Songe dans le domaine de Soulen

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 Songe dans le domaine de Soulen

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MessageSujet: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMer 10 Juin - 17:22

Flashback : Mois de Moomé, Les Berges Dorées

« Des nuages, desquels tombent des grenouilles par centaines, et moi avec elles, je vais m’écraser au sol mais j’atterris au milieu d’une rose rouge immense. Je me relève avant de me laisser happer par le rêve suivant. Je sens Kalysta non loin. Mais je sais qui elle est je n’ai pas besoin de la voire ce soir. Je cherche la voie. Cela fait plusieurs nuit que je sens qu’un rêve m’appel. Comme si ma présence y était désirée. Mais dans le monde onirique, les distances ne signifient rien et je ne sais pas où aller. Je suis donc mes envies au hasard, me fiant à mon instinct. De nombreux rêves sont à base de vagues géantes et tortues aux propensions gargantuesques… l’épisode des berges dorées en a frappé plus d’un.

Suivant ces rêves de raz de marée, l’un après l’autre, je finis par avoir des plus en plus de rêves avec de la neige. Je suppose que suis plus au nord. Bien plus au nord même. Entre les chapeaux mangeurs d’arbres et les villes qui s’envolent, je finis par sentir l’appel familier.

Je le suis et je me trouve désormais dans un environnement désertique, je suis en hauteur et au tour de moi de grands rochers écharpés pointent vers le ciel. Je reconnais les colonnes d’Ebreus dans une version plus menaçante que la réalité. Je vois une forme, tremblante  en dessous de moi. Sautant de rocher en rocher, je descends jusqu’à elle. La silhouette lève vers moi des yeux larmoyants. Des yeux qui brillent de mille feux. Des yeux de syliméas. C’est qu’après avoir bien mémoriser l’empreinte psychique de ce nouveau compagnon que je réalise qu’il n’est pas nouveau. C’est Guerst
».

Callum se réveilla en sursaut  sous le choc de ce qu’il venait de comprendre. Guert Melna était vivant. Il avait donc survécu. Callum ne perdit pas de temps et partit à sa recherche après avoir prévenu Kalysta, en rêve. Il n’était pas sûr qu’elle viendrait, mais peu importe, Callum irait retrouver Guerst où qu’il soit. Il se dirigea au nord un peu au hasard, puis au fil des rêves, il comprit que Guerst se trouvait surement au temple de Soulen. Il avait mis du temps à comprendre pourquoi Guerst lui montrait tout le temps le signe du dieu des océans, les rêves n’étaient pas un moyen très précis de passer des informations. Mais Callum était persuadé qu’il se trouvait dans ce temple.


Jour présent, Temple de Soulen, mois de Tiria

Le voyage avait été long, et assez éprouvant une fois qu’il avait atteint le Nord. Il était passé par Phelgra sans toutefois s’attarder là-bas. Puis de Lindolm il avait gagné le lac gelé ou se trouvait le temple de Soulen, en espérant que Guerst était bien ici. Il lui avait été aisé de se nourrir au départ, vu qu’il ne mangeait que de la viande rouge, mais les conditions climatiques rudes du pays de Cimmeria avaient compliqué le voyage. En rêve il avait mis Kalysta au courant de sa destination finale mais il n’avait pas réussi à comprendre si elle comptait venir ou même si elle avait pu décrypter ses messages oniriques.

Callum se tenait à une cinquantaine de mètres du temple. Enveloppé dans d’épaisses fourrures de la tête aux pieds, toujours sous les traits d’un homme entre deux âges, boitant légèrement et avançant à l’aide d’un bâton. En cette matinée du mois de Tiria, la  température restait très fraîche, malgré le début de la saison chaude, Enkilil. Doroma et Ziria, brillaient de mille feux mais semblaient incapables de réchauffer réellement Callum. Ayant vécu de longs mois au pays maudit, il était bien plus habitué aux températures chaudes il réalisait désormais qu’il était devenu bien frileux.

Un prêtre se tenait à l’entrée du temple, bâtisse aux dimensions respectables, faite de pierre immaculée et de vitraux élaborés, jouxtant le lac gelé donc les eaux limpides étaient tel un brasier sous les rayons des soleils matinaux. Callum hésitait sur la démarche à suivre. Trop d’éléments lui étaient inconnus et il ne parvenait pas à se décider sur un plan viable. Comment serait-il accueilli au temple de Soulen ? Il savait que le temple était censé accueillir les voyageurs, mais il savait aussi que la nouvelle grande prêtresse était réputée froide et calculatrice. Si elle venait à réaliser ce pourquoi il était là, le laisserait elle emmener Guerts. D’ailleurs que savait-elle de ce dernier ?  Tant de questions qui ne cessaient de tourner sa tête et qui l’avaient amené à adopter une conduite prudente. Il était un voyageur en quête de réponse suite aux évènements des berges dorées. Quel autre lieu que le temple de Soulen pour obtenir des réponses sur cet évènement tragique?

Le fait qu’un homme de son âge en apparence surprendrait peut être mais il était boiteux, pas sénile. Et apothicaire ambulant en prime. Donc son histoire demeurait tout à fait plausible. Il aurait bien changé son apparence mais il ne voulait pas prendre le risque de croiser Guerst sans que celui ne le reconnaisse. D’autant plus qu’il n’était pas certain que Guerst soit toujours ce jeune homme brun,  de grande taille et au corps musclé. Après ce qui c’était passé à Ebreus qui sait ce qui lui était arrivé et a quoi il ressemblait désormais ?

Callum  réajustant son sac à dos, s’avança donc d’un pas décidé bien qu’irrégulier vers l’entrée du temple, inquiet quant à ce qu’il allait y trouver ou pas…
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Kalysta Elyomar
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Kalysta Elyomar
MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeDim 14 Juin - 19:05

Pendant un moment elle avait cru que c'était directement lié aux récents événements sur les Berges Dorées. Après tout l'expérience avait été relativement traumatisante, la vaccinant pour un bon moment de toute balade sur la plage… Elle y avait croisé l'un des siens, prenant trop de temps pour le reconnaître. L'urgence de la situation ainsi que sa dangerosité ne l'avait pas mise en valeur en terme de rapidité de pensée. Si elle avait bien reconnu le vieil homme comme étant un syliméa, elle avait complètement échoué à l'identifier comme étant Callum. Pourtant, on ne pouvait pas vraiment parler d'inconnu dans leur cas…

Et maintenant que ces événements étaient derrière elle, Kalysta passait son temps à rêver de lui… Personnellement, elle aurait préféré ses nuits plus reposantes, ou avec des sujets plus stimulants, mais le trame onirique semblait bien décidée à se répéter sans cesse. Il fallut un peu trop de temps à la messagère pour comprendre qu'il ne s'agissait pas là d'un simple rêve mais d'un message qu'on lui envoyait ainsi… Visiblement Callum se dirigeait vers un endroit bien précis afin de retrouver l'un des leurs. Un de ceux que l'on pensait perdu à jamais…

Jusqu'à maintenant la soudaine liberté des syliméas était passée relativement inaperçue pour le péon de base. Bien qu'elle se tienne continuellement sur ses gardes, elle n'avait toujours pas entendu parler d'une quelconque chasse aux sorcières les concernant. C'était un état de fait assez rassurant et cela signifiait soit que les siens avaient maîtrisé l'art du camouflage ou qu'ils n'étaient vraiment pas assez nombreux pour se faire remarquer. De toute façon, il suffisait d'éviter les comportements de psychopathes sanguinaires, et de laisser le karma naturel de ce monde agir, pour ne pas se faire remarquer. Entre les maladies étranges, les nuages anti-magie et les colosses aux réveils chaotiques, peu de gens faisaient attention à ces drôles de personnes au régime carnassier et aux yeux changeants.

Bien entendu, une fois le message déchiffré, et elle n'avouerait jamais le temps qu'elle avait mis, une question se posait… Allait-elle, oui ou non, rejoindre Callum au temple de Soulen… ? La jeune femme faisait partie des rares syliméas qui avait envie d'une sorte d'unité entre les siens et, aussi, une forme de reconnaissance. Il serait tellement merveilleux de ne plus avoir à se cacher, de ne plus avoir à craindre un jugement et une exécution hâtive à cause de vieux contes horrifiques à leur sujet… Rencontrer un autre syliméa était toujours une joie pour elle, une chance de croiser un frère ou une sœur et de se sentir un peu moins seule. Kalysta avait forcément conscience que tous n'étaient pas comme elle ou Callum, certains étaient définitivement plus proches de la façon de penser de Gorvack, mais elle préférait toujours offrir le bénéfice du doute.

C'était cette notion d'unité notamment qui l'avait rapprochée des idéaux de Callum… Et c'était bien pour cela qu'elle avait du mal à le laisser aller ainsi seul à la rencontre de Guerst. Il était clair qu'il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre une fois au temple… Il n'était pas complètement impossible qu'il s'agisse d'un piège quelconque destiné à faire sortir de sa cachette l'une des figures éminentes de leur peuple. Quelqu'un se serait servi de Guerst ou aurait manipulé les rêves de Callum… Mais cela pouvait être un réel appel de la part du syliméa. Un appel à l'aide ou la volonté d'introduire un potentiel allié…

Cela faisait beaucoup trop d'inconnus dans cette équation et Kalysta n'était pas à l'aise à l'idée d'abandonner l'homme qu'elle considérait comme l'un de leur chef. Même si ses déplacements étaient officiellement régulés par ses fonctions de messagères, ou plus réalistement les missions que les nérozias lui confiaient, cela n'allait certainement pas l'empêcher d'agir à sa guise. Surtout quand il était question d'un sujet aussi délicat que sa race. Et bien entendu, elle ne pouvait pas non plus se lancer complètement seule dans ce projet… Elle avait fait en sorte que l'information parvienne à Elië, prenant même garde à ce que le message ne soit compréhensible que par elle seule. Difficile de savoir si elle était parvenue à ses fins mais elle n'avait pas vraiment pu attendre une réponse de sa part avant de se mettre en route.

Heureusement pour elle, la nérozia se trouvait un peu plus près du temple de Soulen que Callum ne l'était. Cela lui permis de significativement le retard qu'elle avait pris. Juste assez pour que leurs arrivées soient décalées d'à peine quelques jours. Deux, trois tout au plus… Affichant les traits d'une petite femme d'âge mûr aux cheveux blonds et à la peau burinée par le soleil, Kalysta s'était mêlée à un groupe de pèlerin en route pour le temple. Il n'avait pas été difficile de se faire embaucher comme simple aide de camp du petit groupe, servant à la fois de cuisinière et de « garde » improvisée. Cela demandait pas mal de boulot d'intendance et une vigilance de tous les instants mais cela eut le mérite de lui offrir un ticket d'entrée au temple et une raison valable à sa présence. Et elle y gagnait même quelques dias…

Jusqu'à maintenant elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de se promener librement dans le temple, pas suffisamment pour pouvoir détecter la présence d'un autre syliméa en tous cas… Elle se contenterait donc d'être une carte dans la manche de Callum, une simple présence attentive… Ne restait plus qu'à continuer son travail temporaire et de garder les yeux ouverts pour quand il arriverait. Et si elle se basait sur ce qu'elle ressentait, il n'était plus très loin…


Pour Kalendra et Callum:


Si vous voulez une réponse rapide à un MP, veuillez mettre un titre de plus de 12 caractères, merci !

Songe dans le domaine de Soulen 674346sss

Kit par Sighild
>> Pouvoirs <<
Impossibilité de RP:
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMer 17 Juin - 17:43

Songe dans le domaine de Soulen 425286SaDS

C'était il y a des mois, lui semblait-il, que l'étrange créature avait débarqué au temple.
C'était il y a des mois, il est vrai ; une froide journée de Fonclan, que Doroma et Ziria peinaient à réchauffer. Si les vents commençaient à se faire moins mordants, preuve de l'inévitable déclin de Nivéria au profit d'Enkilil, les neiges éternelles qui recouvraient Cimméria en faisaient un drapé de velours pâle, si froid que l'étranger s'en serait retrouvé gelé. Alors, le Temple de Soulen, oasis du désert de glace, hibernait, et faisait figure de palais des glaces ; les chandelles discrètes du soir illuminaient parfois les vitraux, et les quelques rayons qu'on apercevait au crépuscule l'éclairait, lui seul, lui seul et son pic rocheux. Les couloirs baignaient dans une obscure clarté que le lac, tout proche, nimbait de bleu, et ni les prêtres, ni Kalendra ne se promenaient sans une lanterne.

Les pèlerins se firent plus rares, et si ce n'étaient pas des pèlerins qui apparaissaient dans l'encadrement de la double-porte à l'entrée, c'était sûrement un convoi qui cherchait refuge. Si on pouvait trouver aux Gélovigiens bon nombre de défauts, le manque d'hospitalité n'était pas l'un d'entre eux ; chaque homme, chaque femme, était accueilli dans les meilleures conditions possibles. Une chambre leur était attribuée, les repas pris normalement... Mais le Temple avait cette particularité qu'il était isolé, accessible seulement par quelques routes ; celle qui longeait le lac Gelé à partir de Geaf, par exemple, ou de pauvres petits chemins faits de pas dans la neige. Certains de ces visiteurs venaient de loin, d'autre de près ; des Cimmériens, ou des étrangers, venant de l'avant-poste d'Aggersborg, ou d'Argyrei parfois. Mais au final ici, tous étaient originaires d'ailleurs ; les prêtres, d'anciens marins reconvertis pour une majorité, avaient beaucoup voyagé à travers tout Istheria.

Mais ce jour-là, le Temple fut pris de panique. Un inconnu, en tout point humanoïde, s'était traîné tant bien que mal vers l'entrée du bâtiment ; quelques prêtres l'ont porté à une chambre, non sans difficultés. Et quand on eut enfin prévenu la Haute-Prêtresse de sa présence, et qu'elle arriva dans la pièce, on crut qu'il était déjà trop tard. L'individu, presque totalement décharné, débitait un flot de paroles ininterrompu et inintelligible, tournant la tête à droite et à gauche comme s'il n'avait plus la maîtrise de son corps. S'il avait dû être un homme fort par le passé, il n'en restait à ce moment là plus rien ; sous-alimenté, en hypothermie, l'étranger avait le teint livide des spectres et la conscience folle de ceux qui approchaient la mort.
Mais très vite, quelques prêtres savants en matière de soins, herbes et magie, tout au plus deux personnes, le prirent en charge. La hauteur des soins à réaliser en eux-mêmes était faible : il y avait seulement quelques estafilades, et des engelures sur tout le corps. Même si l'inconnu était résistant et qu'il paraissait reprendre vie et conscience de jours en jours, il avait toutefois été bien amoché, autant physiquement que mentalement.

Les mois passaient, identiques pour tous, sauf pour Kalendra, qui avait fait de l'inconnu une affaire personnelle. Chaque jour, ou presque, elle lui rendait visite, tentant d'en apprendre le plus possible le concernant. C'était une chose compliqué. Même après deux semaines, le malheureux, simple d'esprit, arrivait à peine à aligner deux mots. Les séquelles étaient lourdes. Peut-être que le temps et la foi, comme le pensait justement Kalendra, lui permettraient de franchir toutes ces barrières. Et c'est ainsi, que plus tard, au terme d'une longue discussion -enfin, à vrai dire, de son monologue-, la Gélovigienne parvint afin à avoir son nom. Guerst. C'était un début. L'inconnu avait un nom. L'inconnu était quelqu'un.

Mais si Guerst était son nom, son personnage, si simple d'allure, n'en était pas moins complexe. Son arrivée au Temple, impromptue, avait bouleversé le quotidien morne de l'élue de Soulen, et l'avait surprise, vraiment surprise ; les signes ne le montraient pas, elle n'en avait pas été prévenue ! Au-delà de la responsabilité qu'elle avait engagé dans cet individu, se jouait une autre responsabilité, et celle-ci était d'ordre morale. Et Kalendra commença à se poser des questions, les questions du genre à douter de ses propres convictions, de ses propres droits, de ses propres devoirs et capacités. Mais si c'était le hasard ? Si cela n'était pas du ressort de la volonté de son Dieu ? Si Soulen ne l'avait pas vu ? Mais si, Soulen l'avait forcément vu ! Alors, peut-être que c'était simplement elle. Peut-être qu'il y avait eu une faille dans son jugement.

Mais des rumeurs commencèrent à courir dans le Temple, à mesure qu'ils couraient dans le propre esprit de Kalendra, écho de ses propres pensées. Le doute, insidieux, fallacieux même, poussait en elle, et Guerst en était la source. Au départ, ce n'étaient que des soupçons, des idées, des jugements sans fondements. Mais bientôt, ce fut une évidence pour la Sindarine. Guerst n'était pas ordinaire. Ni ordinaire, ni.. Il n'était rien de ce qu'elle connaissait. C'étaient trop de faits reliés pour être une coïncidence. L'homme était carnivore, ne se nourrissant que de viande, et ses dents étaient pointues, significatives de son régime alimentaire ou de causes plus sombres. Les éclats dans ses yeux rendus fous étaient trop nombreux pour qu'on ne puisse en saisir qu'un seul, et il semblait à la Haute-Prêtresse qu'ils changeaient d'un jour à l'autre. Mais Guerst parlait. Il parlait beaucoup trop même. De syliméas, de choses qui ne devraient pas exister, de ses différences, des pertes... En existait-il d'autres comme lui ?
Les rumeurs couraient toujours. Un simple mot auprès des médecins de la part de Kalendra acheta leur silence, mais le mal était déjà fait.

Bientôt, alors que Béamas pointait tout juste le bout de son nez, le Temple reprit vie. Le quotidien reprit sa place, morne, long, sans accroc pour les prêtres... Mais il y en avait tellement pour Kalendra ! Sur le plan diplomatique d'abord, mais surtout, sur le plan mystique ; c'était une véritable débâcle, entre les réveils de colosses, mais tout particulièrement le myste, qui faisait la frayeur de la Haute-Prêtresse. Et il y avait l'inconnu aussi, le "syliméa". Guerst, s'il avait récupéré en terme de force physique après trois mois, semblait délirer toujours autant, et ses délires avaient un nom : Callum. C'était le nom qu'il répétait sans cesse.

Assise dans un fauteuil, derrière un bureau en bois massif, Kalendra, inlassable, accomplissait le devoir bien rébarbatif de répondre aux correspondances. Perdue dans ses pensées, elle entendit à peine la jeune prêtresse frapper à la porte et entrer.

- Dame Dogbar, un pèlerin vient d'arriver. Je vous l'amène tout de suite.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeDim 28 Juin - 13:18

Callum s’approcha de l’entrée du temple, offrant un large sourire qui se voulait avenant au prêtre posté à l’entré. Pour le moment, il devait passer pour un simple voyageur en pèlerinage. Il devait tenter d’inspirer la confiance. Il avait bien pris garde à réduire au maximum la taille de ses canines, qui revenaient souvent une taille plus importante que la normale s’il ne faisait pas attention.

« Salut à vous, lança-t-il en s’adressant au prêtre à l’entrée qui sourit en retour. Je… peut-on accéder librement au temple ? Je suis venu ici pour me recueillir et tenter de me rapprocher de Soulen. »

Le prêtre, qui s’avéra être une prêtresse répondit par l’affirmative et l’invita à entrer. Callum déclara répondre au nom de Zaniel Al’Callum. Bien qu’il ait choisit de conserver son apparence pour que Guerst puisse le reconnaitre s’il venait à le croiser, il préférait tout de même rester prudent et ne pas dévoiler complètement son nom. Il avait longtemps hésité. Son nom déguisé de cette façon, il n’était pas certain que Guerst fasse le rapprochement. Mais avec sa paranoïa habituelle, le syliméa n’avait pu se résoudre à révéler d’entrée son nom sans aucun artifice. De toute façon l’hiver était à peine terminé, il ne devait pas y avoir énormément de pèlerins donc ils devaient facilement être repérables. Ainsi, si Guerst était vraiment ici, il le retrouverait facilement, même avec con nom déguisé de la sorte.

Il entra donc dans le temple de Soulen, suivant le prêtre. Celui-ci lui demanda s’il allait bien, surement en référence à sa jambe. Ce subterfuge-là marchait toujours aussi bien songeait Callum tout en rassurant le prêtre sur sa santé. Il le fit rentrer dans une pièce, sans aucun doute dédiée à Soulen. Circulaire et plutôt petite, elle ne devait pas être la pièce principale, juste une simple annexe. Alors que la jeune femme sortait, surement pour prévenir ses supérieurs, Callum fit mine de s’intéresser aux différentes représentations de Soulen. L’édifice était aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur pour ce qu’il en avait vu. Tout en blancheur, élégant sans être ostentatoire.

Il repensa aux évènements des berges dorées, songeur. Si vraiment les Dieux existaient, quels motifs les poussaient à permettre ce genre de choses ? Les colosses étaient-ils eux-mêmes des dieux ? Comment se fait-il que des personnes aient pu habiter sur cette chose en pensant que c’était une île… tant de mystères, la réponse se trouvait-elle au temple de Soulen ?

Peu importe tout ça, Callum ne devait pas perdre de vue la vraie raison de sa venue : Guerst. Comment le retrouver ? Il pouvait être n’importe où dans le temple, s’il était vraiment ici ce qui était loin d’être une certitude. Guerst qui avait perdu sa sœur, sa moitié dans un accident tragique. Accident dont Callum était en partie responsable par sa négligence. Il aurait dû se méfier, contrairement à ses compagnons, il avait les connaissances nécessaires pour réaliser à quel point les colonnes d’Ebreus et leur faune étaient dangereuses, même pour les syliméas.

Il fut interrompu par la prêtresse qui une fois de retour lui demanda de la suivre. Callum s’exécuta et suivi la jeune femme en silence. Concentré durant la courte traversée du temple, il tenta de bien repérer les lieux afin de pouvoir se repérer s’il devait par la suite organiser l’évasion de Guerst. Il ne savait pas à quoi s’en tenir avec les gens du temple et préférait ne négliger aucune hypothèse. La prêtresse s’arrêta devant une haute porte en bois. Après avoir frappé, elle entra dans un bureau. Callum ne put rien voir car elle laissa la porte à peine entrebâillée. Il l’entendit toutefois s’adresser avec une certaine déférence à une certaine Dame Dogbar. Elle sortit et lui fit signe d’entrer. Il pénétra dans un bureau, assortit au reste du temple. Derrière un bureau en bois massif, une jeune femme toute en finesse semblait crouler sous les courriers. Sa petite taille renforçait l’impression de grandeur du bureau, toutefois son air déterminé et son regard autoritaire ne trompaient pas, il s’agissait sans aucun doute de la haute-prêtresse de Soulen. Alors qu’il se présenta à elle, Callum ne put s’empêcher de remarquer son immense beauté. Même avec le don de transformation, il ne devait pas être aisé d’atteindre une telle perfection.  

« Dame Dogbar, je suis Zaniel Al’Callum, d’Argyrei.  Je viens tout droit des côtes de Pharis. Je suis à la recherche de réponses suite aux évènements qui y ont eu lieu liés au colosse. Vous avez déjà eu vent de ces évènements je suppose ? Le temple de Soulen m’a paru le plus indiqué en ces temps… incertains. »
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeVen 3 Juil - 22:26

Les choses allaient mal, à vrai dire.
Kalendra avait là en tête les nombreux évènements passés, comme les réveils des deux Colosses, qui avaient participé à discréditer son Temple et son Dieu. C'était la première fois de ces cinq années en tant que Haute-Prêtresse qu'un tel obstacle barrait son chemin, comme la menace des savants, plus infime cependant, mais pas non plus négligeable. Si la Gélovigienne avait une idée officielle concernant l'inaction de son Dieu, officieusement, c'était plus compliqué. Malgré le lien privilégié qu'elle semblait entretenir avec Soulen, celui-ci n'avait pas montré d'intention réelle concernant les deux attaques. Peut-être les avait-il aidés, ces marins et ces innocents perdus, peut-être les Dix Divins ont-ils considéré ceci comme une épreuve elle-même, ou peut-être encore que le Dieu des Mers était insatisfait des offrandes et des prières adressées. Les possibilités et les interprétations des faits pouvaient prendre pléthore de tournures différentes. Mais comme tous le savait, ce n'était pas un évènement isolé ; d'autres colosses s'étaient réveillés auparavant et auxquels aucun des Dieux n'a semblé vouloir s'opposer, pas même au Myste. L'avis des Gélovigiens n'était plus aussi partagé qu'autrefois, avant le concile ; tous les avis convergeaient dans une même direction, à savoir, vers l'épreuve. Ce ne pouvait être qu'une épreuve. Tout cela ne pouvait être qu'une épreuve.
Mais ce qui attristait Kalendra plus encore que le mutisme de Soulen, c'était la mort de dizaines d'innocents, et même plus, dont on leur attribuer la responsabilité, à son Dieu et à elle-même. Aux Côtés de Pharis, sur les Berges Dorées, des raz-de-marrées avaient ravagé la région et les villages environnants ; au Lac Gelé, les rencontres inopinées et providentielles de certaines puissances, telles que les Marins de Noxis ou les forces de Hellas, commandées par Bellicio, ont permis d'éviter une véritable catastrophe. Partout était et a été la destruction, mais cela aurait pu être pire encore. Mais Kalendra ne pouvait s'empêcher de retourner l'événement dans son esprit : et si elle avait été présente ? Si elle avait pu y envoyer des personnes plus tôt ? Peut-être aurait-elle pu sauver des vies. Oh bien sûr, elle y avait envoyé des gens, des prêtres de Soulen vaillants, à ces deux endroits... mais après de tels chocs, la population se défiaient littéralement des Dieux et davantage du Dieu immergé. Le peuple se détournait des Gélovigiens et de leurs croyances.
Mais ni les prières ni les offrandes n'y changeraient rien, semblait-il.

« Dame Dogbar, je suis Zaniel Al’Callum, d’Argyrei.  Je viens tout droit des côtes de Pharis. Je suis à la recherche de réponses suite aux évènements qui y ont eu lieu liés au colosse. Vous avez déjà eu vent de ces évènements je suppose ? Le temple de Soulen m’a paru le plus indiqué en ces temps… incertains. »

Kalendra était si profondément immergée dans ses pensées que l'arrivée impromptue d'un visiteur l'en ressortie comme d'un océan. Sous l'eau, tout était si difficilement perceptible, tout nous parvenant comme à travers un voile ; en sortir, c'était reprendre contact avec l'autour, avec tout autour. Le bruit, les odeurs, et la vue, davantage même que tout ce qui précédait. L'homme déambula, s'éloigna de l'entrée, chancelant, boitillant, comme en équilibre précaire sur un sol de sable. Zaniel, comme il disait se présenter, était pour le moins... Effacé, ou peut-être... Dégradé ? Transparent ? Ses longs cheveux auburns, entre le brun et le rouge, encadraient un visage usé par les ans et les âges. Tout son corps, et plus précisément sa peau, paraissait avoir été marqué par le temps, buriné et parcheminé comme un vieux livre. Long et complexe à comprendre, mais pas moins salvateur ou savant qu'un volume récent, coloré et lumineux. La lumière de l'homme en face d'elle était sûrement interne, néanmoins, à ce moment-là, Kalendra ne lui avait accordé qu'un minuscule regard : insuffisant si on souhaitait discerner toutes les pages du vieux livre. Si à travers deux lunettes à verres sombres, deux yeux la fixaient, la Haute-Prêtresse n'y prêtait pas la moindre attention ; les siens étaient fixés sur des courriers qui lui posaient... Comment dire ? Problème. Si son activité n'était pas majoritairement concentrée sur la rédaction et la lecture des correspondances, préférant mener des cérémonies ou discuter avec les prêtres, ces derniers temps, les lettres s'étaient étrangement empilées sur son bureau. C'était là la directe cause d'une diminution significative des rituels religieux, et la conséquence des attaques. Mécontentement des populations, soutien des irréductibles fidèles, tous les contenus ne se valaient pas et avaient le don de faire varier l'humeur de la Gélovigienne.
Il fallut un temps inhabituel à la jeune Sindarine pour se ressaisir et surtout, saisir le fil de la conversation qui venait de débuter. L'homme avait réussi à la captiver, d'une manière qu'elle ignorait, sûrement avec l'évocation des «évènements». Et voilà donc que ce vagabond, voyageur et pèlerin -rare en les temps qui couraient- pénétrait dans son bureau avec la vaste question qui dirigeait, dominait, hantait et accaparait tous les esprits dédiés aux Dieux. Dans l'état actuel des choses, bien évidemment, car la théologie était une science qui se nourrissait des évènements sociaux. Des réponses ? Tous en cherchaient. Et s'il y en avaient, elles suscitaient davantage de questions qu'elles ne contentaient les religieux. Seule la population savait se satisfaire d'une justification efficace qui masquait de sombres choses, notamment leur propre manque de ferveur ou leur incompétence. C'est avec cette idée foncièrement pessimiste en tête que Kalendra entreprit de répondre à Zaniel, levant une voix qu'elle espérait des plus neutres.

« Que les Dieux soient sur notre rencontre, Zaniel Al'Callum d'Argyrei... J'espère que vous avez fait bon voyage. Vous venez à la bonne saison, les températures sont bien plus clémentes ces temps-ci. Sur ces quelques mots, elle écarta les lettres du centre du bureau, découvrant alors plusieurs livres, des centaines de pages jaunies, annotées ça et là sur des domaines variés. Elle reconnaissait là les volumes de magie et de théologie qu'elle avait ouvert quelques heures plutôt, dans un moment de répit, là où il lui semblait avoir accompli cette action il y a des siècles. Se levant et contournant le meuble, elle avança pour faire face à l'homme et le détailler plus encore. J'ai bien sûr entendu parler de ces évènements, vous imaginez bien... Quelle Haute-Prêtresse serais-je si je ne prenais connaissance des tribulations vécues par le Monde ? Mais avant de vous fournir quelque réponse, vous allez devoir me raconter. Racontez-moi tout ce qui s'est passé, avec votre vision à vous, votre ressenti. Vous comprenez ; je ne saurais répondre de la même manière à un homme ayant surmonté les épreuves divines et fait face à la puissance de Soulen, qu'à celui qui arpentera les sentiers mêlés de peur et de fausse déférence. Je suis sûre que vous comprenez : le premier aura tout en lui pour saisir les véritables enjeux, le second n'aura de cesse de gaspiller sa salive pour une église nommée Hypocrisie. »

Cette fois là, Kalendra se trouvait plutôt loquace, ce qui était particulièrement contraire à ses habitudes. Soit la fatigue lui déliait la langue, soit l'évocation des colosses faisait céder ses barrages psychiques. Dans les deux cas, elle fut prise au dépourvu par son comportement, et par l'aura dégagée de l'être en face d'elle. Elle ne le remarquait seulement maintenant. Quelque chose émanait de Zaniel, de ce petit et vieux pèlerin dont elle se souviendrait le nom, mais elle ignorait quoi. Elle voyait en lui une trace qu'elle avait déjà pu observer. Faisant fi de son propre ressenti, la Gélovigienne décida de mettre de côté cette impression suspecte. Le dépassant et ne lui laissant pas le temps de répondre directement, elle reprit la parole et réajusta discrètement les chausses sombres qu'elle portait ce jour-là. Ouvrant la porte, elle désigna le couloir à Zaniel.

«  Allons parler de ça ailleurs, allons prendre l'air. Il est d'usage de faire visiter le Temple aux pèlerins et aux visiteurs au cours de leur séjour, par un prêtre ; considérez-vous chanceux ou non, je vais m'en charger moi-même. »

Une fois qu'ils furent sortis, Kalendra les dirigea vers la salle principale du Temple, à savoir celle où se déroulaient toutes les cérémonies, qu'on surnommait, en jargon religieux -si c'en était réellement un-, la Nef de Soulen. Attentive à une éventuelle réponse de l'étrange étranger à sa question, la Haute-Prêtresse mit tout ses sens à l'affût et tendit l'oreille, calquant son pas régulier sur celui, plus rythmé, de son compagnon d'infortune.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMer 15 Juil - 0:24

Callum put constater immédiatement qu'elle était bien plus maligne qu'on pourrait le penser au premier abord. Sa jeunesse apparente pouvait être un piège trompeur, et lui qui se cachait derrière une vieillesse illusoire, ne le comprenait que trop bien. Les paroles de la haute prêtresse témoignaient d'un esprit vif et acéré, ce qui finalement était plutôt rassurant  pour une personne à un tel poste.

Elle lui posait des questions dont les réponses pouvaient être dangereuses pour lui. Le secret pour rester cacher était de toujours garder ses mensonges le plus proches possible de la réalité. Certes, il était vrai que plus un mensonge était gros et plus les gens y croyaient facilement. Toutefois plus il était loin la réalité plus la vérité vous rattrapait, de façon véloce et le plus souvent douloureuse. En effet un mensonge inventé de toutes parts demandent une concentration extrême et un soin tout particulier sur chaque détail, la moindre incohérence pouvant faire vaciller puis tomber tout l'édifice. À l'inverse un mensonge proche de la réalité présentait moins de risques puisqu'il impliquait moins de mensonges autour.

C'est pourquoi Callum devait modifier son approche, car la prêtresse en chef de Soulen ne tarderait pas a se rendre compte qu'il n'était pas un fervent supporteur de dieu. Il s'était plutôt attendu a trouver de vieux prêtres qui lui expliqueraient dans de longs et interminables monologues, comment et pourquoi les actions de Soulen n'étaient pas accessibles à la compréhension de simples mortels. En lui demandant de lui conter l'épisode des berges dorées, elle le prenait un peu de court. Il savait qu'il devrait en parler, toutefois il n'avait pas penser qu'on prêterait une réelle attention à ses paroles. Car il était certain que la haute prêtresse analyserait consciencieusement toutes ses paroles.

Or si elle réalisait qu'il mentait sur un point, elle douterait ensuite de chacune de ses paroles et comprendrait vite que d'autres évènements motivaient sa venue.
Il commença, prudent, alors qu'elle le précédait dans le corridor :

" Je pense que je dois tout d'abord vous préciser que je suis loin, très loin d'être le plus fervent des croyants. À vrai dire je ne suis même pas pratiquant et j'observe en général avec méfiance ce qui se rapporte soit disant au divin, qu'il s'agisse de Soulen ou d'un autre dieu. Je ne suis jamais allé jusqu'à remettre en cause l'existence des dieux mais j'étais plutôt de l'avis que leurs actions ou les miennes n'avaient aucunes espèce d'incidence l'une sur l'autre et que la religion ne me serait jamais d'aucun secours."
Il poursuivit, suivant de près la jeune femme, espérant ne pas la mettre de mauvaise humeur avec ces explications qui étaient tout ce qu'il y a de plus vrai pour le moment. Passez milles ans enfermé avec vos semblables et vous verrez si les dieux se soucient vraiment de vous.

"Cependant les événements des berges dorées m'ont forcé a m'interroger sur le statu quo que j'avais établit. En effet, j'ai vu de mes propres yeux l'île d'El bahari se déplacer au loin, soulevant ainsi d'immenses vagues. L'île était en vérité un colosse, si immense que des gens vivaient dessus depuis plusieurs années.
Les vagues crées par la créature ont déferlées avec violence sur le petit port des berges dorées ou je me trouvait. Ma condition m'empêche de courir bien vite et je ne dois ma survie qu'à une poignée d'êtres courageux qui ont su faire face a la situation avec sang froid. J'aurais pu me satisfaire de cette explication mais je ne peux pas, trop d'interrogations tournent désormais dans ma vieille tête. Comment ai-je survécu ? La chance ? L'action des hommes ? Le divin ? Cette dernière hypothèse ne m’apparaît plus aussi saugrenue qu'auparavant.

Quand je revois la taille des différentes vagues je me demande si ma survie n'est pas l'oeuvre d'une force plus grande... Mais de cette simple question, découlent un millier d'autres questions, chacune posant un autre millier de questions. Il m'a parut plus logique de chercher du coté de Soulen en tout premier lieux. Vous comprendrez bien que le dieu des mers me parait, en l'espèce, le plus pertinent.
"

Callum se tut un instant, espérant ne pas avoir perdu la jeune femme avec ses histoires. Même si ce n'était pas sa première motivation, tout ce qu'il avait dit était vrai. Il avait entendu parler des colosses auparavant, mais y être confronté d'aussi près avait changé quelque chose en lui.

"J'aurais d'ailleurs pensé que plus de personnes seraient venues ici suite à ces tragiques événements, suis je le seul voyageur au temple en ce moment ?"

Les berges et les colosses étaient réellement préoccupants. Néanmoins, Callum n'en oubliait pas pour autant qu'il était ici pour Guerst, et non pas pour étudier la théologie. Il avait essayer de prêter la plus grande attention au chemin emprunté actuellement afin de repérer les lieux au mieux. On ne savait jamais ce qui arriverait par la suite et cela pouvait toujours se montrer utile.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMer 22 Juil - 1:14

Kalendra lui prêtait une oreille attentive. Le vieil homme, qui boitait à côté d'elle, commença d'abord par disserter sur sa propre vision des dieux. De toute sa vie déjà longue, mais aussi de toute sa maigre expérience en tant que Haute Prêtresse, elle avait rarement vu une personne aussi prudente et avisée. Nombreux étaient les gens à la craindre, redoutant de susciter une de ses colères dévastatrices ; cependant, tous ne savaient pas manier les mots avec autant de dextérité que son interlocuteur. Elle affectionnait les agnostiques, pour leur capacité à douter, à remettre en question, tout en tolérant chacun des côtés de la balance, athéisme comme religion ; la gélovigienne avait appris à les connaître et à les apprécier. Ils étaient, à ses yeux, de pauvres hères errants entre les grandes routes sans jamais trouver la leur, leur préférant les petits sentiers. Mais un homme des petits chemins pouvait toujours rejoindre l'axe majeur. Alors, lorsqu'il fit une pause dans son discours, ses lèvres s'étirèrent légèrement. Elle ne faisait pas partie de cette catégorie de religieux qui souhaitait brûler tous les non-croyants et les parjures ; les seules personnes qui l'importunaient vraiment étant ceux l'empêchant de célébrer son culte, et dans une moindre mesure ceux qui la défiaient sur la véracité de ses croyances. Mais bien souvent, une seule personne suffisait à réunir les deux caractéristiques.
Puis Zaniel reprit la parole. Quand il évoqua l'épisode des Berges Dorées, elle identifia rapidement des similitudes avec d'autres récits qu'on lui avait conté, ou qu'elle avait dû entendre aux coins des rues et des tavernes de Gaeaf. L'homme ne mentait pas, et à son ton, Kalendra le devinait même parfaitement sincère. Le regard lointain et vague, elle s'imaginait ce que ça avait pu être, et surtout ce qu'elle aurait pu faire si elle y avait été. La panique des gens, la cohue, l'émeute. Les vagues immenses surmontant même les maisons, le regard ébahi sur une île qui se levait d'un long sommeil. Cependant, d'une manière presque étrange et indicible, la jeune Sindarin  se sentait apaisée par ses mots. Ces évènements avaient amené le vieil homme à se questionner sur l'existence véritable des Dieux, contrairement aux autres qui amorçaient un déclin de leur foi. Kalendra comprenait parfaitement ce stade de questionnement ; elle-même y était déjà passée, notamment avant d'avoir été désignée comme Haute Prêtresse.

Le temple était grand, c'était le moins qu'on puisse dire. Zaniel et Kalendra déambulaient, chacun à leur manière, dans le corridor principal de l'aile ouest. Le bâtiment était effectivement composé de trois parties ; si l'aile ouest contenait des chambres et d'autres salles grandement utiles, l'aile est ne faisait office que de garde-manger et de réfectoire. Et au centre, véritable joyaux, se trouvait la Nef de Soulen, grand espace de cérémonie entouré de couloirs labyrinthiques. Mais avant de l'y mener, l'élue du dieu des mers lui montra les chambres dédiés aux pèlerins, et il y avait fort à parier que le « pèlerin » serait dans l'une d'elle ce soir, quand les soleils se coucheraient sur Cimméria. En passant devant là où se trouvait Guerst, elle eut une pensée fugace pour lui. Il était un peu la relique du temple, désormais. Tous les prêtres ne s'informaient pas à son sujet, mais ceux qui le voyaient espéraient qu'il soit bientôt en état prendre la route. Si physiquement, c'était peut-être le cas, le pauvre homme délirait et se perdrait sans doute de nouveau dans la taïga dense d'où personne ne viendrait le sortir, si l'on le laissait partir. Toujours attentive à son invité malgré ses pensées éparses, elle fut un peu déroutée par la teneur de sa question. Ouvrant légèrement la bouche dans l'optique d'une réponse, elle fut stoppée dans son geste. Tournant la tête vers lui, elle fut à nouveau frappée par l'aura d'étrangeté qu'il émanait. Ses sens accrus de Sindarin lui conseillaient de fuir, comme une proie devrait fuir son prédateur ; une boule d'adrénaline lui serait le ventre et l'intimait de déguerpir au plus vite. Cependant, hormis cela, rien ne lui indiquait de détaler ; la seule personne qu'elle avait à ses côtés en ce moment était un vieil homme boiteux à l'air pacifiste, et dont la seule menace potentielle aurait pu être les pouvoirs. Mais plus étrange encore que ceci, c'était l'impression de déjà-vu qui la hantait, qui s'était emparée d'elle et qui l'enveloppait comme une gangue. Comme si l'on avait déjà produit de tels effets chez elle !
Oh. Guerst. Un Syliméa.
Ses yeux papillonnèrent quelques instants, comme en proie à un grand trouble, et elle se retint de froncer les sourcils. La tête lui tournait. Elle avait fait un parallèle soudain entre deux inconnus, mais ce n'était pas cela qui la déroutait le plus. Non. Elle se préoccupait davantage de ce qui amenait l'homme là que du reste. Mettant ses pensées de côté du mieux qu'elle put, elle tenta de retrouver la réponse qu'elle avait souhaité formuler précédemment. Se raclant la gorge de manière discrète pour en évacuer le tension, elle éleva une voix sans trouble notoire dans les couloirs du Temple de Soulen.  

- Oh non, vous n'êtes pas le seul ! Nous avons par exemple accueilli un groupe assez conséquent de pèlerins, il y a quelques jours de cela. Nous pouvons noter une légère baisse d'affluence, mais rien d'insurmontable cependant, mentit-elle, un ton léger feint faisant vibrer ses lèvres. Marquant une pause dans ses explications, elle maintint son pas, et bientôt, ils parvinrent au hall. Ce dernier était dominé par une lourde double-porte, celle-là même que tous devaient emprunter pour entrer dans l'enceinte du temple. A chaque coin du carrefour, il y avait une statue de verre magistrale, une fierté pour Kalendra. Les murs hauts de pierre immaculée montaient désormais si haut qu'il était presque impossible d'en voir le bout. Ignorant la beauté éthérée du lieu qui lui était coutumière, elle prit la voie centrale, et reprit le fil de la discussion. La majorité des personnes qui viennent sont également dans une période de doute comme celle que vous traversez, ou sont à l'inverse des croyants souhaitant nous montrer leur soutien. Bien évidemment, nos détracteurs profitent des événements récents pour semer le trouble ; mais ils ignorent et occultent, tout autour de nous, les signes de présence du divin. Vous en êtes un. J'en suis un également. Soyez-en sûr, les Dieux ne nous ont pas abandonnés.

Elle se détourna de Zaniel pour franchir une volée de marches, et alors qu'elle relevait la tête, la Nef de Soulen apparut comme une lumière au bout du tunnel. Elle accéléra légèrement le pas, patientant pourtant pour son compagnon d'infortune. Ils avancèrent encore un peu, suivant la même direction, le même objectif dans la ligne de mire, ignorant les multiples artères qui s'ouvraient à leur droite et à leur gauche.
Quand ils passèrent enfin sous une arche deux fois plus haute qu'eux, une lumière tamisée les assaillit. Il fallut quelques secondes à Kalendra pour y voir plus clair, passant de la faible luminosité du corridor à la Nef de Soulen. C'était une pièce qu'elle appréciait plus que les autres, et pour cause, elle y passait souvent des heures par jour, à organiser des cérémonies ou à simplement prier ; ou plus simplement, elle s'y sentait en communion avec son Dieu. Dans ce sanctuaire, les murs étaient plus hauts que partout ailleurs dans le temple, et une rangée de colonnes ouvragées en garnissait chacun des côtés. Les immenses vitraux, qui représentaient des scènes maritimes, altéraient chaque rai des soleils ; des multiples teintes de bleu, du turquoise à l'azur, se déversaient alors dans la pièce à l'image d'une vague, donnant l'étrange impression d'être immergé sous l'eau. A l'heure qu'il était, une cérémonie se terminait tout juste et les prêtres se dirigeaient nonchalamment mais la mine sérieuse vers la sortie, et de discrets saluts étaient échangés entre eux et Kalendra. Bientôt, quand il n'eut presque plus personne dans la salle, la Haute Prêtresse reprit sa marche. De toute évidence, l'extrémité de la nef, qu'ils atteignirent bientôt, occultait toutes les autres merveilles. A sa droite et à sa gauche, sous un toit de verre, deux statues de glace immortalisaient l'océan. Le couple de sculptures encadraient et soulignaient une fresque peinte sur le mur du fond, représentant Soulen sous forme humaine, mi-homme, mi-océan. Si l’œuvre était visible de loin, elle gagnait en compréhension quand on s'approchait ; et la Haute Prêtresse, enorgueillie par son statut de maîtresse des lieux, n'hésita pas à passer derrière l'autel pour en apprécier tous les contours.

Évinçant presque Zaniel de son esprit, accaparée par son observation de la fresque et des pensées plus obscures, elle songea à tout le chemin parcouru pour parvenir ici. Son accession au rang de Haute Prêtresse avait été inattendue, même pour elle-même. Elle n'était en rien le stéréotype d'une personne qui devait représenter les hommes et femmes les plus bourrus et malmenés de tout Isthéria – après les disciples de Bor, sans aucun doute. Ceux qui priaient Soulen avaient le visage et la peau caressée par le sel et le vent iodé, glissaient sur le royaume des mers à longueur de journée, ou hantaient les océans pour répandre son châtiment. Elle, à l'origine, elle avait seulement le corps frêle, les traits fins des sindarins et leur magie, mais les tempêtes et les eaux l'avaient façonnée, corrodée et rendue plus rude. Par les années à naviguer, elle avait acquis la force, l'expérience et l'usure ; elle avait connu Soulen et il avait fait d'elle une femme des mers. Par les cicatrices qu'il lui avait donné et le devoir de rendre service en son nom, elle était reconnaissable entre tous comme son élue. Si sa corpulence décharnée avait pu faire rire les premiers temps, ce n'était plus le cas aujourd'hui ; elle avait su affirmer qu'elle était bien une fille de l'océan comme eux tous, et s'imposer grâce à ses qualités – ou plutôt grâce à son habileté à masquer ses défauts.
Et pour toutes ces raisons, il fallait qu'elle parle. Se retournant, jetant un dernier regard à la fresque, une prière fugace à Soulen suffit à lui redonner du courage. Il n'y avait plus personne de visible, à part eux deux, dans la pièce. Quelqu'un aurait pu facilement se glisser entre les colonnes, alors sa voix se fit confiante, mais aussi faible qu'un murmure. Elle avait en face d'elle un vieil homme, qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes à peine, mais sa conscience et son for intérieur la poussait à lui faire confiance, quitte à passer pour une idiote. Il n'était qu'un pèlerin, à près tout.

- Actuellement, nous accueillons un homme -enfin si c'était vraiment un homme-, Guerst, au Temple. Et... Elle tenta de rassembler ses pensées, confuses et nombreuses, et de les condenser, mais c'était peine perdue. Laissant son instinct prédominer, elle abandonna un insant le masque de Haute Prêtresse qu'elle arborait. Ses traits se détendirent un peu, et son ton, détaché, devint bien plus expressif qu'il ne l'était auparavant. Il est fou et débite des inepties à longueur de journée. Il nous raconte des histoires de Syliméasen permanence, présente des caractéristiques inédites à chaque race que nous connaissons. Un jour, aux Archives Proscrites, j'avais lu un vieux livre qui contait des légendes semblables sur cette espèce, mais je ne pensais pas que c'était une réalité, seulement des féeries. Et je ne peux m'empêcher de me demander... Elle fit une ultime pause, prenant conscience du risque qu'elle prenait à cet instant. Êtes-vous l'un des leurs ?
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMar 28 Juil - 13:07

Callum avait écouté attentivement la réponse de la haute prêtresse. Il avait remarqué un certain trouble un peu plus tôt, mais elle se reprit trop rapidement pour qu'il ait le temps de se pencher sur la question. S'il se retrouva ébahit devant la magnificence de la Nef de Soulen. Une calme splendeur, comparable à l'océan. Toutefois les dernières phrases de la servante de Soulen le tirèrent promptement de son état contemplatif. Immédiatement un mot s'imposa dans son esprit : danger. Fléchissant les genoux et ramenant sa canne devant lui prêt à se battre il jaugeait désormais la prêtresse avec méfiance. Il envisagea de la tuer, après tout elle connaissait maintenant l'existence.
Toutefois, le sylimea se raisonna vite.

Si son instinct lui soufflait de la tuer car elle connaissait leur existence, il ne pouvait être sûr qu'elle était la seule à être au courant. De plus il s'agissait de la haute prêtresse et plusieurs personnes les avaient vus entrer ici. Il serait vite poursuivit, se cacher ne posait pas tant de problèmes mais autant éviter si possible. De plus s'il l'a tuait, il devrait retrouver Guerst seul. Enfin il s'agissait de la haute prêtresse. En cas d'affrontement, Callum n'avait aucune assurance de parvenir à la tuer.
Mais s'il ne l'a tuait pas, que faire ? Nier ? Non, elle semblait déjà en avoir compris beaucoup trop. De plus vu son changement soudain de posture, elle avait surement compris qu'elle avait visé juste.

Pour le moment le plus sage était de dire la vérité et de retrouver Guerst, ce qui ne devrait plus être très compliqué si la haute prêtresse l’aidait. En revanche elle resterait un problème, que leur existence soit connu par un personnage influent d'Istheria pourrait se révéler dangereux. Malheureusement Callum n'avait d'autres choix que de lui faire confiance pour le moment.

Néanmoins, la présente situation pouvait tourner à son avantage. S’il pouvait bénéficier du soutien de la haute prêtresse cela serait aussi utile aux syliméas sur le long terme. Ils pourraient ainsi avoir un refuge, un appuie sur le plan politique si jamais leur existence venait à s’ébruiter… et peut être avec le soutien de la haute prêtresse viendrait la bénédiction de Soulen ?

Il se détendit et répondit, prudemment :

"Il est inutile de tenter de cacher la vérité. Je suppose que si vous posez cette question c'est que vous avez déjà reconnu les points communs entre moi et Guerst.
Je vous ai menti Dame Dogbar, du moins en parti. J'étais effectivement présent sur les berges dorées et mes interrogations à ce sujet sont véridiques. Toutefois ce n'est pas la vraie raison de ma venue ici. Comme vous l'avez compris, je suis venu chercher Guerst. Il fut autrefois mon ami, jusqu'à... Un tragique événement qui me fit croire à sa mort. Me mènerez-vous à lui ?
Cependant avant toutes choses, je dois vous demander qui est au courant de notre existence, à part vous ?
"
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMar 11 Aoû - 14:10

Kalendra eut juste le temps de voir Zaniel -si c'était seulement son vrai nom- se mettre en garde que sa propre essence divine se mit à bouillonner dans ses veines. Quand quelques secondes plus tard à peine, l'homme sembla se raviser, un vent à ébouriffer un Garagos traversa la salle de part en part, faisant voler les cheveux de la servante de Soulen. Elle espérait que le Syliméa prenne cela pour un avertissement. Dans tous les cas, elle était prête à se battre, sous le regard de son Dieu ; mais le vieillard qu'elle avait en face d'elle avait paru répondre en premier lieu à ses instincts défensifs naturels, comme elle-même répondait au danger parfois. Néanmoins, presque soudainement, son visage se para d'intentions pacifistes. Après un moment de réflexion qui sembla une éternité à Kalendra, le vagabond voyageur éleva dans la Nef de Soulen une voix apaisée et prudente, celle-là même qu'elle avait entendu auparavant.

 Alors comme ça, il était vraiment là pour Guerst. Il était venu le chercher. C'était inespéré. Cette pensée, l'espace d'un instant, la soulagea, et elle en soupira de contentement. Puis, elle comprit tout. Toutes les paroles de Guerst trouvèrent un sens, ou presque toutes. Son interlocuteur était sûrement ce fameux Callum, nom qu'il répétait sans cesse, dans ses moments de délires comme dans les rares de lucidité. Quant au nombre de personnes au courant de l'existence des Syliméas... Qui l'était vraiment, en réalité ? Elle pensa à ses deux soigneuses, Aglaë et Mircath, qu'elle avait nommées en remplacement des autres, trop prompts à répandre les rumeurs. En songeant à ces deux prêtresses, Kalendra eut un sourire ; elles étaient comme deux faces d'une même pièce. La première était d'une grande pâleur, d'une timidité toute aussi grande et sortait à peine de l'adolescence ; la seconde, Mircath, était une Terrane au teint basané et à la chevelure brune qui portait en elle l'impulsivité de la jeunesse. Pourtant, l'une comme l'autre avait des connaissances impressionnantes en herboristerie, et des capacités de guérison sur autrui développés dans l'acharnement et dans l'usure. L'une comme l'autre avait su, par l'expérience de la religion, accroître son rapport avec l'essence divine. Malgré leurs caractères divergents et leurs avis souvent contraires, elles étaient un soutien important pour Kalendra qui comptait beaucoup sur leurs capacités, à l'instar de Zaheer. Zaheer, lui, s'il n'était pas un formidable médecin, se satisfaisait de ses aptitudes martiales, tant physiques qu'ésotériques. Il était, en quelque sorte, un conseiller sur les plans moral et psychologique, un appui qu'elle ne remplacerait pour rien au monde. Elle lui avait glissé quelques mots sur Guerst, rien de décisif toutefois. Mais Mircath et Aglaë, même si elles avaient dû deviner la nature étrange de Guerst, ne constituaient pas un danger. Leurs sorties hors du temple étaient rares, et le cas échéant, il était assez improbable qu'elles divulguent de leur gré un tel mystère. Et puis, plus simplement, Kalendra leur faisait confiance. Alors, quand elle eut rassemblé ses idées et fut descendue  de l'autel, elle répondit.

- Je vous mènerai sans problème à Guerst.  Alors qu'elle parlait toujours, la Gélovigienne dépassa l'homme et d'un geste, l'invita à la suivre. Quand nous l'avons récupéré, écroulé sur la plage en contrebas du Temple, il était dans un état catastrophique. Guerst a mis des mois à se remettre physiquement, et psychologiquement... Disons qu'il se rétablit à son rythme.  Désormais, ils étaient sortis de la Nef de Soulen, et les couloirs qu'ils parcouraient étaient les mêmes qu'ils avaient empruntés plus tôt. Et pour dire vrai, personne n'a vraiment dû relier l'existence des Syliméas et Guerst. Les personnes qui s'occupent de lui sont d'une confiance certaine, et ne sont parvenues, à mon avis, qu'à déceler chez lui des caractéristiques étranges.

Les mots qu'elle prononçait lui faisaient froid dans le dos. Il y avait dans le temple deux individus d'une espèce inconnue, peut-être plus démoniaque encore que les Lhurgoyfs, et l'un déambulait derrière elle. Un frisson, brièvement, électrocuta ses bras. Elle n'avait pas peur. Non, elle n'en avait aucune raison. L'adrénaline se diffusait à chacun de ses pas et dans son cœur ; elle faisait partie d'un plan plus grand qu'elle, plus grand encore que toutes les conspirations politiques auxquelles elle avait déjà eu à faire. Un plan qui mettait en scène des créatures d'un autre temps, et des causes ancestrales peut-être ! De toute sa vie et depuis sa prime jeunesse, Kalendra avait été habituée à fréquenter toutes les races qui pullulaient à la surface d'Isthéria, Sylphides comme Terrans, Gorgoroths comme Lhurgoyfs ; elle avait appris à les supporter puis les comprendre pour faire disparaître de son esprit ce trait si caractéristique des Sindarins, la xénophobie. Mais maintenant, là, devant une nouvelle espèce (ou une ancienne, pourrait-on plutôt dire), ce n'était ni le dégoût, ni la crainte que ressentait la prêtresse de Soulen ; sa tête lui tournait devant l'ampleur des découvertes de la situation. Si elle s'était préparée psychologiquement, et progressivement face à Guerst, l'intrusion de ce nouvel individu la laissait de marbre.
Désormais, ils avaient rejoint l'aile où Guerst se trouvait. Finalement, bloquant l'entrée d'un de ses bras, elle tint à peu près cet avertissement au Syliméa :

- Vous devez cependant savoir, Callum -elle espérait voir la stupéfaction sur le visage du vieil homme-, que Guerst n'est plus le même homme qu'il a dû être autrefois. Je ne pense pas devoir vous dire d'être prudent, déclara-t-elle, un rictus cinglant animant son visage, cependant, j'ignore à quel point il a dû changer depuis votre dernière rencontre.

Sur ces mots, elle ouvrit une chambre toute en pierre blanche, et au fond, sous un vitrail ouvragé, se trouvait un lit et un Guerst somnolant.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeSam 12 Sep - 14:48

De nouveau, Callum se retrouva à la suivre sans un mot. Il devait se concentrer de toutes ses forces pour ne pas trépigner d’impatience. Guerst était bel et bien là ! Il se contint à grand peine, et seul le fait que la haute prêtresse de Soulen en savait désormais bien trop venait tempérer son excitation. Si elle était sincère, et Callum n’avait aucun doute la dessus, alors le secret des syliméas semblait sauf, du moins pour le moment. Il devait absolument s’assurer son soutien.  

Il s’arrêtèrent devant une porte, dans un couloir où ils étaient déjà passés lorsqu’ils se rendaient à la nef. Callum écoutait en silence la jeune femme, levant un sourcil étonné lorsqu’elle l’appela Callum. Pourtant il avait déjà pu constater sa vivacité d’esprit, qu’elle ait fait le rapprochement n’était pas si surprenant finalement.
Il se doutait que la condition de son vieil ami ne devait pas être la même que lorsqu’il l’avait quitté lors de cette tragique nuit mais peu lui importait. Il était en vie et c’était pour l’instant bien plus qu’il n’avait osé espérer jusqu’à présent.

Enfin il le vit. En chair et en os. Callum se trouva incapable de la moindre parole. Il savait qu’il était en vie, mais le constater de ses propres yeux était une chose bien différente. Accroupis par terre, Guerst était dos à lui, regardant par la fenêtre. Lorsqu’il se retourna, Un « Callum !» joyeux s’échappa de ses lèvres et le syliméa s’avança vers son ancien compagnon. Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre dans une étreinte fraternelle.

Avec une voix candide, Guerst demanda « tu es venu me chercher ? ». Callum se contenta de hocher la tête. Les larmes aux yeux, il se retourna vers la haute prêtresse.

« J’imagine que je vous dois quelques explications... »

Calendra s’abstint de tout commentaires et Callum vit là le signe qu’il avait toute son attention. Accroupis à côté de Guerst qu’il n’avait toujours pas lâché il tenta de lui livrer une histoire des syliméas la plus juste possible. En effet il était conscient que toute information qu’il tenterait de lui cacher pourrait ensuite se retourner contre lui. D’autant plus qu’il ignorait les connaissances qu’elle possédait et les informations qu’elle pouvait tenir de Guerst. Toutes les informations sur les syliméas semblaient avoir été effacé mais il avait face à lui une haute prêtresse, surement cultivée et surtout avec les moyens d’entreprendre des recherches sérieuses. Elle en savait déjà beaucoup et Callum l’a savait en mesure de déduire de nombreux point entre ce qu’elle savait déjà de Guerst et ce qu’elle avait pu observer chez lui. Il entama donc son récit :

« Nous existons depuis... depuis au moins aussi longtemps que les hommes. Je ne sais qui nous a créé ou comment nous sommes arrivés à Isthéria. En vérité peu d’éléments de notre histoire sont connus, même par nous-mêmes. Mais voilà ce qui est sûre : nous étions esclaves. Les esclaves des sylphes. Considérés comme des moins que rien et complètement asservis... tel était notre situation à l’époque.
Puis, après ce qui peut être dura des siècles, ou des millénaires, mon peuple tenta de se libérer de l’oppresseur. C’est à ce moment que je suis né.  Malheureusement, les sylphes savaient pour la révolte, quelqu’un nous avait trahis. Ils s’œuvrèrent dès lors à nous exterminer, ni plus ni moins. Nous n’étions pas faibles, cependant nous n’étions que des esclaves. Face à l’organisation et aux moyens dont disposaient les sylphes nous n’avions aucune chance. Ils réussirent presque à nous éradiquer. Le problème est lors de notre naissance, nous sommes sous une forme éthérée... je ne saurais mieux l’expliquer. Aussi nous sommes complètements immortels. Ils en furent donc réduits à nous enfermer, moi, mon frère et tous les nouveaux nés. Je ne sais dans quoi nous fumes cachés ni où exactement. Nos sens sont très différents lorsque nous ne sommes pas incarnés de façon physique.

Ce que je sais en revanche c’est nous restâmes ainsi enfermés plus de mille ans... je vous passe l’horreur de cette situation. Toujours est-il qu’il y a plusieurs mois nous fûmes libérés, j’ignore exactement par quel moyen. C’est le grand gorgoroth de l’époque, Ivan Mackori qui nous libéra, surement par erreur. Peut-être avez-vous entendu parler de ces événements. Bref, peu après j’ai pris une enveloppe charnelle et j’ai rencontré Guerst
».

Il se tut et lança un regard empreint de tristesse à son compagnon. Il se souvenait très clairement de la terrible nuit ou sa sœur jumelle avait perdu la vie. Il se tourna ensuite vers la haute prêtresse... les prochaines remarques qu’elle ferait seraient surement déterminantes pour son avenir.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeVen 16 Oct - 19:12

La situation était étrange et ambiguë.
Kalendra se sentait la tête tourner depuis quelques minutes. Elle se cherchait un appui discret sur les murs de pierre blanche, tout en observant la scène avec une certaine curiosité. Les deux Syliméas semblaient se connaître depuis longtemps, et la Haute-Prêtresse ne savait pas quoi en penser ; étaient-ils d'éternels compères ou de simples connaissances ? Elle eut assez vite sa réponse ; chacun des deux hommes paraissait ému, les larmes aux yeux. Ces retrouvailles eurent meme raison d'elle : la gorge nouée, elle contenait à grande peine tout un tas de sentiments contradictoires.

Mais Kalendra savait aussi conserver son sang froid. A cette pensée, elle prit une large inspiration et entreprit de détailler la scène avec plus d'aplomb. La situation avait quelque chose de mystique et comique à la fois. Callum et Guerst avaient l'air d'un père et son enfant, comme si l'un avait abandonné l'autre et le retrouvait après des années. Mais cette histoire de Syliméas s'appesantissait dans son esprit. Au même instant, Callum, sans lacer une seule seconde son acolyte, prit la parole.

Il lui raconta tout, du début à la fin. Il détailla le commencement, la clôture, les péripéties, tel un conte et toutes ses ficelles. D'ailleurs, il lui semblait que c'en était un, de conte ; en une version plus sanglante que celle qu'on lisait aux enfants. Moins manichéen, aux rôles inversés, là où les gentils avec des canines et les méchants vivaient dans les cieux. Là où les Syliméas seraient sûrement considérés comme des pestiférés, les Sylphides restaient, des années encore après, impunis de leurs actes. Injustice ? Évidemment. Elle qui ne portait pas tant le sylphides dans son cœur, ne fut pas étonnée en les apprenant responsables d'un tel asservissement. Même si c'était sûrement il y a des siècles, des millénaires, nul doute que cela révélait un caractère colonisateur et dominateur...
Une forme éthérée ? L'immortalité ? Une enveloppe charnelle ? Si son esprit peinait à suivre, la Gélovigienne n'en parfait pas moins en compréhension. Ainsi après des temps longs et des guerres, après des famines et des misères, les Syliméas n'étaient pas plus libres qu'avant ; pas libres de vivre sans se cacher, livres d'identité ou meme de déplacement. Kalendra fut presque immédiatement prise de compassion à leur égard ; les Dix étaient grands, comment avaient-il pu laisser faire ça ? Qui avait fait cette justice ? La religion n'avait qu'un seul but : élever les consciences, combler ce besoin naturel de spirituel. Alors, pour les Dieux avaient-il pu laisser faire ça ?

Une réponse : c'était intentionnel. Soulen et les autres avaient fait se dérouler l'histoire ; ce long parchemin vieilli, parcouru de taches d'encre et d'enluminures usées. Ils l'avaient écrite sans plus de cérémonie, comme une case supplémentaire à cocher "enfermer une espèce entière pendant des siècles et des siècles", "les faire sortir, les faire perdre la tête dans les déserts quels qu'ils soient, d'Argyrei ou de Cimméria". Mais c'étaient les divinités, et ils avaient leur justice. Et on ne discutait pas la justice du Panthéon, et encore moins celle de Soulen. Et c'était la sienne, sans étonnement, qui était à l'origine de cette rencontre.  Kalendra avait souvent rêvé de marquer le long parchemin de l'histoire d'une tache d'encre, d'une enluminure qu'on userait ou d'une case à cocher. Peut-être en avait-elle là, l'occasion ? Et plus qu'une quelconque affaire de popularité, la servante de Soulen se sentait presque responsable des faits à venir. Entre les conflits politiques, ceux entre les castes, les attaques, les guerres, les Colosses... Où étaient les Syliméas dans tout ça ?
La vie était un jeu compliqué, n'est-ce pas ?

- Nous vous aiderons,  commença-t-elle. Je vous aiderai. Si vous avez besoin d'une aide quelconque, n'hésitez pas à me la demander, sur le champ même. Vous avez déjà assez vécu d'horreurs, vous et vos homologues, pour que cela continue. Mon église, l'église de Soulen vous soutiendra.  

Qu'était vraiment le vieillard en face d'elle ? Était-il seulement vraiment un vieillard ? Kalendra se demandait. En ce jour d'une saison bénie par la chaleur, le Temple du Dieu des Eaux accueillait en son sein des créatures bien étranges.

- Restez aussi longtemps que vous le souhaitez. Je vous considère désormais comme sous ma protection, déclara-t-elle avec une certaine solennité.

Kalendra a avancé d'un pas, et silencieuse, a patiemment attendu la réponse de son interlocuteur.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeLun 26 Oct - 0:46

Guerst toujours dans ses bras, Callum ne put empêcher ses yeux de s’agrandir à l’annonce de la servante de Soulen. Lui qui d’habitude s’appliquait à rester impassible, caché derrière ses vieilles lunettes ne put faire autrement que de laisser la surprise se peindre sur son visage.

La protection offerte par ces simples mots était énorme. Le syliméa pouvait sentir sa tête tourner en pensant à toutes les implications qu’une telle alliance pourrait avoir. Il y avait peut-être là, un moyen de sortir de l’ombre et de retrouver tous ses frères et sœurs. Les syliméas n’étaient pas de nature croyants. Il est dur croire que des dieux existaient lorsqu’après avoir connus l’esclavage chez les sylphides qui ne connaissaient aucuns dieux, vous étiez enfermés pendant un millier d’années.

Toutefois c’était toute une palette de nouvelles possibilités qui se présentaient à Callum. S’ils étaient reconnus par la religion, cela leur permettrait d’être reconnus par les autres autorités politiques, et à défaut ils seraient reconnus par les croyants. Or ils n’étaient pas une part négligeable de la population.

Une telle proposition ne pouvait être faite à la légère et l’air résolu et solennel de la Dame Dogbar ne trompait pas. Ce qui rendait son engagement d’autant plus précieux. Alors Callum su qu’il se devait de lui dire la vérité, toute la vérité. Une relation durable ne pouvait pas démarrer sur des non-dits.

Ainsi, après une grande inspiration il retira ses lunettes et répondit à la prêtresse en la regardant droit dans les yeux :

« Votre décision vous honore, et vous avez ma gratitude la plus profonde. Le simple fait que vous soyez prête à vous engager de la sorte en notre faveur signifie beaucoup pour moi, et pour nous tous, surement plus que ne pouvez l’imaginer. Sachez que si nous arrivions la, votre soutien ne rencontrera pas l’ingratitude, et nous répondrons également présent le jour où notre aide sera requise.

Toutefois je ne peux accepter la promesse que vous me faite car vous la faite dans l’ignorance. Je ne vous ai pas encore tout dis sur nous. Or, si vous nous accordez réellement votre protection, vous devez savoir à qui vous l’accordez.
Nous ne sommes pas comme vous, pas comme les autres peuples d’Istéria. Je suis conscient que chaque peuple à ses particularités, mais quelque chose fais de nous des êtres plus à part que les autres.

Dame Dogbar, nous sommes des prédateurs. Nous avons un instinct de tueur, c’est dans notre nature. Les animaux le sentent et nous fuient comme la peste. Nous ne nous nourrissons que de viande rouge, vous avez dû les voir avec Guert. Mais vous aviez plus ou moins ça.

Ce que vous ne savez pas, c’est que pour devenir des êtres faits de chair et de sang, nous devons... manger quelqu’un. Oui, nous prenons possession d’une personne, nous détruisons son esprit, puis changeons son corps. Nous n’avons pas le choix, nous ne le faisons pas par plaisir, mais nous ne sommes pas rongés par la culpabilité. Car telle est notre nature et nous n’y pouvons rien. C’est ainsi que nous sommes faits.

C’est pourquoi vous devez réévaluer votre engagement. Les syliméas ont tous tués au moins une personne, un homme, un sylphide ou même un sindarin. Maintenant que vous connaissez le secret de notre sanglante naissance pensez-vous réellement vouloir être associée à nous ?
»

Callum se tut et détourna le regard, incapable de de soutenir celui de la jeune prêtresse plus longtemps. Il ne pensait pas qu’un jour, l’attente d’une simple réponse serait si angoissante.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeJeu 29 Oct - 16:26

Kalendra prit une inspiration.
Callum avait retiré ses lunettes et la fixait désormais sans trembler, de telle manière qu'elle puisse sans problème voir ses yeux. Et ses yeux... C'était un mystère véritable. Tout comme l'élue de Soulen avait pu le déceler chez Guerst, les pupilles des Syliméas étaient de couleurs changeantes, tantôt iridescentes, tantôt multicolores ; c'était donc une caractéristique qu'ils semblaient tous partager. Bien évidemment, ils semblaient partager tout un tas de caractéristiques, comme tous les peuples en partageaient. Pourtant, alors que le Syliméa amorçait un élément de réponse, son attention fut toute absorbée par le contenu de ses paroles.
Kalendra écouta.
Callum étant doté d'un certain charisme, son écoute en fut grandement facilitée. Si ses premières phrases étaient des remerciements prononcés dans la plus rare humilité, celles qui suivirent étaient d'autant plus sombres. Elle savait, de toute évidence, que les Syliméas étaient carnivores, et qu'il en découlait tout un tas de faits physiques difficiles à occulter – et à masquer aux yeux du monde. Elle savait que tout cela, pour d'autres, pour une majorité sordide d'influence et restreinte d'esprit, pouvait leur donner une allure de prédateur ; mais la Gélovigienne aimait croire en la bonté d'une nature profonde pour chaque personne, quel qu'elle soit. Pourtant, ce qu'il lui apprit lui chamboula la conscience et les sens, et elle se retint tant bien que mal d'écarquiller les yeux : en vain. Alors, ses pupilles s'étrécirent, rendant encore plus visibles le mauve bleuâtre de ses yeux, dans lesquelles elle-même se perdit. Sa vue devint floue, tout parut tourner autour d'elle, si tant était que sa tête ait jamais cessé de lui tourner. Et son cœur se mit à battre, tandis qu'elle prenait peu à peu conscience de ces paroles entendues... Des morts des morts, toujours des morts ; comme si la vie était la seule chose que nous puissions donner, et la mort le prix de ce don.

Une vie pour une autre, cela, la cimmérienne pouvait l'entendre. C'était une loi presque universelle qu'elle ingérait là, celle de l'échange des corps et des matières, et des esprits. Une métaphore presque courante était de dire que la seule manière de survivre était de dévorer les autres, et dans ce cas, cela ne pouvait mieux refléter la réalité des choses. Alors, les Syliméas  devaient prendre une vie pour avoir la leur, et cela pouvait être n'importe qui. De cette simple révélation, découlait une véritable remise en question pour Kalendra ; de fait, quelle était la nature véritable de ce peuple ? Étaient-ils de nature démoniaque ? Il y avait peu de chances, les Dieux faisaient rarement des erreurs, et le cas échéant, celles-ci ne survivaient pas très longtemps.  Étaient-ils donc de nature divine, créatures des Dix Divins au même titre qu'eux tous ? Il y avait fort à parier : mais alors de qui étaient-ils la création ? Elle l'ignorait. Tout ce qu'elle savait à cet instant, c'était que l'existence des Syliméas sur les Terres isthériennes n'étaient ni une méprise ni une confusion.
Callum avait détourné le regard.

- Une vie, au moins une vie... murmura-t-elle presque craintive. Ses épaules furent secouées d'un rire nerveux, et elle a souri légèrement, en proie à une rare fébrilité. Vous savez, -elle a lentement levé ses yeux sur le syliméa- je connais des religieux qui ont tué plus que ça, et pas pour les raisons pieuses auxquelles on peut songer ! L'essentiel à savoir est que vous ne tuez pas pour le plaisir, et que vous ne décimez pas les populations ni ne rasez les villages, comme d'autres auraient pu le faire avant vous. La prêtresse papillonna des cils, secoua la tête avec lenteur. Peut-être avez-vous déjà entendu ce que je vais vous dire, mais peu importe ! Votre existence n'est pas le fruit du hasard, et votre présence ici non plus. Il serait inutile que je révise mon jugement : je suis convaincue que je dois aider votre espèce. Je ne pourrais pas décemment continuer à vivre en ayant laisser passer pareille occasion. J'ai fait mon choix, et je vous aiderai. Peut-être que mon soutien ne sera pas si utile que je l'escompte, cela sera difficile sûrement mais... Je peux au moins faire cela.

L'aquamancienne baissa à son tour le regard, attentive alors à la moindre parole que prononcerait Callum, près de Guerst. Songeant à ce qu'elle avait dit elle-même, elle se perdit dans la contemplation de ses mains, toujours rougies et usées malgré le manque d'usage et de pratique. Elles n'avaient pas l'aspect de mains de vieilles femmes, mais plutôt de celles d'un homme qui maniait la corde et les voiles à longueur de jour. Ses ongles étaient coupés courts, peu soignés, mais de l'apparence glaciale et solide du verre. Il demeurait, à la naissance de ses poignets, les formes étrangères et transparentes de l'encre marine : vestiges éphémères d'un rituel accompli quelques jours auparavant. Cette pensée la détendit ; après ce qu'ils venaient de se dire, Kalendra avait acquis une certaine confiance en son interlocuteur, même si ses sens de sindarin reprenaient souvent le dessus. Elle pressait dans l'une de ses menottes un médaillon, non pas celui de Kelor aux formes pointues et étoilées, mais le sien, personnel, grossièrement taillé circulairement. De l'autre main, elle tâtait une portion de son vêtement, et en examinait les contours, comme pour connaître de nouveau ce qui l'habillait. C'était un tissu étrange et végétal, qui sentait l'iode et le varech, et dont les mailles étaient largement perceptibles sous le toucher de la Haute-Prêtresse. D'un vert d'eau presque hypnotique, toutefois délavé par un port trop fréquent, il était interrompu par un richissime liserai d'argent, rajouté sur l'original. Elle-même ne répugnait pas rehausser ses traits naturels par quelques atours, comme une boucle à ses oreilles pointues ; ce n'était néanmoins pas un jeu auquel elle s'adonnait pleine de zèle. Elle préférait laisser vierges une beauté sculpturale et une chevelure diaphane, et un regard perdu dans le lointain. Et le regard de Kalendra, en ce moment si important, s'était fixé dehors, à travers une vitre embuée, observant les rivages noirs et funestes du Lac Gelé.
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitimeMer 4 Nov - 20:48

« Dans ce cas, je suis honoré d’accepter », déclara Callum. Il n’attendait pas une telle compassion ni une telle compréhension de la part de la haute prêtresse. Pas après ses dernières révélations en tous cas. Il notait quand même qu’elle semblait plus ou moins attribuer leur rencontre à un quelconque dessein divin. Callum, n’en était pas persuadé, mais il se garderait bien de le lui faire remarquer. S’il lui plaisait de penser que Soulen voulait leur rencontre très bien pour elle.

Ces histoires de dieux ne l’intéressaient peu voir pas du tout, mais si il fallait devenir religieux pour avoir une alliée telle que Kalendra, Callum n’hésiterait pas une seconde. Elle y croyait, s’était suffisant pour qu’il respecte cette croyance. Et puis après tout pourquoi pas ? Il devait admettre qu’en l’écoutant s’exprimer ainsi, il avait envie d’y croire aussi.

Callum, s’appuyant sur son compagnon, se releva en saisissant sa canne au passage. Il remit ses lunettes et poursuivit :

« Sachez que cela signifie vraiment beaucoup pour moi... je saurais me souvenir que lorsque j’étais seul, vous m’avez tendu la main.

Je dois également vous remercier d’avoir soigné et de vous être occupé de Guerst. Nous sommes peu et nos vies n’en sont que plus précieuses. Lors de cette terrible nuit où je le perdis, j’étais persuadé que...
» Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Callum continua, certain que la représentante de Soulen comprenait très bien c qu’il avait voulu dire.

« Je suis votre débiteur. La liste des choses pour lesquelles je vous suis reconnaissant ne semble pas vouloir cesser de grandir. S’il y a quoique ce soit que je puisse faire », finit-il en souriant.

Son voyage, long, n’aurait pas été en vain. En plus de retrouver Guerst il avait trouvé une alliée de poids en la personne de la haute prêtresse. Finalement peut-être qu’une petite prière pour Soulen ne lui ferait pas de mal...
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MessageSujet: Re: Songe dans le domaine de Soulen   Songe dans le domaine de Soulen Icon_minitime

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