Alliance, amitié et confiance ♦ Ft. Mäje

Alliance, amitié et confianceLe réel
Est étroit,
Le possible
Est immense
( Sparkle → YOUR NAME ) Les soleils se réveillaient.
L'horizon se colorait petit à petit d'une paisible couleur orangée et le vent frais venait gentiment chatouiller la peau dorée de l'Aigle d'Or, laissant derrière lui une certaine odeur de calme.
La nuit avait été longue ; la dame n'avait pas fermé l’œil et avait parcouru des kilomètres et des kilomètres dans les airs, épuisant ses ailes jusqu'à l'usure.
Bientôt, la dame vint trancher la quiétude installée par le sifflotement harmonieux de ses lèvres.

Aussi, les derniers jours avaient été rudes à Istheria, à Elusia. Le monde se relevait doucement des étranges événements météorologiques ayant survenu il y a peu. Peut-être encore plus de son côté ; celle-ci devait faire face aux traumatismes des siens, devaient les rassurer aux côtés de la fidèle garde élusienne. Comme toujours, le travail avait été long et laborieux, car elle avait dû se rendre en personne dans chacune des habitations de son peuple. De longues discussions avaient alors suivi. Et ensuite, elle avait dû nettoyer, heureusement aidée par les gardes, l'entière totalité de la cité de l'eau des rapaces et autres oiseaux.
D'une ironie sans nom, on le notera.
Malheureusement, son territoire entier était encore couvert de cadavres, mise à part la cité, et elle ne pouvait rien faire face à ce déluge. Ce serait aux charognards de s'en occuper…

La dame avait été forcée de quitter sa précieuse cité pour l'un de ses nombreux voyages à la recherche d'autres membres de son peuple ou encore de renseignements sur les artefacts qu'elle cherchait si ardemment. Mais, jamais elle n'aurait cru que ce choix lui amènerait tant de malheur…

À ce moment-là, rien ne l'importait. Pas même le fait qu'elle soit si loin des siens. La perceptive de les laissait surmonter ces atroces événements sans elle ne lui faisait ni chaud ni froid. Son cerveau semblait défaillir ; elle avait l'impression de revenir des années auparavant. Tout ce qu'elle ressentait quotidiennement avait disparu, laissant un vide creux dans son cœur sec. Elle avait l'impression d'avoir été puni par les dieux eux-mêmes. Cette sensation était l'une des plus atroces qu'elle avait pu ressentir dans toute sa vie, et elle savait parfaitement ce qu'était la souffrance.
La dame avait l'impression d'être aveugle.

Ses ailes défaillirent enfin ; la fatigue doublée de ce mal la rendit d'autant plus vulnérable et elle céda. Ses yeux étaient grands ouverts tandis qu'elle griffait l'air afin d'essayer de s'attacher, s'accrocher à un semblant de solide.
Elle chuta d'une centaine de mètres avant de parvenir à écarter suffisamment ses ailes, dans un cri foudroyant de douleur, pour stopper sa descente aux Enfers. Son cœur semblait s'être arrêté de battre quand elle toucha finalement le sol : c'était un sable réchauffant, apaisant et tant rêvée.
Malgré tout, son crâne semblait lui arracher tout sens de son espace environnant, rendant son monde bien plus obscur qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Tout ce qui la raccrochait à la réalité lui avait été ôté avec une violence telle qu'elle n'avait même pas pu esquisser le moindre geste, tant ceci fut rapide et certainement meurtrier. Elle s'arrachait les cheveux tant l'obscurité absolue commençait à l'effrayer, la rendre folle. Elle lâcha des cris ci et là, et quand enfin elle s'avoua vécu, s'accordant un moment de répit, elle s'endormit dans la chaleur du désert, les yeux pourtant entrouverts…
Comme si la mort l'avait déjà fauché.©️ 2981 12289 0

Devant une des nombreuses fenêtres, Mäje regardait depuis les hauteurs l’avancée du travail accomplie sur son relais qui retrouvait depuis quelques jours la douceur de températures normales – soit bien plus supportables que le froid polaire, mais aussi que les chaleurs titanesques de Béamas. On débarrassait à peine les dattiers des toiles de jutes qui les recouvrait, alors que dans un même temps, on s’efforçait de jeter toute la suie accumulée depuis ces derniers évènements. Les jardiniers avaient bien travaillé, et le jardin avait retrouvé ses airs d’antan… Avec une belle couche d’humidité en plus.

Je déteste ce sable humide… Bientôt il en sortira des fleurs et des champignons, et un jour on se retrouvera à Noathis. Pesta-t-elle dans sa barbe.

Ils avaient enterré leur étrange prophète dans le fond de l’oasis, derrière la source, à l’abri de quelques palmiers. Cette histoire l’avait remuée depuis, et il n’y avait pas eut un jour où elle n’y avait pas pensé. Les derniers mots de l’individu inconnu l’avait rendu d’abord sceptique, mais l’annonce d’une catastrophe mondiale ensuite confirmé par le journal, et par le reste de ses clients de passage, l’avait rendu bien introspective. Les astres se seraient-ils donnés rendez-vous pour détruire le monde ? Arrivaient-ils bien vers une catastrophe à grande ampleur ? Il n’était pas dans son intérêt de le montrer à ses employés ou même à ses invités, aussi la belle créature gardait-elle le sourire et ses grands airs charmeurs. Mais elle avait du mal à contenir l’inquiétude qui lui pesait sur l’estomac, comme si elle avait passé la semaine à gober ce foutu sable mouillé. Äjhem avait fait souvent son apparition, son caractère plus feutré et plus tranquille épongeant facilement les troubles de son double.

De son point de vue, elle voyait tout le désert : ce majestueux, infini océan de sable dont les vagues immobiles ressemblaient à des géants en sommeil, torturés par la brise mais jamais abattus. De gros nuages cotonneux et gonflés de pluie circulaient un peu au-dessus de ça, et peignaient un tableau marin comme de grands voiliers sillonnent la mer. Un spectacle magnifique d’ombre et de lumière devant lequel elle aimait tant se perdre à cette saison, brisé par la naissance verdoyante de son domaine. Et dire que ces mêmes nuages lui avait apporté tant de problèmes il y a une semaine à peine, et maintenant ils traînaient derrière eux l’eau comme une rédemption. Avec les gelés, il était probable que la floraison des cactus serait une catastrophe cette année, mais elle gardait ce maigre espoir. Les maigres espoirs étaient comme les flammes des phares en temps de trouble, et ils en avaient tous terriblement besoin. Ce moment était en suspens. Rien ne pouvait le troubler. Et pourtant…

Au loin, elle aperçu une caravane encadrée de deux de ses employés montés à cheval. La caravane servait habituellement à transporté le fruit des récoltes de la propriété, aussi on pouvait voir très facilement son chargement. Et elle n’aima pas du tout ce qu’elle y vit : la vision de son bien familier contenu lui glaça le sang. Quittant son poste d’observatoire avec une vitesse qu’on lui prêta trop rarement, elle claqua la porte, dévala les marches, et couru dans son entrée sans guère se soucier des employés et des clients sur son passage. Elle n’aurait pas cru réagir ainsi, ni même avoir une réaction spontanée : cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas eut de geste qu’elle n’avait ni planifié, ni réfléchi. Mais voir la souveraine alitée malgré elle sur ce lit de bois lui faisait la même impression que voir une étoile tombée, et laissait dans son ventre un creux difficile à combler.

Elle arriva dans son vestibule, la charrette en vue, il n’y lui restait que quelques mètres à faire quand elle tomba la première fois. Bien sûr, ils furent trois à se précipiter sur la dame de sable, dont Hephasteus qui était en poste là, pour s’assurer qu’elle allait bien. Et elle le croyait jusqu’à ce qu’elle s’apperçioive que non : elle était bien incapable de se relever. Dans un geste de bonté, ils voulurent l’aider en attrapant ses longs et beaux bras basanés, mais elle leur ordonna de ne rien faire. Le problème. Elle devait trouver le problème… Ses jambes ? Non, sa jambe. La gauche. Son corps ? Äjhem. Se moquant complètement de son publique ou de sa tenue bien féminine, elle se transforma, et il réalisa bien vite que le problème sur lui était le même que le sien.
Balayant ses cheveux blancs avec une certaine crispation, il laissa déborder sa colère en se mettant à jurer comme un chartrier, dans sa barbe bien sûr. Merde. Merde merde merde. Merde ! Pas maintenant ! Il ne fallait pas que son corps la lâche maintenant ! Ils étaient parfaits ! Parfaits ! Cela ne pouvait pas être possible !

Il se dandina, comme une sardine ou un cloporte crevé, un vulgaire rampant qui poussait sur ses bras pour se hisser sur le mur, malgré la perte de sa jambe. Il y avait des priorités, et pour l’instant ce n’était pas lui. Hinaya arrivait, à peine consciente et brûlante, ses ailes étalées autour d’elle comme une figure de cire.

Votre altesse… Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Les astres l’auraient-ils punis ? Était-ce ça la fin du monde ? Ne cachant pas le respect qu’il éprouvait pour la Yorka après leur escapade à Cimmerium, il regarda tout le monde avec une gravité palpable. Qu’on l’emmène dans une chambre libre – et discrètement.Apportez-nous de l’eau fraîche, et des glaçons. Celui qu’on a repêché dans le désert, on va en avoir besoin.

Ähjem….

Pas maintenant Hepha !

Äjhem !

Le sylphide se retourna vers le yorka, s’apercevant qu’il était lui-même à moitié conscient, la tête entre ses mains, se tenant sur les genoux. Ähjem… Ma tête tourne tellement… Et Pia… Elle s’est enfermée dans sa chambre, loin de la lumière. Sa tête la fait affreusement souffrir… Nous sommes tous…

Il comprit alors que tous autour d’elle était touché par quelque chose – mais quoi. Une malédiction était-elle en train de s’abattre sur eux ? Il regagna son sérieux, prit un air grave. Il n’avait pas les épaules. Elle devait revenir.

Perdant en taille et retrouvant un semblant de prestance, Mäje raviva sa voix et ses yeux aciers, levant la voix pour être entendus de tous.

Que se qui le peuvent m’assistent, les autres regagnent immédiatement leur chambre et s’alitent. Ne restez pas seuls, et faites état de vos symptômes. Hephasteus, si tu le peux, reste avec Pia, et prend Yakoub avec toi. Elle regarda autour d’elle. Jusqu’ici, elle ne souffrait pas plus que les autres. Tant qu’elle pouvait se déplacer, elle pourrait agir. L’essentiel était d’abord de s’occuper de la souveraine : elle avait confiance en sa machine et tous ses engrenages pour prendre sa suite et veiller à ce que tous aille au mieux. Bientôt, Hinaya était sur un lit, et Mäje, sur une chaise à son chevet, trempait un linge dans une bassine d’eau froide. Une maladie avait-elle pu… ?

Hinaya a été miraculeusement sauvé grâce au passage d'une des caravanes qui est sous les ordres de la sylphide du Grand Relais. Mais le mal qui a atteint la reine semble s'abattre de la même façon à tout le campement de ses sauveurs.

Une aubaine? Peut-être pas au final. Alors que chacun des hommes et des femmes présents tentent tant bien que mal de reprendre le dessus sur les désordres qui les accables, les deux amies se retrouvent enfermées dans une maigre chambre.

Hinaya, la reine, sera toujours prisonnière de sa perdition, comme si elle était perdue dans le labyrinthe de son esprit. A ses côtés, Mäje verra son corps, petit à petit, refuser de l'écouter. Alors qu'elle se tient assise sur son siège, sa jambe sera subitement prise d'une étrange convulsion, et donnera un coup de pied dans le vide. Plusieurs fois d'affilé. Pourquoi?

Cela finira se calmer quelques minutes, assez pour laisser la reine revenir à la réalité et retrouver un peu son calme. Même le corps de Mäje semblera retrouver ses habitudes le temps de quelques minutes... mais pour combien de temps?

Les deux jeunes femmes vont pouvoir alors profiter de ces quelques instants sereins pour tenter d'analyser la situation, pour comprendre ou du moins tenter de comprendre ce qui survient subitement. Mais à peine auraient-elle le temps d'échanger, que le corps de Mäje sera saisi de nouvelles convulsions. Maintenant se sera son bras droit qui s'agitera nerveusement et inopinément. Hinaya n'en gagnera que de nouveaux maux de tête...

Que pouvez-vous faire? Qu'est-ce qui serait le plus judicieux? Ici, ce n'est pas le temps qui devient fou, mais le corps? Est-ce de la magie ou un mal pus général? Comment le savoir? Une nouvelle malédiction dans le pays qui en a tant connu? Cherchez à comprendre le phénomène, faite les liens ou en écartez-vous.... de toutes manières, vous devrez en subir les conséquences....

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Alliance, amitié et confiance ♦ Ft. Mäje 744275Sanstitre1

Alliance, amitié et confianceLe réel
Est étroit,
Le possible
Est immense
( Sparkle → YOUR NAME )Il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher.

Il y en avait, des choses étranges dans l'Univers. Mais, cette expérience fut l'une des plus folles que la dame ait pu vivre. Et dieu seul sait à quel point elle avait vu, vécu et avait été vaincu.
Le néant était une chose inconfortable. Etre perdue dans le noir, seule, était un cauchemar quotidien. La réalité ne tenait alors plus qu'à un fil ; les illusions font partie du monde, mais alors dans ce cas, Hinaya n'aimait pas le monde. Une écrasante vérité, certes.

La nature était foncièrement mauvaise ; elle n'offrait jamais rien. Et, la dame l'avait appris à ses dépens. La priver ainsi de sa vue n'était pas un cadeau pour la guider vers son peuple ou je-ne-sais-quelle autre connerie ; la dame le savait mieux que quiconque. Restait à savoir quelle était la véritable raison de cet acte à l'allure pourtant si insignifiante.

La dame se redressa d'un bond, respirant une longue bouffée d'air. Ses yeux s'ouvrirent à la volée tandis qu'elle attrapait fermement le bras de la personne qui se trouvait près d'elle. Bientôt, l'odeur rassurante d'une certaine femme vint la calmer et sa respiration ralentit tandis qu'elle refermait le miroir de son âme.
Elle se sentait à présent comme mise à nue, ayant dévoilé l'un de ses plus grands secrets. Lorsque l'on regardait les yeux de la dame, c'était comme si on plongeait dans l'Univers ; ses yeux en amande étaient devenus sombres et semblaient remplis d'étoiles. En réalité, si son regard avait de quoi fasciner ou éblouir, ils cachaient une bien triste histoire. Les particules blanches qui apparaissaient dans ses yeux étaient causées par des caillots pigmentés de sang et de fibrine. Ces pigments donnaient l'effet d'un aperçu unique de l'Univers dans ses yeux. Tandis qu'elle, elle n'avait le droit qu'au vulgaire néant. Simple cruauté de la Nature…
La couleur noire, quant à elle, restait l'un des plus grands mystères. Mais, la dame pensait qu'elle était due à une pourriture qui s'était incrustée dans ses yeux, notamment parce qu'elle n'avait jamais pris le temps de les nettoyer. Le sang de son dernier jour était certainement resté, s'imbibant de son œil et devenant une couleur à part entière. Enfin, elle ne savait pas la vérité et ne voyait pas l'intérêt de la connaître.

Bien qu'elle était d'un calme froid, en temps normal, en cet instant, elle n'était plus la même. Ses pensées se mélangeaient encore, bien que son monde se fût rouvert. Elle lâcha la prise qu'elle avait sur la femme et vint glisser ses mains dans ses cheveux, tirant avec force dessus.

« N'ai-je pas suffisamment souffert pour que l'on me punisse encore ? » Sa voix était calme, son ton était serein, sa respiration paisible, mais ses gestes étaient maladroits, tels l'esquisse d'une grande œuvre. « Aider mon peuple, cela ne vous suffit-il pas ? » Elle ramena ses jambes vers son torse. « Que me demandez-vous de plus ? »

La dame avait appris à aimer autant que craindre les dieux. L'une d'eux était pour elle, celle qui avait réussi à donner une dimension spirituelle à sa personne ; elle avait réussi à l'éduquer, d'une certaine façon, n'ayant jamais eu la chance d'en recevoir une. Pour autant, elle ne comprenait pas totalement le choix et leur envie presque malsaine de faire souffrir leur plus grande discipline. Une certaine folie commençait alors à s’immiscer dans le crâne de la dame qui ne parvenait alors plus à discerner le réel de l'irréel.©️ 2981 12289 0

Bien que tout le monde soit dans une souffrance certaine, la machine s’était mise en place avec une précision certaine. Tout le monde fut confiné à sa chambre, et il n’y eut bientôt plus que les terrans et les zelos qui purent assurer avec une certaine peine les tâches les plus communes. Retranchée dans une des chambres disponibles – et une des moins agréables, si c’était un comble – Mäje tentait tant bien que mal d’éplucher une pomme et de verser dans un verre de l’eau fraîche, l’oiseau noble allongée simplement à côté d’elle dans un silence inquiétant.

C’en était un, de sacré foutoir. Ses mains surmontées d’ongles noirs répétaient les mêmes gestes avec une précision anodine, servant de couverture à une sylphide bien songeuse qui tentait de se passer de cigarettes. Le tabac ne serait pas des plus utiles dans son état, et elle ignorait encore si Hinaya pourrait supporter la fumée dans aggraver son état. Quel qu’il soit, d’ailleurs. Depuis son arrivée, elle n’avait pas ouvert les yeux – façon de parler – et était comme plongée dans un infini sommeil, de quoi plonger l’immortelle dans une certaine déroute. Le reste de son établissement était touché de la même douleur. De ce qu’elle savait, elle était une des rares privilégiée à ne pas trop souffrir. Il n’y avait bien que sa jambe pour faire des siennes. Mais si c’était ça, elle pouvait bien faire avec. Il y avait bien quelques sceptres qui seraient du plus bel effet avec sa tenue, et qui pourraient l’aider à marcher.

Un autre sujet tempêtait sous sa frange noire : la yorka allongée à côté d’elle et qui s’entêtait à rester coincée dans un coma douloureux. Fatigue ? Désorientation ? Qu’est-ce que le tabac lui manquait. Sans dire quoique ce soit, elle la couvait du regard depuis plusieurs minutes, attendant patiemment son réveil avec une bienveillance presque maternelle – sans réellement l’assumer, ceci dit. Dans une volonté de façade de maintenir un statut quo, Mäje et Äjhem se faisait un point d’honneur d’apparaître unanimement égal face à tout individu, ou plutôt de se découper en toute puissance du reste des vivants. A part quelques exceptions, ils ne se montraient guère plus proches de certains comparés à d’autre dans une volonté calculé de cacher les sentiments qui pouvaient germer dans le cœur qu’ils partageaient.

Pourtant la yorka avait réussi l’exploit de fissurer un peu cette armure de faux semblant, et la sylphide, torturée par les émotions contradictoires que lui éveillaient l’oiseau, se contentait d’éplucher le fruit à outrance. Il y avait cependant un respect assez palpable qui pouvait se lire dans ses yeux aciers, et elle ne prenait plus la peine de le cacher depuis longtemps. Appelons un chat, un chat : elle devait bien admettre qu’elle appréciait allègrement sa compagnie et qu’elle admirait sa volonté et son œuvre, quoiqu’elle se gardât bien de le dire. Un specimen rare et intéressant que l’on ne croisait qu’une fois dans une vie.
Brusquement, et alors qu’elle commençait à se sentir comme un charme, sa jambe se remit à battre la mesure depuis sa chaise, et à donner des coups dans le vide que Mäje dévia dans un incroyable réflexe pour qu’il ne heurte pas le lit.

Bon, là, c’était trop. Son corps n’avait jamais failli en presque quatre siècles d’existence, alors qu’est-ce que c’était que ce patacaisse ? Le reste de son peuple avait bien des défauts, mais pas celui de faire de mauvais vaisseaux. Jamais aucun corps ne s’était rebellé contre la volonté e son hôte, alors pourquoi le sien ferait exception ? Elle s’allongea sur sa jambe en posant son poids dessus, attendant que la crise cesse. Mais c’est à cet instant qu’Hinaya se redressa elle-même, visiblement confuse, ses serres agrippant son poignet et les yeux grands ouverts, si ouverts que Mäje put s’y perdre. C’était comme plongé dans un étrange espace, une galaxie flottant dans deux orbes, eux-mêmes suspendus à rien, au vide. Etrange et fascinant, la sylphide resta le temps qu’il lui était alloué à contempler ces curiosités, sans troubler le réveil de l’oiseau. Sans rien dire, elle admit être bien soulagée.
Elle semblait au bout, emprise de la fatigue et de la mélancholie, abattue, un bien autre aigle que celui qui l’avait accompagnée à Cimmerium. Las, prise au piège. Le poids de sa cécité et de son état était si palpable que l’immortelle pu le ressentir, mais là encore, elle n’en dit rien. Il ne lui appartenait pas de s’apitoyer sur son sort, ni même d’être juge : elle avait montré par tant de fois qu’elle avait les épaules assez solides pour sa charge. Aussi, et dans l’obscurité et le désarroi, il n’était pas surprenant d’être saisi de lassitude.

Les Dieux… Elle ne pu réprimer un rictus jaune à l’écoute de ce concept qu’elle comprenait vaguement. Pour eux, immortels et esprits transcendants, ils étaient plus proches de l’espoir que du réel. Si vos Dieux existent, alors ils attendent de vous que vous vous releviez, et que vous avanciez, perpétuellement. Dit-elle avec une certaine conviction, celle de remettre les mortelles au centre de l’ordre. C’est à vos sujets qu’il faut faire des promesses, eux en ont besoin.

Elle attrapa sa main et déposa dedans la pomme qu’elle venait de découper. Elle semblait touchée plus que les autres du mal qui s’imposait à tous. Mieux valait lui apporter le plus de repère possible, faute de pouvoir la ramener immédiatement auprès des siens. Elle ignorait ce qui l’avait poussée à faire la route dans le désert, aussi elle désirait lui faire comprendre qu’elle était bien à l’abri.

Reprenez-vous, Hinaya, il n’y a personne qui vous veux du mal ici. Vous êtes chez moi, à Val’Meëza. Dans une chambre certes tout à fait lambda – c’était malheureusement la seule disponible. Elle inspira profondément, dégageant de sa vue son bras qui faisait des siennes en s’agitant comme une sardine hors de l’eau complètement hors de contrôle. Hephasteus – que vous avez déjà rencontré – semble pris du même mal que vous… Comme tous les yorkas du relais. Les terrans sont eux aussi parlysés par la douleur. Nous sommes tous touchés d’une façon ou d’une autre, le mal est général. Encore une fois, elle voulu attraper une cigarette mais se retint tout de même. Vous pouvez vous reposer, vous en avez besoin. Je veille sur vous.

Le repos. C'est ce qu'il y avait de plus logique pour toutes les deux. Entre une femme-oiseau qui ne pouvait plus se fier à ses sens et une sylphide dont le corps ne répondait plus, vous étiez deux femmes particulières gâtées.

Vous allez donc profiter de ces quelques minutes de répit.. juste quelques unes parce qu'il ne fallait pas rêver, les ennuis s'accumulent et se suivent quand cela vous frappe soudainement.

L'un des compagnons de Mäje (tu peux choisir celui qui te prévient) arrive les gouttes de sueur perlant sur son front. Ce n'était pas de la chaleur, c'était de la panique pur et simple. Il y avait un gros problème au relais.

" Je....je.. je suis désolée de venir vous déranger mais... on a l'un de nos clients qui a perdu la raison. Il est en train de briser le mobilier en vociférant des inepties! On a peur de le blesser en le maîtrisant... "

L'individu concerné était un lhurgoyf. Il semblerait qu'il se soit agacer d'avoir eu un verre que trop tardivement amené. Une raison totalement ridicule mais quand vous étiez anormalement à fleur de peau.... Il menaçait de se transformer et si tel était le cas, il pouvait devenir un danger véritable.

Qu'allez-vous donc faire? Un client reste un client, mais il faut assurer la sécurité de tous. C'était sans compter la protection de la reine! Voilà un terrible dilemme. Qu'allez-vous décider?

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Assise sur sa chaise avec ses longues jambes sauvagement étalées devant elle – avec la panique ambiante, elle s’autorisait bien quelques secondes de répits loin de l’étiquette – Mäje savourait ces quelques minutes de répit, discutant avec la souveraine si elle en avait le besoin. Sa machine semblait s’articuler plutôt bien sans elle, et elle pouvait donc consacrer tout son temps à la yorka alité. Quant à son corps, elle avait rapidement compris que ça ne servait à rien de lutter contre ces spontanées convulsions et ne cherchait plus à s’entraver.
Quoique ce maigre répit devrait être de courte durée. Bien qu’elle mette toute sa confiance dans ses fidèles employés, bien souvent à situation extrême, c’était sa lumière de maîtresse des lieux et son aura de chef que l’on venait chercher. Quand même ses bras droits ne parvenaient pas à lutter contre le désordre, elle était le dernier rempart pour contenir les plus vastes exigences.

Sans grande surprise, Loffë, une zelos de près de deux mètres, ouvrit péniblement la porte, le front en sueur et visiblement mal en point. Sur ses musculaires jambes tremblotantes, elle fut confrontée à l’air ahurie de Mäje qui se demandait ce qu’elle faisait debout, et pas cantonnée au chevet des clients comme ordonné plus tôt. Mais avant qu’elle n’ai eu le temps de la reprendre sur la question, l’employée lui expliqua le fin de mot de l’histoire.

Madame, pardon de vous déranger. Dit-elle dans un terranien sommaire. Un lhurgoyf en bas, vraiment pas content. Très en colère. Menace de se transformer.

Mäje saisit son petit menton entre ses doigts encore fonctionnel, tiraillée par la situation. C’est épineux, en effet… Dans une situation lambda, elle n’aurait pas hésité à remettre cet individu à sa place pour troubler ainsi la tranquillité de tous. Mais à situation exceptionnel, réponse critique. Alors qu’Hinaya était en prise avec les ténèbres et la désorientation, elle se voyait mal la laisser seule pour aller s’occuper seule du litige. Mais si on prenait la peine de venir la déranger, c’était bien parce que personne d’autre ne pouvait raisonner le lhurgoyf. Pensive, elle regarda la souveraine qui n’avait certainement pas conscience de ces yeux fixes, hésitant pour la première fois à céder sa place à ses côtés. Mais elle ne pouvait risquer que le démon ne se transforme, et qu’il risque d’engendrer de grave problème à sa grande salle.

Ma Reine, veuillez excuser mon départ, mais il est des catastrophes qu’il me faut éviter. Mon peuple a aussi besoin de mes imminentes lumières… Quoiqu’ils me paient pour. Elle soupira grandement, et déplia sa jambe, heureuse de constater qu’elle pouvait marcher sans risquer la chute à chaque pas. Je reviens vite.

Avant de passer la porte, elle s’arrêta à côté de Loffë, lui soufflant discrètement dans l’oreille un message qu’elle seule pouvait entendre. Je te laisse sa sécurité. Reste auprès d’elle et veille à ce qu’elle ne manque de rien. Si il se passe quoique ce soit, je compte sur toi pour me faire appeler d’urgence, mais ne la quitte sous aucun prétexte.

Et avec un pas conquérant, Mäje s’en alla vers la grande salle, laissant son bras ballant sur son côté. Et en effet, à peine avait elle posé un pied au rez-de-chaussée qu’elle entendait déjà des cris furieux s’élever de la grande salle. Un homme semblant déjà âgé vociférait des menaces à une pauvre terrane tremblante au sol, les bras recouvert de flamme car tel était sa magie. Claquant des doigts pour attirer l’attention, elle parvint à se faire retourner immédiatement tous les regards sur elle, soignant son entrée en plaquant sa main viable sur sa hanche.

Allons, allons… Qu’est-ce qu’il me vaut ce bazar, Monsieur ? Que vous a fait ma pauvre employée pour se voir disputée ainsi ?

Il y a que ma boisson est arrivée en retard ! En retard !! C’est intolérable !

Mäje cacha sa rage, et réprima tout de suite une vague de colère qui dormait sous ses lèvres foncées. A la place, elle ondula comme un serpent jusqu’au démon pour constater que le verre était posé devant lui. Monsieur, voyez comme tout le relai est paralysé par le mal. Vous-mêmes devez le sentir : il n’y a personne qui est épargné. Et malgré le mal qui secoue ma serveuse, elle a prit le temps de vous apporter votre boisson, malgré son apparente souffrance. Et vous criez au scandale ? Si il ne tenait qu’à moi, je choisirais de vous chasser immédiatement des lieux. Mais je suis bonne joueuse et vous pardonne : non seulement votre séjour peut poursuivre, mais votre boisson vous est offerte. Et qu’il lui en coûtait ! Je vous demanderai seulement de vous calmer.

Elle avait d’autres choses à faire que de veiller sur un client mécontent. Voulant rapidement se tirer de là, elle espérait que son discours ne suffise : sa place était à l’étage.

Alliance, amitié et confianceLe réel
Est étroit,
Le possible
Est immense
( Sparkle → YOUR NAME )Ses sourcils se fronçaient de plus en plus au fur et à mesure qu'elle écoutait les paroles de la femme. Elle y réfléchissait – du plus profond de son cœur. C'était à la fois comme une claque révélatrice et une douche froide. Sa voix douce était comme sa porte de sortie. Mäje s'était placée entre le réel et l'irréel tel un colosse. Elle avait choisi de devenir le pilier qui réveillerait la géante endormie. Elle avait choisi de se lier – d'une certaine façon – à la reine. Car ce qu'elle avait décidé de faire était comme un pacte qu'elles avaient scellé. Elles venaient de s'ouvrir, de briser les mêmes protections qu'elles avaient érigé avec le temps. Elles avaient enfin ôté leurs artifices. C'était une belle réalité.

D'un clignement des yeux, la dame effaça chacun de ses tourments. Elle pensait ; il y avait pire, il y avait toujours pire. C'étaient exactement ces mots qui l'avaient tenu éveillé toutes ces années durant sa première, sa deuxième et sa troisième vie.
Hinaya avait longtemps souffert, il est vrai, mais de cette douleur naquit une résistance de fer. Que ce soit physiquement que mentalement. Ainsi, il est vrai que ce qu'avait fait Mäje lui suffisait. Elle n'avait jamais eu besoin de pitié ou de fausses affections pour se réveiller : elle avait besoin de la vérité et Mäje l'avait parfaitement comprise. Il y avait toujours cette folie, elle était seulement différente à présent. Hinaya n'était pas totalement revenue du néant. Son monde tanguait encore.
Mais elle ne lui répondit pas pour autant.

Son regard prenait l'air tandis qu'elle restait pensive. Elle aimait sa réalité, bien qu'elle restait quelque peu différente de la sienne. La question des Dieux revenait souvent, il est vrai. Très peu de personnes comprenaient sa foi car très peu de personnes étaient au courant pour sa dernière vie. Enfaîte, il n'y avait qu'une seule personne, mais elle ne la reverrait plus jamais puisqu'elle faisait partie de son passé…

Soudain, tandis que son monde était encore fermé – cette fois-ci par sa propre volonté – la pièce s'agita. Mais, la dame resta fermement dans son univers, réfléchissant aux paroles emplies de sagesse de Mäje. Elle y vit un besoin d'en savoir plus. Toujours plus. Sur tout ce dont elle prétendait, ne comprenant pas toute sa philosophie. Mais quand elle se réveilla enfin pour la questionner, elle était partie.
Frustrée, elle chercha alors à la suivre et se releva en quête de la retrouver.

« Restez ici hein. Plus prudent hein. » La zélos fit de grands gestes. « Manger ! Voulez manger ! »

D'un coup d'aile et appuyé par sa magie de l'air, elle envoya valser la pauvre zélos de l'autre côté de la petite – minuscule, plutôt – pièce et s'avança ensuite vers la sortie de sa démarche maladroite. Sa soif de savoir l'appelait et était plus forte que tout. Cet étrange mal avait réveillé en elle une certaine folie qui la poussait à se raccrocher au seul être capable de maintenir ses pieds sur terre : Mäje. Ainsi, elle suivit l'odeur qu'elle avait laissée derrière elle, sans même se poser des questions. Une bien étrange réaction, il est vrai, c'était comme si elle était revenue à un état primitif.

Soudainement, elle entendit un cri lui arracher les tympans si bien qu'elle s'en tenait les oreilles pour ne pas en devenir sourde. Elle était alors comme une enfant qui appuyait sur l'accélérateur ; elle poussait au maximum – enfin presque – son pouvoir. Tout lui était si net que s'en était presque déroutant. Elle entendait le bruissement qu'émettaient les vêtements lorsque les poitrines des gens se soulevaient. Et puis… Elle entendit aussi l'air se trancher en deux tandis qu'un projectile volait dans sa direction. Ainsi, machinalement, la dame étira l'une de ses ailes pour protéger son corps de l'objet ; et elle avait bien fait car ceci se révélait être un couteau. Il s'était enfoncé dans la chair de ses ailes et bien que la douleur attaquait son esprit fragilisé par cet étrange mal, elle n'émit aucune plainte. Sa résistance à la souffrance était suffisamment élevée pour supporter ceci.©️ 2981 12289 0

Le discours aurait pu être entendu et aurait pu faire reprendre les esprits du lhurgoyf si une force supérieure n'agissait pas en ce moment même. Rien n'y fit, même la généreuse proposition qui lui fut faite ne put le calmer. Pire, cela attisa en lui toute sa rage et d'un coup violent, il souleva la table qui fit basculer, renversant tout ce qui pouvait se trouver dessus. Dans la foulée, il poussa un cri terrible qui fit vibrer les murs et se transforma.

Ceux qui avaient encore la capacité de fuir prirent leurs jambes à leur cou pour éviter de devenir un dommage collatéral de la suite des évènements. Grand bien leur fut, car à ce même instant, Hinaya apparut. A cette arrivée, le lhurgoyf devint plus fou encore et d'un geste, un projectile fut lancé dans sa direction.

Plus aucune raison ne semblait atteindre le pauvre malheureux qui subissait les effets de la convergence. Mais il n'était pas le seul. Zélos, sindarins, yorkas... C'était comme si la vague de folie devenait subitement plus forte.

Mäje, Hinaya, vous voilà prise en tenaille dans cette délicate situation. Si le lhurgoyf a perdu le contrôle, votre état à toutes les deux à également empirer. Vous ne pourrez pas vous échapper face à ce dément et vous devrez faire preuve d'imagination pour vous en sortir au moins pour les dix prochaines minutes car ce ne sera qu'au bout de ce laps de temps que tout se calmera aussi rapidement que les inconvenants effets vous auront touchés. Hinaya, tu retrouveras ton sens de l'orientation et tu ne seras plus saisis par cette sensation d'être perdue. Mäje, tu retrouveras les pleines possessions de ton corps. Et cela votre générosité, le lhurgoyf - si ce dernier est toujours en vie - retrouvera ses esprits mais sera complètement perdu.

Quelles leçons pourrez-vous tirer de ces évènements? Commencez-vous à saisir le point commun entre tous les problèmes qui vous touchent? En reviendrez-vous grandies ou plus égarées?

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Règle :
- Vous devez poster votre message à la suite de celui-ci.
- Votre message fera office de conclusion à ce chapitre de l'histoire: le messager n'interviendra plus à votre aventure... Jusqu'à la prochaine fois.
- Vous êtes libre de développer comme vous le souhaitez, et autant que vous le souhaitez pour vous remettre de vos émotions.
- Bon jeu !

Et merde… Lâcha la matrone dans sa barbe. Apparemment, l’individu était au-delà du raisonnable. Sous pression, elle regarda sa serveuse derrière lui et les autres membres présents dans sa grande salle. Partez, allez vous mettre à l’abri. Je m’en occupe.

Et que ça l’emmerdait ! Un tel énergumène ne manquerait pas de l’entendre une fois que la situation serait calmé – quoiqu’elle pouvait difficilement lui imputer tout ce qu’il se passait. Tout était si étrange qu’elle se doutait bien qu’il n’était pas dans son état normal. Certainement subissait-il lui-même un coup du sort, et qu’il ne comprenait pas lui-même d’où lui venait sa colère. Qu’à cela ne tienne, ce serait une affaire vite menée… Un coup de fumée, et ce serait finit. Alors qu’elle s’approchait doucement, il envoya alors voler la table qui s’écrasa au sol dans un grand fracas, déclenchant au même moment la colère de l’immortelle.

Mais vous avez idée du prix du mobilier ? Une table sindarine datant de l’ère pré-taulmarilienne ?!! Ce sera sur votre addition dés que vous nous quitterez ! Ecrasa-t-elle alors qu’elle sentait déjà le besoin d’attraper un fouet et de faire abattre sur l’individu sa sainte colère. Il lui répondit par un cri terrible qui en fit trembler les murs, mais ne perturba pas plus que cela la sylphide.

Brusquement, alors qu’elle entrait progressivement dans une colère noire, un bruit attira son attention : à sa grande stupeur, Hinaya venait de rentrer dans la grande salle, bravant sûrement le corps de Loffë pour descendre la rejoindre. Mäje en fut tétanisée, et le llhurgoyf en profita pour lancer dans la direction de la yorkas un projectile qu’elle identifia vite comme étant un verre. Cette fois, c’en était trop : personne ne toucherait à l’aigle sur son territoire, et tant qu’elle se tenait encore debout. Et justement…
Comme une mauvaise pièce de théâtre, sa jambe sembla de nouveau faire des siennes et échapper à son plein contrôle en provoquant une nouvelle crise de spasme qui la plaqua au sol, laissant le démon actif et déambulant dans la salle jusqu’à la yorka. Non, il ne devait pas… Usant de malice, la sylphide anticipa son chemin, et avant qu’il n’arrive à la reine, elle bondit sur le côté pour entraver sa course, tout en vociférant contre l’imprudente reine, qui avait certainement agit dans sa confusion.

Ma reine, si je peux me permettre, qu’est-ce que vous fichez là ?! Votre place est dans un lit, et pas face à un colosse en colère. Elle encercla le colosse, coinçant sa jambe valide contre un meuble pour s’offrir de l’appui. Avec tout le respect que je vous dois !!

Dans un jeu de contre, elle essaya de le repousser dans le sens inverse de l’aigle, rongeant son frein avec nerfs. Ce n’était pas bon… Dans cet état, elle n’avait aucune garantie qu’il serait sensible aux vapeurs, et elle devait admettre que la majorité de ses pensées étaient pour la souveraine et son état, et pas pour ce client sans gêne. Comment allez-vous, est-ce que vous pouvez tenir le coup ? Toujours en poussant contre le démon, elle tenta le tout pour le tout, et lâcha dans ses naseaux une dose de cheval de ses vapeurs, assez pour endormir quiconque pendant au moins trois heures. Elle ne pouvait qu’espèrer que le stratagème marche, elle ne pourrait jamais se pardonner que le taureau s’en prenne à la reine, et ce sous ses yeux d’acier…

Alliance, amitié et confianceLe réel
Est étroit,
Le possible
Est immense
( Sparkle → YOUR NAME )Un regard est une puissante arme, car il est, sans l'ombre d'un doute, le médiateur des cœurs…

La dame rabaissait lentement son aile afin de voir qui était la personne qui s'était attaquée à elle. Ses lèvres tressautaient de rage tandis qu'elle imaginait déjà toute sorte d'atrocités à faire endurer au malheureux. Elle savait qu'elle n'aurait fait preuve d'aucune pitié, qu'elle n'aurait eu aucun remord à s'attaquer à ce personnage.
Mais… Ce mal choisit précisément ce moment pour s'attaquer de nouveau à elle.

Seulement, cette fois-ci, cette sensation de néant semblait être différente. La dame souffrait toujours autant, mais elle avait l'impression d'avoir encore toute sa tête. Un étrange silence planait autour d'elle tandis qu'elle avait la nette sensation de nager dans un calme apaisant. La douleur qu'elle ressentait alors était bien changée, car elle semblait si agréable. C'était à la fois profondément perturbant et foncièrement incohérent. Comme si une entité lui avait soudainement donné le goût au masochisme.
Ainsi, elle ne s'effondra pas comme tout à l'heure, elle restait plutôt étonnamment droite. Son visage était d'une exceptionnelle et inquiétante impassibilité qui tranchait avec sa dernière réaction face à ce mal.

Mais bientôt, une voix vint comme l'arracher violemment à cet état. La dame avait retrouvé, comme miraculeusement, toutes ses capacités naturelles, sans l'ombre d'une séquelle. Une paix intérieure gagnait à présent aussi bien sa voix que son corps.

« Mäje, tu n'as pas à t'en faire à ce sujet. J'ai connu pire, il faut croire. »

Ce jour, bien que terrible, avait permis à la dame de comprendre ses faiblesses. Elle s'était toujours reposée sur ses souffrances passées, ignorant ainsi ses peurs présentes ; elle avait laissé une faille, un trou béant dans sa carapace. Or, ce mal venait bien de quelque part. Et après avoir goûté à la forme ultime de sa plus grande peur, elle savait à présent qu'il n'y aurait, plus que jamais, rien qui s'échapperait de ces grands murs qu'elle avait érigé contre le monde extérieur.
Elle ne montrerait plus aucun signe de faiblesse, certes, mais cela ne vouait pas dire qu'elle ne laisserait personne se faufiler entre ses murailles… Car, il fallait avouer, en regardant Mäje, en sentant sa sincérité, en comprenant qu'elle lui avait offert sa confiance, la dame en sourit.
L'une de ses valeurs principales était alors appliquée : ne faire confiance à personne tant que le contraire n'était pas prouvé. Pouvant maintenant humblement affirmer que ce fait était avéré, la reine féroce s'était finalement rangée. Et si Mäje le voulait, elle pourrait à présent voir nettement le changement en elle. C'était comme si elle s'adressait à son peuple : son visage aussi bien que son corps était apaisé. Et d'un coup de balai, elle avait nettoyé sa froideur pour gentiment déposer son cœur entre ses mains.
Mais comme une bonne élusienne, ceci voulait aussi dire que si elle faisait le choix de la trahir, elle n'aurait de cesse de la traquer pour pouvoir assouvir sa vengeance, en prenant bien évidemment en compte sa deuxième vie. Par ailleurs, la dame avait comme la nette impression que bientôt, les derniers boucliers – ceux-là même que même Yepa, son bras droit, n'avait pu briser – le serait certainement par ces deux êtres. Pour l'instant, ceci n'était que de simples hypothèses, certes.

« Fais preuve de miséricorde envers ce lhurgoyf. Il est évident que tout ceci est l’œuvre du mal qui nous attaque tous. » Cet étrange altruisme était dû à cette éphémère paix au fond de son cœur. « Mais je crois que le temps tourne pour moi. » Elle inclina légèrement la tête en signe de tout le respect qu'elle éprouvait pour elle. À présent, on pouvait parfaitement voir la fatigue sur son visage : elle l'avait laissé visible. « Je te souhaite une très bonne journée. » Elle se retourna et commença à s'avancer vers la sortie. Pourtant, elle s'arrêta au seuil de l'entrée. « Tu recevras bientôt une missive d'Élusia… Ce serait un honneur que de t'avoir à mes côtés, chère amie. »

Était-ce cela alors un coup de foudre amical ?
Le hasard n'était peut-être pas un signe du destin, mais il avait néanmoins permis à Hinaya de pouvoir les croiser : Mäje et Äjhem. Elle avait comme l'intime conviction que ceci était pour une très bonne raison.
Par ailleurs, bien que ces mots ne le laissaient qu'entendre, la dame insinuait humblement qu'elle leur laissait une place importante à Élusia s'ils étaient prêts à accepter sa requête. Car, comprenant parfaitement le lien qui les unissait, elle savait aussi qu'ils seraient – aussi bien l'un que l'autre – utiles pour elle et surtout, pour Élusia.
L'attachement qu'elle ressentait pour eux était tel qu'elle avait osé leur offrir une place auprès de son peuple. Et, pour qui la connaissait un minimum, ceci était la plus belle preuve d'amour qu'elle pouvait leur montrer, car elle voulait tout simplement dire qu'elle les élevait au même niveau que son peuple, le plus grand amour de sa vie.

La dame avait jeté un œil derrière son épaule, lui montant un sourire en coin.