EVENT : Colosse de Paramis - Révélation

Abigail se trouvait dans la grande cité d'Hespéria depuis plusieurs jours déjà. Elle travaillait en tant que garde mais elle avait passé quelques heures à aider Bellina à ranger les livres de la Bibliothèque des Lumières. Cette journée qui aurait pût – si les dieux en avaient décidé autrement – être une belle journée, allait se transformer en un cauchemar quelques heures plus tard.

La jeune femme s'était levée aux aurores encore une fois, elle était en pleine forme et avait décidé de partir à cheval pour faire une promenade matinale. Lorsque fut l'heure d'aller travailler, elle laissa Mars aux écuries comme tous les jours et se mit en route pour faire sa ronde. Tout allait pour le mieux, elle aida les personnes quand ils lui demandaient son aide. Tout allait pour le mieux ? C'était ce qui semblait à huit heures du matin, comment auraient-ils pût imaginer ne serait-ce qu'une seconde que leurs vies allaient changer du tout au tout quelques heures plus tard ?

Abigail parcourait les rues, prenant une pause par moment en s'asseyant sur un banc. Elle commençait à en avoir assez de cette ville surtout qu'elle faisait tout pour ne pas voir ses parents et surtout pour qu'ils ne la voient pas. Elle voulait retourner à Tyrhénium mais ne pouvait partir tant qu'on ne le lui disait pas et puis ce n'était pas comme si tous les gardes la détestaient… Au contraire, il y avait de nombreuses personnes amicales parmi les soldats de la cité. Plongée dans ses pensées, elle entendit une phrase qu'elle connaissait par coeur : « Au voleur ! »
Elle se leva et se mit devant l'enfant qui courait comme si sa vie en dépendait, la petite fille ne l'avait pas vue, elle la percuta directement. Abigail l'attrapa par un bras et lui fit lâcher le sac ; la propriétaire arriva quelques minutes après, essoufflée. La chevalière Valverde lui rendit son sac avec un sourire tout en tenant fermement le bras de l'enfant, la femme prit son sac mais avant de repartir voulut gifler la fillette. Abigail prévoyant ce qu'allait faire la lady, fit passer l'enfant derrière elle et fixa de ses yeux noirs la femme d'âge mûr.

- N'essayez même pas madame ! Vous avez affaire aux gardes de la ville, je me chargerais de cette enfant. Maintenant si c'est votre fille je ne dirais rien mais je ne pense pas que cela soit le cas, n'est-ce pas ?
Aucune réponse. Abigail poussa un soupir avant de continuer.
- Veuillez partir maintenant. Quant à toi… - déclara-t-elle en lançant un regard à la petite- Tu vas venir avec moi, nous devons parler.

Abigail attendit que la femme parte pour secouer la tête et relâcha un peu sa prise. Elle entraîna la petite jusqu'à un banc. Elle la fit s'assoit et se posta devant elle, accroupie ; elle lui demanda d'une voix douce de lui expliquer ce qui l'avait poussée à voler. Elle s'était fixée un but : n'utiliser la violence et le recourt à la prison qu'en dernière solution. Et puis il s'agissait d'une enfant ; elle ne pouvait tout simplement pas la mettre derrière des barreaux. La petite restait muette, Abigail déposa son sac à ses pieds et en sortit un bonbon de plusieurs couleurs, elle le lui tendit, toute souriante.
La fillette regardait le bonbon avant d'en détacher son regard pour le regarder de nouveau et ainsi de suite. La zélos eut un rire léger et ouvrit elle-même la main de la fillette pour lui mettre le bonbon dedans. Abigail pût voir les yeux pétillants de la petite qui maintenant la fixait.

- Alors, tu veux bien me dire ton nom ? Moi c'est Abigail.
- Euh… Je m'appelle… Je m'appelle Adéna.
- Adéna ? C'est un joli prénom. Dis-moi Adéna, tu m'as l'air d'une petite fille très gentille alors pourquoi tu as pris ce sac ?
- Je peux pas le dire, murmura-t-elle.
- Tu sais Adéna, je ne suis pas ton ennemie. Je veux juste t'aider. Au fait, tu peux me dire où sont tes parents ?

La petite fit la moue puis me pointa de son index une boutique. Abigail se leva, remit son sac sur le dos et tendit la main à la fillette. Elle alla jusqu'à la boutique où elle entra, mettant la fillette devant elle et posant ses mains sur ses épaules. Plusieurs personnes regardaient des objets dans la boutique, Abigail les salua quand elles sortirent de la boutique, leurs affaires terminées.
-Veuillez m'excuser, puis-je vous… aider ? Adéna ?
- Je vous ramène votre fille monsieur et j'aimerais m'entretenir avec vous quelques minutes si vous le permettez.
- Adéna, tu montes dans ta chambre et tu y restes ! Qu'a encore fait cette enfant ?
- Votre fille a essayé de voler une sacoche.
- C'est pas possible. Je ne sais plus quoi faire d'elle.
- Monsieur ? Avez-vous une idée sur ses intentions, elle n'a rien voulu me dire.
- Elle essaye toujours de voler des choses, la dernière fois elle a voulu prendre le grelot que portait une femme en bijoux dans la boutique.
- Peut-être veut-elle faire comme vous ? En créant des objets. Ce n'est qu'une hypothèse bien sur mais et si vous lui proposiez de faire des croquis d'objets qu'elle aimerait fabriquer ?
- Si cela peut la calmer, je veux bien essayer n'importe quoi.

On en était en fin de matinée quand Abigail allait repartir, elle sentit son corps se vider de ses forces, la faisant tomber au sol. La zélos déposa son sac à côté d'elle et pût se relever bien que difficilement, le propriétaire de la boutique avait lui aussi à se tenir debout quand des hurlements provenant de la ville se firent entendre ainsi que des grognements.

La cavalière de l'Ordre d'Oris ouvrit la porte et regarda ce qui se passait, elle n'en avait pas la moindre idée, la panique gagnait tout le monde aussi bien les Terrans que toutes les autres formes de vies, elle aperçut un Yorka se transformer entièrement devant ses yeux, il semblait incapable de reprendre forme humaine. Abigail referma la porte et s'y cala. Que devait-elle faire ? Excellente question. Elle ferma les yeux et vida son esprit, elle savait quoi faire, son coeur le savait parfaitement. Mais comment faire vu que ses pouvoirs risquaient de ne pas fonctionner ? Elle ne pouvait plus compter sur son don de force physique surdéveloppée et elle n'était pas certaine que ses autres pouvoirs fonctionnent. Pour l'instant, elle devait sortir de là et se rendre compte des dégâts avant de penser à faire quoi que ce soit pour cette cité.

Abigail ne prit que son arc et ses flèches qui lui semblèrent peser une tonne sur son dos, déclara au père de récupérer Adéna et de quitter la ville au plus vite. Elle allait voir ce qu'il en était dans le reste de la cité.

Résumé ultra bref:

Spoiler:

Résumé:

Résumé:

Kimera détailla son frère. Il avait tellement changé depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu qu’elle ne l’aurait pas reconnu. Fini les cheveux longs, l’apparence frêle et le regard au sol. L’homme de 21 ans n’avait plus rien de l’enfant craintif que Kimera avait connu. Il avait toujours été très grand, mais une forte musculature s’était ajoutée à sa silhouette et son visage s’était durci. Une longue cicatrice courrait sous son œil jusqu’à sa mâchoire et une lourde armure de métal noir reposait sur son épaule. Il était venu l’accueillir à l’extérieur de la ville, puisque Kimera ne connaissais pas l’endroit, avec un étalon fier et droit qui portait aussi une armure. Il avait fier allure et sa condition de yorka était à peine visible, comme il l’avait toujours voulu. Certes, il avait les yeux du dromadaire et de grosses lèvres, mais la proéminence dans son dos était habilement camouflée dans son armure. Il ressemblait presque à un terran, même si son allure exotique ne trompait personne.

Ils avaient souvent échangé des lettres, ils étaient restés en contact et l'étaient encore lorsque la guerre s'était déclarée. Elle savait que son frère avait toujours détesté son côté animal, qu'il le réprimait de son mieux et qu'il avait finalement réussi à dompter la bête en lui. Il ne se sentait pas lui-même lorsqu'il était un dromadaire et avait toujours refusé l'idée. Il était, tout comme Kimera, partie assez jeune de leur village natal, principalement parce qu'il ne se sentait pas à sa place parmi ceux de sa propre race. Cependant, jamais la femme albatros ne s'était doutée d'une telle transformation. Le plus impressionnant restait l'immense espadon qu'il avait sur lui et le grand arc retenu sur son étalon. Ses pouvoirs étaient également plutôt impressionnants. Il avait touché son esprit d'oiseau à plus d'un lieu de distance, même s'il avait dû attendre qu'elle soit plus près pour avoir une véritable discussion avec sa sœur, et n'avait eu aucune difficulté à reconnaître le contact de l'esprit de Kimera malgré ces années sans la côtoyer.

Il l'avait amené à travers les dédales de la ville avec un sérieux impressionnant. Les informations qu'il avait à transmettre étaient de la plus haute important et le seul fait qu'il soit au courant de ce fait le mettait en danger. Lorsqu'il avait su que sa sœur participerait activement à la guerre et qu'elle avait près d'elle certain des acteurs principaux de cette guerre, il en avait conclu que c'était la meilleure personne à qui confier son secret, car elle était probablement le seul acteur qui, il le savait, ne le trahirait pas. Kimera, après avoir reçu une lettre étrange et surtout, codé, avait compris que ce qui se jouait n'était pas si simple. Elle avait donc montré et expliqué le message à sa supérieure, Irina, et avait usé de toute la persuasion dont elle était capable pour la convaincre de la laisser aller chercher ces informations. La prêtresse n'avait pas été très difficile à convaincre, car elle lui confia une deuxième mission en annexe, celle de rejoindre la délégation d'Othello Lehoia, nouvellement promu.

Elle avait choisi de n'amener que le minimal et de voyager sous sa forme animale. Comme à l'habitude, elle avait fixé sur son dos un harnais qui contenait quelques vêtements et ses deux poignards. Elle avait laissé le plus important au temple et elle suivit son frère à pied jusqu'aux quartiers résidentiels de la ville. Celui-ci s'était enfoncé dans des rues sinueuses sans la moindre hésitation, et Kimera savait qu'elle se serait probablement perdue depuis longtemps si Haera n'avait pas été là, sans savoir que son frère prenait de nombreux détours pour éviter d'être suivi. Ils arrivèrent devant une maison, la contournèrent et arrivèrent devant un mur. Le yorka tâta le mur, hocha la tête puis se mit à plat ventre avant de ramper… à travers le mur !

- C’est une illusion. Allez, vite!

Renonçant à poser des questions, Kimera le suivi et à sa surprise, elle passa sans difficulté à travers le mur. Elle se releva rapidement.

- Tu peux allumer les torches? Lui dit son frère en un murmure, lui tendant à l'aveuglette l'une d'entre elle.

Kimera saisi la torche et l'alluma magiquement, avant de faire de même avec toutes celles dévoilé par la lumière de la première. Ils étaient dans une grande pièce rectangulaire aux plafonds bas et à l'allure négligée. Plusieurs torches étaient accrochées sur le mur et des fauteuils usés étaient disposés de manière anarchique dans la salle. Dès que la pièce s'éclaira, un poids d'une tonne sembla tomber des épaules d'Haera, qui se tourna vers sa sœur.

- Bienvenue dans le Repaire! Je ne peux pas t'en dire plus, malheureusement, mais j'ai eu l'autorisation de t'amener ici puisque j'avais besoin d'un endroit impénétrable.

- Tout cela est bien intéressant, Haera, mais tu sembles avoir beaucoup plus de secret que tu as bien voulu me le dire… Pourquoi?

- Si je… qu'est-ce qui se passe! S'exclama Haera alors que la terre se mit à trembler.

On entendait des cris et des hurlements, à l'extérieur. Au même moment, Kimera, sans comprendre, compris toutefois en sentant l'albatros se débattre en elle que quelque chose n'allait pas. Immédiatement, elle se replia et ferma les yeux, récitant mentalement quelques vers qu'Assimer lui avait appris pour retenir l'animal en elle. Cependant, bien que cela lui permettrait de gagner un peu de temps, elle s'aperçu rapidement que son frère n'avait pas autant de maîtrise qu'elle. Il tremblait de partout et peinait à garder sa forme humaine.

- Haera, déshabille-toi. Maintenant!

Si son frère se transformait avec cette armure sur le dos, il serait probablement blessé par celle-ci, et peu importe ce qui se passait, ce qui causait ce phénomène, ce n’était vraiment pas le moment d’être blessé. Celui-ci réagit sans réfléchir au ton impérieux de sa sœur et réussis tant et bien que mal à détacher les courroies de son armure avant d’émettre un couinement. Kimera avait elle aussi retiré ces vêtements et les avait rangés dans son attelage.

- Sortons! Une fois sous ta forme animale, tu n’arriveras pas à sortir par cette petite ouverture, on ne doit pas rester ici !

Alors Haera, sans prononcer un mot, se jeta à l'extérieur, laissant son armure en sécurité à l'intérieur. Il tremblait de partout et la silhouette se troublait dangereusement, même s'il parvenait pour l'instant à garder le dessus. Kimera le suivi, trainant son harnais derrière elle. L'oiseau se débattait furieusement en elle et si elle gardait un meilleur contrôle que son frère sur son essence animale, elle sentait bien qu'elle ne pourrait plus le retenir longtemps. Elle gardait pourtant son calme, sa forme animale n'ayant jamais été un handicap pour la jeune femme, même si elle se doutait que la communication lui serait probablement plus difficile sous cette forme. Soudain, alors qu'elle regardait autour d'elle, une idée la traversa. Othello! Elle devait trouver Othello! Sous sa forme animale, son frère ne pourrait pas lui dévoiler ces précieuses informations qu'Irina l'avait envoyé chercher, elle devait donc accomplir sa deuxième mission, peu importe que ce soit sous sa forme animale ou humaine. Poussant ce qui ressemblait à un meuglement, la silhouette d'Haera se brouilla et il prit sa forme animale, celle qu'il détestait tant, celle du dromadaire. Pour Kimera, c'était le signal. Elle laissa son essence animale s'emparer d'elle sans plus chercher à lutter. Elle se retourna ensuite vers son frère qui, les yeux hagards, ne semblait pas savoir que faire de ce corps. Pire, la panique semblait le gagner.

Poussant un cri, Kimera attira l'attention de son frère, l'obligeant avec de grands mouvements d'ailes à la regarder. Lorsque leurs regards se rencontrèrent, Haera sembla reprendre son calme, comme s'il comprenait soudain que cette perte de contrôle n'était pas de sa faute. Soudain, une chose immense, titanesque traversa le ciel et un frisson parcouru l'échine de Kimera. Un colosse! Cette chose volante ne pouvait être qu'un colosse. Un autre, un troisième colosse en si peu de temps? Son frère la fixait alors, le regard effrayé. Elle lui fit un signe de tête et ils s'avancèrent ensemble vers les rues les plus fréquentés. Immédiatement, l'horreur prit place. Les yorkas sous leur forme animale et les lhurgoyfs sous leur forme monstrueuse était bien entendu le plus impressionnant, mais tous semblaient perturbé par le passage du colosse. Elle avait flanqué son attelage sur le dos de son frère et l'avait tant et bien que mal fait tenir sur son dos grâce à la bosse du dromadaire. Haera semblait complètement perdu. Peu habitué à sa forme animale, il devait se battre pour dominer son instinct et garder toute sa tête, contrairement à Kimera qui dominait beaucoup facilement les commandements instinctifs que lui soufflait sa forme animale. Heureusement, car il aurait été facile de céder à la peur dans un tel contexte, et visiblement, la plupart des gens présents ne cachaient pas leur panique. Kimera poussa un cri de mécontentement, tentant vainement de reprendre sa forme humaine. Elle ne pouvait aider personne, sous cette forme!

La scène qui se déroula alors devant elle était irréelle. Un sindarin tentait tant et bien que mal de contrôler un lhurgoyf en pleine transformation, et ce, en pleine rue. Kimera se posa sur le toit d’une maison à proximité, laissant son frère dans la rue. Avec ce qui arrivait, et malgré tout l’amour qu’elle éprouvait pour son fraternel, il y avait pire que de ne pas maîtriser sa forme animale et elle ne pouvait de toute façon pas du tout communiquer avec lui. Du haut des airs, plus encore que sur terre, toute la ville semblait plongée dans un chaos profond. L’apparition du colosse avait visiblement entraîné des effets plus qu’indésirables et ce, pour chacune des races existantes. Pour l’une des premières fois de sa vie, Kimera était désemparée. Elle ignorait complètement ce qu’elle devait faire, comment elle devait agir et réagir. Elle devait retrouver Othello, bien entendu, mais elle ignorait ou celle-ci se trouvait. Que devait-elle faire? Sous cette forme, elle ne pouvait guérir personne, ne pouvait aider aucun yorka, ne pouvait se servir de sa magie. Il ne lui restait que sa tête, ses serres et ses ailes pour tenter d’agir d’une manière ou d’une autre. Ce fut un cri qui la fit sortir de ses pensées, un cri venant de la maison sur laquelle elle s’était posée.

- Léogan!

Kimera ne perçu pas le reste de sa phrase, mais le nom avait éveillé une curiosité intense chez la yorka, Léogan étant l'un de ceux accompagnant Othello. Son regard se tourna alors vers le combat surprenant remarqué plutôt, et le déclic se fit. Ce sindarin était probablement Léogan et elle devait faire quelque chose pour l'aider. Elle choisit d'intervenir, espérant pouvoir amener le lhurgoyf à se calmer, ou du moins, a détourné son attention de celui qu'elle se doutait être Léogan le temps que celui-ci puisse le contrôler. Elle ratissa le sol du regard puis ouvrit ses ailes, tentant de rester la plus adroite possible malgré sa maladresse légendaire. Elle réussit, au bout de trois essais, à saisir la pierre qu'elle avait aperçue sur le sol et à s'élever dans les airs. Elle relâcha cette pierre de la grosseur d'un ballon de football sur la tête du monstre, sans trop savoir l'effet que cette pierre aurait sur lui. Toujours dans les airs, elle fit des cercles au-dessus du duo, espérant distraire le lhurgoyf le temps de quelques secondes.

» Argyrei – La Masure des Erudits.

Ce soir, comme toutes les nuits depuis les débuts de la saison chaude, la température a légèrement diminué et une frêle brise apporte un soupçon de fraicheur depuis les mers du sud. Mais, la chaleur et l’air sec étouffe les habitants du désert qui s’organisent en sédentaires autour des principaux points  d’eau et de vie, dont Amaryl. Malgré leurs maigres ressources, les nomades continuent à offrir le gîte, l’auberge et le pain aux naufragés d’El Bahari. Une large proportion des survivants Ascans ont trouvé un logis dans la cité principale de cette région aride, au chevet des Erudits de la Masure, point névralgique qui catalyse le savoir comme les moyens. Rompant ainsi à ses habitudes, Sillus El’Devak, Grand Maitre Eclari, s’était aventuré dans la ville « maudite » d’Amaryl pour récupérer des denrées, ainsi que quelques objets qu’il avait commandé deux mois plus tôt. Ce fut l’occasion de s’entretenir avec les Chefs de la tribu échouée au sujet de leur condition et des démarches à entreprendre les concernant. La caste, par l’intermédiaire de ce Maitre, s’engageait à leur fournir l’aide logistique et intellectuelle nécessaire à leur avenir, à leur salut …

De retour à la Masure, le Maitre déambule à travers les corridors de la citadelle jusqu’à rejoindre une grande porte double, qui donne sur une grande pièce avec une hauteur sous plafond difficile à appréhender. Les murs sont recouverts d’étagères pleines à craquer de livres, quelques unes ont d’ailleurs cédées sous le poids et les livres sont consciencieusement entassés à même le sol. Il se fraye un chemin avec une dextérité et une inflexion surprenante jusqu’à parvenir à un escalier de bois marron foncé tâché par le temps. Il prend appui de son poignet sur la rambarde et grimpe les marches aves prudence, à destination il s’installe sur son fauteuil en tassant le tabac de sa pipe. Il craque une allumette est l’introduit dans le foyer, duquel s’échappe quelques filets de fumée, à mesure qu’il inspire à travers le bec en bois d’ébène pour attiser le combustible. A cet instant, la porte s’ouvre à nouveau, le vieil homme se redresse un peu, avant de s’affaler à nouveau. Il connaissait bien ces bruits de pas, cette allure si particulière. Dim entreprit le même chemin de pénitence à travers les monticules d’ouvrages, de maquettes, d’artefacts en tout genre, de carte et même une allée de modèles anatomiques des principales espèces du continent et de ses îles. Tous deux installés confortablement, ils bullèrent un moment, enfumant petit à petit la pièce exigüe. Ils échangèrent quelques conclusions sur diverses affaires en cours, sur les Ascans, sur les nouveaux disciples qui se raréfiaient ou bien s’avéraient insuffisant dans leur investissement et même sur la qualité de leur tabac et du thé qu’ils sirotaient. Des thèmes peut-être futiles pour le commun des mortels mais d’une importance capitale pour ces deux hommes sages et réfléchis. A vrai dire, Sillus s’avait bien le sujet qui justifiait la présence de son ami et non moins Grand Maitre de la caste, mais il l’évitait avec une justesse telle que Dim ne semblait pas vouloir le déranger. Lui-même, il n’avait pas de véritable ordre à formuler à ce sujet, son étonnement se mêlait à un profond questionnement … La fougue de la jeunesse lui apparaissait d’une futilité totale lorsqu’il s’agissait de Gareth Ezéchiel. Du point de vue de son existence de terran, le sindarin reposait sur une  histoire personnelle et celle des trois derniers siècles, dans ces circonstances l’âge et la fougue en viennent à se dissocier profondément.

« Mon vieil ami... Quoi que j'apprécie beaucoup nos méditations partagées et nos petits loisirs philosophiques, je pense nous avoir fait assez tourner autour du pot pour aujourd'hui... Allons droit au but. La vérité, tu la sais, c'est que je suis venu parler avec toi de ton disciple.  Ne le prends pas comme une réprimande, car ce n'est pas mon idée, mais ce que j'entends... eh bien m'inspire du souci. Tu es certainement plus au fait que moi de son engagement, dans le nord ? »

Une grande bouffée de tabac plus tard, pour détendre ses nerfs et meubler un temps de réflexion, Sillus tapote sa pipe sur le bord d'un cendrier et lève son regard vers son ami.
« Je suis au fait de bien des choses, Dim. De quoi veux-tu parler exactement, la destruction d'un village de pécheur fortifié ou bien la guerre qui raisonne encore jusqu'ici ? »

Les vieux traits du visage de Dim se froncent soucieusement et il répond simplement.
« De ce qu'est la guerre, je reçois assez de courriers pour ne pas l'ignorer. Ce qui reste en revanche une inconnue pour moi, c'est le degré d'implication du jeune Ezéchiel. Tu me connais, enfin, depuis bien longtemps, je ne suis pas particulièrement tatillon sur le règlement - en observons-nous un seulement ? - mais ce garçon dépend tout de même de mon autorité, et s'il est impliqué dans un conflit de pareille envergure, bien que ce soit, je l'imagine, en son propre nom, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est l'ensemble de notre caste qu'il implique. J'y songe et je me demande en quelle mesure le savoir des Eclaris est utilisé à des fins guerrières, mon bon Sillus. »

Toutes ces questions, Sillus se les était posé lui-même et il ne s'en était pas caché dans ses courriers. Un sourire en coin, il poursuit.
« Notre âge nous pousse aux mêmes cas de conscience. Impliqué, il l'est, ça ne fait aucun doute, mais en son nom et tu fais bien de le préciser. D'ailleurs, il n'a fait appel à aucune de nos ressources, ni a aucun autre Eclari ... Je ne suis pas certain de ma réponse, de notre réponse si ça avait été le cas. » Il fronce les sourcils face à ses propres cas de conscience. Il finit par hausser les épaules. « Il utilise forcément le résultats de ses méditations dans nos murs, Dim ... Je ne te mentirais pas. A des fins guerrières, ce n'est pas si simple. S'il était parmi nous à cet instant, il nous déroulerait en bon philosophe qu'il n'intervient que pour la stabilité. Mais oui, puisqu'il est impliqué, puisqu'il est l'un des nôtres, ses solutions sont nécessairement empreintes de ce qu'il a appris et développé ici. »

Dim hoche la tête, et son vieux front semble peser lourd de méditations.
« Oui, j'entends bien qu'il s'est engagé après y avoir mûrement réfléchi. C'est un garçon de bon sens. Mais j'aimerais que nous puissions garder un œil - un œil bienveillant - sur ses travaux. Tu sais que nous avons longtemps gardé secret la formule du feu grégeois qu'un de nos collègues avait plus ou moins réussi à mettre au point, car dans les mains d'une armée ou d'un homme peu scrupuleux... Cette arme est d'un danger redoutable. Malheureusement, il y a eu des fuites. J'ai entendu dire que les Cimmériens en usaient. Je n'accuse pas Gareth, bien entendu. Ce que je veux dire, c'est que s'il met au point des machines ou des armements et qu'il les livre à un pays, ses inventions finiront par lui échapper, et ne pas servir exclusivement ses objectifs. C'est le propre de la science, me diras-tu. C'est le propre de la science... Mais nous devrions peut-être... surveiller tout ceci de loin. Et toi, mon ami, tu devrais l'encourager à une certaine mesure. Il a certainement besoin de conseils.
─ Je ne reviendrais pas sur le feu grégeois. » Sillus balaye le sujet d'un revers de la main, il n'y a plus rien à faire à ce sujet. « Des conseils, des conseils ... Probablement qu'il en aurait besoin de conseils, tu n'es pas sans savoir qu'il a toujours critiqué la contemplation stoïque de notre mouvement et c'est probablement pourquoi il se déplace en électron libre. Ce côté rebelle est propre à son premier mentor, Léanne nous a échappé, Dim. » Il s'évade un instant dans la mélancolie de ses jeunes années. « Ils sont fait du même bois. De la même complexité mais surtout du même caractère. Je ne doute pas un instant qu'il s'abstiendra de commercer avec les états et qu'il incorpore assez de complexité dans tout ce qu'il crée pour en limiter l'utilisation. Ce qui se trouve à Oakbrige restera inutilisable, après coup. S'il s'agit d'instiller la mesure, je peux m'y atteler. Si tu me demandes de le rappeler à la contemplation, c'est peine perdue. »

Dim plisse ses yeux fatigués et observe Sillus silencieusement. Puis il reprend avec sévérité : « Tout n'est pas maîtrisable, mon ami. Gareth n'est pas à l'abri de se faire voler ses recherches, ou pire. C'est un scientifique au milieu d'une guerre, il n'est pas en mesure de tout contrôler. Je ne crains davantage pour lui et ses créations que pour sa prudence et ses réflexions. Il est en danger. Je te demande de bien vouloir faire attention à lui. De surveiller ses arrières. Peut-être que c'est nous, au fond, qui sommes restés trop longtemps contemplatifs, tandis que nos jeunes élèves ont senti le besoin d'agir. Nous ne pouvons pas les laisser courir de tels risques sans au moins les protéger, et au mieux... Être à leurs côtés. Est ce que tu me suis ? »

Ces mots surprennent un peu Sillus, il lui faut un instant pour réaliser. Il se relève, ragaillardi par cet entretient riche, et récupère un carnet qu'il tend à Dim. « Tu sais bien que tu peux aussi garder un regard bienveillant. Tu ferais même bien de garder un œil … J’aurais tellement de chose à te montrer, mon ami. Au pire ça te fera un livre de chevet. Au-delà, nous sommes d’accord, Dim. Sur tout ce que tu me dis, j’aimerais juste agir, plus que parler. »

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» Un mois plus tard, Hespéria, Bibliothèque des Lumière.

Depuis l’affrontement d’Oakbridgs, le conflit se tassait, tant dans les terres qu’au large. Quelques répliques se manifestaient de temps en temps, mais rien qui exige encore sa présence permanente au nord du continent. Par ailleurs, personne ne l’y avait forcé, ni le Général, ni les Grandes Prêtresses, il y avait peut-être le Maire mais Gareth ne lui portait qu’une importance toute relative. Alors qu’il s’afférait à démonter une pièce maitresse de ses installations, à califourchon sur une poutre métallique à laquelle il s’était fermement harnaché, Etim ─ son hibou messager ─ parcouru la pièce suivi de quelques cris. Il vint se poser sur son épaule pour agiter sa pate chargée d’un parchemin qui le déstabilisait. La pièce mécanique cylindrique entre les dents, l’Eclari entreprit de le délivrer avec une grande délicatesse, une caresse et une friandise plus tard, le hibou s’ébroua avant de s’installer sur la poutre. Ses mains pleines de cambouis ne lui facilitaient la tâche, mais il finit par déplier correctement la lettre pour s’informer de son contenu. En provenance d’Amaryl, elle le conviait à Hespéria.

« Voulez-vous descendre ! s’écria Iona sur un ton autoritaire qui faillit me faire tomber à la renverse.
─ Je n’ai pas réussi à la retenir.
─ Evans, je te confis une seule tâche et tu échoues lamentablement. Ce n’est qu’une prêtresse, un grand gaillard comme toi.
─ Vous allez voir la petite prêtresse, ce qu’elle va vous mettre.
─ Par Kesha, j’entends toute l’influence de Dame Dranis dans ton intonation, ma douce Iona. Je descends, regardes … voilà. »

La pièce dans l’une de ses poches, il rejoint le groupe. La jeune prêtresse critiqua son allure générale et son visage souillé de graisse en le sommant de se débarbouiller. Critiques auxquelles le sindarin ne répondit pas vraiment. Si ce n’est en mimant une grimace ironique qui signifiait tout son dédain pour le comportement maternel de la jeunette. Ce qui eut pour effet de déclencher sa fureur qui s’éteint rapidement lorsque le sindarin annonça à ses deux amis qu’il partirait pour Hesperia dans quelques heures. Cet appel, il n’avait pas la possibilité de l’ignorer et quand bien même, la chaleur du royaume d’Eridania le réchaufferait après tout ce temps passé dans une région aussi glaciale que Cimméria.

Au départ, il caressa l’encolure de sa brave monture ─ Horoi ─, qu’il avait délaissé ses derniers mois et dont il allait exiger l’endurance d’un long voyage. A peine quelques mètres plus loin, le lieutenant Evans le rattrape au galop. Les deux destriers hennirent un moment avant de reprendre au trot, direction Aggersbord. Une fois la frontière passée, ils emprunteraient les routes de Dalma et d’Aniah pour rejoindre le domaine d’Hesperia.

« Lieutenant, vous ne pouvez plus vous passer de moi.
─ Je vous accompagne. Ordre du colonel, dit-il, galvaudé par cette nouvelle mission.
─ Et en quel honneur ?
─ Va savoir quels dangers se trouvent sur la route … Des forbans, des receleurs, des bandits de grands chemins ! Des …
─ Ne te fatigues pas. »

Gareth conclut le sourire aux lèvres. Bien qu’il soit un peu naïf, Evans lui était de bonne compagnie et mener ce voyage accompagné en briserait la monotonie.
Deux semaines plus tard, ils foulaient enfin le sol de la capitale d’Eridania. La cité grouillait de vie, des marchands hurlaient de toute part, leur promotion, leur article. Bien sûr, la vie n’était pas parfaite dans les grandes capitales, mais cette ambiance lui manquait. Toute l’agitation qui animait les ruelles, les odeurs agréables aux abords de certaines échoppes et les tavernes animées par nombre de bardes en provenance du continent tout entier. Ce changement d’air l’enthousiasmait et le revigorait. Après quelques heures de repos dans une auberge du centre d’Hesperia, l’Eclari et son « garde » se rendirent à la Bibliothèque des Lumières. Sur le perron de l’imposant bâtiment, Gareth prit le temps de briefer le soldat concernant le comportement à tenir une fois l’alcôve passée. En passant l’alcôve et comme il le craignait, Evans a manqué de trébucher sur une marche, il reprit toutefois son équilibre rapidement tout son attirail carillonnant de concert. Le regard noir, Gareth jura en passant sa main sur son visage mais sans s’arrêter. Quelques minutes plus tard, Gareth papillonnait dans les rayonnages, son doigt parcourait les tranches des ouvrages rangeaient selon une classification bien particulière. La tentation l’a finalement poussé à prendre quelques livres avant d’entrer dans la salle de réunion qu’on lui avait indiquée. Devant l’entrer, il adressa quelques murmures à Evans.

« Prends un roman, détends-toi … » Le lieutebant grimace.  « Ou bien fait un tour dans la ville, j’en ai pour un moment. »

Il passe la porte en lui faisant signe de ne pas trainer devant et il s’installe sur un siège à quelques pas d’une sortie. Sillus entre une heure plus tard, il prend place, il observe son ancien disciple pendant un moment. Il n’a pas l’air blessé, ses traits son un peu tirés, mais le voyage y est probablement pour beaucoup. Ni même marqué par les événements, quoi que Gareth ne lui ait jamais vraiment fait part de ses états d’âme. Malgré son arrivée, il continue à lire un moment.

« Gareth … » Il lève finalement les yeux vers le Maitre et lui sourit en tournant le livre vers lui.
« Ha ! Tu as ramené le sceptre. »

Sillus balaye sa remarque d’un revers de la main et il commence à évoquer sa discussion avec Dim. Jusqu’à présent le sindarin et le terran c’était toujours entendu. Le compte rendu de Sillus le fit passer des rires à la grimace. Les bras croisé sur la table, il l’écoutait attentivement. Autant que ce peut, en tout cas. Il ne s’était jamais sentit en danger. Enfin si, il va s’en dire mais pas du point de vue de l’influence que de ses compagnons sur lui. Il y avait bien quelques nobliaux. Mais … Depuis Canopée, il savait faire la différence et freiner ses ardeurs avant qu’elles ne le dépassent.

« Je ne me savais pas en danger … Tu as eut vent d’une hostilité à mon égard ?
─ Là n’est pas la question.
─ Spontanément, je dirais que si, elle est bien là. On est pile dessus en fait.
─ Où en sont tes travaux ? Tu sais qu’il va être temps pour toi de prendre tes propres disciples ? Je vieillis, Gareth.
─ Mais non, mais non, ne dis pas ça. Tu as encore une peau de bébé. »

Gareth lui sourit en entortillant une cordelette qui pendouillait à la base de son col, gêné et peiné au même temps. Les raisons de la présence du Maitre l’ennuyaient sans aucun doute, mais l’argument de sa vieillesse le terrifiait et le ramenait à la triste vérité du temps qui passe irrémédiablement, avec lenteur pour eux et dans une terrible fugacité pour lui.
Un événement extérieur vint briser sa morosité et leur discussion, il savait tout ce qu’il avait à savoir de toute façon. Le sol se mit à trembler. Dans la bibliothèque, les étales de livres basculaient dans tous les sens, ils se renversaient dans un fracas exotique pour ce lieu. Les vitraux eux-mêmes vibraient au point de se fracturer. Des cris retentirent, des appels à l’aide, une course effrénée, les piaillements d’une ménagerie, le chaos étreignit subitement la cité des Lumières. Immédiatement, Sillus bondit et il manqua de trébucher dans les pieds de sa chaise par une maladresse qui lui était étrangère. Sur son siège, Gareth se tenait le crâne au creux de ses paumes. Massant successivement ses tempes et son front, en fronçant les sourcils, les yeux fermés. Il sentait ses sens lui échapper, l’odeur des livres qu’il connaissait si bien et la rugosité du papier lui devinrent étrangères. Il crut tout d’abord que le surmenage des derniers mois l’affecté enfin, mais les cris de panique à l’extérieur lui indiquaient que ce n’était pas le cas, à moins que tout Hesperia soit pris des mêmes angoisses. Non. « Ressaisis-toi et réfléchis un moment. » pensa-t-il intérieurement, comme pour conjurer le mal.
Un cachet plus tard ─ merci, Iona ─, il ouvrit les yeux constatant que ce sens aussi lui faisait aussi défaut. Il n’était pas aveugle, non, mais soudain frappé de myopie. Il fit signe à Sillus de l’aider à se relever, le terran s’exécuta sans question. Gareth lui tendit une main.

« Tes verres, donnes-les moi !
─ Mais j’en ai besoin pour voir.
─ Tu en as toujours plusieurs paires, ne me mens pas, j’en ai vraiment besoin, soupira-t-il.
─ Et qu’est-ce que tu compte en faire, ils sont à ma vue. »

Le sindarin effleura la table de sa main, un crépitement au bout de ses doigts vitrifia le bois, le dotant de transparence. Sillus lui tendit immédiatement ses verres et l’Eclari entreprit un petit jeu pour ajuster l’épaisseur des verres et leur optique à la cécité qui l’affligeait. Un jeu d’enfant, après cinquante années de travail et l’invention du télescope. Les verres sur son nez renforçaient le sérieux de son expression et le vieillissaient bien de cinquante années sindarines, mais il y voyait bien plus clair. Rien de parfait, mais le monde lui apparaissait à nouveau net.

« Sortons ! Vite ! »

Gareth saisit le sceptre protégé d’un baluchon, qu’il enficha dans un baudrier fixé à une lanière de cuir dans son dos. Par chance aucunes formes monstrueuses n’encombraient les rayonnages. Il y avait bien quelques souries, une oie, un loup et un renard, mais rien de bien menaçant. La porte principale passée, un goéland vint se poser sur la balustrade. Gareth reconnut tout de suite le pelage du lieutenant Evans, il s’approcha et le fixa d’un regard compatissant. Visiblement, même dans cette forme, ils arrivaient à se comprendre. Un bon point. Sillus jura avec la vigueur d’un jeune homme. Il n’avait vraisemblablement plus l’habitude du chaos qu’il s’agisse de la guerre ou d’un déferlement naturel.

« Comment ? Comment est-ce possible ?
─ Contemples, Sillus. Voilà ce que j’entends quand je parle d’un chaos qui exige une réponse ferme, dit-il, la voix enrouée, en pointant un Colosse évoluant dans les airs, visiblement à la source de tous leurs ennuis. Un tremolo dans la voix, il poursuit. Contemples l’effondrement d’Hesperia ?
─ Foutre dieu, Gareth ! Cesses donc ton cynisme ! Ces gens vont mourir ?
─ Faut-il intervenir dans les affaires des hommes ? Nous pourrions tout aussi bien déguerpir avec une grande facilité. J’ai des chevaux, je connais la route. » Il parlait avec froideur, le regard fixe, les bras croisés. Pourtant la garde de son épée le démangeait déjà. Le regard de Sillus, sévère et furieux le flanquait de piques et le jugeait.
« Qu’est-ce que tu sous-entends ? Parles, franchement.
─ Que nous parlons beaucoup, et que le chaos s’intensifie pendant ce temps.
─ Belle rhétorique !
─ Faut-il intervenir ?
─ …
─ Quitte à faire usage d’un savoir poussiéreux ?
─ Ne joue pas avec ma patience ! » Gareth détourna le regard vers son Maitre, on y lisait la sévérité de quelques trois-cents années de vie, d’affrontements et de guerres « contemplées ».
« Faut-il tergiverser, former un conclave, réunir un conseil, évaluer la valeur d’Hesperia, pour user de ce qui est en notre pouvoir, Sillus. Je te pose sincèrement la question. Tu te trouves dans une situation où l’immédiateté est de rigueur. La vie à la Masure, ce n’est pas la réalité, elle est tout autre, à l’extérieure.
─ Ce n’est pas ce que j’entendais, Gareth. Baisses-toi un peu. »

Du haut de son grand âge, Gareth le soupçonnait de vouloir le corriger. Mais, il n’en fit rien, bien au contraire. Il apposa sa main sur son front en psalmodiant quelques mots, puis il en fit de même avec le goéland … De cette façon, il établit un lien télépathique entre les deux individus.

« Il faut que je garde ma concentration maintenant, et de toute façon je suis trop vieux pour crapahuter dans la ville. Je vais faire quelques recherches, il doit bien y avoir quelque chose à tirer des livres poussiéreux.
─ Sillus … » La culpabilité s’immisçait déjà dans la voix de l’Eclari, affectée par cette créature et son miasme. « Je …
─ Tu l’as ma bénédiction, même si tu n’en as jamais vraiment eut besoin. »

Il y avait de la bienveillance dans son regard et dans ses mots, même avec sa maladresse apparente, ce qui n’arrangeait pas son sentiment de culpabilité. Toutefois, même dans un regard tacite, ils s’étaient compris et malgré la véhémence de son élève, Sillus voyait sa confiance renouvelée. Alors qu’il entrait à nouveau dans l’enceinte, Evans s’envolait avec une mission simple, le guider. Et c’est ce qu’il fit.
Dans un premier temps, le sindarin déambulait dans les rues en évitant consciencieusement les lhurgoyfs et en hurlant aux citoyens de se barricader chez eux en attendant les secours. Contrairement à Gaeaf, pour l’instant, la ville tenait et aucune destruction, si ce n’est celle liée à la panique, n’était à déplorer. Pour l’instant, le lieu le plus sûr, c’était encore chez eux. Et par ailleurs, il ne se sentait pas l’autorité suffisante pour réclamer aux mages de se mobiliser. Les volontaires se manifesteraient d’eux-mêmes. Et à n’en pas douter, l’armée Eridanienne ne tarderait pas à débarquer. Sa compétence, par contre, restait encore à prouver, dans ces conditions exceptionnelles tout du moins.

Soudain, il entendit Evans hurler dans son esprit de le rejoindre. Jurant face à son manque de tact, il entreprit une course dans le centre-ville, suivant à la trace l’ombre de l’oiseau. Il le conduit à qui il n’aurait jamais imaginé rencontrer dans ce chaos. Quoi que ça l’étonne assez peu finalement. La foutue croisée des destins ? Au loin, un loup anormalement grand, doté d’un pelage argenté, gesticulait avec fureur. D’un ton audible mais pas agressif, Gareth énonça quelques mots, alors qu’un autre goéland qu’il prit pour Evans dans un premier temps, lâchait une pierre sur le loup. L’absurdité de la situation, la démesure entre les deux ennemis le surpris. Un soupire vint agrémenter la main qui glissait de son front vers son menton, avec une profonde lassitude. A croire que le sindarin attirait le chaos comme la peste.

« Léogan, mais qu’est-ce que vous foutez-là ?  Bon sang, faites gaffe à vos miches. Une guerre ne vous suffit pas ? »

Visiblement, il « gérait » la situation. Et quand bien même, pour l’instant l’Eclari n’imaginait pas débouler et provoquer la fureur de la bête. Il serait bien temps d’agir si la situation venait à déborder. Et la porte ouverte d’une habitation chahutée attirait déjà son attention. Ses mains ferment sur sa garde, il se tenait prêt à agir et même à enflammer sa lame au moindre danger. Mais à la place, c’est une scène inédite qu’il aperçut. Même après Gaeaf et la guerre, il se surprenait encore. Une sirène, un miroir à la main, une femme un enfant dans les bras … Une pièce sans dessus dessous, des marques de griffes et un homme, visiblement faible. Il abaissa sa garde, considérant le danger comme faible. Il lui fallut un court moment pour recoller les pièces du puzzle. Les seuls mots qui s’échappèrent de ses lèvres lui semblèrent d’une futilité affligeante :

« Vous avez besoin d’aide ? »

Promis, juré ... Un résumé demain dans la journée =p !:

résumé:

Modération fin:

Previously on Istheria...:

Resumé:

Résumé:

Previously...:

résumé:

Spoiler:

Abigail parcourait les rues et tentait de calmer les citoyens tous plus ou moins affolés, elle les renvoyait sur les autres gardes disposés dans la ville afin de la faire évacuer le plus vite possible, elle savait où ils se trouvaient car elle connaissait les exercices de la garde, elle en faisait partie pour l'instant mais surtout elle avait vécu ici pendant de nombreuses années. Lorsqu'elle ne vit plus personne à sa position, elle courut comme elle pouvait jusqu'à la demeure de ses parents, elle devait vérifier qu'ils étaient eux aussi partis afin de combattre. Soudain, elle sentit ses jambes lâchées sous son poids et tomba à genoux, en relevant la tête elle aperçu une ombre passer au dessus de sa tête : enfin une ombre, une grande ombre, un gros volatile ?

- C'est quoi ce bordel ?

Et quelques secondes plus tard, elle put de nouveau se relever. Elle se mit alors à courir en direction de chez elle, elle poussa violemment la porte et monta à l'étage, elle passa en revue toutes les pièces de la maison, il n'y avait personne. Ouf ! Abigail sentit un poids se dégager de la poitrine. Elle se dirigea alors vers la rue principale où elle chercha d'autres soldats afin de leur prêter main forte. Soudain elle entendit un bruit dans une rue avoisinante, elle s'avança et au moment où elle allait demander s'il y avait quelqu'un qui avait besoin d'aide, elle vit des formes difformes venir vers elle, Abigail recula lentement, espérant que les créatures face à elle n'étaient pas des ennemies et puis elle vit une forme se dessiner et se rendit compte que son imagination avait prit le dessus, elle avait face à elle des gardes.

- Oui, Abigail Valverde de l'Ordre d'Oris venue de Tyrhénium en renfort il y a quelques semaines. Je ne suis assignée à aucune unité en particulier sergent mais j'ai souvent travaillé avec l'unité 8 sergent.

Abigail écoutait les ordres et acquiesçait de la tête, elle cria un « HOUAA » en guise de ralliement. Elle regarda la femme sergent sur le chemin, elle avait entendu dire que certaines femmes étaient sergents dans la garde mais ne les avaient jamais croisés.

Un bruit parut aux oreilles d'Abigail et elle se figea directement, elle n'en croyait pas ses yeux, ne s'arrêterait-il jamais de parcourir la ville comme un fugitif ? Abigail était devenue de la glace, son sang lui montait à la tête, on pouvait voir qu'elle était effrayée, ses mains tremblaient mais elle les tenaient l'une contre l'autre afin de se calmer tout en fermant les yeux et en essayant de retrouver un rythme de respiration normal. Et ce fut le drame, un homme lui passa devant en hurlant, quoi de mieux pour attirer la bête vers soi ? Abigail comprit tout de suite ce que cela signifiait, l'animal allait venir en piquet sur eux. Elle sentit qu'on l'attrapait au poignet pour la forcer à courir vers le palais.

Abigail regardait celle qui la tirait tout en courant. De leur position, on voyait le palais, elles n'étaient pas loin mais l'animal semblait les prendre en proie. Tout en regardant en arrière, elle en était convaincue. Elle aperçue du coin de l'oeil les autres partir dans la direction opposée à l'animal. La zélos prit alors une grande inspiration avant de se focaliser sur les trajectoires possibles jusqu'au palais.

- Sergent ! Excusez-moi mais c'est pour votre bien !

Elle retira son bras de la prise et elle poussa celle qui était à cet instant son supérieur dans une petite ruelle évitant de peu les serres de l'animal qui avait fondu sur elles avant de monter sur une échelle et d'arriver sur un toit. L'animal avait fait demi-tour, Abigail se mit alors à lui hurler dessus :

- Hé le volatile, viens t'amuser !

Et elle se remit à courir aussi vite qu'elle put, tentant d'éloigner l'affreux du reste du groupe. Abigail se prit les pieds dans les tuiles. Elle roula sur le côté et évita de peu les griffes du colosse. La cavalière respira, elle se laissa tomber et atterrit sur un balcon, elle entra dans la pièce et se cacha de son assaillant. Quand elle n'entendit plus aucun bruit, elle ouvrit très lentement la fenêtre et ressortit comme elle était entrée. Elle regarda autour d'elle, la chose qui frappait la ville tournait le dos au palais, c'était peut-être sa seule chance de rejoindre les autres soldats, elle devait en profiter.

Elle prit un raccourci par les toits et rattrapa le sergent qu'elle avait rencontré peu de temps auparavant. On lui passerait peut-être un savon plus tard mais pour l'instant tant pis. Abigail vit près d'elle un escalier menant à une demeure à l'étage supérieur d'un bâtiment, elle s'accrocha au toit et se laissa de nouveau tomber pour arriver sur le perron, là elle descendit les marches quatre par quatre et retrouva la femme sergent dans sa course contre la montre.

Résumé:

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Traduction et commentaires:

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