Refuge et retrouvailles [Feat. Naïa]

Refuge et retrouvailles

L’inspiration vient aux génies aux moment les plus étranges. Pour certains c’est lorsqu’ils prennent leur bain, d’autre pendant une profonde médiation, et certains comme Jhaelune, c’est lorsqu’il rêve. Il ne connaissait point l’heure exacte lors de son réveille, mais un seul regard à l’extérieur suffisait pour dire qu’il était encore en plein cœur de la nuit. Un moment d’inspiration, une vision lui était venu dans ses rêves et un secret semblait s’être révélé. Toutefois, le rêve de Jhaelune semblait lui avoir offert un peu plus… divers symboles ésotériques et des images transcendantes. Il avait su voir à travers tout ça une réponse à l’équation, mais il savait qu’il y avait quelque chose de plus profondément ancré dans ce rêve.

Certes, la compréhension des rêves n’était pas sa spécialité, mais à cette heure il ne pouvait pas tout simplement aller déranger Sannek et lui demander de lui servir de guide, d’interprète et cela bien qu’il soit possible que celui-ci soit en pleine transe… explorant le monde onirique en ce moment même. Bref, il n’avait pas de temps à perdre, avant que la vision se dissipe de ses souvenir il devait rédiger des notes.

Des notes, c’est bien, mais rien ne vaut la mise en pratique avant que l’inspiration se dissipe. Sautant en dehors de son lit, réveillant Archimèdes qui ne fit que miauler avant de retrouver sommeil, le Sindarin devait, désirait compléter la formule immédiatement. Enfilant ses vêtements rapidement, et s’assurant qu’il avait avec lui tout le matériel nécessaire, le Sindarin pris moins d’une minute afin de se rendre à l’extérieur de la maison. Heureusement qu’il avait toujours eu le pas léger, car certains de ses confrères seront surement bien grincheux s’ils sont réveillés en pleine nuit, mieux vaut ne pas déranger leur sommeil.

Se retrouvant seul, à la lueur d’une lampe laissé à l’extérieur afin d’éclairer le portail et mieux voir le visage des visiteurs, Jhaelune s’installe sur le sol. Ouvrant sont carnet de notes à la page exacte de l’équation. Un second regard sur le tout, quelques corrections rapidement suivant sa vision, puis il était prêt pour un essai. Il ne s’agissait pas ici du premier essai, mais avec un peu de chance le grand mystère sera résolu. Oh il serait bien d’être en mesure de claquer des doigts et puis l’essence divine habitant son corps aurait l’effet désiré… mais son art est bien plus complexe que ça. Bien entendu il a le potentiel et la complexité derrière, mais avec un certain prix à payer. Craie en main, il rédigea sur le sol la première Rune, puis la seconde… continuant rapidement cette formule jusqu’à la dernière. Marmonnant quelques mots sous son souffle, et puis un faste de lumière éclata dans ses yeux avant que l’essence divine quitte son corps afin d’infuser les runes. Un moment… et puis il disparut pour simplement réapparaitre au même endroit.

Le tout n’avait pas fonctionné… pourquoi cela n’avait pas fonctionné ? Rapidement il retourna à ses notes, tentant de comprendre où est l’erreur. Le tout devrait fonctionner, en théorie, mais pourquoi le sort n’avait pas su fonctionner ? L’image qu’il avait vu dans son rêve l’avait-elle poussée dans la mauvaise direction ? Son rêve! Bien sûr il s’agissait d’un rêve !

-Je suis un imbécile ! Dit-il à lui-même avec un soupçon d’extase dans sa voix. J’aurais dû le savoir, c’était en miroir!

Reprenant le charbon entre ses doigts, le Sindarin corrigea ses notes, puis retourna à la craie afin de tenter une nouvelle fois. En moins de quelques secondes, répétant le tout à un détail près, puis pouf! Le Sindarin avait disparu. Mais il n’était pas bien loin… enfin… à plus ou moins 50 mètres de son point d’origine, mais pas bien loin. Surpris par la propulsion rapide, Jhaelune dû retrouver son équilibre et faillit presque tomber, mais il avait su demeurer aussi gracieux que possible.

-Ha Ha! Dit-il tout haut, mais pas trop haut quand même.

Il jeta un coup d’œil à son point d’origine, puis fit le calcule.

-Environ 50 mètres, c’est un bon début.

Il était satisfait du progrès, mais savait qu’il avait encore beaucoup de travail devant lui. Le Sindarin devait surement corriger quelques détails, peut être modifier son incantation ou même l’écriture de certaine Runes, mais il était sur la bonne voie.
Toutefois, à cette heure tardive, continuer les recherches allait surement être difficile, et puis il avait une rencontre avec Lomion très tôt, donc mieux tenter de retourner dormir. Le potentiel était là, il allait être en mesure de l’exploiter plus tard dans sa journée, peut être après avoir bu un peu de thé pour se réveiller. Par ailleurs, ce serait surement une excellente idée de se réveiller un peu, car si ses yeux ne le trompaient point, une silhouette s’approchait de lui. Elle se trouvait encore bien loin, trop loin pour dire de qui il s’agissait, surtout avec une si faible source de lumière, mais il y avait définitivement quelqu’un qui s’approchait.

Refuges et retrouvailles

Naïa & Jhaelune

"Naïa, petite chose. Pourquoi ? Pourquoi tu refuses ? Ici, tu serais heureuse. Je serai un mari aimant, tu ne manquerais de rien et tout le monde te respecterait. Tu es mon plus beau trésor."

Il était vrai qu’elle n’avait manqué de rien. Sauf de lumière… La lumière, le monde, l’air frais… Tout ceci lui manquait… A la place, seule la peur régnait en maître dans son cœur. L’homme était face à elle. Même s’il se voulait doux, on sentait que tout ceci n’était qu’une façade. Elle avait entendu des hommes hurler de douleur au-dessus de sa tête. Était-il responsable ? C’était le seul à pouvoir l’approcher. Ceux qui avaient osé désobéir à son ordre n’était plus jamais revenu par la suite. Étaient-ils encore en vie d’ailleurs ?

"Dame Thyssen. Dites oui."

La jeune Sindarine évitée son regard. Tout ceci… C’était trop dur pour elle. Depuis combien de temps ?

"Rendez-moi la liberté… C’est tout ce que je demande. Je me meurs un peu plus chaques jours ici. Mes proches doivent s’inquiéter…"

Doucement, il releva de ses doigts le menton de sa captive.

"Tu sais ce qu’il te reste à faire."

Elle demeura silencieuse et alors, sa main alla attraper son bras, serrant de plus en plus. Sa patience avait des limites. Elle avait toujours des limites…

"Tu veux ta liberté, mais tu t’obstines à me rejeter. Pourquoi ? Je t’ai offert de somptueux bijoux, je t’ai laissé ce vieil instrument que tu aimes tant, je t’offre tout ce que n’importe quelle femme désire et tu te refuses ce privilège de devenir mienne. Pourquoi ? Tu n’en as jamais assez ? Maintenant, votre liberté n’est plus, tu m'appartiens."

Naïa se retenait de gémir sous la douleur qu’il lui provoquait. Elle baissa de nouveau les yeux. Fuir son regard. Fuir ce cauchemar.

***

Loin… Elle en était à présent loin. Du moins, c’est ce qu’elle se persuadait. Encore un petit effort et elle serait enfin en sécurité. Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Naïa portait contre elle la petite bête qu’elle avait recueillie quelques mois plus tôt alors qu’elle errait dans les marais de Noathis. Raël et elle s'était séparée et il lui fallait trouver un lieu où se réfugier quelque temps. Certes, elle avait songé à rentrer à Ditham… Mais la peur d’expliquer son absence était encore trop dur. Surtout que dans la noblesse, il y avait tout de même une certaine prestance à avoir et on remettrait facilement en doute qu’elle pouvait être encore pure après ses trois années à côtoyer un homme fou.

Son esprit s’était donc dirigé vers les Eclaris. Elle y avait vécu un petit temps là-bas pendant sa formation. La jeune barde savait qu’elle serait en sécurité et entre de bonnes-mains. Elle ne s’attendait pas forcément à revoir quelqu’un qu’elle avait pu déjà rencontrer… Au contraire, dans son esprit, les eclaris venait pour ensuite repartir. Comme ce qu’elle avait pu faire.

Elle se souvient… Elle se souvient de chaque petite chose là-bas et c’était bien plus agréable pour son esprit encore torturé par ce qu’elle venait de vivre. De plus, elle était certaine, il la cherchait.

Alors qu’elle s’apprêtait à traverser la frontière pour Argyrei, elle avait repéré les hommes de ce monstre. Ils semblaient normaux, mais la jeune eclaris n’était pas stupide… On l’avait attrapé une fois, pas deux. Aussi, elle avait usé de son pouvoir de métamorphose. Elle avait ainsi pris l’apparence d’une terran au yeux vert et à la chevelure rousse. Elle espérait qu’ainsi, elle passerait inaperçue. Et ce fut le cas. Elle passa sans encombre la frontière devant les hommes de mains et continua son chemin. Mais la psychose s'était installée et elle garda cette force un peu trop longtemps si bien qu’une fois la nuit tombée, une fois qu'elle avait reprit sa véritable apparence, elle était de nouveau exténué.

Sous la lumière des étoiles, elle sentait qu’elle se rapprochait d’Amaryl. Bientôt, elle trouverait un abri pour un temps et se reposait autant qu’elle le souhaiterait. Son estomac aussi commençait à grogner comme pour lui rappelait que cela devait faire plus d’une journée qu’elle n’avait pas mangé.

Encore un petit effort… Un tout-petit… Et bientôt, elle reconnaissait son refuge. Tout le monde devait être endormi. C’était probablement le moment idéal pour arriver et se reposer. Après tout, n’importe qui pouvait deviner que la jeune femme n’avait guère vécu les plus belles années de sa vie dernièrement. Malgré sa beauté fragile, elle n’était pas bonne comédienne pour cacher ses peurs, ses chagrins où ses colères. Aussi, une bonne nuit de sommeil avant d’affronter les Eclaris semblait idéal pour se remettre ne serait-ce qu’un peu de ce qu’elle avait traversé.

Malheureusement, quelqu’un était là. Et c’est en s’approchant de plus en plus que le cœur de la Sindarine se resserra un peu plus… Un autre Sindarin. Quelqu’un… Quelqu’un qu’elle n’avait plus vu depuis longtemps, mais qu’elle reconnaissait aisément malgré le temps et le manque de contact. Elle était enfin là sur sa jument, tenant cette petite boule de poil dans ses bras.

En silence, elle descendit de Cephée et s’approcha un peu plus de l’homme, un sourire aux lèvres :

"Jhaelune… Cela fait tellement longtemps. Je suis contente de te revoir depuis le temps..."

"Le premier pas pour avoir ce que vous voulez, c'est d'avoir le courage de quitter ce que vous ne voulez plus."

Pour moi la vie de chaque individu est une pile de bonnes choses, et de mauvaises choses. Les bons moments ne te font pas forcément oublier les moments difficiles mais, dis-toi bien que les mauvaises expériences, ne gâchent pas forcément les bonnes expériences.

Je voyagerai n’importe où pour répondre à votre demande...

Refuge et retrouvailles

Alors que les astres célestes se dissimulaient derrière la draperie des cieux, entre deux passages une silhouette fut brièvement illuminée à l’horizon. Elle avait su attirer l’attention du Sindarin, qui seul à l’extérieur pouvait bien se demander qui approchait la résidence des Eclaris par une heure ô si tardive. Son regard scrutait donc celle-ci silencieusement, tentant de discerner le moindre petit détail, le moindre signe de familiarité, mais l’absence de véritable source de lumière rendait le tout difficile, et cela malgré ses sens développés. Toutefois, alors que celle-ci s’approchait il crut reconnaitre les traits familiers.

-Jhaelune… Cela fait tellement longtemps. Je suis contente de te revoir depuis le temps...

Tel une bibliothèque incroyablement organisée, l’ouvrage décrivant toute ses connaissances de l’être se trouvant devant ses yeux fut retrouvé. Il avait reçu confirmation de son identité par sa voix, mais pas par son ton, non son ton était bien différent. Suivant la validation de l’identité de celle-ci, le Sindarin su prendre un air nettement plus détendu. Il s’agissait ici d’un visage bien familier de Naïa Thyssen.

-Naïa Thyssen, délivra-t-il doucement dans sa langue maternelle, en effet cela fait bien longtemps.

Il fit quelques pas en sa direction afin d’accueillir avec un peu plus de grâce et courtoisie cette vieille amie. Certes, ils n’avaient jadis point été les plus proches, cependant il serait faux de dire qu’il n’y avait pas ici l’ombre d’une vieille amitié. Les souvenirs envahissaient l’esprit du mage, recréant le vaste casse-tête que sont les souvenirs, retrouvant les pièces du temps passé à Canopée.

- Quel vent t’apporte à Amaryl ? Demanda Jhaelune d’un ton légèrement inquisiteur.

Il fit quelques pas additionnels en sa direction, évaluant un peu plus la situation, inspectant d’un œil agile l’état de celle-ci. Elle semblait avoir voyagée longtemps, avoir traversée les terres d’Isthéria avec peu de répit. Elle semblait épuisée et cela bien au-delà de la fatigue physique. Nerveuse ? Heureuse ? Le ton de sa voix, la subtilité de sa démarche, l’Eclaris n’avait jamais été un grand maitre dans l’art de lire les gens.

Jhaelune tendit la main, invitant celle-ci à s’approcher. Alors que son regard fut principalement posé sur son interlocutrice depuis le début de leur interaction, l’enchanteur lança un regard rapide au-delà de cette dernière. À savoir si quelqu’un d’autre se trouvait plus loin, si elle était accompagnée.

-Peu importe, poursuivis Jhaelune rapidement, allez viens, je crois qu’une tasse de thé et le confort d’un feu sera nettement plus agréable que le froid du désert.

Chaque syllabe était prononcée avec une chaleureuse grâce. Il ne connaissait point la raison de sa venue, mais n’allait point s’attarder sur ce point ici à l’extérieur. Il était Sindarin après tout, et son éducation faisait ici surface. Devant ses yeux se trouvait une amie, et il existait un certain protocole lorsqu’une personne se voyait accueillir une telle personne, cela importait peu l’heure de la nuit. Bien entendu le même protocole dictait qu’une visite de courtoisie devait se faire entre la huitième heure du matin, et avant la huitième du soir. Pour qu’elle visite par heure si tardive, elle devait avoir ses raisons.

Offrant son bras afin de l’accompagnée le Sindarin attendit un moment avant de se diriger vers la résidence. Certes, cela ne fut point sans prendre un petit moment afin de récupérer ses notes de recherches qu’il avait laissé un peu derrière lui suivant le succès de la téléportation.

-Mieux vaut garder le pas léger et la voix basse, la plupart dorment encore…

Traversant le portail d’entrée, un regarde rapide à l’intérieur et une oreille attentive confirmant que la résidence était bel et bien endormie, du moins pour la plupart. Mieux valait qu’il se dirige vers ses humbles quartiers, là où ils pourraient surement discuter en privée.