Une coupe, une histoire [PV Serre Mordstreicht]

Dans son travail, Deirdre était plutôt le genre de femme à s'arrêter sur tous les détails. Rien ne devait être laisser au hasard, surtout quand il s'agissait de faire dans le "faux" document. Cela devait toujours être plus vrai que le vrai. En cela, la gorgoroth était la meilleure dans son domaine - autoproclamée.

" Et bien parfait. Cinq ans. Facile. "

A ces mots, la jeune femme reprit place sur son siège. Son peignoir glissa un peu plus de son épaule sans qu'elle n'y prêta attention. Tout en écoutant les propos de son "partenaire", la faussaire remua négligemment son café et se mit à sourire.

" Vous êtes plus attentionné que votre allure pourrait le laisser suggérer, Serre. "

Elle porta ses pupilles dorés sur lui, tout en conservant une large esquisse.

" Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n'ai pas besoin d'être prise en charge. J'ai toujours su me sortir du pétrin et je ne prendrais pas le risque de vous accompagner si j'étais certaine de ne pas être capable d'en revenir. "

A ces mots, Deirdre s'enfonça dans son fauteuil en prenant sa tasse de café. Elle croisa les jambes avec une certaine provocation et désinvolture qui collait si bien à sa personnalité.

" Il est vrai qu'en rapport de force brute, je ne ferais pas le poids face à des soldats entrainés, mais tous ces hommes et femmes ont le défaut de leur métier : porter des armes et des armures. Et moi? J'adore m'amuser avec le métal. Je trouve qu'il y a une certaine ironie que de périr par les objets qui avaient la charge de les protéger. "

Un peu comme elle. Tuée avec sa propre lance. Ironie qu'elle avait toujours en travers dans tous les sens du termes.

" Si vous avez des documents qui me peuvent me servir, c'est d'autant plus simple et rapide pour moi. Il ne nous reste qu'une seule question à trancher : quand partons-nous? "

Deirdre leva sa tasse de café et en but une gorgée sereinement. Elle n'était pas inquiète le moins du monde. C'était tout le contraire, elle trouvait cela curieusement excitant.

Apportant sa tasse à ses lèvres de sa seule main valide, elle finit par reposer cette dernière délicatement avec l'expression du rayonnement le plus total. Si elle n'était pas morte, on aurait presque pu la croire vivante.

" Et bien c'est parfait! Envoyez-moi vos lettres pour qu'elle me serve de modèle et je vous ferais cela en moins de deux. Si son écriture n'est pas trop complexe, je devrais m'en sortir en moins d'une matinée. "

Rapide? Oui. Mais ce n'était pas comme si elle faisait cela depuis des années et des années. C'était facile pour elle de créer de faux papiers, au même titre qu'il était facile de chevaucher pour un cavalier.

Attentive, elle écouta le plan de son camarade yorka. Une réunion dans quinze jours? Voilà qui laissait le temps de se préparer pour la fête! Mais visiblement, il préférait y aller avec un peu d'avance, ce qui en soit, ne la gênait pas. Il fallait simplement qu'elle prit quelques dispositions pour ses différents établissements et leurs gérances pendant son absence.

Mais quand Serre précisa qu'il était possible de croiser quelques alliés et qu'il serait bon de les distinguer, l'esquisse carnassière de la jeune femme apparut aussitôt. On sentait d'avance cette petite pointe de mesquinerie et de filouterie qui lui était si propre. Avec nonchalance, elle quitta son siège tout en se saisissant de son bras mécanique qui était, jusque là, apposé sur la table. Elle le tendit au yorka, toujours animée par la malice, en se postant devant lui.

" Pourriez-vous m'aider à me l'ajuster? "

Son peignoir glissa alors de ses épaules mais fut retenue par sa ceinture au niveau de ses hanches. A moitié nue et sans honte - Serre l'avait déjà vu après tout - elle laissa le lézard lui serrer les sangles qui maintenant son bras sur son épaule.

" Dites-moi.... parmi ces alliés, y a-t-il des hommes ou des femmes a qui vous tenez particulièrement? Non pas que je ne ferais pas attention mais en cas d'incident... Je préfère être certaine que vous ne m'en voudriez pas.  "

Elle conserva son petit sourire. Quand il eut fini de la dépanner dans la mise en place de sa prothèse, Deirdre défit la ceinture de son peignoir et l'abandonna simplement sur son fauteuil. D'un pas assuré, elle se dirigea vers une commode dont elle tira d'un tiroir de quoi se vêtir.

" Pour mes pouvoirs, il est vrai je maîtrise les éléments métalliques. J'ai aussi quelques petites astuces pour attiser certaines émotions présentes chez mes interlocuteurs. Mais je ne vais pas tout vous dévoiler. Ce serait gâcher la surprise. "

Tout sourire, elle continua à s'habiller.

" Nous partons donc dans sept jours? Dites moi où je dois vous retrouver. J'ai déjà hâte de m'amuser. "