Soirée complètement banale (PV Dolan Kane)

Alaewin se recula doucement, essoufflée, et s’essuya son front trempé de sueur avec son bras. Elle lâcha une minute le chiffon qu’elle tenait dans la main, et détendit ses doigts en les bougeant. Elle regarda une nouvelle fois la table et, sans grande conviction reprit le chiffon humide en main et continua de frotter ardemment le bois imprégné de boissons répugnantes. Elle se crispa soudainement lorsqu’elle entendit le fracas de la vitre de la taverne, qui venait de se briser à cause d’une chope que son propriétaire saoul venait de jeter. Elle contracta son visage, une forte migraine était présente depuis le début de l’après-midi, et le brouhaha incessant des clients n’arrangeait rien. Phelgra, l’endroit le plus horrible de tout Istheria. Autant pour sa fréquentation que son paysage. Courage, dans quelques heures la taverne fermerait, et elle pourrait enfin rejoindre Shamusin sur le toit. La nuit était tombée depuis surement deux bonnes heures déjà. Deux bonnes heures de surmenage pour la jeune Yorka. Le soir, tous les ivrognes et les plus hideuses créatures étaient de sortie. Il fallait enchainer commandes sur commandes, tables sur tables, se faufiler entre les nombreuses bagarres et émeutes et ignorer les remarques déplacées. Hormis le fait que la compagnie féminine était assez souvent plaisante ici, Alaewin refusait catégoriquement de servir d’attraction. Même si parfois elle en était obligée… Elle tira légèrement le col de son décolleté histoire de prendre un peu d’air frais. Cette tenue était désagréable ! Elle grattait énormément et était vachement courte. Les jupes, c’était vraiment pas pratique. Un vrai enfer, vivement qu’elle se barre d’ici.

Oui, parce que les projets de la brunette étaient nets. Quand elle aura accumulé assez d’argent, elle démissionnera, quittera enfin Phelgra pour la première fois de sa vie et achètera un navire. Elle s’en ira, et vivra indépendante. Sous le contrôle de personne. Être libre. Oui bon, fallait pas trop rêver non plus, c’était pas demain la veille vu comme elle était payée. Cela faisait un bon bout de temps qu’elle n’avait pas volé quelques bourses pour arrondir ses fins de mois tiens ! Pourquoi pas reprendre du service cette nuit ?

Elle souffla, fatiguée, faisant voler quelques une de ses mèches lui retombant devant le visage. Aussitôt qu’elle eut fini la table, elle n’eut même pas le temps de contempler son travail qu’un homme se jeta sur la chaise en posant violemment son hydromel sur la table et le renversant ainsi. Alaewin sera les poings et la mâchoire. S’en était trop. Ses pupilles se rétractèrent et elle commença à crier sur le Zélos ivre.

« Hé toi, ta mère t’as pas appris le respect ? » hurla-t-elle

Le concerné était complètement obnubilé par une femme qui dansait là en criant, ivre morte également. Impatiente, la Yorka le saisi par le col de sa cuirasse juste histoire de le réveiller (car au fond elle n’avait pas vraiment la force de soulever ca) et colla presque sa tête contre la sienne. Tiré de ses pensées, la créature la toisa avec de grands yeux ronds avant de réaliser qu’il s’agissait d’une simple serveuse. Alors qu’il allait hurler pour que le patron l’entende, Al’ saisit la chope en fer et lui cogna contre le front. Parmis cette masse de gens, elle ne s’était certainement pas faite remarquée. Elle grogna, les canines sorties, une dernière fois à l’homme complètement sonné. Faut dire qu’avec l’alcool, il ne suffisait pas de grand-chose pour sonner quelqu’un.
Elle se faufila ensuite avec souplesse dans la foule pour regagner le comptoir, et se but discrètement un verre de Mystéris d'une traite, pour se rebooster. Ses canines se dissipèrent et ses yeux redevinrent normaux. Elle ramena ses cheveux en arrière, et essuya une ou deux chopes. Alors, elle vit un homme assis à une table, qui venait surement d’arriver. A vrai dire elle n’en savait rien et s’en fichait. C’était un Sindarin. Elle prit alors son plateau qu’elle tenait d’une main, et alla déposer deux trois commandes. Une fois le plateau vide, elle se dirigea vers l’homme brun et d’un ton blasé et glacial, leva les yeux au ciel et lui lança le fameux :

« Ca s’ra quoi ? »

Entre temps, un ivrogne lui tira le bras pour l'entrainer avec lui et elle lui donna un coup de coude sans même le regarder. Il suffit de ça pour qu’il bascule sur le côté, pour finir par se rétamer contre un autre gars, qui lui envoya un poing dans la figure. En plus de les supporter, elle provoquait des conflits. Voila qui était bien. Elle soupira à nouveau, et à l'adresse du client assis rajouta, impatiente :

« Bougez votre derrière j’ai pas que ça à faire. »

Soirée ordinaire pour boulot ordinaire ! Il faisait bon, dans la cité sinistre de Mavro Limani. Une ville peu commode mais parfaite pour du repérage de nouveau membre. Mais, ai-je bien dit une soirée ordinaire ? Si c'est le cas je m'en excuse car aucune journée ou soirée n'est ordinaire avec le juge écarlate !

Bien que cela était assez mal parti. Le juge jonchait les différentes rues et tavernes et à chaque fois murmurait "fait !" incessamment comme un fou à lier jusqu'à ce qu'il arrive sur la plus populaire des tavernes du port qui l'attira tel un sirène pour un marin pour le noyer, non pas dans la mer mais dans les doux breuvages que propose la taverne comme le spiritueux de Rokor, l'une de ses boissons préférées.

Il entra dans la taverne, tel un monarque sans se faire remarquer pour autant et alla s'assoir à une table vers le fond de la taverne et observa les alentours. Pour une fois, et surtout sous la pression des autres conseillers du Rosélium, le lion des nérozias ne porta point ses vêtements habituels. D'ailleurs, il détestait ne pas porter de rouge sur lui mais le chef du conseil avait parlé. Le noir était donc à l'honneur avec un costume et un haut-de-forme noir muni d'un léger ruban rouge vif accompagné par une chemise d'un blanc éclatant. Personnellement je trouvait le juge bien plus classieux et sérieux avec cet accoutrement mais ce n'était que mon avis. Dolan trouvait cela un peu trop triste.

Bref, il s'amusa à scruter les alentours afin de pallier à toute éventualité et remarqua une chose assez particulière. En effet, il remarqua une personne qui ne devrait pas être là, mais ailleurs. C'est assez bizarre comme raisonnement cependant, c'était la logique du juge. Il avait le don de ressentir les gens ayant soif de liberté. En occurrence, la personne en question était une serveuse de la taverne. Il est vrai que beaucoup de femme devienne serveuse seulement pour gagner de l'argent mais cette soif de liberté était bien plus forte que la normale.

- Intéressant.....dit t'il à voix basse, voyant la serveuse se débrouiller sans mal, à dégager les ivres un peu trop encombrant. Par contre, le fait qu'elle ait sortit ses crocs, glaça quelque peu le don juan de ces dames. Non pas parce que cela effraie l'écarlate mais plutôt parce qu'il à déjà donné, trop donné même. En effet, et depuis un long moment, le sindarin ne tente plus de séduire des yorka pour la simple et bonne raison qu'il n'a pas envie que l'enfer sexuel recommence comme avec cette yorka lapine qui s'engagea même dans les nérozias pour suivre Dolan !!!
Les plus dures années de sa vie ! Cela la légèrement traumatisé d'autant plus que le traumatisme est toujours bien vivant errant dans les ruelles de Kodolm ! Mais là, on s'égare quelque peu.

La dite serveuse aux longs cheveux brun l'éveilla de son songe et il regarda quelque peu de manière étonné :

- Qui aurait cru que vous êtes un panthère, j'aurai parié 100 dias pour une tigresse enragé !

Quoi qu'il en soit, je prendrais 3 bouteilles de spiritueux de Rokor mais surtout pas en même temps ! Une toute les heures si ce n'est pas trop vous demandé, n'est-ce pas Spike ?

C'est à ce moment là qu'un petit ouistiti apparut sur la table, comme sortit de ses pensées avec un verre dans ses deux petites pattes. Il acquiesça à la réponse de son maître en donnant son verre à la fameuse serveuse. Le juge ajouta alors avec un ton amusé mais sérieux :

- Il est assez difficile alors s'il vous donne ce verre assurez-vous que celui-ci soit toujours le même quand vous reviendrez je vous prie ! Et une dernière chose ma chère avant que je vous donne les 51 dias escompté, je dois vous prévenir que les deux amis du zélos ivre n'ont pas apprécié votre action et pourrait très bien vous attendre aux prochain coin de rue lorsque vous finirez votre service, cela va de soit ! Si vous voulez je fais diversion et en échange vous m'offrait la quatrième bouteille !

En effet, les deux autres zélos n'avait pas l'air commode mais il serait aisé pour l'écarlate de se débarrassée de ces deux types sans même utiliser ses armes et ses pouvoirs. Il se leva donc avec Déromoir, son fameux jeux de cartes, donna les 51 dias à la dame et lui murmura à l'oreille d'une voix assez séduisante :

- Puis-je réserver cette table pour que personne ne s'y assoit ? Je n'en ais que pour quelques minutes, je ne vous demanderai que de m'apporter ma commande. Je vous remercie.

Il jeta alors son haut de forme sur la table et alla voir les deux protagonistes avec un air guilleret, cartes en main et leur proposa alors de jouer au poker. Comme le juge s'y attendait, les deux mercenaires hésitèrent et après avoir jeter un regard noir en direction de la yorka se concentrèrent alors sur le jeu. Les mercenaires sont généralement fortuné mais dépenses largement trop en boissons et il fut aisé de mettre leurs armes en guise de mise. Ce n'était qu'une diversion enfantine mais sans leurs armes, il est largement plus aisé de les éliminer, surtout pour un yorka qui, instinctivement et largement mieux capable aux combats à mains nues que n'importe quels zélos ! Il fut également aisé de les dépouiller pour Dolan, avec son passé de joueur invétéré bien qu'il n'avait pas prévu que la nouvelle cible fut encore et toujours lui !

Mais pas de panique, avec son pouvoir électrique il leurs délivra un choc électrique assez puissant pour les endormir pendant un moment et sans même bougé d'un pouce. Comment ? Et bien c'est simple, le sol était conducteur !

Alors que cela surpris un peu tout le monde sur le coup, la vie repris son cours et Dolan Kane s'empara des armes et les emmena dans son coin alors que son petit singe se contenta de récupérer les cartes.

Il se rassit donc et attendit alors son breuvage avec impatience.......................

Au son de sa voix, l’homme fut sorti de ses pensées. Aussitôt, il lui fit une remarque qui irrita Alaewin. Comment ça une tigresse enragée ? C’était quoi son problème à celui-là ? Elle se défendait, c’est tout ! Et comment avait-il pu voir que sa forme animale était la panthère ? Peut-être avait-il vu ses crocs ? Bref, si c’était une tentative de drague, il était bien mal barré… De toute façon, très peu de personnes avaient réussi à la séduire. Voir même pas du tout.

Le Sindarin passa ensuite sa commande, en notant quelques exigences qui énervèrent fortement la Yorka. Et ben tiens, il ne voulait pas des petits gâteaux et une couverture non plus ? Dès lors où il eut terminé sa requête, un petit singe apparut sur la table avec un petit verre à la main. Lorsqu’il le tendit à la serveuse, elle le prit sans broncher et le posa sur son plateau. Elle grogna lorsqu’il lui donna une nouvelle consigne. Mais il se prenait pour qui ? Un roi ? Il est cependant vrai que « les clients sont rois ». Ca ne les autorise pas à se payer de la tête des serveuses.

Voila enfin qu’il fit allusion au Zélos ivre. Ainsi il l’avait vu… Elle se mordit les lèvres, déçue par sa discrétion négligée. Cependant, ce que le Sindarin ne savait pas c’était qu’elle pouvait parfaitement se débrouiller toute seule. Car après son service, elle n’irait pas se balader dans la rue, mais rejoindrait directement son toit en douce. Elle n’était quand même pas folle pour se balader dans Mavro Limani à une heure pareille ! Le ton taquin du client l’énerva encore plus. Il peut allez faire diversion si ca lui chante, il pourra toujours ramper pour avoir une bouteille offerte ! Fallait pas non plus exagérer. La seule chose qu’il allait provoquer était une dispute en plus. Mais c’était un homme après tout, ils ne savaient faire que ca de leurs journées, se battre pour des broutilles. Il se leva ensuite, et donna les 51 dias à Alaewin qui les glissa dans la poche de sa jupe. Lorsqu’il s’approcha de son oreille, elle se raidit. Il avait pris un ton bizarre, ce qui lui glaça le sang. Lorsqu’il eut terminé elle n’attendit pas qu’il parte en premier et eut un vif mouvement de recul, se précipitant vers le comptoir. Elle allait vite le servir, comme ça il lui foutrait la paix. Et qu’il oublie une boisson par heure, il aurait les trois en même temps. Elle avait déjà assez de boulot comme ça. Derrière le comptoir, elle saisit l’un des verres vides sur le plateau, et le remplit de Spiritueux de Rokor tout en levant les yeux discrètement vers ce sindarin si étrange. Le voila qui était allé parler aux congénères du Zélos ivre mort, un jeu de carte en main. Il était sérieux là ? Il allait vraiment les défier aux cartes ? Les deux mercenaires jetèrent un regard malsain à Alaewin, qui montra une nouvelle fois les crocs face à tant d’hostilité. Elle plaqua sa main contre sa bouche, il fallait vraiment qu’elle arrête et qu’elle se contrôle ! Elle fronça les sourcils, essayant de discerner les faits et gestes du Sindarin parmi la masse de gens. Ici, pratiquement personne ne refusait un défi, et elle doutait fortement que l’homme au singe s’en sorte. Hors, en un instant, elle le vit gagner les armes des lourdauds. Mmh… pas mal. A moins qu’il n’ait triché ? Mais au moins, si jamais ils l’attendaient ce soir elle aurait plus de facilité à se défendre s’ils n’avaient pas leurs armes.

Alors qu’elle posa le verre plein sur le plateau, elle mit également les trois bouteilles qu’il avait commandées. Il se servirait lui-même tiens ! Soudain, un gros « boum » fit légèrement vibrer le sol. Du moins, assez pour qu’Alaewin le sente. Elle releva la tête et vit les deux hommes, écroulés sur le sol tandis que le Sindarin se rassit en compagnie de son singe. Et vu la tête des gens, elle n’était pas la seule à avoir remarqué. Bizarre… Mais aussitôt, les clients retournèrent à leurs occupations, à savoir : Bagarres, breuvages, paris, chants et drague. Al’ fronça les sourcils. C’était pas normal ça. Elle prit enfin le plateau d’une main, qu’elle soulevait pour passer à travers les gens. Elle arriva à la table du joueur de carte et posa un pied sur le tabouret de libre. Elle appuya le plateau sur sa cuisse et posa les boissons une par une sur la table.

« Et trois Spiritueux de Rokor pour MONSIEUR. » Elle appuya bien sur le dernier mot d’un ton ironique et exagéré. Limite si elle allait lui faire une révérence.

« Par contre, pour la bouteille toute les heures vous vous servirez-vous-même hein, je vous ai amené les trois bouteilles et votre précieux verre exprès, c’est pas comme si j’avais que ça à faire. J’assume complètement et vous n’avez pas l’obligation de laisser de pourboire, j’ai l’habitude. » déclara-t-elle d’un ton nonchalant. Elle leva sa jambe du tabouret, prit le plateau dans sa main et leva le bras d’un mouvement fluide.

« Et dernière chose, ne vous permettez plus JAMAIS aucun commentaire sur ma race, ou vous risqueriez de le regretter. Je n'ai pas besoin de votre aide pour régler mes différents personnels. » Elle lui lanca un regard noir, et cracha presque ses mots. Ah ben ouais, il fallait si prendre avec des gants avec elle. Une vrai furie.

Alors qu’elle se tournait pour repartir au comptoir, quelque chose lui revint en tête. Il lui avait donné un verre précis à utiliser. Hors, ce n’était pas se verre qu’elle avait servit. Elle se tourna pour vérifier et, manque de peau, celui-ci avait une petite trace blanche de fêlure sur le côté. Par Gréis, espérons que ni lui ni son macaque ne vont le remarquer. Elle n’avait pas envie d’avoir encore affaire avec se type, et encore moins d’avoir des soucis avec son patron. Cependant, son hostilité et sa mauvaise foi habituelles ont fait qu’elle n’avait rien souhaité à l’homme brun, et ne l’avait encore moins remercié pour ce qu’il avait fait. Elle savait prendre sa défense toute seule et l’assumais, elle n’avait besoin de personne et encore moins d’un homme pour l’aider à se défendre. Mais tout de même, ce qui c’était passé la troublait, elle se demandait bien pourquoi ces deux hommes étaient tombés raides et ronflaient désormais comme des scalas enrhumés. Mais ne comptez pas sur Alaewin pour lui demander. Elle se retourna une nouvelle fois vers le comptoir, prête à repartir essuyer les chopes.