Introduction de Sytrinn Sandström

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 Introduction de Sytrinn Sandström

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MessageSujet: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeDim 10 Juil - 2:00

«Âge ?
- 19 ans.
- Arme ?
- Rapière.
- Hum... Une noble ? Si jeune ? Enfin, je ne sais pas trop... Erelda voudrait sûrement s'en occuper... D'ailleurs, comment s'appelle-t-elle ?
- Sytrinn Sandström.
- Je prends !»

Le ladrini s'était levé d'un bond plein de vitalité, alors même que la seconde précédente il s'était presque assoupi. Il ignora superbement le regard plein d'interrogations du jeune informateur qui lui faisait face et prit son équipement : Minuit, Liberté, puis hésita devant son duo d'épées. Ses yeux se tournèrent alors vers le jeune homme qui s'apprêtait à demander des explications. Pour justifier son entrain soudain, il ne trouva rien de mieux qu'un simple «Je ne me suis plus entraîné à l'escrime depuis trop longtemps ; il ne faut pas négliger l'entraînement !» et demanda pour cette raison s'il s'en trouvait dans l'armurerie. Perplexe, le jeune ladrini s'y dirigea mais Enteri le coupa dans son élan : tout bien réfléchi, il n'en aurait pas besoin. Avant même que l'apprenti n'ouvre la bouche, l'homme était déjà sorti.
Par-dessus ses vêtements sombres et resserrés, le ladrini enfila une veste rapiécée et une cape grisonnante de mendiant - munie d'une capuche dans laquelle il cacha Flint - ; il déplia ensuite son foulard noir qu'il plaça sous son nez pour cacher sa bouche et plaça enfin son bandeau Minuit sur ses yeux. Ainsi il serait parfaitement méconnaissable.

Son pas lent et ses vêtements misérables passaient parfaitement inaperçus dans la foule mais quelque chose lui semblait pourtant manquer. Arrivé auprès d'un jeune chêne, il prit le temps de choisir soigneusement un bâton qui lui conviendrait et s'assit avec maladresse : il ne lui restait plus qu'à trouver Sytrinn. Repliant sa capuche sur sa tête, il en sortit le colibri qui voltigea autour du visage de son maître avec malice, comme pour se moquer de l'accoutrement qu'il avait endossé. Le plus dur allait maintenant être de lui faire comprendre qu'il devait faire venir la jeune ladrini mais fort heureusement ils s'étaient déjà rencontrés et même si l'oiseau ne la reconnaîtrait peut-être pas, il était beaucoup plus probable qu'il puisse retrouver son renard Falko. Après tout, les fourrures rousses qui parlent ne courraient pas les rues ! C'est comme pour faire cette remarque que le colibri inclina légèrement sa petite tête, craignant de ne pas le trouver. Dans un soupir résigné, le mendiant sortit une petite bourse pleine de graine qui fit la joie du petit oiseau ; une fois rassasié il s'envola.
Fastidieux avait été leur dialogue, mais finalement le colibri était parti aussitôt en direction de la foule. Quelques vaines minutes passèrent alors que plusieurs fois il n'avait ratée la femme et son renard que de quelques instants. Il se posa sur un homme endormi et vit un étal de pommes rouges. Son regard balayant à droite puis à gauche ne présageait qu'une autre de ses mauvaises blagues mais personne ne le vit s'approcher des fruits. Il piqua dedans avec son long bec et commença à lécher l'intérieur de la pomme sous le regard du propriétaire hagard, puis ce dernier tenta de l'attraper. Grâce à ses formidables réflexes, et surtout à sa pierre de sphène, il esquiva la menace et fit voler le fruit qui termina sa chute sur la nuque d'un garde, lequel garde foudroya des yeux le marchand. Très vite, le ton monta mais le colibri ne s'échappa pas pour autant, préférant admirer la querelle en restant dans le dos du garde. Le vendeur avait beau montrer le petit oiseau, Flint se cachait juste avant que le garde ne se tourne et la querelle tourna en une farce qui humiliait le représentant de l'ordre. Lorsque celui-ci tira son épée, le colibri sortit sa longue langue pour lécher le cou du malheureux qui eut un violent tressaillement avant de plonger dans la confusion. Désormais, les éclats de rire avaient couvert les hurlements de l'homme qui désespérément essayait de se faire entendre. Puis le garde vit enfin son agresseur, son bourreau le petit oiseau. Il était temps de quitter les lieux. Profitant de sa petite taille, Flint s'envola de nouveau parmi la foule.
À défaut d'avoir trouvé Falko, il s'était bien amusé ! Sytrinn allait sûrement remarquer l'agitation et ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne tombent bec à nez.

De son côté, Enteri non plus ne s'était pas ennuyé. Un sale gamin était venu à côté de lui et tandis qu'il mimait de douloureux toussotements le mioche lui tirait la langue. Saleté... Finalement, le même s'en alla... Avant de revenir avec plusieurs camarades.

«Matte-m'ça, y bouge pas ! J'suis sûr qu'c'est un lépreux !
- Kévin, t'es sûr qu'on ne devrait pas plutôt... le laisser tranquille ?
- Nah, d'façon y passera pas la nuit. Eh vieux gland, réponds quand on t'cause !»

Le garçon lança alors une pierre à son mystérieux interlocuteur qui happa le caillou en mimant se l'être pris dans la joue puis il grogna d'une façon pathétique. Enhardie par son succès, l'enfant pris trois autres pierres dans sa main et attaqua sa victime derechef. Brusquement la manche noirâtre et décousue sembla s'animer d'elle-même. Le vieil homme rattrapa deux des projectiles et esquiva le dernier en penchant prestement sa tête à droite. Avec lenteur il leva les doigts entre lesquels trônaient les trois galets qu'il avait récupérés et attendit que le môme essaie de s'enfuir pour lui lancer une pierre au-dessus du tibia, précisément sur le muscle soléaire. L'enfant tomba et eut du mal à s'appuyer sur sa jambe si bien qu'il s'était agenouillé devant l'homme qui l'avait maltraité. Son regard empli de peur croisa la main qui tenait encore deux projectiles. Aidé par son ami, il parvint néanmoins à s'échapper de celui qui lui paraissait être la Camarde en personne et se promit de toujours respecter ses aînés. Puis dans une allure antédiluvienne, le vieil homme se courba douloureusement : malgré tout, il faisait vraiment pitié le pauvre...
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re : Introduction de Sytrinn Sandström.   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeLun 11 Juil - 2:43

Falko était allongé de tout son long sur le lit de son amie, la tête posée sur ses pattes avant. Il poussa un long soupir.

- Je pense que tu n'as rien oublié ma belle, cela fait trois fois que tu vérifies. 

Sytrinn était postée devant son miroir à chevalet et faisait l'inventaire des éléments qui la recouvraient de la tête aux pieds, en les pointant un à un du doigt tout en chuchotant leurs noms.

- Je crois que je suis prête.
- Moi j'en suis sûr !
- Bien, allons-y.
- Alléluia ! Souffla Falko en levant les yeux au ciel. 

Sytrinn desendit le grand escalier à pas rapides, suivie de son compagnon. Elle passa en vitesse devant le petit salon précédent le hall d'entrée.

- Sytrinn ? 

La jeune femme fit précipitamment demi-tour et passa sa tête dans l'encadrement de la porte. Sa sœur, assise tranquillement dans un fauteuil, un livre entre les mains, lui adressa un clin d'oeil. Sytrinn lui rendit un sourire amusé. Quand la porte d'entrée claqua, Rebecka poussa un long soupir inquiet, qu'elle fantaisie avait bien pu lui concocté Enteri ?

Sytrinn arriva dans le centre ville, marchant d'un pas tranquille, Falko à ses côtés.

- Tu es bien calme tout à coup... Fit le renard.
- La peur d'échouer me tord les entrailles, dit la jeune femme en souriant sereinement.

Falko la regarda d'un air abasourdit, puis cligna des yeux comme pour se persuader que l'attitude de son amie était normale.
C'était malheureusement vrai, Sytrinn avait attendu ce moment avec impatience, et désormais elle doutait. Néanmoins, elle affichait un visage décontracté et souriant, son allure était souple, rien ne trahissait ses émotions.
Sytrinn saluait quelques commerçants qu'elle connaissait, et échangeait quelques mots avec ces derniers, quand lui parvint les cris de deux hommes mêlés à des éclats de rires. La jeune femme se fraya un chemin parmi la foule en liesse. Lorsqu'elle toucha enfin au but, ses yeux se posèrent sur la raison de cette agitation. Un garde menaçait un marchand qui se défendait en pointant du doigt... le vide. Malgré les rires qui les entouraient, ces hommes ne semblaient pas jouer la comédie, car le garde tira son épée. Sytrinn s'apprêtait à intervenir quand soudain, l'homme armé se retourna précipitamment en plaquant sa main sur son cou. Les éclats de rires redoublèrent d'intensité.
La jeune femme commençait à avoir chaud au milieu de ce monde, elle poussa un soupir, puis tourna les talons afin de sortir de cette masse de gens. A peine eut-elle entamé le chemin en sens inverse qu'elle sentit un léger courant d'air près de son oreille droite, faisant voler quelques mèches de ses cheveux. Elle tourna la tête puis quand elle revint dans sa position initiale, Sytrinn eut un petit mouvement de recul et écarquilla les yeux. Un colibri voletait gaiement devant son nez.


- Eh ! C'est Flint ! S'écria Falko.
- Flint, attends ! 

L'oiseau s'envola à toute vitesse. Sytrinn bien que souple, ne fut pas assez rapide à se faufiler entre les personnes. Lorsqu'elle se trouva hors de la foule, le colibri avait disparu.

- Il a dû aller trouver son maître, Enteri ne devrait plus tarder, dit la jeune femme.

Toute cette agitation avait détendu Sytrinn qui s'étira gracieusement en prenant une profonde inspiration, alors qu'elle arpentait la rue en attendant le ladrini. Quelques minutes passèrent, elle commençait à s'inquiéter, il ne lui aurait pas fait faux bond tout de même ? Finalement elle vint s'adosser à un jeune chêne, afin d'y trouver un peu d'ombre, et elle ferma les yeux. Mais quelque chose, ou quelqu'un, vint l'extirper de ses pensées. Non loin d'elle, un mendiant vêtu d'une vieille cape à la couleur incertaine toussait, gémissait fébrilement. Il tenait d'une main faible, recouverte par la manche de son vêtement, un bâton lui servant d'appui. Elle s'approcha du vieil homme.

- Monsieur, vous sentez-vous mal ? S'inquiéta Sytrinn.

Les grognements qu'il émettait s'étaient faits plus souffrants qu'auparavant, et se terminaient en étouffements étranglés. Il laissa lamentablement tomber son bâton sur le sol et s'affaissa davantage. Cet homme avait besoin d'aide.
Et Enteri qui n'arrivait pas ! Tant pis. Elle demanda à Falko d'aller retrouver Flint et son maître afin de leur expliquer la situation et de remettre l'Introduction à plus tard.
Sytrinn, s'accroupit au niveau du vieillard.


- Tout va bien monsieur, posez votre bras sur mes épaules, je vais vous aider à vous relever, dit la jeune femme d'une voix douce pour ne pas le brusquer.

Elle empoigna l'avant bras qui pendait par-dessus son épaule et saisit le mendiant par la taille afin de le mettre sur pieds. Le vieil homme émit un gémissement douloureux. De la même façon, elle l'aida à avancer malgré les jambes flageolantes du vieillard.

- N'ayez crainte, je vais vous conduire dans un endroit où vous pourrez vous désaltérer et vous reposer.

Dieu qu'il était lourd ! Néanmoins un détail surprit Sytrinn. Cet homme était un vieux mendiant agonisant, vêtu de guenilles et vivant dans la rue, mais... il ne sentait pas mauvais (?)
Au moment où elle s’apprêtait à tourner dans une ruelle, elle croisa le regard horrifié d'un jeune garçon qui s'éloignait en en boitant, soutenu par un petit camarade.



Dernière édition par Sytrinn Sandström le Ven 15 Juil - 14:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMar 12 Juil - 21:36

«Meuuuharg !»

Le geignement poussé par l'homme en sombre semblait vouloir dire "merci" dans une langue travaillée au fil des années passées dans des rues hostiles. En réalité, ce n'était que le soupir que lui demandait le rassemblement de ses forces floconneuse. Il se mit ensuite difficilement debout, son visage soigneusement enveloppé dans un voile noir mais parvint malgré tout à entr'apercevoir la jeune femme. Après l'avoir remerciée, il s'étonna non seulement de sa beauté mais plus encore de l'avoir trouvée ; car assis proche de l'assouplissement, il ne faisait nul doute qu'il l'avait ardemment recherché dans toutes la ville - tout du moins autour du vieux chêne - . À l'instant où il avoua avoir même commencé à retourner toutes chaque pierre de la grand-place, il fit tomber deux petits cailloux : cet homme n'avait certainement plus toute sa tête et ce qu'il racontait n'avait aucune cohérence.

«Ils m'ont dit, articula-t-il difficilement entre deux quintes de toux, je crois qu'ils m'ont dit de... De vous... Retrouver. Jeune demoiselle, vous devez être Sytirini... Synitri... Syntri... Saint-de-trom... Sy... Est-ce bien vous ? Ils m'ont prêté un petit oiseau, tout petit, un petit oiseau pour vous retrouver. Le sale rapace s'est enfui alors je, j'ai couru à sa poursuite ! Mais chantrebleu il courait plus vite avec ses petites ailes !»

La conviction qu'il mettait dans son désarroi soulignait encore un peu plus la folie, ou la débilité, qui pouvait avoir obscurci son cerveau rongé par les ténèbres. Parfois même, ses grands gestes semblaient hostiles et plus dangereux encore de par le fait que ses amples vêtements cachaient entièrement sa chair. Assurément, il devait être lépreux...
Pourtant, il pressa la jeune femme pour lui montrer le chemin. Vers où ? Pourquoi ? Qu'allait-il faire ? Son mutisme, agrémenté de quelques grognements, n'était pas vraiment rassurant ma une voix si candide et un corps si frêle ne pourraient pas faire de mal à un... Colibri ? L'oiseau lui picora le crâne à travers sa capuche qui semblait assez touffue pour absorber les attaques carnassières de Flint. Dans de grands gestes presque comiques, le bossu essaya de chasser son camarade qui le picora encore une ou deux fois avant d'abandonner : ce n'était pas un bon repas. Ce n'est qu'une fois avoir grommelé du terrible sort qu'on lui infligeait qu'il continua sa marche en tenant fermement son bâton. Diable ! si quelque pervers le lui retirait, il s'étalerait de tout son long, le pauvre bougre...
Mais finalement, il n'était pas si lent et avait une allure correct même s'il était évident qu'il forçait la cadence. Pour passer le temps, il expliqua de manière très confuse quel "grand bonhomme" il avait pu être, un marathonien qui ne se serait arrêté que pour courir, et autres histoires sans véritable sens.

«Nistirinn, nous y voici !»

Ils étaient arrivés devant une charmante maison, sûrement plus luxueuse encore à l'intérieur. Après une nouvelle quinte de toux, l'homme récita ce qu'il avait apparemment retenu par coeur tout en montrant une certaine fierté d'en avoir été capable.

«Voilà la maison du baron... Duc... Euh... De... Où nous devrons entrer ! Il faut récupérer une vipère, enfin... Un Ratoère... Rat... Ra... Ah oui, une vapière qui se trouve dans le râtelier ! En avant !»

En dépit du caractère très décousu de son galimatias, l'homme y croyait vraiment et semblait presque enthousiaste même... Toutefois il ne s'était sûrement pas encore demandé comment ils entreraient - et encore moins comment ils trouveraient ce qu'il ne savait plus trop être ce qu'ils cherchaient - . Il se tourna alors vers la jeune femme comme s'il s'était brusquement souvenu d'un détail : «Euuuuh, la porte est fermée...» La mission promettait d'être longue. Mais dans le fond, il n'avait pas tout à fait tort : quoiqu'il fallût voler, ou emprunter, il leur faudrait en premier lieu entrer. Aucun garde n'attendait dehors mais l'intérieur serait peut-être gardé au moins par une intendante ou un majordome ou un chien galeux ou n'importe quoi... Il leur faudrait ruser. Ou plutôt, Sytrinn devait ruser car son compagnon ne semblait pas être du genre à trouver des solutions lui-même.


Dernière édition par Enteri Klypsène le Dim 14 Aoû - 2:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMer 13 Juil - 16:34

Sytrinn ne pouvait voir son visage, caché par un tissu sombre, mais à l'entendre, le vieillard semblait ne plus avoir les idées claires. Il gémissait, toussait, mais il tentait d'articuler quelque chose, et d'après ce qu'elle pensait avoir compris, il l'avait cherchée partout. Il laissa tomber deux malheureuses petites pierres comme pour illustrer ses propos. Cet homme devait avoir drôlement souffert pour en arriver à délirer de la sorte. Mais soudain, ses dires interpellèrent Sytrinn. Elle fronça les sourcils, attentive.

- Ils m'ont dit, je crois qu'ils m'ont dit de... De vous... Retrouver. Jeune demoiselle, vous devez être Sytirini... Synitri... Syntri... Saint-de-trom... Sy... Est-ce bien vous ?
- Oui, je suis bien Sytrinn Sandström, mais qu'y a t-il ? Qui sont-"ils" ? Elle voulait presque secouer le vieil homme pour le pousser à aller plus vite dans ses explications.
- Ils m'ont prêté un petit oiseau, tout petit, un petit oiseau pour vous retrouver. Le sale rapace s'est enfui alors je, j'ai couru à sa poursuite ! Mais chantrebleu il courait plus vite avec ses petites ailes !
- Flint ! s'exclama-t-elle alors qu'elle esquivait un geste du mendiant qui se voulait persuasif.

La jeune femme comprit qu'Enteri avait quelque chose à voir là dedans, d'autant plus que le vieillard la hâtait de le suivre. Il avait l'air si faible tout à l'heure, et désormais il était pris d'une sorte d'engouement, un peu trop peut être car ses gestes amples poussaient parfois Sytrinn à s'écarter soudainement de quelques pas.
Il était vêtu de plusieurs couches de vêtements et d'une cape grisonnante, de toute évidence il voulait cacher sa lèpre pensait-elle. Mais où diable voulait-il l'emmener ? Pourquoi ? Que comptait-il faire ? Au départ c'était elle qui était censée l'aider, et la voilà guidée à présent. Etrange... Mais s'il connaissait son nom, ce n'était pas par hasard. Puis elle repensa au petit colibri.


- Ah ! Sacré Flint ! Tiens, cela me rappelle que Falko est parti à la recherche d'Enteri, en vain peut être.

Elle s'arracha alors trois ou quatre cheveux et les fit tomber sur le sol, afin que Falko puisse retrouver sa trace. Mais alors quelle avait prononcé le nom du petit oiseau, le vieil homme fut comme pris de douleur au crâne et se débattait étrangement. Sytrinn avait pitié de cet homme mais ne put s'empêcher d'étouffer un petit rire, car les gestes du mendiant étaient particulièrement comiques à cet instant.
Sytrinn marchait à allure normale, pour ne pas dire rapide, et s'étonna tout à coup que le bossu, cramponné à son bâton, tenait le rythme. Dans la tête de la jeune femme cela résonnait comme une valse, un, deux, trois... pied droit, pied gauche, bâton... quelle harmonie pour un pauvre lépreux ! Comme s'il avait remarqué le regard surpris de la jeune fille, il partit dans un monologue sur sa jeunesse sportive...


- Nistirinn, nous y voici ! cria t-il soudainement.
- Sytrinn, monsieur... lui rappela posément la jeune femme.

Tous deux se trouvaient devant une belle demeure, Sytrinn fronça les sourcils. Mais enfin, que faisaient-ils là ?
L'homme se racla difficilement la gorge.


- Voilà la maison du baron... Duc... Euh... De... Où nous devrons entrer ! Il faut récupérer une vipère, enfin... Un Ratoère... Rat... Ra... Ah oui, une vapière qui se trouve dans le râtelier ! En avant !

Sytrinn n'avait presque rien saisi de ce qu'il venait de formuler, si ce n'est qu'elle devait entrer dans cette luxueuse maison, pour récupérer un objet dont le nom se terminait en "-ère" dans un râtelier... mais bien sûr ! Une rapière dans un râtelier d'armes ! La jeune femme resta perplexe, elle poussa un soupir et fit un pas en direction de la porte qui n'était pas gardée, avec un peu de chance...

- Euuuuh, la porte est fermée...

Evidemment, qui laisserait la porte de chez lui ouverte ? Quelqu'un devait sûrement être à l'intérieur, une servante ou un intendant. Quoiqu'il en soit il leur fallait entrer... tous les deux. Le pauvre homme pouvait à peine marcher, impossible donc d'entrer par effraction en effectuant quelques acrobaties. Il leur faudrait jouer la comédie. Sytrinn eut une idée banale, certes, mais avec un tel compagnon les solutions étaient restreintes.
Elle s'approcha du mendiant, se baissa et déchira un morceau du bas de sa cape.


- Navrée pour votre cape, je serai de retour dans quelques minutes, restez ici ! Fit la jeune femme en s'éloignant en courant.

Dans une rue, tout à l'heure, elle se souvint avoir vu des tripes sanglantes dépassant d'une poubelle derrière une boucherie. Lorsqu'elle se trouva enfin devant la poubelle, elle déchira la manche de sa chemise, comme si on l'avait entaillée, puis se barbouilla le bras avec le sang des tripes ainsi que le morceau de cape du vieillard qu'elle se ligota autour du bras. Elle s'en retourna auprès du lépreux.

- Allons y, monsieur.

Elle frappa à la porte de manière désespérée. Puis, Sytrinn regarda ses mains ensanglantées et un souvenir violent frappa son esprit. Son demi-frère, gisant dans une marre de sang, la violence de cette nuit cauchemardesque. Des spasmes parcoururent sa cage thoracique, elle avait du mal à respirer, la panique lui serra la gorge tout comme son agresseur ce soir là. Sentant un cri faisant pression sur ses cordes vocales, elle plaqua son avant-bras sur sa bouche pour l'étouffer. Puis Sytrinn fit ce qu'elle détestait faire. Elle pleura. Les larmes inondèrent ses joues, alors qu'elle était secouée de sanglots. C'était la première fois que ses traumatismes jaillissaient si soudainement, elle tenta de se ressaisir assez rapidement, personne n'avait jamais assisté à ces crises à part son défunt père et quelques servantes. Des pas se faisaient entendre derrière la porte. Sytrinn se retourna vers le vieil homme, le visage blême et les yeux rougit.

- Ne parlez jamais de ce que vous venez de voir, est-ce bien clair ?! dit-t-elle avec autorité.

La jeune femme avait repris le contrôle d'elle même, la porte s'entrouvrit avec méfiance.

- Qui êtes-vous et que voulez-vous ? Fit une voix féminine.
- Mademoiselle Buonamici, noble de Tyrhénium, répondit Sytrinn d'une voix chargée en émotion.

La servante, âgée d'une soixantaine d'années, passa la tête au dehors et son regard se posa sur une jeune fille toute tremblante, en larmes, la regardant avec des yeux de chaton abandonné, et... quelle horreur ! Un lépreux !

- Malgré le déguisement de mon noble père... des bri...gands ont deviné... notre statut et nous ont... attaqués. Madame... je vous en conjure... protégez mon père ! Sur ce, Sytrinn s'écroula d'épuisement sur le perron, aux pieds de la servante.
- Par tous les dieux ! Mademoiselle vous êtes blessée ! Entrez, monsieur, je vais m'occuper de votre fille.

Le mendiant entra péniblement dans la demeure suivi de la servante soutenant la jeune femme. Cette dernière étouffait parfois un faible gémissement de douleur, tout en observant attentivement l'intérieur précieux de la maison mais surtout, la disposition des différentes pièces vis à vis du salon dans lequel, visiblement, elle allait s'arrêter. L'intendante la fit s'allonger sur un divan confortable et offrit un siège au vieillard. Une chance que cette femme soit d'une si grande bonté et, il faut le dire, d'une si grande naïveté. Ils auraient tout aussi bien pu tomber sur un majordome insensible !

- Ne bougez pas mademoiselle, je vais chercher de l'eau à la cuisine afin de nettoyer la plaie, dit la servante.

Sytrinn se redressa et observa où allait cette gentille femme, très bien, désormais elle savait où se situait la cuisine. Elle se tourna alors vers le mendiant et lui sourit comme pour se faire excuser de l'attitude qu'elle avait eu tout à l'heure, mais aussi pour le rassurer, car il devait être intimidé de se trouver dans un si riche environnement. Le servante revenait, Sytrinn se concentra sur sa maîtrise de la chaleur pour intensifier celle de son corps. La femme dénoua le tissu du bras de Sytrinn.

- Ça alors ! Vous n'avez même pas une égratignure !
- J'ai la chance d'avoir un pouvoir de guérison, mais il m'épuise si la blessure est trop profonde, et me donne de la fièvre.
- Oui, vous êtes brûlante ! s'écria la servante en posant sa main sur le front de la jeune femme.

Sytrinn lui rendit un sourire innocent et un regard plein d'admiration alors qu'elle lui épongeait le front. Puis elle laissa échapper un soupir d'aise.

- Vous me rappelez quelqu'un que j'aimais beaucoup, fit la jeune femme d'une voix faible. J'ai perdu ma mère très jeune, et c'est ma gouvernante qui a toujours veillé sur moi. Elle était aussi gentille que vous, dit Sytrinn en la fixant de ses yeux pétillants et enfantins. Quand je vous ai vu tout à l'heure, je savais que vous étiez comme elle, pleine de générosité. Je savais que vous nous aideriez, et je vous en suis très reconnaissante.

La servante réagit de la façon espérée, elle versa une petite larme, se retourna discrètement pour l'essuyer, et émit un petit reniflement.
Mais maintenant qu'ils avaient réussi à entrer et à amadouer l'intendante, comment allaient-ils s'emparer de la rapière ? Où était le râtelier ? Or, une question tracassait encore plus Sytrinn, chez qui pouvait-elle bien être ?Car le maître de maison n'était peut être pas aussi commode que sa servante. Elle lança un coup d'oeil interrogateur au mendiant. Il se tenait tranquille, sur son fauteuil.



Dernière édition par Sytrinn Sandström le Mer 27 Juil - 15:52, édité 1 fois
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMer 27 Juil - 15:26

L'homme hagard ne bougea plus après qu'il eût affirmé la porte fermée. Peut-être cherchait-il une issue ? Peut-être avait-il un plan ? Eh bien non, il se demandait simplement pourquoi elle était close, voire où il trouverait la clef... Ses incessantes questions le plongèrent dans un mutisme que seule sa compagne de route parvint à briser, tirant l'une des nappes noires qui le couvrait. Des gestes et railles perturbés vinrent illustrer son désarroi : «Y faut pas ! Ah-arrêtez, y faut pas !»
Finalement, son manque d'entrain laissa à la jeune fille l'occasion de mettre son plan à exécution et très vite, le lépreux se trouva seul.
Qu'il était fatiguant de paraître fatigué ! Enteri déposa une enveloppe sous un buisson. Il était certainement plus difficile que prévu de jouer au mendiant toutefois, le fait que Sytrinn ait trouvé un plan si vite le revitalisait de joie et lorsqu'elle revint il était de nouveau dans son rôle. Pleine d'assurance, la ladrini lui intima d'avancer ce qu'il fit bien qu'il paru n'avoir pas encore bien compris l'idée. À vrai dire, s'il était impossible de voir son visage lui-même ne voyait pas grand-chose et son unique oeil était ce bâton d'aveugle improvisé qui lui permettait d'avancer relativement droit. Lorsque la jeune femme frappa à la porte - oui, il aurait dû faire cela dès le début, on lui aurait sûrement ouvert... - il se permit de regarder furtivement sa camarade. Diable ! Mais, elle saignait ! Son rôle s'effaça toutefois soudainement lorsqu'il vit une larme perler.
Si toujours la jeune fille avait parue fragile, cela n'avait toujours été qu'une létale illusion, promesse de réussite dans bien des missions ; jamais cette apparente faiblesse n'avait ressurgit d'une façon si réelle. Enteri hésita, mais ne fit rien. Il oublia même la scène, comme s'il ne s'en n'était jamais fait témoin, mais se promit d'en parler à la jeune noble plus tard. Pour l'heure, il était un mendiant et éventuellement un agent ; en aucun cas il ne devait réagir en tant que ladrini sous peine de tout faire échouer. Et pour tout dire, il n'en avait pas eu le temps.
Avant même qu'il ne dessinât une esquisse de réaction, Sytrinn, pâle comme la Camarde, lui intima de ne parler à personne de cet évènement or en tant que mendiant, il devait se plier à l'ordre. Puis, doucement, la porte s'ouvrit avec hésitation laissant paraître une voix féminine. Véritable Dom Juan, le lépreux voulut prendre la parole et se racla timidement la gorge. Toutefois, trois fois malchanceux qu'il était il n'avait pas été assez rapide et il ne poussa qu'un râle de douleur pour appuyer l'explication de... Sa fille ? Ah, brillant stratagème ! Le vieil homme tenta à son tour d'entrer dans la discussion en grommelant sa souffrance mais personne ne le remarqua et avec force difficultés il pénétra dans la somptueuse demeure. Tout en se cramponnant à son bâton, il prit lui aussi connaissance du nouveau milieu dans lequel il était entré : deux statuettes à l'entrée étaient posées sur de petites colonnes en marbre, les motifs entourant la porte permettaient quelques prises et il y avait un sublime lustre au plafond quoique hors de portée. Un grand escalier à double hélice était par ailleurs incrusté dans le mur et entouré de trois grandes colonnes : aux yeux du ladrinis, l'inclinaison lui permettrait sûrement de descendre beaucoup plus vite en quelques sauts mais la montée semblait plus pénible.
Il fut arraché à ses pensées lorsque la servante lui proposa un siège, puis attendit en observant paisiblement la façon dont Sytrinn s'occupa d'elle. Quand enfin son tour vint, il laissa discrètement s'enfuir le petit colibri. Flint allait pour sûr occuper la domestique quelques heures ! L'homme sombrement vêtu poussa un grognement et commença à bouger les bras comme pour faire s'éloigner le volatile, ce qui attira la servante. Tout naturellement, l'oiseau se dirigea vers la cuisine et l'homme attendit de voir à sa suite la domestique.
Dès que l'aimable jeune femme s'en fut allée à la poursuite de Flint, le petit être se leva avec prestesse. Son voile noire s'envola et sous le drap resplendit la tunique du ladrini.

«Gente Sytrinn je suis de vous revoir ravi.»

Doucement, son drapé retomba le long de ses épaules. La doublure était faite de fourrure c'est pourquoi l'apparente laideur de la cape était devenue beaucoup plus élégante ; et le lépreux, beaucoup plus jeune. L'art de présenter les choses, il avait été obligé de le maîtriser pour parvenir à survivre dans un monde d'illusions et de faux-semblants mais pourtant, il n'avait rien été d'un être hors du commun, par le passé. Cet instant, suspendu dans un temps irréel, avait fait jaillir les flots écumeux d'un geyser de souvenirs. Qui était-il la première fois qu'ils s'étaient rencontrés ? Il n'avait lui-même pas à tarir d'éloges sur certains de ses rivaux et loin d'être un ladrini hors pairs il ne faisait que remplir ses contrats sans faire parler de lui. Il se retint alors de complimenter son ancienne amie qu'il savait posséder l'âme d'un ladrini, gardant autant que possible la neutralité qui lui était imposée. Pour cette raison il décida de faire un résumé de la situation en croisant les bras, Minuit pendant à sa ceinture.

«Grâce à ton subterfuge, nous sommes facilement entrés chez un dénommé Krichevskoy dont la réputation peu flatteuse rapporte de nombreux homicides. Toutefois, notre seul but est de trouver des rapières qu'il entrepose sûrement dans son armurerie.»

Enteri prit une grappe de raisin, s'assit dos à la cuisine aussi détendu que s'il avait été chez lui et commença à lancer un à un les grains pour les avaler. Aucun ne tomba au sol mais derrière cette décontraction l'homme observait un miroir qui lui révélerait quand la servante sortirait de la cuisine.

«Oh et si tu veux de l'aide, n'hésite pas à demander ! mais n'oublie pas... Je ne suis qu'un humble mendiant.»

Un nouveau grain de raisin vint s'engloutir entre ses dents blanches. Puis il souleva son drapé afin d'endosser de nouveau le rôle du clodo. Certes il était moins sexy mais le plaisir de tromper était toujours aussi intense à ses yeux et il se nourrissait de la surprise des autres comme du saumon légèrement doré avec... Bref, il n'était venu que pour observer mais clairement aussi pour s'amuser même si son second rôle commençait à lui peser.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeJeu 4 Aoû - 1:56

Lorsque la servante eut fini de dorloter Sytrinn, elle se tourna vers le mendiant qui agitait les bras, gêné par quelque chose. La ladrini ne put voir de quoi il s'agissait car l'intendante masquait sa vue. Soudain un fin courant d'air passa au-dessus de la tête de la jeune femme qui se redressa pour en voir la cause ; elle ne put distinguer que de petites ailes bleutées battre à toute vitesse et se dirigeant vers la cuisine. Elle fronça les sourcils : Flint ?!

- Oh le pauvre petit oiseau ! Il doit être paniqué à l'idée d'être enfermé, je vais le faire sortir ! dit la vieille femme en se précipitant à sa suite dans la cuisine.

Décidément cette femme était très sollicitée aujourd'hui, et en partant si vite elle avait laissé la bassine d'eau rougie au pied du divan. Sytrinn se retourna alors vers le vieillard et dirigea ses yeux sur le fauteuil où il devait être recroquevillé, seulement, son regard se posa sur une masse noire et remonta lentement pour se planter dans les prunelles dorées d'un visage jeune. Interloquée, elle détailla l'être qui se trouvait debout devant elle en un bref coup d’œil, puis afficha un sourire amusé. Rebecka lui avait bien dit qu'Enteri était un original...

- Gente Sytrinn je suis de vous revoir ravi, dit-il.

Elle devait admettre qu'il l'avait bien eue. Tout à l'heure, en parfait lépreux, sa cape grisâtre ne payait pas de mine, mais maintenant la jeune femme pouvait voir que la doublure était faite de fourrure. Ce rôle avait dû être pénible à jouer par la chaleur qu'il faisait aujourd'hui, d'autant plus que le ladrini était grand, et se replier ainsi sur lui même ne devait pas être très confortable. En voyant l'horrible déchirure au bas de la cape, Sytrinn se mordit l'intérieur de la joue en réalisant les dégâts qu'elle avait fait subir a une étoffe de si belle facture.

- Monsieur Klypsène, fit elle en inclinant noblement la tête pour répondre à son salut.

Le ladrini poursuivit en lui donnant les renseignements tant attendus. Il parlait distinctement, ce qui soulagea les tympans de la jeune femme qui avait endurés les jérémiades délirantes et incompréhensibles du vieillard qu'il avait mimé tout à l'heure.
Son pré-sentiment s'était révélé exact, une servante douce et gentille pour un maître des lieux violent et dangereux. Avec décontraction, Enteri s'installa dans un fauteuil dos à la cuisine et piocha dans une corbeille de fruits disposée sur la table basse. Jetant finalement son dévolu sur une grappe de raisin, il en détacha les grains pour les gober un à un après un bref passage dans les airs. De son côté, Sytrinn avait remarqué que le jeune homme jetait de rapides coups d’œil en direction d'un miroir situé en face de lui, la cuisine était surveillée, elle pouvait donc porter son attention ailleurs. Sur ce, la ladrini se rallongea sur le divan, les mains derrière la tête, les pieds croisés, et regarda le somptueux lustre ornant le plafond. Elle plissa les yeux et il se mit à balancer légèrement, faisant doucement tinter les pampilles de cristal qui le décoraient. La jeune femme stoppa le mouvement, elle avait remarqué une fissure au niveau de l'accroche du lustre, seulement le contre-jour la faisait paraître plus bénigne qu'elle ne l'était en réalité.
Sytrinn balaya ensuite du regard l'imposant escalier à double vis. Selon elle, si le maître des lieux, un dénommé Krichevskoy d'après les dires d'Enteri, avait fait construire une telle pièce, ce n'était pas seulement pour mettre en avant sa richesse. En effet aux vues de sa réputation, il s'agissait plutôt d'un système de sécurité en cas de remontrances débarquant chez lui dans le but de lui faire sa fête. En effet, de par leur architecture particulière, ces escaliers entremêlés pouvaient être déstabilisants pour un étranger, et un atout pour le connaisseur des lieux. Lequel Sytrinn n'avait pas spécialement envie de rencontrer avant d'avoir terminé ce qu'elle était venue faire.


- Oh et si tu veux de l'aide, n'hésites pas à demander ! mais n'oublies pas... Je ne suis qu'un humble mendiant. Fit Enteri après avoir avaler le dernier grain de raisin.

Sur ce il se couvrit à nouveau de son étoffe. La jeune femme tendit la main vers la corbeille de fruits et la laissa immédiatement en suspens car elle entendit un grand fracas de casseroles venant de la cuisine. La voix de la servante était atténuée du fait que la cuisine soit éloignée, mais on pouvait aisément l'imaginer en train de se débattre contre le colibri farceur.

- Petit, petit ! Ouille ! Aller, viens ici ! Aïe ! Petit, petit, s'il te plaît ! Implorait-elle.

Sytrinn eut un peu de peine pour cette brave femme, mais elle haussa les épaules tout en se levant ; elle approcha de nouveau ses doigts des fruits et se saisit de deux cerises siamoises qu'elle lorgnait depuis tout à l'heure. La cerise était son fruit préféré. La ladrini n'en fit d'ailleurs qu'une bouchée, elle ferma les yeux pour mieux profiter de cet instant acidulé, puis elle cracha les deux noyaux au creux de sa main qu'elle referma. Elle déposa un léger baiser sur son poing et fourra les noyaux dans la poche de son pantalon en guise de porte-bonheur. Jetant un dernier coup d’œil en direction de l'entrée du couloir menant à la cuisine, la jeune femme se dirigea au pied de l'escalier tournant. Flint était un oiseau très intelligent, elle l'avait vu à l’œuvre un peu plus tôt avec le garde et le marchand. Il était sûrement capable de faire diversion pendant encore un bon bout de temps. Sytrinn poussa un soupir et entama son ascension.

Ces escaliers faisaient en sorte qu'une personne en train de monter ne puisse croiser celle en train de descendre. Avantage ou inconvénient ? Quoiqu'il en soit, la jeune femme doutait fort qu'il y ait quelqu'un dans les étages, car elle avait été attentive au moindre bruit. Néanmoins elle gravissait les marches d'un pas souple et silencieux. Si son raisonnement était juste, elle trouverait l'armurerie au dernier étage. En effet, si elle avait été à la place de ce Krichevskoy, c'est là qu'elle aurait entreposé tout son arsenal, car étant donné la hauteur de la demeure, pour un ennemi, se faufiler par le toit serait ridicule. D'autant plus qu'en observant l'extérieur de la maison tout à l'heure, elle avait remarqué que l'épaisseur du toit était particulièrement conséquente et que le dernier étage ne comportait aucune fenêtre. Le maître des lieux se réfugierait sûrement là haut en cas d'attaque, armé jusqu'au dents et attendant patiemment ses assaillants.

Sytrinn, par prudence, s'arrêta à chaque étage afin de vérifier que personne ne se trouvait là. Mais au deuxième, au fond du couloir, elle aperçu la porte d'une chambre ouverte d'où émanait l'intense lumière du jour et des rires féminins. Tout à coup, un drap atterrit en boule dans le couloir. Si ces deux domestiques faisait le lit de quelqu'un, il s'agissait certainement de celui de Krichevskoy, car rien ne trahissait la présence de femme, d'enfants ou d'invité. Sytrinn balaya du regard son environnement. Dorures, statuettes, natures mortes... mais plus intéressant : des demi-colonnes ornaient les murs tous les deux mètres cinquante environ, et une corniche assez large camouflait des luminaires. La ladrini s'engagea de manière féline dans le couloir et passa, telle une ombre, devant la porte de la chambre. Elle se plaça dos contre le mur mitoyen à la porte, prit son élan, sauta pour prendre appui avec ses pieds sur le murs opposé, et se retourna vivement durant son deuxième saut afin d'agripper la corniche. Habituée à cette banale acrobatie, Sytrinn n'émit presque aucun bruit, si ce n'est un léger frottement amplement couvert par les rires des deux pipelettes. La jeune femme se déplaça ensuite à la force des bras juste derrière la demi-colonne suivant la porte et se hissa sur la corniche juste assez large pour accueillir son corps mince allongé sur le flanc. Les domestiques finirent par sortir de la pièce, du linge entre les bras, en continuant de jacasser. Quand elle furent engagées dans les escaliers, la voie était libre. Sytrinn se laissa tomber souplement sur le sol et entra dans la chambre. Le matelas était complètement nu, les servantes reviendraient sûrement avec des draps propres, il fallait donc faire vite.
Si Krichevskoy se faisait attaqué durant la nuit, il valait mieux pour lui qu'il est la clef de son armurerie à portée de main, et donc dans sa chambre. La ladrini ne prit même pas la peine de fouiller les tiroirs de sa table de nuit ou de sa commode, cachettes trop évidentes. Ce qui était certain, c'est que cet homme avait un passion pour les fruits. En effet, les quatre murs de la pièce étaient uniquement ornés de natures mortes, sauf... un sourire passa sur les lèvres de la jeune femme quand ses prunelles s'arrêtèrent sur une peinture représentant une scène de duel à l'épée en deux hommes en armure. Sytrinn s'approcha de l’œuvre et la délogea de son emplacement. Quand elle retourna le tableau, elle découvrit une clef rouillée pendant à un petit crochet fixé au cadre. Elle la mit dans sa poche, reposa la peinture à sa place et se hâta de quitter la pièce avant que les commères ne reviennent.

Elle rejoignit l'escalier afin d'atteindre le dernier étage. Là, une unique porte trônait au fond du couloir, très peu décoré en comparaison avec les précédents. Une fois devant la porte, la ladrini croisa les doigts et repensa à ses noyaux de cerises porte-bonheur. Elle saisit la clef et vint la placer dans la serrure du cadenas tout aussi rouillé qu'elle, retenant une grosse chaîne qui scellait la porte. La serrure résista un peu et finit par céder. Une fois la porte déverrouillée et la chaîne écartée silencieusement, Sytrinn pénétra à l'intérieur de la pièce sombre, une lampe à huile reposait sur une petite table à l'entrée. La jeune femme se concentra sur la chaleur de son corps, claqua des doigts et vit apparaître une flammèche au bout de son pouce. Quand elle alluma la lampe... bingo ! Des armes de toutes sortes tapissaient les murs et jonchaient le sol. Les yeux de la ladrini brillaient d'avidité devant cette caverne au trésor, mais elle se ressaisit rapidement et chercha du regard ce pour quoi elle était là. Enfin, parmi cette recrudescence d'armes blanches, elle trouva son bonheur : deux rapières dont la garde était richement travaillée et la lame aiguisée à souhait.
Sytrinn posa son butin dans le couloir et remit la porte dans l'état dans lequel elle l'avait trouvée. A l'étage inférieur les femmes de chambres étaient revenues, et ne sachant que faire de la clef, la jeune femme la laissa dans la serrure. Le propriétaire penserait peut être qu'il s'agirait d'un oubli de sa part.
Sytrinn s'étonna elle-même de sa rapidité à mener à bien sa mission, et c'est une rapière dans chaque main que la demoiselle poussa un soupir. En pensant au salon qu'elle devait rejoindre, son estomac se serra en un noeud douloureux, elle espérait qu'Enteri se trouvait toujours seul et qu'aucun incident ne s'était produit durant son absence.


Dernière édition par Sytrinn Sandström le Lun 22 Aoû - 2:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMar 16 Aoû - 6:31

Hargneuse était l'ogresse qui dans un sourire méphistophélique le pourchassait ; affolé était l'oiseau qui se savait poursuivi par un monstre dont le corps titanesque était prolongé de deux mains d'arachnide, à la fois pâles et fines. Le valeureux Flint aux plumes légères bravait avec ferveur cette mégère, jusqu'à ce que par bonheur la tempête tempère son ardeur : la dame, lasse femme, abandonna. Triomphe ! Gloire ! Le colibri chantait victoire en traçant des cercles célestes jusqu'à ce que l'ogresse prit des graines de peste, de la nourriture empoisonnée pour sûr ! Approchant l'assiette il observa les miettes, puis le géant et, brusquement, battit en retraite vers quelques pâquerettes. D'un étrange effort il en sortit de l'amphore et les amena à l'ennemi. Assurément, c'était un leurre : dès que la mère prit les fleurs, il profita de la faiblesse pour frapper l'assiette traîtresse. Mais craignant de prestes représailles, il quitta promptement la bataille afin de se poser au loin gonflant son pelage malin.
De son côté, Enteri observa le rituel gourmand de sa camarade. Des cerises ? Ah, il prendrait bien une décoction mais ce n'était pas le moment... Il espérait que son colibri s'amuse autant qu'il profitait de l'invitation dans ce manoir et fut rassuré par le bruit du verre qui se brise en éclat. La clameur désespérée de la servante lui fit comprendre qu'il avait encore tout le temps qu'il pouvait espérer : les choses pouvaient-elles mieux se passer ? Sortant de sa rêverie, il vit Sytrinn monter les escaliers et remarqua que les choses étaient anormalement calmes ici. Qu'à cela ne tienne ! Il trouverait bien un moyen de rendre les lieux plus palpitants, voyons... Krichevskoy, un nom à s'étouffer avec des bretzels mais le pouilleux n'était pas là pour troubler l'antre de son infâme hôte, non, il fallait quelque chose de plus marquant... Et surtout, des renseignements.



Inversant ses vêtements, le ladrini quitta cette entrée déserte qui n'avait plus d'intérêt. Longtemps l'étrange sensation battait contre ses tempes, longtemps il nonobsta cette impression quand il franchit le salon et observa calmement ses horizons. Des couleurs chaudes, des mobiliers d'un bois sombre, quelques tapis au teint rougi et des livres à foison ainsi qu'un piano et son diapason... Qui sonna. D'une étrange intensité, irréelle mais réellement vrombissante. Étaient-ce les murs qui tremblaient ? Ou juste sa poitrine ? Il n'aurait su le dire.
Quelque chose le plongeait dans une transe vertigineuse, une tempête d'émotions qui agitaient ses multiples haillons de puissants sons ; des vagues ou déferlantes qui pulsent en son âme telles des perles d'émoi et tonnent dans son crâne. Une à une chacune des notes exaltent la calme salle, d'éclats de délire ou délice en démence ; en d'étranges démons dépravant d'illusions ses sens éperdus tel un entrain confus ; où tournent sous ses doux iris profusion de souvenirs disparates et dissolus. Puis un brusque bruit vibrant de plus belle jusques à sa cervelle.
Presto prit-il son élan et traversa tel un vent la fenêtre ; s'agrippa, roula et pivota ; bondit, franchit le portique et s'enfuit. Nulle âme. Force de chutes, roulades et pirouettes le firent s'enfouir plus profond encore dans les spires de la ville, de ses vrilles ou fibrilles. Et ce bruit ! Crescendo d'un chaos qui l'abrutit ou palpitations qui le propulsent dans un puits des pires souvenirs qu'il supporte, lui ou un autre ; un puits telle une porte qui l'emporte vers un mal-être folâtre, un mal-être qui l'emmène toujours plus loin dans son vertige disjoint. Un vertige sans fin dont le chemin sinueux suit le tortueux labyrinthe des vestiges de son esprit. Violent, excitant, troublant. Et la course continuait telle un entonnoir, encore et encore, de toit en toit et du matin jusqu'au soir. Sans jamais que ne s'apaise la vive, énergique musique. Vile et diabolique, entraînante mais éreintante. Un entonnoir qui l'engloutit dans le noir.
Puis un bruit, un être en vie. Était-ce lui ? Lui ? ! Lui qui ce fit, qui devant Enteri s'enhardit ? Sous son empire avait-il failli ? Il ressentit la panique, perdit l'équilibre et chuta. Plana. Puis il lui sembla qu'en bas il s'écrasa.

Ses pensées équivoques s'apaisaient. Il était de retour dans la salle. Le silence était pesant, trop vide mais reposant. Le ladrini pantelait, des sueurs perlaient. Il déglutit avec peine et balaya la salle des yeux. Un calme repoussant, un vide stressant. Semblable à cet instant planant hors du temps, lorsqu'un animal ressent que coulera son sang. Krichevskoy avait été averti, il avait été trahi et la mission était compromise. Les choses prenait une tournure bien différente...
Enteri se retourna mais hésita au moment de franchir la porte. Sa venue avait été prévue et il soupçonnait que les raisin eussent été empoisonnés ; même sa venue dans la bibliothèque avait été prévue. La question était alors : son imprévisibilité avait-elle été prévue ? Devait-il - comme l'aurait fait n'importe quel autre - retrouver Sytrinn aussitôt ? L'illusion n'avait duré que quelques secondes, elle devait toujours être à la recherche de l'armurerie - d'ailleurs est-ce que ses mouvements auraient-ils été anticipé également ? - si bien qu'Enteri choisit de fouiller un peu avant de la rejoindre. Il prit une porte enfoncée sous une arche d'étagères remplies de livres sachant que derrière se trouverait un bureau. Pourquoi ? Pourquoi la salle était semblable à ce qu'il avait pu imaginer ? Des couleurs chaudes encore une fois, quelques poutres et meubles en bois ; un bureau resplendissant sur lequel se trouvaient des documents rangés soigneusement et un fauteuil assurément très confortable. Il ouvrit le tiroir de la table basse qui complétait le meuble principal mais ne trouva rien. Il continua en cherchant dans les tiroirs du bureau, en vain. Mais c'est sur celui-ci, bien au milieu, que trônait une petite enveloppe à son nom. Il sourit. Un ladrini n'a pas de nom. Il y avait donc des choses que son hôte ignorait ? Cela lui fit penser que son adversaire était particulièrement présomptueux, imbu de sa personne... Aussitôt, la réponse vint éclairer son esprit : le fauteuil.
Il fallait faire vite. Ses katars vinrent fendrent le tissu qui révélèrent un coussin. Quelqu'un approchait. Sous le coussin se cachait des papiers maltraités. Se dépêcher. Il prit le tout et déposa le coussin délicatement sur l'enveloppe à son nom. Et surtout... Il ajouta une note : "Pour Krichevkoy. Uniquement.". Ne pas rester. Il ajouta le poison. Sortir.
Une servante vit le coussin et étouffa un cri. Krichevkoy n'aimait pas qu'elles crient. La dame s'approcha du coussin et le prit. Elle lâcha prise en lisant la note, portant ses mains à sa bouche quand elle vit du sang, promesse de mort, à côté du nom de son maître. Le poison bientôt fit effet. Enteri ne savait pas ce qu'on lui avait fourni, mais cela semblait puissant ! Il sourit, agit, repartit. Il l'avait fait.

De nouveau dans le salon, le ladrini eut une grimace en apercevant la grappe de raison consommée. Il porta son regard en direction de la cuisine tout en se précipitant vers les escaliers dans l'espoir d'entendre Flint. Depuis tout à l'heure, l'oiseau avait été dorloté par son bourreau qui avait fini par le laisser tranquille ; la demoiselle faisait la vaisselle pendant qu'il butinait du jardin quelques genêts. Le ladrini bondit vers l'escalier puis entendit quelqu'un le descendre : il s'arrêta net. Deux femmes discutaient et leurs voix rebondissait sur les murs d'ivoire. Apparemment, elles se demandaient si elles allaient recevoir d'autres ordres aussi étranges que ceux que leur maître leur attribuait ces derniers temps. Enteri eut le temps d'escalader l'escalier au-dessus du sien de sorte à ne pas se retrouver avecque les domestiques nez à nez. Avec rapidité et fluidité, il progressa en quête de Sytrinn. Elle était au dernier étage, c'était évident. L'armurerie était toujours non loin de la chambre or pour quelqu'un d'aussi orgueilleux où pouvait-il dormir sinon près des cieux ?
Au bout du couloir, en effet, Sytrinn se tenait. Le temps sembla se détendre. Se dilater sous la fatalité d'une évidence qu'il avait oubliée : s'il était l'objet d'une telle machination, pourquoi lui permettre de retrouver...
Son couteau pourfendit l'air vers Sytrinn. Le fluide rougeoyant gicla dans l'air, les gouttelettes retombant, légère et lente. Puis la silhouette d'un homme se dessina peu à peu et enfin son cadavre apparut. La lame s'était plantée sur le nerf sus-scapulaire, à la 5ème racine nerveuse dorsale, affectant les poumons : une chance presque miraculeuse. Très peu de sang étaient ressorti mais la douleur fit s'agenouiller l'assassin. Pourquoi un assassin ?
Réponse : car le ladrini ne savait aucune douleur semblable à celle que l'on ressent en voyant l'un des siens défaillir devant soi, car il n'avait pas été jusqu'alors une cible mais un spectateur. La lettre lui avait prévenu qu'il était en terrain hostile, c'était de la part de son hôte une bravade de trop. Enteri s'élança sur le tueur et appliqua fatalement sa lame sur son cou pour abréger l'agonie, avant d'enrouler la tête du cadavre dans ses propres vêtements. Le visage de la mort était un spectacle qu'il préférait dissimuler aux yeux de la ladrini qui avait failli se retrouver à sa place. L'homme avala difficilement sa salive et garda les yeux fermés, ses mains tremblant encore sous la vision de ce qui aurait pu se passer et des risques qu'il avait pris. Si elle n'avait pas entendu son agresseur, c'est qu'il n'avait pas bougé et donc qu'il l'avait attendue devant l'armurerie, or en lui demandant d'y trouver une rapière Enteri avait failli la conduire six pieds sous terre... Néanmoins l'assassin n'avait pas encore dégainé et la ladrini l'aurait sûrement remarqué au dernier moment. Pour quelqu'un qui avait prévu leur arrivé, Krichevskoy avait dû monter ce plan à la hâte.

«Tu as été d'une efficacité remarquable mais il semble que nous soyons devenus les cibles. Je t'aurais bien proposé un duel d'escrime mais les lames doivent être empoisonnées. Il faut... Vite, l'armurerie !»

Le bruit de deux voix s'élevaient depuis les escaliers tel un murmure sonore. Les yeux du ladrini fixèrent le couloir pour estimer le temps qu'il leur rester, puis sur le corps inanimé. Après avoir vérifié et attendu que Sytrinn ait déverrouillé la porte, il la suivi en priant pour que personne ne remarque leur intrusion. En entendant les voix s'engouffrer dans une autre salle, il soupira et commença par expliquer l'illusion dont il avait été victime et comment il avait déduit qu'ils étaient en terrain hostile.

«C'est pourquoi le danger, ici, est présent aussi, conclut-il avec une nuance d'excitation. Sinon, le décor te plaît ?»

Comment pouvait-il être irresponsable au point d'admirer les barreau de la cage qui l'enferme ? Ce n'était pourtant ni de la présomption ni de l'audace, il était seulement sûr de lui et de Sytrinn alors autant profiter de la vue. D'ailleurs, même l'armurerie était grandiose : des colonnes richement décorées paraient les quatre coins de la pièce dont les murs étaient ornés de sublimes peintures représentant des armées s'affrontant dans des paysages riches en couleurs. Deux armures en plaque avaient même été entreposées, desquelles dépassaient les cottes de maille... L'admiration d'Enteri laissa place au doute qui se changea en méfiance. Quels que pouvaient être les dangers que renfermaient cette salle, il s'agissait toujours de l'épreuve de Sytrinn ; c'était donc à elle de s'en charger et tant qu'ils resteraient ensemble, ils ne risqueraient rien.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMar 23 Aoû - 7:48

La jeune femme regarda droit devant elle et esquissa un pas. Une tignasse bleutée fit soudainement son apparition à l'autre bout du couloir. Sytrinn ne fut pas rassurée de le voir ici, sa présence signifiait forcément que quelque chose n'allait pas. C'est alors, comme pour confirmer ses craintes, que la demoiselle distingua le furtif et fatal mouvement de son camarade. Le temps ralentit alors que le couteau tournoyait en écartant la moindre particule d'air présente sur son passage, et émettant ce sifflement macabre semblable au dernier souffle de la victime qu'il s'apprêtait à blesser mortellement.
Le couteau fit un tour.
Le visage de Sytrinn se décomposa.

Deux tours...
Ses yeux se plantèrent dans ceux inquiets d'Enteri.

Trois tours...
Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.

Quatre...
Un bruit étouffé de ferraille, les rapières tombant sur le sol.

Cinq...
Elle serra les poings.

Six...
Du sang.

Un souffle sec s'échappa de la gorge de la jeune femme, ses yeux se révulsèrent, elle porta précipitamment ses mains jointes à sa poitrine et fit un pas en arrière. Elle vit quelques gouttelettes rougeâtres imprégner le tapis et ressentit la douleur. Son cœur lui faisait mal, non pas parce qu'il était blessé, mais parce qu'il était bel et bien vivant, battant à une vitesse folle et irradiant le corps de la demoiselle de sa torpeur démente. Enteri disparut. Devant le visage dépité de Sytrinn, un homme, dans une position identique à celle de la ladrini, tomba à genoux en gémissant. Enteri réapparut, derrière le mourant cette fois, et mit fin aux souffrances de ce dernier en l'égorgeant. D'une main tremblante, il enveloppa la tête du gisant de ses vêtements. Si le ladrini était prévenant vis à vis de sa camarade, cette dernière ne quittait pas le corps ensanglanté des yeux et une cascade d'émotions déferla sur elle. Étant passée si près de la mort, il aurait été normal que Sytrinn décide de tout abandonner. Au lieu de cela, elle sentit cet instinct animal se réveiller et secouer ses entrailles. Il fallait lutter pour sa survie, pour la survie des siens. C'est ce que venait de faire Enteri. La demoiselle n'avait jamais donné la mort à quelqu'un, mais dans un moment pareil, aussi désagréable et dérangeant que cela puisse être, elle devrait se résoudre à faire couler du sang s'il le fallait. A cette pensée, la ladrini eut un frisson à la fois de frayeur et d'excitation. Néanmoins, après une telle surprise, elle redoublerait de vigilance.

Alors que Sytrinn ramassait les deux rapières, le jeune homme prit la parole et précisa que les lames devaient être empoisonnées, heureusement pour elle, elle n'y avait pas touché. Le ladrini fut soudainement coupé par des voix dans l'escalier, il encouragea la jeune femme à déverrouiller la porte afin que tout deux trouvent finalement refuge dans l'armurerie. Une fois à l'intérieur, Sytrinn alluma la lampe à huile dont la lumière révéla la splendeur de la pièce à son camarade. Ce dernier lui conta alors les effets du poison présent sur les raisins, l'illusion dont il avait été victime et lui expliqua en quoi ils étaient des cibles depuis le départ.


- C'est pourquoi le danger, ici, est présent aussi. Sinon, le décor te plaît ?

Sa désinvolture arracha un sourire en coin à la demoiselle. Elle ne répondit rien, le regard justement attiré par le « décor ». C'était plutôt pas mal, en effet. Ne sachant que faire, elle posa à nouveau ses yeux sur le visage admiratif d'Enteri, qui, une seconde plus tard, perdit sa sérénité. Elle suivit du regard ce qu'il fixait si intensément : deux armures dont s'échappaient des cottes de mailles. Progressivement, Sytrinn détourna sa vue, détaillant le faste de la pièce, les objets, les reliefs qui pourraient jouer à son avantage ou bien les dangers potentiels. Un peu plus tôt, lors de sa première visite de l'armurerie, elle n'avait eu d'yeux que pour cette profusion d'armes blanches en tout genre, mais dans la précipitation elle avait omis de remarquer ces quatre somptueuses colonnes placées aux coins de la salle, ainsi que ce petit canon de marine tapis dans l'ombre accompagné d'un boulet en fonte, certainement un objet de collection. Tout près de la pièce d'artillerie se trouvait également une armoire aux boiseries raffinées.

L'immobilité d'Enteri signifiait que c'était à elle de jouer. Elle avança au centre de la pièce et ressentit une sorte d'amusement nerveux à l'idée d'être cernée par deux armures qui prendraient vie sous peu... L'homme dans le couloir tout à l'heure était là pour elle, Krichevskoy savait qu'Enteri l'aurait vite supprimé. Les deux colosses en armures, eux, lui étaient justement destinés. Sytrinn n'avait jamais vu son chef se battre, mais aux vues de l'intelligence et de la rapidité dont il avait fait preuve plus tôt, elle ne fut pas étonnée de voir l'ampleur des moyens mis en œuvre contre lui. Ce stratagème serait-t-il efficace ? Le talent de son camarade en viendrait certainement à bout, seulement, il s'agissait de l'épreuve de Sytrinn, une épreuve des plus corsées pour une jeune ladrini. Néanmoins, ce défi de taille lui procura une décharge d'adrénaline. Elle faisait mine d'observer les fresques sur les murs et prenait un malin plaisir à narguer les armures immobiles qui attendaient le moment propice pour prendre vie et lui régler son compte. Elle passait et repassait devant les géants de fer, à une distance juste assez grande pour qu'ils ne puissent point agir. Finalement, la souris se jouant du chat, approcha de ce dernier.


Monsieur Klypsène, ne trouvez-vous pas ces peintures admirables ? Et... oh ! La belle armure ! S'exclama-t-elle.

Sur ce, elle cogna légèrement sur le bassinet qui, comme elle s'y attendait n'émit aucune résonance. La ladrini était à l'affût du moindre mouvement. Si bien que quand l'armure émit un petit grincement provoqué par un geste de son occupant, la demoiselle se propulsa vivement en arrière en glissant sur le parquet. La main de fer se referma donc dans le vide, avant de s'emparer d'une claymore et de fondre sur la jeune femme. Cette dernière ne fut pas surprise que son ennemi conserve une telle souplesse, en effet posséder de la force et une certaine carrure était nécessaire pour pouvoir porter une telle armure, néanmoins, des boucles et des lanières qui permettaient de répartir le poids des plaques, laissaient une liberté non négligeable au niveau des jointures. Le colosse de métal abattit impitoyablement son arme qui se planta lourdement dans une latte du parquet. Sytrinn était parvenue à esquiver l'attaque et pendant que son adversaire délogeait son épée, elle sectionna à l'aide de sa dague les lanières retenant les grèves qui tombèrent sur le sol dans un fracas métallique. La claymore enfin libérée, son possesseur tourna vivement sur lui même, son arme à bout de bras. Le tranchant de la lame fendit l'air à l'endroit où aurait dû se trouver la tête de sa cible, qui s'était prestement accroupie pour asséner un violent coup de talon dans le tibia, désormais sans protection, de son ennemi. Un craquement d'os se fit entendre, puis un grognement. Ainsi, sous l'effet de la douleur, le géant lâcha son arme, trop lourde pour être tenue d'une seule main. La taille imposante de cet homme était moins effrayante que pataude, ce qui le rendait facile à déstabiliser. La ladrini jeta un coup d’œil en direction de la deuxième armure qui se dirigeait avec une incroyable vélocité vers Enteri. Sytrinn avait misé juste en terme de difficulté, elle luttait contre le plus idiot des deux. Mais son camarade aurait peut être besoin d'aide. A cet instant précis elle visualisa son frère à la place d'Enteri, un éclair d'angoisse frappa la jeune femme qui pour chasser cette terrible vision fonça sur son adversaire trop occupé à geindre. Son épaule vint percuter la cuirasse avec une force insoupçonnée venant d'une femme. L'homme heurta violemment le mur derrière lui et la résonance créee dans son casque le perturba assez pour que Sytrinn puisse désormais couper les liens retenant les spalières. Elle s'accroupit brièvement pour accomplir un bond suffisamment haut afin que son coude vienne s'abattre sur l'épaule gauche du benêt, qui poussa un cri semblable à meuglement. A nouveau des coups de lames, la cuirasse tomba sur le sol. La ladrini bondit, ses pieds prirent appui sur la cottes de mailles et ses doigts glissèrent sous le casque. Les cervicales de l'ennemi craquèrent fatalement alors que le casque entre les mains, elle terminait son saut arrière en retombant souplement sur le parquet. Enfin, le géant s'effondra lourdement dans un vacarme proportionnel à sa masse et la demoiselle reprit son souffle, sentant peu à peu les quelques douleurs provoquées par les coups qu'elle avait donné. Alors, sans réfléchir elle fonça tête baissée en direction de son chef afin de lui venir en aide, mais en plein élan...

- Aaarrgh !

Ses jambes furent soudainement balayées et elle se retrouva face contre terre en deux temps trois mouvements. Puis la partie supérieure de son corps décolla du sol, un bras en l'air saisi au poignet par une main invisible. Quand son visage enfin apparut... non... c'est impossible !

- Ulri...

La foudre s'abattit sur son estomac. Elle venait de se faire administrer un puissant coup de pied dans le ventre qui l'envoya valser sur le parquet miroitant. Sa glissade fut brutalement stoppée par un mur. Plaquant sa main sur son ventre, Sytrinn suffoquait, sa vue se troubla, elle se concentra et tenta de respirer afin de ne pas vomir. C'est alors que son agresseur vint à elle et la saisit par le col, approchant son visage tout près du sien. La demoiselle agitait ses pieds dans le vide, les yeux larmoyants rivés dans ceux, diaboliques, de son frère.

- Ul-rich, Ulrich, Ul...rich...Répétait-elle tremblante et pleurant toutes les larmes de son corps.

Elle pensait avoir perdu l'esprit. Le regard sadique du jeune homme signifiait qu'il n'avait pas fini de la torturer. Il tordit le bras délicat de la jeune femme dans son dos et se plaqua à nouveau contre elle. La panique était à son comble, les horreurs passées refirent surface et Sytrinn était au bord de l'évanouissement. Néanmoins elle tenta d'esquisser une faible protestation qui fut punie par un coup de pied ahurissant au bas du dos. Tombant la tête la première, la ladrini sentit bientôt le goût ferreux du sang dans sa bouche. Lorsqu'elle vit à nouveau correctement, elle distingua les deux noyaux de cerises qui s'étaient échappés de sa poche et gisaient tout comme elle, sur le sol. Alors, elle se souvint des dires d'Enteri. Le poison faisait effet. Elle entendit les pas de son bourreau, une décharge d'adrénaline secoua son corps douloureux, sa haine se fit de plus en plus grandissante, elle réunit toute la force qu'il lui restait et... * Tu-n'es-pas-mon-frère ! *
Elle se releva, acheva de déchirer la manche de sa chemise et lança le bout de tissu au visage d'Ulrich afin de le distraire. Puis elle bloqua le jab aveugle qu'il tentait de lui donner et contra par un direct au visage. Enfin elle abattit le plat de ses mains sur les oreilles de son adversaire afin de le désorienter, elle pivota sur elle même et finit par lui administrer un coup de coude dans le plexus solaire. L'agresseur tituba maladroitement à la suite de Sytrinn qui s'élançait en direction du mur opposé. Elle fit deux pas sur ce dernier avant d'effectuer un salto arrière ; retombant debout en équilibre sur les épaules de son agresseur, elle plia les genoux, dégaina prestement sa dague en retournant la lame vers elle et vint transpercer la gorge de l'homme, qui s'effondra. La ladrini, les yeux brillants de sauvagerie, essuya le couteau ensanglanté sur les propres vêtements de l'homme qui avait perdu l'apparence de son frère, pour n'être en fait qu'un bougre hideux et repoussant.
C'est alors qu'elle se retourna vers Enteri...
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 3 Sep - 20:47

Après un premier coup d’œil à la salle, Enteri avait laissé à Sytrinn le soin de s'occuper des inconvenances et il se considérait libre d'effectuer une seconde analyse. La parquet était parfaitement astiqué, presque glissant, et l'odeur de propreté montrait que l'on prenait soin de cette pièce. Le ladrini lâche son examen pour observer sa semblable taquiner les courageux qui étaient censés les prendre en embuscade. Les pauvres... La chaleur devait les étouffer et ne pas savoir quand attaquer était une souffrance qui devait leur brûler les veines et harasser leur dos d'un désagréable fardeau. Il reprit son analyse en commençant par les pierres : du marbre blanc isolait l'armurerie et lui permettait de garder une certaine fraicheur ; le bois du plafond semblait tendre comme du chêne peut-être, ou bien de l'ébène ; certains râteliers étaient faits de matériaux aussi précieux que de l'or ou de l'argent. Les armes possédaient une extrême diversité à commencer par les épées, sublimement ouvragées, certaines mêmes gemmées. En tirant l'une d'elle d'un présentoir en éventail, Enteri put apprécier la remarquable équilibre qui très certainement caractérisait chacune d'entre elles. Deux rapières manquaient toutefois à l'arsenal, car à côté étaient entreposés deux sabres de pirates à la lame légèrement incurvée. Plus loin se trouvaient des haches elles aussi d'une originalité aussi audacieuse qu'artistiques. Ici, le dos d'une lame représentait un taureau dont les yeux semblaient presque vivants ! Et là, deux d'entre elles paraissaient complémentaires et pourraient sûrement s'emboîter au niveau du pommeau ! Adepte des armes, les yeux du ladrini brillaient autant que les pierres précieuses qui décoraient les chefs-d’œuvre dont il était le témoin.
Sytrinn l'appela hors de sa rêverie : elle s'était approchée d'une armure pour vérifier si elle sonnait creux... Ou pas, car un mouvement hostile s'attaqua à la ladrini. Enteri appréciait le combat avec un grand intérêt mais quelque chose lui disait que son répit n'était que momentané si bien qu'il reprit ses recherches en tout en essayant de suivre le combat derrière lui. Il en était aux dagues et aux couteaux lorsqu'un homme s'approchait lourdement de lui. Profitant des secondes qui le séparait de cet adversaire potentiel, il prit un éventail et... S'éventa... La masse fut alors déviée par Sytrinn puis, tandis que l'imposante carrure s'encastrait littéralement dans le mur, le ladrini éventa les deux lutteurs même sils étaient trop loin pour recevoir quoi que ce fût. Avec tout autant de désinvolture, il rangea l'accessoire.

Brusquement, trois silhouettes apparurent aux côtés de l'homme. Tous trois faisaient partie de son passé, mais leurs yeux étaient injectés de sang et leur chevelure clairement agressive. Tous trois s'étaient allègrement servis dans les armes qui avaient été laissées à leur disposition. Tous trois s'approchaient dangereusement d'Enteri qui pourtant ne bougea pas. Il cherchait toujours.
Puis son regard les croisa enfin : la parfaite réplique d'Harmonie, son duo de lames. Même tranchant, même légèreté, même beauté létale. Sans même prendre le temps de les saisir et uniquement avec son contrôle du vent, il fit volte-face en leur faisant tracer un demi-cercle à l'horizontale pour repousser ses assaillants.
La bataille fut d'une intensité rare, cependant il savait que cette scène n'était qu'une illusion et lorsque les spectres furent vaincus, il émergea de nouveau dans la réalité. Encore plongée dans sa stupeur, Sytrinn devait affronter les démons de son passé. Il n'y avait plus aucun intérêt à rester ici c'est pourquoi Enteri saisit deux armes et se précipita vers la porte à double battant pour en bloquer l'accès : les poignées étaient en effet semblables à deux demi-cercles verticaux et en y coinçant les sabres qu'il avait réquisitionnés, il pouvait condamner l'issue.
Des cris rageurs semblaient provenir de l'autre côté mais en dépit de toutes leurs tentatives, personne ne parvint à forcer l'entrée. Sytrinn paraissait de nouveau éveillée : elle ne parlait plus de son frère... En effet, les plaintes de la jeune femme avaient résonné dans la salle et le ladrini avait tout entendu ; il espérait lui poser quelques questions :

«Ulrich... ? C'est ton frère je crois, dis-moi, est-ce qu...»

Un bruit particulièrement intense venait de faire trembler la porte. Un bélier ? Ce n'était peut-être pas tout à fait le moment de se remémorer de vieux souvenirs de famille...

«Plus tard, il faut sortir d'ici.»

La fenêtre était la seule issue envisageable. Enteri voulut dans un premier temps laisser sa camarade passer en première mais comme ils auraient à monter ce n'était peut-être pas une si bonne idée... Ainsi, le ladrini prit l'une des deux rapières et ouvrit prestement la fenêtre. Se glissant sur le balcon, il prit appui sur la balustrade et se hissa depuis une aspérité. Son appui passa sur une sphère puis tout le poids de son corps fut élancé vers la droite cependant que sa main caressa la pierre avant d'agripper une surface convexe un peu plus bas. Profitant d'une colonne aux multiples prises, il commença alors son ascension, lente mais inexorable.
Il imaginait déjà sa semblable lui demander pourquoi ils montaient. Pour le calme bien sûr et aussi pour la vue que cela pouvait leur offrir. Une perspective dont les couleurs étaient, pour lui, celles de la liberté. C'est du moins ce qu'il aurait répondu si Sytrinn présentait la moindre marque d'hésitation.
Heureusement, ils étaient au dernier étage et atteindre le sommet n'avait été rendu difficile qu'à cause de la rapière qui était assez encombrante. L'architecture très précise et géométrique, pour toute horrible qu'elle paraissait, les avait toutefois aidé si bien qu'il ne leur avait fallu que très peu de temps pour monter jusqu'aux toits et, enfin, se reposer.

Le vent soufflait calmement et le temps était resplendissant. Peu de nuages ternissaient l'éclairage et seul un mélange de quelques bruits étranges parasitaient encore ce silence d'or. Cependant qu'il rangeait sa rapière dans son vêtement, Enteri allait interroger de nouveau la ladrini.

«Je ne suis pas sûr que tu veuilles en parler, mais les archives évoquant certaines strates de ton passé ont été, disons, supprimées. Ulrich n'apparaît nulle part et mon objectif aujourd'hui est de déterminer les éventuels brèches qui pourraient t'entraver à l'avenir. Alors dis-moi... Est-ce que tu crains encore que ces souvenirs se mettent en travers de ton chemin ?»

L'homme n'avait pas l'habitude de regarder les gens lorsqu'ils leur parle, non pas qu'il soit irrespectueux mais parce qu'il était souvent lunaire... Toutefois, il n'avait pas quitté sa camarade des yeux et son comportement semblait avoir entièrement changé, au point que son visage ne semblait plus le même. Clairement, il avait quelque chose de paternel, presque fraternel. Jamais ne s'était-il considéré comme un père envers un autre ladrini pourtant il agissait souvent comme tel et s'il ne le montrait pas, il se souciait réellement de chacun de ceux qu'il appelait ses frères et sœurs. En l'occurrence, il savait qu'un trauma, ancien mais toujours présent, pouvait laisser des séquelles et il considérait être de son devoir de les apaiser. Une hésitation pouvait à tout instant les mener à la mort ou entraîner celle d'un autre ; le plus petit doute était ainsi un fardeau et nuisait à la notion de Liberté qu'il se faisait. Si l'on ne peut pas agir en pleine possession de ses moyens, enchaîné par le plus petit soupçon, comment pouvait-on se dire libre ? C'est d'ailleurs en se refusant à admettre le moindre doute qu'il n'avait pas hésité à tuer l'assassin qui, peut-être, aurait blessé Sytrinn. Pour cette raison il attendait, calmement, la réponse de sa camarade. Si elle ne voulait pas y revenir, ils passeraient simplement à la suite.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeDim 18 Sep - 21:18

Tout en reprenant son souffle et essuyant d'un revers de la manche le filet de sang qui s'échappait de sa lèvre inférieure, Sytrinn observait son camarade qui bloquait la porte de l'armurerie à l'aide de sabres. Tout en revenant vers elle, Enteri la questionna au sujet de son frère, sa voix couvrait à peine les cris haineux qui se faisaient entendre dans le couloir et qui bien vite se changèrent en un lourd fracas qui ébranla la porte. Leurs ennemis avaient finalement trouvé de quoi forcer l'entrée. La ladrini serra les poings, prête à faire face à cette nouvelle vague d'assaillants, mais son chef en décida autrement. Ainsi, il ouvrit une fenêtre grâce à une rapière, s'engagea sur le balcon et entama son ascension. Sytrinn le suivit et laissa un battement de quelques secondes entre eux, histoire de pouvoir mémoriser le chemin qu'empruntait Enteri pour se hisser jusqu'au toit. Tout comme lui, la jeune femme prit appui sur la balustrade mais finalement, elle trouva d'autres prises plus à son goût sur le pan de mur situé à gauche de la fenêtre. Sa concentration devait être totale, aussi elle serra les dents afin de mieux supporter la douleur à l'estomac, causée un peu plus tôt par les coups d'un Ulrich agressif. Lorgnant une cavité légèrement plus basse que le haut de la fenêtre, située à environ trois mètre, la ladrini fléchit les genoux et sauta bras tendus en direction de son but. Ses doigts s'agrippèrent de justesse à l'endroit souhaité et son corps se balança de gauche à droite pour enfin se stabiliser à nouveau contre la paroi. Sur quelques mètres les prises furent facilement accessibles, mais tandis qu'elle s'apprêtait à toucher au but Sytrinn se trouva bloquée, le toit était juste assez loin pour qu'elle ne puisse pas réaliser un saut unique en sa direction. La jeune femme prit son élan, se balança pour finalement lâcher prise. Elle se recroquevilla durant son saut afin de pourvoir atteindre une aspérité un peu trop haute, prendre appui sur celle-ci avec son pied droit et se propulser de toutes ses forces vers le haut. Ses mains atteignirent le rebord du toit et la ladrini finit de se hisser sur celui-ci.

Pensant avoir pris du retard dans son ascension, Sytrinn scruta les alentours d'un œil inquiet pour se rasséréner une seconde plus tard en découvrant qu'Enteri venait juste d'arriver lui aussi. Elle le rejoignit et, tout en profitant de la magnifique vue qu'offrait la ville qui l'avait vu naître, elle fit craquer ses doigts : une habitude peu classieuse que lui avait toujours reproché son père, mais dont elle n'avait jamais réussi à se débarrasser. A cet instant, elle se souvint de comment avait débuté sa journée, la crainte d'échouer, ce vieux mendiant qu'elle fit passer pour son père et qui se trouvait être son chef, son renard... mince, Falko devait s'inquiéter en ce moment, mais peut être Flint l'avait-il rejoint ? Dans ce cas là, il n'était pas prêt de s'ennuyer.

Sytrinn sentit soudain le poids de sa dague à sa ceinture et elle se remémora l'armurerie, cette pièce située juste sous ses pieds et qui avait été le lieu de ses premiers meurtres. Expérience troublante, mais sûrement incontournable, elle ne sentit pas le remord s'emparer d'elle et s'en voulut de ce fait. Était-elle dépourvue de sentiments ? Avait-elle fait preuve d'un manque d'honneur en ôtant la vie si froidement à ces hommes ? Peut-être, mais il lui semblait qu'elle avait agit justement, de par le fait qu'elle était en danger. Mais serait-elle capable de venir à bout d'un contrat ? Tout dépendra de ce qu'elle penserait juste. En ce qui concernait le vol des rapières, tout s'était bien déroulé mais aurait pu très mal se terminer si Enteri n'avait pas été là à temps. Elle fronça des sourcils de dépit, cette erreur d'inattention aurait pu être fatale, mais elle allait l'être certainement beaucoup plus sur la décision finale d'Enteri. Ce dernier prit d'ailleurs la parole et Sytrinn baissa la tête, se sentant misérable tout à coup. Mais les mots du ladrini lui firent serrer les dents.

Des archives ? Quelles archives ? Supprimées ? Pourquoi existaient-elles seulement ? Que savait-il au juste ? La jeune femme se sentait soudain à découvert. Elle prit sur elle, releva la tête et le vent découvrit son visage auparavant caché par des mèches blondes. Elle avait très peu parler à Enteri depuis leur rencontre, étant moins bavarde qu'à l'écoute. S'apprêtant à répondre au jeune homme, elle arbora comme à son habitude un sourire serein, seulement, en tournant son minois chaleureux vers lui, elle ne s'attendait pas à ce qu'il la regarde ainsi.
Le masque tomba, le soleil se glaça, Sytrinn ne sourit plus. Sa voix métallique alliée à l’incandescence de ses yeux la firent soudain paraître irréelle... ou plus véritable que d'ordinaire.


- Mon frère est mort il y a quatre ans, lâcha-t-elle, ses prunelles dorées plantées dans celles semblables du jeune homme. Mon désir d'intégrer votre guilde est aussi mon choix de retrouver une liberté. Je jure que mon passé n'entravera pas mon présent, qu'il sera une force me rendant chaque jour un peu plus libre... Mais jamais je n'oublierai ce que j'ai vécu, monsieur Klypsène. Vous en êtes conscient, n'est-ce pas ?

Sytrinn tourna la tête vers la ville, le soleil inonda son visage et le sourire réapparut.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeJeu 6 Oct - 19:51

Il était en effet troublant de se retrouver face à un regard de glace, lorsque celui-ci même venait de sourire. Radieuse, Sytrinn avait observé l'horizon, dangereuse elle s'était tournée vers Enteri. Dangereuse, car à cet instant l'homme percevait clairement deux personnes différentes. Il y avait tout d'abord cette personne, pupille rétractées, lèvres graves, visage pâle, cette personne qui était encore un enfant ; il y avait également celle dont le regard brûlant protégeait ardemment son territoire, celle qui faisait tout son possible pour masquer ou supprimer ses faiblesses. Elle lui avait certifié que son passé ne pourrait la faire hésiter en cas de danger et force était de constater que personne n'avait rapporté de problème particulier.
Toujours en portant un regard imperturbable et inexpressif, quoiqu'indéniablement amical puisqu'il fronçait légèrement les sourcils. Il avait estimé qu'il aurait encore le temps de sonder son amie avant qu'un ou deux mercenaires n'arrive, peut-être même avait-il un peu plus de temps...

«Quoique tu enfouisses, tu devrais en parler. À un membre de ta famille ou bien à un ami, c'est la meilleure thérapie. D'ailleurs dis-moi, comment vois-tu la guilde depuis que tu en fais partie ? Qu'est-ce que tu recherches et comment comptes-tu y parvenir ? Ce genre de choses...»

Pendant qu'il posait ces questions d'apparences anodines, il porta son attention sur la rapière dont il analysa le fourreau, ainsi que la lame cependant qu'il la dégainait avec une lenteur minutieuse, méticuleusement. L'indifférence la plus totale masquait l'extrême attention qu'il portait à sa camarade et pourtant il n'hésitait pas à murmurer les commentaires de son analyse... Toutefois, la moindre hésitation de la part de la ladrini quant à l'intérêt qu'il lui portait, aussitôt lui aurait valu un regard jovial accompagné d'un sourire. Pour cet raison, son irrespect tenait plutôt de l'incontrôlable hyperactivité qu'il cachait tant bien que mal derrière des gestes soigneux. Dès qu'il eut fini, c'est vers les toits alentours que ses yeux follement agités observaient les possibles chemins qui s'ouvriraient à eux.
Il y en avait trois : un premier passage était constitué de toits et murs de plus en plus bas jusqu'à déboucher sur un balcon qui permettrait de rejoindre la foule ; une seconde voie, moins facile, se composait d'obstacles constants et de hauteurs variées. Enfin, il y avait la troisième : elle passait à travers une ruelle bordée de hauts bâtiments mais si l'on parvenait à progresser sur les poutres invisibles depuis sa position, alors on atteindrait le marché et à cette heure-ci il devait être bondé.

Ses yeux qui palpitaient d'excitation à l'avance vrillèrent, espiègles, directement dans ceux de son amie, et pendant cet instant radieux, son enthousiasme était contagieux. Depuis premier chemin qu'il avait aperçu, des hommes s'approchaient sans aucune intention pacifique, c'est pourtant d'un air enfantin qu'Enteri déclara qu'il était l'heure d'un peu d'exercice. «Interdiction de tomber avant de les avoir semés...» ajouta-t-il pour pimenter les choses : de toute évidence, il voulait éviter de profiter de la foule, afin de mieux progresser sur les différents échafaudages, murs ou autre.

«... Ou neutralisés, mais évite de trop les blesser s'il te plaît !»

Ils avaient déjà commencé à bouger lorsqu'il avait terminé sa phrase, cherchant à savoir si cela ferait hésiter Sytrinn. Il la suivrait mais de toute évidence, il ne ferait pas le moindre mal aux poursuivants dont il n'avait pas même évaluer le nombre. Cependant, même dans cette poursuite, il continuerait de la protéger et pour cette raison il ne faisait que la suivre. Elle n'avait donc rien à craindre d'un faux pas ni d'une chute.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMar 18 Oct - 19:29

- Quoi que tu enfouisses, tu devrais en parler.

Sytrinn ne détacha pas son regard de l'horizon. Elle eut pour toute réaction un sourire étrange, mélange d’apitoiement et d'ironie, accompagner d'un bref soupir moqueur. Parler ? Bon nombre de médecins avaient tenté de lui arracher une parole au sujet de cette nuit là, trois ans plus tôt. Son père, sa sœur aussi... Ils s'étaient tous heurtés au silence. Pourtant ils se doutaient bien de la vérité. Outre le fait qu'elle ai vu son frère se faire tuer sous ses yeux, que pouvait-il arriver d'autre à une jeune fille face à un colosse ivre et mal intentionné ? Ils savaient tous, mais exigeaient d'elle des mots. De piètres mots à mettre sur un cauchemar dont tout le monde connaissait la consistance.
Mais voilà qu'aujourd'hui, cet homme dont elle ne connaissait presque rien, lui conseillait de parler. A quoi bon ! Pensa-t-elle. N'avait-il pas fait mention d'archives un peu plus tôt ? Elle se demandait bien en quoi elles consistaient. Il n'était donc pas improbable qu'Enteri sache lui aussi. Tout se sait, ou du moins, tout se devine ; alors quel intérêt avait-elle à exprimer ses malheurs, sinon de se proclamer victime ? Victime de quoi après tout, cette nuit là elle n'aurait jamais dû se trouver en ville, ce drame était le résultat d'un caprice et elle en avait payé les conséquences, point
.

Tant qu'on ne lui parlait pas d'une chose susceptible de lui faire exprimer ses sentiments, tout allait bien. C'est donc, avec un peu plus de décontraction qu'elle accueillit les questions suivantes du jeune homme. Cela concernait la guilde et il sembla alors important à Sytrinn de satisfaire la curiosité de son chef...hum...camar... Oui, « camarade » serait plus juste, même si l'attitude qu'il venait d'avoir relevait du paternalisme, la jeune femme avait perçu chez Enteri le désir d'...

- Égalité, c'est ce que vous avez instauré et que j'apprécie au sein de la guilde, c'est paradoxalement cette valeur que vous véhiculez, qui vous place au rang de chef.

Elle eut un sentiment étrange et jeta un bref coup d’œil en coin vers son camarade qui... semblait complètement distrait ! Sytrinn retint un fou-rire, et poursuivit.

- La fraternité qui lie les ladrinis ente eux est sécurisante et rassurante, continua-t-elle en tentant de garder son sérieux face à l'attitude déconcertante de son interlocuteur. Être arrivée dans une grande famille au multiples origines, voilà l'impression que j'ai eu et je n'en suis vraiment pas déçue.

A nouveau elle lorgna discrètement le jeune homme au regard étonnamment mobile, et dont la rapière était à présent dégainée. Puis, en tournant le regard du côté opposé, elle aperçu un groupe d'hommes accourir dans leur direction. Visiblement, ce n'était pas pour prendre le thé !

-Ce que je recherche ?... M'en aller d'ici au plus vite, pour commencer ! Lança-t-elle avec un amusement nerveux.

Ses yeux rencontrèrent alors ceux d'Enteri qui brillaient de la même lueur folle, et cet échange eut le don de provoquer une décharge d'adrénaline dans le corps de la ladrini. Elle n'avait qu'une envie : détaler. C'est alors que les paroles de son chef tombèrent comme une délivrance. Il esquissa quelques pas, encourageant Sytrinn à passer la première. Le top-départ était lancé.
Le nœud qui venait de se former dans son estomac réveilla la douleur causée par le coup de pied qu'elle s'était vu asséner un peu plus tôt, mais l'enthousiasme angoissé d'être poursuivie délia ses muscles. En quelques secondes, la voilà lancée à pleine vitesse, prenant son élan avant que ses pieds ne quittent la surface chaude des tuiles. A présent en l'air, ses jambes dessinaient toujours le même mouvement, si bien que la passage d'un toit à l'autre lui semblait sans transition.
Jusque là ils s'étaient trouvés dans un quartier aisé aux hauteurs d'habitations similaires, mais la faible difficulté ne gâchait en rien l'impression qu'éprouvait la jeune femme durant ses sauts. Cette sensation de vide, un corps perdu entre terre et ciel l'espace d'une seconde. C'était dans ces infimes moments que Sytrinn se sentait libre, qu'elle perdait conscience de son existence ; elle entendait seulement le brouhaha de la foule qui la ramenait vers une réalité qu'elle n'avait pas envie de rejoindre. Dans sa course effrénée, elle avait presque oublié la présence d'Enteri, soucieuse, elle tourna la tête brièvement vers son camarade. Derrière eux, leurs poursuivants révélaient une agilité inattendue masquée par des pas lourds et des grognements primaires. En jaugeant la distance qui les séparait, elle croisa le regard étrangement jaunâtre de celui qui semblait mener la troupe. Il eut un rictus malsain et lui lança :


-Tu ne nous échapperas pas ma jolie ! 

La ladrini se contenta de détourner à nouveau la tête droit devant elle en murmurant entre ses dents un « pauvre type ! » exaspéré.

Puis vint le moment de faire un choix. Devant elle, les maisons se faisaient de plus en plus basses, elle n'avait aucune envie de se mêler à la foule et opta donc pour les quartiers en travaux pour gagner en hauteur et en tranquillité. Elle prit son élan avant de faire un saut de côté dans le but de traverser la ruelle. De justesse, elle agrippa la gouttière du toit opposé, se hissa sur celui-ci et reprit sa course, tout en s'assurant qu'Enteri se trouvait toujours là. Même si elle savait le jeune homme plus expérimenté qu'elle, Sytrinn ne pouvait se résoudre à agir pour elle-même sans veiller à la sécurité et à l'avancée sans encombre de son camarade.
Pour l'instant, la progression de la jeune femme n'avait rencontré aucun obstacle majeur, mais bientôt elle aperçut l'édifice en restauration se dresser devant elle. Regardant une dernière fois en arrière, elle s’aperçut que le meneur des poursuivants avait disparu. Malgré tout, elle accéléra davantage, franchit encore un, deux, trois toits, plus qu'un avant d'atteindre les échafaudages. Néanmoins, l'espace qui la séparait du quatrième ne lui laissait pas le droit à l'erreur. Elle prit une grande inspiration et poussa l'allure à son maximum. La ladrini n'était plus maîtresse de ses jambes, la chaleur inondant ses muscles avait remplacé la douleur. Dans un ultime moment de concentration, elle porta tout son poids sur sa jambe droite, réunissant toutes ses forces afin de se propulser dans les airs. La synchronisation escomptée avait été parfaite et Sytrinn ne lâchait pas son but des yeux. A peine s'était-elle élevée, qu'un bruit lointain lui était parvenu, semblable à un claquement. S'il s'agissait de ses articulations qui se disloquaient, aucune souffrance ne se faisaient pourtant sentir.

La vitesse à laquelle elle allait atteindre la toiture suivante ne lui autoriserait pas une réception approximative, car c'était l’arête qui se présentait à elle. La jeune femme focalisa donc toute son attention sur celle-ci, choisissant méticuleusement les tuiles sur lesquelles ses pieds se poseraient.
Mais c'est alors que le bruit entendu plus tôt se rapprocha, accompagné d'une forme noire qu'elle vit s'agiter dans son champ de vision et fondre droit sur elle en repliant ses larges ailes pour la percuter de plein fouet.
*Fichu yorka !* eut-elle le temps de penser. Sytrinn bascula de côté et chuta lourdement sur la pente du toit ; puis elle décolla à nouveau pour rebondir une ultime fois, rouler et tomber dans le vide, emportant avec elle des morceaux de tuiles brisées. Dans un sursaut de frayeur, la ladrini avait eut le réflexe de chercher des yeux une aspérité, quelques chose qui lui permettrait de stopper cet enchaînement infernal le plus vite possible. La chance était avec elle. A un mètre du rebord du toit, elle réussit à se cramponner a une niche d'où s'envolèrent une nuée de pigeons effarouchés.

- Enteri ! Hurla-t-elle immédiatement en s'empressant de descendre rejoindre la terre ferme.

Sa voix avait été atrocement déformée par le manque de souffle et elle eut peur d'avoir alarmé inutilement le jeune homme. Une fois sur le pavé désert, hors d'haleine, elle attendit Enteri et évalua la gravité de ses blessures en bougeant précautionneusement ses bras et ses jambes : de vilaines entailles sur ses avant-bras nus, quelques bleus, de légères fractures tout au plus mais rien de cassé, c'était le principal. Au bout de la rue se tenait l'édifice en travaux et le jour du marché qui signifiait congés pour la plupart, aucun ouvrier ne devait s'y trouver. En revanche, s'agissant d'un lieu de culte, les portes seraient peut être ouvertes...

Dans le ciel, le faucon assassin tournoyait sournoisement au-dessus d'elle en guettant le moment opportun pour attaquer derechef.


Dernière édition par Sytrinn Sandström le Mar 1 Nov - 10:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 29 Oct - 20:22

Lorsque Sytrinn se mit à détaler, le temps parut se dilater. Sa maîtrise du vent poussait Enteri à aller de l'avant, lui intimant de l'utiliser. En effet, c'était depuis la fête d'Omnia qu'il s'était découvert une capacité à effectuer quelques sorts basiques mais il avait aussi été pris de maux de crânes ainsi que d'une irrépressible envie d'en utiliser chaque ressource jusqu'à l'épuisement. Ainsi des sauts difficiles devenaient plus faciles et chaque élément était devenu un allié, néanmoins il sentait aussi que sa conscience dérivait, incapable de se concentrer. Des troubles de la concentration ? Il en avait toujours eu, mais c'était différent car d'une certaine manière il était poussé à s'abandonner à ce pouvoir addictif.
Le fait même d'y penser lui sembla être déplacé ; ne devait-il pas fuir ? Il s'élança à la suite de son amie avec une vitesse fulgurante, manquant de tomber à la première foulée. Ce n'étaient que des gardes, il n'avait rien à craindre après tout... Tandis que Sytrinn progressait rapidement, le ladrini opta pour une autre voie et s'approcha de deux murs qui formaient un angle. Il sauta vers celui de droite afin de prendre de l'élan et se réorienta vers un balcon dont il parvint à agripper une corniche qui le maintenait. De nouveau il sauta sur le mur de droite et rebondit vers la balustrade grâce à un puissant zéphyr, grimpa le long d'une colonne et finit par atteindre le toit.
Insatisfait par cet effort inutile, il balaya vivement les lieux du regard et se souvint de sa camarade qu'il voyait progresser avec une vitesse soutenue. L'homme arracha une tuile endommagée et reprit sa course sans que la moindre expression ne ternisse son visage, ne s'arrêta pas au bout de sa plate-forme et s'envola au-dessus du vide ; grâce à son morceau de tuile, il utilisa le câble qui reliait un autre bâtiment et parvint à saisir, après avoir lâché son instrument, la pointe d'une poutre qui dépassait d'un peu moins d'un mètre de l'édifice. Il repoussa vivement le mur de l'hôtel pour se retrouver en poirier au-dessus de sa prise et pivota à 90° pour changer d'orientation et atteindre d'un salto une échelle qui glissa sous son poids, formant un pont entre deux échoppes aux toits plats.
En contrebas se trouvait l'un des poursuivants si bien qu'Enteri l'utilisa pour amortir sa chute tout en plongeant son katar au-dessus de son omoplate gauche, lui coupant le souffle. Le fait qu'il était censé s'abstenir de blesser ces hommes ne lui était pas encore revenu alors qu'il était de nouveau sur les pas de Sytrinn. Il se souvenait être passé par là, il y a longtemps, et tout en courant il se remémorait l'évènement. Pourtant, la réalité vint briser ce souvenir lorsqu'il aperçu le formidable saut auquel il devait se préparer. Sans s'arrêter, il posa un couteau de lancer et provoqua un vent pour l'aider ; au milieu de son envol il se retourna pour changer la direction du vent et le couteau fut emporté vers le tibia du second poursuivant qui tomba à cause de son élan. Le troisième et dernier s'était transformé en aigle et se dirigeait au-dessus d'Enteri cependant que celui-ci traversa la fenêtre d'un autre bâtiment.

Une honte tenace traversa alors son corps tandis qu'il se rendit compte de son erreur, de ce qu'il aurait dû faire et de la raison absurde pour laquelle il s'était fatigué. Il appuya la paume de sa main droite contre son front et serra la mâchoire ; la honte s'était rapidement transformée en une rage envers lui-même. Puis celle-ci s'envola tout aussi rapidement quand il entendit un cri, celui de Sytrinn.
La ruelle était trop étroite pour que l'aigle s'y engage sans danger, c'est pourquoi il allait sûrement attendre... Mais ce faisant, il indiquerait également l'endroit où était la ladrini, c'est pourquoi Enteri devait se dépêcher. Ses instincts de voleurs revinrent comme une seconde nature. Il hasarda quelques secondes dans les pièces de la maisonnette, déserte, puis trouva un escalier de sécurité. Sans se poser de question, il enjamba la rampe, saisit la pièce de bois qui rejoignait le sol et descendit en s'y accrochant. Une fois sur la terre ferme, il voulut rejoindre l'allée où était tombée la ladrini mais deux personnes lui barrèrent la route. Incapable de lire la fureur qui explosait littéralement dans ses pupilles, les hommes ne voyaient sans doute pas même la bande noirâtre qui était posée sur ses yeux. Peut-être avaient-ils eu du mal à le remarquer ? Non, aucune chance. Après tout, en descendant des escaliers, il les avait fait s'effondrer sans le remarquer...
La rage bouillonnait encore dans ses artères lorsqu'Enteri s'approchait des deux individus. Il suffit qu'un seul bougeât pour paraître hostile à l'homme qui, sans réfléchir, mobilisa toute la puissance de son pouvoir : un formidable coup de poing avait propulsé le gaillard contre un mur, qui déjà auréolait sa tête d'un soleil de sang. Enfin, le ladrini était de nouveau auprès de Sytrinn et sa colère tomba rapidement. Ses capacités, amenuisées par la fatigue, lui semblaient aussi réduite et c'est alors qu'il se demanda si ses techniques liées au vent n'avaient pas un rapport avec ses sentiments.

«On rentre, lâcha-t-il, un peu triste.
- Non, je ne crois pas, fit une voix derrière lui.»

D'un vif volteface, Enteri jaugea la personne qui osait contrecarrer ses plans. Il portait un long manteau noir qui se divisait depuis sa taille en cinq bandelettes. Un pantalon aux multiples poches cachait quelques couteaux et sa veste bleu foncé possédait d'étranges motifs circulaires. Ses cheveux blonds étaient courts et sa raie, à droite, donnait de l'ampleur à sa chevelure. Les yeux verts qui courraient d'un ladrini à l'autre semblaient en effervescence et ses traits fin lui donnaient un âge intemporel. Enfin sa stature, quoique modeste, trahissait une réelle menace.
Néanmoins, ses pupilles particulièrement dilatées se concentraient sur Enteri comme s'il était l'objet de ses convoitises ; se connaissaient-ils ? Il ne paraissait pas non plus apercevoir Flint qui, depuis quelques secondes, semblaient interroger son maître du regard. L'inconnu leva son bras droit à l'horizontale, provoquant une déferlante qui souleva de la poussière mais sans danger : un simple avertissement, ou peut-être une manière de dire qu'il allait prendre la parole ?
«Je suis», commençait-il...
C'est à cet instant que le colibri perdit patience. De son bec, il percuta l'arrière du crâne de l'individu qui se mit à quatre patte, ruinant la superbe qu'il avait pu inspirer à ses victimes. Alors qu'il ne se relevait pas, Enteri interrogea Sytrinn du regard, lui sourit et s'engagea discrètement hors de la ruelle. Quoi que l'homme pouvait être en train de faire - peut-être qu'il priait ? - cela ne les regardait pas. Le spectacle paraissait fini.

Enteri avait annoncé qu'il en savait assez pour terminer l'épreuve et qu'ils pourraient se reposer. Le ruban qu'il avait alors tendu à Sytrinn était de couleur jaune et lui demanda si elle l'appréciait. De toute façon, la couleur n'était pas fonction des goûts mais c'était toujours mieux si les deux coïncidaient !
Devant le repaire, l'homme avait hésité... Pour finalement demander à la ladrini de le suivre : il prendrait une autre entrée,
«l’Église». Ce n'était pas réellement un privilège mais tous ne connaissaient pas les multiples moyens de s'introduire dans le repaire et en trouver un nouveau était toujours utile et amusant. Presque toujours, tout du moins... Et surtout, il voulait profiter de pouvoir encore parler à Sytrinn au cas où ils ne se reverraient pas avant longtemps, notamment pour s'assurer qu'il n'avait pas fait le mauvais choix.
Le marchand d'une petite échoppe aux multiples couleurs - de toute évidence elle marchait assez bien - reconnut le ladrini et lui demanda quel tableau il voulait acheter aujourd'hui. Un vendeur de tableau, ici ? ! En réalité, c'était un vendeur-fantôme : peu de personnes savent qu'il réside ici afin qu'il soit protéger des vols, mais ses commandes touchent toute la ville, expliqua Enteri. Il répondit ensuite au vendeur qui eut un sourire complice avant de repartir. Pendant son absence qui durerait vraisemblablement quelques minutes, Sytrinn aurait le temps de s'adresser au ladrini ; ensuite, ils passeraient par la fameuse Église...
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeDim 30 Oct - 2:09

Alors qu'elle attendait son camarade, la ladrini sentit un bref courant d'air passer près de son oreille. Sytrinn éprouva une once de réconfort en découvrant Flint voleter devant elle. Toutefois, elle s'inquiéta de l’absence de Falko et espérait que le colibri soit auparavant allé le prévenir du « bon » déroulement de l'Introduction. Cet instant n'avait pas duré plus de quelques secondes que déjà, la jeune femme perçu le son de voix masculines dans la ruelle voisine. Silencieusement, tout en effleurant la garde de sa rapière, Sytrinn s'approcha, puis se plaqua dos au mur à l'angle de la rue et pivota lentement la tête afin de distinguer les deux silhouettes, auxquelles s'ajouta bientôt une troisième. Enteri marchait en direction des deux hommes pour finalement leur faire face. Son visage apparu plus sombre que d'ordinaire à la ladrini et il lui sembla qu'une tension anormale émanait de son camarade. Elle déglutit en espérant ne pas en être la cause et comme pour confirmer la sensation qu'elle avait eu plus tôt, elle vit soudain l'un des hommes être projeté à plusieurs mètres ; son crâne vint se fracasser contre le mur non loin d'elle et une marre de sang se répandit abondamment sur le sol. Le deuxième gaillard se décida à fuir et s'apprêtait à tourner dans la ruelle où se trouvait Sytrinn, toute disposée à l'accueillir comme il se devait. L'homme entama ainsi un virage serré dans l'allée, rasant la ladrini qui émit un bref sifflement à son attention. Le benêt eu le malheureux réflexe de se retourner et de se voir administrer dans le menton, le poing de la demoiselle. Le voilà désormais qui se tenait lamentablement la mâchoire en titubant et poussant un gémissement rauque. La jeune femme en profita pour bondir prestement derrière lui, dégainer sa dague et à l'aide du manche de celle-ci, asséner un coup violent sur la nuque du fuyard qui s'effondra, inconscient. Suivant les consignes de son supérieur, elle laissa au bougre la vie sauve.

Dans son dos, Sytrinn entendit les pas du ladrini et tourna vers lui un regard hésitant. La nervosité d'Enteri s'était visiblement estompée, mais pourtant la jeune femme ne recouvrait pas entière sérénité. Alors que le jeune homme articulait un « on rentre » teinté de tristesse - non pas qu'elle y fut insensible - Sytrinn porta ses yeux inquiets sur un inconnu, derrière son camarade.
Les mots de l'étranger révélèrent finalement sa présence au ladrini. L'homme, malgré son étrange accoutrement et un faciès peu commun, n'était pas imposant mais assurément armé et mal intentionné. La demoiselle faisait passer ses yeux d'un homme à l'autre, n'étant pas sûre de saisir la situation et le lien qui les unissaient.
L'inconnu s'apprêtait à rompre le silence quand tout à coup, il s'agenouilla, face contre terre, et ne se releva pas. Sytrinn haussa des sourcils d'incompréhension et bout de quelque secondes, émit un faible toussotement impatient. Enteri, qui ne semblait pas apte à lui fournir une explication, se contenta de sourire et l'encouragea à poursuivre leur marche hors de la ruelle.

Selon lui, l'épreuve touchait à sa fin et alors qu'ils prenaient un peu de repos, le ladrini lui tendit un ruban jaune. Sytrinn eut un léger mouvement de surprise, se saisit de l'étoffe et fronça les sourcils tout en faisant passer le ruban entre ses doigts afin d'en admirer le travail.


- Je n'en saisis pas vraiment le sens, fit-elle en jetant un bref regard comparatif sur le foulard noir d'Enteri, puis sur le tissus qu'elle avait entre les mains. Mais... merci. Dit-elle finalement en affichant un sourire sincère à l'intention de son camarade.

Bien sûr elle se doutait que cette étoffe devait être un signe d'appartenance, un moyen de reconnaissance... La couleur lui convenait tout à fait, seulement sa signification restait un mystère. Elle passa le ruban autour de son cou, fit deux tours de manière à ce qu'il reste lâche, et le noua.

Après une hésitation Enteri décida qu'ils atteindraient le repaire via l’Église. Sur le chemin, un marchand de tableaux les interpella ; il connaissait visiblement bien le ladrini qui devait être un « habitué » de cet atelier isolé mais réputé, d'après ses dires. Sytrinn, gênée de se présenter au vendeur dans cet état, joignit ses bras dans son dos afin de dissimuler sa manche déchirée et ses plaies qui auraient bien besoin d'être désinfectées et pansées. Le marchand partit dans l'arrière boutique et la ladrini lâcha un soupir. Elle se visualisa le déroulement de sa journée passée avec cet homme dont elle ne connaissait presque rien et dont elle ne savait trop quoi penser, si ce n'est qu'il était relativement imprévisible. Tout au long de l'Introduction ses réactions avaient alterné entre celles d'un enfant insouciant et téméraire attiré par le risque, d'un père responsable et soucieux du bien être des siens, ou encore d'un chef loyal et pleins de ressources. Jamais il n'avait perdu ses moyens, il agissait de manière posée, ingénieuse, et efficace. Après la journée qu'elle avait passé en sa compagnie, elle devait avouer qu'elle lui portait désormais un profond respect et une certaine admiration. Néanmoins, ne cernant pas tout à fait sa personnalité et n'ayant aucune donnée sur son passé, une once de méfiance à son égard subsistait dans l'esprit de la jeune femme. Oui, elle avait désiré plus que tout intégrer la guilde. Aujourd'hui, à sa plus grande joie, elle la rejoignait officiellement et cela impliquait de faire confiance à son chef. C'était un minimum, non ? Mais elle ne pouvait se mentir à elle même ; la vie ne lui était pas toujours apparue sous son plus bel angle, et malgré les apparences, Sytrinn se laissait difficilement apprivoiser.
Pourtant, elle ne voulait en aucun cas décevoir Enteri et par moment elle s'était réellement souciée de lui, si bien qu'en le voyant dans un tel état tout à l'heure, un sentiment de culpabilité et d'inutilité exaspérant s'était emparé d'elle. Car elle faisait désormais partie des Ladrinis, cette inquiétude qu'elle avait éprouvé pour Enteri, était tout simplement celle qu'elle aurait éprouvé pour un membre de sa famille. Et les Ladrinis étaient à présent sa nouvelle famille...


- Vous sentez vous mieux ? Tout à l'heure vous sembliez... contrarié. Vous aimeriez peut être en parler ? Fit Sytrinn sur un ton quelque peu maternel.

Tout en écoutant sa réponse elle triturait inconsciemment le ruban autour de son cou. Puis lorsqu'elle s'en rendit compte, la question lui revint.

- Par ailleurs, quelle signification donnez vous à la couleur jaune ? Dit-elle en désignant l'étoffe.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 11 Fév - 19:55

Sur le chemin du retour, le contrecoup se fit sentir et Enteri s'enferma dans une méditation sans voix. Incapable d'alimenter le dialogue, il s'appliquait surtout à synthétiser cette journée pour en tirer des conclusions qu'il développerait plus tard. Le ladrini s'était également senti forcé d'utiliser sa magie et regrettait d'avoir ainsi attaqué ses ennemis ; mais après tout n'était-il pas la cible ? D'une façon ou d'une autre, le propriétaire du manoir avait été prévenu et cela ne présageait rien de bon. Enteri abandonna sa réflexion devant le marchand.

«Il nous faudrait deux costumes de moine, lui murmura le ladrini.»

Flint vint se poser sur les épaules de Sytrinn, désireux de l'accompagner mais l'homme n'eut pas le temps de montrer son indignation : dès que le marchand s'était enfoncé dans l'arrière boutique, elle l'avait interrogé sur son incartade dans la ruelle. Sans détourner le regard, il constata avec plaisir qu'elle avait déjà assimilé la notion de famille qui liait les ladrinis, c'est pourquoi il baissa le menton afin de la regarder comme si elle fût plus grande que lui, comme s'il était un enfant devant répondre de ses erreurs. Le vouvoiement sembla alors assez dissonant.

«Tu crois que je n'aurais pas dû m'énerver ? (Il baissa les yeux.) À vrai dire, reprit-il d'un air plus mature, ma réaction était excessive et tu as raison d'en faire la remarque ; si l'on n'était pas franc l'un envers l'autre, aucune confiance ne serait possible.»

Moins qu'une leçon, il espérait faire de cet écart de conduite un exemple à ne pas suivre et espérait formuler un conseil qui serait utile à la ladrini lorsqu'elle serait à sa place. Ne jamais laisser passer une faute - même d'un ami - est parfois un comportement difficile mais qu'il fallait favoriser.

«Mon entraînement m'a permis de maîtriser le vent néanmoins par instant, je confonds le passé et le présent, mes sentiments sont altérés et je me sens poussé à l'utiliser jusqu'à épuisement. Mais ces symptômes passeront bientôt.»

Puis Sytrinn l'interrogea sur le bandeau alors que le marchand s'apprêtait à revenir. Incapable de répondre pour l'instant, Enteri ce promit de le faire dès que possible.

Les robes qu'il rapporta étaient d'un marron clair, sans le moindre apparat et d'une simplicité identique aux costumes originaux ; bien que propres elles paraissaient sans âge, bien que grande elles étaient sans taille. Se mêler aux ecclésiastes serait un jeu d'enfant ; de toute façon, ils n'étaient pas hostiles aux ladrinis, quoique seulement indifférents tout au mieux. Certains étaient prêts à les aider, d'autres essaieraient de les traduire en justice, mais toujours de façon individuelle.

«Nous allons visiter l’Église et aurons besoin de couverture pour cette fois. Avec l'habitude, tu n'auras plus même besoin de ce camouflage pour emprunter cette entrée cependant il vaut mieux que tu connaisses les lieux au cas où tu devrais t'y cacher. Peut-être l'as-tu déjà visitée ? Et d'ailleurs, as-tu des croyances ?»

Après avoir vérifié que personne ne pourrait les voir (simple formalité car nul ne pénétrait dans ces ruelles désertes), il enfila le vêtement par-dessus les siens et enfila sa capuche. Ensuite, il déplia soigneusement son bandeau avant de l'enrouler autour de son poignet droit et bien qu'il ne la regardait plus, son attention était focalisée sur la réponse de la jeune fille.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeLun 13 Fév - 0:07

Sytrinn ne connaissait pas la raison de l'emportement de son camarade, aussi lui posa-telle la question afin de lui donner l'opportunité de se libérer d'un poids qui aurait pu entacher son humeur et nuire au bon déroulement de cette fin de journée. Pour la jeune femme il s'agissait également de savoir comment se positionner face au malaise du ladrini, dans le but d'éviter qu'elle même ne se fige au milieu d'une ambiance faussement détendue. De plus, c'était une manière pour elle de lui montrer qu'elle était patiente et disposée à l'écouter, malgré son rang inférieur à celui de l'homme au sein de la caste. D'ailleurs la gêne s'empara de la demoiselle lorsque, apparaissant comme un petit garçon, Enteri entama sa réponse. Mais bien vite son ton changea et ses paroles permirent à Sytrinn de cerner davantage l'esprit de la guilde, même si son intention n'avait en aucun cas été de lui faire remarquer son attitude, voire de la lui reprocher. Elle s'obligea alors à considérer qu'Enteri, malgré son statut, n'était pas l'unique personne à pouvoir émettre le doute quant aux actions et réactions de ses camarades.

En revanche, sa question sur l'étoffe jaune nouée autour de son cou ne trouva pas de réponse. Sytrinn se dit que le ladrini lui en donnerait la signification plus tard, en d'autres lieux, car le marchand revenait. Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle remarqua la présence du petit être ailé sur son épaule. En effet, Flint venait de trouver divertissement parmi les cheveux de la demoiselle, dont il se plaisait à enrouler quelques fils d'or autour de son bec.

Après avoir donné à Enteri ce qu'il avait dans les mains, le marchand s'approcha de la jeune femme qui le remercia lorsqu'il lui tendit une robe marron clair. Sytrinn jeta un coup d’œil au ladrini puis leva le vêtement devant elle alors qu'il prenait la parole. Cette idée d'opération camouflage l'amusait, cependant elle s'en voulait un peu de tromper la vigilance des religieux en se faisant passer pour l'un d'entre eux, surtout en étant une femme. Elle eut un petit rire intérieur en songeant qu'elle pourrait bien avoir à se travestir à l'avenir.

Enteri enfila son costume et rabattit la capuche de ce dernier sur sa tête. Le silence qui suivait ses paroles, la jeune femme le savait, l'invitait à répondre. Une fois encore, son chef l'avait engagée sur la voie des souvenirs et Sytrinn resserra nerveusement son emprise sur le tissu de la robe, alors que la froideur masquait à nouveau son visage. Effectivement, elle avait déjà foulé le sol de cette Église, mais en d'autres circonstances... Néanmoins, afin de détourner son esprit de la douleur, elle trouva un peu de réconfort en la présence du colibri posé sur son épaule.


- Je suis navrée mon petit, il va te falloir me quitter, susurra-t-elle en souriant au petit oiseau.

Après s'être débattu et avoir réalisé moult pirouettes, Flint se libéra enfin de la prison dorée qu'il s'était crée. De son côté Sytrinn revêtit elle aussi sa robe, sans cependant se couvrir la tête, et son minois redevint sérieux.

- Oui, je connais l’Église, dit la jeune femme d'une voix froide et monocorde. Les corps de mon frère et de mon père y ont passé leurs derniers instants avant de rejoindre la terre. Mais j'aime assez revenir en ce lieu afin d'y écouter jouer l'organiste, assise sur un banc à l'intérieur de l'édifice ou reposant sur ses hauteurs lorsque mon accoutrement me le permet, continua-t-elle en fermant les yeux et offrant son visage au soleil qui filtrait dans la ruelle.

Toujours sans regarder son camarade, elle tourna les talons pour se diriger vers la façade d'une maison au bas de laquelle, entre les pavés avaient fleuri trois pâquerettes. Sytrinn s'accroupit afin d'en cueillir une et revint auprès d'Enteri, la fleur entre les doigts.

- Mon père était passionné de botanique, pour cette raison il croyait en Délil, dieu de la flore et de la vie. Ayant grandi bercée par son amour des plantes, c'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers ce dieu. Bien qu'étant rationnelle, je me plais parfois à croire que la vie nous a été insufflée par une intervention divine... Termina-t-elle tout en couvant du regard la fleur disposée au creux de sa main.

Sortant finalement de sa contemplation, elle se rendit compte qu'elle avait l'air ridicule en parlant de la sorte et se mit à rire d'elle même. La voix douce de la demoiselle, et le ton rêveur avec lequel elle s'était confiée, aurait ramené dans le passé quiconque l'eut connue avant que le malheur n'emporte son insouciance. Bien difficile aurait été sans doute de songer qu'elle avait pu faire couler le sang de deux hommes, aujourd'hui.

La jeune femme ramena ensuite ses cheveux à l'intérieur de la robe et son regard s'arrêta sur Flint qui voletait devant son nez, mécontent de devoir vraiment dire adieu à son aire de jeu. Sytrinn lui tendit alors la petite pâquerette pour se faire pardonner. Le colibri, satisfait, s'en saisit vivement avant de rejoindre son maître à tire d'aile. Enfin, la ladrini rabattit sa capuche, dissimulant les trois quarts de son visage qui s'illumina d'un bref sourire.
Fin prête, la demoiselle, mal à l'aise de devoir parler d'elle sans avoir de retour de la part de son interlocuteur, en profita pour lui retourner la question.


- Et vous, Monsieur Klypsène, avez-vous des croyances ?
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 21 Avr - 18:07

Enteri encouragea son colibri d'un sourire, autant qu'il le fit pour son amie. Il note combien elle avait été affectée par les décès de son père et son frère, de ce dernier en particulier ; il lui avait même semblait qu'il était lié à ce qu'elle endurait par moment mais rien ne corroborait cette théorie si bien qu'il l'oublia bien vite. La surprise lui fit incliner la tête lorsque la jeune damoiselle s'arrêta pour cueillir une fleur ; instant qu'il avait l'impression de partager avec une sœur qu'il n'avait jamais eue, ou avec le frère qu'il aurait voulu connaître. Peut-être comme Sytrinn, sa famille n'avait pas été pour lui ce qu'il estimait être une image très fidèle à ce que lui semblait être la réalité...
Pour autant, le père qu'elle avait mentionné semblait avoir été très proche d'elle et il ne manqua pas de remarquer qu'elle avait sinon quelques connaissances en herborisme au moins un attrait pour Délil. Dieu de la vie. Cela lui allait bien à vrai dire.
Le rire gêné de sa camarade fit jaillir devant lui l'image d'une innocence constellée de l'essence des nécessités : une femme aux crocs acérés quand à son âge d'autres espèrent trouver un mariage. D'une main de zéphyr il flatta son visage pour la soutenir, le regard impartial.
Concluant la réponse de son amie par un autre sourire, il lui proposa de s'asseoir en attendant le passage des moines afin de se mêler à eux lorsqu'ils passeraient par un coin très peu fréquenté. Par ailleurs, ce qui touchait à ses croyances était un point faible pour lui et il craignait de s'emporter dans un monologue abscon...

«Ordinairement les hommes servent les Dieux en qui ils croient, pourtant les Dieux en lesquels je crois... me servent. Ils sont au nombre de trois, soit par ordre croissant d'importance : le Respect, l'Harmonie et la Liberté.
Le Respect est celui de la contrainte des circonstances, autant qu'une contrainte de respecter les circonstances. C'est une philosophie en deux temps ; le premier est la prise en compte de tous les facteurs d'un évènement ou d'une personne et de les accepter en tant que tel, c'est considérer la pluie, par exemple, dans le calcul de ses chances de s'enfuir d'un traquenard, tout autant que laisser s'exprimer la personne qui critique illégitimement ce que l'on pense ou la laisser croire en un Dieu qui nous semble improbable ou absurde - après tout peut-elle n'avoir pas tort ; le second temps est la nécessité qu'il faut s'imposer d'utiliser ces ressources au mieux qu'il nous est possible, soit questionner sur ses préceptes l'étrange croyant dans le but de se rapprocher de lui et estimer même les paroles indignées du bourreau torturé, ou bien prendre des chemins que l'on maîtrise en cas de pluie...»

Sortant de son incandescence mentale, il observait la réaction de Sytrinn en fronçant les sourcils, construisant des stridules sur son front comme pour se justifier de n'être pas aussi clair qu'il le souhaiterait. Cette vérité qu'il livrait volontiers, il l'avait bâtie à l'épreuve de ses périls et pour toute claire qu'elle lui paraissait, il savait combien elle pouvait sembler confuse... Plutôt que d'enchaîner avec les deux autres notions, il attendait d'éventuelles réflexions de la jeune femme, prêt également à couper court à tout dialogue si les priants s'approchaient... Ou si son discours l'ennuyait.
À sa grande stupéfaction ses boucles blondes semblaient voiler, derrière son regard statique, une extatique humilité. Ses yeux dilatées, la tête légèrement penchée et les lèvres entr'ouvertes ; Enteri parvenait mal à définir s'il lui avait remémoré un souvenir ou bien si la ladrini, indéchiffrable, était toute ouïe à sa palabre. Lorsqu'il entendit une voix hésitante, il se demanda comment la demoiselle pouvait manquer d'assurance toutefois elle lui proposa de poursuivre sur l'Harmonie.
La ladrini, tout en hochant de la tête, pris son colibri avec délicatesse. Dans un murmure il lui demanda d'effectuer une ronde au cas où les religieux s'approcheraient puis, d'un geste lent porteur de toute son affection, il lui permit de prendre son envol. Il reprit aussitôt que le petit oiseau eût quitté ses doigts.

«L'Harmonie est une entité qui vit en chacun de nous : c'est ce soupir d'exultation que nous poussons après avoir traversé des moments exceptionnels. À travers ces sentiments de plénitude, il nous récompense pour avoir surpassé notre nature humaine et il nous pousse vers une sorte de perfection de nous-mêmes. (L'homme hésita un instant, conscient qu'il ne maîtrisait pas encore totalement ses préceptes.) C'est par exemple, pour le combattant, cette capacité d'anticiper les difficultés en entrant dans un état second afin que l'affrontement ne dure qu'un mouvement ; pour le savant c'est l'émerveillement face à une nouvelle découverte... Quant à nous, il s'agit de notre aura qui se développe lorsque notre personnalité est arrivée à maturité : un calme presque palpable ou une réactivité exacerbée, cela dépend de chacun. (Enteri se leva dans une subite lenteur, afin de mettre en valeur les sentiments derrière sa langue qu'il hâta graduellement) C'est l'impétuosité du chef d'orchestre à l'apogée de sa pièce maîtresse, la véhémente fougue de celui qui combat les foudres du temps, tous ces instants transcendantaux où l'on mobilise chacune de ses aptitudes, où l'on fait montre du flamboiement de son tempérament, où l'on danse avec sa conscience ! L'Harmonie est cette sublime, cachée en nous, qui se révèle au grand jour à la faveur de ces instants supérieurs.
Mon père
, avoua le ladrini en passant sa main gauche dans ses cheveux, me disait souvent que L'Harmonie étais une courbe, brillante lorsque tu es droit, se brisant quand tu sèmes l'effroi ; qui se dore de tes nobles actions et se décolore de tes exactions ; la teinte du chemin de tout humain vers un lendemain plus serein...»

N'ayant que très rarement eu d'individus avec qui évoquer sa vérité, sa conception des choses, Enteri se sentit soudain mal à l'aise et s'empourpra légèrement. D'autres considéraient que ce n'était qu'une pure folie alors que pour lui, il s'agissait seulement d'une approche différente si bien qu'il se demandait ce que la jeune femme pensait de lui. Dans l'intention de la laisser s'exprimer, il lui adressa un sourire chaleureux non sans se préparer à une nouvelle explication au cas où la réalité qu'il entendait livrer n'était palpable qu'à ses yeux.


Dernière édition par Enteri Klypsène le Sam 19 Mai - 21:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeDim 13 Mai - 18:41

L'habit ne faisait pas le moine. Assis côte à côte, les deux ladrinis, religieusement vêtus, semblaient s'adonner à une pieuse méditation. Mais bientôt, l'un d'eux brisa le silence, faisant part à l'autre de ses croyances : le Respect, l'Harmonie et la Liberté. Tels étaient les Dieux qui le servaient. Qui le servaient ? Premier étonnement. S'attendant à des noms comme celui qu'elle avait cité un peu plus tôt, Sytrinn cilla de surprise puis tourna la tête vers son camarade, intriguée par sa réponse et avide de savoir où il voulait en venir. Alors qu'il abordait la première notion, la demoiselle fronça les sourcils, signe qu'elle le suivait.

Maintenant focalisée sur les paroles d'Enteri, elle laissa dériver son regard dans le néant, se représentant parfaitement les exemples qu'il donnait. Ses yeux vides pouvaient donner l'impression qu'elle était complètement ailleurs et d'une certaine manière, c'était le cas. Appréciant l'intégralité du discours de son interlocuteur, son fond autant que sa forme, les mots choisis, les tournures employées, les intonations, les hésitations, elle avait parfois cette attitude statufiée qu'il la rendait détestable aux yeux de certains. Pour cette raison, elle tâchait d'adopter un comportement à la hauteur de l'attention qu'elle portait à la personne en face d'elle. Néanmoins, aujourd'hui, la barrière des costumes lui faisait oublier ces efforts.

Elle fut à la fois perdue par les explications de l'homme du fait qu'il avait montré le Respect sous un angle auquel elle n'avait jamais pensé, puis soulagée comme si un voile s'était levé sur une vérité qu'elle ignorait jusque là. Ce fut ensuite la frustration de ne pas l'avoir découvert par elle même qui s’immisça peu à peu, pour très vite être ensevelie sous la joie d'avoir acquis cette connaissance. Et quelle connaissance ! Il s'agissait de celle qui marquait notre mémoire comme un souvenir, non pas comme des écrits appris avec peine. C'était la connaissance d'un aîné : l'expérience. Bien que l'âge n'en soit pas l'élément fondamental. Sytrinn savait qu'aucune parole ne vaudrait sa propre expérience, cependant elle se nourrissait de celle d'autrui et conserverait ainsi le discours qu'elle venait d'écouter comme un trésor dans son esprit.

Il y avait quelques années, elle se laissait encore volontiers submerger par les monologues de son père. Elle partageait aussi ce genre de moments avec son frère si silencieux, dont elle arrivait par miracle à délier la langue en le lançant sur la psychologie des personnages du roman qu'il était en train de lire. Mais ces précieux instants passés avec lui étaient plus rares, car vivement moqués par Rebecka qui les trouvait d'une « mièvrerie sans intérêt ». Ce fut à compté de cette époque, prise d'une angoisse de décevoir sa sœur, qu'elle se mit à moduler sa personnalité en vue de correspondre à ce que l'on attendait d'elle, ou du moins, à ce qu'elle pensait que l'on attendait d'elle. En perpétuel contrôle d'elle même, son corps n'étant plus que le pantin de sa raison, exceptionnelles étaient les fois où elle faisait vraiment preuve de spontanéité. Aussi, cette journée avait-elle été éprouvante pour la jeune femme, en dehors des épreuves physiques. Elle avait, aujourd'hui plus que jamais, pris conscience de l'entrave que représentait son passé, mais aussi de la force qu'il pouvait lui procurer si elle l'acceptait enfin.

Ses yeux semblaient détailler les reliefs d'une pierre sur le mur en face d'elle, mais ils ne voyaient rien en vérité. Méditant sur le discours du ladrini et faisant le rapprochement avec des situations de son propre vécu, Sytrinn assimilait cette connaissance un léger sourire aux lèvres, qu'elle tourna vers son camarade. C'est alors qu'elle se rendit compte qu'il ne parlait plus et qu'une once d'incertitude se peignait sur ses traits. L'air béat qu'elle affichait involontairement disparut tout à coup.


- Pardonnez moi je... j'ai tout à fait compris, ne vous inquiétez pas, lâcha-t-elle à la fois gênée et déçue du peu conviction qui transparaissait dans sa voix.

Mais bien vite l'euphorie remplaça la confusion et son visage s'éclaira à l'idée qu'il restait encore deux notions à aborder.


- Je vous en prie continuez, qu'en est-il de l'Harmonie ? Dit-elle en trépignant presque, craignant que les religieux ne se montrent avant qu'il ait pu finir ses explications.

Après s'être vu chuchoter quelques instructions, Flint quitta la bienveillante main qui l'accompagnait et le soutenait dans ses premiers battements d'ailes. Puis la voix de l'homme s'éleva de nouveau. Tout comme précédemment, Sytrinn le suivait à la syllabe près, néanmoins son attitude fut quelque peu différente. Afin de recentrer son attention, elle dirigea inconsciemment son regard dans celui de l'homme, créant un lien qu'elle craignait de briser en clignant des paupières. Au bout d'un instant, désormais vides de l'âme qui se consacrait à la compréhension, ses prunelles scrutaient les traits mobiles de ce visage, porteur d'autant de messages que la voix qui s'en échappait.

Plus Enteri parlait, plus la jeune femme retrouvait cet émerveillement depuis longtemps disparu. Elle redécouvrait le pouvoir des mots qui l'avait frappée durant son enfance. Le Respect et l'Harmonie tels que les concevait le ladrini, Sytrinn y avait déjà été confrontée d'une manière ou d'une autre. Chacun avait ces connaissances enfouies au fond de lui, mais ce n'était que grâce aux mots exacts qu'elles pouvaient enfin se révéler à notre conscience et s'imposer à nous comme des vérités. Dans le cas présent, le point de vue de son camarade sur l'Harmonie n'était qu'une facette de ce concept, un mot pouvait renfermer tant de vérités... Mais le fait qu'il ait exprimé celle-ci avait peut être permis à la demoiselle de mettre un mot sur ce qu'elle ressentait en ce moment.

Tout à coup, comme pour intensifier ses exemples, il se mit lentement debout. Les yeux dorés de la jeune femme le suivirent dans son mouvement et sa capuche retomba sur ses épaules alors qu'elle levait le menton. Sans s'en rendre compte la ladrini expira bruyamment, non pas pour signifier son ennui, mais tout simplement car sa respiration avait suivi le crescendo effectué par Enteri dans ses explications. Ce phénomène se produisait souvent lorsqu'elle écoutait de la musique ; battre la mesure avec son pied était inévitable, mais manquer d'air devenait plus problématique... Soudain, elle revint à elle et cilla lorsque son camarade cita son père. Jamais auparavant il n'avait mentionné un quelconque membre de sa famille. Particulière étant l'importance qu'elle accordait à la figure paternelle, Sytrinn fut immédiatement interpellée par ce mot sorti de la bouche de son interlocuteur. De ce fait, elle se sentit un peu plus proche de lui à cet instant et fut touchée de se voir délivrer un précepte que lui même avait hérité de son père.

Alors qu'il avait entamé la dernière partie de son discours, le ladrini avait passé sa main gauche dans ses cheveux, geste involontaire qui indiqua à la demoiselle qu'il faisait référence à une partie de son passé qui lui était agréable. Toutefois, quand il arrêta de parler, elle perçut la gêne se dessiner brièvement sur son visage. Sytrinn se leva à son tour, voulant réagir à l'attitude de son camarade mais le sourire qu'il afficha lui fit ravaler les excuses qu'elle s'apprêtait à lui présenter.


- Je crois avoir compris. Des interrogations m'apparaîtront certainement un peu plus tard, ce qui veut dire, je le crains, trop tard, fit-elle en haussant les épaules se doutant bien qu'elle ne le reverrait pas de sitôt étant donné ses responsabilités. Elle secoua soudainement la tête. Mais, le temps presse et je serais très déçue de ne pas bénéficier de vos explications sur la Liberté, qui est pour vous la notion la plus importante, n'est ce pas ? Termina-t-elle en lui rendant timidement son sourire.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeLun 2 Juil - 18:03

Il ne restait plus qu'un mot-clef, la Liberté. Celle qu'il avait construite, celle qu'il avait imaginée. Bien loin de cette conception selon laquelle nous sommes maîtres de nos mouvements et de nous-même, sa vision de la vie était plus pragmatique néanmoins Enteri en avait peut-être déjà trop dit. Mal comprise, sa philosophie pouvait pousser à de sombres extrémités ou à des audaces effrontées ; mal employée, elle pouvait résulter en l'absolue opposé de ce qu'il cherchait à viser. Toutefois, cela pouvait également être un excellent test.

«Ces trois maîtres-mots sont tous aussi importants les uns que les autres et pourtant parfaitement indépendant. Mais le temps presse et nous ne pourrons plus communiquer avant d'être proche du repaire. Lorsqu'avec la foule tu te confonds, à quoi fais-tu attention ?»

Connaissant le moindre geste capable de tromper sa présence, l'homme faisait particulièrement attention à détendre ses épaules dans un premier temps. Siège des plus discrètes inquiétudes, elles étaient l'un de ces indices que l'on perçoit sans même s'en rendre compte et une simple once de crainte pouvait se montrer dangereuse si l'on ne faisait pas attention à détendre ses épaules.
La deuxième chose était de faire partie du décor ; avoir les yeux fixes, ne bouger que très peu les bras et avancer avec une lenteur homogène au groupe dans lequel on s'introduit... Des conseils évidents mais qui nécessitent une attention permanente.
Enfin, il arrive que certaines personnes ne se laissent pas abuser par le
paraître dans quel cas il faut savoir les éviter et rester autant que possible en-dehors de leur champ de vision. Ainsi, l'accès au repaire était sécurisé mais plus difficile pour ceux qui n'ont pas l'habitude de se déplacer au milieu d'un groupe hostile.
Car hostile, l'environnement l'était.

Une fois Flint revenu, Enteri replaça sa capuche sur sa tête et interrogea Sytrinn d'un regard amusé. Ils n'avaient rien à craindre évidemment, toutefois le défi de passer inaperçu l'enflammait d'une impatience qu'il camouflait derrière la curiosité qu'il tournait vers la jeune fille.

Suivre les priants jusqu'à l'entrée fut d'une simplicité enfantine aussi longtemps qu'il était capable de rester serein. Ces individus étaient souvent des intellectuels qui, à leur manière, chercher une Harmonie bien différente de la sienne mais toute aussi importante pour eux. Le silence était presque pour eux un discours continuel avec la nature. Puis les portes du bâtiment s'ouvrirent et le groupe entra.
Un chant religieux plongeait cet univers muré dans un océan d'exaltation, d'un calme imperturbable où un simple soupir semblait inapproprié. La voix claire qui résonnait sur les pierres faisait trembler, sinon les colonnes somptueusement ouvragées, tout au moins le coeur de ceux qui n'étaient pas habitués à y entrer - tel que le ladrini, extatique. Pour autant il n'avait pas ralenti le pas, ses épaules demeuraient détendues, ses gestes lents ; l'incandescence qu'il ressentait ne transpirait en rien.
Tout en suivant du regard sa protégée, il conservait le même rythme que le reste du groupe s'apprêtant à voir à tout moment se séparer les priants. Lorsque cela arriverait, ils pourraient rejoindre un jardin, à l'abri des regards, où ils pourraient s'éclipser.
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeMar 10 Juil - 23:44

Un voile de déception passa dans le regard de la jeune femme, elle pinça les lèvres. Et si jamais... Et si jamais il arrivait un incident, que les religieux les surprennent, qu'ils soient obligés de renoncer à rejoindre cette entrée du repaire, qu'une pierre de l'édifice lui fende le crâne en deux, que... Non, tout simplement : et si jamais, pour une quelconque raison il n'avait pas le temps de lui expliquer la dernière notion ? C'était cela qui la rendait si soucieuse. Sytrinn éprouvait une vive angoisse vis à vis du temps, une peur du regret, une boulimie des minutes qui surgissait dans les bons moments comme celui-ci. Avoir toujours plus de temps. Mais elle se sentait immédiatement coupable de se gâcher ainsi ce qui venait d'être vécu. Alors elle s'empressait de balayer ses craintes et de profiter de l'instant présent, comme on dit. Ce fut donc ce qu'elle fit.

- Lorsqu'avec la foule tu te confonds, à quoi fais-tu attention ?

La demoiselle le regarda en plissant les yeux. Elle ne s'était jamais vraiment penchée sur la question. Sa vue se reporta sur le pavé et s'y figea quelques secondes. La ladrini se remémora les fois où elle s'était trouvée dans pareille situation, soudain, elle releva la tête vers Enteri, le regard rieur et la bouche légèrement déformée par un sourire qu'elle voulait retenir. La honte lui provoquait souvent ce type de réaction. Sans répondre à son camarade, elle rabattit sa capuche et le suivit, non pas docilement comme elle aurait eu tendance à le faire, mais d'un pas égal au sien.
Les deux priants se mêlèrent à leurs frères en toute quiétude. Impossible aurait été de soupçonner leur intrusion, c'était un jeu d'enfant pour le ladrini, il ne s'agissait pas d'un exercice des plus ardus pour la jeune recrue. Sytrinn, s'accordait à la cadence du groupe sans difficulté. Elle réfléchissait, et quand elle réfléchissait, son corps se mouvait de lui même, comme si cette vie pieuse qu'elle prétendait alors mener était devenue, à force des années, un quotidien fatiguant de par sa lenteur.

Tout d'abord, son esprit se focalisait sur le moindre bruit, trouvant finalement divertissement dans le crissement des souliers ou le chant des tourterelles, sans pour autant oublier son objectif. Le sérieux qu'elle devait conserver s'alliait à cette mélodie qui l'enivrait, peignant sur ses traits une expression sereine et indéchiffrable. La foule était parfois le meilleur moyen d'être seul. A cause d'elle, les uns se perdaient, grâce à elle, les autres se perdaient... Sytrinn faisait partie de ceux qui lui étaient reconnaissants. La foule lui permettait parfois, comme maintenant, de se défaire un instant des tristes et violents souvenirs qui pouvaient l'envahir alors qu'elle était au calme, ou bien de trouver un aspect ludique à une tâche demandant de la concentration, comme suivre ces religieux sans éprouver cette sensation d'être confinée en elle-même, de par la vigilance constante qu'elle devait placer dans ses mouvements et ceux du groupe.
Se fondre dans la foule était pour la jeune femme ce « tout » semblable à la musique. Il s'agissait de réunir précision et félicité. Elle naviguait ainsi sans heurt, se conformant parfaitement à tout type de déplacement comme à autant de mesures différentes, si bien qu'elle se mettait à réellement créer une symphonie, aussi grandiose qu'éphémère dans son esprit. Voilà ce qu'elle avait découvert un peu plus tôt face à Enteri et qui avait teinté ses pommettes d'un rose embarrassé.

Ils atteignirent finalement les imposantes portes de bois qui s'ouvrirent sur la fraîcheur que permettaient de maintenir les pierres de l'édifice. Une fois à l'intérieur, sans bruit, la demoiselle prit une grande inspiration afin de se délecter de l'air qui emplissait le lieu. Le parfum de l'encens, depuis longtemps consumé dans les coupelles cuivrées, infiltrait les murs pour vieillir avec eux et être sans cesse recouvert puis rejoint par celui des consomptions plus récentes.
Sytrinn n'était pas ce que l'on pouvait appeler une croyante. Sa préférence pour Délil était liée à son père et ne sachant à qui devoir la création du monde qui l'entourait, c'est vers ce dieu que ses pensées s'élevaient lorsque la nature l’émouvait. Néanmoins, elle venait souvent ici. Si ce n'était pour prier, elle appréciait le silence et la prestance de ces lieux pour se recueillir.
Certains jours, l'orgue la faisait trembler de tout son être de par la puissance et la particularité de sa sonorité autant que de par la virtuosité dont faisait preuve l'organiste. Mais aujourd'hui, ce furent les frissons qui parcoururent sa peau, car les voix répercutées par delà les colonnes et les fresques, semblaient provenir des dieux eux-mêmes.

Toujours intégrée au groupe, la jeune femme n'avait pas perdu de vue ce pour quoi elle était là. Cependant elle était si captivée par les chants qu'elle en avait presque oublié la présence d'Enteri qui se tenait derrière elle. Soudain, les hommes encapuchonnés se divisèrent et son camarade la conduisit jusqu'à un jardin. Durant quelques secondes, ses yeux durent s'habituer de nouveau à la lumière du jour, puis purent enfin contempler le lierre grimpant, vert, prenant le dessus sur les arcades de pierre, et les fleurs tapissant le parterre, emplissant les jardinières. La ladrini sourit, elle pensa à Délil, elle pensa à son père, puis lui revint en mémoire son but : l'entrée du repaire.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 4 Aoû - 17:00

Quand la demoiselle lui sourit, l'homme se tendit de frustration... Il lui avait demandé sur quoi elle basait ses réactions pour passer inaperçu et comprendre qu'elle l'ignorait l'effrayait. Être capable de réagir d'instinct est très noble toutefois cet instinct, à ses yeux, se fonde sur des expériences ; s'il lui était impossible de synthétiser ces expériences en la matière, la demoiselle était-elle capable de se dissimuler dans n'importe quel environnement ? Le doute qui l'étreignait, en tout cas, n'était aucune dissimulé. Mais il n'aurait pas le temps de faire un jugement, pas ici ; il attendrait d'être en-dehors de tout contexte afin de ne pas être aveuglé par les circonstances. Pour l'heure, il devait simplement observer, la femme tout autant que ces hommes de foi.

Très souvent les priants avançaient lentement, conscients de pendre en dehors du temps. Or ce jour-là, ce n'était pas le cas. Toujours aussi lent, leurs pas étaient plus hésitants et leur méfiance avait creusé une distance, imperceptible, entre eux et les ladrinis. Pourtant ils s'éloignèrent en silence. Enteri conduisit alors la femme aux cheveux d'or, vivement, vers la lumière des jardins verdoyants. La cour extérieur les exposait aux regards de l'intérieur du bâtiment qui les encerclait, mais parmi les plantes et les arbres existait un lieu où des yeux malfaisants ne pourraient les contempler. D'où l'emplacement de la trappe qui devait les conduire dans des passages souterrains.
Derrière un olivier, deux arbustes touffus flanquaient un tilleul sempervirent qui protégeait en tout temps ceux qui venaient se reposer sous son ombre. C'était l'accès le plus simple et le mieux caché puisque la trappe se trouvait derrière ce bouquet : il suffisait de prendre appui sur l'arbre pour pour passer derrière le végétal. Une autre possibilité était de contourner cette barrière qui était prolongée par les branches plus épaisses des deutzia et exochorde qui s'entrelaçaient. S'y faufiler était une audace que n'auraient jamais osé les religieux...
Pourtant lorsqu'il demanda à son amie de le suivre, Enteri observa que des feuilles étaient déjà tombées, probablement à cause du passage d'un inconnu - voire plusieurs.

L'air embaumé de l'odeur, si douce, des fleurs alentours et ce tout petit espace invisible étaient comme une place de paradis. Hésitant, le ladrini fit sortir son colibri tout en réfléchissant.

«C'est étrange... J'ai un mauvais pressentiment. Quelqu'un est récemment passé par là toutefois je ne sais pas qui, et j'ai peur d'un piège...Une embuscade dans un tel endroit peut se montrer fatale ! Mais maintenant que tu sais où se trouve l'entrée tu pourras y revenir en cas d'urgence. Inutile de l'emprunter.»

Le terran parut songeur un instant tout en se tournant vers Sytrinn pour observer sa réaction. C'est au moment où il s'apprêtait à sortir de leur cachette qu'il se figea. Le chant religieux se rompit, une seconde d'éternité ; la voix aiguë se tarit dans un écho de déité. Puis les premières notes résonnèrent, discrètes. D'un regard vers la jeune femme, il comprit qu'elle aussi avait remarqué le subite transition vers cette nouvelle mélopée, étrangement calme, étrangement alarmante. C'était un signal de détresse utilisé pour prévenir les ladrinis qu'ils devaient faire attention. Peut-être leur présence avait-elle été anticipée ? Dans tous les cas le passage était imprenable, pour l'instant, et les religieux ne pouvaient les avoir abandonné si rapidement ; un homme d'influence avait sûrement essayer de les bloquer...

«Il faut également que je sache quel type de décision tu as l'habitude de prendre, affirma à voix basse et d'un ton calme le ladrini qui s'assit. Dis-moi ce que tu as besoin de savoir et ce que tu comptes faire. Lorsque le psaume s'achèvera, les religieux auront pris conscience que le calme sera revenu : je veux que l'on soit sortis du bâtiment avant cela.»

Caressant son colibri du pouce, Enteri semblait amusé par la situation. Ce détachement était alimenté par la confiance qu'il avait développé en la jeune femme qui s'était montré un parfait soldat - en dépit de ses extravagances - toutefois était-elle aussi un général accompli ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Introduction de Sytrinn Sandström   Introduction de Sytrinn Sandström Icon_minitimeSam 29 Déc - 20:13

Tout en observant les alentours, la demoiselle ne cessait de profiter de la musique. Le ladrini la conduisit jusqu’à l’entrée du repaire dissimulée derrière les végétaux, et alors que Sytrinn s’apprêtait à suivre son camarade, d’un geste, il lui intima de ne pas faire un pas de plus. Le passage qui menait à la trappe avait visiblement été emprunté et Enteri craignait pour leur sécurité. Il décida de rebrousser chemin, tandis que la jeune femme fixait toujours les feuilles sur le sol, soucieuse. Soudain, le chant qui depuis tout à l’heure emplissait l’édifice, prit fin avant qu’un autre ne débute, précédé d’un silence qui alerta la ladrini. Cette dernière avait quitté sa contemplation et s’était vivement retournée vers son camarade. Les priants venaient de confirmer leurs craintes.

Si quelqu’un avait eu vent de leur présence ici, il était impensable de s’échapper par la grande porte. Mais alors, par où ? A peine la question avait fusé dans son esprit qu’Enteri lui fit comprendre que ce serait à elle de trouver une réponse. Ils n’avaient que peu de temps pour disparaître de cet endroit. Pourtant, le ladrini semblait tout à fait calme, assit sur un banc de pierre, attendant patiemment qu’une parole daigne sortir de la bouche de sa jeune recrue. Cette dernière se sentit quelque peu oppressée par la tranquillité de son camarade et préféra, plutôt que de rester plantée là devant lui, se détourner du regard ambré qui la mettait dans l’embarras. Ses yeux mi-clos détaillèrent le jardin avec urgence, allant de fleur en fleur à une vitesse folle, pour finalement s’immobiliser sur une plante. Sytrinn atteignit l’objet de sa convoitise en deux enjambées et revint auprès de l’homme. Les sourcils froncés de la jeune femme témoignaient de son sérieux, mais ses lèvres pincées trahissaient une pointe de gêne. Elle tenait entre ses doigts une fleur à clochettes violettes.


- Ceci est une campanule. Son nom provient de l’Isthar ancien « campanula » et signifie « petite cloche », en lien avec son apparence. Elle symbolise l’amitié et la gratitude. C’est pour cette raison que je vous l’offre, dit-elle en lui tendant la fleur. A vrai dire, elle m’a simplement donné l’idée de passer par le clocher.

La demoiselle ajusta la capuche sur sa tête afin de dissimuler l’air penaud qui se peignait sur ses traits. Une poignée de secondes passa, le temps pour elle de visualiser mentalement le chemin qu’ils parcourraient pour gagner le sommet de l’édifice, et de constater que Flint semblait être le plus intéressé par la plante à clochettes. Sytrinn se dirigea à pas lents vers l’entrée du jardin, les mains jointes cachées par les amples manches de sa robe. Elle s’imprégna de nouveau de la musique et gagna l’intérieur du bâtiment. Suivie d’Enteri, elle tourna immédiatement à gauche et remonta le bas-côté afin de rester dans la pénombre des colonnes qu’ils longeaient. Une fois qu’ils eurent atteint le bras nord du transept, où une statue les regardait des ses yeux de marbre, Sytrinn poussa une petite porte en bois qui s’ouvrit sur un escalier de pierre en colimaçon. Ils entamèrent leur ascension. L’espace était étroit et le chant des religieux se réverbérant contre les parois les enveloppait de ses notes graves. Les deux jeunes gens arrivèrent à un pallier. Là, une porte demeurait entrouverte, celle de la loge du sonneur. Ce dernier dormait, accoudé à une petite table jonchées de cadavres de bouteilles. Toujours en silence, les ladrinis passèrent devant la porte et empruntèrent un nouvel escalier débouchant, lui, sur un passage étroit, ouvert à leur droite sur la croisée des transepts. En bas, des priants remplissaient des coupelles d’encens, changeaient les fleurs disposées au pied des statues ; le chant s’élevait davantage, il allait bientôt toucher à sa fin. Au bout du passage, enfin, le clocher. Dès qu’elle entra, la jeune femme se voûta pour ne pas faire résonner son crâne sur l'une des cloches qui se trouvaient là. Elle trouva un moyen d’escalader la charpente afin de se placer au-dessus des cloches, à hauteur des ouvertures de la tour, et de progresser en direction du jour.

Les ladrinis se laissèrent tomber sur les tuiles chaudes du toit de l’édifice et purent entendre les dernières notes du psaume retentir à l’intérieur. Enteri avait souhaité sortir d’ici et ce, avant la fin du chant. Il semblait à Sytrinn avoir fait ce qu’il attendait d’elle. Pourtant, elle retira sa capuche et tourna vers son camarade un regard interrogateur.

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