EVENT : Le Réveil - Page 2

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_ Il parait que des personnes hauts-placées seraient gravement malades.
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 EVENT : Le Réveil

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::  Infante de Kesha ::

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Othello Lehoia
:: Infante de Kesha ::
Othello Lehoia
MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 1 Avr - 10:03

Les choses étaient allées si vite, c’était à peine pensable qu’en si peu de temps tout s’était mis en place, comme si à l’instant où la bête était entrée dans les eaux, un engrenage insaisissable et mystérieux s’était enclenché, englobant toutes ces âmes sur son passage. Sur cette place, sur ces côtes, sur ces eaux sombres et chaotiques, tous étaient maintenant reliés, et liés dans un combat capital. Othello en jubilait : elle vivait l’histoire de si près que s’en était impressionnant, et de voir tous ses êtres, apparaissant d’un coup comme sortit de l’ombre, des âmes de tous horizons qui étaient voués au même but, cela l’enivrait de l’hydromel du danger et de la peur. Un mélange détonnant et troublant. Ses cheveux étaient battus par un vent éprouvant. Le ciel lui aussi était porteur de chaos.

Alors qu’elle regardait la baie, l’envie de plonger lui rongeant les entrailles, un bourdonnement vrombissant s’éleva de l’onde pour perturber tout le lac. Les flots se soulevèrent, et le martèlement des sabots des chevaux ravagea les tréfonds de la glace.

Une absence peut-être… Léogan, sortit de nulle part, se retrouvait une fois de plus à ses côtés. Le fils de la foudre n’avait pas changé. Un sourire faible naquit à la commissure de ses lèvres orangées, alors qu’elle observait finement son air enragé, vaillant, courageux… Il en voulait, ses yeux brillaient de la même lueur qu’elle. D’anciens souvenirs sans doute… Devait-il être annonciateur de changement, un vent de révolte parmi les fils d’Isthéria, qu’à son arrivée, le tonnerre des troupes sembla s’annoncer et, comme sorti des crevasses dans la glace, débarqua alors tout un corps de bras armé, qui vint décorer çà et là le paysage d’apocalypse que dépeignait la campagne cimmérienne. Entouré de son voile de mèches sombres, et happé par l’horizon, elle échangea quelques mots de courtoisie avec lui. Sa présence l’apaisa grandement. Une toile invisible s’était tissé entre eux, et sa présence n’était pas sans invoquer la pétillante rouquine avec qui ils avaient faits leurs périples. Le revoir, c’était comme retrouvé un ami perdu. Alors, ils allaient refaire bataille ensembles ? Ainsi soit-il, alors que leurs yeux se mêlaient amèrement vers l’immense colosse qui entreprenait de traverser la baie, encore une fois.

Et les visages se succédèrent, derrière l’épaule du tempétueux, les frasques d’une autre tornade, un tourbillon de rousseur prit par la brise, élevé par les forces invisibles du vent. La nouvelle tête de leur église… Irina, royale et brûlante… Personne d’autre qu’elle ne pouvait parvenir à gérer la situation sur le terrain. Elle n’aurait besoin d’elle, c’était une force de la nature, certainement plus fort que le monstre tétanisant qui s’avançait vers eux. D’autres fourmis, qu’elle ne connaissait pas, s’était lentement mais sûrement lié à sa tâche, et elle voyait soudain dans la foule naitre des gestes d’assistances et de courage. Elle brûla soudain d’aider elle aussi… Mais sa place n’était pas dans le village. Avant que la foule ne s’élève et ne le rappelle à lui, la sirène lui souffla brusquement, un sourire nostalgique aux lèvres, vivant d’une sincérité étonnante qu’elle ne destinait qu’aux rares qui avaient sa confiance, totale et sans appel.


« - J’ai peur que nous soyons maudits… Alors, comme la dernière fois ? »

En l’espace de quelques instants, tout devant tortueux, méticuleux, un plan, plusieurs, des visages sorties de la brume… La sirène, battu par le vent, et les éléments, fit en sorte de rester près de lui, flairant bizarrement qu’il était de ceux qui tireraient les ficelles. Maladroitement, elle vit se succéder les hommes, les conversations. Othello ne savait pas réellement que faire à part suivre la situation comme un chien de faïence, une poupée de porcelaine immobile et fragile. Et plus les choses avançaient, moins elle se sentait à sa place. Elle retourna vite son regard sur l’horizon, bercée par le colosse et son apaisante terreur, comme une bête incompréhensible et inaccessible. Un monstre, comme elle. Que faire… Elle doutait même de son utilité, à présent. Mais à part constater que les choses étaient en mouvement, il n’y avait guère de place pour elle. Le ciel s’était paré de gris, de sombre, alors que l’ombre du monstre découpé par l’intense douceur des soleils oubliés projeté sur la ville une sombre lumière. Sa main – si l’on pouvait parler de main – semblait vouloir se refermer sur les quelques baraques qui restaient encore debout après le premier passage du monstre. Plusieurs bâtiments s’étaient déjà rassemblés. Aucun d’eux n’attiraient la sirène, impressionnée par les canons, les hommes qui grouillaient dessus… Une boule creusa son ventre. Un goût acide, et âcre brula sa gorge. Sa volonté s’éteignait comme la flamme d’une bougie.
Un cri soudain déchira la masse. Une voix cristalline et électrique qu’elle reconnaîtrait entre mille. Son visage pivota, chercha quelques secondes dans la foule quelques petites mèches enflammées, entortillées sur elles-mêmes… Puis un joli regard d’un vert chlorophylliens à en faire vaciller tout un chacun. Malona était resté une étrange petite personne qu’Othello affectionnait tout particulièrement, sans qu’elle ne puisse vraiment se l’expliquer – la route, son caractère si opposé ? Sa présence en ce lieu n’avait pas beaucoup de sens pour la sirène, mais était un réel soulagement. Elle la vit s’approcher, et elle lui sourit alors, d’un sourire plein de sérénité. Les visages s’accumulaient, un signe de Kesha sûrement, alors que le monde lui parut soudain bien petit.

Mais, happée par une foule, la vision de la sympathique petite enflammée disparut brutalement. L’horizon devenait plein des squelettes bruts et sordides des navires de guerre, alors que le lupin semblait prit entre milles feux. La sirène l’avait brusquement perdu de vu, alors qu’il partit pour parler stratégie avec une personne inconnue.
D’un geste las, elle glissa de nouveau ses yeux vers la ville et le lac. Les vaguelettes brisées transportaient maintenant des morceaux de bâtisses, des planches brisées, et des monceaux de cadavres que la mer traînerait maintenant avec elle. Un spectacle dur et désolant. Ses oreilles épineuses se tendirent vers le lointain : il s’était ajouté au néant du bruit de l’eau et à la rage du vent un orchestre de cris désespérés et de plainte qui s’élevait de tout le mausolée qu’était devenu Geaef, quand il n’était pas retourné au tombeau. Immuablement, les pattes – ou les jambes ?- titanesques de la créature avançaient dans une lenteur extrême, et faisait jaillir sur son sillon des vagues gigantesques. Les fonds marins devaient être ravagés… Une odeur nauséabonde commençait à inonder l’air, se mêlant à l’iode pour alourdir l’air vaporeux, des fumées écœurantes qui s’élevaient des gravats et des maisons aplaties, ou des corps plus probablement. Un honteux visuel qu’offrit la ville aux yeux de ses sauveurs…

Une voix se dégagea de son dos, une voix d’un âge trouble, qu’elle reconnaissait des boyaux froids qui sommeillaient sous Hellas et qui lui avait conté pendant quelques minutes les secrets d’une vie, d’une relation. La petite sirène de givre s’éclaira alors d’un sourire mélancolique, presque triste, en retrouvant face à elle le jeune sergent Havelle, qu’elle n’arrivait toujours pas à dater. Le revoir après tout ce temps lui fit plaisir, bien qu’un goût amer s’éleva de cette rencontre. Ses cheveux blonds de cendre, et son air d’adolescent un peu perdu semblait s’être terni, et l’on voyait maintenant en lui une maturité nouvelle qu’elle n’avait jamais vu auparavant, comme si en lui quelque chose avait changé. Au fond, tout avait changé. Comme si leurs efforts cumulés n’avaient servi à rien, à peine à aboutir à une guerre maladroite. Seul restait l’estime militaire qu’elle conservait pour le jeune soldat – le sergent accompli, à présent. Le sentiment d’être hors du temps, complètement évadée de l’histoire qui défile… Ses lèvres se pincèrent dans une courbe douloureuse. Mais elle se reprit rapidement, pour incliner respectueusement son visage vers le terran, insufflé d’une nouvelle prestance.


« - Le sentiment est partagé, sergent. » De ses mots rejaillirent de nombreux souvenirs, dont ceux de sa rencontre avec le serpent de mer. Un sourire amusé décora son masque sibyllin. « Je peux néanmoins vous assurer qu’entre cette chose et une poignée de léviathan… Aucune situation n’est enviable. » Son sourire devint vite jaune. «… Mais il faut bien admettre que je suis de votre côté pour ça... »

Le monstre hurlait toujours, à intervalle régulier, en approchant de l’ouverture de la baie. Il entrait à présent, se rapprochant dangereusement du village écorché. Ils ne savaient rien sur ce monstre… C’était un colosse inconnu, infâme. C’était leur plus grande faiblesse… Ils connaissaient le comportement des léviathans. Ils pouvaient prévoir leur attaque, leur geste, ce que leur instinct leur commanderait. Mais pas ici. Pas ici…
Ses pupilles se dilatèrent brutalement, alors qu’elle se retourna soudain vers la mer. C’était leur faiblesse ! Othello su tout à coup quoi faire. Elle ne pouvait ni aider, ni se battre, mais elle avait un atout qui serait utile à tous. Son corps fragile s’agita soudain, et elle voulu retrouver Veto qui venait de disparaître vers un de ses collègues qui l’avait interpellé. Déçue, elle se décida de retourner vers le lupin, qui lui aussi avait été ravi, mais cette fois-ci par la jolie rousse qu’ils connaissaient bien. N’ayant personne d’autre vers qui se tourner, elle se précipita alors vers eux, interrompant leur conversation aussi brutalement qu’elle avait commencée. Un air inquiet naissait sur son visage, qui brûlait de détermination, d’ambition, et d’angoisse. Un visage de guerre. Elle se tourna d’abord vers Malona, dont le visage habituellement rieur était éclairé par la colère.


« - Malona, je suis heureuse de vous voir ici. Retrouvons nous une fois que la bataille est fini, pour nous raconter les raisons de votre retour à Cimméria. » Elle lui sourit sincèrement, ravie de la voir, même dans le plus grand chaos. Puis elle se retourna alors vers Léogan, reprenant l’air limpide et effacé qu’elle portait à son habitude.

« - Utilisez-moi comme éclaireur. » Dit-elle simplement. Puis rajouta vite, s’inquiétant de la brutalité de sa demande « … S’il vous plait. »

Le manque d’explication était cruel, mais parlait de lui-même. Sous la mer, sa vélocité n’avait pas d’égal, et elle connaissait le milieu comme sa poche – pour avoir déjà combattu en ces eaux. Sa tâche serait simple : se rapprocher du monstre, l’observer, et rapporter les informations. Du moins, tel en était sa conception. Après tout, sa petite taille lui permettrait d’approcher le géant sans encombre, colosse pour qui elle ne serait rien d’autre qu’un vulgaire animal marin à qui il ne prêtait aucune attention. Et un bateau ne pourrait tenter telle manœuvre, de peur de se voir réduire en fragments par un geste de colère de la chose, ou pire, envoyer par le fond. Rempli d’une volonté nouvelle, elle expliqua ce plan en quelques phrases au lupin, ses cheveux défaits mouillés d’embruns, alors que sa cape était déjà lourde d’humidité. A présent, c’était la seule chose qui lui apparaissait comme claire, comme l’ombre d’une tâche qu’elle pourrait accomplir sans gêner l’artillerie ou les soigneurs en poste. Poursuivant son explication, elle acheva en disant simplement :

« - Une fois ce travail finis, je pourrais relayer les informations de bâtiment en bâtiment, ou rester sur l’un d’entre eux pour soigner d’éventuel blessé. »

Même si ses mots étaient brusques et rapides, sa voix était d’un calme platonique, et d’une fermeté de fer. Pour elle, son chemin était tout tracé : il ne manquait plus que l’aval du chef en ces lieux, et elle pourrait enfin se jeter à l’eau.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 1 Avr - 13:22

    Pwah encore des gens qui ont décidé que du haut de leur mètre soixante et au dessus de leur ventre à bière, sous leur visage mal rasé, il ne leur manque plus que le tissu à carreau et le comte y est, ils étaient bien mieux placé que moi pour critiqué Arghanat et son armée de petit hommes verts, euh, en vert et or. Je m’égare. Et surtout des andouilles qui, virevoltant dans les voiles tel des marin aguerrie montre leur queue, de singe, pudiquement admettons le, pour crier sur tout les toits que de par leur physique et leur constitions naturels ils sont bien meilleur que les autres. C’est criant de vérité tellement j’ai vue des hommes plus bêtes que des chiwawa, pourtant si tu regarde la taille du cerveau …

    M’enfin il n’empêche, il est de fait que les hommes de la première phalange se baladait bien en armure de plaque, ou du moins quelque chose qui y ressemble, sur un bateau.
    Et si c’est foutrement lourd et bougrement stupide dans tout les cas, c’est le quelque chose qui y ressemble que nous allons aborder ici, car même si Lulu ressemble furieusement à ce chiwawa cocaïnomane au milieu d’un champ de tire qui m’est si cher, il se déplace avec une agilité qui n’est parmi ni par une armure de plate complète, ni par les habitudes d’un homme de terre comme certain pourrait prétendre qu’il est. Il évolue dans les aires dans un mélange raté de monte en l’air et de marin expérimenté, ou plutôt de pirates habituer à se balancer dans les cordes pour aller voir le bateau de ceux qui aurait voulut l’abordé pour récupéré sa cargaison.
    Car Frau aimait toujours autant crier à l’abordage avant ses adversaire, qui avait pourtant initié le mouvement et attendais juste quelques mètres avant de faire le pas et pour ne pas finir à la baille, qui à souvent tendance à être froide, tout en se jetant avec rage dans la mêlé, avec rage et sourire il faut l’admettre.

    Et oui, c’est un fait, l’armure de tout les hommes de la première phalange avait été forgé sur mesure dans une débâcle d’argents et pour des hommes qui doivent la porté dans un monde montagneux et inhospitalité qu’est Arghanat, et quand on fait des entrainement entre deux et trois milles d’altitudes, d’un coup ça pose des bases vis-à-vis des demandes pour l’armure. Ils avaient donc tous opté pour un damas fin où l’on pouvait voir courir les serpents et sur lequel on pouvait baver tellement chaque pièce de l’armure devait couter un bras de véto. De plus chaque armure s’adaptant à la morphologie des hommes qui la portent, avec des articulations fort différentes en fonction des armes que chacun manie, on arrive rapidement à un jolie bordel et à un filet de bave mignon qui pandouille sur le bord du visage plutôt qu’un rallage vis-à-vis des hommes de la première.

    Vous me direz, le damas c’est lourd quand même, donc c’est stupide, oui et non, en premier lieu un homme de la première Phalange meurt et est enterrer, quand c’est possible, avec son armure.
    En second lieu, vue la température de l’eau, le sel, et les vagues, plus les tentacules qui se ballades partout, quiconque tombe à la flotte est considéré comme mort et mourra de toute façon, trop de bateau, trop de boulet perdu, trop de vagues, sincèrement à part en combinaison de plongé, il suffit d’avoir des bottes pour coulé à moins d’être un Yorka. Donc on meurt en armure lourde, et ça évite les échardes qui ne tarderont pas à voler.
    De toute façon Lupen à bien comprit, et oui ça lui arrive, que l’eau symbolisera la mort de tout homme ici présent, même des meilleurs nageurs broyé entre le bateau et un bloque de glace ou coincer dessous par el courant. Et dire que ces gas s’entrainent à nager avec leurs armures.

    Et puis la gas qui s’amusait dans les cordes comme un gamin dans le seul but d’essayer de faire un concours de qui qui c’est qu’à la plus grosse avec Lulu, alors que Lulu est un Zélos et que le reste de son corps disproportionné laisse plus de probabilité que ce soit lui qui gagne, ramène sa fraise en lui adressant la paroles. Ce à quoi il répondit avec un sourire calme, presque glissant et la voix d’un capitaine habituer à donner des ordres sur un navire de haute mer :


    “Tu sais petite chose, mes hommes et moi on s’est bouger le derrière car j’ai vue que le général arrimait un navire tout seul, maintenant si je te gène vraiment je descends, sinon tu me laisse cette part du travail, je m’occupe des ris avec ceux qui le veulent, tu te colle à la tienne parce que tu n’étais pas foutu de la faire avant et tu te bouge comme tu sais si bien le faire lorsque ton capitaine te monte. Est-ce claire ou tu veux un dessin sur ton joli visage de pucelle ? Après je change de batalle et je vous fiche la paix mais si cette place était libre c’est que tu n’étais pas à la tienne.”

    Puis il se retourne vers l’autre homme ou poisson, ou les deux à la fois :

    “Lupen Z’en Rahar, seul marin d’eau douce habituer à monter un navire de haute mer, Contre Amiral ici bas et chef de la première Phalange d’Arghanat … Ca fait long mais j’en ai ma petite claque des imbéciles me marche sur les petits petons …

    Première Phalange laisser les hommes faires leurs travail, et préparez vous à l'abordage ! On change de navire. Les autres, prenez vos ordres du Général, et virez moi ses armures, vous n’y êtes pas lié et avec beaucoup de chance l’eau ne sera pas votre tombe.”


    Puis il rajoute pour lui-même, dans une espèce de murmure courroucer, plus à ça près dans les incidents diplomatiques alors que son regard cours sur ses hommes en capitaine habituer :

    “A première vue ils veulent le faire maintenant leur travail”

    [i]En fait on aurait un peu dit que l’espèce de gargouille en armure lourde, ou la grosse prune verte comme le disait lui-même le commandant de ce vaisseau mais qui avait déjà pris en main les cordages comme l’aurait fait un vrai marin, avait finit par s’éveillé et suivait le mouvement des autres marin comme un habituer de ce genre d’aberration chronique. Il est de fait qu’il avait appris tout ce qu’il pouvait de la marine de haute mer et donc de ses gestes pour pouvoir devenir Frau à volonté et surtout de façon crédible. Comme quoi le singe était savant. Et donc, sauf contre ordre du général lui demandant de vidé le poste qu’a première vue il maitrisait à merveille malgré son armure lourde, il prit en main sa part du travail.

    Quand aux autres, n’ayant pas sa formation et ayant juste fait ce que les marins n’avait pas fait pour une raison inconnu et que le général aurait dût faire sinon, il se firent petit, sa plaçant là où Lupen leur indiquait pendant que les hommes légué à Léo hottait les pièces inutiles de leurs armures, autant dire pas grand-chose, les Arghanatient, habituer à la montagnes, aux rudes climats et à la vie difficile de l’armée et des combats, n’ont pas ce coté pratique du marin pour eux et ceci même sir tous ont déjà combattu dans des formations de tirailleurs.


Résumé:
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 1 Avr - 16:27

Lorsqu'un type qui avait l'air plus gradé que les troufions autour de nous s'amena enfin vers nous, je poussais un soupir de soulagement qui s'en trouva malheureusement très vite écourté. En effet lorsqu'il se présenta, tout le monde put ressentir mon autre soupir, mais cette fois d'exaspération. Toutefois encore une fois, le sergent Kennan réussit à m'aider à me contrôler en posant fermement une main sur mon épaule qui ne souffrait d'aucun geste de rejet. Il nous présenta poliment au type qui se présentait sous le nom d'Erwin Baria et qui était l'un des adjoints à Jézékaël. Moi, personnellement je m'en foutais éperdument, je retenais juste qu'on nous faisait perdre notre temps et que décidément, la diplomatie, même en temps de crise n'était vraiment pas ma tasse de thé. Je retrouvais néanmoins assez de calme pour passer devant Kennan qui était en train de bafouiller sur le pourquoi du comment de notre présence. Je l'écartais d'un léger coup d'épaule en lui présentant nos documents officiels tout en poussant un autre soupir d'exaspération.

- Les vla vos put..... vos documents. Maintenant si après on peut toujours pas voir ce cher général ou qu'on ne peut pas vous être utile dans votre merdier ambiant, nous on se barre.

Étrangement le gradé cimmérien ne répondit pas de manière colérique ou même irritée, il ne fronça même pas les sourcils et se contenta juste de me sourire. Et de manière encore plus étrange cela me détendit un peu. Je me disais qu'au milieu de tout ces cons, y en avait un qui usait de la même diplomatie que moi ou du moins quelque chose qui s'en rapprochait beaucoup. Alors que l'autre tournait les talons à toute vitesse, je sentis un regard assez noir dans mon dos. Je fis volte face et je remarquais que le sergent Kennan me fixait avec ses petits yeux tout froncés. Je lui connaissait cette expression et généralement c'est qu'elle n'annonce rien de bon. Nos collègues l'avaient remarqués aussi et ils se tenaient à distance respectueuse de leur supérieur. Moi par contre j'étais à, a peine 1 mètre ou 2 de lui. Notre bataille de regard dura quelques secondes de plus avant que celui-ci ne baissa les yeux d'un air méprisant. Je détournais aussi les yeux de lui estimant que les griefs qu'il avait contre moi n'avaient pas lieu d'être. Mes autres collègues revinrent vers moi et me regardaient d'un air genre " et maintenant on fait quoi, Vi ? " Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche avant d'entendre Baria revenir. Je me tournai alors vers lui.

« Bon, les p'tits pères, qu'il annonça avant de se tourner vers moi et de me saluer de manière assez désinvolte. Sa réflexion suivante sur ma coiffure faillit m'arracher une grimace qui pouvait ressembler à un sourire mais je me contentais de cracher par réflexe à côté. Et Madame, avec la coiffure de plante en pot, ouais. Le général m'a dit de vous dire... Heu textuellement, hein, qu'il vous recevrait... Dans l'éventualité où il survit, c'est ça, Y monte au front, et moi aussi, donc j'ai pas beaucoup d'temps, mais en gros, on est super jouasses que vous soyez là et puis on sera même carrément bons potes si vous filez un coup d'main aux secours. Vous pouvez prendre vos directives de la Grande Prêtresse, qui s'trouve de ce côté, qu'il nous balança en indiquant un direction vaguement du doigt. Et on vous r'mercie de la visite. Ou sinon, vous pouvez aussi aller glander dans les refuges, là-haut, mais c'pas garanti qu'on vous y retrouve dans la minute. Voilà. Mes compliments à vot' coiffeur, Madame, et à plus tard. » Cette fois mon visage esquissa mon sourire mutin habituel.

Le gradé partit dans la direction opposée, allant certainement rejoindre son général. Je me retournai vers mon escouade mais je ne dis rien, je regardais Kennan et je l'interrogeais du regard. Celui-ci mit un certain temps à comprendre et nous nous mîmes aussitôt en route dans la direction que Baria nous avait indiqué. Notre commandant traînait des pieds et cela m'exaspérait encore plus que de nous faire attendre diplomatiquement. Je n'avais cure du grade et je le dépassais prenant la tête de notre troupe et bizarrement notre groupe gagna en allure et Kennan dut presque courir pour nous rattraper. Puis nous nous mîmes à la recherche de cettre " Grande Prêtresse " Irina Dranis. Décidément je ne savais pas ce que les cimmériens avaient avec les titres. En Eridania, on y mettait de l'importance, certes mais je ne me rappelais pas que c'était à ce point comme ici. Au milieu de tout ce chaos, il n'y avait pas moyen de pouvoir détecter Dranis. Par contre nous étions très reconnaissables. En effet on était les seuls qui paraissaient en assez bon état et nos armures -la mienne surtout- ne ressemblaient pas à celle des soldats cimmériens. On balaya nos regards et quelqu'un attira mon attention. Une femme rousse avec un bâton à tête d'aigle qui se tenait à quelques mètres devant nous. Un type assez sinistre en armure cimmérienne et aux cheveux argentés l'accompagnait. Je m'avançais vers eux.


- Salut on cherche Irina Dranis, on est la délégation d'Hesperia. Enfin d'Eridania. On vient vous donner un coup de main vu que la diplomatie peut apparemment attendre.

La femme rousse acquiesça et se présenta. C'était bien la femme que l'on cherchait. Tout en l'écoutant, je jetais un regard vers celui qui semblait être son garde du corps. J'aimais pas trop le regard que celui-ci me rendit. Il avait l'air du type qui avait passé toute sa vie dans l'armée et me rappelait mon instructeur lorsque j'avais intégré la garde. Je me tournais de nouveau vers Dranis qui continuait à donner ses directives. Elle par contre, je me mis à l'apprécier sur-le-champ. Toute Grande Prêtresse qu'elle était, elle ne s'en embarrassait pas et n'en profitait même pas, c'était quelqu'un de franc et de pragmatique et qui savait quoi faire dans cette crise afin d'agir vite et sans fioritures pour être efficace.

- Ok merci à vous, Dranis. On fera du mieux qu'on peut. que je répondis aux remerciements et aux directives de Dranis avant qu'elle ne s'en fut.

Après quelques minutes d'entretien avec le colonel, je sus enfin comment pouvoir agir et cela me remonta le moral. Le colonel Arthwÿs prit ensuite congé de nous afin de rejoindre l'état-major. Aussitôt qu'il fut parti, le sergent Kennan commença à protester et à tempêter contre moi, gesticulant dans tout les sens, arguant contre moi concernant la hiérarchie, les ordres, la chaîne de commandement, la diplomatie... Je commençais à gueuler contre lui, sur le fait que l'on perdait un temps précieux, qu'il y avait des vies à sauver et des gens à protéger, que je m'en battais de ce qu'il en pensait. Nos collègues durent nous calmer alors que nous nous donnions en spectacle au milieu de tout le monde. Je pus me calmer mais lui continua avant que 2 de mes collègues ne le calme en écrasant un poing sur son casque, l'assommant sur le coup. N'ayant cure des regards des autres, je réunis le reste de mon escouade en cercle.

- Je sais pas si je dois vous remercier les gars mais ça fait du bien de plus l'entendre gueuler. Mais c'est vous qui aurez des ennuis après.
- On sait Vi mais il fallait le faire, on a quand même mieux à faire. Il pourra nous gueuler dessus autant qu'il veut après.
- Ouais on préfère que ce soit toi qui nous dirige, Vi. Il faisait déjà un mauvais caporal mais alors sergent...
- Il a raison, au moins avec toi on perd pas de temps. Et on rigole. Mes camarades réussirent à m'arracher un sourire. C'est que le bon sens de ces bougres m'avait manqué...
- Merci les gars j'allais presque verser une larme. Bref, ouais on perd pas de temps. On a du boulot. Vous deux... je désignais mes deux collègues de droite ... vous allez donner un coup de main à l'escorte de prêtresses. Je hais la magie mais si ces gonzes peuvent faire quelque chose pour empêcher un autre raz-de marée sur ce bled, c'est toujours bon à prendre. Donc vous rejoignez les autres gardes. Voilà un document estampillé pour vous justifier. Vous leur dites que c'est leur colonel qui vous envoie euh..... Arthwÿs voilà. Toi, Ross, t'embarques Kennan au camp de réfugiés. Tu dis que quelque chose s'est écroulé sur lui et ils sauront s'en occuper. Après tu vas les rejoindre à l'escorte de prêtresses. dis-je en désignant mes deux premiers gardes. Vous autres, le reste, avec moi. On va dégager des décombres pour retrouver des survivants. Après si on tient encore debout on ira couvrir les arrières des cimmériens. Des questions ? Bien, le point de ralliement est l'entrée du camp de réfugiés. Au rapport ce soir au crépuscule si on arrive à y survivre. Allez.

Chacun me salua, prit ses dispositions et alla rejoindre les postes que je leur avais adjoins. Je me mis en route avec deux de mes collègues, qui étaient tout les deux de simples gardes répondant au nom respectivement de Janos et Leyan. En effet des décombres, il y en avait beaucoup. Nous rejoignîmes les gardes en train de fouiller les décombres et nous mîmes au travail. Les recherches étaient assez infructueuses. Je n'avais aucun mal à déplacer des décombres avec mes gros gantelets et ma force, les soldats cimmériens m'appelèrent assez souvent pour dégager des débris mais on retrouvait quasiment que des cadavres. Certains me posèrent des questions sur les gantelets que je portais mais je restais très vague dans mes réponses, je n'avais pas envie d'en parler et ils n'ont pas besoin de savoir que c'est moi qui les fait ou quoi que ce soit. Janos et Leyan restèrent ensemble et ils n'eurent guère moins de chance avec leurs homologues cimmériens.

Nous étions en train de fouiller des décombres depuis un certain temps que j'entendis quelque chose. Je fis taire d'un mouvement les deux gardes cimmériens qui m'accompagnaient et j'écoutais. J'entendis en effet une voix étouffée, droit devant moi. Pataugeant à toute vitesse -on avait généralement de l'eau pas plus haut que les chevilles- vers le lieu d'où provenait la voix, je vis une main s'agiter faiblement. En regardant autour de moi, je vis une bâtisse en bois à moitié effondrée et qui oscillait dangereusement. Une grosse poutre de bois était effondrée sur le corps d'où la main provenait. Les gardes cimmériens me suivirent avec réticence et m'aidèrent à dégager la poutre. Une fille adolescente en sale était était encore vivante en dessous et fronça légèrement les sourcils en me voyant mais baragouina quelque chose d'incompréhensible. Toutefois je vis les soldats cimmériens prendre la fuite à toutes jambes et je regardais derrière moi afin de voir qu'est ce qui les avait fait fuir.

Le reste de la bâtisse commençait à s'effondrer. Je ne réfléchis pas une secondre et j'embarquais la fille dans mes bras et prit mes jambes à mon cou et tout en partant j'entendais dans un vacarme assourdissant le reste du bâtiment s'effondrer derrière moi. Alors que je courais pour essayer d'échapper à la mort en bois derrière moi, je serrais la fille contre moi. Je l'entendis distinctement pleurer contre ma poitrine et commencer à supplier et à pleurer sa peur de la mort. Je ne la regardais pas mais je sentis toute la détresse et la peur émanant d'elle et cela m'encouragea à aller plus vite. Grognant de colère et serrant les dents, je plaquais la fille contre mon armure et me jeta en avant d'un bond dans l'eau juste avant que tout ce qui restait de la maison ne s'abatte sur le lieu où je me trouvais quelques secondes plus tôt, une pierre roulant jusqu'à quelques centimètres de mes pieds. La fille ouvrit les yeux et me regarda, je lui rendis son regard en souriant faiblement, la fille en profita pour m'enlacer et me murmurer des remerciements avant de perdre connaissance. Les soldats cimmériens me regardèrent d'un air impressionné avant de prendre la fille et de l'emmener au camp de réfugiés.


- Pfff moins une. Mais non désolé la Faucheuse. Pas aujourd'hui. que je dis pour moi-même en me relevant et en dépoussièrant mon armure. Puis comme si rien ne s'était passé, je me remis à la recherche de survivants dans les décombres.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Avr - 2:12

On l’emportait, malgré lui et de force, pendant ce temps, les troupes maigrissaient autour du Sindarin qui canalisait toutes les intentions. On y discutait de bien des choses, parfois en rapport direct avec les événements qui se déplaçaient massivement vers eux, par moment de futilités probablement politiques … S’il suivait de loin et entendait bien ce qui se tramait dans ce huit-clos éclectique  vers lequel il se dirigeait irrémédiablement, certaines images le déroutaient … D’autres remarques lui tiraient un sourire narquois, parmi l’équipée une bonne partie ne manquait pas de répondant. A la simple analyse de ces joutes verbales, des idées machiavéliques et inavouables fusaient mais, il s’interdisait d’y monopoliser son intention pour l’instant.

A destination, les bras engourdis par l’étreinte, il ne prêtait même plus d’attention aux deux gardes qui le décrivaient comme un individu déplorable et probablement mal intentionné, ou au minimum parfaitement récalcitrant à l’ordre public. Il est vrai que dans l’histoire, il trouverait bien son compte à provoquer la perte et l’annihilation du lieu dans lequel il baignait jusqu’aux genoux. Il pourrait prendre la fuite, son instinct le lui rappelait à chaque instant, mais son esprit recherchait déjà les conclusions d’une telle catastrophe et lui murmurait intensément de suivre le déroulement avec attention. En toute logique, rien ne laissait présager une prédisposition des terres Cimmérienne pour l’attaque de titans, dans ces conditions un tel événement pourrait toucher n’importe lequel des pays du continent, voir plusieurs simultanément. Quelle folie, ce jour ne pouvait se conclure par une tragédie plus grande, sans quoi le continent entier plongerait sous le joug de ces bestioles ancestrales. Non, le temps était aux solutions, à l’élaboration de technique de défense avant même d’extrapoler sur le faisceau de causes qui les conduiraient tous à repousser les limites de leur condition terrestre. Il va s’en dire que les conclusions finales ne seraient plus militaires …
Toutefois, le temps des conclusions viendraient plus tard. Pour l’instant, ses deux accompagnateurs lui laissaient enfin les bras libres des étirements salvateurs lui arrachant quelques râlent de soulagement. Petit à petit, il retrouvait la maitrise de ses membres et progressivement, le tremblement de sa main encore glacée par l’eau de mer diminuait, signe qu’il se remettait progressivement de son effort. Rapidement, les hommes de cuir se confondaient en excuses, celles-ci étaient principalement dirigées vers leur Général qui s’empressait de les écarter et de les renvoyer à leur tâche avec la plus grande des nonchalances. Stoïque, le sindarin se laissait guider à l’écart par le bras du Général sur son épaule, une gestuelle bien familière pour une première rencontre. Si toutefois, l’un connaissait l’autre, ni l’un ni l’autre ne semblait s’en souvenir ou même y céder la moindre importance. La suite de son discours se mêlait de sarcasmes, d’ironie, de brèves reconnaissances et d’un réalisme des plus effroyables. Ne sachant trop quoi répondre à sa proposition, il fit l’échange de son identité contre la sienne, scellant le tout d’une poignée de main presque trop joviale dans les circonstances.

Sur le chemin, il cherchait à comprendre les événements qui venaient de se dérouler devant ces yeux. Il y avait une grande désorganisation sur le pont et pourtant la suite semblait parfaitement claire. Encore plus au large, des navires entreprenaient les premières salves contre l’objet de toutes leurs attentions – excitations. Plongé dans ses réflexions, il remarquait à peine un escadron d’hommes fièrement armés et lourdement protégés qui se déplaçaient en ronde serrée autour d’un noble individu – bien souillé par la réalité et visiblement éreinté –, son apparence semblait s’être dégradée depuis son premier passage éclair au niveau du port. L’équipe non plus ne lui portait aucune attention, à croire qu’il n’était pas assez ensanglanté et dans le fond, ils avaient bien raison. Dans sa progression, il entendit tinter une voix fluette connue. Son regard balaya les décombres,  parmi lesquels il se déplaçait en virevoltant, pour se poser sur le fameux enfant au chien qui manquait de se faire emporter par le reflux quelques temps plus tôt. L’enfant lui fit des signes de la main pour qu’il approche avant de sautiller d’énervement ou d’impatience. Gareth le rejoint, ce jeune homme était bien trop vif d’esprit pour chercher à le perdre, une fois à son niveau il lui prit la main pour passer le pallier d’une porte, vestige d’un mur pratiquement inexistant, et le conduire vers des décombres desquels germaient un bras et un visage inconscient. Tout autour, les murs délabrés et humides menaçaient de s’écrouler. Pris d’un haut le cœur, il se mit à hauteur de l’enfant pour lui expliquer.


« Ton nom ?
─ Comment ?
Ton nom ?
─ Wayate
Elle est probablement morte, Wayate, il ne faut pas rester ici.
─ Non, non et non ! C’est ce que le gars armé m’a dit, de passer mon chemin, que des survivants attendaient d’être secourus. Mais, elle respire encore, je ne peux pas la laisser ici, mais … » Dans un soupir réprobateur, le sindarin s’approchait pour vérifier si une respiration s’échappait du corps inanimé, et à sa plus grande surprise c’est un gémissement qui s’en échappait en plus d’un second souffle particulièrement saccadé. « Ha ! Voilà. »

Alors qu’ils déblayaient les deux corps, l’un des murs qui les menaçaient s’effondra littéralement sur eux. Gareth eut tout juste le temps de recouvrir l’enfant et par chance la roche bien usée par le temps ne s’abattit pas en morceaux volumineux mais plutôt en morceaux de taille bien plus modérées qu’il n’eut aucun mal à les dégager en se levant d’une traite. Pendant que le fils de marin continuait à mettre à jour l’homme et la femme, il sortit à l’extérieur pris d’une violente quinte de toux probablement due à la poussière. Tout en s’agitant et en frottant son dos endoloris, il gigotait aussi pour attirait l’attention de deux gardes qui scrutaient les environs avec sérieux et minutie. Un simple « Par ici ! » suffit à les faire accourir, le premier garde lui prit le bras, il s’apprêtait visiblement à lui offrir son épaule comme soutient. Pendant ce temps, le second entrait par l’une des nombreuses ouvertures.

« Ca va, ça va … Suivez plutôt votre collègue.
─ Vous êtes sûr, certain, vous n’avez pas l’air bien.
Mais oui, mais o…
─ On a besoin d’un coup de main par ici. »

La voix du garde montait dans les aigues. Généralement, c’est un signe irréfutable d’un danger imminent. En entrant dans la bâtisse en ruine, le garde et l’Eclari maintenaient la main sur la garde de leur arme prêt à dégainer, le deuxième garde se tenait à genoux les mains fermement appuyées sur la cuisse de l’homme qui gémissait dans un profond silence, et rien de plus. Il ne restait que très peu de brigands dans la cité. La plupart des bâtiments avaient probablement été pillés dans les premiers instants et il faut bien avouer que Gaeaf ne recelait pas de grandes richesses. Cette fois, Wayate était paniqué, avec tout ce qui venait de se passer, il en oubliait presque qu’il traitait avec un enfant. Mais désormais tout était plus clair, les murs devaient être les siens et les deux personnes, ses parents ou bien des proches qu’il était venu quérir avant de partir pour le campement. Ils s’approchèrent du garde, son armure de cuir et son visage couvert de sang amenaient une conclusion simple. En retirant une pierre, il avait probablement découvert une plaie qui devait être comprimée par le poids des gravas. Ils se regardèrent, sans trop savoir quoi faire, ni l’un ni l’autre n’avaient les compétences médicales suffisantes pour recoudre le bonhomme avant qu’il ne perde tout son sang. Après une rapide réflexion, écourtée par les braillements de l’infirmier improvisé, Gareth saisit une dague à la ceinture de son compagnon d’infortune et demandait simultanément à l’enfant de lui apporter une bouteille d’alcool fort et une autre d’eau pure, s’il en trouvait une. Profitant de son départ, le garde aux mains libres lui demandait s’il savait ce qu’il faisait, alors que Gareth chauffait la dague à blanc par magie. A cette question, il lui répondit qu’il n’était pas médecin, mais que de toute façon il fallait bien arrêter le saignement avant de transporter le blessé. La suite se résumait à une désinfection de la lame à l’alcool et de la plaie à grande eau, avant d’appliquer la lame brulante sur la plaie pour la cautériser et d’extirper un dernier hurlement du blessé avant qu’il ne perde définitivement conscience. Pour le retour vers le campement, les deux cimmériens transportaient l’homme, tant bien que mal et le sindarin servait d’appuie à la femme. Une fois arrivée, une horde de soigneuses à la fois caractéristique et éprouvée physiquement prirent la suite. L’une d’entre elle le força à s’assoir pour examiner son épaule.

« De simples égratignures, rien de grave. Vraiment … Ce n’est pas la peine.
─ Vous êtes médecin ? Non ? Nous sommes d’accord.
Est-ce que vous auriez un responsable sous la main, je viens du …
─ Vous trouvez que je fais mal mon travail ? Taisez-vous et laissez-moi retirer tous ces gravillons. » L’autorité de la Prêtresse le poussait à garder le silence, pendant un moment. Tous les soignants étaient donc des tyrans, il le savait intérieurement tout comme il savait la bêtise de cette conclusion.
« J’étais sur le port et on m’a demandé de chercher une …
─ Colonel Arthwÿs, vous tombez bien …
Quoi encore ?
─ Monsieur veut parler à un responsable. Moi, j’ai autre chose à penser. » Le colonel émit un soupir assez caractéristique, puis lui fit signe de s’expliquer rapidement et efficacement. Il revenait visiblement de loin … Dérouté, Gareth mit un temps à trouver comment débuter, l’onguent que lui badigeonnait son autoritaire de Prêtresse ne l’aidait pas, même s’il lui accordait qu’elle savait y faire.
« Je viens du port, votre générale m’a demandé de remonter par ici. » Le colonel le regardait avec tout le doute et le scepticisme qu’il avait encore en réserve. « Il m’a dit de chercher une petite rouquine tyrannique et au regard tueur répondant au nom d’Irina Dranis. » Cette fois-ci, la stupeur envahissait ses yeux tout écarquillés qui fixaient la Prêtresse qui elle-même ne lui frottait plus l’épaule avec le même dynamisme. « Et de lui dire, que Léo m’envoie, conclut-il avec des guillemets au bout des doigts. Qu’elle aurait bien besoin de toute l’aide disponible et proposée. » Suite à un court et pourtant long silence, Arthwÿs, lui adressa quelques mots.
« Tyrannique … Qu’est-ce que vous avez bien pu faire … » Cette fois c’est Wayate qui coupa l’herbe sous le pied, en expliquant tout ce qui s’était passé depuis le huit-clos électrique jusqu’à l’instant présent. Les trois adultes écoutaient le récit d’une précision diabolique, avant que l’Eclari ne reprenne la mais :
« Je n’aurais pas mieux résumé, mais retourne donc voir tes parents !
─ Ca ne risque pas de poser de problème pour le reflux ?
─ Mais nonnn, soupira l’enfant provoquant quelques sévérités qui le conduisit à déguerpir en vitesse.
Non, ceux ne sont que des bancs de terre et de roches qui s’étendent sur une distance assez courte finalement. En cas de nouvelle submersion, ils se chargeront de briser les vagues pour diminuer leur intensité et leur violence, mais il ne faudra pas compter que là-dessus … Malheureusement. Quand au reflux, ça prendra du temps, mais ça prend toujours du temps avec ce genre d’inondations, c’est naturel … Puis, la bestiole continue à déplacer de l’eau dans son avancée, dit-il en cherchant son calepin dans toutes ses poches pour lui montrer ses notes.
─ Vous avez perdu quelque chose peut-être ?
On a tous perdu quelque chose, mais oui … Ha ! S’exclama-t-il dans un éclair de lucidité. De deux choses l’une, soit mon carnet est tombé à l’eau et se serait très dérangeant pour moi, soit votre général me l’a gentiment soutiré t dans ce cas, j’espère qu’il en comprendra le contenu …
─ Je n’ai aucun doute à ce sujet … La Grande Prêtresse va réunir ses troupes.
Grande ?
─ Irina Dranis. »

A cette instant, il comprit qu’à l’avenir il serait bon qu’il s’informe sur les différents gouvernements qui régissent le contient, ne serait-ce pour mettre des noms sur les fonctions et éviter ce genre de questionnement. Au même instant, un huit-clos d’un tout autre genre commençait à se réunir à l’endroit pointé par Arthwÿs.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeVen 3 Avr - 21:11

La  guérisseuse était impressionnante de calme et Elië ne pouvait cacher son admiration muette. Concentrée sur les soins qu’elle prodiguait à l’enfant elle parvenait en sus à coordonner les différentes actions autour d’elle. Visiblement elle était habituée à être écoutée et surtout obéie. Elië devinait petit à petit qu’il devait s’agir d’un personnage haut placé. Elle avait le sens de l’urgence et des priorités et l’homme qui l’accompagnait ne discutait aucune de ses consignes, malgré son apparence de guerrier souvent prompt à contester la parole des femmes, en tout cas c’est l’image qu’elle avait des militaires.

Assez vite, la maison en ruine se vit agitée d’activités fébrile. La Syliméa participant au balai en compagnie de l’homme d’arme mais aussi de celui qui devait être le père de l’enfant. La femme elle se laissait guider et allait évacuer les lieux au plus vite. L’homme semblait blessé, mais prenait sur lui. S’il avait effectivement quelque chose de fracturé comme le laissait entendre la guérisseuse, il essayait de se rendre aussi utile que la femme le lui  indiquait. Habitué sans doute aux conditions de vie difficiles de la région, le courage devait être devenu une seconde nature. La ladrini égocentrique ne pouvait pas imaginer que l’état de son enfant y eût été pour quelque chose. Après tout si sa femme survivait le petit pourrait être vite remplacé.

Elle devait bien se l’avouer s’était la femme au chevet du petit qui attirait toute son attention et finissant son petit montage à côté d’elle, elle l’observa prendre la décision réputée risquée de retirer l’objet qui avait perforé le petit corps. Pour elle en effet cela ne pouvait provoquer qu’une aggravation de l’hémorragie. En tout cas c’est ce que les souvenirs de la Sindarine lui avaient appris. Et ce fut bien ce qui se passa, mais l’intervention magique de la guérisseuse sembla ordonner aux tissus de se souder et au sang de rester dans le corps déjà affaibli. Elië ressenti en même temps un picotement au bout des doigts qu’elle n’avait jamais ressenti. Elle les regarda un instant, incrédule. Suivant les regards de la mage ou les ébauches de ses gestes elle lui passa aussi précisément que possible les bandages et autre fioles qu’elle ne connaissait pas et que la Terrane avait disposées autour d’elle. Elle ne comprenait pas trop à quoi pouvait servir la prévenance qu’elle avait pour le blessé à qui elle parlait comme s’il pouvait comprendre ou même comme s’il avait le choix alors qu’il se mourait et qu’il était plus évanoui que conscient. C’était peut-être une attitude réflexe, venue d’un antique apprentissage et qu’elle reprenait machinalement mais l’entendre s’adresser au petit par son prénom infirmait cette hypothèse…

Le picotement avait disparu alors qu’une nouvelle consigne qui ne manqua pas de la surprendre. En premier lieu parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’elle lui soit adressée, et en second parce qu’elle se demanda bien en quoi souffler dans une corne pouvait être d’une quelconque utilité dans les circonstances à moins qu’elle ait besoin de renforts… Cependant devant les regards incrédule des autres personnes présentes et se trouvant la plus proche du dit sac, elle se mit en devoir de l’ouvrir pour en extraire l’instrument. L’autorité dela dame y fut sans doute aussi pour quelque chose… Il était magnifique et les symboles qui l’ornaient rehaussaient encore sa blancheur et sa beauté. Avec précaution, elle le porta à sa bouche avant de s’apercevoir que splendide ou pas un tel instrument nécessitait qu’une corniste novice comme elle devait souffler de tout son cœur pour que les vibrations de ses lèvres résonnent dans l’instrument. Le son qui en sortit fut cependant bien différent que celui auquel elle s’attendait. Doux, velouté, et mélodieux il avait également en lui le cristal d’un ruisseau qui coule entre les pierres couvertes de mousse dans un sous-bois. Elle écarquilla les yeux de surprise mais n’osa arrêter son souffle que lorsque ses poumons furent vidés. Elle le considéra alors avec un mélange d’émerveillement et de curiosité, les deux exacerbés par le sentiment de paix de sérénité et de plénitude. Elle retourna plusieurs fois l’objet entre ses doigts avant de le reposer délicatement à sa place. Tout à ses pensées sur l’instrument elle n’entendit qu’à peine les explications de la guérisseuses qui décidément ne manquait pas de ressource. Visiblement elle était le genre de personne qui pouvait vous apprendre beaucoup de sa fréquentation.

Elle ne croyait pas si bien dire. A l’évocation de de son identité par le père visiblement soulagé du tour que prenaient les événements, Elië eut du mal à retenir une mine stupéfaite. Quoi ?! Etait-elle bien en présence de la grande prêtresse de Kesha ? Tout en tout cas le laissait croire, tous les indices faisaient converger vers cette conclusion. En premier lieu la description de la dame correspondait en tout point aux récits qui couraient dans tout Isthéria sur son compte. Son autorité ne lui venait pas seulement du seul hasard, sa fonction mais aussi les épreuve qu’elle avait traversées, narrées par les récit qui étaient en passe de devenir des légendes avaient forgé ce qu’il fallait de caractère et de charisme pour justifier la façon que chacun avait de lui obéir sans se poser de question. Dernier indice ses talents de guérisseuse venaient de faire leur preuve devant la Syliméa. A bien considérer les choses, Elië s’en voulait presque de ne pas avoir fait le rapprochement plus vite. La guérisseuse faisait en sorte de ne pas intimider et ne pas se donner plus d’importance que nécessaire ce qui était tout à son honneur _quoi que Elië se demandait si à sa place elle n’en profiterait pas un peu…_ mais on sentait que sa vie bien remplie lui donnait une distance d’avec le commun des mortel contre laquelle elle ne pouvait pas grande chose.

La suite fut presque une formalité et la Syliméa ne protesta même pas lorsque la prêtresse fit quelques incisions dans sa cape cimmérienne. Elle sortit lestement par la fenêtre se mettant en position pour accueillir la nacelle de fortune avec Irina Dranis qui le suivit un peu moins aisément mais assez noblement malgré sa petite chute. Après tout une prêtresse et guérisseuse pouvait bien avoir de petites faiblesse et n’était pas entraînée spécialement pour les acrobaties. La fausse Sindarine évita de paraître trop remarquer ce loupé et ne fit remarque ni geste de compassion qui aurait pu vexer celle qu’elle se garait bien de traiter de maladroite après la démonstration d’efficacité qu’elle avait faite dans la maison en ruine et dont elle ne se départit point, finissant sa tâche auprès de la famille en les confiant aux personnes aptes à prendre le relai. Si elle avait été à la place de cette famille, elle aurait préféré rester sous la protection de la grande prêtresse, mais les trois blessés n’eurent pas le choix de choisir leur soigneuse lige et s’éloignèrent sans mot dire soutenus comme il se devait par les personnes auxquelles elles avaient été confiées… Elië les regarda clopiner avec dignité se demandant brièvement ce que pourrait être leur avenir. Le village était en partie détruit ainsi que leur demeure, ils étaient blessés, grièvement en ce qui concernait l’enfant. Ils seraient sans doute contraints de quitter la région et iraient sans doute grossir la masse des indigents d’une quelconque cité, Hellas peut être… Mais la prêtresse semblait vouloir apurer leur relation. Ses propositions étaient honnêtes mais pas très folichonnes pour la Syliméa. Prendre la fuite n’était pas un gage de survie. La chose qui s’approchait ne se contenterait pas de patauger dans le port et gagnerait sans doute à sa façon l’intérieur des terres et grossir les rangs des réfugiés, très peu pour elle ! Aider ? Oui pourquoi pas ? Elle ne savait pas trop de quelle façon, mais elle serai au moins au cœur de l’action et pour finir de chasser sa panique cela s’était révélé payant donc lui pourquoi pas… Par contre, la femme lui avait une telle impression qu’elle se prit à penser qu’elle serait bien  inspirée de rester en sa compagnie. La prêtresse était efficace, accompagnée et respectée et qui outre, chacun semblait prendre ses désirs pour des ordres ou tout simplement ses ordres pour ce qu’ils étaient : des ordres indiscutables..

Elle osa donc une réponse dont le sans gêne apparent était compensé par le respect dont ses paroles firent preuve et que sa voix accompagna par une certaine humilité de ton.

« Je vous remercie de vous inquiéter de ma personne. Cependant, je ne pense pas fuir le secteur et si ma présence vous a été d’une quelconque utilité ces dernières minutes, je serai honorée de poursuivre en votre compagnie et de vous aider du mieux que je pourrai. Vous pourrai juger au fur et à mesure si mon assistance vous est utile ou si vous souhaitez me congédier… »

*Elië Valanatëel se mettant au service de quelqu’un et d’une prêtresse qui plus est ! On aura tout vu ma chérie !
_ Tu as une autre idée ?*


Ainsi fit-elle taire ses revendications d’indépendance et de liberté d’action qui la caractérisaient d’ordinaire. Il faut dire que l’ordinaire avait détalé à  des lieues d’ici ces dernières heures et qu’à situation exceptionnelles, mesure exceptionnelle comme se plaisent à le dire les sauveurs de civilisation dont elle ne faisait cependant pas partie…

De son côté, la grande prêtresse ne semblait pas pressée de lui répondre, mais la ladrini ne s’en formalisa pas, comprenant assez bien les nécessités de l’action. Elle pouvait bien patienter… La seule chose qui la chagrinait était la perte de sa cape qui allait finir par lui faire cruellement défaut surtout avec le jour qui avançait, sa tenue des plus humides et ce vent qui n’avait rien d’une bise printanière. En retrait dans le dos de la guérisseuse elle se massa énergiquement bien que machinalement les bras et fit rouler ses épaules et omoplate pour se réchauffer tant qu’elle pouvait. Elle espérait que le reste de cette tenue cimmérienne qu’elle s’était offerte à grand frais (enfin pas tant que ça), en séchant remplirait sa fonction d’isolation thermique pour laquelle avait Thalie avait payé aussi cher.

Mais son petit confort passa bien vite au second plan. Irina Dranis semblait déjà prête à replonger dans l’action faisant un rapide bilan de la situation aux alentours, distribuant les consignes à ceux qui se présentaient, malgré sa jambe qui semblait vouloir la trahir depuis qu’elle avait sauté du premier étage de la demeure dans laquelle elles avaient fait connaissance.

La première délégation fut rapidement orientée vers les tâches auxquelles la prêtresse qui faisait de plus en plus figure de point de ralliement la destinait et ne moufeta pas s’éloignant pour porter assistance aux secouristes et aux prêtresses apparemment déjà en action et sans doute submergées de travail. La femme sui semblait les diriger semblait être un curieux mélange de grâce et de brutalité, d’esprit militaire et d’anarchie. Elië la scruta avec insistance. Quelque chose dans cette femme faisait paradoxe ambulant, mais il était dit que les choses aujourd’hui et peut être pour les jours à venir ne seraient pas vraiment comme on pouvait s’attendre à les trouver. D’ailleurs, elle-même une impie notoire ne s’était-elle pas mise au service d’une prêtresse ?

Lorsque les guerriers approchèrent de la première des sœurs de Kesha. Il n’était pas surprenant de constater que la mission de cette dernière comprenait également une dimension diplomatique et Elië était curieuse de voir comment elle parvenait à concilier ses talents médicinaux à cette fonction d’autant qu’elle n’avait pas l’air de lui accorder grand intérêt ne serait-ce que par le peu de souci qu’elle semblait avoir de son apparence. Ce n’était donc pas par ses atours pompeux qu’elle impressionnerait ses interlocuteurs. Elië n’était pas qualifiée pour en juger, mais son penchant pour les belles choses l’aurait, de son côté, incitée à faire un peu plus attention à sa mise. Evidemment les circonstances et sa tâche de guérisseuse avant toute chose était une excuse plus que valable pour se trouver dans l’état de pèlerine désargentée qu’elle donnait à voir… La Syliméa fut bien vite instruite sur les talents diplomatiques de la femme. De diplomatie, point en ces temps troublés. De l’efficacité toujours de l’efficacité, encire de l’efficacité ! Cela ne l’empêchait pas de se montrer courtoise mais de façon tout à fait naturelle et sans affectation. En retrait Elië calqua son attitude sur celle de l’autre rouquine tout en observant la délégation qu’elle n’eut pas de mal à identifier ne serait-ce que par ses armoiries. La belle en effet au fil de ses chères lecture était passé par quelques ouvrages d’héraldique et savait à peu près reconnaître le blason des principales maisons d’Isthéria et Arganath défrayait assez la chronique pour qu’elle ne l’oublie pas… Le duc car il s’agissait bien de lui semblait déjà connaître la prêtresse et une certaine connivence entre les deux personnes semblait attester que des liens, que la Syliméa ne pouvait identifier était déjà tissés entre eux. En tout cas Irina Dranis semblait soulagée de pouvoir compter sur lui et ses hommes pour augmenter les forces du village contre l’apocalypse annoncée qui se tenait pour combien de temps encore au large.

Elië, elle, ne put s’empêcher de remarquer la puissance de la phalange et de ses hommes ainsi que le luxe presque outrancier qui semblait caractériser le duc et sa suite.

De son côté, Irina semblait avoir complètement oublié Elië qui fit une moue désappointée et hésita un instant sur la conduite à tenir avant de prendre l’option de se conformer à sa première décision et d’emboiter le pas à la première dame de l’ordre de Cimméria. Celle –ci semblait en pleine réflexion et chacun la suivait attentif à la moindre de ses parole qui pour l’instant se faisait attendre. La ladrini commençait à se sentir un peu ridicule à suivre ainsi le cortège de la première dame de Cimméria, mais elle n’avait d’autre option pour le moment au vue de ce qu’elle avait décidé auparavant et le ridicule avait cessé de tuer depuis un moment déjà, elle s’en remettrait.

Elle écouta le plan de de résistance. Bon sang ! Cette femme avait du cran, mais quelle chance avait-elle de tenir tête à la montagne de colère qui approchait ? Elle semblait déterminée et solide et pourtant Elië se demandait dans quelle mesure elle croyait réellement aux chances de son projet, même s’il semblait mûrement réfléchi et qu’elle semblait avoir prévu le moindre détail. En outre, alors que chacun semblait devoir se préparer à la mise en œuvre de la stratégie annoncée, elle ne put ne pas remarquer de son côté l’éclair de « faiblesse » qui rendit soudainement très humaine la représentante de Kesha en ce monde. Elle ne sut dire si cela était rassurant de la voir faillir ainsi, donnant encore plus de prix au courage et à l’efficacité dont elle faisait preuve depuis qu’elles avaient été mises en présence l’une de l’autre ou bien si cela était plus déroutant, voire inquiétant de constater que le phare de la résistance à la catastrophe n’était pas si solide que cela.

La Syliméa jeta un regard alentour. Chacun était affairé à ses propres préparatifs et personne ne semblait avoir remarqué l’instant de doute qui avait saisi la grande Prêtresse. Elle s’approcha doucement au côté de la rouquine guérisseuse faisant mine de vérifier son accoutrement et l’ajustement de ses armes qui n’ayant pas bougé étaient parfaitement en place dans son dos et lâcha presque de façon anodine.

« Les gens ont de la chance de vous avoir ici et maintenant »

Elle laissa un instant passer un ange avant d’ajouter.

« Vous attendez quelqu’un ? »

Elle avait bien  noté que le regard se portait vers le rivage, mais sans trop savoir ce que la grande prêtresse pouvait bien attendre. Tout semblait graviter autour d’elle et donc il était impossible qu’elle attende en vain qui que ce fût…

Précaution:
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeSam 4 Avr - 18:00

Avertissement :

Aedh n'aurait sans doute pas eu besoin d'user de provocation pour obtenir toute l'attention de Léogan et une mort propre et rapide. Il n'aurait même pas eu besoin de se lancer dans cet infect monologue dégoulinant de mélodrame et de stupidité. Non, quand un type comme Léo vous laisse une chance de vous en tirer mais vous promet que la prochaine fois que vous ouvrez la bouche, il vous envoie une chasse, vous avez pas besoin d'insulter sa grand-mère ou de le traiter de bourse molle derrière pour qu'il mette ses paroles à exécution. En fait, il est difficile de déterminer comment ce blondin suicidaire avait réussi à aligner autant de mots sans se faire arracher la trachée, alors on admettra que c'est parce que Léo dut faire demi-tour, dégainer son sabre à nouveau et prendre le temps de lui couper la parole pour riposter aussi sec :

« Ces gens-là que j'envoie à la mort, comme vous dites, se sont engagés dans l'armée et risquent leur vie pour défendre ce qui leur est cher, pas pour faire un atelier macramé. Peut-être que c'est une reconversion à envisager pour vous, puisque vous n'avez rien ni personne sur terre ou sur mer pour qui vous battre. Le macramé ! Vous emmerderiez plus personne ! »

Exaspéré, il attrapa ce dégénéré par l'épaule et s'apprêta à couper court à ses propres élucubrations et aux interrogations existentielles du chasseur de prime en lui enfonçant son sabre jusqu'à la garde dans le ventre, mais une furie rousse s'interposa soudain entre eux en braillant encore plus fort que l'intéressé, si c'était possible.
Décontenancé, il ne put rien faire d'autre que de laisser Malona régler ses comptes avec leur bon ami, avant de se faire assaillir à son tour et de la regarder d'un air catastrophé utiliser son sabre pour débiter un tiroir dans lequel elle avait marché.

« Malona, n... la prévint-il, une seconde trop tard, avant de la considérer, parfaitement désemparé. C'est une manie, c'est compulsif, il faut vraiment que vous fracassiez tout ce qui m'appartient... ? » Mais de toute évidence, elle ne voulait rien entendre et elle lui hurla dans les tympans tout le mécontentement que lui inspirait son manque de courtoisie notoire. « Bonj... balbutia Léogan, interloqué, avant de reculer d'un pas, tandis qu'elle avançait sur lui en lui vociférant au visage sa tirade habituelle. Non, c'est que j... Non, non, écoutez, non, mais vous rigolez ? Mais n... Et puis merde, voilà. »

Il soupira un coup et se fit entraîner par la rouquine vers le port en cherchant à lui reprendre son arme des mains, suprêmement conscient du ridicule absurde de leur situation. Il finit par lui bloquer le poignet par une prise inoffensive.

« Donnez-moi ça, vous allez... »

Et il récupéra son dû avec agacement, qu'il rengaina à sa ceinture, avant de se retourner brutalement vers Aedh et de le saisir par le col – parce que malgré tout, il préférait veiller à ce que cet extrait de baltringue ramolli du bulbe ne soit plus dans les parages dans les minutes à venir.

« Un petit dias, assena-t-il d'une voix très calme. La valeur de votre vie. Un petit dias, mais pas sur mon navire. Vous êtes plein comme une barrique, mon pauvre ami. J'engage pas de pochards fatigués de vivre dans mon équipage, et vous en particulier, je ne vous fais absolument pas confiance – en fait je n'vous confierais même pas les enfants que j'invente pour séduire les mères célibataires, rien, que dalle, macache, allez vous faire empailler ailleurs, espèce de gros abruti. »

Il le repoussa violemment et tourna enfin les talons derrière Malona et Baria, qui commençaient à s'impatienter sérieusement. Il regagna le port sans plus adresser un regard à Aedh – et tout à fait sourd à ce qu'il pouvait lui répondre désormais. Qu'il aille crever ailleurs, merde. C'était pas son problème. Pour qui on le prenait à la fin ? Il était pas là pour exécuter en file indienne tous les connards du continent qui n'étaient pas foutu de se flinguer eux-mêmes.
Othello les rejoignit alors, l'air inquiet mais résolu, et salua Malona avec une politesse pleine de sympathie qui interrogeait les raisons de sa présence ici, mais très expéditive, à laquelle Léogan ne put s'empêcher de rebondir sous le coup de l'exaspération.

« C'est vrai que vous avez le don pour faire des apparitions improbables, vous, la première idée qu'on a en vous voyant, c'est sûrement pas d'vous dire bonjour ! » lâcha-t-il à la rouquine avec la mauvaise humeur très sincère qu'il réservait à ses rares connaissances qui ne s'en formalisaient pas.

Mais soudain Othello, avec ce souffle de douceur qu'elle distillait toujours étonnamment avec des phrases d'une brutalité déstabilisante, le rappela à elle et il l'écouta en écarquillant les yeux. Il y avait quelque chose, un mystère agréable et familier, qui s'était tissé entre eux depuis ce long voyage jusqu'aux terres australes où il l'avait menée avec Malona, et qu'il n'essayait même pas de décrire. C'était une complicité enveloppée de secrets, des silences et des regards entendus, comme s'ils avaient chacun vu au fond de l'autre, qu'ils y avaient reconnu leur vraie nature, l'animal féroce et sans merci, parfois sanguinaire, qui se terrait dans un repli sombre de leur âme et dont les pulsions incompréhensibles rejaillissaient parfois dans leurs regards atones.

« Je... Vous êtes sûre... ? articula Léogan, soucieux, en se penchant vers la prêtresse blanche pour échanger quelques murmures. Un léviathan, bon, mais, seule face à... ? Ce...gigantesque... »

Il désigna piteusement le colosse, épicentre d'un grand séisme aquatique, qui poussait de longs râles dont les échos rebondissaient sur les récifs escarpés et dans les criques d'ardoise noire du Lac. Othello, toutefois, poursuivait résolument ses explications, son petit visage plissé farouchement sous sa tignasse lourde d'iode et d'embruns et Léogan l'écouta jusqu'au bout sans l'interrompre, les sourcils froncés avec l'air sévère dont il ne se départissait presque jamais. Il laissa quelques secondes de réflexion s'écouler derrière les derniers mots de l'ondine. Elle avait un air absolument irrévocable sur la figure, un éclat prédateur et avide luisait dans son regard. Il sentit avec une claire évidence. qu'il était inutile de chercher à l'empêcher de poursuivre ses plans.

« ...d'accord. » lâcha-t-il, dans un soupir. Il s'approcha d'elle et par des gestes précautionneux, fit glisser ses mains sur ses épaules pour l'aider à se débarrasser de son lourd manteau de fourrure blanche, tout en exposant à voix basse les quelques souhaits qu'il pouvait adresser à la sirène. « J'aimerais savoir... De quoi est fait cet être. S'il est de chair et de sang, de pierre, d'écailles ou d'os, si nos armes peuvent l'atteindre. Et aussi quelle est la partie immergée de l'iceberg, sa taille et s'il cache autre chose dans les profondeurs. » Il fit reposer le manteau d'Othello entre son coude et son avant-bras et redressa la tête en lui souriant sincèrement. « Mais vous savez très bien que je ne vous utiliserai pas. Vous êtes une créature des océans, vous êtes libre de vos choix en vos royaumes. Il y aura pour vous une échelle de corde à la poupe du Croc Noir. ...et, reprit-il, d'un ton plus tranchant, tandis qu'il se rembrunissait, ne prenez pas de risque inconsidéré, Othello. ...s'il vous plaît. » Finalement, il s'écarta d'elle de quelques pas pour la laisser plonger dans les eaux et la considéra longuement, glacé d'angoisse, l'esprit vide de toute formule amicale d'encouragement qu'il aurait convenu de prononcer, mais droit et ferme face à celle qui, seule parmi toute cette cohue de marins expérimentés, avait vraiment les clefs des océans et de leurs abysses. « ...bonne chance. » répéta-t-il simplement.

Et bientôt Othello plongea et disparut dans un trou d'eau glaciale. Léogan resta quelques secondes embarrassé devant le miroir opaque du Lac, puis il sentit le regard de son colonel peser un peu trop lourdement sur lui. Agacé, il se retourna d'un bloc vers Baria.

« Me regardez pas comme si... Ne vous y trompez pas, cette jolie poupée est aussi douce et délicate que moi !
‒ J'ai rien dit, moi, c'est vous le chef. Vous envoyez au casse-pipe toutes les p'tites donzelles que vous voulez. »

Léogan fixa longuement Erwin, qui gardait sur le visage son masque indéchiffrable de désinvolture, et sentit pourtant glisser sur son échine un frisson de lourd et vieux reproche – comme si ce qui s'était passé cette nuit-là de Famaël où Elerinna avait fui à travers les grottes de Fellel, ne pourrait jamais s'effacer tout à fait entre eux. Mais subitement, la figure de Baria s'éclaira d'un sourire rassurant et il se tourna vers Malona avec un petit air espiègle.

« Et celle-là, vous en faites quoi ? demanda-t-il nonchalamment. Sauf vot' respect, madame. »

Léogan se souvint alors qu'elle avait marqué le désir d'embarquer avec eux et il se retourna vers la rouquine, dissimulant difficilement son scepticisme.

« Euh, Malona, écoutez-moi, dit-il sérieusement, en enroulant un bras autour de ses épaules pour la tourner vers le Croc Noir et le lui désigner d'un signe de tête, ça, c'est un vaisseau de guerre, ça grouille de gens qui ont un poste à tenir, tout y est réglé comme une horloge. Ajouter un mécanisme, c'est complexe et ça peut avoir des effets catastrophiques. Et, ça, là-bas, reprit-il en la tournant vers le détroit, c'est un colosse, un comme celui de Taulmaril qui a fait des millions de morts. » Il soupira profondément et lui fit face avec gravité. « Non, on ne va pas lui mettre une branlée. Il est plus que probable qu'on y passe tous autant qu'on est. Si vous montez sur ce pont, vous ne pourrez pas fuir. »

Malona n'avait aucune raison d'aller baver des ronds de chapeau avec eux face à une catastrophe naturelle ambulante, elle n'avait rien à y gagner, et rien de particulier à perdre à Gaeaf qui nécessitait qu'elle mette sa vie en jeu. Elle n'était pas un soldat, elle n'était même pas une femme d'armes... Non, décidément, Léo ne comprenait pas d'où lui venait cette espèce d'élan d'enthousiasme guerrier et il craignit un instant qu'elle se soit pris un coup sur la tête dans le raz-de-marée et qu'elle ait perdu sa dernière lueur de bon sens...
D'un autre côté, il se souvenait bien des miracles que ce petit bout de femme avait fait face à un autre monstre marin, dans d'autres circonstances, et il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que, complètement cintrée ou pas, Malona pourrait lui être d'un certain secours...

« ...mais si vous avez bien réfléchi à tout ça et que vous avez conscience de ce que vous faites, montez à bord et rejoignez la barre. Là, vous attendrez mes instructions, mais surtout ne bougez pas. Je suis général, ici, si je vous invite là-bas d'dans et que vous foutez le merdier...  souffla-t-il d'un air gêné, avant de tirer un sourire rusé. Considérez-vous comme un soldat, vous faites pas de gaffe et vous restez à votre place, sinon vous allez tous nous fourrer dans la panade. »

Il la laissa se mêler à son tour à la troupe de marins qui allaient et venaient sur la passerelle avec un certain nombre de chargements, crinière rousse au vent, prête à enguirlander tout bonhomme qui se dresserait sur son passage et lui interdirait l'accès au pont.

Au moment où ce fut Veto qui l'interpella, cette fois, une première bordée de canons explosa dans l'air moite et pesant du lac. Léogan sursauta presque et plissa des yeux pour distinguer, dans la nappe de fumée qui avalait le colosse, les mâts des navires qui l'avaient pris de revers. Une angoisse sourde planait dans son ventre. La stratégie des Marins n'était pas mauvaise, mais à vrai dire elle reposait trop sur le hasard et la bonne fortune pour qu'un militaire aussi calculateur qu'il l'était soit tout à fait rassuré. Le colosse pouvait aussi bien se retourner contre l'armada qui lui rentrait dans l'oignon et la poursuivre vers le large qu'avoir le bête instinct de survie qui le pousserait à fuir droit devant lui, c'est-à-dire jusque dans le Lac...
L'assaut des Marins était trop prématuré à son goût, ils aurait dû attendre que les navires cimmériens soient en formation pour bloquer la possible avancée du colosse en direction de Gaeaf, plutôt que d'exposer le village à un tel risque... Mais le temps leur était compté. Omerio et les autres avaient joué quitte ou double et pour le moment, les conséquences de leur attaque restaient en suspens, tandis que le monstre, hébété, avait arrêté sa progression au milieu du détroit.
Léogan serra les poings, reprit une courte inspiration et se tourna vers Veto pour lui répondre, en désignant les soldats de la Première Phalange d'Arghanat qui se démenaient sur le Croc Noir avec l'équipage.

« Si, bien entendu, Havelle, mais avec toute cette joyeuse bande de paltoquets, le navire est plein de la proue à la poupe et il faut que nous puissions circuler sur tous les ponts... De toute façon nous avons des stocks de catalyseurs à bord et des mages parmi l'équipage, pas vrai ? Et quant à eux, ce sont des Arghaniens... Si j'en crois toute la propagande qu'on déploie à leur sujet, ils sont censés être compétents sur tous les fronts et ils nous ont collé cinq mages de leur Première... camarilla – je n'sais quoi, peu importe –  à disposition. »

Acquiesçant au sujet du choix du jeune homme quant à son affectation, il reprit :

« Je ne vous charge pas de la capitainerie de l'Ouragan, mais votre grade vous donnera l'autorité nécessaire pour collaborer, organiser l'équipage et faire des choix stratégiques. C'est d'accord ? »

Si d'un point de vue personnel, il n'accordait aucune confiance à Veto Havelle, d'aussi triste apparence qu'il puisse être depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, d'un point de vue professionnel, il était bien placé pour connaître l'excellence de son lieutenant, ce qui lui donnait au moins l'occasion de lui céder des prérogatives.
Il le congédia d'un signe de tête très neutre et leva la tête vers le ciel pâle à la recherche du messager d'Irina, Raven, le corbeau qui depuis qu'elle lui en avait donné l'ordre, suivait chacun de ses pas et qui était perché sur le fût branlant d'une petite poissonnerie. L'oiseau comprit instinctivement qu'on l'appelait à la besogne et porta toute son attention sur les pensées du Sindarin qui le fixait en contrebas.

« Dis à Irina que j'aimerais la retrouver à l'endroit où nous nous sommes quittés – un court instant seulement, je dois faire vite. »

Raven piqua imperceptiblement du bec et s'envola dans un croassement sonore. Et comme bien sûr, il ne pouvait pas rester un petit instant seulement sans être apostrophé par quelqu'un, il se tourna vers le capitaine du galion, qui s'adressait à lui depuis le haut de la passerelle, mais dont le propos spirituel attira les bonnes faveurs immédiates de Léogan. Il haussa les sourcils d'un air sarcastique et suivit du regard le geste d'Eiktabel, qui désignait le camarade Zen'Rahar, perché là-haut sur le mât du navire. Le Zélos s'était visiblement avisé de prouver qu'il était utile à autre chose que d'additionner les fautes diplomatiques et avait  cru – mal pensé, tristement – qu'occuper un poste sans l'autorisation du capitaine arrangerait leurs affaires.
Quel engin. Le duc aurait sans doute dû le livrer avec une notice. Secouant la tête de désarroi, Léogan s'approcha de la passerelle.

« Capitaine Eiktabel, vous êtes sur votre navire, et tout contre-amiral qu'il soit, Zen'Rahar est pour ainsi dire sous vos ordres jusqu'à ce qu'il quitte votre pont. S'il vous importune, transférez-le à un poste qui ne gênera plus vos manœuvres. Attachez-le à la figure de proue, je ne sais pas, puisqu'il aime tant que ça faire l'acrobate, il pourra peut-être foutre les miquettes à cette bestiole, plaisanta-t-il d'un air pince-sans-rire. Mais s'il préfère tenir son grade, j'aimerais qu'il vous informe des pouvoirs de ses mages et qu'il les rassemble sur le pont. Quant à vous, si vous en avez, mettez-moi vos élémentaristes de foudre et de flamme sur vos deux ponts d'artillerie, ils recevront des ordres en temps et en heure. J'aimerais aussi savoir si nous disposons de personnes qui auraient une affinité magique avec la végétation, qui auraient le pouvoir de générer des boucliers ou qui sauraient maîtriser le sable, la glace et la terre. Pour vos aquamanciens et vos aéromanciens, mettez-les sur le coup, comme d'habitude, mais il va sûrement falloir forcer, avec le reflux. Tenez, attrapez ça. » Il sortit de la poche intérieure de sa cape le carnet qu'il avait subtilisé à Gareth et lui octroya personnellement son premier baptême de l'air pour le faire parvenir au capitaine. « Ordonnez qu'on suive les indications que j'y donne et préparez-vous à larguer les amarres. Je vais prévenir la Grande Prêtresse de notre départ. »

Le temps qu'Eiktabel mettre un peu d'ordre sur son bâtiment, ne fasse descendre le gros oiseau suspendu à sa vergue de sa volière, et ne transmette les ordres minutieux que Léogan avait inscrits sur son carnet, il aurait une poignée de minutes devant lui pour s'entretenir une dernière fois avec Irina. C'était pour elle qu'il était encore ici, après tout, par pour l'armée, pas pour les villageois de Gaeaf. S'il ne pouvait pas s'assurer lui-même que tout irait bien pour elle, son nouvel engagement dans la garde cimmérienne n'avait aucun sens. Il tourna donc les talons sans un mot de plus et grimpa lestement sur les quais supérieurs. Il sauta par-dessus le ponton en bois presque réduit en miettes qu'il avait passé tout à l'heure et après quelques foulées, se retrouva au lieu de rendez-vous qu'il avait donné à la jeune femme. Il y repéra le corbeau, qui avait fait son office et qui guettait dans la rue, et bifurqua dans un petit coupe-gorge à moitié effondré qui donnait sur le port.

Il y reprit son souffle un petit instant mais sans délai, la silhouette mince de la Grande Prêtresse, ses cheveux roux nattés volant à sa suite, surgit dans son champ de vision. Dans un élan de fauve en chasse, il bondit, l'attrapa par l'avant-bras et la tira à ses côtés dans le coupe-gorge, derrière un mât de bateau qui s'y était encastré et qui les dissimulait tous les deux dans un drapé de voiles sales et lacérées.
Léogan fit face à l'air surpris et presque menaçant d'Irina – qui lui avait mis un couteau sous la gorge et un volet dans la poire pour moins que ça – et l'accueillit par un petit rire goguenard. Cette scène de caprice ridicule n'était pas sans lui rappeler les quelques embuscades qu'il lui avait tendues au temple, il y avait bien des mois de cela, quand leur relation n'était pour lui qu'un jeu délicieusement dangereux, mais ce souvenir lui rappela aussitôt que ce n'était plus le cas maintenant. Il ne pouvait plus lui annoncer avec la même morgue qu'autrefois qu'il partait et qu'il n'était pas certain de revenir. Son sourire pâlit imperceptiblement.

« Nous partons. » murmura-t-il d'une voix sans timbre. Il scruta un moment le visage clair et délicat d'Irina et tira un de ses gants de cuir pour effleurer doucement des doigts la joue de la jeune femme. « J'ai toujours détesté les adieux. » ajouta-t-il finalement, le regard sérieux. En fait, il s'arrangeait la plupart du temps pour y échapper, ainsi qu'aux sermons sur ses disparitions répétées et ces confrontations dramatiques où on se plaisait encore à pleurer et lutter contre l'inéluctable. Quand il devait partir, généralement, il partait, et c'était tout. « On ne sait jamais quoi dire. » Il marqua une autre pause et sentit sa gorge se nouer désagréablement... Pour conjurer le malaise, il laissa un sourire joueur quoi qu'un peu crispé tirer le coin de sa bouche et adossa tout à coup la jeune femme contre le mur. « Alors... souffla-t-il. Ce n'est pas grand-chose mais je crois bien que j'ai pour vous quelques banalités, là, au coin des lèvres... » Et il se pencha silencieusement vers elle, dans l'ombre sinistre de la rue, derrière les voiles du mât que les eaux avaient enclavé là. Pendant ce très court instant, il crut quitter le marécage froid et poisseux qui lui montait presque jusqu'aux genoux, il fut transporté ailleurs et il s'accorda de rêver, juste une seconde, qu'ils avaient tous les trois quitté ce pays, ces gens, ces devoirs – qu'il leur était accordé de vivre en paix, enfin. Mais il dut bien s'écarter, en un mot, regagner la réalité et lui tenir la main en se préparant à partir. Il lui sourit avec une fausse légèreté qu'il commençait à pratiquer de plus en plus facilement. « Gardez courage, ne désespérez pas, je r'viendrai. A dos de tortue de mer peut-être, je me trouverais même un canoë humain, s'il le faut. » Il rit un peu et laissa sa main glisser dans la sienne. « Faites attention à vous. »

Il fit peser sur Irina un regard plus grave et plus impérieux – car il savait qu'elle ne s'embarrassait jamais beaucoup de prudence et dieux, ça lui faisait faire des cheveux blancs – et il émergea alors de leur cachette à contrecœur, bien forcé cependant de vider les lieux au plus vite.  

Il embarqua le dernier d'un bond agile, emboîtant le pas à Baria qui l'attendait près de la passerelle, et il se tourna une dernière fois, fugacement, pour apercevoir le visage pâle d'Irina dans la ruelle où il l'avait laissée. Il retint un soupir dans sa poitrine et lui adressa un petit salut brouillon des deux doigts, avant de se détourner avec énergie, de se débarrasser de sa propre cape d'un geste agacé et de la mettre sous son bras avec celle d'Othello.
Il était déjà tombé à la mer à bien des occasions avant ce jour-ci, il avait fait naufrage une paire de fois sur ce bel océan plein de promesses, il avait rencontré des bêtes mythiques et des hommes féroces qui n'avaient ni les unes, ni les autres, hésité à l'envoyer par le fond, et il savait qu'il y avait certains effets dans la mise d'un voyageur qui ne pardonnaient pas quand on plongeait servir de garde-manger à la poiscaille. Et il avait promis de revenir vivant – cette femme le poursuivrait par-delà la mort s'il ne respectait pas son serment, elle était si acharnée, il savait qu'elle en était capable.
Il se fraya un chemin parmi les matelots, les deux capes sous le bras, le visage fermé. Il avait plus que jamais l'air d'un étranger parmi tous ces Cimmériens qui s'affairaient à leurs postes de tous les côtés, le teint pâle, le cheveu clair, l'uniforme réglementaire. Il se demandait encore comment il parvenait à se faire écouter et respecter par ces soldats du nord. Probablement qu'ils étaient trop disciplinés, trop austères, trop assidus, trop humbles, trop...civiques pour lui reprocher quoi que ce soit en face – les dieux savaient pourtant qu'il leur en donnait chaque jour le motif. Il sourit sarcastiquement et monta sur le château arrière, les cheveux noirs, le visage blond, bruni par le soleil du désert, habillé de la tunique des nomades du désert d'Argyrei, d'un indigo qui tirait sur le noir, qui surmontait une broigne d'écailles, de brassards en cuir et de son vieux pantalon ample. Décidément, pensa-t-il, en rejoignant ses officiers d'un pas alerte, il ne faisait aucun effort.
Il les apostropha sans se formaliser de rien, et fit tourner son regard négligent entre Veto Havelle, Lupen Zen'Rahar, Erwin Baria et le capitaine Eiktabel. Il repéra Malona du coin de l’œil, qui avait heureusement gagné la place qu'il lui avait assignée, et Raven, le corbeau d'Irina, qui s'était perché sur la vergue d'un mât et qui lui transmit par la pensée que les prêtresses avaient commencé le rituel – ainsi que quelques plaisanteries sur ce qui tournait sans cesse dans l'esprit de sa maîtresse, qui le firent sourire moqueusement. Il accorda enfin toute son attention aux quatre officiers en réclamant d'un geste de la main au capitaine du Croc Noir le carnet qu'il lui avait prêté quelques instants plus tôt.

« Bien, maintenant que nous sommes réunis tous les cinq, ouvrez grand vos écoutilles – en particulier vous, Havelle, et vous, Zen'Rahar, car il faudra que vous transfériez ces ordres à la Boréale et à l'Ouragan. D'abord, capitaine, un bilan de nos effectifs ?
‒ Cinq élémentaristes du feu et de la foudre sur chacun des deux ponts, comme vous l'avez demandé. J'ai pris la liberté d'en laisser deux autres en réserve pour chaque équipe, histoire d'économiser leurs forces et de faire des relais.
‒ Entendu. A la fréquence qu'ils jugeront la plus sage pour leur endurance, j'aimerais qu'ils enflamment les boulets de canon, ou qu'ils les enveloppent d'une enveloppe de foudre magique, et que vous me balanciez tout ça sur la bestiole.
‒ Ça demandera pas mal de précautions pour préserver nos pièces d'artillerie... grimaça Eiktabel.
‒ Je m'occuperai de ces dispositions, capitaine, répartit aussitôt Baria, les yeux brillants d'un nouvel enthousiasme, c'est dans mes cordes, vot' bateau sautera pas, faites-moi confiance. A une portée de mille à mille huit cent mètres, vos mages auront besoin de la propulsion et de la précision des canons pour envoyer des projectiles magiques.
‒ C'est ça. Baria les supervisera, acquiesça expéditivement Léogan. Sur le pont supérieur, vous déploierez vos arbalétriers, capitaine, qu'ils se tiennent près à tirer quand j'en donnerai l'ordre.
‒ Ça va de soi.
‒ Dans un premier temps, nous attendrons de voir si le colosse tourne son attention vers le large et les Marins qui le mitraillent. A aucun prix il ne faut lui donner l'idée de se précipiter sur nos vaisseaux et encore moins dans le Lac, nous n'avons pas la place de manœuvrer dans le détroit et les remous pourraient être dévastateurs pour Gaeaf. Il a l'air de s'être stabilisé au milieu du détroit, d'après ce que je vois ici, il doit certainement hésiter à trouver refuge du côté de Gaeaf ou à se retourner contre ses assaillants du large. S'il décide de se replier dans le Lac, nous devrons former un blocus et le pilonner pour l'empêcher de progresser. En revanche, si les choses se déroulent selon le plan des Marins, leur flotte changera de cap et remontera vers le large, poursuivie par le monstre – à ce moment-là jusqu'à ce que nous quittions le détroit, je le répète, nous n'attaquerons pas. Nous suivrons sa progression à distance. Dans tous les cas, nous adopterons une formation triangulaire. L'Ouragan en cabotage sur la côte est, le Croc Noir au milieu du détroit, légèrement en retrait pour bénéficier de la portée de ses canons, la Boréale ici, à nos côtés, et le Trident, aussi proche que possible de la côte ouest. Ça devrait constituer un mur qui garderait cet engin à distance. Capitaine, reprit-il, après avoir lancé un peu vainement son regard au-delà du colosse, des nouvelles d'Oakbrigs ?
‒ Ils ont déployé une armada d'une quinzaine de navires et se mettent en position derrière les Marins de Noxis, à la sortie du détroit. Si nous réussissons à repousser la bête jusqu'au large, ils l'envelopperont pour le rabattre vers Oakbrigs et l'empêcher de prendre la direction de Hellas. La forteresse pourra joindre son feu au nôtre quand cette chose sera à portée de tir.
‒ Très bien... Très très bien, parfait. » marmonna Léogan en s'avançant vers le bastingage et en se tordant les doigts nerveusement, les traits froncés de souci.

Ses yeux noirs, cependant, brûlaient d'une flamme étrange. Ses dents grincèrent et un sourire carnassier s'étira sur ses lèvres. Cela faisait de longues semaines qu'il s'était confiné avec ses hommes à des préparations interminables et à de vulgaires exercices, ils allaient enfin être mis à l'épreuve. C'était là, dans l'urgence d'une bataille où chacune de ses décisions avait un impact, qu'il pouvait développer l'entièreté de ses compétences, que tout son potentiel de destruction avait libre cours, que tout ce pourquoi il avait été fait prenait soudain un sens. Il y avait quelque chose, avec le danger, quelque chose de grisant et d'irrésistible. A cet instant, il ne reniait plus les rayons pâles et froids des deux soleils de Cimméria, qui chatoyaient faiblement sur la proue du Croc Noir, ruisselaient des voiles du bateau et glissaient sur son visage, il ne reniait plus leur langueur insipide et atemporelle, parce qu'au fond de son ventre, un autre soleil enflait, grossissait, incendiait tout sur son passage et avalait dans une bouche de fournaise toute la torpeur écœurée qu'il gardait au fond de lui. Il était comme plein d'une rage meurtrière qui menaçait d'éclater chaque fois qu'il prenait une inspiration. Pourtant quand il parla et se retourna vers le groupe d'officiers et Malona, sa voix crépita, se consuma sur elle-même et lui échappa dans le souffle rauque et bas qui lui était habituel :

« Si nous parvenons là-bas, nous tenterons de l'immobiliser avec le sable, la glace, la roche et la végétation marine. » Il se retourna vers Malona avec un sourire plus éclatant et posa une main ferme sur son épaule pour la tirer près de lui et l'introduire de force dans le cercle fermé des militaires. « En cela, notre invitée nous sera d'un secours avantageux, elle a déjà fait quelque chose de similaire avec un léviathan, il y a de cela quelques mois, et c'est grâce à elle que je peux vous en parler aujourd'hui. Professeur Malona Ilo, experte en... commença-t-il, avec l'air décontracté d'un baratineur qui inventait au fur et à mesure ce qu'il racontait. Botanique, géologie, zoologie, biologie, un truc comme ça ? Bref, elle en sait assez sur le terrain pour nous aider à immobiliser le colosse sans provoquer de catastrophes. »

Il sourit aimablement aux quatre officiers et tapota l'épaule de Malona avec assurance. Il ne savait pas si l'autorité scientifique de la rouquine avait autant de portée qu'il le prétendait avec tout son aplomb et à vrai dire, il s'en fichait pas mal. Tout ce qui comptait, après tout, c'était que s'il décidait aujourd'hui que cette fille était une sommité en géologie et qu'il décrétait qu'elle était celle qu'il leur fallait, elle devenait une sommité en géologie pour tout le monde et sa présence sur le Croc Noir se faisait indiscutable.

« Il est aussi possible, messieurs, reprit-il, laissant traîner Malona entre eux par jeu, qu'une fois hors du détroit, nous ayons à nous approcher dangereusement du monstre. Dans ce cas, il faudra jouer des éperons de nos navires, naturellement... Et... Baria, capitaine Eiktabel, vous avez fait le nécessaire depuis la dernière fois avec... les explosifs ?
‒ J'ai fourni la base navale de Gaeaf en feux grégeois depuis quelques semaines, ouais. » répartit le colonel Erwin Baria, qui dissimulait mal son excitation.

Depuis son voyage de quelques mois sur les côtes de Pharis et à travers Argyrei avec Fenris Skirnir, Léogan avait retrouvé certaines de ses très vieilles connaissances parmi les Eclaris itinérants, les marins du sud et les groupes de nomades du désert – avec qui il avait beaucoup marchandé par le passé, pour beaucoup d'affaires douteuses et de marchandises qui ne l'étaient pas moins. Mais après avoir conclu un accord militaire avec le temple de Bor, Léogan avait continué sur sa lancée et s'était intéressé à des denrées autrement plus meurtrières, dont il avait déjà le projet, tout hors-la-loi, criminel récidiviste, meurtrier et double traître qu'il était, de transmettre à Irina pour lui permettre de mener à bien les batailles qu'elle menait contre les Lanetae. Il avait fini par mettre la main sur la composition et les procédés de fabrication feu grégeois, que les Marins des côtes de Pharis gardaient secret depuis des dizaines d'années, et qu'il avait recueilli auprès d'un vieil alchimiste dans une taverne d'un petit port des berges dorées. Il avait suffi de le faire boire, boire jusqu'au bout de la nuit, lui débiter son boniment, sourire d'un air vaguement encourageant et écouter ce qu'il avait à dire quand sa langue s'était déliée.
Il avait ensuite écrit à Baria, l'un des seuls militaires cimmériens en lesquels il avait une confiance absolue, et qui était son maître pyromancien et son expert en explosif du temps où il était colonel de la garde prétoriale. Baria, encore major quelques mois plus tôt, s'était alors prêté à des expériences critiques dans le désert de glace, jusqu'à mettre parfaitement au point la formule. Aujourd'hui, il détenait les secrets du feu grégeois, qu'il avait transmis à certains de ses apprentis, et qu'il fabriquait avec eux massivement à destination de la Marine et des corps d'infanterie.

« Nous en avons une dizaine de pots en terre et des grenades à mains dans un compartiment sécurisé de la cale, reprit le capitaine Eiktabel. J'ai veillé à ce que les trois autres navires en aient également en réserve, en prévision d'une attaque de Mavro Limani...
‒ Et la météo ? coupa sèchement Léogan, le nez levé depuis quelques secondes vers le ciel dégagé, avec une moue de méfiance.
‒ Rien à craindre de ce côté-là, les tempêtes de cette semaine ont dégagé le ciel, c'est du beau fixe. Disons que le vrai problème, c'est la mer qui est loin d'être calme, à cause de cette grosse coquille de noix qui flotte là-bas, je vous rappelle.
‒ Vos aquamanciens tenteront de stabiliser nos bâtiments. S'ils y arrivent, nous pourrons bombarder le colosse de feu grégeois, ça devrait le chatouiller un peu... souffla Léogan, avec un petit sourire.
‒ Oh j'y compte bien... ! s'exclama Baria, qui quant à lui eut un éclat de rire qui ressemblait à un aboiement de chien enthousiaste.
‒ J'ai six matelots qui peuvent matérialiser des boucliers, aussi, c'est pas grand-chose, mais en cas de confrontation directe avec la bestiole, ça sera toujours utile... reprit le capitaine, avant d'être à moitié assailli par un volatile auquel il envoya un coup du plat de la main et lequel remonta dans le ciel en croassant de mécontentement. Mais qu'est-ce que c'est que ce... ?!!
‒ Ah oui, remarqua Léogan en suivant Raven du regard, avant de lui offrir l'appui de sa main. Ne chassez pas ce corbeau, c'est l'oiseau de la Grande Prêtresse, il nous servira d'intermédiaire avec la terre ferme. »

D'un envoi sec du poignet, il permit à Raven de reprendre son envol pour transmettre le détail du plan qui venait d'être exposé à sa maîtresse. Il le regarda monter dans le ciel bleuâtre dans un battement d'ailes noires et se laisser porter dans l'air froid du Lac Gelé jusqu'aux ruelles de Gaeaf. Pendant un instant, il se sentit éteint et vide. Il pâlit un peu et son regard retomba sur le pont sans le voir.
Le Croc Noir avançait à bonne vitesse sur l'onde grinçante du détroit. Bientôt, le navire arriva à hauteur d'amarrage de la Boréale et on jeta une passerelle entre les deux ponts pour faire passer le contre-amiral Zen'Rahar et les hommes qu'il souhaitait garder avec lui du galion à la frégate. Puis les deux vaisseaux s'avancèrent dans le détroit et la Boréale doubla le Croc Noir pour trouver sa place dans la formation prévue, tandis qu'on permettait au lieutenant Havelle de passer sur l'Ouragan. Pendant ce temps, Léogan qui avait assez parlé pour les semaines ou les mois à venir, était redevenu une ombre taciturne et empressée sur le château arrière du bateau, près de la barre et du capitaine qui menait son bâtiment d'une main de fer. Il avait déniché une échelle de cordes comme il l'avait promis à Othello, l'avait solidement attachée au bastingage et jetée à l'eau. Elle glissait désormais dans le sillage du lourd galion et Léogan guettait, la tête penchée vers l'abîme, ses yeux noirs et froids dans l'eau noire et froide du Lac, de voir émerger une sirène.

Résumé et liens vers les différentes parties du post :


Dernière édition par Léogan Jézékaël le Jeu 9 Avr - 15:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Avr - 23:18


Le Réveil

Event

En temps de crise la plupart des gens s’en remettait à quelques rares figures de proue, au même titre qu’on cherche un phare lumineux lorsqu’on est perdus en pleine tempête. Irina avait souvent été forcée à occuper cette position délicate ces dernières années, parce qu’il n’y avait personne d’autre plutôt que parce qu’elle était faite pour ça. Quand bien même elle occupait désormais le poste de grande prêtresse, il était clair pour ceux qui la connaissaient qu’elle détestait ça. Elle était une femme d’action qui ne jurait que par le concret, pas une égérie sage et charismatique, qui distribuait sans mal sourires et bénédictions de Kesha. C’est peut-être pour cette raison qu’il lui était plus facile de s’intégrer au tableau de désolation qui défigurait Gaeaf, le bourg hivernal qui n’avait plus rien de tranquille. Aussi triste qu’il soit de le dire, elle était plus familière de la faim et du besoin que des beaux atours à la mode. Irina était une simple Cimmérienne, élevée et façonnée par la rudesse de la montagne, pas par les changements subtiles des forêts de l’est ou la quiétude nonchalante des plaines méridionales. Et sa vision du monde était à l’image de sa nature : objective et aussi lucide que possible, pragmatique et tranchée.
Une attitude qui plaisait habituellement aux militaires, qui n’avaient plus à hésiter ou piétiner en attendant des directives claires. Les soldats Eridaniens n’avaient pas fait exception, bien que leur comportement en général et surtout l’insolence latente de leur drôle de supérieure ne soient pas passé inaperçus. Comme elle l’avait annoncé, Irina ne s’en était nullement formalisée -notamment par manque de temps à accorder à ces trivialités- mais les quelques pêcheurs et autres religieux avaient été profondément choqués par ce manque de respect. Kallen avait serré les dents pour se retenir de la remettre à sa place, mais Arthwÿs avait rétorqué sèchement un ‘C’est Dame Dranis. Vous vous adressez au chef d'État de Cimméria et à la dirigeante de l'ordre de Kesha, soldat.’, qui avait eu le don d’apaiser un peu les moues agacées alentour, mais pas les regards en biais. Ceci dit l’altercation ne se prolongea pas et les étrangers s’en furent à leurs nouvelles occupations, ce qui soulagea grandement la rouquine, qui se rassembla avec ses sœurs après avoir confié le commandement au Lhurgoyf toujours aussi propre sur lui.

Bien entendu elle n’avait pas manqué de remarquer la présence de la femme éplorée, qui l’avait depuis lors suivie partout comme un familier confus sur la marche à suivre, et ce bien qu’elle l’ait clairement congédiée de la façon la plus cordiale possible. Le tout sans même lui donner son nom, à croire que la tradition se perdait à l’étranger... Car il ne faisait aucun doute à ses yeux que pour frissonner comme ça et ne même pas reconnaître le bâton de la Grande Prêtresse, l’inconnue n’était pas de la région. Irina soupira et regarda le ciel en se demandant sincèrement ce qu’elle avait fait au panthéon sacré pour qu’on lui flanque tous les paumés du coin dans les pattes. Enfin au moins la demoiselle savait garder le silence et ne lui piaillait pas dans les oreilles toutes les deux minutes, c’était déjà ça. Après de brèves instructions, Irina ressortit avec ses subalternes et leur fixa un point de rassemblement au centre du port, en un des rares points encore au sec. Un rictus amusé plissa ses lèvres, tandis qu’elle prit la peine de tout de même répondre à Elië.

« J’attends quelqu’un, si on veut… oui. Un beau mâle au regard de braise, auréolé d’un noir de jais magnifique ; d’un physique irréprochable et d’une vive intelligence, un des rares à pouvoir me supporter. Un spécimen remarquable si vous voulez mon avis. Un mâle, avec un bec et des plumes. »

Elle ne se désarma pas de son sérieux, et demanda à Arthwÿs d’assigner quelques hommes à leur protection, puis s’arrêta pour regarder le ciel, où son corbeau ne tarda pas à apparaître, battant agilement des ailes pour venir se poser sur son bras, puis monter sur son épaule, son perchoir préféré. Ce dernier lui transmit alors une série d’informations par télépathie, garantissant ainsi qu’elle en soit la seule détentrice. La rouquine ferma les yeux un instant, laissant les visions des gens présents sur les navires envahir son esprit. Entrant dans une transe de quelques secondes, elle sembla néanmoins satisfaite par ce qu’elle y vit. Rouvrant les yeux au croassement de son familier, Irina lui ronchonna de patienter.
Renvoyant aussitôt le volatile avec une autre mission, elle manda Arthwÿs, faisant attendre le sindarin blond et le gamin hyperactif avec qui il discutait. De sommaires présentations furent faites, avant que le militaire ne prenne la peine de faire de même avec leur dernier ‘invité’. Rassurée à l’idée que son second ne l’aurait jamais interrompue si ça n’en valait pas la peine, la nordique invita Gareth à parler librement. Elle sourit néanmoins à la mention de la perte de son carnet, et ne se gêna pas pour médire.

« Je parie cent dias que le général vous l’a piqué. Ça fait bien son genre. » C’était un drôle de discours dans la bouche d’une personnalité, mais elle ne s’en souciait pas. Tous ceux qui avaient croisé messire Jézékaël le comprendraient sans peine. Elle en revint à son interlocuteur, qui avait l’air concentré et posé de celui qui sait ce qu’il raconte. Ils discutèrent un moment des formalités techniques, larguant la moitié des présents dès le début de la conversation. Qui que soit cet homme, ils leur devaient une fière chandelle et en plus du reste il semblait bien moins empoté que la plupart. Un architecte doué de géomancie, un scientifique un peu trop zélé ? « J’ai cru comprendre que c’est à vous qu’on doit les nouvelles digues. Vous voulez bien me donner des détails ? Kallen, vous avez une carte et de quoi écrire ? » Ce dernier acquiesça et partit fouiller dans les bureaux de la tour de guet, revenant rapidement avec un vieux parchemin et un bout de charbon, qu’il lui tendit. « Bien. Ce n’est pas vraiment à jour mais ça fera l’affaire, ce sont les grands axes qui m’intéressent. Dessinez-moi l’emplacement des digues et si vous les connaissez, les endroits qu’elles protègent le moins. Je peux renforcer les points névralgiques par des boucliers magiques, mais j’ai besoin d’un plan d’action le plus précis possible. On ne tiendra pas éternellement. » Elle fronça les sourcils mais enregistra mentalement ce qui était inscrit. « Bien, je vous laisse planifier les emplacements en compagnie du colonel, j’ai encore quelques préparatifs à faire avant le rituel. Je sers de vecteur humain à toute l’essence divine. J’ai besoin de me purifier et de m’isoler avant le moment de vérité. » Elle se tourna légèrement afin de s’adresser à lui ainsi qu’Elië, qui était toujours là. « Je vous retrouve sur place, si ça vous intéresse de vous impliquer encore. »

Elle fouilla dans sa sacoche en même temps, vérifiant qu’elle avait l’essentiel... Mais ça ne suffisait pas. Irina griffonna une liste de fournitures magiques et de catalyseurs qu’elle confia à Kallen, qui n’était pas enchanté à l’idée de la laisser seule. « Donnez ça à Isköld, il saura quoi en faire. Dites-lui aussi que j’ai besoin de lui sur le terrain de toute urgence, et d’envoyer Koha prendre le relais dans la surveillance des enfants. Je vous rejoindrai au point de rassemblement. » Il lui restait peu de temps, il lui faudrait accélérer si elle ne voulait pas manquer le rendez-vous qui lui avait été fixé. Prenant congé par une courbette réflexe, elle s’écarta à grandes enjambées vers les ruelles les moins accidentées, et la résidence officielle des prêtresses. Néanmoins dès qu’elle fut à l’abri des regards elle bifurqua rapidement entre deux masures désaffectées et fila droit vers le port par un raccourci qu’elle connaissait bien. Pataugeant par endroits inondés, elle arriva à l’endroit indiqué tout en râlant tout bas de l’urgence dans laquelle ils étaient constamment plongés.
Et puis ce fut l’attente, Raven montant la garde depuis les hauteurs pour s’assurer que personne ne les rejoindrait pour jouer les trouble-fête. Plus nerveuse qu’elle ne l’avait été de toute la journée, Irina observa les hauts mâts du Croc Noir, qui déchiraient le ciel au-dessus de sa tête tels des doigts interminables. Peut-être qu’un jour ils arriveraient à mener une vie normale, loin du tumulte et de ces événements surréalistes qui leur tombaient sans cesse dessus. Peut-être qu’un jour ils pourraient simplement vivre ensemble dans une belle maison, et élever leur fils sans le poids des contraintes. Ou alors ils partiraient sans se préoccuper du reste du monde, sans destination ou limites. Peut-être… Oui. Mais en attendant ils étaient coincés là, combattant une chose immense dont ils ignoraient jusqu’à la provenance ou les points faibles. Elle rêvassa là pendant une paire de minutes, la boule au ventre et l’appréhension lui bloquant la gorge, lorsqu’elle se fit surprendre. Tirée sur le côté, elle se débattit par instinct jusqu’à être finalement mise devant les prunelles brillantes de Léogan. Figée tout à coup, elle soupira de soulagement. Lui et ses fameuses entrées en douce…

Elle voulut le traiter d’imbécile ou se jeter à son cou, mais resta immobile comme une statue, les yeux braqués sur les siens. Son expression se détendit bien un peu au petit rire qui l’accueillit, comme retrouver ses marques lui prenait un certain temps. Néanmoins elle savait déjà qu’il allait lui annoncer qu’il devait partir une nouvelle fois, qu’il devait se jeter dans la gueule de la bête dans un de ces géants de bois et d’écume, qui lui paraissaient tout à coup incroyablement fragiles. Irina déglutit à cette pensée et combattit la pulsion de lui demander de rester. Ils partaient, ça elle le savait déjà. Elle sourit avec tristesse et fronça le nez en acquiesçant pour toute réponse. Ses doigts se perdirent machinalement dans les plis de son col, s’imprégnant de cette proximité fugace qui pourrait être la dernière. Sa gorge était si nouée qu’il lui devenait presque impossible articuler quoi que ce soit.
Irina n’avait aucune idée de ce qu’elle était censée répondre, de quelle était la marche à suivre en de telles conditions. ‘Ça va aller, je m’en sortirai.’ ? ‘Traîne pas trop sur le chemin du retour.’ ? ‘On se revoit bientôt.’ ? Tout ça lui paraissait futile à souhait. Ses traits se firent plus durs tandis qu’elle hésitait, le doute s’envolant seulement lorsqu’ils se retrouvèrent à travers un baiser à l’abri des regards. Elle l’attira plus près et explosa à son contact, laissant parler la frustration à travers la force exigeante qui l’animait. Sa main se posa sur la nuque masculine, plus pour le sentir que pour le retenir. Cela n’aurait pas de sens de rendre les choses encore plus difficiles qu’elles n’étaient, et de toute façon les larmes n’étaient pas de son registre. Elle le laissa reculer en souriant avec sarcasme lorsqu’il lui demanda de garder espoir.
« J’attendrai. » Son regard se fit fuyant, tandis qu’il reculait petit à petit. « Je vous… Je m’occupe de tout en attendant votre retour, alors faites en sorte de rentrer entier. » Et ce fut tout, une bref échange de quelques minutes à peine, plus physique que verbal, qui en disait pourtant très long. La crinière de Léogan disparut entre les voilures déchues et il s’en fut sur le front sans se retourner, clôturant ainsi une énième séparation pour une durée indéterminée.

Irina jura contre sa propre mollesse, les pensées aussi éparses que les ruines du vaisseau qui ne naviguerait jamais plus, et rebroussa chemin sans attirer l’attention. Il lui restait bien des choses à faire, et il fallait bien que quelqu’un veille sur Aemyn. Se servant de son fils comme d’une ivresse incontournable pour la pousser en avant, la jeune femme fit le vide dans son esprit au fur et à mesure qu’elle marchait. Cela n’aurait pas de sens de se rendre malade pour les choses qui n’étaient pas de son ressort. Au lieu de cela il fallait qu’elle se concentre sur le reste, sur ce qui était à sa portée. Elle ne tarda pas à apercevoir des visages contrits et plus ou moins tendus des pêcheurs, et des quelques curieux qui sentaient que quelque chose se préparait. Heureusement la plupart avait trop peur pour s’approcher du port et encore plus de l’eau, ce qui leur laissait de la marge de manœuvre, au moins en principe.
Un petit autel de laiton avait été déplacé au nord de la place principale, leur offrant une vue dégagée de la mer. Autour de ce dernier il n’y avait rien, pas de fioritures ou de sièges. Rien si ce n’est une statuette en pierre de Kesha, et un tas d’objets rituels qui avait été préparé conformément à ses instructions. Isköld l’attendait impatiemment, accompagné des dix autres jeunes femmes du groupe. Lui et Kidia seraient les lanceurs du sort, alimentés par Irina qui agirait comme une batterie d’essence divine, un vecteur transmettant la puissance magique des autres religieuses, et éventuellement de tout autre volontaire qui se présente. Chacune des terranes avait son catalyseur, et celles qui n’en avaient pas besoin étaient visiblement prêtes également. Il ne restait plus qu’à commencer.

Les yeux braqués sur l’horizon gris qui recelait le monstre qui avait cessé de hurler depuis un moment, Irina se lava les mains et le visage dans une bassine d’eau claire, se purifiant avant de brûler deux bâtons d’encens au pied de l’effigie de Kesha. La foi n’était pas nécessaire à ce rite qu’elle n’avait jamais entamé avant, mais ce serait une bonne façon de plonger tout le monde dans la concentration nécessaire à la réussite d’un plan aussi audacieux. Pour elle principalement, il était devenu vital d’ancrer ses deux pieds sur terre afin de ne pas être distraite au mauvais moment. De plus s’il y avait bien un moment où il était nécessaire de marquer les esprits, c’était maintenant. Ils n’avaient rien à perdre, de toute façon. Isköld en appela aux mages volontaires de la façon la plus silencieuse possible, tandis que les religieuses reprirent en canon la prière que psalmodiait Irina. Les préparatifs ne seraient pas bien longs… mais pour l’instant tout dépendait des prochains mouvements du Colosse.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 8 Avr - 16:13

    Et revoilà le Lupen perché sur son mat, mais qu’ais-je donc fais pour mériter ça ? J’en sais rien, j’en doute, en tout cas ce malfrats et sa suite épique de faute diplomatique me colle toujours à la peau alors qu’il est tranquillement perché sur son mat et se fond avec l’équipage quelques secondes pour ne pas perdre la face, car contre toute attente il finit vite par comprendre que c’est décidément pas ça place, que ça ressemble foutrement à de l’ingérence et qu’il s’enfonce et risque si il continu de creuser plus bas que terre de tiré l’opprobre sur Arghanat, même si je doute qu’il sache ce que ça veut dire il a une vague idée du fait. Il se fait donc rapidement petit, enfin autant qu’un Zélos en armure lourde peut se faire petit, et descend avec l’agilité d’un marin aguerrie, mais en armure lourde, bien que fabriqué par Brom. C’est un peu comme un rhinocéros, même avec des bas résilles et une crinière multicolore ce n’est ni une licorne, ni sexy mais on ne peut lui retiré une certaine efficacité dans ses action que ce soit sur le mat où lors de sa rapide descente où il ne gène personne contre toute attente et aux plus grands étonnements de ceux qui l’ont déjà croisé et vue sa largeur et ses largesses comme on dit pour faire jolie et politiquement correcte.

    Le problème de Lupen, tergiversons sur cela pendant que notre croisement entre un hippo et un singe, concevant l’agilité du singe et la grâce de l’hippo dans cet environnement particulière que sont les arbres et les antennes d’une galère, ou plutôt les mats car c’est un navire … Le problème disais-je c’est non pas tant cette histoire de stupidité crasse, car il n’est pas, mais cet espèce de mélange infâme entre une face plus qu’importante qu’il ne peu se permettre de perdre, et une absence critique de diplomatie avec un discourt franc et butté. Ce n’est donc qu’a force de longue réflexion, de bruit des vagues et autres que ce menue crétin peut revenir sur de telles actions.
    Un problème me direz-vous, pour moi oui, pour son travail pas plus que ça il est couvert par le Duc d’Arghanat, posé là au milieu du monde, il porte la même face que ces soldats, un coté stupide mais droit, normalement ceci est vite caché par la discipline parfaite mais la xénophobie ridicule des Arghanatien fait qu’un capitaine ne peu être qu’Arghanatien … Voilà qui est fort triste mais qui devra être pris en compte, surtout dans les temps future, si ces hommes sont des éclaireurs, d’habilles hommes entrainé dans les hautes montagnes qui couvrent plus de la moitié de la province où ils chassent. Ils n’en sont pas moins de cette même province dans laquelle le Duc lui-même à inscrit depuis plusieurs centaines d’années cette haine et ce rabais de l’étranger ainsi que l’importance d’une face. Ce qui dans le cas de Lupen dégénère bien souvent.

    Il n’empêche cela faisait de lui un bon chef de pègre, un excellent capitaine d’escadre dans le cadre d’un escarmouche et un foutrement mauvais contre-amiral mais cela n’était plus à démontré après ces actions d’éclats.
    Et alors qu’il se rassemble parmi ses hommes dont le sourire montre la fierté d’être dirigé par un homme aussi stupide que lui et le manque critique d’intelligence diplomatique il les rassemble, leur explique ce qu’il a vue de là haut et les mouvements des différents navires ainsi que leur placement respectif sur le Boréal car si l’homme était réticent Lupen avait une notion particulière de la rigueur qu’il n’appliquait qu’à ses subordonné et pas vraiment à lui-même. Comme quoi on est encore loin de ce personnage dépréciable au possible.

    C’est donc à ce moment là qu’il se fait apostropher par son Général et fait un effort pour l’écouté sans commentaire, ce qui devient rapidement normal et son visage change du sourire narquois d’adolescent en pleine crise à un visage calme de militaire habituer alors que la mécanique bien huilé mise en place par son supérieur hiérarchique actuel se dévoile. Il y trouve un petit coté serpentesque qui le rassure et se pose calmement oubliant l’histoire de l’amarrage qu’il avait trouvé des plus honteux à juste raison ou non bien qu’il n’ai plus eut qu’une seule et unique corde à arrimé pour que tout soit fait dans les règles.

    Et c’est donc après ces longs débats et alors que tout le monde se dirige à son poste qu’il interpelle son général et déclare rapidement :


    -“Bien mon Général, je vais mettre au fer nos querelles aussi stupide que moi et tenter de garder ce sang Arghanatien loin de mon cerveau autant que dans mes veines. Pour le reste j’aimerais que vous m’en disiez plus sur ce capitaine de la boréal qui semble vous avoir causé tant de souci. Et ne vous en faites pas pour votre navire, il abritera les hommes de la première phalange, je le défendrais au péril de ma vie …”

    Il avait retrouvé un ton militaire qui semblait l’étonnez lui-même et qui m’étonne surtout moi, plus de chiwawa, plus de rhino, plus d’hippo, on me vole mes derniers plaisirs, enfin toujours est-il qu’en disant cela il tendit la main vers léo, l’écoutant avec sérieux et finissant par se poser à l’approche du bastingage prêt à accomplir sa mission dans les règles de l’art d’Arghanat. Avec autant de brio qu’il en est possible à une élite formé pour la guerre, quelque soit la stratégie.

    Alors que le pont est lancé il se jette dessus avec ses hommes rapidement pour que les bateau puissent prendre position le plus vite possible les marins étant déjà passé à l’assaut le temps est compté. Et si il ne le dit pas, dans ses yeux on peu lire un classique “A l’’abordage !” Alors qu’il se retourne vers le grincheux sindarin :


    “Bonne chance général, et si vous n’êtes pas vraiment pour Arghanat disons pour le vieux forgeron. Pour ces belles armures et ces armes qu’il nous a faites et pour que vous puissiez essayer plus tard ce qu’il vous à apprit.”

    Rapidement les hommes se dispersent sur le pont et Lupen monte à la poupe sur le château où il distribue les ordres et expose le plan avec le plus de précision possible. D’un coin de l’œil il vérifie que tout ses hommes sont en place, ils sont surtout là pour jugulé un marin turbulant, pas vraiment pour faire le reste. Mais il ne sera pas dit que si l’assaut est lancé les hommes d’Arghanat ont fuit, non ils seront en première ligne sur le bateau, que ce soit pour la défense ou l’attaque en attendant, comme tout bon militaire ils savent ronger leur frein.

    Laissant donc deux de ces hommes à la gouverne et autour du capitaine le contre amiral monte à la proue et poser sur le gaillard d’avant il contemple le montre quelques secondes, regarde le beau navire dont ont lui fait grâce avant d’enfin préparé les hommes qu’ils à pris avec lui, uniquement la première phalange, qu’il réparti comme il se doit pour ne pas gêner les marins de métier.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Avr - 20:28

Elië n’avais jamais eu besoin de guide qui lui dise que faire. Solitaire jusqu’à la pointe de ses cheveux, elle ne partageait sa vie qu’avec ses clients en de brèves étreintes. Les autres n’étaient en somme que des ombres qui croisaient sa route. Une personne avait une fois pris plus d’importance, trop se plaisait-elle à dire, mais elle avait repris sa route et n’avait plus donné de nouvelle. Son seul guide avait alors été, depuis les quelques mois qu’elle arpentait ce monde, son hôte originel à qui elle vouait un amour sans limite et qui à ce qu’elle savait lui vouait la même affection quitte parfois à la déchirer dans des pulsions contradictoires. Elle avait eu la chance d’investir un être qui ne semblait jamais avoir manqué de rien, malgré une vie jalonnée parfois de désespoir. Elle s’était forgé maintes qualités d’aventurière pour satisfaire ses différentes activités et y exceller même parfois, mais à chaque pas elle avait le choix de poursuivre ou d’abandonner, d’accepter et de refuser. Ses premiers mois de vie citadine avait été surtout marqués par le luxe et les plaisirs en tout genre, en même temps que par un entrainement intensif. Ces derniers même étaient devenus une part des plaisirs qu’elle dégustait à chaque fois qu’elle atteignait un palier et qu’elle parvenait à réinvestir de nouvelles compétences dans ses activités de Ladrini, comme des exercices de style, la fantaisie qui venait pimenter les contrats qu’elle acceptait. Aussi rien d’étonnant à ce que la catastrophe du bourg du Nord l’ait prise au dépourvu et l’ait un instant submergé de tout ce qui lui était jusque-là inconnu : la violence dirigée contre elle, le chao et l’imprévu et pour la première fois, la peur de mourir. La grande prêtresse était donc tombée à point nommé pour la secouer et la faire sortir du marasme dans lequel les évènements avait su la plonger. En outre son charisme n’avait pu que l’intriguer et susciter son admiration son envie même en plus de ses talents de guérisseuses qu’elle se prenait à imaginer comme étant les siens, élucubration farfelue pour une égocentrique notoire. Cependant, les picotements qu’elle avait ressentis durant l’observation des soins magiques qu’elle avait observés n’avait fait que renforcer comme la préscience de que quelque chose qu’elle avait en elle, mais était resté enfoui jusque-là. Rien d’étonnant à cela, le complexe de l’infirmière ne faisait pas partie des émotions dont elle était accoutumée. Une seule fois elle avait essayé de venir en aide à un blessé après une rixe nocturne dans une obscure boutique et d’autres émotions avaient largement pris le dessus. Le matérialisme qu’elle vivait jour après jour s’était de fait très bien fait à la fréquentation d’une prêtresse qui n’en faisait pas des tonnes autour de ses croyances.

Elië avait observé toujours en retrait sa façon de se glisser entre les vagues et les embûches que la catastrophe n’avait pas manqué de semer dans le paysage, mais aussi dans les esprits. Aucun doute, elle savait sérier les problèmes, faire la part des choses et ne s’attarder que sur ce qui en valait la peine. Aussi l’aise au chevet des blessés que dans les rapports diplomatiques, décidément Irina Dranis avait de multiples talents qui ne pouvaient que fasciner la rouquine courtisane.

La dernière chose qu’elle put observer fut les regards que les gens, petites gens surtout portaient sur elle. Il en disait long à la fois sur l’admiration et une sorte d’affection qu’ils lui portaient. Elle avait déjà dû faire ses preuves à leurs yeux.

*Rien que le sauvetage tout à l’heure…
_ Tu ne serais pas un peu jalouse ma chérie ?
_ Jalouse ? Jalouse de sa condition ? Certainement pas ! Tu imagines les obligations ? Toujours sur la brèche, toujours dévouée, jamais faire de faux pas, jamais penser à soi !
_ En effet, nous sommes incapables de ce genre de chose.*


Curieuse d’en savoir plus, elle avait suivi la représentante de Kesha sur terre. Cette curiosité avait au moins l’avantage de lui faire oublier la situation dans laquelle, en venant ici pour des motifs plus que personnels, elle s’était retrouvée bien malgré elle.

*Ceci dit, je suis sûre que ça ne te plait pas beaucoup de na pas être le centre des regards comme nous en avons l’habitude.*

Elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel de dédain. Dédain destiné à cette dernière intervention de la Sindarine toujours nichée dans quelque recoin de son cerveau, mais que les gens autour auraient très bien pu très mal interpréter…

*Pour que les traines savate en tout genre viennent me demander une aide que je ne serais pas en mesure de leur offrir même si j’en avais envie ?... Très peu pour moi !*

Elië fut presque surprise de se voir répondre par la prêtresse mais à l’arrivée du corbeau elle comprit la plaisanterie et ce qu’elle commençait à soupçonner devint une évidence. Sa présence n’était plus nécessaire à cet endroit et elle pouvait reprendre sa liberté, perspective qui ne pouvait pas la chagriner hormis la manière un peu… Comment dire… grinçante de le lui faire comprendre… Elle se contenta de plisser ses lèvres en une moue un peu dépitée et de lancer un regard vindicatif au corbeau. Ne pas être le centre de tous les regards soit, mais son orgueil avait du mal à se sentir aussi second couteau, aussi inutile.

*Ouuuh ! Ca on a du mal à encaisser n’est-ce pas mon amour !
_...
_ Ça mérite…
_ Ca ne mérite rien du tout !!!*


Elle ne savait pas trop ce qui l’offusquait le plus : réaliser son inutilité ou sentir le rouge du dépit lui monter au front, elle qui savait si bien d’ordinaire masquer ses émotions. Elle se détourna afin de cacher son trouble.

« Je vous retrouve sur place, si ça vous intéresse de vous impliquer encore. » Ça sonnait comme… Comme un truc qu’elle n’aimait pas mais elle savait que c’était plus sa susceptibilité qui venait d’en prendre un coup et qu’elle serait forcément injuste en essayant d’analyser les intentions de la prêtresse qui visiblement cherchait à s’éclipser sans compagnie. Elle la suivit du regard pour la voir bientôt disparaître et jeta un regard alentours. Elle ne savait pas trop si elle avait encore envie de s’impliquer, mais l’inaction serait pire que tout. Elle n’aurait plus qu’à compter les minutes entre les râles de la créature au large et faire le décompte du temps qu’il pouvait bien rester avant la prochaine vague. La seule bonne nouvelle semblait être la lenteur relative du monstre qui devait prendre le temps de mouvoir la montagne qu’elle constituait à elle seule.
Elle commença alors à descendre vers le port. N’étant responsable que de sa personne, elle n’avait pas à se soucier de quelconques préparatifs ou matériel à apporter et se retrouva donc au lieu de rendez-vous la première. La première pas tout à fait car nombre de personne s’agitaient mais non pour le transfert de magie. Les soldats de tout poil les officier semblaient effectuer un balai dont eux seuls semblaient connaître le sens. Au milieu une fillette attira son attention, quasi immobile elle jetait des regards apeurés et perdus autour d’elle visiblement elle était en état de choc et incapable de prendre une décision, étourdie en outre par l’agitation qui régnait autour d’elle et qui ne semblait pas la concerner ni la prendre en considération.

*Que fait cette écervelée ici ?!*

Elle se dirigea vers la gamine. Elle pouvait avoir 8 ou 9 ans. Ces vêtements indiquaient qu’elle devait être du cru et de condition modeste, fille de pêcheur ou de marin… Elië agita ses mains devant elle comme une meneuse d’oies qui cherche à faire avancer ses oiseaux devant elle.

« Allez ! Faut pas rester là, c’est bien trop dangereux ! »

La petite restait figée au milieu de la place. Le regard de plus en plus hagard.

*Ça c’est de l’autorité ou je ne m’y connais pas…*

Comme si son expérience avec Thalie ne lui avait servi à rien elle prit la petite par les épaules pour la secouer.

« Allez ! File ! Ce qui se prépare n’est pas pour les enfants ! »

Ce n’était pour personne à l’évidence et elle se demandait si c’était pour les courtisanes plus que pour les fillettes égarées. Une larme perla aux paupières de l’enfant. La rouquine leva les yeux au ciel.

*Ok ! Je sais ! Je n’ai pas mis les formes !
_ Bel éclair de lucidité !*


Elle s’agenouilla dans la boue parfumée à la vase et à l’iode qui recouvrait l’endroit et dans laquelle étaient déjà plantés les pieds de la gamine.

« Comment tu t’appelles ? Hein ?...
_ …
Tu as bien un nom… »


Machinalement elle essuya du pouce une larme qui coulait pathétique sur la joue enfantine dessinant un sillon clair dans la saleté sans doute récupérée lors de la catastrophe et qui maculait son visage pale. La petite ne répondait pas ce qui avait le don d’exaspérer la rouquine qui se demandait déjà pourquoi elle se souciait de ce petit bout de vie qui serait sans doute bientôt balayé par ce qui s’approchait.

*Maintenant ou un peu plus tard…
_ Quelle belle preuve d’optimisme !
_ Que veux-tu qui lui arrive à part finir engloutie par une vague ou par le gueule de ce truc ?
_ Vu comme ça évidemment…*


Elle soupira devant le silence obstiné de la fillette. En même temps, quelle importance son nom c’était bien une question d’adulte ça ! Une adulte qui ne savait pas trop par quel bout prendre le problème. Elle lui aurait bien envoyé une gifle pour la faire redescendre parmi les vivants, mais elle n’y était déjà que trop… Elle ne savait vraiment que faire alors elle se résigna à tenter ce que la mère d’Elië faisait en cas de gros chagrin, il y a de cela plus d’une vie, mais le souvenir en était apparemment bien vivace… Elle prit le petite dans ses bras et lui passa la main derrière la tête pour l’enfouir au creux de son épaule. Elle se mit alors à lui murmure des choses sans intérêt mais qui la ramènerait peut être…

« Tu as vu tout ce charivari ? C’est pas trop le moment de rester ici… Je suis sûre qu’il y a des gens qui te cherchent… Les gens sont montés là-haut pour se mettre à l’abri… C’est là que tu devrais être. "

Derrière la fillette, l’autel et les préparatifs pour la défense du port s’organisaient.

« Je t’y accompagnerais bien, mais il y a un gros méchant qui a pris rendez-vous avec moi »

La petite se décolla alors de la poitrine de la femme.

« Tu vas le chasser ? »

Elië ne put réprimer un sourire un peu triste.

« Tu as vu tous ces gens qui courent partout ? Et bien si on s’y met tous ensemble, il n’ »a aucune chance ! »

Elle n’y croyait à vrai dire pas beaucoup, mais elle y avait mis toute la conviction dont elle était capable.

« Mais on sera plus efficace i on sait que les enfants ne risquent rien parce qu’ils se sont mis à l’abri. Tu comprends ? »

Le hochement de tête de la fillette finit de rassurer la courtisane. Doucement elle la retourna pour le mettre face à la direction du camp des réfugiés.

« Tu vois là-haut ? »

Elle pointa les hauteurs du bourg.

« Là où la vague n’a pas réussi à tout détruire, il y a des gens qui s’occuperont de toi… Allez cours ! Il faut vite les rejoindre… »

La gamine fit deux pas hésitants puis accéléra sa course et disparut dans la rue montante tandis que la femme murmurait :

« Allez cours et sauve ta petite vie »

Lorsqu’elle reporta son attention au centre de la place, la grande prêtresse était en train de finir ses ablutions, rituels dérisoire mais qui peut être aurait toute son importance au moment crucial…
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMar 14 Avr - 4:44

’’Avertissement’’:

Que devient l’homme une fois que l’on brise son corps ?  Devient-il alors un esprit errant sans carcasse à habiter ? Il est facile de briser les os d’un homme, de le faire saigner, mais de détruire son esprit, cela est bien différent.  Une fois que l’on fracasse la raison d’être d’un homme tel on casse  un miroir avec un marteau, ce qui en reste n’est rien d’autre que des morceaux sans véritables valeur.  Un homme ainsi brisé ne possède alors plus la capacité d’utiliser tout intellect qu’il possédait avant le coup de marteau de façon constructive, il ne fait que sombrer, tomber accueillant l’abysse comme étant la dernière couverture pouvant le protéger du monde qui l’entoure.  Il tombe, de plus en plus profondément attendant de toucher le fond.  Toutefois il possède toujours un peu d’espoir, oui l’espoir qu’une fois que son être entrera en collision avec le fond, qu’il s’agira de la fin des milles et un tourment.  Oui, l’homme sans avenir accueil avec espoir la fin de l’abysse, sans véritablement savoir quand il touchera le fond. L’homme détruit spirituellement à tendance à tenter d’accélérer sa chute afin que la fin soit rapide et avec un minimum de douleur.


C’est pour cette raison que notre rustre, un baroudeur sans vertu, avait tant cherché à provoquer la furie du chien du gouvernement.  Qu’il avait tenté de provoquer le dernier coup de marteau !  Oui, il désirait forcer la main de celui qui avait su tenir le marteau, ou du moins d’une des nombreuses responsables pour cette incursion infernale vers les ténèbres. Il défiait ce chien du regard, souhaitant non seulement le voir aboyer, mais mordre !  Oui mordre tel un bon chien de garde!  Cet homme qui avait su être élevé à un statut social après avoir commis un crime que l’on aurait dit impardonnable pour tout autre mortel!  Cet être qu’il dévisageait et souhaitait en partie faire souffrir autant qu’il avait souffert… il le provoquait, lui aboyait dessus tel un chien enrager afin de le faire répondre avec le fer froid d’une lame. L’azure vide de son regard cherchait à pousser ce bâtard à commettre ce qui lui était déjà si facile de faire….  Oui il cherchait à connaitre le froid du fer pour une dernière fois à la main de celui qu’il pouvait si facilement blâmer.   Était-il l’unique responsable pour cette sentence ?  Oh, bien sûr que non, il n’avait pas été juge et jury dans cette histoire, du moins pas à lui seul.  D’autres mains influentes avaient joué empoigner le marteau, mais le visage du Sindarin était celui qu’il avait su associer avec le bras.  La question était alors, que fallait-il afin qu’il termine l’œuvre qu’il avait débuté en peignant ici le portrait d’un homme aussi vide d’ambition et de vie ?


Il tentait de jouer le jeu avec lui, de pousser la limite toujours un peu plus loin, par insulte personne ou à son honneur… ah son honneur… pour cela il faudrait être en soit un homme honorable et non une moquerie d’un homme bon !  Toutefois, les hommes tentant d’être bon en ce monde finisse souvent au fond du gouffre et sous le pied de tel être atroce.  Le rustre lui-même était loin d’être un saint,  sa vie était l’exemple même du mal qui hantait le monde, mais la véritable tumeur qui tuait le monde ne pouvait être retiré par sa lame… elle était plus haute et en sécurité derrière les titres de gens importants… il avait donc appris à travers la torture la plus sage des leçons… que sa vie ne mène à rien.  Alors si la vie ne mène à rien, aussi bien pousser le chien à mordre une dernière fois afin d’en finir, car aujourd’hui ou demain, le résultat et la trace de sa misérable existence sera la même.


Une parole de plus, une parole de trop qui avait su faire tomber la dernière goûte de bave du chien enragé. Enfin, l’heure de la délivrance avait sonné alors que le Sindarin, ce chien du gouvernement l’avait plaqué contre la brique d’un mur.   Plus qu’un moment, plus qu’un dernier souffle avant la fin de l’abysse, le baroudeur pouvait presque voir le fond !


Cependant, l’élan fut arrêté brusquement alors qu’une voix féminine avait su arrêter la mâchoire du chien de se refermer sur notre rustre.  Une si petite dame avait arrêté le marteau qui devait apporter le jugement final sur l’âme en déjà morte d’Áedh ! Pourquoi ? Pourquoi était-elle venue à un si mauvais moment ?  Oh cette idiote ! Oui cette idiote, il l’avait dit plus tôt et il allait le dire à nouveau!   Voilà qu’elle était venue ici, non seulement afin de lui retirer le dernier droit qui lui était réservé, celui de mourir, mais aussi afin de l’engueuler quant à son désir de connaitre la fin.  Que connaissait-elle de lui ? Rien, si ce n’était que le fait qu’il était la misérable carcasse de chaire errante qui l’avait engueulé plus tôt.   Rien, si ce n’était que l’ivrogne de service qui cherchait à noyer son être à chaque fond de bouteille qu’il pouvait se mettre sous la main.  Voilà ce qu’il était devenu depuis avoir sorti du trou, un ivrogne qui cherchait sa propre fin, et on venait de lui retirer!


Il retrouva le souffle lorsque le chien du gouvernement fut attiré pour des affaires dites plus importante ailleurs.  Aucun des êtres présent ne portait une véritable attention à l’homme autodestructeur et pourquoi l’auraient-ils fait ?  Sa vie… elle ne valait qu’un Dias après tout, selon les belles paroles de la langue fourchue. Le laissant ainsi, les genoux dans la boue, la figure misérable et les cheveux graisseux tel un va-nu-pieds. Que pouvait-il faire ? Se relever et poursuivre celui qui tenait le marteau telle une ombre ?  Le forcer à nouveau à frapper un dernier coup, juste un dernier ?  


Là-bas, les hurlements, le chaos, les soldats s’apprêtant à partir en guerre face à leur propre fin… et là, celui que l’on appelait l’ombre blanche pitoyablement à genoux dans la boue à détester le fait que sa fin lui avait été niée par les paroles d’une rousses trop sotte pour savoir ce qu’elle faisait.  Si les Dieux existent, ils devaient bien rire du sort de notre rustre, s’amuser à tirer les ficelles de son tourment.  Le regard vide et posé sur les silhouettes qui s’éloignaient, il n’avait point la voix pour hurler sa colère.


Utilisant les quelques forces qui lui restait, après être demeuré là trop longtemps pour son propre bien, l’homme fini par se relever, un pieds et puis l’autre, tout en s’appuyant sur la structure en ruine qui se trouvait à proximité.  Un pas, puis un autre dans la boue et les flaques d’eau, l’être sans espoir continuait son chemin jusqu’à l’embouchure de l’allée où il avait trainé.  À chaque pas, son corps devenait de plus en plus lourd, non seulement sous l’ivresse de l’alcool, mais sous le poids des vestiges de son âme. Ses jambes tremblantes, il avait de la difficulté à demeurer en équilibre.  Les blessures qui lui avaient été infligés se faisaient ressentir, le rhum n’avait pas su noyer le mal qui l’habitait.


Son regard se posa sur la frénésie alors qu’il observait le chaos et les hommes prêts à partir au combat.  Il avait déjà était ainsi… brave et avec un but!  Mais les buts ce n’est que pour les gens qui rêvent encore.  Lorsqu’on ouvre les yeux d’un homme face à ce qu’est véritablement le monde, des marionnettes aux tirants les ficèles d’une autre… un homme ne souhaite qu’une seule chose, de couper le tout afin d’être véritablement libre.  Le marteau de la justice est que le fruit de grand marionnettiste et toute sa vie, il fut leur pantin jusqu’à ce qu’il ne soit plus utile.  


‘’Un dias… c’est tout ce que je vaux… un dias…’’ se dit-il.  ‘’Un seul foutu dias ! ‘’ Hurla-t-il à lui-même avant de s’écraser le dos contre un mur.


Il pouvait tenter sa chance et se mêler à la fouler, aller sur un navire sans en connaitre le nom, se mêler aux marins qui courraient à leur fins dans l’espoir qu’un autre monstre lui fasse grâce de la mort.  Faisant glisser son dos contre le mur et tentant de se relever, il jeta un coup d’œil vers le sabre qu’il avait laissé tomber dans l’allée.  À quoi bon aller le chercher ?  À quoi bon aller dans une direction ou une autre à bien y penser.  Avec sa gueule en mauvais état et recouverte de saleté en tout genre, il pourrait facilement passer pour l’un de nombreux cadavres s’il tombait.   Il serait qu’une victime de la situation, tout simplement, un visage que personne ne connait sauf le chien du gouvernement qui n’allait que se réjouir de le compter parmi les morts.  Un cadavre à entrer parmi la masse de gens inconnus. Il pouvait s’y voir déjà même si son cœur battait toujours.  

Un pied derrière l’autre, il se mit à errer vers la mer, pourquoi cherchait-il à s’y rendre ?  Existait-il une partie en lui qui désirait toujours combattre ?  Un rayon de lumière parmi les sombres et épais nuages ?  Mieux valait lui retirer le plus rapidement possible, l’espoir d’un avenir était que pour les aveugles.  Il errait et tombait presque en tenant de se frayer un chemin entre les gens présent.


‘’Non mais barre toi espèce d’ivrogne, t’as pas ta place ici’’ Lui dit un en le repoussant

‘’Dégage vermine
-Fou le camp d’ici
-Va crever dans ton coin’’

Tant de paroles, mais il ne les écoutait pas alors qu’il se faisait pousser d’un côté et puis de l’autre jusqu’à en tomber face première dans la merde.  Il rampait jusqu’à ce qu’il était capable d’apercevoir le quai où de nombreux braves hommes embarquait pour leur dernière aventure.  Aucun capitaine de navire ne l’accueillait à bord ainsi… il était tout simplement là, ivre et étendu dans la boue, faisant partie du paysage au point qu’on lui avait marché dessus.   Son corps engourdi ne sut même pas réagir à la douleur des bottes qui lui avait écrasé son dos, les plaies toujours aussi vive et les os fracturé lui offrait de nombreuses souffrances et pourtant, il n’avait point la voie d’hurler de douleur.  

Son regard pouvait voir un navire au loin et ce qu’il croyait être la silhouette du chien du gouvernement à bord, mais cela… il était possible que ce soit qu’une hallucination alors que l’endorphine naturellement dégagé se mêlait à l’alcool de son esprit en lambeaux.   Il tenta de se relever alors que les derniers marins embarquaient et quittaient déjà… le laissant les pieds sur terre parmi le chaos, là où il n’avait pas sa place.  Il était inutile ici… voir à n’importe quel endroit, dans son état d’esprit et physique, il ne pouvait rien faire et cela dès le début.  Il aurait été plus sage pour lui de simplement quitter les lieux.  Jetant un regard vers l’océan et puis vers la terre qui l’attendait, le rustre rebroussa chemin après s’être rendu jusqu’ici sans aucune raison qu’il pouvait justifier.   Il allait laisser le monde actuel derrière lui, errer… sans vraiment savoir où aller jusqu’à ce que la fin et le fond de l’abysse l’accueil. Rebroussant chemin, à travers les vestiges du village qui allait sombrer de plus en plus avec le temps, le rustre marchait, boitai croisant ainsi le visage de nombreux inconnus.  Des êtres incertains, effrayé à l’idée de la mort… d’autre tentant d’être brave, mais à quoi bon…


Dans les rues, du coin de l’œil une hallucination, un spectre fit un passage.  Celui d’une enchanteresse… mais là il s’agissait sans doute que du fruit de sa propre démence… il ne souhaitait pas trop s’y abandonner ou plutôt… il ne souhaitait pas y croire.  Croire qu’elle était ici, qu’elle pouvait le voir ainsi dans cet état, non il y avait trop de choses importante qui l’attendait, elle… trop de chose, mais lui il ne devait pas en faire partie… il ne possédait pas cette importance et préférait abandonner cette idée… croire au fantôme et à l’illusion plutôt qu’à la possibilité de la réalité.  Il préférait continuer d’errer et de ne pas s’y arrêter afin d’y déposer son regard et voir s’il s’agissait là de la vérité. Vivre avec l’idée qu’il ne s’agissait que d’une hallucination était nettement plus facile que de vivre sachant qu’elle l’avait aperçue ainsi, qu’il existait l’option qu’elle lui fasse grâce d’une aide qu’il ne méritait pas.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 15 Avr - 4:19

Une boule dans la gorge... Mais pas de celles qui ne s’avalent pas. Une de celles qu’il ravale depuis déjà un temps ; une de celles qu’il ingère depuis trop longtemps déjà à son goût, et qui lui demande toujours plus d’effort. Mais qu'il doit supporter...

La gorge se serre et il détourne le regard avant de déglutir une première fois, sans succès. Léogan passe à côté de lui en retirant sa cape et Veto le regarde avec des yeux brillant.
Il s’efforce de cligner des yeux. Il déglutit encore mais ça ne passe pas. Et il ne peut pas empêcher son regard de retourner vers le dernier éclat de feu qui a fait prendre consistance à cette boule dans sa gorge.

Il l’a vu cette mèche de cheveux sous la capuche. Il l’attendait. Il se pose tant de questions depuis cette nuit dans les grottes de Fellel, depuis cette nuit près d’Inoa.

Veto n’a que des doutes. Des doutes et une boule dans la gorge. Et elle ne veut pas descendre. Pourtant, elle va le faire. Elle le doit.

Le militaire se redresse et pose ses prunelles sur la silhouette gigantesque et sa gueule béante soudain si attirante.

La boule passe enfin… et ce malgré le corbeau là, au-dessus. Oui, elle passe. Et elle tombe avec les autre, tout contre son cœur : elle l’alourdit encore un peu plus et pour seul réaction, il renifle un instant, toussote et passe à autre chose. Voilà. Il reprend son rôle. Celui qu’il s’est assigné, une guigne qu’il a choisi. C’était un châtiment… Mais nécessaire ? À ses yeux, il n’y avait que cette nécessité qui primait.

Veto écouta le plan avec attention. L’attention qu’il savait avoir, le détachement qu’il devait avoir, la droiture qui le caractérisait. Pourtant, lorsque le corbeau revint, Veto ne put s’empêcher de revoir Irina à côté de Léogan et son air pensif. *Qu’est-ce qu’il y a entre vous ?* Une question. Une simple question que Veto aurait voulu poser. Il aurait penché Léogan par-dessus bord, l’empoignant par le col, il lui aurait sans doute mis un poing dans la figure avant. Peut-être même deux, histoire de faire bonne mesure, de rendre la monnaie de sa pièce à celui qui servait leur ennemi il y a si peu de temps.

Au lieu de ça, Veto ravala cette nouvelle boule et descendit du pont arrière puisque le briefing était terminé et qu’il voulait réfléchir, ou plutôt se recentrer. Il avait révisé beaucoup de chose durant les quelques jours passés dans la garnison de Gaeaf. Pas grand-chose sur la flotte, malheureusement. Mais il connaissait au moins les capacités de l’Ouragan. Ce n’était pas un navire hors norme pour la flotte de Cimméria. Il connaissait par exemple son capitaine, les effectifs habituels de ce genre de bâtiment et Irina Dranis.

Bordel ! Il avait décidé de ne plus s’occuper de ça ! C’était sa vie à elle, ses choix à elle et il avait décidé d’en sortir pour elle. Et ça, c'était son choix à lui. Et il n'en n’avait pas d'autres.
Il ferma les yeux une seconde, inspira profondément l’air marin, se laissa submerger par les cris du monstre et les tirs des navires de Noxis.

Lupen changeait de navire et Veto ne quittait plus le monstre des yeux, cherchant l’ivresse de la peur, l’anxiété et… L’envie de protéger ce pays... Mais il ne voyait qu’Irina et son envie de lui parler. Mais il fallait attendre. Ce n'était pas le moment. Elle lui dirait ce qu'il n'avait pas envie d'entendre... Et ce n'était pas le moment.

Lorsqu’ils arrivèrent près de l’Ouragan, Veto n’attendit surtout pas le signal de Léogan. Sautant d’un bastingage à l’autre, il enjamba celui du bâtiment qui appartenait au capitaine Dran… Qui appartenait au capitaine Draken... Saloperie de Destin !


« Mes respects Capitain Draken.
-Respects... Désolé mais j’ai perdu le fil de vos promotions Havelle.
-C’est Lieutenant désormais. Désolé d’être doué. »

Par le passé, c’eut été une boutade entre eux. Et le capitaine sourit doucement, reposant son regard sur le monstre au loin. Il ne vit alors pas que Veto, lui, habité par tous ses ressentiments, n’avait pas du tout plaisanté. Surtout que cette réplique lui rappelait la remarque à demi-mot du général quelques dizaines de minutes plus tôt...

« C’est vous le capitaine mais ce sera moi la logistique.
-Ça me va. Ça sera votre faute si on abîme mon vaisseau, donc.
-C’est ça. On prend le flanc droit. Vous avez des élémentaristes ?
-Quelques-uns… Pourquoi ? »

Veto exposa le plan du Général et rajouta qu’on lui envoie les cryomanciens.

« Aucun Pyromancien. Désolé.
-Bon... Aucune importance. Je voyais mal comment évité de faire exploser les canons de toute manière. On se contentera de l’électricité…
-Non plus… Désolé.
-Quoi ? Parmi tous ces hommes sur ce foutu bateau, il n'y a pas le moindre…
-Pas la peine de vous énerver Havelle. C’est comme ça et je n’y peux rien. »

Veto s’était rapproché de son homologue et cette fois, celui-ci avait parfaitement vu qu’il n’y avait aucune plaisanterie dans l’air. Plusieurs marins s’étaient arrêtés et regardaient le nouveau venu avec des intentions plus que belliqueuses.

« Tout va bien. Miko, Zak et Lora, venez voir. Les autres, on reprend. Amenez-nous à portée de canon sur le flanc droit.
-Désolé…
-Recommence à péter les plombs et je te jette par-dessus bord, ça te rafraichira les idées. Qu'et-ce que t'as ? »

Ils décidèrent d'un commun accord d'abandonner le tutoiement. Chose que Veto faisais rarement. La mission qu'ils avaient fait lui et ce capitaine les avait plutôt marqué. Passé à deux doigts du naufrage après un abordage un peu rude...
Les trois matelots arrivèrent et Veto s’efforça de faire comme si de rien était.


« L’un de vous sur chaque pont. Tout ce qui est organique gèle. Si jamais vous voyez une de ces tentacules approcher trop près du navire, vous me le congelez, c’est compris ? »

Les trois regardèrent leur capitaine qui acquiesça et ils firent de même avant de se mettre en position.

Les deux officiers s’éloignèrent.


« On a tous peur, Veto. Je te croyais plus solide que ça.
-Ça n’a rien à voir… Bon. Appelle tes Quartiers Maîtres et ton Maître de pont. On va improviser. T’as quoi exactement ? »

Veto réfléchissait à toute allure. Deux aquamanciens, trois anémomanciens et un floromancien : le capitaine.

« Bonne pioche Havelle…
-Après si tu veux, j’ai trente types qui peuvent te boire un tonneau de bière sans voire double et deux mecs qui tordent les cuillères en les regardant.
-Tes soiffards, tu les gardes, les deux télékynésistes, tu me les envoies ici à bâbord, avec les anémomanciens. Ils devront accélérer encore un peu les boulets et repousser ce qu’il pourrait nous jeter à la tronche.
-Je ne sais pas s’ils sauront faire ça Lieutenant.
-Eh bien ils essaieront quartier maître. Dites-leur qu’on essaie de rendre l’Ouragan utile malgré le manque de diversité magique à bord. »

Toujours aucune plaisanterie. Toujours ce même ton sec et cassant qu’il n’arrivait pas à perdre et pour lequel il n’avait même plus envie de s’excuser.

« Sinon j'ai aussi un très bon lanceur de fléchettes, une tripoté de yorkas, un mec plus que rapide, un mec brillant et un téléporteur.
-Rapide comment ? Le téléporteur, il nous servira pour les feux grégeois. T’as des yorkas-oiseaux ? Et Kesha ! De quoi tu me parles là ? Un lanceur de fléchette ? Un mec brillant ? » s'exclama Veto sur ses derniers mots.

Après une courte explication, il fut convenu qu’un pélican et deux albatros pourrait porter des feux grégeois si nécessaire et qu’on mettrait le mage de lumière sur le pont avant, prêt à griller tout tentacule trop proche et le lanceur de fléchettes se dit capable de lancer les bonbonnes de feu grégeois aussi loin qu’un tir de boulet de canon et avec plus de précision encore.

« Bon… C’est pas mal. Tu as des arbalétriers au moins ? Je ne vais pas avoir besoin de bricoler quelque chose pour ça aussi ?
-Non. Ils sont compétents et se tiendront prêts. Sur le gaillard avant, c’est ça ?
-Tu m’en mets aussi sur le gaillard arrière.
-Capitaine, nous sommes à portée de tir.
-Très bien les gars. On attend le signal.
-Je prends la barre. Havelle, tu viens ?
-Tu manques déjà de mage. Je reste ici. Un Aquamancien de chaque côté du navire pour le stabiliser. À tout le monde ! Préservez vos forces ! Et restez en vie…  Debout au milieu des tempêtes, plus durs que les montagnes ! Pour la gloire de Hellas !
-Debout la garde ! »

Et tous reprirent en cœur « Debout la garde ! » derrière leur capitaine. L’auraient-ils fait derrière Veto ? Il n’avait pas forcément le comportement adéquat pour attirer la sympathie mais ils ne lui lançaient plus de regard noir… Quelques-uns étaient encore suspicieux mais sans plus.

L’aquamancien et le cryomancien qui vinrent l’épauler restèrent à bonne distance mais le Lieutenant ne s’en offusqua pas. La marine était une famille difficile à intégrer. Elle l'était d'autant plus lorsqu'on ne faisait aucun effort.

Il fixa le Croc-Noir et se mit à attendre, comme tout le monde, jetant des regards inquiet à la bête. Ça y était ! Irina était sortie de son esprit. Il allait pouvoir se battre l’esprit clair. Il allait pouvoir servir son pays, combattre au côté d’autres gardes dévoués et nobles comme lui. Il redevenait le militaire qu’il avait troqué trop longtemps pour un conspirateur. Pour une bataille, juste pour cette bataille, il allait essayer de se laver un peu, se purger l’esprit de toutes les insanités qu’il avait fait et qu’il ferait encore.


Doucement, Veto se mit à fredonner une douce complainte. Il l’avait redécouverte durant ses recherches bibliographiques, il se l’était fait chanter par un ancien et il l’aimait autant que ce pays. Et il fut presque surpris de s’entendre accompagné par quelques marins derrière lui et très vite, au milieu des coups de canons et des cris de rage de la bête, la litanie réchauffa les cœurs de ces guerriers perdus sur cette mer agitée, berçant le navire et évoquant l’envie de se battre et de mourir pour Cimméria.

« Soufflez, soufflez vents de Fellel
Portez, portez vos doux flocons
Que vos vents les poussent jusqu'à notre perron

Que le blanc immacule les champs
les champs de bataille
là où la ferraille
a fait parler le sang

Soufflez, soufflez vents de Fellel
Portez, portez vos doux flocons
Que les ans glissent sur la citadelle

Nous sommes un peuple fort
Votre souffle nous endurcit
Votre souffle nous a grandis
Ici, on ne craint plus la mort

Soufflez, soufflez vents de Fellel
Portez, portez vos doux flocons »

Mais Veto reprit la direction de la musique, élevant la voix, voyant que la bête se mettait en branle et que tout allait maintenant basculer dans le combat. Il modifia la fin de la chanson, la rendant plus guerrière :

« Sortons les crocs
Levons les armes
Séchons nos larmes
Et soyons dignes des Hauts

Soufflez, soufflez vents de Fellel
Pour la Citadelle ! »

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Othello Lehoia
MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeJeu 16 Avr - 10:11

L’eau était noire. La lumière morte. Cela faisait quelques minutes qu’elle avait eut l’aval du capitaine, et qu’elle s’était fendue en reconnaissance en s’inclinant respectueusement, lui laissant volontiers la débarrasser de sa cape rougeoyante et trempée. Il avait la même droiture qu’avant, dans leur périple jusqu’aux terres australes, et cette vivifiante air agacé qui le suivait partout, cette mimique pensive, las, qui s’effaçait parfois pour lui donner un sérieux noir et glacial. Mais cette fois-ci, elle avait repéré dans ses yeux une pointe d’inquiétude qui ne lui seyait guère, et qu’elle n’avait pas l’habitude de voir sur un soldat. Il se rapprocha alors avec son air soucieux, pensif, mais Othello glissa doucement son visage vers le lointain, et, sans même parler, irradia de cet air absent et calme qui lui allait tant. Tout irait bien, voulait-elle dire. Malona à leur côté se retrouvait arrosée de boutades, ce qui valut à la sirène un sourire amusé. ‘’Tout est comme avant’’, se dit-elle. Mais bientôt, elle eut son approbation. La mécanique étrange de l’attaque se mit alors très vite en place, et elle n’eut pas le temps de voir le départ des navires pour la créature titanesque. Son destin était ailleurs. Glissant un dernier sourire à Malona, elle se dirigea discrètement vers les flots, et se débarrassa de ses frasques maculées d’eaux boueuses qu’elle se contenta de jeter sur le côté, quelque part à côté d’un tas de bois brûlé et de cendre – cela tenait plus d’un adieux que d’un au revoir, pour ce qu’elle savait ne jamais revoir cette robe.

Quelques minutes plus tard, elle glissait entre les flots. Ses jambes étroites étaient devenues une longue nageoires unique, aux égailles d’argent légèrement pourprée qui battait fermement une cadence frénétique et rapide, balayant son son passage un courant artificiel. Un frisson glacé naissait sans cesse de son échine. La cage de la baie était des plus sinistres. Les échos des vagues étaient brisés par les craquements sourds des coques des bateaux. Ils s’étaient apparemment lancés dans la bataille. Combien il y avait-il de bateau ? La demoiselle n’osait même pas y penser, tant elle s’imaginait qu’ils étaient nombreux… Un creux se forma dans son ventre dénudé, abrité par quelques mèches ondulantes dans l’obscurité de l’eau. Ce monstre immense… Ne ferait-il pas une bouchée d’eux ? Perdu dans sa vogue, dansant comme un requin chasse, elle se mit à penser qu’elle était au bon endroit. Que rester dans l’eau lui assurerait la survie. Mais même le peuple de la mer risquait de ne rien représenter dans ces basses terres…
Dans un éclair de conscience, Othello s’arrêta soudain, se laissant en suspens, les yeux béats, grands ouverts vers les abysses qu’elle contemplait, la peur et la rage brûlant tout à coup dans ses entrailles sanguinolentes. L’eau était… Vide ? Ce n’était pas possible. Elle n’avait jamais vu une telle chose – pourtant, Kesha savait à quel point elle avait connu cette eau, et à quel point elle connaissait chaque recoins d’eau salé de cette baie. Elle grouillait d’une vie nordique, de poissons aussi durs que solides, aux courbes violentes, aux arabesques saugrenus, sauvages, d’une violence rare que la nature réservait aux plus hostiles des territoires. Où étaient-ils, tous ? Habituellement, elle aurait déjà croisé quelque chose, que ce soit un lamantin ou une rascasse perdue. Mais ici, rien. Le silence, le vide. Un rien fondamental et terrifiant.

L’ultime vérité lui apparut alors, et lui fit comprendre la gravité de la situation dans laquelle ils se retrouvaient tous mêlés. Les poissons avaient tous fuis, furent-ils terrés au fonds de la vase froide ou reparties vers des eaux plus aux sud, plus glacées encore, mais plus sauves. Le monstre avait eu raison des prédateurs et des instincts. Il avait réussi à étrangler la mère nourricière, la nature, et à s’imposer dans cette baie de la mort. La sirène, sans trop comprendre d’où venait cette voix violente, entra alors dans une fureur que peu pouvait comprendre, abîmée elle-même par l’absence de ses pairs. Ses cheveux blancs devenaient les ailes qu’elle n’aurait jamais, qu’elle déploya vigoureusement par un nouveau jet de nageoire, un appel du plus profond de son corps d’aller retrouver cette chose, cette créature née des tréfonds pour apporter terreurs sur son passage, et qui aplatissait son ombre sournoise sur Gaeaf et sur toutes les vies qui la hantaient, à présent, déjà un lointain souvenir. Elle devait – elle voulait- en savoir plus sur ce roi titanesque.

Pendant des minutes, elle avança, sourde et aveugle à tout ce qu’il y avait autour d’elle, enveloppait dans une douce et apaisante solitude. Le hurleur ne devait plus être très loin, à présent. Par vague rocambolesque, son râle incessant frappait l’onde, diffusant son cri brutal qui prenait alors une distance déstructurée, des harmoniques aussi sordides que grotesques, comme les rugissements d’un lion malade, ou mourant. Petit à petit, l’eau se faisait comme plus dense, plus épaisse, laissant Othello se débattre pour avancer. Elle devait être toute proche, à présent… Chaque cri la traversait. Elle les sentait passer à travers elle, faisant résonner son thorax, trembler ses os. Des basses fréquences instables jusqu’au plus profond de son ventre qui attaquaient sa chaire, s’appropriait sa peau, ses muscles. Une sensation très étrange, somme toute, qui la contraignait à chaque fois à ralentir, jusqu’à complètement s’arrêter. C’est à ce moment-là qu’elle le vie. Et elle fut pétrifiée, à la dérive devant la chose.
Une immense colonne se dressait, droite, devant ses yeux d’ébènes. Une masse énormes dont elle ne pourrait donner l’exact taille, tant elle se sentait minuscule. C’était une montagne, une falaise irrégulière et déconstruites, dont les extrémités et les reliefs se découpaient dans quelques rayons de lumières qui parvenaient à atteindre la surface et à contourner le montre. Sa peau sombre semblaient étroitement construite, et d’une solidité remarquable. Oscillant entre le gris d’une pierre et le noir de l’encre, ce cuir semblait loin de tout ce qu’elle n’avait jamais pu connaître sur un autre animal. Ce n’étaient pas des écailles comme un léviathan, ni du cuir, comme sur un éléphant, ni même de la peau ou de la fourrure. Il fallait qu’elle se rapproche, qu’elle en sache plus sur ce ventre, ce pieds, cette nageoire, quoique cela aurait pu être. Il était parfaitement immobile, le moment était rêvé. Mais elle restait tétanisée. Froide. Saisie de peur.

Ce n’était pas son esprit qui souffrait. Othello, blottie dans une cage de verre, restait doucement apeurée, mais pas moins téméraire. Seulement, son corps, ses muscles raidis refusaient d’obéir, guidé par un instinct qui lui criait, hurlait de s’enfuir comme tous ses congénères. Elle comprenait ce qu’ils avaient ressentis, cette loi du survie qui les poussa à la retraite, ce besoin de se protéger contre cet avatar de la mort. Bouge. Ses mains tremblaient faiblement dans l’eau. Bouge. Son cœur devint lent, et froid. Bouge ! Ses yeux écarquillés de terreurs ne purent séparés les larmes qui perlaient des gouttes de la mer. Bouge…
Un tremblement, une décharge nerveuse réveilla tout son corps, venant du plus profond de l’animal. D’un geste salvateur, elle donna un coup de nageoire qui la propulsa quelques mètres sur le côté, suffisamment loin pour éviter le passage d’une tentacule titanesque qui fendit l’eau comme un coup d’épée, une estoc organique qui la poussa un peu plus au loin. Mais qui la réveilla suffisamment pour qu’elle reprenne conscience de sa mission. Regardant quelques secondes l’appendice passer et disparaitre, elle s’inquiéta alors de nager vers la bête, se rapprochant de la surface, pour ne venir qu’à un peine un mètre ou deux de l’air. A présent, dans ce miroir déformant de clair-obscur, se distinguait la silhouette torturée et maléfique du roi des mers. De la berge, il était facile de se méprendre sur sa taille. Là, à moitié immergé, elle se rendait compte de sa taille. Le gros du monstre était sous l’eau, seul dépassé son visage béant, et ce qui lui servait de pattes avants. Ce qu’elle avait contournait devait certainement une de ses pattes arrières, qui lui permettait de se mouvoir avec autant d’aisance. Ainsi, il devait être bipède… C’était un bon début.

Maladroitement, elle s’approcha, à tâtons, de la créature, sentant derrière elle la tentacule revenir sur ses pas, et cisaillé de nouvelle fois les vague dans un silence religieux. Non, elle n’était pas faite de peau… Plus elle approchait, plus elle découvrit l’ampleur de sa carapace… Entre un cuir épais et du métal, la matière noire qui le recouvrait semblait d’une solidité incomparable, comme de la pierre. Ses reliefs tortueux rappelaient ceux des falaises, par leur sinuosité et leurs stries. Le cœur battant, elle s’approcha, maintenant tout contre. Sa main tendu vers la chose, si grande, face à elle. Il ne sentirait rien… Petit à petit, elle l’approcha, timidement… Plus que quelques centimètres… Un hurlement l’arrêta soudain, cette fois à en crever ses tympans. Les bateaux… Il avait du les repérer. Il fallait qu’elle retourne à eux. D’ans un dernier élan, elle remonta à la surface. Et ce qu’elle vit lui glaça le sang.

* *

Les craquements de coques devenaient plus audibles que les hurlements du monstre. Sa course avait été frénétique pour retrouver la frégate, dont elle distinguait les contours spectraux qui hantaient les eaux comme de vifs esprits. Les dépassants, elle s’infiltra sous l’un deux pour passer derrière la nuée de bâtiment, recherchant du coin de l’œil celui que Léogan lui avait indiqué comme ayant une échelle. La voyant pendante, elle plongea de nouveau pour l’atteindre, jetant alors hors de l’eau un bras fatigué et tremblant, dont le blanc presque laiteux tranchait si extrêmement avec le noir de la mer. Dans un halo clair, ses jambes réapparurent, et pendant quelques secondes, Othello se laissa doucement tirée, reprenant son souffle saccadé, se réchauffant sous sa crinière revêche, infusée d’iode et de glace, plus décoiffée que jamais. Ses yeux… Ils lui renvoyaient sans cesse cette vision affreuse et dantesque, terrifiante. Les marins devaient savoir ce qu’ils s’apprêtaient à affronter.


« - Un peu d’aide, en bas ? » Lui lança un marin hagard, qui avait repéré leur clandestine.

Levant brusquement la tête avec fracas, elle se sentit obligée de répondre, entre deux souffles :
« Volontiers. »

Ils la hissèrent à quelques hommes, et elle se retrouva sur la coque, nue et battue par le vent, comme des mois plus tôt. On lui jeta une veste usée sur les épaules, pendant qu’elle balayait le pont d’un œil agacé, remerciant du bout de la voix celui qui l’avait habillé. Mais c’était une autre sorte de tignasse qu’elle recherchait, une aussi téméraire et tempétueuse que la sienne, seulement plus sombre, comme l’ébène, comme l’onyx qui jaillit des volcans.
Finalement elle le découvrit à la barre, et brava le chaos hurlant et tonitruant des hommes et des marins pour le retrouver, encore un peu perdue. Son visage était froid, et calme, mais elle savait que ça voix la trahirait. Comme rarement, elle était inquiète. Elle savait qu’il verrait son trouble, aussi ne s’inquiéta-t-elle pas de se cacher, ni se s’entêter avec des manières qui seraient ici superflus.

« - Colonel Jézékaël… » Elle reprit son souffle quelques instants, dévisageant l’homme de tête. « Prenez garde à ce que vous allez affronter. Il est bien plus grand que ce qu’on peut voir d’ici. Hormis sa gueule géante, il possède quatre à cinq tentacules – flexibles à souhait qui peuvent représenter une menace.
Je ne pense pas qu’il possède d’autre pouvoir… Je ne l’ai pas constaté. Mais prenez garde à sa peau. Ce n’est pas un cuir habituel, il est dense, très épais, vous ne parviendrez pas à l’entailler facilement… Les boulets de canons de suffiront peut-être pas. Une baliste, peut-être, ou un harpon me paraisse plus utile…
… Et il est hautement hostile. Il fera tout pour nous attaquer. Cependant, sa taille l’handicape. Si ce n’est pour ses tentacules, il est plutôt lent.
» Elle débitait les conseils avec une rapidité mécanique, comme une machine détachée de son discours. Elle tentait en réalité de camoufler son trouble, et l’image incessante du colosse qui se rabattait dans ses yeux.
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Avr - 0:47

Au large des évènements de ce monde qui semblait s’effondrer sur lui-même, Gareth restait suspendu aux mains saillantes et chirurgicales d’une Prêtresse trop zélée et au discours d’une neutralité presque placide du Colonel Arthwÿs qui s’efforçait de répondre à ses questions, tout en gardant un œil sur le bon déroulement des tâches de ses équipes. Bien qu’il agisse avec un sérieux, le sindarin avouerait bien aisément que sa direction manquait d’un certain tonus, tout du moins du panache qui anime – parfois à tort – la plupart des militaires. Et lui-même manquait par moment – régulièrement –  de cette cordialité dégoulinante et bienveillante. Toutefois, il n’avait rien à dire sur l’efficacité redoutable du Lhurgoyf.

Plusieurs fois, il fit force pour se relever et faire face au Colonel qui lui indiquait la Grande petite rousse tyrannique en question du doigt. Systématiquement, d’un geste lourd, on lui maintenait les épaules et le fessier vissé sur son siège de fortune, en lui interdisant tous mouvements – une foutue habitude Cimmérienne. Elle était accompagnée d’une autre personne qui tentait visiblement de l’assister dans ses grands gestes tous organisateurs qu’ils pouvaient l’être. Pas une Prêtresse, elle n’en avait pas l’allure, une courtisane peut-être ou bien une femme de la bourgeoisie locale pour peu qu’il y en ait une. Dans tous les cas et malgré la situation inadaptée, elle gardait une posture certaine qui trahissait son comportement. Rousse, elle aussi, un détail … Un fait, en tout cas. Au final, Arthwÿs s’en alla en éclaireur, répondant ainsi à l’appel de sa hiérarchie, peut-être pourrait-il lui apporter quelques renseignements concernant l’entourage de ce nouveau huit-clos exclusif. A ce consortium, on le conviait avec un empressement maitrisé propre au Colonel, lui donnant ainsi l’occasion de forcer l’étreinte et se libérer du joug pour des mondes meilleurs.


« Vous pourriez attendre que je termine.
─ Vraiment, on m’appelle, mais c’était très … agréable. Assurément, je reviens plus tard, faites-moi confiance. Après tout, vous me massez, je vous laisse faire, on est intime maintenant. »

Sans même se retourner pour constater le mécontentement, il sentait un regard pétrifiant le transpercer, puis l’indifférence, face à son geste de la main qui avait pour vocation de lui indiquer que sa clavicule, son omoplate, ou peu importe l’os en question, ne se délogerait pas avant quelques nouvelles péripéties. Le chahut des rues laissait désormais place à un calme tout à fait relatif et bercé par des actes de soutien, des ordres et quelques cris stridents presque périodiques. Un dialogue unilatéral qui les rappelait à la réalité. Le devant de la scène se trouvait en mer, et la vedette y agitait ses antiques tentacules. Après quelques rapides présentations d’usages, sobres et expéditives, ils exposèrent la situation telle qu’elle s’était déroulée à la Grande Prêtresse. En entracte, celle-ci choisie de railler le comportement de son général qu’elle qualifiait sans le saupoudrer d’un conditionnel bienveillant. La gouaille de la demoiselle surprit l’Eclari qui s’empressait d’en interpréter les raisons potentielles en cherchant quelques informations supplémentaires auprès du Colonel qui sourcillait à peine. Il en conclut qu’il valait mieux écarter ces considérations au moins pour les prochaines heures. Suite à cela, on leur fit porter une carte probablement dépassée, bien que les rivages évoluent peu, pour qu’il indique l’emplacement des avancées qui protégeaient désormais le port. Ce qu’il fit …

« Le village et ses alentours se trouvent dans une embouchure, le port en est la principale entrée. C’est d’ailleurs par là que la première vague a fait le plus de dégât dans sa progression. » Sans abreuvoir plus longtemps son auditoire de considérations futiles, il conclut. « Il y en a une de par et d’autre du port, en face à face avec notre petit ami … Petite ou … Qu’importe après tout. En cas de nouvelle submersion, les vagues viendront se briser pour diminuer en intensité. De là à protéger une large zone … Il n’y a plus grand-chose à protéger. » Insinua-t-il en constatant à nouveau les décombres. « Mais les hommes et les rescapés devraient garder les cuisses au sec, à défaut des pieds. Des protections supplémentaires ne seront pas de trop … »

A la suite directe, elle leur confiait le choix de l’emplacement stratégique des protections, avant de repartir pour quelques préparations rituelles et les convier à la rejoindre au centre, là où se trouvait toutes les prêtresses qui se préparaient elles-aussi, à leur façon. Alors qu’elle s’éloignait et que sa compagne rousse prenait elle aussi la poudre d’escampette vers le port, sans vraiment annoncer ce qu’elle y ferait, Gareth adressait une dernière recommandation, avec une dérision tout à fait exagérée. Une remarque à laquelle elle ne répondit même pas, pourvu qu’elle l’ait entendue par-dessus les hurlements.

« Idéalement, un bon dôme permanent tout autour de la zone, se serait véritablement parfait … Non, vraiment, non … » Le regard tournait vers le Colonel Arthwÿs qui lui répondait par un éternel haussement de sourcil, il haussait les épaules d’évidence. « Idéalement … » Silence. « Bon, j’ai cru comprendre que Gaeaf bénéficie de fortifications. Il me faudrait plus d’informations à les concernant, comme … leur position. »

Dans un premier temps, ils s’attelèrent à compléter la carte de nombreuses informations concernant la minuscule cité de pêcheurs qui s’avérait bien plus protéger que Gareth ne l’aurait jamais cru. Une fois cela fait, il prit le temps d’examiner le bout de papier griffonné pour en tirer les éléments importants et exclure tout le reste dont quelques unes de ses divagations. Les bras croisés, les sourcils froncés, il jetait quelques coups d’œil à Arthwÿs, en espérant presque qu’il pointe une dizaine de lieux. Au final, il fit le premier pas en proposant des zones à priori vulnérables, mais suffisamment restreintes pour ne pas épuiser le groupe qui s’attèlerait à générer les barrières. Les emplacements en question protégeraient des zones critiques et le reste de la cité par ricocher. Quelques discussions et exaspérations plus tard, ils rejoignirent le point de regroupement la carte sous le coude, avec plusieurs possibilités qui dépendrait potentiellement de la capacité du groupe à créer et faire perdurer ces fameux boucliers et surtout de la capacité du mage en charge de leur positionnement à comprendre et visualiser la position de chacun d’entre eux. La plupart de ces endroits longeaient la côte, englobaient les lieux où s’amassaient des soldats ou des individus, parfois sur plusieurs couches … Une dernière protection visait l’embouchure du port …

Toutefois, malgré toutes les prévisions, le choix final resterait très intuitif.


...:
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Avr - 15:12



Les imprévus sont le propre d'Istheria. Son histoire est jalonné de fait auxquelles l'on ne s'attendait pas. Que cela vienne des Hommes ou bien d'autres évènements impensables. Ici, en ces terres glacées, c'était bel et bien l'imprévisible qui se jouait, sous les traits d'un monstre immense, autrefois endormi...

Le Colosse de Gaeaf avait fait preuve de fureur, agitant ses immenses bras, balayant les eaux dans d'immenses vagues destructrices. Les côtes de ce qui fut autrefois un paisible village de pêcheur n'étaient que des ruines, des quais brisés comme les corps des malheureux qui n'avaient pas vu les choses arrivées.

L'immense monstre se tenait alors entre deux eaux : le lac gelé et le vaste océan. Mais il était acculé des deux côtés et fut surpris de la férocité de ses adversaires. Lui le géant contre lequel aucune créature n'osait l'affrontement se voyait à présent sous le joug des hommes. Magies et armes mécaniques, voilà les instruments de son présent tourment. Oh! Mais il ne serait que vanité que de croire que l'une des plus mystérieuse créatures s'en tiendrait seulement à cela.

Mystérieuse? Oui, car elle ne ressemblait à rien de connue. Sa taille dépassait l'imaginaire et sa mâchoire était munie de dents de la taille d'une épée. Ses yeux étaient perçants mais curieusement petits, brillants d'une lumière blanche opalescente. Son corps est partiellement recouvert d'écailles cuirassées, sur le haut du crâne, le long de sa colonne et une bonne partie de son poitrail. Sur son front, on pouvait y voir de mystérieuse marques, comme sur les autres colosses. Ses tentacules semblaient recouvertes d'un mucus luisant : empoisonnées ou non? C'était difficile à dire tant que personne ne tentait de les toucher. Mais il était possible de blesser la créature à ce niveau là : les assauts des bateaux l'avaient déjà entaillés sévèrement et l'un de ses bras était au bord de l'imputation. Chose qui allait déclenché une fureur inégalée.

Un cri ou plutôt un hurlement d'outre-tombe sortit de sa gueule gigantesque.... et ses yeux se mirent à briller, d'un coup, d'un rouge de mauvaises augures. Et quelques secondes après cet appel, d'autres cris, plus familiers, se firent entendre : deux léviathans se joignirent à la bataille. L'un était jusque là endormi au fin fond du lac, l'autre était au large et s'apprêtait à rejoindre l'appel du colosse. Si la créature était attaquée de plusieurs fronts, elle allait en faire de même avec ses adversaires....


-------------


Du côté des côtes, il y avait beaucoup à faire. Elles avaient été martelées par les vagues et de nombreuses maisons avaient été touchés. Les quelques braves présents et les prêtresses de Cimmeria sur place s'occupaient d'un grand nombre de blessés, mais ils n'étaient pas assez nombreux et ne pouvaient être sur tous les fronts : soigner, surveiller les plages, récupérer ceux que l'on aurait pu oubliés, protéger la population survivante... La tâche était immense.

Mais comme si un appel avait été entendu, le bruit d'une corne retentit : c'était une corne cimmerienne. Mais si la Grande prêtresse était ici, alors qui?

Le bruit des pas d'un bataillon, le cliquetis des armures, le symbole de la cité pour blason. Il n'y avait qu'une seule autre personne dans la cité capable de rassembler autant de monde : Bellicio, le maire lui-même.

EVENT : Le Réveil - Page 2 914835bellicio

Ce dernier se tenait sur son cheval d'apparat et envoya les hommes qui lui étaient fidèles épauler ceux qui étaient déjà sur le terrain. Le politicien avait pris soin d'emmener avec lui des charrettes de transports, et des médecins supplémentaires.

" Que tous les soldats aillent faire le tour du village et vérifier que l'on a oublié aucun survivant. Que les médecins aillent aider les prêtresses. Que les blessés transportables soient guidés dans les chariots, nous les emmenons à la cité pour prendre soin d'eux. "

Les nouveaux arrivants s’affairaient à présent comme des fourmis...


₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪

_ Les navires qui sont sur le lac, vous allez devoir à présent faire face au léviathan qui s'est réveillé suite à l'appel du colosse.
_ Les navires qui devaient attirés le colosse vers le large, vous avez attiré l'attention du colosse, mais vous subirez également peu de temps après l'arrivée du deuxième léviathan.
_ Les personnes à Gaeaf, vous allez être aider par les hommes du Maire Bellicio. Des médecins et des chirurgiens sont présents, et des chariots pour faire quitter le village.



ATTENTION ATTIRÉE

Pour ceux en pleine bataille navale, vous avez la possibilité de vous en prendre à la tentacule blessée (et lui amputer). Si vous faites ce choix, le colosse chargera dans votre direction (et coulera certains navires).
Si vous voulez qu'il arrête d'appeler d'autres créatures marines, il faut que son regard cesse d'être rougeoyant.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Avr - 3:26

Le visage d'Othello était grave et sévère, mais le fond de sa voix avait un grain irrégulier, et ses inflexions tressautaient bizarrement parfois, comme un verre aigu qui crisse, et Léogan sut instinctivement que ce que la sirène avait vu était digne de son effroi. La prêtresse sélénite n'était pas femme impressionnable. Elle en avait vu d'autres, elle avait combattu pire que ce que la plupart des soldats ici avaient pu rencontrer dans la routine de la caserne. Si elle s'inquiétait au point de ne plus même chercher à le lui cacher, quoi qu'elle n'en ait jamais eu besoin depuis près d'une année déjà, c'était déjà suffisant pour être averti du danger qu'ils se préparaient à affronter.
Il l'écouta sans un mot, la mâchoire crispée sous sa peau mate, ne remarqua pas qu'elle l'appelait toujours 'colonel', comme autrefois, mais tiqua d'inquiétude quand elle mentionna l'utilité mitigée des boulets de canons. D'ici, il pouvait apercevoir que les Marins de Noxis avaient réussi à meurtrir gravement l'un des tentacules du colosse – ce qui nuançait un peu le propos de l'ondine, mais n'y contrevenait pas malheureusement : s'ils étaient parvenus à blesser la bête, il faudrait pouvoir atteindre son crâne ou son tronc pour la tuer.
Quand elle acheva, il laissa échapper un soupir imperceptible et il posa sur les épaules d'Othello son manteau blanc, qu'il avait pris soin d'emporter avec lui.

« On a un truc qui ressemble à une baliste... Et ils en ont au fort d'Oakbrigs. Si vous dites que ça peut marcher... Peut-être qu'on va s'en tirer malgré tout... » marmonna-t-il dans sa barbe, l’œil luisant porté sur l'horizon au-delà du détroit et du monstre titanesque qui leur barrait le passage. Il prit une profonde inspiration et en revint à Othello, qu'il gratifia d'un signe de tête reconnaissant. Les traits de la jeune femme s'étaient figés sous un masque rigide mais il sentait dans ses yeux d'ébène, opaques, inexpressifs, comme deux boutons sur la figure d'une poupée, une tension nerveuse intense qu'elle lui transmit sans le vouloir. Il tenta un sourire crispé. « …merci, Othello. »

Mais tandis qu'il faisait peser son regard sur elle, la tête fourmillante de pensées, l'angoisse partagée de leurs songes fut interrompue par le capitaine Eiktabel, qui ramena brutalement Léogan au pays du bon sens et des complications tout azimut.

« Général. L'Ouragan nous signale que son équipage est en déficit d'effectif de mages.
‒ En défici... » commença-t-il en fronçant les sourcils de désarroi.

Mais il n'eut pas le loisir de finir de se rider d'inquiétude.
Un cri perçant avait retenti derrière la poupe du Croc Noir, à quelques encablures entre le port et les vaisseaux de l'armée, et Léogan, alarmé, s'était retourné tout à coup vers la créature qui l'avait proférée – et qu'il avait reconnue instinctivement au moment où le hurlement avait crissé sur ses tympans. Sa poitrine lui fit mal, il plongea ses doigts dans ses vêtements comme pour contenir la douleur, essentiellement psychologique, qui s'échappait de ses plaies résorbées depuis seulement quelques semaines, et qui l'avaient taraudé pendant des mois. Ce n'était pas possible, pas maintenant...
Son regard croisa celui d'Othello et leurs terreurs se rencontrèrent. Ils avaient déjà vécu ce cauchemar. Le cœur battant à la chamade, il tentait de regarder ce qui avait émergé du Lac, derrière eux, mais ses yeux, aveuglés par une lumière blanche, ne voulaient pas le voir. Il refusa en bloc la présence du léviathan pendant un long moment, jusqu'à ce que le bourdonnement de plus en plus haut et confus de l'équipage affolé ne prenne le dessus sur les œillères oppressantes de sa peur panique. Un long frissonnement balaya tout son corps et brutalement, il fut percuté par la pensée qu'Irina et le petit se trouvaient dans le village, là-bas, à quelques centaines de mètres à peine du serpent géant qui faisait claquer ses mâchoires comme au sortir d'un très lourd sommeil, et qui semblait encore hésiter sur l'endroit où lancer les anneaux de son corps filiforme et où déchaîner sa sauvagerie. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine.

« VIREZ DE BORD, EXECUTION ! rugit-il en pivotant d'un bloc vers le barreur.
‒ Mais général, le colosse...
‒ J'ai dit exécution !
‒ Le blocus...
‒ Pas d'ça ! Stop ! Stop !
‒ Mais général !
‒ Stop ! Bouclez-la ! »

Il reprit son souffle et se détourna du capitaine avec un geste d'agacement convulsif pour évaluer la situation de chacun d'un regard étincelant de rage et de réflexion. Le capitaine le suivit précipitamment, pâle comme un mort.

« Transmettez à Zen'Rahar qu'il garde ses positions, et le Trident avec ! s'exclama Léogan en se penchant sur le bastingage avec fureur. Si le monstre s'engage vers les Marins, qu'il profite d'une ouverture pour le doubler et leur prêter main-forte !
‒ C'est de la folie, ils ne voudront pas continuer d'attaquer la bête dans ces circonstances !
‒ Vous avez d'autres idées peut-être, capitaine ? ironisa-t-il avec un rictus. Le choix leur revient. S'ils ont d'autres plans, qu'ils les mettent en branle, s'ils ne veulent plus attirer le colosse vers le large, qu'ils laissent la place aux navires d'Oakbrigs !
‒ Capitaine, général ! s'exclama soudain un marin qui accourrait vers eux en grimpant l'escalier du château arrière – c'était Sigwald. On a reçu un message de l'armada au large ! Un léviathan se dirige droit sur la flotte des Marins de Noxis, il s'apprête à entrer dans le détroit !
‒ ...vous disiez ? ironisa à son tour Eiktabel, avec un coup d’œil narquois sur son supérieur.
‒ ...c'est le colosse... murmura Léogan, brutalement abasourdi. Il les a appelés, il commande aux léviathans... »

Son souffle se coinça dans sa gorge et il resta paralysé un long instant, le regard mobile et rôdeur, oscillant entre le serpent des mers et le colosse aux yeux flamboyants. Qu'est-ce qui était en train de se passer sur Isthéria, bordel ?! Ça voulait dire quoi ? Tout ce qui avait été autrefois des accidents isolés de la nature, des épidémies, qui finissaient par devenir intelligibles à force de temps et de recherche, des désastres magiques provoqués par la seule action de l'homme, des attaques de créatures sauvages comme autant de rencontres hasardeuses, tout ça semblait désormais répondre à un dessein qui les dépassait complètement. Qu'est-ce que c'était que ces géants monstrueux, capables d'entendement, qui émergeaient tout à coup de l'inconnu et auxquels toute la nature, la faune, la flore, la magie, obéissait spontanément ?!
Plus il y pensait, plus il lui semblait clair – effroyablement clair – que les hommes n'étaient pas les seuls êtres capables de transformer en profondeur le monde qu'ils habitaient. C'était comme si les dieux silencieux de leur panthéon, qui n'avaient jamais rien fait pour eux, rien d'intangible et d'indiscutable qui n'aurait pas reposé sur la seule foi de leurs fidèles, venaient d'être supplantés par des puissances capables d'action – mieux – par des volontés d'ors et déjà agissantes, dont ils ne connaissaient rien et qui manifestement chercheraient à balayer toute résistance humaine pour arriver à leurs fins.

« Il en appellera peut-être d'autres si nous continuons de le bombarder, coupa le capitaine d'une voix sombre.
‒ Informez-en les Marins, reprit Léogan, les traits froncés de concentration pour retrouver contenance. Que l'armada les protège de ce serpent au large. » Il se croyait plus fin, ce gros tas de tentacules, à répliquer à ses plans par une surenchère stratégique, une imitation tout juste provocatrice des plans que les humains dressaient contre sa puissance ? Il se croyait fin ? Eh bien, il faudrait faire mieux que ça, parce que Léogan travaillait toujours soigneusement à avoir un coup d'avance. Comme tout tacticien qui se respecte, comme tout bon joueur d'échec. Les forces d'Oakbrigs qui se tenaient prêtes à rabattre le colosse vers l'ouest quand il sortirait du détroit avaient assez de puissance de feu pour venir à bout d'un léviathan. Raté, dans l'eau, mon gros. Essaie encore. C'était à ça que ça servait d'avoir un plan, de voir loin, et de ne pas seulement riposter impulsivement aux attaques de l'ennemi, juste comme ça, parce qu'on pouvait le faire. Dieu des profondeurs ou pas, il avait encore besoin d'un certain nombre de petites leçons de stratégie militaire, et Léogan se ferait un plaisir de les lui donner personnellement. Un rictus plein de mépris et de défi plissa les coins de sa bouche et pinça les ailes de son nez, et il poursuivit à l'égard d'Eiktabel. « Qu'on me communique leur décision au plus vite. Et merde, nom d'un chien, où est passé ce maudit piaf ? » pesta-t-il, en levant le nez en l'air pour chercher Raven.

Le corbeau crossa, du haut d'un hauban, pour manifester sa présence et Léogan se sentit soulagé tout à coup, comme si à travers l'oiseau, c'était Irina qu'il apercevait miraculeusement. Il lui transmit ses plans avec efficacité et Raven s'envola aussitôt à tir d'ailes vers le port.

« Les mages sous le commandement de la Grande Prêtresse se tiendront prêts à immobiliser le léviathan, il faut l'attirer vers les côtes, et nous ferons feu sur lui, reprit Léogan en se retournant vers le capitaine. Redirigez le Croc Noir vers l'intérieur du Lac, et gardez vos canons à bâbord braqués sur le colosse.
‒ Parés à virer à tribord, capitaine ! cria le second, qui tenait la barre.
‒ Bordez le foc, moussaillons, et vous, choquez la grande voile ! Prenez le vent de travers après la manœuvre ! rebondit Eiktabel à l'adresse de ses hommes, avant de se retourner vers Léogan. ...c'est bien, général, c'est en route, et qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
‒ Je vais descendre au pont inférieur, pour armer l'arbalète à tour, répliqua-t-il, les yeux fixés sur le nouveau danger qui avait émergé des flots. Il faut en finir vite pour en retourner à l'autre pourriture d'eau tourbe – quand le léviathan sera immobilisé, vous placerez votre bâtiment à quelques encablures pour que je puisse viser et nous l'embrocherons d'un coup.
‒ VIREZ ! rugit le capitaine à son second, qui poussa franchement la barre.
‒ J'envoie ! »

Aussitôt, le navire commença à tourner en fendant puissamment les remous écumants du détroit. Le capitaine, pas très causant face au drame, hocha gravement la tête à l'adresse de Léogan, et continua de distribuer des ordres d'une voix de stentor.

« Sigwald, chargez l'Ouragan d'attirer le léviathan à portée des mages de Gaeaf.
‒ L'Ouragan ? releva le quartier-maître aux drapeaux. Mais ils nous ont communiqué qu'ils étaient en déficit de mages, général, comment voulez-vous... ?
‒ Justement, rétorqua Léogan. Je ne peux pas mettre la frégate sur le coup, le colosse nécessite malheureusement plus de puissance de feu qu'un léviathan. Une caraque comme l'Ouragan manœuvrera plus facilement pour faire des allées et venues entre le lac et le détroit. Faites ce que je vous dis, bordel ! » cracha-t-il, avec un geste plein d'humeur.

Le quartier-maître opina vivement du chef, s'en retourna à ses drapeaux et se précipita à la proue pour les agiter à l'attention des trois autres navires. La formation se rompit rapidement, tandis que le Croc Noir virait de bord puis avançait de biais dans le Lac, ses voiles triangulaires claquant dans le vent froid qui soufflait du détroit.
Léogan, quant à lui, dévala les escaliers du château arrière, slaloma entre les hommes qui braillaient et  vaquaient à leurs tâches autour de lui comme une fourmilière dans laquelle on aurait foutu un coup de pied, et descendit dans le trou ouvert de l'entre-ponts. Dans le ventre moite et obscur du Croc-Noir, l'agitation remuait aussi la charpente solide du bateau, son bois grinçait,  son métal crissait, et les gens couraient d'un poste à l'autre en gueulant des invectives dans tous les sens. Léogan interpella au milieu de la confusion deux soldats et les entraîna derrière lui vers le compartiment où il avait fait monter et stocker une arbalète à tour – une pièce massive d'artillerie qu'il avait fait monter là pour réserver un accueil sanglant aux Cavaliers s'ils débarquaient sur les côtes cimmériennes.
Il n'y avait pas trente-six maîtres d'armes à bord du Croc Noir. Léo, lui, mesurait très bien combien cette machine pourrait leur économiser de la poudre, des boulets de canon et les réserves de ses mages, et il connaissait assez l'intérêt de l'engin – son réglage de visée très précis qui donnait l'opportunité de tirer un dard de cinq mètres de long sur une cible mouvante – pour vouloir s'en tirer par lui-même. Si les hommes et les prêtresses d'Irina parvenaient à paralyser le serpent de mer dans les eaux, il serait en mesure de lui transpercer la gorge à trois-cent mètres de distance. Une affaire. Un tir, un seul, et on retourne aux choses sérieuses. Vraiment, il n'y avait qu'en temps de guerre qu'un militaire pouvait se satisfaire à ce point de l'usage que l'armée faisait du budget du pays.
Quand il entra avec ses hommes dans la cale de l'arbalète à tour, un sentiment d'enthousiasme irréfrénable fit vriller son échine. Il tenait une occasion en or de faire des expériences sur le terrain avant que la guerre n'éclate pour de bon... Il tapota le bois de la machine avec une affection particulière. Un rêve de gosse. Il saisit un dard de métal qui était arrimé à proximité et le porta jusqu'à la machine, tandis que les deux soldats ouvraient les écoutilles. De grandes bourrasques d'épines salées s'engouffrèrent avec une lumière crue dans l'entre-ponts. Léogan, les cheveux en bataille, plissa des yeux tout en commençant à armer la bête.
Il remit la flèche immense entre les bras d'un de ses hommes et se pencha sur la crémaillère, avec laquelle il remonta la corde de l'arbalète jusqu'à une détente où elle s'accrocha. Alors, il fit signe au marin de placer le dard dans l'encoche prévue pour et, une fois parée, ils désarrimèrent ensemble la machine pour la faire pivoter et avancer son nez dans l'écoutille ouverte. Les marins s'occupèrent de la fixer à de lourds anneaux de fer pour l'immobiliser de nouveau, avant que la houle n'ébranle brutalement le Croc Noir et n'envoie valdinguer la très lourde cargaison à travers la charpente. Léogan, lui, se pencha à la deuxième écoutille pour évaluer ce qui se passait dehors, en triturant la longue dent d'ivoire qu'il portait en pendentif à son cou.
Il regardait le léviathan et des souvenirs douloureux refluaient sous son front et semblaient lui enfoncer des aiguilles glaciales sous la peau refermée de ses vieilles cicatrices. Mais cette fois-ci, ce serait différent. La première fois, il avait embarqué avec Othello et Malona dans un vieux bateau ingénieusement construit, mais bringuebalant – le résultat de sa fascination dangereuse pour les choses bancroches et improbables – qui avait coulé sous les attaques du grand serpent. Aujourd'hui, il avait deux vaisseaux de guerre pour liquider la bestiole et des mages au port pour leur prêter main-forte, cela le garantissait peut-être de ne pas se faire encore à moitié dévorer et noyer.
C'était une vieille créature qui devait sommeiller depuis longtemps dans les récifs marins et qui, de loin, semblait se dresser sur plus d'une fois la hauteur du navire. Ses écailles ruisselantes étaient d'un bleu grisâtre, parsemé de taches blanches. Il dressait la tête vers le colosse avec un air de compréhension immédiate puis fixait ses yeux de poisson noirs sur les esquifs de l'armée, il ouvrait sa gueule, pleine de rangées sans fin de crocs, sifflait un son aigu qui perçait les tympans, et autour de son cou ainsi que sur le plat de son crâne, déployait une collerette de piquants semblable à une crinière de lion. Sa queue brassait les flots tandis qu'il avançait ses anneaux dans les profondeurs et les eaux gorgées d'écume remontaient à la surface du Lac qui bouillonnait comme un grand chaudron.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeJeu 30 Avr - 13:56

    Waouh mettez de la musique épique de suite les enfants c’est le grand jour, le jour où on meurt, le jour où on fait des actions héroïque le jour où on se lance dans une bataille sans fin contre un titan millénaire ! Mais aussi le jour où on se rappelle qu’on raconte l’histoire de Lulu. Campé sur son bateau il regard d’un œil torve le Léviathan sortir de l’eau alors que le colosse à les yeux qui s’injecte de sang, pour la frime, je suis certain que c’est pour la frime et qu’il peu le faire sans avoir les yeux rouge, mais c’est tellement plus classe hein ? Bon il n’empêche voyant une relation de cause à effet notre futé contre-amiral à faillit demander une attaque contre les yeux du colosse.
    Puis il s’est rappeler qu’il avait déjà eut une conjonctivite, et que ça n’avais pas appelé de gros serpent de mer, et que ce n’est probablement pas en lui enlevant les yeux qu’il n’appellera pas d’autres machins, ce n’est qu’un effet cosmétique comme on dit.

    Pourtant c’est la panique sur la bateau, le capitaine du bâtiment commence à hurler, prit en tenaille qu’il ne vas quand même pas se battre dans ses conditions, que c’est juste un coup à coulé la flotte de Crimméa et que tout ça c’est des conneries, ce en quoi il n’a pas vraiment tord, il est imbécile de combattre dans une tel situation, sauf qu’il est avec un imbécile, et pire un Arghanatien à son bord qui s’approche de lui alors qu’un de ses hommes lui a déjà mis un couteau dans le dos :


    -“Mes chers amis, nous voilà devant un choix radicale, il n’existe pas d’insubordination en sol Arghanatien, hors ce vaisseau est sous ma protection. Soit vous mourrez maintenant, et ici sans autre chance, soit vous vous lever comme des hommes et vous defender fièrement les couleurs de votre pays. Ô certes vous risquez d’y passé comme des tafiolles, mais ce n’est pas certain, on peu gagner, on peu vivre, survivre à se combat et faire une action de grâce, ou j’achève tout les marins coupables et la première Phalange prend la suite. Bien maintenant que ceux qui ne veulent pas tenter de ce couvrir de gloire lève la main !

    Aucun ? Dommage ça nous aurait fait de l’appât à poiscaille. Vous êtes tous des hommes dignes de foi, vous êtes des marins fort, il n’y a pas un nombre infini de Léviathan dans ces eaux, je doute qu’il puisse en rappeler d’autres rapidement, c’est le moment pour vous de jouer.

    Capitaine, les ordres sont clairs, on trouve une faille et on met se foutu titan à nos trousse, il est l’heure d’aller titillé le jeune homme sous les doigts de pieds. Le Général de toutes vos forces nous à demander de faire front et d’aider les marins à faire dégager ce petit navire, voulez vous vraiment qu’on vous prenne pour des faiblardes ? Non alors bougez moi cette foutu voilure ! Tous à vos postes !”


    Puis après agressé la virilité des marins présent pour bien leur expliquer calmement que si certains se défilait c’était leur honneur qui était en jeu mais aussi leur vie et leur dite virilité. Il était un peu près sure de ce faire haïr sauf si ils réussissaient une action d’exploit mais là, dans l’instant présent les marins avait autre chose à penser … Et lui aussi.

    “Première phalange, je veux les aquamancien et les aéro à la manœuvre, trouver une faille, jouer avec le navire, je veux que cette coquille de noix soit le vaisseau le plus rapide que la mer n’ai jamais connu, et le plus agile.
    Olaf et Chien, vous vous préparé à partir à la chasse, dès qu’il a comprit qui nous étions nous allons jouer, on va chasser comme on chasse les monstres dans les montagnes, il faut absolument que ce machin se dégage de là où il est, et si les marins sont autant des tapettes que nos gas ils vont taper des genoux et s’en prendre au Léviathan, on n’a pas le temps pour ça, si le titan se retourne c’est le village et votre Duc qui se le retrouve dans les pates.
    Vous êtes une toute petite partie de la phalange mais c’est vos noms qu’on retiendra comme ayant sauvez le Duc. Alors soyez prêt ! Les autres à vos armes et aux canons !”


    Lupen, excité comme un vieux pervers en début de printemps qui voit passé dans les bois une belle joggeuse peu vêtue sur un chemin non fréquenté se tient à la proue avec Olaf, un homme carrément rachitique pour la première phalange mais surtout un téléporter capable d’invoquer des armes, un de ces hommes qu’on aime quand il est qu’question d’assaillir des ennemis, et dire que ces parents tout deux de la première l’avait appeler Olaf en espérant que ce nom lui donnerait une carrure digne de la première. Et le Chien, lui aussi téléporteur et animorphe mais qui ne se dépatouillait jamais vraiment de quelques détailles des animaux dont il avait pris la forme, autant dire qu’il puait un mélange entre chien mouillé et poisson rester trop longtemps hors de l’eau et que sa pilosité folklorique caché sous la capuche de son armure, l’une des seules légère principalement faite dans des caoutchoucs et autres sèves, était pour le moins étonnante. Tout les deux aussi avaient un sourire extatique, s’attaquer à un être aussi grandiose avait vraiment quelque chose de merveilleux et de complètement con...

    Toujours est-il que pendant que L’Ouragan et le Croc Noir faisait courageusement demi tours histoire d’aller tatanner le petit frère du gros mastodonte, c’est toujours plus sympa d’explosé le petit frère, ça fatigue moins, le trident et son équipage de fanatique Arghanatien cherchait une faille et une passe dans l’idée de jouer au pointeur laser pour chaton et de redonner un petit coup de boost au moral des troupes avec une action héroïque ou tout du moins épique. Il espérait de tout son cœur que les bateaux du général auraient la capacité à prendre en charge l’arrière si jamais il se retournait mais il doutait aussi qu’il puisse faire quoi que ce fût sinon lui demander gentiment de bien vouloir sortir du lac depuis l’intérieur du dit lac. Or c’est bien connu les gros machins plein de tentacules qui dévaste des villages sont moyennement réceptif à la gentillesse et aux formules de politesse. Il fallait donc passer à autre chose, et c’est bien ce que je disais, sortez la musique épique les gones !

    Là, au milieu des tentacules derrière le titan un navire à l’avant duquel Lupen avait suspendu une cape Sinople et Or symbole de son duché, tournait et tournoyait, faisait son possible pour se faire oublier du colosse tout en s’insinuant dans les vue des marins. Et de regarder si des brèches se faisaient visibles, si depuis sa binoculaire vissée sur son œil droit tel une vigie pirate verte il pouvait apercevoir une bonne idée et les signaux des marins.

    Puis, alors que la voit était libre il envoya chien grommeler rapidement aux Marins de Noxis avant de revenir de bien vouloir continué à suivre le plan et de se rallier au plus vite.

    Il était prêt eux deux éventualité, les marins faisait sans lui et il continuait dans son rôle initial de rabatteur au besoin, ou à prendre le rôle de proie, de laser pour chat, de saucisse au bout d’un foule qu’on traine contre sa volonté devant un ours affamé qui vient d’être réveiller par hasard, mais après tout ce n’est pas de votre faute si vous aviez besoin de fourrure d’ourson là maintenant hein ? Il sourit en voyant la tentacule déjà entamé et à la montrant à Olaf, sa position ne dépendait plus que des marins, ou l’un d’eux était assez fou pour le faire, ou il le ferait lui-même …

    Il murmura enfin en jettant un oeil aux deux hommes de la première phalange rester près du capitaine séditieux :


    “Compte discrètement les marins et les canots, si on joue au imbécile je prendrais la barre, il faudra qu’il ai mit toute la voilure, avec nos cinq aéromancien on devrait distancer ce tas de machin et laisser les matelots aux marins … Vérifie si c’est possible mon grand et prévient discrètement la phalange, il est possible qu’on doive faire main mise sur un bateau sans être vraiment sur de pouvoir le rendre après …”


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMer 6 Mai - 14:59

L’heure est souvent au meurtre ou à la souffrance dans les temps comblés de blanc qui traversent et se nourrissent de la misère des hommes. Au milieu de ses éléments si commun, posé là sur une chaise au milieu du temps peu clément de ces contré reculé d’un nord agressif, le Duc d’Arghanat était saur sa chaise. Ni assit, si affalé, il avait été mis là par ses hommes qui avait entreprit de monter un campement autour, quelque par proche de la zone où les militaires donnait de la nourriture et avait construit un second hôpital Arghanatien pour désencombré celui que la Dame Dranis avait fait monté, et ne pas mettre en conflit différentes manières de travailler. Il était bien moins munie, et renvoyait donc tout les cas grave à l’autre, mais recevait de nombreuses demandes pour autant et surtout de tout les êtres envoyé par la force présente sur les lieux.
Car mené par le Duc les hommes d’Arghanats avaient ratissé une grande partie des décombres avec une efficacité surnaturelle se fiant aux capacité du Duc qui lui avait permis de survivre dans le monde de la politique en temps qu’aveugle, des capacité qu’il utilisait tout le temps à bien d’autres but mais qui à présent l’avait laissé pantois et vidé sur une chaise.

Ou du moins c’est ce que penserait tout homme qui passait à proximité, que le Duc autant que ses hommes donnait de son corps à s’en détruire, à s’en vidé de ses humeurs les plus brillantes, à en perdre la magie, et qu’a présent, dans un sursaut il se relevait sur sa chaise. Mais qui sait ce que garde en réserve un esprit comme celui du Duc ?

Toujours est-il qu’il s’était relevé, posé droit sur son fauteuil de transport aux couleurs du duché et avait interpeller un de ses hommes alors qu’encore personne n’avait réagit ou n’avait vue venir le moindre danger plus haut sur les collines, assez loin de la mer mais toujours trop près du spectacle du titan forcené qui a présent faisait appelle à d’autres forces marines. Le Duc avait été sorti du village quelques minutes après que les bateaux ai quitté le port, alors que les forces se mettait en place et que chacun rejoignait son navire, il avait laissé les hommes avait des instructions, se faisant porté pour traverser le village et indiquant les maisons contenant encore de la vie bien plus loin que des yeux peuvent porter dans ce paysage apocalyptique, semant des hommes sur son chemin. En vérité il ne restait plus que quelques poigné de maison à exploré à l’extrémité du village afin d’être certain que tout se passerait pour le mieux. Mais ce n’est pas ça qui a fait ce lever cet homme de candeur et de grâce, c’est bien autre chose, un murmure dans le vent. Car si il est loin d’être sindarin il a eut la bonté de laisser quelques hommes en éclaireurs dans le but de vérifié qu’une ennemie connu ne prendrait pas l’avantage sur cette histoire incongrue. Or si ce n’était pas la personne qu’il attendait les éclaireurs avait tout de même vu quelqu’un qu’il fallait recevoir.

A nouveau escorté alors que l’on n’avait même pas finit de préparé sa pitance il fit lever ses hommes et amener un table et quelques chaises ainsi que son futur repas en direction des collines de l’est où l’écho du zéphyr le conduisait.

Il se fit donc obstacle sur la route d’un homme charmant si il en est, monsieur le maire et vieil ami du Duc par un contrat pour le moins audacieux qui lui permis, en des temps reculé de faire enfin venir une main d’œuvre belle et de très bonne qualité pour l’entretient des hommes influents autant que pour d’autres taches ingrates qu’il serait indigne de laissé à des êtres libres si il en existe encore.
C’est donc un magnifique obstacle qui lui fut présenté car en haut d’une colline d’où on voyait le village s’agité en grouillant d’homme armé qui évacuait les victimes restantes et qui comptait maintenant de nombreuses fois plus de militaires que de civiles, tout en haut de ce maigre apique se tenait le Duc, Fils de Fen et plus couramment nommé Tekum Seh qui de toute sa grandeur surplombait la petite troupe du Maire.


-“Bellicio mon ami, mon très cher ami, je sais comme il est important pour toi de montrer ton fier destrier ici et maintenant, mais je me dois de t’invité à ma table car un homme tel que vous êtes outrageusement irremplaçable et la ville est actuellement en prise avec un Léviathan. Des boulets perdu son monnaie courante en plus des attaques du titans et vos hommes si fières ne ferait que marché sur les pieds des hommes qui sont déjà là bas en fort grand nombre sans une organisation précise.

Je pense qu’il est donc de votre devoir de donné des ordres claires et en temps qu’ami je vais vous donné un conseil, envoyé tout vos soigneur à l’hôpital que vous voyez là bas il porte les couleurs d’Arghanat.
Ensuite, vos hommes les plus agiles aux décombres, sous la juridiction d’un de mes capitaines, qu’ils demandent Sempt, à l’extrémité ouest du village c’est les seules maisons qui n’ont encore été vérifié.
Enfin tout vos guerrier devrait rejoindre le Colonel Arthwys c’est lui qui est en charge du reste et de la défense au fort, et même si ils auront surement fort à faire entre les Léviathans qui se réveille le colosse qu’il faudra peut-être bombarder mais cela n’attaquera pas le moral de gens aussi fier que les vôtres.

Et malheureusement, comme les choses se dessines je ne vois qu’une seul possibilité pour vous, resté à cet position centrale avec moi dans le but de pouvoir gérer aussi bien ses trois groupes que toutes les réponses tactiques que nous devrions pouvoir donner en temps et en heure. Au milieu des décombres vous seriez aveugle, si je peux me permettre sachant que cela est dans le domaine de mes connaissances.

Et puis nous avons à parler, car vous les choses actuel il serait de bon ton que vous n’oubliez pas nos accord passés, or je n’ai pas eut de nouvelles de vous depuis fort longtemps et ce colosse ne doit pas nous faire oublié des choses tout aussi importantes mais impliquant la vie de bien plus de gens...
Car j’ai le malheur de vous annoncé qu’il n’y a plus que quelques civils dans Gaef et que la plus part des gens y sont des hommes de métiers de guerre et d’aide, mais toujours de passion. Mais vous êtes un des plus grands hommes de ce siècle, un homme responsable je sais qu’en face de vos hommes et malgré tout vous saurez faire ce que vous devez et répartir vos hommes tout en prenant une position de commandeur à qui ne revient que les honneurs de l’armé, les plus dignes car c’est ceux de vos hommes ici présent.”


Les mots, poison doux ou douce brise transportant des marasmes de toxines et phéromones toutes liées pour ne faire plus qu’un dans un bain sanglant de mensonges, de fausses vérités, de dures lois de la psychologie des hommes si faibles. Car il y avait de nombreux but à ce discours, de nombreuses volontés et un nombre d’aboutissant bien plus affolant que le nombre de tenants. Rien n’était laissé au hasard, pas le tutoiement d’accroche, ni la position des compliments, ni la mise en exergue des hommes qui se devait à présent de ne pas se montré faible, même dans leur peur et donc de se rallier à la machine bien huilé … Le tout couplé au charisme légendaire poussé vers les cieux par les reste de magie du Duc, d’Arghanat qui pouvait encore une fois dans son histoire apparaitre comme un visage de Fen lui-même tellement sa beauté sa voix et sa grandeur aurait put paraitre divine.
Le sourire au lèvre, le vent dans ses cheveux blanc, il commença à rejoindre sa table alors que le maire choisissait son camps.

Il était de toute façon lié au Duc par des contrats qu’il aimerait mieux ne pas voir filtré, il avait signé assez de chose pour le Duc d’Arghanat puisse le faire exécuté sur la place public sans même se mouillé, par le peuple en colère de voir son dirigeant rampé dans les affaires de la pègre et des trafics d’esclaves. Tekum avait des preuves, tous se devait de le savoir, c’était enrichissant, ça lui avait donné de l’or, des femmes et du pouvoir, mais il avait surtout vendu son âme au diable, et le Diable avait toujours le contrat.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeDim 17 Mai - 23:11

Les attaques fusaient de part et d'autres. Canonnades, sorts composés, merveilles de technologie, le navires de front qui oeuvraient sous la bannière du Commandeur Omerio ne lâchaient pas leur harcèlement contre le Colosse. Bercé par le tumulte des vagues provoqué par la rage de la créature, L'Idéal était encore sous la bonne protection de leurs alter-ego aquamancien. De part et d'autres les nouvelles fusaient, leurs camarades commençaient à céder du terrain et certains équipages avaient déjà rendus l'âme. Occupé par la logistique des sorts composés, Aro prenait quelques bribes de ça et de là pour se composer son savoir. Ce qu'il en ressortait de manière générale n'était guère bon. Ils étaient actuellement parmi les navires les plus avancés et donc les plus propices à un violent retour de flamme de la pat du Colosse. Malgré cela il ne fallait en rien reculer et continuer à le harceler au plus profond de sa chair pour hisser son attention au large. Les ordres étaient clairs mais le Lhurgoyf ne pouvait s'empêcher de les trouver suicidaire. Serrant les dents, il désigna un second à qui il donna la suite de la marche à suivre pour s'occuper des mages du navire.

"Capitaine! Les attaques du Colosse n'augurent rien de bon, on aura pas le temps de recharger une nouvelle salve électrique qu'il sera sur nous!" au milieu des voix et des passages effrénés, Aro se fraya un chemin jusqu'à Shof qui était affairé à lire un communiqué frappé d'un sceau "On devrait prendre le large le temps de récupérer un peu, j'ai peur d'en perdre un ou deux si je les force à refaire un rideau magnétique maintenant."
"Vos inquiétudes je me les tailles en biseaux Vanzig. Omerio tient à ce qu'on reste en première ligne et que les attaques ne cessent pas donc elles ne cesseront pas." rétorqua l'ancien en levant un visage luisant d'embruns qui faisaient coller sa longue chevelure argenté sur son visage pâle.
"Nos attaques vont être obsolètes, au moins changer avec un autre équipage plus frais!"

Aro commençait à s'agiter pour appuyer ses propos de gestes significatifs quand une main vint se poser sur son épaule. Sourire, le second de Shof, lui adressa une franche négation avec un air désolé peint sur le visage. A côté de lui, le vieux capitaine cracha sur le pont déjà trempé qui sembla craqueler de mécontentement en accusant une nouvelle vague violente. Chaque minute semblait éroder les sorts des aquamanciens, laissant L'Idéal en proie aux plus terribles présages pour les évènements à venir. Une certaine résignations se lisait sur les traits des deux messagers encadrant le Capitaine et il y avait fort à parier que la situation présente était plus dû au devoir qu'a l'honneur. Ce n'était pas que Shof Main-d'Argent ne voulait pas rebrousser chemin pour faire souffler ses hommes, c'est qu'il ne pouvait pas. Et un homme de son audace ne vas pas à l'encontre des ordres du Commandeur à qui il a juré allégeance. Quand bien même sa propre vie est en jeux.
Dans un sens, Aro respectait ce genre de personne. Et d'un autre côté, la loyale idiotie qui en découlait lui inspirait un profond dégout. Comment de si braves commandants peuvent ainsi profiter de la loyauté infaillible de leurs hommes et les envoyer au casse-pipe sans aucune promesse de ticket retour. Ce n'était pas même comparable à la noblesse combattive des hommes de la Force Ecarlate. Dans les yeux de Rob et de Shof il pouvait clairement lire qu'ils se trouvaient tous à l'orée d'un abattoir maritime.

"Les Cimmériens sont en position Vanzig et un Léviathan nous attrape en tenaille. Heureusement que les Navires d'Oakbriggs étaient pas loin sinon notre chaine de commandement serait actuellement rompue. Il faut tenir position, continuer les offensives et leur offrir une ouverture concrète. C'est les ordres." Shof s'adressa à Aro d'un ton sec et presque monocorde, voir désincarné. Il était résigné, quelque part au fond de lui, à périr dans les heures à venir. Mais il n'affichait aucune tristesse et au contraire, un éclat farouche brillait dans ses prunelles de perle. Il avait avec lui l'honneur et la fierté de servir un des plus grand Haut-Capitaine. Un amour qui n'était pas partagé par tous.
Aro allait continuer à s'opposer à cette prise de position quand la poigne de Sourire se raffermit sur son épaule. Son camarade et supérieur l'intima discrètement au calme et surtout au silence le plus respectueux possible. L'heure n'était pas à la mutinerie ou aux dissensions.
"A vos ordres Capitaine."

S'en allant d'un pas décidé et rageur, Aro avait les machoires serrées. Il n'avait pas signé pour être dans une organisation si militaire. Ou en tout cas avec une plus franche notion du respect de ses hommes. Il avait signé pour la liberté en premier argument et la tournure des choses lui apportait un sentiment de plus en plus désagréable. Prenant appui sur le bastingage pour se donner de l'élan, le ventre le travaillait et la gorge le serrait. Il savait que ce n'était pas la peur qui le tenaillait ni le courage qui lui manquait mais une voix au fond de lui qui s'éveillait, ricanante de sa condition humaine. Dans son dos s'étendait un fourmillement indicible comme si des ailes allaient lui pousser à tout moment pour qu'il puisse s'envoler seul à l'assaut d'un Colosse qu'il savait pourtant invincible. A moins que ce soit pour fuir et reprendre cette liberté qui lui faisait tant défaut à l'instant présent. L'esprit momentanément brouillé, il se fit récupérer par un mousse qui eut la bonté de mettre sa perte d'équilibre sur les assauts que subissait le navire.

"Tous en position! Chaque mage valide à son poste, minimum quatre et pas de fainéants! On vise la tentacule qui gigote et vous avisez pas de rater sinon c'est le Capitaine lui-même qui s'occupera de vous!"

D'une oeillade sur le côté il vit l'approbation de Shof et le remerciement silencieux qui allait avec. Mais en face de lui il devait accuser le regard outré de certains de ses camarades qui n'étaient plus en état de continuer à charger le sort composé qui faisait la fierté de L'Idéal. Les mots qu'il venait de prononcer avait un goût de cendre dans sa bouche et il sentait la honte lui ruisselé dans le dos jusqu'à lui en faire frémir l'échine. Il savait que par cet ordre il venait de condamner à mort un ou deux des malheureux qui étaient devant lui au moment même. Et pourtant personne ne daigna répondre par la négative et c'est avec six mages autour de lui que les cris fusèrent pour préparer une nouvelle salve de canon.
Alors que L'Idéal était ébranlé par ses canons et que les boulets s'arrêtaient à quelques mètres de là pour se faire organiser par les mages en vigueur, la voix de Sourire s'éleva dans le dos de Aro.

"Faites parvenir aux Cimmériens qu'ils doivent se tenir prêt à foncer dans le tas pour refermer l'étau! Et précisez que si ils se foirent, on ira les choper par le fond pour les faire regretter!"

Les messagers partirent chacun de leurs moyens pour faire tourner l'information aux navires autour d'eux et pour faire remonter la nouvelle à la chaine de commandement. Et au même moment, un chant s'éleva de l'équipage de L'Idéal, encourageant les mages fidèles qui remettaient le couvert pour une énième attaque. Les Étoiles Filantes de Main-d'Arent auront raison du Colosse. En tout cas d'une de ses tentacule. Aro lâcha l'assaut et presque aussitôt, s'écroula dans un manteau de noirceur épaisse.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeLun 15 Juin - 21:37

Avertissement:

Quelles sont les circonstances qui changent la plus egocentrique en aventurière désintéressée ? Comment ne se soucie-t-on plus de son petit confort et de ses désirs égoïste pour se demander ce qu’il va advenir de son prochain ? A partir de quel moment le changement est-il assez fort pour que l’on ne se reconnaisse pas ?

Est-ce le danger si proche et si monstrueux que l’on sait déjà qu’il est peu de chance d’en réchapper ? L’éloignement de son cocon personnel ? Ou alors l’exemple des héros de ce temps sert-il de flamme à des actions qui seraient incongrues en d’autres lieux en d’autres contextes.

La petite remontait vers les hauteurs du bourg laissant seules les petites empreintes de ses petons dans la vase que le cataclysme avait apporté sur le port. Ce spectacle dessina un sourire satisfait sur le visage de la Syliméa qui lissa en arrière ses cheveux de ses deux mains comme pour reprendre ses esprits après quelque chose qui lui était si étranger qu’elle ne se reconnaissait pas. En même temps une sorte de contentement du devoir accompli la gagnait. Il ne s’agissait pas de la jubilation donnée par une exécution réussie et de de son shoot d’adrénaline, ni d’un paroxysme orgasmique avec lesquels elle emplissait sa vie depuis qu’elle avait rencontré Elië et sa double vie, mais plutôt d’une sorte de nouvelle sérénité, d’une plénitude rassurante qui lui étaient inconnues jusqu’alors.

Les préparatifs de la cérémonie semblaient prendre plus de temps que prévu ou bien le moment crucial n’était pas encore arrivé. Les choses paraissaient pourtant s’agencer calmement comme lors qu’un balais réglé par un chorégraphe méticuleux. Les nonnes savaient ce qu’elles avaient à faire et l’agitation fébrile s’était muée en une sorte de balai dont elle ne percevait pas entièrement les mouvements si ce n’était qu’ils étaient tous centré autour de la grande prêtresse. La rouquine s’était tacitement proposée pour participer au drainage de magie mais elle ne parvenait pas à se dire qu’elle avait véritablement sa place dans cet ensemble parfaitement coordonné. Elle ne pouvait que se considérer comme extérieure à tout cela comme la pièce rapportée qui allait peut être apporté un petit plus, mais dont la l’étrangeté pouvait aussi compromettre les rouages d’une belle mécanique que des décennies voire des siècles avaient forgée et articulée.
Elle regarda tout autour d’elle et avisa les autres âmes qui s’étaient attroupées autour pour sans doute la même chose qu’elle et se demanda comment les sœurs de Cimméria allaient pouvoir intégrer tout ce beau monde dans leur rituel magique. Sans doute rejetée par son individualisme forcené qui était ces dernières heures passé au second plan, elle se laissait prendre par des questions liées à la curiosité bien plus qu’à la nécessité. Car enfin, il ne s’agissait rien d’autre que d’une opération de mise n commun de magie. Il était évident que la plus grande partie de ces simagrées était plus une façon de se mettre en condition et de chasser la peur qui devait habitée tout un chacun qu’une obligation impérieuse dictée par les lois de la magie. Il suffirait que chacun se trouve à portée des catalyseurs pour mettre à la disposition d’Irina son fluide magique.

La petite a disparu et la rouquine se plait à croire qu’elle est maintenant en sécurité même si par les temps qui courent et la monstruosité des dangers qui menacent la côte, rien n’est moins sûr. En tout cas elle est maintenant hors de vue. Le regard de la Ladrini balai du regard le quai et les environ. Tout doit être désert. Ceux qui restent doivent savoir pourquoi ils sont toujours là : prêter main forte aux mages ou finir d’évacuer ceux qui doivent encore l’être et d’ailleurs, les acteurs se sont maintenant concentrés autour du point de rassemblement des prêtresses le reste se vidant petit à petit de toute autre présence. Les hommes en armes ou les brancardiers de toute armoirie qui avaient un instant sillonné les rues adjacentes se font de plus en plus rares. Sans doute leur mission touche-t-elle à sa fin ou alors la prudence étant mère de sûreté sont-ils maintenant remontés vers des niveaux plus sûrs. A cette pensée elle ne peut s’empêcher de hausser les épaules. Y avait-il un endroit propice à la survie à moins de cinq lieues d’ici ? C’est étrange comme on s’habitue à tout même à la pensée de mourir dans les minutes ou les heures qui viennent. Elle qui avait été précipitée dans la terreur par les mugissements apocalyptiques du monstre regardait maintenant l’éventualité de sa disparition avec le plus grand détachement. La sérénité et la force apparente de la prêtresse rouge y était pour quelque chose tout comme la certitude qu’il ne servait à rien de se débattre fébrilement contre les évènements mais faire en sorte de les affronter avec un maximum de raison si on voulait avoir une chance de leur échapper. Paradoxalement la proximité de son destin la rendait plus libre que jamais. Libre de rester ou de fuir, de choisir comment finir sa courte existence, de la même manière qu’elle l’avait envisagée jusque-là où de lui donner un tour nouveau si tant est que cela vaille la peine de se conduire différemment au porte du royaume de Kron. D’ailleurs il n’y avait sans doute nul royaume à la porte duquel aller frapper une fois que votre cœur a cessé de palpiter à l’intérieur de votre poitrine et ce n’était pas la proximité de l’échéance qui allait lui faire envisager le contraire. Bien au contraire, jusque à présent, elle voulait bien envisager un certain doute sur la validité de l’existence d’une ou plusieurs entités qui régiraient ce monde, mais aujourd’hui sans arguments à présenter, elle sentait la certitude du néant qui s’apprêter à l’engloutir comme les milliers d’autres qui restaient agglutinés sur ce rocher comme des moules attendant que le mareyeur ne les décolle d’un coup de de sa solide lame…

Un sourire ironique se dessina sur son visage alors que son regard finissait de faire le tour des environs du centre de l’attaque magique qui se préparait. S’ils existaient les dieux savaient comme elle aimait la vie et pourtant l’inévitable du destin qui la menaçait la laissait soudain de marbre.
Son regard s’arrêta soudain.

*Qu’est-ce que c’est que ça ?!*

Un corps gisait en bordure du quai aux confins des premiers quartiers et des premières rues qui en partaient. Sans doute toute absorbée par la petite de tout à l’heure et ses pensées eschatologiques, elle ne l’avait pas encore remarqué.

*Vivant ou mort ?
_ S’il n’était pas là tout à l’heure il y a des chances qu’il soit vivant…
_ Ou mort depuis peu...*


Il n’y avait qu’un seul moyen de la savoir. Ce nouveau questionnement était bien dérisoire. Quel intérêt pouvait-il y avoir à savoir ce qu’il en était du pauvre hère qui gisait face dans la vase en pareil moment ? Sans doute son incorrigible curiosité y était-il pour quelque chose. Elle aurait pu la justifier par la possibilité de trouver ici une nouvelle source de magie pour alimenter la grande prêtresse, mais ce n’était pas le premier mobile. Elle jeta un regard à l’agglomérat de prêtresses et autres bonnes volonté. Les choses ne semblaient pas encore devoir commencer. Face à la mer, la grande prêtresse ne semblait pas encore prête à lancer un quelconque sort à moins que le moment ne fût pas encore venu…
Elle prit donc d’un pas pressé la direction du corps allongé et en apparence inerte. Elle arriva bientôt au-dessus de l’homme car c’était bien d’un mâle Terran dont il s’agissait. Elle fronça son nez. Que restait-il du Terran qui arpentait debout ce monde ? Si ses hardes devaient avoir été fonctionnelles pour un coureur de chemins elles servaient plus à rattacher le pauvre bougre au monde civilisé qu’à réellement le protéger. A moins qu’une fois séchée en une bonne croute, le mélange de crasse et de boue qui les maculait ne puisse arriver à cette fin. La blonde tignasse ne valait pas mieux, collée en mèches crasseuses et envasées elle se soulevait faiblement au rythme d’une faible respiration qui venait de quelque part en dessous de cet amas filasse et crotté.

*C’est donc vivant…*

Elle soupira. Il eût été bien plus pratique de tomber sur un cadavre. Elle aurait tourné les talons pour retourner apporter sa modeste contribution au drainage de fluide magique. Mais là… Elle hésita, prête à rebrousser chemin, mais quelque chose l’en empêcha. La curiosité une nouvelle fois me direz-vous ? Sans doute mais si vous lui aviez demandé ce qui dicta son geste elle n’aurait su répondre. Elle fléchit les genoux pour s’accroupir au niveau de l’épaule gauche de l’homme étendu dans le vase. Des relents nauséabonds lui retroussèrent les narines. Crasse, vase, sueur et vapeurs d’alcool, tout semblait s’être conjugué pour la faire fuir. Elle n’était pas arrivée jusque-là cependant pour s’en retourner sans en avoir le cœur net. Elle se résolut donc à empoigner l’épaule gauche du malheureux et à le faire rouler sur le dos.

Elle se redressa vivement et fit un pas en arrière. Ce n’était pas possible ! Ce ne pouvait être lui ! Et pourtant ce visage, cette cicatrice, elle les reconnaîtrait entre mille. Mais c’était bien la seule chose qu’elle pouvait encore reconnaître en ce jour de cataclysme. Que restait-il de commun entre cette loque humaine allongée dans la vase d’un quai et l’amant d’une nuit d’orage qui avait brulé sa peau quelques semaines auparavant ? Ses paupières mi closes lui donnaient l’air hagard des ivrogne et les l’acier qui brillait dans ses prunelles semblait s’être dissout dans les miasmes qui collaient les commissures de ses yeux cernés. Plus aucune lumière ne semblait éclairer sa raison et sans doute ne la voyait-il pas. Ses globes oculaires révulsés recevaient-ils encore des images de ce monde ?
Elle fut soudain prise de vertige. Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire, fuir loin d’un rêve évanoui ou lui tendre une main secourable. Finalement elle se raccroupit pour contempler l’étendu des dégâts. Où était passé le chasseur prime plein d’assurance qui chassait les malandrins au fond des arrières boutiques la nuit et passait son bras autour de la taille des jeunes filles ? A présent, un enfant l’aurait désarmé et la plus seulette eût fui devant lui… Elle passa ses doigts dans les mèches collées de fange sur son front et sentit les larmes lui monter aux yeux comme un enfant désemparé devant un mythe écroulé.

Il avait repris la route et disparu de sa vie et pourtant elle l’avait convoqué plus d’une fois dans ses souvenirs, heureuse de cette rencontre, et de sa liberté sauvegardée en même temps que l’éventualité de recroiser sa piste avait semé une étrange fleur dans son âme et son corps. Et maintenant tout était en décomposition là dans la boue d’un quai dans laquelle il restait vautré comme le dernier des mendiants.

Quels évènements avaient pu avoir raison de son messager royal ? En quelques semaines, le héros était tombé à bas de sa légende et jamais elle n’aurait imaginé leurs retrouvailles dans ses conditions. Ni au milieu d’une tempête qui promettait de tout détruire sur sa route ni séparés par toute cette déchéance. Elle aurait donné à cet instant beaucoup pour le voir se dresser le sourire vainqueur aux lèvres comme pour mettre fin à une farce cynique. Il l’aurait prise par la taille comme il savait le faire à la fois délicatement et fermement et l’aurait attirée contre lui, libre à elle de le repousser. Mais là dans les immondices de la catastrophe, il restait quasi inconscient et ne laissait ni doute ni espoir. Elle se pencha et déposa un baiser sur le front égaré chercha en vain un éclat métallique sous les paupières entrouvertes mais ne vit que le gris d’un morne horizon. Elle sortit sa dague, celle-là même qui avait marqué la fin de leur nuit et la glissa sous la guenille qui faisait office de chemise ou de pourpoint.

Il était temps à présent de retourner vers un espoir qui semblait dérisoire quelques minutes plus tôt mais paraissait maintenant des plus tangibles comparé à l’abîme qui l’avait saisie face une ombre blanche déchue. Elle se redressa donc et se dirigea vers la cérémonie magique. Et soudain elle se rendit compte qu’elle venait de refermer une parenthèse qui s’était ouverte dans le chaos qui avait submergé le village et les gens quel qu’ils soient. Chaos qui les reliaient tous dans un destin commun si tant était qu’ils fussent un tant soit peu conscients.
Une larme coula sur sa joue qu’elle écrasa bien vite.
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeVen 19 Juin - 2:41

L’œil vissé dans la mince fenêtre de tir, ouverte par l'écoutille, Léogan retenait sa respiration au fond de ses poumons. Le Croc Noir glissait doucement sur l'eau du lac, suivant de loin les ondulations stridentes du Léviathan vers le port. L'Ouragan, la nef légère qu'il avait cédée au commandement logistique de Veto Havelle, se faufilait agilement entre les récifs noirs et dentus de la baie, c'était comme une anguille qui serpentait déjà dans la gueule à demi-ouverte d'un monstre. Léogan avait plus conscience que quiconque du péril dans lequel il avait précipité Veto et l'équipage de la caraque, pour avoir vécu sensiblement le même, quoi que ce fut au milieu de l'océan en pleine tempête, dans un rafiot qui n'avait certainement rien à voir avec la robustesse d'un bâtiment militaire. Mais L'Ouragan n'était encore qu'un frêle esquif sous les assauts du Léviathan. Il suffisait d'une erreur du barreur, d'un marin qui s'empêtrait dans ses cordes en hissant le foc, et la bête pourrait refermer son énorme gueule sur le mât et l'arracher aussi aisément qu'on se tire une épine du pied...
Léogan réprima un frisson. Et dire qu'il s'était trouvé sur le mât, ce jour-là. Il avait dû couper la corde qui l'y retenait, par chance il avait eu un couteau en main – sans quoi il aurait sans doute trouvé la mort quelques pieds plus bas... Aplati comme une crêpe par tout le gréement du bateau. Et c'était là qu'il avait sauté droit sur la tête plate du Léviathan. Il avait planté son couteau dans la chair de son crâne, s'était accroché à sa collerette de lion aquatique, il avait tenu bon aussi fort qu'il l'avait pu. Qu'est-ce qu'il aurait pu faire d'autre ? Et alors, les crocs du monstre avaient claqué sur lui.
Sa main se crispa sur sa poitrine. Les plaies s'étaient refermées depuis quelques temps déjà, et une fois pour toutes, Irina y avait veillé – cela faisait trop longtemps qu'il se traînait ces blessures, qui lui avaient été fatales à quelques reprises – mais chaque fois qu'il y pensait, il ressentait encore une douleur sourde fourmiller entre ses côtes.

Tout ce qui importait, c'était que ce jour-là, il s'en était sorti. Seulement il avait conscience qu'il s'en était fallu de très peu, et que si Veto avait toujours eu les statistiques de la bonne fortune de son côté en ce qui le concernait, cette nouvelle audace pourrait incarner ce pourcentage infime d'échec qu'il n'avait encore jamais connu et qui le tuerait. Les dieux se fatigueraient peut-être de faire de sa survie un miracle permanent...
Au fond de lui, Léogan se demandait s'il n'espérait pas, bien au fond – ou pas tant, en fin de compte – contrebalancer ce foutu pourcentage pour... Inverser la tendance. Ça lui donnerait quelques garanties... Parce qu'il craignait effectivement, parfois, dans ses heures de paranoïa profonde, d'avoir grand besoin de ces garanties...
Et puis il se rappelait qu'il n'avait pas choisi L'Ouragan pour satisfaire ses pulsions sadiques personnelles ou ses envies de meurtre particulières. C'était le vaisseau le plus adapté à ce genre de manœuvres. Voilà. Il ne faisait que son travail, rien d'autre.

Et ce n'était pas le moment de pondre des élucubrations pareilles. Il faudrait que ces fils de chiennes de cavaliers se ramènent bientôt aux frontières du pays. Il ne tiendrait plus très longtemps sans satisfaire certains de ses besoins que la loi n'autorisait que sous des conditions bien spécifiques... Trop spécifiques. Et il avait un peu trop abusé des bonnes faveurs du système judiciaire corrompu de Cimméria, ces derniers temps.

Bref, il lui était permis d'étriper un Léviathan aujourd'hui et de manière tout à fait légale et conventionnelle, alors il avait tout intérêt à profiter de l'instant présent.
Une traînée d'adrénaline remonta dans son échine et Léo continua de penser cyniquement qu'avec tous ces monstres qui pullulaient de plus en plus à travers le continent, les gens comme lui pourraient enfin être utilisés à des fins favorables à la société humaine, tout en comblant leur propension à la violence – le temps des gibiers de potence promus généraux était bel et bien venu, et il n'était peut-être pas le premier d'entre eux, ni le dernier.
Il se souvenait de ce qu'il avait dit à cette Eryllis, à Elgondor, quand ils étaient tombés sur cette autre saloperie de colosse qui crachait des dégueulasseries de fumées rouges à des lieues et des lieues à la ronde, comme une cheminée mal ramonée qui empeste le voisinage. On l'avait envoyé là-bas comme un baillis municipal en inspection, il avait trouvé la source du problème, mais si pour le baillis il est facile de coller un procès-verbal aux détenteurs de la cheminée susnommée, il n'avait même pas traversé l'esprit à Léogan d'adresser la plus petite réprimande au colosse qui polluait le bon air des bonnes gens d'Isthéria. Par contre, hé bien, il le lui avait bien dit, à cette Eryllis – Aliénor, c'était son nom, Aliénor Isil – il lui avait dit en toutes lettres : « Les hommes ne peuvent plus vivre en harmonie avec le monde, il est trop tard. Et ils n'accepteront pas de disparaître, alors ils le combattront sans pitié. Ils combattront même les dieux si ce sont eux qui ont décidé de les mener à leur perte. Et pourrez-vous leur dire qu'ils ont tort ? Les hommes veulent vivre, ils ne veulent pas d'une sagesse qui leur dirait d'accepter la disparition de leur espèce. Que ferez-vous quand des armées marcheront sur la forêt de Noathis pour anéantir le colosse d'Elgondor ? Tôt ou tard, c'est ce qui se passera. Il faut vous y préparer. » Et lui, depuis des années, bien entendu, il était prêt. Il était tout à fait prêt à prendre la tête des armées qui disputeraient la survie de leur espèce face à cette race qui s'éveillait d'un sommeil millénaire.

Après bon, en attendant, passer le temps en philosophant c'était une chose, mais sa fenêtre de tir ne venait toujours pas et il commençait à s'impatienter. Sans parler des deux marins, derrière lui, qui se balançaient d'une jambe sur l'autre en menaçant à chaque beuglement du grand festival des monstres de l'apocalypse, dehors, de salir leurs pantalons. Ils ne disaient rien, cependant, et c'était tant mieux. En fait, c'était peut-être l'un des seuls vrais luxes qu'il se payait, en tant que général. On ne lui adressait plus la parole que quand il le demandait, dieux merci.

Dans sa ligne de mire, L'Ouragan, qui n'avait pas perdu l'attention du Léviathan, était parvenu à portée des magiciens qu'Irina avait à ses ordres, sur le port, qui ne tarderaient pas à pouvoir paralyser la bête, comme convenu. Ceci dit, pour le moment, le serpent de mer faisait claquer ses mâchoires pointues après la nef de Veto et mouvait ses anneaux écailleux dans l'eau noire avec une rapidité qui ne permettait pas de le viser avec précision.

« Peste de saloperie... sifflait Léogan, entre ses dents. Mais on va l'embrocher d'un trait, vous allez voir, vous autres... Les gens de Gaeaf auront à manger pour trois mois – facilement, il n'y a pas tant de survivants – puis ils vendront le cuir du léviathan, ça doit valoir une petite fortune, et le village a besoin d'un coup de peinture. J'y prendrai ma part et je me ferai des bottes avec. Des bottes en peau de léviathan, ça vous en bouche un coin, hein ? Vous allez voir. »

En s'approchant du port, les futures bottes de Léogan ainsi que toute la future fortune des gens de Gaeaf mugissaient à s'en déchirer le gosier. Le monstre pourfendait l'air de sa longue queue turquoise, qui balayait le dôme de protection dressé par les prêtresses avec une force qui le faisait trembler. Son corps filiforme, qui émergeait et replongeait dans les eaux sombres, ébranlait le lac de lourds et terribles remous et ses crocs claquaient toujours autour du pont de la nef cimmérienne.

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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Juin - 3:23


Le Réveil

Event

Raven volait en cercles larges et réguliers au-dessus de Gaeaf, se laissant porter par le vent marin qui ne semblait pas le perturber. Il était les yeux célestes d'Irina et un messager en temps réel ; le seul informateur suffisamment doué pour observer les points de repère auparavant désignés par Gareth et marqués par les feux de signalisation allumés par les soldats d'Arthwÿs.
Un dôme permanent, alors celle-là elle était bonne. En y repensant le calme dont elle s'était si difficilement entourée se fissura. Et il ne voulait pas accompagner sa carte d'un petit thé, et son permis définitif de citoyen Cimmérien avec ça ? Non mais sans déconner. Irina avait épuisé le taux de miracles de la décennie en donnant naissance à Aemyn. Il était indécent d'en espérer davantage de sa part pour un moment. Et pourtant les attentes des uns et des autres pesaient sur ses épaules comme mille doléances qui mises ensemble, pourraient lui faire toucher le fond. Son bâton soutint son pas tout à coup plus lourd.

Nerveuse comme jamais, la prêtresse se forçait à mettre ses états d'âme en sourdine, bien cachés derrière une grosse couche d'autorité sévère. Les ordres fusaient comme des claquements, mettant à contribution à peu près toutes les paires de bras inactifs du coin. Maintenant que les premiers secours avaient été prêtés il ne restait plus qu'à dégager les décombres et fouiller. Un travail pour les soldats et toutes ces corporations nationales et internationales qui avaient été attirées par le Colosse comme une meute d'ours affamés par une grosse jarre de miel. D'ailleurs les Eridaniens ne furent pas les seuls charognards venus vérifier à quel point le nord était moribond. À travers les yeux dorés de Raven elle vit également l'arrivée du grand Bellicio, leur maire préféré empli d'une mansuétude forgée par la circonstance. Elle vit bien ce dernier beugler quelques ordres et être abordé par ce cher duc de Seh, qui ne perdait jamais une occasion d'entretenir ses 'amitiés'. Son familier ne s'attarda pourtant pas assez pour colporter leur conversation, à croire que même lui trouvait l'entretien de ces bipèdes maniérés d'une platitude désespérante.
Des pensées parasites entachèrent son esprit qui s'était voulu purifié par le rituel. Irina mit donc de côté la coïncidence incroyable qui poussait la moitié des influents de ce foutu monde à se retrouver fortuitement dans un village paumé de la côte au moment précis où un Colosse attaquait. Au moins elle pouvait être certaine qu'ils n'étaient pas assez intelligents pour planifier son arrivée, ni assez versés dans la magie pour être responsables de son apparition. À supposer que ce soit consolateur.


« Disposez-vous en cercle autour de l'autel. Il sera l'épicentre de la concentration d'énergie magique. Kidia approchez-vous ! Je ne vais pas vous bouffer, bon sang ! Vous voulez pas que je fournisse de l'essence divine jusqu'à Zaléra, aussi ? » La rouquine prit sa subalterne par la main et tira jusqu'à ce qu'elle se tienne là où elle lui avait dit, puis se laissa aller à quelques critiques agacées à presque tout le monde afin que chaque détail soit parfait. Ce n'était jamais qu'un extrait concentré de son caractère infâme, qui au moins servait à faire marcher droit tout ce petit monde exhalant la peur par tous les pores. De plus le temps qu'ils passaient à soigner leurs préparatifs était toujours mieux employé que de rester plantés comme des piquets à angoisser. Son regard se porta au large, mais ses instructions persistèrent. « Nous n'aurons pas assez d'énergie pour soutenir une barrière complète de Gaeaf. Cela demande plus de mages et surtout, une conception précise et méticuleuse des diverses étapes. Nous n'avons pas le temps, il nous faut protéger les côtes des assauts de ces bêtes. » Elle s'arrêta en entendant le cri étouffé d'une prêtresse qui venait de comprendre que le Colosse n'était pas le seul monstre à rôder en leurs mers.

« Vous avez bien entendu, il n'est pas seul. Deux Léviathans sont avec lui, et ce sont eux la plus grande menace actuellement. Nos vaisseaux de guerre sauront attirer la bête au large -et je l'espère- la vaincre, mais ils ne peuvent pas en plus du reste gérer ses sous-fifres. C'est à nous de leur prêter main forte en l'empêchant de nuire au village et si possible en le retenant pour que la puissance de feu de nos soldats en vienne à bout. » Par moments elle s'arrêtait et ses yeux se couvraient d'un voile blanc, qui l'emmenait loin dans les hauteurs venteuses où Raven flottait élégamment. Son ton se fit grave tandis qu'elle plantait son bâton comme un étendard, à droite de la statue de sa déesse. « Mes sœurs. Nous ne sommes pas seulement guérisseuses, nous ne sommes pas uniquement femmes. Nous ne sommes pas que Cimmériennes. Nous sommes avant tout filles de Kesha, garantes de son sanctuaire et porteuses de sa lumière ! Tâchons de le prouver, aujourd'hui et maintenant ! » Son bâton s'illumina soudain d'une vive lueur bleutée, et resta figé dans cette terre toujours humide de sel et de disgrâce.
Mue par le devoir et par la soudaine pression emmêlée de confiance qui pesait sur elle, Kidia s'avança sans en recevoir l'ordre. Ses se plièrent dans le salut pieux des religieuses, puis se tendirent vers la grande prêtresse qui les serra entre les siennes. Alors commença le rituel proprement dit, la plus concrète expression de l'ère nouvelle qui s'annonçait pour ces femmes de foi. Toutes joignirent leurs espoirs et leurs forces, maigres ou conséquentes, à cet effort collectif. De longues secondes de silence et de prière. Des grimaces de concentration et d'anxiété. Et puis ce fut là. Un mur vertical s'éleva enfin à quelques mètres des quais, montant lentement depuis les flots pour englober le port et touts les bâtiments qui parfois gisaient abîmés à ses pieds. Il monta graduellement en une façade de lumière blanche qui reflétait les occasionnels rayons solaires et laissait transparaître la bataille terrifiante qui s'étendait au delà. Ensuite l'éclat léger se fit flamboyance, une douce fulgurance tissée des mains féminines, ascendant plus haut encore que le géant tentaculaire.

L'atmosphère vrilla de magie condensée et les cheveux d'Irina se dressèrent un par un dans sa nuque. Tout son être se hérissait en rébellion à ce pouvoir qui la traversait en direction de Kidia, sans jamais lui appartenir. Le paquet de noirceur installé au fond de sa tête tressaillit d'insatisfaction, et à vrai dire il lui en coûta davantage de l'ignorer que de transférer l'énergie que lui communiquaient ses pairs. Ça conjugué à la crainte diffuse qu'elles émettaient fut sa plus grande distraction. Dos à l'océan elle n'eut guère l'occasion de contempler le fruit de leur œuvre. Raven était devenu ses yeux, la seule réalité continuant d'exister en dehors du flux et reflux qui traversait ses membres agités de tremblements de plus en plus forts.
Que Kesha lui vienne en aide... Si elle perdait le contrôle, il lui serait aisé d'écraser les participants au rituel avec la même facilité qu'on dégage un insecte d'un revers de main. Elle pourrait voler leur essence, leur souffle, leur vie et les dévorer jusqu'à perdre la raison. C'était une vérité cruelle qui ne fit qu'en rajouter à la tentation. Irina expira. Inspira à nouveau... Et l'appétit mêlé de vice projeta une vague de puissance qui arracha un hoquet de douleur et surprise à Kidia. Cette dernière boucla le sort qu'elle donna pour achevé, avant de perdre l'équilibre et s'écrouler à genoux, épuisée.
Irina haleta également de fatigue, mais les raisons principales de son soulagement n'étaient pas celles qu'on pourrait croire. L'éclair d'aversion face à ce qu'elle avait failli faire -face à ce qu'elle brûlait d'envie de faire- l'électrifiait autant si ce n'est plus que l'épreuve physique. Elle était une monture en bout de course et pourtant elle rêvait d'éjecter selle et cavalier afin de les regarder tomber. Peut-être même trouverait-elle son compte dans l'idée de les piétiner l'un après l'autre. Irina était lancée dans un galop effréné tel un étalon fou qui ignorait comment ralentir. Sa voix retentit à nouveau comme un coup de fouet, impitoyable.

« Relevez-vous. »
« Je ne... peux pas. Je ne peux plus continuer. »
« Cessez de geindre et faites ce que je vous dis. »
« C'est de la folie... mon corps ne supportera pas. » Kidia lui lança un regard suppliant, les mains tremblantes et le visage d'une pâleur maladive.
« Debout ! » Il n'y avait pas de place pour la faiblesse de celle qui n'avait jamais fait qu'écrire le texte dicté avec l'encre que d'autres avaient sué pour lui donner. Plus que quiconque ici, Kidia n'était pas en position de la ramener sur son état. « Placez-vous à côté des autres et soyez prête à maintenir les défenses ! »
« Combien de temps devons-nous tenir ? » Une apprentie l'interrogea de sa voix douce, trop craintive pour contester l’exigence ouvertement, bien qu'elle ait accouru pour soutenir Kidia dont les jambes menaçaient de se dérober à tout moment.
« Le temps qu'il faudra. »

Le ton était moins dur qu'il n'aurait dû, même si ce n'était pas l'hésitation qui causait le changement. Maintenant que le flux ésotérique avait cessé de lui parvenir, Irina se sentait également défaillir minute par minute. Elle était une plante arrachée à la terre, s'étouffant sans les nutriments pour la maintenir en vie. La douleur vive remontait du bout de ses doigts, c'était une chaleur infernale et traître qui lacérait ses muscles comme les brûlures indicibles qui avaient consumé son être entier il y a plusieurs mois. Le souvenir remonta à sa conscience et Irina se perdit quelque part entre le vol de son corbeau et son agonie personnelle. Pendant quelques secondes le temps se figea et elle ne fut plus qu'un oiseau perdu dans l'immensité, un signe de destruction inéluctable, une ode de mort et de renouveau pour tous les gens qui avaient trouvé et trouveraient la mort aujourd'hui. Ses yeux se voilèrent de blanc et de noir, des denses couches d'inhumanité qui se battaient dans ses orbites.

Raven prit de l'altitude sans oser franchir le mur blanc qui avait été artificiellement dressé... Mais il n'en eut après tout guère besoin. L'écailleux géant qui serpentait autour des embarcations suivit les les traits lumineux des artilleurs magiques qui le criblaient en tous sens depuis l'Ouragan. La bête ne semblait pas sérieusement blessée par cet assaut insuffisant, néanmoins elle était déterminée à annihiler ses ennemis. Furieux, le Léviathan se redressa de toute sa hauteur et poussa un hurlement strident qui prit tout le monde par surprise. Il leur donna même une vie sur sa gueule béante et les abysses insondables qui risquaient de les engloutir. L'Ouragan s'approcha du port, manœuvrant périlleusement dans un sens puis dans l'autre dans le but de feinter la créature et trouver asile entre les murs protecteurs tout juste érigés. Et en effet les marins franchirent la barrière sans heurt, contraints de regarder la mort en face alors que le monstre leur fonçait dessus à toute allure.


« Il vient. » La voix rauque d'Irina retentit en rappelant les prêtresses mais aussi les mages et les autres volontaires à l'ordre. S'ils voulaient se rendre utiles, c'était le moment. L'avertissement ne leur laissa pas le temps de se poser de questions. Les murs blancs qui les séparaient de la ruine retentirent bruyamment comme une glace qu'on brise. La terre trembla sous l'onde de choc. Les parois lumineuses oscillèrent sans disparaître. Irina frissonna. Ils ne seraient pas aussi chanceux la prochaine fois. Il fallait les renforcer d'une manière ou d'une autre. Il le fallait à tout prix.

« Maintenant !! » Ce fut Isköld qui cria l'ordre sans attendre, devançant l’œil de Kesha en prenant l'initiative. Ce fut le juste châtiment suivant son inflexibilité. Irina eut tout juste le réflexe de se soutenir à son bâton que déjà l'énergie afflua à nouveau dans ses veines, avec la violence brutale d'un barrage métaphysique qu'on ouvre sans prévenir. Les sources étaient bien plus nombreuses désormais. Les dix prêtresses -dont Kidia encore chancelante- étaient flanquées de son garde du corps ainsi que d'au moins quatre mages inconnus, deux mages d'Arghanat et cinq guérisseurs amenés par Bellicio. Rassemblés en cercles approximatifs autour de l'autel, ils lui communiquaient tout ce qu'ils possédaient.
Irina se sentait imploser, soufflée par une explosion intérieure qui n'avait de cesse de se reproduire à l'infini. Ses bras persistaient à entourer son bâton comme une bouée de sauvetage ou un garde-fou qui la séparerait d'un gouffre sans fond. Un gouffre d'interdit, soit la surcharge d'un pouvoir qui était l'érosion de sa volonté et la consécration de son besoin inavouable. Ses jambes lâchèrent, et elle glissa lamentablement au sol, abandonnant son orgueil sans abandonner la protection de Gaeaf. Isköld accourut et la soutint, cependant Irina ne put ni le remercier ni le repousser. Le Léviathan s'acharnait à vouloir franchir la frontière invisible qui le ralentissait, l'empêchant de détruire ou de se replier. Il était prisonnier, incapable de bouger.
Irina se contenta de rester entre les bras de l'ancien gélovigien, la tête posée sur son épaule couverte de fourrure, les yeux vides animés par les visions lointaines et désordonnées qui scelleraient leur destin. Elle luttait corps et âme, elle luttait de chaque ressource à sa disposition. Elle n'était plus l'artisan de ce rempart... Elle était le rempart. Désormais il ne restait plus que deux possibilités : briser ou être brisée.
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Juin - 1:23

« Monsieur.
– Baria, c'est pas l'moment, je suis en communication avec Arthwÿs, et vous savez à quel point c'est...
On s'apprête à immobiliser le léviathan à une heure pour vous, mon général, l'interrompit la voix d'Arthwÿs qui déployait tous ses efforts à communiquer par télépathie avec Léogan, afin de coordonner l'action du port et celle du Croc Noir, il faudra faire vite.
– Monsieur, c'est urgent, les Marins de Noxis ont tranché un tentacule du colosse.
– Écoutez, bravo, lâcha Léogan, en relevant le nez de sa fenêtre de tir pour planter un regard assassin sur Baria, mais qu'est-ce que ça peut me foutre, ils veulent que je leur décerne la médaille du mérite ?
Ce n'est plus qu'une question de secondes.
– J'y suis prêt, vous en faites pas, grogna Léogan, retournant à ses calculs avec humeur.
– Prêt à leur décerner une médaille ? releva Baria avec scepticisme. Vraiment, pas sûr que ça leur plaise, mais c'est ce que je leur transmets... ? Déjà que j'ai dit aux Eridaniens que...
– Non, crétin, prêt à tirer sur le léviathan, je parle à Arthwÿs !
– Ah ! Ah, bon. Quoi, alors ? Non parce que le colosse est devenu un poil plus nerveux, il leur fonce droit dans la poire en fait.
– Vous pouviez pas le dire plus tôt au lieu de m'faire des arabesques ?!
– Vous aviez l'air occupé.
– Vous me gonflez, Baria. Transmettez à Zen'Rahar...
Ça y est, général ! Le léviathan a heurté le champ de force et je... La Grande Prêtresse vient de s'effondrer.
Qu'est-ce que vous dites ?! Arthwÿs ! »

Mais le télépathe avait rompu subitement le contact. Léogan laissa échapper un grondement de rage et frappa du poing sur le bois de l'écoutille. Dans sa fenêtre de tir, le corps filiforme du léviathan se cabrait de fureur, prisonnier d'un étau invisible, et ses écailles turquoise qui ruisselaient de glace et d'eau salée étincelaient sous les jets de lumière du ciel et des boucliers magiques. Il inspira profondément pour retrouver son calme, et expira par à coups. Un halo bleuté se lova en crépitant autour de ses iris noirs.

« Un problème ? »

Baria s'était approché de lui et s'était arrêté dans son dos, scrutant à son tour le léviathan qui se paralysait entre les mailles du piège à force de se braquer. Léogan lui lança un regard d'animal traqué.

« C'est... commença-t-il, la gorge nouée, avant de se couper lui-même avec une nouvelle inspiration. Baria, dites à Zen'Rahar de profiter d'une brèche pour passer de l'autre côté du détroit et soutenir le feu des Marins, il est plus que probable qu'ils aient besoin de renfort immédiat. Dans quelques minutes, je serai revenu sur le pont supérieur pour la suite des opérations.
– Entendu, acquiesça sobrement l'officier qui se détourna cependant sans aucun salut. Si vous me cherchez, je suis à l'artillerie.
– Merde merde merde... »

Penché à l'écoutille, sans plus prêter attention à son colonel qui sortait du compartiment de l'arbalète de tour d'un pas vif, Léogan se redressa précipitamment. Il n'y avait plus de temps à perdre, le Croc Noir continuait d'avancer et l'angle de tir serait parfait d'ici quelques secondes. Il bouscula sans ménagement l'un des marins qu'il avait embarqués avec lui pour l'assister et qui restait planté là, sans idée ni instruction, et il se jeta sur le bout de l'arbre de l'arbalète. Là, il tâtonna un instant d'une main nerveuse puis attrapa franchement un anneau qu'il tira de toutes ses forces en arrière. Il y eut un claquement métallique sonore – la détente qui s'actionnait – la corde bandée vibra et libéra la flèche noire qui fusa hors de l'écoutille.
Aussitôt, Léogan bondit de nouveau du côté de la fenêtre à laquelle il s'accrocha des deux mains pour se pencher dangereusement par-dessus bord. L'inquiétude qui l'avait frappé ne le quittait pas d'un pouce, d'autant qu'Arthwÿs s'obstinait à ne plus répondre, mais elle s'emmêlait savamment à l'excitation qui lui brûlait les entrailles. Chaque pion qu'il avançait sur cet échiquier grandeur nature engendrait son lot de conséquences, avec sa part d'imprévisibilité, sa marge d'erreur et ce qui était calculable, et s'il n'était par parvenu à empaler le léviathan comme prévu, les cartes étaient redistribuées et tout était à rejouer.
Frémissant de nervosité et d'enthousiasme, il plaqua ses cheveux désordonnés en arrière et son regard retrouva aussitôt la silhouette bleu grisâtre du serpent des mers, qui s’affaissait sur elle-même dans un bruit étrange. Il plissa ses yeux noirs pour forcer un peu sa vue et finit par discerner une large épine noire enfoncée dans la gorge du léviathan, pile sous sa mâchoire qui pendait, béante et stupide, bouillonnante de sang et garnie de rangées de dents désormais inutiles. Une bouffée extatique lui monta à la poitrine.
Il s'arracha à l'écoutille, un large sourire de victoire sur la figure. Oh, Irina, on a touché le jackpot. Les deux marins crurent qu'il leur était adressé et ils affichèrent ensemble une mine réjouie. Léogan les considéra avec étonnement pendant un instant et quand il comprit, il leur passa devant presque avec agacement pour prendre entre ses bras une deuxième flèche de plusieurs mètres de long – un beau bébé d'une bonne centaine de kilos qui le fit fléchir en avant. Les marins se précipitèrent à sa rescousse et commencèrent à réarmer l'arbalète, tandis que Léogan se saisissait d'une torche éteinte, accrochée au mur, à laquelle il mit le feu grâce à un morceau d'étoupe qu'il frictionna de quelques étincelles magiques. Il se tourna vers ses lascars, stoïque et inébranlable.

« Vous, vous avez vu comment on se sert de cet engin ?
– On prend la crémaillère pour...
– Ça va, soldat, c'est plus l'heure de faire vos classes, vous êtes sur le terrain. Vous avez vu comment ça marche ?
– Oui... rétorqua précipitamment le soldat. Oui, Monsieur.
– A mon signal, vous tirerez dans un œil du colosse, c'est compris ?
– Compris, mon général.
– Je vous fais confiance, vous viserez bien, dit Léogan en tapotant familièrement l'épaule du marin, auquel il transmit sa torche allumée. Tenez. En attendant, tenez. Rougissez-moi ce dard au feu, il lui fera peut-être davantage de dommages.
– A vos ordres. »

Le soldat, droit comme un i, lui fit un garde à vous impeccable, que Léo rendit à la va vite avant de s'éclipser du compartiment et de traverser en sens inverse le pont inférieur, au milieu du brouhaha moite des hommes qui y grouillaient confusément. Il émergea du ventre du navire en essuyant dans sa manche la sueur qui collait à son visage. Les bourrasques mordantes de la mer le saisirent brutalement. Il monta sur le pont en frissonnant et fit quelques pas inquiets, les yeux attachés au port où il espérait un peu illusoirement deviner la silhouette d'Irina. Mais tout à coup, une voix familière sonna d'un timbre assez étouffé dans son esprit.

« Bien visé, mon général.
Grands dieux, Arthwÿs, depuis quand vous coupez toute communication comme ça ?! pensa spontanément Léo. Irina, comment va-t-elle ?
Elle subit le contrecoup, répondit calmement son colonel. Je suis près d'elle. Ne vous inquiétez pas, elle est entre de bonnes mains.
Dites-lui que...
Ce ne sera pas nécessaire, le coupa Arthwÿs, avec une inflexion froide et maîtrisée. Concentrez vous sur le colosse, écartez les pensées parasites.
Qu'est-ce que vous voulez que ça me foute, le colosse, si elle est en train de crever, Roy ?! Pourquoi croyez-vous que je me suis embarqué dans...
Je sais pourquoi. » Leurs pensées se turent un petit instant. « Tout ira comme prévu pour elle si nous restons chacun à nos postes. Occupez-vous du colosse qui menace son pays, je m'occupe de sa sécurité personnelle. C'est ce que vous avions convenu. »

Léogan ne prit pas la peine de répondre. D'un pas rageur, il se dirigeait vers le capitaine Eiktabel, planté avec sa longue vue au bas du château arrière. Arthwÿs avait raison, évidemment. Comme toujours. Et il avait une façon particulièrement insupportable de le faire remarquer. Il soupira un bon coup. Déglutit. Il se rendit compte qu'il tordait son poing dans sa main à s'en blanchir les articulations et tenta de reprendre contenance.
Après tout, son plan s'était déroulé à la perfection, la coordination entre eux avait été exemplaire. Il fouilla à travers les couches brûlantes de sa nervosité de quoi monter une blague vaseuse en improvisation et reprit contact avec Arthwÿs, dont il sentait toujours la présence tranquille dans un coin de sa tête.

« Alors dites-lui que c'était brillant. Complètement taré, mais brillant, j'lui avais bien dit qu'on ferait des folies ensemble de toute façon, si elle se souvient bien. A nous deux, on va faire trembler les monstres marins et les cavaliers de Sharna dans leurs chaumières.
Je peux faire ça, répondit laconiquement son officier.
Merci. »

Il respirait un peu plus librement. Et tandis qu'il se faufilait entre les marins qui couraient dans un ordre incompréhensible sur le pont, le Croc Noir avait repris le cap du détroit et du colosse qui s'y était enfin engagé, en bramant des cris innommables. Léogan atteignit enfin les escaliers du château arrière et s'appuya sur la rampe pour lever la tête vers le capitaine.

« Alors ? réclama-t-il, d'une voix forte, et Eiktabel se tourna vers lui presque avec surprise.
– Alors, reprit le vieux loup de mer en repliant sa longue vue, ça se passe selon vos plans, sauf que notre horreur locale est entrée dans une colère noire. Zen'Rahar a profité qu'elle gigote vers les Marins et il est passé, il joint ses forces aux leurs.
– Pas mal, commenta Léogan, les yeux plissés sur le colosse enragé. Et au large ?
– D'après les télépathes, les canonniers ont envoyé le deuxième léviathan par le fond. Ces saloperies nous ont fait perdre du temps, les Marins l'ont sûrement payé d'un navire ou deux...
– Qu'ils se consolent, ça sera bientôt à nous de trinquer, répliqua sèchement Léogan, la mâchoire crispée. L'étau ?
– L'armada d'Oakbrigs s'apprête à cueillir le gros poisson au tournant.
– Bon c'est à nous de jouer, alors. L'Ouragan et le Trident sont sur nos talons, remarqua Léo en jetant un coup d’œil sur la caraque de Veto, la plus en retrait, et le Trident, qui n'était qu'à quelques encablures du Croc Noir, ils maintiendront la barrière de sécurité au cas où il prendrait l'envie à ce gros tas de faire marche arrière. En ce qui nous concerne, si les estimations de Dame Lehoia sont exactes, nous disposons d'une des seules armes capables de percer sa carapace, alors il est temps de la mettre à contribution. Vous voyez le récif qui fait l'angle du détroit, là-bas ? dit-il en le désignant d'un geste, alors qu'il était nécessaire au capitaine terran de coller son œil à sa lunette pour lorgner le haut-fond.
– A dix heures, c'est vu, confirma-t-il.
– Pour sortir du détroit les Marins devront changer le cap vers tribord, le colosse collé à leur train. Si nous passons en cabotage près du récif...
– Ça demandera beaucoup de ressources de nos aquamanciens, général, parce qu'à la moindre secousse, la coque partira en morceaux contre l'écueil, vous savez...
– Eh ben ils sont pas là pour faire du tricot, non ? coupa impérieusement Léogan, le regard terrible.
– Mh, non.
– Alors il n'y a pas de problème, conclut-il rapidement. Si mes calculs sont exacts, nous aurons une fenêtre de tir acceptable pour l'arbalète de tour, là-bas. Et on pourra nous aussi doubler le colosse, en s'y prenant bien. »

Le capitaine, qui comprit tacitement le plan de son supérieur, hocha la tête sans bruit et se reporta à l'observation du champ de bataille, le visage froncé de souci. C'était relativement simple. En serrant de près le récif pour virer à tribord et suivre le mouvement du colosse, le Croc Noir offrirait à l'arbalète à tour une fenêtre de tir très accessible aux nouveaux manœuvriers que Léogan avait laissés au pont inférieur avec l'engin. Il avait lui-même réussi à transpercer le léviathan à très longue distance, mais il avait des yeux de Sindarin et la magie l'avait aidé à calculer son angle de tir au mètre près – ce n'était pas le cas pour les deux zouaves à qui il avait passé le flambeau. La manœuvre était délicate, on avait besoin de lui pour superviser toute l'action sur le pont, alors il fallait s'adapter.
S'ils parvenaient à crever un des yeux rouge sang du colosse – dont le changement de couleur avait au moins le mérite de faire une jolie cible aux artilleurs – il serait incommensurablement plus simple de guider le monstre jusqu'au fort d'Oakbrigs. Sa visibilité serait réduite, il ne se laisserait sans doute plus guider que par son instinct de survie, poussé à fuir là où le feu des hommes ne semblait pas venir. Et au moment venu, les canons et les balistes de la forteresse le bombarderaient à feux nourris.

Les voiles gonflées par un vent magique, le galion voguait à bonne vitesse sur les eaux et la glace craquelée du lac. Estimant qu'il ne faudrait pas beaucoup de temps au navire avant de devoir virer, Léogan tourna les talons et se redirigea vers le trou de l'entre-ponts, qui dégorgeait toujours de marins affairés. Là, il grimpa à quelques mailles d'un hauban pour prendre de la hauteur et leva le nez pour évaluer les distances. Ils se rapprochaient dangereusement du colosse qui bloquait le détroit comme le bouchon d'une bouteille de champagne qu'on s'apprête à faire sauter. Il mugissait après les navires d'Omério et de ses petits camarades, qui fuyaient toutes voiles dehors en balançant de temps à autre une bordée de canons.
Le Croc Noir, quant à lui, fondait droit sur les roches noires et griffues du récif que Léogan avait indiqué au capitaine. A mesure que le galion s'en approchait, Léogan sentait ses tripes se nouer douloureusement dans son ventre et une adrénaline aveuglante lui fracasser la cervelle. Ils allaient tous se briser sur la pointe escarpée de ces rochers, qu'est-ce qui lui avait pris de penser qu'ils pourraient virer de bord aussi brutalement ?! Il jeta un coup d’œil alarmé au barreur, comme s'il avait l'idée subite de diriger lui-même le gouvernail à l'exact bon moment, mais il parvint à réunir assez de sang-froid pour se rappeler qu'il avait son propre rôle à jouer. Et soudain, l'un des yeux globuleux du colosse cracha son feu terrifiant dans leur direction.

« A L’ARBALÈTE A TOUR ! TIREZ ! » s'époumona-t-il dans le trou de l'entre-ponts.

Son cri résonna dans les entrailles du Croc Noir et fut reprit par un quartier-maître, puis par un matelot, et encore un.
Enfin l'arc géant de l'engin se détendit dans une longue vibration de cordes qui oscilla dans les airs comme un boomerang. L'immense flèche noire jaillit des entrailles du Croc Noir en rougeoyant dans la grisaille du ciel cimmérien. Les yeux de Léogan commencèrent à suivre la trajectoire du dard, tandis qu'il courait comme un fou sur le pont jusqu'à se jeter sur le bastingage, pour voir si le trait atteignait les yeux du colosse. Mais on ne lui laissa pas le loisir de s'en assurer. Aussitôt la flèche tirée, la voix de stentor du capitaine retentit.

« VIREZ A TRIBORD ! »

Et les aquamanciens, le barreur, ainsi que tout l'équipage qui s'occupait du gréement du galion, comme un seul homme, firent ployer leur géant de voiles et de mâts vers l'ouverture  dans ce qui serait l'angle mort du colosse si son œil était touché – une ouverture laissée entre le récif escarpé et le corps massif du monstre. Le bateau glissa sur une déferlante qui roula puissamment sur l'onde écumante. La coque du navire se frotta contre la roche dans un crissement épouvantable, la mâture grinça, le vent souffla en faisant gémir les voiles, et pendant que le Croc Noir était à la limite de chavirer à tribord, Léogan se cassa la figure sur le pont et dégringola jusqu'au château arrière en se protégeant la tête entre les bras. Il heurta les escaliers dans un bruit sourd et un cordage lui tomba pesamment dessus. Il referma instinctivement les mains sur le bout et par chance, ce fut ce qui l'empêcha de passer par-dessus bord pendant la manœuvre.
Autour de lui régnait un vacarme épouvantable. Des marins qui n'avaient pas pris le temps ou la précaution de s'attacher correctement à un bout hurlaient de terreur en tombant dans les gouffres marins, qui refermèrent leurs gueules amères sur eux et les aspirèrent sous le rouleau de la vague. La cargaison mal arrimée volait dans tous les sens et, s'accrochant à bout de bras à son cordage, Léogan rentra vainement la tête dans les épaules pour éviter un tonneau, qui lui rebondit dans le dos. Ses mains gantées glissèrent sur la corde, il grimaça de douleur mais il raffermit sa prise et serra les dents.
La vague débordait sur le pont à bâbord, vomissant son écume et grimpant sur la roche noire de l'écueil, et elle submergea en mugissant les hommes qui luttaient pour tenir leurs positions. L'eau était glaciale, imprégnée d'un sel piquant qui lui entra par le nez, coula dans sa gorge et lui brûla les yeux. Englouti dans le râle rauque de la mer, Léogan ne retrouva l'usage de ses sens que lorsque le Croc Noir se rétablit brutalement sur sa ligne de flottaison, tandis que la déferlante magique qui le portait s'évanouissait sous sa coque. Il s'effondra sur le pont ruisselant, s'accouda par terre et recracha toute l'eau de ses poumons pour retrouver sa respiration. Pantelant, la crinière alourdie par les embruns et le visage glacé, il releva enfin les yeux vers le large et la blancheur crue de l'horizon l'éblouit tout à coup.
Il discerna une armada de navires cimmériens en rangées, qui formait un arc de cercle de voiles nuageuses jusqu'à perte de vue, au-delà des grands bâtiments des Marins de Noxis qui s'échappaient sous le vent et auxquels le Croc Noir avait rallié son pavillon.
Ils venaient de passer le cap du Lac Gelé.

Résumé :
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Juin - 13:30

    Fichtre et foutre dieux mais c’est qu’il n’est plus temps de bavé aux corneilles, Lulu à pris les choses en mains, et ce malgré tout le mal que j’en dis tout le temps. Comme quoi même si ce camarade est aussi doué dans la diplomatie qu’une volé de chauffeur de taxi qui décide de se faire de la pub gratuite en caillassant des voitures avec des starlettes dedans, il n’en reste pas moins un gas compétent quand il est question de gueuler fort et que son avis soit respecter sur un bâtiment comme sur terre. Rapidement, aussi excité qu’un gamin qu’on aurait enfin autorisé à bouffé un truc dégueux qui traine sur le trottoir, Le capitaine à accusé réception de l’ordre : Les empotés se bougent derrière, il va donc pouvoir passé devant et venir porter main forte au trouillard. Car son ami grisâtre est revenu rapportant les actions de ces camarades qui regarde le colosse en face, et c’est incontestable, cette bande de lopette à les foies mais ils se débrouillent bien ces joyeux marins. Il revint au pas de course au château. Pourquoi ce n’est pas tombé sur le port de quelqu’un d’autre ? Et dans la ballade de quelqu’un d’autre ?

    Qui sait, de temps en temps Lupen se demande si son chef n’aurait pas prévu l’arrivé du Colosse, si il n’avait pas fait tout pour être là au moment voulut. Il se rappelle du fait qu’il avait pressé la troupe, et finalement insisté pour dormir là-bas, que, comme à son habitude dirait certain, il n’avait pas parut outrageusement surpris d’apprendre les malheurs de ce village, mais qui sait quand il est question d’habitude ou de calcule derrière le charisme sans faille d’un des grand dirigeant ? Qui sait ce que pense Tekum sous ses yeux morts ? Et puis il en revient bien vite à ces questions plus urgentes.
    En premier lieu car il l’a accepté comme chef et le laisse donc géré comme un grand ce genre de merdouille. Et puis qu’il a déjà vue les retombés plusieurs fois, Tekum est assez bon dans ce domaine là, le plus souvent au bon endroit au bon moment.
    En second lieu car un bon cou de vent et d’embrun dans la gueule sa rappelle de suite à la dure réalité et au fait qu’il fallait une voix forte pour bien être entendu dans ce brouhahaha hors Lupen était aussi habituer à faire crié qu’a gueuler des ordres et des conneries, il se permis donc avec une grâce sans borne de se posé tranquillement à son poste et de s’arrimé pas loin de la roue histoire de jouer à son tour un bon coup.


    “Verrouillez moi l’allège je ne veux pas qu’elle vole, vérifiez moi l’accorage et attachez vous aussi par la même occasion. Dans les aguets arrimez vous comme des jeunes à sa donzelle avant de partir en guerre, ça vas secouer ! On va bouger de front et venir faire joujou avec le fameux colosse, on est demander devant les enfants et ça vas cahoter quand on va passer à coté. Vas falloir abattée salement, en se retrouvant sous le vent les aéro ferrons le reste et ça vas passer comme papa dans maman tout en douceur mais en râpant un peu sur certain coté sinon y’a pas de plaisir hein ?!

    La passe la bas semble parfaite mon ami, et oui c’est de la folie, mais sans folie pas d’amour, et sans amour pas de vie, et puis je suis sur que tu es un pilote hors paire alors ce n’est pas ce genre de détaille qui vas t’arrêté hein ? On en est plus à ça près, on va se farcir un colosse mon grand ! Faut prendre des risques.”


    Le second du navire posé quelque par à l’avant reprenait ses ordres comme si il était ceux du capitaine tandis que le dit capitaine lui, planté pas loin, rajouter des choses pour ce donné du genre et de l’importance tout en sachant peu être qu’au fond le vieux chnoque de Zélos n’avait pas vraiment besoin de lui, étonnant pour un homme de terre non ? Quelque chose ne collait pas et si ça le turlupinait surement il ne le montrait pas et continuait à garder son influence sur le navire en rajoutant des ordres mais jamais en sens contraire de celui du Zélos, peu être car il avait vue l’homme de la phalange sur le banc d'étambrai adossé sur l’artimon qui avait plus l’air d’un assassin que de l’un guerrier et qui le regardait tranquillement en faisant semblant de scruté les voiles avec les autres aéromanciens… Mais il était à sa place, que pouvait-il dire sans perdre la tête ?

    Mais dans toutes ces réflexions, le bateau, navire et autre carafon fit sa joyeuse embardé pour se retrouvé sous le vent et se dirigé pleine barre vers le passage joyeux que le petit tentaculaire laissait à ceux qui avait le courage de posé ce qu’ils avaient dans le pantalon sur la table, or Lupen en a assez pour deux tables.

    Prenant de la bande il vint de posé entre le colosse et les récifs du bout de la passe, là tout en gueulant Lupen fit bouger les aéromanciens tout en regardant le colosse s’agité frénétiquement car il venait de perdre un tentacule et que même si il en avait encore plein c’était probablement son préféré ! Ce sur quoi le bateau passa exactement comme prévu, ou presque, ce n’est que les affres d’une histoire sans but... Sur lesquelles on peut balancer du “two step from hell” !
    Alors que le navire passait gaiment en sifflotant l’air de rien juste à coté du gros tas de chaire pas vraiment contant de se faire haché menue à coup de canon une de ces tentacules à laquelle il faisait aussi attention qu’un gamin de deux ans de ces doigts : c'est-à-dire les foutant partout surtout là où il ne doit pas, le colosse laissa nonchalamment tombé son appendice nouillesque sur la gueule de son canard de bain.

    Lupen voyant cela gueula le nom d’Olaf qui se retrouva instantanément à coté de lui avant de disparaitre avec lui pour que tout les deux se retrouve dans les aires, le temps suspendit son vol quelques cours instant, assez pour que les yeux se posent sur chaque détaille, si il ne faisait rien le bout du tentacule allait percuter le château pleinement et faire de petit bois du joli bateau. On entendu se répercuté le son “bouclier” venant depuis les aires, comme un seul homme trois hommes de la première levèrent les mains et se concentrèrent, le bouclier prit forme sous les pieds de Lupen, assez solide pour le maintenir, alors qu’Olaf gardait sa place, invisible derrière lui, Olaf Allumette comme on l’appelait pour rire, à coté de Z’En Rahar il donnait vraiment l’impression de pouvoir se déshabillé derrière un fouet.
    Un roi d’épée apparut dans la main de Lupen, en une fois il consomma tout le catalyseur de la carte et la lança sur la queue qu’elle traversa comme du beurre, affaiblissant la résistance de la chose, puis il se fit téléporter à nouveau juste sous celle-ci quelques secondes avant qu’elle arrive sur le bouclier, une reine de bâton dans la main entre lui et la chose visqueuse qui le transforma en sandwich de Z’En Rahar quelques instant, on tendu des os craquer, le bruit du hurlement rauque d’un homme dont la force monstrueuse ne fait pas le poids face à ce qu’il essaye d’arrêter, puis, avant qu’il ne se fasse écrasé l’allumette le retira et la tentacule entamé tomba mollement sur le bouclier, le fracassant sous son poids. Et Lupen se jeta sur le capitaine de la boréal prenant sur lui les éclats de bois, il ne dût son salut qu’a Sinople qui l’avait sauvé une fois de plus en empêchant les éclats de bois de la rambarde bâbord de se fiché dans la peau. Dans un sourire il continua à gueuler :


    “Aero à fond, sortez nous de là, il sait où nous somme ! On se bouge le culcul ! Arghanat une seule parole, on va défendre cette cote ! Et que plus personne ne me dise que les armures lourdes n’ont pas leur place ici !”

    Sortant de l’autre coté du Colosse il s’était relever pour faire front d’un œil expert il regardait le marin qui avait eut le malheur de se trouvé trop près du bord, il était mort, criblé d’échardes, le bouclier n’avait pas tenu malgré tout ce qu’il avait fait et avait juste dévié la chose. Pendant ce petit temps de repos le Navire du capitaine général en chef très fort et rutilant, le Léo, avait décidé de faire de même et cet d’un œil connaisseur que Lupen apprécia la manœuvre alors que les soigneurs s’occupait de ses os. Rien de cassé, juste des fêlures et un peu de sang par ci par là, ça pourrait devenir grave, pour le moment ça ne l’empêcherait pas de bouger ni de se battre, ou de se débattre.


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeSam 11 Juil - 22:30

Veto analysait la situation depuis le pont principal avec un calme qui l’aurait presque surpris. La douce litanie flottait toujours dans son esprit. Les récifs à droite et le monstre devant eux, sur leur gauche. Ils n’auraient pas de repli. Il faudra espérer qu’ils n’auraient que quelques tentacules à gérer en plus des vagues de trois mètres qu’ils génèreront.

Mais ses planifications bricolées furent interrompu par le cri du monstre, plus haut et plus fort que les précédents. Et comme beaucoup, il remarqua que d’autres cris répondirent à ce qui s’avéra être un appel. Après une pause, le regard perdu vers la poupe, son visage se décrispa après la douleur pour se décomposer en une expression de stupeur terrifiée. Il se précipita loin du poste qu’il s’était assigné pour escalader le château arrière. Et alors, sa face se désagrégea encore pour adopter les traits d’une sinistre constatation : le léviathan désormais sorti des eaux dans leur dos lui glaçait presque plus encore le sang que le gigantesque démon dans le détroit.
Il devait bien concéder à Léogan que ses tactiques étaient impeccables. Mais leur ligne de défense venait d’être rendue inutile avec l’apparition de ce nouveau venu tout près de Gaeaf.
Trop près… Irina et Aemyn ! Et voilà. Le soldat venait de se prendre un boulet de canon en plein cœur qui l’avait propulsé en arrière, ne laissant plus que cet apprenti politicien, ce conspirateur amateur… Cet amant déchu. Mais alors qu’il hésitait à faire déserter tout un navire de son poste pour rejoindre le port sans plan ni certitude d’être utile, alors qu’il s’aprêtait à se montrer aussi irresponsable et irréfléchi que le capitaine du Boréale, le quartier-maître le sortit de sa stupeur en s’adressant à Draken.


« Capitaine, nous recevons de nouveaux ordres ! »
Ce fut d’une certaine manière un réel soulagement de voir le Croc-Noir faire demi-tour. Quelque part, Veto voulait croire que les actes de Léogan était dictaient par un sentiment commun entre eux deux pour Irina. Et d’un autre côté, en tant que militaire, ils ne pouvaient ni l’un ni l’autre laissait ce serpent de mer géant derrière eux, si près du port qui était vidé de ses bateaux de guerre et déjà bien mal en point. Aussi, le militaire reprit constance, plus motivé que jamais.

« Bien. Faites monter les anémomanciens ici. Il faut arriver à portée de ce serpent avant qu’il ne se trouve une autre cible. Ils devront gonfler les voiles.
-Mais ! Et le colosse ? On ne peut pas…
-Ce sont les ordres de votre général, quartier-maître. Et vu notre situation, nous serons bien plus utile face à un léviathan que face à ce monstre derrière moi. Votre Général l’a compris, lui, Quartier-Maître. »

Veto harponna le sous-officier du regard et vit le sien se perdre au-dessus de son épaule. Derrière Veto, il y avait toujours cette montagne noire, ce gouffre bordés de crocs plus long que leurs mâts, ces yeux immondes et ces cris d’outre-tombe. Il ne fallait pas davantage d’arguments. Et déjà, l’Ouragan avait viré de bord.

« Bien. Capitaine, ta maîtrise de ce bâtiment n’est plus à me prouver. Je te fais confiance pour devancer le Croc-Noir et nous jeter dans la gueule de cet autre monstre là-bas. Tu n’auras plus qu’à y éviter les crocs lorsqu’elle se refermera.
-Bien-sûr lieutenant. Mais comment cuisine-t-on l’anguille déjà !
-Je m’en occupe avec tes magiciens. » Et justement arrivèrent les trois élémentaristes d’air. « Vous trois, relayez-vous pour nous donner davantage de poussée. Ne vous épuisez pas. Vos talents nous serons utiles également lorsque nous seront aux prises avec les anneaux de cette créature. Et j’apprécierai que vous fassiez cela depuis le pont principal.
-Et pour les autres ?
-Un cryomancien à bâbord et un à tribord. Même rôle que dans le plan précédent : Ils devront repousser et geler tout ce qui approche de trop près. Je prends le pont arrière. Les aquamanciens restent à leur poste et dites leurs qu’on va avoir besoin d’encore plus de stabilité que prévue. Je veux le Téléporteur, le lanceur de fléchette et l’homme doué de célérité aux harpons avec les télékynésistes.
-Et le feu grégeois ?
-J’espère que nous n’auront pas à nous en servir. Il se pourrait bien que nous en ayons besoin plus tard. »

Son regard se perdit une seconde vers la poupe où le monstre-montagne ne voulait pas rapetisser avec la distance et tout le monde comprit qu’ils s’étaient seulement vu offrir un sursit avant de devoir réellement affronter ces tentacules immenses.

« Envoyez le mage de lumière ici aussi, avec quatre arbalétriers. Quatre autres sur le pont principal. Deux tireurs à se relayer pour chaque salve. Qu’ils économisent leurs carreaux. Leurs tirs ne serviront qu’à l’énerver et nous accaparer son attention. Comme nous tous d’ailleurs.
-Ça commence à faire du monde derrière moi…
-En effet… Mais le plus souvent, notre cible devrait se trouver dans notre dos et tous ces préparatifs risquent d’être le seul rempart entre ses mâchoire et la poupe de ce navire !
-Pas faux…
-Les autres retournent à la manœuvre. Préparez juste une salve de canon sur bâbord. Capitaine, notre ligne de flottaison est assez basse pour couper par ces récifs, non ? Cette ligne droite pourrait nous faire gagner un peu de temps et dépasser le Croc-Noir.
-En effet, mais ça remue pas mal, tu as remarqué ?
-Ce me semble être une occasion de tester et d’échauffer tes aquamanciens. »

On prévint ces deux magiciens et tout se passa bien. Draken était un très bon barreur et il connaissait bien son vaisseau. Mais Veto ne prit pas le temps de le féliciter. Il réfléchissait à ce que les mages de Gaeaf pourraient bien faire face à ce monstre. Leurs ordres n’étaient pas plus explicites que cela. Ils devaient simplement attirer le serpent près du port. D’une certainement manière, Veto était satisfait de voir Léogan préférer s’occuper du léviathan plutôt que de le laisser vaquer en arrière, mais il l’attirait droit sur l’objet des craintes de Veto –et sans doute des craintes du général, c’était de plus en plus évident aux yeux de Veto, même s’il persistait cette étincelle de doute. Et cet état de fait laissait Veto dans le doute et la curiosité.

Nouveau cri inhumain. Mais après avoir approché de si près le colosse et sentit sa voix manquer de vriller leurs tympans, Veto et le capitaine ne semblèrent que peu impressionnés par les sons émis par leur nouvel adversaire.


« La chasse commence.
-Dommage que nous fassions l’appât…
-Tâchons de nous montrer indigeste ! Tout le monde à son poste.
-Tout le monde à son poste ! Ça va secouer les gars ! »

Ils firent face au monstre encore une seconde. Et Veto put admirer toute la majesté et l’immondice de cette créature ancestrale sortie des abysses. La bête glissait doucement à la surface de l’eau, balayant les morceaux de banquise sur son chemin et hésitant manifestement entre attaquer l’un ou l’autre des deux vaisseaux qui arrivaient dans sa direction ou le port qui sentait bon la charogne et la peur.

« Virez de bord ! À mon commandement…
-Virez de bord !
-Feu !
-Feu !
-Feu ! »

Le vaisseau s’ébranla alors qu’il engageait une large courbe et une flopée de détonations rapprochées se superposèrent et se s’enchainèrent. Le résultat fut immédiat. Qu’un boulet ou deux ait atteint sa cible, ça n’avait aucune importance et le Léviathan ne semblait pas en souffrir plus que cela. Mais cette attaque avait suffi à décider la bête qui plongea dans leur direction.

« Plus vite ! Préparez-vous à l’impact !
-Tous à vos postes ! Haman, Fart, Dovän et Karyl, aux pierriers !
-Fermez les écoutilles ! Fixez les canons et augmentez la voilure !
-Bordez les voiles ! On accélère ! »

Les Anémomanciens gonflèrent les voiles davantage encore et la nef sembla presque s’envoler. Veto, lui, penché sur le parapet scrutait l’eau sombre à la recherche d’une ombre mais ne voyait rien, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il fixait l’ombre elle-même et qu’elle était juste sous eux.

« Virez de bord ! »

Le vaisseau fit une embardé mais une fraction de seconde trop tard. La grosse tête du serpent jailli de l’eau sur tribord et manqua de peu de refermer ses mâchoires sur l’une des vergues du navire. Son cou puissant heurta cependant la coque et ébranla tout le navire, projetant plusieurs marins au sol ainsi que Veto qui faillit passer par-dessus bord. Tous n’eurent pas cette chance. Deux marins tombèrent à l’eau et Veto pesta en constatant qu’il avait perdu un cryomancien. Et s’il espéra secrètement qu’ils pourraient les récupérer par la suite, cet espoir fut réduit en charpie dans un claquement de mâchoires.
Le monstre était plus agile qu’une anguille et ce malgré sa taille démesurément plus imposante. Dans une même contorsion, la bête avait percuté la coque, replongé et rejailli pour gober les deux proies passées par-dessus bord.

Elle avait à nouveau disparu lorsque tout le monde fut à nouveau prêt. Les pierriers était bien chargés et les harponneurs plus déterminés encore maintenant qu’ils avaient perdu deux collègues.

La nef prenait de la vitesse et Veto repéra plus vite l’ombre cette fois, constatant qu’elle perdait du chemin. Elle grossit rapidement sur bâbord et il hurla de virer de l’autre côté à temps cette fois. Avant même que la tête ait percé la surface, le lieutenant claqua des doigts et une plaque de glace se forma sur l’eau. Elle était trop fine pour arrêter ou même léser la créature qui la traversa comme une feuille de papier, emportant dans son saut les morceaux de glace. Ces éclats brillèrent au soleil comme les éclats d’un miroir et immédiatement, le jeune Havelle ferma les yeux, perdant sa conscience dans les airs, passant d’un éclat à un autre, modifiant leurs formes, scindant les morceaux trop large, formant pour chaque brisure une aiguille large comme un point, pointu comme une flèche. Et lorsqu’il revint à lui, les aiguilles se mêlèrent aux harpons et carreaux d’arbalètes lancés depuis le pont, à la différence que ces aiguilles venaient de toute part autour de la tête de la créature et jusque dessous sa collerette protectrice, là où Veto  avait lu dans son encyclopédie que ces créatures cachaient leurs branchies.

Plus précis encore, le lanceur de fléchette fit mouche dès son premier harpon qui alla se planter dans le palais de la créature. Mais celle-ci le décrocha d’un mouvement de langue alors qu’elle criait une énième fois, excédé par ces attaques et par un tir de pierrier dans la gorge, presque à bout portant. Elle replongea trop tôt pour pouvoir refermer ses mâchoires sur le bâtiment mais Veto ne fut pas le moins du monde rassuré, voyant le long corps du serpent glisser hors de l’eau et se rapprocher de la coque.


« Éloignez-vous de… »

Trop tard ! La queue avait jailli hors de l’eau pour venir fouetter le bastingage, réduisant en miette le pierrier et projetant au sol son utilisateur et un télékynésiste.
Veto vit la tête de ce dernier dans un angle plus qu’improbable et ses yeux révulsés. Le tireur, lui se relevait déjà en bon marin bourru qu’il était. Mais son épaule pendait lamentablement. Mais pas le temps de sa lamenter. Il empoignait déjà un harpon et Veto s’inspira de la détermination de ce marin, sautant sur ses pieds et beuglant à tous de s’intéresser à tribord.

Et il avait deviné juste, passant sous la coque, le monstre ressurgit de l’autre côté. Les deux pierriers tirèrent, les harponneurs suivirent mais si le capitaine n’avait pas aussi bien anticipé et si ses anémomanciens n’avaient pas aussi bien suivi sa manœuvre, le monstre aurait arraché le mât de misaine et balayé le pont avant, entraînant le navire par le fond avec lui.
Mais encore une fois, un marin passa par-dessus bord ce qui eut le mérite de distraire la bête une seconde, le temps qu’elle aille s’en repaitre.


« Bon dieu ! Ligne de vie, tout le monde ! Exécution ! Et Maintenait l’allure !
-Draken ! Les récifs à droite !
-Oui, j’ai vu !
-Non ! Vas-y ! Fonce dedans !
-Quoi !
-C’est trop peu profond pour lui !
-Et nous ? C’est un des deux aquamanciens qu’on vient de perdre !
-Un aquamancien sur le pont avant ! » hurla Veto, repris par le quartier-maître, avant de se tourner à nouveau vers le capitaine. « Avec cette voilure, on a encore descendu la ligne de flottaison ! Tu peux le faire, Draken ! »

Les deux militaires se dévisagèrent une seconde et puis le capitaine vira de bord. Derrière eux, le monstre avait perdu un peu de terrain mais il le rattrapait vite.

« Plus de vent ! Préparez-vous ! Ça risque de remuer ! Et tout monde assure sa ligne de vie ! Je donnerai plus un seul de vous à ce serpent, c’est clair ?
-Capitaine ! Sortons les canons et…
-Les fenêtres de tir sont trop étroites, il faut économiser ce genre de munitions, Maître de pont.
-Mais on ne peut pas continuer comme ça, Lieutenant ! On…
-On approche de Gaeaf. Il faut tenir. »

La nef s’engouffra entre les écueils à pleine vitesse. Le capitaine marmonnait une prière conjointe à Kesha et Soulen alors que l’aquamancien à la proue semblait en transe. Le serpent, quant à lui, vint se dresser derrière eux, hurlant à pleine gorge et Veto remarqua, juste avant qu’il ne replonge pour contourner le haut-fond, la petite coulée de sang venant de sous sa collerette et comprit que sa tactique n’était pas mauvaise. Il alpagua également le lanceur de fléchette et le télékynésiste. Mais leur mise au point fut interrompue par une secousse due à un heurt avec un récif. L’aquamancien s’était effondré à l’avant et le maître de pont ordonna son évacuation et qu’on place un cryomancien à sa place pour au moins éviter les blocs de glace.

« Vérifiez les voies d’eau dans la cales !
-Bon ! C’est clair ? L’un vise et l’autre accélère le harpon, compris ? Quartier-maître, attrapez vos drapeaux et envoyez un signal au fort de Gaeaf ! Qu’ils attendent notre signal pour tirer sur le Léviathan. Je n’ai pas envie qu’on soit pris sous leur feu. »

Et en parlant du serpent, on en voit le bout de la queue qui disparaît sous la surface glacée. Ils avaient presque la même vitesse désormais et ils sortaient des hauts-fonds. Repassant à sa portée.

« Armez ! On maintient l’allure. Dernière ligne droite avant le port ! Draken, n’oublie pas la nouvelle digue. Ce serait stupide de s’échouer à 3 mètres de… »

Veto fut encore une fois coupé par une secousse. Le Léviathan avait surgit juste derrière eux, manquant de peu de broyer le gouvernail. Et il était arrivé hors de l’eau avec une telle vitesse qu’il se trouvait maintenant juste au-dessus du château arrière, la gueule béante, collerette tout déployée, prêt à se laisser retomber sur sa proie tel un rapace. Les tirs d’arbalète et de harpons ne semblaient avoir aucun effet sur le cuir de la créature qui se dressait toujours plus haut et amorçait déjà sa descente. C’est alors que le magicien de lumière sortit de sa torpeur, tendant les bras et lançant un rayon lumineux droit dans la face du serpent qui détourna son bec de droite, puis de gauche. Mais le mage ne faiblit pas et continua de maintenir son tir, augmentant la température de la peau écailleuse au fil du temps qu’il éclairait de son faisceau le monstre. Le redoutable léviathan n’était plus qu’une fourmi sous la loupe d’un enfant et il dut bien se résigner à se détourner.

Le vaisseau vira en conséquence mais Veto se précipita de l’autre côté pour laisser son esprit filer vers la calotte que le monstre s’apprêtait à traverser.  Elle était loin… Peut-être un peu trop. Mais il ne voulait pas rater cette occasion.
La silhouette immense piquait vers la banquise et Veto se dépêcha de lui créer une ouverture pour ne pas la laisser briser cette glace qu’il modela. La collerette s’était repliée et la tête se jeta dans le trou qui se créa sous son ombre. Mais les bords de la glace se firent dents et les crénelures se resserrèrent autour du crâne de la bête, griffant ses écailles et déchirant son cuir. Là encore, ce n’était pas une attaque qui se voulait mortel mais Veto revint dans son corps avec satisfaction. Il manqua de glisser par-dessus le parapet mais un quartier-maître le retint par l’épaule.
Le lieutenant arborait, les yeux à demi-fermés, un début de sourire à la commissure des lèvres alors que le reste du corps filiforme se laissait tomber sur la banquise pour briser le piège. Même sur le navire, venant de sous la surface de l’eau et jusqu’à travers le bois de la coque, l’équipage pu entendre la complainte du serpent. Et Veto l’imaginait avec un certain contentement sadique en train de se tordre sur lui-même dans un nuage aqueux et rougeâtre, sa magnifique collerette lacérée et arrachée, les ouïes éventrées et les branchies à nues.


Mais Veto finit par se ressaisir et hurla un énième « Plus vite ! » Car il savait que la prochaine charge serait plus désespérée et plus enragée que les précédentes, que malgré la douleur, le monstre ne se détournerait plus. Mais ils avaient encore gagné un peu d’avance et Gaeaf s’élargissait devant eux : ses décombres, sa place pleine de monde et brillante d’une énergie peu commune et sa pâleur toute entière. Tous les marins fixaient désormais ce mur immense et pâle qui rendait la réalité si blanche et pure, cette barrière translucide aux allures de cocon ou de cloche de verre.

« C’est une barrière magique ?
-On dirait bien…
-Elle va nous laisser passer ?
-Trop tard pour virer.
-Mais…
-Faisons confiance à la Grande-Prêtresse. » Ordonna Veto, sûr qu’un tel sortilège ne pouvait venir de nulle autre.

Mais le bateau tout entier vibra sous une nouvelle onde sonore plus forte encore que la précédente. Le Mur était là, à moins de cinq mètres. Pourtant, inutile de prévenir tout le monde de l’impact car tous le pressentait. Personne ne redoutait plus la magie mais plutôt les mâchoires lancées à leurs trousses.

De tous, il n’y avait que trois marins qui ne s’inquiétèrent pas plus de leur sûreté que du reste : Le capitaine tenait la barre avec une fermeté et une concentration intense, fixant avec satisfaction sa proue qui traversait le mur magique sans encombre et il y avait ces deux marins qui auraient pu être debout sur le bastingage tellement ils étaient obnubilés, eux, par ce qui surgissait des flots derrière le navire.
Le lanceur de fléchette visa une seconde mais n’eut pas besoin de plus de temps  tellement la créature venait en ligne droite au raz de l’eau. Le télékynésiste , lui, les mains cramponnées à la rambarde ne fixa pas plus que de raison la vision terrifiante qui lui apparut au sortir des eaux bouillonnantes : les yeux à la pupille fendue lui semblèrent si proches et hypnotiques qu’il croyait presque pouvoir les toucher, le museau long s’ouvrit soudain pour révéler la multitude de dents aussi longues qu’il était grand et la collerette se déploya à peine, longues arrêtes dépecées, arborant pour étendards des lambeaux de chaires et de membranes sanglantes.
Et donc, le télékynésiste, voyant le harpon filer, ferma les yeux et lança son esprit à la suite de cette pointe, la recouvrant, la poussant, la propulsant et la guidant à peine tant le tir était juste.
La longue flèche s’engouffra dans le gouffre que formait l’iris de la bête et s’enfonça profondément. La vitesse du trait et la vitesse du monstre se conjuguèrent et la pointe d’acier heurta le fond de l’œil. Le crâne de cette bête comme tout son squelette s’avéra être fait de cartilage et non d’os. Et ce cartilage qui formait le globe oculaire se laissa transpercer sans grande résistance, crachant la pointe dans les branchies derrière lui qui furent embrochées les unes à la suite des autres.

Alors la bête eut un soubresaut, referma ses mâchoires dans un claquement qui étouffa un gémissement et tout son corps commença à se tordre de douleur. Mais elle était déjà lancée, et la longue silhouette vint percuter la poupe avec violence mais sans les crocs et plus aucune volonté de resserrer ses anneaux autour de cette coquille de noix qui le harcelait. Le choc propulsa le bâtiment en avant à travers la protection magique et sans l’aide des anémomanciens, le capitaine n’aurait pas pu éviter le ponton.
L’Ouragan partie à la dérive dans la jetée alors que Veto ordonna au Quartier-maître d’envoyer le signal. La bête se redressait, affalée contre la protection magique, convulsionnant, mais incapable de se replier sur elle-même à cause de la tige à travers son ouïe et emmêlée qu’elle était dans le filet magique où on l’avait conduit tel un vulgaire poisson.

La garnison de Gaeaf reçu le signal et la baliste armée ajusta son tir vers le crâne et la base du cou, enclencha la manivelle mais au moment même où le trait glissait dans la goutière, un épieu noir vint se ficher dans la gorge du léviathan qui poussa un dernier râle de douleur, son corps se redressant, comme tétanisé et toujours immobile dans le filet magique. Le tir du fort, ne vint qu’après que la bête ait déjà commencé à s’affaisser. Était-il nécessaire ? L’équipage de l’ouragan n’en avait que faire. Leurs trois compagnons mort dévoré par cette créature valait bien qu’on s’acharne sur son cadavre et si nul cri de joie ne vint du bâtiment endeuillé et légèrement abimé, tous se réjouissaient intérieurement d’avoir sauvé les restes de ce villages qui était le leur pour certains, ou simplement un patrimoine cimmérien dont tous se sentaient.


« On s’en est sorti finalement…
-Oui. Vérifiez qu’on ait pas de blessé ni aucune voie d’eau. Débarqué à bord d’une chaloupe ceux qui ne sont plus en état de combattre. Je pense notamment à l’aquamancien.
-Nous n’en aurons plus à bord…
-Dans l’état où il est…
-Il doit en rester à terre qui pourrait prendre sa place !
-Peut-être… Qui sait ? Communiquez cette demande aux quais et au fort qu’ils nous envoient une autre chaloupe. On ne s’arrête pas à quai. Pas le temps. Capitaine, si vous pensez qu’il nous faut d’autres marins pour palier à nos pertes ou pour remplacer certains mages à bout de force… Qu’on prévienne le Corc-Noir que nous arrivons dès que possible. Dépêchons. C’est loin d’être terminé. On repart dans dix minutes ! »

Le lieutenant aida le télékynésiste à remonter à bord après qu’il soit passé par-dessus bord et retenu par sa ligne de vie. Pas le temps de souffler. Il l’envoya aider à descendre les blesser dans la chaloupe avec son pouvoir alors qu’on manœuvrait pour faire demi-tour et venir se placer tout près des quais.
La chaloupe en provenance du port se chargeait déjà de cinq hommes et bientôt elle souqua ferme pour venir se placer tout près du bâtiment qui ne voulait pas réduire complètement l’allure. Le télékynésiste qui avait déjà dû se fatiguer à éviter à la première chaloupe de venir se fracasser contre la coque, dû également jouer de ses talents pour éviter à la seconde de faire de même.
Veto vint l’aider avec l’autre cryomancien, gelant l’eau autour de la coquille de noix pour pouvoir la guider.

Il leur fallut bien plus de quinze minutes finalement pour repartir du port mais Veto s’en doutait. Le Croc-Noir avait déjà fait demi-tour et avait même doublé le Trident. Ils étaient en retard mais c’était bien normal. Inutile de retourner au combat avec un navire endommagé si en plus l’équipage était amputé de ses éléments clefs. L’aquamancien fraichement arrivé leur permis de couper par des hautfonds et de rattraper un peu de son retard. Un Xylomancien avait même été trouvé pour réparer la petite voie d’eau décelé dans la cale. Mise à part quelques petites avaries, l’Ouragan pourrait être encore utile, toujours aussi rapide grâce à un nouvel anémomancien venu épauler les trois déjà à bord et sur les rotules.

Veto, debout sur le pont arrière au côté du capitaine Draken fixait le monstre devant eux et regardait le Croc-Noir s’engager dans des manœuvres encore plus périlleuses qu’eux et avec un navire bien moins pratique.


« Quels sont les ordres désormais ?
-On reste en arrière au cas où il y aurait un autre écueil dans les plans du général…
-Bien… » Mentit le Lieutenant avec une sincérité passable qui fit tiquer le capitaine. « Espérons que ça n’arrive pas. Lorsqu’ils seront tous de l’autre côté du détroit, si cette bête se retourne contre nous, ce n’est pas nos deux caraques qui vont l’arrêter. »

Sur le pont, les marins s’afféraient avec une frénésie qui semblait dérisoire après la course poursuite contre le Léviathan.
« Tes hommes ont été parfaits » finit par lâcher le Lieutenant. Ce à quoi répondit le capitaine par un pouffement. « Ça te fait rire que je complimente ton équipage ?
-Oh ! « Rire » est un bien grand mot lorsqu’on sait que j’ai perdu trois de mes hommes parce que j’ai oublié de leur dire d’assurer leurs lignes de vie et un parceque je n’ai pas viré de bord assez tôt. »
Ils restèrent silencieux et graves un instant, Veto ne sachant quoi répondre un temps. Il reprit finalement la parole, hésitant.
« N’avions-nous pas convenu que tout grief me reviendrait ?
-Toute dégradation de mon bâtiment… Cet équipage est sous ma responsabilité et nulle autre. Mais je n’aurais pas dû répondre manière si sombre après un compliment. » se rattrapa le capitaine avec un ton plus détaché avant de s’adresser à voix haute à l’équipage. « Les gars ! Vous avez les félicitations du Lieutenant Havelle et les miennes ! Grâce à nous, Gaeaf n’a pas eu à essuyer davantage de dégât qu’il n’en a déjà subis. »

Les hommes restèrent silencieux, manifestement autant endeuillés que leur capitaine. Et Veto se sentit obligé d’intervenir.

« Vos camarades seront honorés dès que tout cela sera terminé ! » Lança-t-il solennellement mais immédiatement, des regards se tournèrent vers le colosse qui manquait de déchiqueter le Boréal.
Alors le Croc-Noir lança son trait rouge à travers le ciel gris, droit en direction de l’œil du monstre. Tout l’équipage retint son souffle pour voir s’il allait faire mouche et si le navire n’allait pas non plus s’écraser sur les rochers.

Une fois encore, Veto constatait avec amertume les similarités qui les rapprochaient Léogan et lui. Et sans pouvoir la refouler complètement, cette amertume était aussi due au fait que le sindarin faisait beaucoup de chose comme Veto mais mieux. Du moins aux yeux du Terran qui développait peut-être un complexe d’infériorité avec le temps vis-à-vis de Léogan…

Est-ce que le général aurait su galvaniser à nouveau cet équipage dépité et endeuillé à sa place ?


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MessageSujet: Re: EVENT : Le Réveil   EVENT : Le Réveil - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Juil - 13:51



Il y a des réveils qui étaient difficiles et c'était sans nul doute le cas pour l'immense Colosse de Gaeaf. La créature immense avait sans doute négliger la férocité et la détermination des Istheriens. Si sa grandeur était un atout impressionnant, il n'était visiblement pas immortel. Ses nouvelles blessures en étaient les témoins.

A
lors que le monstre marin était attaqué de toute part, l'un des navires rusa et s'en prit à ce qui semblait alors être son point faible : sa tentacule blessée. Cela ne manqua pas. Un assaut puissant le lui imputa sans sommation. Ce qui en découla? Une fureur encore plus grande et un hurlement qui fit trembler l'océan, car oui, il quitta le lac pour poursuivre ses assaillants, les marauds qui avaient osé lui arracher un membre, vers la grande bleue.

Mais juste avant cela, le Colosse dût subir un nouvel échec avec la perte de ses deux compagnons leviathans, tous deux fauchés comme de vulgaires poissons. Ce sacrifice ne serait pas vain car la bête chargea directement droit sur les navires qui se trouvaient devant lui, alors que de sa plaie étalait un fluide aussi noir que l'ébène, couvrant le lac gelé d'un voile ténébreux le long de son sillage.

Jouant de malchance, la créature elle-même se trouvait chassée par un autre escadron marin. Et alors que ses tentacules s'élevaient encore pour frapper les eaux glacées dans sa course effrénée, son acte fut retenu par la douleur, celui d'un harpon qui se ficha dans son œil luisant. Et tout ce fut brillant devint noir...

Le Colosse se stoppa net et fit naître une immense houle qui déstabiliserait n'importe quels navires dans ses alentours. Son cri, son hurlement, fut si strident qu'il était pénible pour n'importe quelles oreilles. La douleur qu'elle traduisait était presque empathique. Et si le cœur des marins étaient trop durs pour en saisir le sentiment, il lui ferait comprendre autrement. Une migraine, une très violente migraine se saisit de tous les hommes présents et proches du colosse, une douleur telle qu'il était impossible de faire quoique se soit que de ployer. L'arrêter? Impossible. Elle venait de LUI, et c'était hors de la moindre compétence magique. Mais de la douleur, des images survinrent...

Une cité blanche... des hurlements de femmes et d'enfants... le sang... la mort... le froid... un homme couronné brandissant une lame... des mains ensanglantées et des larmes... l'océan... un monstre marin... une tempête... le néant...

Il fallut cinq minutes avant que ces images qui tournaient en boucle ne cesse enfin. Mais alors que les marins se relevaient à peine, le Colosse balaya de sa tentacule blessée la flèche géante fichée dans son œil. Dans son geste, son sang noirâtre éclaboussa les bateaux l'encerclant et dévoila alors ses propriétés corrosive. Est-ce que c'était tout? Non.

Alors qu'il était présentement borgne et que la lueur rougeoyante de son œil unique s'était éteint, sa rage était toujours bien présente. Et puisque les marins étaient encore sonnés, il était temps de lancer une nouvelle charge... l'Armada, le voilà....


₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪

_ Les navires autour du colosse ont été lourdement secoué par la houle provoquée par le colosse.
_ La perte de la tentacule du colosse, couplée à celle de son oeil, a mis la créature dans une rage folle.
_ Les images que le colosse vous a fait voir vous ont causé une migraine violente que vous êtes sonnés et vous devez faire face aux éclaboussures de son sang qui est corrosif. (cela brûle les chairs et attaquent vos navires - rappelez-vous qu'il y a du sang sur son sillage!).
_ Il charge en direction de l'armada pour faire une percer.  


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