Sous la main de Soulen [PV Sigyn]

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Les Rumeurs

_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
_ Il parait que ça se bécotte "au bal de la Rose".
_ Il parait que des créanciers en sont après un des conseillers de Ridolbar.

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 Sous la main de Soulen [PV Sigyn]

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MessageSujet: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeSam 29 Juin - 14:35

Ils étaient en mer depuis bien longtemps. Leur dernier arrêt à Mavro Limani remontait à plus de quatre mois et les hommes commençaient à ne plus en pouvoir. La malchance semblait jouer contre eux. La foudre avait frappé le mât, la figure de proue avait brûlé lors d'un affrontement récent contre une galère, les vivres manquaient, plusieurs mousses et gabiers avaient trouvé la mort et finit dans l'estomac de requins voraces. Le bosco enrageait, le timonier tirait une tête de trois pieds de long, le Capitaine était plus décidé que jamais à atteindre le Temple de Soulen par Cimmeria, le Chirurgien était toujours aussi mort... Et Cèdre, son immense silhouette grise semblable à quelque construction de pierre abandonnée là, réfléchissait.

Elle avait toujours su que viendrait un jour où elle serait trop attachée à l'équipage et au bâtiment pour que sa poisse légendaire ne retombe pas sur eux. Elle avait tenu bien plus longtemps qu'elle ne l'avait espéré, mais tous les signes étaient là. La Déesse déciderait d'ailleurs certainement que son sacrifice, métaphorique, l'espérait-elle, serait la solution à tous leurs problèmes. Elle n'aurait alors plus qu'à parcourir le continent, retourner soit à Mavro Limani, soit aux Criques, pour espérer trouver un nouveau navire des Marins. Aucun ne partagerait avec elle cette portion d'histoire que l'ancien Capitaine connaissait si bien, elle ne devrait pas la vie à ses membres, et ils n'auraient probablement pas cette éthique qui faisait que les transports d'esclaves étaient coulés plutôt qu'escortés pour une part de leur butin mal acquis.

Cependant, elle préférait savoir sa "famille" vivante et en sécurité, même loin d'elle, plutôt que s'accrocher à eux et causer, une fois encore, leur mort. Jamais elle ne s'était rebellée contre les Dieux qui avaient voulu qu'elle ne puisse s'entourer de personnes chères sous peine de les voir succomber par sa faute. Elle acceptait, résolue, ce destin. Et elle voyait approcher le Lac Gelé avec une résolution grandissante. Elle avait fait ce qu'elle pouvait ici et, à moins d'un miracle, elle devrait traverser les étendues glacées sans aide.

Elle entendit vaguement l'équipage rire lorsque la marmite du coq se renversa sur elle, incident mineur au cœur de toutes les catastrophes qu'ils avaient rencontrées, et elle remonta sur le pont avec sa gamelle. Ils jetteraient l'ancre ce soir pour qu'ils puissent avoir l'air présentables avant d'arriver à Gaeaf. Non que les habitants n'aient pas l'habitude, mais le Capitaine aimait que les apparences soient respectées. D'autant qu'il les laisserait stationner là plusieurs semaines, le temps pour lui de se rendre auprès de la Déesse dans son Temple.

Le bain glacé lui remit les idées en place, même si elle dut lutter contre les glaçons qui se formait dans la masse hirsute de ses cheveux alors qu'elle tentait désespérément de les peigner. Ils lui tombaient désormais plus bas que la taille lorsqu'ils n'étaient pas attachés, et ils n'avaient rien du rideau soyeux qu'arboraient les belles que convoitaient les marins. Elle n'en était pas jalouse, elle avait eu son compte de prostitution dans son enfance, mais cela les rendait plus difficiles à entretenir. Dans le vent du nord, il lui fallut ce qui sembla des heures pour tresser à nouveau les mèches plus noires que les ombres en petites nattes entrelacées de perles de verres colorées. elle les rassembla ensuite en une queue haute avant d'enfiler les houppelandes qu'ils avaient embarquées à leur dernier séjour à terre. La sienne était grise, ton sur ton en quelque sorte, et un peu trop courte, révélant ses poignets épais encerclés dans de lares bracelets sur lesquels ses pierres de sphène étaient enchâssées.

Le reste du trajet se déroula sans heurt et bientôt, ils virent apparaître le village fantôme qui ne s'animait que durant les débarquements. Quelques débardeurs les aidèrent à décharger les marchandises destinées à Hellas, puis ils foulèrent ensuite le sol battu et glacé de leurs démarches chaloupées. L'équipage était heureux, il allait pouvoir se gaver de rhum et de bière, payer quelques filles et se ré-habituer à marcher sur la terre ferme. Cèdre, quant à elle, y voyait une occasion mais, dans sa sagesse, elle n'envisagea pas de dépenser tout son argent. Elle en aurait bien besoin ensuite, même si elle n'avait jamais rechigné à faire des travaux de force pour payer ses repas.

Equipée de pied en cape, comme toujours, elle fit claquer ses bottes renforcées sur le pont, la passerelle, et enfin la rue principale du village. Elle avait été invitée à accompagner quelques marins à la taverne. Elle savait bien ce que cela signifiait. Ils allaient boire, jouer, se battre, et ils auraient besoin qu'elle roule des mécaniques et éventuellement les porte jusqu'au navire quand la situation dégénèrerait. Elle en avait l'habitude, mais elle se sentait parfois sous-estimée. Elle ne parlait pas beaucoup et nombreux étaient ceux qui la croyaient stupide, malgré ses compétences. Avec un soupir, elle ajusta sa ceinture d'outils sur les chausses dont elle s'était exceptionnellement revêtue, repoussant son labrys sur son épaule. Un bruit retentissant de cloche lui indiqua qu'elle avait étendu un de ses compagnons de la soirée sur le carreau. Les autres rirent en le laissant là, et c'est en scandant "Lapin" qu'ils pénétrèrent dans la taverne.

Elle dut baisser la tête pour passer la porte, puis s'installa ensuite au comptoir en retirant sa pelisse. Il y faisait plus chaud, le feu crépitait dans la cheminée en dégageant une fumée qui s'élevait en volutes dans la pièce unique. Elle trouvait désormais sa chemise déboutonnée trop lourde, coincée sous les épaulières et les gantelets renforcés. Elle aperçut le regard du tavernier qui, après avoir salué et servi les pirates, était revenu vers elle. Il n'avait vu que la marque d'esclave, les plumes de mer sur son torse et son front, avant d'apercevoir les prunelles d'un bleu presque noir surmontés de sourcils relevés dédaigneusement. Elle avait posé son arme au sol, le manche appuyé sur ses abdominaux ciselés.

Elle passa commande d'une voix trop rauque pour être féminine et presque trop basse pour être entendue, et sirota lentement sa liqueur en regardant les joueurs. S'ils avaient amenés leurs propres dés, ça tournerait vite à la bagarre, sinon, ils devraient attendre d'être ronds comme des queues de pelle. Elle n'aimait pas quand ils lui vomissaient dessus pendant le retour, et c'est donc avec une grimace qui dévoila brièvement ses dents limées qu'elle observa le jeu. Dés, cartes ou autres, pour l'instant, cela semblait bien innocent...


Dernière édition par Cèdre Berrenal le Mer 21 Aoû - 21:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeMer 21 Aoû - 16:12

Sigyn éternua.
Ah quelle plaie, ce vent froid qui s'insinuait perversement dans chaque recoin de peau non protégé par des centimètres de tissu épais...! Et fauchée comme elle l'était, il lui était impossible de se procurer des vêtements plus chauds que son actuelle cape de laine -rapiécée maintes fois durant son voyage- et ses hautes bottes de cuir -à la semelle défoncée par des kilomètres de marche. C'était dans ces moments de détresse absolue qu'elle en venait à regretter son cher Ecumoire. Certes, le navire n'était guère plus reluisant qu'un bordel de Tyrhénium après le passage d'une flopée de marins en rut, m'enfin, même une pile de bouteilles de rhum vidées avait son charme. On pouvait y respirer... la vie !
Tandis que là...
Sigyn jeta un regard dédaigneux sur la vaste étendue gelée et déserte qui lui faisait face depuis que Nivéria faisait ses œuvres égoïstes, nullement préoccupé par le confort des êtres vivants. Rien à l'horizon, si ce ne sont quelques silhouettes montagneuses la narguant, inaccessibles. Voilà que la danseuse ne risquait pas assez de mourir d'une pneumonie qu'une rafale glaciale vint la percuter. Tout son corps en ressentit le choc. Le visage, le cou, les mains. Jusqu'aux pieds. Jusqu'au petit orteil.

«DAMNATION ! » hurla-t-elle à l'encontre du vent sifflant.

Depuis quand n'avait-elle pu se payer la chaleur d'un bon repas ? Et le confort d'une bonne couche, avec éventuellement de la compagnie ? Ah quelle tristesse que la pauvreté. Car la petite ménestrelle voyageait à pied depuis Tyrhénium, n'ayant pu trouver de charriot à un prix convenable... D'un certaine façon, peu de personnes étaient de voyage en cette saison de toutes manières.

« Donc ma petiote, toute ardente que tu sois, affronte cette épreuve comme une femme ! »

Elle ponctua son monologue d'une marche plus rapide, ayant soudainement et inexplicablement retrouvé dans cette tirade ridicule la motivation pour accélérer le pas - et donc arriver plus rapidement à destination : Gaeaf.

***
Sigyn posa son royal fessier avec joie sur la modeste couche -modeste et unique malheureusement- de la chambre qu'elle venait de louer pour la nuit, à Gaeaf. Ou deux ? Bah, elle adaptera la durée de son séjour à ce que le bon vouloir de son auditoire voudra bien lui donner, comme toujours. Après tout, elle méritait bien un peu de repos après près d'une semaine de voyage..! La danseuse espérait juste que l'établissement où elle devait se produire soit assez chauffé pour qu'elle puisse revêtir sa tenue de scène... Qui aurait envie de regarder une femme se trémoussant dans une cape en laine de mouton ? Quoiqu'au vu de la population garnissant les tavernes de nuit, cela ne la surprendrait pas d'y trouver un zoophile. Bygia devra faire attention...
Enfin voilà qu'elle s'égarait encore dans ses pensées...
L'animal s'était d'ailleurs éloignée de sa maitresse pour se rouler telle une chatte paresseuse dans un coin de la pièce, sans doute la plus confortable et à l'abri des courants d'air.
Quant à SIgyn, elle devait céans se présenter à la taverne jouxtant l'établissement où elle logeait, afin de donner une petite présentation dansée et musicale, histoire de "réchauffer les esprits et d'animer un peu la soirée" pour reprendre les mots qui avaient convaincu le propriétaire, soit implicitement pousser la clientèle à boire un peu plus, tout en évitant -théoriquement- toute rixe entre gens de peu de foi.
Donc plus de piécettes pour lui et elle ...!

La maison de beuverie était déjà bruyante et encombrée de personnes plus ou moins lucides malgré l'heure encore peu avancée. Tant mieux. Elle n'aurait donc pas à jouer des coudes et à faire l'anguille tout en protégeant sa précieuse mandoline de la casse pour arriver à la scène... Enfin voilà une dénomination quelque peu pompeuse pour ne simplement désigner qu'une petite aire de parquet créée en poussant chaises et tables sur les côtés.

« Olà tavernier, salua-t-elle le patron derrière le comptoir, arborant une mine peu enthousiaste.
- Tiens. J'pensais que vous plaisantiez l'aut'jour en proposant vos services... »

Il désigna ce qui constituerait son auditoire : un ramassis d'hommes en rut et dans une certaine mesure, naviguant encore dans un nuage de torpeur alcoolisée.

«J'ai déjà joué sur un bateau, pendant un long voyage alors bon...
- J'vois, j'vois, fit-il en hochant la tête d'un air entendu. Enfin commencez pas tout'd'suite, attendez que les équipages des bateaux fraîchement arrimés viennent par'ici !
- Servez-moi un peu de rhum pour me détendre alors, patron. »

Sigyn n'eut guère longtemps à patienter ; environ une demie heure plus tard, des rires et un cri à l'unisson annonça la joyeuse arrivée de plusieurs marins. L'oeil expérimenté de la jeune femme sut deviner qu'il s'agissait plus particulièrement de pirates... L'un d'entre eux retint particulièrement son attention. Sans doute le fameux "Lapin" que réclamaient les nouveaux venus. Elle ne savait pourquoi mais ce dernier avait quelque chose de particulier... quelque chose de gênant... La femme ne put d'ailleurs l'observer plus que cela, tant la lumière tamisée du feu était vacillante.  
Finalement, ledit Lapin choisit d'aller s'installer au comptoir et non aux côtés de ses bruyants compagnons, et sembla s'intéresser au jeu de quelque parieur aux dés. Ou aux cartes. Ces jeux n'avaient jamais plu à la danseuse, les trouvant plus puérils que divertissants ; autant dépenser son salaire en alcool qu'en mises sur le hasard. Bref Sigyn put ainsi mieux détailler celui qui avait frappé son observation. Chaudement vêtu, il paraissait peu à l'aise dans ses affres, ceci contrastant avec l'assurance de sa posture, au diapason de sa voix rauque qu'elle put entendre lorsqu'il passa commande.
Sa voix ? Elle était certes rauque mais...
Sigyn manqua de s'étouffer dans son verre de rhum.
Le Lapin. Le retrait par rapport aux autres marins. L'attitude plus sérieuse.
Normal, c'était une femme.

Elle n'eut le temps de se remettre de sa surprise que le tavernier l'interpella de l'autre bout du comptoir :

« Eh, tu peux y'aller, les bières sont servies ! »

Sigyn tira donc sa chaise jusqu'à la "scène" et s'assit confortablement, sa mandoline calée sur ses jambes. Elle décida comme à son habitude de débuter sa prestation par la musique, ne requérant que l'ouïe : c'était donc une mise en bouche, tel l'entrée que certains dégustaient en ce moment. Aussi les discrètes notes de son instrument virent se rajouter au brouhaha de la taverne qui se réjouissait d'emplir sa panse, avec plus de bière que de nourriture consistante toutefois.
Elle focalisait son attention sur les vibrations de la mandoline, repérant puis isolant son chant. Ses doigts fins frôlaient doucement les cordes qui résonnaient avec un tremblement satisfaisant avant de s'immobiliser et de se taire tandis que d'autres prenaient le relais. Sigyn jouait une balade populaire chez les marins ; elle évoquait une histoire d'amour impossible entre un homme de la mer et une femme de la terre, le premier ne manquait inéluctablement de retourner vers sa première fiancée, la mer.
En somme du tragique mièvre, rien de mieux pour s'immiscer l'air de rien dans l'ambiance régnante des lieux. Il lui serait par la suite ainsi plus aisé d'orienter progressivement l'attention de la salle sur ce son que tous ignoraient pour le moment, avant d'enchaîner sur une danse plus dynamique... Elle adorait contrôler tout cela à la manière d'un chef d'orchestre, ou d'un capitaine jouant des vagues pour mouvoir son navire à destination.
Enfin c'était là le scénario habituel prévu... Sauf que tout ne reste calme que très rarement dans les tavernes. Et quand les premiers cris s'élevèrent, annonçant une rixe, Sigyn regretta en soupirant de ne pas s'être produite à l'auberge.

« Tricheurs ! » vociféraient plusieurs hommes autour des tables de jeux avant que leurs propos ne se noient dans la masse indistincte des répliques.

Elle alla calmement mettre sa mandoline dans un coin sûr, sous le comptoir et ôta sa cape. Celle-ci la gênerait si elle devait en venir aux mains. Puis se souvenant du "Lapin", elle se demandait comment cet étrange personnage allait réagir...

Ah une soirée de salaire de gâchée.
A moins que cette tension ne soit désamorcée avant qu'il n'y ait trop de casse... Elle en profiterait alors pour faire quelques pas.


Dernière édition par Sigyn le Jeu 22 Aoû - 14:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeMer 21 Aoû - 21:55

Une silhouette fluette qui s'avançait avec précaution jusqu'à un coin dégagé de la salle. Il n'avait suffi que de cela pour attirer l'attention de Cèdre. Silhouette féminine, apparemment, et armée d'une mandoline. La musique... La Zélos ferma les yeux alors que les souvenirs la submergeaient. Pas de magnifiques réminiscences de grandioses épopées, ni même les notes délicates qui s'élèvent d'une douce harpe dans un salon bourgeois. Non, le battement brutal et violent sur un tambour. La cadence des rameurs. Le rythme de la vie d'un galérien, d'un esclave. Et les chants. *ho... hisse* pensa-t-elle. Des années. Elle avait été bercée par ce son pendant si longtemps. La musique n'avait jamais représenté un bon souvenir. Celui des riches marchands de Phelgra. Celui de la maison close où elle avait exercé, enfant. Celui d'une marche funèbre. Chaque corps remis à la mer était accompagné du chant des marins. Elle détestait les chants de marin. Et pourtant, elle joignait sa voix à celle des autres quand il le fallait.

Rejetant ses souvenirs au fin fond de sa mémoire, elle tenta de se concentrer pour percevoir, par-delà le brouhaha ambiant, les notes fluettes de l'instrument à cordes, délivré par les doigts fins et délicats d'une jeune ménestrelle. Un sourire fugace et peu amène étira ses lèvres. Elle n'aurait pas été faite pour jouer d'un instrument, mais elle aurait aimé caresser ce bois délicat, ressentir son âme, le goûter, métaphoriquement, bien entendu. Elle reconnaissait cette mélodie, cette mélopée qui contait le désarroi d'une femme abandonnée au profit de la mer. Les marins n'avaient qu'un seul amour, Soulen et son Royaume. Et, par Bor, ils s'y tenaient tous. Une femme dans chaque port n'était pas qu'une légende. La Déesse emportait les hommes quand elle l'entendait. Et laisser des orphelins n'était pas forcément ce que recherchaient...

"Tricheur!" Un soupir échappa à Cèdre en entendant l'interjection qui avait sonné clair et fort dans la taverne pourtant bondée. Au moins, elle avait eu le mérite d'interrompre la musique et ses pensées moroses, voire morbides. Elle releva ses paupières grisâtres pour dévoiler les prunelles d'un bleu de nuit, aussi glaciales que les abysses à cet instant. Elle n'eut pas longtemps à chercher la source du bruit. Les locaux aimaient jouer avec les Marins, mais ne supportaient pas de perdre. Et inversement. Elle songea quelques instants à laisser la situation dégénérer, et à n'intervenir qu'en dernier recours. Elle n'arrangeait pas toujours les choses. Soit ils pensaient qu'elle était un homme et ils souhaitaient se confronter à la masse de muscles stupide qu'un Zélos était censé être. Soit ils se rendaient compte qu'elle était une femme, et ils ne la prenaient pas au sérieux, et voulaient d'autant plus se mesurer à elle. Parfois, ils l'insultaient seulement copieusement, pendant que les autres pirates prenaient la poudre d'escampette. La meilleure des solutions dans bien des cas.

Cependant, ils étaient censés rester en bonne intelligence avec les débardeurs, puisqu'ils auraient encore besoin d'eux, et qu'ils comptaient loger quelques jours en ville. Avec un nouveau soupir, elle leva le coude pour vider son verre de liqueur, puis se pencha pour attraper sa hache à double-tranchant juste sous les lames, laissant le manche reposer contre son bras. Son pas lourd, accentué par le plancher sale et le fer contenu dans ses talons, résonna bien vite derrière la chaise du joueur le plus véhément. Le labrys pour l'instant dissimulé, elle s'enquit du regard de la situation, qu'un marin lui expliqua à grands renforts de gestes. Ce qu'un autre joueur contesta. Et encore. Jusqu'à en venir aux mains, ou presque. Dans un bruit sourd et à la chute d'un long mouvement de balancier, la lame se planta dans la table, à un cheveu à peine des doigts agiles et tricheurs.

Choqués, les locaux se levèrent dans un fracas de bois qui la fit grimacer, rendant son expression hautaine habituelle plus effrayante encore. Le poignet souplement posé sur le lourd manche, elle les regarda, les dépassant tous par la taille. Le silence s'était fait dans la taverne. Elle réprima une moue gênée. Elle avait encore dû devenir le centre de l'attention, et elle devrait aussi probablement payer les pots cassés par la suite. D'autant que, avec sa chance légendaire, elle avait probablement brisé la table, et quelques lattes avec. Elle haussa un sourcil, et sa voix basse retentit dans l'air immobile:


"Toutes les mises sont nulles et non avenues. Récupérez vos biens. Et ne tentez plus la chance, car Soulen sourit aux Marins audacieux."

Audacieux était le terme. Elle connaissait bien son collègue aux doigts agiles. Il avait probablement pipé les dés, planqué des cartes, et volé leurs dents aux autres joueurs sans que ceux-ci s'en aperçoivent. Mais avec un peu de chance, le conflit ne s'envenimerait pas. D'un mouvement brusque, elle retira la hache de la table, qui s'écroula dans un bruit de bois brisé et dans une pluie d'échardes, dans le chatoiement des pièces de cuivre qui formèrent un tas désordonné sur le sol sale et froid. Précautionneusement, elle fit demi-tour et retourna s'asseoir sur son tabouret au bar, tapotant le comptoir lustré du fond de son gobelet d'étain pour commander une nouvelle liqueur. Doucement, comme un lapin sortant de son terrier après que le prédateur ait quitté les lieux, le son commença à reprendre ses droits, et bien vite, la bière recommença à couler à flots.
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeJeu 22 Aoû - 15:17

Elle n'avait pas bougé d'un poil pendant toute l'altercation. D'une part, car tout dans son apparence trahissait la faiblesse, ce qui n'était certes pas faux -elle eut beau se prétendre marin, elle n'avait servi que de messager, d'intermédiaire et autres fonctions ne nécessitant pas de force sur l'Ecumoire- et d'autre part, car sa curiosité animée par le mystérieux lapin l'intimait à rester spectatrice de la scène... Et elle ne le regretta pas.

Sigyn observa avec attention le moindre geste, la moindre expression faciale de la femme autant que de l'assemblée et des joueurs. Avant même d'aborder les fauteurs de troubles, le Lapin alla s'enquérir de la situation. Un sourire fut esquissé sur les lèvres de la ménestrelle : en agissant ainsi, on ne pourrait contester la légitimité de son intervention en pointant du doigt sa méconnaissance des faits. Cette simple action portait à croire qu'elle choisirait de régler le problème avec diplomatie plutôt que par la violence... Voilà qui était bon pour mes affaires ! songea Sigyn.
Et lorsque les deux contestataires virent lui expliquer leurs raisons, le ton montant, la femme ramena le silence dans la salle d'un coup de hache bien placé qui épargna de justesse les mimines des joueurs. Ce bruit soudain en fit sursauter plus d'un, dont la ménestrelle. Ce fut sans doute à ce moment qu'elle vit dans toute sa splendeur l'impression de force que dégageait la Zélos. Car elle avait quelques difficultés à distinguer d'un coup d'oeil les différents peuples, Sigyn ne fut pas plus surprise de déceler la vraie nature du "lapin". D'ailleurs, les marins ayant choisi ce surnom devaient être un brin téméraires...
Par la suite, quelques paroles suffirent à la femme pour se faire entendre et respecter des locaux -sans doute l'était-elle plus ou moins de ses compagnons- et ramener l'ordre dans la taverne.

« Eh bah ! » siffla Sigyn avec admiration.

La force combinée à un peu de diplomatie était un bien stupéfiant cocktail de charisme.

Comme Sigyn sentait dans la salle un reste de tension, et plus explicitement un brin de frayeur à l'égard de la Zélos, il était temps qu'elle emplisse ses fonctions et gagne son salaire. Elle regagna promtement sa place sur la scène et reprit sa mandoline pour en jouer un bon air connu des tavernes, appelant à boire, ripailler, se bourrer à satiété avant de s'endormir quelque part, car peu importe les conséquences, le lendemain saurait leur pardonner à de nouveau les envoyer naviguer...
Juste choix car à peine les premières notes jouées, la voix grave d'un marin vint chantonner, sitôt suivie de nombre clients. Emportée par leur bonne humeur, elle se leva, continuant de caresser sa mandoline pour passer entre les hommes dont les choppes débordaient de bière, mêlant sa voix féminine à la leur.
C'était là un moment qu'elle appréciait dans son art : pouvoir réunir les uns et les autres pour ne simplement que festoyer ensemble en mettant de côté, le temps d'une soirée, leurs problèmes, leur statut.

Rapidement on en vint à oublier l'accident précédent et les chants s'enchainèrent, de même que les choppes de bière et les bonnes victuailles.

Voyant que la bonne humeur se poursuivait sans que sa mandoline initie le mouvement, elle s'autorisa une pause, enfilant son instrument  sur son dos. Sigyn revint donc au comptoir où elle avait délaissé son verre de rhum encore à moitié plein. Nul risque que l'on le lui pique : une règle explicite de respect et de prudence entre les buveurs était de ne faire confiance qu'à sa propre échoppe.
Et de nouveau son regard glissa vers la silhouette imposante du "lapin" qui venait de se faire aborder par un tavernier quelque peu mécontent. Ah, la table cassée sans doute.

« Olà tavernier, laisse donc ta sauveuse boire en tranquillité ! l'astropha-t-elle avec un large sourire.
- Ne t'mêle pas à ça, elle doit payer c'qu'elle a cassé.
- Au contraire, tu devrait l'en remercier...  (elle s'accouda sur le comptoir avec un air de conspiratrice) Pour une de cassée, elle a sauvé le reste des meubles ! Voire l'établissement. J'en ai vu des tavernes flamber ! finit-elle en hochant de la tête en désignant d'une main le feu encore dansant dans l'âtre.
- Tu parles bien, lâcha le patron avec un soupir fatigué, convaincu. Je laisse donc passer pour cette fois... Mais toi, t'as intérêt à l'faire boire jusqu' vider mes stocks ! »

Il alla servir d'autres clients, tandis que Sigyn s'assit à la droite de la Zélos, son verre dans en main.

« Belle intervention, tout à l'heure ! Vous avez sauvé mon salaire de la soirée, lui dit-elle amicalement en guise de salutation. Je suis Sigyn, ménestrelle de l'Ecumoire.»
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeLun 26 Aoû - 8:37

Il y avait un dicton qui disait qu'on ne choisissait pas sa famille et qu'on devait donc faire avec, envers et contre tout. Un dicton Zélos, probablement, car elle avait vu des gens capables de vendre leur propre mère, à Phelgra. Mavro Limani avait été un bel exemple de ce manque de considération des Terrans pour ceux envers qui leur loyauté aurait dû aller. Mais là n'était pas la question à cet instant précis. Elle était qu'elle-même avait choisi sa famille. Elle avait choisi de confier sa vie au Capitaine de la Blanche-Nef. De le servir, de le respecter, lui et son équipage. Et pourtant, parfois, la situation lui pesait. Après tout, le Capitaine était mort. Et la routine dans laquelle ils s'étaient installés lui faisait penser que, parfois, elle ne valait pas plus qu'un meuble pour eux. Notamment quand elle se retrouvait, comme à cet instant même, sous le feu roulant des récriminations d'un tavernier mécontent de son intervention.

Sa propre voix était presque inaudible sous les chants des marins et autres buveurs, mais elle parvenait clairement à entendre les accusations portées par le tenancier de l'établissement. Elle n'avait même pas fait exprès de briser cette table. Le bois était mauvais, et elle avait frappé sur un point de pression. Comme d'habitude. Au moins, cette fois, elle n'avait pas raccroché un lustre, fait tomber les chandelles dans une mare d'alcool, et mis le feu au local. C'était une amélioration. Dans le giron de Soulen, tout pouvait arriver pour le marin sincère et au cœur pur. Un soupir amusé, semblable à un grognement lui échappa et effraya le patron. Son esprit n'était pas pur et ne l'avait jamais été. Peut-être que si, à une époque. Difficile de s'en souvenir. Mais il ne l'était plus de puis si longtemps.

Elle pencha la tête sur le côté en se rendant compte que quelque chose clochait dans l'ambiance de l'auberge. Un manque. Aaah... La musique s'était arrêtée, enfin. Elle sentit ses épaules se détendre. Elle acquiesça en direction du tavernier. Elle avait bien l'intention de réparer la table, quand tout le monde serait parti, et elle allait le lui dire, quand une vois mélodieuse l'interrompit alors qu'elle ouvrait la bouche. Elle tourna légèrement sur son banc pour pouvoir observer la jeune femme, tout en tapotant de l'ongle le petit marteau à sa ceinture. Elle avait l'air si frêle et si fragile, même pour une Terrane. Leur vie était si courte. Elle essaya de se mettre à la place d'un marin pour juger si elle était jolie ou non, avec ses longs cheveux bruns et ses grands yeux. Probablement.

Elle n'écoutait pas vraiment ce qu'ils se disaient, mais le tenancier sembla rendre les armes face à la langue fleurie de la ménestrelle. L'ayant identifiée, le regard de Cèdre se fixa sur la mandoline. Du beau bois, mais probablement fragile. Très, trop. Le genre de chose qu'on n'emmène pas sur une Reine-des-quais. Trop d'eau, trop salée, trop froid. Pas vraiment des conditions idéales. Accoudée au comptoir, elle se disait que c'était, somme toute, une bonne chose, quand la jeune femme se tourna vers elle et lui jeta un compliment avant de se présenter. La Zélos se contenta de l'observer, sans sourire, son visage gardant son habituelle expression de dédain entre ses cicatrices. Sur un navire? Permanent? C'était étrange. Qui garderait une personne qui ne avait faire que ça? Parce qu'à la regarder, cela lui semblait plutôt évident qu'elle ne ferlait pas les voiles et qu'elle n'enroulait pas les cordages. Quant à toucher au bois, il ne fallait probablement même pas y penser. Si elle avait son mot à dire sur son propre bâtiment, elle ne s'y installerait pas. Et un dernier regard lui fit hausser encore plus le sourcil, lui donnant cette fois un air un peu méchant. Cependant, de sa voix basse qui ne portait pas, elle répondit, parce que la politesse, entre marins... Non, juste parce qu'elle n'aimait pas dédaigner les gens qui faisaient l'effort conscient de venir lui parler:


"J'rien fait d'particulier. Si y'a du grabuge, c'est la nef qu'paie. L'bon soir à toi, Sigyn, j'm'appelle Cèdre, j'sers sur la Blanche-Nef. T'bottes sont bien abîmées pour des bottes d'marin..."

Pas agressif, mais un brin intrusif. Peut-être. Mais elle l'avait abordée alors qu'elle se morfondait dans les tourments de sa vie et qu'il lui fallait penser à autre chose. A ses risques et périls, comme toujours, quand on parlait du Lapin...
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeSam 31 Aoû - 17:58

La zélos, avant de lui répondre, ne cacha point ses mimiques observatrices. Un sourcil dépréciateur, une discrète moue pensive. Sans doute la jaugeait-elle à la manière et aux raisons de tant d'autres de ces marins qu'elle croisa durant ces années au bord de l'Ecumoire... Bon, à dire vrai, Sigyn n'avait guère grande manière à répartie. Sa minceur et l'absence de musculature surdéveloppée avait de quoi inspirer plus d'amusement que de frayeur en la sachant "pirate". Aussi ne s'offusqua-t-elle vraiment de l'examen scrupuleux, ne négligeant rien ni même sa mandoline pourtant en grande partie dissimulée derrière son dos. La femme était une personne sérieuse et prudente semblait-il...
Elle se retint néanmoins partir lorsque la femme haussa un sourcil, l'air presque hautain... Cela l'agaçait. Mais c'était elle, Sigyn, qui était venue la première au contact faisant fit de cette aura si propre aux Zélos. Enfin quiconque embrassait la fonction d'artiste se devait d'être aussi égal face à un Zélos qu'un Terran. On ne choisissait ses clients.

Quoiqu'il en soit, Sigyn attendit patiemment que son interlocutrice prenne la parole à son tour, ou bien décide de l'ignorer ; la venue de la ménestrelle n'était pas sans raison toutefois, converser au sujet de faits divers n'étant vraiment dans ses habitudes... Surtout avec une personne aussi potentiellement dangereuse que ce "Lapin". Le simple coup de hache d'auparavant lui était suffisant pour la craindre, tout autant que la pauvre table brisée dont les débris jonchaient encore le sol parmi les brisures de verre.
Cependant elle put imperceptiblement souffler de soulagement lorsque Cèdre, ainsi la Zélos se nommait-elle, lui répondit. Et en relançant la discussion qui plus est ! Sigyn ne pouvait se montrer plus satisfaite.

« T'bottes sont bien abîmées pour des bottes d'marin... releva Cèdre non sans étonner la Terrane.
- Bien vu, concéda-t-elle en riant à dents dévoilées comme bien des marins aimaient le faire. Ça fait un long moment que je foule le plancher des vaches... »

Sigyn hésita un moment. Pourquoi irait-elle lui conter sa vie..? Aussi choisit-elle de répondre simplement, d'une manière satisfaisant la question sans  romancer, tout en annonçant ses motivations à l'aborder. Après tout, la Zélos semblait plus verser dans la suspicion que la curiosité.

« J'ai un héritage à respecter... »

Avant de revenir à l'océan... Un jour” pensa-t-elle, un brin mélancolique. L'Écumoire lui manquait déjà tant ! Elle avait grandi à son bord, aussi espérait-elle y mourir de vieillesse ou sous le coup de Soulen. Son pauvre père en rirait à s'en étrangler : Soulen avait été sujet à bien des discordes entre les deux frères et voilà que sa fille s'amourachait de cet amant inaccessible. Enfin il n'était temps à y songer.

« ...mais j'aimerai prier Soulen avant. La Blanche-Nef prend-elle des passagers ? »

Sans les réduire en sous-homme et ainsi les destiner à quelque esclavagiste comme l'aurait fait bon nombre de pirates, pria silencieusement Sigyn. Au moins l'évidence de son manque de muscles lui éviterait les travaux nécessitant de la force, mais rien ne lui garantissait qu'un propriétaire de maison de plaisir ne chercherait à élargir son catalogue de produits.
De plus,Sigyn réfléchissait à un éventuel paiement. Ce dernier, s'il était exigé par le capitaine du bateau, risquait de poser un... léger problème état faisant de la bourse plate de la ménestrelle. Espérons alors que le navire n'appareillerait pas prochainement, lui laissant assez de temps pour donner quelques représentations lucratives.
Il ne lui resterait autrement que de s'endetter ou bien d'aider comme elle le pourrait au bord du navire... Comment ?
Bonne question tiens.
Autrement, elle avait intentionnellement posé la question au pluriel. Bigya constituait aussi un passager malgré sa nature... Il fallait dire que certains équipages étaient si superstitieux que tout individu de la gente féminine ou animale étaient déclarés indésirables -même sous forme de marchandise.

Il ne lui restait plus qu'à espérer en sa bonne fortune.
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeMer 11 Sep - 9:14

HRP:

A première vue, elle ne représentait pas une menace, cette jeune femme. Ni pour la Blanche-Nef, ni pour elle. D'autant que l’Écumoire... C'était un bateau pirate. Un de l'alliance. Distraitement, Cèdre regarda le fond de son verre. La réflexion avait tendance à lui prendre beaucoup de temps, car elle étudiait chaque détail. Et de toute évidence, cette petite cachait quelque chose. Et ça, ça pouvait être dangereux. D'autant plus qu'ils sortaient d'une mauvaise année. Et puisqu'elle envisageait toujours de quitter le navire, elle n'avait aucune autorité pour affirmer quoique ce fut. Cela étant dit, la courtoisie avait toujours été un des mots d'ordre du Capitaine. Même à l'extérieur. Même à terre. Un de ses bons points, au Capitaine. Les mauvais étant la façon dont il affirmait son autorité. Mais elle savait déjà que, quand il le pourrait, il essaierait de remplacer les anciens. Le Bosco commençait à montrer des signes de faiblesse. Il réfléchissait à promouvoir un de ses apprentis. Cèdre le savait parce qu'il lui en avait parlé. Rageusement, un jour où il était rond comme un tonneau. Parce qu'elle ne vieillissait pas, en apparence. Parce qu'elle était là depuis plus longtemps que n'importe qui d'autre. Parce qu'elle n'avait pas d'apprenti, comme pour le narguer, disait-il. Ils ne voulaient simplement pas travailler avec elle.

Mais elle se posait des questions. Quel genre de marin accepte de rester sur le "plancher des vaches" comme elle disait, suffisamment longtemps pour en user ses bottes jusqu'à la trame. Était-elle vraiment un marin? Ou juste une opportuniste qui avait un jour croisé le navire et savait qu'elle serait mieux accueillie sur le bâtiment en se réclamant de Noxis? Difficile à dire. Et en même temps, la Zélos avait l'impression de chercher des poux. Elle voulait en être certaine tout de même, aussi se contenta-t-elle de demander, sur un ton rien moins qu'aimable:


"L'Ecumoire bat quel pavillon, d'jà? J'les ai pas croisé d'puis bien longtemps... Pas d'nouvelles, pas d'requêtes."

Un léger soupir lui échappa. Aucune expression ne modifia son air dédaigneux involontaire. Elle n'avait pas envie de lui donner de faux espoirs. Ou l'inverse. Autant être claire et franche. Comme d'ordinaire. Elle était à peu près certaine de pouvoir faire face à ce qui lui arriverait, d'un autre côté. Elle ne craignait pas grand-chose, et se moquait de ce qui lui arriverait, tant que la Blanche-Nef était sauve:

"Ecoute... La Blanche-Nef prend des passagers. Tout l'temps. Enfin, d'temps en temps. On prend des terriens, l'plus souvent. Mais les Marins, on les emmène sans problème. J'dirais pas sans contrepartie, attention. Mais t'sais comment ça marche sur un bâtiment. T'aides un peu, et t'as même l'droit d'manger. L'truc qui m'gêne... C'est qu'déjà, c'est pas moi l'Cap'taine. En plus... Ton histoire, ça sent l'embrouille, s'tu veux tout savoir. Et ça, sur mon bâtiment, j'aime pas."

Le couperet était tombé, malgré la contradiction. Ce n'était pas son navire, et en même temps, si. Bien que plus que celui de quiconque. Un bon point, et un mauvais pour la petite. Soit elle lui racontait son histoire plus en détail, soit ce serait non, elles n'iraient même pas jusqu'au quai ensemble. Et puis, ce n'était pas la peine de lui dire tout de suite que de toute façon, ils se rendaient au Temple de Soulen. Les bases de la négociation, paraissait-il... Juste du bon sens, pour la Zélos, cela dit. Il ne restait plus qu'à voir ce que la Ménestrelle déciderait de faire...
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MessageSujet: Re: Sous la main de Soulen [PV Sigyn]   Sous la main de Soulen [PV Sigyn] Icon_minitimeMer 11 Sep - 17:00

HRP:

Sigyn n'était ce genre de personnes qui laissaient sciemment voir ses émotions autres que de l'allégresse et avait encore moins de penchants pour la colère. Malgré cela un fumet d'agacement prenait à ce moment tranquillement place dans son esprit... Que l'on doute d'elle certes. Passe encore, le personnage qu'elle était avait des côtés bien étranges pour un marin. Mais de l'Ecumoire... Aussi clôt-elle brièvement les paupières avant de dévoiler un regard assombri et où était perceptible son humeur sombre.

« L'Ecumoire battait encore le même pavillon lorsque je l'ai quitté et il ne doit en être autrement à ce jour. Fidèle de noir et de l'alliance autant que de Soulen. Rien nous oblige à donner des nouvelles à autrui que ces trois-là, et un long voyage en mer rendrait de toute manière la chose malaisée. »

Sa colère se dissipa aussi promptement qu'elle s'était accrue ; les choses avaient été dites, et que cette Zélos s'en suffise ou non, Sigyn aurait sitôt fait de trouver un autre moyen de rallier le temple de Soulen, plutôt que de côtoyer un marin qui ose douter de ses frères. Mais, après réflexion, cette remarque n'était peut-être pas une critique plus sérieuse qu'un simple doute mis en mots. Cette pensée fut juste puisque Cèdre qui ne semblait avoir ombrage de son estoc soupira avant de poursuivre sans animosité.

« Ecoute... La Blanche-Nef prend des passagers. L'truc qui m'gêne... C'est qu'déjà, c'est pas moi l'Cap'taine. En plus... Ton histoire, ça sent l'embrouille, s'tu veux tout savoir. Et ça, sur mon bâtiment, j'aime pas. »

Sigyn haussa un sourcil : Cèdre n'était pas le capitaine et pourtant il s'agissait de son bâtiment... Une loyauté qui aurait été à l'origine de ce lapsus ? Sans doute. A son tour, la ménestrelle laissa échapper un soupir et quelques minutes de silence lui fut nécessaire pour finalement choisir d'expliciter son histoire. Ce faisant, elle ne regardait pas la Zélos, lâchait les mots comme si le personnage de son récit lui était étranger, lointain, fixait obstinément les moulures du bois du comptoir.

« Mes parents étaient des artistes ambulants. C'est mon oncle qui m'a recueillie à leur mort à bord de l'Ecumoire. Je ne suis certes pas foutue de cuisiner, de récurer le plancher en un souffle de Zéphyr ou encore ramer, mais on m' pas jeté aux poissons. Y aurait pas eu grand chose à manger de toutes façons... Une squatteuse, tu penses, hein ? (Elle eut un bref sourire) C'est pas si faux que ça. Mais y a pas que ça sur un bateau. Pirate surtout. (Elle releva enfin ses yeux abyssaux vers Cède.)  Je sais me battre, crois-moi ou non, et soigner. Cependant pas assez compétente. Mes frères et pères m'avaient alors dit que je serai peut-être meilleure ménestrelle ou danseuse que marin, que c'était sans doute mon paternel -le génétique- qui m'avait laissé cet héritage. Donc j'ai décidé de poser pied à terre. Mais mon cœur continue de tanguer et j'arrive pas à oublier l'Ecumoire... (Elle inspira)  Alors jusqu'à ce que ma magie devienne assez puissante pour ne plus être un fardeau, faire honneur aux miens et puis aussi à la mémoire de mon père, je resterai parmi les terriens... Consommer complètement son foutu héritage. Et pouvoir gagner le droit de revenir vers Soulen. »

Sigyn satisfit sa bouche sèche d'avoir trop parlé avec le reste de rhum, d'une longue gorgée. Puis elle se fendit d'un sourire.

« Je t'ai quasiment tout dit. Tu ignores juste que je chante pire que la casserole de mon bosco au fourneaux. Ah oui, j'espère que ta Blanche-Nef passe par le temple de Soulen parce que c'est ma destination avant que j'entame définitivement ma quête de pouvoir...! »
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