EVENT Convergence : PHASE FINALE

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Vylkas avait préféré rester dans la chambre, compulsant l’un des nombreux livres qu’il avait fini par chercher suite aux récents évènements. Il ne semblait pas avoir été contaminé par la bonne humeur ambiante, ni par un quelconque désir de s’associer aux festivités… C’était quelque chose que Kalysta pouvait parfaitement comprendre. Si leur récente expérience, supposément associée à la convergence, avait été difficile à vivre pour elle, ce n’était en rien en comparaison de ce qu’avait pu subir le gorgoroth… Le malheureux avait souffert comme il ne l’avait plus fait depuis des centaines d’années et la syliméa n’avait quasiment rien pu faire pour le soulager. Peu désireux de devoir revivre une nouvelle fois une telle expérience, il s’était jeté à corps perdu dans les recherches…

De son côté, Kalysta avait poussé les siens à profiter à fond de l’évènement… Non seulement tout le monde avait besoin de se changer les idées mais cela pouvait aussi être une formidable source de renseignements en tous genres. Avec les différents échanges et voyageurs… En somme, une occasion en or pour les espions de tous poils. Pour sa part elle affichait un air joyeux et décontracté mais partageait largement les craintes de son ami. Surtout que depuis quelques temps ses nuits n’avaient plus rien de reposantes. Elle en était venue à devoir prendre certaines décoctions pour s’assurer de pouvoir dormir d’une traite. C’était quelque chose qu’elle n’aimait guère car ces drogues la rendaient particulièrement vulnérable durant son sommeil et diminuaient grandement ses réflexes. Il fallait vraiment qu’elle soit exténuée pour y avoir recours et l’occurrence avait été un peu trop régulière ces derniers temps.

La jeune femme esquiva un groupe d’enfants en train de se poursuivre dans la ruelle qu’elle était en train d’emprunter pour rejoindre la place principale. Au moins le reste de la ville semblait prendre plaisir à préparer le dénouement de cette convergence. Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre mais elle savait qu’il était hors de question qu’elle reste coincée entre quatre murs. Non seulement elle n’arriverait pas à dormir, et il était hors de question qu’elle reprenne une décoction alors que seulement quelques jours s’étaient écoulés depuis la dernière fois, mais elle était bien trop curieuse pour laisser passer cette opportunité.

Maintenant qu’elle était seule, elle profita pour escalader l’un des murs pour atteindre les toits. En quelques instants elle était confortablement, et très discrètement, installée… La nérozia avait une vue imprenable non seulement sur la place et ses estrades mais aussi sur le ciel. Cela lui permettrait de garder un œil sur les deux sans avoir à subir les désavantages d’être coincée au coeur d’une foule de plus en plus excitée. De toute façon, elle ne se sentait pas d’humeur sociale et préférait cette distance de sécurité si quelque chose tournait mal… Elle réajusta le foulard sur son visage ainsi que son capuchon et sa cape, une ombre parmi les ombres.

Qui savait ce qui allait se produire au moment de l’alignement ? Elle espérait juste que cela ne serait qu’une excuse pour faire la fête et non le déclenchement d’une quelconque catastrophe comme ses récents cauchemars avaient tendance à lui faire croire. L’intense sentiment de malaise qui collait à sa peau ne faisait que renforcer sa paranoïa naturelle...

Résumé:

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Cinq nuits! Cinq nuits que je n'arrive pas à dormir. Un cauchemar féroce qui m’encombre encore plus la tête que mes pensées. Un sentiment d'être traqué, et que la mort approche...Ce qui est totalement stupide, je suis immortel. J'ai l'impression que le manque de sommeil me rend irrationnel, et ce n’est clairement pas une bonne chose.

Et tout ça me coupe l'appétit! Et impossible de se concentrer plus de 30 secondes sur mes recherches, alors que je ne suis pas loin d'avoir enfin terminé ma thèse - enfin, ma thèse, celle que j’ai récupéré en cours de route plutôt.

Du coup, quand on m'a appris que j'étais censé aider les autres Eclaris à l'organisation, pour accueillir les gens du commun venus pour la Convergence, j'ai commencé par rire. Puis on m'a dit que c'était sérieux.
Ne pouvant y couper, j'ai géré l'organisation en amont, afin d'être libre le jour du grand évènement. Essentiellement parce que je déteste la foule. Personne n’y a rien trouvé à redire, ils ne semblaient pas spécialement tenir à ma compagnie. A vrai dire, je pense que mon changement d’apparence récent m’a valu pas mal de critiques implicites. Je le sens dans leur regard, dans leur voix. Ils ne peuvent pas comprendre, ou ils ne veulent pas comprendre ; je ne sais pas trop, et ça m’importe peu.


Toujours est-il que déteste vraiment la foule, et foule, il y a, comme une marée de personnes de toutes races et tous horizons, qui se pressent sur la place de l'arbre rouge. Je le vois, depuis mon emplacement, bien plus tranquille, sur le toit de la Masure des érudits. On y est un peu à l’écart, ici, et on profite des cris de joies sans que ce ne soient des cris, la distance ayant étouffé leur intensité. Ici, de la place, de la chaleur, et un peu de calme, avec une des plus belles vues. J’ai même amené ma lyra, afin de passer le temps en jouant un peu, le temps que la grande Convergence tant criée et annoncée arrive.

Je prends l’instrument en main, et instinctivement, je commence à en jouer doucement, sans même regarder la position de mes doigts, qui vivent leur vie comme animés d’une anima propre. Je suis venu, comme tout le monde, mais je sens que ça va être décevant. Au début, je ne comptais même ne pas venir, profitant que tout le monde serait dehors les yeux griffant le ciel pour plancher sur des vrais problèmes tranquillement. Il faut dire que je ne vois pas en quoi c’est un évènement miraculeux : c’est certes remarquable, mais il est sûrement plein de positions des soleils et des lunes uniques dans l’année, sans que personne n’en ait rien à faire. Qu’ils soient alignés est juste un cas particulier parmi tout ceux-ci, et lui accorder plus d’attention est quelque part entre le superstitieux et le stupide.
Vu le niveau des badauds venu pour l’occasion, j’aurais dis plus proche du stupide. C’est le fait que les Eclaris s’intéressent tant que ça à l’évènement qui m’a fait reconsidérer la chose. Après tout, ils sont censés ne pas être stupides, et encore moins superstitieux. Alors, pourquoi ?

C’est quelqu’un d’un peu plus doué en physique qui m’a expliqué l’incidence des astres célestes sur notre monde, sur les marées, et le reste. Le fait est que la Convergence risque de provoquer des phénomènes uniques, qu’il est indispensable d’étudier. La preuve en était les récents phénomènes naturels totalement extraordinaire (que j’avais raté, puisque j’attendais mon nouveau corps chez les Créateurs), ainsi que les problèmes physiologiques qui étaient soudainement apparus chez bien des peuples à l’approche de la Convergence (que j’avais aussi raté, mais ça, je ne m’en plains pas).

J’avais donc décidé d’accorder une heure de mon temps à ce phénomène unique, après avoir longuement hésité. L’avantage d’être immortel est que j’aurais pu tranquillement attendre le prochain ; même s’il était impossible de calculer à l’avance assez loin quand il serait, il serait probablement un jour. Mais le problème, avec les opportunités, m’avait appris un capitaine marchand un jour (il avait certes 7 verres dans le sang, mais j’avais trouvé le conseil bon), c’est que les rater devient vite une habitude. Si on laisse passer une, parce qu’on a peur des risques, parce que les facteurs ne sont pas parfaits, parce qu’on attends une meilleure opportunité, alors on finit par toujours attendre mieux et ne jamais rien faire. C’est pourquoi il fallait d’abord s’obliger à saisir toutes les opportunités, et ensuite seulement apprendre à distinguer les bonnes des mauvaises.

Ainsi, j’attends, étendu sur un toi légèrement incliné, sur une nappe rouge et bleue trouvée au marché, ma lyra en main, allongé pour regarder le ciel qui ne devrait plus tarder à exaucer les attentes, et voir enfin quels sont les surprises que cette évènement va apporter. Vas-y, ciel, rassasie ma curiosité.

Boissons, douceurs, délices de Val’Meëza !

La terranne criait généreusement pour essayer de couvrir le plus de mètres autour d’elle. Pia était parfaitement à son aise loin de l’oasis : il fallait dire que la vie citadine lui était familière, et même si elle ne connaissait ni Amaryl ni sa population, elle n’en donnait aucun signe. Et si elle pouvait promouvoir sa maison et ses bienfaits, c’était tout aussi bien, surtout qu’elle était plutôt bien surveillée…
Non loin d’elle, d’un œil maternel et bienveillant, une sylphide longue comme une panthère et féline dans sa robe de velours noire fumait machinalement sur une longue tige à fumée, un air bien grave et bien mystérieux sur le visage. Ses bras croisés devant elle, la Dame des sables était très silencieuse – trop même, ça ne lui ressemblait pas du tout. Et tout son entourage – enfin, ceux qui avaient trouvé grâce à ses yeux pour l’accompagner jusqu’à Amaryl – la guettait de temps à autres pour lire ses émotions d’un œil curieux. Mais elle ne laissait rien paraître, à part un œil gris et vide.

Et bien alors, Mäje, il faut t’amuser ! Nos liqueurs se vendent comme des petits pains, et tout le monde a ton relais sur le bout de la langue – un peu derrière la convergence, quand même. S’exclama Pia en lançant autour de ses épaules un bras téméraire. Mais la sylphide n’eut pas l’air de réagir, et se contenta de laisser échapper un long nuage de fumée devant elle.

C’est bien. Marmonna-t-elle au bout de plusieurs secondes. Il fallait avouer que ses pensées étaient préoccupées par bien d’autres questions qui peinaient à trouver des réponses.

Il fallait dire qu’ils venaient à peine de poser leurs valises et que la tension et l’effusion d’émotions étaient assez envahissantes. Tout le monde ne parlait que d’astres, de convergence, d’évènement exceptionnel… Là où l’immortelle ne voyait qu’une nouvelle source de problème. Après avoir vu son relais sans dessus dessous et la reine yorka affaiblit et perdue, elle ne pouvait s’empêcher de s’attendre à une nouvelle catastrophe. Et la bonne ambiance apparente ne parvenait pas à fracturer sa carapace de doutes, qui s’avérait bien plus tenace que l’enthousiasme général. Et les questions eclaris n’étaient pas pour la rassurer non plus. Bien qu’elle se savait bien au dessus de tout risque immédiat de trépas, elle gardait la crainte au ventre pour tous ceux qui lui étaient chers. Ses yeux se baladaient pensivement sur la jolie terrane, mais pensaient en même temps au yorkas chacal qui l’attendait au relais, ou encore à la souveraine pour une raison qui lui échappait encore.

Pour chasser ces pensées sombres de son esprit, la sylphide se dégagea du mur où elle était adossé et attrapa au passage un verre de liqueur – qu’elle n’aurait pas à payer, c’était la sienne – tout en lâchant à son amie qu’elle allait s’avancer un peu pour mieux voir. En réalité, échapper à ce qu’elle pourrait perdre était une bonne façon de faire taire ses démons, tout en faisant habilement l’autruche.
Le ciel rouge était magnifique… Un des plus beaux ciels qu’il lui avait été donné de voir depuis ses quatre siècles d’existence. Espérant assister rapidement à la fin de son calvaire et à un beau spectacle, elle avala d’une traite sa liqueur et se laissa glisser le long d’une rambarde pour contempler la convergence. Après tout, il restait une infime chance pour que ça ne finisse pas en désastre astrale.

[HRP] Veuillez considérer cette réponse comme si elle avait été postée il y a 3 mois. [/HRP]

J'ouvre les yeux, pour croiser les lueurs des deux Soleils qui me brûlent les yeux, et je les referme.
Mon senseur interne me dit que je suis dans une position allongée, légèrement inclinée, et mes muscles totalement au repos. A part un : mon cœur, qui bat à une cadence de tous les diables. Mon corps est également trempé de sueur, et je sais que ce n’est pas dû à la chaleur des étoiles au-dessus de moi.

J’ouvre les yeux, à nouveaux, les plissant pour discerner ce que je veux : la Convergence est terminée. Ignias est reparti suivre sa course inarrêtable, et même le reste du groupement semble se  dissocier… à moins que ce ne soit un jeu de lumière.

Une clameur monte de la place de l’arbre rouge, et je me décide à relever mon corps tremblant. Un vent de stupeur souffle parmi la foule : les éclats de voix sont faibles, les musiciens ne jouent plus, les gens se regardent en cherchant de l’aide dans l’expression faciale de leur voisin. Bref, tout le monde semble plus ou moins dans le même état que moi.

Je les regarde, mais sans y penser, je ne perçois déjà plus leur image. Mon esprit reste concentré sur la seule chose qui l’importe pour le moment : était-ce juste un cauchemar ?

Parfois, je souhaite vivre dans un monde où tous les phénomènes magiques sont inexistants. Un monde où personne ne se réveillerait d’un cauchemar en se demandant si c’était réel, puisque ce serait impossible que ça le soit.
Mais pour moi, la question se posera à jamais. J’ai des éléments pour le oui – comme le fait que s’être téléporté à travers le temps et l’espace à la suite d’un bête alignement d’astres célestes semble malgré tout élevé dans l’échelle de l’improbabilité- et des éléments pour le non -comme le fait qu’il est impossible, même pour moi, d’avoir fait un cauchemar aussi évolué dans une période de 50 millisecondes.

Dans mon rêve, j’étais avec d’autres gens venant d’ici. Donc si ce n’est pas un rêve, je ne suis pas seul à avoir fait ce voyage, et il est probable que la nouvelle attitude de la foule non loin soit dû à leur propre voyage.
Il me suffira donc de parler à quelques quidam du coin et leur demander leur ressenti de la Convergence : si nous avons tous fait la même expérience, cela n’aura pas été un cauchemar, et j’aurais suffisamment d’éléments pour me convaincre que ce que j’ai vu était vrai.

Hypothèse, expérience, résultat, conclusion: simple, en définitive.

Pour l’instant, malgré tout, je n’ai pas envie de descendre de mon toit pour tester cette hypothèse. J’aurais la réponse tôt ou tard, et je ne tiens pas à en parler pour l’instant. Je me rallonge sur le toit, reprenant la lyra tandis que l’archet n’avait jamais quitté ma main, et je joue un petit air qui se veut guilleret, sans réussir à me persuader de l’être.
Mon cerveau tourne à plein régime, car même si ma raison tente de bloquer ce sentiment, je suis persuadé en mon for intérieur que ce n’était pas un cauchemar.

Ce qui voudrait dire que l’Eridania va devenir un jour ce que j’ai vu.
Ce qui voudrait dire que probablement les nations voisines vont avoir quelques problèmes aussi.
Ce qui voudrait dire qu’un jour nous seront envahi par des théologies dictatoriales, avec visiblement un clergé tout-puissant qui aura qualifié d’hérésie les croyances anciennes et d’hérétiques tout ceux qui s’opposent à lui, avec en prime un paysage de désolation et de toxicité, où même respirer devient une épreuve.
Et que, puisque je suis immortel, je ne mourrais pas avant que ça arrive. Ce problème me concerne donc directement.

Je soupire. Je ne suis pas vraiment de quelqu’un de très engagé, dans une cause ou dans une croyance : je ne crois pas en grand-chose, j’estime ce qui me paraît le plus probable, et si quelqu’un pense autrement avec les mêmes informations, c’est son problème. Et j’ai toujours cru que c’était mieux comme ça. Se tenir à l’écart des conflits, des débats, de la place publique, et se concentrer sur ses propres problèmes.

Mais il faut quelqu’un pour empêcher ça. Ce futur apocalyptique. Ce brouillard physique, cette dictature mentale, ils doivent tout deux avoir une origine dans le passé, et le passé, c’est maintenant. Le moi d’aujourd’hui doit faire en sorte de faciliter la vie du moi de demain, et je suis un des seuls à savoir ce qui va arriver.

Je ferme les yeux. Je m’emporte. Il faut d’abord que je m’assure que tout le monde a bien fait la même expérience. Si c’est le cas, je chercherais les personnes que j’y ai vu…
Mais je ne connais même pas leur prénom. Et rien d’eux, d’ailleurs, à part que la Sindarin semblait bien connaître l’Eridania. Qu’importe, j’ai leur image, et beaucoup de temps.

J’expire, purgeant l’air présent dans mes poumons et inspire profondément pour le remplacer. Je n’ai pas le courage de me pencher là-dessus dans la minute, et je resterais sourd à la clameur que j’entends monter des gens au sol. Seul importe pour moi à l’instant le son de ma lyra, à laquelle vient s’accorder ma voix ; chantant la « Ballade des deux Soleils » que j’ai composé, et je chante Enkilil la saison douce et la nature tandis que mon esprit est hanté de brouillard gris.