinant une chute longue jusqu’aux liens de sa parure.

« Peut-être que… Tu pourrais m’aider à me défaire de cette robe ? » Et comme pour lui répondre par le même jeu de mots, sous son discours se cachait une autre phrase qu’il était libre de décoder. Et comme pour ouvrir la voie vers la fin de la nuit, elle s’engouffra dans ses appartements, laissant la porte ouverte derrière elle pour qu’il puisse s’aventurer à la suivre.

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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMer 23 Juin - 1:14



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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMar 29 Juin - 20:41


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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeMer 7 Juil - 11:24



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MessageSujet: Re: [TERMINER] A la faveur de la Rose    [TERMINER] A la faveur de la Rose  Icon_minitimeLun 12 Juil - 22:47

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